Ressources minières, croissance économique et guerres civiles en R.D.Congopar Fanny KABWE Université de Yaoundé 2/ Soa - DEA 2014 |
2.4. Fondement empirique des ressources minièreset la croissance économiqueLes analyses empiriques sur la malédiction des ressources se concentrent sur la croissance économique comme du principal indicateur. La littérature récente vient d'étendre l'analyse à des indicateurs autres que la croissance économique. De manière spécifique, la mise en exploitation des ressources naturelles provoque deux effets sur la volatilité de prix, d'une part elle a des effets significatifs sur la croissance, et d'autre part n'a pas systématiquement d'effet significatif sur la croissance. Ainsi, Bildirici (2013) analyse l'impact de la volatilité de prix du pétrole et de l'or et de son cycle commercial de quelques pays développés. Il procède d'une approche dynamique à l'aide d'un modèle MS-VAR. Les résultats montrent que l'importance de la politique énergétique sur le développement économique des USA, Russie, Allemagne,Canada, Australie et Italie. Ewing et Malik (2012) examine la volatilité de prix de l'or et du pétrole à l'aide des modèles GARCH. De même, Bildirici et al. (2011), pour capter l'effet de choc pétrolier ont utilisé des modèles MS-AR et MS-VAR ont trouvé que lorsqu'un pays exporte beaucoup de pétrole, la demande extérieure pour sa devise augmente fortementfaisant ainsi augmenter la valeur de sa devise (la monnaie surevalue), ceci aura pour effet de réduire la compétitivité desautres secteurs au détriment du secteur pétrolier et, éventuellement, d'amener leur quasi-disparition au profit d'une spécialisation en extraction pétrolière. De plus, une hausse de la valeur de la devise favorise une augmentation du pouvoir d'achat desconsommateurs, augmentant ainsi les importations de biens. Le pays en question peut donc voir sa balance courante devenir déficitaire à cause des sorties de capitaux causées par l'achat de biens importés. Sala-I-Martin et Subramanian (2003) estiment une équation de croissance en incluant notamment comme variables explicatives la surévaluation du taux de change et la volatilité des prix des matières premières. Ils ont trouvé que le coefficient associé à la surévaluation du taux de change n'est pas significatif.Sachs et Warner (1997, 2001) ont effectué des régressionsdu taux de croissance de 95 pays par rapport à la proportion des exportations de ressources naturelles dans le produit intérieur et en tenant compte d'autres variables pouvant influencer la croissance (la protection juridique des entreprises, l'investissement ou le degré d'ouverture d'une économie nationale, l'épargne publique, l'inflation, le rapport de la population active sur la population totale). Dans toutes ces régressions la proportion des exportations de ressources naturelles a un effet négatif (environ deux points de pourcentage) sur le taux de croissance des pays. Certains pays ont tout de même réussi à exploiter ces ressources de manière à faire augmenter leur croissance économique à faire bénéficier la société. Ce n'est donc pas ces raisons qui font en sorte que l'exploitation des ressources soit une malédiction pour certains pays. Donc, il faudra trouver d'autres raisons. C'est pourquoi Fearon (2011) examine si de faibles valeurs des indicateurs de gouvernance tels que l'indice CPIA (Country Policy and Institutional Assessment), les Indicateurs de gouvernance mondiale (WGI), et l'indice International Country Risk Guide (ICRG) prédisent un risque élevé de violence civile. Il existe une relation bidimensionnelle étant donné que les indicateurs de gouvernance sont significativement corrélés avec le revenu par tête et que la guerre civile est plus courante dans les pays pauvres.Ce résultat corrobore une interprétation causale de la relation entre la qualité de la gouvernanceet le déclenchement de la guerre civile. La causalité peut être bidirectionnelle dans le sens que la guerre détruise l'industrie locale, l'économie dépend de l'exploitation des ressources du sous-sol. Brunnschweiler et Bulte (2008) suggèrent que cette causalité ne passe pas seulement aux conflits, ils trouvent d'autres aspects comme la qualité des institutions. Plusieurs études expliquent l'impact indirect des ressources naturelles sur la croissance via leur effet sur les institutions et de la bonne gouvernance. Pour Carbonnier (2007), la transparence n'est pas un objectif en soi, mais un moyen qui vise in fine à lutter contre la malédiction des ressources par le biais d'une meilleure gestion des dépenses publiques. Isham et al. (2004) étendent l'analyse de la corruption. Ils expliquent l'impact des ressources sur les institutions en reprenant les trois réseaux mis en évidence par Ross en 2001 par lesquels le pétrole, une ressource « point-source » affecte la démocratie d'une part, le pétrole crée un « effet de rente » d'autre part (Omgba, 2010). Une bonne gouvernance et des institutions saines permettraient sans aucun doute à de telles interventions de produire plus d'effets (Sachs, 2003). L'indicateur de Marshall et Jaggers (2003) est une des mesures de la qualité des institutions qui prend en compte les caractéristiques de fonctionnement du système politique. Il attribue une « note » allant de -10 à 10 selon que le régime du pays est plus autocratique ou plus démocratique. Plus démocratique est le système, meilleures sont les institutions. MacFarlan et al. (2003) montrent eux aussi qu'il existe une relation étroite entre la qualité des institutions, « cadre et règles explicites et implicites d'une société » et les performances économiques d'un pays. Ils prouvent empiriquement que la qualité des institutions influence significativement le niveau de revenu, sa croissance et sa stabilité. La recherche d'une rente et l'activité productive, le choix entre ces deux activités dépend de la qualité des institutions, c'est-à-dire si les institutions sont complétement bon (Tornell et Lane, 1999). Leite et Weidmann (2002) démontrent que l'abondance en ressources naturelles est un déterminant majeur de la corruption dans un pays. Ils ne trouvent pas d'effet négatif direct de ressources naturelles sur la croissance mais un effet indirect qui passe à travers la corruption.Trois effets intéressants : · les ressources minières pourrait avoir d'effet sur la croissance que la qualité des institutions est contrôlée ; · les ressources minières détériore la qualité des institutions via la corruption, qui a un impact négatif sur la croissance et ; · les minerais et le pétrole sont les plus qui détruisent la qualité des institutions. En effet, SAMI et al. (2012), en utilisant un panel à effet de seuils. Leurs résultats montrent : d'une part, plus la qualité des institutions s'améliore, plus l'effet de la dépendance aux ressources naturelles sur la croissance économique devient positif. D'autre part, à la différence des travaux portant sur l'effet des institutions, que l'importance de la dépendance aux ressources naturelles dans une économie évince l'effet positif de la qualité des institutions sur la croissance ; une variation positive de la qualité des institutions n'entraine pas une variation positive de la croissance économique. Ainsi, Avom et Carmignani (2010) procèdent par l'estimation à l'aide de la régression faitesur les données de panel trouvent un impact négatif entre la dépendance d'un pays aux exportations des matières premières et son niveau de développement.Que l'intensité des matières premières influence négativement le développement social via la dégradation de la santé, éducation et par la faiblesse des institutions. Ils dégagent les actions qu'un pays peut entreprendre pour minimiser l'effet négatif inclut par cette dépendance, ils trouvent que c'est la qualité des institutions qui contribue à l'amélioration du revenu social. Par quels mécanismes les institutions influencent-elles le revenu ? Un pays ayant un bon indice de gouvernance c'est-à-dire l'absence de corruption, le respect des contrats, pas d'expropriation, qualité des administrations et de la bureaucratie... et où le respect de la propriété privée est assuré, est un pays où l'environnement économique est favorable. En prolongeant leur analyse, fini par affirmer que la dépendance d'un pays à ses ressources naturelles influence négativement le social dans la mesure où les inégalités causent des faiblesses dans les secteurs de santé et de l'éducation mais peut aussi avoir une influence positive lors qu'on réduit les inégalités dans la redistribution. Soulève dans l'article : « Is mother nature a curse for social development ?». De plus, Avom et Carmignani (2010) évoquent évidemment plusieurs auteurs parmi lesquels Brunnschweiler (2008), Mehlum et al. (2006), Snyder (2006), Robinson et al. (2006) soulignent que l'effet des produits de base sur la croissance n'est pas forcément négatif, mais tout dépend de la qualité des institutions. Ces auteurs concluent que les résultats empiriques trouvés attestent que l'effet négatif des produits de base n'est pas si robuste. Par ailleurs, Omgba (2011), dans ses évidences empiriques examine l'impact de l'abondance de ressource en pétrole sur l'économie du Cameroun, utilisant le test de causalité au sens de granger montre que la découverte du pétrole et la monté de son prix ont eu des conséquences sur le plan social, les autorités camerounaises ont transféré la part du produit pétrolier à la production agricole, ceci a maintenu à un niveau élevé les produits agricoles.Il conclut que le secteur pétrolier est responsable de la crise économique du Cameroun.Le problème est aussi intimement lié au politique, car ce sont les autorités étatiques en place qui ont la responsabilité de gérer la façon dont va se dérouler l'exploitation de ces ressources naturelles sur leur territoire (Godbout 2012), Qu'en est-il pour la R.D.Congo ? Il est tout à fait concevable que dépendre excessivement de quelques ressources naturelles puisse nuire à la croissance, alors même que des ressources naturelles abondantes peuvent être bonnes pour la croissance, à condition d'être bien gérées. En tout cas, aucun pays n'a jamais souffert d'une dépendance excessive à l'égard du capital humain constitué par l'éducation (Thorvaldur, 2010). Comme nous venons de le mentionner, le grand défi pour les autorités et la population de la R.D.Congo est donc de sortir le pays de son état de fragilité et de le propulser à un niveau de développement à la mesure de ses potentialités. En effet, malgré d'importantes ressources naturelles et une position géostratégique propices aux gains de l'intégration régionale.La R.D.Congo n'a pas encore réussi à mettre en oeuvre une dynamique de développement lui permettant de réaliser les transformations décisives et durables de son économie. |
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