1.3. LA COMMUNICATION POLITIQUE DANS UNE DEMOCRATIE
1.3.1. DEFINITION
Au départ, la communication politique était
réduite à la propagande ou à la communication
électorale des partis politiques. Dans cette logique, la communication
politique se percevait plus en termes de messages et d'attitudes que les
politiques déploient en direction des citoyens. Avec le
développement des moyens de communication de masse, les sondages
d'opinion, une plus grande part est accordée, non pas seulement aux
messages diffusés, mais aussi et surtout à leur réception,
en terme d'appropriation, d'indifférence ou de rejet. Dès lors,
à côté de l'acteur politique, s'affirment de plus en plus,
d'autres acteurs, comme les médias et le citoyen, à travers le
concept d'opinion publique.
Dominique WOLTON définit la communication politique
comme étant « l'espace où s'échangent les
discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité
à s'exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes
politiques, les journalistes et l'opinion publique à travers des
sondages»10. Cette définition insiste sur
l'idée d'interaction de discours tenus par des acteurs qui n'ont ni le
même statut ni la même légitimité mais qui, de par
leurs positions respectives dans l'Espace Public, constituent en
réalité la condition de fonctionnement de la démocratie de
masse.
9 P. LEVY, Cité par MANDARD, S., «
Faut-il vouer un culte à l'Internet », in Le Monde
Interactif, 29 novembre 2000, p.3.
10 D. WOLTON, Les contradictions de la communication
politique, Hermès, N°17-18, 1995, p.107-109.
13
J. GERSTLE définit la communication politique comme
« ensemble disparate de théories et de techniques, mais aussi de
pratiques directement politiques »11. L'enjeu de la
communication politique aujourd'hui, ajoute-t-il, est de permettre à
l'ensemble des citoyens d'intervenir de manière égale au sein du
champ politique afin de respecter l'idéal de « distribution
démocratisée du pouvoir ».
Selon lui, la communication politique peut avoir une
connotation positive ou négative selon la conception qui sous-tend son
appréhension. Elle peut donner lieu à quatre conceptions
différentes12 :
> une conception instrumentale : la communication politique
renvoie à l'ensemble des techniques auxquelles recourent les
responsables politiques pour séduire et gérer l'opinion publique.
Il estime que cette conception réduit la politique à une
technique et la communication à la manipulation ;
> une conception oecuménique : l'enjeu est alors la
transmission de l'information entre les acteurs politiques, les médias
d'information et le public. Pour lui, cette conception tend à
éluder le rapport de domination entre gouvernant et gouverné, et
sous-estime l'échange d'autres biens que l'information, notamment les
biens symboliques tels que les images, les représentations ou les
préférences ;
> une conception compétitive : il s'agit
d'influencer et de contrôler, au
moyen des médias, les perceptions publiques des
évènements politiques majeurs et des enjeux. Cette
définition met en lumière la dimension de lutte et de
concurrence, et souligne également le rôle central du symbolique
dans les processus politiques ;
> une conception délibérative : la
communication politique est consubstantielle à la démocratie. Une
démocratie est possible grâce à la discussion et au
débat collectif. Tous les citoyens sont appelés à formuler
des raisonnements et à participer à la formation des choix
politiques.
11 J.GERSTLE, La communication
politique, PUF, Paris, 1993, p.3.
12 J.GERSTLE, op. cit., p.9.
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Jacques GERSTLE met en exergue le caractère
multidimensionnel de la communication politique qui se définit par trois
dimensions13 :
· une dimension pragmatique : c'est un
ensemble de pratiques de communication effectives ;
· une dimension symbolique : c'est la
manipulation de symboles visant à emporter la conviction des
destinataires des divers messages formulés ;
· une dimension structurelle : c'est
enfin les canaux institutionnels, organisationnels, médiatiques et
interpersonnels dans le cadre desquels elle se développe.
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