C. Le droit à l'éducation
L'on note dans la province du Sud-Kivu un nombre important
d'enfants n'ayant pas accès aux études (cfr. le §1 de la
première section de ce chapitre portant sur les relevés
démographiques de la situation des enfants au Sud-Kivu en
général). En effet, « nombreux sont les enfants qui ne vont
plus à l'école dans nos villes et dans nos campagnes et la
plupart sont des filles » 54. En 2000, le taux net de
fréquentation scolaire (au primaire) était de 41% en province du
Sud-Kivu55.
Plusieurs infrastructures éducatives ne respectent pas
les normes exigées. Dans certaines écoles, les enfants sont
recrutés sans qu'il ne soit tenu compte de la capacité d'accueil
des classes, de celle des enseignants à assurer le suivi et le
contrôle des enfants. La difficulté pour les enfants à
suivre aisément les enseignements y est souvent perceptible. Les
enseignants se plaignent toujours du fait qu'ils ne bénéficient
pas d'un bon encadrement par le gouvernement, ce qui fait qu'ils ne remplissent
pas leur tâche comme il faut, et ce, en défaveur des enfants.
Ainsi, certains parents incapables de payer la prime des enseignants
préfèrent garder leurs enfants à la
maison56.
D. Le droit à un nom, à une
nationalité et le droit d'être enregistré à
l'Etat-civil
Aussitôt né, l'enfant a droit à un nom,
à la nationalité et à être enregistré
à l'Etat-civil, dispose l'article 7 de la C.D.E. Sont nombreux, les
enfants à qui les parents ont attribué des noms contraires aux
bonnes moeurs et à la coutume. Certains parents donnent à leurs
enfants des noms portant atteinte à leur honneur et réputation et
ce, selon les coutumes de chaque communauté : des noms comme «
Buroko » (prisonnier), « Mateso » (souffrance)57.
53 CARREFOUR DES ENFANTS DU CONGO, Op. cit.,
p. 3.
54 Ibidem
55 INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, Bulletin
des indicateurs sociaux du Sud-Kivu : données statistiques de
l'année 2010, N° 006, Bukavu, Novembre 2011, p. 14.
56 L. LUKWANGOMO, Op. cit.
57 CARREFOUR DES ENFANTS DU CONGO, Op.cit.,
p. 6.
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A ces noms, il y a lieu d'ajouter « Machozi »
(larmes), « Masumbuko » (difficultés), « Kamundala »
(conséquences voulues), etc. L'expérience a
démontré que ce cachet de nom présage déjà
l'avenir de l'enfant qui le porte.
Par ailleurs, précise la même source, la
protection légale de tout enfant n'est acquise que si celui-ci est
enregistré à l'Etat-civil. Non seulement cet enregistrement
permet à l'enfant bénéficiaire d'acquérir une
reconnaissance officielle, mais aussi il lui permet l'accès à
d'autres droits notamment le droit à l'éducation, aux soins de
santé et à toute autre protection sociale. Malheureusement,
ajoute le CARECO, en République Démocratique du Congo,
très peu sont les enfants qui sont enregistrés à
l'Etat-civil. Les raisons de cette situation sont multiples notamment les
déplacements des populations, l'ignorance de certains parents,
l'irresponsabilité de certains d'entre eux, etc58.
D'après les résultats de l'enquête nationale sur la
situation des enfants et des femmes de 2001, 34% seulement d'enfants congolais
de moins de 5ans étaient enregistrés à l'Etat-civil en
200159. Dans le même angle, considérant la
période sur laquelle s'est étendue notre étude, il se
remarque une très grande différence entre le nombre total
d'enfants à la naissance et celui d'enfants de moins de 5ans
enregistrés à l'Etat-civil (Cfr. le §1 de la première
section de ce chapitre). A titre illustratif, en 2010, sur 178 098 enfants de
moins d'un an recensés au Sud-Kivu, 43 967 seulement étaient
enregistrés à l'Etat-civil60. En 2006 au Sud-Kivu, 34%
d'enfants étaient enregistrés à l'Etat-civil.
Ce pourcentage a connu une chute en 2010, année pendant
laquelle seulement 22% d'enfants étaient enregistrés à
l'Etat-civil sur toute l'étendue de la province du
Sud-Kivu61.
§2. Les droits relatifs à
l'intégrité physique et morale
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