INTRODUCTION
ETAT DE LA QUESTION
Les jeunes enfants, les femmes, les femmes enceintes, les
adolescents et personnes âgées ont des besoins nutritionnels
spécifiques. Par exemple, la personne âgée a besoin d'une
alimentation particulièrement riche en calcium pour prévenir
l'ostéoporose tandis que la femme enceinte doit spécifiquement
veiller aux carences en fer et en folates. [3]
Par ailleurs, il peut arriver, chez la femme enceinte, que
l'apport en fer par l'alimentation soit insuffisant pour couvrir les besoins,
même en cas de bon suivi des principes de base d'une alimentation
équilibrée. C'est principalement le cas à partir du second
trimestre de grossesse ; une supplémentation en fer est alors
justifiée car les besoins en ce nutriment sont considérablement
augmentés du fait de l'augmentation physiologique de la masse
érythrocytaire, c'est-à-dire du nombre de globules rouges
maternels, de la constitution des tissus du foetus et du placenta qui viennent
s'ajouter aux pertes basales. [33]
A travers le monde, les résultats de certains travaux
témoignent de l'ampleur du problème lié à la
carence martiale en période de gestation et donc, de l'urgence qu'il
impose aux gouvernements et organismes internationaux impliqués dans la
lutte contre les maladies carentielles à trouver des solutions
adéquates.
En République Démocratique du Congo par exemple,
les carences en micronutriments essentiels pour la survie dont le fer
notamment, sont encore répandues et la prévalence
élevée (53%) de l'anémie chez les femmes enceintes figure
parmi les indicateurs ayant imposé la mise sur pied des Actions
Essentielles en Nutrition. [8]
Pourtant, l'Enquête Démographique et de
Santé République Démocratique du Congo (EDS-RDC) 2007
révèle que seuls 46% des femmes enceintes ont reçu un
comprimé de fer-folate sur l'ensemble du pays avec des grandes
disparités selon les provinces. Au Katanga, 37,6% des femmes ont
été supplémentées en fer-folate. [15]
Dans leur étude sur l'anémie associée au
paludisme et aux helminthiases intestinales à Lubumbashi, M.K. Kalenga
et Collaborateurs ont rapporté des taux d'anémie chez les femmes
enceintes de Bongonga (83%), Hôpital Général Provincial de
Référence Jason Sendwe (79%) et Cliniques Universitaires de
Lubumbashi (64%). [28]
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En Guinée, l'enquête nationale sur les
anémies révèle que 63 % des femmes enceintes souffrent
d'anémie et que le risque de décès suite à une
grossesse est beaucoup plus élevé chez les femmes
anémiées. L'enquête révèle également
que 50% des femmes en âge de procréer souffrent d'anémie
par carence en fer. [4]
Pourtant une étude menée par l'université
TarbiatModarres - Iran citée par Marine Legroux démontre qu'une
supplémentation en fer pendant la grossesse n'est pas à
recommander sauf en cas d'anémie avérée par un test en
laboratoire. La prise de fer sous forme de supplément nutritionnel peut
même se révéler néfaste pour la grossesse.
[23]
Une autre étude de la société de
nutrition et de diététique de langue française
démontre que les risques d'accouchement prématuré et de
naissance d'enfants de faible poids sont respectivement de 2,5 et 3 fois plus
élevés chez les femmes présentant une anémie
ferriprive en début de grossesse que chez celles ayant une anémie
d'une autre cause, suggérant que c'est bien la carence en fer et non
l'anémie qui en est responsable.[1]
En France, il ressort d'une étude menée sur la
situation nutritionnelle que parmi les femmes en âge de procréer,
la prévalence de l'anémie s'élevait à 5,7 % contre
2,6 % pour les femmes ménopausées. [2]
Selon les statistiques plus généralisées
données par Sight and Life Presse, La prévalence à
l'échelle mondiale de l'anémie chez les femmes enceintes est de
41,8 % et plus de la moitié de la population mondiale des femmes
enceintes résident dans des pays ou l'anémie représente un
problème de santé publique sévère. Ces pays sont
regroupés en Afrique, en Asie, en Amérique latine et aux
Caraïbes. L'Afrique et l'Asie étant les régions les plus
affectées par l'anémie et, comme il s'agit également des
régions les plus pauvres, cela suggère un lien entre
anémie et développement. [11]
En ce qui nous concerne, nous voulons, à travers cette
étude, donner une image claire sur la couverture de la
supplémentation en fer ainsi que les moyens utilisés pour le
diagnostic de l'anémie par carence martiale chez la femme enceinte.
- Quelle est, à ce jour, la couverture de la
supplémentation en fer de la femme enceinte suivie dans l'aire de
santé Kalebuka ?
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PROBLEMATIQUE
Dans sa politique, le système de santé de la
République Démocratique du Congo organise un service de
Protection Maternelle et Infantile (PMI) au niveau des centres hospitaliers
pour diagnostiquer, prévenir et prendre efficacement en charge les
problèmes de santé pouvant affecter la femme enceinte ou le
foetus qu'elle porte.
![](valuation-de-la-supplementation-en-fer-chez-la-femme-enceinte--Lubumbashi--RDC-8.png)
C'est dans ce cadre que la supplémentation en fer au
cours de la grossesse s'avère nécessaire pour la
prévention et/ou la prise en charge de l'anémie
ferriprive.Celle-ci est l'un des risques auxquels est exposée la femme
enceinteétant donné les conséquences fâcheuses de
ses répercussions sur l'organisme maternel et foetal. Ces
répercussions sont notamment une augmentation de la morbidité et
de la mortalité de la mère et de l'enfant etle faible poids de
naissance ; les nouveau-nés des mères anémiques ont moins
de chances de disposer de réserves normales en fer ; ils commencent donc
leur vie avec un handicap. [11]
La mesure de l'hémoglobine est essentielle au
diagnostic de l'anémie et fait partie des méthodes les plus
courantes, les plus faciles et les moins onéreuses mais elle n'est pas
spécifique à la carence en fer, d'autres marqueurs biochimiques
plus spécifiquesà ce déficitdont la ferritine et le
récepteursoluble à la transferrine doivent également
être mesurés pour déterminer si le déficit en fer
est responsable de l'anémie.[14]
L'anémie est une affection aux causes multiples,
à la fois nutritionnelles (carences en vitamines et en minéraux)
et non nutritionnelles (infections), qui surviennent fréquemment en
parallèle. On suppose qu'un des facteurs de contribution les plus
courants est le manque de fer, et l'anémie résultant de cette
carence en fer est responsable, dans les pays en développement, d'un
cinquième de la mortalité périnatale et d'un
dixième de la mortalité maternelle.[11]
C'est ainsi que plusieurs questions nous sont venues à
l'esprit mais, nous nous sommes attardés sur les plus fondamentales qui
sont les suivantes :
- Quels sont les moyens utilisés pour diagnostiquer
l'anémie chez la femme enceinte dans l'aire de santé Kalebuka?
- Quelles sont les molécules utilisées pour la
supplémentationet quelle en est la dose ?
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CHOIX ET INTERET DE L'ETUDE
L'anémie nutritionnelle reste commune dans beaucoup des
pays du monde et son éradication via des interventions efficaces doit
être une priorité en termes d'attention et d'actions, elle
altère la croissance et le développement individuels, ainsi que
le développement socio-économique, familial, communautaire et
national.
Le choix de la présenteétude a été
motivé par le souci d'identifier les moyens utilisés par le
système de santé de la République Démocratique du
Congopour la surveillance de la femme enceinte, particulièrement sur la
prévention et/ou la prise en charge de l'anémie par carence
martiale.
Son intérêtréside dans le fait qu'elle
nous apportera lalumière sur l'applicabilité des mesures
nationales en matière de santé de la mère et de
l'enfantparticulièrementsur la supplémentation en fer chez la
femme enceinte. Elle permettra égalementd'évaluer les efforts de
sensibilisation fournis par les structures de lutte contre les maladies
carentielles. Bien que réalisée à petite échelle,
cette étude pourra fournir les données au gouvernement et aux
autres chercheurs qui pourraient s'en servir pour la réalisation
à grande échelle.
OBJECTIFS DU TRAVAIL
L'objectif général de notre étude est de
contribuer à l'amélioration de la santé de la femme
enceinte et du nouveau-né.
Pour y parvenir, nous nous sommes fixés les objectifs
spécifiques ci-dessous :
- Déterminer la couverture de la supplémentation
en fer chez la femme enceinte suivie à la consultation prénatale
dans l'Aire de Santé Kalebuka ;
- Décrire les moyens de diagnostic utilisés pour
déterminer le degré d'anémie ;
- Déterminer les molécules prescrites pour la
supplémentation en fer ainsi que leurs doses respectives ;
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METHODOLOGIE
Pour la réussite de notre travail, nous avons fait
recours à l'étude d'observation descriptive transversale. Comme
techniques pour la récolte des données, nous avons utilisé
un questionnaire préétabli pour l'interview des gestantes
rencontrées à la consultation prénatale (CPN) et
l'observation lors de la CPN.
DELIMITATION DU SUJET
Notre étudesera réalisée à
Lubumbashi, dans la zone de santé Kenya ; Aire de Santé Kalebuka
pendant la période allant du 29 novembre au 14 décembre 2012.
SUBDIVISION DU TRAVAIL
Outre cette introduction, notre travail est subdivisé en
deux parties :
- La première, purement théorique, comprend deux
chapitres, le premier parlera des généralités sur la
grossesse et le second, des besoins nutritionnels au cours de la grossesse;
- La seconde partie traitera des considérations
pratiques et portera surle Milieu d'étude, la population,
lesmatériels et méthodes ; la présentation des
résultats et la discussion des résultats. Une conclusion et
quelques suggestions d'amélioration mettront fin à notre
travail.
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