Annexe V-I : retranscription de l'entretien
effectué avec l'ergothérapeute 1
(Afin de garantir l'anonymat de la personne interrogée,
les informations pouvant permettre de l'identifier ont été
remplacées par « [xxx] »).
Enquêteur / Ergothérapeute
- Est-ce-que je peux vous demander votre âge ?
- Oui, j'ai 33 ans.
- D'accord, c'est pour les statistiques après... Dans quel
institut de formation vous avez
été formée ?
- À Lyon
- À Lyon. Et depuis combien de temps vous exercez en tant
qu'ergothérapeute ?
- Ca va faire dix ans.
- Dix ans. Et est-ce-que vous avez toujours travaillé ici
?
- Non. C'est mon deuxième poste. Vous voulez savoir
où j'étais avant ?
- Oui.
- J'étais sur l'hôpital de [xxx] en gériatrie
également, en SSR-EHPAD et ça fait à peu
près 5 ans aujourd'hui donc
moitié-moitié.
- D'accord. Avez-vous déjà
préconisé des aides techniques à une personne
âgée
isolée en vue de favoriser son maintien à
domicile ?
- Oui.
- De quel(s) type(s) s'il vous plaît ?
- Alors tout ce qui est aides au déplacement, aides aux
transferts, prévention du risque
de chute, enfin l'aménagement du domicile ça peut
être une barre de maintien, une
barre latérale de redressement. Ça peut être
des chaussons adaptés, un fauteuil roulant
évidemment pour les déplacements. Quoi d'autre
comme matériel... Oui ben après
tout ce qui est aides aux transferts et puis un peu d'aides aux
repas de temps en temps.
- D'accord.
- Un peu toutes les aides techniques, c'est très
varié.
- Je m'en doute. Avez-vous déjà
préconisé des aménagements de domicile ?
- Oui. Aménagement de salles de bains,
...
- Architecturaux alors ?
- Oui.
- Et de quel(s) type(s) ?
- Aménagements de salles de bains, monte-escaliers,
après ça peut être aussi du
réaménagement dans une pièce :
déplacer ou retirer un ou deux meuble(s) pour libérer
de la place dans un passage, tirer des tapis, voilà. Mais
ça peut être sinon
effectivement des choses un petit peu plus compliquées
avec des travaux derrière.
- D'accord. Vous êtes-vous déjà
sentie démunie face à une situation pour laquelle il
ne semblait y avoir aucune solution pour favoriser le
maintien à domicile d'une
personne âgée isolée ?
LXII
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- Ça arrive. Après, soit parce qu'effectivement
on ne trouvait pas forcément de solution parce que
matériellement, il n'y avait pas de matériel qui était
adapté à la personne ou parce qu'il n'y avait pas d'aidant autour
pour utiliser ou sécuriser le matériel ou alors parce que,
... pour des raisons financières, là où
éventuellement il pouvait y avoir une solution mais que
financièrement ce n'est pas accessible au patient.
- D'accord.
- Et puis des fois juste parce qu'il n'y a pas de solution.
- Effectivement. Aviez-vous alors
considéré une éventuelle assistance robotique ?
Est-ce-que vous vous êtes dit « Ah peut-être qu'il existe un
robot pour ça... » ?
- Euh non, pas en robot... Une fois, je me suis posé la
question de l'aménagement... enfin on va dire que c'était plus de
la domotique. Mais c'était une patiente qui était en EHPAD et du
coup ce n'était pas envisageable dans un établissement.
- D'accord. Et pourquoi n'avez-vous pas pensé
à la robotique d'assistance ? Enfin peut-être que
vous...
- Parce que je ne connais pas. J'ai jamais vu ce que
c'était et parce que je prends souvent appui sur les distributeurs quand
je dois mettre du matériel en place. Alors bien sûr, je sais des
fois ce que je veux mais on ne m'a jamais proposé ce genre d'aide. Et
puis parce que ça ne m'était pas forcément venu à
l'idée, ça me parait très loin. Voilà.
- Ok, et maintenant avec les connaissances que vous
avez, ou pas d'ailleurs, est ce que vous vous dites que peut être un
robot d'assistance aurait pu aider ?
- J'ai juste lu deux articles. Euh moi j'avais souvent des
gens pour qui il aurait vraiment fallu avoir une aide humaine, après je
ne sais pas ce qu'il existe comme robot d'assistance mais par exemple s'il faut
latéraliser quelqu'un ... je ne sais pas si on a des
robots qui peuvent faire une latéralisation en milieu de journée
des choses comme ça, voilà. Réaliser un transfert,
... bon là ça devient peut être un peu
plus compliqué. Euh oui... je ne sais pas.
- D'accord. Alors justement quel est votre niveau de
connaissance au sujet de la robotique d'assistance ?
- Nul.
- Nul, a lu deux articles c'est ça ?
- Ça se résume à ça.
- Et qu'est-ce-que vous avez vu ?
- J'ai vu que principalement, ... Il y avait
deux choses ... Un, je ne sais pas... on appelle ça les
« Girafe® » ou quelque chose comme ça ? Voilà, du
coup il y avait une interface avec l'écran et du coup communication
possible avec le médecin traitant, la famille, un aidant ou voilà
qui pouvait donc se déplacer et que par exemple si la personne chutait
on pouvait aller voir où elle avait chuté. Après je ne
sais pas si c'est juste une interface de communication ou si la personne peut
appeler quelqu'un et comment elle, elle enclenche le truc. Voilà, je ne
sais pas trop...
- D'accord et vous n'avez vu que le fameux « Girafe®
» ?
- Il y avait ça et j'ai vu un truc où
c'était plus sur une forme humanoïde on va dire. Je sais pas du
tout ce que c'était, il y avait juste une photo. Après je ne sais
même pas si
LXIII
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
la photo correspondait à celui dont on parlait dans
l'article. Je n'ai pas retenu le nom mais du coup ça faisait plus ou
moins la même chose. Ce n'était pas trop
détaillé.
- D'accord. Parce qu'en fait aujourd'hui il existe
différents types de robots d'assistance. Il y a des robots de
téléprésence, le robot que vous avez vu, le «
Girafe® », rentre dans cette catégorie. Il permet de se
déplacer, il permet aussi à la personne d'explorer son
environnement puisque le robot se déplace tout seul et la personne avec
son écran peut voir ce qu'explore le robot.
- D'accord, il y a un autre écran ?
- C'est ça, ou alors il peut entrer en contact
directement avec la famille, un aidant, un soignant. Ce sont aussi souvent des
appareils qui peuvent détecter des chutes ou d'autres situations de
danger et automatiquement prévenir soit les secours soit des personnes
qui sont préenregistrées. On a aussi des robots d'assistance aux
tâches ménagères, je ne sais pas si vous voyez un peu ce
que c'est, c'est par exemple tout bêtement, l'aspirateur qui passe tout
seul.
- Oui, ça oui : l'aspirateur, la tondeuse, oui
...
- On a aussi les robots qui ont une forme plus humanoïde,
alors ceux-là ce sont les moins développés actuellement,
on n'en rencontre pas pour le moment.
- Non.
- Ceux-là sont développés dans le but,
dans un avenir plus ou moins proche, de tout faire : des transferts,
préparer un repas, etc. Il existe déjà aujourd'hui, alors
pas en France mais au Japon, des robots qui permettent de relever une personne
du sol, qui permettent de réaliser des transferts, qui permettent de
déplacer en sécurité des personnes. Mais voilà,
pour le moment, en France, ça n'existe pas. Et puis, il y a les robots
qu'on appelle compagnons ou de soutien émotionnel et donc là ce
sont des robots qui stimulent les fonctions cognitives de la personne, qui les
divertissent. Et ça, c'est surtout à destination soit des
personnes âgées isolées soit des personnes qui ont des
troubles du comportement. Ce sont des robots qui fonctionnent très bien
avec des personnes autistes. Voilà, et on en retrouve dans certains
hôpitaux français, de ces derniers types de robots pour des tests
et des choses comme ça.
- Et du coup, pour une personne âgée, moi
c'était vraiment ma question, c'est comment la personne
appréhende ce type de matériel d'installation chez elle. Parce
que je pense que ça demande aussi beaucoup de paramétrages de la
part de la famille.
- C'est clair que ça peut être un frein.
- Si la personne est complètement isolée
socialement mais pas juste géographiquement mais vraiment socialement,
on ne peut pas mettre en place ce genre de matériel.
- Oui, complètement. Oui, je pense effectivement que la
famille joue un rôle important là derrière. Si, ...
enfin c'est la prochaine question. En tout cas, il est clair que c'est
un sujet qui prête à la polémique : est-ce que c'est une
bonne chose les robots comme ça, dans la vie des gens, etc. Est-ce-que
déjà c'est efficace... ? Et c'est pour ça que je
m'intéresse à ce sujet d'ailleurs.
- Oui, c'est une bonne question.
- Avez-vous déjà rencontré ou
entendu parler d'ergothérapeutes qui préconisent des robots
d'assistance ? Alors, de tout type ça peut être robot
ménager ou n'importe quoi.
LXIV
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- Ben, robot ménager j'aurais plus tendance à
dire oui, ça me parle après je ne saurai pas dire exactement mais
je pense que j'ai déjà dû dire à une famille qu'il
existe des aspirateurs. C'est peut-être même pas forcément
moi mais un de mes confrères et j'ai pensé que c'est peut
être une bonne idée. Dans ce cadre-là effectivement, c'est
ce qui paraît le plus accessible et qui d'ailleurs est rentré dans
le quotidien et dans les mentalités des Français. Le reste non,
hormis un peu de domotique, du contrôle de l'environnement et
après ça dépend jusqu'où on va avec la
domotique.
- Effectivement, il y a une bonne différence entre la
robotique et la domotique. La robotique ce sont vraiment des appareils qui ont
une part d'autonomie dans leur fonctionnement ou alors dans les choix qu'ils
peuvent faire. Mais c'est quand même intéressant que vous me
parliez de domotique.
Selon vous, les ergothérapeutes sont-ils
suffisamment formés ou informés au sujet des robots d'assistance
pour en préconiser ?
- Non, pas du tout. Enfin, moi j'en avais entendu parler mais
pas en tant qu'ergothérapeute. On sait parce que c'est dans l'air du
temps, qu'il y a des films, des séries qui parlent de ça, parce
que j'ai vu aussi deux émissions. L'ère des objets
connectés, je pense que c'est un peu le principe au niveau du recueil
des données, stockage des données, transmission des
données, c'est un peu le même principe et comme c'est en plein
essor, c'est vraiment dans l'ère du temps au niveau des sujets, mais pas
en tant qu'ergothérapeute.
- D'accord. Seriez-vous prête à
préconiser ce genre d'aide à une personne âgée
?
Ça peut être de tout, du fameux robot «
Girafe® » par exemple au robot aspirateur, n'importe quoi.
- À essayer, dans certains cas, pourquoi pas... Oui
parce que je n'ai aucune idée de ce que ça peut être, quel
retour il peut y avoir et que je pense que c'est bien de se faire une
idée en essayant. Après il faut trouver le bon cas, la bonne
situation. Par exemple pour un robot d'assistance c'est...
- ... Après c'est comme tout, c'est
comme une aide technique par exemple, elle est vraiment destinée
à une personne, à une situation...
- Oui, tout à fait, il y a un cahier des charges
effectivement.
- D'accord. Dans quelle mesure le coût d'une
aide technique préconisée par un ergothérapeute,
influence-t-il son acceptation par la personne ?
- C'est quasiment un des premiers critères.
- Un des premiers ?
- Oui. Chez moi ça va être le premier ou le
deuxième. Le deuxième c'est-à-dire que le premier on
regarde quand même si ça apporte une efficacité, que
ça aide quand même. Mais la question du prix vient ...
en tout cas moi les patients que je vois... c'est vraiment un
frein.
L'autre jour j'ai un patient, je leur annonçais un
dépassement de 20€ pour un déambulateur, ils ont dû en
parler en famille pour voir si c'était bon et la fille a dit « je
te donne les 20€ »...
- D'accord.
- Pour 20€ quoi !
- C'était des personnes qui étaient plutôt
dans le besoin ou pas vraiment ?
LXV
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- J'en sais rien, je n'ai pas leurs relevés...
sûrement, oui ! D'après ce que j'ai vu oui, ils ne roulent pas sur
l'or.
Après moi je vois des gens, la plupart des gens qu'on
voit à l'équipe mobile sont des gens qui se retrouvent en
difficulté, dans des situations particulières, de
détresse, on ne voit pas les gens qui vont bien. Et c'est vrai qu'il y a
le critère de l'isolement social qui est souvent lié à un
faible niveau de revenu. Ce n'est pas que c'est lié, mais on a beaucoup
de gens qui ne roulent pas sur l'or. Des personnes âgées qui sont
veufs ou veuves, beaucoup qui ont été ouvriers, artisans et qui
n'ont pas beaucoup de retraite. Pas forcément de famille autour pour
aider à financer du matériel. Oui, c'est vraiment un frein
énorme !
- D'accord.
- Si, c'est un frein, parce que pour un fauteuil il faut
quasiment toujours viser un fauteuil au LPP, que les options, vraiment, si on
en choisi, faut vraiment montrer au patient ce que ça peut lui apporter
et puis sinon pas d'option... Mais que ce soit pour le matériel ou pour
les aides humaines ! Tu es en train de revoir les plans d'aides avec les
assistantes sociales du Conseil Général, où est-ce qu'on
peut gratter une demi-heure par ci... C'est pour ça aussi je vous dis
des fois ce qu'il manque c'est l'aide humaine parce que la personne a des
escarres, on me demande de mettre en place du matériel pour la
prévention des escarres, donc on fait un bilan, on va mettre des
coussins pour latéraliser et qui c'est qui va latéraliser le
patient ? Et s'il n'y a plus d'argent pour financer les aides et qu'il est au
taquet de son plan d'aide, on n'a plus personne pour latéraliser le
patient. Donc voilà, là aussi c'est de nouveau un frein à
l'aide.
- D'accord, donc une aide technique peut être
refusée à cause de son prix malgré qu'elle soit l'aide
technique idéale...
- ...Oui !
- D'accord.
Dans quelle mesure la famille/l'entourage/le ou les
aidant(s), influence(nt) l'acceptation et l'utilisation des aides techniques
proposées ?
- Déjà parce qu'ils vont plus rationaliser...
Enfin, quand il y a des troubles cognitifs, ça peut être rassurant
pour le patient d'avoir l'aidant, la famille avec lui au moment où on
fait l'essai et où la décision est prise de mettre en place du
matériel. Ils vont permettre l'utilisation du matériel en
sécurité... Ils vont peut-être, justement, aider à
financer le matériel. Voilà, ils sont parfois un peu garant de
l'utilisation, être sûr qu'il pense à l'utiliser,
correctement. Et puis des fois ce sont eux qui sont demandeurs du
matériel, ce n'est pas des fois directement le patient...
- ... Pour les soulager eux c'est ça
?
- Oui voilà ! Parce que j'ai souvent des demandes des
SSIAD ou des différents organismes qui interviennent à domicile
pour justement mettre en place du matériel parce qu'elles ne se sentent
plus très sûres pour un type de transfert et du coup le fait que
ce soit les professionnels ou les gens qu'ils connaissent qui demandent
à ce qu'on mette en place une aide... souvent le patient lui-même
ne va pas y penser, du coup ça légitimise aussi un peu la mise en
place du matériel.
LXVI
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- D'accord. Selon vous, quels sont les freins à la
préconisation de robots d'assistance ? Quelles sont les raisons qui font
qu'un ergothérapeute n'en préconise pas ?
- Déjà parce qu'il ne connaît pas, parce
que ce n'est pas forcément, en gériatrie, le public auquel on
penserait en premier pour mettre des robots en fait. On verrait ça plus
vers un public jeune. L'acceptation du matériel par le patient, le
coût que ça peut avoir, je pense que ce n'est pas gratuit....
- ... C'est même très cher...
- ...J'ai vu un article justement, peut être qu'un jour
ça passera au titre de l'APA. Après ce n'est pas tout le monde,
j'ai des gens pour qui y'a pas de soucis financiers mais quand t'as des gens
qui ont du mal pour 20, 30€, enfin voilà, on est hors sujet
complètement.
- Oui effectivement, complètement...
- Voilà, les principaux freins c'est ça.
- D'accord.
- Surtout qu'on ne connaît pas... Moi je ne connais pas
je ne mets pas en place.
- Oui... et vous pensez qu'une personne âgée
pourrait avoir des difficultés à accepter un robot ou la
technologie en général ?
- Mais c'est pour ça que je disais tout à
l'heure que j'aimerais bien faire l'essai parce que je n'en ai aucune
idée en fait. Je n'arrive pas à me situer par rapport à
ça et j'ai juste un retour par... enfin, ce n'est pas un robot mais j'ai
vu une conférence qui parlait de la télémédecine et
du coup effectivement c'était une équipe mobile...
l'équipe mobile de plaie/cicatrisation sur Bordeaux qui...
- De quoi ?
- De plaie-cicatrisation, une équipe
spécialisée dans la cicatrisation de plaies, d'escarres, tout
ça... et du coup, y'a des médecins, des infirmières, des
ergos, une diet' généralement et là en fait ils
étaient souvent appelés sur des EHPAD qui dépendaient du
CHU de Bordeaux et ils ne pouvaient pas aller partout donc ils faisaient en
télémédecine. C'est-à-dire qu'ils avaient sur place
une infirmière avec le chariot et sur le chariot l'ordi', la webcam et
eux ils étaient de l'autre côté, sur leur hôpital et
ils parlaient via un écran au patient. Et ils disaient qu'ils avaient un
retour hyper positif en fait, une très bonne acceptation des patients
âgés de l'interface écran, qu'ils étaient assez
surpris de ça, que ça passait relativement bien, qu'ils avaient
aucun problème pour parler justement à la personne, à
l'infirmière ou au médecin qu'elle voyait à l'écran
et que y'a aucune appréhension... Donc voilà, juste ça
comme retour par rapport à un écran. Après, être
dans un milieu médical, enfin en EHPAD, avec une infirmière qui
apporte un ordinateur, quelqu'un qui parle sur l'écran d'ordinateur et
avoir un robot avec un écran ou alors une forme humanoïde, y'a
quand même une différence... Mais bon, voilà, je serais
curieuse effectivement de voir ou d'avoir un retour... Je n'en ai aucune
idée en fait, je ne sais pas si ça peut être un frein ou
pas.
- D'accord, ok. Donc : méconnaissance, acceptation par
la personne âgée et coût.
- Oui, principalement. Et l'entourage, pour gérer
ça. Je pense que ça marche sur batterie... est-ce que le robot va
se charger tout seul ?
- Souvent oui...
LXVII
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- Quand je vois aussi... c'est un exemple mais depuis peu on
peut faire des demandes en EHPAD sur le logiciel « ViaTrajectoire »
... C'est-à-dire que maintenant y'a plus besoin d'aller
chercher des dossiers et de les envoyer un par maison de retraite donc les
familles vont sur internet et cochent les maisons de retraite et voilà.
Et donc y'a la partie médicale qui est à remplir par le
médecin. Et moi j'ai eu récemment deux familles qui m'ont dit
avoir eu un refus du médecin traitant de leur parent qui ne voulait pas
remplir la partie médicale sur internet car trop compliqué. Ils
préféraient remplir le format papier.
- Ah oui ? Trop compliqué ? D'accord, donc ça
pourrait même être un frein au niveau des professionnels ?
- Voilà, donc si on en est à avoir peur de
remplir quelque chose sur internet... Parce que du coup il faut que ce soit
accepté par la famille, mais c'est aussi quelque chose qu'on impose
aussi du coup à tout le réseau socioprofessionnel qui entoure le
patient. Donc si c'est un choix de la famille mais que le médecin
traitant par exemple ne suit pas derrière... Après tout
dépend de ce que c'est comme robot ! Si c'est un robot qui n'a rien
à voir avec le médecin... Après le médecin peut
aussi venir en dehors mais...
- Oui je comprends. Avez-vous des questions sur lesquelles
vous voulez revenir, ou pas ?
- Non, pas particulièrement. Après moi j'avais
des questions... Vous, avez-vous déjà vu des robots... ?
- Oui, j'en ai vu sur Paris lors des 4e
Journées Annuelles de la Société Française des
Technologies pour l'Autonomie et de Gérontechnologie. J'en ai vu
plusieurs. Il y avait un robot qui s'appelle Kompaï®, qui ressemble
grosso-modo au robot « Girafe® », donc de
téléprésence ; il y avait aussi Paro®, c'est un robot
bébé phoque, je ne sais pas si vous avez vu ça sur
internet ? Il est destiné à des personnes âgées ou
à des personnes qui ont des troubles du comportement. Y'a un tas
d'études qui ont été faites au Japon, y'en a aussi qui
sont menées en France actuellement, c'est un robot qu'on retrouve dans
plusieurs établissements français et apparemment ça fait
des « miracles » : ils donnent beaucoup moins de médicaments
aux personnes, elles sont moins stressées, elles ont moins de troubles
du comportement, elles sont beaucoup plus sociales, s'ouvrent vers les
autres...
- En gros ça a une fonction un peu comme un animal de
compagnie ?
- C'est un peu ça. D'ailleurs au Japon il y a des
foyers qui remplacent leur animal de compagnie par un robot comme ça.
Ça se discute ou pas mais...
- ... Oui bien sûr, après il y a
tout le côté éthique. Est-ce que d'une part, les robots,
s'il y a du recueil d'information de la part du robot, où vont ces
informations, qu'est-ce qu'on en fait... ?...
- ... qui les reçoit... ?...
- Et puis l'emploi humain ? Si on remplace tout par des
robots, qu'est-ce qu'on va faire ? Y'aura bientôt des ergos robots...
Après il y aura forcément des limites. Comment
un robot peut-il vraiment tenir compagnie à une personne
âgée ? Comment il peut tenir une conversation... qui a du sens
?
- C'est sûr, ça pose question.
LXVIII
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- Justement dans une émission que j'avais vue ils
parlaient, alors, c'était plus dans le futur..., qu'il pouvait avoir un
recueil de tout, des comptes, des réseaux sociaux sur lesquels le
patient a été dans sa jeunesse et qu'il pouvait, comme tout est
gardé..., ça permettait au robot d'avoir une discussion qui
était vraiment personnalisée avec la personne car il avait toutes
les données de la vie de la personne. Donc ça fait un peu peur
!
- Ça fait effectivement peur.
- Mais en même temps ça me parait tout à
fait réalisable vu que toutes les données sont
stockées...
- ... Il existe déjà,
actuellement, des robots capables de tenir une discussion. C'est tout à
fait cohérent, il y a peut-être simplement un petit temps entre ce
que nous on dit et sa réponse et ce ne sont pas des phrases très
compliquées, mais c'est cohérent. Le robot semble comprendre.
- Et après, est-ce qu'il peut tenir une conversation
avec une personne démente ?
- Honnêtement, je ne sais pas.
- Parce que ça aussi ça peut être un frein
: s'adapter à la pathologie de la personne. Si la personne à une
dysphasie ou une aphasie, comment le robot va pouvoir comprendre la
communication ? Y'a plein de choses. Après je ne doute pas qu'avec de la
reconnaissance faciale... bon après on est déjà dans
l'imaginaire !
- Ben en fait pas du tout, la reconnaissance fa...
- Enfin non, pas dans l'imaginaire, mais je veux dire dans
l'application là...
- Effectivement, pour le moment ça n'est fait
qu'à titre expérimental.
- Je sais qu'il n'y aura pas forcément de limite
technologique. C'est plutôt nous, qu'est-ce qu'on met comme limite.
- Oui c'est ça, parce qu'il faut en mettre...
- Oui ! Moi je n'ai pas envie quand je serai vieille d'avoir
que des robots autour de moi. Après je ne sais pas... C'est pareil,
après on a un retour des personnes âgées quand on est
à domicile, quand on a à faire avec une personne, elle a son
caractère, ça se passe pas toujours bien avec les aides humaines,
que ça se passe pas toujours très bien avec l'auxiliaire... et
qu'un robot c'est neutre, il peut s'adapter, mais voilà, dans quelles
mesures c'est bien ? J'ai pas envie que tout soit robotisé parce que je
ne pense pas que ce soit bien. Je pense qu'il faut que l'humain s'occupe de
l'humain. Après je peux comprendre certains arguments pour la mise en
place de ces aides.
- Ok. Alors, peut être que ça vous rassurera : au
cours des conférences auxquelles j'ai assisté pendant les
journées dont je parlais tout à l'heure et sur les
différents articles et études que j'ai lu, le robot n'est pas
là pour remplacer l'humain, il y aura toujours un humain à
côté, c'est simplement une assistance, un petit plus, qui va
rendre la personne disponible.
Parce que par exemple, l'aidant humain n'est pas toujours
là, auprès de la personne. Donc, au cours de ces périodes
où l'aidant humain n'est pas là, le robot serait là pour
solliciter la personne, pour l'accompagner et surtout pour la rendre disponible
quand l'aidant humain arrive. Ça permet de l'éveiller. Dans tous
les cas ce ne serait pas un remplacement. Ce ne serait pas « on met un
robot en place pour qu'on puisse supprimer l'aide humaine ». Enfin,
j'espère en tout cas, ce n'est pas l'objectif.
LXIX
Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
- Après je me dis effectivement que si le patient...
c'est quoi le frein qui fait qu'il n'y ait pas plus d'aides humaines à
la maison ? C'est le frein financier. Donc si un robot est mis en place, il
n'est pas mis en place gratuitement. C'est financé quelque part. C'est
financé ou c'est acheté. Alors après, effectivement,
ça permet d'avoir, plutôt que d'avoir la même personne toute
la journée à domicile, ça permet d'avoir un roulement,
mais ce serait possible d'avoir techniquement des gens avec eux. Il y a aussi
des équipes de nuits, ça s'organise ! Mais après ce serait
peut-être plus facile d'avoir accès à ces aides-là.
Enfin je ne sais pas, je n'en ai aucune idée.
- Pour le moment il n'y a pas d'aides, rien du tout.
- Oui...
Mais c'est sûr qu'on a souvent comme frein, on a des
gens qui sont plus ou moins autonomes mais qui ont des troubles du comportement
ou des troubles cognitifs, qui peuvent se mettre en danger et du coup on va
essayer de multiplier les passages dans la journée mais entre les deux
c'est au petit bonheur la chance. Après, le robot ne va pas
empêcher de tomber mais...à explorer effectivement, c'est une
bonne question !
- Et bien j'ai terminé, à moins que vous ayez
une question, une remarque, quelque chose à dire...
- Non, pas particulièrement, comme dit je n'avais pas trop
d'informations...
- ...Ah non mais c'est normal !
- Je ne pense pas que vous trouviez beaucoup de...
- Je ne pense pas non plus, c'était prévu, je m'y
attendais un petit peu.
- Mais c'est bien de soulever la question !
- C'est surtout qu'effectivement, c'est un sujet très
polémique, on pourrait en parler pendant des heures... C'est très
intéressant. En fait tout cela part d'un constat à la base. C'est
que quand on lit des articles, qu'on entend parfois les gens parler on entend
que la robotique d'assistance c'est vraiment l'avenir, ce sont des solutions
géniales qui fonctionnent... et pourtant je n'ai jamais vu un
ergothérapeute parler de ça. Et du coup je me posais la question.
Est-ce que certains ergothérapeutes en préconisent...
- Ben je pense déjà que l'accès au
matériel et le prix, c'est quand même un frein énorme ! Moi
je vois le casse-tête que c'est pour trouver du matériel pas cher
qui corresponde à la LPP ou alors pour faire un dossier de financement,
faire des courriers aux mutuelles ou aux assistantes sociales pour avoir des
remboursements... c'est une grosse partie de mon travail !
- Oui complètement !
- Donc là on est trop cher. Après c'est
sûr, pour faire réduire un prix il faut que le produit soit
démocratisé.
- Effectivement. Mais avant d'accepter ça en France....
- ... Je pense par des établissements
ou des choses comme ça, peut être que ça peut venir, mais
chez le particulier...
- Oui, car par exemple, le robot bébé phoque
coûte 5.000€ actuellement, donc effectivement...
- C'est clair, par rapport à un chat !
Bon c'est sûr qu'il n'aura pas de maladie, il ne va pas
mordre les gens, y'aura pas besoin de le faire vacciner mais bon...
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Annexe V-I Entretien ergothérapeute 1
Durée de l'entretien : 40 min
Je pense que c'est intéressant mais effectivement, toute
l'histoire des données là, moi
ça m'interpelle pas mal, parce que y'a des données
médicales...
- C'est intéressant que vous le souligniez !
- J'avais vu dans un article là, je ne sais pas si c'est
« Girafe® » ou un autre, qu'il avait
une reconnaissance faciale qui lui permet de voir si la personne
a mal...
- Oui c'est ça, il me semble que « Girafe®
» le fait.
- Après je ne sais pas, par exemple la prise de tension ou
un truc comme ça soit doit se
rajouter en plus...
- Oui, il le fait aussi...
- Et après où vont ces données ? Est-ce
qu'elles sont stockées uniquement dans le
robot ? Et le robot est forcément connecté à
l'extérieur donc qui a accès à ces
données ? Il faut bien qu'elles soient transmises à
un moment donné. Est-ce que le
médecin reçoit un bip sur son ordi, il faut que le
médecin soit aussi connecté si y'a un
problème de tension ou quoi que ce soit ? Et puis
qu'est-ce qu'on fait derrière ? Est-ce
que le médecin peut techniquement aller voir tous ses
patients qui ont une hausse de
tension ou alors le médecin envoie un ordre au robot lui
disant de lui donner tel
cachet ?
- D'accord.
- Bref.
- Intéressant ! Eh bien merci beaucoup !
- Euh... si jamais... s'il est possible d'avoir un retour...
- Absolument ! J'allais vous le proposer.
- Je veux bien.
- Je pourrai vous envoyer mon mémoire, à
l'état final.
- Si ça ne vous dérange pas...
- Pas du tout, il sera disponible à qui le veut !
LXXI
Annexe V-II Entretien ergothérapeute 2
Durée de l'entretien : 50 min
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