PARTIE II : STRUCTURE DU COMMERCE EXTÉRIEUR ET
EFFETS
DE L'OUVERTURE SUR LA CROISSANCE
Dans cette deuxième partie, le premier chapitre est
consacré à l'étude de l'environnement des échanges
extérieurs et le second à l'étude empirique.
Chapitre I : Environnement des échanges
extérieurs
L'analyse du solde commercial et des partenaires commerciaux
est abordée dans ce chapitre.
Section I : Analyse du solde commercial
Le solde commercial est la différence, en termes de
valeur monétaire, entre les exportations et les importations de biens
18 ou de biens et services dans une économie sur une
période donnée (en général l'année). On
parle aussi de balance commerciale. Il est une composante de la balance
courante19, elle-même partie intégrante de la balance
des paiements20. Mieux, c'est l'un des soldes les plus importants de
la balance des paiements dans la mesure où il permet de mesurer les
effets des phénomènes économiques ou des changements de
politique économique.
Le graphique suivant retrace l'évolution de la balance
commerciale, de la balance des biens et celle des services du Burkina Faso sur
la période 1960-2012.
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso42.png)
32
18 Selon la comptabilité nationale
française
19 Solde commercial+solde du compte revenus et
transferts courants
20 Balance courante+solde du compte capital et
opérations financières
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso43.png)
33
Figure 4 : Évolution du solde commercial
de 1960 à 2012
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso44.png)
x 100 000 000 $ US
-10
-12
-14
-16
-2
-4
-6
-8
4
0
2
Balance B&S ($ US courants) Balance B ($ US courants) Balance
S ($ US courants)
1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984
1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
Source : l'auteur à partir des données de la
BM (WDI 2013)
Dans l'ensemble, il ressort du graphique que la balance
commerciale du Burkina Faso au cours de la période étudiée
est déficitaire. Ce déficit est même croissant (7,87% de
croissance annuelle moyenne) de 1960 à 2008 où il atteint sa
valeur maximale de 1 379 552 813 $ US. A partir de 2008, il amorce une
décroissance annuelle moyenne de 14,81% pour atteindre la valeur 726 401
192 $ en 2012.
Deux agrégats concourent à l'explication du
déficit du solde commercial. Il s'agit de la balance des services d'une
part et celle des biens d'autre part.
La balance des services est la différence entre les
exportations et les importations de services durant l'année. Elle
connait dans l'ensemble un déficit assez modéré avec par
moment des périodes excédentaires. Le commerce des services
représente en moyenne 22.87% de la valeur des échanges de biens
et services. C'est sans doute pour cette raison que la courbe du solde
commercial est quasiment confondue à celle de la balance des biens.
La balance des biens est la différence entre les
exportations et les importations de produits durant l'année. Elle est
déficitaire sur toute la période d'étude et influence
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso45.png)
34
fortement la balance commerciale. En effet, les taux de
couverture21 ont fluctué entre 12,59% et 68,23% et la moyenne
s'est établie à 34,58%, traduisant le fait que la valeur des
importations de biens a toujours surpassé celle des exportations. La
période 1960-2008 se singularise par un accroissement du déficit
avec une vitesse annuelle moyenne de 11,77%. A partir de 2008, la balance des
biens connait une amélioration. Le déficit amorce une
décroissance annuelle moyenne de 6,4% jusqu'en 2012. Le faible niveau du
solde les premières années (1960-1973) est en partie imputable
à la faiblesse des échanges commerciaux et surtout des
exportations au lendemain de l'indépendance. Le plus grand
déficit enregistré en 2008 est quant à lui imputable
à la crise économique marquée par un
renchérissement des importations. Concernant la structure des
échanges de biens, les tableaux suivants renseignent sur la composition
des cinq premiers produits d'importation et d'exportation du Burkina Faso de
2009 à 2013.
Tableau 2 : Part en % des cinq premiers
produits d'importation dans le total des importations de biens de 2009
à 2013.
Années
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Moyenne
|
Produits
|
Huiles et préparations de
pétrole
|
20,17
|
19,69
|
20,86
|
23,09
|
22,63
|
21,29
|
Médicaments
|
4,31
|
3,72
|
4,62
|
2,92
|
4,25
|
3,96
|
Riz
|
3,34
|
2,95
|
3,67
|
3,37
|
3,01
|
3,27
|
Ciments hydrauliques
|
3,35
|
3,42
|
2,85
|
2,72
|
2,61
|
2,99
|
Voitures de tourisme et autres
véhicule
|
3,26
|
3,22
|
2,94
|
2,49
|
2,39
|
2,86
|
Part total dans les importations
|
34,43
|
33,00
|
34,94
|
34,59
|
34,89
|
34,37
|
Source : Direction Générale du Commerce
(DGC), 2014
21 Le taux de couverture est le rapport
exportations/importations multiplié par 100. Lorsqu'il est
inférieur à 100%, il traduit une balance déficitaire. Dans
le cas contraire la balance est dite excédentaire.
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso46.png)
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Tableau 3 : Part en % des cinq premiers
produits d'exportation dans le total des exportations de biens de 2009
à 2013.
Année
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Moyenne
|
Produits
|
Or non monétaire
|
46,25
|
67,12
|
76,74
|
72,49
|
63,03
|
65,13
|
Coton
|
28,51
|
16,97
|
11,31
|
13,48
|
18,65
|
17,78
|
Graines de sésame
|
5,45
|
4,26
|
2,41
|
4,05
|
6,85
|
4,60
|
Noix de cajou
|
0,31
|
0,59
|
2,62
|
1,51
|
2,21
|
1,45
|
Graine de karité
|
1,45
|
1,12
|
1,34
|
0,91
|
1,85
|
1,33
|
Part totale dans les exportations
|
81,97
|
90,06
|
94,42
|
92,44
|
92,59
|
90,29
|
Source : DGC, 2014.
Il ressort que les importations de marchandises sont assez
diversifiées (les cinq premières importations représentent
en moyenne moins de 35% de la valeur totale des importations sur le
quinquennat) et que les exportations par contre sont très peu
diversifiées. Les cinq produits représentent en moyenne 90,3% de
la valeur totale des exportations. Par ailleurs, en partant de la
catégorisation des marchandises en quatre grands groupes à savoir
les produits primaires, les produits manufacturés de base et produits
mixtes, les biens intermédiaires et biens d'équipement, les biens
de consommation ; on constate que les cinq premières importations sont
constituées en moyenne de 71,46% de produits primaires (hydrocarbures et
riz), 19,84% de biens de consommation ( médicaments, voitures de
tourisme et autres véhicules) et 8,7% de produits manufacturés de
base et produits mixtes (ciments hydrauliques). Les cinq premières
exportations sont entièrement des produits primaires. Sur ces points,
les études théoriques renseignent que les gains à
l'ouverture pour un pays en développement passent par les transferts de
technologie contenus dans les biens importés et qu'une politique
commerciale stratégique peut s'avérer nécessaire pour
inverser la tendance à la spécialisation dans des secteurs
à faible croissance comme le commerce des produits primaires. Le Burkina
Faso doit donc mieux saisir les opportunités de l'ouverture en important
davantage des biens intermédiaires et d'équipement à
l'image des moteurs industriels, machines-outils, matériels agricoles et
de transport, machines de construction.... Cela passe aussi par une plus grande
diversification et la valorisation des produits d'exportations.
![](Effets-de-l-ouverture-commerciale-sur-la-croissance-economique-du-Burkina-Faso47.png)
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