Quelle cohérence entre finance carbone et politiques de développement dans les pays du sud? Cas du Sénégal et du Kenya( Télécharger le fichier original )par Yaye Ngouye DIAGNE Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement ( AgroParisTech ) - Mastère spécialisé en politiques publiques et stratégies pour l'environnement 2013 |
B- Le MDP au Sénégal : très peu de projets enrégistrésEn 2006, plusieurs projets ont été identifiés et étaient à l'Etat de Project identity Note (PIN). En 2013 seuls 5 projets MDP sont enrégistrés par le Sénégal au niveau de l'UNFCCC.Le tableau suivant présente ces projets et leur secteur d'intervention. Tableau 4 : Sénégal, projets MDP enregistrés au 30 novembre 2013
Source: UNFCC, 2013 Quatre (4) des cinq (5) projets MDP enrégistrés interviennent dans le domaine de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. L'analyse des secteurs d'intervention des projets MDP par rapport à la politique sectorielle de l'Etat du Sénégal montre que : - Les secteurs couverts par les projets MDP recoupe un des axes de la politique de l'Etat en l'occurrence la promotion des énergies renouvelables. Cependant, l'absence de politique incitative pour les énergies renouvelables, font que très peu de projets MDP sont enrégistrés. - Par contre, aucun projet visant à maitriser la demande énergétique des ménages n'est enrégistré à l'UNFCCC (projets de foyers améliorés notamment). L'axe prioritaire de l'Etat visant à maîtriser la demande énergétique des ménages ne se fait donc pas ressentir au niveau opérationel, au regard des projets finance carbone mis en oeuvre. C- Analyse des acteurs :peu d'influence « du niveau opérationnel » sur la politique publiqueRecherche scientifique Niveau national Niveau opérationnel Cadre réglementaire : normes, lois, autorisations... Influence sur la politique publique Définition du cadre d'intervention Incitation-contrôle Influence, orientation de la politique Partenariat Orientation, choix de techniques Orientation, choix de techniques Besoins Partenaires Techniques et Financiers MENAGES SECTEUR PRIVE/SOCIETE CIVILE ETAT Besoins La taille des flèches est corrélée à l'importance de l'influence. Les flèches en pointillés indiquent des influences très faibles. La compréhension des interventions au niveau opérationnel nous conduit à analyser les interactions entre les acteurs et les rapports de force. Figure 10: Sociogramme acteurs Sénégal
L'analyse des acteurs et de leurs relations met en évidence une faible influence du niveau opérationnel sur la politique de l'Etat en matière d'atténuation des émissions de GES. Il faut ainsi noter un secteur privé peu dynamique ayant peu d'influence sur la politique. L'absence de politique incitative notamment en matière d'énergies renouvelables, ne favorise par ailleurs pas l'émergence de ce secteur et impacte sur les dynamiques au niveau opérationnel. Conclusion partielle L'analyse menée sur le Sénégal permet de dégager les conclusions suivantes : ü Une présence effective des enjeux liés aux changements climatiques et à la réduction des émissions de GES dans la vision stratégique de l'Etat. Cela se traduit par un engagement au niveau international à travers deux communications adressées au CCNUCC, une volonté transcrite dans les documents de planification stratégique et la mise en place du cadre institutionnel et réglementaire nécessaire à la prise en compte du changement climatique dans les politiques publiques. ü Une prise en compte insuffisante des enjeux liés à l'atténuation des émissions de GES dans les politiques sectorielles. Les stratégies retenues sont inefficaces au regard du diagnostic de GES qui a été mené par le Sénégal.Les mesures prises telles que la maîtrise de la demande énergétique des ménages, de l'électricité en particulier, n'ont que peu d'impact sur les émissions de GES au regard du diagnostic présenté en 1er partie de ce document. En effet ce diagnostic appelle aussi des stratégies et actions au niveau du transport (régulation des importations des véhicules, financement du transport de masse...) et de l'efficacité énergétique par rapport à l'utilisation du bois et du charbon de bois en milieu rural. ü Un manque de cohérence entre la vision stratégique de l'Etat et les actions menées au niveau opérationnel : il faut noter en particulier une volonté affichée de réduire les émissions de GES et dans la pratique, des subventions importantes allouées aux hydrocarbures. ü Une faible implication au niveau opérationel, des bailleurs de fonds régionaux et des acteurs privés dans la prise en compte des problématiques liées à la réduction des émissions de GES. L'analyse des financements des bailleurs montre une tendance vers un acroissement des émissions de gaz à effet de serre. Les acteurs privés sont peu impliqués dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre : un nombre limité de projets MDP est enrégistré. Il faut noter par ailleurs, une faible influence des acteurs privés, société civile et bailleurs de fonds sur la politique sectorielle. ü Un manque de cohérence entre les projets MDP et la politique de l'Etat même si les secteurs d'intervention sont partiellement les mêmes. Les différentes décisions et mesures prises par le Sénégal àl'état actuel, tendent globalement à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, comme le montre la figure ci-dessous. Ces dernières vont à l'encontre des objectifs visés par les projets MDP. Le recours aux centrales à charbon augmenteront nettement ces émissions. Figure 11: effets de la politique sur les émissions de GES Interdiction importation lampes non BC Priorité aux hydrocarbures par rapports aux EnR Facilitation installation pétroliers La troisème partie de ce document va tenter d'étudierle cas du Kenya, en se basant sur les mêmes critères d'analyse, pour pouvoir conclure par une analyse comparative entre les deux pays. |
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