II- Explication et interprétation des filtres
utilisés
Le processus de sélection est primordial dans
l'élaboration d'un portefeuille boursier. La méthode et la
rigueur sont de taille dans ce procédé. Notre sélection se
fera à travers plusieurs « familles » d'indicateurs : les
données financières, la croissance du bénéfice net
par action, les données liées uniquement aux dividendes et les
indicateurs boursiers. En général, les données de
valorisation sont aussi de très bons indicateurs et sont pris en compte
dans le processus de sélection pour ensuite les comparer à
d'autres valeurs afin de déterminer, avec plus de pertinence, quelles
sont celles à ajouter en portefeuille. En effet, ils permettent de
donner une valeur à une entreprise, basée sur ses performances
ainsi que ses perspectives, pour la comparer à d'autres. Notre
étude ne prendra pas compte de ces derniers indicateurs.
1) Critères financiers
Tout d'abord, les indicateurs financiers sont les fondamentaux
de notre méthodologie. En effet, ils se focalisent sur la performance de
l'entreprise, en termes de rentabilité et de structure
financière. Il ne s'agit pas de prendre uniquement des valeurs
attrayantes en termes de critères boursiers car cette stratégie
engendre parfois la création de bulle
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spéculative, soit la capitalisation excessive d'une
valeur qui ne créer pas de valeurs voire n'est même pas rentable.
Certains indicateurs seront pris sur des horizons différents, de 1
à 5 ans, afin d'observer leurs évolutions.
Le Weighted Average Cost of Capital (WACC) ou Coût Moyen
Pondéré du Capital (CMPC) en français, représente
le coût du capital qui a été investi.
Le Return On Capital Employed (ROCE), qui correspond à
la rentabilité des capitaux engagés, permet de mesurer ce que
rapporte l'entreprise avec le revenu qu'elle dégage (le résultat
d'exploitation après impôts) par rapport aux actifs
immobilisés (arsenal de production, brevets, logiciels...) et le besoin
en fonds de roulement (BFR), ces deux éléments formant l'actif
économique.
Ce ROCE se compare avec le WACC afin de déterminer la
création, si le ROCE est supérieur, ou la destruction, si le WACC
est supérieur, de valeur par l'activité de l'entreprise. D'autres
indicateurs de rentabilité sont pertinents selon les secteurs.
Le Return On Asset (ROA), représentant la
rentabilité de l'actif immobilisé, va correspondre à des
activités industrielles dont l'arsenal de production est
conséquent et sera ensuite comparée avec la concurrence.
Le Return On Equity (ROE), en français la
rentabilité des capitaux propres, prend compte du résultat net et
des capitaux propres. Il permet de mettre en exergue la rentabilité
d'exploitation avec l'effet de levier financier lié à la dette,
qui se transforme, logiquement et généralement, en capitaux
propres par la suite. Le recours à l'endettement permet donc de booster
sa rentabilité d'exploitation.
Ces indicateurs de rentabilité (ROCE, ROE et ROA) sont
généralement pris sur un horizon de 5 ans, ou en faisant une
moyenne sur une période donnée.
Suite à ça, nous nous intéressons
à l'analyse des marges. La marge sur EBIT ou dite d'exploitation
correspond au rapport du résultat d'exploitation sur le chiffre
d'affaires. La marge opérationnelle, similaire à celle
d'exploitation, prend plutôt l'excédent brut d'exploitation (EBE)
et donne une image plus réelle du flux dégagé par
l'entreprise, l'EBE ne prenant pas compte des écritures
d'amortissement.
La marge nette, quant à elle, représente la
profitabilité de l'entreprise par rapport au chiffre d'affaires, en
prenant le résultat net, qui lui sera le déterminant final
à inscrire au
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bilan. Ces ratios seront pris sur plusieurs années et
on notera le minimum et le maximum afin d'avoir une fourchette des marges.
La croissance des ventes est aussi un point important à
ne pas oublier car si l'activité décroît, les investisseurs
auront plus d'intérêts à se diriger vers une entreprise en
pleine croissance et possédant les mêmes caractéristiques
car malgré des marges identiques en proportion, les revenues
enregistrés ne seront surement pas identiques en valeur.
L'analyse de la structure est aussi important pour savoir si
son équilibre bilanciel et sa solvabilité sont assurés. Le
rapport des dettes nettes sur l'EBE va nous permettre de constater en combien
d'années l'entreprise peut rembourser ses échéances
seulement grâce aux flux générés par son
activité. C'est l'autonomie financière qui sera
démontrée par ce calcul.
Le Gearing, étant le ratio de la dette globale sur les
capitaux propres, ainsi que la dette nette par actions permettent de nous
donner une idée de l'endettement de la structure et de connaitre la
proportion des différentes ressources, principalement les capitaux
propres et l'endettement financier global.
2) Critères de croissance du bénéfice net
par action
Après avoir dressé les caractéristiques
financières à chaque valeur, il est important de prendre en
compte la croissance des bénéfices nets par action (BNPA). En
effet, une croissance importante du BNPA va susciter la convoitise des
investisseurs. Par conséquent, il est analysé sur plusieurs
périodes. Ce ratio entre le résultat net et le nombre d'action
permet d'appréhender les dividendes susceptibles d'être
distribués aux porteurs de ces actions, qui constituent alors en cas de
versement une rémunération pour l'actionnaire.
3) Critères liés à la politique de
distribution de dividendes
Le dividende constitue pour l'actionnaire une
rémunération supplémentaire de la plus-value potentielle
qu'il compte enregistrer (ou malheureusement, de la moins-value qui constitue
une perte et plus un gain). La politique de distribution de dividende d'une
entreprise doit donc être analyser afin de s'orienter vers des valeurs,
en plus d'être
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potentiellement performante sur le long-terme, qui versent un
dividende. Plusieurs éléments seront pris en compte.
Le montant des dividendes versés chaque année
depuis une certaine période (5 à 10ans) permet de savoir si ces
versements tendent à évoluer davantage ou à l'inverse,
qu'ils diminuent. De plus, la date du prochain dividende doit être connue
car, si une sélection de valeur en portefeuille se fait proche de cette
date, notre choix pourrait favoriser une entreprise, ayant l'habitude de
distribuer une partie de son résultat, dont la date de versement de
dividende est proche. Le ratio de couverture des dividendes, se
concrétisant par la division du bénéfice net par les
dividendes versés, nous laisse interpréter quant à la
proportion du bénéfice qui sera affectée aux actionnaires.
Si ce ratio est bas, cela signifie que l'entreprise verse une grande partie de
ses bénéfices et va d'autant plus attirer les investisseurs,
tandis qu'un ratio élevé signifie que l'entreprise conserve une
grande partie de ses bénéfices en trésorerie (afin
d'être investie dans la majorité des cas et donc en dépit
des intérêts des actionnaires.
4) Critères boursiers
C'est la finalisation de notre sélection. Les
indicateurs boursiers nous donnent une idée du sentiment des
investisseurs sur une valeur et d'autres éléments indispensables
avant de se positionner sur une action. La capitalisation boursière
d'une entreprise est un très bon indicateur, représentant la
valeur de marché de l'ensemble des titres de cette même
entreprise. Théoriquement, on peut l'interpréter comme le prix de
rachat de tous les titres d'une société. Cependant, ce prix
d'achat est souvent majoré du fait des perspectives positives qu'elles
affichent à moyen ou long terme.
Une action est souvent exposée à un risque de
liquidité, c'est-à-dire le fait qu'un actionnaire voulant
revendre ses titres ne trouve pas d'acheteurs en contrepartie. La
liquidité est donc importante et peut s'analyser à travers les
volumes échangés sur une période. Plus les volumes sont
grands, plus les titres sont liquides et inversement. Une moyenne, sur
plusieurs années, de volumes échangés permettra de
répondre à cette question de liquidité.
Le cours de la veille doit être indiqué aussi
afin d'avoir une idée sur la tendance de ce dernier. La performance de
l'action, c'est-à-dire la hausse ou la chute enregistrée d'une
action depuis sa période de détention, nous donne une idée
de la tendance de
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l'entreprise à l'avenir, concrétisée sur
le marché par l'engouement des investisseurs sur le sous-jacent en
question. Cette performance peut être analysée par jour, par mois
ou même par année afin de scruter les tendances court, moyen et
long terme d'une action. Le Price Earning Ratio (PER), considéré
comme un indicateur de valorisation mais sera pris dans notre étude en
tant qu'indicateur boursier, nous montre le nombre de fois que le cours de
bourse d'un sous-jacent capitalise son résultat. Plus parlant dans son
interprétation, ce dernier doit être comparé au PER du
secteur pour avoir une idée de ce que reflète le marché.
Par exemple, un PER supérieur au PER sectoriel signifie que l'action est
surévaluée, soit que les investisseurs sont prêts à
acheter l'action plus chère car les perspectives à l'avenir sont
favorables, contrairement à un PER sectoriel supérieur au PER de
l'action qui signifie que l'action est sous-évaluée, soit que les
investisseurs ne montrent aucun intérêts à investir dans
cette valeur à cause de ses perspectives à l'avenir
défavorable. En plus du PER, les ratios Price to Cash-Flow Ratio (P/CF),
Price to Book Ratio (P/B), permettent de valoriser une société
cotée. D'autres indicateurs peuvent ensuite finaliser notre choix de
valeur en portefeuille et sa composition comme le Béta, qui permet de
mesurer la corrélation entre le marché (ou indice, secteur,
branche d'activité...) et un panier de valeur. Ce coefficient peut
s'avérer pertinent par rapport à un indice dont on sait que les
tendances seront haussières. L'Alpha, indicateur pertinent, va
déceler les valeurs qui surperforment les performances attendues prenant
compte de leur risque.
C'est cette méthode qui nous a permis de
sélectionner des entreprises à fort potentiel et qui va nous
permettre de dresser des recommandations bien précises, sur les
différentes places financières étudiées.
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