3. Vulnérabilité et risques de
malédiction
a) Boom minier et vulnérabilité de
l'économie burkinabè
La science économique définie la
vulnérabilité comme « le risque pour un pays d'être
durablement affecté par des facteurs exogènes et imprévus
» (Guillaumont 2006). Si nous retenons cette définition dans le cas
du Burkina Faso et en lien direct avec le développement récent de
son secteur minier, la principale source de vulnérabilité de ce
pays n'est autre que le cours mondial des matières premières,
notamment le cours de l'or. En effet, comme nous l'avons expliqué plus
haut (II.3.a les facteurs explicatifs du boom minier), sans la hausse du cours
de l'or, le secteur minier burkinabè n'aurait pas connu son essor
remarquable. Or le prix de l'or n'est qu'une donnée pour le Burkina
Faso. Il est déterminé depuis 1914 par les membres de la London
Bullion Market (LBM), le prix LBM sert ensuite de référence pour
les transactions « over the counter » (OTC) qui vont
déterminer à leur tour un prix spot ou à terme (Rapport
KPMG 2013).
Cette vulnérabilité liée au cours de l'or
est très élevée. D'après le Rapport Public CES
(2013), 84% des variations de la quantité d'or produite au Burkina Faso
s'expliquent par la variation du cours de l'or. Une hausse de 1 dollar US
entrainerait une augmentation de la quantité produite de 23.2 kg. Dans
le même ordre d'idée, le rapport KPMG précisait que l'or
40
du Burkina ne serait plus rentable si le cours de l'or passait
en dessous du seuil de 1425$ US l'once.
Malgré l'exposition du pays aux chocs extérieurs
liés directement au prix de l'or, le boom minier contribue à
réduire la vulnérabilité économique de
l'économie burkinabè dans son ensemble. La
vulnérabilité économique telle que mesurée par
l'Indice de Vulnérabilité Economique regroupe trois composantes :
l'ampleur et la fréquence des chocs exogènes, l'exposition aux
chocs et la résilience aux chocs qui mesure la capacité de
réaction par rapport à ces chocs. L'exploitation de l'or aurait
donc des effets sur les deux premières composantes. Elle contribuera
à réduire l'ampleur et la fréquence des chocs en
diversifiant la base de l'économie et les sources de revenu des
populations. Le niveau de production dans ce secteur étant moins
dépendant des aléas climatiques et des autres secteurs de
l'économie, ce secteur participera à réduire l'exposition
aux chocs naturels et donc la vulnérabilité. De même,
lorsqu'on considère l'indicateur d'exposition aux chocs tel que le
coefficient de concentration des exportations inclus dans l'EVI,
l'émergence du secteur minier participe à réduire la
concentration des exportations en augmentant le nombre de produits
exportés.
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