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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

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B - MANOEUVRE DES PUISSANCES OCCIDENTALES DANS UN SAHEL DESTABILISE

Est-il aujourd'hui concevable d'aborder les enjeux stratégiques méditerranéens en faisant l'impasse sur la géopolitique du théâtre sahélien ?260(*) De nombreuses puissances extérieures s'intéressent à ce « ventre mou » qu'est la région sahélienne animées par des appétits géostratégiques. Plusieurs d'entre elles sont installées dans cette région depuis et ont des intérêts stratégiques qu'elles entendent bien défendre et préserver (1). La préservation de ces droits acquis ne se fait pas sans compétition entre ces différents acteurs qui érigent le terrorisme comme menace mondiale afin de mieux pénétrer la région (2).

1- La présence historique des pays occidentaux et leurs intérêts économiques au sahel

De nombreuses puissances extérieures à la région sahélienne, mais également extérieures au continent africain possèdent des intérêts stratégiques en Afrique de l'Ouest qu'ils entendent bien conservés. Ancienne puissance coloniale, la France poursuit une politique de coopération remontant, avec des hauts et des bas, aux indépendances, proclamées en 1960261(*). Ses intérêts sont non négligeables dans la région. Le Niger, l'un de ses principaux partenaires dans la région assure un tiers de son approvisionnement en uranium. Le fer de Mauritanie, l'étain et l'or du Mali et peut-être dans un futur proche, les hydrocarbures dont le pétrole du Sud saharien, sont autant de ressources qui ne laisse pas Paris indifférent qui désire faire du sahel son pré carré. Les bases de Libreville et Ndjamena forment, non loin du sanctuaire d'AQMI, les deux premiers maillons d'un dispositif militaire qui se prolonge à Djibouti et à Abou Dhabi.

A la veille de l'inauguration de cette dernière base installée au Qatar, et qui dévoile une nouvelle vision stratégique militaire française, (le 26 mai 2009), le Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy déclarait : « avec cette base, notre première au Moyen-Orient, la France montre (...) qu'elle est prête à prendre toutes ses responsabilités pour garantir la stabilité de cette région essentielle pour l'équilibre du monde »262(*) . Toutefois, l'action de la France dans la région se heurte aux réticences d'Alger. Celle-ci d'une part, instrumentalise, pour des raisons de politique intérieure, la thématique du néocolonialisme afin de se forger une légitimité « nationale », discréditer les adversaires de la faction au pouvoir et tenter de rallier une partie des sympathisants de l'islamisme263(*). D'autre part, les dirigeants algériens veulent écarter la France de la zone sahélienne pour faire prévaloir leur hégémonie en tant qu'acteur incontournable dans la région dans la lutte contre le terrorisme. Quant à Paris, certains analystes lui prêtent le projet de constituer avec le Mali et le Niger, peut-être le Maroc et la Tunisie, un « bloc contre hégémonique » face à l'axe Washington-Alger264(*).

Depuis la fin des rivalités Est-Ouest, les Etats-Unis ont jeté leur dévolu sur l'Afrique. Face au rouleau compresseur chinois, ils s'y devaient d'affirmer leur présence et de s'implanter avec force. En vertu de l'AFRICAN GROWTH AND OPPORTUNITY ACT (AGOA), les Etats-Unis fournissent une aide économique régionale spécifique depuis 2000. Ils seraient en tête des principaux pays fournissant de l'aide en zone de peuplement Touareg au sahel. Dans la course mondiale aux approvisionnements énergétiques, ils multiplient également des investissements par exemple en Algérie, pivot du Nord AFRICAN PARTNERSHIP FOR ECONOMIC OPPORTUNITY conclu en 2009. De même, depuis les attentats du 11 septembre 2001, ils ont augmentés de manière significative leur coopération et leur présence militaire en Algérie et en Afrique Subsaharienne.

A côté des Etats-Unis, la Chine, dernière venue et privilégiant la carte de la séduction (Soft Power), s'active dans la région du sahel. Elle intensifie son action à travers le développement d'infrastructures. Afin de couvrir une partie de ses énormes besoins en matières premières, elle se livre également à une intense activité de prospection (hydrocarbures, minerais) au Mali et au Niger, ce qui ne peut manquer de l'impliquer dans les rivalités avec la France. A titre d'exemple, depuis 2007, elle exploite une partie de l'uranium nigérien à travers le gisement d'AZELIK. Chacun des pays cherchent ainsi à se positionner ou à se repositionner à travers différents stratagèmes de pénétrations.

2- Les stratégies des pays occidentaux dans le contre terrorisme comme vecteur de pénétration

L'insécurité endémique et persistante au sahel doit être analysée avec prudence et remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères. L'arc sahélien attire les convoitises et aiguisent les appétits du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de désenclavement des ressources énergétiques. Pour cela tous les moyens sont bons pour ériger le sahel en espace de tous les dangers. Dans ce cadre, les objectifs stratégiques poursuivis obéissent à des calculs à long terme visant à justifier une pénétration militaire sur la base d'opérations de nettoyage et de lutte contre le terrorisme au sahel265(*). Potentiel fournisseur prépondérant d'énergie à l'horizon 2030, le sahel suscite des querelles géostratégiques pour le contrôle des gisements, enjeu majeur, mais également des itinéraires d'évacuations dessinant jour après jour une nouvelle géopolitique des tubes. La réalité géographique de cette zone permettrait à certains Etats, s'ils se positionnent économiquement et ce serait l'optimum pour eux, militairement de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et les richesses d'Afrique de l'Ouest266(*).

Dans un contexte où la fiabilité de certains fournisseurs Moyen-orientaux pose question et où les prix flambent en raison d'un contexte géopolitique explosif, les Etats énergivores, hautement dépendants, se mettent à la recherche de nouvelles sources d'approvisionnements267(*). La révolution démocratique en Libye a été exploitée à bon escient afin de compléter cette stratégie. La guerre menée par la coalition à démontrer l'existence de calculs politiques particuliers de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, et révèlent des intérêts concurrents entre eux et à l'égard des puissances tierces (Italie, Russie, Qatar, Arabie Saoudite etc.) à l'échelle Libyenne, mais également à l'échelle du Maghreb et du sahel. Le point d'appui Libyen offrirait aux occidentaux, une porte d'entrée vers le théâtre sahélien et l'Afrique afin de lutter contre AQMI, sécuriser les approvisionnements en pétrole et minerais, et contenir la Chine. La Russie n'est pas en reste. La compagnie russe Gazprom a commencé sa pénétration au sahel par l'Algérie et le Nigéria à travers GAZPROMBANK NGS, filière de Gazprom. Elle a fini par obtenir du Niger en 2011, un accord de concession minière pour la recherche et l'exploitation de gisement d'Uranium268(*).

L'ancienne puissance coloniale qui se situe au milieu de ces querelles, cherche aussi à se positionner pour sécuriser ses approvisionnements surtout en uranium au Niger mais aussi dans le site de FALEA, une commune de 21 villages et 17. 000 habitants, situés dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako. D'ailleurs, son ambassadeur, Christian ROUYER, déclarait il y a quelques mois « qu'AREVA sera le futur exploitant de la mine d'uranium à FALEA ». L'opération Serval269(*), outre sa raison humanitaire si chère à Bernard KOUCHNER et autres, cacherait en toile de fond ou de manière indirecte des intérêts économiques. Si le danger terroriste est bel et bien présent au sahel comme en témoigne la crise au Nord du Mali, il n'en demeure pas moins que cette menace est perçue par certains, comme un moyen pour les occidentaux de contenir l'avancée chinoise en Afrique.

* 260 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteur d'insécurité au sahel », enjeux ouest- africains, Note publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 1.

* 261 Patrice GOURDIN, « Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe ». www.diploweb.com. Le 11 mars 2012, p. 16.

* 262 Entretien du Président de la République Française avec l'Agence de Presse des Emirats Arabes Unis, 25 mai 2009.

* 263 Patrice GOURDIN, op. cit., p. 17.

* 264 Patrice GOURDIN, ibid.

* 265 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n°32, 3e Trimestre 2011, p. 289.

* 266 Mehdi TAJE, « Le sahel, un couloir stratégique, un échiquier tourmenté », Le Méditerranéen, 8 décembre 2011.

* 267 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 2.

* 268 Bérangère ROUPPERT, op. cit, p. 4.

* 269 En référence au félin africain, est une intervention militaire de l'armée française menée au Mali depuis le 11 janvier 2013.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille