MEMOIRE
En vue de l'obtention du diplôme Programme Grande Ecole
de
KEDGE Business School
CYCLE MASTER 2011 - 2015 PARCOURS DES
INDUSTRIES CREATIVES
LA CONSOMMATION EN AEROPORT
DANS QUELLES MESURES L'ENVIRONNEMENT
AEROPORTUAIRE AFFECTE--T--IL LE
COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR?
MEMOIRE ACADEMIQUE PAR: Elodie HANOUN
Sous la direction de Mme Maud DERBAIX
FEVRIER 2016
2
REMERCIEMENTS
La rédaction de ce mémoire m'a permis d'explorer
toutes les ressources de mon réseau personnel et professionnel. Il est
donc indispensable pour moi de remercier toutes les personnes qui m'ont permis
d'avancer et d'aboutir mon travail.
Tout d'abord, je souhaite remercier ma directrice de
mémoire Maud Derbaix pour sa disponibilité et ses conseils durant
mon travail sur ce mémoire. Son aide m'a été
précieuse pour me permettre de trouver la bonne orientation dans mon
travail et apporter de la rigueur à mon étude.
Je tenais ensuite à remercier ma famille pour le
soutien qu'elle m'a apporté tout au long de la rédaction de mon
mémoire.
Aussi, je remercie tout particulièrement mes amis de
KEDGE Bordeaux et mon ami Bruxellois pour leur aide, leurs conseils et leurs
relectures de mes avancées. Leur expérience m'a grandement servie
dans ce travail de longue haleine.
Ensuite, je souhaiterais remercier mon ancienne collègue,
désormais amie, de Lagardère Services Travel Retail pour toutes
les informations précieuses qu'elle a pu me donner. Enfin, je remercie
mon amie de longue date travaillant aujourd'hui à l'Insee, qui m'a
permis d'apporter une rigueur statistique à mon mémoire et m'a
aidée à traverser l'étape de mon mémoire qui a
été la plus difficile pour moi.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE 7
I. L'aéroport et la distribution
aéroportuaire 8
1) L'aéroport 8
a. Définition ..8
b. Conception de l'espace 8
c. L'activité économique .9
2) La distribution aéroportuaire : état des lieux.
.10
a. Définition 10
b. Evolution du travel retail 10
c. Le marché mondial de la distribution
aéroportuaire .. 14
II. Evolution de la théorie du comportement du
consommateur 16
1) La théorie du consommateur par les Néoclassiques
et sa remise en causeÉ 17
2) Les influences du comportement du consommateur dans le domaine
du
marketing 19
a. Les facteurs culturels ..19
b. Les facteurs sociaux 20
c. Les facteurs personnels 20
d. Les facteurs psychologiques 21
3) Les comportements de fréquentation des points de vente
22
a. Les mobiles de fréquentation des points de vente
..22
b. Les scenarios de fréquentation des points de vente
24
4) Le rôle de l'environnement sur le comportement du
consommateur 26
a. L'atmosphère du point de vente 26
b. Le facteur temps 28
III. L'impact de l'environnement aéroportuaire sur
le consommateur ..30
1) Les caractéristiques du shopping en aéroport
..30
2) Les motivations du shopping aéroportuaire .30
3) L'influence de la contrainte du temps ..33
4) La « travel stress curve » et « l'happy hour
» ..34
5) Les achats d'impulsions 35
6) La typologie des shoppers en aéroport .36
7) L'influence des nationalités sur la consommation 37
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE ET DES
HYPOTHESES DE RECHERCHE 39
I. Justification du choix de la problématique
..40
1) Justification d'un point de vue managérial .40
2) Justification d'un point de vue théorique 41
II. Justification du choix des hypothèses de
recherche 41
1) 1ère hypothèse de recherche ..42
2) 2ème hypothèse de recherche .42
3) 3ème hypothèse de recherche .42
4) 4ème hypothèse de recherche .43
4
CHAPITRE 3 : ETUDE EMPIRIQUE 44
I. Définition de l'étude empirique
45
1) Rappel de la problématique 45
2) Rappel des hypothèses .46
3) Choix de la méthode quantitative 46
4) Design de la recherche .47
II. Analyse des données . 49
1) Présentation du matériel récolté
49
2) Test des hypothèses établies 51
a. Hypothèse 1 : L'aéroport est un lieu de rupture
du quotidien pour le
voyageur. .51
b. Hypothèse 2 : En sale d'embarquement, l'excitation du
voyage
surpasse le stress ressenti par le voyageur. .52
c. Hypothèse 3 : Les achats en aéroport sont
majoritairement des achats
d'impulsion ..54
d. Hypothèse 4 : Les motivations principales de
fréquentation du point de
vente et d'achats sont récréatives. 55
i. Motivations d'achats 55
ii. Motivations de fréquentation 60
III. Discussion des résultats 63
1) Composition de l'échantillon 63
2) La perception de l'achat d'impulsion 64
3) L'ambiguïté du caractère
récréatif et du caractère utilitaire 65
IV. Validation des hypothèses de recherche
..66
1) Hypothèse 1: L'aéroport est un lieu de rupture
avec le quotidien pour le
voyageur 66
2) Hypothèse 2: En salle d'embarquement, l'excitation du
voyage surpasse le
stress ressenti par le voyageur. 66
3) Hypothèse 3: Les achats en aéroport sont
majoritairement des achats
d'impulsion. 66
4) Hypothèse 4: Les motivations principales de
fréquentation du point de vente et
d'achats sont récréatives 67
CONCLUSION 68
BIBLIOGRAPHIE 73
ANNEXES 81
5
INTRODUCTION
En 2007, Thompson disait : « la distribution
aéroportuaire a été révélée comme la
distribution de niche croissant le plus rapidement, ce qui laisse à
présager de belles perspectives pour les cinq prochaines années
».1
Cette prévision est aujourd'hui réelle. La
distribution aéroportuaire est la mise à disposition d'un produit
ou d'un service, en zone aéroportuaire accessible aux voyages et en zone
duty free. La distribution aéroportuaire est connue de tous et les
boutiques duty free sont aujourd'hui les vitrines des aéroports. Elle
représente aujourd'hui une grande partie des revenus commerciaux des
aéroports et en 2014, le travel retail était un marché de
plus de 60 milliards d'euros. Ce marché devrait continuer à
croître, notamment grâce aux flux de passagers en constante
augmentation. En effet, malgré les attentats de janvier à Paris,
Aéroport de Paris a enregistré un trafic record de 95,4 millions
de passagers, soit une hausse de 3%.2
Si le travel retail est aujourd'hui un marché
incontournable, autant pour les aéroports que les grandes marques de
cosmétiques notamment, son apparition est pourtant récente. En
effet, le travel retail apparaît en 1947 à l'aéroport de
Shannon en Irlande, où cette activité est anecdotique. Mais
grâce à la démocratisation du voyage en avion, la
distribution aéroportuaire est devenue incontournable. Ceux qui
étaient hier des aérogares sont devenus des aires de
divertissement et des centres commerciaux. Tout comme les galeries ou rues
commerçantes, les aéroports se sont adaptés aux nouveaux
comportements du consommateur.
En effet, nous sommes loin de l'ère de la consommation
utile et rapide. Il y a un siècle encore, l'homo oeconomicus
était le modèle utilisé afin d'appréhender le
comportement du consommateur. Celui-ci était décrit comme
rationnel : sa consommation répondait à un besoin précis.
Aujourd'hui, la consommation est porteuse de sens, d'expérience et de
divertissement et s'éloigne doucement du domaine du rationnel,
particulièrement dans les secteurs du luxe, de la culture et du
divertissement. Ainsi, la fréquentation du point de vente n'est plus un
facteur engageant la consommation. Un individu peut fréquenter une
boutique pour vivre une
1 Traduction libre : «Airport retailing has been
highlighted as one of the fastest growing niche retail markets,
2
http://www.challenges.fr/entreprise/20160113.AFP2842/aeroports-de-paris-trafic-record-en-2015-avec-95-4-millions-de-passagers-hausse-de-3.html
6
expérience, sans ressentir le besoin de consommer.
Pourtant, peut-on réellement assimiler le comportement
du client d'une galerie commerciale au comportement du voyageur en boutique
duty free ? Le contexte de consommation dans lequel se retrouve nos deux
individus est foncièrement différent. Le premier a
décidé de se rendre dans un lieu de consommation, quand le second
est contraint de passer du temps en zone d'embarquement. Le client de la
galerie de commerciale est maître de son temps, quand le voyageur en zone
d'embarquement est soumis à l'attente de son vol. Ainsi, il semble
évident que l'environnement dans lequel ces deux individus consomment
est totalement différent, et laisse à présager des
comportements différents.
Nous nous sommes ainsi demandé dans quelles mesures
l'environnement aéroportuaire affecte-t-il le comportement du
consommateur ?
Tout au long de ce mémoire, nous tenterons de
répondre à cette question. Notre premier chapitre sera
dédié à la revue de littérature (Chapitre I). Dans
cet état de l'art, une première partie sera consacrée
à l'étude de la distribution aéroportuaire (I), afin d'en
définir son évolution, ses caractéristiques, et ses
enjeux. Cette partie nous permettra donc d'établir l'environnement que
nous étudions.
La seconde partie de notre revue de littérature sera
consacrée à l'étude du comportement du consommateur (II).
Dans cette partie, nous étudierons l'évolution de ce champ
d'étude, afin de comprendre les tendances comportementales actuelles en
terme de consommation et de fréquentation des lieux de vente.
Le dernier volet de notre état de l'art sera
consacré à l'impact de l'environnement aéroportuaire sur
le comportement du consommateur (III). Nous définirons ainsi les
caractéristiques comportementales des voyageurs consommant en
aéroport, de leurs motivations à l'impact de l'environnement
aéroportuaire sur leur façon de consommer.
Cette revue de littérature nous permettra ainsi
d'émettre des hypothèses nous permettant de répondre
à notre problématique.
Ces hypothèses seront vérifiées par une
étude du terrain. Notre démarche d'étude étant
confirmatoire, nous avons opté pour une étude quantitative. Nous
avons donc interrogé un échantillon de voyageur sur leurs
habitudes de consommation et leur perception de l'aéroport. Ces
données quantitatives seront par la suite analysées
statistiquement puis discutées afin de confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses.
Nous pourrons ainsi conclure notre mémoire et
définir les limites de notre recherche.
7
CHAPITRE 1
REVUE DE LITTERATURE
8
I. L'aéroport et la distribution
aéroportuaire
1) L'aéroport
a. Définition
Selon l'encyclopédie en ligne Larousse 3,
l'aéroport est « l'installation destinée au trafic
aérien public, permettant la réception et l'envol des
aéronefs, assurant leur entretien, leur service et leur garage ainsi que
l'embarquement et le débarquement des passagers et des marchandises.
»
Mais plus récemment, selon Fretigny (2013),
l'aéroport est devenu un espace à part, « une bulle »
à part entière. On parle même « d'airport city »,
un microcosme où l'on trouve « tout sous un même toit ».
4 Ainsi si les activités les plus communément
trouvées dans les aéroports sont la vente de
spécialités locales, les duty free et les services de
restaurations, certains aéroport vont beaucoup plus loin et proposent
des casinos et des terrains de golf (Schipol aéroport), des
karaokés, des piscines et des salles de douches (Aéroport de
Singapour).
b. Conception de l'espace
L'architecture des aéroports est un point crucial de
son fonctionnement. Nous pourrions penser que l'architecture de
l'aéroport s'organise autour des avions, mais ce point n'est que
secondaire : elle s'organise autour des personnes. Selon Adey (2007),
l'aéroport est organisé autour de deux processus : le passage et
la stagnation. En effet, les voyageurs alternent entre passagers et
spectateurs, entre mouvement et attente. L'aéroport est destiné
à diriger dans un premier temps, puis dans un second temps maintenir les
personnes dans des espaces spécifiques.5 L'environnement
aéroportuaire est un espace expérientiel à part
entière, il se doit d'orienter le comportement des ses utilisateurs pour
des mesures de sécurité notamment. Le comportement étant
d'une certaine manière « uniformisé », cela permet de
détecter tout comportement « déviant », et donc
dangereux. Ainsi les files d'attente doivent être disciplinées,
les flux doivent être facilités, et pour une raison
économique la captivité doit
3
http://www.larousse.f/encyclopedie/divers/a%C%A9roport/18971
4FRETIGNY, Jean-Baptiste. La catégorie de
mobilité naturalisée par les lieux de passage: étude de la
publicitéa l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.Regards
Sociologiques, 2013, vol. 1, no 45-46, p. 47-69.
5 ADEY, Peter. May I have your attention':
airportgeographies of spectatorship, position, and (im) mobility.
Environment and Planning D, 2007, vol. 25, no 3, p. 515.
9
pousser à l'achat d'impulsion dans les commerces
aéroportuaires.6 Pour cela, l'architecture des
aéroports réduit le champ d'action de ses utilisateurs. Entre le
passage de la sécurité, des filtres, et l'embarquement, le
voyageur se retrouve captif dans la zone d'embarquement où peu d'options
lui sont offertes afin d'occuper son temps d'attente: la consommation de biens
et de services qui est aujourd'hui une des principales activités
économiques de l'aéroport ou l'observation. Ainsi, les
aéroports poussent à l'immobilité en utilisant la
dynamique de « spectacle ». En effet, Adey observe que les
aéroports ont de grandes fenêtres ouvertes sur le tarmac afin
d'assister aux décollages, et les boutiques sont très ouvertes
sur les zones d'embarquement afin d'observer le spectacle des consommateurs.
Enfin, les écrans d'informations sont des zones de rassemblement et
l'endormissement est évité par des sièges dont les formes
ne le permettent pas. Cet ensemble de mesures maximise les opportunités
de consommations mise en place au sein de la zone d'embarquement.
c. L'activité économique
L'aéroport est un système qui permet de fournir
différents services comme le mouvement des biens et des
personnes.7 En effet, historiquement, le modèle d'affaires
des aéroports se cantonnait principalement à l'exploitation
aéroportuaire, c'est à dire aux frais d'atterrissage et
d'aérogare. Ce sont ajoutés par la suite les taxes
aéroportuaires dues à la modernisation des infrastructures, et
ont ainsi représenté un fort pourcentage des revenus. Mais selon
le réseau Veille Tourisme, la pression des transporteurs low cost
imposée sur les aéroports a entrainé une forte baisse de
ces frais aéroportuaires.8Ainsi, selon Almeida (2011), le
concept de l'aéroport a évolué, passant d'un ensemble
d'infrastructures servant le transfert à une plateforme autour de
laquelle s'organisent différentes activités commerciales,
créatrice de développement économique. Les
aéroports sont en effet de gros producteurs de richesse :
Aéroport de Paris par exemple produit à lui seul 1,7% du PIB
Français et génère 2% de l'emploi en France.
9
Cette production de richesse a notamment pu exploser
grâce à la grande reconversion des aéroports en «
centres commerciaux », selon le réseau Veille Tourisme.
Par exemple, à Montréal la portion commerciale
de l'aéroport en 2004 était estimée à 32%
6CAMMOZZO, Alberto. Airports as an
encoding/decodingdevice: a semioticanalysis of a designedspaceAirports as an
encoding/decodingdevice: a semioticanalysis of a designedspace. In : A
Matter of Design. Making Society through Science and Technology. 2014.
7DE ALMEIDA, CláudiaRibeiro. The new
challenges of tourism airports-The case of Faro airport. Tourism &
Management Studies, 2012, no 7, p. 109-120.
8
http://veilletourisme.ca/2006/04/18/de-nouvelles-occasions-daffaires-dans-les-aeroports/
9 BERNARD Catherine « L'aéroport, bon pour
l'économie ? »
http://www.slate.fr/story/56759/aeroport-bon-pour-economie
10
(soit 5% de plus que ses revenus aéroportuaires), quand
la portion commerciale déclarée par la British Airport Authority
atteignait 65% ! Ces chiffres prouvent qu'aujourd'hui, la distribution est
indispensable aux revenus des aéroports.
2) La distribution aéroportuaire : état des
lieux.
a. Définition
La distribution aéroportuaire est la mise à
disposition d'un produit ou d'un service, en zone aéroportuaire (y
compris zone publique), accessible aux voyages et en zone duty free. Elle fait
partie du travel retail qui comprend aussi la vente de produits à bord
des avions, des bateaux ou ferries, des trains, et au sein des gares
ferroviaires et aérogares.
Cette distribution a la particularité de pouvoir tirer
avantage des zones duty-free, c'est à dire des zones exemptes de taxes
douanières. « Les boutiques duty-free » sont d'ailleurs
complètement rentrées dans notre vocabulaire afin de qualifier
les points de vente en zone d'embarquement en aéroport.
b. Evolution du travel retail
Le travel retail a été inventé en 1947
dans l'aéroport Irlandais de Shannon.10 Initialement, l'offre
comprenait principalement des cigarettes et des spiritueux, vendus
détaxés. Les parfums seront plus tard intégrés
à l'offre, et représenteront les premiers produits de luxe. Les
acheteurs étaient principalement des hommes, déculpabilisé
par la baisse des prix, et souhaitant acheter des cadeaux ou des souvenirs de
voyage. Puis l'offre s'est étoffée quand les plus grandes marques
comme l'Oréal ont vu une opportunité dans ce circuit, et ont
commencé à compléter l'offre standard par une offre
exclusive au travel retail.
La démocratisation du trafic aérien et le
développement du tourisme ont considérablement modifié le
comportement du consommateur : on assiste au passage de l'achat pour autrui
à l'achat pour soi. L'offre s'étoffe de plus en plus avec la
vente de produits de soin et de maquillage. En parallèle les
aéroports se font de plus en plus nombreux et de plus en plus modernes,
en intégrant des espaces de ventes, voir des galeries marchandes.
Cependant, la distribution aéroportuaire connaît
une fracture en 1999 suite à la fin du duty free intra-européen.
Le secteur va donc devoir se réinventer en réaménageant
des espaces de luxe. Ainsi, le travel retail s'éloigne de plus en plus
du simple effet prix et vise à proposer des
10
http://www.loreal.fr/media/beauty-in/beauty-in-luxe-in-china/le-travel-retail/du-duty-free-shop-d'o'regan-au-travel-retail-moderne
11
offres à valeur ajoutée. Le travel retail s'est
réinventé et a évolué, et les aéroports sont
devenus de vrais « malls de luxe ». A l'image des canaux de
distribution classiques, les aéroports offrent des espaces
d'expérience afin de répondre aux nouveaux désirs du
consommateur.
Par exemple, Aéroport de Paris s'est organisé
autour des nouvelles attentes de ses voyageurs, les revenus commerciaux
étant la 2ème source de revenus après les
redevances aéronautiques (252 millions d'euros en 2008, soit 10% du
chiffre d'affaires d'ADP). 11
Ainsi, l'architecture des terminaux est pensée autour
des espaces commerciaux, de la circulation des personnes, à l'ambiance
de la zone commerciale. L'entreprise met tout en oeuvre afin d'attirer les
clients dans ses boutiques. Les galeries marchandes se doivent d'être
chaleureuses et attirantes, et le shopping est facilité. Par exemple, de
petits chariots sont mis à disposition des voyageurs, qui sont souvent
encombrés, ce qui représente un frein à leurs
consommations. Enfin, les commerces répondent aux mêmes exigences
et aux même codes que les commerces de centre ville. Ainsi, un programme
d'animation est conduit toute l'année, selon l'actualité du
moment : Noël, Soldes, Saint-Valentin, qui sont des occasions de mettre en
avant des produits, créer des événements, et donner lieu
à des promotions.
Bien évidemment, cette tendance à la
valorisation des galeries marchandes en aéroport ne s'est pas
limitée à Paris, mais au monde entier.
Nouvel an Chinois
Aéroport de Sydney
Cette expérience de shopping en aéroport est
aussi possible grâce à l'intervention et l'implication des
marques. Au delà de l'intérêt financier, le travel retail
est une occasion de se
11Commerce aéroportuaire : les boutiques
d'Aéroports de Paris - Documentation Aéroport de Paris, 2009.
12
faire découvrir pour les marques de niche, de
s'affirmer et de présenter leurs nouveautés pour les plus grandes
marques, auprès d'une clientèle ciblée. En effet,
l'environnement aéroportuaire est une belle opportunité pour
permettre aux marques de se renouveler et de cibler de façon
précise une clientèle friande de shopping et de catégorie
socio professionnelle assez élevée (cf tableau ci-dessous).
Ainsi, selon les responsables d'Aéroport De Paris (ADP), les voyageurs
sont des « CSP+, hypermobile, à l'affût de nouveautés,
le passager aérien est un leader d'opinion ».12
Fig. 1 Les inégalités d'accès au
transport aérien : répartition des déplacements
aériens par groupe socio-professionnel en 2008 *Individus de 6 ans et
plus résidant en France métropolitaine. Source : Insee, ENTD et
RGP (2008).
Clémence Péret, ancienne assistante
département commercial chez Diptyque13, marque de parfumerie
de niche Parisienne, a eu pour principal projet d'implanter la marque dans les
terminaux d'Aéroport de Paris : « Afin de conquérir plus de
consommateurs, et surtout s'ouvrir à de nouveaux pays et les nouveaux
touristes de pays en développement comme le Brésil, l'Inde, et
plus globalement l'Amérique centrale, nous avions besoin d'une
implantation stratégique en aéroport. Paris étant la
première ville touristique au monde, et surtout la ville d'origine de
notre marque, nous avons décidé de nous implanter dans les
boutiques BuY PARIS DUTY FREE [ndlr : joint-venture entre Aéroport de
Paris et Aelia] avec la création d'un corner sur le Terminal 2F.
L'aéroport était la meilleure porte d'entrée
12FRETIGNY, Jean-Baptiste. La catégorie de
mobilité naturalisée par les lieux de passage: étude de la
publicitéa l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.Regards
Sociologiques, 2013, vol. 1, no 45-46, p. 47-69.
13http://www.diptyqueparis.fr/
13
pour faire connaître au plus grand nombre notre marque
de niche, tout en ciblant une clientèle aisée, ayant les moyens
de voyager. Cette implantation a été une réussite, nous
avons donc par la suite créé un poste de chef de marché
dédié aux zones aéroportuaires à travers le monde
pour développer ce marché stratégique. » 14
Corner Diptyque chez BuY PARIS DUTY FREE
Terminal 2F
d'Aéroport de Paris
Les plus grandes marques, en plus de leurs boutiques et de
leurs corners organisent des évènements et des animations afin de
se démarquer et présenter leurs nouveautés. L'Oréal
parle même de 6ème continent pour définir le
travel retail, qui est un marché stratégique pour la
conquête de nouveaux consommateurs. Sous la forme de pop-up stores
éphémères, ces animations attirent le consommateur et
évènementialisent la galerie commerciale. Il n'est d'ailleurs pas
rare aujourd'hui de retrouver dans la presse ces galeries,
considérées aujourd'hui comme des lieux où il faut faire
son shopping (cf. Annexe 1 : Article de Marie Claire «BUY PARIS DUTY FREE
: LE RENDEZ-VOUS DES EPICURIENS A L'AEROPORT CHARLES DE GAULLE » )
14Propos recueilli lors d'une interview
réalisée le 13/10/15
Pop Up Dior
Aéroport de Paris
Ainsi, le travel retail est une industrie qui s'est
littéralement métamorphosée en une soixantaine
d'années. Nous sommes aujourd'hui loin de la consommation utilitaire de
cigarettes et de spiritueux détaxés. Le travel retail est bien un
marché à part entière et surtout en pleine croissance.
c. Le marché mondial de la distribution
aéroportuaire
Le marché du travel retail ne cesse de croître et
reste un secteur d'avenir pour les plus grandes marques.
Ainsi, les ventes générées par les
activités de travel retail dans le monde atteignaient $450 millions en
1970 et $27 milliards en 2005. 15
14
15 15thACI Europe Airport Trading Conference
&Exhibition
15
Fig.2 Global Duty Free &Travel Retail Sales
Evolution
En 2014, le travel retail était un marché de
plus de 60 milliards d'euros, considéré comme un « gisement
de croissance ».16 Contrairement à ce que l'on pourrait
croire, cette croissance n'est pas seulement due au poids de la croissance des
flux aériens. En effet la croissance des ventes
générées par le travel retail est supérieure
à la croissance du flux de passagers. Aujourd'hui, le circuit est
indispensable pour le marché du luxe et de la beauté : le travel
retail représente 14% du marché mondial sélectif des
parfums et 10% pour les cosmétiques.
Si le succès de cette industrie est au rendez-vous,
c'est que les marques ont su comprendre et répondre aux attentes de ces
consommateurs si particuliers. Pour le voyageur, l'achat en duty-free shop est
l'occasion de réaliser des aubaines dans un espace agréable et
sophistiqué. De plus, nombreuses sont les marques à offrir des
produits exclusifs au travel retail afin de ne pas lasser le voyageur et lui
offrir une certaine position. Ainsi, on qualifie désormais
l'aéroport « d'ultime beauty store » pour les amateurs de
produits cosmétiques, qui peuvent se procurer certains produits
uniquement en duty free.17 Les premières marques à
avoir intégrer ces stratégies d'exclusivité en travel
retail ont été les parfums et cosmétiques, mais
désormais, les spiritueux et la gastronomie offre aussi des gammes
exclusives.
16
http://www.lsa-conso.fr/quand-le-travel-retail-prend-son-envol-tribune,202528
17
http://www.grazia.fr/beaute/make-up/articles/aeroport-l-ultime-beauty-store-672688
16
Exemples d'exclusivités duty free:
Le coffret «travel in style» d'Essie, le Chivas 12
YO, le coffret «Eighthour'
creamTravellers» d'Elizabeth Arden.
Avec autant de mobiles de fréquentation de point de
vente, (auxquelles s'ajoutent les raisons architecturales de
l'aéroport), il s'avère que plus de neuf passagers sur dix
entrent dans un duty free shop, notamment comme évoqué
précédemment grâce à l'architecture de
l'aéroport. Les aéroports comptant sur les ventes
générées par le travel retail, les boutiques duty free
sont de plus en plus prises en compte dans la conception des aéroports.
Ainsi, il n'est plus rare de trouver des boutiques dites « traversantes
» (« walkthrough »): les passagers sont obligés de passer
par les boutiques pour accéder à leurs portes d'embarquement.
L'aéroport doit en effet s'adapter aux nouvelles attentes du
consommateur et surtout, appréhender au mieux son comportement. Pour
cela, il faut que les gérants des aéroports comprennent le
consommateur dans un environnement classique (comme dans un centre commercial,
une rue commerçante...) dans un premier temps, puis prennent en compte
l'influence d'un environnement aussi singulier que l'environnement
aéroportuaire sur le comportement de celui-ci. Nous nous attacherons
donc à présenter l'évolution de la théorie du
comportement du consommateur dans un environnement classique, puis nous
étudierons les variables qu'imposent l'aéroport sur celui-ci.
II. Evolution de la théorie du comportement du
consommateur
Des prémices de l'étude économique,
à celle actuelle du marketing, le terme de consommateur a bien
évolué.
L'économie s'est d'abord efforcée de
rationnaliser de comportement de consommation des
17
individus, avec l'école néoclassique de Stanley
Jevons, Alfred Marshall et Léon Walras.18 Si cette vision a
été par la suite réévaluée et
nuancée, c'est le marketing qui aujourd'hui apporte
de réelles notions pyscho-sociologiques à ce
comportement.
Nous allons donc retracer l'évolution de l'étude
du consommateur, afin de poursuivre notre étude sur le cadre
théorique qui nous concerne.
1) La théorie du consommateur par les
Néoclassiques et sa remise en cause
Le terme de consommateur prend tout son sens avec la naissance
de la Microéconomie des néo-classique au XIXème
siècle. Par définition, la microéconomie «
analyse les comportements des individus ou des entreprises et leurs choix
dans le domaine de la production, de la consommation, de la fixation des prix
et des revenus19. ». Par opposition à la
macroéconomie qui étudie l'économie à travers les
grands agrégats tels que le revenu, l'investissement, le chômage;
la Microéconomie s'attache à l'individu et donc à notre
sujet : le consommateur.
Le Dictionnaire d'économie et de sciences sociales
définit ainsi la théorie du consommateur comme un «
ensemble d'analyse microéconomique qui permettent de
déterminer la demande d'un bien à partir du comportement
d'optimisation du consommateur, c'est à dire de maximisation de sa
satisfaction sous contrainte de revenu (équilibre du consommateur). Dans
le modèle standard néoclassique, le consommateur cherche un
maximum de satisfaction (d'utilité). [ÉJ20
». Les néoclassiques peignent ainsi le portrait d'un agent
calculateur, d'une rationalité irréprochable.
John Stuart Mill introduit donc le terme « d'Homo
oeconomicus », repris par Vilfredo Pareto (1906) pour définir ce
consommateur rationnel. Les décisions de l'homo oeconomicus sont
logiques et répondent à un but, agissant pour son
intérêt personnel. Ce modèle convient donc à
l'économie en tant que science dure et à son caractère
normatif, afin de modéliser le comportement du consommateur et le
prévoir.
Carl Menger (1840-1921) est le premier à critiquer
cette vision du consommateur, car l'agent est le seul à connaître
ses besoins et la limite de sa rationalité. Par la suite, John
Maynard
18 «La consommation: penseurs et
courants» Les Grands Dossiers des Sciences Humaines N°22 -
mars-avril-mail 2011
19Sous la direction de Claude-Danièle
Echaudemaison. Dictionnaire d'économie et de sciences sociales. Edition
Broché, 2009.
18
Keynes explique que l'individu ne peut connaître tous
les tenants et aboutissants de sa décision de consommation; alors que la
théorie de l'homo oeconomicus suppose que l'agent a toutes les
informations en main pour prendre sa décision. Enfin, Gary S.Becker
(prix Nobel 1992) contre la vision néoclassique par des variables
psycho-sociologiques, qui remettent alors en cause la stabilité des
préférences par l'individu. Selon Becker, les biens
dépassent la théorie de l'utilité car ils sont producteurs
de satisfaction.
Dans les années 1960, Gary Becker et Kevin Lancaster
introduisent la nouvelle théorie du consommateur, et remettent donc en
cause la notion d'utilité.21 Les biens apportent une
satisfaction et ont de différentes caractéristiques. Le bien
n'est pas acquis pour lui même. Ainsi, le panier de
caractéristiques de la voiture est : la vitesse, le design, le statut
social/le prestige, sécurité, la consommation... Cette vision
permet déjà d'introduire des satisfactions qui dépassent
l'utilité comme le prestige. Chaque caractéristique a plus ou
moins d'importance pour chaque consommateur, ce qui introduit la notion de
subjectivité.
Enfin, Becker ajoute à ce panier de
caractéristiques le temps et l'information.22 Ces deux
caractéristiques sont liées, car l'information demande du temps.
Et de manière générale, l'individu préfèrera
les produits qui font gagner du temps, et pour lesquels le délai
d'information sera le plus court. De même, l'économiste
américain Joseph Eugene Stiglitz, prix Nobel 2001, affirme que l'homo
oeconomicus est un raisonnement par l'absurde, car les individus sont
façonnés par la collectivité et influencés par des
variables remettant en cause sa rationalité.
Bien évidemment cette théorie est critiquée
par les courants psychologiques et sociologiques. En effet, la psychologie et
notamment le béhaviorisme 23 affirment l'impact de
l'environnement et des interactions des individus sur les comportements,
notamment de consommation. Les comportements de l'individu seraient ainsi des
réponses aux stimuli produits par l'environnement dans lequel il
évolue.
La consommation devient aussi une discipline sociologique.
Ainsi, Pierre Bourdieu dans La Distinction (1979) remet en cause les
hypothèses de rationalité par l'introduction de comportements
liés à l'environnement ou au passé. Il affirme aussi que
les comportements de consommation (et au delà, sa manière de
penser, son style de vie) d'un individu sont orientées par la classe
sociale dans laquelle il évolue (son « habitus », terme
popularisé en France par l'auteur).
21LANCASTER, Kelvin J. A new approach to consumer
theory. The journal of political economy, 1966, p. 132157.
22BECKER, Gary S. A Theory of the Allocation of Time.
The economic journal, 1965, p. 493-517. 23Les bases du
béhaviorisme ou comportementalisme sont établies en 1913 par John
Broadus Watson.
19
Le marketing, pluridisciplinaire, s'ouvre à ces
domaines afin de comprendre et anticiper au mieux le comportement du
consommateur. Ainsi, en se basant sur ces différentes critiques et
approches, plusieurs facteurs d'influence ont été
définis.
2) Les influences du comportement du consommateur dans le
domaine du marketing
Pour l'étude de notre sujet, nous avons donc
décidé de nous concentrer sur le comportement du consommateur
comme une discipline de marketing. En effet, le marketing est une des
disciplines sinon la discipline qui se polarise sur le consommateur. Ainsi,
Christian Grönroos définit la marketing par « une
focalisation sur le consommateur, qui imprègne les fonctions et les
processus organisationnels et est adapté à faire des promesses
par l'intermédiaire de proposition de valeur, qui vont permettre la
satisfaction des attentes individuelles crées par de telles promesses et
qui vont satisfaire de telles attentes par l'intermédiaire de support de
processus de génération de création de valeur, supportant
en cela la création de valeur dans l'entreprise aussi bien que dans les
processus des consommateurs que ceux des parties prenantes.
»24. Cette focalisation sur le comportement du
consommateur rend ainsi évidente l'importance du comportement du
consommateur dans le marketing. Afin de le satisfaire, le marketeur doit
analyser, comprendre le consommateur et connaître les tendances de
consommation. Selon Kotler et al., « l'étude du comportement du
consommateur vise à analyser comment des individus, des groupes et des
organisations choisissent, achètent et utilisent des biens, des
services, des idées ou des expériences afin de satisfaire leurs
besoins et leurs désirs »25.
Cette étude du comportement consiste notamment à
identifier ce qui peut influencer ce comportement. Ainsi, Kotler et al.
définissent quatre groupes de facteurs impactant : les facteurs
culturels, sociaux, personnels et psychologiques.
a. Les facteurs culturels
Dans les facteurs culturels, on dénombre ainsi la
culture (et les sous-cultures) et la classe sociale. Toujours selon Kotler et
al. « La culture est un ensemble de connaissances, de
24GR...NROOS, Christian. On defining marketing:
finding a new roadmap for marketing. Marketing Theory, 2006, vol. 6,
no 4, p. 395-417.
25 KOTLER Philip, KELLER Kevin, MANCEAU Delphine,
DUBOIS Bernard - Marketing management,13e édition,
Pearson, 2009, p. 202
20
croyances, de normes, de valeurs et de traditions acquises
par l'homme en tant que membre de telle ou telle société
». Cette culture est transmise à l'individu par sa famille et
la société dans laquelle il évolue. Elle influence la
façon de vivre de l'individu et donc sa consommation de bien.
b. Les facteurs sociaux
Les facteurs sociaux sont l'influence des relations dites
interpersonnelles, soit l'influence des groupes et des rôles qu'ils
impliquent :
· Les groupes : on estime que l'individu appartient
à un groupe quand il est influencé par ceux qui appartiennent
à celui-ci. Il y a différents types de groupes en fonction des
relations qu'entretient l'individu avec les autres membres. Si l'individu
entretient des relations directes, il fait partie d'un « groupe
d'appartenance ».
Les groupes influencent la façon dont se
perçoit l'individu et lui suggère des modes de vies et des codes
de conduite, ce qui orientent nécessairement ses choix de
consommation.
c. Les facteurs personnels
Evidemment, le comportement du consommateur dépend des
caractéristiques personnelles de l'individu :
· L'âge : les décisions de biens
dépendent de l'âge et du cycle de vie. Même pour des biens
que le l'on consomme tout au long de notre vie, par exemple la nourriture,
notre consommation va changer avec notre âge. Les habitudes de
consommations changent notamment avec des étapes psychologiques du cycle
de vie familial : l'arrivée d'un premier enfant, un nouvel emploi...
· La profession : certaines consommations
dépendent directement du métier exercé. En fonction de
l'entreprise, du poste, un individu devra adapter sa consommation comme par
exemple sa garde robe, des accessoires comme une mallette... La profession
détermine aussi en partie la position économique de
l'individu.
· La personnalité et l'image de soi : les traits
de personnalité ou le tempérament sont des variables du
comportement du consommateur. On estime qu'un consommateur se dirigera vers une
marque dont la personnalité lui correspond, ou vers celle dont la
personnalité le séduit. L'image de soi est la face subjective de
la personnalité car elle correspond à la vision qu'a l'individu
de lui même. L'individu se tournera alors vers des produits à son
image.
·
21
Le style de vie et les valeurs : le style de vie est fonction
des activités, des centres d'intérêts et des opinions de
l'individu. Il est issu de facteurs personnels mais aussi de facteurs sociaux.
Ce style de vie va permettre une segmentation de la population pour les
marques, qui positionneront leurs produits en fonction des styles de vie
visés. Les valeurs quant à elles, sont plus profondes et
affectent les choix de consommation de l'individu sur le long terme. Les
valeurs sont un moyen pour l'individu de justifier ses actes et de se
définir. Une marque qui s'adresse directement à ses valeurs ont
alors une grande influence sur le consommateur.
d. Les facteurs psychologiques
Nécessairement, la décision d'achat est
guidée par la combinaison de facteurs psychologiques et de
caractéristiques personnelles. Kotler et al. identifient ainsi quatre
mécanismes clés à la décision d'achat :
· La motivation : par motivation, on entend ici «
le besoin ». Le besoin de consommer, engendré par un inconfort
psychologique, une tension, va être assez fort pour crée un mobile
de consommation.
· La perception : une fois le mobile ayant
été défini, l'individu va établir un processus que
l'on appelle « perception » afin d'organiser et d'interpréter
des informations externes, des stimuli.
· L'apprentissage : les expériences
passées d'un individu vont forger son comportement. Qu'elles soient
positives ou négatives, les expériences seront prises en compte
afin de répondre à des besoins. En fonction de celles-ci,
l'individu pourra ainsi choisir par exemple de reproduire un scénario ou
non.
· La mémoire : La mémoire à court
terme et la mémoire à long terme permettent de créer des
associations entre les informations reçues. Celle-ci est
précieuse car en fonction du besoin de l'individu, celui-ci sera apte de
retrouver une information qui permettra d'y répondre rapidement. Ainsi,
si une marque est associée à un besoin précis, il y a des
chances que le consommateur reproduise le même scénario
d'achat.
Dans cette partie, nous avons pu explorer les plus grands
facteurs d'influence de la décision d'achat. Cependant, il est important
de prendre en compte que la décision d'achat n'est
22
qu'une partie du comportement du consommateur. La
fréquentation du point de vente est aussi une facette que nous
souhaitons explorer, car mon sujet se concentre sur des lieux de vente physique
et ne se limite pas à l'intention d'achat. Ainsi, dans mon étude
du comportement du consommateur, nous analyserons ainsi les comportements de
fréquentation des points de vente.
3) Les comportements de fréquentation des points de
vente
Selon Tauber (1972)26, les motifs de
fréquentation de points de vente peuvent ne pas être liés
à un achat et à la satisfaction d'un besoin. Les lieux de vente
sont aussi des lieux de distraction, des occasions de rompre avec la routine,
découvrir de nouveaux lieux et de nouveaux objets.
a. Les mobiles de fréquentation des points de vente
Ainsi le shopping serait issu de mobiles d'ordre personnel ou de
motivations d'ordre social :27
· Les mobiles d'ordre personnel :
o Sortir de la routine quotidienne : la fréquentation
du point de vente a un aspect récréatif, il est une source de
divertissement gratuite et devient même un lieu de visite.
o Être au fait des tendances : la fréquentation
du point de vente permet de se tenir au courant des dernières tendances
par l'observation des dernières modes, que ce soit dans le milieu de la
mode vestimentaire, de la décoration d'intérieur, des innovations
cosmétiques...
o Trouver des aubaines : en sortant de chez lui, le
consommateur devient au fait d'aubaines et bonnes affaires
déployées par les commerçants en magasins. Tauber parle
même de « peur de passer à côté d'affaires
exceptionnelles ». Ainsi, l'individu peut fréquenter le point de
vente dans l'espoir de réaliser de bonnes affaires.
o Pratiquer une activité physique : le «
lèche-vitrine » est une occasion d'arpenter les rues, les centres
commerciaux, et donc de marcher de manière agréable.
o Vivre une expérience : Aujourd'hui plus que jamais,
les magasins investissent
26TAUBER, Edward M. Why do people shop?. The
Journal of Marketing, 1972, p. 46-49.
27
http://www.memoireonline.com/09/07/610/m_comportement-consommateur-lieux-de-ventes1.html
23
en marketing sensoriel. La visite d'un lieu de vente devient
une véritable expérience où les cinq sens de l'individu
sont sollicités.
Les motivations sociales :
o La recherche de contact : les lieux de vente sont des lieux
de rencontre, pleines d'opportunité pour interagir, que ce soit avec les
autres consommateurs ou avec, par exemple, la force de vente.
o L'acquisition d'un statut : l'individu sait que « le
client est roi ». Ainsi, la fréquentation de lieu de vente est une
opportunité d'être bien accueilli, de bénéficier
d'attention de la part du personnel de vente. La meilleure illustration est
peut-être le point de vente « Nespresso », où tout est
mis en scène afin que le client ait l'impression d'appartenir à
un club : personnel de vente en costume, matériaux nobles et
dégustations de grands crus de cafés placent le client au rang de
privilégié. 28
o La volonté d'appartenir à un groupe : c'est
le troisième besoin dans la pyramide de Maslow29. Le
consommateur fréquentera davantage un point de vente où il aura
l'opportunité de rencontrer des personnes qui partagent les même
centres d'intérêt que lui. Il sera d'autant plus exigeant si il
est expert dans un domaine particulier, comme le sport, l'informatique,
l'art...
o Se changer les idées : la fréquentation des
lieux de vente est liée aux émotions de l'individu. « Faire
les magasins » est autant un moyen de remédier à sa
tristesse, au stress et à tout sentiment négatif qu'un moyen de
prolonger un état positif, en se récompensant par exemple.
Suzanne C. Beckmann parle même de régulation des émotions
à travers la consommation de bien. 30
o Jouer un rôle : l'approvisionnement du foyer en
achats de biens de tous les jours, ou la réalisation de bonnes affaires
sont perçues comme un rôle à jouer pour les « bonnes
ménagères ».
Ainsi, cet ensemble de motivations va pousser l'individu
à fréquenter le lieu de vente. Mais en fonction du profil des
individus, des motivations, de l'instant t, ou du lieu de vente, le
scénario de fréquentation du point de vente ne sera pas la
même.
28 MENSOR Sophie.Nespresso : « un club
sélect ». Marketing Direct N°96 - 01/10/2005
29MASLOW, Abraham Harold. A theory of human
motivation. Psychologicalreview, 1943, vol. 50, no 4, p. 370.
30 BECKMANN Suzanne C. .Schemas and scripts for the self-regulation
of emotionsthrough the consumption of goods .1999
24
b. Les scenarios de fréquentation des points de vente
Cindy Lombart (2008) s'est spécialisée dans
l'étude de la fréquentation du point de vente. 31 En
effet, les premières études du comportement du consommateur se
sont focalisées sur la décision d'achat et la consommation de
biens, sans s'attarder sur le comportement en magasin qui peut ne pas
être liée à l'intention d'achat. Cindy Lombart distingue
ainsi quatre scenarios de fréquentation du point de vente.
o L'activité d'achat ou shopping, dans lesquels on
distingue deux types d'activité :
· Le shopping utilitaire : ce type de
fréquentation du point de vente est le plus rationnel dans la mesure
où la visite du magasin est réalisée selon l'approche
coûts-bénéfices. Cette fréquentation est issue d'un
shopping de nécessité, soit une tâche à
réaliser, dans laquelle l'individu ne trouver aucun plaisir.
· Le shopping récréatif : il s'oppose au
shopping utilitaire dans la mesure où l'individu recherche du plaisir
à travers l'activité d'achat en elle-même, puis par les
caractéristiques du produit acheté. Il est ainsi important de
noter que l'achat en lui-même est un loisir.
o La recherche d'informations (pre-purchase search) 32 :
cette activité sur le lieu de vente consiste à rechercher des
informations sur un produit et traiter ces informations. Cette recherche fait
partie intégrante d'un processus de décision d'achat. La
recherche d'information va faciliter ce processus en résolvant des
problèmes que le consommateur a rencontrés lors de celui-ci. La
recherche d'information peut aussi être continue (ongoing search), c'est
à dire qu'elle ne répond pas à un problème et
à une intention d'achat précise.
31LOMBART, Cindy et LABBÉ-PINLON, Blandine.
Comprendre et satisfaire les consommateurs qui butinent. 2008.
32BLOCH, Peter H., SHERRELL, Daniel L., et
RIDGWAY, Nancy M. Consumer search: An extended framework. Journal of
consumer research, 1986, p. 119-126.
o le butinage (browsing)33 : c'est «
l'examen des produits en magasin, dans un but récréatif ou
informationnel, sans intention d'achat » (Lombart, 2008). En fait, le
butinage est un loisir car ses mobiles sont récréatifs et sans
intention d'achat, ce qui le différencie du shopping
récréatif. La fréquentation du point de vente fournit au
consommateur une expérience grâce à son ambiance, aux
produits et apporte un mobile relationnel grâce aux autres clients qui le
fréquentent. Hirschman (1980)34 et Maclnnis et Price
(1987)35 montrent que le butinage offre une « consommation
virtuelle » du produit et peut même être plus agréable
que l'achat réel du produit. Ce comportement est en croissance avec
l'évolution actuelle des magasins qui tendent à se
différencier, à faire appel aux émotions et aux
évocations symboliques36. En effet, la
théâtralisation de l'offre est un élément d'accroche
pour les butineurs.
o Le lèche-vitrine (Lombart, 2004) : c'est un
comportement gouverné par la recherche de stimulations, accompli avec ou
sans intention d'achat3738. Comme il s'agit d'un jugement
essentiellement basé sur les vitrines et l'extérieur des
magasins, ce comportement se manifeste principalement à
l'extérieur des magasins ce qui le différencie des autres
comportements.
25
33BLOCH, Peter H. et RICHINS, Marsha L. Shopping
withoutpurchase: An investigation of consumer browsingbehavior. Advances in
consumer research, 1983, vol. 10, no 1, p. 389-393.
34HIRSCHMAN, Elizabeth C. Innovativeness, novelty
seeking, and consumer creativity. Journal of Consumer Research, 1980,
p. 283-295.
35MACINNIS, Deborah J. et PRICE, Linda L. The role
of imagery in information processing: Review and extensions. Journal of
consumer research, 1987, p. 473-491.
36 FILSER, Marc, PLICHON, Véronique, et
ANTÉBLIAN-LAMBREY, Blandine. La valorisation de l'expérience en
magasin: analyse de l'adaptabilitéd'uneéchelle de mesure de la
valeurperçue. In : Actes du 6ème Colloque Etienne Thil.
Universitéde La Rochelle, 2003. p. 1-19.
37RAJU, Puthankurissi S. Optimum stimulation level:
Its relationship to personality, demographics, and exploratory behavior.
Journal of consumer research, 1980, p. 272-282.
38STEENKAMP, Jan-Benedict EM et BAUMGARTNER, Hans.
The role of optimum stimulation level in exploratory consumer behavior.
Journal of Consumer Research, 1992, p. 434-448.
26
Fig. 3 Comportements de fréquentation des points de
vente
Par Cindy Lombart et Blandine Labbé-Pinlon (2008)
Nous allons désormais voir que ces scénarios de
fréquentation se sont diversifiés avec le changement des attentes
du consommateur et la théâtralisation des points de vente.
4) Le rôle de l'environnement sur le comportement du
consommateur
Pour notre étude, nous nous focaliserons sur deux point
clés du rôle de l'environnement sur le comportement du
consommateur : l'atmosphère du point de vente, et le rôle du
temps.
a. L'atmosphère du point de vente
Selon Renaud Lunardo, l'intensification de la concurrence due
à la mondialisation ont poussé le point de vente à devenir
un outil stratégique pour les marques, en permettant de se
différencier et en créant du lien avec le client.39
Ainsi, en parallèle, le client n'est plus uniquement consommateur du
produit et du service, il est aussi consommateur d'expérience,
39LUNARDO, RENAUD. Quel marketing sensoriel pour le
point de vente?.Décisions Marketing, 2011, vol. 62, p.
73-75.
27
de sens et de signification. Ainsi, les points de vente sont
devenus des lieux de divertissements gratuits, scène de
théâtre (théâtralisation de l'espace) et lieux
d'expériences des sens. Nous avons vu que le marketing traditionnel
s'appuyait sur une base de rationalité des comportements, le marketing a
donc dû évoluer. Aujourd'hui, nous pouvons distinguer trois
nouveaux courants en marketing :
· Le marketing sensoriel : ils se focalisent sur les
cinq sens. Selon M. Filser : « l'ensemble des variables d'actions
contrôlées par le producteur et/ou le distributeur pour
créer autour du produit ou du service une atmosphère
multisensorielle spécifique, soit à travers les
caractéristiques du produit lui-même, soit à travers la
communication en sa faveur, soit à travers l'environnement du produit au
point de vente »40. Le marketing sensoriel est autant
utilisé au niveau du produit, que du point de vente. Il touche les cinq
sens et regroupent ainsi :
o Le marketing visuel : la vue est le sens le plus
sollicité et selon R. Leoewy « La laideur se vend mal
».41
o Le marketing sonore : il peut renforcer l'identité
d'une enseigne, divertir en réduisant l'impression du temps qui
passe.
o Le marketing olfactif : l'odorat a une très grande
valeur émotionnelle instinctive et peut ainsi être très
efficace pour les marques.
o Le marketing gustatif : il est fortement lié à
l'olfactif. Il peut être difficile à mettre en place en fonction
des produits vendus.
o Le marketing tactile : ce sens est aujourd'hui peu
utilisé dans le marketing alors qu'il est efficace pour créer de
la familiarité avec le produit.
· Le marketing expérientiel : il répond
aux besoins émergents de la clientèle. Le consommateur veut
interagir avec les produits, les services, les vendeurs et l'enseigne.
L'enseigne recourt alors à des dimensions sensorielles mais aussi
émotionnelles. L'expérience peut ainsi être offerte par le
décor et l'atmosphère, par l'intrigue ou le récit du
produit, par l'action : quand le consommateur est acteur de son
expérience.
· Le marketing émotionnel : il s'appuie sur
l'opposition à la pensée rationnelle. La sensibilité au
produit ou à la marque est mise en avant.
Le marketing sensoriel peut être aussi utilisé dans
le marketing expérientiel et le marketing
40 FILSER, Marc. LE MARKETING SENSORIEL: LA
QUÊTE DE L'INTÉGRATION THÉORIQUE ET. Revue
Française du Marketing, 2003, no 194-4, p. 5.
41 LOEWY Raymond La laideur se vend mal.
Gallimard, 2005.
28
émotionnel, nous nous concentrerons ainsi sur celui-ci.
Ce courant a pour objectif de solliciter les sens des consommateurs afin de
susciter des réactions affectives, cognitives et ou comportementales
favorables à la fréquentation du point de vente et de l'acte
d'achat.
Ce courant répond au besoin de «
réenchentement » du consommateur.42 La consommation
devient un moyen de rompre sa routine, de vivre des expériences (qu'on
appellera alors « expérience de magasinage »), de se procurer
des émotions. Holbrook et Hirschman (1982) parlent alors de «
consommation hédonique » : c'est la consommation relative à
la multi-sensorialité, à la fantaisie et à
l'émotion produite par l'usage d'un produit. 43
Si ces nouveaux courants marketing connaissent un grand
succès, c'est que leur efficacité a largement été
prouvée. Par exemple, la diffusion d'une odeur agréable en
boutique augmente le temps d'évaluation et donc le temps de
présence en magasin des consommateurs (Morrin et Ratnestshwar,
2000)44, les couleurs chaudes ont une force d'attraction sur les
consommateurs (Tullman et al., 2001), etc.45
Ces pratiques se sont ainsi vite implantées dans les
centres commerciaux, dans les grands magasins. Ainsi, de nombreuses enseignes
sont très souvent citées pour aborder la production
d'expérience en boutique : Natures & Découvertes, Lush,
L'Occitane... Comme nous avons pu l'aborder, les aéroports se sont aussi
appropriés ces codes afin d'attirer les clients et leur fournir une
expérience poussant à l'achat. Pourtant, le voyageur n'est pas un
consommateur lambda, l'aéroport est un environnement à part
entière, qui pousse à des comportements de consommation qui lui
sont propres.
b. Le facteur temps
Selon Bergadaà, « pour tout consommateur, le
temps existe en quantité limitée et finie . Aussi
42 FIRAT, A. Fuat, VENKATESH, Alladi, et al.
Liberatorypostmodernism and the reenchantment of consumption. Journal
of consumer research, 1995, vol. 22, no 3, p. 239.
43HIRSCHMAN, Elizabeth C. et HOLBROOK, Morris B.
Hedonic consumption: emerging concepts, methods and propositions. The
Journal of Marketing, 1982, p. 92-101.
44MORRIN, Maureen et RATNESHWAR, Srinivasan. The
impact of ambientscent on evaluation, attention, and memory for familiar and
unfamiliarbrands.Journal of Business Research, 2000, vol. 49, no 2, p.
157-165. 45DOWLING, Kevin, MORGAN, Frederick, MUELLER, George,
et al. Ultraviolet light emitting diode systems and methods. U.S.
Patent Application No 09/923,223, 6 août 2001.
29
a-t-il une valeur ».46 De ce fait, la
relation au temps est individuelle à chacun, selon les
expériences vécues et la personnalité de chacun, selon
Venkatesan et al (1992).47 Ainsi, certains seront flexibles et
d'autres pointilleux par rapport au temps et cette relation va influencer le
comportement de consommation de chacun selon Bergadaà. (1988).
En effet, le choix de la fréquentation d'un point de
vente va dépendre du temps disponible par une personne afin d'accomplir
son achat. Mais ce temps accordé à la fréquentation du
point de vente dépendra aussi de la nature de sa motivation. Une
motivation utilitaire, donc ressentie comme une corvée, imposera au
consommateur la volonté de dépenser le moins de temps possible
dans cet achat. A l'inverse, une motivation récréative, le
consommateur ressent du plaisir à la fréquentation du point de
vente et ne compte plus son temps.
Le distributeur peut bien évidemment influencer
l'appréciation du temps de son client selon Djelassi et al.
(2007).48 Soit, en offrant des services ou une configuration du
point de vente qui donnent l'impression de gain de temps pour des achats
utilitaires. Soit en offrant une atmosphère qui donne envie au
consommateur de s'éterniser en magasin, comme nous l'avons vu notamment
avec le marketing sensoriel.
L'étude de l'effet de ces deux variables
environnementales sur le comportement du consommateur sera notre fil rouge lors
de notre étude de l'impact de l'environnement aéroportuaire.
46BERGADAÀ, Michelle. Le temps et le
comportement de l'individu Recherche et Applications en Marketing,
1988, vol. 3, no 4, p. 57-72.
47VENKATESAN, V. M., ANDERSON, B., SCHROEDER, J.
E., et al. Social Time Perspective and Cross-Cultural Consumer
Behavior: A Framework and Some Results. In : Association for Consumer
Research European Conference. 1992. p. 33-44.
48DJELASSI, Souad, CAMUS, Sandra, et ODOU,
Philippe. Explorer la relation au temps du chaland et ses
déterminants. Revue Française du Marketing, 2007, no
212, p. 31.
III. L'impact de l'environnement aéroportuaire sur le
consommateur
1) Les caractéristiques du shopping en
aéroport
Selon Timothy et Butler (1995), le shopping en
aéroport est le plus satisfaisant en terme de plaisir et de loisir, il
est lié à l'environnement fournit par le terminal en terme
d'atmosphère, de produits, de services.49 Pour Steve Baron et
Karen Wass (1996), le shopping en aéroport est une partie
intégrante des vacances du voyageur.50Rowley et Slack
expliquent que l'aéroport peut être un loisir et ainsi être
une destination finale, ce que les distributeurs aéroportuaires ont
compris comme nous avons pu le voir dans les parties
précédentes.51
Par ailleurs, nous devons rappeler que l'aéroport est
déjà en soit une rupture avec le quotidien du voyageur. Selon
Bergadaà, l'aéroport est la porte vers le voyage, vers un lieu
d'évasion. Pour certains, le temps passé en aéroport est
un temps « magique ». 52
Même si le shopping en aéroport peut
présenter les caractéristiques d'un shopping en milieu classique,
son atmosphère et son contexte particuliers créent de nouvelles
motivations et de nouvelles variables chez le consommateur.
2) Les motivations du shopping aéroportuaire
Selon Geuens et al. (2004), le shopping est un des aspects les
plus importants du tourisme. Ce shopping qui a lien étroit avec le
voyage est notamment lié au fait de sortir de sa routine et de son lieu
habituel.53 Nous avons vu que le shopping traditionnel était
principalement concentré sur des motivations utilitaires comme des
achats pour la maison, pour les vêtements ou les courses alimentaires,
ainsi que sur des motivations expérientielles. L'environnement
aéroportuaire qui est un environnement particulier pour le consommateur
crée une impression de besoins différents et donc des motivations
différentes. En effet, l'environnement
49TIMOTHY, Dallen J. et BUTLER, Richard W.
Cross-boder shopping: A North American perspective. Annals of
tourismresearch, 1995, vol. 22, no 1, p. 16-34.
50BARON, S., & WASS, K. (1996). Towards an
understanding of airport shopping behaviour. International Review of
Retail, Distribution and Consumer Research,6(3), 301-322.
51ROWLEY, J., & SLACK, F. (1999). The
retailexperience in airportdeparturelounges: reaching for timelessness and
placelessness. International Marketing Review, 16(4/5),
363-376.
52 BERGADAÀ, Michelle. L'aéroport
international: un espace de rencontre entre terre et ciel, 12th Journées
de recherche en marketing de Bourgogne,Dijon (France), November, 8-9, 2007
53GEUENS, Maggie, VANTOMME, Delphine, et BRENGMAN,
Malaika. Developing a typology of airport shoppers. Tourism
Management, 2004, vol. 25, no 5, p. 615-622.
31
multiculturel pousse à l'achat par la découverte
de nouveaux produits, et le temps d'attente subi par le voyageur en salle
d'embarquement crée le désir de rompre l'ennui, que l'on doit
différencier de l'envie de se divertir : le divertissement devient un
moyen de rompre l'ennui et n'est plus le but en soit.
Ainsi, nous pouvons dénombrer plusieurs motivations
à la fréquentation du point de vente aéroportuaire, que
ces motivations soient traditionnelles ou dues à l'aéroport :
· Motivations liées au shopping traditionnel :
o Motivations fonctionnelles ou utilitaires :
· La recherche du bon prix : les prix sont connus pour
être avantageux en aéroport grâce à la détaxe,
même pour les vols intra Européens (sauf pour l'alcool, les
cigarettes et l'électronique).
· La praticité : la présence de magasins
permet aux voyageurs de se procurer ce qui lui est nécessaire à
n'importe quel moment.
· La variété et la qualité des
produits : les boutiques aéroportuaires proposent autant de marques
locales que de marques internationales. Les marques internationales sont gages
de qualités pour les voyageurs, les marques locales, parce qu'elles sont
proposées par l'aéroport, lui inspirent plus confiance qu'en
magasins de souvenirs locaux.
o Motivations sociales :
· Interagir avec le personnel de vente et avec d'autres
voyageurs : au delà de communiquer, d'échanger sur des points
d'intérêts communs c'est aussi un moyen pour les voyageurs de se
réconforter, surtout si le voyage provoque du stress et des sentiments
d'insécurité (Dube et Menon, 2000).54
o Motivations expérientielles :
· La recherche d'une atmosphère différente
: l'atmosphère est souvent plus décisive que le produit en lui
même.
· La recherche de symbole : le shopping en
aéroport peut être un acte symbolique en achetant des produits
issus de la tendance cosmopolite.
54MENON, Kalyaniet DUBÉ, Laurette. Ensuring
greater satisfaction by engineering salesperson response to customer emotions.
Journal of Retailing, 2000, vol. 76, no 3, p. 285-307.
·
32
Motivations dues à l'aéroport:
o Briser la routine et sortir de son lieu habituel : les
boutiques aéroportuaires ne sont pas accessibles au public, mais
seulement aux voyageurs. Ainsi l'accès à ces boutiques n'est pas
routinier.
o Rompre l'ennui : en salle d'embarquement, le voyageur est
confronté à un temps d'attente. Or, le shopping est vu comme une
forme de divertissement et de récréation qui fournit de
l'amusement et de la relaxation. Les plus motivés par l'amusement sont
bien sûr les voyageurs qui partent en vacances en opposition avec les
voyageurs d'affaires.
o Utiliser les dernières devises
étrangères : les bureaux de change facturant leurs services et ne
reprenant pas les petites sommes de devises, l'aéroport est le moyen
d'écouler facilement et de manière agréable ses
dernières devises.
o L'achat de cadeaux et de souvenirs (Sulzmaier, 2001) :
l'aéroport est un lieu propice à l'achats de souvenirs car il est
considéré plus fiable que les boutiques locales de
souvenirs.55
o Les produits exclusifs : les éditions
limitées au travel retail, les trousses de voyage, les accessoires
promotionnels vendus par exemple avec les cigarettes, sont une motivations
supplémentaires à l'achat (Vlitos Rowe, 1999).56
Selon S.-W. Perng et al. (2010), la plus grosse motivation des
voyageurs est l'achat de cadeaux, suivi des achats nécessaires et
prévus, ce qui écarte les motivations
fonctionnelles.57 En effet, toujours selon Geuens et al., les
motivations fonctionnelles en aéroport n'ont pas lieu d'être car
les voyageurs ne prennent pas l'avion pour faire du shopping en
aéroport.
Cependant, ces motivations dépendent aussi grandement
du temps que le voyageur a devant lui. En effet, la particularité du
shopping en aéroport est que le temps passé dans les salles
d'embarquement ne dépend que très peu du voyageur.
55SULZMAIER, Sonja. Consumer Oriented Business
Design: The Case of Airport Management; with 108 Tables. Springer Science
& Business Media, 2001.
56VLITOS ROWE, I.The future of duty-free
retailing.Developments and trends in Europe and the Middle East. FT
management report, 1999, vol. 1, p. 169pp.
57PERNG, Shiaw-Wuu, CHOW, Chia-Chuan, et LIAO,
Wu-Cheng. Analysis of shopping preference and satisfaction
withairportretailingproducts. Journal of Air Transport Management,
2010, vol. 16, no 5, p. 279-283.
33
3) L'influence de la contrainte du temps
En effet, c'est notamment le facteur temps qui va
définir certaines motivations : par exemple plus le temps imposé
au voyageur sera long, plus il s'ennuiera et décidera donc de se
divertir en fréquentant les boutiques duty free. Le temps d'attente est
donc déterminant dans la fréquentation de ces points de vente, et
par extension, sur les achats des voyageurs. Selon Torres E. et al (2005), plus
le temps d'attente est long, plus le voyageur est susceptible de consommer en
Duty Free. 58 Ainsi, selon Rigas Doganis (1992), les voyageurs en
destination de l'international passent plus de temps à l'aéroport
et sont donc plus enclins à consommer.59 Au contraire, les
passagers en voyage d'affaires sont habitués aux aéroports et
arrivent donc à la dernière minute, ce qui les feraient consommer
moins. Le but du voyage influence donc le shopping aéroportuaire.
Cependant, si le temps d'attente est de moins de 45 minutes,
il semblerait que les voyageurs d'affaires dépensent plus que les
touristes sur ce même laps de temps selon Torres et al.
Fig. 4 La relation entre la consommation en Duty Free and le
temps passé en aéroport, par
motif de voyage selon Torres et
al.
58 TORRES, E., DOMINGUEZ, J. S., VALDES, L., et
al. Passengerwaiting time in an airport and expenditurecarried out in the
commercial area. Journal of Air Transport Management, 2005, vol. 11,
no 6, p. 363-367.
59DOGANIS, Rigas. The airport business.
Routledge, 2005.
34
4) La travel stress curve et « l'happy hour »
Selon Scholvinck, contrairement à ce que nous pourrions
croire, le stress n'est pas un état permanent pour les voyageurs en
transit dans un aéroport.60 Selon Lin et Chen, ce stress est
majoritairement dû à la pression du temps qui survient à
cause des passages des filtres, des longues distances entre le contrôle
d'identité et les portes d'embarquement, et l'environnement non familier
qui peut désorienter.61 En effet, cet état
émotionnel de stress ne fait qu'augmenter jusqu'au passage des douanes
et des filtres de sécurité, mais redescend ensuite brusquement
une fois arrivé en salle d'embarquement, car la pression du temps n'est
plus ressentie. Cette « travel stress curve » est
représentée par Volkova ci-dessous.62
Fig. 5 Travel Stress Curve de Scholvinck
représenté par Volkova
De plus, selon Thomas (1997), une fois que les passagers ont
leurs cartes d'embarquement, le stress est remplacé par de
l'excitation.63 En effet, cette théorie découle de la
théorie du
60SCHOLVINCK, J. The travel stress curve. Market
Square Consulting, Amsterdam, 2000.
61LIN, Yi-Hsinet CHEN, Ching-Fu. Passengers'
shopping motivations and commercial activities at airports-The moderating
effects of time pressure and impulse buying tendency. Tourism
Management, 2013, vol. 36, p. 426434.
62VOLKOVA, Nazeda. Determinants of retail revenue
for today'sairports.GermanAirport Performance (GAP), 2009.
63THOMAS, D. Retail and leisure developments at London
Gatwick. Commercial Airport, 1997, vol. 38, p. 41.
35
processus opposé de l'émotion de Richard Solomon
(1980).64 Selon Salomon, quand une personne passe par un état
émotionnel, grâce à un processus de balance affective, elle
bascule dans un état opposé. Ainsi, le stress étant un
d'excitation à valence positive, le voyageur va ensuite passer à
un état émotionnel d'excitation à valence positive. Cet
état positif en salle d'embarquement est appelé « happy hour
» par Thomas. C'est une période d'excitation qui pousse les
passagers à explorer les boutiques duty free, à butiner (cf
Lombart 2004) et c'est une aussi une période fortement propice aux
achats d'impulsion.65
5) Les achats d'impulsion
En 2000, Scholvinck (2000) introduit la consommation dite
« non programmée ». Aujourd'hui nous parlerions de shopping
d'impulsion, que Lin et Chen (2013) décrivent comme un shopping
imprévu et une décision d'achat sur le moment.66En
effet, il semblerait que le contexte aéroportuaire pousse à
l'impulsion : le désir de rompre l'ennui, de se trouver dans un lieu
inhabituel (Sulzmaier, 2001).
Crawford et Melewar (2003) introduisent 10 stimuli au shopping
impulsif : l'aspect vacancier, la valeur, l'envie de faire des cadeaux, la
récompense, l'opportunité de faire des affaires, les objets
oubliés, la confusion, l'exclusivité, la disponibilité et
la possession de devises étrangères.67 Ils
suggèrent aussi que les consommateurs n'agissent pas normalement en
aéroport et sont moins rationnels. En effet, à cause du manque de
divertissement, le shopping devient une des activités principales.
L'aéroport est alors adéquat au shopping impulsif.
Geuens et al. (2004) affirment ainsi que l'achat d'impulsion
dépasse toutes les autres raisons d'achats en aéroport.
Effectivement, nous avons vu que l'environnement aéroportuaire
était à l'origine de nouvelles motivations de
fréquentation du point de vente. Or, ces motivations sont
particulièrement propices à l'achat d'impulsion : elles sont
récréatives et liées à l'atmosphère.
Selon J-L Lu, les variables de perception de l'environnement,
des services, de la praticité et
64 SOLOMON, Richard L. The opponent-processtheory
of acquired motivation: the costs of pleasure and the benefits of pain.
American psychologist, 1980, vol. 35, no 8, p. 691.
65PERNG, Shiaw-Wuu, CHOW, Chia-Chuan, et LIAO,
Wu-Cheng. Analysis of shopping preference and satisfaction with airport
retailing products. Journal of Air Transport Management, 2010, vol.
16, no 5, p. 279283.
66LIN, Yi-Hsin et CHEN, Ching-Fu. Passengers'
shopping motivations and commercial activitiesatairports-The moderatingeffects
of time pressure and impulse buyingtendency. Tourism Management, 2013,
vol. 36, p. 426434.
67CRAWFORD, Gerry et MELEWAR, T. C. The importance
of impulse purchasing behaviour in the international airport environment.
Journal of Consumer Behaviour, 2003, vol. 3, no 1, p. 85-98.
36
des produits de valeurs influencent positivement le shopping
d'impulsion (mais aussi celui prévu).68
Enfin selon Corvi et Bonera (2006), il semblerait aussi qu'en
aéroport, le flux quotidien de voyageurs est caractérisé
par des passagers avec une grande tendance au shopping
d'impulsion.69 Car si le shopping d'impulsion était
considéré négatif par les consommateurs dans les
premières études comportementales et était signe
d'immaturité, de manque de volonté, de comportement inconsistant,
il peut aujourd'hui être jugé positivement, d'autant plus en
aéroport où ce comportement peut être signe de gentillesse
et praticité pour l'achat de cadeaux à pris bas (Omar et Kent,
2001).
Ainsi, il en résulte que deux achats sur trois sont
décidés sur l'instant, ce qui fait de l'aéroport un lieu
particulièrement sujet aux achats d'impulsion.70
6) La typologie des shoppers en aéroport
Nous avons vu que les caractéristiques personnelles
influençaient les décisions d'achat des consommateurs : les
voyageurs aborderont ainsi le shopping en aéroport de manières
différentes. Geuens et al. ont pu cependant établir trois types
de consommateur dans le contexte aéroportuaire :
· Les « mood shopers » (les consommateurs
sensibles à l'ambiance) : ces consommateurs aiment faire du shopping
grâce à l'environnement aéroportuaire, qui leur est
inhabituel et stimulant.
· Les « shopping lovers » (les amoureux du
shopping) : ces consommateurs aiment le shopping dans tous ses aspects, mais
l'aéroport représente une stimulation supplémentaire.
· Les « apathetic shoppers » (les
consommateurs apathiques): ces consommateurs sont indifférents au
shopping, quelque soit le contexte. Selon Geuens et al., c'est le type le plus
universel. Omar et Kent (2001) appuient cette théorie en affirmant que
seulement 35% des passagers étaient des consommateurs et que le reste
n'avait aucune intention d'acheter.
68LU, Jin-Long. Investigatingfactorsthat influence
passengers' shopping intentions atairports-Evidence from Taiwan. Journal of
Air Transport Management, 2014, vol. 35, p. 72-77.
69 CORVI E, BONERA M., Le
tendenzeevolutivenellepolitiche di marketing e
comunicazionedell'impresaaeroportuale. 2006. Università Ca' Foscari
Venezia
70OMAR, Ogenyiet KENT, Anthony. International
airport influences on impulsive shopping: trait and normative approach.
International Journal of Retail & Distribution Management, 2001,
vol. 29, no 5, p. 226-235.
37
Au delà de ces trois types de shoppers, les chercheurs
se sont efforcés à définir les comportement d'achats des
voyageurs selon leurs caractéristiques personnelles :
· Lamacraft (1998) affirme que les voyageurs business sont
influencés par leurs collègues et ne sont pas disposés
à montrer de l'extravagance dans leurs achats.71
· Il affirme aussi que les hommes sont plus attirés
par les produits de marques et selon J-L Lu, ils shopperaient plus de
façon impulsive.
· Ceux qui voyagent rarement seraient des apathetic
shoppers et ne consomment ni de façon prévue, ni de façon
impulsive.
· Les voyageurs les plus habitués à
l'aéroport achèteraient avec plus de précaution que les
voyageurs occasionnels qui se laissent aller à l'impulsion.
7) L'influence des nationalités sur la
consommation
Nous avons vu que des facteurs culturels influencent les
décisions du consommateur dans ses achats quotidiens. Ces facteurs ont
aussi un véritable impact en aéroport, lieux où toutes les
cultures se rassemblent. Par exemple, Aéroport de Paris a
étudié les comportements de consommation de ses différents
faisceaux : 72
· Les Anglo-Saxons et les Américains consomment
exclusivement du made in France, et des souvenirs de Paris comme des Tour
Eiffel.
· Les faisceaux asiatiques et africains sont
attachés au luxe Français et à ses grandes marques
internationales. Ils se dirigent ainsi vers le prêt-à-porter, les
parfums, les bijoux et la haute gastronomie (Fauchon, Hédiard,
Maxim's...)
· Les voyageurs d'Europe du Nord recherchent l'artisanat
et la tradition Parisienne. Ils se dirigeront ainsi vers du fait main comme les
boîtes à musiques en bois.
· Les autres passagers européens sont
attirés par l'opportunité de faire de bonnes affaires et
dénicher les dernières tendances au meilleur prix dans un lieu
unique.
En somme, nous avons pu observer que le comportement du
consommateur était influencé par l'environnement
aéroportuaire. Si les motivations d'achats et de fréquentation
traditionnelles s'observent dans un tel environnement, nous avons pu relever
qu'elles étaient principalement
71LAMACRAFT, Jane. Retail design: New store
experiences. Financial Times Retail & Consumer, 1998.
72Commerce aéroportuaire : les boutiques d'Aéroports
de Paris - Documentation Aéroport de Paris, 2009.
38
de nature récréatives et qu'un comportement
était prédominant : la consommation impulsive. Il semble
aujourd'hui que l'industrie du travel retail s'y adapte afin d'en tirer
bénéfice. Mais avec la vulgarisation du tourisme et par extension
du voyage en avion, peut-on encore définir des profils type de voyageur
et trouver des motivations communes aux consommateurs en aéroport ? Une
étude empirique nous permettra de compléter nos connaissances
à ce sujet et de confirmer, d'infirmer ou nuancer les hypothèses
soulevées par la revue de littérature.
39
CHAPITRE 2
PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE ET DES HYPOTHESES DE
RECHERCHE
40
Afin de poursuivre notre étude, nous allons dans cette
seconde partie justifier notre choix de la problématique et
définir les hypothèses qui découlent de l'état de
l'art.
I. Justification du choix de la problématique
1) Justification d'un point de vue managérial
Dans notre Chapitre I, nous avons pu remarquer que le travel
retail était une activité au poids considérable dans
l'industrie aéroportuaire en terme de chiffres d'affaires mais aussi en
terme de réputation de l'aéroport.
La distribution aéroportuaire est un secteur d'avenir.
En effet, le tourisme est en constante croissance, et en raison de la
mondialisation, il n'est plus rare d'habiter dans une ville ou un pays
différent de son foyer d'origine. De plus, le transport aérien
est totalement rentré dans les moeurs. Nous prenons l'avion de plus en
plus fréquemment, que ce soit pour des affaires, pour les loisirs, pour
rendre visite à nos proches... Aujourd'hui, plus de 3 milliards de
personnes voyagent en avion et en raison de l'essor des compagnies low-cost, ce
chiffre ne devrait cesser de croitre.73
En conséquence, les aéroports se
développent, et essayent d'être les plus qualitatifs face à
des voyageurs de plus en plus connaisseurs et exigeants. Il est d'ailleurs
facile de trouver des critiques et des avis sur les aéroports sur
internet. Les aéroports deviennent des lieux d'expériences, et ne
sont plus seulement des zones de transit : restauration, shopping, services,
rien n'est laissé au hasard.
On assiste donc à l'évolution du shopping en
aéroport. Il y a quelques années encore, les duty free shops
étaient surtout fonctionnels, pour une expérience d'achat
seulement pratique et rapide (ce qui est encore le cas dans certains
aéroports ou encore terminaux). La boutique de duty free était
surtout l'occasion de faire de bonnes affaires, ou de faire des achats
souvenirs de dernière minute. Mais les boutiques essayent
d'évoluer avec le consommateur, qui attend
désormais plus : une expérience, un univers, une
ambiance. Ainsi, il nous semble
indispensable pour l'industrie du travel
retail de mieux comprendre le raisonnement du consommateur, et ses attentes.
Nous sommes aujourd'hui loin de la théorie de la maximisation de
l'utilité, et les managers l'ont bien compris. Cependant, le travel
retail a ses
73
http://www.planetoscope.com/Avion/1396-frequentation-des-aeroports-francais-en-nombre-de-passagers.html
41
problématiques uniques pour un environnement unique, et
engendre donc de nouveaux comportements.
En ce sens, cette étude permettrait aux managers de
comprendre quelles stratégies sont les plus adéquates dans le
contexte particulier qu'est le travel retail.
2) Justification d'un point de vue théorique
Nous l'avons vu à travers la rédaction de notre
état de l'art, le comportement du consommateur est fortement
influencé par son environnement. Or, l'aéroport est finalement un
environnement très complexe : c'est un lieu fermé, où le
temps est imposé au consommateur et qui est avant tout inhabituel aux
yeux des passagers. Nous avons vu que nous pouvions retrouver les mêmes
motivations de fréquentation du point de vente et les mêmes
motivations d'achats en lieu traditionnel et en aéroport. Cependant, les
motivations récréatives gagnent en importance en milieu
aéroportuaire et une tendance à l'impulsion se dégager. La
distribution aéroportuaire est donc un cas atypique pour l'étude
du comportement du consommateur et prouve en partie l'importance de
l'environnement sur le passager, ce qui justifie l'intérêt des
auteurs pour l'étude du consommateur en aéroport.
Nous avons ainsi justifié le choix de notre
problématique, qui est la suivante :
Dans quelles mesures l'environnement
aéroportuaire affecte-t-il le comportement du
consommateur ?
II. Justification du choix des hypothèses de
recherche
Afin de répondre à notre problématique,
nous avons défini quatre hypothèses de recherche. Selon Tremblay
et Perrier (2006), « une hypothèse est une supposition qui est
faite en réponse à une question de recherche. [...] La forme que
prend l'hypothèse varie selon le type de recherche qu'on entreprend
».74
74 TREMBLAY, Raymond Robert et PERRIER, Yvan. Les
méthodes d'investigation. Complément à l'ouvrage
Savoir Plus, 2006.
1) 42
1ère hypothèse de recherche
L'aéroport est un lieu de rupture du quotidien
pour le voyageur.
Malgré la vulgarisation du voyage en avion, nous avons
pu remarqué lors de l'étude de notre revue de littérature
que l'aéroport restait un lieu non traditionnel pour le voyageur. Cette
perception de l'environnement est déterminante dans le comportement du
consommateur.
2) 2ème hypothèse de recherche
En salle d'embarquement, l'excitation du voyage
surpasse le stress ressenti par le voyageur.
L'émotion ressentie par le consommateur à
l'approche des boutiques duty free est primordiale pour sa consommation, comme
nous l'avons étudié dans notre revue de littérature. Nous
pourrions a priori penser que l'émotion est un facteur individuel,
personnel, pourtant l'environnement aéroportuaire semble avoir un impact
considérable sur l'état émotionnel du voyageur. Ainsi, il
semblerait qu'arrivé en salle d'embarquement où se trouvent les
boutiques duty free, les voyageurs et potentiels consommateurs soient dans une
phase d'excitation. Cet état émotionnel pourrait être
source de comportements exclusifs à l'aéroport.
3) 3ème hypothèse de recherche
Les achats en aéroport sont majoritairement des
achats d'impulsion.
Les achats d'impulsions sont présents dans la
consommation quotidienne. Notre revue de littérature nous a non
seulement permis de voir que ce comportement était aussi présent
en aéroport, mais surtout qu'il semblait exacerbé au point que la
consommation impulsive soit majoritaire. L'exotisme du lieu, la
découverte de nouveaux produits et les prix pourrait partiellement
expliquer l'omniprésence de l'achat d'impulsion.
43
4) 4ème hypothèse de recherche
Les motivations principales de fréquentation du
point de vente et d'achats sont récréatives.
Notre quatrième hypothèse nous permettra de
comprendre notre troisième hypothèse. En effet, l'achat
d'impulsion est lié à des motifs récréatifs : le
divertissement, la découverte,... Il semblerait ainsi que les motifs
utilitaires n'ait que très peu de place dans la fréquentation des
points de vente aéroportuaire, et dans les comportements d'achat.
44
CHAPITRE 3
ETUDE EMPIRIQUE
45
Afin de répondre à nos hypothèses et
d'apporter une réponse fine à notre problématique, nous
nous attacherons à définir avec précision une
démarche méthodologique. En effet, l'étude du terrain se
doit d'être rigoureuse et réfléchie afin d'obtenir la plus
grande cohérence possible avec l'étude théorique.
I. Définition de l'étude empirique
La troisième partie de ce mémoire nous permettra
de choisir la méthode la plus appropriée pour confirmer, infirmer
ou nuancer ces hypothèses.
1) Rappel de la problématique
Ce mémoire a pour objectif de comprendre dans quelles
mesures l'environnement aéroportuaire influence le comportement du
consommateur en boutique duty free. A travers la revue de littérature,
nous avons pu différencier les comportements du consommateur en terrain
dit « habituel » des comportements en aéroport, tout en
éclairant l'évolution du commerce aéroportuaire et les
problématiques qu'il soulève.
Nous avons tout d'abord délimité la
définition d'activité commerciale en aéroport, puis nous
exposé le développement de cette activité, qui fait
aujourd'hui des aéroports des centres commerciaux à part
entière. Nous avons ensuite analysé le comportement du
consommateur classique : ses facteurs d'influences, ses motivations d'achats
mais aussi ses motivations de fréquentation du point de vente. Enfin,
l'état de l'art nous a permis de découvrir que ces comportements
étaient retrouvés en aéroport, mais qu'ils étaient
partiellement influencés par l'environnement aéroportuaire.
Ainsi, nous avons notamment compris que l'achat d'impulsion était une
composante principale de l'achat en aéroport.
A ce stade de notre étude, nous devons encore
vérifier que ces comportements sont majoritaires, dans un environnement
où le voyage en avion est chose commune.
Pour cela, il sera indispensable d'interroger un grand nombre
de voyageurs sur leurs habitudes de consommation en aéroport.
2) 46
Rappel des hypothèses
Notre étude théorique de la consommation en
aéroport nous a permis de soulever plusieurs hypothèses en lien
avec le comportement du consommateur.
Hypothèse 1 : L'aéroport est un
lieu de rupture avec le quotidien pour le voyageur.
Hypothèse 2 : En salle
d'embarquement, l'excitation du voyage surpasse le stress ressenti par le
voyageur.
Hypothèse 3 : Les achats en
aéroport sont majoritairement des achats d'impulsion.
Hypothèse 4 : Les motivations
principales de fréquentation du point de vente et d'achats sont
récréatives.
3) Choix de la méthode quantitative
Afin de réaliser une étude terrain, deux
méthodes sont préconisées : la méthode qualitative
et la méthode quantitative. Le choix de chaque approche est
dépendante du type d'information à recueillir et du type de notre
démarche. En effet, la démarche qualitative s'attache à
interroger un échantillon restreint par un entretien individuel, afin de
répondre à des hypothèses larges : cette démarche
est exploratoire. A l'opposé, la démarche quantitative est
caractérisée par la soumission d'un questionnaire court à
un grand échantillon, afin de répondre à des
hypothèses précisés : cette démarche est
confirmatoire.
Notre but étant de vérifier des
hypothèses strictes concernant le comportement du consommateur, il nous
semble judicieux d'appliquer une méthode qui nous permettra d'interroger
un grand nombre d'individus sur leur ressentis et appréciation hors
terrain, a posteriori de toutes leurs expériences en aéroport. En
effet, notre étude s'atèle à déceler des
comportements de consommation globaux, et de ce fait seule l'interrogation d'un
échantillon conséquent et la récolte de
déclarations pourra nous éclairer. Nous sommes ici dans une
démarche confirmatoire d'hypothèses précises, où la
méthode quantitative est la plus apte à nous apporter des
réponses.
Cette méthode nous permettra effectivement d'obtenir
des résultats statistiques, qui nous permettront de confirmer, infirmer
ou nuancer les hypothèses tirées de l'état de l'art.
47
4) Design de la recherche
Nous allons définir les moyens nécessaires afin
de répondre à notre problématique et ainsi établir
un design de la recherche.
a. Méthode de collecte des données
Nous allons rédiger un questionnaire qui nous permettra
d'aborder chacune de nos hypothèses. Celui-ci sera rédigé
et soumis via Google Forms.75 (cf. Annexe 2 : Questionnaire «
La consommation en aéroport ») Cette méthode permet une
diffusion massive et rapide. Notre questionnaire sera mis en ligne,
diffusé par mail à nos différents réseaux
personnels et professionnels et à travers les réseaux sociaux,
après une phase de « prétest » auprès d'un
échantillon de 10 personnes. Cette phase nous permettra de
vérifier la bonne compréhension des questions posées,
éviter les erreurs flagrantes et évaluer le temps de
réponse.
Le questionnaire a pour but de recueillir des
déclarations, qui selon Evrard et al. « [É] portent sur deux
grandes catégories de phénomènes :
· les phénomènes mentaux (opinions,
attitudes, intentions,...) ; ces phénomènes sont non directement
observables ;
· les comportements ; ces phénomènes sont
théoriquement observables, mais il peut être plus pratique et plus
économique de les mesurer par des déclarations. »76
Le questionnaire se divise ainsi en trois parties principales
: la perception de l'aéroport par le voyageur, la consommation en
boutique duty free (des motifs de fréquentation des points de vente
à l'acte d'achat), les caractéristiques personnelles des
individus interrogés. Cette manière de procéder nous
permet d'appliquer « la méthode de l'entonnoir » selon Evrard
et al., en posant des questions tout d'abord générales, puis de
plus en plus précises. Le questionnaire est composé de 13
questions afin d'éviter de lasser les sondés et perdre en
précision au fil des questions. De plus, nous avons décidé
de mêler de différents types de questions pour ne pas perdre
l'attention du questionné, tout en veillant à ce que le
questionnaire soit facile à comprendre.
75
https://www.google.com/intl/fr_fr/forms/about/
76 EVRARD, Yves, PRAS, Bernard, ROUX, Elyette, et
al. Market-Fondements et méthodes des recherches en marketing.
2009.
48
Nous retrouvons ainsi ces formes de questions 77:
· La question ouverte, qui laisse au questionné la
liberté du contenu.
· La question fermée à choix multiples et
réponse unique, où le sondé choisit une réponse
parmi un choix supérieur à deux modalités.
· Les échelles d'attitude, qui nous permettent de
mesurer une importance ou une intention. Nous avons utilisé plusieurs
échelles d'attitude :
o L'échelle de Likert afin de mesurer un degré
d'accord ou de désaccord.
o L'échelle à échelle
différentielle sémantique où l'interviewé donnera
son avis en se situant sur des propositions opposées, passant par
différents niveaux.
o L'échelle d'intention qui a pour but de mesurer une
intention déclarée de comportement de la part du sondé.
Ces différents types de questions nous permettront
d'obtenir un questionnaire évaluant les habitudes de consommation des
voyageurs en duty free, ainsi que son appréciation du shopping en
aéroport.
· Composition et taille de l'échantillon
Nous nous fixons l'objectif d'atteindre un échantillon
d'au moins 150 individus. Le voyage en avion est un sujet qui concerne une
grande majorité de la population et pour cette raison nous avons
décidé que le questionnaire serait public. En effet, nous ne nous
intéressons pas à une catégorie précise de
voyageurs (business, voyageurs fréquents,...) mais à
l'intégralité des personnes ayant pris l'avion : nous n'avons
donc aucun intérêt à réduire notre
échantillon. Par la méthode de diffusion publique, nous pourrons
récolter un grand nombre de témoignages. Cependant, cette
méthode de récolte ne nous permettra pas de composer un
échantillon en accord avec les caractéristiques réelles
des utilisateurs, ce qui sera à prendre en compte au moment de l'analyse
des données.
· Méthode d'analyse des données
Notre questionnaire est construit de manière à
ce qu'une question (ou une catégorie de questions) réponde
à une hypothèse. De ce fait, chaque question sera
étudiée de manière individuelle en fonction de sa forme
(question fermée, échelle de Lickert,É) en opposant les
données du terrain à l'étude théorique.
77
http://www.creatests.com/types-de-questions-pour-le-sondage
Les questions « personnelles » posées aux
utilisateurs nous permettrons aussi d'établir, si il y a lieu, des
corrélations entre profil et comportement.
II. Analyse des données
1) Présentation du matériel
récolté
Nous avons obtenu un total de 221 répondants, ce qui
est au-delà de notre objectif de 150 réponses. Notre
échantillon est en majorité composé de femmes (69,2%), de
18-24ans (67,9%), de voyageurs occasionnels (52%) voyageant pour le loisir
(90%). Voici les caractéristiques précises de notre
échantillon :
Genre :
Catégories d'âge:
49
·
50
Catégories de voyageurs selon leur fréquence de
voyages :
·
Catégories de voyageurs selon le motif principal de voyage
:
2) Test des hypothèses établies
Nous allons maintenant analyser nos données afin de
répondre point par point à nos hypothèses émises
à la suite de notre revue de littérature.
a. Hypothèse 1 : L'aéroport est un lieu de
rupture du quotidien pour le
voyageur.
A la question « Diriez-vous que l'aéroport est un
lieu É (cochez les propositions avec lesquelles vous êtes d'accord
) », nous avons obtenu ces résultats :
51
Les réponses les mieux classées sont donc
respectivement « Un lieu d'évasion » (42,1%), « Excitant
» (41,6%), « Inhabituel » (36,2%). Sur cette question, nous
avons un total de 360 réponses pour 221 répondants. Ainsi, nous
avons une moyenne de 1,63 qualificatifs par personne.
Le top 3 des qualificatifs se démarquent très
largement des autres (top 3 : 36,2%, top 4 : 15,8%). Le dernier qualificatif
est « Exotique » avec seulement 3,6%.
Nous pouvons déjà définir notre top 3 afin
de cerner la perception de l'aéroport par les voyageurs :
· « Un lieu d'évasion»: selon Larousse,
l'évasion est « l'action de se soustraire à l'emprise de
quelque chose, à la monotonie, à la fatigue de la vie
quotidienne».78 Nous pouvons ainsi noter que pour le voyageur,
l'aéroport fait partie intégrante de leur voyage, dans la mesure
où celui-ci lui permet d'échapper à son quotidien. On
retrouve nettement l'envie de rompre ses habitudes.
· « Excitant » : selon Larousse, quelque chose
d'excitant « stimule, éveille des sentiments intenses
».79 L'aéroport ne semble donc pas être subi par
le voyageur, mais suscite chez lui un réel intérêt.
78
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9vasion/31825
79
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/excitant/31997?q=excitant#31922
· 52
« Inhabituel » : selon Larousse, c'est le contraire de
ce « qui est constant, fréquent, ordinaire, courant ».
80 La fréquentation de l'aéroport n'est donc pas
ordinaire pour 36,2% des sondés, alors que seulement 23,5% des
sondés déclarent voyager fréquemment.
Nous pourrions expliquer le faible score du qualificatif
« Exotique » par sa définition première, donnée
par Larousse : « qui appartient à des pays étrangers et
lointains ». Nous avons utilisé ce qualificatif afin de signifier
la rupture avec le quotidien, mais dans l'imaginaire collectif l'exotisme est
avant tout synonyme d'étranger et de distance.
Les réponses à cette question semblent donc aller
dans le sens de notre hypothèse.
b. Hypothèse 2 : En salle d'embarquement, l'excitation
du voyage
surpasse le stress ressenti par le voyageur.
Nous avons demandé aux sondés deux questions
nous permettant de savoir leur état émotionnel en salle
d'embarquement :
La moyenne du stress ressenti en salle embarquement est
égale à 1,96, soit entre «pas du tout stressé»
et «très peu stressé» sur notre échelle.
L'écart type est égal à 1,02, il est donc
relativement faible.
En somme, nous pouvons en déduire que
l'échantillon s'accorde sur le fait que le stress n'est pas une
émotion dominante en salle d'embarquement, et qu'il y est même
plutôt faible.
80
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/habituel_habituelle/38786
53
La moyenne de l'excitation ressentie en salle d'embarquement est
égale à 3,4, avec un écart type de 1,13 ce qui est
faible.
L'écart type assez faible confirme que
l'échantillon ressent assez fortement de l'excitation en salle
d'embarquement.
Ces deux questions vont donc largement dans le sens de notre
hypothèse car le stress ressenti en salle d'embarquement est faible pour
une excitation notable.
Afin de tester notre hypothèse, nous allons
réaliser un test de comparaison de moyenne sur un échantillon
unique.
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Err. type
|
Minimum
|
Maximum
|
223
|
-1.4329
|
1.4615
|
0.0979
|
-4.0000
|
4.0000
|
|
Moyenne
|
95% Moyenne IC
|
Ecart-type
|
95% Ec.-type IC
|
-1.4329
|
-1.6258 -1.2401
|
1.4615
|
1.3373 1.6114
|
|
DDL
|
Valeur du test t
|
Pr > |t|
|
222
|
-14.64
|
<.0001
|
|
L'hypothèse H0 est ici la moyenne du stress ressenti
moins la moyenne de l'excitation égale à 0. Ce test nous donne
une valeur test T de -14,64 et donc une p-valeur largement inférieur
à 5 %. Nous pouvons donc rejeter l'hypothèse H0, et en conclure
que les moyennes ne sont pas égales.
Avec un estimateur de -1,43 dont l'intervalle de confiance
est de -1,62 à -1,24. Nous pouvons donc noter que on sait cette
différence de moyenne est négative : la moyenne de l'excitation
est donc environ supérieure de 1,43 à celle du stress.
Notre hypothèse est donc validée.
54
c. Hypothèse 3 : Les achats en aéroport sont
majoritairement des achats d'impulsion.
Nous avons demandé à nos sondés
d'évaluer dans quelles mesures leurs achats en aéroport
étaient prévus à l'avance.
La moyenne à cette réponse est de 2,41, ce qui
situe la réponse en moyenne entre « pas d'accord » et «
indifférent ». L'écart-type est cependant d'1,9, ce qui nous
montre que l'échantillon ne s'accorde pas complètement sur cette
question.
Si les réponses tendent vers la validation de notre
hypothèse, elles ne sont pas catégoriques.
Afin de s'assurer de la véracité de cette
hypothèse, nous allons faire un test de comparaison de moyenne à
un standard. Dans notre cas, nous ne connaissons pas la moyenne sur la
population entière, et nous prendrons donc comme 2,5 comme valeur.
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Err. type
|
Minimum
|
Maximum
|
223
|
2.4067
|
1.2889
|
0.0863
|
1.0000
|
5.0000
|
|
Moyenne
|
95%
Moyenne IC
|
Ecart-type
|
95% Ec.-type IC
|
|
|
2.4067
|
2.2367
|
2.5768
|
1.2889
|
1.1793
|
1.4210
|
|
DDL
|
Valeur du test t
|
Pr > |t|
|
222
|
-1.08
|
0.2811
|
|
Avec une p-valeur de 0,28, nous acceptons à 5 % notre
hypothèse H0 « la moyenne est égale à la valeur
standard ».
55
Nous pouvons ainsi conclure que les individus déclarent en
moyenne que leurs achats sont prévus une fois sur deux.
d. Hypothèse 4 : Les motivations principales de
fréquentation du point de vente et d'achats sont
récréatives.
Nous avons demandé à nos sondés leurs
perceptions de leurs motivations d'achats en boutique duty free (1), et de
leurs motivations de fréquentation de ces points de vente (2).
i. Motivations d'achats
56
Afin de visualiser les motifs qui se détachent de
manière positive ou négative, nous avons calculé les
moyennes de chaque réponse (graphique ci-dessous).
Fig. 6 Radar des motivations d'achats en boutiques Duty
Free (moyennes)
57
« Dépenser ses dernières devises » se
détache des autres motifs avec une moyenne de 3,67 et un
écart-type de 1,25, puis « Acheter des biens nécessaires au
voyage » 2,95 et 1,24, suivi de « Acheter des cadeaux » 2,81 et
1,29, puis « Acheter des souvenirs » 2,66 et 1,31, suivi de «
Faire du shopping à bas prix » 2,48 et 1,28 et enfin de «
Trouver des produits exclusifs » 2,42 et 1,23.
De manière globale, mise à part pour «
dépenser ses dernières devises », l'écart-type est
conséquent. Il semblerait qu'à part le critère
cité, aucun autre ne se démarque.
Nous pouvons tout de même établir un classement
et rappeler le type de motivation (utilitaire ou récréative).
1
|
Dépenser ses dernières devises.
|
Utilitaire
|
2
|
Acheter des biens nécessaires au voyage
|
Utilitaire
|
3
|
Acheter des cadeaux
|
Récréatif
|
4
|
Acheter des souvenirs
|
Récréatif
|
5
|
Faire du shopping à bas prix
|
Utilitaire
|
6
|
Trouver des produits exclusifs
|
Récréatif
|
|
Grâce à ce classement, nous pouvons
aisément voir que l'utilitaire prime sur le récréatif en
terme de motivations d'achats. Notre questionnaire semble donc infirmer notre
hypothèse.
Nous allons réaliser une Analyse en Composantes
Principales (ACP) qui permet d'étudier l'information existante dans
toutes nos variables quantitatives.
Pour cela nous devrons nous restreindre à
l'information que l'on veut étudier, afin de mener une lecture plus
aisée de nos résultats et d'en résumer l'information
principale.
58
Variance totale expliquée
Composante
|
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
|
|
Extraction Sommes des
|
des facteurs retenus
|
|
Valeurs propres initiales
|
carrés des facteurs retenus
|
pour la rotationa
|
|
|
% de la
|
%
|
|
% de la
|
%
|
|
|
Total
|
variance
|
cumulés
|
Total
|
variance
|
cumulés
|
Total
|
1
|
1,871
|
31,186
|
31,186
|
1,871
|
31,186
|
31,186
|
1,724
|
2
|
1,459
|
24,313
|
55,498
|
1,459
|
24,313
|
55,498
|
1,463
|
3
|
1,081
|
18,017
|
73,516
|
1,081
|
18,017
|
73,516
|
1,331
|
4
|
,781
|
13,010
|
86,525
|
|
|
|
|
5
|
,480
|
7,999
|
94,525
|
|
|
|
|
6
|
,329
|
5,475
|
100,000
|
|
|
|
|
|
Méthode d'extraction : Analyse en composantes
principales.
a. Lorsque les composantes sont corrélées, les
sommes des carrés chargés ne peuvent pas être
additionnés pour obtenir une variance totale.
Le tableau de variance totale (ci-dessus) nous permet de
choisir le nombre d'axes que nous garderons pour étudier nos
données. Avec le critère pris dans notre cas, de valeur propre
supérieure à 1, nous retenons ainsi trois axes d'analyse. Cette
sélection nous permet d'expliquer 73% de la variance.
59
Matrice de structure
|
Composante
|
|
2
|
3
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [Faire du shopping
à bas prix]
|
-,481
|
,627
|
-,041
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [Trouver des produits
exclusifs]
|
,266
|
,865
|
,005
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [Acheter des biens
nécessaires au voyage (objets oubliés, objets pratiques...)]
|
,205
|
-,295
|
,832
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [D'acheter des
souvenirs]
|
,762
|
-,098
|
,335
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [D'acheter des
cadeaux]
|
,887
|
,178
|
,052
|
Selon vous, l'aéroport permet de : [De dépenser
ses dernières devises]
|
,114
|
,438
|
,723
|
|
Méthode d'extraction : Analyse en composantes
principales. Méthode de rotation : Oblimin avec normalisation de
Kaiser.
Grâce au tableau ci-dessus, nous pourrons donc
déterminer les composantes retenues.
Le premier axe qui comprend 31 % de la variance est
composée par deux variables principales : la motivation d'achat de
cadeaux, puis d'achat de souvenir. Nous pouvons par ailleurs remarquer une
corrélation négative entre ces deux variables et la motivation
d'achat due au prix : les enquêtés déclarant faire à
l'aéroport du shopping à bas prix ne pensent pas
l'aéroport comme un lieu pour acheter des souvenirs ou des cadeaux. Le
premier axe est donc clairement récréatif.
Pour le deuxième axe, qui lui comprend 24 % de la
variance, nous retrouvons comme variables principales le fait de trouver des
produits exclusifs et le bas prix des produits en aéroport. On remarque
par ailleurs une corrélation positive entre ces deux variables. Cette
corrélation positive nous semble inédit car nous aurions pu nous
attendre à une corrélation négative entre une variable
récréative et une variable utilitaire.
Enfin le dernier axe retenu dans notre analyse, qui lui
explique 18 % de la variance, rapproche le fait d'acheter des biens
nécessaires au voyage avec le fait de dépenser ses
dernières devises.
Il semblerait donc que le caractère
récréatif explique à 31% la variance de notre
modèle.
60
ii. Motivations de fréquentation
61
Nous avions aussi demandé dans une autre question de
nous préciser si un autre motif de fréquentation du duty free
shop semblait pertinent, mais toutes les réponses données ont pu
être rassemblées dans les motivations proposées.
Afin de visualiser les motifs qui se détachent de
manière positive ou négative, nous avons calculé les
moyennes de chaque réponse (graphique ci-dessous).
Fig. 7 Radar des motivations de fréquentation des
boutiques Duty Free (moyennes)
Le motif « Rompre l'ennui » se détache
nettement avec une moyenne de 3,81 et un écart-type de 1,31, puis «
Se divertir » avec une moyenne de 3,03 et un écart-type de 1,31,
suivi de « Acheter pour vous faire plaisir ou faire plaisir à vos
proches » avec une moyenne de 3,01 et un écart-type de 1,34, puis
« Acheter les produits qui vous sont nécessaire » avec une
moyenne de 2,80 et un écart-type de 1,34 et enfin de « Acheter les
produits que vous aviez prévus » avec une moyenne de 2,35 et un
écart-type de 1,36.
Les moyennes étant assez distincte, nous pouvons nous
permettre d'établir un classement des motifs de fréquentations,
en rappelant leur type (utilitaire ou récréatif).
62
1
Rompre l'ennui
|
Récréatif
|
2
|
Se divertir
|
Récréatif
|
3
|
Acheter pour faire plaisir
|
Récréatif
|
4
|
Acheter les produits nécessaires
|
Utilitaire
|
5
|
Acheter les produits prévus
|
Utilitaire
|
|
Il apparaît clairement que les motivations
récréatives de fréquentation des points de vente Duty Free
priment sur les motivations utilitaires.
Cependant, seule une analyse en composante principale nous
permettrait de valider totalement cette hypothèse.
63
III. Discussion des résultats
Dans cette troisième partie, nous discuterons des
éléments qui auraient pu biaiser notre analyse statistique. Nous
discuterons ainsi de la composition de l'échantillon et de la vision de
l'achat d'impulsion par le consommateur.
1) Composition de l'échantillon
Tout d'abord, rappelons les caractéristiques
principales de notre échantillon. Celui ci est en majorité
composé de femmes (69,2%), de 18-24ans (67,9%), de voyageurs
occasionnels (52%) voyageant pour le loisir (90%).
· Le voyage en avion tend vers la parité
Notre échantillon est composé en grande
majorité de femmes, pourtant selon la DGAC, le voyage en avion tendrait
vers la parité en France en 2014, même si les hommes l'utilisent
plus fréquemment (59% des voyages effectués) car sur 100 voyages
professionnels effectués, 74 sont réalisés par des
hommes.81 La majorité féminine de notre
échantillon peut être expliqué par la diffusion du
questionnaire à notre réseau personnel et professionnel qui est
essentiellement féminin.
· Les «25-34 ans» et les «50-64 ans»
sont sensibles à l'utilisation de l'avion
Fig 8. Utilisation du transport aérien selon les
catégories d'âge en 2007
81 L'utilisation du transport aérien - Enquête sur
le taux de pénétration du transport aérien,
Réalisée par TNS-Sofres - 2006-2007
64
Selon le tableau ci-dessus, les moins de 25 ans ne
représentent que 18% des utilisateurs du transport aérien, alors
qu'ils sont représentés à 67,9% dans notre
échantillon. En effet, le questionnaire a été
relayé par le biais de nos réseaux personnels et réseaux
professionnels et concernent ainsi les personnes de notre âge.
En somme, nous pourrions juger notre échantillon peu
représentatif de l'utilisation du transport aérien. Cependant, en
analysant nos données notamment par le biais de tableaux croisés
dynamiques, nous avons réalisés que le genre et l'âge
n'influençait pas sensiblement la perception de l'aéroport et les
motivations de fréquentation et d'achats en points de vente
aéroportuaire.
2) La perception de l'achat d'impulsion
Lors de l'étude de notre revue de littérature,
nous avions relevé dans un article de Omar et Kent (2001) que l'achat
d'impulsion pouvait être mal perçu par les consommateurs, et
considéré comme de l'immaturité, un défaut de
volonté, une faible intelligence.82 Selon Giraud, «
l'acheteur impulsif a longtemps été considéré comme
un consommateur irrationnel répondant de manière
incontrôlée et irréfléchie aux tentations d'achat
qui s'offrent à lui en magasin »83. Ainsi, nous
pourrions nous demander si nos répondants n'auraient pas eu tendance
à privilégier les motifs d'achats utilitaires dans leurs
réponses à notre questionnaire afin de ne pas renvoyer l'image
d'un acheteur impulsif. Cela ce répercuterait aussi probablement sur la
question « Généralement, lorsque vous faîtes un achat
en aéroport, celui-ci était prévu à l'avancer ?
» : les répondants pourraient avoir tendance à surestimer la
prévision afin de « paraître raisonnable ».
82 OMAR, Ogenyi et KENT, Anthony. International
airport influences on impulsive shopping: trait and normative approach.
International Journal of Retail & Distribution Management, 2001,
vol. 29, no 5, p. 226235.
83 GIRAUD, MAGALI. Les acheteurs impulsifs:
Proposition d'une typologie.Décisions marketing, 2001, p.
1724.
65
3) L'ambiguïté du caractère
récréatif et du caractère utilitaire
Afin de déterminer le caractère
récréatif ou utilitaire de la fréquentation du point de
vente et de l'achat en boutique aéroportuaire, nous avons
interrogé nos répondants sur leurs motivations. Nous avons
caractérisé chaque motivation comme récréative ou
utilitaire (voir les tableaux ci-dessous).
Rompre l'ennui
|
Récréatif
|
Se divertir
|
Récréatif
|
Acheter pour faire plaisir
|
Récréatif
|
Acheter les produits nécessaires
|
Utilitaire
|
Acheter les produits prévus
|
Utilitaire
|
|
Motivations de fréquentations du point de vente
Dépenser ses dernières devises.
|
Utilitaire
|
Acheter des biens nécessaires au voyage
|
Utilitaire
|
Acheter des cadeaux
|
Récréatif
|
Acheter des souvenirs
|
Récréatif
|
Faire du shopping à bas prix
|
Utilitaire
|
Trouver des produits exclusifs
|
Récréatif
|
|
Motivations d'achat
Cependant, certaines de ces motivations peuvent être
ambiguës :
· « Rompre l'ennui » peut aussi être
considéré comme utile, dans le sens ou l'ennui peut être
considéré comme une perte de temps et la fréquentation du
point de vente donnera au voyageur l'impression de faire quelque chose qui lui
est utile.
· « Dépenser ses dernières devises
» est a priori utilitaire, pourtant cet acte peut aussi être un
prétexte à des comportements récréatifs.
· « Acheter des souvenirs » et « Acheter des
cadeaux » peut être interprété comme des actes utiles
par les consommateurs, dans la mesure où ces achats peuvent être
indispensable.
·
66
« Trouver des produits exclusifs » peut aussi
être jugé comme un critère utilitaire dans la mesure
où les produits exclusifs peuvent répondre à un besoin
d'achat, quand d'autres produits ne pouvaient pas y répondre.
IV. Validation des hypothèses de recherche
En fonction de nos résultats d'analyses et de nos
discussions, nous allons pouvoir valider ou infirmer nos hypothèses de
recherche.
1) Hypothèse 1: L'aéroport est un lieu de
rupture avec le quotidien pour le voyageur.
Les réponses à la partie de notre questionnaire
concernant la perception de l'aéroport par le voyageur allaient dans le
sens de notre hypothèse. Nous avons aussi vérifié que la
composition de notre échantillon ne biaisait pas les réponses sur
la perception de l'aéroport. L'aéroport est ainsi
considéré comme un lieu d'évasion, excitant et
inhabituel.
4 HYPOTHESE VALIDEE
2) Hypothèse 2: En salle d'embarquement, l'excitation
du voyage surpasse le stress ressenti par le voyageur.
Grâce à notre questionnaire, nous avons pu
confirmer que les voyageurs ressentaient assez fortement de l'excitation et ne
ressentait pas de stress en salle d'embarquement.
En effet, selon notre revue de littérature, le stress
n'est plus une émotion dominante une fois les bagages
enregistrés, la douane et les filtres passés.
4 HYPOTHESE VALIDEE
3) Hypothèse 3: Les achats en aéroport sont
majoritairement des achats d'impulsion.
Les réponses à notre questionnaire nous ont
permis de relever que les achats en aéroport semblent être autant
prévus qu'impulsifs. Cependant, lors de notre discussion nous avons
montré la mauvaise image de l'achat d'impulsion, et nous sommes
persuadés que cette perception influence la déclaration des
répondants. Notre questionnaire étant seulement
67
déclaratif, nous pensons qu'une étude sur le
terrain avec l'étude des achats réels en aéroport nous
permettrait de déceler l'attitude des voyageurs quant à leur
consommation.
4 HYPOTHESE NON VALIDEE
4) Hypothèse 4: Les motivations principales de
fréquentation du point de vente et d'achats sont
récréatives.
Lors de notre analyse des résultats, nous avions
relevé que les motivations récréatives de
fréquentation des points de vente Duty Free primaient sur les
motivations utilitaires et il en serait de même pour les motivations
d'achat. De plus, nous avions alors discuté de la mauvaise perception
des achats d'impulsions par les consommateurs, qui pourraient affecter
négativement l'importance des motivations récréatives. Il
serait ainsi intéressant de poursuivre une étude qualitative sur
le terrain visant à déterminer les motivations d'achats des
voyageurs, en les interrogeant sur leurs paniers.
Cependant, nous avons discuté de
l'ambiguïté des caractères utilitaires et des
caractères récréatifs. Il serait donc intéressant
d'étudier ces motivations plus profondément.
Nous pouvons toutefois admettre que les motivations
récréatives poussent le voyageur à visiter les boutiques
duty free et y faire des achats.
4 HYPOTHESE PARTIELLEMENT VALIDEE
68
CONCLUSION
69
CONCLUSION
L'importance du marché de la distribution
aéroportuaire est aujourd'hui avérée et son
développement n'est pas prêt de s'arrêter. Afin de rendre
son développement optimal, il est primordial pour les gérants
d'aéroports et les sociétés de distribution
aéroportuaire de comprendre les particularités de ce
marché et notamment les singularités des comportements
de consommations qu'elle engendre.
Ainsi lors de notre
recherche, nous avons voulu répondre à cette problématique
:
« Dans quelles mesures la distribution
aéroportuaire affecte-t-elle le comportement du consommateur ?
».
Dans cette conclusion, nous ferons ainsi le bilan de cette
recherche d'un point de vue managérial, théorique et enfin
méthodologique. Ce bilan nous emmènera par la suite à
aborder des pistes de recherche complémentaires dans ce domaine.
I. Synthèse du mémoire et résumé
des résultats.
A travers ce mémoire, nous avons couvert deux sujets
principaux : le comportement du consommateur et la distribution
aéroportuaire. La revue de littérature nous aura permis
d'explorer ses sujets et les recouper.
Nous avons ainsi défini l'industrie du travel retail,
en commençant par son histoire, et ses problématiques actuelles :
devenir un lieu de consommation à part entière. Si
l'intérêt évident est celui des managers d'aéroport,
l'intérêt est aussi indéniable pour les industriels,
notamment en cosmétique.
Dans une seconde partie, nous avons défini
l'évolution de la théorie du consommateur. A travers cette
théorie, nous avons défini les facteurs qui pouvaient influencer
le consommateur, mais surtout différencié les motivations
d'achats aux motivations de fréquentation du point de vente.
Dans notre dernière partie, nous avons abordé le
comportement du consommateur dans le contexte qui nous intéresse :
l'aéroport. Nous avons ainsi décelé des comportements
propres à la distribution aéroportuaire.
70
Ainsi, notre revue de littérature nous aura permis de
soulever des questions et des pistes exploratoires, afin de répondre
à notre problématique. Nous avons donc défini quatre
hypothèses de recherche.
Afin de répondre à ces hypothèses, nous
avons jugé judicieux d'établir un questionnaire quantitatif et
d'ainsi recueillir les perceptions des consommateurs sur l'aéroport et
leurs consommations. Notre base de données constituée de 221
réponses nous a ainsi permis de confirmer ou infirmer les
hypothèses émises.
A partir de ces réponses, nous avons pu constater que
l'aéroport était de façon incontestable un environnement
d'évasion, excitant et inhabituel. Ainsi, malgré une
démocratisation du voyage en avion, nous ne pouvons considérer
l'aéroport comme un lieu commun. Cette affirmation nous permet donc
d'admettre que l'aéroport pourrait avoir des effets sur le
consommateur.
Puis, nous avons jugé utile de vérifier qu'au
sein de l'aéroport, l'état émotif des voyageurs pouvait
changer, au profit des distributeurs. Nous avons ainsi découvert qu'une
fois le voyageur a passé la douane et les filtres de
sécurité et se retrouve en salle d'embarquement, le stress baisse
et laisse place à un état d'excitation. Or, l'excitation est un
état émotionnel qui pousse à l'achat d'impulsion.
Nous avons ainsi voulu vérifier que les achats
réalisés en aéroport n'étaient pas prévus,
auquel cas ils seraient des achats impulsifs. Or, nous avons trouvé que
les achats étaient prévus une fois sur deux. Nous avions
affirmé que les achats en aéroports étaient
majoritairement impulsifs : notre hypothèse n'est donc pas
validée. Cependant, 50% d'achats impulsifs reste un taux
élevé pour un distributeur.
Enfin, nous avons voulu vérifier que les motivations
d'achats et de fréquentation du point de vente étaient
récréatives, ce qui expliquerait ce haut degré
d'impulsion. Nos résultats nous ont confirmé que les motivations
étaient effectivement majoritairement récréatives.
II. Contribution à la connaissance managériale,
théorique et méthodologique.
D'un point de vue personnel, ce mémoire a
été l'opportunité d'explorer et de vérifier des
intuitions que nous avions sur cette industrie et ses consommateurs. De plus,
un an au sein d'une entreprise de distribution aéroportuaire peut nous
éloigner de la réalité du
71
consommateur et de s'enfermer dans la vision du marketeur. Ce
mémoire nous a donc permis de comprendre les fondements de ce canal de
distribution.
Nos résultats nous permettent aussi de contribuer
à une connaissance managériale, théorique, mais aussi
méthodologique.
Nos recommandations sont à destination des managers
d'aéroport, mais aussi aux industriels utilisant le canal du travel
retail. La salle d'embarquement doit être un environnement propice
à l'expérience, afin de pousser davantage à l'impulsion.
Pour cela, le stress doit être réduit au maximum. Les seuls
facteurs de stress restant en salle d'embarquement sont de trouver son avion et
d'être à temps à sa porte. Ainsi, il est important que les
indications soient claires, et que des écrans indiquant les heures
d'embarquement soient régulièrement présents.
L'environnement doit être agréable et fournir des
expériences, permettant aux voyageurs de se détendre.
Pour les industriels, il est important de garder en tête
l'achat d'impulsion dans leurs assortiments : si il faut distribuer des
produits « nécessaires au voyage », les produits
créateurs d'expériences sont aussi à mettre en valeur. De
plus, les distributeurs peuvent contribuer à l'ambiance des magasins
Duty Free, par l'organisation d'animations notamment.
D'un point de vue théorique, notre mémoire nous
a permis de confirmer l'influence de l'environnement sur le comportement du
consommateur. En particulier, notre environnement choisi pousse à
l'achat d'impulsion. De plus, nous avons pris soin de prendre en compte la
différenciation des motivations d'achat et des motivations de
fréquentation des boutiques. Ce parti pris nous semblait indispensable
afin de rédiger notre mémoire dans la lignée des
études contemporaines dans le domaine du comportement du
consommateur.
Enfin d'un point de vue méthodologique, la
méthode quantitative a été pour nous la plus judicieuse
dans notre recherche. En effet, nous avons besoin dans l'étude du
comportement du consommateur d'un échantillon très
conséquent, afin de tirer des tendances générales et de
travailler dans un environnement macro. Cependant, le questionnaire a sa limite
car nous ne pouvons maîtriser l'interprétation individuelle de nos
questions, au risque de biaiser les résultats.
72
III. Limites et pistes de recherches complémentaires.
En effet, ce mémoire présente quelques limites.
Tout d'abord, bien que notre échantillon soit a priori
conséquent, il n'est pas assez représentatif. Notre
échantillon est composé en grande majorité de femme, quand
le voyage en avion tend vers la parité. Aussi, nos répondants
sont à 67,9% des moins de 25ans, alors qu'ils ne représentent que
18% des utilisateurs du transport aérien.
Ensuite, nous avons appris à travers la lecture
d'articles académiques que l'achat d'impulsion héritait d'une
mauvaise perception. Celui-ci serait synonyme pour les consommateurs
d'immaturité ou encore d'intelligence faible de par son
irrationalité. De ce fait, nous pensons que les répondants ont
peut-être sous-estimé leur rapport à l'achat d'impulsion
dans notre questionnaire.
Enfin, en étudiant notre base de données, nous
nous sommes confrontés à l'ambiguïté du
caractère récréatif et du caractère utilitaire.
Certaines motivations qui nous paraissent récréatives comme
l'achat de souvenir par exemple, pourrait être considérées
comme des motivations utilitaires. Il est ainsi difficile d'avoir un
résultat tranché sur les motivations d'achat et de
fréquentation du point de vente.
Ainsi, nous pensons que ce mémoire ouvre les grandes
pistes du comportement du consommateur en aéroport, mais que celles-ci
doivent encore être explorées, notamment par une étude
qualitative sur un grand échantillon et sur le terrain : la sortie des
boutiques aéroportuaires.
En effet, il serait judicieux d'interroger les consommateurs a
posteriori de leur expérience en magasin. Cette enquête nous
permettrait de qualifier chaque achat d'impulsif ou prévu, d'analyser
chaque motivation. Cette enquête serait cependant extrêmement
coûteuse et doit être réalisée à l'initiative
de l'aéroport : en effet, il est impossible d'accéder à la
zone d'embarquement d'un aéroport sans en être missionné ou
d'être un voyageur.
Cependant, nous restons persuadés que cet
investissement serait particulièrement rentable pour les
aéroports qui souhaitent appréhender au mieux ses voyageurs afin
qu'ils deviennent consommateurs, et faire croître considérablement
l'impact de la distribution dans leurs revenus commerciaux.
73
BIBLIOGRAPHIE
74
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NDLR : La bibliographie est rangée selon l'ordre
alphabétique.
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http://www.larousse.f/encyclopedie/divers/a%C%A9roport/18971
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habituelle/38786
Site de Mémoire Online
URL :
http://www.memoireonline.com/09/07/610/m
comportement-consommateur-lieux-de-ventes1.html
Site de Planétoscope
URL :
http://www.planetoscope.com/Avion/1396-frequentation-des-aeroports-francais-en-
nombre-de-passagers.html
81
ANNEXES
82
TABLE DES ANNEXES
· Annexe 1: Article de Marie Claire «BUY PARIS DUTY
FREE : LE RENDEZ-VOUS DES EPICURIENS A L'AEROPORT CHARLES DE GAULLE »
· Annexe 2: Questionnaire «La consommation en
aéroport»
83
ANNEXES
Annexe 1: Article de Marie Claire «BUY PARIS DUTY FREE : LE
RENDEZ-VOUS DES EPICURIENS A L'AEROPORT CHARLES DE GAULLE »
84
85
Annexe 2: Questionnaire «La consommation en
aéroport»
86
quand vous-êtes en salle d'embarquement,
ressentez-vous de l'excitation ? 1 2 3 4 5
Pas du tout excité C] Q Q a a Très excité
Retour Continuer
|
|
Terminé à 40 %
|
Votre shopping en Duty Free
Dans votre salle d'embarquement, vous avez accès aux
boutiques hors taxes (Duty Free) afin d'y faire votre shopping.
Dans ce questionnaire, nous nous concentrerons sur votre
consommation dans ces boutiques, et non sur votre consommation en restauration
et services.
Appréciez-vous faire du shopping en
aéroport ? *
1 2 3 4 5
Pas du tout Q Q Q Q (= Beaucoup
Selon vous, l'aéroport permet der
1 - Pas du tout 3 4 5 - Tout à fait
2d'accord d'accord
Faire du shopping LJ o o Q
à bas prix
Trouver des Q Q Q Q
produits exclusifs
Acheter des biens nécessaires au
voyage (objets Q Q Q Q Q
oubliés, objets
Q
Û D D O
Q Q Q Q Q
pratiques.,.)
souvenirs D'acheter des cadeaux
De dépenser ses
demi eres devises
D'acheter des Q Q Q Q
. Retour Continuer .
|
|
Terminé à60%
|
87
Votre shopping en Duty Free...
Quels sont les motifs qui vous poussent é
fréquenter les boutiques en aéroport? *
Classez par ordre d'importance les critères suivants, 1
étant le mains important pour vous, et 5 le plus important pour vous.
1 - Lernoins 5-Le plus
important pour 2 3 4 important pour
vous vous
Se divertir (découvrir des produits, les tester,..)
Acheter les
|
a a
|
produits que vous Q 0
aviez prévus
Rompre l'ennui Q Q
Acheter les produits qui vous sont nécessaireslque vous
avez oublies pour votre voyage Acheter pour vous faire plaisir ou faire plaisir
à vos proches
|
o a
|
Existe-t-Il un autre motif vous poussant à
fréquenter les boutiques en Duty Free ? SI oui, lequel ?
Généralement, lorsque vous faites un achat
en aéroport, celui-cl était prévu à l'avance :
*
1 2 3 4 5
Pas du tout d'accord 00000 Tout â fait
d'accord
En aéroport, vous estimez dépenser en
moyenne : *
Entre 0 et 10f Entre 10 et 30f Entre 30 et 60f
|
Entre 60 et 100E
|
100€ et plus
|
|
a
|
Retour Continuer»
|
|
Terminé â&0%
|
88
89
RÉSUMÉ
L'intérêt de ce mémoire est de comprendre
les fondements du comportement du consommateur dans le contexte de la
distribution aéroportuaire et observer les stratégies de cette
industrie.
Afin de traiter ce sujet, ce mémoire est composé
d'un cadre théorique et d'un cadre empirique. La revue de
littérature a deux objectifs : faire un état des lieux de la
distribution aéroportuaire de son évolution à ses enjeux
actuels et comprendre les variables du comportement du consommateur et les
facteurs qui l'influence. De ce constat, nous avons ainsi abordé comment
l'environnement aéroportuaire influençait le voyageur et les
impacts sur sa consommation.
Ainsi, notre partie empirique a pour objectif d'approfondir
nos premiers constats sur le comportement en aéroport. Nous avons
opté pour une étude quantitative afin de recueillir une base de
données conséquente et de ce fait, généraliser des
comportements de consommation en aéroport.
Les résultats ont montré que l'aéroport
était un lieu d'évasion pour les voyageurs, et qu'il était
un environnement propice à l'achat d'impulsion. Ainsi, l'aéroport
est un lieu de consommation qui se démarque des autres.
MOTS CLÉS
Comportement du consommateur - Distribution
aéroportuaire - Consommation - Travel retail - Consommation
d'impulsion
SUMMARY
The main purpose of this paper is to understand the
fundamentals of consumer behaviour within the travel retail environment and to
highlight the strategies of the industry.
In order to tackle the subject, we have split this paper in
two chapters, a theoretical review and the empirical model analysis.
The theoretical review has two objectives: take a snapshot of
the current situation in the travel retail industry and understand its current
stakes, understand the variables and factors that are involved in the consumer
behaviour process. The main theme of this paper is to understand how consumer
behaviour is influenced by existing factors of the travel retail industry.
The empirical analysis was designed in order to verify the
hypotheses stated after reviewing the general theory. The design of the
analysis is a quantitative process of surveys sends to a pool of travels. The
study gathered an important set of data in order to generalize the conclusions
on consumer behaviour in the travel retail environment.
90
Results have shown that the airport was definitely an escapist
place for travellers, and that it was a suitable environment to impulsive
consumption. Then, the airport is a consumption place that stands out from the
others.
KEY WORDS
Consumer behavior - Consumption - Travel retail - Impulsive
consumption