III. Contribution, vulnérabilité et
risques
1. Contribution du secteur minier à
l'économie burkinabè
Les données disponibles pour évaluer la
contribution du secteur minier à l'économie burkinabè sont
essentiellement issues des différents rapports ITIE. Depuis
l'adhésion du Burkina Faso à l'initiative pour la transparence
des industries extractives, cinq rapports de conciliation ont été
publiés. Ils couvrent la période de 2008 à 2012. Le
tableau 6 résume les données tirées de ces rapports,
concernant les revenus du secteur minier, la part dans les exportations, la
part dans les revenus de l'état et la part dans le PIB. Par ailleurs, on
identifie plusieurs publications d'institutions nationales et internationales
tentant de situer la place du secteur minier dans l'économie. On peut
citer le rapport CES 2009, le rapport FMI No. 14/230, la communication CNPE
2013, etc.
Le secteur minier constitue une importante source de revenu
pour l'Etat burkinabè, entre 2008 et 2012, cette part n'à
cessé de croitre. Elle est passée de 0.24% du budget national en
2008 à 14% en 2012. Si on prend en compte le principe de l'unité
de caisse qui implique que toutes les recettes de l'Etat soient
centralisées avant d'être allouées aux différents
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ministères pour la mise en oeuvre des politiques
publiques, on peut dire que l'Etat burkinabè a vu sa capacité
d'action s'accroitre d'environ 14%. Ainsi, lorsqu'on considère les deux
principales fonctions de l'Etat, à savoir l'Etat prestataire de service,
et l'Etat acteur de transformation sociale (Khan 2003), le secteur minier
participe directement au renforcement du rôle de prestataire de service.
Malgré l'importance de la contribution du secteur minier au budget de
l'Etat, c'est la capacité de l'Etat burkinabè à
transformer cette manne en infrastructures de développement, en
amélioration du capital humain (santé et éducation) qui
décidera du sort des générations présentes et
futures.
La part du secteur minier dans le PIB national a atteint 10.6%
en 2012. Le secteur minier à également vu sa part accroitre dans
les exportations du pays (72% en 2012 contre 22.6% en 2008), cependant nous
sommes amenés à penser qu'il n'y pas de quoi se féliciter,
mais plutôt de quoi s'inquiéter. En effet, Les données de
l'ITIE concernent particulièrement le secteur minier moderne, or ce
secteur est connu pour son faible effet multiplicateur dans les autres secteurs
de l'économie. Le principal canal par lequel le secteur minier moderne
participe à la dynamique économique nationale est sa
participation au budget de l'état, donc sa capacité à
accroitre le rôle de l'Etat prestataire de service.
Nous critiquons la vision traditionnelle consistant à
considérer les IDE du secteur minier comme un accroissement de capital
physique. En effet, la générosité du code minier
burkinabè exonère pratiquement de tout impôt et taxe
l'importation de matériels, d'équipement et toutes autres
fournitures entrant dans le processus de recherche et d'exploitation des
entreprises minières, ce qui veut dire que l'Etat ne tire pratiquement
aucun revenu sur ces transactions. Ensuite, le capital physique et
technologique importé, de même que les investissements en termes
d'expertise humaine investis dans les industries minières sont
entièrement amortis proportionnellement à la durée de vie
de la mine, donc il ne subsiste pratiquement aucune valeur résiduelle de
ces investissements à la fin du cycle d'exploitation de la mine. Nous
considérons donc que ces IDE sont stériles, et la mise en
exploitation d'une mine industrielle ne constitue pas à proprement
parler un accroissement du capital physique national.
La deuxième contribution du secteur minier
burkinabè est son rôle non négligeable dans la
création d'emplois. En effet, tandis qu'en 2005 on ne comptait que 180
employés dans ce secteur, au 31 décembre 2012, les mines
industrielles totalisent en tout 7217 employés. Parmi eux, seuls
quelques 396 employés (5%) sont des non nationaux. Certes cela traduit
toujours un manque d'expertise nationale, mais également un transfert de
savoir faire car les
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non nationaux lorsqu'ils ne sont pas des dirigeants, sont des
experts dont les compétences sont rares au Burkina Faso.
Tableau 6 : Contribution du secteur minier a
l'économie burkinabè
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Montant des revenus selon les formulaires ITIE
|
1.83
|
19.46
|
--
|
--
|
--
|
Montant déclaré par les sociétés
minières
|
1.52
|
15.93
|
21.51
|
108.8
|
184.25
|
Montant déclaré par le gouvernement
|
1.67
|
10.7
|
22.83
|
109.9
|
186.84
|
Part dans les exportations
|
22.60%
|
46%
|
67%
|
77%
|
72%
|
Part dans le budget de l'état
|
0.24%
|
2.11%
|
2.60%
|
10.15%
|
14%
|
Part dans le PIB
|
--
|
--
|
0.70%
|
2.18%
|
10.60%
|
Emplois
|
|
|
|
|
0.16%
|
Synthèse des rapports ITIE de 2008 à
2012
|