Chapitre II : Analyse de l'évolution de la
croissance économique et
de l'ouverture commerciale du Burkina Faso 21
Section I : Analyse de la dynamique économique
21
Section II : Évolution de l'ouverture
commerciale du Burkina Faso 24
PARTIE II : STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR ET
EFFETS DE
L'OUVERTURE SUR LA CROISSANCE 31
Chapitre I : Environnement des échanges
extérieurs 32
Section I : Analyse du solde commercial
32
Section II : Partenaires commerciaux
36
CHAPITRE II : Étude empirique 39
Section I : Aspects méthodologiques et cadre
opératoire 39
Section II : Interprétation des
résultats et suggestions 50
Conclusion Générale 55
Références bibliographiques 56
Table des matières 59
ANNEXES I
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2
Introduction générale
Après la seconde guerre mondiale, les politiques
économiques étaient marquées par deux tendances majeures.
D'une part, on note la suppression progressive des barrières
commerciales des économies industrialisées. Ces politiques
reposaient sur l'idée selon laquelle le libre-échange est non
seulement une force pour la prospérité économique des
nations, mais aussi pour la promotion de la paix (Krugman et Obstfeld,
2009).
D'autre part, les politiques économiques de bon nombre
de pays en développement (PED) à l'exception de certains pays du
Sud-est asiatique ont été conditionnées par la croyance
que la clé du développement résidait dans la constitution
d'un secteur manufacturier puissant, et que le meilleur moyen de créer
un tel secteur était de protéger les industries locales de la
concurrence internationale notamment par des politiques de substitution aux
importations 1 . Parallèlement les pays asiatiques (Japon,
Hong Kong, Corée du Sud, Singapour...) se sont davantage ouverts au
commerce mondial et aux capitaux étrangers.
Toutefois au début des années 1980, après
les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et la crise de la dette de 1982,
les pays qui avaient mis en place des politiques d'ouverture ont connu une
croissance économique soutenue et ont mieux résisté
à différents chocs économiques tandis que les pays qui
avaient opté pour le protectionnisme ont vu leurs revenus baisser. C'est
dans ce contexte de surendettement et de déséquilibres
économiques que certains PED ont dû adopter des programmes
d'ajustement structurel (PAS) sous la supervision de la Banque Mondiale (BM) et
du Fonds Monétaire International (FMI). Beaucoup de pays (les pays
africains et d'Amérique latine) ont, par la même occasion,
entamé des réformes commerciales visant à
libéraliser leur commerce extérieur et à réduire
les distorsions des prix ; la finalité de ces programmes étant de
réduire leurs déséquilibres budgétaires et
commerciaux.
Cependant, une décennie2 après la
mise en place de ces réformes, le bilan est resté très
mitigé : un article du FMI publié en novembre 2001 sous le
thème « libéralisation
1 Produire au niveau national ce qui était
autrefois importé grâce à l'utilisation des ressources
locales ou à défaut faire recours aux IDE.
2 L'adoption des PAS en Afrique a
débuté dans les années 1980. Il faudra attendre les
années 1990 pour que la quasi-totalité des pays pauvres y
adhèrent. La décennie se décompte ici à partir de
1990.
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3
du commerce mondial et pays en développement »
révèle que pour environ soixante quinze (75) économies en
développement et en transition, dont la quasi-totalité des pays
les moins avancés (PMA), les résultats ont été
moins satisfaisants. Ces pays ont vu leur part dans le commerce mondial
décliner substantiellement. Contrairement aux pays qui ont réussi
leur intégration, ils dépendent de façon
disproportionnée de la production et de l'exportation de produits de
base traditionnels dont les cours mondiaux ont une tendance baissière.
Les politiques économiques visant la promotion des échanges
commerciaux n'ont donc pas donné les résultats escomptés
dans le contexte africain. Pourtant, elles continuent d'être suivies par
différents États et sont, même, vivement encouragées
par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). La question qui se pose est de
savoir pourquoi les politiques d'ouverture qui ont réussi en
Amérique du Nord, en Europe et même en Asie du Sud-est n'ont pas
fonctionné efficacement ailleurs ? Une plus grande ouverture aux
échanges internationaux peut -elle créer une dynamique de
croissance pour un pays en développement comme le Burkina Faso ?
Ces questions méritent une attention
particulière dans la mesure où le Burkina Faso s'est
engagé sur la voie de la libéralisation depuis 1991 avec
l'adoption des PAS, l'intégration à l'Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en 1994 et à l'OMC en 1995. La
tendance à l'ouverture de l'économie burkinabè est aussi
marquée par de multiples accords commerciaux bilatéraux et
multilatéraux à l'instar des APE (Accords de Partenariat
Économique) en cours de négociation. Au-delà de ces faits,
l'ouverture au reste du monde est considérée comme une
stratégie pour promouvoir le commerce extérieur du pays ; en
témoigne son inscription dans le référentiel central de la
politique économique 2011-2015 (Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable : SCADD)
notamment en son axe stratégique I intitulé :
développement des piliers de la croissance
accélérée.
Jusqu'à une date récente, les travaux qui ont
étudié pour les PED la relation ouverture-croissance
étaient pratiquement unanimes au sujet des effets positifs de la
libéralisation sur la croissance et le développement
économique. L'ouverture sur l'extérieur devrait assurer une
meilleure allocation des ressources et favoriser une orientation des
investissements vers les secteurs exportateurs. Elle devrait à terme se
traduire par une relance des dynamiques de croissance et une insertion plus
compétitive des économies en développement dans le
processus de globalisation.
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4
Toutefois, le consensus sur la relation entre l'ouverture
commerciale et la croissance économique a commencé, depuis une
quinzaine d'années (1999), à faire l'objet d'importants
débats et controverses dans le champ de l'économie de
développement. Francisco Rodriguez et Dani Rodrik dans un article paru
en 1999 portent un regard critique sur les principaux travaux qui stipulent
l'existence d'une forte corrélation positive entre l'ouverture sur
l'extérieur et la croissance économique dans les PED. Ils
suggèrent que les choix méthodologiques et les séries
empiriques utilisées aient exercé une influence
prépondérante sur la nature des résultats et
particulièrement sur la conclusion d'une relation positive entre
l'ouverture au commerce et la croissance. Ils insistent sur les limites des
méthodes utilisées par les différents auteurs, et font
l'hypothèse que cette relation n'est pas aussi évidente qu'on a
eu tendance à le croire durant les dernières années. La
contribution de Francisco Rodriguez et Dani Rodrik s'est attaquée
à une question que plusieurs économistes pensaient
définitivement réglée. Elle a le mérite de relancer
le débat sur l'une des questions les plus importantes de la
littérature économique (Berrached, 2013).
Notre étude s'inscrit dans ce débat et cherche
particulièrement à apporter à partir de
l'expérience de développement du Burkina Faso quelques
éléments de réponses sur les rapports entre la
libéralisation des échanges et la croissance
économique.
L'objectif général de ce travail est donc de
tester empiriquement les effets de l'ouverture commerciale sur la croissance de
l'économie burkinabè.
De façon spécifique, il s'agira :
- de déterminer les conditions dans lesquelles l'ouverture
est facteur de croissance ;
- d'apprécier l'influence du degré d'ouverture
de l'économie sur la croissance sur l'horizon temporel 1990-2012.
Pour ce faire nous formulons les hypothèses suivantes :
- le Burkina Faso ne profite pas pleinement de ses
échanges extérieurs ;
- l'ouverture commerciale influence positivement la croissance
économique du
Burkina Faso.
Au niveau méthodologique, nous avons choisi d'analyser
le degré d'ouverture commerciale du pays par rapport au volume global de
ses échanges et non par
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5
rapport à ses orientations économiques pour
prendre en compte l'ensemble des nouvelles formes de protection non tarifaires
à savoir les quotas d'importations et d'exportations, les
barrières sanitaires et phytosanitaires qui se répercutent en
dernier ressort sur le volume des échanges. De ce fait l'indicateur
d'ouverture retenu est le taux d'ouverture commerciale traduit par la formule
suivante : moyenne des exportations et des importations divisée par le
PIB. Cet indicateur offre l'avantage d'être statistiquement quantifiable
pour permettre une modélisation économétrique même
si plusieurs critiques lui sont adressées, entre autres, le risque d'une
mauvaise spécification du fait de l'endogénéité des
variables du coefficient. Pour quantifier la croissance économique,
l'indicateur retenu est le PIB réel. Les estimations
économétriques seront effectuées par la méthode des
moindres carrés à l'aide du logiciel économétrique
EVIEWS 8. Pour ce faire, des données statistiques recueillies à
l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD), au
Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS),
à la Direction Générale du Commerce (DGC) et sur les
serveurs de la BM et du CCI seront utilisées.
Cette contribution sera articulée autour de deux
parties subdivisées chacune en deux chapitres. Dans la première
partie, il sera question du cadre conceptuel et de l'analyse de
l'évolution de la croissance économique et de l'ouverture
commerciale. Dans la seconde et dernière partie, nous examinerons la
structure du commerce extérieur burkinabè et analyserons
empiriquement les effets de l'ouverture sur la croissance tout en formulant des
propositions.
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