IV- REVUE DE LITTERATURE
La revue de littérature consiste à faire la
recension des écrits, c'est-à-dire de faire le bilan critique de
ce qui a été produit dans le domaine de la recherche
concernée ou sur l'objet de l'étude en question.
Depuis la création de l'ULCR, aucune étude
visant l'évaluation de ces actions en matière de lutte contre le
racket n'a été menée. Toutefois, il existe plusieurs
écrits sur le phénomène du racket.
La chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire
(2005) décrit les formes de racket et présente sur le plan
qualitatif les impacts socio-économiques. En plus, elle propose des
solutions pour endiguer le phénomène du racket, surtout celui des
forces de l'ordre.
Cette étude a le mérite d'aborder ce
phénomène sur le plan national.
Deux autres études ont été
réalisées en Mars 2008 par le Centre Ivoirien de Recherche
Economiques et Sociales (CIRES) pour le compte de la Commission
Européenne. L'une porte sur l'analyse générale de la
corruption en Côte d'Ivoire et présente la corruption dans les
différents secteurs d'activité. Pour le secteur des transports,
on y décrit la pratique du racket à partir d'exemples. L'autre,
relative au racket et à la corruption dans le secteur du transport
à Abidjan, présente la densité de barrages routiers sur
quelques axes à partir des données issues de l'étude de la
chambre de commerce et d'industrie, ainsi que les montants du racket journalier
et annuel sur la ville d'Abidjan par
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catégories de véhicules de transport de
voyageurs (autocars et cars appelés « gbakas », taxis
communaux et intercommunaux appelés « woro woro »).
TOURE (2008), a mené une étude complète
sur le phénomène du racket pour le compte de la Banque Mondiale.
Il évalue dans son travail, l'ampleur du phénomène et
propose des actions à mettre en oeuvre afin de le réduire
substantiellement. Cette étude va au-delà de celles
réalisées par la chambre de commerce et d'industrie de Côte
d'Ivoire et le Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales. Elle a
pour objectif de faire connaître au Gouvernement et à la Banque
Mondiale l'ampleur et l'impact du racket sur l'activité
économique et sociale relativement à deux volets : le transport
routier de marchandises et le transport routier de voyageurs, aussi bien dans
le district d'Abidjan que sur les grands axes routiers de Côte d'Ivoire.
Toutefois, cette étude à des limites qu'il convient de relever
:
Au niveau des collectes des données, les enquêtes
ont concerné les grands axes routiers, les axes secondaires et quelques
axes à l'intérieur du district d'Abidjan. Les petits axes ne sont
donc pas pris en compte. En plus les données de référence
utilisées sont influencées par la situation de crise
militaro-politique qu'a connu la Côte d'Ivoire.
En matière de montant collecté au titre du
racket, il n y a quasiment pas de données de référence sur
les flux d'un certain nombre de marchandises tels que le bois et le charbon.
En matière d'impact du racket, les impacts sur les prix
sont limités à certains produits notamment les produits vivriers.
En outre, le racket des syndicats et autres « Gnambro »1
n'est pas dénoncé.
En outre, ATTA (2004), KANE (2003) et KRAGBA (1996) mettent en
exergue, dans leurs différentes études les rapports conflictuels
entre la Police
1 - Des syndicalistes qui obligent les chauffeurs
à payer un droit de chargement.
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Nationale et les transporteurs, chauffeurs de taxi,
«gbaka» et «woro woro». Ils ont réalisé un
travail remarquable en présentant le racket comme étant l'une des
causes principales de ses mauvais rapports. Par ailleurs, Ils proposent des
mesures susceptibles de réduire ce phénomène. Les travaux
de KANE présentent des insuffisances dans la mesure où l'auteur
soutient que le racket est pratiqué de façon systématique
par les Policiers. En fait, il n'apporte pas de preuves à cette
assertion. La brièveté des recherches des deux autres auteurs, ne
permet pas de cerner la quintessence du racket dans les rapports souvent
conflictuels entre ces deux acteurs.
ANON (2004) dénonce dans son mémoire la
prolifération des barrages et la pratique de son corollaire qu'est le
racket. Par ailleurs, il dénonce l'impact négatif du
contrôle routier sur l'activité économique et propose la
limitation du nombre de barrages.
YAPI (2005) montre à travers ses travaux les avantages
et les limites des actions policières dans la lutte contre la petite
criminalité. Il a fait un travail remarquable en présentant le
racket comme l'une des causes de cette faiblesse cependant il ne fait pas de
véritables propositions pour apporter des solutions.
Au total, la revue de littérature nous a permis de
cerner notre objet d'étude. Bien plus, elle nous a permis
d'appréhender les points de convergences et de divergences des
différents auteurs ayant travaillé sur le racket. Toutefois,
aucun d'entre eux n'a porté sur les actions d'une structure luttant
contre ce phénomène d'où la nécessité de
s'intéresser à celles de l'ULCR.
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