I- MANOEUVRES DE CAPTATION DE L'AUDIENCE DES JOURNAUX :
A- MISE EN PAGE ET ANGLES DE TRAITEMENT :
Selon Blaise Pascal Dassie REC du quotidien Le
Messager, depuis les salles de rédactions, les rédacteurs en
chef donnent des consignes aux journalistes concernant les
67Surnom donné à ces camerounais qui
s'entassent devant les kiosques à journaux et lisent les unes des
tabloïdes sans les acheter. Ils ont pratiquement développé
au Cameroun un nouveau type d'espace public au sens d'Oskar Negt.
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
angles de traitement à aborder avant d'aller sur le
terrain collecter les éléments. La mise en page participe d'une
stratégie globale de construction d'un évènement.
1- La mise en page :
- Dans le quotidien Le Messager :
Le quotidien Le Messager qui possède 12 pages
a écrit 29 articles sur le cinquantenaire de la réunification. Ce
journal commence à traiter du cinquantenaire le mardi 8 janvier 2014 en
page 7 et cet évènement a progressé dans la pagination
dudit journal pour se retrouver à la page 2. La « question
anglophone » quant à elle est évoquée dans Le
Messager par Joseph Olinga, dans un reportage avant le cinquantenaire, le
mardi 14 janvier 2014 en page 2 ligne 40 dans l'article intitulé :
« Buéa entre espoir et résignation ». L'auteur
écrit parlant d'un riverain interrogé dans la rue :
«...Du reste cet interlocuteur reste dubitatif sur la prise en compte
de la question anglophone au lendemain d'une commémoration qui sera
personnellement présidée par le Président de la
République... » A la ligne 60 Joseph Olinga écrit :
« ...une question d'honneur agite certains habitants de la
région parmi les moins excessifs. Une occasion dit-on ici de
démontrer que les anglophones ne sont pas les faire-valoir de la
République... ». Pendant le cinquantenaire de la
réunification, Blaise-Pascal Dassie dans son billet d'humeur du vendredi
21 février 2014 en page 5 ligne 12 intitulé : « Fru Ndi
tance Paul Biya » cite le chairman en ces termes : « ...en
faisant une étude comparative dites au moins combien d'anglophones sont
dans le comité d'organisation". » Pour lui, il ne faut pas se
voiler la face, les anglophones ne sont pas contents. A ce moment le
problème anglophone est posé par Le Messager de
manière subtile. En page 7 du même journal, Valgandine Tonga
rapporte des propos recueillis auprès de Jean De Dieu Momo
Président du PADDEC : « ...vous devez vous souvenir qu'il y
avait une période où on célébrait une
journée dite de deuil national parce qu'une partie du Cameroun à
l'indépendance avait été rattachée au Nigeria lors
d'un référendum organisé par les Nations unies. Je l'ai
toujours condamné car il n'y avait pas lieu de référendum.
On devait nous restituer notre nation comme on l'avait prise pour la confier
aux français et aux anglais. Le passé c'est le passé. Une
partie avait été rattachée au Nigeria nous le regrettons
encore aujourd'hui. La partie qui a été rattachée au
Cameroun doit être célébrée... » En page
8, Edouard Kingue dans sa chronique intitulée : « lettre ouverte
à mon frère de l'outre Mungo » écrit dans son chapeau
: « ...en nous partageant entre les puissances colonisatrices, on nous
a séparés, tailladant à l'équerre
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
et au compas dans la chair, un peuple dont les morceaux
éparses se recollent douloureusement au gré des
conférences, référendum, décrets, cinquantenaires
et discours. Mais qui indemnisera ces masses dont les plaies identitaires mal
couturées laissent transparaitre des cicatrices
indélébiles ? ». A la ligne 5 Edouard Kingue
écrit : « ...pourquoi une réunification sans
unité linguistique ? Parce que la société des nations
ancêtre de l'ONU avait favorisé notre désintégration
en deux blocs politiques distincts ». Après le cinquantenaire,
lundi le 24 février 2014, Le Messager publie son premier titre
laissant transparaitre la question anglophone en page 5 : « Buéa
sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu ». Dans son
analyse, Edouard Kingue écrit : « ...ni John Ngu Foncha, qui
lutta pour la réunification des deux Cameroun, ni tant d'autres
oubliés de l'histoire, qui favorisèrent le oui' au
référendum devant consacrer le rattachement du Cameroun
britannique à la République du Cameroun ...n'ont
été cités...». Jeudi le 27 février en
page 4 la « question anglophone » est évoquée par Marie
Louise Mamgue dans son compte rendu intitulé : « Le MANIDEM
décrie la mystification de l'histoire du Cameroun » ; elle
écrit : « ...pour permettre aux camerounais quelles que soit
leur origine géographique objectivement lésés d'occuper la
place qui leur revient de droit à travers un dialogue de
vérité et de réconciliation, pour permettre aux
camerounais de toutes les régions sans épithètes
linguistique importées de jouir d'un développement
endogène, juste et équilibré de notre nation.- De ce
fait le parti d'Anicet Ekane penche pour une véritable
réunification qui éloignera de facto toute idée de
sécession et de memoranda régionaliste et sectaire ».
Lundi le 11 mai 2015, Le Messager titre dans sa tribune : «
revendication : les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au
fédéralisme ». Ça y est, nous sommes rentrés
au coeur même du problème anglophone. En page 3 de son compte
rendu, Donat Suffo retranscrit les propos des avocats en ces termes : «
Nous avons observé avec amertume, le manque de protection des droits
des minorités, je veux dire de la minorité anglophone au
Cameroun,...par conséquent pour une meilleure protection des droits des
minorités anglophones au Cameroun et leur héritage culturel, nous
exigeons avec énergie la fédération...ils ont
dénoncé la dernière décision du conseil
supérieur de la magistrature, qui a affecté les magistrats
d'expression française dans les tribunaux et cours des deux
régions anglophones et partant la présentation par ces derniers
de leurs conclusions en langue de Molière...les formations dans ce
système doivent être en anglais de la maternelle, jusque dans la
vie professionnelle... ». Le Messager du vendredi 22 mai
2015 titre dans son oreille de Une: « 20 mai 1972 : un coup de force de
Ahidjo » et publie de la page 5 à la page 7 une
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
analyse de l'écrivain et homme politique Enow Meyomesse
: « ...les camerounais anglophones pourraient être tentés
par la même expérience au cas où il serait entamé
l'exploitation du pétrole gisant sous leurs pieds. Seule solution : les
museler. Comment ? En abolissant le fédéralisme et en passant
à un Etat unique...Les anglophones viennent avec la complicité de
l'un des leurs, John Ngu Foncha, s'engouffrer dans cette tyrannie
naissante...Ahidjo ne demande qu'une chose à ses interlocuteurs
anglophones, c'est d'adhérer purement et simplement à la
constitution de la République du Cameroun votée par
référendum truqué le 21 février 1960...la politique
d'Ahidjo consistera à neutraliser le pouvoir politique de la
communauté anglophone, au sein de l'Etat du Cameroun. C'est ainsi qu'il
retire à Foncha le poste de Premier Ministre du Cameroun occidental en
1965, au profit de Salomon Tandem Muna...Mbida, Mayi Matip, Eyidi Bebey et
Okala ont publiés le 16 juin 1962 une lettre ouverte où l'on peut
lire...l'unité nationale telle qu'elle est définit est un mythe
et ce mythe frise l'utopie...Dimanche le 20 mai 1972, les camerounais ne
découvrent dans les bureaux de vote que deux types de bulletins ceux
portant la mention 'oui' et ceux portant la mention 'yes'. Il n'y en a
guère portant la mention 'non'...la grande conséquence de ce coup
de force d'Ahmadou Ahidjo a été la colère de la
communauté anglophone sur le moment et peu de temps après la
naissance du SCNC... ». Le mercredi 27 mai 2015 en page 3, Le
Messager touche du doigt la discrimination dont est victime la
communauté anglophone de la CRTV en ce qui concerne l'âge de
départ à la retraite avec ce titre : « CRTV : les
anglophones dénoncent la discrimination » dans un commentaire
signé Souley Onohiolo. Jeudi le 1er octobre 2015 en page 3
avec le titre : « la réunification du Cameroun dans les oubliettes
», Alain Njipou écrit au sujet de la « question anglophone
» : « ...depuis les revendications irrédentistes du
Southern Cameroun National Council (SCNC), il n'y a que la partie anglophone
qui se met en ordre de bataille, non pas pour commémorer mais bien plus,
pour exiger l'indépendance du Cameroun occidental... ». Lundi
le 30 novembre 2015, Donat Suffo en faisant le compte rendu de l'ouvrage de
Victor Mukete écrit en page 2 : « marginalisation des anglophones :
le sénateur Nfon Victor Mukete met le régime en garde ».
- Dans le quotidien Cameroon Tribune
:
Cameroon Tribune le quotidien à capitaux
public de 32 pages ouvre le chapitre cinquantenaire de la réunification
lundi 27 janvier 2014 en page 5 dans la rubrique politique avec un mini dossier
« préparatifs » comprenant un avant-papier, une brève
et une interview. Le journal de Marie Claire Nnana a écrit 74 articles
sur les festivités du cinquantenaire en
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2014. Au moment où le cinquantenaire de la
réunification du Cameroun fait l'actualité, CT lui consacre ses
pages 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 mais en dehors du cadre de
l'actualité Cameroon Tribune octroie la page 5 au
cinquantenaire de la réunification lorsqu'il décide d'en parler.
Concernant la « question anglophone », CT commence à
l'évoquer avec subtilité dans ses colonnes, avant le lancement
des cérémonies marquant le cinquantenaire de la
réunification, lundi le 17 février 2014 en page 2 dans le
reportage de Essama Essomba intitulé « une prière en guise
de coup d'envoi ». L'envoyé spécial à Buéa
écrit à la ligne 83 : « ...ils ont imploré Dieu
très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il
continue à protéger notre pays des maux de la division
». Pendant le cinquantenaire, mardi 18 février 2014 Essama
Essomba dans son article « consensus sur l'unité nationale »
parut en page 3 évoque de manière un peu plus évidente la
« question anglophone » à la ligne 28 : « ...Jacques
Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en anglais qu'il
n'y a pas de sujet tabou... » À la ligne 35 «
...Philemon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le processus
d'indépendance et de réunification du Cameroun est
irréversible, tout comme celui de l'unité et de
l'intégration nationale... ». A la ligne 56 Essama Essomba
écrit : « ...son collègue Fanso Werfijika avance que
sans la prise en compte de certaines réalités et droits pour
l'égalité, cette unité demeure un mythe... », et
à la ligne 83 le problème anglophone commence à être
posé clairement « ...à l'exception de Njoh Litumbe dont
la thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux
Cameroun... En répondant à une question sur un
éventuel dialogue avec le SCNC, le PM a été clair :
qu'il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les
partis légalisés, il y a dialogue avec les pouvoirs publics
». Nkendem Forbinake dans son article « A long Day to revisit
the Reunification Trail » paru en page 4 écrit à la ligne 57
« ...political activist Njoh Litumbe, 87, who argued emphatically that
the union between Southern Cameroons and the then République
du Cameroun' had no legal basis because of the absence of attesting documents
at the United Nations Secretariat in New York...» et à la
ligne 75 «...Tala Kashim Ibrahim talked of the abundance of Anglophone
literature whose principal themes are almost always about the marginalization
of the Anglophone minority »68. A ce moment précis
le mot «marginalisation» concernant la minorité Anglophone est
lâché mais alors en anglais pas en français :
subtilité du CT. En pied de page du même journal, dans les
réactions recueillies par Nkeze Mbonwoh et Jean Francis Belibi, le
journal publie les propos de Chief Samson Abangma : « ...the
colloquium has produced
68 Traduction : « Tala Kashim Ibrahim a
parlé de l'abondante littérature Anglophone dont le principal
thème tourne toujours autour de la marginalisation de la minorité
Anglophone ».
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
greater hope for some of the questions tha thad remained
silent ». Une fois de plus allusion est faite au problème
anglophone. Après la célébration du cinquantenaire de la
réunification c'est finalement Marie Claire Nnana la Directrice de
publication qui prendra sur elle d'évoquer sans ambages le
problème anglophone. Dans son éditorial intitulé : «
Unis, décrocher l'avenir » paru dans le Cameroon Tribune
du lundi 24 février 2014 en page 3, la Directrice de Publication
écrira : « ...ainsi à la question y-a-t' il
un problème anglophone ?' au lieu de s'échiner à prouver
qu'il n'en existe pas, il convient plutôt de considérer que
dès lors que les perceptions suggèrent que oui, il devient urgent
de dialoguer, de poser des actes au besoin... »
- Dans le journal The Post :
The Post est un journal anglo-saxon de 12 pages qui
commence sa saga sur le cinquantenaire de la réunification lundi 03
février 2014 en page 2. The Post commettra 34 articles sur le
cinquantenaire. Au moment où le cinquantenaire fait
l'actualité The Post lui consacre en moyenne 6 pages. Hors
actualité, une seule page est réservée au traitement du
cinquantenaire qui est généralement placé en page 2. Avant
la célébration du cinquantenaire de la réunification,
lundi 3 février 2014, The Post dans sa sous-tribune, titre
« address Anglophone Problem before it Boils over ». En page 5 de
l'interview réalisée par Yerima Kini Nsom, Christopher Nsom
s'exprime sur la «question Anglophone» « ...First of all,
there is no small problem...this celebration is limited because there is no
equal regional integration as well as territorial developments. Most Anglophone
regions are not really developed in relation to the francophone regions...in
the case of Cameroon, there is the minority problem which is the Anglophone
problem. There exits a high level of marginalization of Anglophones within the
economy. There are over six million of Anglophones in the country and only two
ministerial positions have been given to them, that is, the Ministry of
Forestry and wildlife and the Ministry of Arts and Culture...at the central
African republic, you will notice that the problem started with Francois Bozize
dishonoured the accord he signed with the Seleka rebels which had ten clauses.
They got angry and stared moving towards the capital Bangui which led to the
rebellion...There are many Anglophone pressure groups in Cameroon struggling
for the Anglophone problem...». Pendant le Cinquantenaire, en page 5
le journal Anglophone publie une interview de Nico Halle sur la «question
Anglophone» : « ...anybody who says there is no Anglophone
problem is dishonest, hypocritical, a liar and should never be trusted... the
Anglophone problem is the Anglophone. That is the first problem...the
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Anglophones ought to have their place but they opt to play
second fiddle...». En page 7 Isidore Abah fait le compte rendu du
propos du Premier Ministre Philemon Yang concernant le dialogue avec les
sécessionnistes: « Yang tells activists: if you want dialogue,
form political party...Prime Minister, Philemon Yang, has told activists of the
Southern Cameroon National Council, SCNC, that Government would be ready to
dialogue with them if only they constitute themselves into a political party
». Après le cinquantenaire, avec son article en page 6 «
Admit Anglophone problem, Prof. Pondi tells Gov't » Isidore Abah nous
rapporte l'interview de Jean Emmanuel Pondi : « Anglophones cannot be
so resolute in their demands for over 50 years if there was no problem, and
even if Government is convinced that there is no Anglophone problem, the fact
that the Anglophones perceive a problem, makes their cause a problem...50 years
after reunification provides the best opportunity for the government and
representatives of the Southern Cameroons National Council, SCNC, to sit down,
dialogue and chart the way forward...there can be no sustainable integration in
Cameroon if one part of the country is constantly complaining of
marginalization...Government should come clean and admit that there exists an
Anglophone problem which needs proper examination and possible cures prescribed
».
Après observation de la mise en page dans ces trois
journaux, il ressort que : « la question anglophone » occupe en
général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la
page 5 de The Post et la page 3 de Cameroon Tribune. The
Post est le seul de ces trois journaux à ne pas hésiter
à titrer sur la question anglophone avant, pendant et après le
cinquantenaire de la réunification. Cela peut se comprendre parce que
s'est un journal anglophone principalement concerné par la question.
Le Messager commence par y faire allusion sans rentrer dans le vif du
sujet pendant les festivités marquant cet évènement, comme
pour tâter le terrain. Mais après l'évènement en
parle sans complexe. Par contre les journalistes de Cameroon Tribune
évitent même d'écrire les mots « marginalisation
» et « question anglophone » pendant toute la durée du
cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de
Publication en personne qui prend sur elle la responsabilité de
mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne
reviendra plus sur la « question anglophone » par la suite.
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