socio-économiques du Burkina Faso
a) La croissance économique au Burkina Faso
L'analyse des séries temporelles de la banque mondiale
sur l'évolution des taux de croissance du Burkina Faso, ainsi que ceux
de l'Afrique subsaharienne depuis 1980 montre que la santé
économique du Burkina est intimement liée à celle de la
sous-région. En effet, il semble exister une corrélation entre
les statistiques sur le Burkina Faso et celles portant sur la
sous-région. Ainsi, on peut identifier une première
période de vaste fluctuation s'étendant de 1980 à 1995.
Puis une seconde période de 1995 à 2014, composée de trois
sous périodes scindées par la chute cyclique du taux de
croissance par habitant. Il s'agit notamment de la période 1995 à
2000, de 2001 à 2009 et de 2009 à nos jours.
Jusqu'en 1995, il semblerait que l'Afrique subsaharienne, en
général, ait peiné à se trouver un modèle de
croissance soutenable dans le temps. Cette période se caractérise
par une succession de croissances positives et négatives
aléatoirement distribuées, des années de forte croissance,
suivi de faible croissance (9.56% en 1982 au Burkina, immédiatement
suivi de 0.34% en 83) et une croissance moyenne relativement faible sur toute
la période 1980-95 (3.3% par an pour le Burkina). Cette situation peut
s'expliquer en partie par une situation politique instable (le Burkina connait
un changement de régime en 1983), et une grande
vulnérabilité de l'ensemble de l'économie de la
sous-région. Notamment une grande dépendance aux aléas
climatiques, et un commerce extérieur peu diversifié et peu
compétitif.
La seconde période correspond à ce qu'on
pourrait appeler une croissance soutenue, exclusion faite de la baisse de la
croissance de l'année 2000 et de l'année 2009. En effet, le taux
de croissance bien qu'insuffisant pour le décollage économique de
pays tels que le Burkina Faso, s'est situé au dessus de 4% avec des pics
atteignant 8%. Dans l'ensemble le Burkina s'est distingué de la moyenne
sous-régionale, avec des performances relativement élevées
(graphique 2). La première explication de cette phase de croissance
soutenue se retrouve dans la dévaluation du franc CFA survenue en 1995.
La dévaluation à permis d'impulser une dynamique en
améliorant la compétitivité de l'économie,
notamment de la filière coton qui a été la base des
exportations du Burkina Faso jusqu'en 2008. Bedossa (2012) précise que
la stabilité politique et les effets d'entrainement d'un investissement
public élevé ont également contribués à
expliquer ce changement de régime au Burkina Faso. Le maintien du
caractère volatile de la croissance est toujours lié à la
dépendance aux chocs internes, principalement climatiques. Tandis que la
faible intégration à l'économie mondiale
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protège toujours partiellement l'économie
burkinabè des chocs négatifs externes (Bedossa 2012).
Graphique 1 : Evolution du taux de croissance du
PIB et du PIB/hbt du Burkina et de l'Afrique subsaharienne
![](Ressources-non-renouvelables-et-developpement-soutenable-L-or-du-Burkina-est-il-vraiment-une-ben3.png)
Sources : Données banque mondiale (Indicateurs du
développement dans le monde), graphique de l'auteur.
Malgré l'augmentation de la population
burkinabè, la création de richesse par habitant à
été beaucoup plus élevée sur la période
1995-2014 que celle observée en moyenne entre 1980 et 1995. De 0.58%,
sur la période 80-95, le taux de croissance moyen du PIB par habitant
est passé à 3.31 sur la période 96-2014. Néanmoins,
le graphique 2, qui reprend les taux de croissance moyens sur les
différentes sous périodes que nous avons identifié plus
haut, montre une tendance baissière des différents indicateurs
depuis 1996. Bedossa (2012, 4) montre que cette tendance est surtout
liée à la baisse de la contribution du secteur primaire dans la
création de richesse : « Le secteur primaire, dont la part dans
la valeur ajoutée totale reste forte (33 % en moyenne sur la
période 1980-2005), a vu sa contribution à la croissance se
réduire depuis 2005. De la même manière, le secteur
tertiaire, dont la part dans la valeur ajoutée est la plus importante
(46.5 % en moyenne sur la même période), a vu sa contribution
à la croissance baissée sur la période récente
». A la recherche de nouveau relais de croissance, le
développement du secteur secondaire burkinabè semble insuffisant
pour
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garantir au pays un taux d'accumulation à même de
compenser le recul dans les deux autres secteurs.
Graphique 2 : Evolution des taux de croissance moyen
dans le temps
![](Ressources-non-renouvelables-et-developpement-soutenable-L-or-du-Burkina-est-il-vraiment-une-ben4.png)
Sources : Données banque mondiale (Indicateurs du
développement dans le monde), calcul de l'auteur.
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