Conclusion
Pour le site de la Tabacoop, la problématique consiste
à un état de connaissance historique et paysagère des
monuments et des sites qui existent dans sa limite La problématique est
dans l'ordre mémoriel et paysager, où la mémoire que
l'ensemble, basilique et ses abords, présente aux observateurs n'est
plus saisie, on ne comprend ni le pourquoi ni le quand de la chose. Cela nous
montre qu'une mémoire collective des plus anciennes et des plus
importantes est entraine de s'estomper, à cause d'une négligence
sociale et une méconnaissance politique de l'importance des abords du
patrimoine bâti, dans la diffusion, la promotion et même la
protection des monuments et sites historiques de la nation. Le coté
paysager et l'aspect esthétique sont, de plus en plus, absents lors de
réalisation des POS et de protection du patrimoine bâti. Dans ce
chapitre, et sur le site de la Tabacoop, on a pu proposer, suite à notre
étude, un périmètre, plus ou moins, adapté qui
relie la basilique St-Augustin avec les éléments qui constituent
la relation, qui produise un lieu de mémoire facilement appropriable et
pouvant, avec des actions pertinentes, avoir une lecture historique plus
claire. On ne peut rêver d'avoir un meilleur cadre bâti pour la
ville d'Annaba, si ses monuments et sites historiques, qui constituent la
signification de son paysage urbain, souffrent de délaissement et les
valeurs de leurs abords sont complètement méconnues.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Conclusion de la deuxième partie
A partir des trois chapitres qui composent cette partie, une
idée sur l'insuffisance et l'inapplication de la protection juridique du
patrimoine bâti, en général, et des abords, en particulier,
était saisie. Les acteurs de la culture et de l'urbanisme au niveau de
la wilaya d'Annaba semblent être incapables de gérer ce
problème, du coté réglementaire et financier. Dans
l'absence d'une demande sociale pour agir, l'état du patrimoine
bâti et de ses abords risque de subir une plus longue dégradation,
où les lieux de mémoire collective de la ville d'Annaba demeurent
négligés, délaissés et méconnus.
Le paysage urbain d'Annaba souffre de l'affaiblissement de sa
signification, suite à la dégradation du patrimoine bâti et
ses abords, du fait que ces derniers ont la capacité de créer des
paysages représentatifs de l'identité sociale et territoriale.
Ces paysages demeurent méconnus dans la politique patrimoniale et la
politique urbaine, où le critère paysager n'est jamais pris en
compte.
Les abords de la basilique St-Augustin étaient le
parfait exemple pour cette étude, du fait de l'indissociabilité
qui existe entre le monument et ses abords, sur plusieurs plans. De plus, le
travail impressionnant de la restauration de la basilique n'a pas pu
résoudre le problème de la méconnaissance historique de la
part de la société ni l'encourager à visiter plus la
basilique, au contraire, tous les individus de l'échantillon de
l'enquête sociologique ne visitent pas la basilique, ou le site en
général, pour le manque flagrant des activités et
l'absence de la sécurité dans cette zone. Le lieu de
mémoire devient, de plus en plus, un endroit de banditisme et de
délaissement, il perd sa signification et sa vocation historique,
mémorielle et paysagère.
La reconnaissance des valeurs des abords conduit à la
reconnaissance et l'appréciation du patrimoine bâti, une
conclusion déduite à travers cette partie. La dégradation
d'un espace, dont les valeurs sont méconnues, considéré
comme un terrain de servitude et n'est pris en compte lors de n'importe quelle
action de conservation du patrimoine bâti ou d'amélioration du
cadre bâti en général, est une des principales raisons de
la détérioration du patrimoine bâti algérien et des
paysages urbains des villes algériennes, telle qu'Annaba, où le
caractère significatif d'une ville et d'une société se
trouve face à un risque de s'estomper et, donc, vers une création
et une production de non-lieux, où l'individualisme et la mondialisation
seront les vainqueurs.
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RECOMMANDATIONS
Recommandations et proposition d'actions
:
A la fin de cette étude, il est nécessaire de
recommander des idées et des actions, pour l'ultime objectif de la
présente recherche : la reconnaissance des trois valeurs perceptive,
mémorielle et paysagère des abords du patrimoine bâti, sans
oublier leur valeur visuelle, sur le plan politique et social.
Pour une reconnaissance de la valeur perceptive
des abords : il est nécessaire de considérer le
monument classé ou inscrit avec ses abords comme un lieu. Dans le
dossier de proposition ou dans l'arrêté ministériel ou du
wali, il faut mentionner la surface exacte du périmètre
protégé des abords, qui soit adapté selon la relation du
monument historique avec les éléments constitutifs d'un lieu
conforme à l'histoire ou au paysage en question. Il faut que ce
périmètre soit visible sur les documents graphiques du POS et
PDAU, ainsi qu'il faut marquer cette zone sur le terrain pour une meilleure
visualisation du périmètre. Ce marquage ne consiste pas à
clôturer les abords, mais par un aménagement spécifique ou
des panneaux d'information ou d'interprétation.
Les acteurs politiques et la municipalité doivent
réaliser des opérations de nettoyage, de contrôle et de
suivi des opérations sur les constructions sur le
périmètre des abords et garantir la sécurité au
sein des abords par la présence de la police ou d'autre forme de
surveillance pour éliminer tout acte de banditisme, pour que la
société puisse percevoir le monument historique classé ou
inscrit dans son contexte spatiotemporel. Cela conduit vers une perception d'un
ensemble cohérent et identifié comme un lieu uniforme, où
la relation entre le patrimoine bâti et ses abords soit assez apparente
et se présente comme une unité offerte à la perception de
la société et son appréciation. C'est un objectif affectif
et esthétique, qui ne se réalisera jamais sans une remise en
question de la législation concernant le problème des abords et
la production législative et réglementaire des textes qui
clarifient les « intentions » de la loi 98-04.
Pour une reconnaissance de la valeur
mémorielle des abords : cet objectif peut être
réalisé par une réorganisation et un
réaménagement des abords, avec des installations culturelles,
éducatives et de loisir pour attirer la société à
visiter ce lieu, en découvrant et en apprenant sur la mémoire
collective que ce lieu dégage. Des médiathèques, des
musées et des ateliers d'art et d'artisanat relatifs à une ou des
périodes historiques que le lieu de mémoire témoigne.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Cette découverte et appréciation de la
mémoire collective ancienne, puisse se réaliser en créant
de nouvelles mémoires, du fait que le lieu que forment le patrimoine
bâti et ses abords ne devient pas des espaces muséographiques
figés dans le temps. Au contraire, cela crée un lieu de vie et de
prospérité socioculturelle. Cette action entre, aussi, dans un
programme de mise en valeur du patrimoine bâti, en mettant en
scène un lieu culturel, éducatif et de loisir, qui soit
économiquement rentable dans le cadre du tourisme culturel. Cela ne se
réalise jamais sans la volonté politique sur le plan
idéologique et budgétaire et sans la sensibilisation de la
société et sa mobilisation.
Pour une reconnaissance de la valeur
paysagère des abords : en réalisant les deux
premiers objectifs, avec le respect de la morphologie du site, sur lequel le
patrimoine bâti est construit, on crée un paysage dynamique et
représentatif de l'identité territoriale et sociale, en
intégrant des pratiques sociales qui témoignent, par exemple, la
période historique que la valeur d'âge, du monument historique,
récite. Cela se réalise par des aménagements respectueux
au paysage, avec la reconnaissance politique de ce critère dans
l'élaboration du PDAU et du POS. Il est, peut être, utile de faire
des études de perspectives et des volumétries, dans la
constitution du POS ou du plan de sauvegarde de ces lieux, où le paysage
urbain ou rural soit une finalité et non pas une ressource urbanisable.
Cela crée une séquence de l'histoire de la ville et de sa
population et une portion significative du paysage urbain. La ville sera
présentée comme un paysage diversifié avec la
préservation et la mise en scène touristique des paysages
exceptionnels et représentatifs. Cet objectif paysager se
réalisera d'une meilleure façon avec une production d'une «
loi paysage » qui protège le cadre bâti et sa
signification.
Par rapport à la basilique St-Augustin et ses abords,
les recommandations précédentes s'appliquent sur ce lieu de
mémoire exceptionnel de la ville d'Annaba, avec une réelle prise
en charge du site archéologique d'Hippone en résolvant tous ses
problèmes et en donnant aux prescriptions du POS et du PDAU leur vraie
valeur réglementaire. Cette reconnaissance des valeurs perceptive,
mémorielle et paysagère des abords, sur le plan politique et
social, ne se réalisera jamais sans une intégration d'un
programme de sensibilisation patrimoniale dans le système de
l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Un
programme éducatif sur le patrimoine, dans toutes ses formes, et
bâti en particulier, et les moyens et techniques de sa protection. Cela
résultera par une conscience patrimoniale au niveau des actions et des
réalisations politiques et réglementaires et au niveau de
l'appréciation de la société pour ces lieux de
mémoire collective et ses paysages représentatifs de
l'identité territoriale et sociale.
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