3.2.1 Les autres effets de la
végétation
Selon l'APPA26 (2014), la végétation
apporte un effet bénéfique sur plusieurs composantes :
26 Association pour la Prévention de la
Pollution Atmosphérique
A. 32
Sur la qualité de l'air
Les composés gazeux pénètrent dans les
feuilles via les stomates et peuvent ainsi être
métabolisés. Les végétaux sont donc capables
d'absorber et de dégrader les hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP).
Les particules peuvent être quant à elles
être fortement interceptées par les feuilles, même si la
majorité reste retenue à la surface.
Les arbres et forêts en périphérie des
villes permettraient également une diminution des concentrations d'ozone
(O3) dans l'air. Seulement, cette molécule phytotoxique peut provoquer
des effets à long terme sur les végétaux. De plus, les
arbres sont aussi émetteurs de composés organiques volatiles
(COV), en quantité variable selon les espèces, qui sont
précurseurs de l'ozone.
En ce qui concerne les grosses particules et PM10
(diamètre inférieur à 10 microns), le piégeage est
plus important pour les espèces qui possèdent une importante
surface foliaire. Les conifères seraient alors plus efficaces (grande
surface de dépôt et surface foliaire adhésive). Les arbres
isolés sont plus efficaces pour l'accumulation des particules par
rapport aux arbres de forêts urbaines. En effet, une densité trop
forte d'arbres (surtout dans les rues encaissées et mal
ventilées) peut entraîner une concentration de la pollution.
Enfin, les arbres, les plantes grimpantes (lierre) et les
toitures végétalisées avec des herbacées
(dispositif intensif) semblent capables de piéger les particules plus
fines (PM 2.5 - PM 1) avec un bon rendement.
B. Sur la santé et le bien être
La végétation permet ainsi d'améliorer la
santé physique au travers de son action de captage des particules
polluantes. On note clairement une correspondance entre santé publique
et espaces végétalisés. Ceux-ci permettent une
activité physique via les parcs et procurent dans un même temps un
bien-être psychologique (esthétisme). Ils apportent
également confort thermique, phonique et protègent contre les
conditions climatiques peu intenses (blocage des déplacements d'air).
Les espaces verts permettent également de créer
du lien social à travers les jardins familiaux27, les jardins
partagés28, ou encore les jardins d'insertion sociale et
professionnelle, pour les personnes en situation précaire.
27 Parcelles mises à disposition des
personnes souhaitant cultiver la terre pour leur propre consommation
(Fédération Nationale des Jardins Familiaux)
28 Parcelles ouvertes au public et entretenues
collectivement par les habitants d'un quartier (Agence Régionale de
l'Environnement de Haute-Normandie)
33
En revanche, les problèmes allergiques restent assez
préoccupants dans certaines villes et font d'ailleurs l'objet d'une
attention particulière depuis quelques années, notamment en
Ile-De-France.
Les différentes propriétés du
végétal, citées précédemment, sont
évidemment recherchées par les professionnels de
l'aménagement, notamment pour lutter contre les épisodes
caniculaires. Les questions liées aux méthodes de
végétalisation employées se posent alors.
Cette partie a permis de décrire les principales
variables qui démontrent le changement climatique. La ville de Rennes
n'est pas épargnée, même si elle apparaît moins
touchée jusqu'à présent, par rapport à d'autres
régions françaises. Le changement climatique a des effets sur
l'environnement « physique », mais aussi sur l'environnement urbain
et les villes, qui voient leur vulnérabilité augmenter. C'est en
partie à cause de cette vulnérabilité face aux
évènements extrêmes et aux évolutions climatiques
qu'émerge de plus en plus de réflexions concernant l'adaptation,
en lien avec la végétation et l'aménagement du territoire.
Les collectivités se doivent d'anticiper et de mettre en place des
stratégies réfléchies en fonction des potentiels impacts
climatiques, eux-mêmes influencés par la localisation
géographique et les conditions météorologiques
associées.
4. Les méthodes d'adaptation au changement
climatique : la ville comme terrain d'expérimentation
Aux vues des manifestations probantes du changement
climatique, les collectivités territoriales sont dans l'obligation
d'adapter leur façon de concevoir la ville. Les grandes
agglomérations françaises comme Lyon ou Paris font office de
leader en la matière, tandis que d'autres ont décidé
d'intégrer de manière plus importante les enjeux climatiques et
la notion d'adaptation au sein de leurs documents d'urbanisme, comme c'est le
cas à Rennes. La plupart du temps, ces agglomérations n'ont que
peu, voire pas d'expérience concernant cette thématique qui reste
relativement nouvelle pour les collectivités. Le maillage urbain doit
donc être pensé comme un territoire d'expérimentations.
4.1 L'action sur le secteur privé au travers du
coefficient de biotope
Si l'espace public constitue l'un des terrains d'action
privilégié des collectivités concernant la
thématique de la végétation en ville, il est plus
difficile depuis quelques années d'investir et d'aménager de
nouveaux espaces, en raison du manque de surfaces disponibles, mais aussi
surtout des contraintes budgétaires qui limitent fortement l'action des
collectivités.
34
Dans ce contexte tendu, les professionnels de
l'aménagement de certaines communes se tournent depuis peu vers le
domaine de l'espace privé, qui représente un levier d'action
important, en raison de sa proportion majoritaire au sein des villes.
Le coefficient de biotope, initialement instauré
à Berlin en 1998, a été adapté et reformulé
par certaines agglomérations françaises, qui l'ont ensuite
intégré dans la partie réglementaire de leur PLU. À
Rennes, la réflexion s'est engagée au cours de l'année
2016, après un appui politique.
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