Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA NGASSAM Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013 |
V. Méthodologie de recherche et techniques de collecte de donnéesLes méthodes d'analyse (V.1) et les techniques d'investigations (V.2) nous permettrons de mieux structuré notre travail. V.1 - Les méthodes d'analyseLa démarche méthodologique conditionne le travail scientifique en ce sens qu'elle éclaire les hypothèses et en détermine les conclusions. Les méthodes d'analyse choisies pour capitaliser les données et matériaux collectés et les systématiser afin de pouvoir rendre compte de notre objet d'étude, sont : le constructivisme et l'analyse stratégique. a) Le constructivismeDans l'analyse de notre étude, on fera recours à l'approche constructiviste qui implique dans une certaine mesure de définir des identités, c'est-à-dire « qui nous sommes et qui sont les autres »80(*). Le constructivisme se penche sur la nature des acteurs (Etats, groupes, individus) et sur leurs relations aux environnements structurels plus larges. La philosophie est celle d'une constitution mutuelle dans laquelle aucune entité d'analyse acteur/structure n'est réduite à l'autre. L'intérêt des acteurs émerge « de » et est endogène « à » l'interaction avec la structure au premier niveau, et d'autres acteurs en second niveau, sans qu'aucun n'ait la primauté analytique sur l'autre. Dans cette recherche notre choix portera sur le constructivisme social81(*). L'exploitation du constructivisme pour le terrorisme est intéressante, car il permet de comprendre les mécanismes qui sont à la base de la définition de ce qui est terroriste et de ce qui ne l'est pas. Le terrorisme comme problème social, a les prémisses que les autres phénomènes sociaux. Il est construit sur des normes et des valeurs. De plus, le constructivisme permet de s'interroger sur la façon dont l'enjeu terroriste vient à être considérer comme un enjeu de sécurité nationale, comme une problématique sociale et comme un « fait » porteur de danger pour les citoyens. Ce que nous prenons pour faits sociaux donnés sont, dans les faits, plus souvent qu'autrement une construction allant dans l'intérêt de certains groupes dominants. Dans cette vision des choses, la construction de l'enjeu du terrorisme comme menace pourrait apparaître comme un moyen pour les autorités d'augmenter le contrôle social par une série de mesures sécuritaires de contrôle dont le but explicite est de juguler le terrorisme. B) L'analyse stratégiqueL'analyse stratégique est « l'étude de la stratégie des acteurs au sein des organisations »82(*). Selon les approches, seront situées au centre de cette analyse soit la notion d'acteur - l'acteur se définissant d'une manière générale comme un individu ou un groupe d'individus capable d'action stratégique -, soit le concept de stratégie83(*). Cependant, opérer une césure entre l'acteur et sa stratégie est un exercice intellectuel assez délicat auquel il n'apparaît pas utile ici de se soumettre. L'extrême imbrication acteur/stratégie justifie que référence soit faite simultanément aux deux notions même s'il pourra s'observer un accent marqué sur la notion de stratégie. Dans l'analyse de la situation sécuritaire au sahel avec le terrorisme comme menace principal, l'acteur est un être capable d'action stratégique et dont l'action engagée a des répercussions tangibles sur un processus politique donné. La notion recouvre deux dimensions : « l'une concernant la contribution de l'acteur au processus politique et l'autre l'impact ou l'influence de cette contribution sur le résultat »84(*). Elle met en évidence la marge de liberté dont disposent les acteurs au sein d'un système donné malgré les contingences et les contraintes, s'interroge sur les mécanismes à travers lesquels ces acteurs structurent leurs échanges. L'analyse stratégique apparait dès lors utile pour étudier le poids des décisions des acteurs nationaux ou internationaux concernés par la menace terroriste sur la mise en place des moyens nécessaires pour endiguer cette menace. Elle permet de voir si les systèmes sécuritaires répondent aux menaces et dans le cas contraire de dégager des perspectives pour améliorer les différents mécanismes existants. * 80 Lindemann THOMAS, Sauver la face, sauver la paix. Sociologie constructive des crises internationales, Coll. « Chaos International », L'Harmattan, Paris, 2011. * 81 Sur le constructivisme parfois nommé socioconstructivisme, lire Peter BERGER et Thomas LUCKMAN, La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2003, 357 p. * 82 Madeleine GRAWITZ, op.cit., p. 156. * 83 Michel Crozier, Erhard FRIEDBERG, L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective, Paris, Seuil, 1977, p. 53-57. Pour ces auteurs, « la démarche stratégique (...) peut être définie autour du concept central de stratégie », p. 55. * 84 Emiliano GROSSMAN, « Acteur », in Laurie BOUSSAGUET, Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Sciences Po, 2004, p. 23. |
|