Terrorisme et géopolitique en Afrique. Sens et contresens.( Télécharger le fichier original )par Sékou COULIBALY Alassane Ouattara de Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire - Master 2015 |
CONCLUSIONLe terrorisme en Afrique a-t-il effectivement un sens qui lui confère sa légitimité ? Cela parait évident. Le terrorisme apparait en Afrique comme une main invisible qui pousse les peuples à des révoltes en vue d'une société émancipée basée sur des principes de bonne gouvernance, de déférence et de reconnaissance mutuelle. Comme tel, sa légitimité relève de la volonté des citoyens à vouloir instaurer un nouvel ordre social contre les normes anciennes qui ne correspondent en rien aux exigences sociétales. On peut donc en conclure qu'il y a terrorisme en Afrique parce que soit, le peuple dit rebelle ou terroriste aspire à un meilleur traitement, une reconnaissance de la part des gouvernants, soit pour revendiquer ou déplorer une situation déshumanisante quelconque. Quant aux contresens des révoltes, ils s'expliquent par les récupérations de ces mouvements originairement légitimablesvoire excusables par des hommes politiquesou religieux pour en faire la baquette magique de la promotion de leurs idéaux. Durant notre parcours, nous nous sommes attelé à montrer les fondements et les enjeux (stratégiques, politico-idéologiques) de la violence terroriste en Afrique. Notre démarche argumentative visait à répondre à la question de savoir si la violence terroriste est la conséquence de stratégies de domination à partir des rivalités de pouvoirs et de territoires sur l'espace africain. Dans la pratique, il en ressortle résultat suivant : la question du terrorisme en Afrique est à saisir au-delà du simple rapport entre citoyens d'un même espace et entre États. Elle est fondamentalement basée sur le jeu d'intérêts stratégique, économique ou pétrolier, identitaire ou culturel, juridique et idéologique. Le terrorisme relève d'enjeux identitaires dans la mesure où la représentativité dans les sociétés africaines est déficitaire. Il relève d'un a priori identitaire qui se manifeste à partir de revendications sociales sous la forme de rébellion armée, de révolte, ou d'attentat suicide. Comme tel, le terrorisme apparait pour prétendre rehausser l'humain en dignité et en liberté, la question n'étant pas de savoir si le terroriste, dans son agi, répond aux normes juridiques et conventionnelles. Cela relève de secret de polichinelle. L'acteur terroriste réclame son identité ou la recommande aux autres. C'est ici le lieu d'établir une corrélation entre quête de l'authenticité et les violences terroristes en Afrique. Qui plus est, la recherche de l'authenticité conduit à la réification, à une crise de reconnaissance. Cette chosification est une condition suffisante pour justifier les violences terroristes en Afrique. Aux côtés de l'aspect de la représentativité, le terrorisme est motivé par des enjeux stratégiques, politiques et idéologiques. En tant que facteur politique, il vise soit la défense d'intérêts égoïstes des multinationaux, soit le renouveau social. La compétitivité entre États autour des retombées pétrolières, frontalières, et la course aux armements illustrentau mieux les rapports entre les nations. La dimension du renouveau social qui alimente le terrorisme s'explique par deux aspects très distincts : l'un visant la redynamisation de la gestion sociale et l'autre visant la négation de la négation identitaire, autres aspects de la guerre entre civilisations. On nommera cela la guerre entre la civilisation arabo-musulmane basée sur des principes coraniques, sur les dits du prophète et le mode de vie Occidental influencé par la religion judéo-chrétienne. C'est la confrontation entre deux modèles de civilisation : la démocratie occidentale qui n'est rien d'autre que la « démocratie de l'argent, par l'argent et pour l'argent jugée diabolique par le « Coran » et terreur djihadiste jugée barbare par la « Démocratie »150(*). Chacun justifie sa conduite en inculpant l'autre. Il parait s'agit, selon Mohammed Hanif, d'un ultime soubresaut de l'Islam face à la tentative américaine d'instauration d'un nouvel ordre mondial. La particularité réside dans le fait que les Américains agissent par tous les moyens (légaux et illégaux, avouables et inavouables, directs et retors, accords et compromissions,...) pour réaliser leur objectif et ce depuis 1945 (au moins !)151(*). Dans ce climat de rivalités territoriales, de négativité et d'affirmation, de rejet et de réification de l'autre, il nous semble opportun de proposer des stratégies de lutte contre le terrorisme dans un langage purement africain. Procéder ainsi, c'est dire que les facteurs qui justifient les violences terroristes en Afrique se résument en un défaut de langages africains à maintenir l'harmonie sociale. Que faire ? Pour nous, la lutte contre le terrorisme en Afrique passe par, et nécessairementpar, une éducation de masse comme préalable à toute stratégie. L'éducation apparait, pour ainsi dire, comme l'épine dorsale de toute entreprise de maintien de la paix. Elle est la condition d'une intégration africaine efficiente. Cela dit, elle doit s'accompagner d'une éthique de la diversité comme gage de développement durable. C'est donc reconnaitre l'importance de la palabre ou de l'éthique de la discussion dans l'acheminement vers l'émergence tant escomptée des pays africains dans un climat de paix. Le rapport du terrorisme à la géopolitique en Afrique, tel que décrit le long de ce travail, justifie nos hypothèses de recherche. À savoir que la violence terroriste a des origines identitaires et des enjeux politiques et idéologiques. Nos recherches ont démontré que la violence terroriste suppose une crise de la reconnaissance et qu'elle répondàdes exigences purement politiques et idéologiques. * 150 Mohammed HANIF, op. cit., Québec, Différence Pérenne, 2015, p. 21. * 151Idem, p. 10. |
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