UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA
UFR : Communication, Milieu et
Société
Département de philosophie
MENTION : PHILOSOPHIE
Spécialité : Esthétique
& Philosophie africaine
Sujet :
Présenté par : Sous la
direction de :
M. COULIBALY Sékou
M. DIAKITÉ Samba
Professeur Titulaire
Encadré par :
KOUMA Youssouf
Maître - Assistant
ANNÉE ACADÉMIQUE :
2014-2015
SOMMAIRE
SOMMAIRE
I
DÉDICACE
IV
REMERCIEMENTS
V
PROPOS LIMINAIRES
VI
INTRODUCTION
1
PREMIÈRE PARTIE : TERRORISME ET
REPRÉSENTATIVITÉ
7
CHAPITRE 1 :
DÉSAGRÉGATION IDENTITAIRE ET VIOLENCE TERRORISTE
EN AFRIQUE
9
CHAPITRE 2 : CRISE DE
LA REPRÉSENTATIVITÉ ET NAISSANCE D'UNE TYPOLOGIE NOUVELLE DE LA
VIOLENCE EN AFRIQUE
17
DEUXIÈME PARTIE :
STRATÉGIES GÉOPOLITIQUES ET ENJEUX DU TERRORISME EN AFRIQUE
25
CHAPITRE 1: TERRORISME ET
STRATÉGIES GÉOPOLITIQUES
27
CHAPITRE 2 :
TERRORISME EN AFRIQUE : ENJEUX POLITIQUES ET IDÉOLOGIQUES
37
TROISIÈME PARTIE :
STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE
59
CHAPITRE
1 : LUTTE CONTRE LE TERRORISME :
REGARDS CROISÉS
61
CHAPITRE 2: VERS UNE
AFRIQUE UNIFIÉE ET PACIFIÉE
68
CONCLUSION
75
BIBLIOGRAPHIE
79
TABLE DES MATIÈRES
87
DÉDICACE
À mon père, comme ma mère l'aurait
voulu,
À Colonel-Major, HANIF Mohammed...
REMERCIEMENTS
Loin de nous sentir sous l'emprise d'un méthodisme
aigu, nous tenons à vouer nos reconnaissances :
AuProfesseur Samba DIAKITÉ qui nous a appris qu'il faut
« viser la lune pour enfanter des
étoiles ». C'est alors le lieu pour nous de lui
réitérer notre engagement dans la persévérance,
dans la poursuite de nos ambitions mêmeles plus
inespérées ;
AuProfesseur FIÉ Doh Ludovic et au Docteur KOUMA
Youssouf, pour leurs conseils ;
À Kouyaté Mahamoudpour son soutien
matériel et financier ;
À tous ceux qui, amis, famille, connaissances, de
près ou de loin, nous ont soutenu durant cette recherche, tous ceux qui
pensaient avoir faire leurs devoirs ou avoir manqué de le faire.
Merci.
PROPOS LIMINAIRES
Cette étude vise à analyserles fondements et les
enjeux du terrorisme en Afrique et ses implications géopolitiques. Nous
voulons donc, à travers les rivalités de pouvoirs et leurs
représentations sur l'espace africain, appréhender les violences
terroristes. S'il est évident que la géopolitique, servant
à organiser les territoires, « est d'abord un savoir
stratégique étroitement lié à un ensemble de
pratiques politiques et militaires »1(*), elle peut donc aider dans l'analyse des violences en
Afrique. Il s'agit principalement, en nous servant d'approches
géopolitiques, de comprendre les fondements des crises sur les
territoires africains et plus particulièrement de l'analyse des facteurs
favorables à l'expansion de la menace terroriste. Cependant, il nous
semble impérieux, d'entrée de jeu, de lever
certaineséquivoques sur la notion de terrorisme qui est devenue un lieu
commun où chaque acteur individuel ou collectif de la vie sociale en use
abusivement.
D'entrée de jeu, faut-il signifier qu'il nous sera
difficile de trouver une réponse consensuelle qui clôt le
débat sur la définition du concept de terrorisme. Cela, parce
qu'il existe une pluralité de terrorismes et dont chacun, selon le champ
d'analyse et l'objectif visé, peut admettre une définition toute
différente. « La notion n'a évidemment qu'une
généralité trompeuse : elle nait au croisement de
discours antagonistes qui se la dispute en l'interprétant chacun
à leur manière, nous dit Yves Michaud. C'est pourquoi,
poursuit-il, le mot violence [terroriste] veut tout dire en même temps
jamais la même chose. D'où son apparente polysémie2(*) ».
Autrement dit, pour Yves Michaud, aucune définition du
concept de terrorisme ne pourrait faire l'unanimité ; en ce sens
que parlant de terrorisme, chacun y va avec ses convictions, ses attentes et
ses préjugés. Sitant est que la notion de terrorisme est
polysémique et qu'elle admet selon « les auteurs Schmid et
Jongmanqui en avaient recensé dans le début des
années 1980, pas moins de 109 définitions différentes du
terrorisme »3(*),
la question qui nous semble alors la plus adéquate est celle-ci :
à quoi fait-on allusion lorsqu'on parle de terrorisme en Afrique ?
Reformulée de la sorte, cette question va nous amener, dans un premier
temps, à délimiter notre champ d'analyse et à un second
niveau, à apprécier le concept de terrorisme dans un langage
africain.
Pour ce faire, notons que nonobstant la difficulté
à définir conventionnellement le terrorisme, faut-il signifier
que toutes les formes de terrorisme ont un caractère commun : la
maximisation de la terreur hors des normes juridiques. Terrorisme, ici,
s'oppose donc au droit. Parlant de ce contexte de hors-norme juridique en
rapport à la définition de terrorisme, on pourrait penser avant
tout,à une macroscopie de la bestialité humaine, à
l'oeuvre de bandits des temps nouveaux, au rapport de domination de l'homme par
l'homme, aux politiques d'exploitation systématique, à la traite
négrière, aux travaux forcés, au colonialisme, qui, au
demeurant, tardent à s'effacer des mémoires. Cette forme toute
particulière de terrorisme dont est victime le continent africain, fait
penser que le terrorisme s'adapte, se déterritorialise et se
ré-territorialise. C'est bien cela une sorte de géoterrorisme.
C'est-à-dire une approche spatio-temporelle de ce que peut être le
terrorisme, chacun se le représentant selon ses réalités
et selon la densité de ses convictions.
S'il est ainsi évident que le géoterrorismen'est
pas favorable à une définition universelle de ce qu'est le
terrorisme, une dimension ontologique de l'acte terroriste, quant à
elle, apparaissant avec la biotechnologie, peut tout de même
prétendre à cet universalisme. Aux côtés des formes
multiples de l'acte terroriste, se développe une forme insidieuse, peu
médiatisée de terrorisme que le spécialiste camerounais de
la bioéthique André TsalaMbani nomme le terrorisme
ontologique. Il s'agit selon lui, d'une forme non moins horrible et
crapuleuse
orchestrée par l'industrie biotechnologique au
travers des techniques procréatiques telles que le diagnostic
préimplantatoire (DPI), la recherche consommatrice d'embryon, le clonage
humain et la cybernanthropologie ou la biotique, qui menacent de faire voler la
nature humaine en éclats4(*).
On comprend qu'avec Mbani, la menace de la disparition ou de
l'extraversion de la nature humaine est bien réelle,s'agissant de
terrorisme ontologique du fait qu'il s'attaque à l'essence de l'homme
lui-même. Cependant, en quoi cette dimension biotechnique
relèverait-elle du terrorisme ? En réponse à cette
interrogation, Mbani ajoute que la biotechnique est une menace mortelle contre
la nature humaine et qu'en cela donc, la biopolitique se doit
d'exercer « un contrôle plus strict sur les usages de la
science et de la technologie à l'effet de conjurer cette apocalypse
programmée »5(*). Pour lui, le terrorisme ontologique se résume
en des attentats biotechnologiques projetés contre la nature humaine et
qui sont en parfaite cohérence avec l'idéal de la
posthumanité qui, lui-même présente des germes
idéologiques nihilistes et évolutionnistes. C'est donc
bien évident que soit pris en compte, parlant de terrorisme,
l'ontologie. Et Mbani fait bien de nous le rappeler. Mais nous ne traiterons
pas de ce cas qui échappe ou qui peut échapper à la
subjectivité. Nous chercherons plutôt à comprendre le
terrorisme, comprendre n'étant pas le fait de justifier mais de chercher
à penser l'impensable selon les mots de Jacques Semelin6(*).Toutefois, de quel type de
terrorisme s'agira-t-il principalement dans ce travail de recherche ?
Nous nous intéresserons d'abord auterrorisme d'Etat.
Cela s'explique par le fait que cette sorte de terrorisme est bien
présente en Afrique depuis les indépendances et nous y
reviendrons dans notre développement. Il est l'exercice d'un État
totalitaire qui use de façon excessive de son
monopole,prétendulégitime, pour estropier des populations sans
défense, pour leur imposer des idéaux. Il réside dans
l'utilisation de la terreur, par une État, comme moyen de gouverner sa
population. En cas de révolte de la part des populations
lésées, le Léviathan7(*)réprime. Cela s'oppose, dans sa
manifestation, au "contrat social"hobbesienqui stipule une abdication d'une
partie des libertés individuelles en échange de la protection de
l'État. Nous y reviendrons.
Nous chercherons également à comprendre le
terrorisme en Afrique à partirdes relations inter-États qui
semblent impacter son avènement. Pour preuve,disons que les
stratégies de domination, qui se manifestent à travers la course
au nucléaire et les alliances inter-États, constituent l'une des
motivations du terrorisme. Le but se résume en le maintien sous
oppression des paysen quête d'autosuffisance alimentaire par les Nations
développées dont les armes sont de plus en plus
sophistiquées. Ces nations puissantes exercent une sorte de dictat sur
ces pays pauvres qui ne peuvent que se soumettre à leurs exigences. En
ne garantissant que quelques interventions militaires dans ces pays qui ne
finiront pas de sitôt avec des conflits tous azimuts, les puissances
armées, se servant de leur droit au véto qu'ils se
réservent jalousement, décident en lieu et place des autres
Nations, de leur mode de vie.
Le droit de véto, dont disposent seulement cinq
États au monde (la Chine, les États-Unis, la France, le
Royaume-Uni et la Russie) sur les 15 membres du conseil de
sécurité, estla forme la plus perceptible de cette expression de
la terreur. L'Organisation des Nations-Unis (O.N.U), dans toutes ses
composantes, n'est rien d'autre qu'une politique qui vise à faire
accepter aux États, leur assujettissement aux vouloirs des pays ayant
droit de véto. Et, seuls ces pays décident des conditions de
possession du nucléaire, symbole d'une domination stratégique, de
la puissance. Ce droit, dont disposent ces superpuissances, est l'expression
d'une violence qui s'exprime sous la forme de privation et d'intervention en
terres étrangères, souvent même sans y être
invitées.
En somme, il apparait de ce constat que la possession du
nucléaire, en vue de tenir en alerte l'opinion internationale sur
l'ampleur du dégât que l'onest capable de provoquer, ne vise
qu'une et une seule chose : être craint partous. Nousy reviendrons
dans l'analyse géostratégique des relations internationales.
Notre analyse portera singulièrement sur le terrorisme
en tant qu'événement majeur du XXIe siècle et
perçu de façon générale, après les
événements du 11 septembre 2001 contre les États-Unis,
comme un agi crapuleux et horrible mené par des groupes dits islamistes,
motivés par des convictions identitaires et/ou idéologiques.
L'identité ici, nous intéresse à plus
d'un titre. Pourles tenants de cette mouvance terroriste, en effet, il s'agit,
se fondant sur des prétextes idéologiques, de discréditer
aux yeux de l'opinion publique, l'Occident et sa civilisation qu'ils jugent de
favoriser la perversité à travers des notions de liberté
et de démocratie. Leurs méthodes : soit l'assassinat
politique, soit les attentats ou la méthode de frappes
aveugles8(*)qui ont
pour but, le meurtre arbitraire de victimes innocentes et impartiales.
Il s'agit là de guerres non conventionnelles prenant parfois
l'apparence d'une révolution et ayant pour objectif de saper le moral
d'une nation ou d'un groupe de personnes, de banaliser la mort. Ces violences
peuvent être soit l'acte d'un individu particulier (dans ce cas on parle
de terrorisme individuel : perpétré par des rebelles ou des
anarchistes), soit celui d'une organisation ou d'un groupe de personnes (on
parle alors de terrorisme organisé, provoqué par des groupes
défendant des idéologies).
Mais comment le terrorisme, tel que perçu à
partir du 11 septembre 2001, comme l'oeuvre d'islamistes radicaux, est-il
parvenu à troubler la quiétude des sociétés
africaines ? Comment en sortir ? Telle est la visée de cette
étude.
INTRODUCTION
L'Afrique est à brut à des mutations sociales de
tout genre. Génocide, rébellion, mutinerie, famine,
insécurité, sont, hélas, une culture de mode pour les
contemporains. De plus en plus, « l'homme loup », tel que
décrit par Thomas Hobbes dans le Léviathan,
s'avère une triste réalité en Afrique. Car,
il n'est plus d'un simple truisme d'affirmer que les espaces
géographiques d'Afrique sont en proie à des violences tous
azimuts. Mais, comment ne pas comprendre cet état de fait, si davantage,
l'autre n'est pas considéré comme un être à-part,
distinct, qui a sa part et qui a les mêmes droits que soi ? À
dire vrai, au coeur des instabilités sociales en Afrique, se trouve un
arrière fond identitaire. Si on en est arrivé là, c'est
justement parce que l'Afrique ne semble pas s'accommoder avec l'éthique
de la diversité et avec la configuration politique que l'Occident lui a
imposée. Ce qui cause de véritables problèmes d'adaptation
autour desquels, philosophes, sociologues, historiens, hommes politiques se
réunissent et tentent, chacun selon sa compétence, de trouver une
solution qui éradiquerait, ou du moins, contribuerait à contenir
les chocs que cela suscite.
Tout naturellement, à scruter de près cette
réalité, on se rend à l'évidence que « Si
la violence fait problème pour la philosophie, c'est parce que son
déchainement nie les pouvoirs de la conscience et du langage, et donc,
la capacité même de philosopher »9(*). Ce qui revient à dire
que la violence dans le monde et plus particulièrement en Afrique est
à justifier dans un état d'esprit autre que celui de
l'éclairage de la raison et du dialogue intercommunautaire. Ce
défaut de communication met à mal les rapports entre groupes
humains et donne lieu à des actes de violences se présentant sous
plusieurs formes.
Énoncer ainsi la problématique du terrorisme en
rapport avec la géopolitique en Afrique (comme relevant d'un défi
sécuritaire à relever) témoigne du déficit des
consciences et des langages africains10(*) à solutionner raisonnablement, les
différends. C'est dire également que cette problématique
se veut une réponse au double questionnement du rejet de la violence et
de l'affirmation des vertus des actes d'agressivité comme manifeste
apparent de la libération. Cependant, si la violence a donné
à la démocratie sa lettre de noblesse, force est de constater
qu'elle entraine un certain affaiblissement social. On peut alors se demander
pourquoi tant de violences en l'Afrique si tant est que ces violences
ruinent davantage nos sociétés. Énoncer cette
préoccupation, c'ests'interroger sur le rapport des actes terroristes
à la géopolitique en Afrique. Cela est nécessaire, en ce
sens que s'il est évident que toute philosophie, est avant tout, une
géophilosophie, alors la réflexion sur l'insécurité
en Afrique, s'avère, à plus d'une approche, une
exigence philosophique pour nous africains.
Il est évident que différentes politiques
(accords de paix, mise en place de structures de lutte commune contre la
violence etc.), en vue de l'éradication de l'insécurité,
ont été mises sur pied. Mais les résultats de ces
investigations ne semblent pas fonctionner correctement eu égard
à l'insistance des crises un peu partout en Afrique. Il revient alors,
selon Habermas, « à la philosophie de diagnostiquer les maux
de la société en termes de défauts de
communication »11(*) si tant est que les révoltes en Afrique sont
à percevoir comme un défaut de communication.
Qui plus est, si l'on y prend garde, avec cette montée
vertigineuse de la terreur et de la violence souvent occasionnée par
« la conquête et la conservation du pouvoir (...)
l'Afrique sera [sinon qu'elle l'est déjà] le théâtre
des affrontements fratricides »12(*). Dire cela, revient avec Yekoka, à situer la
responsabilité du politique et des collectivités territoriales
dans la violence et dans le terrorisme en Afrique. C'est si bien vu que si nul
n'agit raisonnablement, si les rapports deviennent conflictuels du simple fait
que tous se considèrent distincts les uns des autres et qu'au nom de
cette distinction, l'on ne parvient pas à communiquer, cela ne peut
qu'occasionner l'animosité entre individus.
C'est pourquoi, écrira Samba Diakité, la
philosophie se doit de faire une critique sans complaisance de la gestion des
pouvoirs en Afrique afin de demeurer dans la proximité de la question
[sécuritaire] si tant est que la question [de la
sécurité régionale] est la question qui conduit l'Afrique
tout entière au progrès, au développement13(*).
Ce qui interpelle dans ce cas, c'est que face à cette
curieuse politique de développement, il revient aux philosophes de se
pencher sur la question de la sécurité régionale afin de
contenir les nombreux dégâts matériels et humains
causés par les actes de violences sur le sol africain. Ainsi,
s'inscrivant dans une perspective de la philosophie de la guerre, une analyse
philosophique sanscomplaisancedes fondements de ces actes ignobles, prend tout
son sens.
Toutefois, sans vouloir restreindre les causes des violences
en Afrique à des questions identitaires ou purement politiques et
idéologiques, nous souscrivons à l'idée selon laquelle
« c'est le rejet de l'ouverture aux peuples qui se saisit à
partir de la Différence et des
particularités »14(*). Ce refus de la différence, sans oublier
l'économie et le politique, doivent être analysés en
rapport avec la violence terroriste en Afrique. C'est pourquoi, nous convenons
avec Giovanna Barradori lorsqu'elle écrit que par les principaux
arguments avancés relatifs à la terreur et au terrorisme
« la philosophie doit donc se mobiliser, car elle peut à
l'évidence apporter une contribution unique au moment de cette
délicate articulation du géopolitique »15(*).
Cela dit, il nous semble opportun l'analyse critique des
questions les plus pressantes que posent la violence terroriste en Afrique. Ce
qui justifie le choix de notre sujet reformulé comme suit :
« terrorisme et géopolitique en Afrique : sens et
contresens ». Autrement, nous voulons, à travers
cette étude, analyser la problématique du terrorisme dans son
interaction avec les rivalités de pouvoirs sur les territoires
africains.
Notre intention reste celle de l'appréhension de la
violence terroriste en Afrique dans son rapport aux rivalités de
pouvoirs. Au-delà doncde la diversité des approches, les
documents que nous avons consultés, sans avoir pour intentionde
justifier ou de condamner le terrorisme, mais dans une dynamique de regards
croisés, nous permettent une intellection de ce phénomène.
Le but, c'est de promouvoir le vivre en commun : que les
différences ne constituent plus d'obstacle à l'harmonie
sociale ; que plus jamais les jeux d'intérêts ne soient des
avatars pour l'équilibre de la société. En d'autres
termes, nous voulons, dans cette analyse, comprendre le terrorisme en Afrique
à travers ses fondements, ses objectifs et ses enjeux afin de limiter
les dégâts humains que ce phénomène suscite.
À partir de là, le problème que nous
entendons résoudre se décline comme suit : la violence
terroriste est-elle la conséquence de stratégies de domination
à partir des rivalités de pouvoirs et de territoires sur
l'espace africain ? De toute évidence, cela parait logique. Cependant,
quels sont les fondements du terrorisme en Afrique ? Relève-t-il de
simples crises de la représentativité ou d'enjeux liés
à des stratégies géopolitiques ? Comment le
terrorisme,devenant un enjeu géopolitique pour l'Afrique, peut-il
être éradiqué, ou du moins, atténué ?
Somme toute, cette étude se propose d'être un
diagnostic du terrorisme dans son rapport avec les rivalités politiques
en Afrique. Pour y parvenir, l'utilisation concomitante des méthodes
phénoménologique et herméneutique s'avère
nécessaire.
En termes de méthode, nous voulons également
rompre les amarres avec l'attitude qui consiste à philosopher autour
d'un auteur (en l'interprétant) ou encore autour d'une école
philosophique (dans rares de cas). Nous avons décidé de penser
les fondements d'un phénomène nouveau(le terrorisme en Afrique)
dans un vocabulaire purement africain. Et ce, sans rattacher forcément
cette étude à un auteur donné ou à une école
philosophique spécialiste de la question. Cela, non pas parce qu'une
réflexion sur le terrorisme en Afrique est inédite, mais parce
que l'actualité de ce sujet (la saisie d'un phénomène
évolutif) nous impose de l'analyser non pas seulement dans les livres,
mais aussi bien dans la réalité quotidienne des peuples qui en
payent les frais. Cette exigence nous force à l'analyse de la question
en rompant avec la méthode classique de notre Unité de Formation
et de Recherche (UFR). Bien évidemment, nous illustrerons nos points de
vue en faisant appel, sans cesse, à certains philosophes selon que
besoin se fera sentir. Et c'est justement en cela que les méthodes
sociocritique et herméneutique dont nous ferons usage prendront leur
sens : l'interprétation de certains textes et faits sociaux qui
contribuent à la compréhension du phénomène.
Toutefois, nous ne prétendrons pas que notre travail
clore le débat sur la problématique du terrorisme en Afrique.
Cela s'avère quasi impossible, voire prétentieux.
Néanmoins, nous tenterons de traiter de la question en ne prenant en
compte que ses fondements et ses enjeux ; après quoi, nous
montrerons des voies qui pourraient aider à la pacification de l'espace
africain et à minimiser le risque de la perpétuation des attaques
terroristes en Afrique. C'est dire autrement que notre travail se soumettra
à trois articulations, à savoir : la recherche des
fondements de la violence terroriste, le dévoilement des enjeux
politico-idéologiques en rapport aux stratégies
géopolitiques et enfin la recommandation de stratégies de la
lutte contre le terrorisme en Afrique.
PREMIÈRE PARTIE : TERRORISME ET
REPRÉSENTATIVITÉ
Nous parlons de terrorisme aujourd'hui encore en Afrique comme
d'un sujet de méfiance ou comme d'un tabou autour duquel l'on se doit
d'observer le silence. Pourtant, aussi sensible que parait la notion de
terrorisme, elle mérite d'être appréhendée surtout
dans nos sociétés africaines qui semblent bien parties pour
abriter ce phénomène dont la mondialisation est plus efficace que
certaine. « Le syndrome de phobie islamiste »16(*) est bien réel autant en
Occident qu'en Afrique. Pire, « les ralliements à l'EI
continuent par ailleurs en zones de turbulence en Afrique et
particulièrement au sahel »17(*) nous dira Hanif. De quoi s'agit-il
réellement, le terrorisme en Afrique ?
CHAPITRE 1 : DÉSAGRÉGATION IDENTITAIREET
VIOLENCE TERRORISTE EN AFRIQUE
Parler de désagrégation identitaire en rapport
à la violence terroriste en Afrique, c'est questionner l'impact des
effritements ethniques, culturels, religieux, sur l'avènement de la
terreur qui tend à se transformer en système ; c'est montrer
le lien étroit entre crises internes et violence terroriste. C'est,
cherchant les causes profondes des nasses identitaires, faire incursion dans
les fondements du terrorisme en tant que manifestation de crise de la
représentation. Il s'agit, enfin, de démontrer que le terrorisme
se nourri de dénis de reconnaissance.
D'ailleurs, c'est, en examen des conditions des guerres dites
justes et injustes,ce que Walzerénonce : « Nous
justifions notre conduite ; nous jugeons celle des
autres »18(*).
Ce qui revient à dire que tout le monde se dédouane en inculpant
l'autre au sujet des agis déplacés comme l'acte terroriste, par
exemple. Quiest au juste terroriste si tout le monde tend à se justifier
? Qui envahit l'autre ? Qui est authentique et qui est cet autre,
l'étranger ? Ces préoccupations, dans une
société africaine ayant déjà du mal à
s'identifier à une culture, à un groupe, à une opinion
religieuse, méritent d'être posées. S'agit-il de parler de
l'autre en tant qu'individu ou en tant que collectivité ? Dans tous
les cas, c'est l'Identité qui est en cause. Ce par quoi, on identifie et
on reconnait quelqu'un, son étiquette.
Contre toute attente, l'identité ou l'identification
obéit à un principe de classification et de
"clan-nification" qui a pour finalité, le rejet
systématique de l'autre. « Il s'agit dans la rue ou en rase
campagne, d'identifier un groupe ou un individu. Ami ou ennemi ? Qui
déclares-tu que tu es ? Comment t'appelles-tu, de quelle
appartenance sors-tu, au nom de qui t'avances-tu vers
moi ? »19(*)L'identification, dans pareil circonstance, vise
à isoler l'individu, à le saisir dans son appartenance ethnique,
sociale ou même religieuse, à connaitre ses motivations afin de se
rassurer qu'il constitue une menace ou un appui. On constate, pourtant, qu'en
Afrique, cette sorte de désagrégation identitaire est en vogue.
L'exemple le plus efficient, mais qui semble vouloir se faire passer
anonymement, est celui de la croyance religieuse.
On identifie l'individu afin de lui coller une
étiquette pour s'en rapprocher ou pour s'enméfier. En cela,
imaginons un instant la conception que l'on se fera d'un musulman dans une
société qui se méprend sur le terrorisme, faisant passer
l'acte terroriste exclusivementpourdes manifestations de groupes islamistes. Le
non musulman, parce que convaincu de ses préjugés, voit
désormais en n'importe quel musulman, un potentiel terroriste. Son
statut de fervent musulman fait de lui un être suspect,
à-part. Ce qui semble d'ailleurs logique puisqu'à
l'opposé, l'islamiste crée des fossés en présentant
les autres (non-musulmans) comme des personnes n'ayant pas droit de vivre.
C'est fort de cela qu'on pourrait expliquer aujourd'hui la montée du
sentiment terroriste en Afrique. Qu'en est-il réellement ?
I. De la crise de la reconnaissance à la guerre entre
identités
Il n'est plus d'une simple lapalissade que les
sociétés africaines sont victimes de désagrégations
identitaires qui ont pour corollaire, nombre de fois, des guerres tribales,
ethniques ou religieuses. Du déni identitaire individuel, on en arrive
à la création de scission entre individus. La négation
induisant le manque d'amour et d'amitié envers l'autre, implique et justifie l'écart entre son agi et les
normes sociales.Et cela, simplement, écrit l'auteur deLa
réification, parce que
nous tendons à ne percevoir les autres hommes, dit
Axel Honneth, que comme des objets dépourvus de sensibilité. Nous
perdons l'aptitude, poursuit-il, à comprendre directement les
expressions comportementales des autres personnes comme autant d'incitations
à réagir de façon appropriée20(*).
La réification ou la chosification dont est victime
l'individu apparait, pour ainsi dire, comme le fondement des frustrations qui
occasionnent les crises. La mésinterprétation,
l'incompréhension de l'autre, conduisant au dénigrement de
celui-ci par la revalorisation de soi, conduitinéluctablementà la
guerre entre identités. Samba Diakité, à travers son
article "L'autre et sa langue : la langue du refus", le dit sans
ambages lorsqu'il écrit« néantiser [...] l'Autre, c'est
refuser sa culture ; c'est ne pas l'admettre comme un substrat humain ; c'est
lui refuser toute appartenance à l'Humanité »21(*). Cet écart de conduite
qu'est le refus d'appartenance à l'humanité dont l'on fait preuve
vis-à-vis de son semblable, justifie la mise à mal de la
stabilité sociale. Pourrait-on asserter, dès lors, que
désagrégation identitaire est synonyme de crises en Afrique ou du
moins, qu'elle en est le moteur. À preuve, nombre de conflits dont ont
été victimes des sociétés africaines, trouvent
leurs justifications dans les crises identitaires.
De surcroît, le conflit chronique, dont parle Honneth
dans La lutte pour la reconnaissance, n'est, au fond que la
manifestation d'une crise de la reconnaissance individuelle au sein d'une
même société. Au fait, dans une société
pluraliste, « les rapports d'estime sociale sont l'enjeu d'une lutte
permanente, dans laquelle les différents groupes s'efforcent sur le plan
symbolique de valoriser les capacités liées à leur mode de
vie particulier et de démontrer leur importance pour les fins
communes »22(*).Ici, l'estime sociale apparait comme la condition
indispensable à la reconnaissance de l'importance des capacités
et des qualités del'autre dans la construction d'une
société commune.
Toujours est-il quel'estime de soi, qui implique le respect
de l'autre, demandela confiance des autres dans une dynamique de
solidarité entre les particularités. Cela s'avère
nécessaire dans la mesure où la solidarité entre membres
d'une même communauté reste « conditionnée par
les relations d'estime symétrique entre sujets individualisés (et
autonomes) »23(*).C'est justement cette estime de soi, la confiance en
l'autre, quisemble faire défaut aux populations africaines. La crise de
la reconnaissance survient lorsque, pour un intérêt particulier,
un groupe se proclame le plus habilité à décider du sort
de tous les autres. Elle est la manifestation d'un mépris, du
rabaissement d'un individu ou d'un groupe d'individus à qui l'ontend
à ne reconnaître aucun droit. L'exemple qui illustre cela, c'est
bien le cas libyen. Au-delà du simple affrontement entre Tripoli
(dominé par des islamistes) et Tobrouk (dominé par des laïcs
fidèles à Mouammar Kadhafi), les ressortissants du sud de la
Lybie (Touaregs, Toubous) reprochent aux autorités de Tripoli de les
marginaliser. Le rapport entre cette crise inter-libyens, parmi tant d'autres
crises en Afrique,etle terrorisme réside en le fait que la
première a servi de support au second.
La marginalisation qui, provoquant des remous,
caractérise l'effondrement de la reconnaissanceetest synonyme de trouble
social en Afrique. C'est alors le lieu, ici, d'établir un lien entre
mépris identitaire et les facteurs socioculturels des violences
terroristes puisque les différentes représentations se
nourrissent des convictions socioculturelles.
II. Des facteurs socioculturels du terrorisme en Afrique
À bien observer, les sociétés africaines
contemporaines dans leur déploiement phénoménal, on
s'aperçoit de la prédominance de la violence ; en ce sens
qu'elles se laissent gouverner par les conflits. Au fait, dans ces
sociétés, les acteurs sociaux (constituant la figure centrale des
rapports sociaux), se trouvent parfois dessaisis de leur capacité
à instruire, jusqu'à son terme, le procès de la
société ; ou encore interviennent-ils pour que ce
procès ne puisse s'énoncer dans les termes où il
était défini jusqu'alors. C'est dire que les violences
relèvent du projet humain de vivre ensemble ou de l'ultime spasme d'un
mouvement social qui a échoué. Face à cet échec
régulier du projet de vivre en communauté, la question du
terrorisme en Afrique peut donc ne pas être étonnante. Reste
à savoir tous les facteurs socioculturels qui contribuent à son
avènement. En outre, le terrorisme serait-il inhérent à la
configuration des sociétés africaines ? Autrement, l'Afrique
aurait-elle du mal à adopter raisonnablement les cultures
étrangères24(*) et les principes du vivre en commun ? Ou tout
simplement, l'état de pauvreté des sociétés
africaines justifierait-il le taux de criminalité en Afrique ?
En Afrique, lorsqu'on parle de criminalité, on pense
avant tout, à ces milliers de bras valides qui, peut-être parce
que n'ayant pas reçu de formations efficientes capables de leur garantir
des emplois stables, sont à la merci des idéologues tous azimuts.
Venus pour la plupart des campagnes pour tenter leurs chances, ces jeunes sont
confrontés, dès leurs arrivées, aux dures
réalités urbaines : manque de travail qui implique le manque
d'argent et ses revers. Faut-il alors reculer ou faut-il braver les obstacles
dans l'espérance de l'intervention d'une divinité
généreuse ? Le plus souvent, le second choix s'impose
à ces aventuriers. C'est justement à partir de cet instant que
les « FreedomFighters barbus »25(*)parviennent à les
récupérer et à en faire des jihadistes.
Il est donné de constater que les populations
africaines sont majoritairement pauvres. Et, du fait de leur pauvreté,
elles développent un esprit de mendicité et d'assistance qui
semblent trouver satisfaction auprès des catalyseurs ou
idéologues de tout bord ou acabit. Ces idéologues s'activent
autour d'une catégorie de personnes socialement et financièrement
influentes. Ils constituent la classe moyenne pieuse telle que décrite
par Kepel etcherchent à bouleverser les principes sociaux
établis. Le passage suivant de Gilles Kepel prend alors son
sens :
Mais le sentiment d'expansion irrésistible qui
galvanise alors cette idéologie et les mouvements qui s'en
réclament est basé sur des fondements sociaux extrêmement
fragiles. L'alliance entre la jeunesse urbaine pauvre et les classes moyennes
pieuses, scellée par les intellectuels qui élaborent la doctrine
islamiste, résiste mal à des affrontements de longue haleine
contre les pouvoirs établis26(*).
Bien que résistant difficilement aux affrontements
contre les pouvoirs établis, cette nouvelle alliance, entre bourgeois et
jeunesse en quête de pain quotidien, favorise le développement de
la criminalité et, par devers, croît l'effectif des
jihadistesau grand désarroi des populations livrées
à elles-mêmes. Cette alliance - constituant un canal pour les
moudjahidines, puisque fortement marquée par le recrutement de jeunes
gens - s'explique à la suite de Kepel et avec Frédéric
Encel, par la misère économique qui est perçue comme un
facteur aggravant les violences sociales et la criminalité.
Basée sur le manque de ressource financière et
sa quête, la criminalité chez la jeunesse africaine y trouve alors
son fondement. L'on est donc tenté de répondre,par anticipation,
à la question : "pourquoi y'a-t-il terrorisme en Afrique ?"
par la formule ci-après : il y a terrorisme en Afrique parce qu'il
y règne une misère croissante. S'affirmant ainsi, l'on peut
être taxé d'établir une corrélation abusive entre
pauvreté et criminalité. C'est pourtant cela, un exercice auquel
il ne faut pas s'attarder, il semble. La pauvreté n'est pas une
condition suffisante pour justifier le terrorisme. Pour preuve,
« tous les gens pauvres ne basculent pas dans la barbarie, et
à l'inverse la position de nanti ne garantit en rien d'y
échapper »27(*). Bien d'autres facteurs, tels que la
psychanalyse28(*)et
l'endoctrinement, pourraient illustrer, au mieux, les motivations aux
massacres. L'apocalypse du 11 septembre 2001 est édifiante. Selon Encel,
bien que l'économique favorise l'extension
non seulement des violences sociales et de la
criminalité au sein d'une société, mais du bellicisme d'un
régime politique qui recrutera à loisir de pauvres hères
pour ses troupes d'invasion ou de répression, elle n'explique pas
à elle seule le phénomène, contrairement à
l'idée que nombre de militants tiers-mondistes cherchent à
imposer29(*).
Les États ont beau accroître leurs revenus et
améliorer leur balance commerciale, ils ne sont pas à l'abri de
la violence. La croissance économique, pour Encel, n'est qu'un plus,une
condition nécessaire mais pas suffisante pour le maintien ou le
renforcement d'un état de paix ; mêmesi le manque de capital
constitue une gangrène et une menace pour le maintien de l'ordre social.
C'est alors reconnaitre à la fois, bien que l'énonçant
différemment, avec Kepel et Encel que la condition sociale,
économique défavorable des africains peut justifier la
vulnérabilité des sociétés à la
criminalité et donc à l'insécurité.
Cependant, si tant est que la condition économique ne
suffit pas, à elleseule, à expliquer la criminalité en
Afrique, à quoi faut-il alors s'en tenir ? C'est alors qu'on
cherchera à saisir d'autres fondements sociaux des violences et plus
particulièrement des violences terroristes en Afrique. La configuration
des sociétés serait-elle alors en déphasage avec la
paix ?
En amont, il faut signifier que toutes les
sociétés, sans en avoir forcément conscience,
développent une certaine dynamique sociale qui, si on n'y prend garde,
finit par mettre à mal la stabilité. On pourrait même
parler de la nature ou de l'habitude humaine qui est de développer une
sorte de rapport conflictuel entre individus ou entre groupes d'individus. Il
s'agit de la constitution de groupes ou de sous-groupes au sein même de
nos démocraties dites tolérantes ou laïques. Et ces
regroupements, parce qu'encourageant la radicalité de l'antagonisme
amis-ennemis, aboutissent à détours sinueux, des
circonvolutions sociales complexes, des circonstances politiques
favorables au massacre. C'est justement ce que décrit Jacques
Semelin, en ces termes :
Les dynamiques sociales qui peuvent conduire au
« nettoyage ethnique » et au génocide sont
d'ailleurs à l'état latent dans les cours de
récréation de nos écoles ou les quartiers de nos
cités. (...) les jeunes n'ont-ils pas tendance à se constituer en
« clans », en bande, avec ce fort sentiment
d'appartenance : « nous » contre
« eux » ? Et nos aspirations religieuses ne se
fondent-elles pas sur une recherche fondamentale de pureté contre un
monde perçu comme impur ? » Les logiques des violences
qui aboutissent au massacre s'appuient sur tout cela30(*).
Pour Semelin en effet, les violences sociales proviennent en
partie d'une configuration sociale inadaptée aux principes de la
laïcité.
En aval, Semelinreconnait qu'aucune société,
qu'aucun peuple n'est prédestiné au massacre. Il faut donc une
volonté politique pour qu'advienne le massacre. Il revient alors aux
sociétés africaines de se repenser, de rectifier
déjà l'habitude des enfants dans les cours de
récréation de nos écoles en inculquant certaines valeurs
du vivre ensemble afin d'en faire des citoyens de demain.
L'économie, certaines habitudes érigées
en mode de vie,semblent contribuer à la mise en marche de réseaux
de violences. Ces violences, souvent apparaissant sous la tutelle de
rivalités tribales, servent au terrorisme de support en ce qu'ils
constituent une raison suffisante pour s'adonner à la violence. Mais, le
manque de capital, les habitudes que l'on développe depuis l'enfance,
à savoir la formation de groupuscules pour affronter l'adversité,
suffisent-ils pour justifier le terrorisme en Afrique ?
CHAPITRE 2 : CRISE DE LA REPRÉSENTATIVITÉ ET
NAISSANCE D'UNE TYPOLOGIE NOUVELLE DE LA VIOLENCE EN AFRIQUE
L'être social n'est pas rebelle par nature. En ce
sens, les révolutions sont des événements antisociaux qui
sont l'indice d'un mécontentement extraordinaire vis-à-vis de
telle ou de telle forme de société. Les révolutions ne
surviennent pas au hasard. La révolution n'est acceptable que dans une
société qui subit des changements de structure radicaux et qui a
besoin d'autres mutations31(*).
Cela dit, on peut attester que le terrorisme est l'expression
d'une identité sociale ou communautaire en perdition, refoulée,
occultée, et dont le moment terroriste serait l'indice d'un retour en
pleine surface. Ce faisant, le terrorisme semble n'être que la seule
issue possible lorsque toutes les pistes ont été
exploitées. À savoir, des négociations, des
itinéraires de révolte ou de révolutions. En fait, la
révolte, en termes de soulèvement, d'opposition contre
l'autorité préétablie, vise un changement brusque et
violent dans la politique et le gouvernement d'un État. À la
différence des terroristes, les révoltés se font entendre,
revendiquent publiquement des droits. À titre d'illustration, l'on se
souviendra, du célèbre discours del'ex-président
burkinabé, Thomas Sankara à l'ONU,durant lequel il
précise, parlant de la révolution, qu'
Il nous fallaitdonner une âme idéologique aux
justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre
l'impérialisme monstrueux. À la révolte passagère,
simple feu de paille, devrait se substituer pour toujours, la
révolution, lutte éternelle contre toute domination. D'autres
avant moi ont dit, d'autres après moi diront à quel point s'est
élargi le fossé entre les peuples nantis, et ceux qui n'aspirent
qu'à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et
conserver leur dignité. Mais nul n'imaginera à quel point, le
grain du pauvre a nourri chez nous, la vache du riche !(...) l'esclave qui
n'est pas capable d'assumer sa révolte, ne mérite pas que l'on
s'apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se
fait des illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui
prétend l'affranchir. Seule la lutte libère (...) Gloire
éternelle aux peuples qui décident de s'affirmer pour leur
dignité.32(*)
De ce point de vue, on peut dire qu'en Afrique, les
révolutions surviennent le plus souvent, suiteau désir de
possession des biens, à l'exclusion, à la mauvaise gouvernance,
à l'état critique du développement, et à la crise
de la représentativité notamment. C'est principalement sur ce
dernier moteur de révolte que porteral'examendes troubles sociaux en
Afrique. Il s'agit de questionner en direction des effets du désir de
représentativité dans la gestion des territoires africains, dans
la mise à mal des rapports interhumains. Mais avant, à quoi
renvoie la notion de représentativité ?
Deux approches nuancéesnous intéressent parlant
de représentativité. Elle désigne une attitude et une
proportion. En tant qu'attitude, la représentativité
désigne la lucarne offerte à un groupe pour s'exprimer ou pour
agir. Comme telle, elle peut s'entendre en termes de pouvoir législatif
conféré à un ou des représentant(s), des syndicats
ou tout autre regroupement né de la volonté
délibérée des individus dans la poursuite d'un
intérêt commun. En tant que proportion significative, la
représentativité désigne le taux, le pourcentage d'un
groupe de personnes dans un groupe plus vaste. Par ailleurs, elle est, selon
Fernand Braudel et Encel comme on peut le lire dans Horizons
géopolitiques,
une perception collective identitaire présente sur
des « temps longs », c'est-à-dire sur des
siècles ou de dizaines de siècles. C'est la façon dont un
peuple, une partie de celui-ci ou des milieux ou cercles plus restreints,
perçoivent et véhiculent leur histoire collective, leur(s)
territoire(s), les histoires, identités ou territoires des
Autres.33(*)
Il s'agit là de concevoir la représentation
comme une perception identitaire à la fois collective et individuelle.
Elle, la représentativité, peut être mise en rapport du
coup avec la démographie qui permettra deconnaitrela place
accordée ou non à tel ou tel autre groupe ethnique.
Dans son déploiement en tant que blâme,
remontrance ou crime, la représentativité relève d'une
dimension victimaire. C'est principalement dans cette approche que nous
analyserons la crise de la représentation en Afrique avec ses
conséquences sur la stabilité sociale. La représentation
est-elle un problème en soi ? N'est-ce pas qu'en
vérité, la pluralité ethnique est au fondement même
des représentations en Afrique et, par dévers, des
révoltes qui aboutissent au terrorisme ?
I. De la crise de représentativité aux violences
terroristes
La représentativité entretien un rapport
très étroit avec la démographie. En tant qu'analyse
scientifique de l'importance numérique d'une société et de
la densité géographique des liens de parenté, de la
condition physique, de la race, des croyances dans cette même
société, la démographie apparait parfois comme une force
contre la stabilité sociale.À preuve, alors qu'elle se veut une
toponymie(étude de l'origine des noms de lieu) ou une maitrise des
populations pour une meilleure distribution des ressources, la
démographie sur l'espace africain, dans son désir de
spécifier les liens de parenté, devient le lieu d'expression du
primat, de la suprématie de certains peuples sur d'autres. Cette
réalité pose de véritables problèmes liés
à la représentativité qui constituent de réelles
préoccupationsphilosophiques.
En effet, la représentativité, dans le sens de
la proportion, devient problématique dans la mesure où le taux de
représentants de certains groupes ethniques ou de certaines
appartenances sociales, parce qu'élevé, joue en la faveur de
ceux-ci au grand désarroi des autres sous-groupes. Alors, les
identités locales fortes et enracinées, pouvant servir de futurs
leviers séparatistes ou sécessionnistes,frisent les rapports
sociaux et donnent lieu, par la suite, à des soulèvements
populaires de la part des minorités qui aspirent à une
revalorisation, mieux,à une reconnaissance. Cela dit, suite à une
faible proportion ouune quasi-absence d'une communauté dans la gestion
des affaires politiques, par exemple, engendrant frustration et
dégoût, les minorités opprimées, trouvent des moyens
pour exprimer leur mécontentement. Elles procèdent par des
soulèvements populaires conduisant aux actes violents ou guerre de
sécession. C'est le cas de la révolte touareg au nord-Mali qui
illustre au mieux cette réalité. Jean Fleury dira au sujet de la
situation au Mali que
le poids des ressentiments ethniques
dûs[dus] au passé est particulièrement lourd et ne
saurait être négligé. La colère des
« sudistes » contre les anciens esclavagistes du Nord et
des nordistes contre leur maintien dans la misère par les
autorités originaires de Sud est à l'origine des problèmes
actuels34(*).
En effet, la minorité touareg malienne, privée
de certains privilèges et commodités (tels que l'accès
à l'eau potable, à l'éducation efficiente, à
l'électricité, pour ne citer que cela) indispensables au
développement de leurs zones, s'érige, en une bande armée
et politique pour se faire entendre. Son but à travers cette
séparation d'avec l'État malien, c'est de bâtir une
société touareg nouvelle quiréponde au mieux aux exigences
locales. Autrement dit, la révolte contre l'État malien
menée principalement par des avant-gardistes touaregs, à l'instar
de bien d'autres révoltes, résultant de mauvaise gouvernance ou
de crise de la représentativité, est une réalité
qui justifie la menace terroriste en Afrique.
Au pire des cas, lorsqu'on en arrive à une
représentation des hommes, la représentation donne lieu à
des violences asymétriques35(*)visant l'extermination peu ou proudes groupes à
grande influence que l'on se sait incapable d'affronter directement. Ainsi, le
désir de représentativité -en termes d'isolement de
communauté au sein d'un ensemble plus vaste - occasionne des
ségrégations ethniques ou religieuses. Pourtant, les
sociétés africaines sont majoritairement bâties sous ce
modèle de représentationà la fois ethnique ou culturelle
et religieuse. Au fait, dans le cas précis de la représentation
en termes de remontrance des uns contre les autres, dans des
sociétés africaines à démographie mixte, on se
représente l'autre avec dédain, méfiance. Cela augmente le
risque de crises ou de guerres au sein de ses sociétés.
On comprend donc que « Les pays dans lesquels le
groupe ethnique le plus important représente 45 à 90 % de la
population, se trouvent confrontés à un risque de guerre civile
de moitié supérieure aux autres »36(*). Cela simplement parce que
l'ethnie majoritaire voudra faire de sa supériorité
numérique un prétexte pour s'imposer aux autres à travers
sa langue, sa culture. Les pratiques culturelles qui prédominent dans
ces sociétés et qui tendent à être le style de vie,
du fait de leur non-applicabilité à toutes les couches sociales,
finissent par créer des tensions entre
" I-dentités". On assiste alors à une crise
identitaire née de celle de la représentativité.
Aussi, voudrons-nous insister sur le type de
représentation que constitue la négativation de l'autre, de ses
croyances, de son origine, de sa culture. Cette représentation vise
à nier à l'individu une originalité, une
authenticité au point de ne le considérer comme un sous-homme. On
comprend mieux ce fait lorsqu'on lit Encel parlant de la belligérance
entre israéliens et sociétés arabes moyen-orientales.
Pourlui, en effet,
Rien n'est moins anodin que les représentations
croisées et souvent mimétiques des juifs israéliens et des
arabes palestiniens : les premiers se représentent les seconds
comme des arabes, les seconds se représentent des juifs comme des
membres d'une religion et non d'un peuple. Ce fossé abyssal de
perception identitaire de l'Autre grève pour l'heure toute chance de
paix durable37(*).
À partir de cette analyse de la situation
israélo-palestinienne d'Encel, on peut dire que le fossé abyssal
de représentation identitaire et religieuse,qui ne met,jusque-là,
en marge aucune société, peut justifier les menaces terroristes
en Afrique. Les mouvements anti-balakaen Centre-Afrique, l'ex-Bokoharamqui
s'est converti en État Islamique en Afrique de Ouest (E.I.A.O), ne sont
autres que la manifestation de représentations identitaires et
religieuses. Mais, à dire vrai, le problème de la
représentativité n'est-il pas contenu dans celui même de la
pluralité ethnique en Afrique ?
II. Pluralité ethnique, un problème majeur en
Afrique
La pluralité ethnique, ladifférence entre
groupes ethniques,est-elle, pour l'Afrique une richesse au sens où
Saint-Exupéry l'entend ? Autrement, la différence comme
source de richesse tient-elle toujours dans une
Afrique génocidaire, fratricide, tribale? Mais, en quoi est-il
réel que la pluralité ethnique constitue-t-elle, pour l'Afrique,
une aubaine ?
D'un point de vue afro-optimiste, la pluralité
ethnique, plus qu'un simple avantage pour l'Afrique, constitue l'essor de
cette société. Elle est l'épine dorsale de tout
progrès social car, garante de l'harmonie sociale. Comment cela peut
paraître autrement si la beauté d'un tapis réside dans la
pluralité de ses couleurs, s'il en va ainsi de l'humanité selon
l'auteur de Aspects de la civilisation africaine38(*) ? Comment ne pas
comprendre du coup la portée et l'actualité de la
différence-richesse Saint-exupéryennedans la
configuration sociale africaine ? Dire cela, c'est reconnaitre que la
pluralité ethnique est un avantage pour nos sociétés
africaines. Telle que pensée, la pluralité ethnique donne
à l'humanité tout son éclat, tout son sens et sa
consistance dans la mesure où« D'une manière
générale, la diversité ethnique et religieuse
réduit le risque de conflit »39(*) selon les rapports de la Banque Mondiale. Bien que
cela, prévient la Banque Mondiale,
une diversité ethnique plus restreinte peut
cependant poser problème. Si dans une société
pluriethnique, le groupe le plus important forme une majorité absolue,
le risque de guerre civile augmente d'environ 50%. Or près de la
moitié des pays en développement présentent cette
caractéristique40(*).
Qui plus est, à en croire les résultats des
recherches de la Banque Mondiale, la diversité ethnique et religieuse
relève d'une double dimension : l'une civilisatrice, et l'autre
déshumanisante. Elle est à la fois un avantage pour le maintien
de l'ordre social dans, rares des cas, et une mésaventuredansla
recherche de la paix pour nombre de sociétés africaines. En tant
que facteur contribuant à l'harmonie sociale, la pluralité se
veut respect scrupuleux des normes juridiques, politiques,
socioéconomiques. Elle se veut ainsi conservatrice des droits de
l'individu aux valeurs de liberté (avec ses exigences) et du bonheur.
Dans son versant déshumanisant, la pluralité
ethnique est à concevoir dans une logique de négation de la
diversité. On dira dans ce cas que si tu diffères de moi, si
tu n'es pas moi41(*), donc
tu n'es pas avec moi, alors tu es l'autre et donc tu es contre moi. Les
auteurs de Qui a peur du tiers monde ?, expliquent mieux ce fait.
Pour eux, « En fait, l'expérience nous
enseigne qu'il n'est pas facile pour un individu de trouver d'autres points de
vue que ceux qui sont les plus communément acceptés par la
société, le groupe ou la culture auxquels il
appartient »42(*).Du coup, surgit le massacre culturel. Mais comment
à partir de telle tautologie autour de l'ethnie arrive-t-on au massacre
des identités, aux suicides, au terrorisme ?
Le terrorisme passe toujours par l'identification d'un
adversaire social, d'un référent dont il tire sa
légitimé et d'un ensemble de principes qui en assurent la
cohérence et les limites temporelles. Dans une perspective
réaliste, il semble d'une évidence que là où il y a
diversité, il y a nécessairement divergence, discordance en
termes d'antagonisme. Cela parait assez logique pour que l'homme, dans sa
volonté de se réaliser, cherche sans cesse à convertir
l'autre afin de voir en cet autre, sa propre image, son reflet. Cette
volonté partagée de conversion et de reconversion de l'autre est
au fondement des antagonismes dans nos sociétés africaines
pluriethniques.
Qu'il s'agisse de la diversité ethnique ou
religieuse, l'un des problèmes majeurs de l'Afrique est bien la non
maitrise de la différence-richesse dont parlait
Saint-Exupéry et à sa suiteAmadou Hampaté Ba. Est-ce
à dire ici que si l'homme était un, si la diversité
n'était pas efficiente, il n'y aurait pas de trouble ? Suffirait-il
alors d'être une société mono-culturaliste pour
éviter les troubles ? La nature humaine n'est-elle pas, au fond,
violente ?
En réalité, la diversité ethnique qui
encoure la diversité des croyances, n'est qu'une condition,
elle-mêmeinsuffisante,du déploiement de la violence en Afrique.
Elle joue sa part en tant que moteur de revendications sociales tous azimuts.
Donnant lieu parfois à des frustrations liées à la
négation de certains groupes ethniques, la pluralité des ethnies
en Afrique est le foyer de belligérances apparaissant parfois comme le
manifeste d'une crise de la reconnaissance. On peut justifier
l'avènement du terrorisme en Afrique dès lors par le fait que des
groupes, de cultures, se sentant lésés dans la configuration de
la société, décident de régler leurs comptes avec
des moyens apparemment anodins, mais manifestement puissants ;
apparaissant ainsi une nouvelle forme de guerre.
Cependant, quel que soit le rôle de la pluralité
ethnique dans l'avènement de cette forme de guerre qu'est le terrorisme
en Afrique, ne relèverait-t-ilpas, enclair, d'une stratégie
géopolitique et des enjeux politiques et idéologiques qu'il
conviendrait d'interroger ?
DEUXIÈME PARTIE : STRATÉGIES
GÉOPOLITIQUESET ENJEUXDU TERRORISME EN AFRIQUE
D'Yves Lacoste, on retiendra que « l'articulation
des connaissances relatives à l'espace est un savoir stratégique,
un pouvoir »43(*).Cette assertion fait dépendre l'espace d'un
souci de stratégie. Mais qu'est-ce que la stratégie ? Cette
question va nous permettre, pour pasticher cette formule que nous tenons de
Michel Serres dans La guerre mondiale, à forer un trou aveugle
que les égoutiers nomment regard, et ce regard sera
porté vers l'implication des stratégies géopolitiques dans
la propagande et dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. En d'autres
termes comment les stratégies géopolitiques contribuent-elles au
développement des violences terroristes en Afrique ? Comment ces
limites peuvent-elles être érigées en avantages ?
CHAPITRE 1: TERRORISME ET
STRATÉGIESGÉOPOLITIQUES
Il faut signifier, d'ores et déjà, la
pluralité de définitions du concept de stratégie. Le plus
souvent, le terme s'apparente à la doctrine d'une institution militaire
ou d'un État, à une théorie, à une science ou
à une analyse. En tant que théorie, la stratégie consiste
en la mise en place d'un dispositif visant à dissuader un adversaire
pendant le conflit ou à le dissuader d'une éventuelle initiative
de conflit. En cela, la lecture d'EdwardLuttwaks'avère opportune. Pour
lui, en effet, « "Si tu veux la paix, prépare la guerre"
(...) "La meilleure défense, c'est l'attaque" »44(*).Ici, la stratégie se
conçoit en termes de conduite et de conséquences des relations
entre humains dans le contexte d'un affrontement armé effectif ou
éventuel. « L'exemple le plus évident de cette
règle est toute la conception de la « dissuasion
nucléaire »si bien assimilée aujourd'hui par tout un
chacun... Se tenir prêt à attaquer est la preuve que l'on
nourrit des intentions pacifiques45(*).»
Cela dit, la stratégie nous apparait,
à la suite de Luttwak, comme « L'art de la dialectique des
volontés employant la force pour résoudre leur
conflit. »46(*)Cette conception du stratège américain
Luttwakfait de la stratégie le domaine de l'activité pratique de
« la plus haute direction militaire et politique, de commandement
suprême et du grand quartier général ». Elle
accompagne les États et leurs forces armées à la guerre et
dans la défense de leurs territoires. La stratégie peut ainsi
s'accommoder avec la notion de géopolitique en ce sens qu'elle stipule
« un déploiement particulier des forces, mais encore le sort
des territoires exposés au danger »47(*).Cela est également du
ressort de la géopolitique entendue comme « l'analyse des
rivalités de pouvoir (toute sorte de pouvoir) sur du
territoire ».48(*)Et, s'il est évident que la géopolitique
cherche à identifier les acteurs et les enjeux de pouvoirs au sein d'une
zone donnée, cela revient à la présenter avant tout comme
une nouvelle forme de gestion et de sécurisation des États, mais
également comme une politique de prévention et de rectifications
des ambitions politiques.
À ce titre, la géopolitique en tant que la
science de l'État - État en tant qu'organisme géographique
ou comme entité dans l'espace - observe fermement l'unité
étatique et veut contribuer à la compréhension de la
nature de l'État. Cela laisse entrevoir son objet en tant
qu'étude des interactions entre l'espace géographique et les
rivalités de pouvoirs qui en découlent. La géopolitique
est le terrain de manoeuvre de la puissance locale, régionale ou
mondiale. Son but n'est pas seulement de décrire et d'analyser des
enjeux et conflits « objectifs », elle traite des conflits
relatifs à des territoires. La stratégie géopolitique
stipule que « l'emploi éventuel de la force suppose la
connaissance préalable du milieu dans lequel les unités doivent
agir ainsi que la nature de la menace »49(*).Christian Bouquet explique
mieux cela. Pour lui, la géopolitique se donne pour mission
« une lecture commentée et critique des
événements qui ont précipités le pays dans le
désastre »50(*).Il s'agit, pour le signifier autrement avec Yves
Lacoste, non seulement de
cet ensemble de représentations cartographiques et
de connaissances très variées envisagées dans leur rapport
à l'espace terrestre et aux différentes pratiques du pouvoir
formant un savoir clairement perçu comme stratégique ou comme
instrument de pouvoir51(*),
maisd'uneintellectiondes rivalités de pouvoir sur les
territoires. Dès lors, la notion de stratégies
géopolitiques permet d'illustrer les rapports de forces, les jeux
d'intérêts, existants sur des espaces géographiques et pour
analyser les relations inter-États. Disons aussi que la stratégie
géopolitique concernelarelation entre les Nations basée sur
l'échange, le commerce, la globalisation. Ce qui est contredit par la
mise en séquences des nations caractérisée par la
défense des intérêts égoïstes, la
compétitivité entre les Etats. La stratégie
géopolitique prend ainsi une apparence communautariste et une
application marquée par le jeu d'intérêts
économiques égoïstes. Ce qui justifierait le terrorisme
comme guerres d'intérêts économiques et
géographiques.
Si la stratégie géopolitique suppose donc
l'intellection des rapports de forces- étatiques (en ce qu'elle est
l'apanage des États) et militaires(en ce qu'elle est l'art de la
dialectique utilisant la force pour résoudre les conflits) - comment
comprendre son implication dans le phénomène du terrorisme en
Afrique ? Si le prix de la paix est la guerre, s'il faut prévenir
une éventuelle attaque par le surarmement, comment expliquer
l'avènement du terrorisme en Afriqueet celamalgré l'implication
de la plus grande et de la plus puissante armée mondiale (en ce jour)
les États-Unis, dans la lutte contre le terrorisme mondial ?
Sûrement, les rivalités politiques en Afrique en sont pour quelque
chose.
I. Rivalités politiques et émergence du
terrorisme en Afrique
Le terrorisme, il convient de le signaler, est
caricaturé voire manifesté dans la mentalité populaire. Du
terrorisme, tout le monde a ses convictions, ses attentes et ses aspirations.
Mais au-delà de l'être-là-immédiat de cet acte, de
son immédiateté, quelque chose de fondamental se manifeste.
C'est que le terrorisme, en tant que l'expression de la terreur censée
durer et perdurer, peut se justifier par la recherche du bonheur du plus grand
nombre et parait pour ainsi dire, comme un acte salvateur, ou mieux, de salut
face à certains systèmes archaïques ou totalitaristes qui
subordonnent les libertés individuelles et collectives. La violence
advient lorsque l'État fait de la domination sa fin dernière,
lorsqu'il tient le citoyen par la crainte52(*).
Dans ce contexte, on s'aperçoit que le terrorisme ne
nait pas ex-nihilo. Il pourrait être le produit d'une mauvaise
gouvernance, de l'exploitation abusive de l'homme par son semblable, d'un
sentiment de ras-le-bol collectif ou individuel. Cela ne donne-t-il pas
à penser autrement ? Bien évidemment. Car, parler du rapport
des citoyens à la politique,comme contribuant à
l'avènement du terrorisme, revient, avant tout, à
présenter le terrorisme comme un préalable au contrat social ou
comme le manifeste de la rupture de ce contrat, le plus important demeurant la
valorisation de l'humain.
Mais, quelle est cette revendication humaniste ou humanisante
qui met paradoxalement et vraisemblablement fin à de nombreuses vies
humaines, à travers une violence indescriptible ? Serait-ce la
manifestation de l'agressivité humaine ou celle de sa
préférence de la guerre à la paix ?
Qu'il s'agisse de violence d'un État qui cherche
à asseoir sa suprématie, de la bestialité ou d'une
révolution contre l'État pour établir une justice, la
violence terroriste, à l'instar de toute autre sorte de violence, ne
saurait tout de même être salutaire. Elle engendremisère et
désespoir même si elle demeure, pour certains, une lucarne
appropriée. On comprend dès lors l'auteur de Paix et guerre
entre les nations53(*)lorsqu'il dit que nul Homme n'est assez
dénué de Raison pour préférer la guerre à la
paix. Qui plus est, dans une logique terroriste,« nul ne sait avec
qui négocier »54(*)car les normes juridiques du contrat
s'ébranlent face à « la barbarie
vengeresse »55(*). Les rivalités politiques peuvent justement
être analysées en Afrique sous l'angle d'une barbarie vengeresse
se présentant sous la forme flagrante d'une rupture du contrat mais
également du lien social. La raison, simplement parce que l'accession au
pouvoir politique semble le seul moyen légal offert aux dirigeants et
à leurs alliés, de se venger d'une domination ou d'une quelconque
injustice qu'ils auraient subir pendant que la gestion des affaires revenait
à d'autres groupes. Et, comme on peut le voir chez Habermas,
« en mettant fin au compromisde l'État social, on fait
resurgir les crises qu'il avait permis de contenir.»56(*)
Autrement dit, la barbarie vengeresse qui rompt les compromis
sociaux en Afrique occasionne la résurgence sous diverses formes de
crises qui auraient pu être évitées dans un cadre
régulé autour d'un État-nation. C'est dire et reconnaitre
que les rivalités de pouvoirs politiques au sein de nos pays africains
défavorisent le maintien de la paix par des tendances à la
« désintégration sociale ». À coup
sûr, on en arrive à un recrutement de mercenaires étrangers
ou locaux pour des desseins « politiques de
« démantèlement » qui portent
préjudice à la solidarité sociale et mettent la
stabilité démocratique de la société à rude
épreuve. »57(*)
Ainsi, au-delà de tout cliché médiatique
ou de toute méprise, on comprend icicomment les rivalités de
pouvoirs en Afrique donnent lieu au terrorisme sous la forme de mercenariat
avec pour seule ambition, la destitution du pouvoir ou sa mise en cause. Cette
même réalité,entermes de désintégration
sociale, peut être l'oeuvre d'un tyran cherchant à monopoliser le
pouvoir. On parle alors du terrorisme d'État exercé par l'Etat,
qui use de façon excessive de son monopole de la violence
légitime.Il peut également désigner, le fait par ce tyran,
afin d'obtenir une période de transition et échapper aux normes
juridiques ou constitutionnelles, de faire croire à l'idée d'une
instabilité.
À ce sujet, Michel Walzer écrit
« Terroriser des individus ordinaires est avant tout l'oeuvre de la
tyrannie, comme l'a dit Aristote : « Le premier but des [tyrans]
et la fin qu'ils poursuivent est de briser le moral et la force de leurs
sujets »58(*).
« Ils cherchaient à détruire le moral des
civils. »59(*)
Autrement dit, par la terreur, les dirigeants politiques parviennent à
leurs fins. Ils créent un état d'esprit, une psychose dont le but
est de saper le moral des citoyens. Du coup, dans cette ambiance de psychose,
d'incertitude, craignant plutôt pour leur survie qu'un contrôle de
budget, les populations se dispensent des audits au grand plaisir des despotes.
On peut donc être tenté de croire que les moyens politiques
déployés dans le traitement du terrorisme répondent au
mieux aux seules ambitions politiques.
On peut dès lors se demander, quels
intérêts a-t-on à abriter chez soi le
terrorisme ?Comment expliquer, le fait par un État, de
s'auto-assaillir ? Est-ce, ce fait, prémédité ?
Assurément, il relève de la non-maitrise de ce qu'il convient
d'appeler chez Yves Lacoste, la description méthodologique des
espaces, tant sous les aspects « physiques », que sous
leurs caractéristiques économiques, sociales,
démographiques, politiques. C'est-à-dire que la
méconnaissance de l'espace qu'est la géographie conduit
inéluctablement à son envahissement par des regroupements
d'individus en inharmonie avec la stabilité.
De ce point de vue, on peut justifier la présence de
terroristes sur les sols africains par bien d'aspects, au-delà de la
simple volonté d'autodestruction des leaders africains. Il peut s'agir
d'une mauvaise appréhension de son espace. Ainsi, la carte en tant que
« la production des officiers pour les officiers »60(*),c'est-à-dire en tant
qu'instrument de guerre, doit intéresser l'appareil d'État
« pour le contrôle et l'organisation des hommes qui peuplent
son territoire et pour la guerre.»61(*)De la sorte, la carte apparait aux yeux d'Yves Lacoste
comme un « tactique », c'est-à-dire une
stratégie pour contenir les violences, un moyen de domination
indispensable, de domination de l'espace.
Les rivalités politiques doivent, dans un tel
contexte, porter sur la maîtrise de stratégies impliquant une
certaine connaissance politique et mathématique de l'aire
géographique sur laquelle on entend exercer sa domination. Ce qui
implique la maîtrise parfaite de la zone d'influence et par revers,
à avoir une influence sur d'éventuel mouvement de
révolution ou d'attaque tel le cas du terrorisme aujourd'hui. L'on
rivalise le pouvoir en Afrique à des fins personnelles en oubliant, du
reste, les exigences que cela comporte. Ce qui justifie d'ailleurs, le fait par
les prétendant à la magistrature suprême de nos
États, de se faire parrainer par les puissances occidentales
« en droit ? » de choisirqui62(*) doit gouverner
où63(*).Il
s'agit là, d'une géostratégie de la mainmise occidentale
sur les affaires africaines : l'autre nom du néocolonialisme.
II. D'une géopolitique néocolonialiste à
la guerre asymétrique
Par géopolitique néocolonialiste, nous
entendons parler du rapport des peuples africains, censés jouir de leur
indépendance qui n'est pourtant que formelle, aux fils et petits-fils de
colonisateurs. Il s'agit, de tenter une intellection de la géopolitique
à partir du passé africain. Cela parce que, « comme
toujours, seule une bonne connaissance de l'histoire permet d'éclairer
les problématiques géopolitiques. Remontons donc aux sources du
mal africain, l'isolement, la traite des Noirs et la
colonisation »64(*)pour y situer la cause profonde du terrorisme en
Afrique comme un aspect de ce mal africain. Cela permettra de
reconsidérer la géopolitique en termes de jeu
d'intérêts économiques et géographiques pour les
puissances occidentales. Le sous-sol africain demeurant riche en ressources
naturelles profitables au monde entier, le colonialisme ne fait que
commencer.
Le contexte des rivalités coloniales, celui de
mondialisation et de globalisation, continue d'affecter la relation de l'espace
géographique et la politique. Ainsi, la géopolitique des nations,
prenant en compte l'espace politique international, serait devenue mondiale.
Et, c'est justement à travers cette dernière
caractéristique qu'il faudrait scruter de près les enjeux
géopolitiques du terrorisme en Afrique. La prise en compte de la
diversité des acteurs géopolitiques, nationaux et internationaux,
opérant en Afrique et par ricochet des intérêts complexes,
est à la base des engagements des uns auprès des autres, surtout
dans le combat pour le siège présidentiel. Ceci nous oblige
à l'examen de la géopolitique de l'espace mondial comme
élément de trouble en Afrique. Car, comme le précise
Philippe Défarges, la décolonisation de l'Afrique subsaharienne
et les différents mouvements d'émancipation nationale,
« initialement porteurs d'un formidable espoir, le plus souvent
captés par des idéologues ou des aventuriers féroces,
débouchent finalement sur des États qui, dans une très
large mesure, restent inféodés aux puissances
européennes »65(*).On peut comprendre la géopolitique, dans ce
contexte, sous l'angle d'un puzzle planétaire dans la mesure où
Des années 1960 aux années 1990, l'Afrique
subsaharienne s'installe dans une ère post-ou, plus exactement,
néocolonialisme, dans l'exacte mesure où ces États
« indépendants » tenus pour la plupart par des
tyrannies tropicales (Sékou Touré en Guinée, Bokassa en
République centrafricaine), restent subventionnés par l'ancienne
métropole (principalement la France)66(*).
Comme dans le colonialisme, l'Africain semble ne pas
encoreavoir droit à la parole ou du moins, il semble ne pas avoir le
pouvoir de décider par soiet pour soi. Le leader africain ne semble
qu'être un ambassadeur occidental de bonne volonté. Il
est un représentant ou défenseur des intérêts des
grandes puissances qui en assure son maintien. Cela s'explique par plusieurs
facteurs entre autres, la dépendance économique. « En
raison des finances catastrophiques ou d'une situation sociale
déplorable, des gouvernements privilégieraient un traité
de paix ou, à tout le moins, une politique pondérée en
matière de défense »67(*).
C'est dire que les pays africains, en raison de leur carence
économique, sont tenus de se plier aux vouloirs des puissances
armées contre une protection armée dont ils se sentent incapables
eux-mêmes d'assurer. Hanif dira plutôt que « Moyen orient
et Afrique demeurent principaux détenteurs d'énergie que les USA
nécessitent »68(*).Ce qui fait du Moyen orient et de l'Afrique,
des zones stratégiques pour les puissances énergétiques,
C'est-à-dire pour les États-Unis et les pays occidentaux, en ce
que le sous-sol africain contient des richesses propices à leur
maintien. C'est justement à ces fins que nos États sont sous la
mainmise impérialiste.
Ainsi, se fermant les yeux sur la famine et sur la
sous-alimentation de leurs populations, nombre d'États africains,
à l'image du « cas nord-coréen », poursuivent
« une ruineuse politique d'acquisition de missiles
balistiques »69(*) et d'autres instruments de guerre censés
garantir la stabilité sociale. Contre toute attente, le plus souvent,
cette course à l'armement ne vise nullement la défense du
territoire sinon qu'elle vise la pérennisation au pouvoir et le
despotisme. Cela débouche incontestablement sur des révoltes sous
diverses formes.
Comment alors ne pas comprendre cet état de fait si
tant est que les régimes politiques en Afrique se veulent
majoritairement despotiques dans des sociétés en proie à
la misère ? Cette interrogation fait allusion à deux faits
majeurs : d'un côté la menace de la paix occasionnée
par l'état de pauvreté des populations et de l'autre, la soif de
pouvoir des despotes, caractérisée par leur « ruineuse
politique » de surarmement. C'est donc reconnaitre, avec le
géopolitologue Frédéric Encel qu'
Incontestablement, l'augmentation du niveau de vie est de
nature à favoriser la volonté de paix. Ou, pour inverser la
logique, celui qui vit constamment dans la misère aura peu à
perdre et, oracles fanatiques aidant, ira plus facilement grossir les rangs des
soudards ou des terroristes que celui qui parvient à bâtir pour
son foyer des conditions de vie décentes70(*).
Établissant ainsi la corrélation entre
pauvreté et la barbarie, Encel se veut relativiste. Malgré la
pluralité des exemples qui illustrent à travers l'Afrique le
rapport pauvreté-barbarie, il admet que même l'aristocratie, la
classe bourgeoise « ne garantit en rien »
d'être acteur de violence.
Cela dit, il est évident qu'une politique nationale,
se détournant du bien-être social, peut occasionner des violences
sociales, mais aussi aggraver la criminalité au sein de nos
sociétés africaines. On peut donc élaborer la formule
selon laquelle, le taux de violence en Afrique est à justifier par le
taux de familles défavorisées sans toutefois ignorer que ces
violences sont occasionnées par les plus nantis qui se servent des
pauvres comme maillons. Il en va de même des rapports entre pays riches
et pays pauvres. Comment comprendre cela si ce n'est qu'à partir des
jeux d'intérêts qui caractérisent les rapports interhumains
et inter-nations sur des espaces géographiques divers. Les enjeux
politiques et idéologiques semblent donner raison du terrorisme en
Afrique. Mais quels sont donc ces enjeux politiques et idéologies qui
structurent le terrorisme en Afrique ?
CHAPITRE 2 : TERRORISME EN AFRIQUE : ENJEUX
POLITIQUES ET IDÉOLOGIQUES
Parler du terrorisme en tant que phénomène
social complexe, diffus, de grande portée, revient à analyser le
rapport des humains dans une sphère géographique donnée.
C'est, « observer son évolution, le jeu de ses
différentes composantes, et ses relations avec son environnement - tant
dans les pays concernés au premier chef qu'avec les
sociétés et les États d'Occident »71(*). C'est donc à bon
escient que nous juxtaposons terrorisme et géopolitique pour une analyse
philosophique de l'insécurité en Afrique. Cela s'avère
nécessaire au point que se référant aux concepts
clés de la géopolitique, à savoir les frontières et
la souveraineté, les rapports de forces et la puissance, les opinions
publiques et les représentations, la guerre et la paix, on
réalise qu'elle entretient, à défaut de l'occasionner, de
véritables rapports avec le terrorisme.
À preuve, parlant des discours du président
malien par intérim Diaconda Traoré, après l'annonce de
démission de l'ex-président Amadou Toumani Touré dit ATT
le 08 avril2012, Jean Fleury a pu rapporter ce qui suit : « Nous
n'hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable pour
recouvrer notre intégrité territoriale. Le Mali restera un et
indivisible. Ce sera le même drapeau, les mêmes joies, les
mêmes peines, le même Mali. »72(*)
À lire cela, on s'aperçoit que la
défense de l'intégrité territoriale relève d'un
véritable enjeu stratégique dans la lutte contre le terrorisme.
On peut donc supposer que la violence terroriste persiste au Mali à
cause de l'opiniâtreté des groupes rebelles touareg et
Ansar-ed-Dine contrariée par la volonté des décideurs
politiquesà maintenir l'unité du territoire malien malgré.
A y voir de près, le terroriste semble choisir son site. Le nord-Mali,
une zone reconnue pour sa richesse en ressources minières, constitue
l'enjeu du combat entre ressortissants du nord, aidés par des bailleurs
contre le reste du territoire. Cela fait penser à une lutte
géostratégique, l'enjeu restant l'exploitation des mines. Le
pétrole est l'un des enjeux économiques qui explique une mainmise
des grandes puissances sur son flux et la fluctuation du prix du baril. Ce
facteur est non moins important pour expliquer l'expression
incontrôlée de la violence et de son répondant, le
terrorisme qui vit, se nourrit et évolue au rythme de la consolidation
des intérêts.
En plus desenjeux géostratégiques, miniers, et
si, dans une approche phénoménologique, interprétative, on
se proposait d'appréhender le terrorisme en Afrique comme relevant de la
manifestation de la revanche états-uniennesur son indignation suite aux
attentats du 11 septembre 2001 ?Comment soutenir cela si ce n'est par
l'analyse de l'impérialisme américain ?Comment une Nation
militairement et économiquement puissante, quasi-inégalable,
peut-elle être victime d'une attaque terroriste autant
médiatisée sans que le monde entier n'en paye de frais ?
« De quoi s'agit-il ? »73(*)S'enquiert Hanif. Et comme pour
se répondre, il ajoute, « Il s'agit, selon moi, d'un
ultime soubresaut de l'Islam face à la tentative américaine
d'instauration d'un nouvel ordre mondial »74(*).Sans ambages, il pourrait
s'agir de ne laisser plus personne en marge de la terreur ressentie par les
américains lors de l'attaque du 11 septembre que Gilles Kepel qualifie
de « provocation d'ampleur démesurée ».
En fait, le terrorisme peut êtreanalysé,
aujourd'hui encore, comme la disparition de l'ordre l'économique
mondiale qui a prévalu depuis la guerre froide et qui permet de mettre
en exergue le principe de précaution qui consiste à
équilibrer la terreur et la force entre les grandes puissances
(États-Unis, ex-URSS). Depuis la guerre froide, ces grandes puissances
détiennent le monopole de la violence. Ajouté à la simple
rivalité entre Nations fortes, l'intérêt
politico-économique, étant au centre des relations
internationales, y est pour assez dans la prolifération de la terreur.
Les acteurs de l'attaque terroriste de septembre 2001 devraient y penser.
Pour Gilles Kepel, en effet, cette provocation a
suscité « une répression gigantesque dont les
populations civiles afghanes seraient les victimes puis à capitaliser
autour de la solidarité attendue des musulmans du monde envers leurs
frères bombardés une réaction de grande
ampleur »75(*).Cela dit, après l'épisode afghan,
toujours dans une logique de riposte, les États-Unis continuent la
répression après cette provocation apocalyptique du 11 septembre.
Et, du fait de la fraternité entre musulmans, cette répression ne
met en marge aucune communauté musulmane. Elle concerne principalement
la société civile afghane76(*) mais aussi et surtout tout pays du monde abritant des
musulmans susceptibles d'une solidarité avec les frères
bombardés. Il s'agit là de l'émergence, de la promotion de
nouvelles formes de nationalisme d'inspiration religieuse au Moyen-Orient et de
sa riposte.
Le but de cette répression, en inversant les
rôles de victime et d'acteur de violence, c'est de terroriser au maximum
les populations musulmanes du monde islamique afin « d'identifier sa
cible avec précision, l'isoler et la mettre hors d'état de
nuire »77(*). On
pourrait alors comprendre politiquement, la présence sous plusieurs
formes, de la violence sur des territoires africains renommés pour leurs
implications dans la religion musulmane. C'est dire que les violences
terroristes dans les pays du sahel78(*) s'expliquent par la continuation de « la
chasse aux sorcières » et aux groupes affilés au
régime terroriste du milliardaire et chef de file d'origine saoudienne
Oussama Ben Laden. Car, après avoir « enchainé
échec sur échec », « l'acteur terroriste
aurait tenté alors de devenir le catalyseur d'un mouvement social ayant
pour vecteur le vocabulaire du jihad contre les impies qui avaient envahi la
terre d'islam et y massacraient les musulmans.»79(*)
Le faisant, les catalyseurs incitent « les
musulmans du monde à entrer dans un cycle de solidarité et de
radicalisation anti-occidentale qui aurait facilité la conquête du
pouvoir par les militants islamistes partout où cela était
possible.»80(*)Ce
fait semble se résumer en une sorte de dressage spirituel des musulmans
contre l'impérialisme occidental. En cela, la répression
s'avère si nécessaire que si elle parvenait à isoler la
cible et à « la mettre hors d'état de nuire en
limitant au minimum les ravages de la guerre parmi les populations civiles
transformées en autant de boucliers humains par ceux qui se
dissimulaient en son sein »81(*), les sociétés autant occidentales
qu'africaines retrouveraient une stabilité digne de leurs rangs.
On pourrait dès lors comprendre que parlant de
terrorisme en Afrique, nous pouvons dire que hors de toute vision
catastrophiste répandue dans certains médias occidentaux comme
à « l'enthousiasme barbus », il s'agit des ricochets
du rapport de force entre le régime islamiste de Ben Laden (se
présentant sous ses différentes formes) et l'intolérable
riposte des États-Unis impérialistes.
Mieux que cette approche, la rencontre entre le terrorisme et
la géopolitique peut être perçue comme systématique
en ce que les intérêts politico-économiques sont au centre
de l'économie mondiale et des relations internationales. Et c'est
justement sous l'angle de jeu d'intérêts que le terrorisme doit
être compris. Il est une guerre d'intérêts
étatsuniens contre le monde entier. À titre d'illustration,
Jean-Luc Porquet, rapportant les propos de Georg Bush père,
écrira ce qui suit : « Une guerre se gagne ou se perd sur
le terrain de l'opinion publique. Il faut convaincre (...) que le conflit qui
se prépare est nécessaire à nos
intérêts ; enfin qu'il s'agit d'un évènement
inéluctable et d'une initiative morale. »82(*). Il s'agit là
de présenter le terrorisme comme un complot, un jeu qui consiste
à faire croire à l'opinion, ce qui n'est pas essentiel.
Cependant, la riposte contre le terrorisme en tant que menace
demeure, dans une certaine logique walzerienne, un sujet à justifier
dans la mesure où cette riposte peut être teintée
d'empressement dans l'interprétation des actes de violences comme
« signes d'une hostilité belliqueuse ». Selon
Walzer, ces actes « peuvent représenter une tentative de
restreindre et de circonscrire un différend »83(*). D'où, il
précise, « la nécessité morale de rejeter toute
attaque de nature purement préventive qui n'attend pas pour riposter que
l'adversaire se soit livré à des actes
délibérément hostile »84(*) au risque de se voir
renversée, la tendance ; la victime devenant le bourreau et le
bourreau s'érigeant en victime. En cette critique de la méthode
préventive contre la menace ou la provocation terroriste, Walzer voit un
moyen pour éviter un certain nombre de
« rodomontades auxquelles les dirigeants politiques se
livrent volontiers» et ne représentant en rien,
« une menace en soi »85(*).
De ce qui précède, il apparait clairement que
le terrorisme, du fait qu'il a un fondement politique, sa résolution se
doit d'être politique. Toutefois, la lutte politique contre les menaces
terroristes doit se soumettre à une nécessité morale qui
en délimite les effets.
Par ailleurs, comment juger des actes terroristes et à
qui sont-ils réellement dressés ? Il est évident, au
miroir des conceptions de Michael Walzer, que le terrorisme relève d'une
injustice occasionnée par les leaders politiques. On ne juge, dans ce
contexte, de la "terroricité" d'un acte que par rapport à sa
portée politique, que par le sentiment qu'éprouve le public face
à l'assassinat d'une personnalité politique. On peut donc dire
que la source du terrorisme est politique. C'est ainsi que le terrorisme - sous
sa présentation de l'après seconde guerre mondiale, mené
par des révolutionnaires qui étaient toutefois
considérés comme des terroristes malgré le grand
écart entre « les actes de violence qu'ils
commettaient » et le terrorisme aujourd'hui - était
perçu sous la forme « d'assassinats
politiques »86(*). Et comme tel, selon Walzer, il revient à
cette classe de personnes, de payer les frais des attaques
révolutionnaires pour les « causes politiques
malfaisantes » ou pour l'exécution « de lois
considérées comme injustes ». On peut lire, à ce
propos, dans son ouvrage philosophique intitulé Guerres justes et
injustes, les mots suivants :
Car, nous jugeons l'assassin par rapport à sa
victime et, quand la victime ressemble à Hitler, par exemple, nous avons
tendance à louer l'acte de l'assassin, même si nous ne lui donnons
pas le nom de soldat. La seconde catégorie est moins
problématique : les citoyens ordinaires, qui ne sont pas
engagés dans une cause politique malfaisante - c'est-à-dire qui
ne sont ni les responsables ni les exécutants de lois injustes -, se
trouvent à l'abri d'une attaque, qu'ils soutiennent ou non ces
lois87(*).
Cette sorte de terrorisme révolutionnaire admet une
stratégie militaire qui consiste, en temps de guerre, à
éviter l'engagement avec l'armée ennemie. Toutefois, selon
Walzer, les terroristes de l'après seconde guerre mondiale, les
révolutionnaires, font une distinction, qui a une signification morale,
entre les gens que l'on peut tuer et ceux que l'on ne peut pas tuer. Cette
distinction entre les catégories que l'on peut tuer et celles qu'on ne
peut pas tuer, semble conférer au terrorisme une dimension militaire
voire morale.
D'ailleurs, c'est cette dimension morale qui semble prendre
une toute autre ampleur quant à la manifestation contemporaine de ce
qu'on pourrait nommer aujourd'hui, une révolution banditisée,
revendiquée nombre de fois, selon les médias, par des groupes
terroristes se réclamant de la religion islamique. Le terrorisme en
Afrique a-t-il pour finalité le politique ou l'idéologique ?
I. Des enjeux politiques de la violence terroriste
Parlant de la situation politique en Côte d'Ivoire,
Christian Bouquet dénonce la non franchise dans les relations
internationales en ces termes : « L'observation de la situation
ivoirienne laisse généralement aux politologues une impression
mitigée : les événements, les enjeux, les
motivations, les alliances, ne sont jamais parfaitement clairs sans être
pour autant totalement obscurs »88(*). Ici, le subjectivisme humain est mis en avant. Il
apparait clairement que chaque initiative humaine vise avant tout des
intérêts égoïstes. D'où l'ambigüité
des alliances inter-États. Nous voulons, à travers l'analyse de
la compétitivité entre nationsetle projet d'un nouvel ordre
social, justifier les enjeux politiques du terrorisme.
1.
La compétitivité entre États, une aubaine d'expansion du
terrorisme
Pourquoi la lutte contre le terrorisme devient de plus en plus
difficile en Afrique et dans le monde ? La défense des
intérêts individuels des nations aurait-elle pris le pas sur
l'enjeu sécuritaire ? Pourquoi le terrorisme est-il devenu en
Afrique un enjeu géopolitique majeur ? Paradoxalement au projet de
paix proféré sur nos médias, comment comprendre la
tactique de l'acquisition des armes dans ces pays qui abritent le
terrorisme ? Comment des pays militarisés et sous haute
surveillance des armées étrangères, peuvent-ils être
assaillis par des terroristes si ce n'est dans l'intérêt
égoïste de quelques individus ?
Toutes ces préoccupations n'ont qu'un seul et
même référentiel : il s'agit d'un enjeu
économique et géostratégique. C'est-à-dire que les
révoltes grondantes sont généralement en rapport avec
l'intention inavouée de chaque partenaire, de chaque multinationale
à s'offrir un meilleur pas des revenus miniers, pétroliers.
En effet, malgré l'affirmation tous azimuts du
socialisme africain, l'Afrique demeure plus que jamais divisée. Les
organisations africaines (U.A, CEDEAO, etc.) restent pantoises et impuissantes
devant les graves crises politiques et sociales africaines. Les exemples sont
légions : les guerres civiles du Rwanda, en Côte d'Ivoire, au
Burundi, au Libéria, au Congo, etc. ne trouvent des débuts de
solution que par les accords en dehors de l'Afrique. L'entente et l'union entre
les africains demeurent une chimère, l'entraide, un vain
mot89(*).
Cette analyse faite par Samba Diakité résume et
dénonce la duperie et les complots contenus dans les rapports que les
États africains entretiennent.
Qui plus est, il y a, dans le terrorisme en Afrique, une
sorte de prolifération de l'économie de contrebande fortement
inspirée de la vente de la drogue, des armes qui profitent aux
multinationales. Ce commerce prend des proportions grandissantes et
inimaginables et voit se développer des cartels sponsors de groupes
armés et de guérillas défendant des intérêts
sociopolitiques et surtout économiques et stratégiques. Ces jeux
d'intérêts économiques, géopolitiques et
stratégiques sont favorables à l'émergence de la violence
politique et terroriste en Afrique. Allant à l'extrême, les jeux
d'intérêts prennent le visage d'une exploitation minière et
de toute autre ressource naturelle pouvant servir aux grandes puissances de
quoi assurer leur maestria.
Il est d'un truisme que le pétrole constitue un enjeu
économique majeur qui induit la mainmise de grandes puissances sur la
maitrise de son flux. Cela y va de la gestion des territoires à forte
production de pétrole, des rapports qu'entretiennent les
décideurs politiques de ces territoires avec les multinationaux. Comme
le signifiait Nkrumah, « l'exploitation de ces mines va sans doute
commencer dans une atmosphère de concurrence
aiguë »90(*). L'exemple du partenariat91(*) entre l'Arabie-Saoudite et les
États-Unis est efficient. L'enjeu pétrolier - parmi tant d'autres
facteurs favorables à un certain climat d'expression
incontrôlée de la violence et son couronnement le terrorisme - est
à redéfinir dans la marche vers la paix en Afrique.
Les jeux d'intérêts égoïstes
conduisent nos sociétés vers le gouffre sans possibilités
pour elles de s'en détourner. La liberté cesse pour nos
États lorsque commencent les abus. Le terrorisme, dès lors, dans
son déploiement phénoménal comme manifeste de jeux
d'intérêts entre l'Afrique et les néocolonialistes, est
soit salué, soit hypocritement condamné par des nations qui
représentent pourtant la caution morale et financière de l'acte
terroriste. Cette ambigüité de la nature de l'acte terroriste en
tant que jeu et principe moral en appelle à ses dimensions politique et
éthique. Le terrorisme soulève une préoccupation politique
en ce qu'il est le fait des humains, éthique en ce sens qu'il
abîme les conditions du vivre ensemble suite à des tensions
idéologiques.
2.
Du projet d'un nouvel ordre social aux violences terroristes
Pour Derrida et Habermas, la logique terroriste répond
à une exigence sociale liée à la nature même de
l'emploi systématique de la terreur. Au-delà du simple massacre,
du vandalisme, le terrorisme ne vise-t-il pas un projet identitaire sans
pareil ? Au demeurant, on pourrait croire que le terrorisme vise
l'unification du genre humain autour de principes vitaux universels. C'estla
négation de la négation identitaire. Comment cela peut
paraître autrement si l'essence de la terreur est la négation de
la différence, si on ne tue pas pour le simple acte de tuer mais pour
contraindre des entités différentes à se confondre,
à s'uniformiser? PourHabermas notamment,
Quant à l'essence de la terreur, elle ne consiste
pas dans l'élimination physique de quiconque est perçu comme
différent, mais dans l'éradication de la différence au
sein d'une population, à savoir de son individualité et de sa
capacité à agir de façon autonome92(*).
L'autonomie de l'individu, bien que mise en exergue dans ce
passage, est contrariée par la négation de la différence
qui structure la société. Elle est du coup déjà
conditionnée par des principes antérieurs à elle. S'il en
est ainsi, on peut dire que le terrorisme vise l'unification de la
société autour des idéaux mono-culturalistes. Confondre la
pluralité dans l'unité, tel est le projet social inavoué
du terrorisme. De fait, il vise une redéfinition de l'identité.
D'ordinaire, les révoltes politiques - apparaissant
sous la forme de rébellion, de génocide ou sous toutes autres
formeset perçues comme des actes terroristes parce que se dressant
contre les institutions étatiques - sont l'oeuvre d'organisations
politiques. Elles naissent pour la plupart des injustices et des rapports de
dominations dont elles se présentent comme la révolution. Elles
sous-tendent à rappeler aux dirigeants que« toute politique
s'inscrit dans son temps, s'entreprend dans ce temps qu'on sait devoir
s'achever »93(*), sa vocation, du reste, étant de produire des
effets positifs qui durent et non qui perdurent. Cependant, la condition pour
qu'éclate la violence entre groupes humains, est que
dans un tel contexte, des leaders d'opinion, qu'ils
détiennent ou non le pouvoir politique, proposent une lecture de cette
situation et affirment : « voici ce qui nous arrive, voici qui
est responsable de notre malheur. Ce sont "eux" qui sont la cause de nos
souffrances. Il faut absolument nous en débarrasser. Nous vous
promettons qu'ensuite tout ira mieux. Vous n'avez qu'à nous soutenir,
plus : nous rejoindre, pour que nous en finissons avec cette
peste94(*).
Nous convenons avec Semelinlorsqu'il entend fonder ici, les
origines des violences politiques en l'endoctrinement, en les dires haineux de
certains opposants politiques. Dans un contexte africain, c'est
véritablement ce type de dire politique, cachant un intérêt
égoïste pour le pouvoir politique, qui occasionne les
rivalités de pouvoirs sur les espaces. On en vient à mobiliser
toute une population afin qu'elle se sente opprimée lorsque l'on est
humilié. Et, de ce rapport, le catalyseur politique et ces populations,
parlant désormais de la même chose, forme un et un seul corps. Il
devient l'homme de la situation sans qui, plus rien ne reste à
espérer. On assiste à un front entre idéologues
politiques, avec même parfois l'appui de certains corps de l'État
(police ou l'armée), chacun ayant pour ambition le contrôle du
pouvoir politique.
Combien sont-ils, les pays africains, qui n'ont pas connu,
hélas, cette expérience ? Loin de nous le besoin de
réveiller en les sud-africains les souvenirs d'un apartheid qui traine
à s'effacer des mémoires ouen d'autres peuples l'angoisse
degénocides quisévirent partout en Afrique. Pour nous, l'enjeu de
la violence, dans une telle logique, reste politique en ce qu'il s'agisse soit
du partage de pouvoirs, soit, tout simplement, du renversement de la tendance
qui prévaut. Par ricochet, les violences terroristes en Afrique naissent
de troubles politiques et visent l'instauration de nouvel ordre social et
politique. Il s'agit de la volonté des peuples, avec à leur
tête des catalyseurs, de mettre un terme à une injustice sociale,
à un déséquilibre ou à un mode de gouvernement
jugé ou reconnu pour son despotisme. Les mouvements récents
« y'en a marre »95(*) au Sénégal, au Burkina et dans bien de
pays africains en sont efficients. Seulement, dans bien de cas, ces
révoltes donnent lieu à l'émergence de violences
terroristes sous des formes les plus inattendues.
À preuve, suite au printemps arabe96(*) ou à l'èredes
révolutions arabes marquées par la chute, après une guerre
civilemilitarisée, enLybie97(*), du régime de Kadhafi, le terrorisme prend une
autre envergure et se repend de plus en plus en Afrique. On pourrait même
croire que
Les récentes révoltes populaires
maghrébines ne sont, certes, pas conçues ni
contrôlées par les islamistes radicaux. Mais il apparait, [et nous
y croyons] clairement qu'AQMI cherche à explorer le chaos, qui
accompagne inévitablement ce genre de soulèvements populaires,
pour mettre à exécution sa nouvelle stratégie et amorcer,
ainsi, son « reflux » au nord, vers la Tunisie et la Lybie,
dans un premier temps, et demain - peut-être - vers d'autres pays de la
région menacés par la contagion de la révolte
populaire98(*).
Le terrorisme en Afrique peut s'expliquer par l'échec
du printemps arabe. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer que la
révolte touareg au Mali (initialement une lutte pour la reconnaissance)
visant l'établissement d'un nouvel ordre social, donne lieu, à la
suite de la Lybie, à une guérilla : Al-Qaïda au Maghreb
Islamique contre le peuple malien, non !Disons plutôt contre le
monde entier. De ces contresens des révolutions politiques, l'enjeu
politique se transforme, on pouvait s'y attendre, en desenjeux
idéologiques.
III. Des enjeux du terrorisme dans son versant
idéologique
Au-delà de toute spéculation autour des
violences terroristes, force est de reconnaitre que l'idéologie
constitue au terrorisme ce qu'est l'âme au corps humain. Liés, il
est impossible pour l'un de survivre sans l'autre. L'idéologie
perçue comme l'âme et l'acte terroriste comme le corps, on en
vient à la déduction suivante: nulle violence terroriste sans un
fond idéologique. Et, dans la majeure partie des cas, parlant de
terrorisme aujourd'hui, l'idéologie s'apparente à ce qu'il
convient de nommer une guerre de civilisations. Comment expliquer cette lutte
entre civilisations ? Mais avant, que faut-il donc entendre par
civilisation ? Sans détour, on peut la définir comme
l' « ensemble des caractères propres aux
sociétés évoluées »99(*), ces caractères
étant la technique et la culture. Une telle définition
réductionniste de la civilisation au seul lien entre la technique et la
culture laisse les pays africains en général, en marge de la
civilisation du fait de leur absence sur la sphère technologique.
Il conviendrait, dans ce cas, de redéfinir le mot
« civilisation » pour mesurer sa portée sur
l'Afrique. En cela, il nous convient, outre l'aspect technique de la
civilisation, de la définir comme le caractère de ce qui meuble
la vie culturelle et matérielle d'une société humaine
donnée. De ce point de vue, là où il y a des humains, on
peut sous-tendre à une civilisation en termes de mode de vie. On parlera
alors aisément de civilisation africaine, occidentale, arabe ou
américaine, chacune ayant ses spécificités. On peut se
permettre même d'opposer civilisation à la barbarie si tant est
que la violence est l'oeuvre de barbares. Mais comment comprendre le terrorisme
en Afrique comme relevant d'une guerre entre civilisations ?
1.
Du paradoxe de l'islamisme à la prétention à une Afrique
islamisée
L'islam est-il en guerre en Afrique ? Autrement dit, le
terroriste en Afrique est-il musulman ? Cela paraît visible. Sinon,
comment comprendre que les mouvements terroristes, en Afrique, se proclament
défenseurs de la charia ? Mais quelle est cette charia qui, dans
son déploiement, semble ignorer les préceptes de l'islam ?
Alors qui sont-ils, les terroristes en Afrique et que défendent-ils
réellement ? Telles sont les questions que nous traiterons dans la suite
de notre étude.
Du terrorisme comme manifestation du fanatisme religieux, on
n'en dira jamais assez. Notre souci, c'est de lever toute équivoque sur
la notion de terrorisme religieux dans une Afrique culturellement animiste.
Car, si le terrorisme est motivé par la croyance religieuse, il ne
devrait pas faire de ravages dans un continent qui n'est religieux que par
accident, que par emprunt.
Cependant, faut-il croire que le terrorisme en Afrique
apparait chichement ? Ou bien faut-il alors croire qu'il est l'oeuvre
d'organisations musulmanes ? Cette seconde préoccupation semble
plus évidente. Car, tous les attentats récents en Afrique sont
revendiqués par des organisations dites islamistes. On se rappellera des
différents attentats revendiqués par l'État Islamique, par
des filiales d'Al-Qaïda, en occurrence Boko haram et AQMI.
Se proclamant défenseurs de la
« théocratie musulmane » détruite par
l'Occident »100(*) et soucieux de la préservation de la morale
sociale, les combattants pour l'État Islamique s'insurgent contre
l'éducation et le mode de vie occidental. À leurs yeux,
l'éducation et les cultures occidentales favorisent le
« laisser-faire » et le
« laisser-aller » qu'impliqueraient les notions de
liberté et de démocratie dont « les révolutions
française et américaine se sont faites les
porte-paroles »101(*).
Pourtant, là où il y a religion, il y a
contrainte, il y a « soumission à la volonté de
Dieu »102(*).
Dans un tel contexte, le terrorisme se dresse contre le concept de
« Lumières », entendue comme un
élément de l'histoire, le siècle de l'affirmation de la
démocratie et de la séparation des pouvoirs politiques et
religieux. De là, on peut dire qu'être terroriste, c'est refuser
d'avoir « le courage de se servir de son propre
entendement »103(*) refusant du reste, les principes de
laïcité. C'est, ne pas parvenir à se défaire des
lèches du pouvoir religieux dans une société humaine
structurée autour de la rationalité. En cela, on pourra lire dans
les dialogues respectifs entre Jacques Derrida et, Jürgen Habermas avec
Giovanna Borradori les mots suivants :
L'idéologie explicite des terroristes qui ont
commis les attentats du 11 septembre contre les tours jumelles et le Pentagone
[on peut le penser pour les terroristes en Afrique] est le rejet d'une
modernité et d'une laïcité du type de celle qui, dans la
tradition philosophique, est associée au concept des
Lumières.104(*)
Cela laisse croire que les laudateurs du terrorisme sont d'une
espèce toute autre que l'espèce humaine. Sans pitié ni
ressentiments, ils agissent de la façon la plus démesurée.
Ils se font craindre et ils sont craints. Ainsi, « pour instaurer la
terreur, ces actions sont voulues dures ; pour ne pas dire
cruelles »105(*). Cela apparait d'ailleurs à leurs yeux comme
signe de victoire. À en croire l'ampleur des dégâts humains
causés par les attaques terroristes à travers le monde et la
psychose qui s'installe. Doit-on, dans ce contexte, concevoir que l'islam
suppose négation des
« Lumières » ?
Envisager le contraire, cela reviendrait à nier
l'ampleur du slogan des terroristes qui est « Il n'y a de dieu que
Allah et Muhamed est son messager »106(*) ou « Allah Akbar »107(*). Cette phrase, prise dans
son contexte théologique, amène à ne pouvoir identifier le
terroriste que par son appartenance à la religion musulmane. Autant on
ne reconnait un moine que par son accoutrement, le terroriste, dans ce cas,
n'est reconnaissable que par son témoignage à l'Unité
d'Allah et non par l'arme qu'il utilise encore moins par l'ampleur de la
terreur qu'il crée.
La traduction de l'extrait d'un document trouvé par le
FBI dans les bagages des pirates de l'air du 11 septembre 2001 est
révélatrice. On peut lire, tout le long du chapitre
consacré à l'interprétation de ce document par Gilles
Kepel, les phrases suivantes par lesquelles, l'on est parvenu à
motiver les djihadistes de l'attentat du 11 septembre :
Quand tu embarqueras dans (A)108(*), au moment où tu y
mets ton pied, avant d'y pénétrer, fais les invocations et les
prières, et rappelle-toi bien que c'est une guerre qui est en voie. Et
comme il a dit - sur lui la bénédiction et le salut - :
« Matin et soir sur la voie d'Allah valent mieux que ce bas monde et
tout ce qu'il contient ». Puis occupe-toi de remémorer
constamment Allah. Il a dit - qu'il soit exalté - « Ô
vous qui croyez, quand vous faites face à une troupe, soyez
résolus et remémorez beaucoup Allah - ainsi vous réussirez
peut-être »... Alors invoque Allah (...) n'aie pas peur et
demande à Allah qu'il te confère le martyre de face et non dans
le dos, sois patient, endurant. Ensuite chacun d'entre vous doit se
préparer à remplir son rôle de façon qu'Allah en
soit content et serrer les dents comme l'ont fait les pieux ancêtres -
qu'Allah les ait en Sa miséricorde - avant de s'engager dans la
bataille. Au moment du corps à corps, frappe comme les braves qui ne
veulent pas retourner en ce bas monde, crie « Allah akbar »
car ce cri fait entrer l'effroi dans le coeur des
infidèles109(*).
Ce récit laisse clairement percevoir à quel
point l'endoctrinement au nom d'Allah et du Prophète est une triste
réalité dans le milieu terroriste. L'invocation d'Allah dans le
mal en se serrant les dents, c'est-à-dire en agissant sans pitié
et sans remords selon ce passage, témoigne de l'adhésion probable
du Dieu110(*) musulman
au terrorisme sous toutes ses formes. Car, cette incitation à la
violence et à la haine, telle que décrite par le passage
ci-dessus, n'a nulle autre motivation que l'obtention de l'amitié
d'Allah qui se matérialise par l'accession du djihadiste aux
« jardins du paradis ornés de leurs plus beaux
ornements » avec la présence massive des houris revêtues
de leurs plus belles parures, le réclamant en disant :
« Viens, ô ami d'Allah »111(*).
C'est dire que la fin du terrorisme est l'islamisation du
monde. Et, c'est justement au nom de cette prétendue amitié avec
Allah, obtenue en voulant imposer un islam nouveau, que le djihadiste doit
trouver satisfaction. En cela, il ne discute pas les ordres des catalyseurs
mais les écoute et obéit à ce qui se dit.
Cependant, ce qui se dit, bien que voulant se fonder sur et
même par les écrits coraniques ou les propos rapportés du
Prophète Muhammad (Mahomet) - sur lui la bénédiction et le
salut112(*) - est
teinté de fanatisme, de mésinterprétation subjective.
C'est dire, que les discours sur des écrits coraniques au sujet du
terrorisme, bien que se voulant révélateurs, pourraient
prêter à de mauvais commentaires et ne justifier que la position
de celui ou celle qui discourt. Sinon, comment Dieu113(*) peut-il, lui-même,
être incitateur de la violence ? Dieu a-t-il vraiment besoin que des
individus « égarés » se battent pour lui ou
même en son nom ? N'est-ce pas qu'au fond se cache une
réalité toute autre?
Pourtant, à en croire à Jean Fleury, le but de
tout mouvement terroriste est l'application de la charia114(*). Et cela, il le
démontre bien à travers l'occupation de certaines zones maliennes
par des acteurs terroristes d'Aqmi et d'Ansar ed-Dine. Pour Fleury, en effet,
après avoir pris possession des villes de Tombouctou, de Gao, de Kidal,
« la charia est immédiatement
imposée »115(*). Ainsi, l'enjeu des terroristes islamistes reste la
promotion de la charia.
Mais quelle est cette charia qui appelle à la haine,
au massacre, au vol et au viol ? Quelle est cette drôle
d'organisation dite islamique qui détruit les lieux de culte, les
mosquées, les médersas ? D'ailleurs, et si le terrorisme
n'avait pas de chose en commun avec l'islam ? Et si au fond, les
commanditaires terroristes ne cherchaient qu'à se faire des
alliés, à toucher les coeurs des « chevaux de
Dieu », des «fou[x] d'Allah »116(*) afin de les dresser
contre la paix sociale ?
À scruter de près, Islam et terrorisme sont
diamétralement opposés. On demandera alors pourquoi même au
Moyen-âge, il y eut des combats qui opposaient musulmans et non musulmans
appelés « jihad » ou guerre sainte. La
réponse est toute simple : le jihad sous sa forme
médiévale, mené par le Prophète de l'Islam et ses
compagnons, visait l'instauration d'une certaine justice sociale telle que la
liberté de culte notamment. Cependant, ce combat dont on a tendance
à confondre aujourd'hui au terrorisme, le « jihad »,
n'est plus de notre temps. L'adhésion à l'islam n'est plus comme
dans les premières heures de son apparition. Les dogmes, suivre sans
questionner, écouter sans comprendre et agir pour obtenir
l'amitié d'Allah semblent alors avoir un autre sens aujourd'hui. On
pourrait même croire que le siècle des Lumières, si cher
aux Occidentaux, peu ou prou, est impulsé par le Coran sans que cela ne
paraisse comme l'éloge de cet écrit canonique. Les versets
coraniques ci-après sont révélateurs: « Je
ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n'êtes pas adorateur
de ce que j'adore. A vous votre religion, et à moi ma
religion » (109 :4-6).117(*)
À travers ces versets de la sourate 109 du Coran parmi
tant d'autres, il apparait clairement que l'Islam est pour la liberté de
culte, la liberté de croyance etcette différence de foi, ne
devait pas susciter de problème majeur encore moins susciter le
terrorisme. Le terrorisme est une action condamnée par l'Islam.
« C'est pourquoi, Nous avons prescrit que quiconque tuerait une
personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur terre, c'est comme
s'il avait tué tous les hommes » (5 : 32).Combien
sont-ils, pourtant, les victimes des agis terroristes ?
Indénombrables ! Faut-il alors croire que l'acteur terroriste est
musulman ? Cela parait difficile à le prouver.
Comment, à partir de là, comprendre le fait, par
un individu se réclamant de la religion musulmane, de tuer à
démesure des innocents ?Cela ne demande-t-il pas, de prime à
bord, à distinguer le jihad du terrorisme aujourd'hui si
tant est que l'acte terroriste consisteà tuer, à ne massacrer
rien que pour tenir en alerte l'opinion publique d'éventuel acte
similaire ?Car, en effet, le jihad, entermes de guerre
autorisée en islam, ou comme la permission aux musulmans de faire la
guerre au moyen-âge, de répondre à l'attaque, semble ne
s'insurger que contre les injustices avérées. Et ce, dans le
strict respect des droits que l'islam reconnait à l'homme ;
notamment le droit à la vie. Le terrorisme peut donc sembler avoir sa
justification loin de l'islam.
Ne faut-il pas croire qu'au fond, le terrorisme relève
d'un abus discriminatoire tendant à discréditer l'opinion
islamique ? N'est-ce pas le terrorisme, le fondement d'une guerre de
civilisation ?
2.
Terrorisme en Afrique, une guerre de civilisations ?
La philosophie antique représente, avec le
judéo-christianisme, le socle majeur sur lequel s'est formée la
civilisation occidentale moderne. Dire cela, c'est avant tout,intuitionner la
différence de taille qui existe entre un Occident "civilisé" et
une Afrique traditionnellement animiste. Car, dans une approche historique, on
aperçoit, en général, une terre africaine neutre, sans
religion sinon fétichiste et animiste parce que « sans
civilisation »118(*). La colonisation apparait pour ainsi dire comme le
lieu de civilisation des peuples africains avec pour corollaire, l'adoption
brusque du mode de vie occidental au désarroi des cultures
endogènes et des croyances antérieures au christianisme en
Afrique, notamment l'Islam. Du coup, s'opère une lutte pour la
conversion ou la reconversion des peuples africains en des croyances
exogènes qui tendent à troubler l'ordre social. La civilisation
occidentale, ayant pour crédo la liberté de l'individu, semble ne
pas s'accommoder avec la morale sociale préétablie et
basée, dans la majorité des cas sur les espaces africains, sur le
collectivisme.
Dès lors, les libertés individuelles, dans leurs
désaccords avec les normes sociales, se présentent comme le point
d'encrage d'une guerre entre civilisations occidentales et certaines valeurs
africaines à inspiration diverse. Ainsi, « l'acteur terroriste
aurait tenté alors de devenir le catalyseur d'un mouvement social ayant
pour vecteur le vocabulaire du jihad contre les impies qui avaient
envahi la terre d'islam et y massacraient les musulmans »119(*). On assiste, pour ainsi
dire, à « la résurgence d'un fanatisme
médiéval »120(*) qui prend en solidarité le peuple musulman en
le dressant contre toute autre valeur. C'est le début de la nouvelle
forme de guerre liée à la civilisation en Afrique. (Nous
reconnaissons cependant, que la guerre entre civilisations ne date pas
d'aujourd'hui même si nous reconnaissons qu'elle a pris une tout autre
allure aujourd'hui. Ce qui nous importe, c'est le rapport du terrorisme aux
civilisations en Afrique aujourd'hui).
On pourra alors justifier la montée vertigineuse de
mouvements terroristes tels que Boko haram, AQMI, par la tendance des
civilisations à ne pouvoir s'accommoder, à coexister. C'est au
fond, la manifestation de la tendance de chacune de ses cultures à
s'imposer comme universelle. C'est cette triste réalité que
décrit Gilles Kepel dans son Jihad, lorsqu'il écrit,
parlant de la transmission des images sur le terrorisme dans les médias,
...où l'on aperçoit immanquablement
des barbus enturbannés brûlant des drapeaux américains et
brandissant des portraits de Ben Laden, par-delà les groupes
paramilitaires nés en leur sein, spécialisés dans le
massacre... leur capacité de mobilisation de masse fait question dans
[le continent africain] épuisé par les luttes internes et dont la
cohésion même résisterait difficilement à une
nouvelle fuite en avant dans le radicalisme religieux121(*).
Ce passage fait l'évaluation des rapports de forces
entre l'impérialisme américain et le mode de vie d'un monde
arabo-musulman tenace. Dans une telle perspective, le terrorisme en Afrique
doit-être évalué sous l'angle d'un rapport de force entre
pays "civilisés" en quête d'alliés.
De ce point le vue, Boko haram, par exemple, s'affilant
à l'État Islamique, peut paraitre comme la forme islamisée
de la riposte à une relation antérieure qui a prévalue
entre « nègres » et colonisateurs ou entre
« barbares » et « missionnaires ».
À en croire le contenu du code noir se présentant comme la lettre
de noblesse de la mission civilisatrice, une telle lecture des rapports peut
prendre son sens. En voici un extrait :
Tous les esclaves, qui seront dans nos îles, seront
baptisés et instruits dans la religion Catholique, Apostolique et
Romaine... Interdisons tout exercice public, d'autre religion que celui de la
religion C. A. et R. ; voulons que les contrevenants soient punis comme
rebelles, et désobéissants à nos commandements ;
défendons toutes assemblées pour cet effet, lesquelles nous
déclarons conventicules, illicites, séditieuses, sujettes
à la même peine, qui aura lieu même contre les maîtres
qui les permettront, ou souffriront à l'égard de leurs
esclaves122(*).
Et comme pour conclure, on peut lire ce qui suit :
« et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous y
avons fait mettre notre scel (sceau). » On peut alors croire à
la persistance de ce type de rapport
« esclaves-maîtres » à travers
l'impérialisme et la mainmise occidentale dans les affaires africaines
que des groupes dits « rebelles » ou
« terroristes » contestent sous la houlette d'un islamisme
radical aujourd'hui encore. Le terrorisme, sans prétendre limiter sa
finalité à des volontés impérialistes, peut, tout
de même, se comprendre à travers la fermeté de chacune des
civilisations judéo-chrétiennes et musulmanes à s'imposer
au reste du monde.
S'il est vrai « Que celui donc qui veut qu'il devienne
croyant et celui qui veut qu'il devienne mécréant » (18 :
29), ou qu'il n'y a : « Nulle contrainte en la religion. La droiture a
été distincte de l'égarement » (2 : 256), la
lutte pour la reconnaissance, tant chez les civilisations arabes que
judéo-chrétiennes, n'a nullement de fondement religieux sinon
qu'elle est idéologique ; l'idéologie comprise dans son sens
le plus péjoratif possible.
À moins qu'on admette que civilisation arabo-musulmane
est égale à l'Islam et que la civilisation occidentale est
synonyme du Christianisme, la guerre entre civilisations n'implique
guère celle des religions. C'est justement cette confusion que
déplore ZeinabAbdelaziz lorsqu'elle écrit,
les orientalistes, en général, leur oeuvre
allant de pair avec le colonialisme et les missionnaires, s'ingénient
à avilir l'Islam, quitte à avoir recours à la calomnie
sans vergogne et à la falsification pour l'implantation de leurs
planifications d'acculturation ; les auteurs occidentaux, dans la grande
majorité, ont cédé le pas au fanatisme ecclésial,
dans un rythme frénétique, qui va s'accélérant,
depuis le début de l'expansion islamique jusqu'à nos jours, car
vraiment peu nombreux sont ceux qui usèrent d'impartialité ou de
bienveillance ; les auteurs arabes ou musulmans, prenant la contre-offensive,
surchargent leurs textes d'émotivité, de détails et de
parenthèses123(*).
C'est dire, à la suite de Zeinab Abdelaziz,que les
occidentaux, d'une part, sous l'emprise de leur conviction religieuse et
faisant l'éloge du christianisme, rendent abjecte la religion ou la
civilisation islamique. D'autre part, des défenseurs de la civilisation
musulmane travaillent à détruire ces thèses qui tendent
à s'imposer comme vérité absolue.
Or, le débat, selon Zeinab, est ailleurs. Il s'agit
d'appréhender le terrorisme sous l'angle d'une hégémonie
les rapports entre les Nations et non entre les religions. Cela ne revient-il
pas à concevoir le terrorisme comme une affaire politique, un
phénomène socialen attente de résolutions politiques
adéquates ? S'il est difficile de trouver au terrorisme, un
fondement universel, n'est-il pas, tout de même, envisageable d'indiquer
des stratégies de lutte contre ce phénomène ?
TROISIÈME PARTIE : STRATÉGIES DE LUTTE
CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE
En termes de lutte contre le terrorisme, il n'existe pas de
stratégie qui soit universellement valable. À bien
d'égards, la lutte contre le terrorisme peut donner lieu à une
forme plus aigüe de terrorisme en ce sens que cette lutte énonce
expressément un cadre hors normes juridiques. Elle peut provoquer, se
faisant, une scission sociale et accroître du coup l'effectif des
terroristes. À preuve, la fermeture de mosquées salafistes
ordonnée en France (au nombre de 80 mosquées et plus)124(*) par les décideurs
politiques de ce pays afin de réduire le risque d'attaques terroristes
peut paraître un frein au principe de la laïcité et de la
liberté de culte tant promues par les sociétés de droits.
Cette stratégie de lutte, même si elle est efficace, peut
camoufler un désir profond de racisme qui se manifeste à travers
un système de stigmatisation d'une couche sociale. Toutefois, faut-il,
au nom des droits de l'homme, donner libre cours aux pulsions, permettre le
laisser-faire et faire fi de tout projet de lutte contre la violence
terroriste ?
Toutefois, il nous semble impératif, dans le cas
africain, d'insister sur deux aspects : l'éducation et ses
implications et l'éthique, et cela, pour deux raisons fondamentales.
L'une des raisons est le fait que le terrorisme relève d'une crise de
l'éducation en Afrique (et cela s'explique) et l'autre motivation est
due au fait que la violence terroriste suppose l'échec de la
négociation. La question est donc de savoir si l'éducation, la
palabre, la tolérance, sont, en elles seules, une condition suffisante
pour le maintien de la paix sur l'espace africain. Comment alors reconstruire
une société africaine pacifique et pacifiée si ce n'est
par le moyen de l'éducation, de l'intégration, d'une
éthique de la diversité ?
CHAPITRE 1 : LUTTE CONTRE LE TERRORISME : REGARDS
CROISÉS
En termes de stratégies de lutte contre le terrorisme
en Afrique, on pense avant tout à la multiplication des armes et
à l'augmentation des effectifs militaires. Cela s'avère utile
bien qu'insuffisant. Car, la caractéristique de la stratégie
terroriste est de permettre, par les moyens techniques les plus inimaginables,
de contourner et de passer en ridicule les dispositifs militaires et
sécuritaires dont les moyens techniques sont reconnus
sophistiqués. De sorte, alors que les nations accourent vers le
surarmement voire la détention du nucléaire afin de rendre
inviolables( ?) leurs territoires, l'arme de l'acteur
terroriste vient, quant à elle, porter la terreur, la violence, et le
message de la mort au coeur même de ces territoires.
Faut-il alors toujours miser sur la nécessité
de reconfigurer l'armée ou les armées africaines dans la lutte
contre le terrorisme ? Oui et non à la fois. Oui il le faut si et
seulement si le terrorisme se réfère à un groupe
d'individus bien localisés comme c'est le cas au nord du Mali ou au
Sénégal où des individus, au nom d'idéologies
contraires aux normes sociales, tendent à en instituer de nouvelles au
prix de la mort des citoyens. Non, cela s'avère insignifiante dans le
cas d'attaques terroristes insidieux ou perfides en plein coeur de nos villes
sous très médiocre surveillance.
Dans tous les cas, l'accroissement de nos effectifs
militaires, l'augmentation de systèmes de sécurités, le
contrôle des immigrations n'énoncent-ils pas l'éducation de
la masse et l'éthique de la discussion comme le lieu de redressement des
facteurs qui conduisent au terrorisme en Afrique ?
I. L'éducation de la masse, un impératif
Faut-il Éduquer ou [accepter de]
périr ? Joseph Ki-Zerbo avait-il l'intuition, en
écrivant son livre Éduquer ou périr, du
phénomène du terrorisme ? Ou biensimplement nous
interpelle-t-il sur ce que risquent les sociétés africaines si
elles se détournent de l'éducation ?
Assurément ! C'est quoi alors éduquer ? S'agit-il d'un
slogan politique à proprement parler ou d'un système, d'une
fonction de reproduction qui garantisse aux Etats africains un progrès
sans heurt ?
L'éducation relève à la fois d'un aspect
intellectuel et psychologique ou moral. En tant qu'ensemble de principes, sa
perception varie selon la conception que l'on se fait de l'homme et de sa
destination, du modèle de citoyen et de société que l'on
veut bâtir. Ainsi, de Rabelais qui voulait « une tête
bien pleine », à Montaigne qui opte pour « une
tête bien faite » ; d'un Rousseau naturaliste
défendant que le spectacle de la nature doive inspirer à
l'âme humaine les principes primaires de la morale, à Auguste
Comte qui mise inversement sur le rôle de la société dans
la formation de l'esprit par le bon sens, l'éducation apparaît
comme un impératif.
Toutefois, le but de l'éducationreste et demeure
à nos yeux, l'instruction et l'adaptation sociale de l'individu afin de
lui permettre de former un jugement libre et personnel. C'est justement dans ce
versant, dans cette inclinaison en tant que facteur de liberté et
d'expressivité individuelle quela notion d'éducation nous
intéresse. Car, sous cet angle, elle apparait comme le lieu de promotion
de ce qu'on est convenu de nommer aujourd'hui encore la liberté
(d'expression, de croyance, d'agir) de l'individu.
Mêlant, dans les programmes scolaires et
universitaires, l'éducation -entendue comme moteur de la
laïcité - à laformation initiale, nos systèmes
éducatifs pourront désormais se sentir aptes à relever le
défi du dialogue interculturel. On comprend, d'un tel avis, Ki-Zerbo
lorsqu'il écrit, « Rependre l'éducation de base, c'est
faire campagne pour libérer les esprits en liquidant "la
résignation" »125(*).Car, justement, la résignation, perçue
comme cet abandon de soi à un destin fatal au nom duquel l'on renonce
à ses droits ens'adjugeant les libertés des autres, est au coeur
du phénomène de terrorisme en Afrique et par extension, dans le
monde. L'éducation s'avère dès lors une lucarne de
liquidation non seulement du fatalisme, mais aussi du fanatisme et du
suivismepolitique par quoi, on pourrait justifier les violences terroristes
dans nos États.
Anémier l'éducation, l'ignorer ou
l'abâtardir, c'est ainsi accepter de se soumettre à toute sorte de
danger dont le terrorisme dans sa dimension vengeresse et croissante. Il faut
donc éduquer ou accepter de périr. Cependant, le projet
d'éducation de masse en Afrique est contrarié par
l'inadéquation de la volonté d'éduquer aux moyens
déployés pour le réussir. Ces moyens sont à la fois
d'ordre économique et culturel. Le type de formation influant en Afrique
est principalement basé sur des normes occidentales, sur des valeurs en
parfaite harmonie avec le judéo-christianisme. Du coup, on assiste
à une uni-polarisation de la croyance et du mode de vie des populations
ayant accès à "l'école de blanc". Ce qui n'est d'ailleurs
pas favorable à la laïcité.
L'éducation à la laïcité,
enAfrique, devientalors comme une mission quasi impossible puisqu'elle
apparaît comme la continuation de la mission civilisatrice telle
qu'apparue et comprise à la suite du Révérend Père,
Placide Tempels dans sa Philosophie bantoue. Par cet
évangéliste en effet, on apprit que l'alphabétisation du
nègre n'était qu'un canal par lequel l'on pouvait mieux assurer
l'aliénation culturelle de celui-ci. L'instruction dans une telle
approche, constitue, signale Samba Diakité, la « Recherche
d'une pédagogie nouvelle dans l'entreprise de christianisation des
bantous »126(*).
C'est pourtant, à des distinctions près,
cettemême école occidentale qui constitue aujourd'hui encore, le
lieu de fierté de l'africain et le modèle
d'alphabétisation par excellence de la quasi-totalité de nos
sociétés africaines contemporaines. C'est dire donc que le type
d'éducation en Afrique, bien que sele proclamant, est en
déphasage et ne saurait se présenter comme un prototype de la
laïcité. Car elle ne promeut que les valeurs occidentales. Il faut
donc, pour pallier ou remédier aux effets corolaires d'un tel
système, l'adapter aux réalités d'une Afrique pluraliste.
À savoir, joindre aux anciens systèmes éducatifs, un type
nouveau d'éducation endogène qui prenne en compte à la
fois le mode de vie africain et celui des autres peuples avec qui l'on partage
l'humanité, que ceux-ci soient chrétiens, juifs, musulmans ou
tout autre.
C'est ici le lieu de formuler le voeu d'une
société africaine qui s'intègre à travers
l'uniformisation de son système éducatif. Cela s'avère si
nécessaire que la différence du type de formation du citoyen
changeant d'un territoire africain à un autre, désolidarisant
ainsi les peuples, doit être vue autrement pour le bonheur de l'espace
africain. L'éducation, si elle est revue et rendue effective en Afrique,
peut garantir la réalisation du mieux-être et du mieux-vivre qui
caractérise le politique humain. Elle constitue le point de
départ de toute considération de l'autre qui aboutit
inéluctablement sur une éthique de la discussion comme moyen de
résolution des différends en Afrique.
II. La palabre, de l'argument de la force à la force
des arguments
Qu'est-ce que la palabre ? S'agit-il d'un lieu ou d'une
pratique sociale ? En quoi pourrait-elle être utile dans le
règlementdes conflits en Afrique ? Constitue-elle une
stratégie de lutte contre le terrorisme en Afrique ? Si cela est
évident, comment donc, à partir dela palabre, les
sociétés africaines pourraient-elles s'accommoder avec la culture
de la paix ?
Selon Jean-Godefroy Bidima, « La palabre
présente l'originalité de combiner - le plus souvent avec le
bonheur - le code et le réseau. La palabre est une parole
« donnée à », « adressée
à »127(*).En tant que code et réseau, elle est le lieu
de donation et de mise en scène de la parole visant à
acquérir la vérité sur un fait, pour en juger, punir ou
dédommager. C'est le lieu de règlement des conflits de tout
genre et de tout ordre. En tant que « mise en scène, mise en
ordre et mise en paroles »128(*), elle est non seulement un échange de paroles
mais aussi un drame social, une procédure et des interactions
humaines »129(*). C'est dire que la palabre établit un lien
d'appartenance commune à une valeur : celle de l'échange, de
la discussion franche et sincère. Comme telle, elle désigne un
lieu où s'affrontent les particularismes, « le même et
l'autre » avec pour but ultime, de favoriser l'harmonie sociale et le
vivre-ensemble.
Somme toute, il appert que dans le cadre de la lutte contre le
terrorisme en Afrique, une juridiction ludique, théâtrale et
rhétorique, peut constituer le point de départ dans
l'acheminement vers la stabilité. Ainsi, peut-on en déduire, que
« l'acheminement vers la parole »130(*), à travers la
palabre, peut paraitre « l'acheminement vers la
paix perpétuelle »131(*). La parole apparait pour ainsi dire, comme le point
de départ d'un cadre juridique africain dans la gestion des conflits et
comme l'une des grilles de lecture de la situation politique en Afrique.
Qui plus est, la prison, en tant que lieu de
détention, de correction ou de privation de liberté, sous sa
forme la plus commune, n'est pas populaire dans la société
africaine traditionnelle. À la différence de la prison
occidentale, la palabre constitue pour l'africain le lieu de règlement,
d'avertissement ou d'emprisonnement de l'individu ou des individus ;
emprisonnement compris dans le sens de la sanction ou de l'amende
infligée au fautif pour réparation des
dégâtscausés. Comment alors, de fait, de la discussion
inter-communautés, ne pas parvenir à solutionner le terrorisme en
Afrique en tant que fait majeur suscité par un défaut de langage
africain à solutionner les différends ?
Dans une logique habermassienne, la palabre ou la discussion
est une garantie pour le maintien de l'harmonie sociale. Cependant,
l'éthique de la discussion nécessite un cadre d'échange
fondé sur des normes morales et qui valorise les individus dans leurs
particularités. Dans un tel cadre, la dignité de chaque acteurse
doit d'être instaurée. Ainsi, les morales qui accompagnent
l'éthique de la discussion permettent non seulement de faire
valoir l'inviolabilité des individus en exigeant
l'égal respect de la dignité de tout un chacun ; mais elles
protègent dans la même mesure les rapports intersubjectifs de
reconnaissance réciproque par lesquels les individus se maintiennent
comme membres d'une communauté. A ces deux principes
complémentaires ; correspondent les principes de justice et de
solidarité132(*).
Il apparait clairement que l'éthique de la discussion
qui fait de la morale son fondement veille à la non-violation de
l'individu, préserve l'intégrité morale de celui-ci et en
appelle à la solidarité entre les individus. Il va donc s'en
dire,si le terrorisme en Afrique s'explique par un défaut de langage
entre africains, que ce langage n'est pas fondé sur des normes
éthiques et ne vise nullement à « garantir une
formation de la volonté telle queles intérêts de tout un
chacun puissent être mis en évidence sans que soit
déchiré le tissu social qui lie objectivement chacun à
tous »133(*).
De là, on peut supposer que les imbroglios et les
crises de la reconnaissance qui conduisent au terrorisme peuvent se solutionner
à partir de la procédure de la formation discursive de la
volonté qui prend en compte les rapports internes entre d'une part,
« l'autonomie d'individus insubstituables » et d'autre part
« leur enchâssement dans des formes de vie intersubjectivement
partagées »134(*).L'éthique de la discussion telle que
perçue avec Habermas vise à n'en point douter, « une
communauté de communication idéale en vue de la vie bonne
»135(*).
Cependant, une telle communauté de communication
idéale en vue d'une vie agréable ne nécessite-t-elle pas
un espace de vie-commune, harmonieuxet pacifié ?
CHAPITRE 2: VERS UNE AFRIQUE UNIFIÉE ET
PACIFIÉE
Comment vivre et comment bien vivre (?) est une
préoccupation au coeur du politique humain. L'aspiration de l'homme
à un climat de paix est la manifestation palpable de ce sentiment de
bien vivre. Comment alors pouvoir réaliser l'idéal du bien-vivre
si ce n'est qu'au prix d'une volonté partagée de paix. Comment
s'accommoder avec les fondamentaux de paix et échapper aux violences
terroristes qui mettent à rude épreuve, les
sociétés africaines déjà si mal
parties si l'on se réfère au titre de
l'ouvrage136(*)
de René Dumont ? On peut, par anticipation, miser sur
l'intégration et sur une éthique de la diversité pour
garantir tant soit peu, un mieux-être. Car, le signale Fié Doh
Ludovic,
Chacun des pays africains étant limité dans
sa capacité à réaliser la paix, la stabilité, le
développement durable et l'amélioration du niveau de vie de
ses populations, l'intégration semble l'une des voies
indiquées pouvant conduire à l'apaisement des tensions et
à la réduction des effets induits de la
guerre137(*).
Si tant est qu'aucun pays en Afrique ne peut se suffire
à lui tout seul, ne vaut-il pas mieux pour ces pays d'aller à
l'intégration ? Maisen quoi ces indicatifs constituent-ils des
stratégies dans la lutte contre les violences terroristes en
Afrique ?
I. D'une politique d'intégration africaine efficiente
à la paix régionale
Les pays africains encouragent et devaient davantage
encourager l'immigration. Il est prouvé, l'immigration constitue une
force pour les États. Cependant, dans ce tournant de la montée en
puissance de mouvements terroristes qui met en branle les principes du
vivre-ensemble en société, l'hospitalité des peuples
africains mérite d'être redéfinie en termes de
stratégie de lutte contre le terrorisme. Car, en effet, si pour
l'observateur le simple port du voile par des collégiennes
musulmanes en France a pu déclencher un débat national qui
exprime la percée de mouvements islamistes au sein de la jeune
génération d'enfants d'immigrés, que reste à
espérer d'une Afrique à
frontières perpétuellement ouvertes ?Le chaos
assurément ! Et cela parce que le pluriel des
sociétés, s'agissant du terrorisme bien entendu, s'accommode d'un
terrorisme au singulier.
C'est dire en cela que l'immigration est un facteur favorable
à l'expansion de la révolution islamiste. Reconnaitre cela, c'est
donc dire, par rapprochement, que le flux d'occidentaux vers l'Afrique, le taux
d'immigrés des pays mondialement reconnus pour leurs implications dans
ce système de rapport de forces ne met pas nos États à
l'abri d'un éventuel terrorisme. Cela s'observe d'ailleurs.
L'immigration stipule une ouverture aux autres en vue du bonheur de tous. Mais
l'immigration, a beau être un avantage pour nos États, peut, si
elle ne s'accommode pas avec une éthique, conduire au chaos.
La défense des intérêts particuliers n'est
nullement favorable au pluralisme. L'objectif du pluralisme est de rapprocher
les particularités autour des référentiels du
collectivisme. On ne peut pas vivre dans une société close. D'un
tel point de vue, peut-on penser que l'intégration suppose-t-elle la
négation des particularités ou la suppression de la
compétitivité entre nations ? Absolument pas ! Elle est
favorable aux particularités, à la compétitivité
certes, mais s'oppose à l'exclusion. Elle mise sur la valorisation du
savoir-faire, du savoir-être collectif. Elle suppose le vivre-ensemble
basé sur un minimum de droits, sur un minimum de solidarité et de
tolérance.
D'un tel avis, l'Afrique doit s'unir pour lutter efficacement
contre le terrorisme. Elle doit unir ses particularités, ses forces et
ses convictions, les intégrer. Cette union ou unité africaine
implique avant tout, l'octroi de pouvoirs aux instances internationales
(surtout dans les prises de décisions) marqué par une
rectification du sens accordé à la souveraineté de nos
États. Ce qui, au-delà de tout cadre de
compétitivité, encouragerait une citoyenneté africaine qui
entremêlera les actions individuelles de lutte contre les violences
sociales de tout ordre. De sorte, la convergence des aspirations à la
paix, dénotant d'un intérêt géopolitique commun,
d'une dynamique cosmopolitique, aboutit à l'avènement de
« la paix perpétuelle dont on ne peut se flatter de se
rapprocher continuellement »138(*). Cette paix
« perpétuelle » ne saurait cependant
s'acquérir que par la création de dispositif militaire sous
régional qui garantisse à chacun des territoires africains, une
infirme garantie de stabilité. Car, on peut le lire chez Rawls,
« la coopération sociale doit toujours viser un
bénéfice mutuel »139(*).
En fait, face au terrorisme en Afrique, les États ne
disposent que de faible moyen pis, quelques fois inapproprié. Ainsi, le
projet d'une quelconque réforme ou reconfiguration d'une
éventuelle armée panafricaine stipule, et on peut le lire dans
Philosophy in a time of terror140(*) que « Lorsqu'une telle communauté
aura été instituée, une violation des droits dans
n'importe quelle partie [...] sera perçue partout
ailleurs »141(*).Ce qui fait de l'intégration une exigence
pour la garde et la sauvegarde des sociétés africaines. C'est
d'ailleurs en ce communautarisme qu'on trouvera un des fondements de la paix
internationale selon Gandhi. Pour Gandhi, en effet, la solidarité, telle
qu'on l'aperçoit dans les familles, doit s'étendre à
l'humanité toute entière pour garantir une paix durable. Car,
telle dans une famille,
La cohésion des nations est faite de la
réciprocité d'égards qui existe entre citoyens. Un jour,
il faudra étendre à l'univers entier cette entente nationale, de
la même manière qu'on a su élargir aux dimensions de tout
un pays la solidarité qui a toujours caractérisé la
famille142(*).
Cela est possible parce que « l'humanité
est une ». Pour Gandhi donc, il faut rendre universelle
certaines expressions culturelles et sociales qui contribueraient au mieux au
renforcement d'une entente nationale ou internationale. Bâtie sur des
fondamentaux tels que le droit, la solidarité et la tolérance,
l'intégration est favorable à l'épanouissement des
particularités. Le droit qui accompagne l'intégration sociale en
constitue un médium approprié. Aller à
l'intégration en Afrique, pour nous, c'est avant tout, restant
soi-même, s'ouvrir à l'autre dans un souci de promotion des
valeurs juridiques et sociales. Au-delà, c'est de bâtir une
armée africaine forte et capable de mettre hors d'état de nuire,
les sociétés à la fois économiquement faibles et
militairement insignifiantes. L'intégration dans la lutte contre le
terrorisme et/ou contre toute autre sorte de violence, passe d'abord par la
promotion de la justice, de la solidarité et de la tolérance.
II. Vers une éthique de la diversité comme gage
de développement durable
L'éthique de la diversité est le lieu
d'expression ou de légitimation des différences entre individus
de différents bords. Elle fait allusion à l'homme dans ses
dimensions anthropologique et cosmopolite. En tant que citoyen du monde,
l'éthique de la diversité fera comprendre à l'homme
« qu'il est la source des problèmes qui le tourmentent mais
qu'il est aussi la solution »143(*) à son problème. C'est donc faire appel
à l'homme en tant qu'être libre de ses agis et de ses croyances,
à situer sa responsabilité dans ce qui lui arrive et le mettre
face à son devenir.
L'éthique de la diversité se présente,
pour le signifier autrement, comme une éthique de la cohabitation, du
vivre-ensemble. Puisque « le respect de la diversité des
cultures est un préalable nécessaire à la
compréhension et à la solidarité entre les
peuples »144(*).
Cependant, l'éthique de la diversité
implique-t-elle nécessairement le développement ? En quoi
serait-elle efficace dans la lutte contre le terrorisme en Afrique ?
Il est évident qu'en Afrique, le terrorisme, dans son
rapport à la géopolitique, s'enracine dans les rivalités
politiques qui, elles aussi, s'inscrivent dans une dynamique de dérives
identitaires. L'identité, elle-même, obéissant à des
normes, à des idéologies, on assiste dès lorsàdes
conflits entre règles ou morales particulières, toutes se croyant
originales. Dans une telle atmosphère, l'éthique de la
diversité se présente comme l'instance de régulation des
différends.
C'est pourquoi, soutient Samba Diakité,
l'Afrique doit changer en opérant une critique sans complaisance de sa
culture, en changeant ses institutions pour réaliser ses nouvelles
aspirations (...). Il faut, poursuit-il, désormais, que survienne une
transformation profonde des structures de la vie culturelle, politique et
sociale145(*).
Cela implique la présence de personnes ayant la
capacité d'une réévaluation des modes de penser, des
manières de vivre et d'agir au sein d'une même sphère
géographique. Cela contribuera au mieux, à l'étouffement
ou à l'abolissement de ce que nous convenons d'appeler à la suite
de Samba Diakité, la « stagnation dans les cercles de
l'enfer »146(*). Puisque toute société est
amenée à évoluer, cette évolution ne doit laisser
en marge les normes préétablies. C'est justement à cela
que l'éthique de la diversité travaille. Elle stipule que
« Larecherche et la défense de la plénitude d'une
identité ne doivent guère mener à mépriser ou
à nier l'identité de l'autre. Revendiquer son identité ou
la valoriser, c'est reconnaitre en substance, sans le dire vraiment,
l'identité de l'autre et s'obliger à l'accepter comme
telle »147(*).
Autrement, l'éthique de la diversité, comme gage
d'une harmonie sociale qui garantisse la paix sociale, préconise un
cadre d'affirmation, de revalorisation des identités, sans heurt,
puisque, selon Diakité, toute culture désireuse de s'affirmer
admet l'idée de pluralisme culturel ou du moins, la sonde. La
reconnaissance de l'autre s'avère du coup un impératif dans la
constitution d'une société en quête de stabilité ou
en fuite de phénomènes tels le terrorisme. L'éthique de la
diversité implique du coup, celle du pluralisme culturel qui est au
fondement des crises ou guerres civiles en Afrique.
Or, comme nous l'avons indiqué en large dans les
paragraphes précédents, le terrorisme en Afrique, en tant que
faits politiques et idéologiques se nourrissant des imbroglios ou
désagrégations identitaires, peut se résoudre par cette
éthique de la diversité que nous décrivons le long de ce
passage. S'il est d'une évidence que le terrorisme en Afrique
résulte d'un déficit langagier à résoudre les
différends, la question reste alors de savoir si une éthique de
la diversité, si la gestion du problème lié aupluralisme
sont une condition suffisante pour le maintien de la paix et donc, du
développement tant attendu de l'Afrique. Sans détour, cela
apparait évident.
Car, les innombrables crises ou guerres en Afrique, qu'elles
soient d'origine identitaire, politique ou idéologique,
rétrogradent ces sociétés et transforment leurs luttes en
une quête de la survie ou d'autosuffisance alimentaire.S'il en est ainsi,
éthiciser les pratiques culturelles par, notamment, la promotion de la
diversité apparait comme une solution médiane (et non jamais
suffisante) à la restauration d'un nouvel ordre social basé sur
la représentativité, sur la solidarité entre
identités et sur la tolérance qui conduisent
inéluctablement à une paix sociale. Aussi, éthiciser,
c'est accepter de bâtir une société pluraliste
féconde en droit et qui favorise un cadre d'échanges consensuels.
Toutefois, il faut éviter d'avoir une
société pluraliste dépourvue de toute norme sociale. Car,
une telle société ressemble (rait) à une
société amorphe, hybride. Le pluralisme va donc avec la
sacralité, la normativité. Il s'agit de donner au pluralisme une
légitimation charismatique fondée sur des normes, sur des valeurs
africaines comme le règlement des conflits par la palabre,
l'éducation de base, les initiations, le respect scrupuleux de soi et de
l'autre, le respect de sa signature (orale ou écrite) ou de ses
engagements. Les différences culturelles deviennent, dès lors,
pour pasticher Samba Diakité, des réalités
indéniables qui, au lieu de nous diviser, nous rassemblent, dans
certains cas, nous évitent des conflits. Il nous importe alors
« de reconnaitre nos propres différences, notre
authenticité et notre originalité. [Mais au-delà], il
importe plus de reconnaitre celles de l'autre et de chercher à les
comprendre »148(*).
Dans une approche de diversité culturelle, de
pluralisme, « la différence doit devenir une valeur qui nous
particularise plutôt que de nous diviser. Elle nous permet de voir
l'originalité de l'autre à travers le prisme de notre
originalité. Cela entraine une ouverture envers l'autre »149(*). Il s'agit là de la
constitution ou de la codification de l'identité en termes
d'élément du post-nationalisme qui intègre
pluralité culturelle et cohésion sociale.
CONCLUSION
Le terrorisme en Afrique a-t-il effectivement un sens qui
lui confère sa légitimité ? Cela parait évident. Le
terrorisme apparait en Afrique comme une main invisible qui pousse les peuples
à des révoltes en vue d'une société
émancipée basée sur des principes de bonne gouvernance, de
déférence et de reconnaissance mutuelle. Comme tel, sa
légitimité relève de la volonté des citoyens
à vouloir instaurer un nouvel ordre social contre les normes anciennes
qui ne correspondent en rien aux exigences sociétales. On peut donc en
conclure qu'il y a terrorisme en Afrique parce que soit, le peuple dit rebelle
ou terroriste aspire à un meilleur traitement, une reconnaissance de la
part des gouvernants, soit pour revendiquer ou déplorer une situation
déshumanisante quelconque.
Quant aux contresens des révoltes, ils s'expliquent par
les récupérations de ces mouvements originairement
légitimablesvoire excusables par des hommes politiquesou religieux pour
en faire la baquette magique de la promotion de leurs idéaux.
Durant notre parcours, nous nous sommes attelé à
montrer les fondements et les enjeux (stratégiques,
politico-idéologiques) de la violence terroriste en Afrique. Notre
démarche argumentative visait à répondre à la
question de savoir si la violence terroriste est la conséquence de
stratégies de domination à partir des rivalités de
pouvoirs et de territoires sur l'espace africain. Dans la pratique, il en
ressortle résultat suivant : la question du terrorisme en Afrique
est à saisir au-delà du simple rapport entre citoyens d'un
même espace et entre États. Elle est fondamentalement basée
sur le jeu d'intérêts stratégique, économique ou
pétrolier, identitaire ou culturel, juridique et idéologique.
Le terrorisme relève d'enjeux identitaires dans la
mesure où la représentativité dans les
sociétés africaines est déficitaire. Il relève d'un
a priori identitaire qui se manifeste à partir de revendications
sociales sous la forme de rébellion armée, de révolte, ou
d'attentat suicide. Comme tel, le terrorisme apparait pour prétendre
rehausser l'humain en dignité et en liberté, la question
n'étant pas de savoir si le terroriste, dans son agi, répond aux
normes juridiques et conventionnelles. Cela relève de secret de
polichinelle. L'acteur terroriste réclame son identité ou la
recommande aux autres. C'est ici le lieu d'établir une
corrélation entre quête de l'authenticité et les violences
terroristes en Afrique. Qui plus est, la recherche de l'authenticité
conduit à la réification, à une crise de reconnaissance.
Cette chosification est une condition suffisante pour justifier les violences
terroristes en Afrique.
Aux côtés de l'aspect de la
représentativité, le terrorisme est motivé par des enjeux
stratégiques, politiques et idéologiques. En tant que facteur
politique, il vise soit la défense d'intérêts
égoïstes des multinationaux, soit le renouveau social. La
compétitivité entre États autour des retombées
pétrolières, frontalières, et la course aux armements
illustrentau mieux les rapports entre les nations. La dimension du renouveau
social qui alimente le terrorisme s'explique par deux aspects très
distincts : l'un visant la redynamisation de la gestion sociale et l'autre
visant la négation de la négation identitaire, autres aspects de
la guerre entre civilisations. On nommera cela la guerre entre la civilisation
arabo-musulmane basée sur des principes coraniques, sur les dits du
prophète et le mode de vie Occidental influencé par la religion
judéo-chrétienne. C'est la confrontation entre deux
modèles de civilisation : la démocratie occidentale qui
n'est rien d'autre que la « démocratie de l'argent, par
l'argent et pour l'argent jugée diabolique par le
« Coran » et terreur djihadiste jugée barbare par la
« Démocratie »150(*). Chacun justifie sa conduite en inculpant l'autre.
Il parait s'agit, selon Mohammed Hanif, d'un ultime
soubresaut de l'Islam face à la tentative américaine
d'instauration d'un nouvel ordre mondial. La particularité réside
dans le fait que les Américains agissent par tous les moyens
(légaux et illégaux, avouables et inavouables, directs et retors,
accords et compromissions,...) pour réaliser leur objectif et ce depuis
1945 (au moins !)151(*).
Dans ce climat de rivalités territoriales, de
négativité et d'affirmation, de rejet et de réification de
l'autre, il nous semble opportun de proposer des stratégies de lutte
contre le terrorisme dans un langage purement africain. Procéder ainsi,
c'est dire que les facteurs qui justifient les violences terroristes en Afrique
se résument en un défaut de langages africains à maintenir
l'harmonie sociale. Que faire ?
Pour nous, la lutte contre le terrorisme en Afrique passe par,
et nécessairementpar, une éducation de masse comme
préalable à toute stratégie. L'éducation apparait,
pour ainsi dire, comme l'épine dorsale de toute entreprise de maintien
de la paix. Elle est la condition d'une intégration africaine
efficiente. Cela dit, elle doit s'accompagner d'une éthique de la
diversité comme gage de développement durable. C'est donc
reconnaitre l'importance de la palabre ou de l'éthique de la discussion
dans l'acheminement vers l'émergence tant escomptée des pays
africains dans un climat de paix.
Le rapport du terrorisme à la géopolitique en
Afrique, tel que décrit le long de ce travail, justifie nos
hypothèses de recherche. À savoir que la violence terroriste a
des origines identitaires et des enjeux politiques et idéologiques. Nos
recherches ont démontré que la violence terroriste suppose une
crise de la reconnaissance et qu'elle répondàdes exigences
purement politiques et idéologiques.
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www.way-to-allah.com,
consulté le 01 août 2015 à 22 h 27.
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE
III
DÉDICACE
IV
REMERCIEMENTS
V
PROPOS LIMINAIRES
VI
INTRODUCTION
1
PREMIÈRE PARTIE : TERRORISME ET
REPRÉSENTATIVITÉ
7
CHAPITRE 1 :
DÉSAGRÉGATION IDENTITAIRE ET VIOLENCE TERRORISTE
EN AFRIQUE
9
I. De la crise de
la reconnaissance à la guerre entre identités
10
II. Des facteurs
socioculturels du terrorisme en Afrique
12
CHAPITRE 2 : CRISE DE
LA REPRÉSENTATIVITÉ ET NAISSANCE D'UNE TYPOLOGIE NOUVELLE DE LA
VIOLENCE EN AFRIQUE
17
I. De la crise de
représentativité aux violences terroristes
19
II.
Pluralité ethnique, un problème majeur en
Afrique
22
DEUXIÈME PARTIE :
STRATÉGIES GÉOPOLITIQUES ET ENJEUX DU TERRORISME EN AFRIQUE
25
CHAPITRE 1: TERRORISME ET
STRATÉGIES GÉOPOLITIQUES
27
I. Rivalités
politiques et émergence du terrorisme en Afrique
29
II. D'une
géopolitique néocolonialiste à la guerre
asymétrique
33
CHAPITRE 2 :
TERRORISME EN AFRIQUE : ENJEUX POLITIQUES ET IDÉOLOGIQUES
37
I. Des enjeux
politiques de la violence terroriste
43
1. La
compétitivité entre États, une aubaine d'expansion du
terrorisme
43
2. Du projet d'un
nouvel ordre social aux violences terroristes
45
II. Des enjeux du
terrorisme dans son versant idéologique
48
1. Du paradoxe de
l'islamisme à la prétention à une Afrique
islamisée
49
2. Terrorisme en
Afrique, une guerre de civilisations ?
55
TROISIÈME PARTIE :
STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE
59
CHAPITRE
1 : LUTTE CONTRE LE TERRORISME :
REGARDS CROISÉS
61
I.
L'éducation de la masse, un impératif
62
II. La palabre, de
l'argument de la force à la force des arguments
64
CHAPITRE 2: VERS UNE
AFRIQUE UNIFIÉE ET PACIFIÉE
68
I. D'une politique
d'intégration africaine efficiente à la paix
régionale
68
II. Vers une
éthique de la diversité comme gage de développement
durable
71
CONCLUSION
75
BIBLIOGRAPHIE
79
TABLE DES MATIÈRES
87
SUJET : TERRORISME ET
GÉOPOLITIQUE EN AFRIQUE : SENS ET
CONTRESENS
RÉSUMÉ :La violence
terroriste est-elle la conséquence de stratégies de domination ou
celle de rivalités expansionnistes de pouvoirs sur l'espace
africain ? Sans louvoiement, elle s'apparente aux deux aspects à la
fois. Cependant, la question du terrorisme en Afrique est à saisir
au-delà du simple rapport entre États. Naissant sous les cendres
de révoltes populaires tous azimuts, le terrorisme africain doit son
succès à deux aspects dont l'un est purement interne et l'autre,
interne et externe à la fois.
Le premier aspect - induit par le mépris identitaire,
la crise de la représentativité et par les
inégalités territoriales au sein d'un même espace
géographique - se veut un projet de reconstruction d'une
société nouvelle, bâtie sur la base de la reconnaissance
mutuelle et de la redistribution équitable des ressources du pays.
Le second aspect, celui des relations internationales,
constitue le fil conducteur de la violence terroriste en Afrique. Comment ne
pas comprendre cela lorsque la compétitivité entre les nations
est l'ultime unité de mesure du développement avec ses
enjeux économiques, politiques et idéologiques ?
MOTS-CLÉS : Terrorisme,
géoterrorisme, stratégie géopolitique, rivalités
territoriales, crise de la reconnaissance, radicalisme, éthique
communicationnelle.
TOPIC: TERRORISM AND
GEOPOLITICS IN AFRICA: SENSE AND MISINTERPRETATION
ABSTRACT: Is terrorist violence the
consequence of strategies of domination or that of expansionist rivalries
powers in African? With no doubt, it is similar to both aspects. However, the
issue of terrorism in Africa is to grasp beyond the mere relationship between
States. From the ashes of all-out popular revolts, African terrorism owes its
expansion to two aspects; one being purely internal and the other both internal
and external.
The first aspect is developed through the scorn identity, the
crisis of representation and territorial inequities within the same
geographical area. It is considered to be a reconstruction project of a new
society that is built upon the basis of mutual recognition and the rational
distribution of national resources.
The second aspect is that of international relations. It is
the leading factor of terrorist violence in Africa. How can we misunderstand
that though the competitiveness between nations is the main measuring unit of
development with its economic, political and ideological challenges?
KEYWORDS: Terrorism, geoterrorism,
geopolitical strategy, territorial rivalries, crisis recognition, radicalism,
communicative ethics.
* 1 Yves LACOSTE, La
géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre,
Paris, La Découverte, 1985, p.10.
* 2 Yves MICHAUD,
Violence et politique, Paris, Gallimard, 1987, p.10.
* 3Emilie ROBERT,
« L'État de droit et la lutte contre le terrorisme dans
l'Union européenne : Mesures européennes de lutte contre le
terrorisme suite aux attentats du 11 septembre 2001 », Law.
Université du Droit et de la Santé - Lille II, 2012. French. <
NNT : 2012LIL20001>, < tel-00730914>, Thèse d'État,
p.36.
* 4 André Liboire
TSALA MBANI, Biotechnologies et Nature Humaine, Vers un terrorisme
ontologique, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 11.
* 5 F. FUKUYAMA, La fin
de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique,
Paris, La table Ronde, 2002, p. 15. Cité par André TSALA
MBANI, op.cit, p. 13.
* 6 Jacques SEMELIN,
Purifier et détruire, Usage politique des massacres et
génocides, Paris, Seuil, 2012, quatrième de couverture.
* 7Cette expression
désigne selon Thomas Hobbes, le monstre symbolisant la force, le
pouvoir, le mal. Son ouvrage le Léviathan est rendu
célèbre pour avoir montré les origines du despotisme dans
la disposition naturelle de l'homme à être « un loup
pour l'homme ». S'opposant à la monarchie de droit
divin », Hobbes fait reposer l'absolutisme sur un contrat par lequel
les individus confèrent tous leurs droits à un seul souverain.
* 8 Michael WALZER,
Guerres justes et injustes, Paris, Gallimard, 2006, p. 362.
* 9 Gérard DUROZOI et
André ROUSSEL, Dictionnaire de Philosophie, Paris, Nathan,
2009, p. 367.
* 10 Ici, les langages
africains représentent la palabre. Dans les sociétés
traditionnelles africaines encore, le mode de résolution des
différents reste l'arbre à palabre. Une sorte de juridiction
structurée autour de la chefferie, de la doyenneté et du conseil
des sages.
* 11 Jacques DERRIDA et
Jürgen HABERMAS, Le « concept » du 11 septembre,
Dialogue à New-York (octobre-décembre 2001) avec Giovanna
Barradori, Paris, Galilée, 2004, p. 82.
* 12 Jean Félix
YEKOKA,- "Violence politique et terrorisme au Congo Brazzaville entre 1959
et 2002" article, in « Terrorisme et piraterie : De
nouveaux enjeux sécuritaire en Afrique Centrale », Presses
Universitaires d'Afrique, Yaoundé - Cameroun, consulté le
24/02/2015 à 11h13mn.
* 13 Samba DIAKITÉ,-
Politiques africaines et identité, des liaisons dangereuses,
Québec, Différence Pérenne, 2014, p. 31.
* 14 Samba DIAKITÉ,-
"Yacouba Konaté et l'Afrique : la cure de soi ou
l'éternel retour du kilikan-sosso" in Autour de l'oeuvre de
Yacouba Konaté, Abidjan, Balafons, 2011, p. 57.
* 15 Jacques DERRIDA et
Jürgen HABERMAS, op. cit, p. 11.
* 16 Mohammed HANIF, Le
journal d'un moudjahid de l'Etat Islamique, (Penser le radicalisme dans le
monde actuel), Québec, Différence Pérenne, 2015, p.
29.
* 17Idem, p. 30.
* 18 Michael WALZER,
op.cit.,Paris, Gallimard, 2006,p. 36.
* 19 Michel SERRES, La
guerre mondiale, Paris, Poche-Le Pommier, 2011, p.89.
* 20 Axel HONNETH, La
réification, Petit traité de Théorie critique, Paris,
Gallimard, 2007, p. 80.
* 21 Samba DIAKITÉ,
"L'autre et sa langue : la langue du refus", article, paru dans
« Rubrique Politique », 28 janvier 2007, http// :
www.contrepointphilosophique.ch,
consulté le 03 mars 2014 à 8 h 21 GMT.
* 22 Axel HONNETH, La
lutte pour la reconnaissance, Trad. Pierre Rusch, Paris, Les
éditions du CERF, 2000, p. 154.
* 23Idem, p. 157.
* 24 Notamment occidentale
et arabo-musulmane qui ont une forte influence sur le mode de vie des peuples
africains. Les énumérer, c'est donner le soupçon de leur
contribution à l'avènement des tensions qui conduisent au
terrorisme en Afrique.
* 25 Gilles KEPEL,
Jihad, Expansion et déclin de l'islamisme, Paris, Gallimard,
2003, p.27.
* 26Idem, p.28.
* 27 Frédéric
ENCEL, Horizons Géopolitiques, Paris, Seuil, 2009,
p.26.
* 28Sigmund FREUD et Albert
EINSTEIN, «Pourquoi la guerre ? » (1933), version numérique
par Vincent Magos, in http://www.squiggle.be/index.php, consulté
24/07/2013. Dans cette correspondance avec Albert Einstein, Sigmund Freud
parle, chez l'homme, d'instinct de mort comme étant ce qui le pousse
à la guerre.
* 29Idem, p. 27.
* 30 Jacques SEMELIN,
Purifier et détruire, Usage politique des massacres et
génocides, Paris, Édition du Seuil, 2012, p. 28.
* 31Chalmers JOHNSON,
Déséquilibre social et révolution, Paris,
Nouveaux Horizons, 1972, pp. 73-74.
* 32 Capitaine Thomas
SANKARA, « Message du président du Conseil National de la
Révolution, à la 39ème session de l'Assemblée
Générale de l'ONU », New-York, 4 octobre 1984,
in www.cabson.com consulté le 18 février 2012.
* 33 Frédéric
ENCEL, Horizons géopolitiques, Paris, Édition du Seuil,
2009, p. 65.
* 34 Jean FLEURY, La
France en guerre au Mali. Les combats d'AQMI et la révolte des Touaregs,
Abidjan, Frat Mat, 2014, p. 109.
* 35 Le groupe de
mots : guerre asymétrique, selon Clausewitz, pourrait
désigner une nouvelle forme de violence ne se soumettant à aucun
droit. On pourrait ajouter que ce qui distingue l'acte terroriste d'une guerre
ordinaire, c'est plus sa logistique, la diversité de ses acteurs, son
anarchisme que tout autre facteur. Cela pour la bonne raison que le terrorisme
est cette forme d'affrontement non règlementé, où les
adversaires ne partagent ni les mêmes armes, ni les mêmes terrains
d'affrontement encore moins la même stratégie. Du coup, les
stratèges les plus attitrées, les armes les plus puissantes
s'avèrent presqu'inutiles et vaines face à l'arme insignifiante
de l'acteur terroriste.
* 36Banque Mondiale,
Briser la spirale des conflits, guerre civile et politique de
développement, Traduit de l'américain par Monique Berry,
Paris, Nouveaux Horizons, op.cit., p. 79.
* 37 Frédéric
ENCEL, op.cit., p. 67.
* 38 Amadou HAMPATÉ
BÂ, Aspects de la civilisation africaine, Paris, Présence
africaine, 1972.
* 39Banque Mondiale,
op.cit., p. 79
* 40 Banque Mondiale,
Idem, p. 80.
* 41 Le
« moi » est à saisir ici comme l'identité
d'un ensemble, comme une appartenance sociale, ethnique culturelle ou
religieuse.
* 42Jean Yves CARFANTAN&
Charles CONDAMINES, Qui a peur du tiers monde ?, Paris, Seuil,
1980, p. 167.
* 43 Yves LACOSTE, La
géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre, op.
cit.,p. 11.
* 44Edward N. LUTTWAK,
Le paradoxe de la stratégie, Trad. Marc Saporta, Paris,
Éditions Odile Jacob, 1989,quatrième page de couverture.
* 45Idem, p.12.
* 46Ibidem, p.
308.
* 47Ibidem, p.
163.
* 48 Yves LACOSTE, De la
géopolitique aux paysages,Paris, Armand Colin, 2003, cité
par Christian BOUQUET, op.cit., p. 13.
* 49 Jean FLEURY, La
France en guerre au Mali, op. cit, p. 118.
* 50 Christian BOUQUET,
Géopolitique de la Côte d'Ivoire, Le désespoir de
Kourouma, 2è édition, Paris, Armand Colin, 2008, p. 9.
* 51 Yves LACOSTE, La
géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre,
op.cit.,p. 14.
* 52Spinoza,
Traité théologico-politique, Paris, Gallimard, 1965, p.
329.
* 53 Raymond ARON, Paix
et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 2004.
* 54 Michel SERRES,
op.cit, p.87.
* 55Idem, p.97.
* 56 Jürgen HABERMAS,
Après l'État-nation, Une nouvelle constellation politique,
Paris, Pluriel, 2013, p. 29.
* 57Idem, p.31.
* 58 ARISTOTE, La
politique, cité par Michael WALZER, op.cit, p. 363.
* 59 Michael WALZER,
op.cit, p. 363.
* 60Yves LACOSTE, La
géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre, op.
cit, p. 11. Initialement, la carte est un instrument de guerre. Elle est
destinée à la maitrise de territoires donnés, à
l'exploitation de ces territoires. La bonne maîtrise de l'espace garantie
une bonne posture pour les guérillas.
* 61Idem.
* 62 Faisant allusion
à l'individu du choix des occidentaux.
* 63 Sur tel ou tel espace
africain.
* 64 Philippe Moreau
DEFARGES, La géopolitique pour les nuls, Paris,
First-Gründ, 2012, p. 219.
* 65 Philippe Moreau
DEFARGES, op. cit., Paris, First-Gründ, 2012, p.p. 221-222.
* 66Idem, p.
222.
* 67 Frédéric
ENCEL, op.cit, p. 25.
* 68 Mohammed HANIF, op.
cit, p. 32.
* 69 Frédéric
ENCEL, op. cit,Paris, Seuil, 2009, p.26.
* 70Idem.
* 71 Michael WALZER, op.
cit, Paris, Gallimard, 2006, p. 20.
* 72 Jean FLEURY, La
France en guerre au Mali, Les combats d'AQMI et la révolte des Touareg,
op. cit., p. 98.
* 73 Mohammed HANIF, op.
cit., Québec, Différence Pérenne, 2015, p. 10.
* 74Idem.
* 75 Gilles KEPEL, op.
cit., Paris, Gallimard, 2003, p. 17.
* 76 Du fait que le
régime des Talibans ait accordé l'asile en Afghanistan à
celui qui, le premier, se félicitait de l'attentat du 11 septembre,
Oussama ben Laden. Aussi, aux dits de Gilles Kepel, «le Jihad afghan a
une importance cardinale dans l'évolution de la mouvance islamiste
à travers le monde. Il en devient la cause par excellence, à quoi
s'identifient tous les militants, modérés ou
radicaux. » p.26.
* 77 Gilles KEPEL, op.
cit., p. 17.
* 78 Les pays
sahéliens sont majoritairement islamisés en dépit de
l'admission de la laïcité de certains d'entre eux. L'on pourrait
alors les suspecter d'avoir succombés à l'appel à la
mobilisation autour des afghans pour contrer les offensives des
États-Unis et de leurs alliés « Alliance du
Nord » fait par « commandeur des croyants » de
« l'Émirat islamique d'Afghanistan » le mollah
Mohammed Omar.
* 79 Gilles KEPEL,
Op.cit,Paris, Gallimard, 2003, p.18.
* 80Idem.
* 81Ibidem.
* 82 Jean-Luc PORQUET,
Jacques Ellul, L'homme qui avait (presque) tout prévu, Paris,
Le cherche-Midi, 2003, p. 143.
* 83 Michael WALZER, op.
cit, p. 173.
* 84Idem, p.
172.
* 85Ibidem.
* 86Michael WALZER,
op.cit.,Paris, Gallimard, 2006,p.364.
* 87Idem, p. 365.
* 88 Christian BOUQUET,
op.cit.,Paris, Armand Colin, p.13.
* 89 Samba DIAKITÉ,
Philosophie et contestation en Afrique. Quand la différence devient
un différend, op. cit.,p. 360.
* 90Kwame NKRUMAH, Le
néo-colonialisme, dernier stade de l'impérialisme, Paris,
Présence Africaine, 1973, p. 99.
* 91 Ce partenariat stipule
une politique de quota contre une protection armée entre les
États-Unis (puissantes armées) et l'Arabie-Saoudite (territoire
riche en pétrole) ; Faute de quoi, il est certain, ce pays,
à l'instar de bien d'autres pays arabes producteurs de pétrole,
ne connaitra point la paix. Est-ce donc dire que les États puissamment
armés sont favorables ou conditionnent le terrorisme ? Nous ne
saurons le trancher.
* 92Jacques DERRIDA et
Jürgen HABERMAS, op.cit., Paris, Galilée, 2004, p. 28.
* 93Frédéric
ENCEL, op.cit., Paris, Seuil, 2009,p. 25.
* 94 Jacques SEMELIN,
op.cit., p. 33.
* 95 Inspiré d'une
chanson de Tiken Jah Fakoly et un sentiment de ras-le-bol
général, suite au projet de loi sénégalais, aux
délestages, aux coupures électriques incessantes, que des jeunes
adoptent ce slogan en fin février 2011, sous la houlette de jeunes
rappeurs de Keur Gui (Thiat et MalalTall) et de journaliste (Cheikh Fadel
Barro), comme signe de ralliement et de contestation du despotisme de Abdoulaye
Wade, par ailleurs président du Sénégal. http://
m.slateafrica.com/5137 pour en savoir plus. Le mouvement prend de l'ampleur en
Afrique surtout que l'espace africain est sous domination de régimes
despotiques. Les partisans de ce mouvement le considèrent comme
« les sentinelles de la démocratie » en
Afrique.
* 96 Le monde arabo-musulman
a connu en 2011, un mouvement de révolte sans précédent.
S'opposant aux modalités de gouvernements autoritaires auxquelles elles
sont soumises depuis des décennies, le printemps arabe part de la
Tunisie vers l'Égypte puis atteint plusieurs pays du Maghreb et du
Moyen-Orient.
* 97 Reconnu comme l'un des
sept pays (Cuba, l'Iran, L'Irak, la Lybie, la Coré du Nord, le Soudan la
Syrie) qui soutiennent le terrorisme dans le monde selon Bruce Hoffman dans
La mécanique terroriste, Paris, Nouveaux Horizons, 2002, p.237.
* 98Atmane TAZAGHART,
AQMI, Enquête sur les héritiers de Ben Laden,
préface de Roland Jacquard, Abidjan, FRAT MAT, 2011, p. IV.
* 99 Didier JULIA,
Dictionnaire de la philosophie, Madrid, Larousse, 2011, p. 44.
* 100 Mohammed HANIF,
Journal d'un Moudjahid de l'État Islamique, Penser le radicalisme
dans le monde actuel, Québec, Différence pérenne,
2015, p. 10. Telle que décrite dans cet ouvrage, il s'agit pour la Oumma
musulmane, le monde musulman, de se repositionner dans un monde sous forte
influence des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, qui tendent à
bouleverser l'ordre de toutes les autres sociétés vers la
démocratie. « L'Islam doit réagir aux
extrémismes vécus quotidiennement de par le monde »,
conclura Hanif.
* 101 Jacques DERRIDA et
Jürgen HABERMAS, op. cit., p. 38.
* 102 Mohammed HANIF,
op.cit., p. 11. L'Islam signifie littéralement soumission.
* 103 La réponse de
Kant à la question : Qu'est-ce que les Lumières ?
* 104Jacques DERRIDA,
Jürgen HABERMAS, op.cit., Paris, Galilée, 2004,
pp.37-38.
* 105 Mohammad HANIF,
op.cit., p. 11.
* 106 La calmatchaada, la
profession de foi musulmane. Elle est la « clé »
d'entrer dans la religion musulmane, celle du paradis. Cependant, son
mérité ne réside pas dans sa prononciation sinon dans la
foi qui accompagne ce geste. Selon les écrits coraniques, quiconque
prononce la calmatchaada « La illahaillalaMuhamad
rasulula » comme son dernier témoignage, est éligible
pour le Paradis.
* 107 Allah est Grand.
* 108 Avion. En arabe (T),
initiale, selon toute vraisemblance, de « ta'ira »
selon Gilles KEPEL.
* 109 Gilles KEPEL, op.
cit., Paris, Gallimard, 2003, pp. 719-720.
* 110 Comment comprendre
cela si selon Mohammed HANIF dans son Journal d'un Moudjahid de
l'État Islamique, « l'Islam émane du même
Dieu que celui décrit par le Torah et la Bible » ?
* 111 Giles KEPEL,
op.cit., p. 720.
* 112 Eulogie du
Prophète Mahomet
* 113 Qu'il s'agisse du
Dieu chrétien ou musulman.
* 114 Lois, commandements
islamiques qui régissent la vie religieuse, politique et sociale dans
certains États musulmans.
* 115 Jean FLEURY, La
France en guerre au Mali, Les combats d'AQMI et la révolte des
Touareg, op.cit., p.99.
* 116 Selon les mots
d'Atmane TAZAGHART dans, AQMI, Enquête sur les héritiers de
Ben Laden au Maghreb et en Europe, op.cit.
* 117 Essai de Traduction
du Coran avec la Translittération phonétique en caractère
latins, Traduit et revu par Ahmad Harakat, Marseille - France, Dar El-Fikr,
Sourate 109, « Les infidèles »
Pré-hégirien, 6 versets.
* 118 Faisant allusion
à Hegel.
* 119 Gilles KEPEL, op.
cit., p. 18.
* 120Idem, p.19.
* 121 Gilles KEPEL,
op.cit.,Paris, Gallimard, 2003,p. 16.
* 122 Le Code Noir des
Colbert (mars 1685) - http://perso.wanadoo.fr/yekrik.yekrak/-, Art 2 et
suivant. Consulté le 12 décembre 2012 à 7 h 40 minutes
GMT.
* 123Zeinab ABDELAZIZ,
« Aperçus sur : l'Islam, le Qur'an, le jihâd, le
terrorisme », in http://www.way-to-allah.com, consulté
le01 août 2015 à 22 h 27 min.
* 124 France 24, Emission
télé « Le débat », sujet du
jour : "Terrorisme en France, L'islam radical dans le viseur",
diffusé le mercredi 01 juillet 2015 à 22h.http// :
m.france24.com/20150701-le-debat-terrorisme-isere-yassin-salhi-France-organisation-de-l-etat-islamique-hebdo-hyper-casher-partie1.
* 125 Joseph KI-ZERBO,
Éduquer ou périr, Édité par UNICEF, Paris,
Harmattan, 1990, p. 65.
* 126 Samba DIAKITÉ,
Philosophie et contestation en Afrique, Quand la différence devient
un différend, Bouaké, IRDA, 2014, p. 204.
* 127 Jean-Godefroy BIDIMA,
La palabre, Une juridiction de la parole, Paris, Michalon, 1997, p.p.
9-10.
* 128Idem,
p.11.
* 129Ibidem, p.
11.
* 130 Martin HEIDEGGER,
Acheminement vers la parole, Paris, Gallimard, 1976.
* 131Emmanuel KANT,
Vers la paix perpétuelle, Essais philosophiques, trad. J.
Darbellay, Paris, PUF, 1974.
* 132 Jürgen HABERMAS,
De l'éthique de la discussion, Trad. Mark HUNYADI, Paris,
Flammarion, 2013, pp. 20-21.
* 133Idem, p. 22.
* 134Ibidem, p.
23.
* 135 Jürgen HABERMAS,
De l'éthique de la discussion,op.cit.., p. 23.
* 136 René DUMONT,
L'Afrique noire est mal partie, Paris, Éditions du Seuil, 1969.
* 137 Ludovic Doh
FIÉ, "De l'intégration africaine : contribution à
la prévention et à la gestion des conflits", in
« Notre Afrique. Revue ivoirienne de l'intégration
africaine », N°001, premier trimestre 2009, p. 20.
Consulté le 02 juillet 2015 à 02h 06minutes.
* 138 Emmanuel KANT,
Vers la paix perpétuelle, Essais philosophiques, trad. J.
Darbellay, Paris, PUF, 1974, p. 111.
* 139 John RAWLS,
« Les libertés de base et leur priorité » in
André BERTIN, DA SILVEIRA, Pablo et POURTOIS, Hervé (eds.)
Libéraux communautariens, Paris, PUF, 1997, p. 181.
* 140 Titre original de
Le « concept » du 11 septembre, Derrida et
Habermas, Op.cit.
* 141 Jacques DERRIDA,
Jürgen HABERMAS, Op.cit., p. 15.
* 142 GANDHI, Tous les
hommes sont frères, Vie et pensées du Mahâtmâ Gandhi
d'après ses oeuvres, Paris, Gallimard, 1969, pp. 203-204.
* 143 Samba DIAKITÉ,
Politiques africaines et identités, Des liaisons dangereuses,
op.cit. p. 103.
* 144 Guy
Adjété KOUASSIGNAN, Afrique : révolution ou
diversité des possibles, Paris, l'Harmattan, 1985, p.5.
* 145 Samba DIAKITÉ,
Identités et reconnaissance, l'Afrique en sursis,
Québec, Différence Pérenne, 2014, pp. 45-46.
* 146Idem,
4ème de couverture.
* 147 Samba DIAKITÉ,
Identités et reconnaissance, l'Afrique en sursis, op. cit., p.
48.
* 148 Samba DIAKITÉ,
Politiques africaines et identités, Des liaisons dangereuses,
op.cit., p. 109.
* 149Idem.
* 150 Mohammed HANIF,
op. cit., Québec, Différence Pérenne, 2015, p.
21.
* 151Idem, p.
10.
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