INTRODUCTION
0.1 Contexte et justification de
l'étude
Les maladies rhumatismales sont des affections de
l'appareil locomoteur dont le maitre-symptôme est la douleur. Cette
douleur est d'allure chronique dans plusieurs affections, entraînant
ainsi une altération de la qualité de la vie du patient. Elle est
parfois associée à diverses comorbidités qui contribuent
à l' handicap fonctionnel que présente le patient et à
l'altération de la qualité de vie susmentionnée. C'est
ainsi que les rhumatismes sont à juste titre considérés
comme un problème de santé publique compte tenu de leur impact
socio-économique (1-6).
Dans la communauté européenne, la
prévalence des maladies rhumatismales est estimée à 15
à 20% de la population. En France, les maladies rhumatismales justifient
15% des actes médicaux (2). Le niveau de connaissance de ces maladies a
connu de progrès considérables au cours des dernières
années, notamment au cours de la décennie mondiale des os
(2,6-8). Aux Etats Unis, 15 % de la population présentaient des
affections rhumatismales en 1995. Et on estime qu'en 2020 l'incidence des
affections rhumatismales atteindra 18,2% (9 ,10).
En Asie, en Océanie, en Amérique latine et dans
la plupart des pays en voie de développement, de nombreux travaux ont
été réalisés dans le cadre de la collaboration
entre la Ligue Internationale des Associations pour la Rhumatologie (ILAR) et
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette collaboration a mis en
place un programme de recherche sur les maladies rhumatismales dans les
communautés défavorisées, dénommé
« Community Oriented Program for Control Rhumatic
Diseases » (COPCORD). Ce programme avait permis entre autre de
connaitre la prévalence des maladies rhumatismales dans plusieurs pays.
C'est le cas de l'Australie (33-34%), du Bengladesh (24,9-27,9%), de Cuba
(58%), de la Chine (5,6-35%), de l'Indonésie (5,1-23,3%), de l'inde
(18,2%), de l'Iran (41,9%),, de la Malaisie (21,1%), du Pakistan
(14,8%), des Philippines (14,5%), de la Thaïlande(17,6%), de l'Egypte
(16,7%), du Chili (43%), du Brésil (7%) et du Mexique (17%) (11-26;
47-48; 60-75 ; 108-109).
En RDC, les données
épidémiologiques sur les rhumatismes sont peu nombreuses.
Quelques données disponibles ont été obtenues aux
Cliniques Universitaires de Kinshasa et à l'Hôpital Provincial
Général de Référence de Kinshasa (27-33, 118-27).
En 1980, Mbuyi-Muamba et al. (27-29) avaient, au cours d'une
étude rétrospective, observé que les rhumatismes
étaient un motif rare d'hospitalisation en Médecine Interne (27).
Une autre étude menée dans la même période avait
montré que les taux du complément (28) et d'immunoglobuline
étaient très élevés dans la population de Kinshasa
(29). En 1991, Bwanahali et al. (30) avaient rapporté que les
affections rhumatismales étaient relativement rares parmi les patients
consultés en Médecine Interne à Kinshasa, et que les
maladies les plus rencontrées étaient l'arthrose, la goutte et la
polyarthrite rhumatoïde (PR).
En 1998, Mbayo et al. (31) avaient
déterminé la fréquence des gènes HLA-DR dans la
population Congolaise et avaient montré que certains gènes comme
HLA B27 (lié à la SpA) et HLA DR4 (lié à la PR)
étaient rares dans la population congolaise.
Les études récentes de Malemba et al.
(32, 149) ont montré que les maladies rhumatismales concernaient aussi
les jeunes de moins de 30 ans aux Cliniques universitaires de Kinshasa et que
la prévalence de la PR à Kinshasa était semblable à
celle rapportée en Occident.
Plus récemment encore, en 2013, certains
résultats des études congolaises ont été
présentés à Durban, en République sud Africaine
lors du 7ème Congrès de l'AFLAR et du
23ème Congrès de la SARAA. DIVENGI et al.
(118, 122,126) avaient rapporté des cas de goutte tophacée chez
la femme congolaise ménopausée, ainsi que les résultats
préliminaires du présent travail, portant sur la
prévalence des affections rhumatismales en milieu rural congolais ;
LUKUSA A et al. (119) avaient décrit le profil clinique et
radiologique de la gonarthrose aux CUK ; Lebughe et al. (120,
124,134) avaient décrit le parcours des rhumatisants congolais avant
leur première consultation et le profil clinique de la PR auprès
des patients suivis aux CUK ; Malemba et al. (121, 127,149)
avaient observé une faible sévérité de la PR chez
les patients congolais et avaient rapporté l'évolution de ces
patients sous Méthothrexate; Mukaya et al. (123) avaient
rapporté leurs observations sur le canal spinal étroit, dont les
dimensions ressemblaient à celles trouvées ailleurs.
Toutes ces études ont été menées
à Kinshasa, soit en milieu hospitalier (dans la majorité des cas)
soit dans la communauté. C'est ainsi que la présente étude
a été initiée afin de faire l'état des lieux des
rhumatismes dans une contrée rurale de la RD Congo, apportant de ce fait
une contribution substantielle à une meilleure connaissance de ces
maladies dans notre pays. .
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