4
INTRODUCTION
Le thème que nous nous proposons d'analyser s'intitule
« Le Centre National de Recherche Agronomique dans le développement
agricole de la Côte d'Ivoire de 1998 à 2008 ». Pourquoi ce
thème mérite t-il d'être traité ?
En effet ce choix qui relève de l'histoire des faits
économiques se justifie par deux considérations à savoir
une considération d'ordre personnel et une considération d'ordre
scientifique. En fait depuis le secondaire, nous avons toujours eu une passion
pour l'étude des fondements de l'économie ivoirienne. Et
aujourd'hui, à travers ce thème, nous avons la possibilité
d'étudier en partie cette économie.
Par ailleurs notre motivation s'inscrivant également
dans une considération d'ordre scientifique touche le domaine de la
recherche, particulièrement la recherche agronomique. La lutte contre la
pauvreté et la faim a toujours été l'une des
priorités des organismes internationaux et des États dans tout le
monde entier. Aujourd'hui, bien que de nombreuses personnes souffrent de la
faim, ces organismes1 ainsi que les dirigeants des États font
des efforts pour faire reculer et mettre un terme à ces fléaux
que constituent ces deux entités c'est-à-dire la pauvreté
et la faim. Pour mener à bien ce combat, la plupart des pays se sont
dotés d'un instrument de recherche en vue de développer leur
agriculture dans le but essentiel d'accroitre leurs productions agricoles. A
l'instar donc de ces pays, la Cote d'Ivoire qui est un pays situé en
Afrique occidentale subsaharienne a eu à accorder une place capitale
à la recherche agronomique puisque conscient que son économie
repose en majorité sur l'agriculture. Ainsi en Côte d'Ivoire
jusqu'à une période très récente, la recherche
agronomique au sens large était réalisée au sein de quatre
principales institutions : IDEFOR, IDESSA, CIRT pour la partie agroalimentaire
et le CRO pour la recherche sur les ressources halieutiques centrées sur
la productivité des écosystèmes lagunaires et
l'aquaculture. Ces structures de recherche agronomique ont enregistré
des résultats scientifiques significatifs et de portée mondiale
car leurs travaux de recherche ont permis à la Cote d'Ivoire d'occuper
de bons rangs africains ou mondiaux au niveau de la production de café,
de cacao, de palmier à huile, de coton, d'ananas, de banane et de
cultures vivrières.
1 Parmi ces organismes figure la FAO
5
Mais malheureusement, malgré ces résultats
significatifs au niveau de la recherche, la crise de 1980 a mis en
évidence les faiblesses de "l'appareil" national de recherche
agronomique. Ces faiblesses étaient d'ordre structurel2 et
d'ordre financier3 et méritaient donc d'être
corrigées. Par conséquent, ces structures de recherche
disparaissaient en fusionnant pour donner naissance en avril 1998 au Centre
National de Recherche Agronomique (CNRA). En outre, en 1998, date de la
création du Centre National de Recherche Agronomique, les productions
agricoles représentaient 23,4%4 du PIB de la Cote d'Ivoire.
Ensuite, le pays qui vivait une véritable récession
économique depuis les années 90 a subi des affres d'une crise
militaro-politique en septembre 2002. En dépit de ces
événements, l'économie ivoirienne est demeurée
solidement assise dans toute la sous-région au point que l'année
2008 qui marque la première décennie d'existence du CNRA, les
productions agricoles « représentaient 33% du produit
intérieur brut et 75% des recettes d'exportation »5.
Mais ce résultat ne se justifierait-il pas par l'existence du CNRA comme
moteur de recherche agronomique ?
En ce qui concerne les écrits sur notre thème,
ils n'existent presque pas. Nous avons pu consulter des documents du
Ministère de l'agriculture et des ressources animales parmi lesquels
figure L'agriculture ivoirienne à l'aube du XXIè
siècle6 qui donnent un aperçu de l'agriculture
ivoirienne en mettant en relief les objectifs de l'État
2 Il y avait tout d'abord une multiplicité et une
diversité des structures de recherche agronomique dont les modes de
fonctionnement sont variables et parfois très différents d'un
organisme à un autre. Ensuite les stations de recherche étaient
dispersées et parfois trop spécialisées pour
répondre efficacement aux besoins de développement d'autant plus
qu'elles ont été mises en place dans un contexte de rayonnement
régional voire international conférant à ces structures de
base une lourdeur et un poids que les seuls intérêts de la Cote
d'Ivoire ne pouvaient justifier. Aussi s'ajoute une duplication voire un
cloisonnement des actions ou programmes de recherche et enfin une couverture
scientifique insuffisante du territoire national.
3 Les ressources publiques affectées à la recherche
scientifique restant largement insuffisantes eu égard à la
vétusté des équipements et matériels scientifiques,
au non renouvellement des immobilisations et à la dévaluation du
Franc CFA, l'on assiste donc tout d'abord à une dépendance forte
à l'égard de l'extérieur pour le financement des
activités nationales de recherche. Aussi la diminution des ressources
propres consécutives à la vétusté et à la
dégradation des moyens de production des structures a conduit à
une réduction sensible voire un arrêt total des activités
de recherche.
4 Françoise WEYL et al, Atlas universalis des pays,
Paris, Éditions Encyclopaedia Universalis, aout 1999,198p, p. 48
5 Ibidem
6 REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE, Ministère de l'agriculture
et des ressources animales, L'agriculture ivoirienne à l'aube du
XXIè siècle, Abidjan, Ministère de l'agriculture et
des ressources animales, 1999,312p.
6
dans les différents secteurs agricoles ; le Plan
directeur du développement agricole 1992-20157 quant
à lui met en exergue les objectifs visés par l'État an
rapport avec la recherche agronomique. Ensuite L'agriculture en Côte
d'Ivoire8 de Sawadogo Abdoulaye fait ressortir les
caractéristiques de l'agriculture de la Côte d'Ivoire qui est
d'une part traditionnelle pour l'autoconsommation et d'autre part
destinée à l'exportation de ses produits. Enfin Yapo Yapi dans
son ouvrage Ruralité, agriculture et système de
développement9 en Côte d'Ivoire met en
évidence les principales orientations de la politique agricole de
l'État depuis 1990.
Ces ouvrages ne traitent pas notre thème, ou du moins
le traitent en partie. Des lacunes, qu'il nous revient donc de compléter
en axant notre analyse sur le rôle que le Centre national de recherche
agronomique a joué dans le développement agricole de la
Côte d'Ivoire de 1998 à 2008.
La plupart des organes de recherche agronomique comme
l'Institut National de Recherche Agronomique10 (INRA) en France
mènent leurs activités en vue d'accroitre la production des
cultures, d'améliorer leur qualité et d'augmenter les rendements
tout en maintenant la fertilité du sol. De ce fait, ne serait-ce pas sur
ce modèle que le CNRA aurait participé au développement
agricole de la Côte d'Ivoire au cours de cette décennie ? Ou
encore ne serait-ce pas en mettant en place des techniques adaptés au
milieu naturel ivoirien pour la gestion durable du sol ?
En un mot, Comment le Centre national de recherche
agronomique a-t-il participé au développement agricole de la
Côte d'Ivoire de 1998 à 2008 ?
7 REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE, Ministère de
l'agriculture et des ressources animales, Plan directeur du
développement agricole 1992-2015, Abidjan, Ministère
de l'agriculture et des ressources animales, 1997, 162p.
8 Abdoulaye SAWADOGO, L'agriculture en
Côte d'Ivoire, Paris, PUF, 1977, 368p.
9 Yapi YAPO, Ruralité, agriculture et
système de développement en Côte d'Ivoire,
Abidjan, ORSTOM, 1996, 25p.
10 Créé en 1946, doté en 1984 du
statut d'établissement public national à caractère
scientifique et technologique, il intervient dans la gestion des ressources
naturelles, l'amélioration des espèces animales et
végétales, la transformation des produits agricoles,
l'organisation des entreprises, des filières et des marchés
agroalimentaires.
7
Pour pouvoir mener à bien notre étude afin de
répondre à cette problématique, nous nous sommes rendus
dans des centres de recherche documentaire notamment au Centre Culturel
Français (CCF) et au Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix
(CERAP). Mais nous n'avons pas eu des ouvrages abordant notre thème.
Face donc à cette faiblesse documentaire, nous nous sommes rendus
personnellement dans les locaux du siège du CNRA en vue d'avoir plus
d'informations sur les activités du centre. Et heureusement, nous avons
pu en avoir.
Pour bien utiliser les informations recueillies pour notre
travail, nous procéderons par le recoupement de ces informations. Nous
axerons plus notre analyse sur celles qui traitent des activités de
recherche du CNRA. En nous basant sur les objectifs que le CNRA veut atteindre,
nous ferons ressortir des techniques qu'il a mises en place, tout en illustrant
cela par des exemples.
A partir de tout ceci, notre étude se fera selon un
plan en deux parties. La première partie intitulée « Le CNRA
et l'orientation de ses recherches » se composera de la
présentation du CNRA d'une part et de l'orientation des recherches du
centre d'autre part. Quant à la deuxième partie dont le titre est
« Actions menées par le CNRA dans le développement agricole
de 1998 à 2008 » s'appréhende tout d'abord par les actions
du centre de 1999 à 2002 et enfin nous avons des activités du
centre sur la période de 2002 à 2008.
8
|