THE UNIVERSITY OF DOUALA
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FACULTY OF LAWS AND POLITICAL SCIENCES
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DEPARTMENT OF POLITICAL SCIENCE
UNIVERSITÉ DE DOUALA
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FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
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DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
LES DEFIS DU TERRORISME AU SAHEL :
AQMI, une menace stratégique ?
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Master II en Science Politique
Option : ÉTUDES
INTERNATIONALES
Par :
Rodrigue NANA NGASSAM
Master I de Science Politique (option Etudes
Internationales)
Master I de Droit Public (option Droit Public Interne)
Sous la supervision de :
Monsieur le Professeur Manassé ABOYA ENDONG
HDR de Science Politique
Maitre de Conférences
Et sous la Direction de :
Madame Laurence AÏDA AMMOUR
Chercheure associée à l'Institut d'Etudes
Politiques de Bordeaux
Année académique 2010/2011
AVERTISSEMENT
La Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de
l'Université de Douala n'entend donner ni improbation ni approbation aux
opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être
considérées comme étant propres à leur auteur.
Dédicace
A mon père NGASSAM Joël Ledoux, parti pour un
voyage sans retour
Et A la mémoire de mon camarade et ami, BAKA Robert
Remerciements
Il nous plait d'adresser nos très sincères
remerciements en premier lieu à Monsieur le Professeur ABOYA ENDONG
Manassé et Madame AÏDA AMMOUR Laurence qui, en dépit de
leurs lourdes occupations, ont accepté de diriger ce modeste travail.
Ils l'ont fait avec dévouement, constance, rigueur et méthode.
L'on n'oubliera jamais leur immense sollicitude à notre endroit.
Nous remercions aussi Monsieur, OUSMANE Kane
(Université de Columbia, Université de Harvard, Etats-Unis),
BOUBEKEUR Armel (Chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales et à l'Ecole Normale Supérieure, Paris) pour leur
aide.
Nous sommes également pénétrés de
reconnaissance envers Monsieur les Professeurs ONANA Janvier, NGUELIEUTOU
Auguste, les Docteurs MANDJACK Albert Le Grand, AKONO EVANG Serge, ATEBA
Bertrand et EKAMBI DIBONGUE Guillaume qui, pendant notre long parcours à
la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université
de Douala, ont aiguisé avec méthode notre penchant pour la
Science Politique.
Notre reconnaissance va aussi à l'endroit de Monsieur
NJIKAM SEIDOU (premier Percepteur de l'Ambassade de la République du
Cameroun au Maroc) pour son encouragement nourri et son effort pour
l'orientation et la facilitation de nos recherches.
Nous remercions également tous les camarades de la
promotion de Master II Science Politique (option Sociologie Politique et option
Etudes Internationales) 2009-2010 pour leur sens de solidarité tout le
long de notre parcours commun.
Merci enfin à tous ceux et celles dont il n'est pas
possible de citer ici les noms, mais qui n'ont pas manqué une occasion
pour m'encourager, prier pour moi et me témoigner leur affection. Je
leur dis merci.
Liste des principales abréviations
AIS : Armée Islamique du Salut
APSA : Architecture de Paix et de
Sécurité Africaine
AQMI : Al-Qaïda au Maghreb Islamique
CAERT : Centre Africain d'Etudes et de
Recherche sur le Terrorisme
CEDEAO : Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CILSS : Comité Inter-Etat de
Lutte Contre la Sécheresse au Sahel
DECT : Direction Exécutive du
Comité contre le Terrorisme (Conseil de Sécurité des
Nations Unies)
DRS : Département du
Renseignement et de la Sécurité Algérienne
GIABA : Groupement Intergouvernemental
d'Action contre le Blanchiment d'Argent
FIA : Front Islamique Armé
FIS : Front Islamique du Salut
FLN : Front de Libération
Nationale
GIA : Groupe Islamique Armé
MNLA : Mouvement National pour la
Libération de L'AZAWAD
MUJAO : Mouvement Pour l'Unicité
et le Jihad en Afrique de l'Ouest
ONU: Organisation des Nations Unies
ONUDC : Office des Nations Unies Contre
la Drogue et le Crime
OTAN : Alliance de l'Atlantique Nord
PSI : Pan Sahel Initiative
SPT : Service de la Prévention du
Terrorisme (ONUDC)
TSCT: Trans Sahara Counter Terrorism
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UMA : Union du Maghreb Arabe
Résumé
Avec les années 1990 apparût un terrorisme
conduit par des déracinés sans buts politiques précis mais
animés d'une vision transcendantale exclusive. Les groupes composites
formant la galaxie BEN LADEN se sont peu à peu éloignés de
leurs objectifs géographiques ou nationaux. Vaincus localement, ils se
sont remotivés dans un terrorisme messianique universel et manifestent
leur rejet du monde occidental par une violence suicidaire sans
précédent. Faute de déplacer le combat chez l'ennemi, et
porter le feu sur son territoire tel que le voulait le Docteur AL-ZAWAHIRI,
l'AQMI a opéré un retour sur l'ennemi proche. Le champ de
bataille s'est donc déplacé sur la Zone Sahara-Sahel
(enlèvement de touristes et d'humanitaires, attaques de garnisons et de
convoi, attaques des entreprises occidentales, criminalisation du sahel)
là où l'immensité des territoires et la faiblesse des
moyens militaires des pays frontaliers rendent difficiles son
élimination.
Pour compliquer le tout, le sahel est devenu une
« ressource conflit » attisant les convoitises
entre pays du Nord, pays émergents et Etats du champ pour s'approprier
des richesses minières et pétrolières. Cette situation
confuse n'est pas sans incident sur les solutions a y apportées pour
rétablir la paix et la stabilité dans la région. A tel
point que la prise du Nord du Mali par ces groupes terroristes a
été un fait révélateur du caractère
désuni que chacun des Etats frappés par le terrorisme a de
l'interprétation de la menace. Face à cette situation,
l'équation à résoudre est donc de rechercher un
équilibre subtil pour contrer cette menace réelle sans
l'alimenter. C'est pour cela qu'agir au sahel aujourd'hui représente un
défi pour notre sécurité de demain :
c'est-à-dire définir une politique ambitieuse alliant moyen de
lutte et développement durable, et d'autre part, un travail de fond sur
les esprits. Quoiqu'il advienne nous sommes, dans ce domaine installé
dans la longue durée.
SUMMARY
The 1990s appeared a terrorism led by uprooted without
specific political goals but animated exclusive transcendental vision.
Composite groups forming galaxy BIN LADEN have gradually moved away from their
geographical or national objectives. Defeated locally, they are re-motivated in
a universal messianic terrorism and express their rejection of the Western
world by a suicidal unprecedented violence. Without moving the fight to the
enemy, and bring fire on its territory as wanted Dr. AL-ZAWAHIRI, AQIM has made
a return on the near enemy. The battlefield is moved to the Sahara-Sahel zone
(abduction of tourists and humanitarian attacks garrisons and convoy attacks by
Western companies, criminalization Sahel) where the vastness of the territory
and the poor military resources of neighboring countries make it difficult
disposal.
To complicate matters, the Sahel has become a "resource
conflict" fanning lusts between North, emerging countries and states of the
field to appropriate mineral and oil wealth. This confusing situation is not
without incident on solutions ay made to restore peace and stability in the
region. So much so that the capture of northern Mali by these terrorist groups
was a telling fact that each character of the disunited states hit by terrorism
in the interpretation of threat. Faced with this situation, the equation to
solve is to find a delicate balance to counter the real threat without power.
That is why the Sahel today that acting is a challenge for our future security:
that is to say, set an ambitious way to fight and sustainable development
combining, and secondly, work background on their minds. Whatever happens we
are, installed in this area in the long term.
Sommaire
INTRODUCTION
GENERALE......................................................................................................1
PREMIERE PARTIE : AL-QAÏDA AU MAGHREB
ISLAMIQUE : LOGIQUE DE NUISANCE SECURITAIRE ET MENACE
GEOSTRATEGIQUE........................................................................................................23
CHAPITRE I : AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE ET LES
FRAGILITES DU
SAHEL................................................................................................................................25
SECTION I : LE SAHEL, UNE REGION EN DANGER ET EN PROIE A
L'INSECURITE.............................................................................................................................................25
SECTION II : AQMI ET LA CRIMINALISATION DU
SAHEL.......................................................44
CONCLUSION DU CHAPITRE
I...........................................................................................60
CHAPITRE II : LE SAHEL, UNE REGION INCONTOURNABLE SUR LE
PLAN GEOPOLITIQUE........61
SECTION I : `'SAHEL NOSTRUM'', UN ECHIQUIER TOURMENTE, UN
TERRITOIRE CONVOITE......62
SECTION II : LE SAHEL, TERRAIN DE JEU DES ISLAMISTES
ARMES.........................................77
CONCLUSION DU CHAPITRE
II...............................................................................................................90
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE..............................................................................92
DEUXIEME PARTIE : AL-QAÏDA AU MAGHREB
ISLAMIQUE : LOGIQUE DE DEFIANCE SECURITAIRE ET OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT
DANS L'ESPACE SAHELIEN...........................94
CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES FACE A LA
DEFIANCE SECURITAIRE
REGIONALE...............................................................................................................................................97
SECTION I : INITIATIVES REGIONALES ET EXTRAREGIONALES EN
MATIERE DE LUTTE CONTRE LE
TERRORISME.............................................................................................................98
SECTION II : L'ENIGMATIQUE PROBLEMATIQUE DU PROGRES DANS
LA REGION
SAHELIENNE...........................................................................................................................................116
CONCLUSION DU CHAPITRE
I..........................................................................................128
CHAPITRE II : ACTIONS CONCRETES ET DE CONCERTATIONS FACE
A LA MENACE TERRORISTE AU
SAHEL.....................................................................................................................130
SECTION I: ADOPTER UNE STRATEGIE COHERENTE ET EFFICACE CONTRE
LA MENACE TERRORISTE AU
SAHEL..................................................................................................131
SECTION II: VERS UNE PLUS GRANDE INTERNALISATION DES REPONSES
A LA CRISE
SAHELIENNE.................................................................................................................143
CONCLUSION DU CHAPITRE
II.............................................................................................................154
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE...........................................................................................155
CONCLUSION
GENERALE......................................................................................................................156
INTRODUCTION GENERALE
Quelle sécurité collective face à la
« menace terroriste » ? Cette question n'est
pas nouvelle et les réponses sont toujours en attente. A peine les
conflits localisés pour organiser l'héritage post
soviétique sont-ils réglés dans les Balkans et en Asie
Centrale que le monde reprend conscience de la présence latente et
certaine de conflits sans nom et sans visage mais à caractère
universel : le terrorisme1(*). Cette nouvelle menace ne pèse pas seulement
sur les personnes ou les biens, ni exclusivement sur les structures de la
société et son organisation. Mais, remet en question l'existence
de l'Etat en tant que garant de l'ordre interne et international. Si certains
pensent que la menace terroriste agit au nom de la guerre des civilisations
même si on n'est pas encore au stade d'un choc des civilisations au sens
de Samuel HUNTINGTON2(*),
nous considérerons que le principal objectif du terrorisme est la
destruction de la civilisation existante. Et pour le Chancelier Allemand
Gerhard SCHRÖDER, « ce n'est pas une bataille entre les
civilisations qui commence mais une bataille pour la
civilisation »3(*).
Face à ce nihilisme, l'enjeu est global dans une
société en proie au terrorisme international. Car, toutes les
collectivités organisées, Etatiques ou non Etatiques sont
concernées par la survie de leur civilisation. La défense de la
civilisation par le maintien de l'ordre qui la produit et dont il en est
l'émanation se fait dans un climat d'incertitude. Pas d'informations
fiables n'existent sur l'ennemi ni sur ses alliés, leurs intentions,
leurs plans, leurs manoeuvres, leurs armes etc. Le terrorisme constitue l'une
des plus grandes plaies en ce début du 21e siècle en
ce sens qu'il représente une menace à la paix et à la
sécurité internationale. Pour sa part, le conseil de
sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) dans sa
Résolution 1368 du 12 septembre 2001, reconnait le droit à la
sécurité comme inhérent à la légitime
défense individuelle ou collective conformément à la
Charte des Nations Unies.
Les évènements du 11 septembre 20014(*) ainsi que les attaques
ultérieures perpétrées à Bali, Madrid, Londres,
Amsterdam, et plus récemment celles perpétrées lors du
marathon de Boston5(*) aux
Etats-Unis ont fait ressortir la nécessité de lutter contre le
terrorisme international. Les attentats du 11 septembre 2001 constituent
l'opération la plus retentissante d'une organisation terroriste
international contre un Etat considéré jusqu'alors comme
infaillible ou du moins intouchable. Attentat perpétré par
Al-Qaïda, mouvement islamiste fondé par le Cheick Abdullah YUSSUF
AZZAM et son élève Oussama BEN LADEN en 19876(*). Ces attentats
déclenchent aussitôt une réponse virulente des Etats-Unis,
soutenus par leurs alliés qui envahissent l'Afghanistan en 2001 dans le
but d'anéantir Al-Qaïda. Celle-ci perd ses camps, et ses membres
sont en fuite. Cette situation conduit à une mutation de la mouvance
Al-Qaïda et à une délocalisation de la nébuleuse en
des cellules locales indépendantes et qui font allégeance
à Ben Laden et prennent pour nom Al-Qaïda. Ces filiales du
réseau Al-Qaïda agissent dans des ères géographiques
différentes et revendiquent leurs actions au nom de la maison
mère (Al-Qaïda). Parmi ces différentes structures qui se
sont autoproclamées d'Al-Qaïda, l'on dénombre Al-Qaïda
en Irak, issu du groupe d'ABOU MOUSSAB AL-ZARQAOUI en 2004, Al-Qaïda dans
la Péninsule Arabique (AQPA), branche d'Al-Qaïda au Yémen et
en Arabie Saoudite depuis 2009. Et enfin, Al-Qaïda au Maghreb islamique
(AQMI) qui a revendiqué les attentats du 11 avril 2007 à Alger et
qui a trouvé refuge au sahel en tant que nouveau centre
d'opération.
I - Cadre socio-spatial de l'étude :
étude monographique de l'espace sahélien
Certains facteurs et les caractéristiques d'une
localité ont une influence sur la situation sécuritaire de
celle-ci. En effet, la position géographique, l'éloignement de la
capitale par exemple peuvent rendre les délais d'intervention longs et
coûteux, toute chose qui favorise le développement de
l'insécurité. De même, le niveau de couverture
administrative et de représentation des administrations centrale et
locale sont des facteurs pouvant favoriser l'effectivité de l'Etat de
droit et la garantie de la sécurité des biens et des personnes.
En revanche, la situation sécuritaire et la non effectivité de
l'Etat de droit sont souvent à l'origine des problèmes de
développement. Ainsi, l'insécurité empêche
l'exploitation des potentialités et rend risqué et coûteux
la fourniture des services sociaux aux populations. Aussi est-il
nécessaire d'analyser les caractéristiques de la zone
d'étude qui peuvent être à l'origine des
conséquences des défis sécuritaires.
A la charnière entre la méditerranée et
l'Afrique du nord, le sahel est un espace tampon. Difficilement
contrôlable, l'arc sahélien développe une
conflictualité endémique sur laquelle les différents
acteurs ont peu de prise7(*). Nous ne disposons que de peu d'éléments
tangibles sur cette bande sahélienne de plusieurs km qui va de
l'Atlantique jusqu'au Tchad8(*). Longtemps resté sous le contrôle des
touaregs et des trafiquants de tout bord, cet espace fait aujourd'hui figure de
zone grise rebelle à l'autorité de l'Etat. L'espace
géographique où sévit AQMI s'insère dans un espace
gigantesque : Le Sahara couvre 8.000.000 Km2 auxquels il
convient d'ajouter les 3.000.000 Km2 du sahel9(*). Cette zone immense comme une mer et
s'élançant comme un océan se montre difficilement
maîtrisable. Selon certains chercheurs, il ne concerne principalement que
cinq pays de l'Afrique Subsaharienne : La Mauritanie, le Mali, le Niger,
le Tchad et le Soudan10(*). A cela s'ajouterait le Sud algérien et son
prolongement marocain jusqu'à l'Atlantique. L'approche institutionnelle
prend comme pays du sahel, les neufs Etats du comité permanent
Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) :
Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger,
Sénégal, Tchad. Mais, le Sahel ne recouvre qu'une partie du
territoire de ces Etats et le Soudan n'est pas membre de ce comité. Dans
cet immense désert, le milieu naturel est très contraignant. Il
comprend de vastes étendues sableuses, un relief accidenté, des
massifs montagneux, des plateaux profondément troués et
entaillés qui présente de multiples grottes semblables au
Waziristân Pakistanais ou aux montagnes Afghanes où, jadis Oussama
BEN LADEN et son groupe se terraient. En dehors du relief gréseux et peu
vigoureux qui constitue un facteur déstructurant le sahel, le climat
n'est pas en reste. Celui-ci est la cause de nombreuses sécheresses que
connaît la région, et source d'insécurité
alimentaire.
Par ailleurs, il existe de multiples voies de communications
et des routes transsahariennes répertoriées qui facilitent le
déplacement de ces divers groupes terroristes et mafias dans la
région. Cet ensemble de fait est donc propice au camouflage de ces
groupes terroristes et trafiquants car, il constitue un lieu de refuge et
fournit des sites de repli quasiment inexpugnables. Comme le dit Thomas Edward
Lawrence : « La rébellion doit avoir une base
inattaquable, un lieu à l'abri non seulement d'une attaque mais de la
crainte d'une attaque »11(*). Ces informations renforcent l'idée
répandue qu'AQMI aurait fait du sahel son sanctuaire. Les contraintes
géographiques expliquent donc pourquoi on a du mal à mettre la
main sur cette organisation et ses alliés, et parfois sur les otages. Il
paraît très difficile de réussir une opération
terrestre comme aérien pouvant permettre de mettre la main sur ces
divers groupuscules qui sévissent au sahel. Et l'on ne devrait pas
oublier que l'administration, la surveillance de cette zone, aride
excèdent les Etats pauvres et instables de cet espace.
Dans ce coin isolé, la pauvreté et la
misère y sont présents et elles ne sont pas sans incidence sur
des populations déjà accablées par les lois de la nature.
Cette situation favorise l'infiltration de l'islamisme radical
proliféré par des extrémistes religieux qui tirent leur
épingle de l'ignorance, de la misère et de la pauvreté
dont sont victimes les populations de ce territoire. Cette percée de
l'islam radical, sans être imminent dans la région du sahel est
tout de même source de psychose sur des populations fragilisées.
La nébuleuse terroriste profite de cette faiblesse, de la
vulnérabilité des jeunes délaissés, sans emploi et
livrés à eux-mêmes pour les endoctriner et les
intégrer en son sein. D'autres jeunes quant à eux plongent dans
le trafic de drogue, de médicaments, de contrebande pour le compte de
celle-ci ou le leur. Ce qui contribue à alimenter le désordre que
connait la zone sahélienne et que les Etats n'arrivent pas à
contrôler. Désordre que tente de récupérer certains
acteurs pour leur intérêt personnel.
En effet, le sahel est d'une importance stratégique
pour les partenaires extrarégionaux des Etats de la région. En
dehors de l'eau qui permet l'élevage ainsi que les cultures dans les
oasis, le sous sol sahélien est riche, très riche, d'où
les convoitises. Le sous sol sahélien contient du sel, des minerais
divers (phosphate, or, argent, uranium etc.) et certains gisements demeurent
inexploités. Les Etats énergivores envisagent une production
massive d'électricité solaire dans cette région comme
l'illustre le méga projet désertec. Le sahel connaît donc
une pression très forte d'acteurs extrarégionaux qui se livrent
une compétition sauvage pour obtenir la jouissance de l'exploitation de
ressources non renouvelables12(*).
Tout concourt à faire de l'espace
saharo-sahélien la plus vaste zone d'instabilité et de non droit
de la planète : la géographie, la paupérisation
persistante, sinon organisée des touaregs, les convoitises
étrangères, l'extrémisme politico religieux et les
mafias13(*). L'ampleur de
la tâche à accomplir en vue d'une sécurisation et d'un
rétablissement de l'ordre et de la paix est à la mesure de
l'espace concerné : immense. Et rien ne permet d'affirmer, vue
l'état actuel des choses, que les Etats de la région et
même la Communauté Internationale parviendront à faire
rétablir la sécurité dans cette zone.
II - Intérêt du Sujet
L'analyse de cette étude révèle qu'elle
dégage un certain nombre d'intérêt justifiant le
crédit à accorder à la présente recherche. Ainsi,
la présente étude fait ressortir quatre intérêts aux
enjeux considérables.
1) Intérêt scientifique
L'intérêt scientifique peut s'entendre comme
l'apport que l'étude d'un fait social donné ajoute à la
science. Dans le cas de l'espèce, l'intérêt scientifique de
ce travail repose sur le fait qu'il se veut une contribution à la
problématique portant sur la situation sécuritaire au sahel et de
la menace terroriste que suscite AQMI pour les Etats de la région. La
menace d'AQMI au sahel est aujourd'hui réelle et aucun acteur,
étatique ou non étatique n'est à l'abri de cette
nébuleuse. La présente étude entend se focaliser davantage
sur l'enjeu et les défis sécuritaires que connait la zone
sahélienne. Dans ce contexte, elle se pose avec acuité du fait
que la plupart des pays sont affectés par des
vulnérabilités structurelles et une fragilité de l'Etat,
tout en étant de plus en plus exposés à des menaces qui
prennent des formes et une tournure nouvelles14(*).
2) Intérêt Politique
Il serait prétentieux, voire présomptueux
d'envisager dans ce travail une évaluation de la menace d'AQMI au sahel
sans prendre en considération les stratégies de contre terrorisme
offertes par les acteurs confrontés à ce phénomène.
Si les différents discours, déclarations et documents
adoptés sur le sujet par tous les acteurs politiques internationaux,
nationaux et locaux sont révélateurs du fait que la lutte contre
le terrorisme est aujourd'hui un défi sécuritaire, ceux-ci n'ont
pas fait mordre la poussière à AQMI. La mouvance d'Al-Qaïda
a d'autant mieux prospéré qu'elle est à l'heure actuelle
considérée comme un « mal qui répand la
terreur »15(*). La situation au Nord du Mali a fait ressortir la
nécessité d'harmoniser les politiques de lutte contre le
terrorisme en Afrique de l'Ouest et même, pour l'ensemble des Etats de la
région et du continent. Aussi, de nouvelles stratégies de lutte
contre le terrorisme sont-elles importantes pour contrecarrer le
phénomène du terrorisme en Afrique.
3) Intérêt stratégique
Le concept de stratégie16(*) né dans le domaine militaire a
été étendu à la compétition politique,
économique et sociale. Placé au coeur de l'action politique, il
réfère le plus souvent au mode de conduite et au niveau
d'organisation dans une institution donnée. Cette étude se donne
pour ambition de déceler l'arrière plan des actes posés
par chacun des acteurs en jeu au sahel. Dans cette région, les facteurs
déstabilisateurs sont nombreux et aiguillent des rivalités entre
différentes forces territorialement proches ou lointaines, les unes des
autres. Si les acteurs de la région ont des ambitions
géopolitiques, les puissances mondiales participent également
à ces luttes d'influences et se positionnent17(*). Les différents
mouvements qui écument le sahel ne sont pas en reste et participent
à ce jeu. D'abord ceux revendicatifs que sont le Mouvement National de
Libération de l'AZAWAD (MNLA) et ANÇAR DINE, des groupes
terroristes que sont AQMI et le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en
Afrique de l'Ouest (MUJAO) et enfin, les groupes criminels organisés
dans la vente d'armes, de trafics de drogue et de traite humaine. Aussi tout
acte posé par chacun des acteurs fut-il d'apparence altruiste, et
toujours rationnelle. Cette analyse nous permettra donc d'ouvrir la boîte
de pandore. Autrement dit, l'agenda caché des acteurs, afin d'en
partager le contenu.
4) Intérêt social
Ce travail sert surtout enfin de fondement à la
construction multidimensionnelle de la paix dans le sahel africain en aidant
à voir le rôle des Etats en tant qu'acteurs dans la production de
l'insécurité et de la sécurité. Il permet ainsi de
saisir les déterminants sociaux de la recomposition de l'ordre
sécuritaire en vue de faire du sahel non plus seulement un sanctuaire
pour les jihadistes, mais une opportunité de développement humain
et économique en Afrique, un lieu où il fait bon d'y vivre. Dans
cette perspective, le défi est grand pour l'Afrique afin de contenir les
facteurs de désordre, réduire les menaces et les risques, et
ainsi de contribuer à la sécurité de sa partie Nord. La
nature n'aimant pas le vide, ne rien faire reviendrait à prendre le
risque de laisser les logiques de nuisance prévaloir dans la
région, avec un accroissement des fractures, aussi bien à
l'intérieur des sociétés qu'à l'échelle
régionale18(*).
III - Construction de la problématique
La définition des concepts (III.1) et l'analyse des
différents points de vue des auteurs sur la question du terrorisme au
sahel (III.2), nous permet d'aboutir à notre question de recherche
(III.3).
III. 1 - Cadre conceptuel
Le sujet s'articule autour des concepts de terrorisme, sahel
et AQMI. Ces concepts et expressions centrent l'analyse sur le danger que
représente le phénomène du terrorisme dans la
région sahélienne et souligne l'importance pour les Etats de la
région, de l'Afrique et même de la Communauté
Internationale de la nécessité de prendre les décisions
qui s'imposent pour faire face à cette nouvelle menace qui secoue le
continent Africain. Une clarification de ces concepts et expressions est de ce
fait nécessaire non seulement pour déterminer le sens dans lequel
ils sont employés dans cette étude, car comme le soulignait
Aristote : « si les hommes prenaient la peine de
s'entendre au préalable sur le sens des mots qu'ils allaient employer,
il y aurait très peu de discussion entre eux »19(*), mais également
pour cadrer l'étude.
a) L'organisation AQMI
AQMI est l'abréviation usuelle
pour : « Al-Qaïda au Maghreb
islamique »20(*). C'est une organisation complexe, officiellement
franchise d'Al-Qaïda à l'échelle Maghrébine et
sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples
acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou
criminels21(*) . Il s'agit
d'un mouvement islamique armé d'origine algérienne issu de la
mutation du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC),
lui-même issu de l'unification des Groupes Islamiques Armés
(GIA)22(*). Crée en
septembre 1998, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat
(GSPC) a progressivement supplanté
les « GIA » sur la scène
du « terrorisme islamiste » en
Algérie23(*).
D'abord cantonné dans une seule région du pays (la
Kabylie), où il était relativement peu actif, il a acquis
une notoriété internationale avec l'enlèvement d'une
trentaine de touristes européens au Sahara, au premier semestre
200324(*). Depuis lors, il
a multiplié attentats et actions dans le Nord du pays et dans la bande
sahélo-saharienne où il s'est étendu, ciblant
principalement les forces de sécurité, puis des civils et des
cibles étrangères, au point d'être considéré
comme une menace potentielle pour l'Afrique et pour l'Europe.
Si les liens entre les islamistes algériens et
Al-Qaïda ne sont pas nouveaux25(*), le rapprochement entre le GSPC algérien et la
nébuleuse terroriste Al-Qaeda coïncide avec la création du
front islamique mondial de Ben Laden26(*). De 2003 à 2005, le groupe à laquelle
succède HASSAN HAHAB (son fondateur), ABDERAZAK El PARA
(arrêté au Tchad en mars 2004), NABIL SAHRAOUI (tué en juin
2004), puis ABDELMALEK DROUKDEL cherche à établir des contacts
avec Al-Qaïda qui domine à cette époque l'actualité
mondiale. Un peu plus tard, le 11 septembre 2003, NABIL SAHRAOUI, émir
du GSPC à travers un communiqué, fait la déclaration
suivante : « Nous prêtons allégeance
à Cheikh Oussama BEN LADEN (...) Nous poursuivons notre jihad en
Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par
notre entremise où il voudra et partout où il voudra. Tout en
décidant de rallier Al-Qaeda et de prêter allégeance
à Ben Laden, nous conseillons à nos frères de tous les
autres mouvements jihadistes partout dans le monde, de ne pas manquer à
cette union bénie (...) L'organisation d'Al-Qaeda est la seule
habilitée à regrouper tous les moudjahidines, à
représenter la nation islamique et à parler en son
nom »27(*).
Le 24 janvier 2007, ABDELMALEK DROUKDEL annonce la disparition du GSPC et
l'adoption de la nouvelle dénomination d'Al-Qaeda au Maghreb
islamique28(*).
AQMI est aujourd'hui une organisation terroriste qui fait peur
et qui constitue une menace à la paix et à la
sécurité internationale. A ce titre, l'organisation a
été placée sur la liste officielle des organisations
terroristes des Etats-Unis, de l'Australie, de la Russie etc. Elle est
considérée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) comme
proche d'Al-Qaeda, et de ce fait, sanctionnée par le Conseil de
Sécurité de ladite organisation.
b) La notion de Terrorisme
On a tendance parfois à penser que le terrorisme est un
phénomène nouveau : ne lit-on pas aujourd'hui qu'il
constitue la plus grande menace du 21e siècle ?29(*) Bien entendu, cette
idée pourtant répandue ne doit pas nous faire oublier que le
phénomène du terrorisme est un phénomène ancien,
aussi vieux que la guerre. Le
mot « terrorisme » est attesté en
1792, pour désigner la doctrine des partisans de la terreur remontant
à la Révolution Française et le régime de la
terreur dont, les promoteurs n'hésitaient pas à revendiquer la
paternité. « Nous les terroristes »,
disaient ainsi Robespierre et Saint Just. C'est à la suite de cet
épisode historique que le terme de terrorisme a été
forgé. Il correspondrait au départ, au régime de la
terreur c'est-à-dire à la période allant de mai 1973
à juillet 1974, chute de Robespierre et des Thermidoriens. Si,
étymologiquement, le mot a fait son apparition dans les
dictionnaires30(*)
après la Révolution Française, pour la plupart des
observateurs, comme Walter LAQUEUR, Bruce HOFFMAN, Arnaud BLIN et Gérard
CHALIAND, l'usage de la terreur à des fins politiques existait bien
avant. Et pourtant, depuis les années 70, la
problématique « terroriste » suscite
une vraie inflation littéraire et se hisse au premier rang des
préoccupations mondiales au point d'ailleurs d'éclipser des
problèmes autrement plus destructeurs comme la pauvreté,
l'analphabétisme, le sous-développement et le sida31(*).
Dans la mesure où le terrorisme est un
phénomène à la fois complexe et multiforme, il est
extrêmement compliqué de trouver une définition qui
décrive bien la problématique32(*). En effet, la question du terrorisme a
été abordée sous des angles si différents si bien
que jusqu'à présent et de façon inhérente, elle est
sujette à controverse. Comme le note Isabelle
Sommier : « L'étiquette terroriste jette
l'anathème. Elle renvoie à l'inacceptable, l'illégitime,
l'inhumain »33(*). De son côté, Brian Jenkins souligne
que : « Ce qu'on appelle le terrorisme semble donc
dépendre du point de vue de celui qui emploie le terme. L'usage du mot
implique un jugement moral ; et si une des parties réussit à
attacher le label terroriste à la partie opposée, c'est qu'il est
indirectement parvenue à persuader les autres d'adopter son point de
vue »34(*).
Le concept est flou parce que la nature des actions terroristes, les mobiles,
les moyens utilisés et les cibles sont pluriels et divers. Il pose en
plus la question du lien entre l'acte politique (la motivation) et l'acte
terreur (le moyen), celle de la violence légitime (supposée
exercée par les Etats) et illégitime (exercée par des
individus ou les organisations sub-nationales non étatiques) et celle du
comportement éthique (est ce que le lâchage de la bombe atomique
sur Hiroshima est plus éthique ou légitime que le 11
septembre ?), et celle du public cible (la cible de la terreur est-elle la
cible principale ? La vraie cible n'est-elle pas souvent soit un pays,
soit l'audience mondiale que l'on cherche à alerter, informer ou
influencer ?)35(*).
Toutefois, existe-il une définition universelle du
terrorisme ?36(*)
En réalité ce que nous appelons
communément terrorisme est avant tout une méthode, une tactique
de combat. Celle qui caractérise la confrontation du
« faible au fort »37(*). Qu'on le nomme « Terrorisme de
guerre »38(*) ou « Terrorisme de
guérilla »39(*), celui-ci a toujours pour but de conférer de
la puissance et un avantage tactique à des acteurs qui en seraient
dépourvus s'ils entraient dans une confrontation directe,
symétrique avec une armée régulière40(*). Gérard CHALIAND et
André BLIN vont jusqu'à estimer que le terrorisme relève
de la même stratégie que celle mise en lumière par le grand
stratège Chinois Sun TSU « Celle de vaincre sans
combattre par la victoire sur les esprits »41(*). Ainsi, c'est d'ailleurs en
tant que méthode qu'Alex SCHMITT et Albert JONGMAN définissent
« le terrorisme comme méthode répétée
d'action violente inspirant l'anxiété, la peur et qui est
employée par des individus, des groupes (semi) clandestins ou des
acteurs étatiques pour des raisons particulières, criminelles ou
politiques ou au contraire de l'assassinat. La cible initiale de l'acte de
violence est généralement choisie au hasard (opportunité)
ou de manière sélective (symbolisme) parmi une population
donnée et sert à propager un message
... »42(*).
Cette définition recoupe largement celle de Jean Marie BALANCIER pour
lequel le terrorisme est « une séquence d'actes de
violence, dûment planifié et fortement médiatisée,
en prenant délibérément pour cible des objectifs
non-militaires afin de créer un climat de peur et
d'insécurité, d'impressionner une population et d'influencer ses
décideurs, dans le but de modifier des processus décisionnels
(céder, négocier, payer, libérer, réprimer) et
satisfaire des objectifs (politiques, économiques, criminels)
préalablement définies »43(*). Pour Arnaud
BLIN, « un acte terroriste est un acte politique dont le
but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique,
où les effets psychologiques recherchés sont inversement
proportionnels aux moyens physiques employés et dont la cible
principale, mais non exclusive, est la population
civile »44(*). Pour cet auteur, les terrorismes ont une chose en
commun dans l'histoire : « le projet politique,
réaliste ou pas qui anime pratiquement tous les groupes employant la
technique terroriste »45(*). « A ce projet politique se greffe
une idéologie qui peut prendre plusieurs formes : marxiste,
anarchiste, fasciste, nationaliste et fondamentaliste
religieux »46(*). Définir ce concept demeure une
nécessité sinon, il risquerait d'englober toute violence
politique. Les textes législatifs, nationaux et internationaux, peuvent
nous apporter des premiers éléments de réponse. De
même que les définitions relevées dans la
littérature académique.
L'ONU quant-elle est incapable de s'accorder sur une
définition. Le groupe de personnalité de haut niveau47(*) sur Les Menaces, les
Défis et les Changements établi par le Secrétaire
Générale a opté pour une définition mettant
l'accent sur les civils comme cible privilégié de groupes ayant
pour but « d'intimider une population, ou d'obliger un
gouvernement ou une organisation internationale à agir ou à ne
pas agir » et a défini un nombre d'éléments
clefs, renvoyant aux définitions figurant dans la convention de 1999
pour la répression du financement du terrorisme et à la
résolution 1566 (2004) du conseil de sécurité48(*).
Comme nous l'avons souligné, l'examen de cette
littérature montre la grande difficulté qu'il y a à
définir le terme. Et Walter LAQUEUR faisait ce constat il y a
près de 30 ans qu'une « définition du terrorisme
politique qui se risquerait à vouloir dépasser la simple
constatation de l'emploi systématique du meurtre, des coups et blessures
et sabotages, ou les menaces de ces actes en vue de parvenir à des fins
politiques, soulèverait forcément d'interminables
controverses »49(*). Jean François GAYRAUD et David SENAT
constatent de leur côté que l'analyse des définitions
montre qu'elles tombent dans deux travers : « Soit
elles sont tautologiques, soit elles sont une longue suite
d'énumération et se relèvent ainsi plus descriptives
qu'explicatives »50(*). Cette difficulté à asseoir une
définition consensuelle et universelle de la notion de terrorisme est
symétrique à la tendance doctrinale d'opérer par
classification ou catégorisation des formes de terrorisme51(*) selon les deux auteurs. Ils
concluent donc qu'une « définition consensuelle du
terrorisme apparaît dès lors impossible »52(*).
c) La notion de Sahel
Le sahel désigne une bande de territoires marquant la
transition, à la fois floristique et climatique, entre le domaine
saharien au Nord et les savanes du domaine soudanien (à ne pas confondre
avec les pays du même nom), où les pluies sont substantielles, au
Sud53(*). D'Ouest en Est,
il s'étend de l'Atlantique à la Mer Rouge. La définition
de la zone couverte est très variable selon les auteurs. Certains
experts comme Yves Lacoste ont opté pour une définition large
correspondant à la région délimitée par la Mer
Méditerranée au Nord, la Mauritanie et l'Océan Atlantique
à l'Ouest, le bassin de la Mer Rouge à l'Est et le Tchad au Sud,
c'est-à-dire la région géopolitique du Sahara au sens
large au sein de laquelle se trouve le sahel. Le Professeur BOUREIMA ALPHA GADO
indique que, pour la définition la plus courte, « le
sahel est le domaine de transition entre le Sahara et le soudan ou le point de
contact entre les peuples du Nord et ceux de l'Afrique
Noir »54(*).
« Rivage aride d'une mer
abandonnée » ainsi que l'évoque Jean
GALLAIS55(*), le sahel
africain, terme d'origine arabe désigne traditionnellement le rivage ou
la bordure méridionale du désert. Géographiquement, le
sahel africain, s'étendant de l'océan Atlantique à la mer
rouge fait la transition entre le Sahara, plus grand désert du monde
où il est impossible de cultiver, et la savane où, à la
faveur d'une pluviométrie suffisante, l'homme est en mesure de
développer une agriculture, même rudimentaire. Les risques
climatiques, sources de sécheresse et d'une insécurité
alimentaire chronique, caractérisent ce champ aux limites floues et
mouvantes.
Cette définition axée sur le critère
climatique, ne livre pas plus que le cadre géographique. Le sahel
politique correspond à l'ensemble des pays réunis au sein du
Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse (CILSS),
crée en 1971 et regroupent le Sénégal, la Gambie, la
Mauritanie, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger et le Tchad, auxquels se sont
ajoutés le Cap-Vert et la Guinée Bissau56(*). Compte tenu de
l'avancée du désert, sans doute faut-il adjoindre la Libye, le
Soudan, l'Ethiopie, la Somalie et le Kenya.
Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons une
définition du sahel qui dépasse, sans les exclure, les
considérations purement géographiques. La définition
géopolitique du sahel extensive, s'étend à l'arc de crise
reliant le soudan à la Mauritanie et incluant le Tchad, le Niger, le
Mali, le Sud algérien et son prolongement marocain jusqu'à
l'Atlantique57(*). Cette
définition nous semble mieux correspondre aux objectifs de cette
étude qui vise à identifier la menace AQMI comme source
d'insécurité et d'instabilité avérée ou
potentielle capable de déstabiliser ce théâtre
stratégique significatif.
III. 2 - Revue critique des savoirs constitués
Depuis maintenant plus de cinq ans, AQMI, ex Groupe Salafiste
pour la Prédication et le Combat (GSPC), est une menace constante de
déstabilisation au Sud de la Méditerranée et une crainte
au Nord58(*).
L'organisation encore très algérienne, tend de plus en plus
à s'étendre au sahel et les différents moyens
employés pour contrecarrer cette présence terroriste n'y font
rien. Les évènements récents au Mali et la chute du Guide
Libyen favorisé par le printemps arabe au Maghreb sont venus
renforcés l'insécurité grandissante qui sévissait
au sahel avec pour effet pervers, le risque d'une contagion vers le reste des
Etats de la région. Face à ce dilemme, l'on se demande que
faire ? Quelle lutte contre AQMI et les différents mouvements
terroristes qui ont pris en otage le sahel africain ? Voilà autant
de questions que les experts et les acteurs concernés par la situation
au sahel essaient tant bien que mal d'apporter une réponse sans y
parvenir véritablement.
Pour Mehdi TAJE, parallèlement depuis 2009, nous
assistons à un déploiement du centre de gravité d'AQMI du
territoire algérien vers le théâtre sahélien
opérant ainsi un retour sur
« l'ennemi-proche »59(*). Ce retour d'AQMI au sahel est
dû au fait que cette zone offre des moyens de repli, de
réorganisation et des facilités de recrutement 60(*)(facilité en outre par
le potentiel démographique) et de financement qui permettent aux
réseaux terroristes de s'activer, de s'enraciner et de se
développer au sahel de manière significative. Il en
résulte un climat d'insécurité croissant, propice à
la déstabilisation des Etats de la région. Antonin TISSERON
à la suite de Mehdi TAJE relève que les conséquences du
printemps arabe au sahel, et tout particulièrement au Nord du Mali, ont
en effet offert à AQMI une opportunité de développement
dans la sous région après l'échec du mouvement dans ses
ambitions Maghrébines61(*). En apportant un ancrage territorial et en laissant
les mains libres aux groupes islamistes armés pour imposer leur
conception et pratique de l'islam, le vacuum sécuritaire dans le Nord
Mali redistribue les cartes de la menace jihadistes dans le Sahel- Sahara et
accroît les menaces sécuritaires62(*).
En effet, selon Alain CHOUET, l'islam militant, il y a
longtemps qu'il a gagné le continent africain et l'Afrique noir, en
particulier dans ses implantations au Nigeria, à Kano et dans un certain
nombre d'universités islamiques qui sont financés et
irrigués par les fonds des Organisations Gouvernementales
Saoudiennes63(*). Cette
radicalisation de l'islam africain réputé modéré
serait un vecteur au développement des extrémistes islamistes
dans la région sahélienne et un facteur potentiel de menace pour
le sahel. Point de vue auquel adhère Aboya MANASSE ENDONG qui
considère qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique constitue
incontestablement, un risque stratégique éminent pour tous les
pays du sahel64(*). Cela
parce que d'une part, le sahel est devenu un enjeu croissant pour les
jihadistes dont l'objectif est d'instituer un Califat65(*) Islamique et de combattre les
impies, et d'autre part, en raison de ses richesses naturelles. Mehdi TAJE met
cependant l'accent sur le fait que l'insécurité
surmédiatisée reflétée par la série
d'enlèvements d'occidentaux et la montée en puissance du trafic
de drogue doit être analysée « avec prudence et
remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances
étrangères »66(*). Dans ces conditions, il semble opportun de
relativiser l'importance d'AQMI et son impact réel, car il se pourrait
qu'il ne soit que la face cachée de l'iceberg.
Les différentes politiques mises en place pour
combattre AQMI au sahel n'ont pas toujours abouties. Animées par des
vues de court terme, elles passent à côté des
réalités de terrain, sont conçues à contre temps,
rencontrent des difficultés lors de leur mise en oeuvre et leurs
évaluations ne donnent pas les résultats
escomptés67(*).
Pour Laurence AIDA AMMOUR, la coopération sécuritaire entre pays
frontaliers (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie, Lybie) reste
éclatée et individualisée68(*). Ponctuée de désaccords, elle est
caractérisée par une méfiance réciproque qui
grève l'édification d'une véritable politique de
sécurité commune, par des stratégies nationales
parallèles, parfois contradictoires, qui peuvent s'avérer
contre-productives69(*).
Les politiques de l'union européenne (UE) et des Etats-Unis, bien
qu'elles aient été élaborées afin de
préserver et sécuriser leur influence dans la région,
n'ont toutefois pas permis d'empêcher une détérioration de
la situation, pourtant préjudiciable à leur intérêt
stratégique70(*).
Modibo GOITA juge pour sa part que les efforts de contre
terrorisme des Etats du sahel ne sont pas bien coordonnés et restent
trop concentrés sur l'endiguement et la lutte contre la stratégie
à long terme très élaborée d'AQMI dans la
région. Pour contrecarrer la stratégie sahélienne d'AQMI,
une série d'ajustements à court et à long terme est
nécessaire dans l'ensemble de la région71(*). Mais comme le note Mehdi
MEKDOUR, à l'image de la lutte contre Al-Qaïda en Afghanistan et en
Irak, la solution au terrorisme ne se trouve pas dans le tout
sécuritaire, même s'il a un rôle à jouer dans
l'affaiblissement d'AQMI72(*). Outre le problème de la
sécurité au sahel, seul une solution politique permettra
d'éliminer cette organisation terroriste en la privant de ses
financements et de cette jeunesse leurrée qu'elle utilise comme chair
à canon73(*). Il va
falloir aussi que des mesures d'accompagnement complètent cette solution
afin de mettre au pas ces « fous de Dieu » hors de
la région sahélienne. C'est ce qui relativisera des groupes comme
AQMI et permettra de les éliminer.
La présente étude se situe dans la perspective
de ces récents développements en croisant AQMI comme menace
sécuritaire et menace géostratégique pour l'arc
sahélien. Le phénomène islamiste a pris une tournure
inquiétante dans la région, ce qui en fait une des zones les plus
dangereuses du monde. La situation du délitement au Nord du Mali a
favorisé l'implantation des groupes islamistes qui y opèrent face
à l'impuissance des pays du champ et de la communauté
internationale. Ces groupes islamistes aux agendas différents ont
renforcé leur position au Nord du Mali et constitue une réelle
menace à la fois pour la région et ses habitants dont ils
perturbent le quotidien et l'avenir, ainsi que pour les partenaires occidentaux
de la région dont ils visent les ressortissants. Cette nouvelle
instabilité qui fragilise la région du sahel appel les
différents acteurs concernés par la question à repenser la
sécurité dans cette zone.
En effet, les divers mécanismes sécuritaires au
sahel ont prouvé leur limite face à la menace grandissante
d'AQMI. Depuis sa reconversion, en septembre 2006, en franchise nord-africaine
et sahélienne, voire Ouest-africaine, d'Al-Qaïda, le Groupe
Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien a
augmenté sa dangerosité, son champ d'action, sa
notoriété et se joue de toutes les faiblesses des Etats de la
région. Devant ce chaos, rétablir la sécurité passe
par une redéfinition des instruments en matière de
sécurité contre le terrorisme et par une nouvelle approche
d'appréhension dans la manière de lutter contre AQMI et ses
filiales au sahel. L'originalité de cette étude s'apprécie
alors à travers une nouvelle expertise sur le phénomène
terroriste au sahel, le but étant de trouver de nouvelles
stratégies pour contrecarrer la menace d'Al-Qaïda sur le
continent.
III. 3 - Question de recherche
La crise de l'insécurité qui a gagné la
majeure partie du sahel ces douze et dix-huit derniers mois, en particulier en
Mauritanie, au Niger et au Mali, constitue une menace et un défi majeur
pour les Etats de la région et pour l'Afrique après son
récent revers à résoudre la crise ivoirienne et libyenne.
On a maintenant à faire avec un continuum d'instabilité dont le
périmètre est toujours plus vaste, dessiné par ces
relations internationales illicites que sont les activités criminelles
associées aux actions de la terreur74(*). Pour que le sahel ne devient pas un nouvel
Afghanistan, les acteurs concernés par la situation sécuritaire
au sahel ont intérêts à se mobiliser le plutôt
possible afin qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique ne devienne Al-Qaïda
au Sahel islamique. Il faut noter qu'AQMI a encouragé la naissance
d'autres mouvements terroristes qui se sont ralliés à elle et qui
se coordonnent avec d'autres filiales installés dans d'autres pays
voisins.
Depuis les années 2000, l'enchainement
d'événement témoigne de l'extension de
l'insécurité au Nord du Mali et du Niger avec des connexions
établies au Nigéria, consécutives à
l'activité croissante de la branche saharienne d'AQMI, dirigée
aujourd'hui par Yahia DJOUADI75(*). Cette africanisation d'Al-Qaïda va de pair avec
la montée en puissance d'un islam politique et l'influence croissante
des imams wahhabites (qui prônent un retour à l'islam des
origines) même s'il ne faut pas confondre ces religieux avec des
combattants islamiques. De même que l'autre facteur à l'origine de
l'insécurité dans la région concerne des
intérêts stratégiques et à identités diverses
des acteurs attirés par ce corridor riche. Ce qui fait dire à
Lies BOUKRAA76(*) qu'AQMI
serait un « leurre cachant un projet de recolonisation du
sahel »77(*).
L'ampleur de la menace terroriste au sahel dicte donc aux
différents acteurs de revoir leur politique et leur approche dans la
manière de répondre à AQMI. La sécurité de
cet océan sahélien ne saurait être atteinte tant que les
Etats ne prendront pas au sérieux la réalité de la menace
de cette nébuleuse.
Ainsi, à la lumière de ces
développements, la question centrale qui s'en dégage, est celle
de savoir en quoi Al-Qaïda au Maghreb islamique constitue-t-elle une
menace stratégique pour le sahel ?
Entre une complexification de la situation au sahel et un
risque de déstabilisation des Etats de la région face à la
menace grandissante des groupes terroristes et des cartels de drogue qui
peinent à trouver une réponse efficiente dans ce triangle de
l'insécurité qui comprend le golf d'Aden et le golf de
guinée, quels types de menaces affectent le théâtre
sahélien et comment résorber l'insécurité
transfrontalière dans cet espace qualifié de triangle des
Bermudes ou de triangle de la mort ?78(*)
IV - Hypothèse de recherche
La réponse79(*) aux questions formulées dans la
problématique peut de prime abord se trouver dans une démarche
visant à faire ressortir le danger que représente AQMI pour le
sahel et dans une logique visant à analyser les différents moyens
mis en oeuvre pour éradiquer le phénomène terroriste dans
cette région. Ce constat conduit à articuler cette recherche
autour d'une hypothèse principale et deux hypothèses
secondaires.
1) Hypothèse principale
Le sahel représente actuellement une zone grise et un
lieu de menaces diffuses qui exacerbent la sécurité des Etats
Africains et particulièrement celui des Etats sahéliens. Le
constat qui en est tiré est que la menace d'AQMI est réelle et
s'inscrit dans un contexte géopolitique et géostratégique
dont certains acteurs cherchent à tirer profit. L'objectif essentiel
pour les États Africains et en particulier des Etats du Sahel est de
stopper les infiltrations des membres d'Al-Qaïda et la
prolifération des armes dans la région. Pour cela, il est
indispensable de reconsidérer les moyens de lutte dans leur
globalité et de dégager une stratégie d'urgence, notamment
pour anticiper la menace. Il en découle que cette préoccupation
s'analysera à travers deux hypothèses secondaires.
2) Hypothèses secondaires
Première hypothèse secondaire :
Al-Qaïda au Maghreb Islamique est une menace
à la fois sécuritaire et géostratégique pour le
sahel
Deuxième hypothèse secondaire :
La Lutte contre le terrorisme au sahel est un défi collectif
pour la sécurité et le développement de la
région.
V. Méthodologie de recherche et techniques de
collecte de données
Les méthodes d'analyse (V.1) et les techniques
d'investigations (V.2) nous permettrons de mieux structuré notre
travail.
V.1 - Les méthodes d'analyse
La démarche méthodologique conditionne le
travail scientifique en ce sens qu'elle éclaire les hypothèses et
en détermine les conclusions. Les méthodes d'analyse choisies
pour capitaliser les données et matériaux collectés et les
systématiser afin de pouvoir rendre compte de notre objet
d'étude, sont : le constructivisme et l'analyse
stratégique.
a) Le constructivisme
Dans l'analyse de notre étude, on fera recours
à l'approche constructiviste qui implique dans une certaine mesure de
définir des identités,
c'est-à-dire « qui nous sommes et qui sont les
autres »80(*). Le constructivisme se penche sur la nature des
acteurs (Etats, groupes, individus) et sur leurs relations aux environnements
structurels plus larges. La philosophie est celle d'une constitution mutuelle
dans laquelle aucune entité d'analyse acteur/structure n'est
réduite à l'autre. L'intérêt des acteurs
émerge « de » et est
endogène « à » l'interaction
avec la structure au premier niveau, et d'autres acteurs en second niveau, sans
qu'aucun n'ait la primauté analytique sur l'autre. Dans cette recherche
notre choix portera sur le constructivisme social81(*).
L'exploitation du constructivisme pour le terrorisme est
intéressante, car il permet de comprendre les mécanismes qui sont
à la base de la définition de ce qui est terroriste et de ce qui
ne l'est pas. Le terrorisme comme problème social, a les
prémisses que les autres phénomènes sociaux. Il est
construit sur des normes et des valeurs. De plus, le constructivisme permet de
s'interroger sur la façon dont l'enjeu terroriste vient à
être considérer comme un enjeu de sécurité
nationale, comme une problématique sociale et comme
un « fait » porteur de danger pour les
citoyens. Ce que nous prenons pour faits sociaux donnés sont, dans les
faits, plus souvent qu'autrement une construction allant dans
l'intérêt de certains groupes dominants. Dans cette vision des
choses, la construction de l'enjeu du terrorisme comme menace pourrait
apparaître comme un moyen pour les autorités d'augmenter le
contrôle social par une série de mesures sécuritaires de
contrôle dont le but explicite est de juguler le terrorisme.
B) L'analyse stratégique
L'analyse stratégique est
« l'étude de la stratégie des acteurs au sein des
organisations »82(*). Selon les approches, seront situées au centre
de cette analyse soit la notion d'acteur - l'acteur se définissant d'une
manière générale comme un individu ou un groupe
d'individus capable d'action stratégique -, soit le concept de
stratégie83(*).
Cependant, opérer une césure entre l'acteur et sa
stratégie est un exercice intellectuel assez délicat auquel il
n'apparaît pas utile ici de se soumettre. L'extrême imbrication
acteur/stratégie justifie que référence soit faite
simultanément aux deux notions même s'il pourra s'observer un
accent marqué sur la notion de stratégie.
Dans l'analyse de la situation sécuritaire au sahel
avec le terrorisme comme menace principal, l'acteur est un être capable
d'action stratégique et dont l'action engagée a des
répercussions tangibles sur un processus politique donné. La
notion recouvre deux dimensions : « l'une concernant la
contribution de l'acteur au processus politique et l'autre l'impact ou
l'influence de cette contribution sur le résultat »84(*). Elle met en évidence
la marge de liberté dont disposent les acteurs au sein d'un
système donné malgré les contingences et les contraintes,
s'interroge sur les mécanismes à travers lesquels ces acteurs
structurent leurs échanges. L'analyse stratégique apparait
dès lors utile pour étudier le poids des décisions des
acteurs nationaux ou internationaux concernés par la menace terroriste
sur la mise en place des moyens nécessaires pour endiguer cette menace.
Elle permet de voir si les systèmes sécuritaires répondent
aux menaces et dans le cas contraire de dégager des perspectives pour
améliorer les différents mécanismes existants.
V.2 - Les techniques d'investigations
Pour tenter de répondre à notre question de
recherche et vérifier nos hypothèses, nous mènerons une
étude qualitative en ayant une approche chronologique des
événements pour pouvoir appréhender au mieux les
changements opérés par l'organisation. Pour ce faire, on aura
recours à la recherche documentaire (a) et l'entretien (b).
a) La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté à explorer
le sujet sur lequel porte notre thèse de mémoire dans le but
de « connaître ce qui a déjà
été étudié, débattu, mis en avant, les
thèses ou hypothèses proposées, les principales
interprétations ou constructions
théoriques »85(*). Elle a été effectuée par
l'étude et l'analyse des principales publications existantes :
articles, études ou rapports officiels, séminaires, thèses
ou travaux universitaires, ouvrages publiés et des monographies. Les
questions de sécurité étant des thématiques qui
suscitent un grand intérêt tant pour les chercheurs que pour les
hommes politiques, il existe plusieurs ouvrages et documents officiels
(rapports, études, résultats d'enquête...) qu'il s'est
avéré important de consulter pour la construction
théorique de l'objet d'étude.
La recherche documentaire a également été
réalisée par « l'étude des traces
recueillies à travers des écrits divers, des relevés
statistiques ou des inventaires d'objet et traitées comme des faits de
société »86(*). Elle consistait dans cette perspective, à
rechercher des informations qui n'ont pas pu être collectées lors
des entretiens. Il y a eu lieu, par conséquent de recourir à la
documentation institutionnelle officielle (conventions de coopération,
textes nationales et internationales en matière de lutte contre le
terrorisme...), les correspondances des particuliers, les archives. Autant de
document que Madeleine GRAWITZ présente
comme de « précieux compléments des
techniques de rapports individuels »87(*) qui ont
été consultés et considérablement enrichis par les
informations obtenues lors des entretiens.
b) L'entretien
L'entretien vise la production d'un discours continu sur un
thème donné, ce qui n'est possible qu'en l'absence d'un
questionnaire préalablement élaboré et structuré.
Il s'agit d'après William LABOVI et David FANSHEL
d' « un speech event dans lequel une personne A extrait une
information d'une personne B, information qui était contenue dans la
biographie de B »88(*). Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT distinguent
entre autres types d'entretiens, les entretiens exploratoires.
Ceux-ci « servent à trouver des pistes de
réflexion, des idées et des hypothèses de travail, non
à vérifier des hypothèses préétablies. Il
s'agit donc d'ouvrir l'esprit, d'écouter et non de tester la
validité de nos propres schémas »89(*). L'entretien en ce sens
s'apparente à une conversation entre le chercheur et son interlocuteur,
le but du chercheur étant selon la conception de LABOVI et FANSHEL
de « (...) savoir ce que les gens pensent, quelles ont
été leurs expériences et ce qu'ils se rappellent, quels
sont leurs sentiments et leurs motivations ainsi que leurs
actions »90(*). Dans cette logique, quelques entretiens ont
été conduits avec des acteurs impliqués ou
intéressés plus ou moins par les questions sécuritaires et
particulièrement sur la situation sécuritaire au sahel.
VI - Structure de la recherche
La persistance de l'insécurité justifiée
par plusieurs facteurs dans la bande sahélienne remet en cause le
système de sécurité des Etats de cette région et
démontre la faiblesse de l'Afrique une fois de plus depuis son
indépendance, à résoudre les crises qui se
déroulent sur son sol. L'incapacité de ces Etats à
répondre aux questions de sécurité face à la menace
terroriste suscite une nouvelle réflexion sur la question du fondement
de l'Etat en Afrique ou celui de la viabilité de l'Etat Africain ainsi
que le choc entre le principe de souveraineté de l'Etat et la
transnationalité des acteurs non institutionnels. L'Etat en Afrique
est-il déficitaire ? Il ne s'agit cependant pas pour nous de
revenir sur les formes de crise qui secoue le continent ou de refaire une autre
histoire sur l'origine de l'Etat en Afrique mais de repositionner le terrorisme
au sahel comme nouvelle menace pour l'Afrique et comme nouveau défi
sécuritaire auquel elle doit faire face. De ce qui
précède, cette étude s'articule autour d'Al-Qaïda au
Maghreb islamique, comme logique de nuisance sécuritaire et menace
géostratégique (Première Partie) et comme logique de
défiance sécuritaire et obstacle au développement dans
l'espace sahélien (Deuxième Partie).
PREMIERE PARTIE :
AL-QAÏDA AU MAGHREB ISLAMIQUE : LOGIQUE DE
NUISANCE SECURITAIRE ET MENACE GEOSTRATEGIQUE
Nul n'est à l'abri du terrorisme, que l'on se trouve
dans le métro de Tokyo ou dans un autocar à Tel-Aviv, que l'on
fasse du lèche-vitrine à Londres, que l'on se promène dans
les rues de Moscou, que l'on soit militaire en Arabie Saoudite ou fonctionnaire
à Oklahoma-city, le terrorisme est désormais un fléau
aveugle qui fait fi des frontières91(*). Ainsi s'exprimait l'ancien Président
américain Bill CLINTON, le 6 août 1996, dans le contexte de la
multiplication des actes de terrorisme à travers le monde92(*). Cinq plus tard, ce que
soulignait l'ancien Président va se réaliser sur le sol
américain le 11 septembre 2001 avec les attentats
perpétrés par Al-Qaïda. Cet accroissement des actes de
terrorisme ne revêt pas seulement un aspect quantitatif, il
révèle également une évolution qualitative en ce
qui concerne les moyens et les possibilités d'action des terroristes.
Au cours de ces dernières années, le
réseau Al-Qaïda a réussi à élargir son
influence auprès des groupes islamistes au sahel. Al-Qaïda au
Maghreb Islamique, ex-GSPC qui constitue l'un des groupes séduit par
Al-Qaïda a décidé de faire du sahel son nouveau champ de
bataille au nom de l'islam. De l'Algérie où il était
établi, sa sphère d'opération s'est élargie dans
l'Afrique sahélienne devenant en si peu temps un danger pour la
région. Aucun Etat n'est à l'abri de la menace terroriste et les
évènements qui se déroulent au Nord du mali sont venus
renforcés ce que certains craignaient depuis. Celui de voir le sahel
devenir un eldorado pour les trafiquants et les jihadistes93(*). La menace suscitée par
AQMI est aujourd'hui réelle et est renforcée par plusieurs
facteurs déstabilisateurs et crisogènes qui se combinent selon
des logiques et des schémas extrêmement complexes. Ceux-ci ont
pour conséquence de rendre cette immense zone vulnérable et
favorable à l'enracinement du terrorisme et à la
criminalité organisée. De plus, cette situation aggrave un peu
plus l'extrême pauvreté et la vulnérabilité des
populations vivant dans la zone, déjà fortement touchés
par des décennies de conflits infra-étatiques. Il s'en
suit que la menace d'AQMI au sahel est dû à un ensemble de
facteurs déstabilisateurs et crisogènes qui fragilise cet immense
territoire (CHAPITRE I) et qui fait le jeu des mouvements terroristes et de
multiples acteurs internes ou extérieurs au continent africain (CHAPITRE
II).
CHAPITRE I : AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE ET LES
FRAGILITES DU SAHEL
Le sahel est devenu depuis le millénaire, une aire
d'intérêt pour les mouvements terroristes. Dans une zone
géographique soumise aux grands trafics, le surgissement, ces
dernières années, d'AQMI a introduit une menace
supplémentaire, à la fois violente et idéologique. Cette
menace n'est pas localisée : tous les lieux et tous les pays sont
exposés à la violence94(*). Ce qui inquiète les pays de cet espace
géopolitique : Algérie, Mali, Niger, Tchad, Soudan,
Mauritanie, Burkina Faso car, l'insécurité
générée par ce mouvement terroriste n'est pas sans
répercussion sur la sous-région déjà
confrontée à d'interminables problèmes.
Par ailleurs, cette région est composée d'Etats
en faillite95(*) incapable
de contrôler leur territoire de manière efficace et d'en assurer
la sécurité. Ce qui fait de la région sahélienne,
une zone vulnérable. Pour la plupart, les éléments
caractéristiques de cette fragilité n'ont rien de nouveau. De
l'Algérie au Nigéria, en passant par la Guinée Bissau et
la Libye, plusieurs facteurs ont contribué à la
vulnérabilité de la région. Tout d'abord, la plupart des
pays de la région sont incapables d'assurer leurs prérogatives
régaliennes de manière solide, en mettant à profit des
relais locaux. Ce qui mine les populations qui souffrent sans commune mesure
d'une part de la corruption ; et d'autre part, d'une pauvreté
criante. A cela viennent s'ajouter d'autres facteurs comme le trafic de
drogues, d'armes, d'êtres humains, de la contrebande et le terrorisme qui
font du sahel, une zone en danger et en proie à
l'insécurité (Section I).
L'absence de l'Etat dans cette zone est une aubaine pour AQMI
car, elle favorise son implantation dans la région au risque de
déstabiliser les Etats du champ. L'ensemble des activités d'AQMI
(attaques armées et trafics en tout genre) ont engendré une
détérioration de la situation sécuritaire dans la
région et ont également des conséquences
désastreuses sur le quotidien des populations locales96(*). Ces actes criminels sont
connectés avec le terrorisme international qui offre des services de
protection au crime organisé en contre partie des sommes colossales
d'argent qui sert de financement aux groupes terroristes. Au fait, ces groupes
terroristes utilisent aussi les pays du sahel pour le développement de
leurs capacités opérationnelles soit en développant leur
entrainement, en s'armant, en recrutant, et pour entreprendre des actes
terroristes contre ces Etats, leurs institutions et leurs citoyens mais aussi
contre des pays voisins et des ressortissants étrangers en contre partie
de paiement de rançon pour la libération d'otages. Il en
résulte qu'AQMI profite de ce désordre au sahel pour criminaliser
la région (Section II).
SECTION I : LE SAHEL, UNE REGION CONFLICTUEL ET EN
PROIE A L'INSECURITE
Selon l'indice des Etats en déliquescence, douze des
vingt Etats qui courent le plus grand risque d'effondrement se trouvent en
Afrique97(*). C'est dans
ces Etats fragiles et faillis que se situe une grande partie des conflits, de
l'instabilité et des grandes catastrophes humanitaires98(*). La déliquescence de
ces Etats est source d'insécurité humaine, d'anarchie et de
conflit armé. Le sahel s'inscrit dans cette logique de région
fragile en tant que zone grise où l'Etat brille par son absence
(Paragraphe I). Et La présence d'AQMI constitue une menace
supplémentaire (Paragraphe II) pour ce coin isolé et appel les
Etats à la prendre au sérieux pour l'avenir de la
région.
Paragraphe I : Une région vulnérable et
instable
La région du sahel est durement touchée par des
problèmes persistants et des catastrophes brutales99(*). La situation dans cette zone
n'a cessé de se détériorer ces dernières
années du fait de la sécheresse, de la pauvreté, de la
fragilisation des régimes politiques, des trafics et de l'expansion des
groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). En bref,
la région est en proie à une situation proche du chaos qui ne
s'est pas améliorée avec la crise malienne. Autant de facteurs
d'insécurité et d'instabilité (B) qui font cumulés
à la région sahélienne un grand nombre d'handicap qui
influent non seulement sur la capacité des Etats à lutter contre
les périls sécuritaires mais aussi et avant tout sur leur
développement économique et social (A).
A - Des Etats fragiles vecteurs de menaces
protéiformes
Les Etats les plus faibles de la planète sont un danger
mortel, pour eux-mêmes et pour les autres. La fragilité des Etats
de la région du sahel dépourvus d'un appareil d'Etat efficace et
sûr constitue un terrain éventuellement fertile pour les groupes
terroristes et les trafiquants qui pullulent le sahel. Bien évidemment,
la faiblesse de ces Etats s'explique par plusieurs raisons : les
investissements et les conditions économiques favorables au
développement sont quasi absents dans cette région (1) et en
plus, la démographie représente un autre handicap pour
l'émergence de la région sahélienne (2).
1) Des indices de développement parmi les plus
faibles
Les pays au coeur du terrain d'action d'AQMI sont aujourd'hui
parmi les plus pauvres du monde. Et trois de ces Etats connaissent une
pauvreté chronique qui, sans doute, permet aux mouvements terroristes et
aux différents acteurs profitant du désordre, de prendre le
devant de la scène. Sur l'indice de développement mondial, la
Mauritanie occupe le 159ème rang, le Mali le
175ème rang, et le Niger le 186ème
rang100(*). Ces pays
réunissent non seulement tous les trois, les critères pour
figurer dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), mais
ils génèrent aussi chacun des indices de développement
inférieur à la moyenne constatée dans les pays d'Afrique
subsaharienne, région dans laquelle figurent 33 des 48 PMA
recensés. Tandis que l'indice de développement moyen mondial,
tous critères confondus, est en 2011 de 0,682 et celui de l'Afrique
Sub-saharienne de 0,463, ceux des trois pays sahéliens
considérés sont respectivement de 0,359 pour le Mali, de 0,453
pour la Mauritanie et de 0,295, seulement pour le Niger, pays le plus pauvre
des trois101(*).
Ce secteur géographique se caractérise par
l'absence quasi-totale d'autorité étatique. La Mauritanie, le
Mali, et le Niger en sont les Etats juridiquement responsables mais ne
contrôlent pas toujours les longs pans de leur territoire. Ces Etats dont
les populations et les ressources économiques sont concentrées
à l'Ouest (Mauritanie) et au Sud (Mali et Niger) doivent faire face
depuis plusieurs générations à une pauvreté
chronique, à un sous développement persistant, et à des
crises alimentaires récurrentes dans des conditions géographiques
hostiles. Les distances entre les régions principales de ces pays et les
régions du sahel sont importantes, et le manque de gouvernance qui y est
constaté est généralement perçu par les principaux
Etats sahéliens comme un désagrément plutôt que
comme une menace sérieuse pour leurs centres
politico-économiques. De plus, ces Etats manquent de ressources
matérielles et parfois même de motivation pour faire la
différence dans cette région malgré le lancement
d'ambitieux programmes, à initier une réelle dynamique vertueuse
de développement des régions Nord. Ce qui constitue un facteur
structurel favorable à l'enracinement du terrorisme et de la
criminalité organisée102(*). Les perspectives de développement ne
s'annoncent pas des plus meilleurs face à la forte pression
démographique que connaît la région.
2) Des perspectives de développement
structurellement compromise par la démographie
Comme l'a souligné en 2004 le groupe de hautes
personnalités103(*) chargé par le Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) de
réfléchir sur les défis sécuritaires de
l'humanité, « le développement doit être
la pierre angulaire du nouveau système de sécurité
collective et que si l'extrême pauvreté et les maladies
infectieuses sont en soi des menaces, elles constituent aussi le terreau
d'où surgissent d'autres menaces, dont les guerres civiles. Pour mieux
garantir la sécurité de nos citoyens, nous devons
impérativement accorder toute l'attention voulue et allouer les
ressources nécessaires à la réalisation des objectifs du
millénaire pour le développement ». Aussi, pour
toute stratégie de développement, la prise en compte de cette
dialectique est indispensable pour garantir les chances de succès. Or,
aujourd'hui, la remarque qui en est faite de la zone sahélienne est
qu'elle est une zone déshéritée qui subie une forte
croissance démographique. Le sahel devrait doubler sa population d'ici
30 ans, et comptera vraisemblablement plus de 150 millions d'habitants en
2040104(*). Les
estimations du taux de croissance dans cette région indiquent que le
nombre d'enfants par femme est très élevé105(*). Il s'agit du taux de
fécondité le plus élevé au monde, nettement
supérieur au taux de fécondité africain moyen de 5,5,
sachant aussi que le respect du scénario selon lequel l'Afrique sera
peuplée de 1,8 milliard d'habitants en 2050 suppose un taux de
natalité de deux enfants par femme à cette
échéance. Si l'Afrique doit affronter un défi
démographique majeur, phénomène sans équivalent
dans l'histoire de l'humanité106(*), celui qui est posé au sahel est aigu. Les
répercussions de cette poussée démographique ont et auront
un impact négatif sur les capacités des Etats à
réaliser les reformes nécessaires sur la sécurité
humaine, et notamment alimentaire de la région. Une croissance non
régulée de la population va se répercuter sur les fragiles
équilibres internes : un risque géopolitique.
A ces remarques pourraient s'ajouter d'autres aspects
liés à l'exode rural, à l'augmentation des mouvements
migratoires, à la croissance exponentielle des villes, aux services
sociaux à développer, à la rareté des ressources
naturelles, à l'accès à l'eau, à l'environnement,
aux conditions d'éducation et d'emploi d'une jeunesse innombrable. Il
s'ensuit que la croissance démographique à provoquer une
énorme pression sur les ressources naturelles. Celle-ci se manifeste
notamment par les défrichements pour les besoins agricoles, le
déboisement pour l'obtention du bois de chauffe, et l'absence de
périodes de jachères assez longues. A cela, il faut aussi ajouter
les changements climatiques, et notamment les phénomènes de
sécheresse aigu comme en a connu le sahel107(*). Cette région est en
effet celle qui, au cours des dernières décennies, a souffert de
la sécheresse qui a parfois affecté les structures sociales,
comme en Mauritanie où la perte des cheptels a bouleversé le
pays, sédentarisant des populations nomades. Cette sécheresse
n'est pas sans incidence sur la malnutrition de la région. Dans nombre
de régions rurales, le sahel reste figer sur une économie
familiale d'autosubsistance, par nature très vulnérable aux
aléas. En conséquence, les techniques agricoles sont
inadaptées aux variations climatiques. Le résultat qui en
découle prouve que les conditions ne sont pas encore remplies, loin s'en
faut, pour que la stabilité garantissant un développement
économique et social pérenne soit acquise. D'autant plus d'autres
facteurs d'instabilités alourdissent encore l'essor de la
région.
B - Une région confrontée à de
multiples facteurs d'instabilités
La réalité du sahel est complexe,
résultante de l'imbrication entre de nouveaux facteurs (1) participant
de sa structuration et de traces d'un passé trouble qui produisent
encore leur effet et que l'on peut qualifier de facteurs anciens (2). Dans un
certain sens, le théâtre sahélien est un condensé
des dynamiques qui façonnent l'Afrique.
1) Les facteurs anciens
La vulnérabilité et l'insécurité
au sahel ne sont pas nouvelles. L'arc sahélien est depuis bien longtemps
fragilisé par un ensemble de facteurs allant d'une question
touarègue non résolue à une absence quasi-totale de l'Etat
dans cette galaxie.
Le Nord du Mali et le Nord du Niger ont été
douloureusement secoués par ce que l'on a désormais l'habitude
d'appeler le « conflit touareg », conflit qui
a commencé en Mai 1990 au Niger et qui s'est étendu au Mali
à partir de juin 1990108(*). Appelés communément les
« hommes bleus du désert »109(*), les touarègues sont
un peuple berbère dont la zone de peuplement s'étend sur
près de 2,5 millions de km2, à cheval sur cinq pays : Le
Mali, le Niger, l'Algérie, la Libye, et le Burkina Faso. Leur nombre
varie selon les estimations. Ils seraient entre 1 et 3 millions, la plupart,
près de 85% vivant sur le territoire du Mali, représenterait 10%
de la population. Ils formeraient également 20% de la population du
Niger. La langue « Tamasheq », ciment de
l'identité touarègue, est une composante du berbère et sur
le plan religieux, les touaregs sont majoritairement des musulmans sunnites.
Depuis des décennies, les touaregs ont connu la souffrance allant de la
période coloniale jusqu'à l'indépendance des Etats
Africains. Divisé minoritairement dans chacun des nouveaux Etats,
considérés avec suspicion et étroitement surveillé
par les autorités, les touaregs n'ont pas hésité à
se révolter à plusieurs reprises. Au Mali, les années 1963
et 1964 sont marquées par la rébellion, contre le pouvoir central
des KEL ADRAR, des tribus touarègues issues d'une des neuf
confédérations traditionnelles. Mené par des moyens
traditionnels et rustiques, ce mouvement est durement réprimé par
la jeune armée malienne qui emploie des armes bien plus modernes et
meurtrières. Au Niger, les tribus touarègues sont
également victimes de la dictature de Seyni KOUNTCHE qui dirige le pays
de 1974 à 1987.
En mai 1990, à la suite de nombreuses arrestations
dû au retour massif des refugiés touaregs d'Algérie, des
jeunes se soulèvent, attaquent et pillent une gendarmerie. Avec
l'arrivée de ces refugiés, tous les ingrédients
étaient donc réunis pour qu'un petit incident mette le feu aux
poudres aussi bien au Mali qu'au Niger110(*). Cette épisode connue sous le nom de massacre
de « Tchin - Tabaraden », déclenche
une révolte au Niger qui dure cinq années, jusqu'aux accords de
Ouagadougou entre les autorités nigériennes et les
rebelles111(*). Au Mali,
le Mouvement Populaire de Libération de l'AZAWAD (MPLA), fondée
en 1988 par des jeunes touaregs aguerris en Libye, déclenche une
insurrection en 1990 qui aboutie à la signature des accords de
Tamanrasset en 1991 et du pacte national en 1992 qui mettent fin au conflit. En
2006, une seconde rébellion force l'Etat Malien à de nouvelles
négociations avec les touaregs, lesquelles aboutissent à l'accord
d'Alger du 4 juillet 2006. Si les dernières années ont
été marquées par un certain apaisement, les
évènements récents, au Mali (la reprise de la
rébellion le 16 octobre 2012 par deux mouvements touaregs, le Mouvement
National de l'AZAWAD (MNA) et le Mouvement Touareg du Nord du Mali (MTNM) qui
ont fusionné pour donner naissance au Mouvement National de
libération de l'AZAWAD (MNLA) sont très inquiétantes et
posent une fois de plus, l'épineuse problématique de la crise de
l'Etat en Afrique et la question des minorités.
L'absence de l'Etat dans une grande partie de l'espace
sahélo-saharien, du fait du faible maillage des territoires nationaux,
de l'incapacité ou des faibles capacités des structures
sécuritaires à assurer un contrôle effectif sur de vastes
étendues, très souvent désertiques, et à
répondre aux besoins de base des populations qui y vivent
(éducation, santé, alimentation, opportunités
socio-économiques) a généré des situations se
traduisant par un sentiment d'abandon112(*). Les faibles capacités des Etats,
conjuguées à des zones frontalières immenses pouvant
s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres, conduisent
également à la porosité des frontières, rendant
possible les déplacements incontrôlés des personnes et des
biens divers (illicites ou licites), contribuant à faciliter par la
même occasion, le développement des bandes terroristes et des
trafiquants.
Les conséquences des défaillances
étatiques ou de l'absence de l'Etat ont très souvent
été aggravées par des déficits de la gouvernance
politique, économique et sécuritaire qui a
caractérisé et caractérise encore bon nombre de pays en
Afrique. Cette mal gouvernance chronique débouche sur des politiques
économiques et sociales inefficaces, voire aberrantes. En matière
de politique, ce déficit s'illustre principalement par des
systèmes politiques faillibles en matière de respect des
principes démocratiques, de bonne gouvernance et de l'état de
droit, ou encore se caractérisant par une démocratie de
façade. La corruption à tous les niveaux contribue à ce
basculement113(*). Le
niveau de corruption généralisée affecte un grand nombre
de secteurs de ces Etats, particulièrement les plus sensibles, notamment
le système de défense et de sécurité. Ce qui
contribue à les rendre incapable de remplir de manière effective
et efficace leurs missions fondamentales et vitales. En matière de
défense et de sécurité, cette situation rend
particulièrement vulnérable et même illusoire la protection
d'un pays contre des incursions, la lutte contre les trafics et
activités criminelles en tout genre et l'implantation des
activités terroristes. « Aujourd'hui, les Etats sont
liquéfiés dans la plupart de nos pays, les gardes
prétoriennes et les milices politico-ethniques ont supplanté
l'armée, la police et la gendarmerie qui ne sont plus que les ombres
d'elles mêmes. L'insécurité s'est
généralisée, nos routes et les rues de nos villages sont
devenues des coupe-gorge »114(*). Quelque soit l'importance que représentent
ces facteurs, la menace terroriste telle quelle s'est développée
au sahel, s'est aggravée par des réalités nouvelles.
2) Les facteurs nouveaux
La situation au sahel a mis au jour l'existence de nouveaux
facteurs à l'origine de l'aggravation de l'instabilité dans cette
immense zone grise et de cet espace transnational. Il en résulte que la
montée de l'islamisme politique ou radicale et le printemps arabe avec
le facteur libyen sont les nouveaux facteurs de déstabilisation et de la
fragilisation de la bande sahélienne et vectrice de la crise au Nord du
Mali.
En Afrique, sur les douze Etats considérés comme
étant à « haut risque », huit
ont des populations composées de plus d'un tiers de musulmans115(*). Ce qui accentue, et
davantage encore, leur risque d'instabilité et constitue un terrain
éventuellement fertile pour les intégristes. Un grand nombre de
ces pays ont vu l'influence des islamistes augmentés depuis quelques
années. Selon les islamistes, la politique et la vie personnelle doivent
reposer sur l'islam. Dans un Etat islamique idéal, toujours
d'après leur pensée, la charia (ou loi traditionnelle), constitue
la base de l'autorité politique. La majorité des musulmans en
Afrique ne sont pas violents. Mais leur progression en influence coïncide
avec les menaces récentes que posent les extrémistes violents
africains. Cette flambée du militantisme islamique progresse
également dans les pays de la région sahélienne, ce qui
fait craindre une poussée du terrorisme en Afrique. Des islamistes
africains ont par ailleurs été impliqués dans des
attentats terroristes en Afrique et à l'étranger116(*). Les mouvements islamistes
actifs en Afrique, s'ils ne sont invités à la concertation,
posent un grave danger à la sécurité personnelle,
nationale et internationale117(*).
Par ailleurs, toutes les grandes sources de l'islam radical se
positionnent peu à peu au sein des pays sahéliens en s'appuyant
sur leur légitimité spirituelle et historique. Ces nouvelles
forces, tout en étant de nature trans-étatique, sont
pilotées par les moteurs de l'islam radicale (Arabie Saoudite, Pakistan,
Iran, et soudan) et interagissent avec les forces islamiques autochtones, les
confréries, et ceci de manière propre à chaque
pays118(*). En Afrique
sahélienne, la pénétration du salafisme a
été lente et insidieuse. Voilà une trentaine
d'années que des prêcheurs, souvent wahhabites, la branche la plus
rigoriste de l'islam sunnite, venus d'Arabie Saoudite ou du Soudan se sont
installés dans de petites mosquées. Des associations caritatives,
financées par L'Arabie Saoudite, se sont implantées pour aider
des populations souvent lésées par l'Etat. Et la bonne parole
salafiste a ainsi fait son chemin. De même, la victoire de l'islam
politique, et notamment les élections qui viennent de se tenir au
Maghreb à la suite des printemps arabes ont consacré les partis
musulmans parmi les plus radicaux et simultanément, la défaite
des partis libéraux laïcs, moins puissants, moins organisés
et moins populaires que les islamistes. On peut d'ores et déjà
constater, en Egypte comme en Tunisie, la résurgence de graves violences
interreligieuses, intercommunautaires, de graves menaces vis-à-vis de
telle ou telle minorité. Cet état de fait constitue pour l'AQMI
un élément supplémentaire qui peut renforcer ses
capacités d'endoctrinement, de fanatisation et donc de
recrutement119(*). Vu
l'état des choses, il ne faudrait donc pas que le
« printemps arabe conduise à l'hiver
islamiste ».
Les évènements majeurs qui se sont
déroulés depuis un an ne sont en effet pas sans
conséquence sur les pays voisins du Maghreb et même sur l'ensemble
de l'Afrique. C'est une véritable onde de choc qui est partie depuis la
Tunisie vers l'Egypte puis vers la Libye, et maintenant en direction des pays
du sahel dont le Mali. L'impact de la crise libyenne que personne n'avait
prévue avec la chute du colonel KADHAFI a eu un effet
déstabilisateur sur la situation sécuritaire au sahel. Les
répercussions de la crise libyenne sont nombreuses dans la zone
sahélienne à la suite de la dispersion des armes en provenance de
Libye et au retour des mercenaires dans leur pays d'origine120(*). La chute du colonel KADHAFI
a privé les Touaregs d'un protecteur et d'un bastion où il
pouvait se refugier. Devenus indésirables, et privés d'une
importante source de financement, les Touaregs ont été contraints
de retourner dans leur région d'origine. Un tel afflux d'hommes,
généralement âgés entre 20 et 40 ans, qui ont perdu
leur travail et se retrouvent sans moyens pour subvenir aux besoins de leurs
familles, ne peut rester sans conséquence dans des régions
pauvres et fragilisés121(*). La reprise de la rébellion touarègue
au Mali au cours de ces mois n'est pas étrangère à ce
retour massif de la Libye. D'autant plus que les hommes qui ont fui la crise
libyenne ne sont pas revenus sans arrière pensée.
A la faveur de l'insurrection libyenne et du
« printemps arabe », une grande quantité
d'armes a été introduit au sahel et même en Afrique du
Nord. La prolifération d'armes lourdes conjuguée à la
porosité des frontières ont introduit une menace nouvelle et pour
la Libye et pour l'ensemble de la région122(*). Les matériels ont
ainsi été distribués, pillés puis abandonnés
ou sont restés sans surveillance durant cette crise. Les nombreux
stocks sans surveillance, accessibles à toutes sortes d'affairistes, de
trafiquants et de mercenaires révèlent une abondante
diversité d'armements : fusils d'assaut, roquettes, mines,
kalachnikov, obus, armements chimiques, missiles sol-air, Sam-7 dont la Libye
possédait 20000 unités, et missiles SA - 24 russes issus de la
dernière génération de missiles aériens capables
d'abattre des avions de chasse123(*). Si l'assistance de Tripoli était devenue
à la longue incontournable pour les pays du sahel, son arrêt
brutal a grevé le développement de sous-régions
entières tributaires des investissements et des flux financiers des
compagnies libyennes124(*). De par ses conséquences donc, la crise
libyenne loin d'être un vecteur d'aggravation de la menace terroriste a
été un facteur supplémentaire de déstabilisation du
sahel. Des pays de la zone comme le Mali, ou certaines puissances membres du
conseil de sécurité de l'ONU, telles que l'Afrique du Sud, la
Chine ou la Russie, ont ouvertement critiqué l'intervention militaire
contre le régime du colonel KADHAFI, laquelle selon eux, aurait
été gérée de façon irresponsable, sans se
soucier des répercussions néfastes sur la région.
Paragraphe II : AQMI, une menace supplémentaire
pour le sahel
L'on ne peut parler d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique
(AQMI) sans s'interroger sur la très étrange histoire de cette
organisation (A) et sans voir son mode de fonctionnement et son
organisation(B).
A- Histoire d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique
(AQMI)
AQMI est une organisation complexe, officiellement franchise
d'Al-Qaïda à l'échelle maghrébine et
sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples
acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou
criminels125(*), la
naissance de l'organisation s'est fait à travers un long processus
allant du Groupe Islamique Armé (GIA) au Groupe Salafiste pour la
Prédication et le Combat (GSPC) (1), avant sa transformation en
Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) (2).
1) Du Groupe Islamique Armé au Groupe Salafiste
pour la Prédication et le Combat
Le Groupe Islamique Armé (GIA) est une organisation
armée dont le but est de renversé le gouvernement algérien
pour le remplacer par un Etat islamique. Celui-ci a fait régner la
terreur au cours des années de la « sale
guerre », de 1992 à 1999. Il était à la
fois l'ennemi du pouvoir et de l'Armée Islamique du Salut (AIS),
présenté comme le bras armé du Front Islamique du Salut
(FIS), dont la victoire électorale de décembre 1991 avait
provoqué le coup d'état militaire de janvier 1992126(*) et la longue guerre
civile127(*) qui l'a
suivie ; indissolublement associés au déploiement de la
puissante « machine à mort » des
forces de sécurité, pratiquant depuis 1994 à grande
échelle la torture et les exécutions extrajudiciaires128(*), les GIA assuraient
plusieurs fonctions complémentaires : terroriser par les crimes
injustifiables une population largement acquise à l'opposition
islamiste, se substituer à la véritable rébellion
armée pour la discréditer et provoquer des dissensions internes,
pousser à l'armement de la population civile pour combattre
le « terrorisme », justifier
la « guerre totale » contre les civils, faire
accepter les mesures antisociales draconiennes, bénéficier du
soutien international. Mais, après la victoire à la
Présidence de la République d'avril 1999 d'ABDELAZIZ BOUTEFLIKA,
promoteur officiel de la Concorde Civile129(*), les GIA devaient disparaître. Et pour
cause : pour les Chefs du Département de Renseignement et de
Sécurité (DRS), qui avaient infiltré les GIA dès
leur création en septembre 1992, avant d'en prendre le contrôle
total à partir de la fin 1995130(*), cette organisation protéiforme ne pouvait
plus répondre à leurs objectifs.
En effet, lors des grands massacres revendiqués par les
GIA en 1997 et 1998, de plus en plus de voix s'étaient
élevées sur la scène internationale, s'interrogeant sur la
véritable nature de ces groupes et leurs liens avec les chefs de
l'armée. A l'automne 1997, une campagne internationale pour une
commission d'enquête indépendante sur les massacres avait
été lancée par les organisations de défense des
droits de l'homme131(*).
Il était temps de se débarrasser de ces GIA devenus trop
encombrants. En effaçant les GIA, le DRS, avec à sa tête
les généraux Mohammed MEDIENE,
dit « Toufik », et Smaïl LAMARI,
dit « Smaïn » évitaient que
devienne trop évident le rôle qu'ils leur avaient assigné,
celui d'une organisation contre insurrectionnelle, largement inspirée
dans ses principes par la doctrine dite de la « guerre
moderne » élaborée dans les années 1950 par
des officiers français dont les colonels Charles LACHEROY et Roger
TRINQUIER et appliquée d'abord en Algérie, pendant la guerre
d'indépendance avant d'être essaimer dans le monde entier, en
particulier en Amérique Latine132(*). Certes le GIA disparait, mais un autre groupe
dissident voir le jour, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le
Combat (GSPC) qui deviendra plus tard Al-Qaïda au Maghreb Islamique
(AQMI).
2) De l'internalisation du GSPC à
l'avènement d'AQMI
La page des GIA est alors tournée mais pas celle de
l'instrumentalisation de la violence islamiste. De nouveaux groupes
armés se revendiquant de l'islam, destinés à se substituer
aux GIA pour maintenir une « violence
résiduelle », afin de prévenir toute
velléité de révolte dans une population brisée par
les sept années de la « seconde guerre
d'Algérie » vont continués à
perpétrer des actions violentes contre l'Etat d'Algérie. C'est
dans cette lancée suite aux dissidences avec les GIA que le Groupe
Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) voit le jour en
Algérie sous le signe de l'unification133(*). L'objectif est d'unifier les différents
groupes islamistes algériens de la mouvance salafiste djihadiste et de
donner au mouvement, une ligne d'action claire. Dans leur déclaration du
24 avril 1999134(*),
considérée plus tard par certains responsables du groupe comme
marquant la véritable création du GSPC135(*), les dirigeants du GSPC
expliquent que leur scission du GIA est motivée par leur attachement
à la méthode salafiste136(*) sur les plans religieux et doctrinaire,
exprimée par une nouvelle appellation pour se démarquer de celle
des GIA, identifiée à la méthode d'AT - TAKFIR WA AL-
HIJRA137(*). Ils se
distancient des massacres commis sous la direction d'Antar ZOUABRI138(*), critiquent le cessez-le feu
décidé par l'AIS et, enfin annoncent la nomination de ABOU MOSAAB
Abdelmadjid comme nouvel émir remplaçant Hassan HATTAB139(*).
La chute de ce dernier provient du fait que sa
stratégie défensive et strictement algérienne suscite des
critiques croissantes au sein même du GSPC : faut-il se contenter de
la lutte sur le seul sol algérien, y compris avec quelques essais au Sud
contre l'Etat et les intérêts étrangers, ou faut-il
étendre l'action à l'étranger ? C'est l'avis de la
fraction internationaliste, portée notamment par deux commandants de
l'organisation, Nabil SAHRAOUI et Abdelmalek DROUKDAL qui plaide pour une
extension du jihad en dehors des frontières algériennes.
L'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, en mars 2003, renforce les tenants de
cette posture, et quelques mois plutard, en août 2003, SAHRAOUI et
DROUKDAL prennent le contrôle du GSPC. SAHRAOUI devient alors le nouvel
émir de l'organisation, mais à la mi-juin 2004, il est tué
dans une embuscade de l'armée, dans la région d'El-KSEUR (basse
Kabylie)140(*).
Abdelmalek DROUKDAL lui succède à la tête de l'organisation
terroriste.
Le nouvel émir du GSPC vouant une profonde admiration
pour Al-ZARQAOUI, le chef d'Al-Qaïda en Irak141(*), il se rapproche de lui et
se met au service de la branche irakienne d'Al-Qaïda afin à la fois
de bénéficier de son prestige, de son savoir faire, et d'affirmer
sa volonté de se placer dans un jihad mondialisé. C'est ainsi
qu'il envoi à ZARQAOUI des centaines de combattants en provenance de
tout le Maghreb et préalablement entrainés dans le maquis
algérien. Cette collaboration permet à DROUKDAL d'asseoir son
autorité sur ces troupes et de surcroît, d'affermir ses liens avec
Al-ZARQAOUI. Ce rapprochement spectaculaire incite alors DROUKDAL à
demander l'affiliation du GSPC à Al-Qaïda. La demande est
formulée dès septembre 2005. Et Al-Qaïda souhaitant
étendre ses réseaux vers l'Afrique du Nord, elle trouve un
intérêt à accéder à la requête de
DROUKDAL dont l'organisation a pour avantage de disposer de véritables
sanctuaires en Algérie, fait preuve d'un grand dynamisme en lien avec
son engagement anti américain en Irak et est, en outre, susceptible de
servir de marche pied pour mener des actions sur le sol européen. Aussi,
après plusieurs mois de négociations, Ayman Al-ZAWAHIRI,
présenté comme le numéro deux d'Al-Qaïda, annonce
dans un message vidéo le ralliement du GSPC à Al-Qaïda le 11
septembre 2006.
Dans son dernier message vidéo, diffusé cinq ans
jour pour jour après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis,
relate Le Monde, Al-ZARQAOUI a appelé le mouvement islamiste
algérien, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le combat
(GSPC), à « devenir une épine dans la gorge
des croisés américains, français et de leurs
alliés »142(*). Deux jours plus tard, le 13 septembre, le GSPC
publie sur son site web un communiqué dans lequel il confirme
l'information : « Nous prêtons allégeance
à Cheick Oussama BEN LADEN (...) Nous poursuivrons notre jihad en
Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par
notre entremise où qu'il voudra et partout où il
voudra »143(*). Le 24 janvier 2007, DROUKDAL annonce la
transformation du GSPC en Al-Qaïda au Maghreb Islamique dans un
communiqué du 24 janvier 2007144(*). L'avènement d'AQMI ne consiste pas
uniquement en un changement d'appellation. Il correspond à l'apparition
d'une nouvelle stratégie de combat qui fait pleinement entrer l'ex-GSPC
sur la scène djihadiste mondiale.
B - Organisation et fonctionnement d'AQMI
L'efficacité d'AQMI dans la terreur s'explique tant par
une organisation (1) et un mode de fonctionnement qui lui assure suffisamment
de rentes pour financer ses activités (2).
1) Structure d'AQMI
Eu égard à la nature des activités
d'AQMI, il n'y a pas d'organigramme officiel régulièrement mis
à jour de cette organisation. Si déterminer sa structure n'est
donc pas aisé, il est néanmoins possible d'en établir les
grandes lignes en particulier au travers des communiqués de ses
dirigeants et des revendications d'attentats passés145(*).
Tout d'abord, il est important de souligner que, comme
Al-Qaïda (la maison mère), AQMI est structurée autour de
serment d'allégeance146(*). L'organisation repose sur des liens individuels
plus conformes à la tradition arabo-musulmane : on prête
allégeance à un chef et, par conséquent, on se met
à son service dans le cadre d'une logique tribale, tout en conservant
une grande autonomie. La nouvelle organisation comporte un commandement commun,
situé en Kabylie avec à sa tête Abdelmalek DROUKDAL alias
Abou MOSSAAB ABDELWADOUD son émir international. Celui-ci était
présenté comme le « vrai numéro deux du
GSPC »147(*) avant que cette organisation ne devienne AQMI. AQMI
n'ayant évidemment pas de siège officiel, il est difficile de
savoir où réside DROUKDAL148(*). Quoiqu'il en soit, au cours des années
suivantes, cet homme deviendra la vedette incontestée des analyses
sécuritaires de la presse algérienne et de tous les rapports des
« thinks thanks américains et
européens » consacrés au GSPC149(*).
La zone d'action d'AQMI étant très
étendue, le territoire sur lequel elle évolue a été
divisé en quatre zones d'influences. Cela n'est pas nouveau car, le GSPC
était déjà structuré en une dizaine de
zones150(*), les deux
dernières correspondant au sahel (zone n° 9) et à
l'étranger (zone n° 10). En panne d'influence tant en Afrique du
Nord qu'en Europe, AQMI donne la priorité à sa branche
saharienne. Ce sont des effectifs très mobiles qui sillonnent la bande
sahélienne sur un total qui ne doit guère dépassé
le millier d'hommes. Mis à part quelques dizaines de mauritaniens, de
libyens encore moins de marocains, de nigériens et de maliens,
l'essentiel des combattants est issu du GSPC algérien. Les troupes
opérationnelles d'AQMI représenteraient entre 250 et 300
combattants pour les uns151(*) et autour de 500 pour les autres152(*). Ce nombre ne tient pas
compte des hommes qui ont rejoint l'organisation terroriste après la
chute du colonel KADHAFI y compris ceux qui se repartissent dans d'autres
groupes terroristes qui se sont crées au sahel et au Nord-Mali.
Les hommes sont réunis en petites unités de
base, les katibas153(*).
Ces katibas sont reparties sous deux brigades : à l'Ouest du sahel
(Mauritanie, Sud-Algérie, Nord-Mali) avec Abdelkader MOKHTAR BEL
MOKHTAR154(*) à
la tête de la katiba des MOULATHAMOUNES155(*) et à l'Est, la katiba TAREQ IBU
ZYAD156(*) crée
en 2003 par Amari ZAIFI plus connu sous le nom d'Abderrazak EL PARA157(*) et dirigée depuis son
arrestation en mars 2004, par Abou ZEID158(*). Elle affiche ses ambitions par une série
d'action à la fois violente et largement disséminée sur
tout le sahel. La mort accidentelle au mois de septembre 2012 de Nabil
MAKHLOUFI, numéro deux d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique, a conduit
à une réorganisation de la structure hiérarchique du
groupe159(*). Elle n'est
en réalité que l'aboutissement de tensions et de crises
répétées160(*) au cours des dernières années au sein
d'AQMI, plus particulièment entre les émirs Abdelmalek DROUKDAL
et Abou ZEID d'un côté, et MOKHTAR BEL MOKHTAR de l'autre. Le
retrait annoncé de MOKHTAR BEL MOKHTAR d'AQMI, un des chefs historiques
de la nébuleuse, et sa probable mort annoncé avec celui d'Abou
ZEID, le plus « qaïdatiste » des chefs de
l'AQMI qui auraient été tué lors de l'opération des
forces françaises intervenant au Nord du Mali plus
précisément dans les contreforts du massif de l'Adrar des
IFOGHAS, près de la frontière algérienne constituent le
principal bouleversement de la structure de commandement. La mort de ce grand
argentier d'AQMI est ainsi une grande perte pour l'organisation en termes de
financement et d'armement. De même que la mort D'Abou ZEID est un coup
dur pour AQMI car, certains considèrent même que le rôle de
ce dernier dans l'organisation était tel que cela s'apparente à
la mort d'Oussama BEN LADEN pour Al-Qaïda.
2) Le financement des activités
d'AQMI
AQMI a réussie à faire du sahel un terrain
juteux lui permettant de fructifier ses activités. L'organisation va
mettre sur pied ce que certains appellent
le « ganstéro-djihadisme »,
c'est-à-dire le recours à des crimes et délits de droit
commun afin de financer le jihad. Ce n'est pas une nouveauté car la
première Fatwa autorisant le financement du djihad par des
activités illicites remonte au début des années 90. Le
GIA, « ancêtre » d'AQMI,
n'hésitait pas à recourir à de telles méthodes y
compris l'ex-GSPC. Dans le cas de l'AQMI, plusieurs ressources contribuent au
fonctionnement des activités de l'organisation. Selon Jean-Charles
BRISARD, spécialiste des questions de terrorisme, 90% des
ressources d'AQMI viennent des rançons obtenues contre la
libération des otages. Dans la théorie interne d'AQMI, les otages
(Rahâ'in) sont ainsi assimilés à
des « prisonniers de guerre » (Asra) et
leur libération est soumise à des conditions qui relèvent,
selon l'organisation, du « droit musulman de la
guerre »161(*). L'intensification des opérations de
l'armée algérienne a contraint AQMI à étendre ses
opérations d'enlèvement au Mali, à la Mauritanie et au
Niger162(*). Les
attentats diminuent au profit des pratiques de banditisme avec notamment une
recrudescence d'enlèvements de ressortissants occidentaux contre le
paiement des rançons au sahel163(*) et quelques fois de demande de libération de
djihadistes retenus prisonniers dans certains pays de la région ou hors
du continent.
AQMI aurait fait du sahel l'industrie de
l'enlèvement164(*). A cet effet, depuis 2003, 53 personnes ont
été prises en otages dans le sahel par les groupes terroristes y
opérant165(*).
Ils ne font pas de distinction entre les personnes qu'ils enlèvent,
seule leur valeur marchande prévaut. D'après Kamel REZZAG BARA,
Conseiller Spécial du Président Algérien sur les questions
de terrorisme qui s'exprimait en septembre 2010 devant une réunion de
l'assemblée générale de l'ONU portant sur le terrorisme,
les katibas sahéliennes d'AQMI ont engrangées en sept ans plus de
150 millions d'euro grâce aux rançons. Cette manne
financière a permise à l'organisation de se procurer des armes,
de recruter de nouveaux combattants et de financer des actions
« sociales » auprès de certaines
populations de la bande sahélo-saharienne, précisément au
Nord du Mali, afin de les gagner à leur cause ou tout au moins de
réduire les sentiments de rejet qu'elles pourraient avoir à son
encontre ; mettant en oeuvre par la même occasion une autre
stratégie d'AQMI-sahel consistant à nouer des liens avec les
communautés locales166(*), y compris avec leurs responsables, pour s'assurer
des complicités actives ou passives, selon les circonstances et
d'obtenir de discuter au moins médiatiquement avec les Etats.
L'implication d'AQMI au sahel dans ce
« banditisme djihadiste »167(*) s'illustre aussi par la mise
en oeuvre d'activités dangereuses et notamment de trafics divers et
illicites. Il faut rappeler que le groupe tire une partie de ces revenus sur
ces activités à côté de la prise d'otage qui est sa
source de revenu principal. Il en résulte que le trafic de
stupéfiants est la deuxième source d'apports financiers pour
AQMI. Celui-ci a longtemps divisé les chefs de l'organisation168(*). Certains
considérants cette pratique comme interdite par l'islam tandis que pour
d'autres, la drogue étant destinée aux apostats chrétiens
et juifs rendait licite cette activité169(*). La présence d'AQMI dans le sahel et en
Algérie devient ainsi une aubaine pour les trafiquants qui
rétribuent les terroristes contre une protection. Des membres maliens
d'Al-Qaïda arrêtés au Ghana dans une opération de
lutte anti-drogue ont révélé aux policiers qu'AQMI offrait
aux narcotrafiquants Sud-américains une protection dans le transfert de
la drogue moyennant une compensation financière de 4200 dollars le
kilo170(*). Selon le
rapport 2010 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(ONUDC), 21 tonnes de cocaïne auraient transité par l'Afrique de
l'Ouest, notamment par la Mauritanie et le Mali, à destination de
l'Europe en 2009171(*).
A côté du trafic de drogue, la contrebande de
cigarettes est aussi une source non négligeable de financement pour
l'organisation. Les cigarettes transitent par la Mauritanie, le Mali et
l'Algérie pour arriver sur le continent européen. La contrebande
de cigarettes via l'Afrique de l'Ouest génère environ 300
millions de dollars annuellement172(*). La filiale d'Al-Qaïda exploite aussi le trafic
d'êtres humains pour s'enrichir. Le savoir-faire d'AQMI en ce qui
concerne la fabrication de faux papiers d'identité et le passage
clandestin des frontières lui permet d'entrevoir, il est vrai, un mode
de financement moins lucratif que la drogue, mais certainement moins dangereux
pour l'organisation173(*). Celle-ci bénéficie aussi d'obscurs
flux du Moyen-Orient (Qatar, Arabie Saoudite)174(*). Tout cet argent amassé sert à l'achat
du matériel de l'organisation, à la corruption des agents de
l'Etat et au blanchiment à travers d'affaires légales comme les
investissements immobiliers. Ainsi, les terroristes islamistes auraient acquis
de vastes étendues de terres et des habitations de luxe au Mali, en
Mauritanie et au Niger175(*). La multiplication de ses activités
criminelles et « commerciales » fait peser
une grande menace sur l'ensemble de la région
sahélo-saharienne.
SECTION II : AQMI ET LA CRIMINALISATION DU
SAHEL
AQMI est devenu une menace grandissante pour l'Afrique
(Paragraphe I) et un piège pour la Communauté Internationale
(Paragraphe II). Ce qui est très inquiétant du fait de voir se
créer un deuxième Afghanistan en Afrique après celui se
trouvant au Moyen-Orient et dont les terroristes (les talibans Afghans et/ou
Pakistanais) n'ont pas toujours été chassés.
PARAGRAPHE I : AQMI, UNE MENACE GRANDISSANTE POUR
L'AFRIQUE
Le sahel fait face au spectre de la menace terroriste et de la
criminalité internationale (A). Pour les pays de la région
confrontés à ce phénomène nouveau, cela
représente un fardeau (B), auquel ils doivent faire face.
A- Le sahel face au syndrome de la menace terroriste et
de la criminalité internationale
Le théâtre sahélien est aujourd'hui sous
la coupe des organisations terroristes (1) et au coeur des grands trafics (2)
les plus dignes d'un conte de fée.
1) le sahel sous la coupe des organisations
terroristes
A la faveur de l'insurrection libyenne et
du « printemps arabe », on assiste à
une confiscation du sahel par de nombreux mouvements terroristes qui ont fait
de ce lieu un bastion du terrorisme international. L'effet de la guerre
occidentale en Lybie a accentué cette réémergence des
groupes terroristes et l'Afrique de l'Ouest constitue actuellement son
épicentre. C'est le cas d'AQMI auquel s'est ajouté le Mouvement
pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), la secte
nigériane BOKO HARAM, ANCAR DINE et dans une certaine mesure le
Mouvement National pour la Libération de l'AZAWAD (MNLA). Chacun de ces
groupes et tous ensemble, compte tenu des liens et dynamiques de collaboration
qui se mettent en place et se renforcent, représentent le visage de
l'islamisme radical et du terrorisme en Afrique de l'Ouest. Les liaisons qui
s'établissent et se renforcent progressivement entre ces
différents groupes portent les germes d'une menace
particulièrement dangereuse et difficile à combattre. La crise au
Nord du Mali et le vide institutionnelle et sécuritaire qui la
caractérise depuis le coup d'état du 22 mars 2012
représente un facteur aggravant.
Délaissé par l'Etat, livrée à
elle-même, et souffrant d'un investissement minime dans les
infrastructures et les services de base, la région du Nord Mali
concentre tout les atouts pour devenir
un « hub » Ouest-Africain pour tout projet de
déstabilisation et de tout trafic176(*). Le Président malien Amadou TOUMANI TOURE,
destitué par le coup d'état du 22 mars 2012, décrivait
lui-même la région du Nord-Mali en 2009 en ces
termes : « il n'y a pas de routes, de centres de
santé, d'écoles, de puits, de structures de base pour la vie
quotidienne. En fait, il n'y a rien »177(*). Dans cette partie du
continent, force est de constater qu'on semble loin de l'une des conclusions
qui était tirée il y a seulement sept ans sur le fait
que « le sahel n'est pas un foyer d'activité
terroriste ». La réalité de la menace terroriste
au sahel est un fait et elle est bien présente. Cette main mise des
terroristes sur le sahel renforce leur expansion et leur conforte dans le
recrutement de nouveaux adeptes. L'Algérie elle-même n'est pas
épargnée des effets de contagion du Nord-Mali. Les
événements récents concernant la prise de la centrale
à gaz d'IN AMENAZ le 16 janvier 2013 par les hommes de MOKHTAR BEL
MOKHTAR, montre que les djihadistes ont fait du sahel, un véritable
sanctuaire. Le caractère de l'attaque terroriste est
particulièrement dynamique et évolutif. Ces évolutions ont
pour conséquences d'aggraver la nature de la menace, de la complexifier
et de rendre encore plus urgentes mais en même temps incertaines, les
réponses qui pourraient et devraient être
apportées178(*).
A l'instar des grands organisations criminelles, ces groupes terroristes avec
à sa tête AQMI auraient choisi à côté du
terrorisme de criminaliser le sahel à travers l'entretien de divers
trafics.
2) Le sahel au coeur des grands trafics
Depuis le début du nouveau siècle, le continent
africain est devenu progressivement un nouveau lieu de passage et de
déroulement des trafics. Les routes caravanières
transsaharariennes séculaires sont devenues un lieu de transit
privilégié pour les nombreuses filières criminelles qui
font désormais du sahel une plaque tournante de plusieurs trafics. Les
trafiquants semblent y trouver leur compte, même si les distances
à parcourir pour leurs produits sont plus longues179(*). Leur intérêt
réside dans le fait que cette route offre des opportunités et un
accès facile pour rejoindre le continent européen étant
donné que les côtes Atlantiques connaissent depuis peu un
contrôle strict y compris la route des caraïbes qui est devenue
obsolète. L'Afrique est ainsi devenue l'espace stratégique de
négoces des drogues en provenance d'Amérique Latine180(*). « Même les trafiquants
d'héroïne Iraniens et Afghans veulent faire de l'Afrique la plaque
tournante de leur commerce » dit Roberto SAVIANO181(*) pour
qui, « l'Afrique est blanche. Blanche de la
cocaïne »182(*). 40%183(*) de la cocaïne Sud-américaine rejoindrait
l'Europe de l'Ouest184(*) par cette route tous les ans185(*). Les portes d'entrée
africaines de drogues en provenance de Colombie, du Venezuela et du
Brésil sont les ports de Guinée-Bissau et du Cap Vert au Nord, et
ceux du Ghana au Sud186(*). De là, les cargaisons de drogues sont
reparties entre le Nigéria (avec un réseau de passeurs vers
l'Europe), la Guinée-Bissau, le Sénégal, la Mauritanie, et
remontent vers le Maroc et l'Algérie187(*). On parle désormais de narco Etats188(*) .
Selon le chef de l'Office Central de Répression du
Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS), « l'Afrique
joue principalement le rôle de hub (...). Les routes du cannabis
traversent le Mali ou la Mauritanie jusqu'au Maghreb. De nouvelles pistes se
dessinent vers la Libye et l'Egypte »189(*). A cet égard, la
fameuse affaire du Boeing « Air
Cocaïne » a été très
révélatrice de l'incurie des gouvernements locaux. Fin novembre
2009, les autorités maliennes annonçaient avoir retrouvé
les restes d'un Boeing 727 démembré et calciné sur la
piste de fortune de SINKREBAKA, un lieu désertique situé à
200 kilomètre au Nord de Gao après avoir été
déchargé de la cocaïne qu'il transportait. Un tel cas n'est
pas isolé ni nouveau. Cette région désertique et
incontrôlée où transiterait la moitié de la
cocaïne en provenance d'Amérique Latine destinée à
approvisionner l'Europe bénéficie de l'appui des tribus
touarègues et des mouvements islamistes afin d'assurer le transfert en
sécurité de leur précieux marchandise.
Les trafiquants bénéficient aussi de l'appui
d'un certain nombre de fonctionnaires corrompus. A titre d'exemple, au
début de mars 2010, onze responsables de haut niveau de la police, de
l'armée et de l'agence de lutte contre la drogue gambiens ont
été arrêtés pour leur participation à ce
trafic. L'ancien ministre de la pêche, le chef de la marine, le chef
d'état major adjoint, le chef de la police et son adjoint et le
responsable de la lutte contre la drogue ont été
appréhendés et l'arrestation extraordinaire en Guinée
Bissau le 03 avril 2013 du contre-amiral BUBO NA TCHUTO illustre une fois de
plus l'urgence d'une guerre contre le narco-terrorisme qui a pris les allures
d'une guerre contre le jihad au Nord Mali. Outre la drogue, le sahel connait
d'autres trafics eu égards à leur importance, aux enjeux qu'ils
revêtent et à leur implication dans la situation
sécuritaire générale dans la région. La contrebande
de cigarettes constitue un de ces trafics illicites. Les cigarettes de
contrebande arrivent de Nouakchott, passent clandestinement au Maroc via
Nouadhibou, et sont revendues sur le marché Ouest-Saharien à
DAKHLA, LAAYONNE et TAN-TAN, au Sénégal et en
Algérie190(*). Le
Sahara occidental joue le rôle de centre de distribution régional
pour toute l'Afrique du Nord. Le transport est assuré par des chauffeurs
locaux, fins connaisseurs du désert, payés entre 450 et 680
dollars par voyages191(*).
L'océan sahélien est aussi un lieu idéal
pour le trafic d'armes. Selon les Nations Unies, « les armes
illicites arrivent en Afrique de l'Ouest (...) en provenance d'Europe centrale
et orientale, de la Fédération de Russie, de la Chine ainsi que
d'autres pays d'Afrique »192(*). L'approvisionnement est rendu facile par les
conflits régionaux et des rebellions internes qui jouent un rôle
déterminant dans le transfert de ces armes : elles ont
alimenté la Côte-D'ivoire, les groupes touaregs au Mali et au
Niger, le conflit de la Casamance etc. Le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) parle de 100 millions d'armes légères
en circulation dans toute l'Afrique193(*). Pour l'Afrique de l'Ouest, le chiffre serait de 8
millions194(*). Il
s'agit le plus souvent de vieux stocks militaires (pistolets automatiques
italiens, kalachnikovs russes ou chinoises, pistolets mitrailleuses etc.) dont
les cargaisons sont gérées par des fonctionnaires corrompus qui
les vendent à des intermédiaires, lesquels les acheminent par
voie aérienne en plusieurs étapes pour brouiller les pistes. Le
trafic illicite de migrants et le trafic d'être humain enrichies aussi la
criminalité organisée transnationale au sahel. Les migrations
représentent ainsi une opportunité économique pour les
criminels organisés, en réseau de l'Afrique vers l'Europe.
La prise de contrôle du pouvoir dans cet espace par des
acteurs criminels vivant de rentes criminels est un danger susceptible d'avoir
des effets durables sur les équilibres des sociétés
sahéliennes. Et le « risque que des réseaux
criminels internationaux influent sur l'avenir politique de certains Etats
sahéliens est réel »195(*), car comme le montre le
rapport de l'ONUDC, les recettes tirées des trafics dépassent les
PIB de certains Etats196(*)d'autant plus que la situation actuelle dans cette
région est déjà un fardeau que n'arrive pas à
maîtriser les Etats sahéliens.
B - AQMI, un fardeau pour les Etats
Sahéliens
Au delà des violences directes et physiques contre ses
cibles favorites que sont les autorités sahéliennes, leur
population et les occidentaux, AQMI constitue également une menace
sérieuse pour l'avenir de la zone sahélienne et les
régions périphériques. Cette organisation exerce en effet
une influence néfaste sur le développement économique de
toute la zone (1) plaçant les Etats de la région dans un bourbier
auquel trouver une solution devient un casse tête chinois (2).
1) Un fardeau économique pour les pays du
sahel
Les attentats et les prises d'otages commis par AQMI,
associés à l'incapacité des gouvernements à mettre
un terme, ont en quelques années, anéanti le climat
sécuritaire de la région du sahel. La violence et
l'insécurité ont fait reculer beaucoup d'investisseurs et autres
acteurs économiques dans un espace qui, confrontée à un
sous développement chronique et à une extrême
pauvreté, n'avait certainement pas besoin d'endurer une telle
épreuve.
La première conséquence de la dégradation
sécuritaire au sahel a été de faire de cette zone, un
repère à éviter. Si dans un premier temps, la
présence des islamistes d'AQMI était perçue par certaines
populations locales comme bénéfique car ils stimulaient
l'économie en achetant les produits locaux au prix fort et en
distribuant des médicaments197(*), la détérioration de la situation
sécuritaire va provoquer des conséquences désastreuses
dans la vie quotidienne de ces mêmes populations. Un premier impact se
situe sur les prix des denrées alimentaires. L'intensification des
accrochages entre les terroristes d'AQMI et les forces de
sécurité vont fortement ralentir les échanges commerciaux,
créant dès lors une diminution de l'offre et une augmentation
soudaine des prix. Dès lors, les produits vendus sur les marchés
sont moins nombreux et les populations se voient obligés de consacrer
une plus grande part de leurs ressources financières à l'achat de
nourriture198(*).
Une autre réalité concerne le secteur du
tourisme. Depuis 2007, la situation des professionnels de ce secteur est
extrêmement difficile à cause du kidnapping. L'annulation du
rallye Paris-Dakar, en janvier 2008 se situe dans cette logique. La
confirmation par les services de renseignements de l'éventualité
de la menace d'AQMI sur l'épreuve sportive incita les organisateurs de
la course à l'annuler et à la transférer sur le continent
Sud-américain. Depuis 2009, le Mali a perdu plus de 76 millions de
recettes et 8000 emplois dans le secteur du tourisme199(*). Le Niger n'est pas en
reste. La présence touristique du Niger a diminué de 7% entre
2008 et 2009 et la tendance devrait s'accentuer dans les années à
venir si la situation sécuritaire demeure aussi
préoccupante200(*) y compris le Sud algérien qui
également est doublement victime de la présence d'AQMI dans le
sahel.
De même, les conséquences des attaques d'AQMI ont
un impact sur le renchérissement de la présence
étrangère (plus précisément les travailleurs
occidentaux) dans la région, qui s'avère pourtant indispensable.
Les Etats occidentaux déconseillent vivement à leurs
ressortissants de s'aventurer dans le sahel et des pays qui le bordent.
Certaines activités ne pouvant être délocalisées, le
maintien du personnel étranger a pour contrepartie l'adoption de mesures
de sécurité particulièrement lourdes. Tel est le cas par
exemple de la production de l'Uranium au Niger dont le secteur est vital pour
ce pays qui tire pratiquement 90% de ses ressources et revêt aussi une
importance stratégique pour la France. AREVA y a opéré
d'importants investissements en particulier sur le site d'IMOURAREN, dont les
ressources en Uranium sont estimées à 180000 tonnes et pour
lequel la société a dépensé plus de 1,2 milliards
d'euros. Et des mesures ont été prises entre AREVA et l'Etat
Nigérien sur la nécessité de sécuriser les
activités minières dans la région et les travailleurs
étrangers qui opèrent sur le site. Mais, cela n'a pas
empêché la prise d'otages d'ARLIT dans la nuit du 15 au 16
septembre 2010. Les évènements du 16 janvier 2012 contre la base
vie du site gazier SONATRACH BRITISH PETROLEUM STATOIL de TIGUENTOURINE (IN
AMENAS) par la « KATIBA AL MOUAKAOUM BE DAM »
(« les signataires par le sang »)
créée en décembre 2012 par BEL MOKHTAR201(*) après sa rupture
d'avec AQMI et qui s'est emparée de plusieurs centaines
d'employés sont venus remettre en question le système de
sécurité des entreprises occidentales installées au sahel
plongeant les pays de la région dans une cacophonie totale.
2) Sahel, un bourbier politique pour les Etats de la
région
Depuis plusieurs années, la montée du terrorisme
au sahel est une source croissante de préoccupation202(*). La dégradation de la
situation au Mali en 2012 a en effet confirmé que les pires
scénarios étaient possibles. Espace tampon mais aussi espace
d'échanges, l'arc sahélien a en effet vu au cours de la
dernière décennie se développer une instabilité
endémique qui menace les fragiles équilibres sociaux,
économiques, politiques et géopolitiques qui s'y sont
progressivement construits. C'est donc toute une région
déjà vulnérable dont la sécurité et la
stabilité sont mises en danger, mais c'est une menace et cette menace
pèse sur l'ensemble de la région et sur le reste des pays
africains. Aux yeux des stratèges, la situation au sahel et le cas du
Nord-Mali paraît d'autant plus inquiétant du fait qu'aucun Etat de
cette partie de l'Afrique n'est pas à l'abri des tentatives de
déstabilisation. L'éclipse de BEL MOKHTAR en Algérie qui a
suivi avec la prise d'otage du complexe gazier d'IN AMENAZ le 18 janvier 2013
au Sud-est algérien et à 100 km des frontières libyennes
a démontré la capacité des terroristes à frapper
partout. Les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et l'effondrement
du Mali, pays modèle de la zone risque d'en entrainer d'autres203(*).
Il s'avère difficile pour les cinq Etats
Sud-sahéliens d'assurer l'exercice effectif de leur souveraineté
sur l'ensemble du territoire. Et cette problématique qui a longtemps
perduré sans solution a fait le jeu des islamistes qui en ont
profité pour s'établir dans ce désert dont la surface
totale est celle de l'Inde. L'enkystement d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique
(AQMI) au Mali depuis 2003, la récurrence d'actions armées
ponctuelles perpétrées par différents groupes, Touareg ou
non, dans un Nord politiquement et économiquement marginalisé et
les dysfonctionnements croissant de l'Etat Malien ont alerté, bien avant
la crise Libyenne, les observateurs les plus attentifs du risque de
déstabilisation politique204(*). Ni l'ampleur, ni la séquence, ni la nature
même de la crise qui frappe le pays depuis janvier 2012 n'ont cependant
été prévue. Le réveil tardif de la
communauté internationale avec l'opération Serval au Nord-Mali
n'est pas sans risque avec l'entrainement des Etats Africains et occidentaux
dans une opération de longue durée et pris au piège d'un
terrain favorable aux occupants. Si cette crise perdure avec une
opération militaire à l'issue incertaine, on risque d'assister
à l'accentuation de la crise alimentaire dans toute la
sous-région205(*), ouvrant ainsi un nouveau problème pour la
Communauté Internationale.
PARAGRAPHE II : AQMI, UN PIEGE POUR LA COMMUNAUTE
INTERNATIONALE
Le sahel n'est pas actuellement loin du spectre Afghan (A) et
de la délocalisation de la menace d'AQMI, de l'international au local
(B).
A- Le sahel dans l'ombre du spectre afghan
Si le sahel apparaît pour les Etats-Unis comme un
nouveau sanctuaire du terrorisme international au quelle toute l'attention doit
être désormais déportée (2), cette zone sableuse est
dans le cas contraire un piège pour la France dont AQMI en a fait une
des cibles privilégier (1).
1) AQMI un piège pour la France
La France est une des cibles prioritaires d'AQMI, laquelle
éprouve une très forte haine pour ce pays. Ce sentiment n'est pas
nouveau. Le terrorisme islamiste des années 90 a frappé à
de nombreuses reprises, les intérêts français206(*). Les raisons ou les
motivations de cette haine tenace à l'égard de la France
était avant tout politiques et historiques. La France était
l'ancienne puissance coloniale et elle était accusée de soutenir
le régime algérien que combattaient les islamistes. Depuis les
années 2000, les raisons de punir la France ont augmentées. En
dehors de son passée de colonisateur ou de puissance coloniale, la
France a été et est toujours accusée de tous les maux par
la mouvance islamique de BEN LADEN. Elle a d'abord été
visée pour sa participation à la lutte anti-terroriste de George
WALKER BUSH et sa présence en Afghanistan. On lui reproche
également sa laïcité et l'adoption de lois la
défendant, telle, celle interdisant le port du voile intégral
dans l'espace public. Perçue comme un ennemi de l'islam et des
musulmans, la France doit dès lors, être punie tant pour ce
qu'elle fait que pour ce qu'elle est, de même que pour
« son arrogance ». Les critiques dépassent
le seul cadre algérien par rapport aux années 90 et provient
même du plus haut sommet d'Al-Qaïda. Ainsi, dès 1998,
année de la création d'Al-Qaïda dans sa forme historique,
Oussama BEN LADEN avait inscrit les implantations militaires françaises
à Djibouti parmi les vingt trois objectifs de l'organisation. Par la
suite, la visite en France en avril 2001 du commandant MASSOUD207(*), ennemi
déclaré des Talibans avait amené le chef d'Al-Qaïda
à tenir des propos virulents contre la France et les français,
dénoncé comme son deuxième adversaire après les
Etats-Unis.
Pas moins de neuf communiqués ont allongé la
liste des appels à punir l'Etat français depuis 2001. Parmi les
principaux, on peut citer celui d'Ayman ZAWAHIRI en date du 24 février
2004 et celui publié le 18 mai 2005 par Abou MOUSSAB AL ZARKAOUI, chef
d'Al-Qaïda en Irak, dénonçant tous deux, la loi prohibant
les signes religieux à l'école. Plus préoccupante encore
sont les déclarations de l'émir d'AQMI, Abdelmalek DROUKDAL qui,
durant l'été 2005, a qualifié la France
« d'ennemi n° 1 », confirmant
l'hostilité ouverte des extrémistes maghrébins à
l'égard de l'ex-puissance coloniale. Cette haine idéologique et
verbale à l'égard de la France en particulier a malheureusement
dépassé le seul stade de la rhétorique.
Inévitablement, elle a engendrée de nombreuses actions
meurtrières concernant les otages français capturés par
AQMI. En 2011, AQMI conserve une relative capacité de nuisance non
négligeable car, les attaques et attentats d'AQMI au Maghreb et au sahel
ont cru de 56% pour atteindre un sommet en 2009, avec 204 attaques, 178
attaques en 2010. Par ailleurs, durant la période 2001-2010, l'institut
Potomac208(*)
comptabilise 1103 actes terroristes (attentats, meurtres, kidnappings, etc.)
contre des cibles nationales et internationales au Maghreb et au sahel,
engendrant 2000 morts et 6000 blessés209(*).
Toutefois, il convient de constater que ces violences sont
restées jusqu'ici cantonnées au seul continent africain. AQMI, ni
d'ailleurs aucune autre branche d'Al-Qaïda n'a jamais pu frapper le
territoire français depuis le dernier attentat islamiste sur le sol
français qui remonte en 1996. L'efficacité des systèmes de
sécurité en Europe depuis 2004 a rendu l'action outre
méditerranéen difficile. La neutralisation de nombreux
réseaux de soutien logistique et les Fatwas210(*) hostiles de
théologiens du golfe décrétant illicite le jihad en
Algérie affaiblit le mouvement terroriste211(*). En 2009, comme le souligne
Louis CAPRIOLI212(*), « AQMI est confrontée
à un phénomène d'érosion. Ses dirigeants
disparaissent, la privant de cadres et de stratèges. Ses réseaux
de soutien étant sans cesse démantelés, sa
stratégie de recrutement s'effondre. L'efficacité de la lutte
militaire et du renseignement ont asphyxié progressivement le mouvement
terroriste »213(*). Le champ de bataille s'est donc
déplacé sur la zone Sahara-sahel, l'AQMI, opérant un
retour sur « l'ennemi-proche » et entrainant ainsi
un regain d'intérêt des USA pour le continent.
2) Un nouveau sanctuaire pour les
Etats-Unis
Depuis les attentats de New York de septembre 2001,
l' « islamo-terrorisme » est devenu le nouvel
ennemi global des Etats-Unis, et par extension du « monde
libre »214(*). En désignant le sahel comme l'axe du
terrorisme, les Etats-Unis ont-ils anticipé la menace ou l'ont-ils
favorisé ? L'intérêt politique et militaire des
Etats-Unis pour le sahel et pour l'Afrique en général s'est
sensiblement accru depuis une quinzaine d'année avec la création
en 1996 de l'AFRICA CRISIS RESPONSE INITIATIVE (ACRI) placé sous le
commandement américain basée à Stuttgart (Allemagne) et
connue sous le nom d'US-EUCOM. Cette section avait en charge la coordination
des moyens militaires, notamment le recours aux forces spéciales. A la
différence des autres Etats de la sous région, l'ACRI
était présente au Mali avec comme temps fort l'année 2002
pour ce qui concerne l'espace Saharo-sahélien215(*). L'intérêt des
Etats-Unis pour le sahel, point de liaison entre l'Afrique du Nord et l'Afrique
noire, revêt une double dimension sécuritaire et
économique216(*).
La région du sahel est perçue à Washington comme une
région vulnérable en raison de sa faible densité
géographique et de ses frontières facilement poreuses. Sa
proximité géographique, culturelle et religieuse avec le
Moyen-Orient (considéré comme l'épicentre d'un terrorisme
international allant de la péninsule arabique au Pakistan) constitue un
terreau propice au développement d'autres actions terroristes
antiaméricaines.
Les événements du 11 septembre 2001 ont
débouché sur une conception stratégique américaine
définie par l'expression de propagande politique de
« guerre globale contre le terrorisme »217(*) relevant de ce que les
politologues appellent la « doctrine Bush ».
L'administration Bush est donc passée d'une politique
étrangère qui au départ se voulait comme la moins
interventionniste à une politique essentiellement fondée sur
cette « guerre contre le terrorisme »218(*). Cette lutte prend un
caractère mondial dont les relais s'affirment aux niveaux
régionaux et nationaux. Plusieurs initiatives régionales de
sécurité démontrent l'intégration de l'Afrique dans
la guerre contre le terrorisme219(*). La première est l'établissement par
le Pentagone, du quartier général de la COMBINED JOINT TASK
FORCE-HORN OF AFRICA (CJTF-HOA) [Corps expéditionnaire conjoint].
Basée à Djibouti, elle est chargée de mener la guerre
contre Al-Qaïda et ses soutiens au sein de la Grande Corne de l'Afrique
(Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Somalie, Soudan), ainsi qu'au
Yémen220(*). Les
opérations terrestres sont menées par plus de 1000 membres des
Forces spéciales américaines, basés à Camp
LEMONIER. Les patrouilles côtières sont assurées par le
détachement spécial de la COMBINED TASK FORCE 150
américaine (CTF 150), qui comporte également des forces navales
d'autres pays comme l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni. La CJTF-HOA
coordonne aussi ses opérations militaires avec la CENTRAL INTELLIGENCE
AGENCY (CIA), comme pour le lancement du drone PREDATOR contre des cibles
terroristes suspectes.
Ensuite, l'application de cette guerre globale, à
l'initiative du département d'Etat, s'est renforcée à
partir du mois de novembre 2002 par la création du deuxième
programme régional de sécurité : La Pan Sahelian
Initiative (PSI) visant à protéger les frontières contre
les trafics d'armes, de drogue et les mouvements. Les principaux objectifs du
PSI ont été entre autres, de former les militaires nationaux de
la sous région (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad) à la lutte contre
le terrorisme, d'encourager et coordonner les coopérations
régionales à l'aide de technologie américaine et
d'échanger des informations afin d'aider les Etats de l'espace
Saharo-sahélien à construire leurs capacités à
traiter les problèmes de la « Global War On
Terror » (GWOT) en tant que force
« reproductible » des forces américaines221(*). Fort du succès que
cette force rencontra, parmi lequel, l'arrestation d'Abderrazak AL PARA, une
des figures clés du GSPC qui fut livré aux autorités
algériennes, les Etats-Unis passèrent à la vitesse
supérieure avec la création du Trans Sahara Counter Terrorism
(TSCTI) qui deviendra en 2005, le Trans Sahara Counter Terrorism Partnership
(TSCTP) à l'évidence plus thématique et beaucoup mieux
doté222(*) que le
PSI et dont le siège se trouve à Ouagadougou au Burkina Faso.
Celle-ci combine deux domaines d'intervention : militaire et civil. La
composante militaire concerne l' « Opération Enduring
Freedom-Trans Sahara » (OEP-TS) et la composante civile quant
à elle fut assignée à trois départements, à
savoir l'Agence de Développement USAID qui se consacra à
l'éducation, tandis que le Département d'Etat prit en charge tout
ce qui concerne la sécurité des aéroports, et le
département du Trésor se réservant le renforcement des
efforts fournis sur l'utilisation des trésoreries nationales. Notons
cependant que le TSCTP est arrivé à expiration et il compte
être remplacé par L'AFRICOM installé pour le moment
à Stuttgart en Allemagne.
Si pour l'heure elle a connu un refus général
des dirigeants africains pour son installation en Afrique, cette entité
militaire s'inscrit dans le prolongement du TSTCP et marque le retour des USA
sur le continent africain avec des initiatives qu'une presse africaine qualifie
d'« américafrique » qui peut s'opposer ou
s'allier le cas échéant, à la
« françafrique ». La nouvelle
stratégie de lutte contre le terrorisme publiée par
l'administration OBAMA en juin 2011 réitère la
nécessité de renforcer la coopération entre les Etats du
sahel et plus particulièrement entre l'Algérie, le Mali, la
Mauritanie et le Niger223(*) car, la menace d'AQMI se fait sentir de plus en plus
à l'échelle continentale.
B - AQMI, de la menace internationale à la
menace locale
La mort violente d'Oussama Ben Laden le 2 mai 2011, tué
par les forces spéciales américaines dans une banlieue
d'Islamabad, clôt certainement la fin d'un cycle224(*). Ce cycle de vie
d'Al-Qaïda225(*)
que Jean Pierre FILIU qualifie de neuf illustre une adaptation souvent
forcée du réseau jihadiste aux contingences historiques et
stratégiques du moment. Toutefois, si pour certains la menace semble
avoir diminué avec le décès du
« prophète de la terreur » contre les
croisés, pour d'autres, la crise au sahel plus précisément
au Nord du Mali démontre une fois de plus que le niveau de la menace
terroriste est en hausse. Celle-ci déjà observable au sahel (1)
n'est pas loin des portes de l'Europe (2).
1) Le sahel sur fond de contagion de la crise
malienne
La crise malienne est très complexe dans le sens
où elle est entourée d'ambiguïtés et de paradoxes.
Elle a une dimension interne et affecte la souveraineté du Mali dont la
cohésion territoriale, mais elle fait aussi planée des
inquiétudes sur une bonne partie du sahel et de l'Afrique de l'Ouest.
C'est donc une crise à double facette : une dimension
institutionnelle depuis le coup d'Etat ayant provoqué la chute du
Président Amadou TOUMANI TOURE aggravée par la prise du nord du
pays par des groupes terroristes donnant au conflit une dimension sous
régionale nourrissant toutes les craintes d'instabilité en
Afrique de l'Ouest226(*). Sans une volonté de contenir et de juguler
l'expansion de cette gangrène, les dégâts pourront
être considérables et compromettront ainsi toutes les
avancées démocratiques dans tous les pays sahéliens. Le
développement de la criminalité organisée, l'enlisement
des tensions étatiques et la prolifération du fondamentalisme
incitent dorénavant tous les acteurs à appréhender ces
détails dans leurs globalités et leurs interactions227(*).
A la faveur de l'insurrection libyenne et du
« printemps arabe », on assiste à la
réaffirmation des identités
« ethniques », à la
réémergence des questions territoriales et des revendications de
représentativité politique et de justice sociale228(*). Les révolutions
arabes ont eu des effets inattendus sur des communautés
éloignées du coeur des soulèvements, longtemps
restés invisibles229(*). C'est pourquoi, dans les zones de confins,
d'anciennes conflictualités ressurgissent à travers la
mobilisation de populations flottantes désireuses de s'insérer
dans le processus d'émancipation générale. L'autre raison
qui explique la réactivation d'anciens conflits tient au rôle et
à l'influence qu'a eue le feu Mouammar Kadhafi au Sahara, qui fut
à la fois un déstabilisateur et un acteur de paix pour de
nombreuses populations, notamment pour les Touaregs et les Toubous.
De même, la région est devenue une
poudrière230(*)
et une des régions les plus dangereuses du monde. Des centaines de
membres de la secte islamiste BOKO HARAM se seraient réfugiés au
Niger et au Tchad231(*),
et d'après certains spécialistes, au Cameroun, plus
précisément dans le nord de ce pays. Le sahel est donc devenu le
nouveau foyer de combattants islamistes et d'acteurs attirés par de
multiples largesses que la région offre. Pour l'ancien Président
Malien Amani TOUMANI TOURE, « cela fait cinquante ans que le
problème du Nord existe. Nos aînés l'ont
géré, nous le gérons, et nos cadets continueront à
le gérer. Ce problème ne finira pas
demain »232(*). La bande Saharo-sahélienne reste
incontrôlable selon lui parce que les combattants, militants, trafiquants
ou commerçants sillonnent une région grande comme l'Europe en se
moquant des frontières. Cette situation expose les pays riverains
à une transnationalisation de l'insécurité avec une
délocalisation de la menace terroriste vers des Etats extérieurs
(européens). L'heure est donc à l'appréhension de
l'urgence, car la précarité stratégique de cet espace
risque de s'étendre et de s'installer sur la longue durée. A cet
égard, la crise au sahel pourrait devenir une menace pour l'Europe.
2) L'Europe, dans le miroir du glacier
sahélien
Les événements du 11 septembre 2001 ont
ému toute l'Europe, mais n'ont jamais été compris par les
européens pour ce qu'ils étaient en fait : un retour de la
guerre233(*) au sein des
sociétés les plus développées. L'émotion a
donc assez vite fait place au sentiment qu'il s'agissait là d'un
événement isolé, ou du moins qui ne se reproduirait pas
à cette échelle234(*). Les experts européens chargés de la
lutte antiterroriste reconnaissent aujourd'hui qu'ils ont identifié
depuis une dizaine d'années une génération
« internationale » sans base territoriale
précise menaçant directement ou indirectement l'Europe. La zone
Sahélo-saharienne, zone de voisinage européen, est très
malade et les dégâts de sa maladie très contagieuse peuvent
se transmettre de l'autre côté de la méditerranée.
Les groupes terroristes qui parcourent le sahel brandissent le drapeau de cette
menace terroriste. L'Europe et l'Afrique, avec comme cordon ombilical, la
méditerranée, sont justement des continents conjugués avec
des développements qu'on pourrait qualifier de coordonnés,
inhérents à leur histoire et à leur géographie. Les
liens d'interdépendance sont extrêmement forts en ce sens que ce
qui passe dans cet espace affecte directement le continent européen. Si
les voies de propagation et les localisations des métastases
dépendent de la nature et de l'origine du foyer de la cellule
cancéreuse, la crise au Nord du Mali a montré que les groupes
islamistes restaient insaisissables.
La menace d'AQMI pourrait en effet s'étendre aux portes
de l'Europe car, comme on peut le constater, l'organisation a acquis en
année une très grande expérience en termes de
capacité d'action et de déploiement à l'étranger.
L'organisation pourrait frapper, soit par l'utilisation d'individus
déjà présents sur le sol européen pour monter une
action sur le territoire d'un Etat (L'exemple pourrait être l'utilisation
d'un individu à l'exemple d'un Mohamed MERAH chargé de commettre
des crimes au nom du jihad ou d'AQMI en Europe)235(*) ou par l'envoi d'un commando
ou d'un groupe mandaté pour une action spécifique et s'appuyant
sur un support local dans l'un des pays de l'union. De même, les
occidentaux eux-mêmes ayant rejoint des milices jihadistes peuvent
être utilisés contre leurs pays. Et ils sont nombreux, des
français et des binationaux qui ont bel et bien, ces derniers mois,
rejoint les milices djihadistes au sahel236(*). De tels terroristes auréolés de
prestige pourraient représentés une force d'attraction pour de
nombreux jeunes de la même génération. Ces nouveaux
gradés pourraient devenir l'âme de nouveaux réseaux,
auxquels ils apporteraient en outre des compétences en matière de
terrorisme urbain.
L'arrestation en juin 2002 de plusieurs membres
d'Al-Qaïda au Maroc alors qu'ils envisageaient de faire sauter un navire
de guerre dans le détroit de Gibraltar a conduit certains observateurs
européens à affirmer que la méditerranée serait
probablement l'un des prochains théâtres d'opérations du
réseau terroriste237(*). La région du sahel joue également un
rôle important dans les plans européens et offre une profondeur
géostratégique à l'Afrique du Nord, à l'Afrique de
l'ouest et, plus indirectement, au bassin de la mer rouge. Cela signifie que
les dynamiques géopolitiques qui caractérisent le sahel peuvent
s'étendre aux frontières maritimes de l'Union Européenne
de diverses façons. C'est ainsi que la méditerranée
connait aujourd'hui une vraie question nord-africaine connectée
étroitement à une vraie question sahélienne238(*). La prise pour cible
d'intérêts politiques et économiques de pays
européens au sahel a poussé certains d'entre eux à
s'impliquer directement dans la lutte anti-terroriste sur le sol africain. L'UE
a décidé de s'investir contre le terrorisme dans le sahel, en
soutenant politiquement et financièrement des initiatives de
développement des pays de la région. Toutefois, les moyens mis en
oeuvre restent relativement faibles eu égard de la détresse des
populations locales et de la fragilité institutionnelle des Etats
sahéliens.
CONCLUSION DU CHAPITRE I
Joseph KI-ZERBO dans « A quand l'Afrique ?
Entretien avec René HOLENSTEIN »239(*) rappelle que parmi les
grandes questions posées au continent africain, figurent celle de l'Etat
ainsi que celle de l'unité et de l'émiettement de l'Afrique. La
situation au sahel n'a cessé de se détériorer ces
dernières années du fait de la sécheresse, de la
pauvreté et de la déliquescence des régimes politiques,
des trafics et de l'expansion des groupes terroristes. Si les
révolutions arabes ne se sont pas propagées sur le reste du
continent africain, elles n'ont pas moins eu des conséquences
néfastes, comme l'attestent les impacts de la crise en Libye en Afrique
de l'ouest. Et la victoire des partis islamistes lors des différentes
élections qui ont suivi l'après « printemps
arabe » est considérée comme l'émergence
d'un militantisme islamique en Afrique et facteur potentiel de menace.
En bref, la région sahélienne est en proie
à une situation proche du chaos qui ne s'est pas améliorée
avec la crise malienne et dont l'issu reste incertaine. D'aucuns y voient dans
cette crise, le moment opportun pour se repositionner en érigeant le
sahel d' « espace de tous les dangers ». Pour
y voir clair, il serait intéressant de cerner le bon grain de l'ivraie
car, le tableau est complexe et il est difficile de déceler ce qui
relève de l'intox et de la réalité. Dans cet immense
désert aride où groupes terroristes et trafiquants de tout bord
entretiennent des relations incestueuses, où groupes terroristes et
Etats se livrent bataille en toile de fond d'intérêts
géostratégiques, la prudence serait de rigueur. Ainsi, AQMI
semble t-il être l'arbre qui cache la forêt, le terrorisme
amplifié voilant les véritables enjeux et menaces240(*). Qui donc se cache
derrière l'étendard AQMI ?
CHAPITRE II : LE SAHEL, UNE REGION INCONTOURNABLE
SUR LE PLAN GEOPOLITIQUE
Espace de transit, le sahel n'a jamais constitué un
obstacle à des pénétrations, des conquêtes, des
explorations et à des dominations de diverses natures : espace
conjugué, territoire convoité. Ce désert quadrillé
par les Etats-nations issus des indépendances des années 1960,
est actuellement parcellisé et meurtri. Qu'est devenue cette immense
zone aride en ce début du 21e siècle ? Lourde de
bouleversements, entre deux temps forts qui ont et vont conditionner le monde,
à savoir celui du 11 septembre 2001 concernant la destruction des tours
de Manhattan par un attentat suicide imputé à des membres du
réseau jihadiste Al-Qaïda commandité par feu Oussama BEN
LADEN et celui du 23 février 2011 relatif à l'intervention
militaire en Lybie, acceptée par l'ONU selon la résolution 1973,
mise en oeuvre par l'OTAN, et dont les conséquences sur l'ensemble de la
sous région, bien que non encore réellement mesurables,
permettent d'avancer des hypothèses241(*).
Ces deux temps forts sont considérés comme des
bouleversements aux conséquences innombrables qui s'inscrivent dans des
stratégies différentes mais complémentaires. Sur fond de
fragilité et d'instabilités régionales, les changements en
cours, sont l'occasion de reconfigurations géopolitiques dans une
région fragmentée et dominée par les « jeux
de puissance et les logiques de nuisance »242(*). Une région
confrontée au risque de voir se constituer de nouvelles fractures ou
s'agrandir celles existantes243(*). Aujourd'hui, le théâtre
sahélien semble faire l'objet d'une nouvelle poussée de l'islam
politique, voire intégriste, risquant de fragiliser les
équilibres précaires et d'offrir des angles de
pénétration à la violence islamiste244(*)
Sans nier l'existence d'activités criminelles et la
menace terroriste, il semble opportun de relativiser l'importance d'AQMI, ce
« rejeton d'Al-Qaïda », qui existe davantage
dans l'esprit de certains acteurs cherchant plus à tirer profit du chaos
sahélien qu'à l'éradiquer. Ainsi, qu'ils s'appellent AQMI
ou autre, il s'agit principalement d'acteurs cherchant à tirer profit du
désordre sahélien245(*). De ce fait, le sahel serait-il dans la tourmente
des querelles géostratégiques ? Echiquier tourmenté,
Territoire convoité (Section I), le sahel est devenu au fil du temps, un
terrain de jeu des islamistes armés (Section II).
SECTION I : `'SAHEL NOSTRUM'', UN ECHIQUIER
TOURMENTE, UN TERRITOIRE CONVOITE
L'espace sahélien, véritable polygone de crises,
est travaillé par des tensions et des rivalités entre acteurs
régionales et extrarégionales (Paragraphe I) et dont pour
certains, le terrorisme au sahel, sert de tremplin pour stopper
l'avancée fulgurante de la Chine dans la région (Paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : TENSIONS ET RIVALITES ENTRE ACTEURS
INTERNES ET PUISSANCES OCCIDENTALES
De nombreuses puissances extérieures à la
région sahélienne, mais également intérieures au
continent africain, possèdent des intérêts
stratégiques dans la bande sahélienne qu'ils entendent bien
défendre et préserver. A côté des stratégies
des puissances occidentales (B), les rivalités s'observent aussi au
niveau des Etats du champ (A).
A- Rivalités régionales entre acteurs du
champ
L'exacerbation des tensions tribales et religieuses sur fond
de querelles ternissent l'image d'un sahel désuni et distant de ses
obligations stratégiques communes. La rivalité des pays du sahel
avec en toile de fond, la question de leadership (1) n'est pas sans
ambiguïté dans les efforts de contreterrorisme dans la
région qu'entretient l'Algérie (2).
1- Les Etats riverains
L'espace sahélo-saharien traverse et englobe totalement
ou partiellement plusieurs pays membres de la CEDEAO et certains d'Afrique du
nord qui partagent des problèmes liés directement ou
indirectement à l'écosystème et à la
géopolitique du sahel. Cette zone qui est un carrefour
géostratégique et géoéconomique aiguise des
convoitises qui ne sont pas sans conséquences dans les efforts communs
de contreterrorisme dans la région. En effet, les rivalités entre
voisins régionaux ajoutent bien sûr elle aussi une autre strate de
complexité à la question sécuritaire. Dans de nombreuses
crises qui secouent le continent, des groupes armés opérant dans
un pays donné sont souvent soutenus, directement ou indirectement, par
les gouvernements voisins, qui leurs fournissent des appuis financiers,
militaires, ou qui simplement tolèrent leur présence sur le
territoire national. Dans le cas sahélien, on notera par exemple que
depuis le début du conflit au Sahara occidental au milieu des
années 1970, le statut ambigu de communautés sahraouies, et
notamment celui des combattants (anciens ou actifs) du Polisario, a toujours
été une source de tension entre Alger et Rabat246(*).
Le Maroc, rival de l'Algérie dans la quête du
leadership Magrébin surveille très étroitement les 266.000
km2 du Sahara occidentale (ex colonie espagnole du Rio de Oro et de Saguia El
Hamra). Ce territoire, dont l'indépendance est revendiquée par le
Front Polisario empoisonne les relations entre le Maroc et l'Algérie
depuis 30 ans. Le Maroc et l'Algérie ont ainsi fini par instrumentaliser
le conflit et à l'intégrer dans leur agenda général
de leurs intérêts particuliers247(*). Ces rivalités régionales finissent
par déteindre sur l'ensemble des dynamiques qui se jouent à
l'échelle régionale, où la collaboration cède la
place à la suspicion et affaiblit de ce fait tout espoir d'une
réelle stratégie commune régionale. Les uns en concluaient
que le gouvernement algérien avait, au mieux, laissé faire ses
« protégés », et au pire, les avait
poussé à collaborer avec AQMI, groupe dont l'existence permet
à l'Algérie de se positionner comme le champion de la lutte
antiterroriste ; alors que pour d'autres, le lien AQMI-Polisario ne
pouvait être qu'une manipulation du gouvernement marocain, qui cherchait
à ternir à la fois l'image du Polisario que de son allié
algérien.
La monarchie marocaine n'a-t-elle pas intérêt
à discréditer les Sahraouis tout en percevant sa part de rente
stratégique assurée par sa participation dans la lutte contre le
terrorisme ?248(*)
Rabat entretient depuis l'indépendance (1956) de très
étroites relations avec la France et les Etats-Unis, notamment en
matière de défense et de sécurité. Cela contribue
à entretenir la méfiance d'Alger à son encontre et
même à l'égard de la France, ancienne puissance
colonisatrice. Ce qui ne facilite pas la coordination régionale des
actions contre AQMI, de même qu'il est l'une des principales causes du
retard de l'intégration régionale et de l'impuissance de l'Union
du Maghreb Arabe (UMA)249(*). Pour les mêmes raisons que l'Algérie
et le Maroc, le Niger, le Mali et la Mauritanie entendent mieux contrôler
la partie saharienne de leur territoire. Il s'agit toutefois pour eux,
d'affirmer leur souveraineté sur l'ensemble de leur territoire national,
d'assurer leur sécurité et de tirer parti des ressources
naturelles (Hydrocarbures, minerais : l'uranium, localisé dans le
Nord du pays, assure 90% des recettes du Niger à l'exploitation par
exemple)250(*). Mais les
moyens leurs font pleinement défaut, surtout aux deux derniers qui
redoutent les calculs politiques régionales de l'Algérie depuis
la mise à l'écart de la Libye qui nourrissait également
des ambitions régionales.
Au bout du compte, ces rivalités entre gouvernements
régionaux rendent très difficile l'analyse et la
compréhension des événements qui se déroulent dans
la région, et par ricochet, elles nuisent à l'élaboration
de politiques efficaces dans la région accompagnées souvent de
malheureux incidents diplomatiques251(*). L'attitude de l'Algérie est très
ambivalente face à la situation au sahel, ce qui fait dire à
certains qu'Alger joue un double jeu.
2- L'ambivalence de l'Algérie
L'incapacité à définir l'ennemi commun a
conduit à la fragmentation de la réponse régionale. Cette
divergence et les désaccords qui en résultent se conjuguent
à des déséquilibres de puissance qui déterminent la
manière dont chaque partie appréhende la menace252(*). Avec des capacités
militaires très élevées par rapport au reste des Etats
sahéliens, l'Algérie considère que son approche,
forgée durant la violente guerre civile des années 90, lui
confère la priorité. Cependant, les Etats sahéliens voient
d'un mauvais oeil l'accent mis par l'Algérie sur la dimension militaire
qui néglige les considérations économiques, sociales et
politiques qu'ils perçoivent comme imbriquées avec la
stabilité de la région253(*). Ils avancent que si l'Algérie n'a pas
réussi à éradiquer le terrorisme sur son propre sol durant
les deux dernières décennies, comment pourrait-elle y parvenir
dans la région ? La nature hybride de l'AQMI vient compliquer la
situation.
En effet, l'Algérie et AQMI sont intimement liés
par l'histoire, la géographie et la sociologie. L'organisation
terroriste, héritière du GIA et du GSPC, y est née et ses
cadres sont encore aujourd'hui essentiellement algériens254(*). Le groupe est
composé, d'une cellule établie en Kabylie et dans la
région d'Alger, et des katibas sahéliennes impliquées dans
la prise d'otages et dans des activités criminelles. Ces groupes
terroristes géographiquement disséminés, agissent de
façon autonome, parfois en concurrence plutôt qu'en coordination
les uns des autres. D'une manière ou d'une autre, AQMI reste
essentiellement algérien dans son origine et sa direction. Devenue une
insurrection régionale ayant des points d'appui dans les
communautés locales, elle opère avec le soutien d'agents
gouvernementaux et de sécurité ainsi qu'avec les trafiquants de
drogue (parmi lesquels des sahraouis du territoire contesté du Sahara
Occidentale) et autres contrebandiers255(*).
Les initiatives régionales sont fréquemment
compromises par l'Algérie qui craint que ses partenaires
n'opèrent en toute indépendance, au détriment d'Alger.
Confronté aux attaques d'AQMI, chaque pays du sahel réagit en
fonction de sa perception de la menace terroriste, de ses intérêts
politiques et économiques, ce qui explique pourquoi les initiatives
opérationnelles restent dispersées et peu coordonnées.
Depuis trois ans, Alger n'a eu de cesse de vouloir centraliser
« la lutte contre la terreur » au Sahara et au
sahel et de se positionner comme l'acteur-pivot. En avril 2010, un
comité opérationnel conjoint (CEMOC) entre l'Algérie, le
Mali, la Mauritanie est installé à Tamanrasset, ne comprenant pas
la Tunisie, la Libye et le Maroc censé appliquer le nouveau plan de
sécurité régionale dont les effectifs qui devaient tripler
en 2011 (de 25000 à 75000, dont 5000 touaregs) n'ont jamais vu le jour.
Alger craint également le développement d'alliances
régionales dont elle serait exclue, d'autant que les relations entre la
Mauritanie et le Maroc se sont améliorées depuis
l'élection d'AZIZ en 2009256(*).
L'Etat de la coopération régionale est aussi le
résultat d'un faible degré de confiance. L'Algérie
considère le Mali comme le « maillon
faible » dans la lutte contre le terrorisme ceci, par le peu
d'engagement du gouvernement malien contre la menace terroriste et par son
manque de volonté dans le partage d'informations nécessaire pour
une coopération régionale commune. D'un autre côté,
les responsables de sécurité de l'Etat malien voient le
terrorisme comme un legs de l'Algérie, la plupart des leaders d'AQMI
étant algériens. Cette méfiance trouve son explication
dans les soupçons qui pèsent sur le rôle joué par
les services de renseignement algériens, le DRS (Département du
Renseignement et de la Sécurité), dans l'infiltration de certains
groupes terroristes dans les années 90, puis, dans l'exportation du
terrorisme algérien sur leur territoire. AQMI avancerait-elle
sensiblement au gré des intérêts de cercle de pouvoir
algérien ? Comme le souligne Alain CHOUET : « La
violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le djihadisme
internationaliste du type Al-Qaïda (...) cette violence paraît
toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes
de la vie politique algérienne »257(*). Jeremy KEENAN
précise que : « Le DRS opère vraiment comme un
Etat dans l'Etat. Et il est à peu près sûr que les cercles
politiques, dirigeants, surtout à la présidence et au
ministère de l'intérieur, ne sont pas entièrement au fait
de ses multiples activités au Maghreb et au
Sahel »258(*). La relation complexe de l'Algérie avec les
autres Etats, tient aussi au soutient qu'elle est réputée avoir
offert aux rebellions Touarègues au Mali et au Niger, pour contrecarrer
l'hégémonie libyenne au Sahara. Alger avait servi de
médiateur dans les accords de paix en 1991 et 2006.
La crédibilité de l'Algérie est par
ailleurs prisonnière d'une série de paradoxes.
Considérée comme ayant les forces armées les mieux
entrainées du Maghreb et fière d'avoir vaincu l'extrémisme
islamiste dans les années 90, comment se fait-il que les efforts pour
affronter AQMI dans le Sud du pays n'ont pas été aussi
intenses ? Les autres Etats sahéliens, qui attendent beaucoup d'un
Etat algérien plus riche qu'eux regrettent ce désengagement. Il
est incontestable que, jusqu'à présent, l'attitude de
l'Algérie face à la menace représentée par AQMI sur
son flanc Sud a été ambiguë. Elle prétend par exemple
prendre au sérieux cette menace, mais refuse toute action impliquant
l'armée algérienne hors de son territoire259(*) et déclare en
même temps que l'incertitude en Libye et la crise au Nord du Mali sont
une menace directe pour sa sécurité. De même, il est
frappant de constater que l'organisation géographique de l'outil
militaire algérien, de loin la plus importante de la région,
traduit un fort conservatisme dans la pensée stratégique, car
entièrement tournée vers la
« menace » que représenterait le Maroc.
Ainsi, dans le cadre d'une sous-traitance, AQMI serait-elle en partie un
instrument d'influence entre les mains de clans algériens
générant une rente stratégique monnayable auprès
des occidentaux qui, eux-mêmes auraient des visées dans la
région ?
B - MANOEUVRE DES PUISSANCES OCCIDENTALES DANS UN SAHEL
DESTABILISE
Est-il aujourd'hui concevable d'aborder les enjeux
stratégiques méditerranéens en faisant l'impasse sur la
géopolitique du théâtre sahélien ?260(*) De nombreuses puissances
extérieures s'intéressent à ce « ventre
mou » qu'est la région sahélienne animées
par des appétits géostratégiques. Plusieurs d'entre elles
sont installées dans cette région depuis et ont des
intérêts stratégiques qu'elles entendent bien
défendre et préserver (1). La préservation de ces droits
acquis ne se fait pas sans compétition entre ces différents
acteurs qui érigent le terrorisme comme menace mondiale afin de mieux
pénétrer la région (2).
1- La présence historique des pays occidentaux
et leurs intérêts économiques au sahel
De nombreuses puissances extérieures à la
région sahélienne, mais également extérieures au
continent africain possèdent des intérêts
stratégiques en Afrique de l'Ouest qu'ils entendent bien
conservés. Ancienne puissance coloniale, la France poursuit une
politique de coopération remontant, avec des hauts et des bas, aux
indépendances, proclamées en 1960261(*). Ses intérêts
sont non négligeables dans la région. Le Niger, l'un de ses
principaux partenaires dans la région assure un tiers de son
approvisionnement en uranium. Le fer de Mauritanie, l'étain et l'or du
Mali et peut-être dans un futur proche, les hydrocarbures dont le
pétrole du Sud saharien, sont autant de ressources qui ne laisse pas
Paris indifférent qui désire faire du sahel son pré
carré. Les bases de Libreville et Ndjamena forment, non loin du
sanctuaire d'AQMI, les deux premiers maillons d'un dispositif militaire qui se
prolonge à Djibouti et à Abou Dhabi.
A la veille de l'inauguration de cette dernière base
installée au Qatar, et qui dévoile une nouvelle vision
stratégique militaire française, (le 26 mai 2009), le
Président de la République française, Monsieur Nicolas
Sarkozy déclarait : « avec cette base, notre
première au Moyen-Orient, la France montre (...) qu'elle est prête
à prendre toutes ses responsabilités pour garantir la
stabilité de cette région essentielle pour l'équilibre du
monde »262(*) . Toutefois, l'action de la France dans la
région se heurte aux réticences d'Alger. Celle-ci d'une part,
instrumentalise, pour des raisons de politique intérieure, la
thématique du néocolonialisme afin de se forger une
légitimité « nationale »,
discréditer les adversaires de la faction au pouvoir et tenter de
rallier une partie des sympathisants de l'islamisme263(*). D'autre part, les
dirigeants algériens veulent écarter la France de la zone
sahélienne pour faire prévaloir leur hégémonie en
tant qu'acteur incontournable dans la région dans la lutte contre le
terrorisme. Quant à Paris, certains analystes lui prêtent le
projet de constituer avec le Mali et le Niger, peut-être le Maroc et la
Tunisie, un « bloc contre
hégémonique » face à l'axe
Washington-Alger264(*).
Depuis la fin des rivalités Est-Ouest, les Etats-Unis
ont jeté leur dévolu sur l'Afrique. Face au rouleau compresseur
chinois, ils s'y devaient d'affirmer leur présence et de s'implanter
avec force. En vertu de l'AFRICAN GROWTH AND OPPORTUNITY ACT (AGOA), les
Etats-Unis fournissent une aide économique régionale
spécifique depuis 2000. Ils seraient en tête des principaux pays
fournissant de l'aide en zone de peuplement Touareg au sahel. Dans la course
mondiale aux approvisionnements énergétiques, ils multiplient
également des investissements par exemple en Algérie, pivot du
Nord AFRICAN PARTNERSHIP FOR ECONOMIC OPPORTUNITY conclu en 2009. De
même, depuis les attentats du 11 septembre 2001, ils ont augmentés
de manière significative leur coopération et leur présence
militaire en Algérie et en Afrique Subsaharienne.
A côté des Etats-Unis, la Chine, dernière
venue et privilégiant la carte de la séduction (Soft Power),
s'active dans la région du sahel. Elle intensifie son action à
travers le développement d'infrastructures. Afin de couvrir une partie
de ses énormes besoins en matières premières, elle se
livre également à une intense activité de prospection
(hydrocarbures, minerais) au Mali et au Niger, ce qui ne peut manquer de
l'impliquer dans les rivalités avec la France. A titre d'exemple, depuis
2007, elle exploite une partie de l'uranium nigérien à travers le
gisement d'AZELIK. Chacun des pays cherchent ainsi à se positionner ou
à se repositionner à travers différents stratagèmes
de pénétrations.
2- Les stratégies des pays occidentaux dans le
contre terrorisme comme vecteur de pénétration
L'insécurité endémique et persistante au
sahel doit être analysée avec prudence et remise en perspective
par rapport aux stratégies des puissances étrangères.
L'arc sahélien attire les convoitises et aiguisent les appétits
du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de
désenclavement des ressources énergétiques. Pour cela tous
les moyens sont bons pour ériger le sahel en espace de tous les dangers.
Dans ce cadre, les objectifs stratégiques poursuivis obéissent
à des calculs à long terme visant à justifier une
pénétration militaire sur la base d'opérations de
nettoyage et de lutte contre le terrorisme au sahel265(*). Potentiel fournisseur
prépondérant d'énergie à l'horizon 2030, le sahel
suscite des querelles géostratégiques pour le contrôle des
gisements, enjeu majeur, mais également des itinéraires
d'évacuations dessinant jour après jour une nouvelle
géopolitique des tubes. La réalité géographique de
cette zone permettrait à certains Etats, s'ils se positionnent
économiquement et ce serait l'optimum pour eux, militairement de mieux
contrôler les richesses des Etats du Maghreb et les richesses d'Afrique
de l'Ouest266(*).
Dans un contexte où la fiabilité de certains
fournisseurs Moyen-orientaux pose question et où les prix flambent en
raison d'un contexte géopolitique explosif, les Etats
énergivores, hautement dépendants, se mettent à la
recherche de nouvelles sources d'approvisionnements267(*). La révolution
démocratique en Libye a été exploitée à bon
escient afin de compléter cette stratégie. La guerre menée
par la coalition à démontrer l'existence de calculs politiques
particuliers de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, et
révèlent des intérêts concurrents entre eux et
à l'égard des puissances tierces (Italie, Russie, Qatar, Arabie
Saoudite etc.) à l'échelle Libyenne, mais également
à l'échelle du Maghreb et du sahel. Le point d'appui Libyen
offrirait aux occidentaux, une porte d'entrée vers le
théâtre sahélien et l'Afrique afin de lutter contre AQMI,
sécuriser les approvisionnements en pétrole et minerais, et
contenir la Chine. La Russie n'est pas en reste. La compagnie russe Gazprom a
commencé sa pénétration au sahel par l'Algérie et
le Nigéria à travers GAZPROMBANK NGS, filière de Gazprom.
Elle a fini par obtenir du Niger en 2011, un accord de concession
minière pour la recherche et l'exploitation de gisement
d'Uranium268(*).
L'ancienne puissance coloniale qui se situe au milieu de ces
querelles, cherche aussi à se positionner pour sécuriser ses
approvisionnements surtout en uranium au Niger mais aussi dans le site de
FALEA, une commune de 21 villages et 17. 000 habitants, situés dans une
région isolée à 350 kilomètres de Bamako.
D'ailleurs, son ambassadeur, Christian ROUYER, déclarait il y a quelques
mois « qu'AREVA sera le futur exploitant de la mine d'uranium
à FALEA ». L'opération Serval269(*), outre sa raison humanitaire
si chère à Bernard KOUCHNER et autres, cacherait en toile de fond
ou de manière indirecte des intérêts économiques. Si
le danger terroriste est bel et bien présent au sahel comme en
témoigne la crise au Nord du Mali, il n'en demeure pas moins que cette
menace est perçue par certains, comme un moyen pour les occidentaux de
contenir l'avancée chinoise en Afrique.
PARAGRAPHE II : LA CHINE, DANS LE VISEUR DE
L'OCCIDENT
Depuis le début des années 2000, on assiste
à une croissance fulgurante des relations sino-africaines270(*) qui interagissent avec les
calculs stratégiques aussi bien des partenaires dits traditionnels que
des nouveaux venus. Si les motivations de la Chine pour l'Afrique s'expliquent
à travers plusieurs raisons (B), l'occident reste très inquiet
face à cette pénétration du géant asiatique vers le
continent africain (A).
A- L'inquiétude de l'occident face au safari de
la chine en Afrique
L'Afrique n'est plus la chasse gardée de l'occident,
mais désormais une chasse croisée, entre des puissances
extrarégionales. Les nouveaux arrivants que sont les chinois
entretiennent des intérêts stratégiques divergents avec des
puissances dont la présence résulte d'une longue tradition. C'est
ainsi que derrière la lutte contre le terrorisme au sahel, des
rivalités existent entre la Chine et les Etats-Unis (1) et entre la
Chine et l'Union-Européenne (2).
1- La rivalité sino-américaine
Il y a un grand jeu en train de se préparer au sahel et
les pions sont mis en place progressivement entre les Etats-Unis et la Chine.
Cette hypothèse est fondée avant tout par le regard, de plus en
plus critique, jeté par Washington sur l'expansion de la diplomatie
chinoise à travers le monde, en Afrique singulièrement. Dans ce
cas de figure, les Etats-Unis et la Chine s'implique particulièrement
dans cette entreprise au risque de mener des actions concurrentes exacerbant
leur relation. Outre la compétition entre les deux grands qui s'observe
en Guinée Equatoriale et en Angola, le Sahel est devenu le nouveau
gâteau que se querelle ces deux puissances. Pour comprendre la
stratégie de Pékin, il est indispensable de saisir l'ampleur des
enjeux du continent africain271(*). La chine est positionnée de manière
extrêmement forte au Soudan, où elle est majoritaire dans les
principaux champs pétrolifères du pays (Muglad et Melut). Elle
désenclave le pétrole Sud-Soudanais vers Port-Soudan et l'exporte
à travers la Mer rouge. L'idéal pour la Chine serait d'arriver
à relier les champs pétrolifères se trouvant au Tchad via
ces oléoducs et donc de se constituer un réseau de
désenclavement de ces richesses. La China National Petroleum Corporation
(CNPC), la Chinese National Off Shore Oil Compagny et China Petroleum
Corporation (SINOPEC) sont déjà présents dans les pays
sahéliens, notamment au Niger, en Mauritanie et au Tchad, et
mènent également des prospections au Mali272(*).
Mais parallèlement, les Etats-Unis ont un autre projet
politique qui lui est déjà mis en place à travers un
oléoduc qui désenclave le pétrole Tchadien par le golf de
Guinée. Les compagnies pétrolières américaines
concentrent leur effort dans le golf de guinée. Le pétrole
étant l'enjeu majeur, il n'est pas étonnant de voir le
Nigéria, l'Angola et la Guinée Equatoriale en tête des
partenaires africains des Etats-Unis. La Guinée Equatoriale constitue la
1ere zone dans la stratégie pétrolière de
Washington. Troisième producteur de pétrole d'Afrique Subsaharien
après le Nigéria et l'Angola, ce pays bénéficie
d'importants investissements américains. Il y a ensuite des pays dont le
principal produit d'exportation est le pétrole brut, à savoir le
Congo Brazzaville, le Tchad et le Gabon. Depuis le début des
années 2000, Washington cherche à renforcer la présence de
ses majors en Afriques. Walter KANSTEINER, le vice-secrétaire d'Etat
américain aux affaires africaines, ne déclarait-il pas en 2002
que le pétrole africain « est devenu un
intérêt national stratégique ? », et le
sénateur républicain Ed Royce de renchérir que
« le pétrole africain devrait être traité
comme une priorité pour la sécurité nationale des
Etats-Unis de l'après 11 septembre »273(*). Aujourd'hui, Pékin
craint sérieusement les risques d'une politique
d' « energy containment » menée par
Washington. La vive rivalité américano-chinoise à
l'égard du sahel et du continent africain est un test dans les rapports
qu'entretiennent ces deux puissances. Il convient de noter que l'Europe tout
comme les Etats-Unis, n'y voit pas d'un très bon oeil l'avancée
de la Chine en Afrique.
2- La rivalité
Sino-européenne
La ruée vers l'Afrique ne s'arrête cependant pas
aux rivalités sino-américaines. Sans faire autant de vague que la
Chine, l'Europe avance aussi ses pions dans ce champ sahélien qui ne
laisse personne insensible. Pour des raisons à la fois historiques et
géographiques, des liens forts unissent les Etats de la rive nord de la
Méditerranée (France, Royaume-Uni, Espagne, Italie etc.) à
ceux de la rive Sud et de la zone Sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali,
Tchad...). Des coopérations bilatérales et communautaires ont
été développées avec ces pays ainsi que des
relations commerciales, économiques, politiques, culturelles et
migratoires. Ces relations ont été sanctionnées d'ailleurs
par des politiques cibles de la part de l'Union Européenne dans
l'ensemble de ces domaines. Le récent retour de la Chine en Afrique,
après un retrait relatif suscite beaucoup d'inquiétudes en Europe
face à une attitude jugée
« prédatrice ». Eric IZARAELEWICZ dresse le
constat suivant : « les conditions actuelles de l'OPA
chinoise sur l'Afrique ont quelque chose de révoltant. Deux raisons.
D'abord, pour aider les pays africains, les grandes puissances industrielles et
les organisations internationales ont accepté, ces dernières
années, d'effacer leur dette. Aujourd'hui la Chine ramasse la mise. Elle
accorde à ces pays, désendettés donc, des prêts.
Sans conditions publiques d'abord - c'est le principe de non ingérence
cher à Pékin. Ce qui conforte les régimes les plus
corrompus ou les plus durs de la région. Des prêts surtout
destinés à acheter chinois bien sûr. Tout cela n'est pas
très fair play »274(*).
L'Union Européenne dont 20% des importations
pétrolières proviennent de l'Afrique n'apprécie
guère la stratégie chinoise en Afrique. En effet, même si
le pétrole africain ne constitue pas un enjeu stratégique pour la
majorité de ses membres, il reste que la guerre du gaz de
décembre 2005 livrée par la Russie (qui fournit 25% du gaz et 42%
du pétrole de l'UE) incite à s'intéresser à
d'autres sources d'approvisionnement, dont l'Afrique. Elle porte un grand
intérêt au projet du « Trans saharan gaz
pipeline » (TSGP), un gazoduc devant relier le Nigéria
à l'Algérie via la méditerranée pour alimenter
l'Europe. Cet ouvrage devrait permettre l'acheminement de 20 à 30
Gm3 par an, principalement vers l'Europe. Son coût est
estimé aujourd'hui à plus de 10 milliards de dollars
supplémentaires pour la construction d'infrastructures destinées
à permettre la collecte du gaz au Nigeria. En juin 2009, un accord a
été signé entre les gouvernements d'Algérie, du
Nigéria et du Niger visant la construction de ce gazoduc à
l'horizon 2015. Il existe aussi un projet Libyen de prolongement du Greenstream
vers les champs pétrolifères tchadiens et du Darfour.
L'énergie solaire est également au menu du livre vert de la
Commission Européenne sur la sécurité de
l'approvisionnement énergétique : l'Algérie, la
Tunisie et le Maroc275(*) peuvent offrir des solutions
économiquement et techniquement viables pour l'UE qui devra importer
« 15% de son électricité à partir du solaire
en 2029 »276(*). Le méga projet Désertec fait parti de
cette stratégie européenne visant à se positionner au
sahel. Au moment où l'UE entend insuffler un nouveau dynamisme à
sa coopération avec l'Afrique par la promotion d'une démarche
multilatérale277(*), la Chine acceptera telle de la rejoindre autour du
« partenariat de valeurs » dont parle Louis Michel
Commissaire européen au développement et à l'aide
humanitaire ?278(*)
B- Les motivations de l'implication de la chine en
Afrique
Au commencement était l'histoire ! Tel semble
être le credo de la Chine pour célébrer son retour sur le
continent africain279(*). Pour une puissance émergente sans
passé coloniale en Afrique280(*), il s'agit de sceller les retrouvailles autour des
principes fondateurs qui tirent leur légitimité de l'histoire
commune partagée. Comme le rappelle volontiers le Président
chinois Hu JINTAO, « L'amitié Sino-africain plonge ses
racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s'approprier au fil
des ans »281(*). Ainsi, le come back de la Chine vers l'Afrique
s'explique à travers des raisons politico diplomatiques (1) et
économiques (2).
1- Des raisons politiques et diplomatiques
Après une période d'absence entre le
début des années 1980 et le milieu des années 1990,
Pékin semble faire son grand retour. Les enjeux de la politique
africaine de Pékin dépassent désormais le continent
africain. Loin d'abandonner les thématiques anciennes, la Chine s'appuie
sur un discours tiers-mondiste Sud-sud fondé sur un passé,
constamment rappelé, de lutte commune contre « tous les
impérialismes ». Pékin a désormais les
moyens de mener une diplomatie active tous azimuts et d'être de plus en
plus influente politiquement dans le monde282(*).
Premièrement, la Chine veut s'assurer le soutien des
pays africains à l'ONU face à Taiwan avec qui elle est en conflit
depuis 1949 avec pour enjeu, la non reconnaissance de l'île de Formose.
En maintenant des relations avec un nombre substantiel de pays amis, les
dirigeants chinois s'efforcent de développer un réseau
d'alliés et des majorités capable de soutenir et de lui apporter
un soutien au sein des Organisations Internationales. Les pays africains
représentent plus d'un tiers de l'ONU283(*) ; ce qui est un grand intérêt pour
la Chine. La stratégie de marginalisation diplomatique de Taïwan
sur le continent africain rencontre donc comme partout ailleurs, le
succès, d'autant que la République Populaire de Chine en raison
de son potentiel économique fait jouer la carte du chéquier. De
même, la République Populaire de Chine tente d'obtenir le soutien
à l'ONU des pays africains sur la question de la définition des
zones économiques exclusives qui l'oppose à Tokyo en mer de
Chine284(*). Cette
tendance est rendue explicite par une expression
imaginée : « Le vaste nombre des pays du
tiers-monde s'unira certainement et soutiendra la Chine comme de nombreuses
fourmis protégeant l'éléphant du
danger »285(*). Et selon le Ministre chinois des Affaires
Etrangères, pour réussir à contrecarrer les manoeuvres
occidentales, la Chine et l'Afrique devraient travaillés main dans la
main, ceci, dans l'intention de contenir ou d'affaiblir les puissances
occidentales pas toujours favorable aux intérêts chinois286(*).
Deuxièmement, elle a entrepris d'asseoir une influence
culturelle en Afrique, domaine dans lequel l'avancée des puissances
occidentales traditionnelles comme la France et les Etats-Unis est
inégalée pour l'instant. Celle-ci passe par des stratégies
de « low ou ligh soft power » selon qu'elles
visent les citoyens en général ou l'élite politique,
militaire et diplomatique287(*). Elle a multiplié l'octroi des bourses aux
étudiants288(*)
et accorde des visas aux africains. Par ailleurs, elle s'est engagée en
2006 lors du 3e forum de Coopération Chine-Afrique, à
former 15000 africains dans ses écoles et universités. Elle a
mise sur pied plusieurs Centres Culturels ayant pour objectif de
répandre l'usage de la langue chinoise en Afrique. La promotion des
Instituts Confucius, équivalents des Centres Culturels Français
ou Américains, participe du « Low Soft
Power » et constitue un des instruments à travers
lesquels les autorités chinoises entendent créer un cadre
d'interaction entre chinois et africains289(*). Dans le domaine des médias, la China Central
Télévision (CCTV) a inauguré, en septembre 2007, une
chaîne en langue française destinée prioritairement aux
auditeurs francophones. En février 2006, Radio Chine Internationale
(CRI) a ouvert une station en modulation de fréquence à Nairobi,
au Kenya qui diffuse en anglais, chinois et swahili. D'autres stations ont
aussi vu le jour sur le reste du continent. Cependant, ces initiatives
démontrent une vision d'ensemble, la Chine étant consciente que
son éventuel statut de grande puissance tiendra pour une bonne part
à son rayonnement culturel290(*).
En troisième lieu, la Chine utilise l'Afrique pour
s'ériger en grande puissance afin de jouer un rôle majeur sur la
scène internationale. Pékin milite désormais pour le
maintien de la paix dans le monde en général et en Afrique en
particulier. Plus que par le passé, elle participe dans le cadre de
l'ONU aux missions de maintient de la paix dans le monde pour se faire une
image d'acteur responsable, facteur de stabilité dans le monde. En se
comportant de la sorte, le géant de l'Asie vise un double objectif. D'un
côté, elle veut montrer à ses partenaires africains qu'elle
est prête à l'assister dans la résolution de leurs conflits
intérieurs. De l'autre, la Chine lance un signal fort à la
Communauté Internationale en se posant en grande puissance, garante de
la paix dans le monde. Dans la pratique, on a enregistré un réel
accroissement des contributions matérielles, de même qu'un
renforcement du personnel chinois mis à la disposition de l'ONU en
Afrique, mais aussi au Liban, en Haïti et au Timor Oriental. Au 30 juin
2010, la Chine participait à 10 des 16 opérations onusiennes en
cours, déployant un total d'environ 2012 casques bleus.
L'Afrique est d'emblée un bénéficiaire
privilégié de cet engagement chinois sous l'égide de
l'ONU, puisque plus de 1600 casques bleus chinois, c'est-à-dire
près de trois quart, sont présents dans six des sept missions en
cours sur le continent. En juin 2006, la Chine a pris, pour la première
fois au sein du Conseil de Sécurité, l'initiative de soutenir le
plaidoyer africain pour le déploiement d'une mission de paix en Somalie.
De plus, deux flottes chinoises qui révèlent aussi les ambitions
de projection militaire de Pékin ont été affectées
à la mission anti-piraterie dans le golfe d'Aden au large des
côtes somaliennes, la première à la fin 2008 et la seconde
au mois d'avril 2009. Enfin, ces dernières années on note une
réelle adaptation dans l'approche chinoise dans le sens du pragmatisme
qui se manifeste par un engagement croissant sur le plan économique.
2- Des raisons économiques
Trente ans après le début des réformes,
la présence de la Chine en Afrique est devenue dynamique,
sophistiquée et multidimensionnelle. Elle soulève par la
même occasion des défis et enjeux complexes car, la dimension
économique de la pénétration chinoise quant à elle,
est révélatrice des ambitions de Pékin. Ainsi, en misant
sur la diplomatie pour réussir l'ouverture de la Chine au monde et
conforter ses chances de développement, Den XIAOPING, l'artisan de la
Chine moderne posait en filigrane les exigences de la politique
extérieure chinoise en Afrique. Ses successeurs Jiang ZEMING et Hu
JINTAO ont compris que la coopération militante teintée
d'idéologie tiers-mondiste devait céder le pas à une
approche pragmatique centrée avant tout sur les intérêts de
la Chine. Réalisme et pragmatisme semblent être les leviers sur
lesquels s'appuie Pékin pour mettre en oeuvre sa diplomatie
économique et commerciale en Afrique, nouveau poumon stratégique
de puissance.
Sécuriser ses voies d'approvisionnements
énergétiques et pénétrer les marchés
africains sont les deux axes, respectivement défensif et offensif, de sa
politique. La présence chinoise à travers une percée par
le Soudan du Sud obéit à cette logique. En effet, Pékin ne
dispose pas de savoir faire technologique pour exploiter ses réserves
naturelles à cause des contraintes géologiques et surtout en
raison de ses raffineries inadaptées pour traiter la haute teneur en
sulfure de son pétrole. A ces contraintes d'ordre technique, s'ajoute
une raison géopolitique majeure : la Chine, depuis les
conséquences énergétiques de la rupture avec l'URSS dans
les années 60, a toujours redouté une « energy
containement ». Pierre Antoine BRAUD en conclut
que : « la croissance économique chinoise
pouvant être remise en cause, il s'agit pour Pékin de diversifier
ses sources d'approvisionnements, sans recourir au marché international,
mais en obtenant un contrôle durable de l'exploitation et de la
production »291(*).
La politique africaine de la Chine s'inscrit également
dans le cadre plus large d'une stratégie de contournement ou
d'affaiblissement des puissances occidentales ou assimilées (...), dans
une situation internationale décrite à Pékin comme
« complexe », c'est-à-dire, pour
décoder la terminologie officielle, peu favorable aux
intérêts chinois292(*). Dans ce contexte, la politique africaine de la
Chine se distingue par l'accent officiellement mis sur « le
respect des intérêts des pays africains », en
opposition au modèle néocolonialiste traditionnel293(*). Le livre blanc sur la
politique africaine de la Chine publié pour la première fois
à Pékin au mois de janvier 2006 précise que
: « La Chine oeuvre à établir et
développer un nouveau type de partenariat stratégique
marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan
politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan
économique »294(*). Cette position reprend les principes
généraux de la coexistence pacifique qui demeure pour
Pékin d'actualité et s'exprime quasiment dans les mêmes
termes depuis la déclaration publiée lors de la visite de Jiang
ZEMING en 1996, jusqu'aux cadres fondateurs du Forum de Coopération
Chine-Afrique en 2000.
Il s'agit pour Pékin de développer les
échanges, en multipliant les visites de haut niveau qui soulignent
l'importance de l'Afrique, d'accroître l'aide « sans
condition politique », de pousser la Communauté
Internationale à augmenter son soutien, et de défendre le
rôle de l'Afrique sur la scène internationale. Il en
résulte que dans le discours chinois, cette stratégie s'exprime
par la défense d'un ordre économique plus juste fondé sur
le respect sourcilleux de la non ingérence qui rencontre un écho
incontestable sur le continent noir. Robert Mugabe n'exprimait-il pas en mai
2005 à l'occasion du 25e anniversaire de
l'indépendance du Zimbabwe qu' « il nous faut nous
tourner vers l'Est, là où se lève le
soleil »295(*) ? Véritable champ de bataille de la
guerre contre le terrorisme avec en ligne de mire des visées
géostratégiques, l'espace sahélien est de plus en plus
vulnérable face à l'extrémisme islamique, qui essaie
d'étendre son influence à travers le sahel et le reste de
l'Afrique.
SECTION II : LE SAHEL, TERRAIN DE JEU DES
ISLAMISTES ARMES
Depuis une dizaine d'années, on assiste à un
retour du sahel sur la scène politique internationale et
médiatique. Cette immense étendue désertique traverse en
effet une période agitée en raison de l'installation des groupes
islamistes qui ont fait de son sol, leur terrain d'action (Paragraphe I) et
leur nouveau foyer pour l'islam religieux en Afrique (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : L'ESPACE SAHELIEN, UNE ZONE PRISEE PAR
LES TERRORISTES
La zone Sahélo-saharienne est un immense paradis
sableux (A) qui, géographiquement profite aux mouvements terroristes et
différents trafiquants qui entretiennent des relations, nouent des
alliances pour mieux s'installer dans la région (B).
A- L'espace sahélien, `'un océan de
sable''
L'espace géographique sahélien, fragile de son
état est une zone facilement manipulable pour les groupes terroristes
(1) qui en ont fait de cette région, leur refuge et une zone de non
droit (2) comme la Somalie, les montagnes afghans ou du Yémen ou encore
comme les gorges du Pankissi en Géorgie où sévissent les
terroristes tchétchènes.
1- Une zone facilement manipulable
Le sahel et le Sahara forment des espaces immenses,
assimilés à un « océan de
sable » qui s'étend de l'Atlantique à l'Ouest
à la Mer Rouge à l'Est sur 6000 km de longueur. Le Sahara couvre
une superficie de 8 millions de km2 et le sahel 3 millions de km2. Ils couvrent
à eux deux une région ayant trois sous régions comprenant,
l'Afrique du Nord située au Nord du désert du Grand Sahara avec
cinq Etats : la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la
Mauritanie ; l'Afrique de l'Ouest qui comprend approximativement les pays
côtiers au Nord du golfe de Guinée jusqu'au Sénégal
ainsi que les pays de l'arrière pays sahélien et le sahel, qui
désigne la bande de territoire marquant la transition à la fois
floristique et climatique entre le domaine saharien au Nord et les savanes. Du
fait de leur porosité, de leur étendue et de leur
imprécision, les frontières sont faciles à franchir. Ces
avantages tendent à étayer l'information selon laquelle AQMI
aurait son sanctuaire dans la région montagneuse du Timétrine, au
Nord-ouest de l'Adrar, des Ifoghas au Mali296(*). Cela gène considérablement la
localisation d'unités mobiles, d'otages, ainsi que toute action
militaire.
Si les combattants de l'AQMI perpétuent leurs actions
dans le Nord de l'Algérie, il convient toutefois de reconnaître
que ce sont bien les deux katibas du Sud associer aux autres mouvements
terroristes récemment crées qui font désormais la
renommée d'AQMI. De par ses caractéristiques
géographiques, politiques et socioéconomiques, le sahel est un
terrain propice à l'établissement des groupes terroristes,
à la recherche d'un lieu hors de portée des services de
sécurité étatiques. AQMI a aussi profité de la
détresse et de la pauvreté d'une partie de la population de la
région ainsi que de la fragilité sécuritaire des Etats
pour mieux s'implanter. Les autorités maliennes et nigériennes
ont longtemps délaissé la partie Nord de leur territoire pour ne
développer que les zones avoisinant le fleuve Niger297(*). Cela a favorisé
l'émergence des rancoeurs que les islamistes alimentent en fournissant
des aides financières et médicales aux populations
abandonnées.
L'autre élément explicatif de la facilité
d'action de l'AQMI dans la région réside dans les vestiges des
luttes infra étatiques. Depuis vingt années, des conflits
opposent régulièrement les gouvernements à des franges de
leur population souhaitant bénéficier des revenus issus des
richesses naturelles de leur pays. Ces luttes ont eu comme conséquence
l'apparition de bandes armées ayant pris le contrôle de pans
entiers de ces territoires, faisant du sahel une zone de quasi non droit.
L'absence de moyens humains et militaires a fait apparaître un large no
man's land échappant à tout contrôle. Et comme la nature a
horreur du vide, l'espace sahélo-Saharien s'est vite transformé
en un sanctuaire pour les groupes rebelles et terroristes298(*).
2- Le sahel : une zone de non droit pour les
terroristes et jihadistes
Le sahel, caractérisé par son extrême
porosité et par un contrôle étatique très faible
voire inexistant, possède tous les atouts pour devenir le nouveau
sanctuaire islamiste de la planète. Comme l'a écrit Mehdi TAJE,
chargé des Etudes Africaines à l'Institut de Recherche
Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM) : « la
vulnérabilité du sahel découle de la
vulnérabilité des Etats »299(*). L'éloignement des
capitales des Etats riverains a favorisé la marginalisation des zones
sahélo-sahariennes. Il en est résulté une montée en
puissance des groupes rebelles et jihadistes aggravant l'instabilité de
la bande sahélienne et menaçant la sécurité et
l'intégrité territoriale des Etats riverains. L'occupation du
Nord du territoire malien est une illustration de cette montée en
puissance qui risque, s'il n'y est pas mis fin, d'ouvrir la voie à une
balkanisation des Etats de la région ; d'où l'empressement
manifesté par la CEDEAO de se saisir de la crise malienne ; pareil
pour la France via « l'Opération
Serval ».
L'urgence est de rigueur, la précarité de cet
espace risque de s'étendre et s'installer sur la longue durée
profitant du fait que le sahel et le Sahara soient devenus des territoires en
dégénérescence. Des narcotrafiquants y ont trouvé
un terrain de prédilection pour mener leurs activités criminelles
en s'associant aux groupes rebelles et jihadistes. La région s'est
transformée en une véritable « plaque
tournante » pour les trafics de stupéfiants
(cocaïne, cigarettes, drogues) à côté du regard passif
des Etats sahéliens. Ce trafic a pris une telle ampleur que, de zone de
transit et de commerce, l'Afrique est devenue zone de consommation de cannabis,
de cocaïne et même de drogues dures à grande
échelle300(*) .
La quantité de cocaïne qui passe par les pays de la
sous-région est estimée à environ 40 tonnes par an, ce qui
représente environ, 1,8 milliards de dollars301(*). Cette interconnexion entre
phénomène terroriste et grand banditisme a fait de la
région une des moins sûres du monde.
B- UN ESPACE DE JONCTION ET DE COLLUSION ENTRE
MOUVEMENTS TERRORISTES ET JIHADISTES
Les répercussions de la crise Libyenne ont
été nombreuses dans la zone sahélienne à la suite
du retour en force des groupes terroristes dans le sahel et
particulièrement dans le Nord Mali. Chacun de ces groupes (en fonction
de ses origines, de ses objectifs et de ses modes d'action) et tous ensembles
vont essayés de mettre en place des alliances et dynamiques de
collaboration afin de renforcer leur présence et d'accentuer leur menace
sur le terrain. Dans cette dynamique rebelle éclatée et volatile
(2), AQMI va ainsi créer des liens avec des réseaux terroristes
portant les germes d'une menace particulièrement dangereuse et difficile
à combattre (1).
1- Liaison dangereuse entre AQMI et ses
filiales
Le pire est-il déjà arrivé ou à
craindre ? Une réalité est cependant bien présente,
l'Afrique est l'une des régions du monde qui connaît une
évolution constante de la menace terroriste302(*). Si des liens avec des
réseaux criminels présents au sahel ne sont plus à
démontrer, AQMI en a profité du désordre sahélien
pour mettre en place tout un ensemble de toile qui s'étend au
delà des frontières sahéliennes. Il est établi que
des connexions existent entre AQMI et le Front Polisario. Dans un rapport
intitulé « Terrorisme en Afrique du Nord, de l'Ouest et
Centrale : du 11 septembre au Printemps arabe », le Centre
Internationale pour les Etudes sur le Terrorisme souligne que
« les camps de Tindouf sont devenus, sous l'emprise des milices
du Polisario, un terrain fertile pour les recruteurs des réseaux
terroristes de tous genres et des bandes criminelles, d'où
l'impératif de leur fermeture ». Pour Abdelmalek
DROUKDEL, le chef supérieur d'AQMI, et les émirs successifs de la
zone Sud, Yahia DJOUADI, Nabil MAKLOUFI (décédé en
septembre 2012 dans un accident de voiture), recruter au sein des camps du
Polisario est à la fois un moyen de combler les pertes dans leurs
propres rangs et l'assurance d'obtenir des moudjahidines aguerris, connaissant
parfaitement le terrain saharien303(*). Plus inquiétant encore est la relation entre
AQMI et BOKO HARAM.
En 2009, à la suite de la répression des forces
armées nigérianes contre la secte BOKO HARAM, certains de ses
membres ont trouvé refuge auprès d'AQMI304(*). Un an plus tard, en juin
2010, une réunion entre envoyés de BOKO HARAM et AQMI s'est tenue
dans le Sahara, aboutissant à la signature d'un « pacte de
coopération » incluant notamment une assistance
logistique et l'entrainement de militants nigérians de la part
d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique305(*). Un pan de voile a été levé
avec les informations, révélées en mai 2012 par un journal
nigérian, contenues dans un Rapport adressé au Président
Nigérian par les services de sécurité et de défense
sur la base des liens entre BOKO HARAM et AQMI, particulièrement des
formations reçues par les membres du groupe nigérian en
matière de prise d'otages306(*). Sur la base de ces informations (si elles
s'avéraient correctes), il semblerait bien qu'AQMI ait sous
traité la prise d'otages d'étrangers à BOKO HARAM ;
illustrant une fois de plus les liens opérationnels établis entre
BOKO HARAM et AQMI. Liens qui poussent à s'interroger sur la
récente prise d'otage du 19 février 2013 d'une famille de
touristes de nationalité française dans la localité de
Dabanga, située à 80 km de Koussérie au Nord du Cameroun
près du Nigéria.
ANCAR DINE de son vrai nom « Jum'a Ansar Al-Din
Al Salafiya », « le groupe des défenseurs
salafistes de la religion » en arabe oeuvre aussi avec AQMI pour
imposer leur loi islamique. Avant d'être chasser au Nord du Mali plus
précisément dans la ville de Tombouctou, où ils
étaient présents, le couple AQMI-ANSAR EDDINE faisait appliquer
des lois islamiques307(*). Dans une vidéo de présentation et de
propagande envoyée à l'Agence France Presse, le bras droit d'Iyad
GHALY308(*) affirme
que : « c'est une obligation pour nous de combattre
pour l'application de la charia au Mali ». Cette jonction
dangereuse arabo-africaine de groupes locaux et djihadistes d'AQMI, dans un
contexte d'affaiblissement et d'effritement progressif du front asiatique du
djihad, fait craindre un basculement du front du djihad vers le Sahara et
l'Afrique de l'Ouest à la faveur d'un déclin d'Al-Qaïda en
Asie et de la montée en puissance de sa branche maghrébine, avec
une volonté d'étendre la zone d'action de la mouvance terroriste
en s'appuyant sur des groupes armés locaux et en profitant des
fragilités et de la faiblesse des moyens de nombreux Etats309(*).
2- Une dynamique rebelle éclatée et
volatile
Si des connexions entre AQMI et groupes armés aux
motivations plus ou moins religieuses sont bel et bien réelles, la
cacophonie semble toujours de mise. En effet, les différents groupes
armés sévissant au sahel entretiennent le floue en ce qui
concerne leur cohésion. L'observation faite sur ces groupes
relève leur fragilité tant interne qu'externe. S'il
apparaît que ceux-ci ont pour point commun leur appartenance à
l'idéologie salafiste, c'est-à-dire dans ce cas une lecture
« littéraliste des textes de l'islam, rejetant toute forme
d'interprétation fondé sur la raison humaine » et
engageant le musulman à vivre selon des principes du coran et de la
sunna du prophète310(*), la dynamique des alliances semble remise en cause.
La situation au Nord du Mali a révélé des
velléités (expansionnistes) entre mouvements islamistes radicaux
et la nébuleuse terroriste affiliée à Al-Qaïda. Le
Mouvement pour l'Unicité et le Djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) est
présenté comme une dissidence d'AQMI. Pour certains analystes, la
démarcation à laquelle on a assisté de la part des membres
du MUJAO serait la conséquence principalement algérienne du
leadership de la branche maghrébine d'Al-Qaïda et de la frustration
croissante de certains combattants originaires des pays autres que
l'Algérie vis-à-vis de ses réticences ou de son peu
d'empressement à leur confier plus de responsabilités311(*). C'est notamment la
thèse que présente Mohammed MAHMOUD ABU AL-MA' ALI312(*), écrivain et analyste
spécialisé dans les mouvements islamistes armés en
Mauritanie, pour qui la création du MUJAO serait le fait de Soultan OULD
BADY313(*). Cette
scission pourrait également provenir de la volonté des membres
à l'origine de la création du MUJAO d'étendre le djihad au
Sud du Sahara, y compris contre les pouvoirs en place314(*). D'autres voient
également cette division comme la conséquence des reproches
faits à AQMI d'être principalement actif dans des activités
criminelles (prise d'otages et autres), délaissant le djihad. Enfin, il
est aussi évoqué des dissensions sur la base de la
répartition des rançons. Toutefois, quelques soient les raisons
qui ont conduit à la création du MUJAO, il existe un lien
évident entre le mouvement et AQMI. Et il faut noter aussi qu'il existe
d'autres groupes dissidents du MUJAO dont le Mouvement Arabe de l'AZAWAD (MAA)
et ANCAR El CHARIA qui sont présents dans le sahel.
Le Mouvement National de Libération de l'AZAWAD (MNLA),
qui avait lancé l'offensive contre les forces maliennes le 17 janvier
2012 et qui avait rapidement emmené la chute de trois provinces du Nord
- Kidal, Tombouctou et Gao s'est fait totalement dépasser par les
islamistes315(*). Si
pour l'heure, il reste toujours présent au Nord du Mali, plus
précisément à Kidal au côté du Mouvement
Islamique de l'AZAWAD (MIA), groupe dissident de ANCAR DINE, certaines sources
affirment qu'il n'a pas de crédibilité. D'ailleurs, des mandats
d'arrêts ont été lancés contre les chefs de la
rébellion Touareg du MNLA et des groupes islamistes armés ANCAR
DINE, MUJAO, AQMI, accusés notamment de terrorisme et de
sédition, a indiqué le procureur général
près de la Cour d'Appel de Bamako, Daniel TESSOUGNE316(*). Quelque soit l'importance
que représente ces groupes dans l'émergence de l'islam radical et
du terrorisme, il est nécessaire de préciser qu'à la base
se trouve également le fanatisme qui meut un certain nombre d'islamistes
radicaux et de terroristes, se manifestant par le sentiment, mieux, la
conviction que le combat est juste. A lui tout seul cet élément
représente un moteur particulièrement puissant pour la
constitution d'une place forte pour l'islamisme radical au sahel.
PARAGRAPHE II : LE SAHEL, NOUVEAU FOYER DU
MILITANTISME ISLAMIQUE EN AFRIQUE
Par « militantisme islamique »,
on entend ici des groupes et mouvements musulmans qui, se fondant sur des
préférences religieuses, cherchent à faire appliquer des
normes religieuses, sociales et politiques par la violence317(*). Ces
préférences religieuses considérées à leur
tour par ceux qui les interprètent sont celles devant faire
autorité. Les récents événements survenus au Mali,
notamment la prise de plusieurs villes importantes par des groupes islamistes,
viennent souligner que cette menace islamiste qui a trouvé un foyer de
prolifération en Afrique noire menace plus que jamais la paix et la
sécurité internationale. Un bref rappel historique de la
présence islamique radicale dans la zone sahélienne (A) et les
premiers signes de sa manifestation permettraient d'y voir un peu plus clair
dans quel carcan s'est laissé prendre le sahel (B).
A- Historique de la présence de l'islam radical
dans la région sahélienne
La montée du militantisme islamique dans certaines
parties du sahel et dans la corne de l'Afrique est un facteur dangereux pour la
stabilité régionale. L'attrait de ce mouvement provient de sa
capacité à puiser dans les communautés abandonnées,
notamment les plus exposées que sont les jeunes, pour les convaincre
qu'il est possible de répondre à leurs doléances en
établissant une culture islamique plus pure. Ainsi, la guerre civile en
Algérie et l'émergence du terrorisme armé (1)
combinés avec la descente des groupes armés au Sahara et au sahel
(2) peuvent être analysés comme des facteurs initiateurs et
à l'origine dans une certaine mesure de cette poussée islamique
au sahel.
1- La guerre civile en Algérie et
l'émergence du terrorisme armé (GIA)
L'islam au Sud du Sahara concerne environ 150 millions de
personnes, ou, si l'on veut, un africain noir sur trois318(*). Cette communauté
représente le huitième de la
« Umma » (communauté musulmane) dans le
monde. L'islam africain est, historiquement, l'héritier, depuis le moyen
âge, des échanges commerciaux à travers le Sahara et
l'océan Indien. Cet héritage explique la disposition
géographique de l'Afrique noir islamisée : une bande de
territoires soudano-sahéliens qui traverse en écharpe le
continent africain, entre le Sénégal et la corne de l'Afrique,
avec un prolongement le long de la côte de l'océan
Indien319(*). Depuis, on
assiste, avec le surgissement de nouvelles générations et de
nouveaux cadres, à des phénomènes d'affirmation islamique
et de réislamisation. La vieille grille d'analyse qui faisait de l'islam
africain le domaine des confréries, c'est-à-dire des structures
de patronage religieux contrôlant leurs fidèles et naturellement
enclins aux compromis avec les pouvoirs, ne suffisent plus à rendre
compte des réalités sociales nouvelles320(*). Comment en est on
arrivé là ? Que s'est-il passé ?321(*)
Difficile d'aborder la question du terrorisme au sahel sans
évoquer d'abord l'Algérie, d'où sont originaires AQMI et
une bonne partie des leaders djihadistes de la région. L'Algérie
se trouve entre 1991 et 2005 en plein conflit dans ce que certains ont
qualifié de décennie noire, « guerre civile
algérienne », « décennie du
terrorisme » ou encore « années de
braise » selon Hamit BOZARSLAN322(*). C'est dans ce contexte que l'on verra naître
dans ce conflit armé aux multiples facettes plusieurs groupes
terroristes dont le Groupe Islamique Armé (GIA) dans la grande banlieue
d'Alger. Liess BOUKRAA écrit : « La naissance du GIA
est donc proclamée en octobre 1992, à la suite de l'échec
de la réunion de Tamesguida (les 31 août et 1er
septembre 1992), qui visait à unifier toutes les organisations
terroristes sous l'autorité de Abdelkader
CHABOUTI »323(*). Le GIA est une organisation non centralisée
et morcelée en deux clans dont les djazaristes qui cherchent à
prendre le pouvoir en Algérie et les salafistes qui cherchent à
mettre au point une révolution islamique mondiale. Si le GIA a longtemps
été identifié au DRS (Département du Renseignement
et de la Sécurité algérienne), la secte victorieuse telle
qu'elle se faisait appeler assurait plusieurs fonctions : terroriser par
des crimes injustifiables une population largement acquise à
l'opposition islamiste, se substituer à la véritable
rébellion armée pour la discréditer (FIS) et provoquer des
dissensions internes, pousser à l'armement de la population civile pour
combattre le « terrorisme », justifier la
« guerre totale » contre les civils, faire
accepter les mesures antisociales draconiennes, bénéficier du
soutien international324(*) . Sans compter les exhibitions musclées et
les provocations menées par les foules endoctrinées lors des
manifestations, scandant les slogans du « pourchas du mal et la
prédication du bien ». Ainsi, animés par un esprit
vindicatif et d'une haine viscérale contre l'Etat et contre leurs
propres acolytes, munis de brevets de légitimation de la violence que
leur offraient les Fatwa de leurs pairs les autorisant à
interpréter la charia comme bon leur semblait, les GIA se sont
lancés dans une guerre sans répit et contre tout le monde.
2- La descente des groupes armés au Sahara et
au Sahel
Dans `'A Season in Hell-My 130 Days in Sahara with
Al-Qaeda''325(*), Robert
R. FOWLER, diplomate Canadien aujourd'hui à la retraite et
kidnappé le 14 décembre 2008 au Niger par AQMI, revenait sur le
danger sans cesse croissant que représentait cette mouvance islamiste
radicale en Afrique sub-saharienne. La fragilité des pays
sahéliens est structurelle, et donc inquiétante car à
proximité directe de plusieurs Etats sensibles, considérés
comme des foyers potentiels ou actifs de l'islam radical : Soudan, Libye,
Nord du Nigéria et Algérie. Les zones septentrionales des pays
sahéliens sont des zones de repli pour certains groupes terroristes
algériens, comme l'actuel AQMI. AQMI a bénéficié,
du moins dans un premier temps, des facilités au Mali et, plus
tardivement, en Mauritanie. Ses hommes pouvaient pénétrés
les territoires des deux Etats à condition de ne se livrer à
aucune violence et d'éviter les accrochages avec les forces
armées locales326(*). D'autres indices montrent qu'Al-Qaïda aurait
tenté de mettre sur pied dans la zone sahélo-Saharienne une
véritable ambassade, pour recruter des sympathisants et les organiser en
cellule. Le yéménite Imad ABD AL-WALID AHMED ALWAN s'est ainsi
déplacé en 2002 depuis l'Afghanistan pour venir en Mauritanie, au
Niger, au Tchad et au Nigéria. Cet homme connu également sous son
nom de guerre, Abou MOHAMMED, aurait été envoyé dans la
région par Ben Laden et sera abattu en 2002 par les forces de
sécurité algérienne.
Ceci étant, le véritable déploiement de
l'AQMI au sahel date, en fait, de l'été 2003. En effet, durant
toute la décennie de la guerre civile algérienne, de 1992
à 2002, le Sud algérien a été essentiellement
utilisé comme zone de passage par les trafiquants d'armes, mais aussi
par les terroristes islamistes algériens cherchant à fuir leur
pays327(*). En 2005, un
Rapport de l'International Crisis Group (ICG)328(*) révélait que les ONG et les
associations caritatives islamiques des pays du golfe pouvaient facilement
financés et contribués à la radicalisation des groupes
violents au sahel. Aujourd'hui, le théâtre sahélien semble
faire l'objet d'une nouvelle poussée de l'islam politique, voir
extrémiste. Dans ce cadre, toutes les grandes sources de l'islam radical
se positionnent peu à peu au sein des pays de la région en
s'appuyant sur leur légitimité spirituelle et historique. Par
ailleurs, ces nouvelles forces, tout en étant de nature
trans-étatique, sont pilotées par les Etats moteurs de
l'islamisme radical (Arabie Saoudite, Pakistan, Iran et Soudan) et
interagissent avec les forces islamiques et groupes terroristes autochtones,
les confréries et ceci, de manière propre à chaque pays.
Le fait que le gouvernement malien n'ait pas su investir
systématiquement et maintenir une forte présence de L'Etat dans
le Nord, par exemple, a instauré un climat propice à l'essor du
militantisme islamique et à l'escalade de la violence dans cette
région329(*). Ces
dernières décennies, certaines tendances au sein du Salafisme ont
appelé de façon croissante à l'établissement d'un
ordre politique islamique pour qu'aboutisse cette quête de pureté
religieuse.
Ces influences sont très bien visibles au sein
d'AL-SHABAAB en Somalie et de BOKO HARAM au Nigéria et chez les
terroristes sahéliens. Plus particulièrement, d'aucuns ont
l'impression que l'islam est menacé par des forces de contamination, et
qu'il est impossible de protéger la pureté religieuse dans des
systèmes politiques non musulmans et que le recours à la force
est la seule issue. AL-SHABAAB et les militants maliens sont parvenus à
s'assurer une emprise territoriale, si fragile qu'il soit à cette fin.
En mettant sur pied des règles strictes visant à instaurer un
environnement pieux, ils ont détruit les sanctuaires Soufis, des livres,
parchemins et antiques sacrés, et réprimés des
activités « immorales » telles que l'usage
du tabac, de l'alcool et du `'Khat'' par l'application de la charia et de
sanctions `'hudud'' (restrictions) telles que la peine capitale, l'amputation
ou la flagellation, sans oublier les campagnes d'endoctrinement330(*) et de recrutement auxquelles
se sont livrées les groupes djihadistes (AQMI et MUJAO) opérant
dans la région et spécialement au Nord-Mali. Dans ces conditions,
la résurgence d'un islamisme radical au sein de la bande
sahélienne doit être pris au sérieux tant les
prémisses avaient déjà vu le jour avec le
phénomène des prises d'otages.
B- Les premiers signes de la présence de l'islam
radical au sahel
Les signes avant coureurs de la présence effective de
l'islam radical au sahel peuvent être analysés d'abord à
travers la prise d'otage d'occidentaux en 2003 dans le Sud de l'Algérie
(1) et par la suite, par l'extension de ce phénomène vers les
pays Saharo-sahéliens (2).
1- La prise d'otage de 2003 par Abderrazak EL
PARA
En 2003, un groupe dirigé par Amari SAIFI dit
`'Abderrazak EL PARA'' a eu les honneurs de l'actualité en
`'négociant'' la libération de trente deux touristes occidentaux
enlevés dans le Sud algérien331(*). Prise d'otages ou sur médiatisation par la
négociation d'El Para ? Jusqu'à la fin 2002, la
« visibilité » du GSPC futur AQMI reste
relativement limitée : les journalistes algériens
réputés être la bouche et les yeux du DRS n'en font que
rarement état. Et la violence résiduelle qui perdure depuis 1998
jusqu'à 2002 reste principalement attribuée aux GIA, ou à
d'autres groupes plus ou moins visibles qui prétendaient
substitués cette organisation, comme le Groupe Salafiste Libre (GSL) ou
le Groupe Salafiste Combattant (GSC). Dès 1999, quelques journalistes
algériens aux ordres font bien état des liens entre le GSPC et
Al-Qaïda, mais ceux-ci ne sont pas pris en considération. La
situation bascule le 4 janvier 2003 : Ce jour là, à la
veille de l'arrivée d'une délégation militaire
américaine, venue notamment discuter d'une reprise des ventes d'armes
à l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, la presse
algérienne rapporte qu'un groupe du GSPC, conduit par Abderrazak EL
PARA, a attaqué un convoi militaire près de Batna, tuant 43
soldats332(*). C'est
l'opération la plus spectaculaire attribuée jusque là au
GSPC qui ne sera jamais revendiquée. Cette affaire restera
mystérieuse, les journalistes algériens qui ont tenté d'en
savoir plus se heurtant à un mur de silence333(*).
A la mi-mars 2003, survient une nouvelle affaire, fort
mystérieuse. Les médias européens annoncent la disparition
de touristes dans le Sahara. Entre le 22 février et le 23 mars 2003, six
groupes de touristes sont enlevés avec leurs véhicules dans le
désert, près d'Illizi : trente deux personnes au total, dont
seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un
Suédois. Ils vont vivre une odyssée éprouvante, qui
coûtera la vie à une femme, victime d'une insolation. Pendant des
semaines, les médias, les responsables politiques et les familles des
otages spéculent sur l'identité et les revendications des
ravisseurs qui ne sont pas connues. Les otages seront libérés en
deux temps, le 13 mai et le 18 août 2003, et les « sources
sécuritaires » de la presse algérienne annonceront que
l'opération a été menée, au nom du GSPC, par
Abderrazak EL PARA jusque là réputé être
l'émir de la zone 5 du GSPC. Présenté comme un
« lieutenant de Ben Laden » chargé
d'implanter Al-Qaïda dans la région du sahel, l'affaire des otages
marque ainsi l'entée du GSPC sur la scène internationale et,
selon les partisans de la thèse d'une présence d'Al-Qaïda au
sahel, l'entrée de l'organisation de Ben Laden dans la région et
le signe de la menace islamiste.
2- L'extension vers les pays
Saharo-sahéliens
En mars 2004, lors d'une visite en Algérie, le
Général Charles WALD, commandant en chef adjoint des forces
américaines en Europe (EUCOM), affirmait que des membres d'Al-Qaïda
tentaient de s'établir « dans la partie Nord de l'Afrique,
au sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan,
lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit
stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux
membres »334(*). En effet, depuis le rapt des otages par El Para
dans le Sud de l'Algérie, le sahel est devenu un terrain
d'enlèvement et de prises d'otages. L'obtention du label Al-Qaïda
au Maghreb Islamique en 2007 signe le début de l'internalisation de
l'organisation, tant du point de vue des combattants que des territoires. Cette
internalisation est observable dans les actions menées par AQMI et les
groupes djihadistes au sahel entre 2007 et 2013, et s'appuie sur des
opérations à grande échelle avec le kidnapping des
ressortissants occidentaux.
AQMI a développé une véritable industrie
criminelle des otages au sahel qui s'alimente moyennant rançon. Cette
industrie de l'enlèvement est si prospère que les prises d'otages
ont connu une croissance de 150% entre 2008 et 2009. Il apparaît
clairement que l'année 2008 a été une année juteuse
du point de vue de la prise d'otages d'étrangers. Dès lors,
« les brigades du Sahara » se sont mises à
enlever des ressortissants des pays occidentaux, y compris le Canada et les
Etats-Unis335(*). Tous
ont été libérés contre des rançons, à
l'exception du britannique Edwin DYER (exécuté en 2009) et du
français Michel GERMANEAU (vraisemblablement mort par manque de soins
médicaux le 25 juillet 2010). Une fois enlevés, les otages sont
généralement transférés vers le Nord du Mali, une
zone sous contrôle des terroristes où ils sont
échangés contre la `'Diyya''336(*), sont retenus ou exécutés. La prise
d'otages, accompagnés de demande de rançon, et quelques fois de
demande de libération de djihadistes retenus prisonniers dans certains
pays de la région (Mauritanie, Mali, Niger) ou hors du continent, s'est
également illustrée comme le principal mode opératoire
d'AQMI337(*). A cet
effet, depuis 2003, 53 personnes ont été prises en otages dans le
sahel par les groupes terroristes y opérant et ce
phénomène tend de plus en plus à s'élargir
maintenant en Afrique Subsaharienne.
Outre ces actions, il semblerait qu'AQMI, tout au moins ses
katibas sahéliennes, jouent également de plus en plus un
rôle majeur dans le transfert de savoirs terroristes et
précisément dans la formation338(*) et le soutien logistique à d'autres
organisations ou mouvements islamistes radicaux de la sous région ou
même du continent, tels que BOKO HARAM ou les milices somaliennes
Al-SHABAAB. C'est notamment ce que précise la Stratégie Nationale
Américaine Antiterroriste publiée en juin 2011339(*). La mort le 31 mai 2012
à Kano de l'ingénieur Allemand Edgar Fritz RAUPAUCH et la prise
en otage en mai 2011 d'un britannique et d'un italien travaillant pour le
compte d'une firme italienne de construction, attribué à un
groupe supposé être associé à BOKO HARAM (et avoir
des liens avec AQMI), et leur mort le 8 mars 2012 lors d'une tentative de
libération par des forces de sécurité nigériane et
britannique (dans l'Etat de Sokoto, Nord-Ouest du pays) pousse à
s'interroger, sur l'éventualité d'une évolution vers la
prise d'otages d'occidentaux. Le fait que BOKO HARAM ait explicitement
nié son implication dans cette prise d'otages nourrit le doute d'autant
plus qu'elle a récemment revendiqué l'enlèvement de la
famille française Moulin-Fournier au Cameroun le 19 février 2013.
Se pose ainsi la question de savoir si BOKO HARAM jouerait le rôle de
geôlier pour le compte d'AQMI ? Il importe donc que les pays de la
région se mobilisent pour que le vent du sahel ne devienne pas un
« harmattan »340(*) pour le reste du continent.
CONCLUSION DU CHAPITRE II
« Sahara ? Un désert et des
« Sahara » !...De la terra incognita au
contrôle des ressources minières par les puissances occidentales
et les pays producteurs de pétroles en passant par un espace
quadrillé par des narcotrafiquants, des rebellions armées, des
circulations d'armes et, au Mali, sanctuarisé par Al-Qaïda au
Maghreb Islamique (AQMI), qu'est devenu le Sahara depuis les Limes
Romains ? »341(*). Au cours de l'histoire, on retiendra que ce
désert a été et aura été le lieu d'enjeux
multiples entre forces de pénétrations extérieures et
acteurs aux pratiques de délinquance et de criminalité. L'espace
sahélien outre les enjeux énormes qu'il présente, est
sillonné par une bande de djihadistes et de bandits-terroristes dont
l'objectif est de créer un axe du terrorisme sur le continent. A la
question « quels sont vos objectifs ? »,
Abdelmalek DROUKDAL, alias Abou MOUSSAB ABDELWADOUD, le chef suprême
d'AQMI répondait : « nos objectifs sont les
mêmes que ceux d'Al-Qaïda Mère, que vous connaissez
bien ». « Faire évoluer notre combat du
local vers le régional est une phase clé » et dans
la même interview, DROUKDAL ne cache pas ses ambitions internationales.
Il déroule fièrement sa vision dans sa réponse à la
dernière et vingtième question du New York Times :
« quels sont vos plus grandes
réalisations ? »
« Nous pensons que notre plus grande
réalisation est d'avoir permis que le jihad se perpétue au
Maghreb pendant 16 ans. Il connaît aujourd'hui une phase ascendante car,
grâce à Dieu, nous avons réussi à faire
évoluer notre combat du local vers le régional et à
élargir notre champ d'action aux autres pays maghrébins et au
sahel africain, contribuant ainsi à un renouveau jihadiste
régional342(*) ».
Tout en reconnaissant la nature et l'ampleur de la menace de
l'islam radical et du terrorisme en Afrique de l'Ouest, et
particulièrement dans la bande sahélo-Saharienne, l'un des enjeux
à présent est de continuer à le suivre dans ce que
seraient sans aucun doute ses mutations. L'autre enjeu relève de
l'impérative réponse à apporter à cette
réalité afin d'éviter que l'Afrique devienne un refuge
pour l'islamisme et que le continent ne serve de plateforme à
l'intérieur ou à partir de laquelle des actions seraient
menées non seulement contre et au détriment des pays et des
populations de la région, mais aussi contre la cible du djihadisme
contemporain qu'est l'occident et tout ce qui le représente. Il est
ainsi question de prendre au sérieux la situation ainsi que de ses
possibles évolutions afin de tout mettre en oeuvre pour que le maillon
africain de la chaîne antiterroriste et les dispositifs de lutte contre
le radicalisme, le fondamentalisme et le terrorisme qui doivent exister
à l'échelle mondiale soient établis et/ou
renforcés.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
En termes de réflexion prospective, l'adoubement d'AQMI
par l'organisation d'Oussama BEN LADEN en 2007 a octroyé une nouvelle
envergure à l'action des terroristes islamistes343(*). Profitant du chaos en
Libye, AQMI et les autres mouvements terroristes n'ont pas hésité
à tirer partie de la fragilité des Etats sahéliens pour
prospérer dans la région. Cette situation, conjuguée
à l'absence d'un signal fort de la part de l'Etat malien a permis la
résurgence d'une rébellion Touarègue puis des islamistes
armés qui ont fini par contrôler tout le Nord. Mais, ils ne sont
pas les seuls à avoir contribué à la grave
insécurité au Nord-Mali et à l'instabilité dans le
sahel et en Afrique du Nord344(*). Comme le souligne Mehdi TAJE, « les
puissances étrangères ont quelque part intérêt
à diaboliser la situation sécuritaire au
sahel »345(*).
Sans nier l'existence de quelques éléments se
réclamant du terrorisme djihadiste, la focalisation par les occidentaux
sur le sahel représenté comme une sorte de
« nouvelle zone tribale à la Pakistanaise »
d'où pourraient provenir de lourdes menaces, n'est pas dépourvues
d'arrières pensées346(*). Les pays du sahel sont dotés de ressources
naturelles, parmi lesquelles les substances minérales et les ressources
foncières sont les plus convoités347(*). Il est évident que
la crise économique et la course pour les réserves
énergétiques sont en train de dessiner un nouveau rapport sur la
scène mondial qui ne pouvait pas ne pas toucher les pays du sahel, y
compris le Mali348(*).
Dans ce contexte fortement incertain, trois types de
défis affectent l'espace sahélo-Saharien et rendent compte des
liens étroits entre sécurité, gouvernance et
développement. Pour faire face aux menaces extrémistes, les
dirigeants africains devraient adoptés une démarche
nuancée qui prenne en compte le binôme
« sécurité et
développement ». Aussi, si sur le plan global, il s'agit
de définir effectivement une politique de coopération et
développement durable permettant d'offrir une autre voie aux victimes
des excès du marché, de la
« financiarisation » et de la
mondialisation349(*). Il
s'agit aussi surtout de promouvoir des stratégies
politico-institutionnelles visant à redistribuer équitablement
les richesses nationales aux fins de baisser les tensions politiques et
préserver la paix sociale350(*). L'intégration régionale, incluant le
développement d'un marché commun, pourraient contribuer, pour
reprendre l'expression proposée par Gérard-François
Dumont351(*) à
réaliser un « Sahel Nostrum », voie
privilégiée pour l'éradication de mouvements type AQMI.
DEUXIEME PARTIE : AL-QAIDA AU MAGHREB
ISLAMIQUE : LOGIQUE DE DEFIANCE SECURITAIRE ET OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT
DANS L'ESPACE SAHELIEN
Quel contenu donner précisément à une
ambition ou à un projet associant les préoccupations de
sécurité et de développement au sahel ? La
réponse à cette question n'a pas encore été
formulée. Le sahel est une des régions les plus pauvres du monde.
Il est confronté à la fois à des problèmes
d'extrême pauvreté, aux effets du changement climatique, à
des crises alimentaires fréquentes, à une croissance rapide de la
population, à une gouvernance fragile, à la corruption, à
des tensions internes persistantes, au risque d'une radicalisation et d'un
extrémisme violent, aux trafics illicites et aux menaces que le
terrorisme fait peser sur la sécurité. Les Etats de la
région sont directement confrontés à ces problèmes
et les récents développements politiques au Maghreb et en Afrique
de l'Ouest, plus précisément au Nord Mali ont eu des
conséquences sur la situation dans le sahel, compte tenu des relations
étroites qui existent entre les pays de ces deux régions. On a
maintenant à faire avec un continuum d'instabilité dont le
périmètre est toujours plus vaste, dessiné par ces
relations internationales illicites que sont les activités criminelles
associées aux actions de la terreur352(*).
Face aux entreprises criminelles de l'AQMI et ses menaces
récurrentes, les réponses des Etats n'ont pas été
jusqu'ici, suffisantes. Ponctuées de désaccords, elles sont
caractérisées par une méfiance réciproque qui
grève l'édification d'une véritable politique de
sécurité commune, par des stratégies nationales
parallèles, parfois contradictoires, qui peuvent s'avérer
contre-productives353(*). Les événements qui ont suivi au Mali
après le coup d'état marqué par l'implantation des groupes
armés au Nord de ce pays n'a fait que confirmer l'absence d'une approche
intégrée et coordonner pour faire front commun contre le
terrorisme. La vase d'expansion naturel de ces menaces est incontestablement
l'espace régional. Les problèmes et leurs solutions ne peuvent
être pris à bras le corps qu'à l'échelle de toute la
région. Aucun pays, même le plus grand ou le plus puissant, ne
peut agir seul. Imaginons par exemple que le Mali réussisse à
chasser de son territoire la totalité des groupes armés qui y
sévissent actuellement. Alors ces groupes se refugieront dans les pays
voisins ; le problème n'aura pas été
réglé, il aura été exporté.
Même s'il est difficile à mettre en oeuvre,
l'action concertée au niveau régionale est une réponse et
même un défi en termes de sécurité et de
développement de l'espace sahélo-saharien, il n'y a pas
d'alternative. Il est désormais question d'atteindre pleinement
l'objectif de la `'Global War On Terror'' lancée par l'ancien
Président américain George WALKER BUSH354(*). Et dans cette visée,
malgré l'existence de certaines initiatives qui ont déjà
vu le jour (Chapitre I), il est plus qu'important pour l'Afrique
d'intégrer les nouveaux mécanismes de paix et de
sécurité pour une action concertée et résolue pour
faire face à la menace du terrorisme au sahel (Chapitre II).
CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES FACE A
LA DEFIANCE SECURITAIRE REGIONALE
En l'absence de décisions rapides, fortes et
cohérentes au niveau régional, continental et international, la
situation politique, sécuritaire, économique et sociale au sahel
s'est détériorée. Si les souverainetés nationales
doivent être respectées et prises en compte, elles ne doivent pas
pour autant être opposables à une approche régionale
destinée à concevoir et opérationnaliser une
stratégie sous-régionale et africaine de protection de la paix et
de promotion d'une sécurité collective. Les menaces à la
sécurité humaine et nationale s'avèrent de plus en plus
avoir une nature et/ou une dimension supranationale, régionale ou
internationale355(*).
Face à ces incertitudes et menaces, les pays du champ et les acteurs
extérieurs qui ont un intérêt dans la région n'ont
guère d'autres choix que de s'impliquer dans la bande
sahélo-saharienne, de défendre activement leur vision de la
région et son avenir. Ainsi, pour faire face à cette menace, de
nature complexe, transnationale, sournoise et évolutive, un certain
nombre d'efforts et d'initiatives (politique, sécuritaire,
économique) ont été mises en oeuvre.
La menace terroriste a, au fil des années, et
particulièrement depuis les récents événements
survenus en Libye et au Mali, progressivement convaincu la Communauté
Internationale et les pays de la sous-région du risque que son ancrage
et son évolution sont susceptibles de faire peser sur la
sécurité, la stabilité et le développement
socio-économique de l'Afrique de l'Ouest356(*). Jakaya KIKWETE,
Président Tanzanien déclarait « plus nous
tarderons, plus le terrorisme international deviendra plus sophistiqué
dans ses stratégies et tactiques »357(*). Ce constat est plus que
d'actualité en Afrique de l'Ouest et pousse à jeter un regard sur
les réponses qui ont été apportées au niveau
sous-régional, régional et international pour prévenir et
combattre ce fléau (section I) et naturellement de s'interroger sur la
question du progrès en termes de développement
socioéconomique de la région (section II).
SECTION I : INITIATIVES REGIONALES ET
EXTRAREGIONALES EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Au moment où l'évolution de la menace terroriste
prend de l'ampleur sur le continent, il est nécessaire de
procéder à une revue et analyse des différentes solutions
qui ont à ce jour été apportées pour lutter contre
ce phénomène. D'emblée, il s'agira de faire une
évaluation des mécanismes sous-régionaux et africains de
paix et de sécurité afin de s'interroger sur leur
efficacité et leur effectivité (Paragraphe I) en passant par une
prospection des initiatives assurées par les acteurs extérieures
(Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : MECANISMES SOUS-REGIONAL ET AFRICAINS
DE PAIX ET DE SECURITE
La présente analyse a ainsi pour objectif de voir
comment l'espace sous-régional sahélien agi face au terrorisme
(A) et comment l'Afrique tout entière tente de répondre à
ces marchands de l'apocalypse venu tout droit d'une autre planète
(B).
A- L'espace sous-régional sahélien et le
terrorisme international
En matière de sécurité et de paix contre
les menaces de types sécuritaires et transfrontalières,
l'ensemble des pays sahéliens ont mis sur pied un ensemble de moyens
destinés à jouer un rôle de premier plan dans la
stabilité de la région. Si une foultitude de mécanismes
existe sur le plan régional pour faire face au terrorisme (1), celle-ci
demeure insuffisante pour répondre aux défis sécuritaires
auxquels la région se trouve confronté (2).
1- Instruments et stratégies
sous-régional de lutte contre le terrorisme
L'espace sécuritaire sahélo-saharien est
confronté à une multitude de défis d'ordre
sécuritaire : montée de l'extrémisme religieux, de
l'islam radical et le terrorisme s'enchevêtrant avec des trafics de tout
ordre et la criminalité transfrontalière organisée.
Défis se nourrissant également de réalités et
considérations socio-économiques et environnementales. Le
terrorisme représente sans doute l'une des menaces les plus
sérieuses, compte tenu notamment de sa nature, souvent sournoise, et de
son évolution actuelle358(*). Face à l'évolution significative qu'a
connue cette menace sur cette partie du continent et au risque de
déstabilisation qu'elle fait peser sur l'Afrique de l'Ouest et dans une
certaine mesure sur le Maghreb et même au-delà, des
réponses doivent plus que jamais être y apportées,
repensées ou tout au moins renforcées359(*). A ce sujet, il convient
sans doute de mettre en oeuvre une véritable culture de la menace, ce
que nous n'avons pas forcément tout à fait
développé aujourd'hui en Afrique. L'Afrique est en pleine
émergence et ne sera jamais, il faut bien s'en persuader, à
l'abri des conflits, y compris et surtout ceux qui trouvent leur origine en
dehors de cette zone. Cela étant, au vue de la situation actuelle dans
la sous-région, un certain nombre d'initiatives ont à cet effet
été conçues et mises en oeuvre par les vingt et un Etats
constituants cet espace.
Il existe en Afrique de l'Ouest un système
régional de sécurité structuré, pour les quinze
pays membres de la CEDEAO : le Mécanisme de Prévention, de
Gestion et de Règlement des Conflits, instauré par le Protocole
de 1999 de l'organisation communautaire360(*). En matière de sécurité, le
mécanisme institué par le Protocole de 1999 joue un rôle
clef. Il a été suivi en 2001 par le protocole additionnel sur la
démocratie et la bonne gouvernance du 21 décembre 2001 qui
complète le mandat permettant à la CEDEAO de s'attaquer de
manière politique, diplomatique et militaire aux causes profondes des
conflits. La coopération au niveau des pays de la CEDEAO en
matière de lutte contre le terrorisme s'illustre également par un
certain nombre de rencontres telles que celle tenue le 23 septembre 2004
à Abuja (Nigéria), siège de la CEDEAO, et rassemblant les
responsables des polices de la sous-région avec pour objectif de
renforcer la collaboration sécuritaire dans la lutte contre les crimes
transfrontaliers et le terrorisme et celle tenue à Abuja en avril et
juin 2006 réunissant les responsables ouest-africains de la
sécurité intérieure afin de renforcer leur
coopération en matière de partage de renseignement, notamment sur
le terrorisme361(*).
Comme on peut le voir, ces efforts, bien que pouvant servir
à la lutte contre le terrorisme, ne portaient pas spécifiquement
sur elle ; il faut dire qu'à ce moment, le terrorisme et la
perception de la menace qu'elle représente n'étaient pas ce
qu'ils sont aujourd'hui avec notamment la crise au Nord du Mali. Pour l'heure,
la menace terroriste a principalement fait l'objet de discussions ou tout au
moins d'évocation lors de réunions de responsables politiques,
militaires et sécuritaires. A cet effet, au-delà des
déclarations, préoccupations exprimées face à
l'évolution de la menace, des condamnations traditionnelles des actes
terroristes et des appels à une coopération renforcée et
sérieuse, peu de décisions et d'avancée significatives ont
été opérées sur la question. Cette propension des
acteurs ouest-africains à être peu réactifs ou concret face
aux défis auxquels leurs régions ou pays sont confrontés a
été une fois de plus démontrer au Nord du Mali avant
l'intervention française dans ce pays.
Toutefois, la CEDEAO a récemment entrepris de
définir une stratégie de lutte contre le terrorisme, un plan
d'action et un projet de déclaration politique contre le terrorisme. Ces
instruments sont censés s'inscrire dans la volonté de
l'organisation de renforcer sa capacité de surveillance,
d'harmonisation, de coordination et de réglementation des politiques et
pratiques des Etats en matière de prévention et de
répression du terrorisme en Afrique de l'Ouest362(*). Cette dynamique s'inscrit
dans la prise de conscience du fait que le terrorisme apparaît de plus en
plus comme une menace grave à la paix, à la
sécurité et à la stabilité en Afrique de l'Ouest.
Au niveau de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), la coopération semble morte
depuis, minée par le contentieux entre le Maroc et l'Algérie. Le
Conseil Suprême (instance de décision de l'UMA composé de
cinq chefs d'Etat) ne s'est pas réuni depuis 1994, année de la
fermeture de la frontière Algéro-Marocaine. Et la réponse
aux terrorismes tend de plus en plus à s'orienter vers des initiatives
individuelles.
Ainsi, à côté de la Communauté des
Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD) qui regroupe plusieurs Etats du sahel,
la coopération régionale est aussi effective à travers
l'installation depuis le 21 avril 2010 à Tamanrasset (Sud de
l'Algérie) d'un commandement militaire conjoint, plus connu sous le nom
de Comité d'Etat Major Opérationnel Conjoint (le CEMOC),
chargé de coordonner les actions militaires antiterroristes des quatre
pays (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) et par celle d'un centre de
renseignement contre le terrorisme dans le sahel, mise en place le 29 septembre
2010 et basé à Alger (Algérie), ayant pour mission de
collecter et d'échanger des informations sur les terroristes en
activité dans la région363(*). Dans le cadre du CEMOC, les pays du champ sont
censés se réunir tous les six mois. Il faut aussi noter
qu'à côté de ces institutions de coopérations contre
le terrorisme, les Etat du sahel optent dans certaine mesure pour des
mécanismes bilatéraux ou des actions en concertation avec des
Etats extrarégionales. Cependant, ces initiatives bien que bonne en
intention restent limitées. La coopération entre les pays
sahéliens est en effet, ce, depuis ses débuts, l'objet de
critiques quant à son effectivité et même quant à la
réelle volonté et disponibilité des pays concernés
à s'y investir.
2- Le sahel à l'épreuve des attentes
sous régionales
Les Etats du sahel ont pris des mesures pour faire face
à AQMI mais ne sont en général pas parvenus à
mettre au point une stratégie consensuelle pour lutter contre ces
groupes de mieux en mieux organisés et établis364(*). Certains leaders au sahel
ont hésité à reconnaître l'ampleur de la menace et
ont pris souvent des décisions pour des résultats à court
terme sans grande préoccupation pour les implications à long
terme. Un rapport d'information de l'Assemblée Française
concluait que « la coopération régionale dans la
lutte contre le terrorisme au sahel est un processus difficile. Elle butte sur
les faibles moyens des Etats de la région, mais aussi sur des
méfiances historiques, culturelles et politiques, ainsi que sur
d'inévitables rivalités territoriales et les craintes d'atteinte
à la souveraineté nationale »365(*). C'est un peu le sentiment
qui prédomine concernant les insuffisances, suspicion et atermoiements
observés dans la mise en oeuvre effective de la coopération
censée s'initier à la suite du mémorandum de
coopération et de coordination des actions de lutte contre le terrorisme
et la criminalité organisée signé à Tamanrasset en
2009 entre les pays du champ, ceux là même qui sont au premier
plan de la menace et les plus concernés par cette dernière,
à savoir l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger366(*).
La coopération au niveau des pays de la CEDEAO en
matière de lutte contre le terrorisme est peu institutionnalisée,
assez embryonnaire dans sa forme collective. La faiblesse politique de la
CEDEAO, l'ingérence étrangère et l'accentuation des
rivalités entre Etats membres ne sont pas de nature à rendre
l'action de l'organisation efficace. Si effectivement l'organisation de la
CEN-SAD comprend tous les Etats concernés (à l'exception de
l'Algérie), elle reste incapable de s'adapter à la nature de
mobilité des phénomènes d'insécurité. Parmi
toutes les organisations existantes, il n'existe aucune structure capable de
mettre en oeuvre des mécanismes de coopération et d'harmonisation
des actions au niveau de la grande région (Afrique du Nord, Sahel et
CEDEAO). Or, les attentes sont immenses pour sortir le sahel de
l'insécurité dans laquelle elle se trouve.
Dans ce contexte fortement incertain, l'ampleur du danger et
le sens du bon voisinage stratégique devraient dictés une
collaboration étroite entre les différents acteurs de la
région. Pour coordonner leurs stratégies et leurs moyens de
lutte, des actions concertées sont indispensables afin de briser le
cycle de la violence et d'éviter l'enracinement de
l'insécurité. « L'approche régionale ne
saurait être une substitution de la CEDEAO, par exemple, à chacun
de ses membres. Elle doit tout au contraire se traduire par une
répartition des charges, une complémentarité des actions
et une atténuation des faiblesses nationales éventuelles face
à certains défis et menaces
sécuritaires »367(*). Le renforcement de la coordination régionale
et de la coopération sur les questions de contre-terrorisme ainsi que
l'identification des ressources et des zones de renforcement des
capacités dans la mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste
dans la région est nécessaire aux Etats de la zone
sahélienne pour lutter efficacement contre les menaces
sécuritaires. Certes, les efforts tendant à densifier la
présence militaire des Etats en vue d'amplifier leur contrôle sur
leur territoire et à combler les lacunes de coopération et de
coordination à l'échelle sous-régionale ont
été entrepris comme en témoigne les nombreuses initiatives
existantes.
Mais, les Etats concernés doivent en parallèle
protéger les moyens de subsistance de leurs populations et créer
des opportunités économiques pour maintenir l'écart qui
existe entre les communautés sahéliennes autochtones et les
groupes terroristes salafistes qu'AQMI tente vivement de combler. Extirper les
racines qu'AQMI tente d'implanter au sahel constitue le seul moyen de
maîtriser et de renverser la menace sans cesse croissante qu'il
représente pour la région et pour l'Afrique368(*).
B- L'Afrique face au terrorisme international
Le continent noir, carrefour officialisé de tous les
malheurs terrestres imaginables (conflits armés interminables, famines
intarissables, pandémies incurables etc.) demeure un terreau
socio-sécuritaire fertile au terrorisme international. C'est la preuve
irréfutable que l'Afrique n'est pas véritablement en marge de ce
phénomène de propagation de la terreur369(*). Ainsi, face au renforcement
des mesures sécuritaires en Occident, le continent africain à
développer des moyens d'appropriation des mécanismes de lutte
contre le terrorisme (1) qui, éventuellement présente des
faiblesses géopolitiques et sécuritaires (2).
1- Une réponse à première vu
cohérente et ambitieuse...
Un regard synoptique sur une carte des crises en Afrique fait
apparaître d'emblée une image convenue, celle d'un espace
marqué par une forte conflictualité. Or, la réponse
à cette situation consiste en la prise en charge par l'Afrique
elle-même de la résolution de ses propres conflits370(*). En bref, l'Afrique
apparaît comme un terreau fertile pour tous les défis
sécurité de l'heure : terrorisme international, grande
criminalité avec les trafics de drogue, d'armes, d'êtres humains,
déliquescence des Etats etc. Ces menaces ne sont pas exclusives les unes
des autres. Tout au contraire, comme le démontre la situation dans le
sahel africain, il existe un lien étroit entre le trafic des armes, le
trafic d'êtres humains. Dans chaque cas de figure se retrouvent les
mêmes problématiques de faiblesses des structures de l'Etat, de
l'inefficacité des forces de sécurité et de la
pauvreté. Enfin de compte, la conjonction de tous ces facteurs
crée un cercle vicieux d'insécurité et de conflit,
entrainant un vide sécuritaire sur lequel ces menaces peuvent
continuées à se propager. Face à cela, L'Union Africaine a
dans un délai extrêmement rapide, mis sur pied les
différents piliers institutionnels de sa politique de
sécurité en reconnaissant le lien indissociable entre la
sécurité et le développement.
L'Architecture Africaine de Paix et de
Sécurité371(*) repose sur une conception élargie de la
sécurité372(*) qui prend en compte les « menaces
à l'existence, au développement et à la durabilité
des systèmes politiques, économiques, militaires, humains,
sociaux, du genre et de l'environnement au niveau de l'Etat, régional et
continental »373(*). L'acte constitutif de l'UA définit le cadre
de prise de décision et d'intervention et instaure à cet effet un
Conseil de Paix et de Sécurité, un Conseil des Sages, un
Système Continental d'Alerte Rapide et une Force Africaine d'Attente
(FAA). Il s'agit d'organes permanents et non ad hoc, à la disposition de
la commission de l'UA pour apprécier, anticiper et agir dans les crises.
En 2005, dans le cadre de la politique de défense et de
sécurité commune, un pacte de non agression et défense est
adopté. La perspective de la création d'une
« armée unique africaine » est même
avancée parmi certains Etats membres. Le principe sacré de non
ingérence qui faisait foi au temps de l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA) est remis en cause car, l'UA admet la possibilité de
déclencher des opérations et des interventions dans un pays dans
les cas de graves menaces contre les populations ou pour des urgences
humanitaires. Outre ces cas d'urgences, un catalogue de missions de
préventions, de maintien et de rétablissement de la paix, ainsi
que de reconstruction, est envisagé pour couvrir tout l'éventail
des opérations de paix. Pour crédibiliser une telle option, un
mécanisme de réaction rapide est nécessaire. A
côté d'un comité militaire, l'UA a opté pour la
création d'une force permanente, « composée de
contingents multidisciplinaires en attente, avec des composantes civiles et
militaires, stationnés dans leurs pays d'origine et prêts à
être déployées rapidement, aussitôt que
requis »374(*).
En vertu du principe de subsidiarité, cette force est
bâtie autour de cinq brigades régionales avec une composante
civile et de police en provenance des cinq régions du continent
articulées, à l'exception de l'Afrique du Nord, autour des
Communautés Régionales Existantes (les CERS). Ces CERS sont
partie intégrante et même l'instrument fondamental de
l'architecture de paix et de sécurité. Ce sont elles qui doivent
produire, chacune à leur niveau, les capacités de planification
et d'intervention qui seront mises à disposition de l'UA ou
utilisées dans leur zone géographique sous mandat de l'UA ou de
l'ONU. A terme, elles devraient être capables de gérer une mission
complexe de paix et surtout de disposer de capacités autonomes de
déploiement rapide, qui sont cruciales pour stabiliser un conflit dans
sa phase initiale. Le rapport BRAHIMI en 2000 souligne que « les
6 à 12 semaines suivant un cessez-le feu ou un accord de paix sont
cruciales pour instaurer la stabilité et la crédibilité de
la force ». Par exemple, les scénarios 5
(déploiement d'une force de maintient de paix multidimensionnelle) et 6
(intervention d'urgence) prévoient des délais respectifs de
déploiement de 30 et 14 jours, ce qui nécessite des moyens
conséquents. A côté de tout ce dispositif, il faut relever
que le Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) qui
est une structure de la Commission de l'UA contribue aussi à
compléter l'action internationale en renforçant la
coopération des pays africains, pour prévenir, et lutter contre
le terrorisme, en aidant à l'application intégrale des
conventions internationales relatives au terrorisme et en assurant le
rôle d'outil de veille et d'alerte en intégrant dans sa
démarche, le concept de gestion préventive des situations.
Le consensus qui a prévalu lors de l'adoption des
mécanismes de sécurité est révélateur des
ambitions de l'UA. Il contraste avec l'inertie qui a été souvent
reprochée à l'OUA dans le domaine de la sécurité
avec à son bilan sept opérations de paix375(*) dont trois en cours ainsi
que de nombreuses missions de médiations dans plusieurs conflits.
L'Architecture de Paix et de Sécurité Africaine (APSA) marque
certainement une avancée dans la volonté de l'UA de prendre
à bras le corps, les problèmes relatifs à la paix,
à la sécurité et à la stabilité du
continent376(*).
Toutefois, l'UA ne semble guère avoir les moyens de ses ambitions, et il
se pose dès lors la question du réalisme des objectifs
fixés dans le contexte politique et sécuritaire actuel du
continent.
2- ...Rapidement confrontée aux
réalités politiques et à des moyens d'actions
limitées
Dans l'acte constitutif de l'UNION AFRICAINE (UA), la
prévention constitue l'un des actes suivis pour une meilleure prise en
compte des conflits. Au plan opérationnel, l'accent est mis sur la
notion d'alerte rapide, sans laquelle toute politique d'action
préventive ou d'intervention rapide serait inopérante. Cette
fonction est remplie au niveau de l'UA par le Système Continental
d'Alerte Rapide (SCAR)) avec des correspondants régionaux tels que le
Centre d'Observation et de Suivi de la CEDEAO. Un tel système ne peut
devenir efficace que dans le cadre de l'acceptation d'indicateurs et de
critères précis d'évaluations d'une situation de crise
potentielle. Les crises en Afrique étant principalement de nature
interne, une telle approche peut rapidement trouver ses limites à la
réticence des Etats, enclins à la considérer comme une
interférence ou une ingérence dans leurs affaires
intérieures.
S'agissant de la Force Africaine en Attente (FAA) qui
constitue le pilier militaire de cette architecture, elle n'est pas encore
opérationnelle, ce qui réduit considérablement
l'habilité de l'union à intervenir rapidement et efficacement
dans les conflits. Outre le sous équipement de la plupart des
armés sur le continent, il y a le problème de la
diversité, de la formation et des pratiques dans les armées
nationales et des corps de police des Etats Africains377(*). De même, la
réalisation et le succès de cette force sont fortement
conditionnés par les progrès des régions dans la
montée en puissance de leur brigade en attente. Dans les faits, le
niveau de réalisation est très inégal selon les
sous-régions. Alors que les CERS Ouest, Est et Sud sont relativement
avancées dans le projet avec la désignation des unités et
l'existence d'états majors dédiés, les brigades du Nord et
d'Afrique Centrale restent dans un état embryonnaire. Les dynamiques des
politiques régionales (rivalités, tensions entre Etats) peuvent
expliquées en partie la lenteur de l'opérationnalisation des
brigades régionales.
L'autre cas flagrant qui handicap l'APSA est la question
cruciale du financement et des capacités : ressources humaines,
équipement et soutien logistique de la force. L'insuffisance des
ressources financières pour les opérations de paix limite les
capacités de l'union à se poser en véritable acteur
sécuritaire sur le continent. Les prélèvements sur le
budget de l'Union ainsi que les contributions volontaires ne parviennent
guère à couvrir les besoins financiers en matière
d'opérations de paix. Les besoins financiers sont si énormes
qu'on ne voit pas comment les pays africains, pauvres dans leur
majorité, parviendront à y faire face. La conséquence
directe qui en découle est la dépendance totale envers les
partenaires extérieurs pour le montage et le financement des
opérations. Par exemple, la situation au Nord du Mali a
démontré la faiblesse de l'UA et même de la
sous-région sahélienne en termes de ressources financières
et de la logistique pour répondre efficacement à la crise qui se
déroule dans cette partie de l'Afrique ; d'où l'appel
à l'intervention de la France par le Mali. Des difficultés
d'ordres institutionnels font en sorte que l'APSA n'est guère
adaptée à prendre en charge efficacement certaines crises
sociopolitiques. Par exemple, les crises sociopolitiques en Afrique du Nord
(les printemps arabes) et notamment en Tunisie, Egypte ont montré
combien l'APSA n'était guère adaptée ni
équipée pour faire face à des révoltes populaires
ou même intervenir militairement dans un conflit civil tel qu'en Lybie ou
en Côte d'Ivoire.
L'APSA en dernier ressort est confrontée à des
difficultés d'ordre politique parmi lesquelles, il faut le souligner la
difficulté de l'Union à trouver un consensus rapide sur les
crises majeurs. Ceci s'explique par la grande diversité des pays
africains mais aussi par la rivalité entre certains Etats majeurs qui se
disputent le leadership continental et par la rivalité linguistique
entre pays anglophones et pays francophones qui entravent le fonctionnement des
organes sécuritaires de l'Union. Cette rivalité a atteint son
paroxysme en janvier dernier lorsque les chefs d'Etats et de gouvernements ont
échoué à élire le Président de la Commission
de l'Union Africaine, avec les francophones soutenant la candidature du
gabonais Jean Ping et les anglophones soutenant la candidature de la Sud
Africaine, Nkosazana DLAMINI-ZUMA. Un bras de fer qui a duré six mois
pour finalement voir la victoire du camp anglophone avec en tête de proue
l'Afrique du Sud. Ainsi, l'Organisation Continentale (UA) demeure encore faible
pour imposer ses vues et exercer une sorte de contrainte sur ses
mandataires ; elle reste encore un instrument que les puissances
africaines s'efforcent de contrôler et d'utiliser pour avancer leurs
intérêts particuliers. Autant d'attitudes qui mettent à mal
les initiatives de sécurité collective sur le continent. Mais les
difficultés de l'APSA proviennent également de certaines
organisations ou puissances internationales ayant intérêts en
Afrique.
En effet, la lutte contre le terrorisme qui s'est
intensifiée après 2001 a contribué à
accroître l'intérêt de certaines organisations
multilatérales telles que l'UE, l'Otan et des puissances telles que la
France, les Etats-Unis et la Grande Bretagne aux questions sécuritaires
africaines. Dans cette perspective, l'UA bénéficie de la
coopération d'organisations multilatérales et d'Etats
non-africains. Mais, force est de constater que la contribution de ces acteurs
internationaux à la résolution d'un conflit spécifique est
fonction plutôt de leurs intérêts que de l'agenda
sécuritaire de l'UA même si leurs discours de légitimation
semblent prétendre le contraire378(*). L'intervention de l'OTAN en Libye à fournie
une illustration. Comme l'a écrit sans ambages Naim AMEUR,
« Les Nations Unies ont autorisés les forces de l'Otan
à intervenir sous prétexte de protéger le peuple
libyen ; en réalité, les enjeux dépassent en
l'occurrence le cadre humanitaire, c'est de l'or noir qu'il
s'agit »379(*). Quoique cette affirmation soit discutable, il reste
que la « communauté internationale »
intervenante en Libye n'a pas attendue la fin des hostilités et la chute
de Kadhafi pour signer de nouveaux accords pétroliers avec le Conseil
National de Transition (CNT). L'exportation du pétrole avait repris
avant la fin des combats. Notons par ailleurs, que la plupart des puissances
extérieures ont mis en place leurs propres mécanismes de
sécurité pour le continent africain sans que celles-ci
s'intègrent à l'APSA. C'est le cas des Etats-Unis qui ont
établi en 2008 un « Commandement pour
l'Afrique » (AFRICOM) dont l'objectif est de coordonner les
activités militaires ainsi que les programmes sécuritaires
américains sur le continent. Les interventions
répétées de la France en Côte d'Ivoire en 2004 et
2011 illustrent bien comment les puissances étrangères entendent
conservées leur influence dans les affaires africaines même contre
le gré de l'UA.
Un autre lien de coopération et de résistance
est la relation avec les Nations Unies. Le dispositif sécuritaire de
l'UA s'intègre dans la mission de maintien de la paix des Nations Unies,
en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Le protocole relatif
à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de
l'UA affirme clairement que ce dernier « coopère et
travaille en étroite collaboration avec le Conseil de
Sécurité des Nations Unies, qui assume la responsabilité
principale du maintient de la paix et de la
Sécurité »380(*). Or, le Conseil de Sécurité des
Nations Unies est un organe politique dont les principaux membres sont soucieux
de leur pré carré et de leur influence en Afrique. Dès
lors l'UA n'a pas les mains libres pour intervenir dans les conflits de la
manière qu'elle le souhaite même si elle en avait les moyens.
Etant donné que certaines initiatives restent assurées par ces
acteurs extérieurs.
PARAGRAPHE II : INITIATIVES ASSUREES PAR DES ACTEURS
EXTERIEURS
A côté des stratégies adoptées par
chacun des pays de la sous-région et des engagements communautaires mis
en place, force est de reconnaître que la plupart d'entre eux se
caractérisent par des ressources limitées dont ils disposent et
par la relative faiblesse de leurs dispositifs militaires et
sécuritaires. Cela a pour conséquence que leurs efforts visant
à faire face aux défis sécuritaires de la région du
sahel reposent dans une proportion significative sur le soutien indispensable
des partenaires extérieures. Parmi les acteurs381(*) dont la contribution est la
plus significative, on peut citer l'ONU (A) et l'UE (B).
A- La stratégie antiterroriste mondiale de
l'ONU
Compte tenu des vulnérabilités et des
capacités insuffisantes des pays du sahel, un certain nombre
d'entités du système de l'ONU ont promu et soutenu activement les
efforts de mise en oeuvre des stratégies antiterroristes des pays de
l'Afrique de l'Ouest et d'Afrique du Nord. A ce jour, la Direction
Exécutive du Comité contre le Terrorisme du Conseil de
Sécurité des Nations Unies (DECT) (1) et le Service de la
Prévention du Terrorisme de l'Office des Nations Unies contre la Drogue
et le Crime (ONUDC) (2) ont été les plus actifs, même si
à côté d'eux, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et le Haut-commissariat aux Droits de L'Homme des
Nations-Unies y apportent une contribution non négligeable.
1- La Direction Exécutive du Comité
contre le Terrorisme du Conseil de Sécurité des Nations
Unies
L'approche adoptée par la Direction Exécutive du
Comité contre le Terrorisme de l'ONU (DECT) pour renforcer les
capacités de lutte contre le terrorisme et les autres capacités
connexes en Afrique de l'Ouest et du Nord ont évolué pour se
concentrer davantage sur l'identification des besoins, des priorités
sous-régionales communes et l'aider à y faire face. La
conférence organisée à New York en juillet 2007 et qui a
rassemblée des représentants des pays de l'Afrique de l'Ouest et
les donateurs bilatéraux et multilatéraux a permis à la
DECT de prendre des mesures nécessaires pour que le Centre Africain
d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) puisse mettre sur pied en
juin 2009 un atelier de formation pour les agents du maintien de l'ordre et
d'autres secteurs comme la justice pénale en Afrique de l'Ouest. De
même, la DECT a permis le financement par l'UE d'une formation au
maintien de l'ordre et au contrôle des frontières pour deux pays
du sahel (le Mali et le Niger) et elle s'est associée à
l'Organisation de l'Aviation Civile en Avril 2009 pour organiser une formation
régionale en Afrique de l'Ouest sur les documents lisibles par machine.
La DECT a également développé une plateforme de
coopération avec des organisations régionales travaillant en
Afrique de l'Ouest dont le CAERT, la CEDEAO et le Groupement
Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'Argent (GIABA).
La DECT a par ailleurs organisé des visites de terrain
en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord. Pendant ces visites, la DECT
mène un groupe d'entités du système Onusien,
occasionnellement rejoint par des agences sectorielles et les organes
régionaux ou sous-régionaux concernés, dans le but de
rencontrer différents représentants du gouvernement et experts
techniques pour discuter des efforts nationaux de lutte contre le terrorisme.
De telles visites en Afrique de l'Ouest et du Nord, permettent à la DECT
de mieux comprendre les réalités du terrain et de travailler avec
les Etats concernés pour identifier les zones prioritaires où les
efforts doivent se concentrées et où une assistance technique est
nécessaire. En plus d'adopter une approche plus sous-régionale
que nationale en Afrique du Nord et de l'Ouest, la DECT a concentré ses
efforts en ce qui concerne la résolution 1373 sur les questions de
maintien de l'ordre et de contrôle des frontières
spécifiquement, plutôt que d'essayer de couvrir tous les aspects
de la résolution. Ce changement découle de plusieurs facteurs,
notamment la conviction que cette concentration des efforts produira des
résultats plus tangibles et l'intérêt d'éviter la
duplication des efforts. Afin d'améliorer la capacité de la
sous-région à contrôler ses frontières, la DECT
à souligner l'importance de l'assistance technique et de la fourniture
d'équipement technique et elle recommande davantage,
régulièrement aux pays de la sous-région d'insister sur le
développement d'approches créatives telles que la promotion de
l'utilisation de la police de proximité pour patrouiller les
frontières.
La DECT reconnaît également l'importance de plus
en plus grande de la mise en oeuvre des résolutions 1373 et 1624 dans la
sous-région, qui demande aux Etats de prendre des mesures de lutte
contre l'incitation au terrorisme et d'empêcher que des
établissements d'enseignements et des institutions culturelles et
religieuses soient phagocytés par les terroristes et leurs partisans.
Etant donné les liens existants entre les différentes
difficultés que rencontrent la sous-région en matière de
sécurité, la nécessité de réponses
holistiques aux niveaux national et sous-régional et la capacité
d'absorption souvent limitée qui existe au sein des gouvernements
d'Afrique de l'Ouest et du Nord, lorsqu'il s'agit de recevoir l'assistance
technique, une approche Onusienne intégrée dans ces deux
régions est essentielle. Si la DECT devrait être encouragé
de continuer à travailler pour remédier les causes parmi les plus
larges de l'instabilité en Afrique de l'Ouest, il y a lieu de souligner
que le travail de la DECT en Afrique de l'Ouest et du Nord pourrait être
encore efficace si elle disposait d'une présence sur le terrain, soit
par l'affectation d'experts, soit par la création d'un partenaire
institutionnel sous-régional en Afrique du Nord, soit par l'attribution
d'un double rôle au personnel du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique
de l'Ouest (UNOWA).
Une telle approche améliorerait les capacités de
suivi de la DECT et lui permettrait d'inter-agir plus efficacement avec les
experts nationaux et les représentants des équipes
régionales et nationales de l'ONU qui travaillent sur des sujets
liés à la stratégie, plus particulièrement dans les
domaines non traditionnels de la lutte contre le terrorisme, avec la CEDEAO et
avec d'autres intervenants sous-régionaux concernés, ainsi que la
société civile. Ceci permettrait à la DECT de prendre
davantage en compte les perspectives politiques et culturelles
sous-régionales et locales, lui permettant ainsi de mieux comprendre les
besoins en capacité de la sous-région, et pourrait créer
d'autres opportunités d'intégrer les activités
antiterroristes de l'ONU dans les efforts connexes plus larges fournis par
l'ONU dans la sous-région. Par ailleurs, il faut souligner qu'en Afrique
du Nord, le problème de langue rend difficile la collaboration de la
DECT et d'autres mécanismes antiterroristes de l'ONU avec les Etats
issus de cette région. L'anglais et le français sont les langues
officielles du Secrétariat de l'ONU, or en Afrique du Nord, c'est
l'arabe qui est continuellement parlé. Ce qui pourrait gêner les
relations entre la DECT et ces pays. De même, la capacité de la
DECT à participer à des actions dans la sous-région est
encore compliquée par le fait qu'elle opère en vertu du chapitre
VII de la Charte de l'ONU. Ceci peut encore augmenter la bureaucratie que doit
surmonter la DECT avant d'atteindre les ministères plus techniques
auxquels incombe la plus grande part de la responsabilité du
développement et de la mise en oeuvre des mesures nationales
antiterroristes. Cependant, les initiatives de la DECT de l'ONU sont
accompagnées de celles du Service de Prévention du Terrorisme de
l'ONUDC.
2- Le Service de la Prévention du Terrorisme de
l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC)
Quoi qu'un certain nombre de structures des Nations Unies
soient concernées par l'organisation et l'apport direct d'assistance
à la lutte contre le terrorisme382(*), l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le
Crime (ONUDC) à Vienne est peut-être le principal organisme
d'assistance spécifique à la lutte contre le terrorisme dans le
système de l'ONU. Selon l'ancien directeur exécutif de l'ONUDC,
il est « le seul organisme des Nations Unies qui dispose du
mandat, des pouvoirs et des moyens nécessaires pour fournir une
assistance concrète aux Etats membres pour les aider à combattre
le terrorisme »383(*). Depuis le lancement de son projet mondial de
renforcement du régime juridique contre le terrorisme en janvier 2003,
l'ONUDC, à travers son service de prévention contre le
terrorisme, a fourni une assistance à la lutte contre le terrorisme sous
différentes formes, afin d'aider les Etats à ratifier et mettre
en oeuvre les instruments universels contre le terrorisme. Cette assistance
comprend une aide à la rédaction de textes législatifs et
la formation de professionnels de la justice pénale. Par son personnel
installé à Vienne, son agenda de consultants locaux et ses
représentants régionaux, le Service de la Prévention
contre le Terrorisme (SPT) a fourni à la plupart des membres de la
CEDEAO et d'Afrique du Nord, une assistance technique soit de façon
bilatérale, soit dans un contexte régional ou
sous-régional.
Par conséquent, il a dispensé à des
dizaines d'agents des systèmes nationaux de justice pénale de
pays d'Afrique du Nord et de l'Ouest, une « formation
spécialisée sur le régime juridique contre le terrorisme
et des résolutions connexes du Conseil de Sécurité et les
mécanismes de coopération internationale en matière de
criminalité (extradition et entraide
juridique) »384(*). C'est peut être en partie grâce
à cette formation que, parmi les membres de la CEDEAO, la Gambie, le
Mali, le Niger et le Sénégal ont tous adopté une
législation antiterroriste et en Afrique du Nord, le Maroc et la
Tunisie385(*). Bien que
ses activités de formation bilatérales soient importantes, les
initiatives régionales et sous-régionales du SPT sont
particulièrement utiles car elles rassemblent des agents de la justice
pénale de toute l'Afrique de l'Ouest et du Nord et permettent le
développement d'un réseau international, l'échange
d'informations et l'instauration de la confiance qui est essentielle pour
lutter efficacement contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest mais qui s'est
avérée lente à se développer. Avec le soutien de
l'Espagne, le SPT a organisé des ateliers destinés à
renforcer la coopération internationale entre les États d'Afrique
de l'Ouest en matière pénale relative au terrorisme, le plus
récent ayant eu lieu à Las Palmas en juin 2009 et traitant du
recueil des accords bilatéraux, régionaux et internationaux en
matière d'entraide judiciaire et d'extradition. En outre, la
déclaration finale et le plan d'action ont reconnu l'importance du
renforcement de la coopération internationale pour prévenir et
combattre le terrorisme et les autres activités criminelles
liées.
Les États participants d'Afrique de l'Ouest et du Nord
se sont également engagés à promouvoir « des
synergies opérationnelles menant à des progrès
simultanés dans la lutte contre le terrorisme et le crime
organisé transfrontalier par l'usage des instruments légaux
existant et d'une meilleure coopération judiciaire ».
Néanmoins, les États ont demandé à l'ONUDC de
finaliser le « recueil d'accords bilatéraux, régionaux
et internationaux en matière d'entraide judiciaire et d'extradition
dès que possible, en vue de sa publication et de sa large diffusion dans
les États membres de la CEDEAO et d'Afrique du Nord ». Le SPT
a déjà terminé un « recueil d'accords
bilatéraux, régionaux et internationaux en matière
d'extradition et d'entraide judiciaire en matière pénale
» pour les agents de la justice pénale, les juges et les procureurs
du Niger.
Dans une sous-région où l'ONU et d'autres
experts en droits de l'homme ont documenté d'importants abus des droits
de l'homme commis au nom de la lutte contre le terrorisme (par exemple,
L'Organisation Arabe des Droits de l'Homme inclut trois États
nord-africains parmi ceux qu'elle a dénoncés comme restreignant
la liberté de ses citoyens par la détention illégale), il
est important de faire en sorte que toutes les activités de formation de
ce type dans la sous-région incluent d'importants composants
consacrés à la nécessité que les agents de la
justice pénale respectent les normes en matière de droits de
l'homme et favorisent l'État de droit dans leur mission de mise en
oeuvre des divers instruments onusiens et régionaux de lutte contre le
terrorisme386(*).
L'expertise de l'ONUDC s'étend à d'autres crimes
terroristes comme le crime organisé, le financement du terrorisme, le
blanchiment d'argent, le trafic de stupéfiants et la traite des
personnes. Davantage d'attention doit être apportée pour faire en
sorte que l'activité de renforcement des capacités de lutte
contre le terrorisme du SPT soit efficacement intégrée aux
efforts d'autres entités de l'ONU, notamment du PNUD, du
Département des opérations de maintien de la paix, du Bureau des
Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et même de la DECT, afin de
renforcer les capacités des secteurs de sécurité et des
systèmes de justice pénale à résoudre un certain
nombre de problèmes de sécurité liés entre eux.
C'est particulièrement important en Afrique du Nord et dans le Sahel
où les capacités d'absorption des institutions nationales peuvent
être limitées lorsqu'il s'agit de recevoir de l'assistance
technique.
Avec plus de ressources, l'ONUDC pourrait continuer à
développer ses travaux en Afrique du Nord et au sahel afin de venir en
aide aux pays de la sous-région qui manquent encore de cadre juridique
nécessaire pour permettre la coopération internationale dans les
affaires de terrorisme. Un effort de ce type pourrait faire partie d'une
approche stratégique plus large de l'ONU, visant à renforcer les
capacités des systèmes nationaux de justice pénale. Une
telle approche devrait fournir « une formation approfondie et
substantielle aux représentants, praticiens et décideurs
appropriés », inclure une « dissémination constante
d'outils et de manuels de formations utiles et accessibles, soutenue par un
suivi efficace et renforcée par des services de soutien
continus »387(*)et promouvoir l'élaboration et la mise en
oeuvre d'une réponse holistique aux menaces terroristes et aux autres
menaces en matière de sécurité.
B - L'union européenne et le sahel
La stratégie pour le sahel, qui a été
élaborée par le Service Européen pour l'Action (SEAE) et
qui a été adoptée par le Conseil des Affaires
Etrangères du 21 mars 2011, est une initiative majeure de politique de
l'UE qui a nécessité plusieurs années de
préparation. S'inscrivant dans un contexte géopolitique et dans
une configuration internationale particulière et ambitionnant de
s'attaquer à des problématiques complexes, la présente
stratégie soulève un certain nombre d'objectifs (1) et de
défis (2).
1- Objectifs de la stratégie européenne
au sahel
« En dépit de son importance
stratégique pour l'Europe, le sahel a longtemps pu paraître
lointain à certains Etats européens. Or, la multiplication des
attentats et des prises d'otages ne visant pas uniquement des ressortissants
français a suscité un intérêt accru pour la
région et une prise de conscience sur les risques qu'elle faisait
courir »388(*). En octobre 2010, trois mois après la mort de
Michel GERMANEAU et quelques semaines après les événements
tragiques d'ARLIT389(*),
le Conseil des Affaires Etrangères de l'UE demanda l'élaboration
d'une politique concrète et rapide pour le sahel. Le Service d'Action
Extérieure de l'UE a alors établi une
« stratégie européenne pour la
sécurité et le développement dans le
sahel ». Cette stratégie était censée
traduire « l'attention et la préoccupation croissantes que
suscite la partie sahélienne d'Afrique de
l'Ouest »390(*) ainsi que la « solidarité de
l'Union Européenne avec les pays du sahel touchés par la menace
terroriste »391(*), car faut-il le reconnaître,
« c'est bien la situation sécuritaire et
précisément la menace terroriste, personnifiée par AQMI,
qui semble avoir été le déclencheur de l'attention qui est
portée à la région du sahel et de la grande
majorité des actions nationales et internationales
initiées »392(*).
La stratégie telle qu'elle a été
présentée résulte d'un processus d'évaluation, de
dialogue et de concertation qui s'est étalée sur une
période de plus d'un an en se fondant sur une série de missions
sur le terrain et impliquant l'Algérie, le Niger, le Mali et certains
pays membres de l'UE mais également plusieurs départements de son
institution. Elle s'articule autour de l'appui que l'UE est susceptible
d'apporter en soutien à certains pays du sahel dans les efforts que la
plupart d'entre eux ont initié afin de faire face aux problèmes
complexes d'ordre socio-économiques, politiques, environnementaux et
sécuritaires auxquels ils sont confrontés. Ainsi, sur une
période de 5 à 10 ans, la stratégie ambitionne de venir en
appui aux autorités nationales des pays confronté à des
tensions internes (économique, sociale, politique et
sécuritaire). Ce soutient de l'UE vise à améliorer la
stabilité politique, la sécurité, la bonne gouvernance, la
cohésion sociale dans les Etats du sahel, ainsi que les
opportunités économique et d'éducation. La
stratégie souligne et intègre le lien indispensable et la
corrélation entre la sécurité et le développement.
Comme cela fut annoncé en 2011, l'action
envisagée par l'UE au sahel avait pour but de promouvoir le
développement, la bonne gouvernance et la résolution des conflits
internes. Sur ce plan, l'UE envisageait résoudre certains
problèmes socioéconomiques de sorte à améliorer les
conditions de vie des populations qui vivent dans les régions
sahéliennes et à leur offrir des opportunités
économiques, l'objectif étant d'éviter que ces
régions deviennent des terreaux propices au développement des
activités criminelles et à l'enracinement d'un certain
radicalisme. Il était aussi question de rétablir et de renfoncer
la présence de l'Etat dans les zones qui échappent à son
contrôle. L'autre point saillant consistait à la promotion d'une
coopération régionale plus étroite. Ceci dans l'intention
de faciliter la mise en oeuvre d'une approche plus coordonnée au niveau
régional de même qu'un niveau international, permettant notamment
aux différents pays de la région de travailler de concert
à travers un dialogue soutenu et renforcé, à une gestion
efficace des menaces et défis auxquels ils sont tous, d'une
manière ou d'une autre et à des degrés divers,
confrontés.
Par ailleurs, le renforcement des capacités
sécuritaires nationales et de l'état de droit était aussi
nécessaire pour enrayer la prolifération des zones de non droit
échappant complètement ou en partie au contrôle
étatique. Situation dû à l'incapacité des forces de
sécurité des pays de la région à assurer et
à imposer leur présence effective dans ces régions. La
stratégie prévoit de ce fait le renforcement des capacités
des institutions de sécurité, du maintient de l'ordre et de
l'état de droit afin de les rendre apte à faire face au
terrorisme et à la criminalité transfrontalière
organisée. Enfin, l'amélioration de la situation
économique et la prévention de l'extrémisme violent et le
radicalisme est pour l'UE, un moyen incontournable pour répondre aux
difficultés socio-économiques et de mécanismes de
marginalisation qui fragilisent la cohésion sociale dans plusieurs
régions de la bande sahélienne, faisant le lit d'une
idéologie islamiste radicale qu'AQMI et d'autres groupes jihadistes
essaie d'implanter par le biais d'action d'embrigadements et de propagande.
L'Europe envisage ainsi de supprimer ou de réduire les facteurs qui
favorisent l'émergence, l'enracinement et la montée de cet
extrémisme violent. Il est ainsi question de réduire la
pauvreté, le sous-développement et le sentiment d'exclusion
sociale que pourraient ressentir certaines composantes des populations vivant
dans les régions sahéliennes.
La mise en oeuvre de cette stratégie européenne
pour le sahel suscite toutefois des inquiétudes. A ce jour, il y a eu
beaucoup de mots mais peu d'actions concrètes réalisées.
Ce qui pour certains constituent des défis pour sortir le sahel du
spectre de la menace terroriste.
2- Défis à la mise en oeuvre de la
stratégie européenne
Un certain nombre de limites ont été
formulées à l'égard de la coopération
sécuritaire mise en oeuvre au sein de l'UE. Elles concernent
particulièrement sa frilosité à aller au-delà du
concept traditionnel des formations et conseils apportés aux secteurs de
la sécurité des pays auxquels l'UE apporte un soutien et
notamment à fournir des équipements militaires, dont bon nombre
de pays africains ont pourtant besoin. L'opérationnalisation de la
stratégie, qui représentait l'un de ses défis à
tarder à se concrétiser393(*). La conséquence directe est qu'elle a
été rattrapée et même dépassée par la
survenance ou la réalisation de facteurs (notamment le conflit en Libye
et l'incidence qu'il a eu pour le Nord du Mali) l'ayant rendu difficilement
applicable, précipitant quelque peu son début de mise en oeuvre.
Ainsi, une stratégie qui était conçue comme un instrument
de prévention s'est réduite à opérer dans
l'urgence. C'est notamment dans ce contexte que c'est inscrit le lancement de
l'opération EUCAP394(*) sahel Niger.
Le sahel étant une région traversée par
des dynamiques diverses et complexes, il est nécessaire que chaque
initiative visant à stabiliser la situation dans le sahel découle
d'une analyse approfondie des complexes dynamiques et interactions d'ordres
sociales, économiques, historiques, culturelles, politiques et
sécuritaires. Ce sont en effet ces dynamiques et interactions ou du
moins certaines d'entre elles qui participent notamment à
l'émergence de l'extrémisme radical, au développement des
activités criminelles et des trafics dans la région. En outre, la
stratégie européenne est sans doute un peu dépassée
par la donne récente et particulièrement le conflit libyen dont
les conséquences sur la sécurité et la stabilité
dans le sahel sont encore loin d'avoir toutes été
analysées et envisagées. La stratégie européenne
telle qu'elle se présente actuellement n'est à l'évidence
pas un document opérationnel, ce qui limite son impact effectif sur le
terrain. L'une des principales ambitions de la stratégie semble à
ce propos, comme il est précisé dans le document, de doter l'UE
d'un cadre politique devant servir à mobiliser les différents
instruments et moyens d'assistance de l'union et à améliorer la
coordination de ses initiatives actuelles et futur dans la région.
L'un des défis subséquents consistera ainsi
à traduire effectivement dans les faits et de manière
opérationnelle ou programmatique les objectifs et axes
stratégiques esquissés, en les dotant des moyens adéquats
à la hauteur des ambitions affichées et des défis
multidimensionnels que sous-tendent la sécurité et le
développement dans le sahel. De même, les initiatives, efforts et
actions visant à faire face aux problèmes identifiés en
termes de développement et de sécurité dans la
région sont de la responsabilité première de chacun des
pays concernés. De ce fait, malgré les contraintes relatives
à la nature complexe des défis socio-économiques,
politiques, environnementaux et les difficultés relatives à la
faiblesse des capacités de certains des pays concernés, les
actions à entreprendre ne sauraient être efficace sans un
engagement résolu et concerté de la part de ces derniers (Mali,
Mauritanie, Niger, Algérie) qui se doivent donc de prendre à bras
le corps les efforts et les risques nécessaires. La stratégie ne
saurait être efficace, tout comme les initiatives des autres partenaires
internationaux et celles de chacun des pays concernés, sans une approche
véritablement régionale, collective et concertée à
laquelle s'associeraient toutes les parties prenantes, avec en prélude
une vision et une réelle volonté commune. Pour l'heure, cette
coopération si elle n'a pas toujours été sereine395(*), semble compte tenu de la
menace terroriste être la voie privilégiée et l'ultime
recours tant au niveau national, régional qu'au niveau des partenaires
extérieures pour résoudre l'énigme du progrès dans
la région sahélienne.
SECTION II : L'ENIGMATIQUE PROBLEMATIQUE DU
PROGRES DANS LA REGION SAHELIENNE
La crise sécuritaire sahélienne renvoie à
la difficulté structurelle à asseoir la présence et
l'autorité de l'Etat avec des moyens très faibles, sur des
territoires immenses et peu peuplés. C'est le lien entre la population
et l'Etat qui est au coeur des enjeux. Dans ces espaces, l'accès aux
services publics est aussi fondamental que la satisfaction des besoins de base
que sont par exemple la nourriture et l'eau. C'est pourquoi le
développement de l'économie dans la région serait une arme
contre le terrorisme (paragraphe I) d'autant plus que les menaces
sécuritaires ont un impact direct sur la prospérité de
l'économie dans cette zone et constitue un danger pour l'éclosion
du radicalisme religieux (paragraphe II).
PARAGRAPHE I : LE DEVELOPPEMENT, L'AUTRE ARME ANTI
TERRORISTE
Le développement économique et social du sahel
est un élément clef pour la stabilité de la région
et consécutivement, pour sa sécurisation (A). De ce fait, la
coopération et le renforcement des efforts des pays du sahel en
matière de développement permettrait de sortir cet espace de
l'ombre du sous-développement et de l'insécurité (B).
A- Le développement, condition de la
stabilité au sahel
Promouvoir le développement socioéconomique de
la région sahélienne (1) et résoudre la question des
crises alimentaires dont sont victimes les populations sont aujourd'hui des
équations incontournables pour conjurer le terrorisme au sahel (2).
1- De la nécessité de promouvoir le
développement socioéconomique de la région
La région sahélienne est devenue un repaire de
menaces pour « la paix et la sécurité
régionale et internationale ». Résoudre ce
problème exige outre l'option militaire, des stratégies
complètes en faveur du développement économique, social et
humain. La stabilité politique dans la région passe par le
renforcement et l'encouragement des investissements productifs. Les Nations
Unies ont longtemps soulignées la dimension apaisante du
développement et n'ont cessé par la suite d'alerter sur les
risques d'un monde déséquilibré, dans lequel
« tandis qu'une partie de l'humanité vit dans le confort
et même dans le luxe, une autre partie, de loin plus nombreuse,
végète dans une misère extrême. (...) Partout, la
jeunesse est en effervescence (...) » et le fossé
séparant les riches des pauvres n'ayant cessé de
s'élargir, « cette situation déplorable a
contribué à accroître la tension dans le
monde »396(*).
En conséquence, le développement n'est pas seulement une exigence
moral ou matériel, c'est aussi un outil qui contribue à la
stabilité du monde et répond aux intérêts et
à la sécurité de tous. Il convient de remédier
à la pauvreté dans la région du sahel parce qu'elle est
insupportable, mais aussi parce qu'elle est un facteur de
déstabilisation. Les populations des régions
sahélo-sahariennes vivent dans un grand dénuement
consécutif à plusieurs années de sécheresse, de
famine et du faible niveau de développement. Et l'exploitation des
ressources naturelles dont regorge cet espace n'a pas eu d'impact sur les
populations. Cette situation nourrit des frustrations et des sentiments
d'injustice.
La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au
sahel ne saurait se concevoir sans une implication des populations
concernées. L'intégration régionale et notamment le
développement d'un marché commun pourraient contribués
à soustraire les populations du sahel à la pauvreté et la
misère. A terme, si nous participons à une amélioration du
progrès dans la région sahélienne, nous pourrions assister
à un assainissement de l'insécurité
transfrontalière dans cette zone. Les manoeuvres stratégiques de
lutte contre le terrorisme ne peuvent véritablement se réaliser
et être efficace, que si elles sont inscrites dans une démarche
qui dépasse le traitement symptomatique du phénomène pour
appréhender les causes profondes qui l'animent. Dans cette perspective,
plus de justice sociale contribuerait, à n'en point douter à
bâtir des piliers de stabilité pour tout le continent, et, ipso
facto, à réduire la sensibilité au discours terroriste. Le
développement et la stabilité en Afrique pourraient trouver un
nouvel élan si la volonté et le courage politique de s'attaquer
avant tout à la corruption existent bel et bien, mais surtout si
l'appréhension de la thématique sécuritaire se fonde sur
la définition d'intérêts économiques
partagés, évalués préalablement à l'aune des
menaces communes entre partenaires africains et non africains397(*). Toutefois, la
sécurité alimentaire reste l'autre préoccupation qui doit
être prise en compte pour que la paix revienne.
2- Résoudre la question de la
sécurité alimentaire au sahel
La sécurité alimentaire doit être au coeur
des préoccupations. C'est dans l'espace sahélien que les grandes
sécheresses de 1973 et 1984 ont fait le plus de ravages en hommes et en
troupeaux. Et ces événements furent en partie à l'origine
des révoltes touarègues qui se sont succédées
depuis. De cycliques, les crises alimentaires et nutritionnelles sont devenues
récurrentes et plus complexes. Une nouvelle forme de discrimination
s'est installée : celle du marché. Les produits alimentaires
peuvent être disponibles mais inaccessibles du fait de leur prix. Les
pasteurs et agropasteurs sont particulièrement concernés comme
l'a montré la crise alimentaire au Niger en 2005. En effet, aux
alternances de périodes humides et sèches que le sahel a
régulièrement connues au cours du dernier siècle,
succèdent désormais des sécheresses graves et durables
qui, outre leur intensité, repoussent les limites des zones humides vers
le Sud. Selon les projections, cela devrait s'aggraver à l'avenir, dans
le contexte du réchauffement climatique de la planète. Et comme
le souligne un récent rapport, « les changements
climatiques constituent une menace de taille pour la croissance du secteur
agricole et l'atteinte de la sécurité alimentaire dans l'espace
UEMOA. C'est l'ensemble des écosystèmes terrestres,
côtiers, marins et des systèmes humains qui seront affectés
par les effets négatifs du changement
climatiques »398(*).
Dans une région où l'agriculture est
essentiellement pluviale, la vulnérabilité des activités
agricoles, au demeurant peu mécanisées et d'un rendement assez
faible, est évidente. Cette vulnérabilité
alimentaire399(*) n'est
pas sans lien avec l'installation des groupes terroristes dans la région
sahélienne. Ceux-ci profitent de l'insécurité alimentaire
de certains pays du sahel plus précisément ceux de l'espace
CEDEAO pour mieux développer leurs activités et s'enracinent dans
la région parfois avec les complicités locales. L'aide
ciblée n'apporte aucune réponse au problème de la
décapitalisation des ménages ou celui de
l'insécurité alimentaire chronique. Et l'avenir paraît
sombre avec les perspectives climatiques et pluviométriques qui
s'annoncent défavorables. Face à cette situation, les pays de
l'Afrique de l'Ouest et leurs partenaires internationaux doivent tirés
les leçons de la marginalisation des franges sahéliennes, de
leurs populations et de leurs territoires. Ils doivent renforcés
à court terme les stratégies de développement et
d'aménagement des zones sahéliennes, de la Mauritanie, du Niger
et du Tchad. Ils doivent appuyés la mise en oeuvre de politiques
ambitieuses à moyen et long terme dans le domaine de l'agriculture au
sens large du terme. Ils doivent notamment porter un autre regard sur
l'économie pastorale et agropastorale et mesurer enfin, le coût de
l'inaction. Quoiqu'il en soit, les appuis politiques et financiers obtenus
auprès des grands acteurs internationaux deviennent dès lors
indispensables.
B- La coopération et le renforcement des efforts
des pays du sahel en matière de développement
Le sahel, espace pauvre s'il en est, est logiquement l'objet
d'attention des bailleurs bilatéraux (1) et multilatéraux (2) qui
d'une manière ou d'une autre apporte leur aide à cette
région.
1- Le soutien indéniable des partenaires
bilatéraux
Le premier constat à observer est que les partenaires
bilatéraux des pays sahéliens sont nombreux et, dans la
majorité des cas, très généreux. Le sahel connait
donc une pression très forte d'acteurs bilatéraux qui aujourd'hui
tendent à se détacher comme acteurs majeurs dans la région
et se distinguent tant par les volumes qu'ils engagent que par les secteurs
qu'ils couvrent. C'est le cas des pays comme la France, les Etats-Unis qui en
plus d'une contribution financière importante sont aussi présent
dans le domaine de la coopération militaire avec les Etats de la
région. A côté de ceux-ci, sont aussi présent, le
Canada, les Pays-Bas, l'Espagne, le Royaume-Uni qui contribuent fortement
à l'Aide public au Développement délivrée au Mali,
à la Mauritanie et au Niger. Cette dernière a par ailleurs
décidé de se retirer de la région lors de la
révision de la politique bilatérale d'aide au
développement qu'il a effectué en Mars 2011. Le gouvernement de
David Cameron a choisi un recentrage drastique et n'interviendra plus que dans
vingt sept pays au maximum dans lesquels l'intervention du Royaume-Uni
présente un intérêt significatif. Les pays du sahel sont
directement touchés par cette révision politique puisque le
désengagement des programmes bilatéraux sera effectif au plutard
en 2016. Cela étant, si le Royaume-Uni préfère laisser
aujourd'hui un pays comme la France intervenir sur un terrain qu'elle ne
maîtrise pas trop, c'est parce qu'elle n'y avait jamais été
très présent.
En 2009, l'Organisation de Coopération et de
Développement Economique (OCDE)400(*) a identifié 18 pays membres de son
comité d'aide au développement comme donateurs au Mali. Ils lui
ont apportés au total quelques 548 millions de dollars. Les USA par
exemple engagent des crédits considérables. A cet effet,
l'assistance américaine au Mali n'a cessé d'augmenter ces
dernières années, après avoir stagné entre 50 et 60
millions de dollars annuels entre les années 2005 et 2008401(*). Le Mali est en Afrique
subsaharienne, l'un des pays cible du Millenium Challenge Corporation, et il a
reçu à ce titre près de 123 millions de dollars en
2010402(*). Le Canada et
les Pays-Bas sont aussi, traditionnellement, des bailleurs très
importants pour le Mali, puisqu'ils étaient en 2008, les premiers
contributeurs de l'Aide Public au Développement reçu par ce pays.
Les contributions d'Ottawa ont dépassées 99 millions de dollars
en 2008 et ont atteint les 81,5 millions de dollars en 2009, pendant que celles
des Pays-Bas atteignaient ces deux années là, les 80 millions de
dollars, après avoir même dépassé les 100 millions
de dollars en 2005. L'Allemagne fournit également une aide importante
à Bamako, qui a dépassé celle de la France en 2009, avec
un apport total de plus de 54 millions de dollars. Le Japon, la Suède,
l'Espagne ou le Luxembourg, font partis eux aussi des donateurs significatifs
au Mali, dans une manière toutefois moindre, pour des montants
respectivement de 35,5 millions de dollars, 28, 9 millions de dollars, 24,3
millions de dollars et 22,8 millions de dollars. Dans l'ensemble, les secteurs
qui reçoivent les aides bilatérales les plus importantes sont le
secteur productif ; agriculture en premier lieu suivi de près par
l'éducation, la santé, de l'eau et de l'assainissement. A
côté de cette aide bilatérale, vient s'ajouter l'aide
multilatérale nécessaire à la région tout comme la
première.
2- Les apports des partenaires
multilatéraux
Selon les données publiées par le Comité
d'Aide au Développement de l'OCDE, les institutions
multilatérales sont également des acteurs particulièrement
actifs dans la région sahélienne. Le Mali a reçu en 2009
près de 420 millions de dollars des apports extérieurs403(*). La plus grosse contribution
était celle de l'Agence d'Aide au Développement de la Banque
Mondiale, près de 167 millions suivi des apports des institutions de
l'Union Européenne estimés à 102 millions de dollars et de
la Banque Africaine de Développement (BAD) soit près de 60
millions de dollars. Les organisations du système des Nations Unies
interviennent de manière plus modeste, pour un total cumulé de
près de 39 millions de dollars, à la charge de l'UNICEF (14,7
millions de dollars), du PNUD (11,1 millions de dollars), et du FNUAP (2,6
millions de dollars). Dans l'ensemble, ces contributions multilatérales
sont relativement stables et reparties entre près d'une quinzaine
d'organisations.
Les instituions européennes apparaissent comme les
premiers contributeurs, avec un total de plus de 67 millions, devant l'Agence
d'Aide au Développement de la Banque Mondiale, un peu moins de 39
millions de dollars, suivi de la Banque Africaine de Développement avec
26,9 millions de dollars. Pour ce qui est de l'ONU, c'est encore l'UNICEF qui
était le premier donateur Onusien, avec plus de 18 millions de dollars
devant le PNUD (8,8 millions de dollars). Les principaux Etats
bénéficiaires se trouvent en Afrique de l'Ouest soit le Mali, le
Niger et la Mauritanie principalement les plus exposés aux menaces
sécuritaires y compris à la crise alimentaire qui secoue souvent
le Nord de leur territoire et qui ont un impact sur le progrès
socioéconomique de la région.
PARAGRAPHE II : CONSEQUENCES DES MENACES SECURITAIRES
SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DANS LA REGION SAHELIENNE
Les défis de la sécurité au sahel ont des
répercussions sur le développement de la région (A) qui
par ailleurs se trouve confronté au problème de l'état de
droit (B).
A- Les répercussions sur le développement
du sahel
Les défis de la sécurité au sahel sont
causes de recul de l'Etat en tant que prestataire de services publics (1). De
même, ils entravent l'essor de l'activité économique
(2).
1- Le recul de l'Etat en tant que prestataire de
services publics
De manière générale, l'Etat au sahel
démontre une faible capacité à mobiliser les ressources
matérielles, humaines et financières. Cet état de fait est
en partie imputable à l'incivisme et à l'ignorance pour
répondre à tous les besoins en services publics, tant en termes
de quantité que de qualité. Au regard des divers menaces aussi
bien internes qu'externes qui pèsent dans la région
sahélienne, les agents de l'administration sont réticents
à servir dans cette région. Parmi ceux qui sont affectés,
certains se battent des pieds et des mains pour être mutés. Ce
mépris pour la région est accentué par les idées
reçues sur l'hostilité de la région. Ce faible attrait de
la région a pour conséquence une faible dotation des services en
ressources humaines, ce qui ne permet pas un fonctionnement optimal des
services. L'insuffisance des ressources ne permet pas aux services publics de
se rapprocher des populations. Cette situation contribue à maintenir,
voire agrandir le fossé entre l'administration et les populations et
réduit de ce fait la demande des services publics.
La faible densité de peuplement et la forte
mobilité des populations dans cette bande désertique rendent
difficile et coûteux tout effort visant à réduire les
distances d'accès aux services sociaux. A ceci s'ajoute le fait que
l'analphabétisme, l'ignorance et l'incivisme amènent les
populations à ne pas honorer leur devoir fiscal privant ainsi
l'administration, notamment déconcentrée, de ressources pour
investir. De manière générale, la mauvaise gouvernance ne
permet pas de conduire des politiques économiques judicieuses et
orientées vers le développement.
Les menaces sécuritaires conjuguées à
l'éloignement des services sociaux constituent un frein à la
demande de services publics de la part des populations du sahel. En effet, au
regard de l'éloignement des services publics et du fait de la
montée du banditisme, les populations courent le risque de se faire
agresser en s'y rendant. A cela s'ajoute les pesanteurs socioculturelles et
les croyances qui constituent des obstacles à la fréquentation
des services publics. L'intégrisme religieux qui tend à opposer
l'enseignement public aux valeurs de la religion musulmane, amènent
plusieurs parents à préférer l'école coranique non
formelle où les enfants sont censés recevoir un enseignement
conforme à la loi islamique. Les croyances et pesanteurs
socioculturelles404(*)
en conduisant à la déscolarisation
prématurée405(*) contribuent aussi à réduire la demande
en matière d'enseignement. La méconnaissance par les populations
sahéliennes de leur droit, notamment socio-économique ne leur
permet pas de les revendiquer et d'amener l'administration à
déployer les efforts pour le respect de ces droits.
De même, les prestations des services sociaux de base
ont souvent aussi été la cause de la désertion de ces
services par les populations. En matière de santé par exemple, il
ressort que dans la région du sahel, les coûts sont l'un des
motifs de la non fréquentation des services de santé. La
corruption, en renchérissant les coûts d'accès aux services
sociaux, en évince les plus pauvres qui n'ont pas les moyens pour en
payer le prix. Par ailleurs, le sentiment de spoliation qu'ont les populations
vis-à-vis de certains services les amène à s'en
éloigner. Le faible développement des infrastructures rend
inaccessible certains services dans certaines localités surtout en
saison de pluie. Pareil pour le réseau routier qui, de part sa faiblesse
entrave la communication, la connexion entre les villes, les localités
et empêche de ce fait, l'essor du développement de la
région.
2- L'essor de l'activité économique
entravé
La prédominance de l'analphabétisme au sein de
la population active joue négativement sur l'offre de travail
qualifié dans la région. De ce fait, plusieurs
opportunités d'emplois qu'offrent les projets réalisés
dans le sahel dans le secteur des mines par exemple ne peuvent pas être
saisies par les populations. Les postes d'agents publics leurs échappent
également. Or, dans plusieurs domaines, l'affectation d'agents
originaires de la région qui connaissent les us et coutumes des
populations aurait pu constituer un atout majeur et faciliter l'adhésion
de ces structures par les populations. Elle aurait permis également de
mettre en avant des hommes et femmes modèlent, ce qui serait très
intéressant en termes d'incitation à la scolarisation.
L'incapacité des populations locales à saisir les
opportunités d'emplois dans l'industrie minière est cause de
frustrations au sein de ladite population et constitue de ce fait une menace
pour une exploitation sereine des ressources minières.
La production minière est également très
touchée par les problèmes sécuritaires dans la
région du sahel. En effet, les sociétés industrielles sont
le plus souvent entre l'enclume des revendications, vandalisme des populations
et le marteau du banditisme et de la rébellion. Ces revendications,
vandalismes sont exacerbés non seulement par l'analphabétisme
ambiant et l'ignorance des populations mais aussi et surtout par la mauvaise
gouvernance des acteurs locaux. Ainsi, dans certaines localités les
ressources mises à la disposition par les sociétés
minières ne sont pas souvent exploitées à bon escient. Et
ceux-ci sont vus dans l'imagerie populaire comme des voleurs, des pilleurs qui
exploitent les ressources sans contre partie.
Le tourisme est l'un des secteurs qui souffre le plus des
défis sécuritaires. En effet, la déclaration de cette
bande sahélienne comme zone infréquentable a eu pour effet un
abandon de la zone comme destination touristique. Aussi plusieurs guides
touristiques ont-ils été contraints de se reconvertir dans
d'autres domaines s'ils ne sont pas simplement retournés au
chômage. Si jusqu'à aujourd'hui AQMI et d'autres groupes
terroristes n'ont pas encore commis le moindre attentat aveugle dans aucun des
trois pays sahéliens (Mali, Niger, Mauritanie) les plus exposés
au menace, l'organisation s'est limitée à attaquer que des
intérêts français dans la majorité des cas.
Malgré le fait que les services de sécurité ont parfois su
les déjouer à temps, les trois pays ont été
classés en zone rouge pour la majeure partie de leur territoire et
orange pour le reste. Le tarissement du tourisme qui a résulté
des mesures prises par certains Etats a été une catastrophe
économique et sociale pour les populations de la région qui en
tiraient jusque là des ressources essentielles. Les actions de
coopération au développement qu'assuraient certains ONG ont
également été touchées à cause de la menace
terroriste. Plusieurs ONG ont donc dû se retirées ou ont
été amenées à réduire leurs activités
au sahel.
L'insuffisance des infrastructures hydro-agricoles et
pastorales contribue aussi à inhiber l'essor des deux activités
principales des localités qui font l'agriculture et l'élevage. La
faiblesse des capacités financières de l'administration publique
(centrale et locale) ne lui permettent pas de jouer son rôle d'impulsion
du développement par la création des infrastructures
nécessaires pour le développement des potentialités,
nombreuses, de la zone. Les populations agricoles et pastorales sont
menacées d'une part, par le banditisme mais aussi par les conflits
internes (fonciers notamment) qui découragent certains exploitants
à faire des investissements significatifs et durables pour valoriser le
potentiel foncier. Les régions agricoles du Sud constituent depuis
longtemps la zone utile des actuels Etats de la bande sahélienne, ce qui
contribue à limiter l'intérêt des gouvernements pour les
régions dépourvues et peu peuplés du Nord. Compte tenu de
l'impossibilité d'augmenter les disponibilités hydrauliques et
alimentaires, l'accroissement démographique des populations de la frange
saharo-sahélienne engendre ou aggrave des pénuries. Les
ressources limitées et aléatoires des Touaregs privent ceux-ci de
toute possibilité de dégager des surplus leur permettant
d'accumuler les capitaux, donc d'investir et de bâtir une économie
plus efficace406(*).
L'échange est en permanence inégal entre les
Touaregs et les marchands du Sud (Mali, Niger), au détriment des
premiers407(*). La rente
des matières premières fait l'objet d'une redistribution
inégale, insuffisante ou inexistante en direction des populations
locales. Les trafics et activités terroristes accréditent les
discours visant à criminaliser tout ou partie des habitants de la
région. Surtout que ces derniers ne sont pas réellement
intégrés dans les Etats dont ils sont ressortissants et qui se
disent Etat de droit.
B - Le problème de l'Etat de droit : un
Etat de droit fragilisé
La promotion de l'Etat de droit aux niveaux national et
international s'inscrit au coeur de la mission de l'organisation des Nations
Unies. Il est indispensable de respecter l'Etat de droit si l'on veut instaurer
une paix durable au sortir d'un conflit, assurée efficacement la
protection des droits de l'homme et réaliser les progrès
économiques soutenus et le développement. C'est pourquoi les
Nations Unies ont déclaré 2012, année de l'Etat de droit.
Or, au sahel, il existe des obstacles à l'affirmation de
l'autorité de l'Etat (1) et une faible garantie des droits humains
(2).
1- Les obstacles à l'affirmation de
l'autorité de l'Etat de droit
L'Etat de droit est un système institutionnel dans
lequel toutes les personnes morales (publiques ou privées) et physiques
sont soumises à la règle de droit. Pour avoir une portée
pratique, le principe de l'Etat de droit suppose l'existence de juridictions
indépendantes, compétentes pour trancher les conflits entre les
différentes personnes juridiques en appliquant à la fois le
principe de légalité, qui découle de l'existence de la
hiérarchie des normes, et le principe d'égalité, qui
s'oppose à tout traitement différencié des personnes
juridiques. Dans un Etat de droit, l'Etat dont la fonction de régulation
doit être affirmée et légitimée, s'applique à
respecter les droits humains.
Dans le sahel ou du moins dans certains Etats du sahel,
l'insuffisance des ressources humaines et matérielles empêche les
services publics de fournir des prestations de qualité, d'être
proche du citoyen et de lui réserver un accueil satisfaisant. Les
ressources humaines et matérielles de l'Etat sont en deçà
de ce que celui-ci devrait mettre en oeuvre pour un meilleur fonctionnement des
institutions républicaines. Le personnel de l'administration publique
est en nombre insuffisant car, nombreux sont ceux-là qui ne souhaite pas
rejoindre le Nord. En effet, dans la mentalité de l'agent et même
de l'administration centrale, être affecté au Nord équivaut
à une sanction disciplinaire. Les agents en poste dans les
régions du Nord du sahel doivent faire face à des conditions
climatiques difficiles, au manque de moyens, et sans aucun avantage en retour.
En outre, ils éprouvent un complexe d'infériorité par
rapport à leurs homologues du Sud qui semblent nettement mieux
équipés. Les principaux défis en matière de
ressources humaines et matérielles sont la construction de routes et /ou
leur entretien, la dotation des services en véhicules automobiles
adaptées, l'affectation d'un personnel suffisant et adapté, et la
création des services compétents pour chaque administration.
L'autre fait majeur, est la faible participation à la
vie publique et la mauvaise gouvernance. Les populations du sahel ont le
sentiment d'être abandonner par l'Etat. Ainsi, celles-ci se sentent
insuffisamment ou pas du tout impliqués dans les politiques de
développement. De plus, les différentes politiques de
développement ne prennent pas en compte les aspirations des habitants.
Concernant les habitudes culturelles des populations de ces régions, les
populations du sahel sont assez réservées de nature et la
communauté joue un rôle primordial. Culturellement, la famille et
le groupe social sont sollicités en premier dans le règlement des
conflits. Ces habitudes culturelles et le souvenir toujours persistant du
passé colonial, avec tous ses traumatismes et violations des droits
humains, rendent les populations méfiantes et réticentes
vis-à-vis de l'administration publique qu'elles considèrent comme
une continuation de l'administration coloniale qui ne prend pas en compte leur
réalité culturelle. Cet ensemble de données explique cette
réticence ou même ce refus de collaboration avec l'administration
publique. Par ailleurs, les populations du sahel sont aussi réfractaires
à l'égard des étrangers. Les populations du Mali et du
Niger, ayant une même frontière commune et partageant les
mêmes habitudes culturelles et religieuses se sentent plus proches et
considèrent les autres (Mauritaniens, Burkinabè etc.) comme des
étrangers.
Le défi sera donc de travailler à instaurer une
confiance entre l'administration et les citoyens, de travailler à une
administration véritablement républicaine dans laquelle chaque
citoyen se sent concerné et pris en compte. Il faudrait également
travailler pour que la confiance naisse entre l'administration publique et les
populations en les impliquant davantage dans l'élaboration et
l'application des politiques de développement. Cela contribuerait
à diminuer la corruption des agents publics de l'Etat qui est une
réalité dans les régions du sahel et à garantir les
droits humains des populations sahéliennes qui restent
fragilisées dans cette région.
2- La garantie des droits humains : une mise en
oeuvre limitée
Les populations du sahel estiment globalement satisfaisantes
la garantie et l'effectivité des droits civils et politiques, même
si elles notent quelques insuffisances. Cependant, le véritable
défi réside dans la garantie par l'Etat des droits
économiques et sociaux, l'Etat ne mettant pas en oeuvre des politiques
publiques efficaces permettant aux populations de jouir de ces droits. De ce
fait, l'ensemble des droits économiques, sociaux et culturels ne sont
pas assurés aux populations du sahel. Or tous les droits humains sont
égaux et interdépendants. Un droit non garanti va avoir
nécessairement des répercussions sur les autres droits.
Au sahel, il existe un faible accès à la
justice. Le droit d'accès au juge dans les localités de cette
région n'est pas encore effectif pour tous du fait de
l'éloignement de celui-ci du justiciable ; d'autre part, les
juridictions n'ont pas de moyens pour tenir des audiences foraines. C'est un
fait que la justice est éloignée du justiciable dans les
régions du sahel et si elle existe, celle-ci n'offre pas aux
justiciables tous les services qu'elle est censée offrir. D'abord, les
distances à parcourir par les populations de ces régions pour
accéder à un tribunal sont importantes. Ensuite, l'accès
des populations des régions du sahel aux services d'un avocat est quasi
impossible ou très coûteux du fait qu'ils ne sont établis
que dans les grandes villes du pays. Il n'y a pas de cabinet d'avocat dans les
régions du sahel, ce qui constitue une entrave au droit de la
défense garanti par la constitution dans la mesure où
l'assistance d'un conseil est obligatoire pour certaines procédures
telles que les affaires criminelles, les mineurs poursuivis au pénal ou
le pourvoi en cassation. Cette situation a pour conséquence les
coûts trop élevés de la justice.
L'information juridique et judiciaire est inaccessible aux
populations des régions du sahel qui le plus souvent ne font pas
confiance en leur justice. Pour cette raison, les populations du sahel
recourent souvent aux services d'intermédiaires supposés à
tort ou à raison mieux connaître le système, une pratique
qui engendre la corruption et le trafic d'influence. La langue française
utilisée par exemple au Mali et au Niger lors des procès n'est
pas comprise des populations du Nord qui pour la plupart sont
analphabètes. Les décisions de justice rendues sont rarement
exécutées et les auteurs d'infractions ne sont pas souvent
sanctionnés. Le boom minier dans le Nord de certains Etats du sahel
comme le Niger avec l'exploitation minière a développé une
insécurité dans toute la région. Elle se manifeste par des
attaques à main armée, la vente et la consommation de
stupéfiants dans la région etc. La police judiciaire dispose de
peu de ressources pour enquêter efficacement sur les crimes commis et
arrêter leurs auteurs. De plus, par peur de représailles, les
populations refusent ou ont peur de dénoncer les criminels. La prison
rencontre par ailleurs de sérieux problèmes d'adaptation social
dans les régions du sahel. Institut méconnue dans les traditions,
la prison est considérée comme une importation coloniale et est
perçue comme un lieu d'humiliation et non d'insertion sociale. Et l'Etat
s'avère incapable d'assurer l'effectivité des droits des
détenus.
De même, les droits de la femme et de l'enfant restent
l'un des enjeux pour le sahel notamment dans les zones du Nord des pays comme
le Mali, le Niger et la Mauritanie. Les femmes et les enfants sont les
personnes les plus vulnérables dans les régions du sahel. Ainsi,
ils voient leurs droits fréquemment violés. La plupart de ces
violations sont le fait de personnes privées. Les mariages forcés
et précoces sont par exemples très courants. La jeune fille est
donnée en mariage à l'âge de 11-12 ans, parfois même
7 ans. Le mari est chargé de son éducation. Cette pratique
entraine une forte déperdition sur le plan scolaire et, chaque
année, on estime à plus de 60% les jeunes filles qui abandonnent
l'école primaire. La pratique du lévirat subsiste aussi obligeant
la veuve d'épouser le frère de son mari
décédé. A cela s'ajoute l'excision, couramment
pratiquée dans le Nord du Mali et du Niger. Les femmes participent peu
à la vie publique. Malgré la présence de femmes parmi les
élus locaux de la région sahélienne, le constat demeure
qu'elles restent peu représentées dans la gestion des affaires
locales. Cette situation est due aux pratiques culturelles et aux
mentalités des populations de cette zone.
Le défi sera donc de doter la région
sahélienne des moyens suffisants permettant de garantir la
dignité humaine, la sécurité et de permettre la
scolarisation et l'éducation des filles en particulier. En plus de tout
cela, le développement économique est un véritable
défi pour la sécurisation de cette région.
CONCLUSION DU CHAPITRE I
Aucune évaluation à proprement parlée des
diverses réponses et initiatives à ce jour conçues,
tentées, initiées ou planifiées afin de lutter contre le
terrorisme au sahel n'a été menée pour en mesurer
l'impact. Cependant, l'analyse d'un certain nombre d'enseignements permet de
tirer une conclusion dont certains ont transpiré tout au long de cette
analyse. La lutte contre la menace terroriste en Afrique de l'Ouest et
particulièrement dans la bande sahélo-saharienne, est une
entreprise complexe, qui doit prendre en compte une multitude d'aspects :
diplomatique, politique, socioéconomique et sécuritaire, et les
liens que ce fléau entretient avec d'autres problèmes tels que la
criminalité transfrontalière organisée et
précisément les différents trafics qui se sont
développés dans la région408(*). Les Etats du sahel doivent
prendre acte de cette réalité et collaborer plus
étroitement pour éviter que les mouvements terroristes et les
groupes criminels ne s'enracinent davantage dans cet espace.
L'éradication du terrorisme au sahel passe, en effet, par un
renforcement de la coopération entre tous les pays de la zone et non
à travers des postures différentes et souvent divergentes dans la
lutte contre AQMI.
Ainsi, en termes d'efficacité, la lutte contre le
terrorisme et le crime organisé ne peuvent plus se concevoir à
partir de catégories telles que l'intangibilité des
frontières, la souveraineté ou les rivalités pour le
leadership régional ; elle doit au contraire s'articuler autour de
domaines d'application transversaux et sur des aires régionales
intégrées, soumises aux mêmes problématiques et aux
mêmes menaces, transcendant le prisme purement colonial409(*). « Il est temps de
mieux méditer la réponse fondamentale, la restauration des
nations historiques devant prévaloir sur les entités coloniales
dressées artificiellement par les métropoles dans
l'intérêt des calculs impériaux de
l'époque ». « Il est temps de tourner la page
coloniale et d'aller vers la régionalisation bien comprise et le respect
des ensembles homogènes sur la base des grandes nations historiques
ayant précédé le charcutage colonial ».
L'Afrique doit désormais se réapproprier sa propre
destinée.
CHAPITRE II :
ACTIONS CONCRETES ET DE CONCERTATIONS FACE A LA MENACE
TERRORISTE AU SAHEL
Terrorisme, criminalité, piraterie, conflits internes,
coup d'état, déstabilisation des pays secoués par le
« printemps arabe », chaos en Libye, crise au Nord du
Mali...l'année 2011 et 2012 n'aura pas épargné la
sécurité de l'Afrique, qui connaît une situation toujours
préoccupante, malgré des avancées positives
(création d'un nouvel Etat au Sud-Soudan, résolution de la crise
ivoirienne etc.). Les facteurs d'insécurité se diversifient, la
violence ne recule pas et jamais les activités illicites n'ont connu une
telle ampleur. Les Etats du continent ne parviennent pas à trouver la
stabilité et la sécurité nécessaire à leur
développement, malgré les efforts entrepris depuis plusieurs
années. En effet, les pays d'Afrique subissent les effets de trois
phénomènes : la persistance des conflits internes et des
rebellions locales, le développement du crime organisé et
l'enracinement du terrorisme djihadiste incarné par AQMI, les milices
somaliennes AL-SHEBAB SHEBAB et la secte islamiste nigériane BOKO HARAM.
Ces phénomènes concomitants représentent un défi
considérable pour les pays africains.
Depuis la mort de Ben Laden (le cerveau d'Al-Qaïda), si
la dynamique de l'islam salafiste combattant semble marquer le pas au
Moyen-Orient, son berceau, elle connaît un élan nouveau en
Afrique, précisément dans sa partie sahélienne. Ce qu'il
faut retenir, c'est que même si le terrorisme n'est pas encore
profondément ancré dans les pratiques africaines, le continent
renferme les germes d'un terrorisme en puissance. Le procédé
risque de prendre de l'ampleur et éclore véritablement avec le
temps si la situation sociale demeure statique et que les marchands d'illusions
parviennent à récupérer les mécontentements
populaires pour en faire une arme à leur disposition. A cet
égard, l'extrême difficulté des Etats à exercer
leurs fonctions régaliennes sur de vastes espaces dont ils ont la charge
représente la problématique centrale de la sécurité
des Etats africains.
En l'absence de décisions rapides et fortes au niveau
régional (CEDEAO), continental (UA) et international, tous les
scénarios seront ouverts et le risque à venir est celui de voir
un sahel dans le chaos propice à la propagation de l'extrémisme
religieux et de la violence terroriste et au-delà. Il est donc urgent
d'adopter une stratégie cohérente et efficace contre le danger
terroriste au sahel (Section I) et un système antiterroriste qui
intègre des objectifs communs face à cette menace (Section II)
avant que ne survienne un retournement de situation qui ferait du continent
africain une place forte de cette pratique. Malgré cette avalanche de
nouvelles préoccupantes, nous sommes convaincus que les raisons
d'espérer existent. C'est pourquoi il est essentiel de suivre avec
vigilance tous les facteurs de déstabilisation du continent africain,
lequel jouera, au XXIe siècle plus que jamais auparavant, un rôle
essentiel pour la stabilité mondiale.
SECTION I: ADOPTER UNE STRATEGIE COHERENTE ET EFFICACE
CONTRE LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL
La mise sur pied de contres mesures exhaustives pour
contrecarrer la menace terroriste au Sahel (paragraphe I) et un engagement
communautaire dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme
sont indispensables pour les Etats de la région (paragraphe II).
PARAGRAPHE I : UNE MISE EN PLACE DE CONTRES MESURES
EXHAUSTIVES POUR CONTRECARRER LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL
L'ampleur de la menace terroriste au sahel dicte une
stratégie commune entre les pays du champ (A) à côté
d'une aide internationale nécessaire (B) pour briser le cycle de la
violence et éviter l'enracinement de l'insécurité.
A- De la nécessité d'une vision commune
entre les différents acteurs de la région
Le renforcement de la coopération régionale
à travers une réelle volonté de répartition des
rôles (1) et la fin des divergences entre Etats riverains permettraient
de dissiper des stratégies qui, pour le moment, ne convergent pas
(2).
1- Le renforcement de la coopération
régionale
L'évolution des menaces qui pèsent sur la
sécurité et la stabilité des pays africains met en exergue
la nécessité de faire évoluer les moyens mis en oeuvre par
les Etats, les Organisations Régionales ainsi que la Communauté
Internationale vers une stratégie commune. La mise en commun de moyens
humains, militaires et de renseignement est primordiale pour lutter plus
efficacement contre les menaces de déstabilisation410(*). La coopération
à tous les niveaux devrait être l'axe essentiel à toute
démarche visant à prévenir et à éradiquer
l'instabilité qui règne au Sahel et au Sahara. Les approches
individuelles ou partielles, répondant à des
intérêts nationaux ont démontré leur limite.
Malgré le nombre considérable de dispositifs économiques,
législatifs, militaires, policiers, régionaux et internationaux,
mis en place pour le Maghreb et l'Afrique sahélienne et Occidentale par
les africains eux-mêmes, l'UE, l'OTAN et les USA411(*), les actions pour lutter
contre la criminalité organisée et le terrorisme restent
dispersées et atomisées en fonction d'objectifs partiels et
sectoriels, et selon les priorités et les intérêts
particuliers des Etats ou groupement d'Etats.
En outre, la multiplication des organisations
régionales et sous-régionales et la variété des
accords bilatéraux et multilatéraux, en conduisant à une
certaine confusion, ont dilué les vrais enjeux de sécurité
et dispersé les efforts. « L'absence de plan d'action
contre le terrorisme au niveau sous-régional entrave les efforts
collectifs menés pour faire face à la menace
terroriste » concluait ainsi l'enquête sur la mise en
oeuvre par les Etats membres de l'ONU de la résolution 1373 (2001) du
Conseil de Sécurité évoquant la situation en Afrique de
l'Ouest et en Afrique Centrale412(*). La coopération au niveau des pays de la
CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme est assez embryonnaire
et peu institutionnalisée dans sa forme collective. Quant à la
coopération au niveau des Etats du Maghreb, elle reste morte depuis.
L'UMA n'a pas pu sortir de la léthargie dans laquelle elle se trouve
depuis une quinzaine d'années.
Participer à des dispositifs régionaux non
coordonnés dont les domaines d'action sont multiples, ne suffit pas
à combattre les flux et les activités criminelles car le propre
des flux est d'avoir des effets sur des espaces qui transcendent les
territoires nationaux. Leur fluidité, leur mobilité, leur
capacité d'adaptation rapide, font que les flux ne connaissent que des
espaces déterritorialisés. L'intégration régionale
réduirait les risques de menace sécuritaire. Aussi, pour
être plus efficace, la lutte contre le crime organisé, y compris
contre le terrorisme, ne peut plus se concevoir à partir de
catégories telles que l'intangibilité des frontières, la
souveraineté, ou les rivalités pour le leadership
régional ; elle doit au contraire s'articuler autour de domaine
d'applications transversales et sur des aires régionales
intégrées soumises aux mêmes problématiques et aux
mêmes menaces, hors du prisme purement national. L'engagement d'une
action concertée et coordonnée au plan régional doit
permettre aux pays riverains de la bande sahélienne d'organiser de
manière rationnelle et efficace, la lutte contre les groupes terroristes
et criminels qui ont choisi le sahel comme leur nouveau sanctuaire. La
sécurité de cet océan sahélien ne saurait comme en
mer, que relever d'un effort concerté des riverains, notamment dans le
partage de renseignement, et d'une perception commune des menaces afin de
dissiper des stratégies, qui pour le moment, ne convergent pas. Bien au
contraire, elles se croisent, voire se neutralisent, au nom des calculs
étroits413(*).
2- La fin des ambiguïtés entre Etats
riverains du sahel
Pour empêcher AQMI de continuer à consolider sa
présence au sahel, il va falloir mettre fin aux divergences d'approches,
au conflit de leadership et aux incidents politico-diplomatiques entre Etats du
champ. Les Etats du sahel ont pris des mesures pour faire face à AQMI
mais ne sont en général pas parvenus à mettre au point une
stratégie consensuelle pour lutter contre ces groupes de mieux en mieux
organisés et établis. Certains leaders au sahel ont
hésité à reconnaître la menace qui prend de
l'ampleur. Certaines initiatives ont vu le jour, mais certains défis et
désaccords qui en résultent se conjuguent à des
déséquilibres de puissance qui déterminent la
manière dont chaque partie appréhende la menace. Le Mali est
historiquement considérée comme le maillon faible de la lutte
contre AQMI, et désigné comme tel par tous ses voisins. Un des
principaux reproches formulés à son encontre serait qu'il aurait
délibérément choisi de préserver le pays utile,
c'est-à-dire le Sud, où sont concentrées les ressources
majeures, comme le coton, par exemple, au détriment d'un Nord trop
grand, méconnu et peuplé, entre autres de Touareg
réputés hostiles au pouvoir de Bamako.
L'Algérie pour sa part semble réticente à
l'égard de tout soutien étranger extérieur au continent,
qu'il considère comme prétexte pour la mise en place de bases
militaires sur son territoire par des puissances étrangères. En
outre, les doutes de l'Algérie quant à l'assistance
étrangère ont limité le flux des ressources qui
permettaient de mener des opérations de surveillance dans les vastes
zones non gouvernées du sahel qui servent d'abri à AQMI. Pour
garantir une gestion moins crispée et plus sereine de l'espace
sahélien, la fin des dissensions entre les Etats du sahel est
nécessaire et indispensable pour répondre à la
problématique de l'insécurité, notamment de la drogue, du
terrorisme et du banditisme transfrontalier, dans toute sa complexité.
« Aujourd'hui, l'introspection est de mise : il faut
être lucide sur l'aveuglement quant à la dégradation de la
situation gouvernemental, institutionnelle et sécuritaire du Mali tant
de la part des premiers concernés, les maliens eux-mêmes et leurs
voisins »414(*) que de la part des partenaires
extrarégionaux, au premier rang desquels les voisins
européens ; il faut admettre que l'on n'a pas vu, que l'on n'a pas
su ou peut être pas voulu voir certains signes alarmants415(*). Il faut dès lors
tirer des leçons sur les erreurs commises et les manquements
passés et s'interrogés sur les orientations des politiques
futures416(*).
La coopération dans le domaine de la
sécurité est donc un enjeu majeur pour l'avenir de la
région et il apparaît que la menace d'AQMI a, peu à peu,
provoqué une prise de conscience et des comportements nouveaux parmi les
acteurs régionaux. Ces actions locales, sont, cependant, loin
d'être suffisantes et doivent être soutenues par la
communauté internationale, laquelle mène déjà
plusieurs initiatives en ce sens.
B- Un soutien international incontournable
Les faiblesses du processus de coopération dans le
domaine de la sécurité engagé par les Etats du sahel
rendent nécessaire l'appui de la Communauté Internationale, en
particulier des pays disposant des moyens et d'une expérience suffisante
en la matière. A ce titre, une implication croissante des puissances
extérieures (1) ainsi que la mise en place d'un partenariat
Europe-Afrique contre le terrorisme international est nécessaire pour
rétablir la paix et la sécurité au sahel (2).
1- Une implication croissante des puissances
extérieures
Pour être véritablement effective et efficace, en
fonction précisément des causes et facteurs contribuant à
l'émergence et au développement du terrorisme, la lutte contre le
terrorisme au sahel doit faire intervenir des acteurs extérieurs.
L'appui des puissances extérieures dotées d'une capacité
sophistiqué dans le domaine du contreterrorisme permettrait de
mutualiser les efforts pour lutter plus efficacement contre les menaces
terroristes et les activités criminelles. Pour empêcher AQMI et
les différents groupes criminels de consolider leur présence au
sahel, l'assistance internationale est indispensable dans l'ensemble de la
région. Si les efforts anti-terroristes des Etats du sahel ont
manqué de cohérence, c'est parce qu'ils n'ont jamais
été bien coordonnés. Cette situation floue a permis
à AQMI de s'enraciner dans la zone sahélienne et de saper les
initiatives locales, régionales pour rétablir la confiance dans
cette partie du continent.
Théoriquement, un ensemble de partenaires
extérieures au sahel apporte des réponses à la menace
grandissante que constitue le terrorisme dans la région. La France, les
Etats-Unis, l'UE ainsi que d'autres donateurs offrent une assistance, des
capacités de communication et de formation nécessaires à
la restructuration et à l'amélioration des forces de
sécurité et des sources de revenu au sahel. Un grand nombre de
rançons payées à AQMI viendrait de pays européens,
dont au moins 12 millions d'euros versés par l'Espagne, l'Allemagne et
la Suisse en 2009 et 2010417(*). C'est la raison pour laquelle les pays du sahel ne
sauraient décider seuls de la réponse face à AQMI. Une
étroite coordination avec d'autres Etats du continent et au-delà
est essentielle pour comprendre et contrecarrer la stratégie
sahélienne d'AQMI. Cependant, les moyens mis en oeuvre restent
relativement faibles au regard de la détresse des populations locales et
de la fragilité institutionnelle des Etats. L'approche
sécuritaire a été globalement reconnue comme n'ayant eu
que peu d'effet et ayant même été contre productive,
conduisant à l'exacerbation des tensions déjà existantes.
C'est pourquoi les partenaires extérieurs des Etats du sahel doivent
prendre acte de cette réalité et collaborer plus
étroitement en y renforçant des initiatives ou en
procédant à des améliorations pour éviter que des
groupes terroristes et criminels ne s'y installent davantage. Le secteur de la
sécurité doit certes être réajusté et
amélioré pour répondre aux attaques et cibler les
unités et bases d'AQMI, mais les Etats concernés doivent en
parallèle protéger les moyens de subsistance de leurs populations
et créer des opportunités économiques pour maintenir
l'écart qui existe entre les communautés sahéliennes
autochtones et les groupes terroristes salafistes qu'AQMI tente vivement de
combler. A l'image de la lutte contre Al-Qaïda en Afghanistan et en Irak,
un appui extérieur, voire une solidarité internationale semble
donc indéniable et essentielle pour la survie de la région
sahélienne. Il faudra réunir beaucoup d'atouts et de bonnes
volontés pour éviter que le sahel ne sombre.
2- La mise en place d'un partenariat Europe-Afrique
contre le terrorisme international
Depuis plus de 30 ans, les Etats africains et l'UE oeuvrent
ensemble au développement de nouveaux modèlent de
responsabilisation mutuelle dans le cadre de leurs relations. De Yaoundé
à Cotonou, l'UE et l'Afrique, à travers la signature de
traités internationaux, se sont engagés dans des accords communs
de coopération et de partenariat. Même si le constat qui en
découle révèle des tendances négatives dans cette
relation entre l'UE et l'Afrique, aujourd'hui, l'un des principaux défis
concerne la lutte contre le terrorisme international. L'intensité
croissante des instabilités et l'imbrication entre violences,
terrorismes et trafics, appellent à l'élaboration de politiques
intégrant une vision commune face à une menace commune. La
diffusion des dynamiques à l'oeuvre dépasse désormais
l'espace sahel. L'Europe et l'Afrique, avec comme cordon ombilical la
Méditerranée, ont des liens d'interdépendance
extrêmement forts. En ce sens, ce qui se passe dans cette zone affecte
directement le continent européen.
Le terrorisme dans le sahel est mondial et non
régional. A cet effet, l'entraide entre les pays africains et les pays
européens est indéniable pour trouver une réponse
adéquate au terrorisme internationale. Les méthodes de lutte
contre le terrorisme doivent être proactives, communes compte tenu de
l'évolution de la menace. Il ne s'agit pas ici, de se laisser aller
à de grandes envolées sur un avenir
« eurafricains » fragile, abstrait, même illusoire,
comme si l'Afrique, dans la mondialisation, ne pouvait exister qu'en s'arrimant
à l'Europe418(*) ; mais de proposer une vision, un plan
stratégique et d'évaluer la pertinence face à une
insécurité qui ne cesse de progresser à grand pas au sahel
et qui peut d'une manière ou d'une autre avoir des répercussions
sur le vieux continent. A titre d'exemple, la France peut être comme le
premier pays européen victime de l'impact de l'insécurité
dans le sahel. Avec les sept touristes capturés au Cameroun, au total
quinze français sont désormais otages au sahel419(*). Et il n'est pas exclu que
des ramifications entre groupes terroristes puissent existés entre ceux
installés en Afrique et d'autres basés en Europe ou que des
cellules d'activités liés à AQMI puissent être mis
en place en s'appuyant sur des extrémistes européens convertis.
Ce qui pourrait à terme constitué une menace pour l'Europe.
La situation dans le sahel, tombé aux mains de groupes
islamistes, n'est pas qu'une affaire africaine, voire franco-africaine. Pour
Jean Yves LE DRIAN420(*), « on ne peut pas laisser s'installer
un sanctuaire terroriste majeur à nos portes, à 1200 km de la
rive Sud de la Méditerranée ». Par ailleurs, les
entreprises européennes installées au sahel ne sont pas
épargnées de la menace terroriste. La prise d'otages sur le site
gazier de Tiguentourine, près de la localité d'In Amenas (Sud-est
de l'Algérie), est un incident sécuritaire majeur pour les
compagnies pétrolières européennes présentes au
sahel et en Afrique de l'Ouest. Alors que les réserves prouvées
en hydrocarbures ne cessent de s'accroître dans la région,
qualifiée en 2011 « de nouvel eldorado »
par le directeur Afrique du Nord de Total421(*). Cette prise d'otages rappelle la menace
sérieuse qui pèse sur les industriels du secteur présents
dans la zone422(*).
Dès lors, une approche intégrée entre l'Europe et
l'Afrique contenant des défis et questions ainsi que les réponses
est importante pour anticiper la menace terroriste et limiter le risque
d'enlèvement dans les pays touchés par la criminalité et
le terrorisme. A terme, il en va de l'efficacité des moyens de
l'anticipation et de la prévention pour lutter contre la propagation de
l'extrémisme religieux.
PARAGRAPHE II : ENGAGEMENTS COMMUNAUTAIRES DANS LA
PREVENTION ET LA LUTTE CONTRE L'EXTREMISME
Pour prendre le pas sur le terrorisme islamiste
localisé ou globalisé, il faut décrédibiliser toute
idéologie islamiste dangereuse (A) et mettre fin aux moyens, aux
ressources, qui favorisent son développement (B).
A- Décrédibiliser toute idéologie
islamiste : la dé-radicalisation
Il est aujourd'hui urgent d'éliminer les facteurs
permettant ou contribuant au radicalisme, au salafisme, à
l'extrémisme, à l'intégrisme, au militantisme islamique au
sahel (1) en mettant en place des établissements de formations
religieuses en concert avec le contexte africain (2).
1- Eliminer les facteurs permettant son
aggravation
L'extrémisme islamique violent est la principale menace
qui conduit au terrorisme. Renforcer ou impulser la résilience423(*) reste un défi pour
avoir un pays où les citoyens et les collectivités sont en mesure
de résister aux idéologies extrémistes violentes, et
où la société est résiliente face au terrorisme
advenant un attentat. Envisager une approche sécuritaire ne peut
être que contre productif si, en parallèle, il n'y a pas
d'éradication de l'idéologie qui a permis que se développe
la menace terroriste. Il importe tout d'abord de remporter face à AQMI
et d'autres groupes terroristes présents au sahel, la bataille de la
communication. Ceux-ci, en dépit des effectifs réduits et d'un
mode de vie spartiate, ont réussi à s'assurer une
publicité sans commune mesure. Des enlèvements spectaculaires et
audacieux et la mise en scène des films au cours desquels
témoignent les otages ont ainsi permis aux terroristes qui
écument le sahel et notamment à AQMI d'acquérir une
notoriété mondiale qui, de surcroît ne peut pas nuire
à leur attrait auprès de certains apprentis jihadistes. Telle
qu'elle est pratiquée aujourd'hui, la communication est motivée
par l'actualité (enlèvement, assassinat) et ne s'intègre
jamais dans une stratégie de contre offensive, sauf parfois de la pire
des façons, en reprenant le discours « de guerre contre le
terrorisme » qui s'emboîte tellement parfaitement avec
celui d'Al-Qaïda qui correspond exactement à ce que ces derniers
attendent afin de justifier en réponse leur concept global de
« jihad global »424(*).
Insister sur la réalité mafieuse d'AQMI est
également un axe possible pour décrédibiliser cette
organisation auprès des populations sahéliennes. Très
souvent dans les journaux et télévision arabo-musulman, le
discours extrémiste est relayé sans contradicteur. Ces
médias arabo-musulmans décrivent les violences et les exactions
que les groupes terroristes commettent ainsi que les discours haineux qu'ils
relaient sans dénoncer l'ineptie ou la dimension crapuleuse. Face
à un fonctionnement d'AQMI avant tout idéologique où la
propagation des idées joue un rôle essentiel, la bataille
idéologique, la contestation de l'autorité de la parole des
Cheikhs autoproclamés, l'instillation du doute, y compris
théologique, quant aux vérités assenées, sont un
puissant facteur de déstabilisation425(*). L'islam offre des outils pour lutter contre
l'islamisme et de nombreux experts (autorités politiques ou religieuses)
disposent d'un savoir opérationnel qui reste à utiliser. Ainsi,
répondre aux arguments islamistes sur leur propre terrain
idéologique et juridique, les prendre à leur propre jeu, est la
meilleure façon de leur délégitimer, de leur
décrédibiliser en pointant leur faillibilité sur le plan
même dont ils revendiquent le pouvoir de leur légitimité et
de leur vérité : le plan religieux. Des offensives
médiatiques d'ampleur participeraient à mettre en lumière
la très grande pauvreté du corps doctrinal d'Al-Qaïda et la
ferait apparaître pour ce qu'elle est : une secte dont les
dirigeants n'ont aucune formation théologique, une hérésie
déjà presque sortie de l'islam426(*).
Décrédibiliser AQMI consiste également
à rendre cette organisation inutile dans la vie des habitants du sahel.
Face à des Etats défaillants et à des économies
dévastées, les terroristes ont souvent réussi à
faire vivre des milliers de personnes par le biais, entre autres de leurs
trafics divers. Les activités illégales d'AQMI créent des
opportunités financières et d'emploi pour les communautés
de la région. En réinvestissant les rançons payées
pour les enlèvements, AQMI a pu embaucher des bandits et rebelles locaux
au Niger, au Sahara occidental et ailleurs dans la région427(*). Si une grande partie des
communautés Touaregs ont gardé leurs distances par rapport
à l'organisation terroriste, plusieurs porte-parole communautaires ont
remarqué que des membres tombent « entre les mains
d'AQMI » en raison de la baisse du nombre d'opportunités
et des activités commerciales428(*). Il est d'ailleurs ironique de noter que c'est
justement les activités criminelles et les attaques terroristes de
faible intensité qui ont contribué en grande partie à la
détérioration de la situation économique au
sahel429(*). Cela
étant, pour empêcher, déceler, priver ou intervenir contre
le radicalisme au sahel, il y a lieu de mettre sur pied des centres ou des
établissements religieux dont la pensée islamique corrobore avec
l'islam africain réputé modéré.
2- Mettre en place des établissements de
formations religieuses en concert avec le contexte africain
Il y a encore peu, l'Afrique subsaharienne semblait
épargnée par l'intégrisme religieux musulman, notamment
sous sa forme terroriste430(*). La prise du pouvoir en 2006 par les SHEBAB en
Somalie constituait une exception très localisée431(*) et nul ne s'attendait
à une telle accélération et radicalisation sur la voie de
l'islam politique en plein sahel. On constate que la région est en proie
à des mouvements islamistes structurés et puissants : BOKO
HARAM au Nigéria, un pays dont certains Etats réclament
également l'instauration de la charia, au point de menacer le pouvoir
central ; la montée des périls entre les deux soudans qui
exacerbera, nul doute, les violences entre noirs chrétiens du Sud et
arabo-musulmans du Nord ; sans oublier les effets collatéraux des
circonstances de la chute en Libye du Guide KADHAFI. Si l'urgence reste bien de
rétablir durablement l'Etat du Mali dans son intégrité
territoriale, il faut également reconnaître qu'une autre menace se
profile à l'horizon, celle qui pèse sur l'islam noir. S'il est
clair que les facteurs économiques et sociaux sont pertinents, ils ne
peuvent à eux seuls expliquer un phénomène aussi complexe.
Tandis que ces organisations attirent bon nombre de leurs partisans parmi les
démunis, les messages militants sont généralement
rejetés par la grande majorité des opprimés. En même
temps, les militants islamiques attirent des partisans issus de la classe
moyenne et aisée, notamment au sein des organisations professionnelles
et des groupes d'études dans les universités. Ces nouveaux
musulmans, versés dans des mouvements d'inspiration Wahhabite
stigmatisent le sunnisme Malékite des confréries de l'islam noir
traditionnel432(*) et
essaient en vain de phagocyter les communautés musulmanes qui
résistent433(*).
De ce fait, combattre le fanatisme religieux devient
dès lors une nécessité pour éviter de voir une
radicalisation de l'islam au sahel. A cet effet, il est important de mettre en
place des centres, écoles et établissements de formation
religieuse pour assurer un apprentissage et une interprétation en bonne
et due forme de la religion dans le contexte de l'Afrique. Les Etats du sahel
devraient promouvoir des programmes visant à prévenir la
persécution de la communauté fondée sur la religion, la
race ou l'ethnie (et toutes les opinions politiques). La politique de
prévention contre la violence et le terrorisme doit être prise en
compte dans le programme scolaire et celui des médias.
L'éducation à la paix serait beaucoup plus efficace, si
dès le bas âge, les enfants y sont initiés à
l'école, cette dynamique unitaire. Il faut aussi promouvoir les
activités d'informations et appuyer l'utilisation de la presse pour
prévenir l'acquisition et l'extension des perceptions et des
idées fausses sur toute religion, tout groupe ethnie ou toute culture
dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'objectif d'un tel programme
devra consister à faire mieux comprendre, encourager la tolérance
ainsi que le respect de la dignité humaine tout en réduisant une
méfiance mutuelle entre les communautés. La
nécessité d'associer de façon volontariste les leaders des
communautés locales et les autorités religieuses (érudits,
imams, prêcheurs) aux débats relatifs aux besoins et
problèmes pressants revêt une grande pertinence434(*). Ceux-ci devraient
être encouragés à fournir une information grâce
à la création d'un sens de responsabilité. Pour ce faire,
il faudra procéder à une sensibilisation d'une action civique
dans le but de gagner la bonne volonté et la coopération de la
population qui en résulte. Le Cheikh MOUADOU SOUFI, du Burkina Faso,
pour lequel la violence religieuse constitue aujourd'hui la plus grande
préoccupation, affirme qu'il faut unir « nos efforts pour
mieux expliquer notre religion à nos enfants et les préserver de
cette pensée destructrice »435(*).
L'Etat doit instaurer ce que nous appelons la
« sécurité de la pensée »,
à travers les réseaux qui diffusent les Fatwas (décrets,
oulémas) contraire à l'islam, en donnant le maximum de
réponses et d'arguments. Les parents doivent faire très attention
aux fréquentations de leurs enfants et aux programmes de
télévision qu'ils regardent. « Lorsque votre enfant
fréquente les mosquées, soyez vigilants, surveillez leurs
références et contrôlez leurs prédicateurs avant
qu'ils ne tombent entre les mains des fanatiques. Ils doivent être
imprégnés du savoir de nos aînés et non pas de ceux
qui ignorent totalement le vrai message de l'islam », lance
Abdelmalek RANDAME EL DJAZAIRI, imam algérien436(*). De toute évidence,
ceci représente un immense défi pour les Etats fragiles du sahel
qui, à côté du religieux doivent aussi coupés les
ressources pécuniaires qui alimentent le terrorisme dans la
région.
B- Lutter contre le financement du terrorisme au
sahel
Pour éradiquer le terrorisme au sahel, la lutte contre
le terrorisme doit s'intensifier contre les divers trafics et les
activités illégales qui gangrènent la région (2) et
dans une certaine mesure, éviter le piège des rançons
auquel AQMI et les autres groupes terroristes en ont fait une industrie
rentable (1).
1- Eviter le piège des
rançons
Du constat des sources de financement des organisations
terroristes au sahel dont AQMI, il est clair que l'enlèvement de
ressortissants occidentaux apparaît comme l'activité la plus
recommandable et la plus rentable437(*). Les prises d'otages ont généré
de substantiels revenus à AQMI438(*). Depuis l'enlèvement de 32 touristes
européens dans le Sud de l'Algérie en 2003, AQMI a réussi
à amasser un important trésor de guerre. Mais au-delà
d'avoir su percevoir le potentiel financier des prises d'otages, AQMI a aussi
réussi à alimenter de vives tensions diplomatiques concernant
l'attitude à adopter face à ses exigences financières. En
effet, le paiement des rançons est un acte qui divise et qui est
à l'origine de sérieuses controverses entre puissances
occidentales et les Etats sahéliens. D'une part, céder aux
terroristes revient à les financer et, donc, infine à soutenir
leurs actions. D'autre part, avec la spectaculaire inflation des demandes de
rançons constatée au cours des dernières années,
s'est répandue l'impression qu'une vie étrangère vaudrait
bien plus qu'une vie sahélienne. Une telle approche a des effets
dévastateurs auprès des populations locales,
particulièrement précaires, elles comprennent difficilement
qu'une si importante somme d'argent alimente directement les auteurs de
violence, au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.
Dès lors, de nombreux Etats ont publiquement fait
état de leurs refus de payer toute rançon. C'est le cas,
notamment, des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger).
C'est également le cas du Royaume-Uni et des Etats-Unis. De tels
paiements constituent une violation de la résolution 1904 du Conseil de
Sécurité des Nations Unis et enfreignent la décision de
juillet 2010 de l'Assemblée de l'Union Africaine (UA) qui
réaffirme sa « ferme condamnation » de
telles pratiques. Les Etats sahéliens doivent donc refuser de faciliter
de telles négociations et mener des enquêtes qui permettront de
punir les responsables qui s'engagent dans ces pourparlers. Une telle attitude
relève d'un choix politique fort qui, bien sûr, peut être
difficile à assumer. Abou ZEID a ainsi exécuté un otage
britannique, Edwin DYER, le 31 mai 2009, à la suite du refus du
gouvernement du Royaume-Uni de payer la rançon qu'il demandait. La
règle de non paiement serait alors parfois détournée, en
recourant à des intermédiaires ou par le biais d'assurances
privées qui, en versant eux-mêmes une rançon, n'engagent
pas la responsabilité des Etats impliqués.
Il serait souhaitable qu'une réflexion entre pays
concernés par la menace terroriste et les acteurs extérieurs dont
les ressortissants sont victimes d'enlèvements s'engagent rapidement sur
l'opportunité d'un changement d'attitude vis-à-vis des demandes
de rançon, dans le but notamment d'assécher les sources de
revenues des groupes terroristes, mais aussi d'anéantir toute incitation
aux prises d'otages. Comme les kidnappings, la lutte contre les trafics en tous
genres et les activités illicites est certainement inévitable
pour mener à bien le processus d'éradication de la violence au
sahel.
2- Combattre les divers trafics au sahel
En 2009, l'Office des Nations-Unies contre la Drogue et le
Crime (ONUDC) estimait le trafic de cocaïne en Afrique de l'Ouest et en
Afrique Centrale à 900 millions de dollars439(*). Une importante partie de ce
trafic est contrôlé par les groupes terroristes de la
région sahélienne qui financent le recrutement de nouveaux
éléments et l'achat d'armes par les bénéfices
générés par le trafic de cocaïne, de cigarettes et la
protection des réseaux et filières d'immigrants clandestins
subsahariens vers l'Europe mais également grâce à l'appui
financier que fournissait le régime de KADHAFI dans le recrutement, la
formation et l'encadrement des factions rebelles et de mercenaires dans le but
de déstabiliser l'Afrique de l'Ouest. Selon Alain ANTIL,
« il faudrait commencer par établir une vraie typologie
des acteurs de ce trafic car bien souvent, celle-ci est erronée. On
pourrait ainsi distinguer cinq catégories d'acteurs. Il existe tout
d'abord des cartels Latino-américains, qui sont des organisations
criminelles transnationales. Il y a également des mafias
nigérianes qui sont implantées partout. D'importants
éléments de la diaspora africaine vivant en Europe
émergent, ce qui augmente le trafic par avion. Les tribus ou factions
présentes dans le Nord de la Mauritanie, du Mali et du Niger participent
également à ces trafics. Enfin, il existe aussi des mafias d'Etat
qui ont les capacités de sécuriser et d'organiser les
trafics »440(*).
Aussi pour être plus efficace, la lutte contre le crime
organisé et les mafias au sahel ne peut plus se concevoir à
partir de catégories telles que l'intangibilité des
frontières, la souveraineté ou des querelles de leaderships
régionaux. Au contraire, pour endiguer et effacer les trafics au sahel,
des aires de coopération sont nécessaires entre les Etats
sahéliens. De plus, pour lutter efficacement contre les trafics, il ne
faut pas se contenter d'arrêter rien que les trafiquants, il faut
également combattre la consommation dans le grand marché de
consommation qu'est l'Europe. Car, tant qu'il y aura la demande, le trafic se
déplacera. La grande force d'AQMI est d'avoir su établir des
alliances matrimoniales avec des groupes arabes ou touaregs. Cela étend
énormément le réseau et implique des personnes qui ne sont
pas directement liées avec les trafics. Il faut donc parvenir à
convaincre les tribus qu'elles ont davantage intérêt à
contribuer à la lutte contre ces réseaux plutôt qu'à
les servir.
Enfin, le contexte dans lequel les activités
criminelles sont possibles est celui de la corruption, premier fléau
à la sécurité et à la stabilité
régionale441(*).
En effet, les routes des trafics ne suivent pas nécessairement les
itinéraires les plus directs, mais s'adaptent aux meilleures conditions
de passage, en l'occurrence les régions où les Etats sont
faibles.442(*) Les
agents de l'Etat sont en effet souvent impliqués dans les trafics
illégaux et en connexion avec les narcotrafiquants. De ce fait, la
corruption n'est pas forcément perçue comme un délit mais
comme une redistribution des revenus à grande échelle. Le trafic
n'est pas alors considéré comme un risque mais fait office de
rente là où il y a connivence avec les acteurs gouvernementaux.
Selon Alain ANTIL, l'ancien Président de la Mauritanie redistribuait les
revenus des trafics au sein de son clan, le contrôle de l'économie
criminelle étant réparti entre certaines familles dominantes
bénéficiant de la rente du trafic de cigarettes et d'armes
arrivant par containers à Nouakchott443(*). C'est pourquoi la volonté politique de
s'attaquer en premier lieu à la corruption aux plus hauts niveaux des
Etats reste le préalable incontournable à tout renversement de
logique politique et économique. Cela étant, il faut une
réponse internationale à la crise sahélienne.
SECTION II: VERS UNE PLUS GRANDE INTERNALISATION DES
REPONSES A LA CRISE SAHELIENNE
Valoriser les moyens de la connaissance et de l'anticipation
(paragraphe I) et la mise en place d'un système judicaire rigoureux de
lutte contre le terrorisme (paragraphe II) sont aujourd'hui des mesures
majeures pour une sécurité durable.
PARAGRAPHE I : VALORISER LES MOYENS DE LA CONNAISSANCE
ET DE L'ANTICIPATION
Nous avons besoin d'une véritable stratégie
parce que la menace terroriste n'a cessé de changer. Elle exige, si nous
voulons garder toujours un temps d'avance sur les groupes terroristes, que nous
adoptions en permanence nos outils et notre dispositif. Voilà pourquoi
le renseignement (A) et la prévention nous paraissent impératifs
pour anticiper et lutter contre le risque terroriste (B).
A- Le renseignement
Pour Jacques BAUD, le renseignement est
« l'ensemble des activités visant à rechercher et
exploiter des informations au profit d'un Etat et de ses forces armées.
Il est exécuté aux niveaux stratégique, opératif et
tactique, dans les domaines les plus variés »444(*). Il s'agit de s'informer sur
les intentions d'« autrui », pour disposer de
l'autonomie et de la connaissance nécessaire à la prise de
décision, et donc, à l'action445(*). De ce fait, la maîtrise de l'information (1)
accompagnée de la mise sur pied d'un cadre d'échange entre
acteurs concernés par le terrorisme pourrait permettre une gestion
efficace de la menace terroriste au sahel et même au-delà (2).
1- La maîtrise de l'information
La lutte contre le terrorisme au sahel se gagnera d'abord par
une posture de vigilance au quotidien. Déjouer concrètement les
risques d'attentats implique une mobilisation de tous les instants et une
culture de la « détection précoce ».
La notion de « maîtrise de l'information »
recouvre la capacité, tant pour les décideurs civils et
militaires, que pour les agents de l'Etat déployés sur le
terrain, d'accéder en temps utile à l'information et en faire un
usage opérationnel efficace. L'objectif est de garantir, en temps normal
comme en temps de crise, que tous les acteurs de la sécurité
nationale, régionale et même internationale puissent partager les
informations pertinentes, et que les décideurs soient en mesure de
formuler et de transmettre au bon moment les ordres nécessaires. Il est
indispensable que les Etats du sahel puissent échangés des
informations dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes
implantés au sahel. Mais, l'efficacité de cette action suppose au
préalable une bonne connaissance des enjeux de la lutte antiterroriste
par les agents de sécurité intérieure. La surveillance des
frontières et le contact avec les populations sahéliennes sont
des moyens privilégiés du recueil d'information. Cela leur
permettra de repérer des indices liés à une possible
activité terroriste et les rendra capables de sélectionner les
informations pertinentes à transmettre aux services
spécialisés, mieux à même d'opérer certains
recoupements et de donner la suite administrative ou judiciaire
adéquate.
Les membres des groupes et filières terroristes, qu'ils
soient idéologues, recruteurs, logisticiens ou qu'ils préparent
directement des attentats, connaissent tout d'abord une trajectoire personnelle
qui les amène vers le terrorisme. Par ailleurs, la clandestinité
de leur activité ne les dispense pas d'une intégration plus ou
moins grande dans la vie courante, ni même des formalités
administratives qu'elle implique. Certains sont même étroitement
insérés dans des activités sociales. D'autres, à
l'inverse, rompent subitement avec leur milieu habituel sous l'influence d'un
endoctrinement. Enfin, un acte de terrorisme est précédé
par une préparation minutieuse, de l'organisation aux repérages
en passant par la confection des moyens de l'attentat, toutes phases durant
lesquelles, l'action clandestine peut se trahir aux yeux d'un témoin
averti. Dans tous les cas de figure, il convient de disposer, d'une part, de
réseaux de communication interopérables sécurisés
et, d'autre part, de systèmes efficaces de partage et de traitement de
l'information (aide à la décision, présentation de
l'information, transmission de l'information...), réduisant les temps de
traitement et renforçant le travail en réseau. Ces réseaux
doivent aussi permettre les échanges avec les partenaires
extérieurs et alliés. La menace terroriste n'est pas seulement
imprévisible, elle est transnationale. A l'heure où le terrorisme
ne connaît plus de frontière aussi bien concernant ses cibles que
ses implantations, la collecte du renseignement, mais surtout la
coopération entre les services concernés, que ce soit à
l'intérieur de l'Etat ou entre les Etats eux-mêmes, est devenue
une absolue nécessité et une priorité.
Dans ce contexte, le renseignement, la transmission de
l'information est l'élément absolument central pour supprimer
l'effet de surprise sur lequel le terrorisme, cet adversaire invisible,
s'appuie pour frapper et nuire.
2- La nécessité d'un cadre
d'échange entre acteurs concernés par le terrorisme
Afin de lutter efficacement au niveau national,
régional et international contre les graves menaces transversales que
sont le terrorisme, la piraterie, la criminalité organisée, le
trafic de drogue et de personnes qui compromettent la paix et la
stabilité, la nécessité d'un cadre échange entre
acteurs chargés de la lutte contre le terrorisme de part et d'autre des
frontières sahéliennes et à l'intérieur de ces
dernières est indispensable. L'action en matière de lutte contre
le terrorisme doit intégrée une approche anticipative et
réactive multidimensionnelle. Ainsi, les pays du champ doivent
développés un partenariat durable basé sur le dialogue, la
coopération et l'échange d'expertise pour faire face aux
différents phénomènes liés à la
sécurité au sahel et à la lutte contre le terrorisme.
L'engagement d'une action concertée et coordonnée au plan
régional doit permettre aux pays riverains de la bande sahélienne
d'organiser de manière rationnelle et efficace la lutte contre les
groupes terroristes et criminels qui pullulent la région. Les
réseaux terroristes s'emploient à renforcer leur implantation en
exploitant les problématiques sécuritaires propres à
l'espace sahélien. C'est pourquoi il est fondamental de
privilégier une stratégie commune, des analyses de
sécurité communs à travers des plateformes
d'échange, de renseignement, d'information afin de ne pas
dispersés les efforts.
Les besoins en matière de lutte contre le terrorisme au
sahel imposent qu'un développement des synergies soit
érigé entre les pays de la zone sahélienne et les acteurs
extérieures afin d'assurer une veille permanente pour déceler les
risques terroristes. Cette coopération doit prendre la forme
d'échanges d'informations opérationnelles, stratégiques et
techniques et d'une recherche de coordination des activités. Il y a
nécessité de prendre conscience de mieux articuler la dynamique
entre sécurité intérieure et extérieure, en
développant des outils de coopération internationale. De la
même manière, le « printemps arabe »
et ses conséquences géopolitiques offrent l'opportunité
à la communauté de s'intéresser davantage aux
phénomènes « crisogènes »
nationaux et régionaux pour lutter contre l'expansion du terrorisme
international. La problématique des loups solitaires au sahel doit
être résolue pour que les chances d'une réponse effective
soient trouvées pour réduire l'enracinement de
l'insécurité au sahel.
Enfin, signalons que le développement d'équipes
communes d'enquête pour contrer le terrorisme international est aussi une
possibilité. Elle recouvre les échanges, la concertation entre
spécialistes, experts sur l'évaluation de la menace, les
législations antiterroristes et les pratiques judiciaires. Elle se
traduit par la présence des personnes en charge de la
sécurité d'un Etat en liaison à l'étranger afin de
permettre une meilleure coopération opérationnelle avec les
instances en charge de la lutte contre le terrorisme. La coopération
judiciaire internationale devra aussi se traduire par le recours à des
équipes communes d'enquêtes. De telles équipes,
franco-espagnoles, ont déjà permis d'obtenir des résultats
dans la lutte contre l'ETA446(*). La possibilité de mettre en place des
équipes opérationnelles du même type entre Etats du sahel,
de l'UA ou des pays extérieurs à l'UA doit être
recherchée par le biais de conventions bilatérales ad hoc.
L'élaboration des ententes pour permettre des échanges de
renseignement rapides entre les services et les pays et favorisée une
culture axée sur le partage doivent permettre de prévenir
l'apparition ou l'aggravation de menaces contre notre
sécurité.
B- La prévention
La prévention consiste à agir pour éviter
la naissance ou l'accentuation des menaces contre la sécurité
d'un Etat. Pour être efficace, la stratégie de prévention
doit s'appuyer sur un système de veille et d'alerte rapide (1) et sur
une surveillance étroite des frontières (2).
1- La mise en place d'un système de veille et
d'alerte rapide
L'élimination du terrorisme nécessite un
engagement ferme ainsi qu'une action conjointe de la part des Etats du sahel
à poursuivre les objectifs communs. Les pays du sahel devraient jouer un
rôle de leadership en ce qui concerne les défis de la lutte
contre le terrorisme et assumer la prise en charge des capacités
à cet égard. Face aux multiples dangers qui guettent ces pays
africains, il est utile qu'un système de veille et d'alerte
précoce puisse voir le jour en matière de terrorisme. Le
système de veille et d'alerte insérera son action dans une
démarche coordonné entre les Etats sahéliens mais aussi
avec les partenaires extérieurs. A ce titre, l'installation d'un centre
de situation contre le terrorisme est importante pour permettre
l'évaluation de certaines zones nationales ou régionales de
crise. Celui-ci devra être doté des moyens et d'une
capacité à alerter conjointement les Etats dès les
premiers signes d'une menace. Le système d'alerte rapide jouera ainsi le
rôle de détecteur, d'analyse et de réaction permettant aux
Etats de connaître les risques naturels majeurs et de développer
leur prévention. Pour répondre dans les quinze ans qui viennent,
aux enjeux de sécurité de cette zone, une nouvelle approche plus
concrète doit être mise en oeuvre dans la lutte antiterroriste. Il
s'agira de développer de véritables partenariats, de
collaboration, grâce à des projets régionaux concrets qui
concourent à la paix, la sécurité et la stabilité
et à prendre des mesures collectives efficaces en vue d'éliminer
les menaces qui pèsent sur la coopération, la paix et la
stabilité régionale.
Cependant, il faut noter que l'architecture de paix et de
sécurité de l'UA comporte un système de
sécurité collective et d'alerte rapide447(*), en vue de la mise en place
d'une réaction rapide et efficace aux situations de conflit et de crise
sur le continent. De même pour la CEDEAO, dont le Mécanisme de
Sécurité a été complété par un
Système d'Alerte Rapide pour la prévention des conflits
structurés autour d'un centre d'observation et de suivi basé au
siège de la CEDEAO, représenté et relayé sur le
terrain à travers des bureaux implantés dans les quatre zones se
répartissant la couverture de l'espace sécuritaire de la
CEDEAO448(*). Mais, ces
systèmes dont celui de l'UA et de la CEDEAO ont échoué
dans leur mission de prévention et de gestion des crises. La crise du
Nord du Mali est un exemple tangible parmi tant d'autres de l'échec de
ces deux mécanismes de sécurité. A cet effet, il semble
opportun qu'un véritable système de sécurité puisse
voir le jour en matière de terrorisme. Pour cela, les Etats du sahel
doivent mettre sur pied une vraie politique de prévention qui exige un
réel travail d'anticipation et de planification dont la finalité
est d'annihiler toutes menaces de propagation du terrorisme. Outre l'alerte
précoce, les pays du sahel ont aussi intérêt à
surveiller leurs frontières vastes et poreuses pour empêcher la
circulation des terroristes et des marchands de la mort.
2- Le renforcement et l'accroissement de la
surveillance des frontières
Le sahel et l'Afrique de l'Ouest sont incontestablement
devenus une plaque tournante pour le trafic international et pour la
circulation des mouvements terroristes. L'une des explications à ce
dangereux phénomène, est que la région est moins
risquée. AQMI évolue dans une région semblable, de par la
taille, à un quadrilatère qui relierait Londres, Moscou, Odessa
et Rome ! C'est là un terrain de jeu très commode pour les
terroristes désireux d'échapper aux poursuites. Lorsqu'on
visionne le film de l'intervention des forces françaises contre le
convoi qui détenait Antoine DE LEOCOUR et Vincent DELORY, enlevé
en janvier 2011 à Niamey par AQMI, il apparaît que des terroristes
prennent la fuite sans être inquiétés. Les terroristes et
les groupes mafieux semblent être les maîtres de cet immense
désert devenu un supermarché à ciel ouvert où se
déroule commerce des otages et trafics en tous genres. Traiter de la
sécurité frontalière dans cette région est un
problème mondial compte tenu des influences extérieures (drogues,
armes et combattants) qui la pénètrent.
L'efficacité de la lutte contre le terrorisme doit
prendre en compte la question de la sécurisation des frontières.
Le contrôle des frontières au sahel est une
nécessité pour réduire les activités des groupes
terroristes et criminels dans la région. Cela doit s'accompagner d'une
surveillance effective des autorités frontalières qui pour la
plupart sont corrompues. L'Afrique est pour diverses raisons,
« le foyer des Etats les plus faibles du monde, en termes de
capacité à faire respecter l'autorité de la loi sur leur
territoire »449(*). En conséquence, le crime organisé
peut déstabiliser les Etats en les gangrenant par la corruption, en
s'accaparant des régions entières, en produisant de la violence
et de l'insécurité chronique, et en étant une menace pour
la population. Répandue à tous les échelons des
sociétés, elle concerne aussi bien les élites proches du
pouvoir, que les cadres et les fonctionnaires intermédiaires, les forces
de sécurité et tout agent de l'Etat. A chaque palier, les acteurs
prélèvent leur part de la rente, que celle-ci provienne du
commerce de produits licites, de la contrebande de cigarettes, de
l'exploitation ou du pillage des ressources naturelles, des gains du trafic de
drogue ou d'armes, ou des flux humains clandestins450(*).
Cela étant, sachant que les procédures qui
facilitent les déplacements et les échanges culturels et
économiques sont également mises à profit par les
terroristes, les mesures visant à lutter contre le terrorisme devraient
être aujourd'hui clairement liées à la gestion et à
la régulation des mouvements transfrontaliers. Ainsi, la mise en place
de systèmes intégrés de contrôle des passagers aux
frontières, la délivrance de titres de voyage
sécurisés, la promotion de l'échange d'information entre
parties intéressées, la formation et le renforcement des
capacités des autorités frontaliers en équipement, en
système de surveillance (de patrouille, d'évaluation du
renseignement) est important pour réduire la perméabilité
des frontières des Etats du sahel. Ces mesures pourront permettre de
renforcer les dispositifs de sécurité et d'immigration tout en
facilitant la circulation transfrontalière des personnes. Il faut que
les autorités compétentes mènent de concert les
activités de contrôle nécessaires pour faire face aux
risques que posent les frontières ouvertes. Toutefois, la
coopération et le renforcement juridique et judiciaire est
inéluctable pour mieux coordonner les efforts et pour mieux lutter
contre le terrorisme.
PARAGRAPHE II : L'INCONTOURNABLE MISE EN PLACE D'UN
SYSTEME JUDICIAIRE RIGOUREUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Le terrorisme doit être traité comme un crime et
doit faire l'objet de poursuite judiciaire. A ce titre, l'harmonisation du
système juridique et judiciaire entre pays de la région
sahélienne (A) et le renforcement des capacités judiciaires
régionales (B) est nécessaire pour mieux coordonner les efforts
dans la lutte contre le terrorisme au sahel et en Afrique.
A- L'harmonisation du système judiciaire et
juridique entre pays de la région
L'importance de la mise en oeuvre d'un instrument
régional en matière de terrorisme (1) et l'établissement
d'un mandat d'arrêt africain pour les activités relevant de cette
terreur (2) doivent permettre aux Etats du sahel et à l'Afrique tout
entière d'éliminer les menaces émanant du terrorisme et de
la criminalité organisée.
1- L'importance de la mise en oeuvre d'un instrument
régional en matière de lutte contre le terrorisme
La lutte contre le terrorisme appel à la
création en Afrique d'un environnement législatif adéquat
et adapté aux standards continentaux et universels. Le terrorisme doit
être traité comme un crime et doit faire l'objet de poursuites
judiciaires. A ce titre, pour mieux coordonner les efforts de
coopération, l'harmonisation des lois existantes au sahel et en Afrique,
ainsi que la promotion de l'échange, entre les Etats, de connaissances
sur leurs lois est nécessaire. De plus, la création d'un
instrument régional à des fins d'assistance mutuelle et
d'extradition est une obligation dans la lutte antiterroriste. Un organe
judiciaire spécialisé à compétence étendue
doit permettre non seulement la répression mais aussi la
dé-radicalisation de ceux qui ont, à un moment ou un autre,
adopté les doctrines djihadistes et extrémistes violentes. Cette
institution judiciaire pourrait également jouer un rôle
très important dans la prévention et la répression de
l'acte terroriste en conformité avec les principes et règles de
l'état de droit. Pour renforcer cet instrument judiciaire et la
doté d'une grande capacité en termes de pouvoir, des accords
d'extradition doivent être signés à l'échelle
régional, africaine et même au-delà. Le terrorisme est un
fléau transnational et pour cela, une coopération judiciaire
internationale, une solidarité répressive, serait
intéressante afin que la lutte soit plus efficiente. La
répression serait une chose vaine, écrivait Jean-André
Roux, si la poursuite aboutissait à une condamnation seulement par
contumace. Pour être efficace, la peine doit être effective,
c'est-à-dire causer une exécution sensible,
réelle451(*)
Tous les pays du sahel disposent déjà d'une
législation nationale qui criminalise les actes terroristes ainsi que
d'un cadre juridique de coopération. A côté de cela, on
compte douze conventions des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme
que certains Etats ont ratifié. Il existe également d'autres
cadres juridiques de coopération (UA, Organisation de la
Conférence Islamique etc.) qui permettent l'extradition. Mais,
l'observation faite, est que ces différents mécanismes juridiques
et judiciaires ont échoué dans la lutte contre le terrorisme au
sahel. L'échec est amère et la note salée, car les groupes
terroristes et les narcotrafiquants présents au sahel ont
prospéré sans jamais être inquiétés par les
juridictions nationales desdits Etats sahéliens, ni régionales et
encore moins internationales. C'est pourquoi, une organisation judiciaire
régionale et pourquoi pas continentale en matière de terrorisme
et criminalité organisée est indispensable pour contribuer
efficacement à la lutte contre le terrorisme en Afrique. Il est clair
que l'existence d'une telle institution unique permettrait de surpasser les
difficultés rencontrées par les Etats et faciliterait les
procédures relatives à l'enquête et l'arrestation des
personnes soupçonnées, accusées, recherchées ou
reconnues coupables d'actes de terrorisme, en conformité avec la
législation nationale de chaque Etat.
Conscients de l'existence de graves problèmes
d'insécurité en Afrique, l'urgence de mettre sur pied un
instrument judiciaire qui aurait un rôle central dans la lutte
antiterroriste et qui aurait pour mission de délivrer un mandat
d'arrêt africain contre des terroristes est un défi majeur auquel
le continent est à appeler à répondre s'il veut faire face
aux nouvelles menaces qui bafouent son sol.
2- L'établissement d'un mandat d'arrêt
africain pour les activités relevant du terrorisme
Concernant le mandat d'arrêt africain pour les
activités liées au terrorisme, sa mise en place permettrait de
s'attaquer directement contre les personnes accusées ou reconnues
coupables d'actes terroristes. Les lois existantes et nouvelles relatif
à la lutte antiterroriste doivent être appuyées par la
possibilité de toucher les terroristes partout où ils se
trouvent. Ainsi, la grande nouveauté résiderait dans la mise en
place d'une procédure d'extradition exclusivement judiciaire,
fondée sur le principe de reconnaissance mutuelle des décisions
de justice, sans que le dernier mot puisse revenir au pouvoir politique. Cela
viserait à accélérer les procédures et proclamerait
la fin, hautement symbolique, du refus d'extradition des personnes
soupçonnées de terrorisme entre Etats membres de l'UA. La mise en
oeuvre d'un mandat d'arrêt africain contre le terrorisme s'inscrit dans
un double souci d'efficacité opérationnelle et de promotion d'un
instrument de liberté, de sécurité et de justice.
Entre Etats membres de l'UA, le mandat d'arrêt africain
s'imposerait à chaque autorité judiciaire nationale de
reconnaître, ipso facto et moyennant des contrôles minimums, la
demande de remise d'une personne formulée par l'autorité
judiciaire d'un autre Etat membre. Cette remise ne pourra être
refusée qu'en cas d'amnistie, de jugement déjà rendu dans
un autre Etat ou si la personne concernée ne peut pas être
considérée responsable par l'Etat membre d'exécution en
raison de certaines modalités que les Etats africains pourront
eux-mêmes appréciées. Longtemps envisagé au cours
des Sommets, Ateliers d'échange452(*), celui-ci n'a jamais vu le jour. Cependant, il faut
noter que la Commission de l'UA a déjà engagée des
discussions avec le Comité contre le Terrorisme de l'ONU et l'Office des
Nations Unies contre la Drogue et le Crime pour aider à élaborer
les cadres, les procédures et les mesures nécessaires à
même de créer les conditions essentielles pour la mise en oeuvre
effective du Mandat d'arrêt africain et la stratégie pour
promouvoir la mise en oeuvre d'un tel outil. Dépassant largement les
moyens pouvant être mobilisés dans le cadre d'une réponse
militaire et de renseignement, la lutte contre le terrorisme au sahel appelle
à l'évidence une réponse plus globale. Le renforcement des
capacités judiciaires régionales constituent l'une des
premières initiatives que les Etats du sahel doivent
réalisés.
C- Le renforcement des capacités judiciaires
régionales
Une ratification préalable de l'ensemble des outils
internationaux concernant la lutte contre le terrorisme (1) de même que
la formation du personnel en charge de la lutte contre ce fléau ((2),
permettrait une plus grande réactivité dans le traitement des
menaces terroristes.
1- Une ratification préalable de l'ensemble des
instruments internationaux relatifs à la lutte contre le
terrorisme
Du fait de son essaimage dans presque toutes les
régions du monde, la coopération internationale est devenue une
nécessité absolue contre le terrorisme. Les attentats du 11
septembre 2001 aux Etats-Unis confirment à notre sens que l'on peut
juguler les actes terroristes que dans une réelle coopération au
niveau mondial, dont la mise est tributaire d'une coordination
réalisée par le truchement de l'ONU, compte tenu de son
caractère universel. S'il est vrai que dans les années 70 et 80,
les débats sur le terrorisme ont été hésitants,
voire infructueux, les Etats semblent aujourd'hui d'accord pour dire
« qu'un rôle central revenait à l'organisation des
Nations-Unies (...) »453(*). D'ailleurs, depuis la fin de la guerre froide, le
terrorisme est devenu une préoccupation constante du Conseil de
Sécurité qui y voit une menace contre la paix et la
sécurité internationale. Cela a conduit le Conseil à
prendre une batterie de mesures obligatoires engageant tous les Etats membres
à une forte action de prévention et de répression du
terrorisme. Conscients de graves problèmes que pose le terrorisme,
l'urgence de ratifier les instruments universels contre le terrorisme ainsi que
la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée
et ses protocoles est nécessaire aujourd'hui. Ces instruments
constituent un cadre privilégié de coopération juridique
internationale entre Etats mais aussi avec tous les Etats parties auxdits
instruments internationaux.
Les distances et les barrières s'estompent dans le
monde aujourd'hui, ce qui fait de la lutte contre le terrorisme une
responsabilité globale partagée, qui exige de la
solidarité internationale. Les pays du sahel qui sont sur la ligne de
front dans la lutte contre le terrorisme dans la région, doivent
adoptés des dispositifs ou des stratégies nationales,
régionales et même internationales de lutte contre le terrorisme.
Ils doivent mettre en oeuvre les mécanismes ou outils de lutte contre le
terrorisme existant, tels que la Stratégie Mondiale de l'ONU en
matière de lutte contre le terrorisme, la Stratégie de lutte
contre le terrorisme de la CEDEAO ou de l'UE ou encore de l'UA. Renforcer les
capacités en matière d'application de la loi et la coordination
entre chaque pays et ses voisins. Les Etats du sahel ont donc
intérêts à ratifier les 16 instruments internationaux
aujourd'hui en vigueur et les incorporés dans leur législation
afin d'améliorer leurs systèmes judiciaires qui pour la plupart
sont défaillants en matière de répression du terrorisme.
Ceci est d'autant justifié que la formation du personnel en charge de la
lutte contre le terrorisme requiert une maîtrise de ces instruments afin
d'éradiquer de manière satisfaisante, le terrorisme et le crime
organisé.
2- La formation du personnel en charge de la lutte
contre le terrorisme
La lutte antiterroriste dans ce 21e siècle
de menaces, doit prendre en compte l'aspect formationel des personnes en
charges de la sécurité. Un personnel mieux formé à
faire face à la menace terroriste et au crime international est apte
à répondre efficacement au terrorisme. Les experts doivent suivre
une formation et disposer de l'équipement approprié. Il en va
ainsi des personnes en charge de surveiller les frontières, les
responsables du renseignement, les professionnels du système judiciaire
et de l'application de la loi. Le manque de formation et de perfectionnement
professionnel ainsi que des ressources nécessaires sont autant de
facteurs qui entravent les efforts pour contrecarrer la menace terroriste au
sahel, en Afrique, en Afghanistan, au Pakistan et au-delà.
La connaissance et le savoir faire sont autant d'atouts qui
peuvent permettre d'anticiper et de prévenir le terrorisme. Une
formation est nécessaire afin de renforcer les capacités et le
savoir faire des fonctionnaires judiciaires, de façon à ce qu'ils
puissent mettre en oeuvre efficacement les mesures antiterroristes existantes
dans la région du sahel. Etant donné l'importance du maintien en
poste des fonctionnaires ayant suivi une formation, des plans doivent
être élaborés afin d'assurer un faible taux de roulement du
personnel. De plus, la corruption qui est un facteur à l'existence du
crime organisé doit être combattue par les Etats pour qu'elle
arrête de gangrener la région. Comme l'a dit Hubert
Védrine, lors du discours qu'il a prononcé le 10 novembre 2001
devant l'Assemblée Générale des Nations Unis,
« nous ne gagnerons durablement la lutte contre toutes les formes
de terrorisme que si nous sommes capables de les priver de leur terreau, de
leur retirer les prétextes dont elles se nourrices fallacieusement
(...) »454(*).
CONCLUSION DU CHAPITRE II
A une menace dont l'émergence a été
rendue possible par de multiples facteurs dont nous avons parlé
précédemment, doit être apportée une réponse
elle-même multiforme. Les pays du sahel doivent prendre en charge leurs
besoins en matière de renforcement des capacités de lutte contre
le terrorisme. Le secteur de la sécurité doit certes être
réajusté et amélioré pour répondre à
la menace d'AQMI, mais aussi le crime organisé et les trafics divers qui
s'étendent dans la région. En conséquence, tarir les
sources sociales, financières et les problèmes annexes qui
nourrissent et entretiennent le terrorisme, modifier l'environnement qui lui a
permis de naître et de prospérer, telles doivent être les
actions de la Communauté Internationale en complément aux
mécanismes conventionnels de lutte contre ce phénomène.
Par ailleurs, rappelons que la Communauté
Internationale à beaucoup de composante : il y a beaucoup de pays,
beaucoup d'ethnies, beaucoup de cultures et beaucoup de religions. L'entente
entre ces différentes composantes n'est pas chose facile. Aussi la
Communauté Internationale a-telle besoin du dialogue qui est la voie de
parvenir à la confiance mutuelle ? Dans son discours à
l'ouverture de la 31e Conférence Générale de
l'UNESCO, le 15 octobre 2001, le Président Jacques Chirac a
souligné, entre autres, que ce dialogue « doit être
conduit avec clairvoyance et humilité, car son pire ennemi, c'est
l'arrogance ».
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
« L'Afrique a été et restera pour
l'avenir prévisible un continent mur pour des actes
terroristes », ainsi s'exprimait un responsable du Pentagone,
soulignant que Washington s'employait à renforcer sa coopération
militaire avec les africains en vue de prévenir des attentats
terroristes455(*). Une
telle affirmation, aussi pessimiste qu'elle puisse paraître, n'a
certainement pas été faite gratuitement. En effet, c'est en
s'inspirant de l'état de santé sécuritaire sur le
continent africain que ce stratège américain a pu formuler sa
théorie : porosité des frontières, formation
policière et matérielle antiterroriste insuffisante ou
inadapté, système de prévention inexistante et bien
d'autres lacunes encore qu'il convient de combler.
Si de nombreuses initiatives ont vu le jour, il faut noter que
dans la réalité, des blocages subsistent dans la mise en oeuvre
des réponses censés résorbés
l'insécurité au sahel. Les différents partenaires n'ont
pas souvent la même vision de l'approche à adopter et des moyens
à mettre en oeuvre dans la lutte contre AQMI. Les mesures
adoptées à ce titre étant à certains égards
plus symboliques que réelles456(*). Il s'agira de trouver le dosage adéquat
à travers une attitude véritablement proactive, qui impliquerait
des efforts communs entre Etats du sahel et partenaires extérieurs afin
d'évaluer les failles qui permettront d'améliorer leurs
dispositifs sécuritaires. Cela étant, ces efforts
d'amélioration des capacités opérationnelles demanderont
un certain temps afin d'être significatives457(*). Il faudrait bien sûr
préciser qu'une approche globale et intégrée, incluant
également des réponses politiques et socioéconomiques, est
la meilleure stratégie à adopter dans le cadre de ce combat
planétaire.
CONCLUSION GENERALE
Il n'y a assurément pas de sujet plus discuté
à l'heure actuelle, que celui portant sur le terrorisme et les
réponses adéquates contre ce phénomène des
« temps modernes ». A la question principale de la
présente étude qui était de savoir en quoi AQMI
représentait-elle une menace pour le sahel ? Nous avons
essayé de démontrer, à travers ce travail d'analyse
qu'AQMI était un facteur déstabilisateur pour la région
sahélienne qui profitait de la détérioration de la
situation sécuritaire au sahel pour prospérer, en dépit
des différents mesures mise en oeuvre pour contrecarrer son action dans
ce « nomans'land ».
Le terrorisme a besoin de
« sanctuaires » pour les refuges qu'ils offrent,
les possibilités de formation qu'ils hébergent, et
éventuellement, l'organisation des trafics qui assurent une source de
financement. Après avoir dû quitter en 2001 l'asile à ciel
ouvert que leur fournissait alors l'Afghanistan, les terroristes d'Al
Qaïda se sont mis en quête d'abris alternatifs. Faute d'Etats
disposés à les accueillir, ils se sont installés,
précisément là où toute présence des Etats
à disparu. Ils ont donc élu domicile dans les zones
désertiques ou montagneuses, vides d'autorité ou de
contrôle, qui parsèment l'arc de crise courant du Maghreb à
l'Asie du Sud Est. Ces espaces recouvrent les zones tribales à la
frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan, les confins du Cachemire,
ceux de l'Iran. Là se maintient ce qui subsiste d'Al-Qaïda stricto
sensu. Plus loin, ils incluent certains camps de refugiés au Liban, les
régions tribales du Yémen, ainsi que la Somalie. Au-delà
encore s'étend dans le sahel, devenu zone de ravitaillement et de repli
pour certains groupuscules. La protection offerte par ces repaires est
efficace. Tout porte à croire que la recherche de nouveaux sanctuaires
se poursuit.
Par ailleurs, la menace présentée par AQMI doit
être relativisée, car l'insécurité endémique
et persistante médiatisée au sahel peut être vue comme un
nouveau projet des puissances extérieures pour se redéployer sur
le continent africain. Compte tenu du potentiel minier du sahel, et avec la
crise financière qui poursuit ses effets sur les pays européens,
les puissances étrangères ont intérêt à
intervenir dans la région pour sécuriser des approvisionnements
en énergie et en matière première sensible, et dissuader
sans équivoque des acteurs rivaux tels que la Chine, la Russie,
l'Inde.
Il convient également de souligner qu'une batterie de
solutions a été apportée au sahel sans résultat
significatif. Et le cancer a atteint sa phase finale avec la prise du Nord du
Mali par les groupes terroristes de divers ordres. C'est ce pays et son pouvoir
de transition qui ont lancée, le 10 janvier 2013, un appel
désespéré à la France et à la
CEDEAO : « Au secours, les terroristes arrivent ;
nous sommes sans défense...et ils risquent d'occuper notre
capitale... ». C'est pourquoi, une nouvelle philosophie dans la
manière de percevoir et de lutter contre le terrorisme international
s'impose à l'Afrique en général et aux pays
sahéliens. L'Afrique présente des faiblesses géopolitiques
et sécuritaires qui, éventuellement, peuvent attirer l'attention
des terroristes internationaux qui peuvent s'attaquer aux intérêts
occidentaux, beaucoup moins protégés ici qu'en occident. Il n'y a
qu'à s'en référer aux attentats simultanés contre
les ambassades américaines de Nairobi au Kenya et Dar-Es-Salam en
Tanzanie en août 1998, l'attentat contre la Synagogue israélite de
Djerba en Tunisie le 16 avril 2001, le double attentat de Mombassa au Kenya,
commis contre les intérêts israéliens, le 28 avril 2002 ou
encore les nombreuses prises d'otages. Avec le renforcement des mesures de
sécurité en occident, il n'est pas exclu que les terroristes
internationaux se rabattent sur l'Afrique, où des marges d'action
demeurent.
Des mesures opportunes, fortes, mais surtout diligentes
doivent donc être adoptées et adaptées à
l'évolution du terrorisme international. Ces mesures seront
destinées à combattre de front, les actes de terrorisme tels
qu'ils se manifestent dans l'espace africain. Elles consisteront
concrètement à renforcer les mesures de sécurité et
de contrôle aux frontières des Etats africains, à
développer les moyens d'appropriation des mécanismes judiciaires
et institutionnels de lutte contre le terrorisme établis sur le
continent, à assurer l'effectivité de la coopération
policière et judiciaire, la lutte contre le financement du terrorisme,
le trafic illicite mais également et surtout l'acquisition d'une
technologie de pointe de nature à détecter et à
repérer les terroristes, les engins nocifs les plus discrets, notamment
dans les lieux de transport en commun comme les aéroports.
Toutefois, parce que le risque zéro n'existe pas, il
est nécessaire de réprimer avec la plus grande fermeté les
actes terroristes perpétrés, en identifiant non seulement les
auteurs mais aussi les commanditaires ; d'où la
nécessité d'une législation idoine permettant de
délimiter le sens du concept et l'appropriation par les ordres
juridiques nationaux, de même que l'existence des forces de
sécurité et des autorités judiciaires spécialement
formées sur les questions antiterroristes. « Face à
la complexité sahélienne, méditons l'histoire ; elle
nous livrera les clefs d'intelligibilité permettant de mieux surmonter
les difficultés du présent. Si nous nous dérobons, si nous
manquons de courage, elle nous
écrasera ! »458(*).
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stratégique, un échiquier tourmenté », Le
Méditerranéen, 8 décembre 2011.
« Touareg, Les Seigneurs du Sahara »,
National Geographic France, Groupe Prisma Presse, octobre 2011, p.
9.
« Touriste au Sahel », RFI,
17 novembre 2010,
http://www.rfi.fr/émission/20101117-tourisme-sahel.
TROFIMOV (Yaroslav), «Mediterranean may be next terrorist
theater», The Wall Street Journal, 12 June 2002.
VI- NOTES DE RECHERCHE
DAGUZAN (Jean François), « Al-Qaïda au
Maghreb Islamique : Une menace stratégique ? »,
Fondation pour la Recherche Stratégique, 30 juillet 2010,
pp.1-5.
JOURDE (Cédric), « Décoder les
multiples strates de l'insécurité au sahel : Le cas
mauritanien », Bulletin de la Sécurité Africaine,
une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique,
n° 15, septembre 2011, pp. 1-8.
MARRET (Jean Luc), « Al-Qaïda au Maghreb
Islamique », Fondation pour la recherche stratégique,
11 janvier 2011, pp.1-8.
TAJE (Mehdi), « Vulnérabilités et
facteurs d'insécurité au sahel », Note
Publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de
l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, pp. 1-8.
VII- ACTES DE CONFERENCES, DE COLLOQUES, DE RENCONTRES,
RAPPORTS ET DISCOURS.
« Afrique et Europe : néocolonialisme ou
partenariat ? », Actes du Colloque de la Fondation Gabriel
Péri, 24-26 janvier 2008, p. 11.
ANTIL (Alain), Conférence sur :
« Contrôler les trafics pour assurer la stabilité de
l'Etat : retour sur le cas Mauritanien », lors du
Séminaire « Questions Sécuritaires aux marges de
l'espace méditerranéen : la zone
sahélo-saharienne », organisé par l'IFRI,
le 5 décembre 2008 à Paris.
BOJJI (Ali), Ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au
Gabon, « le Sahel-Sahara : danger des espaces de non
droit », 4e édition de la Conférence
Internationale « Marrakech Security Forum », 25 et 26
janvier 2013, p. 3.
BREA, PNUD, « Arab Human Development Report 2009 »,
p. 61,
http://www.arabhdr.org/publications/other/ahdr/ahdr2009e.pdf.
(« Rapport arabe sur le développement humain 2009 »,
p. 6).
« Colloque : Quelles constructions politiques
au Mali face aux crises dans le sahel ? », Fondation Gabriel
Péri, 19 juin 2012, pp. 1-39.
Colonel BAYALA (Jean Pierre) , Magistrat militaire, expert en
sécurité, Monsieur KASSOUM KAMBOU, Magistrat, expert en droits
humains et Monsieur (Martial Wilfried) BASSOLE, Economiste, expert en
économie du développement, « Rapport de l'Etude sur les
défis liés à la sécurité dans les
régions du sahel et du Nord du Burkina Faso », Institut
Danois des Droits de l'Homme (IDDH) et Ministère de la Justice du
Burkina Faso, Mai 2012,163 p.
Direction Générale des Politiques Externes de
l'Union Européenne, Direction B, Département Thématique,
Etude, « Une Stratégie Cohérente de l'Union
Européenne pour le Sahel », Mai 2012, pp.1-44.
Discours du Président JINTAO (Hu) à la
cérémonie d'ouverture du « Forum de
Coopération Sino-africain », 4 novembre 2006.
MARCA COSTA (Antonio), « Allocution
d'ouverture », Symposium sur la mise en oeuvre de la stratégie
antiterroriste mondiale des Nations-Unies, (New York : Nations-Unies,
2007), p. 13.
MASSAËR (Diallo), « Gouvernance, Dynamique des
conflits, paix et sécurité », « La
sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et de
développement », Réunion du groupe d'orientation
des politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
(CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007, GTZ Berlin, p. 2.
Michel (Louis), Commissaire Européen au
Développement et à l'Aide Humanitaire, « Il est temps
de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure
européenne », Conférence Publique sur la
stratégie Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006.
PLAGNOL (Henry) et LONCLE (François),
députés, « La situation sécuritaire au
sahel », Assemblée Nationale (Française),
Rapport d'information déposé en application de l'article 145 du
règlement par la Commission des Affaires Etrangères, le 6 mars
2012, pp.1-121.
http://www.asemblée-nationale.fr/13/rep-info/i4431.asp.
Rapport de l'ONUDC sur les drogues dans le monde, juillet
2009.
Rapport de l'ONUDC, « Le Trafic de drogue comme
menace à la sécurité en Afrique de l'Ouest »,
octobre 2008.
Rapport de la mission d'évaluation des incidences de la
crise libyenne sur la région du sahel, 7-23 décembre 2011,
S/2012/42, 18 janvier 2012, paragraphe 38, p. 11
Rapport du Comité Spécial de l'AGNU crée par
la Résolution A/51/210, 8e session, 2004, A/59/37, p. 5.
YONAH (Alexander), «The consequences of terrorism:
an update on Al-Qaeda and other terrorist threats in the Sahel and
Maghreb», 2011 Report Update, Potomac Institute, janvier 2011.
VIII- THESES ET MEMOIRES
FERIKOUOP (Mamouda), « L'Application par le Cameroun
des instruments juridiques internationaux en matière de lutte contre le
terrorisme », DEA de Droit International Public, Université de
Douala-Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, 2012, sous la
direction de M. le Professeur MOUANGUE KOBILA (James) et M. le Professeur
DONFACK SOKENG (Léopold), 212 p.
FOLIARD (Romain), « Renseignement et Lutte contre le
terrorisme : De la fin de la guerre froide jusqu'à nos
jours », Master-Etudes Stratégiques, Université de
Paris 13/Institut Français d'Analyse Stratégique (IFAS), 2008,
sous la direction de FOLCHER (Stéphane), (Université de Paris
13/Ministère de l'intérieur), et GERE (François),
(Président de l'Institut Français d'Analyse Stratégique -
IFAS), 161 p.
BENCHERIF (Adib), « Al-Qaïda au Maghreb
islamique : Une organisation changeante entre survivance et
pragmatisme », Essai de Maîtrise en Etudes Internationales,
Institut Québécois des Hautes Etudes Internationales
(Université de Laval), septembre 2012, sous la direction du Professeure
Aurélie Campana, 78 p.
MENDY (Adriano), « La Lutte contre le
terrorisme en Droit International », Thèse de Doctorat en
Droit International et Relations Internationales, de l'Université de
Reims - Faculté de Droit et de Science Politique sous la direction de M.
le Professeur COLIN (Jean Pierre), le 20 juillet 2008, 454 p.
IX- COURS
MANDJACK (Albert Le Grand), Méthodes des Sciences
Sociales, Cours Magistral de Troisième année de Droit,
Université de Douala, année académique 2008-2009,
inédit.
MBOME (François Xavier), in Méthodes des
Sciences Sociales, Cours Magistral de deuxième année de
Droit Public, Université de Yaoundé II, année
académique 1999-2000, inédit.
X- SITES INTERNET CONSULTES
http://www.terrorisme.0rg
http://www.un.org
http://www.asembléenationale.fr
http://www.rfi.fr
http://www.magharebia.com
http://www.diploweb.com
http://www.unodc.org
http://www.algéria-watch.org
http://www.chineafrique.com
http://www.maliweb.net
http://www.ovida-afrido.org
http://www.cairn.info
http://www.algérie1.com
http://www.nytimes.com
http://www.jeuneafrique.com
ANNEXES
ANNEXES I
I : Listes des Entretiens par catégories
d'acteurs
Noms et prénoms des personnes
|
Qualité
|
Lieu et date de l'entretien
|
Séïdou Njikam
|
Premier Percepteur à l'Ambassade de la
République du Cameroun au Maroc
|
Douala, le 30 Octobre 2012
|
II : Guide d'entretien
Les questions ont été multiples et
variées. Globalement elles portaient sur l'opinion de Monsieur NJIKAM
SEIDOU sur la crise sécuritaire au sahel et sur les sujets
suivants :
- Les différents types de menaces qui affectent
l'espace sahélien.
- Les différents types d'acteurs qui évoluent
dans ce couloir stratégique.
- Les pays occidentaux et la région du sahel.
- La réalité de la menace d'AQMI au sahel et son
influence dans la zone.
- L'impact de la mort de Ben Laden sur les réseaux qui
lui on fait allégeance.
- L'islam radical et le continent africain.
ANNEXE II : Liste des personnes clé dans l'histoire
du GIA, du GSPC et D'AQMI
Abdallah Anas : « Afghan algérien
», ancien proche d'Azzam. Il rejoint le FIS à son retour
d'Afghanistan. Il est l'un des rares « Afghans » algériens
à pouvoir communiquer et avoir accès à Ben Laden et Al-
Zawahiri.
Abdullah Azzam : fondateur du Maktab
al-Khadamat (Bureau des services) en 1984, organisation qui avait pour but de
permettre aux volontaires arabes de participer au jihad en
Afghanistan. Azzam fut le professeur de Ben Laden et est
considéré comme son père spirituel.
Qari Saïd : « Afghan
algérien », leader du contingent algérien de moudjahidines
à Peshawar, il rejoint le GIA à son retour d'Afghanistan.
Idéologue influent du groupe, il entretiendra les relations du groupe
avec la sphère jihadiste via le « Londonistan »,
jusqu'à ce qu'il se fasse écarter et marginaliser par Zaytouni en
1994.
Abou Mus'ab al-Suri : « Afghan syrien
», il travailla à la propagande du GIA via la newsletter «
Al-Ansar ». Suite aux nombreux massacres de la population
algérienne par le GIA, il cesse de soutenir le groupe et de publier les
newsletters le 31 mai 1996.
Murad Si Ahmad alias Ja'far al Afghani :
Émir national et chef du GIA à partir du mois d'août 1993
jusqu'en février 1994 où il se fait tuer par les forces de
sécurité algériennes.
Sharif al-Qawasmi alias Abu Abdallah Ahmad :
chef du GIA, successeur de Murad Si
Ahmad. Il est tué par les forces de
sécurité au cours du mois de septembre 1994.
Jamal Zaytouni : chef du GIA, successeur de
Sharif al-Qawasmi. Zaytouni (à l'exception de
Zouabri) a été le chef du groupe le plus
violent. Zaytouni, peu éduqué, a arrêté sa
scolarité à l'âge de 16 ans. Il est tué en juillet
1996 dans des circonstances encore assez sombres. Il aurait été
tué par des membres du groupe, craignant de se faire assassiner dans les
purges répétées de Zaytouni à l'intérieur du
GIA. Il y aurait eu parmi eux Hassan Hattab.
Antar Zouabri : chef du GIA, successeur de
Zaytouni. Peu éduqué, sans formation politique et
idéologique à l'image de Zaytouni, il multiplie les massacres de
masse. Il est tué en février
2002, le GIA n'étant alors plus qu'une organisation
moribonde.
Abou Moussab Zarkawi : chef d'Al-Qaïda
en Irak jusqu'à sa mort le 7 juin 2006.
Al-Zawahiri : co-fondateur d'Al-Qaïda et
numéro 2 de l'organisation jusqu'à la mort de Ben
Laden, il est à présent le chef suprême de
l'organisation.
Oussama Ben Laden : membre du Bureau des
services et disciple d'Azzam. Suite à son rapprochement avec
Al-Zawahiri, et à un différend idéologique avec Azzam
quant à la manière de mener le jihad et à l'utilisation de
la notion de takfir, il prend ses distances avec ce dernier et fonde
l'organisation Al-Qaïda. Il en sera le chef jusqu'à sa mort au
Pakistan le 02 mai 2011.
Hassan Hattab: émir local au sein du
GIA (de la zone 2), Hattab est un ancien déserteur de l'armée
algérienne. Il rejoint le GIA du temps d'Al-Qawasmi. Adoptant un profil
bas sous
Zaytouni, il semble qu'il ait été par la suite
directement en conflit avec Zouabri, ce dernier 72 ayant tenté de
l'éliminer. Après avoir fait dissidence, il créée
le GSPC avec d'autres anciens membre du GIA en 1998 et en est le chef
jusqu'à sa destitution en août 2003.
Nabil Sahrawi : émir de la zone 5 au
sein du GIA, membre fondateur du GSPC, il est émir du
GSPC de septembre 2003, jusqu'à sa mort en juin 2004
suite à un affrontement avec les forces de l'ordre.
Abdelmalek Droukdal, alias Abou Moussab Abdel Wadoud
: ancien membre du GIA, il ne rejoint pas immédiatement le GSPC
par méfiance à l'encontre de Hassan Hattab. Proche collaborateur
et successeur de Nabil Sahrawi, il est le dernier émir du GSPC. Droukdal
initie de nombreux changements a priori au sein GSPC pour intégrer la
nébuleuse Al-Qaïda et devenir AQMI. Il est l'actuel émir
d'AQMI et serait dans les maquis dans les montagnes kabyles en Algérie.
Ayant peu de maîtrise sur les katibas opérant dans la
région sahélo-saharienne, il cherche depuis peu à regagner
le contrôle de l'organisation terroriste.
Abderrazak El Para : ancien officier des
forces spéciales algériennes ayant intégré le GSPC.
Il réalise en 2003 l'enlèvement des 32
Occidentaux dans le désert algérien. Il est par la suite
capturé au Tchad et extradé en Algérie à partir de
la Libye voisine. Les réticences d'Alger à négocier avec
le groupe rebelle tchadien ayant capturé El Para et souhaitant
l'extrader, et les conditions dans lesquelles le procès de ce dernier se
déroule en Algérie, alimentent les théories
considérant El Para comme un homme du renseignement algérien.
Cependant, rien n'est pour l'instant clairement établi au sujet d'El
Para et il n'a pas fait parler de lui depuis longtemps.
Mokhtar Belmokhtar, alias Khalid Abou Al-Abbas
: responsable de la zone saharienne sous le GIA, ce «
vétéran » de l'Afghanistan a toujours constitué la
composante criminelle au sein de l'organisation terroriste. L'armée
tchadienne a affirmée l'avoir tué le 2 mars 2013 mais sa mort
n'est pas confirmée et sa tête a été mise à
prix en juin 2013 par les Etats-Unis.
Nabil Makhloufi, alias Nabil Abou Alqama : a
fait partie du GIA et du GSPC. Homme de confiance de Droukdal, coordonnateur de
toutes les opérations au Sahel. Il aurait renforcé la katiba de
Belmokhtar et les seryas d'Abdelkrim Taleb et d'Abou el-Hammam au
détriment de la katiba d'Abou Zaïd. Il est
décédé le 09 septembre 2012 dans un accident de voiture
survenu dans le nord du Mali, à environ 200km de Gao, alors qu'il se
rendait à un rassemblement des groupes islamistes de la
région.
Abdelkrim Taleb : Touareg originaire du
Nord-Est du Mali, a formé une serya composée essentiellement de
Touaregs. Cette serya permet d'augmenter les connections avec les Touaregs des
pays du Sahel et du Sud de l'Algérie et de recruter dans un bassin
sous-exploité par le groupe.
Abdelhamid Abou Zeid : a fait partie du GIA
et du GSPC. Abou Zaïd a gravi les échelons progressivement. Bras
droit d'Abderrazak El Para lors de l'opération d'enlèvement des
32 touristes européens et lors de la négociation de la
rançon, il fut le chef de la katiba Tarik Ibn Ziyad. Il est mort le 23
févier 2013 dans la vaste opération Serval que menaient la France
et le Tchad au Nord du Mali.
Yahya Abou el-Hammam, alias Djamel Okacha :
Bras droit dans un premier temps de Belmokhtar dans la katiba El-Moulathamoune,
il dirige à présent la katiba Tarik Ibn Ziyad d'Abou Zeid depuis
la mort de ce dernier.
Annexe III
CONVENTIONS ET PROTOCOLES SUR LE TERRORISME
Tableau 1 : Les instruments universels
Titre de convention
|
Cadre ou organisation
|
Lieu de signature
|
Date de signature
|
Date d'entrée en vigueur
|
Nombre de ratifications
|
Convention relative aux infractions et à certains
autres actes survenant à bord des aéronefs
|
Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI)
|
Tokyo
|
14 septembre 1963
|
4 décembre 1969
|
182 (dont les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité des Nations Unies-CSNU)
|
Convention pour la répression de toute capture illicite
d'aéronefs
|
OACI
|
La Haye
|
16 décembre 1970
|
14 octobre 1971
|
185 (dont les cinq membres permanents du CSNU)
|
Convention pour la répression d'actes illicites
dirigés contre la sécurité de l'aviation civile
|
OACI
|
Montréal
|
23 septembre 1971
|
26 janvier 1973
|
185 (dont les cinq membres permanents du CSNU)
|
Convention sur la
prévention et la
répression des
infractions contre les
personnes jouissant
d'une protection
internationale, y
compris les agents
diplomatiques
|
Assemblée
générale des
Nations Unies
(AGNU)
|
New
York
|
14
décembre
1973
|
20 février
1977
|
166*
|
Convention
internationale contre la
prise d'otages
|
AGNU
|
New
York
|
17
décembre
1979
|
3 juin
1983
|
168 (dont les 5
membres
permanents du
CSNU)
|
Convention sur la
protection physique
des matières
nucléaires
|
Agence
Internationale
de l'Energie
Atomique
(AIEA)
|
Vienne
|
26 octobre
1979
|
8 février
1987
|
130 (dont 5
membres
permanents du
CSNU)
|
Protocole pour la
répression des actes de
violence dans les
aéroports servant a
l'aviation civile internationale,
complémentaire a la
convention du 23
septembre 1971
|
OACI
|
Montréal
|
24 février
1988
|
6 aout
1989
|
161(dont les 5
membres
permanents du
CSNU)
|
Convention pour la
répression d'actes
illicites contre la
sécurité de la
navigation maritime
|
Organisation
Maritime
Internationale
(OMI)
|
Rome
|
10 mars
1988
|
1er mars
1992
|
146*
|
Protocole pour la
répression d'actes
illicites contre la
sécurité des plateformes
fixes situées
sur le plateau
continental
|
OMI
|
Rome
|
10 mars
1988
|
1er mars
1992
|
135*
|
Convention sur le
marquage des
explosifs et en feuilles
aux fins de détection
|
OACI
|
Montréal
|
1er mars
1991
|
21 juin
1998
|
136(dont les 5
membres
permanents du
conseil de
sécurité)
|
Convention
internationale pour la
répression des
attentats terroristes a
l'explosif
|
AGNU
|
New
York
|
15
décembre
1997
|
23 juin
2001
|
153*
|
Convention
internationale pour la
répression du
financement du
terrorisme
|
AGNU
|
New
York
|
9
décembre
1999
|
10 avril
2002
|
160*
|
Convention
internationale pour la
répression des actes de
terrorisme nucléaire
|
AGNU
|
New
York
|
15 avril
2005
|
6 juillet
2007
|
29*
|
Protocole de 2005
relatif au Protocole
pour la répression
d'actes illicites contre
la sécurité des plateformes
fixes situées
sur le plateau
continental de 1988
|
OMI
|
Londres
|
14 octobre
2004
|
Article 9
du
Protocole
de 2005
|
|
Source : Nations Unies :
http://www.un.org/french/docs/sc/committees/1373/law.shtml
NB : les informations sur le nombre de ratifications remontent
au 12 décembre 2007.
* accès verrouillé.
Tableau 2 : Les instruments régionaux
Source : Nations Unies- Collections des traites.
Titre
|
Cadre ou
organisation
|
Lieu de
signature
|
Date de
signature
|
Date d'entrée
en vigueur
|
Convention pour
la prévention ou
la répression des
actes de
terrorisme qui
prennent-la
forme de délits
contre les
personnes ainsi
que l'extorsion
connexe a ces
délits lorsque de
tels actes ont des
répercussions
internationales
|
Organisation des
Etats américains
(OEA)
|
Washington
|
2 février 1971
|
16 octobre 1973
|
Convention
européenne pour
la répression du
terrorisme, telle
qu'amendée par
son protocole
|
Conseil de
l'Europe
|
Strasbourg
|
27 janvier 1977
|
-Convention : 4
aout 1978
-Protocole :
suivant l'article
18 du Protocole
|
Convention
régionale de
l'ASACR sur la
répression du
terrorisme
|
Association sud asiatique
de
coopération
régionale
(ASACR)
|
Katmandou
|
4 novembre
1987
|
22 aout 1988
|
Convention
arabe pour la
lutte contre le
terrorisme
|
Ligue des Etats
arabes (LEA)
|
Caire
|
22 avril 1998
|
7 mai 1999
|
Traite de
coopération
relatif a la lutte
antiterroriste
entre les Etats
membres de la
CEI
|
Communauté
des Etats
indépendants
(CEI)
|
Minsk
|
4 juin 1999
|
Suivant l'article
22
|
Convention de
l'OCI pour
combattre le
terrorisme
|
Organisation de
la conférence
islamique (OCI)
|
Ouagadougou
|
Le 1er juillet 1999
|
|
Convention de
l'OUA sur la
prévention et la lutte contre le
terrorisme
|
Organisation de
l'unité africaine
(devenue Union Africaine)
|
Alger
|
14 juillet 1999
|
6 décembre
2002
|
Convention de
Shanghai pour la
lutte contre le
terrorisme, le
séparatisme et
l'extrémisme
|
|
Shanghai
|
15 juin 2001
|
Suivant l'article
18
|
Convention
interaméricaine
contre le
terrorisme
|
OEA
|
Bridgetown
|
3 juin 2002
|
10 juillet 2003
|
Protocole a la
convention de
l'OUA sur la
prévention et la
lutte contre le
terrorisme
|
Union africaine
(UA)
|
Addis-Abeba
|
8 juillet 2004
|
Suivant l'article
10 du Protocole
|
Convention
européenne pour
la prévention du
terrorisme
|
Conseil de
l'Europe
|
Varsovie
|
16 mai 2005
|
1er juin 2007
|
ANNEXES 3
ZONES D'ETUDES
Les routes de la drogue
* 1 Selim El SAYEGH,
« Divergences et enjeux mondiaux : Légitime
défense, terrorisme et préemption », Agir
n° 16, décembre 2003, P. 1.
* 2 Samuel HUNTINGTON, Le
Choc des civilisations, éd, Odile Jacob, 2007, 547 P.
* 3 Beatrice LEVEILLE, Le 11
septembre, l'Europe et sa sécurité, Rfi, vendredi 9
septembre 2011.
* 4 Point focalisateur ayant
marqué et attirer l'attention des différents acteurs sur le
danger de ce phénomène.
* 5 Attentat terroriste
perpétrés par deux supposés terroristes
tchétchènes qui a fait trois morts et plusieurs
blessés.
* 6 http://
www.wikipedia.org/wiki/Al-Qaïda
(consulté le 10 septembre 2012 à 15h30).
* 7 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilité et facteurs d'insécurité
au sahel », note publiée par le Secrétariat du Club
du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août
2010, p. 1.
* 8 Khadija MOHSEN-FINAN,
« Les Défis sécuritaires au Maghreb », Note
de l'IFRI, juin 2008, p. 5.
* 9 Patrice
GOURDAIN, « Al-Qaïda au Sahara et au Sahel. Contribution
à la compréhension d'une menace complexe »,
www.diploweb.com, Revue
Géopolitique en ligne, le 11 mars 2012, p. 1. (Consulté le
11 mars 2012).
* 10 Voir Gérard
François DUMOND, « La géopolitique des populations
du sahel », in Cahier du Cerem n° 13, décembre
2009, p. 33.
* 11 Thomas Edward
LAWRENCE, « La guerre de guérilla »
Encyclopedia Britanica, 1926, cité dans Gérard CHALIAND,
Anthologie mondiale de la stratégie, paris, 1990, R. Laffont,
p. 1137.
* 12 Bérangère
ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires
extrarégionaux. Le cas de l'union européenne en
particulier », Note d'Analyse du GRIP, 6 décembre
2012, p. 4.
* 13 Patrice GOURDAIN,
op. cit., p. 19.
* 14 Communication de M.
Massaër DIALLO, Politologue, « Défis
sécuritaires et hybridations des menaces dans la zone
Sahélo-Saharienne », séminaire sur la
sécurité au sahel « pour un partenariat
Sécurité et Développement au sahel »,
organisé par l'OGSS et l'union européenne, 25 et 26 novembre
2010, Bruxelles, p. 3.
* 15 Serge
SUR, « Un mal qui répand la terreur », in
Questions Internationales, La Documentation Française, n°
8, 2004, p. 4.
* 16 Thierry De MONTBRIAL la
définit ainsi : « La stratégie est la science
(si l'on choisit de mettre l'accent sur le savoir et la méthode) ou
l'art (si l'on privilégie l'expérience) de l'action humaine
formalisée, volontaire et difficile ».
« Stratégie », in Thierry de MONTBRIAL, Jean KLEIN
(dir), Dictionnaire de Stratégie, Paris, Puf, p. 527-542.
* 17 Antonin TISSERON,
« Après la chute Kadhafi. La Bande Sahélo-Saharienne
entre jeux de puissance et logiques de nuisance », Institut
Thomas More, 30 septembre 2011, p. 3.
* 18 Antonin TISSERON,
op.cit., p. 4.
* 19 Aristote cité
par François Xavier MBOME, In : Méthodes des
Sciences Sociales, Cours Magistral 2eme année de Droit Public,
Université de Yaoundé II, année académique
1999-2000.
* 20 Mathieu GUIDERE, La
tentation internationale d'Al-Qaïda, IFRI, Centre des
études de sécurité, Focus Stratégique n°
12, décembre 2008, p. 10.
* 21 Mehdi TAJE, La
réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb,
Géostratégiques n° 32. 3e Trimestre
2011, p. 281.
* 22 Voir à ce sujet
Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique-Fiche
Documentaire », Note d'analyse du GRIP, Bruxelles, 25
août 2011, p. 2.
* 23 Voir François
GEZE et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou
la très étrange histoire du GSPC »,
Algéria-Watch, 22 Septembre 2007, p.1.
* 24 François GEZE et
Salima MELLAH, op.cit., p.1.
* 25 Jean François
DAGUZAN, « Sécurité au désert : Les
trafics illicites, le crime organisé et les activités
terroristes », CIDOB, 25 octobre 2010, p.2.
* 26Salima MELLAH, Le
Mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation, dossier
n° 19,
http://www.algéria-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf.
p. 78. (Consulté le 10 juin 2012 à 10h30).
* 27 Mehdi MEKDOUR,
op.cit., (Supra, note n° 22), p. 2.
* 28 Didier
ANNE-LISE, « L'Afrique du Nord » in Xavier RAUFER
(dir), Atlas de l'islamisme radical, CNRS Editions, paris, 2007, p.
267.
* 29 Arnaud BLIN,
Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions
Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.
* 30 Le
terme « terrorisme » n'apparaît pour la
première fois dans le supplément du Dictionnaire de
l'Académie Française qu'en 1798. Il est défini justement
comme un mode de gouvernement.
* 31 Khader BICHARA,
Terrorisme islamiste localisé. Terrorisme islamiste globalisée.
Essai de définitions. CERMAC, 15 mars 2005, p.1.
* 32 Arnaud BLIN,
Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions
Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.
* 33 Isabelle SOMMIER,
Le Terrorisme, Flammarion, paris, 2000, p. 84.
* 34 Brian JENKIS
cité par Bruce Hoffman, La Mécanique Terroriste,
Calmann-Lévy, 1999, p. 39.
* 35 Khader BICHARA,
op.cit., P.1.
* 36 Voir Jean Marc
SOREL, « Existe-t-il une définition universelle du
terrorisme », in Katherine BANNELIER, Thomas CHRISTAKIS, Olivier
CORTEN et Barbara DELCOURT (Sous la dir.), Le Droit International face au
terrorisme après le 11 septembre 2001, préface de Gilbert
GUILLAUME, Pédone, 2002, Coll. CEDIN-PARIS I, Cahiers
Internationaux, n° 17, p. 35-68.
* 37 Gwenaëlle
CALCERRADA, La « Tactique du faible au fort » :
Apports et limites des explications structurelles et stratégiques du
terrorisme par la discipline des Relations Internationales, IEP de
Bordeaux, SPIRIT, 26 août 2010, p. 2.
* 38 Michel WALZER, De
la guerre et du terrorisme, Bayard, 2004, 254 p.
* 39 Jacques BAUD, La
guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, éd. du
Rocher, coll. L'Art de la guerre, 2003, 212 p.
* 40 Stephen DI
RIENZO, « Terrorisme : Une forme inédite
d'expression de la puissance », in Politique
Etrangère, été 2006, n° 2, p. 375-384.
* 41 Gérard CHALIAND
et André BLIN, Histoire du Terrorisme : De l'antiquité
à Al-Qaïda, éd. Bayard, paris, 2004.
* 42 Alex SCHMITT and Albert
JONGMAN et Al.: Political Terrorism: a new guide to actors, authors,
concepts, data bases, theories and literature, New Brunswick, Transaction
Books, 1988.
* 43 Jean Marie
BALANCIER : « Les Milles et un visage du terrorisme
contemporain », in Questions Internationales, Documentation
Française, n° 8, 2004, p.6.
* 44 Arnaud BLIN,
Terrorisme : Histoires, ... loc.cit., p. 2.
* 45 Arnaud BLIN,
ibid., p. 3.
* 46 Arnaud BLIN,
idem.
* 47 Groupes de
personnalités de haut niveau mis en place par Le Secrétaire
Général des Nations Unies pour dresser un état des lieux
complet sur les menaces, les défis et le changement. Ce groupe
était présidé par Anand PANYARACHUN, ancien Premier
Ministre de la Thaïlande, et comprenait : Robert Badinter (France),
Joao BAENA Soares (Brésil), Gro Harlem BRUNDLAND (Norvège), Mary
CHINERY HESSE (Ghana), Gareth EVANS (Australie), David HANNAY (Royaume-Uni de
Grande Bretagne et d'Irlande du Nord), Enrique IGLESIAS (Uruguay), Amr Moussa
(Egypte), Satish NAMBIAR (Inde), Sadako OGATA (Japon), Yevgeny PIMAKOV
(Fédération de Russie), Qian QIQIAN (Chine), Salim SALIM
(République Unie de Tanzanie), Nafis SADIK (Pakistan), et Brent
SCOWCROFT (Etats-Unis d'Amérique).
* 48 Voir un Monde plus
sûr : Notre affaire à tous, publication des Nations Unies,
numéro de ventes F.05.2.5.
* 49 Walter LAQUEUR, Le
Terrorisme, PUF, paris, 1979, p. 89.
* 50 Jean François
GAYRAUD et David SENAT, Le Terrorisme, coll. Que Sais-Je ? PUF,
Paris, 2002, p. 33.
* 51 Sur les classifications
des formes de terrorisme, voir Jean François GAYRAUD / David SENAT,
op.cit., p. 43-50.
* 52 Voir Jean
François GAYRAUD / David SENAT, op.cit., p. 32.
* 53
http://www.wikipedia.org/wiki/sahel.
* 54 Boureima ALPHA GADO,
Concepts et Approches pour une définition de l'espace
sahélienne, Revue Afrique et Développement, Volume XVII,
n° 4, 1993.
* 55 Jean GALLAIS,
Hommes du sahel, coll. Géographes, paris, Flammarion, 1984,
p.8.
* 56 Mehdi TAJE,
Sécurité et stabilité dans le sahel Africain,
Edicté Par Jean DUFOURCQ and Laure BORGOMANO-LOUP, décembre 2006,
p .6.
* 57 Mehdi TAJE, Ibidem.
* 58 Louis
GAUTIER, « AQMI : Un problème
régional », les Notes d'ORION, Observatoire de la
défense, n°4, Janvier 2011, p. 2.
* 59 Mehdi TAJE,
« La Réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre,
2011, p. 286.
* 60 Voir François
Dumont, Démographie Politique. Les lois de la géopolitique
des populations, paris, Ellipses, 2007, 498 p.
* 61 Antonin TISSERON,
« Sahara de tous les dangers. Le Maghreb dans la
tourmente ? » Actuelles de L'IFRI, le 23 octobre 2012,
p. 1.
* 62 Ibid.
* 63 Afrique
Terrorisme : L'Afrique est-elle contaminée par l'islam
radical ? RFI, le 03 septembre 2010, entretien avec Ghislaine
DUPONT P. 1.
* 64 François BURGAT,
L'islam à l'heure d'Al-Qaïda, La Découverte, paris,
2006, cité par Aboya MANASSE ENDONG, « Risque mesuré
ou surdimensionné » : instrumentalisation de l'AQMI et
domination géostratégique ? Revue Africaine de
parlementarisme et de Démocratie, volume III, n° 5, Avril
2011, p. 23.
* 65 Un Califat peut
être défini comme un territoire sur le quel un Calife (successeur
du prophète Mohamed) exerce un pouvoir régi par l'islam.
* 66 Mehdi TAJE, op.cit.
(Supra, note n° 6), p. 1.
* 67 Bérangère
ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires
extrarégionaux. Le cas de l'Union Européenne en
particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre
2012, p. 1.
* 68 Laurence AIDA
AMMOUR, « Les Défis de sécurité dans la zone
Saharo-Sahélienne et leurs répercussions dans la région
Méditerranéenne », Ponencia presentada en el IX
Seminario international sobre Seguridad y Defensa en el Mediterraneo. Una
vision compartida para el Mediterraneo y su Vecindad, organizado en Barcelona
por CIDOB y el Ministedad de Defensa el dia 25 de octubre de 2010, p.
1.
* 69 Laurence AIDA AMMOUR,
ibid.
* 70 Bérangère
ROUPPERT, op.cit., p. 2.
* 71 Modibo GOITA, Nouvelle
menace terroriste en Afrique de l'ouest : Contrecarrer la stratégie
d'AQMI au sahel, Bulletin de la Sécurité Africaine, une
publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique,
n°11, février 2011, p. 6.
* 72 Mehdi
MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Une menace
multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août
2011, p. 17.
* 73 Mehdi MEKDOUR,
op.cit., p. 1.
* 74 Laurence Aïda
AMMOUR, op.cit. (Supra, note n° 67), p. 1.
* 75 Mehdi TAJE, op. cit.,
(supra, note n° 21), p.287.
* 76 Lies BOUKRAA, Directeur
Général du Centre Africain des Etudes et Recherches sur le
Terrorisme (CAERT).
* 77 Zine
CHERFAOUI, « Derrière AQMI se cache un projet de
recolonisation de l'Afrique », El Watan, 12 octobre 2010,
http://www.algéria-watch.org/fr/article/pol/geopolitique/recolonisation_afrique.htm,
(consulté le 10 juin 2012).
* 78 Joseph Vincent NTUDA
EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la
zone RCA-TCHAD-CAMEROUN et l'initiative tripartite », in :
Joseph Vincent NTUDA EBODE (dir), Terrorisme et Piraterie : De
nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, CREPS,
Friedrich Ebert STIFTUNG, PUA, Yaoundé, 2010, p. 149-158.
* 79 Madeleine GRAWITZ,
définit « l'hypothèse comme une proposition de
réponse à la question posée », in
Méthodes des Sciences Sociales, paris, Dalloz, 2001, p. 398.
* 80 Lindemann THOMAS,
Sauver la face, sauver la paix. Sociologie constructive des crises
internationales, Coll. « Chaos International »,
L'Harmattan, Paris, 2011.
* 81 Sur le constructivisme
parfois nommé socioconstructivisme, lire Peter BERGER et Thomas
LUCKMAN, La construction sociale de la réalité, Paris,
Armand Colin, 2003, 357 p.
* 82 Madeleine GRAWITZ,
op.cit., p. 156.
* 83 Michel Crozier, Erhard
FRIEDBERG, L'acteur et le système. Les contraintes de l'action
collective, Paris, Seuil, 1977, p. 53-57. Pour ces
auteurs, « la démarche stratégique (...) peut
être définie autour du concept central de
stratégie », p. 55.
* 84 Emiliano
GROSSMAN, « Acteur », in Laurie BOUSSAGUET,
Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Sciences Po, 2004, p.
23.
* 85 Michel BEAUD, L'Art
de la thèse, paris, La découverte, 2003, p.52.
* 86 Nicole BERTHIER,
Les techniques d'enquête : méthodes et exercices
corrigés, Paris, Armand Colin, 2002, p. 12.
* 87 Madeleine GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz,
11ème édition, 2001, p. 526.
* 88 Cité par Alain
BLANCHET, « Interviewer » in Alain BLANCHET
et al. Les techniques d'enquête en sciences sociales, Paris,
Dunod, 1998, p. 82.
* 89 Raymond QUIVY, Luc VAN
CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod,
1995.
* 90 Ibidem.
* 91 Traduction in
« Dossier Mondiaux », Revue Electronique de l'Agence
d'Information des Etats-Unis, Février 1997, p. 1. A consulter
sur :
http//www.usinfo.state.gov/journals/itgic/0297/rjgf/rjgf/0297.htm.
* 92 On citer entre
autres : mars 1995 : attentat au gaz Sarin dans le métro de
Tokyo ; avril 1995 : attentat contre le bâtiment de
l'administration fédérale à Oklahoma city
(Etats-Unis) ; janvier 1996 : attentat contre la banque centrale du
Sri Lanka. Source : Questions Internationales, juillet-août
2004.
* 93 Sur les informations
établissant un lien entre les groupes armés présents au
Nord-Mali et les groupes terroristes actifs en Libye ainsi que les mouvements
des chefs d'AQMI entre le Mali et la Lybie, voir « AQIM buys
weapons from libyan rebels - Algeria paper reveals »,
www.ennaharonline.com, 11
septembre 2012. Et aussi entretien de Crisis Group, diplomate, 13
septembre 2012.
* 94 Khadija MOHSEN-FINAN,
« Les défis sécuritaires au Maghreb »,
IFRI, Programme Maghreb, juin 2008, P.2.
* 95 Selon la Foreign Policy
Failed States Index-FSI.
* 96 Mehdi MEKDOUR,
chercheur au GRIP, « Al-Qaïda au Maghreb islamique : une
menace multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26
août 2011, p. 1.
* 97 Zachary DELVIN-FOLTZ,
co-auteur avec Binnur OZKECECI-TANER, the «State Collapse and
Islamist Extremism: Re-evaluating the link». Contemporary Security
Policy, 31 (1), avril, 2010.
* 98 Zachary DELVIN-FOLTZ,
« Les Etats fragiles de l'Afrique : vecteurs de
l'extrémisme, exportateurs du terrorisme », Bulletin de la
sécurité africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 6, Août 2010, p. 1.
* 99 Dr Luis SIMON, Dr
Alexander MATTELAER, Dr Marc-Antoine Morin, Dr Amelia HADFIELD, Institute for
European Studies, Vrije Universiteit Brussel, Belgique, Parlement
Européen, Direction des politiques externes de l'union, direction
B, « Une Stratégie Cohérente de l'UE pour le
sahel », mai 2012, p. 5. Disponible sur internet à l'adresse
url
http://www.europarl.europa.eu/activities/commitees/studies.do?langauge=EN
.
* 100Henri PLAGNOL et
François LONCLE, « La situation sécuritaire dans les
pays de la zone sahélienne », Rapport d'information,
Assemblée Nationale (France), le 6 mars 2012, p. 10.
* 101 Source :
PNUD :
http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/103106.html.
* 102 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégie n° 32. 3e Trimestre 2011,
p. 292.
* 103 Le groupe de
personnalités de haut niveau mis en place par le Secrétaire
Général pour dresser un état des lieux complet sur les
menaces, les défis et le changement était présidé
par Anand PANYARACHUN, ancien Premier Ministre de la Thaïlande et
comprenait : Ribert BADINTER (France), Joao BAENA SOARES (Brésil),
Gro Harlem Brundtland (Norvège), Mary CHINERY HESSE (Ghana), Gareth
Evans (Australie), David HANNAY (Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du
Nord), Enrique IGLESIAS (Uruguay), Amr MOUSSA (Egypte), Satish NAMBIAR (Inde),
Sadako OGOTA (Japon), Yevgeny PRIMAKOV (Fédération de Russie),
Qian QIQIAN (Chine), Salim SALIM (République-Unie de Tanzanie), Nafis
SADIK (Pakistan) et Brent Scowcroft (Etats-Unis d'Amérique).
* 104 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilité et facteurs d'insécurités
au sahel », in enjeux-ouest africains, note publiée par le
Secrétariat du club du sahel et de l'Afrique de l'ouest
(CSAO/OCDE), n° 1 août 2010, p. 3.
* 105 La moyenne du nombre
d'enfant par femme au Niger est de 7,2, le Mali avec un taux de
fécondité de 6,4 arrive au 2e rang, la Mauritanie
étant mieux placée, avec un taux de 4,6.
http://donnés.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.TFRT.IN/Countries?display=default
consulté le 10 janvier 2012 à 00h30.
* 106 Jean Michel SEVERINO
et Olivier RAY, Le temps de l'Afrique, Odile Jacob, mars
2010, p. 22.
* 107 Raphaël BEAUJEAU
et autres, op. cit, p. 77.
* 108 Modibo KEITA,
« La résolution du conflit touarègue au Mali et au
Niger », Note de recherche du GRIPCI, n° 10, juillet
2002, p. 4.
* 109 Hélène
BRAVIN, La question touarègue,
www.defnat.com/site_fr/pdf/Bravin
I.pdf, p. 1.
* 110 Modibo KEITA,
op.cit., p. 10.
* 111 Le processus de paix
sera confirmé par un deuxième accord à Alger en 1997 et
prévoyait en échange d'une dissolution des forces rebelles, une
intégration progressive des touaregs dans les services publics et un
début de décentralisation. Mais la mise en oeuvre de ce plan fut
un échec et la rébellion touareg réapparue en 2007, avec
le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ).
* 112 William ASSANVO,
« Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest »,
Observatoire de la vie diplomatique en Afrique (OVIDA), Note d'analyse
n° 12, p. 17.
* 113 Denis BAUCHARD,
« Les Etats fragiles - Le Japon, d'un modèle à
l'autre », politique étrangère, Volume 76,
n° 1, p.13.
* 114 Jean-Paul NGOUPANDE,
ancien Premier Ministre Centrafricain, Le Monde, L'Afrique Suicidaire,
18 mai 2002.
* 115 Tchad,
Côte-d'Ivoire, Ethiopie, Guinée, Niger, Nigéria, Somalie et
Soudan. En outre, l'Erythrée, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et
la Sierra Leone sont les autres pays à risque avec de grandes
populations musulmanes.
* 116 En juillet 2010, les
milices islamistes somaliennes, Al-SHEBAAB, commettaient un triple attentat aux
explosifs contre les téléspectateurs de la finale de la coupe du
monde de football, faisant au moins 74 morts, des ougandais et des
étrangers. Voir à ce sujet AFP, « Des islamistes
somaliens revendiquent les attentats de Kampala », 12 juillet 2010.
Le cas le plus inquiétant est celui d'Omar Farouk Abdul MUTALLAB, un
nigérian qui a fait ses études dans des écoles coraniques
au Yémen et qui fût l'auteur d'une tentative d'attentat aux
explosifs le 25 décembre 2009 à bord d'un avion à
destination des Etats-Unis. Sans oublier l'attentat le plus marquant de
l'année perpétré le 12 septembre 2012 et qui a
frappée le consulat des Etats-Unis à Benghazi, dans l'Est de la
Libye tuant l'ambassadeur des Etats-Unis et trois de ces collaborateurs.
* 117 Zachary DEVLIN-FOLTZ,
« Les Etats fragiles de l'Afrique : vecteurs de l
`extrémisme, exportateurs du terrorisme », Bulletin de la
sécurité africaine, une publication du centre d'études
stratégiques de l'Afrique, n° 6, août 2010, p. 2.
* 118 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilités et facteurs
d'insécurités au sahel », enjeux ouest africains, note
publiée par le Secrétariat du club du sahel et de l'Afrique
de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 7.
* 119 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32. 3e Trimestre
2011, p. 292.
* 120 Julia DURFOUR et
Clair KUPPER, « Groupes armés au Nord-mali : état
des lieux », Note d'analyse du GRIP, 6 juillet 2012, p.
4.
* 121 Rapport d'information
de l'Assemblée nationale française n°
4431, « La situation sécuritaire dans les pays de la zone
sahélienne », 6 mars 2012, p. 29.
* 122 Laurence AIDA AMMOUR,
« Les enjeux de sécurité émergents au Maghreb et
au sahel depuis le « printemps arabe », Annuaire de
l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMED.)
2012, p. 3.
* 123 Laurence AIDA AMMOUR,
ibid.
* 124 Laurence AIDA AMMOUR,
« L'après -Gaddafi au Sahara et au sahel »,
Notes Internationales du CIDOB, janvier 2012, p. 1.
* 125 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre
2011, p. 281.
* 126 François GEZE
et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la
très étrange histoire du GSPC algérien »,
Algéria - Watch, 22 septembre 2007, p. 5.
* 127 Jean François
DAGUZAN, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique, une menace
stratégique ? », FRS, 30 juillet 2010, p. 2.
* 128 Salah-Eddine SIDHOUM
et Algéria-Watch, « Algérie, la machine de
mort », octobre 2003,
www.algéria-watch.org/fr/mrv/mrvtort/machine_mort.htm.
* 129 L'adoption de la loi
de Concorde Civile intervient dans le contexte de guerre civile entre
terrorisme islamiste et violence de la répression, le 20 juillet 1999.
Elle prévoit une exonération ou une réduction de peine
pour les membres des groupes armés qui se rendront avant le 13 janvier
2000, pour autant qu'ils n'aient pas commis de crimes de sang ou de viols (lors
du référendum du 16 septembre suivant, la loi est
approuvée par 99% de « oui ».
* 130 Voir sur ce point le
témoignage essentiel d'un ancien officier du DRS : Mohammed
SAMRAOUI, Chronique des années de sang. Algérie :
Comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes,
Denoël, paris, 2003 ; Ainsi que l'étude
détaillée de Salima MELLAH, « Le mouvement islamiste
algérien entre autonomie et manipulation », Comité
Justice pour l'Algérie, mai 2004,
www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt-islamiste.pdf.
* 131 Voir Salima MELLAH,
« Les massacres en Algérie, 1992-2004 »,
Comité de justice pour l'Algérie, mai 2004,
www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_2_massacres.pdf.
* 132 Voir Marie-Monique
ROBIN, Escadrons de la mort, L'école française, La
Découverte, Paris, 2004.
* 133 Ce n'est pas un
hasard que l'acte de naissance du GSPC soit sous la forme d'un
communiqué intitulé « Communiqué de
l'unification ». Dans son premier communiqué du 16 septembre
1998, le GSPC annonce le ralliement sous ce nouveau sigle de quelques groupes
rescapés du GIA et la désignation de Hassan HATTAB, jusque
là émir de la « zone 2 » du GIA (Kabylie et
partie Est de la capitale) comme émir intérimaire du nouveau
groupe. Cette déclaration est signée par quelques hommes :
outre HATTAB lui-même, il s'agit de Nabil Sahraoui (alias Abou Ibrahim
Mustapha, émir de la « zone 5 », dans l'Est du
pays), d'Abou Omar ABD Al-BIRR (responsable de la communication) et d'Abdelaziz
ABBI (alias Abou Al-Hammam OKACHA, conseiller militaire). Dans un second
communiqué en date du 25 septembre 1998 publié comme le
précédent sur le site web du GSPC de l'époque,
l'émir intérimaire Hassan HATTAB explique que le pouvoir a
échoué dans sa stratégie qui consiste en
la « désinformation de l'image des
moudjahidines », en leur attribuant « les viols de
femmes, les assassinats d'enfants et de vieillards » et
en « encourageant la corruption et la propageant à
travers les médias contrôlés par les services
secrets ». HATTAB appelle ses compatriotes à ne pas
s'embrigader dans les milices, à combattre le régime et à
serrer les rangs autour des combattants du GSPC. Ce n'est que dans la
déclaration du 24 avril 1999 que les divers responsables du GSPC
expliquent les véritables raisons de la création du GSPC (voir
à ce sujet Salima MELLAH et François
GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très
étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 14.
* 134
www.qmaghreb.org/pages/wihda.html.
* 135 Interview de Nabil
SAHRAOUI du 18 décembre 2003, publiée dans la revue du GSPC,
Al-Jammaâ, n° 1, avril 2004. Al-Jammaâ (le groupe)
est une revue publiée par le GSPC sur son site.
* 136 Salaf, en arabe
signifie les « prédécesseurs ». Le
salafisme est un courant au sein de l'islam qui prône le retour aux
origines. Les frères musulmans l'ont connecté à la
sphère politique au XXe siècle et Al-Qaïda en constitue le
volet jihadiste rejoignant ainsi le courant Wahhabite qui insiste sur la
possibilité de conquête par le jihad comme au premier temps de
l'islam.
* 137 Salima MELLAH et
François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb islamique ou la
très étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 15.
* 138 Si les grands
massacres collectifs ont effectivement été commis après la
prise de pouvoir de ZOUABRI, l' « émirat » de
ZITOUNI a été lui aussi jalonné de tueries et de
liquidations. C'est sous son règne que les groupes ayant rallié
le GIA en mai 1994 ont été décimés en 1995, dont
les membres de la mouvance
nationaliste « djazairiste ». Voir à ce sujet
Salima MELLAH, Le mouvement islamiste entre autonomie et manipulation,
comité de justice pour l'Algérie, mai 2004.
www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf.
* 139 Cet ancien officier
des forces spéciales prend le maquis suite au coup d'état de
l'armée algérienne en janvier 1992. De 1933 à 1996, il est
membre du GIA puis participe à la fondation du GSPC. Il en
démissionne en 2004. Il accepte la politique de réconciliation
nationale du Président Bouteflika et se rend aux autorités en
septembre 2007. Il est depuis en prison.
* 140 Cela est
confirmé dans un communiqué du GSPC du 17 juin 2004. Et parmi les
djihadistes ayant trouvé la mort cités dans ce communiqué,
figure Abdelhak LAYADA, l'un des premiers émirs du GIA qui pourtant
était en cette date en prison (il avait été
arrêté en juin 1993).
* 141 A la tête du
principal groupe armé attaquant les forces de la coalition en Irak, le
jordanien Al-ZARQAOUI fait allégeance à BEN LADEN à la
fin de 2004 et son organisation prend alors le nom
d' « Al-Qaïda en Irak ». Faisant usage d'une
propagande efficace, il parvient à recruter des milliers de combattants
et, très vite, mène des opérations d'une grande violence
qui font de lui une véritable icône du jihad mondial. Il est
tué en juin 2006 lors d'une attaque américaine.
* 142« Le GSPC
réitère son allégeance à Al-Qaïda et
poursuivra le djihad en Algérie et en France », Le
Monde, 16 septembre 2006.
* 143 Le Monde, le
14 septembre 2006.
* 144
« Après le ralliement du GSPC à l'organisation
Al-Qaïda et après avoir prêté allégeance au
lion de l'islam (...) Oussama Ben Laden, que Dieu le garde, le groupe devait
changer de nom pour montrer la véracité de la liaison (...) entre
les moudjahiddines en Algérie et leurs frères d'Al-Qaïda.
Nous étions soucieux de changer de nom dès le premier jour de
notre ralliement, mais nous n'avons pu le faire avant de consulter Cheikh
Oussama Ben Laden », Communiqué du GSPC daté du 24
janvier 2007.
* 145 Les chercheurs qui
étudient le fonctionnement d'AQMI doivent, cependant prendre le soin de
faire la part des choses entre les revendications et
communiqués « sincères », d'un
côté, et les « fanfaronnades » relevant de la
pure propagande, de l'autre.
* 146 Henry PLAGNOL et
François LONCLE, «situation sécuritaire dans les pays de la
zone sahélienne », Rapport d'information, Assemblée
Nationale (France), p. 37.
* 147 Le Quotidien
d'Oran, 21 juin 2004.
* 148 Certains avancent
l'hypothèse qu'il se cacherait aujourd'hui dans le Nord de
l'Algérie. A la mi juin 2004 et mai 2005 il sera déclaré
mort, mais comme bien d'autres « émirs » du GIA
avant lui, il « ressuscitera miraculeusement. Né en 1970
à MEFTAH, près d'Alger, il est ingénieur chimiste. A la
suite d'un désaccord avec Antar ZOUABRI, émir national du GIA
tué en 2002, il s'appui sur son bras droit (Hassan HATTAB) pour
créer le GSPC et poursuivre le jihad jusqu'à la chute du
régime algérien.
* 149 Salima MELLAH et
François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la
très étrange histoire du GSPC »,
Algéria-Watch, 22 décembre 2007, p.38.
* 150La région du
« centre » correspond aux zones 1, 2, 3 de l'époque
du GSPC, soit Alger et sa banlieue, la Kabylie, et la côte orientale de
l'Algérie. La région « Ouest », la moins
active, recouvre les anciennes zones 4 et 8 du GSPC soit la partie occidentale
du territoire algérien jusqu'au Maroc, ainsi que le Sud-ouest du pays.
La région « Est » correspondrait aux zones 5, 6
et 7 et la région « Sud », aujourd'hui la plus
médiatique.
* 151 Christophe
AYAD, « Le sahel dans le piège de la guerre contre
Al-Qaïda », Libération du vendredi 30 juillet
2010, p. 7.
* 152 Hervé MORIN,
ancien Ministre de la défense française, cité par Thomas
HOFNUNG, « La prise d'otage, un mode d'action
privilégié », Libération du Mardi 27 juillet
2010, p. 4.
* 153 Une KATIBA se
réfère à un bataillon entre 100 et 300 hommes. Ils sont
issus des compagnies légères de l'armée de
libération nationale algérienne entre 1954 et 1962. Pour une
étude plus étendu sur la question, voir Jean Christophe
Rufin, KATIBA, Paris, Flammarion, 2010, 392 p.
* 154 MOKTHAR BEL MOKTHAR
surnommé le borgne ou Mister Marlboro est un ancien d'Afghanistan,
toujours nomade malgré sa richesse accumulée depuis de nombreuses
années, c'est un homme indépendant de la hiérarchie mais
indispensable.
* 155 Les voilés ou
les enturbannés en référence aux tribus qui
islamisèrent la zone, Atlas du Monde Diplomatique, mondes
émergents, éditions 2012.
* 156 Du nom du
conquérant arabe de l'Espagne en 711, Le Monde Diplomatique,
mondes émergents, éditions 2012.
* 157 Cet ancien officier
des forces spéciales algériennes aurait été
entrainé de 1994 à 1997 par les Bérets Verts
américains à Fort Bragg. Une des figures clés du GSPC, il
fut livré au gouvernement algérien en 2004. Selon certains, il
aurait été un agent de la redoutable Direction du Renseignement
et de la Sécurité (DRS) chargé d'infiltrer ce groupe
(Jeremy KEENAN, 2009). Héritier de la sécurité militaire,
la DRS est un instrument de contrôle de la société
composé d'une dizaine de directions. Elle devenue
« l'armature » de la société (El Watan du 15
mars 2011).
* 158 Abou ZEID, l'un des
principaux émirs d'AQMI, à la tête des opérations
contre les forces françaises dans le Nord du Mali, est un ancien
trafiquant d'armes, né dans le Sud-est de l'Algérie et qui
rêve aujourd'hui de transformer le sahel en terre de Jihad.
* 159 Adib BENCHERIF,
Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une hiérarchie en
redéfinition sur fond de crise, Chronique sur le Moyen-Orient et
l'Afrique du Nord, 11 décembre 2012, p. 1.
* 160 La rivalité
croissante entre les commandants de ces deux KATIBAS est à l'origine de
la spirale inflationniste de la violence dans la région. Ce qui conduit
« l'émir national DROUKDAL » à
désigner Yahya DJOUADI à la tête de l'organisation
sahélienne. Ce dernier confirme la répartition du territoire en
deux zones d'activité : à l'ouest, celui traditionnellement
contrôlé par BEL MOKHTAR, qui va du Sud-ouest algérien au
Nord du Mali et de la Mauritanie ; à l'Est, la zone d'influence
d'Abou ZEID s'étendant de la région de Timétrine aux
confins du Tchad en passant par le Nord du Niger. DJOUADI, cependant
isolé depuis dans le Sud de l'Algérie par l'armée
algérienne a été remplacé par Nabil MAKHLOUFI.
* 161 Mathieu
GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant
des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n°
208, été 2011, p. 5.
* 162 Mehdi
MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace
multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août
2011, p. 7.
* 163 Mathieu
GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant
des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n°
208, été 2011, p. 61.
* 164 Serge DANIEL,
correspondant de RFI et de l'agence France Presse à Bamako, AQMI,
L'Industrie de l'enlèvement, Fayard, Paris, collection
documents, 2012, 301p.
* 165 Rapport de la mission
d'évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du
sahel, 7-23 décembre 2011, S/2012/42, 18 janvier 2012, paragraphe 38, p.
11.
* 166 A ce titre MOKHTAR
BEL MOKHTAR a épousé une malienne d'origine Touarègue. Par
cette association maritale, BEL MOKHTAR est protégé de la
délation par les populations arabes du Nord. Voir à ce sujet,
Régis Belleville, Mémoire du désert, Editions de
la Martinière, 256 p.
* 167 Voir Atmane
TAZAGHART, AQMI. Enquête sur les héritiers de Ben Laden au
Maghreb et en Europe, Abidjan, Frat Mat Editions, 2011, pp. 53-59.
* 168 Il s'agit d'Abou ZEID
et de MOKHTAR BEL MOKHTAR. Le premier a dénoncé l'importance
prise par ces trafics illicites aux yeux de l'islam. En 2008, il a
provoqué la réunion d'un « conseil des
chefs » qui a tranché en sa faveur et a privilégier des
financements plus « respectables » : la
dîme et la prise d'otage.
* 169 Jean Luc
MARRET, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) »,
Fondation pour la recherche stratégique, 11 janvier 2011, p.
3.
* 170 Scott
BALDAUF, «Al-Qaïda: Are Latin America's drug cartels giving
Al-Qaïda a lift?» The Christian Science Monitor, 15 janvier
2010,
http://www.csmonitor.com/world/2010/0115/Air-al-qaïda-are-latin-america-s-drug-cartels-giving-al-qaïda-a-lift.
* 171 Studer.
E, « Guéant : AQMI liée au trafic de
drogue ? »,
http://www.Leblogfinance.com/2011/05/guéant-aqmi-liée-au-trafic-de-drogue.html.
* 172 Informations
recueillies sur le site de L'Otan dans la rubrique « Afrique de
l'Ouest : Plaque tournante des trafics ? »,
http://www.nato.int/docu/review/2009/organiezd.crime/transnational.Traffickingwestafrica/fr/index.htm.
* 173 Marion
ZUNFREY, « AQMI aurait organisé des filières
d'immigration clandestine pour se financer », Sahel-
Intelligence, 4 août 2010,
http://www.sahelintelligence.com/immigration/129.
* 174 Mireille Duteil,
Le Point, Hebdomadaire d'information du jeudi 24 janvier 2013, n°
2106, p. 41.
* 175 Boukary
DAOU, « Al-Qaïda dans le trafic des armes en Afrique :
Blanchiment d'argent dans l'immobilier au Niger, au Mali et en
Mauritanie », Le Républicain, 4 novembre 2010.
* 176 Julia DUFOUR et
Claire KUPPER, « Groupes armés au Nord-Mali : état
des lieux », Note d'Analyse du GRIP, 6 juillet 2012, p.
3.
* 177 El Watan, cité
dans « Comment le sahel est devenu une
poudrière », Le Monde Diplomatique, avril 2012.
* 178 William ASSANVO,
« Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest »,
Observatoire de la vie diplomatique en Afrique de l'Ouest (OVIDA),
juillet 2012, p. 2.
* 179 Alain RODIER,
« Afrique de l'Ouest : Vulnérabilités et facteurs
d'insécurité », CF2R, Note d'actualité
n° 214, Mai 2010, p. 1.
* 180 Laurence AIDA AMMOUR,
« Flux, Réseaux et Circuits de la criminalité
organisée au Sahara-sahel et en Afrique de l'Ouest »,
Institut de Recherches Stratégiques de l'école militaire
(IRSEM), Paris, Cahiers du Cerem Spécial Sahel, n° 12,
décembre 2009, p. 4.
* 181 ROBERTO SAVIANO est un
journaliste-écrivain italien et auteur du célèbre ouvrage
Gomorra dans lequel il décrit les milieux mafieux de la mafia italienne
(la camorra).
* 182 La Stampa,
13 juillet 2009.
* 183 Les chiffres varient
selon les sources, le taux le plus bas étant de 27% ; le chiffre de
50 tonnes est aussi évoqué.
* 184 Ce qui
représente environ 1,8 milliard de dollars (ONUDC, Rapport sur les
drogues dans le monde, juillet 2009.
* 185 Ses besoins sont
estimés entre 135 et 145 tonnes, bien que les chiffres plus alarmistes
de 200 à 300 tonnes soient parfois avancés.
* 186 Laurence AIDA AMMOUR,
Flux Réseaux et Circuits de la Criminalité organisée au
Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest, Institut de Recherche Stratégique
de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel,
n° 12, décembre 2009, p.5.
* 187 Laurence AIDA AMMOUR,
ibid.
* 188 Selon Ahmedou
OULD-ABDALLAH, représentant spécial des Nations-Unies pour
l'Afrique Occidentale, cité in Xavier
RAUFER, « Cocaïne : L'Europe inondée. Une
offensive mondiale des narcos », Cahiers de la
sécurité, n° 5, juillet-septembre 2008.
* 189 Interview de
Jean-Michel COLOMBANI, in Céline RAFFALI, « La
Cocaïne passe par l'Afrique », Valeurs Actuelles, 23
Mai 2008.
* 190 Laurence AIDA AMMOUR,
op. cit., (Supra, note n° 185), p. 3.
* 191 ONUDC, Transnational
Trafficking and the rule of law in West Africa: The Threat assessment, juillet
2009.
* 192 Protocole sur les
armes à feu entrée en vigueur le 3 juillet 2005.
* 193 Conférence
ministérielle sur le commerce des armes légères,
Genève, le 12 septembre 2008.
* 194 Groupe de recherche
et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP), Afrique de
l'Ouest : vers une convention sur les armes légères,
2005/4.
* 195 Christophe CHAMPIN,
Afrique Noire, Poudre Blanche : L'Afrique sous la coupe des cartels de
la drogue, Bruxelles, André-Versailles, 2010.
* 196 Source : Rapport
ONUDC - février 2013, p 6.
* 197 Sonia ROLLEY,
« L'entreprise AQMI », Slate, 9 décembre
2010,
http://www.slate.fr/story/31331/aqmientrprise.
* 198 Oumar.
J., « Le conflit avec Al-Qaïda entraîne la hausse des
prix alimentaires en Mauritanie »,Magharebia, 15 août
2011,
http://wwww.magharebia.com/cocoon/auri/xhtm1/features/awi/features/2011/08/15/feature-01/.
* 199
« Mali : Impact économique de AQMI sur le tourisme - plus
de 50 milliards de FCFA et 8000 emplois perdus en deux ans »,
www.allafrica.com, 1er
août 2011,
http://frallafrica.com/stories/201108012574.html.
* 200 « Touriste
au Sahel », RFI, 17 novembre 2010,
http://www.rfi.fr/émission/20101117-tourisme-sahel.
* 201 Alain RODIER, Eric
DENECEE, « Mokhtar Bel Mokhtar et la Katiba Mouakaoum Be
Dam », CF2R, note d'actualité n° 298, janvier
2013, p. 1.
* 202 Intervention de Jean-
Marc Ayrault, Premier Ministre à l'Assemblée Nationale, mercredi
16 janvier 2013, Service de Presse, p. 1.
* 203 La Croix, jeudi 5
juillet 2012, entretien avec Alpha Condé, Président de la
Guinée.
* 204 En mars 2005, Crisis
Group a publié un rapport sur l'islamisme et le risque terroriste au
sahel. Voir le rapport Afrique de Crisis Group n° 92, Islamist Terrorism
in the sahel : Fact or fiction ?, 31 mars 2005, p. 1.
* 205 Dr Bakary SAMBE,
enseignant-chercheur, Université Gaston Berger, Saint Louis
(Sénégal), Crise malienne : Origines, développements
et répercussions dans la sous-région, 2012.
* 206 Heureusement, de
nombreuses actions ont pu être déjouées à temps par
les services de renseignement (projets d'attentats lors de la coupe du monde de
football de 1998, contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000)
que ce soit sur son sol (attentat à la bombe de 1995 et 1996), ou en
Algérie (détournement de l'Airbus d'Air France en 1994,
assassinats de plusieurs français dont l'évêque d'Oran, en
1996).
* 207 Le commandant Massoud
a été assassiné le 9 septembre 2001 par des proches
d'Oussama Ben Laden, deux jours avant les attentats perpétrés aux
Etats-Unis.
* 208 Alexander
YONAH, «The consequences of terrorism: an update on Al-Qaeda and
other terrorist threats in the sahel and Maghreb», 2011 report Update,
Potomac Institute, janvier 2011.
* 209 Alexander YONAH,
ibid, janvier 2011.
* 210 Une Fatwa ou fetfa
est, dans l'islam, un avis juridique donné par un spécialiste de
loi islamique sur une question.
* 211 Medhi TAJE,
« la réalité de la menace d'AQMI à l'aune
des révolutions démogratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre,
2011, p. 282.
* 212 Louis CAPRIOLI est
conseillé du Président du GEOS, société
européenne spécialisée dans le management du risque.
* 213 Jeune Afrique,
n° 2540, 13 au 19 septembre 2009, p. 17.
* 214 Alain ANTIL,
« L'Afrique et la guerre contre la terreur », Politique
Etrangère, 2006/3, automne, p. 583.
* 215 André
BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux »,
Hérodote, 2011/3, n° 142, p. 42-77. Consulté le 10
janvier 2013 à l'adresse
http://www.cairn.info/revue-hérédote-2011-3-page-42.htm.
* 216 Yahia H.
ZOUBIR, « Les Etats-Unis et le Maghreb : Primauté
de la sécurité et marginalité de la
démocratie », L'Année du Maghreb (en ligne)
II, 2005-2006, mis en ligne le 08 juillet 2010, consulté le 25 juillet
2012, URL :
http://annéemaghreb.revues.org/169,
p. 12.
* 217 Dans
cette « Global War On Terror », les Etats-Unis sont
leaders mondiaux de la lutte contre le terrorisme ainsi que de la lutte contre
la drogue.
* 218Carole ANDRE-DESSOMES,
« Les Etats-Unis et la lutte contre le terrorisme international
depuis le 11 septembre 2001 », Géostratégiques
n° 29, 4e Trimestre 2010, p. 113.
* 219 Peter J. SCHRAEDER et
Ivan CROUZEL, « La guerre contre le terrorisme et la politique
américaine en Afrique », Politique Africaine, 2005/2
N° 98, p. 44.
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2005-2-page-42.htm.
Consulté le 23 février 2013 à 05h05 mn.
* 220 Voir A. FEICKERT,
« U. S.: military operations in the global war on terrorism :
Afghanistan, Africa,
the Philippines, and Colombia », Washington, The Library
of Congress, « CRS Report for Congress ;
RL 32758 », 4 février 2005, p. 7-8.
* 221 Voir le site,
http://www.globalsecurity.org/miliatry/ops/aef-chad.htm.
Consulté le 10 décembre 2012 à 01h15.
* 222 100 millions de
dollars par an pendant 5 ans et dont les partenaires sont :
l'Algérie, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Mauritanie, le
Sénégal, la Tunisie, le Maroc, le Tchad, le Burkina Faso et la
Libye.
* 223 National Strategy for
Counter Terrorism, juin 2011,
http://www.whitehouse.gov/sites/defaultt/files/counterterrorism.strategy.pdf
* 224 Jean François
DAGUZAN, « D'Al-Qaïda à AQMI, de la menace globale aux
menaces locales », Maghreb-Machrek, le 28 décembre
2011, p. 1
* 225 Jean Pierre
FILIU, Les Neufs vie d'Al-Qaïda, Fayard, Paris, 2009, 368 p.
* 226 Docteur Bakary SAMBE,
« Crise malienne : origines, développements et
répercussion dans la sous-région »,
Université Gaston Berger, Saint Louis (Sénégal),
p. 1.
* 227 Claude MONIQUET,
`'The Polisario Front : A destablising force in the region that is still
active'', European Strategic Intelligence and Security Center (ESISC),
octobre 2008.
* 228 Laurence AIDA AMMOUR,
« Les enjeux de sécurité émergents au Maghreb et
au sahel depuis le printemps arabe », Med 2012, p.
1.
* 229 Laurence AIDA AMMOUR,
Ibid.
* 230 Mohamed BAZOUM,
Ministre nigérien des Affaires étrangères, affirmation
faite lors de l'ouverture de la conférence internationale sur la
Sécurité et le Développement au sahel à Alger, le 7
septembre 2011.
* 231 Alain Vicky,
«Aux origines de la secte BOKO HARAM », Le Monde
Diplomatique, Avril 2012, p. 1.
* 232 « Le
débat africain », Radio France international (RFI, 26
février 2012).
* 233 Cette notion a
été si souvent commentée après le 11 septembre 2001
qu'il faut en préciser le sens : il s'agit à la fois d'une
déclaration de guerre de la part d'un réseau terroriste
transnational doté d'une organisation remarquable, et de la
reconnaissance aux Nations-Unies, pour la première fois dans l'histoire,
qu'une attaque terroriste justifiait une intervention armée. C'est le
même raisonnement qui a conduit l'OTAN à invoquer pour la
première fois depuis sa création la clause de défense
collective du Traité de l'Atlantique Nord.
* 234 Thérèse
DELPECH, « Le Terrorisme international et l'Europe »,
Cahiers de Chaillot, Institut d'Etudes de Sécurité (IES),
n° 56, décembre 2002, p. 7.
* 235 Après la mort
du « tueur au scooter » de Toulouse, les dirigeants
d'Al-Qaeda lui ont d'ailleurs rendu un hommage.
* 236 Le Point, Mali, Nos
ennemis islamistes, Hebdomadaire d'information du jeudi 24 janvier 2013,
n° 2106, p. 43.
* 237 Voir Yaroslav
TROFIMOV, «Mediterranean may be next terrorist theater», The Wall
Street Journal, 12 juin 2002.
* 238 Jean DUFOURCQ,
« L'enjeu Méditerranéen », septembre 2012.
* 239 Joseph Ki-Zerbo, A Quand
L'Afrique ? Entretien avec René Holenstein, édition de
l'aube 2003, 201p.
* 240 Mehdi Taje,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre
2011, p. 288.
* 241 André
BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux »,
Hérodote, n° 142, 2011, p. 42.
* 242 Antonin TISSERON,
« Après la chute de Kadhafi, la bande sahélo-saharienne
entre jeux de puissance et logique de nuisance », Institut
Thomas-More, 30 septembre 2013, p. 1.
* 243 Antonin TISSERON,
ibid.
* 244 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilité et facteurs d'instabilités au
sahel », enjeux ouest africain, Note publiée par le
Secrétariat du Club du sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE),
n° 1, août 2010, p. 7.
* 245 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre
2011, p. 288.
* 246 Cédric JOURDE,
« Décoder les multiples strates de l'insécurité
au sahel : Le cas mauritanien », Bulletin de la
Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 15, septembre 2011, p. 6.
* 247 Laurence AIDA AMMOUR,
« L'intégration régional au Maghreb à
l'épreuve du conflit gelé du Sahara occidental »,
The Maghreb Centre-Washington, p. 1.
* 248 Patrice GOURDIN,
« Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la
compréhension d'une menace complexe »,
www.Diploweb.com, le 11 mars 2012,
p. 13.
* 249 L'union du Maghreb
Arabe est au point mort depuis l'annulation de la réunion qui devait se
tenir à Tripoli les 25 et 26 mai 2005 et son report sine die, suite aux
divergences entre Alger et Rabat au sujet du Sahara Occidental. Il s'agissait
du premier sommet programmé depuis 1994.
* 250 Patrice GOURDIN, op.
cit., p. 13.
* 251 Zine CHERFAOUI,
« Algérie-pays du sahel : offensive commune contre le
terrorisme », El Watan, 10 septembre 2009.
* 252 Laurence AIDA AMMOUR,
« La coopération de sécurité au Maghreb et au
sahel : l'ambivalence de l'Algérie », Bulletin de la
sécurité africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 18, février 2012, p.
2.
* 253Laurence AIDA AMMOUR,
ibid.
* 254 Cette
« dimension algérienne » n'est d'ailleurs pas
étrangère au fait que, pendant longtemps, et même encore
aujourd'hui parfois, certains Etats sahéliens aient
considérés AQMI comme un problème relevant uniquement de
leur grand voisin, minimisant d'autant leur responsabilité dans la
gestion de la crise.
* 255 Cédric JOURDE,
`'sifting Through the layers of insecurity in the sahel: The case of
Mauritania'', Africa Security Brief N°. 15, Washington, DC: NDU
Press, September 2011.
* 256 Laurence AIDA AMMOUR,
« La Mauritanie au carrefour des menaces
régionales », Notes Internationales, n° 19,
Barcelona : Barcelona Centre for International Affairs (CIDOB), octobre
2009.
* 257 Alain CHOUET, Au
coeur des services spéciaux. La menace islamiste : Fausses pistes
et vrais dangers, Paris, La Découverte, 2011, p. 227.
* 258 Jeremy KEENAN,
« Terrorisme et Insécurité au sahel : une
leçon de contre façon géopolitique », op. cit,
p. 284.
* 259 L'argument juridique
avancé, à savoir l'existence d'un article de la constitution
algérienne interdisant les interventions militaires hors du territoire,
n''est pas parfaitement convainquant, dans la mesure où personne n'en a
proposé l'amendement.
* 260 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilités et facteur d'insécurité
au sahel », enjeux ouest- africains, Note publiée par le
Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE),
n° 1, août 2010, p. 1.
* 261 Patrice GOURDIN,
« Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la
compréhension d'une menace complexe ».
www.diploweb.com. Le 11 mars 2012,
p. 16.
* 262 Entretien du
Président de la République Française avec l'Agence de
Presse des Emirats Arabes Unis, 25 mai 2009.
* 263 Patrice GOURDIN, op.
cit., p. 17.
* 264 Patrice GOURDIN,
ibid.
* 265 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n°32, 3e Trimestre 2011,
p. 289.
* 266 Mehdi TAJE,
« Le sahel, un couloir stratégique, un échiquier
tourmenté », Le Méditerranéen, 8
décembre 2011.
* 267
Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et
leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'Union Européenne en
particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre
2012, p. 2.
* 268
Bérangère ROUPPERT, op. cit, p. 4.
* 269 En
référence au félin africain, est une intervention
militaire de l'armée française menée au Mali depuis le 11
janvier 2013.
* 270 Chris ALDEN, Daniel
LARGE, et Ricardo DE OLIVEIRA (dir), China Return to Africa. Arising
Power and a Continent Embrace, Columbia University Press, New-York, E-U, 2008,
400 p.
* 271 Alain CAUSSIEU,
Sébastien DEMAILLY, Guillaume DETILLEUX, Mathieu DEPOIRE, Christophe
PEIGNE, « Crise au Darfour : Indice révélateur de
la politique d'accroissement de puissance de la chine en Afrique »,
Dossier Chine-Afrique, Info-guerre, décembre 2007, p. 11.
* 272
Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et
leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union
Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP,
6 décembre 2012, p. 4.
* 273 Jean Christophe
SERVANT, «The New Gulf oïl States», Le Monde
Diplomatique, Janvier 2003.
* 274 Analyse d'Erik
IZARAELEWICZ, intitulée Chine-Afrique, blog des Echos du 03 novembre
2006.
* 275
Bérangère Rouppert, « Les Etats sahéliens et
leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union
Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP,
6 décembre 2012, p. 6.
* 276 Abderrahmane MEBTOUL,
« La coopération Europe-Maghreb face aux mutations
géostratégiques mondiales », Note de l'IFRI,
avril 2011. P. 36.
* 277 Louis MICHEL,
Commissaire Européen au Développement et à l'Aide
Humanitaire, « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la
politique extérieure européenne »,
Conférence Publique sur la stratégie Européenne en
Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006.
* 278 Commandant Mbaye
CISSE, Sénégal CID, 14e promotion,
« L'affirmation de stratégie de puissance : la politique
africaine de la chine »,
www.diploweb.com,
Géopolitique de l'Afrique et de la Chine, date de mise en
ligne, octobre 2007.
* 279 Jean Mari DODO BOHOU
ZOUZOUGHBO, « La Chine en Afrique pourquoi faire ? »,
Texte de la conférence publique Les vendredi du CERAP,
CERAP, Abidjan, 06 février 2009, p. 1.
* 280 La Chine se plait
à rappeler les expéditions sur la côte Orientale africaine
de la Dynastie des Ming qui se sont limitées à des
échanges avec l'Afrique, sans aucune volonté de domination. Voir
à ce propos, Paul Kennedy, Naissance et Déclin des grandes
puissances, Editions Payot et Rivages, 2004, pp 39-44.
* 281 Discours du
Président Hu JINTAO à la cérémonie d'ouverture du
Forum de Coopération Sino-africain, 4 novembre 2006.
* 282 Robert MAGALI,
« Puissance Chine : La stratégie d'affirmation
internationale chinoise », Fiche de L'IRSEM, mars 2010, p.
4.
* 283 Gang XIONG,
«China's Defense Policy and Sino-African Relations»,
International Strategic Studies, n° 3, 1997.
* 284 François
LAFARGE, « La Chine et l'Afrique », Perspectives
Chinoises, n° 90, juillet-août 2005.
* 285 Ian TAYLOR, China
and Africa. Engagement and compromise, Londres, Routledge, 2006.
* 286 Valérie
NIQUET, « La stratégie africaine de la Chine »,
Politique Etrangère, 2e Trimestre 2006.
* 287 Joshua KURLANT ZICK,
Charm Offensive. How China's Soft Power is Transforming the World, New
Heaven, Yale University Press.
* 288 Eric NGUYEN, Les
Relations Chine-Afrique, Editions Studyrama Perspectives.
* 289 Mamoudou GAZIKO et
Olivier MBABIA, « La politique africaine de la chine montante
à l'ère de la nouvelle ruée vers l'Afrique »,
Etudes Internationales, Vol. 41, n° 4, 2010, p. 536.
* 290 Benoît
VERMANDER, Chine brune ou Chine verte ?, Paris, Presses de
Science Po, 2007, p. 33.
* 291 Pierre Antoine BRAUD,
« La Chine en Afrique, anatomie d'une nouvelle stratégie
chinoise », Analysis,
http://www.iss-eu.org, octobre 2005,
p. 2.
* 292 Valérie
NIQUET, « Profit and prejudice: China in Africa »,
China News Analysis, n° 1574, 15 décembre 1996.
* 293 Valérie
NIQUET, « La stratégie africaine de la Chine »,
Politique Etrangère, 2e Trimestre 2006, p. 2.
* 294 « La
politique de la Chine à l'égard de l'Afrique »,
http://www.chineafrique.com.
* 295 Lindsey HILSUM,
« We love China », Granta, The View of Africa, n° 92,
Extrait disponible sur
http://www.granta.com.
* 296 Patrice GOURDIN,
« Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la
compréhension d'une menace complexe.
http://www.diploweb.com, le 11
mars 2012.
* 297 Mehdi MEKDOUR,
« Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace
multidimensionnelle », Note d'Analyse du GRIP, 25 août 2011, p.
4.
* 298 Intervention de M.
Ali BOJJI, Ambassadeur de sa Majesté Le Roi au Gabon sur le
Thème : « Sahel-Sahara : Danger des espaces de non
droit », Quatrième éditions de la Conférence
Internationale « Marrakech Security Forum », 25 et 26
janvier 2013, p. 2.
* 299 Mehdi TAJE,
« Les enjeux sécuritaires dans le sahel africain : Grille
d'Analyse », Centre Français de Recherche sur le
Renseignement (CF2R), Tribune Libre n° 8, p. 2.
* 300 Laurence AIDA AMMOUR,
« Flux, réseaux et circuits de la criminalité
organisée au Sahara-sahel et en Afrique de l'Ouest »,
Institut de Recherches Stratégiques de l'Ecole Militaire
(IRSEM), Paris, Cahier du CEREM, Spécial Sahel, n° 12,
décembre 2009, p. 4.
* 301 Rapport de l'ONUDC
sur les drogues dans le monde, juillet 2009.
* 302 William ASSANVO,
« Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest »,
Note d'Analyse n° 12, juillet 2012, p. 2.
* 303 François
SOUDAN, « Mali : Polisario », Jeune
Afrique, 08 décembre 2012.
* 304 Antonin TISSERON,
« Sahara de tous les enjeux. Le Maghreb dans la
tourmente ? », Actuelle de l'IFRI, le 23 octobre 2012,
p. 4.
* 305 Serge DANIEL,
AQMI l'industrie de l'enlèvement, Paris, Fayard, 2012, p.
204.
* 306 Emmanuel OGALA,
`'Exclusive : BOKO HARAM gets N40 million donation from Algeria'',
Premium Times, 13 May 2012.
http://www.premiumtimesng.com/news/5079.Boko_Haram_gets_n40million_donation_from_algéria.html.
* 307 « Au Nord
Mali, ANCAR DINE et AQMI oeuvrent main dans la main, RFI, le jeudi 03
janvier 2013.
* 308 Iyad GHALY est un
ancien leader des rébellions Touareg des années 1990 à la
tête du Mouvement Populaire de l'AZAWAD. A la suite de la dissolution de
celui-ci, il devient plus tard Secrétaire Général de
l'Alliance Démocratique du 23 mai pour le changement, mouvement touareg
politique et pacifique. C'est en 1999-2000 qu'il a versé dans le
salafisme, au contact de prédicateurs pakistanais installés
à Kidal, explique l'historien Pierre BAILLEY. Il devient par la suite
négociateur lors de la libération d'otages détenus par
AQMI, rôle auquel il empoche de grosses commissions. Après son
expulsion en 2010 de l'Arabie Saoudite où il était
détaché en tant que Conseiller Consulaire à Djeddah
à cause de ses liens supposés avec AQMI, il crée le
Mouvement ANCAR DINE vers la fin 2011 lorsqu'il se voit refuser son
intégration au MNLA. Voir à ce sujet, « Coup
d'état au Mali et Montée de l'islam radical au sahel »,
Chaire Raoul-Dandurand, 24 avril 2012 ; Julia Dufour et Claire
KUPPER, « Groupes armés au Nord Mali : état des
lieux - Fiche Documentaire », Note d'Analyse du GRIP, 06
juillet 2012. Voir également Pierre BAILLEY, « Mali :
Iyad AG GHALY, le rebelle Touareg devenu djihadiste »,
L'Express, 12 avril 2012.
* 309 Laurence AIDA AMMOUR,
« Nouveaux défis sécuritaires en Afrique du Nord
après le `'printemps arabe'' », GCSP Policy Paper, n°
4, 2012. Voir également Jemal OUMAR, « Déplacement
du centre de gravité d'Al-Qaïda au Maghreb »,
Magharebia, 12 octobre 2012.
* 310 « Le
Salafisme aujourd'hui. Entre réformisme islamique et mouvement de
rupture »,
http://www.oumma.com, 22 mars
2012.
* 311 William ASSANVO,
« Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest »,
Note d'Analyse n° 12, juillet 2012, p. 8.
* 312 Mohammed MAHMOUD ABU
AL-MA' ALI, «Al-Qaeda and its allies in the sahel and sahara»,
Al-Jazeera Center for studies, Reports, 1 May 2012.
* 313
Présenté comme le chef du MUJAO par certains, Alias Abu Bady,
arabe originaire de la ville de Gao, a crée cette organisation
après qu'il lui a été refusé la création
d'une unité composé d'arabes de l'Azawad.
* 314 William ASSANVO, op.
cit., p. 8.
* 315 Alain RODIER,
« Mali : La situation de non droit
s'éternise », CF2R, Note d'actualité
n° 286, 10 septembre 2012.
* 316 Daniel TESSOUGNE est
un magistrat malien actuellement procureur près de la cour d'appel de
Bamako.
* 317 Terje OSTEBO,
« Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 1.
* 318 Jean Pierre RAISON,
« Les Religions en Afrique », Institut d'Etudes
Africaines d'Aix-en-Provence, décembre 2012, p. 1.
* 319 Jean Pierre RAISON,
ibid., p. 1.
* 320 Jean Pierre RAISON,
op.cit., p. 2.
* 321 Bernard LEWIS,
What Went Wrong? Western impact and Middle Eastern response, New York,
Oxford University Press, 2001. (Traduction Française, Que s'est-il
passé? L'Islam, l'Occident et la Modernité, Paris,
Gallimard, 2002.
* 322 Hamit BOZARSLAN,
Cents Mots pour dire la violence dans le monde musulman, Maisonneuve
et Larose, 2005, p. 141.
* 323 Liess BOUKRAA, La
Terreur sacrée, Favre, Genève, 2002, p. 245.
* 324 François GEZE
et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb », ou la
très étrange histoire du GSPC algérien,
Algéria-Watch, 22 septembre 2007, p. 10.
* 325 Robert R. FOWLER,
A Season In Hell-My 130 Days in Sahara with Al Qaeda, Toronto, Harper
Collins, 2011.
* 326 Alain ANTIL,
« L'Afrique et la `'guerre contre la terreur'' »,
Institut Français des relations Internationales/Politique
Etrangère, Automne 2006, p. 6.
* 327 Djallil LOUNNAS,
« AQMI et la crise malienne », Sécurité
Globale, ETE 2012, p. 44.
* 328 `'Islamist Terrorism
in the Sahel: Fact or Fiction?'', International Crisis Group,
«Africa Report», n° 92, 31 Mars 2005.
* 329 Terje OSTEBO,
« Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 4.
* 330 Jemal OUMAR,
« AQMI lance une campagne d'endoctrinement le long de la
frontière Mauritano-Malienne », Magharebia, 5
août 2011.
http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/08/features01.
* 331 Alain RODIER et Eric
DENECE, « La menace terroriste dans le sud algérien et au
sahel », Centre Français de Recherche sur le Renseignement
(CF2R), 31 octobre 2004, p. 1.
* 332François GEZE
et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb » ou la
très étrange histoire du GSPC algérien,
Algéria-Watch, 22 septembre 2007, p. 22.
* 333
« L'embuscade de Batna : près d'un mois après, un
mutisme inexpliqué dans la région », El Watan,
29 janvier 2003.
* 334 Le Quotidien
d'Oran, le 6 mars 2004.
* 335 Mathieu GUIDERE,
«Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des
révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208,
2011, p. 5.
* 336 La Diyya signifie
littéralement le prix du sang et correspond à la rançon
perçue pour tout otage occidental enlevé par l'organisation.
* 337 William ASSANVO,
« Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest »,
Note d'analyse n° 12, juillet 2012, p. 7.
* 338 Laurent PRIEUR,
`'BOKO HARAM got al Qaeda bomb training, Niger says'', Reuters,
January 25, 2012.
http://www.af.reuters.com/article/topnews/idAfJoeooook20120125.
* 339 US National Strategy
for Conterterrorism, june 2011, p. 16.
* 340 En
référence au vent violent qui souffle dans le Nord du Cameroun
appelé Harmattan.
* 341 André
BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux »,
Hérodote, 3e Trimestre 2011, n° 142, p. 42.
* 342 Voir L'interview du
chef d'Al-Qaïda au Maghreb, publiée par le New York Times,
le 1er juillet 2008. Interview accessible en ligne (en Arabe et en
Anglais) sur le site du New York Times :
http://www.nytimes.com/2008/07/01worldafrica/01transcriptDroukdal.html
consulté le 20 novembre 2009 à 11ho6 mn.
* 343Mehdi MEKDOUR,
« Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace
multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août
2011, p. 16.
* 344
« Mali : pour une action internationale résolue et
concertée », Briefing Afrique de Crisis Group,
n° 90, 24 septembre 2012, p. 10.
* 345 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilités et facteurs d'insécurité
au sahel », Note publiée par le Secrétariat du Club
du sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août
2010, p. 6.
* 346 Mehdi TAJE, ibid.
* 347 Colloque :
Quelles constructions politiques au Mali face aux crises dans le sahel ?
Fondation Gabriel Péri, 19 juin 2012, p. 36.
* 348 Ibid.
* 349 Voir Jean
François DAGUZAN, « Terrorisme et Mondialisation : La
coopération, réponse à la menace
transnationale », op. cit., pp 242 et ss.
* 350 Aboya MANASSE ENDONG,
« Risque mesuré ou surdimensionné :
Instrumentalisation de l'AQMI et domination
géostratégique ? », Revue Africaine de
Parlementarisme et de Démocratie, Volume III, n° 5, avril
2011, p. 28.
* 351 Notamment lors de sa
Conférence à la Sorbonne sur « La géopolitique
des populations du sahel », le 17 mai 2010.
Gérard-François DUMONT a proposé la formule Sahel Nostrum
à l'image de la Mare Nostrum des Romains.
* 352 Laurence AIDA AMMOUR,
« Les Défis de sécurité dans la zone
Saharo-sahélienne et leurs répercussions dans la région
Méditerranéenne », Seguridad y Defensa en el
Mediterraneo , (SEDMED), 25 octubre 2010, p. 2.
* 353 Laurence AIDA AMMOUR,
Ibid.
* 354 La guerre contre le
terrorisme ou guerre contre la terreur désigne le concept
géopolitique développé par l'administration
américaine au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pour
établir et organiser la solidarité internationale face au
péril constitué par la montée du terrorisme islamiste.
Voir, « Guerre contre le terrorisme », Encyclopédie
Wikipedia.
http://www.wikipedia.org.
* 355 Communication de M.
Massaër DIALLO, « Défis sécuritaires et
Hybridation des menaces dans la zone sahélo-saharienne »,
Institut d'Etudes Politiques et Stratégiques (IEPS), Dakar, p.
5.
* 356 William ASSANVO,
« Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des
réponses nationales, régionales et internationales, Note
d'analyse n° 13, septembre 2012, p. 3.
* 357 William ASSANVO,
« L'Afrique exprime ses préoccupations lors du débat
général de la 66eme session de l'Assemblée
Général de l'ONU », Observatoire de la Vie
Diplomatique en Afrique (OVIDA), Note de synthèse n° 23,
octobre 2011, pp. 8-13.
* 358 William ASSANVO,
« Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des
réponses nationales, régionales et internationales »,
Note d'analyse n° 13, septembre 2012, p. 2.
* 359 William ASSANVO,
Ibid.
* 360 Intervention de M.
Massaër DIALLO, chef d'unité « Gouvernance, Dynamique des
conflits, paix et sécurité », « La
sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et de
développement », Réunion du groupe d'orientation
des politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE),
25 et 26 janvier 2007, GTZ Berlin, p. 2.
* 361 Gani YOROMS,
`'Counter Terrorism Measures in West Africa», in Walufa okumu and Anneli
Botha (eds.), `'Understanding Terrorism in Africa: Building bridges in
preventing and combating terrorism in Africa'', 19-20 May 2007, Cairo (Egypt),
Tswane: Institute for security Studies, 2008, p. 94.
* 362 CEDEAO,
« une nouvelle consultation régionale sur le projet de
stratégie de contre terrorisme de la CEDEAO »,
Communiqué de presse, 30 octobre 2011.
* 363 « Un centre
du renseignement pour lutter contre le terrorisme au sahel »,
RFI 30 septembre 2010.
http://www.rfi.fr/afrique/20100930-centre-renseignementlutter-contre-le-terrorisme-sahel.
* 364 Modibo GOITA,
« Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest :
contrecarrer la stratégie d'AQMI au sahel », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 11, février 2011, p.
4.
* 365 Rapport d'information
de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale
Française sur « la situation sécuritaire dans les pays
de la zone sahélienne, 6 mars 2012, p. 67.
http://www.asemblée-nationale.fr/13/rep-info/i4431.asp.
* 366 William ASSANVO,
« Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des
réponses nationales, régionales et
internationales », Note d'analyse n° 13, septembre
2012, p. 17.
* 367 Massaër DIALLO,
« Défis sécuritaires et hybridation des menaces dans la
zone sahélo-saharienne », Institut d'Etudes Politiques et
Stratégiques (IEPS), Dakar, 25 et 26 novembre 2010, Bruxelles, p.
10.
* 368 Modibo GOITA,
« Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest :
Contrecarrer la stratégie d'AQMI au Sahel », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 11/Février 2011, pp.
7-8.
* 369 Andela JACQUES JOEL,
« L'Afrique est-elle à l'abri du terrorisme
international ?, p. 2.
* 370 Delphine LECOUTRE,
« Le conseil de paix et de sécurité de l'Union
Africaine, clef d'une nouvelle architecture de stabilité en
Afrique ? », Afrique Contemporaine-été
2004, p. 131.
* 371L'Architecture de
Africaine de Paix et de Sécurité a été
créée avec l'adoption du protocole relatif à la
création du Conseil de Paix et de Sécurité de l'union
Africaine par la première session ordinaire de la conférence de
l'Union Africaine à Durban, le 9 juillet 2002.
* 372 Anthonin VAN
NIEUWKERK, `' The Regional roots of the African peace and security
architecture: exploring centre-periphery relations», South African
Journal of International Affairs, vol, 18, no. 2 (2011), p. 171.
* 373 Commission de l'Union
Africaine, Plan Stratégique 2009-2012, Addis-Abeba, le 19 mai 2009, p.
22. Disponible en ligne sur
http://www.au.int/en/sites/default/files/plan_stratégique_2009_2012.pdf.
Consulté le 03 septembre 2012.
* 374 Voir l'article 13 (1)
du protocole relatif à la création du conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine.
* 375 Les opérations
en cours sont : La mission de l'UA en Somalie (AMISOM), la mission hybride
des Nations Unies et l'UA au Darfour (MINUAD) et l'initiative de
coopération régionale contre la LRA (IRC/LRA). Les missions
terminées sont : la mission d'assistance électorale et
sécuritaire aux Comores (MAES), la mission africaine au Burundi (MIAB),
la mission de l'UA pour le soutien aux élections aux Comores (MUASEC),
et la mission de l'UA au Soudan (MUAS). Pour plus d'informations, voir
http://www.opérationspaix.net/15-toutes-les-opérations-de-l'organisation-ua.html.
* 376 Arsène Brice
BADO, « L'UA et la sécurité collective »,
Programme Paix et Sécurité Internationales, Bulletin No 58,
septembre-octobre 2012, p. 3.
* 377 Arsène Brice
BADO, ibid.
* 378 Stephan
KINGEBIEL,`'Africa's new peace and security architecture», African
Security Review, Vol. 14, No 2 (2005), p. 37.
* 379 Voir Naim AMEUR,
« La Libye entre les intérêts de l'Occident et la
résistance de Kadhafi », Outre-Terre, Vol. 3, n°
29 (2011), p. 299.
* 380 Voir le protocole
relatif à la création du Conseil de Paix et de
Sécurité de l'UA en son article 17 (1).
* 381 Interpol et le Forum
Global de lutte contre le terrorisme (Forum Counterterrorism Forum-GCTF) jouent
également un rôle dans la lutte contre le terrorisme. Interpol est
actif dans la coopération internationale et s'illustre par le recueil,
le stockage, l'analyse et l'échange d'informations sur les individus et
des groupes soupçonnés d'activités terroristes avec les
pays membres d'Interpol. Interpol peut également prêter une
assistance en matière d'enquête et de recherche de suspects
lorsque des actes terroristes ont été commis. Le FGCT a
été lancé à New York le 22 septembre 2011. Il se
présente comme une plateforme diplomatique informelle ayant pour but
d'offrir un espace de partage des expériences, expertises, et
stratégies et d'identifier les besoins en termes de capacités et
les programmes pour leur renforcer.
* 382 L'Organisation
Maritime Internationale, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale, le
Fond Monétaire International, l'Agence Internationale de
l'Energétique Atomique et la Banque Mondiale etc.
* 383 Antonio MARCA COSTA,
« Allocution d'ouverture », Symposium sur la mise en
oeuvre de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations-Unies,
(New York : Nations-Unies, 2007), p. 13,
http://www.unodc.org/pdf/terrorism/symposium/symposium-fr.pdf.
* 384 Service de la
Prévention du Terrorisme (SPT) de l'ONUDC, `'Note of
Accomplishments : Technical Assistance Provided to African Countries for
Strengthening the Legal Regime Against Terrorism'', 31 décembre 2008.
* 385 Ibid.
* 386 BREA, PNUD, «
Arab Human Development Report 2009 », p. 61,
http://www.arabhdr.org/publications/other/ahdr/ahdr2009e.pdf.
(« Rapport arabe sur le développement humain 2009 », p. 6).
* 387Anton DU PLESSIS,
« The role of the United Nations in providing technical assistance in
Africa », dans
Understanding Terrorism in Africa: In Search for an
African Voice, éd. Wafula Okumu et Anneli Botha (Pretoria :
Institut d'études de sécurité, 2007), p. 89,
http://www.iss.co.za/uploads/AFRITERRO071106.pdf.
* 388 Henry PLAGNOL et
Bernard LONCLE, « La situation Sécuritaire dans les pays de la
zone sahélienne », Rapport d'Information, Assemblée
Nationale (France), 6 mars 2012, p. 74.
* 389 Enlèvements de
sept personnes sur le site minier d'Arlit dans le Nord du Niger dans la nuit du
15 au 16 septembre 2010 par AQMI.
* 390 William ASSANVO,
« Réflexions sur la stratégie européenne pour la
sécurité et le développement dans le
sahel », Observatoire de la Vie Diplomatique en Afrique (OVIDA,
Note d'analyse n° 5, octobre 2011, p. 2.
http://www.ovida-afrido.org/fr/ovida-pdf/strat%c3%A9gie_UE_sahel_5_octobre11.pdf.
* 391 Raby Ould Idoumou,
« L'UE et le Sahel définissent une vision conjointe de la
sécurité », Magharebia, 12 décembre
2011,
http://www.magharebia.com/cocoom/avoi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/12/12/features-03.
* 392 William ASSANVO, Op.
Cit., p. 2.
* 393 Rapport d'information
de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale
Française sur « la situation sécuritaire dans les pays
de la zone sahélienne », 6 mars 2012, p. 74.
http://www.assemblée-nationale.fr/13/rap-info/i4431.asp.
* 394 L'EUCAP est la
mission européenne visant à renforcer les capacités du
sahel.
* 395 Sur certaines
divergences stratégiques en matière de lutte contre le terrorisme
dans le sahel, voir Benjamin Roger, « Terrorisme au sahel :
derrière la coopération, chacun joue sa partition »,
Jeune Afrique, 07 septembre 2011.
* 396 Confère les
résolutions 1710, 2626 de l'Assemblée Générale des
Nations Unies.
* 397 Laurence AIDA AMMOUR,
« Les défis de sécurité dans la zone
saharo-sahélienne et leurs répercussions dans la région
Méditerranéenne », Seguridad y Defensa en el
Mediterranéo (SEDMED), CIDOB, 25 octobre 2010, p. 9
* 398 Rapport de la Banque
Ouest Africaine de Développement (BOAD), « Changement
climatique et sécurité alimentaire dans la zone UEMOA :
défis, impacts, enjeux actuels et futurs », juillet 2010, p.
27.
* 399 Par
vulnérabilité alimentaire, on désigne le fait pour une
personne ou une population d'être : 1. Exposé à des
aléas/risques (exposition) ; 2. Sensible à ces
événements (sensibilité) ; 3. Sans avoir la
capacité immédiate à y faire face par ses propres moyens
ou par la mobilisation d'autres ressources ou personnes
(réactivité) ; 4. Ni la possibilité de revenir
à un état antérieur de moindre fragilité
(résilience). Confère Robert Chambers, Vulnerability : how
the poor cope ? University of Sussex, 1989.
* 400 L'OCDE est une
organisation dont l'objectif est de promouvoir les politiques qui
améliorent le bien être économique et social partout dans
le monde.
* 401 Comité d'Aide au
Développement, OCDE, « Répartition géographique
des ressources financières allouées au pays en
développement ; versement, engagements, indicateurs par pays,
2005-2009 », 2011, p. 174.
* 402
http://www.usaid.gov/policy/budget/cbj2010/2010_CBJ_book_2.pdf.
* 403 Comité d'Aide au
Développement, OCDE, « Répartition géographique
des ressources financières allouées au pays en
développement ; versement, engagements, indicateurs par pays,
2005-2009 », 2011.
* 404 Selon les
perceptions, un mariage précoce protège des grossesses non
désirées et partant des risques de honte pour les familles.
* 405 Dans certains
établissements, il a été enregistré au cours d'une
année le retrait de plus d'une dizaine filles du CM pour cause de
mariage.
* 406 Patrice GOURDIN,
« Al-Qaïda au Sahara et au Sahel. Contribution à la
compréhension d'une menace complexe »,
www.diploweb.com, le 11 mars
2012.
* 407 Patrice GOURDIN,
Ibid.
* 408 William ASSANVO,
« Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des
réponses nationales, régionales et internationales »,
Note d'Analyse n° 13, Observatoire de la Vie Diplomatique en
Afrique, septembre 2012, p. 31.
* 409 Mehdi TAJE,
« Les enjeux sécuritaires dans le sahel africain : Grille
d'Analyse », CF2R, Tribune Libre n° 8, juin 2010.
* 410 Intervention de M.
Ali BOJJI, Ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au Gabon,
« le Sahel-Sahara : danger des espaces de non droit »,
4e édition de la Conférence Internationale
« Marrakech Security Forum », 25 et 26 janvier 2013,
p. 3.
* 411 Voir la liste en
annexe de l'Institut de Recherches Stratégiques de l'Ecole Militaire
(IRSEM).
* 412 Enquête sur la
mise en oeuvre par les Etats membres de l'ONU de la résolution 1373
(2001) du Conseil de Sécurité S/2011/463, 1er
septembre 2011, para 63, p. 22.
* 413 Mehdi TAJE,
« La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre
2011, p. 293.
* 414 Propos tenus par un
participant africain lors du séminaire d'Abuja organisé par la
Friedrich Ebert Stiftung et approuvé par d'autres participants
africains.
* 415
Bérangère ROUPPERT, « Les Etats Sahéliens et
leurs partenaires extrarégionaux : le cas de l'Union
Européenne en particulier », Note d'Analyse du GRIP,
le 06 décembre 2012, p. 7.
* 416
Bérangère ROUPPERT, ibid.
* 417 Michael PETRON,
«Germany and Switzerland paid ransom for kidnapped Canadian
diplomats», Maclean's, 29 avril 2009. Voir également:
`'Spain paid ransom to free hostages held by Al-Qaeda North Africa''.
* 418 Afrique et
Europe : néocolonialisme ou partenariat ?, Actes du
Colloque de la Fondation Gabriel Péri, 24-26 janvier 2008, p.
11.
* 419 « Sept
touristes capturés au Cameroun ; au total 15 otages français
au sahel »,
www.ouestfrance.frlignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/enligne/2013/02/19/sahel-7-nouveaux-otages-français-ils-ont-été-capturés-au-cam-html.
* 420 Yves LE DRIAN est
l'actuel Ministre de la Défense Française.
* 421 Elisabeth Studer,
« Quand le pétrole et le Qatar s'invitent au Mali et au
Sahel »,
www.leblogdelafinance.com,
10 juin 2012.
* 422 Arthur MESSEMACKERS,
« In Amenas : Quelles conséquences pour la
sûreté des groupes pétroliers au sahel ? »,
CF2R, Tribune Libre N° 26, 03 mars 2013, p. 1.
* 423 La résilience
se définit comme la volonté et la capacité d'un pays, de
la société et des pouvoirs publics à résister aux
conséquences d'une agression ou d'une catastrophe majeure, puis à
rétablir rapidement leur capacité de fonctionnement normalement,
ou à tout le moins dans un mode socialement acceptable.
* 424 Louis GAUTIER,
« AQMI : un problème régional », les
notes de l'Observatoire de la Défense, n° 4, janvier 2011, p.
10.
* 425 Louis Gautier,
Ibid.
* 426 Louis Gautier,
Ibid.
* 427 `'Kidnapping in Niger
and possible French response'', Stratford, 16 September 2010; `' Insecurity
forces and workers from Niger Regions'', Reuters, 17 août 2010.
* 428 Stéphanie
PLASSE, `' Tuareg and AQIM: The Unlikely jihadist Bedmates'', Afrik
News, 08 décembre 2010.
* 429 Modibo GOITA,
« Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest :
Contrecarrer la stratégie d'AQMI au sahel », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, No 11, février 2011, p. 4.
* 430 Blondin OUSMAN DIOP,
« Menace sur l'islam noir », Le Monde, 29 mai
2012, p. 1.
* 431 Blondin OUSMAN DIOP,
Ibid.
* 432 Mehdi TAJE,
« Vulnérabilités et facteurs d'insécurité
au sahel », Note Publiée par le Secretariat du Club du
Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010,
p. 7.
* 433 Elisabeth
DORIER-APPRILL, « Les Echelles du pluralisme religieux en Afrique
Subsaharienne », L'information Géographique, 2006/4
Vol. 70, p. 53. Article disponible en ligne à l'adresse
http://www.cairn.info/revue-1-information-géographique-2006-4.page-46htm.
* 434 Terje OSTEBO,
« Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de
la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes
Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 7.
* 435 « Imans,
Erudits et Prédicateurs du sahel se rencontrent à Alger, une
ligne pour combattre le fanatisme religieux », El Watan, 31
janvier 2012, p. 2.
* 436 Ibid.
* 437 Mathieu GUIDERE,
« AQMI : Le tournant des révolutions arabes »,
Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 5.
* 438 Il existerait compte
tenu de la nationalité de l'otage des prix établis entre 5 et 10
millions d'euros pour un français, entre 8 et 12 millions s'il travaille
pour AREVA.
* 439 « Les
sources du financement des bandes armées au sahel »,
Compagnie Méditerranéenne d'Analyse et d'Intelligence
Stratégique, 01 février 2013, p. 5.
* 440 Alain ANTIL,
« Compte rendu de la sécurité au sahel »,
IFRI.
* 441 Laurence AIDA AMMOUR,
« Flux, Réseaux et Circuits de la criminalité
Organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest »,
Institut de Recherche Stratégiques de l'Ecole Militaire
(IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12,
décembre 2009, p. 17.
* 442 Laurence AIDA AMMOUR,
ibid.
* 443 Alain ANTIL,
Conférence sur : « Contrôler les trafics pour
assurer la stabilité de l'Etat : Retour sur le cas
mauritanien », lors du Séminaire « Questions
Sécuritaires aux marges de l'espace méditerranéen :
la zone sahélo-saharienne » organisé par
l'IFRI, le 5 décembre 2008 à Paris.
* 444 Jacques BAUD,
Encyclopédie du Renseignement et des Services Secrets, Lavauzelle,
2002.
* 445 Romain FOLIARD,
« Renseignement et lutte contre le terrorisme international : De
la fin de la guerre froide jusqu'à nos jours », Institut
Français d'Analyse Stratégique (IFAS), Université Paris
13, sous la direction de Stéphane Folcher (Université Paris
13/Ministère de l'intérieur), François Géré
(Président de l'Institut Français d'Analyse Stratégique -
IFAS), p. 7.
* 446 EUSKADI TA ASKATASUNA
(ETA) pour « pays basque et liberté » en basque, est
une organisation armée basque indépendantiste qui réclame
l'indépendance du pays basque en Espagne.
* 447 Conformément
à l'article 12 (1) du Protocole relatif à la création du
Conseil de Paix et de Sécurité Africaine.
* 448 Intervention de
Massaër DIALLO, « La Sécurité en Afrique de
l'Ouest : Enjeu de gouvernance et développement »,
Réunion du Groupe d'Orientation des Politiques (GOP) du Club du Sahel et
de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007 GTZ, Berlin, p.
4.
* 449 Rapport de l'ONUDC,
Le Trafic de drogue comme menace à la sécurité en Afrique
de l'Ouest, octobre 2008.
* 450 Laurence AIDA AMMOUR,
« Flux, Réseaux et Circuits de la Criminalité
organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest »,
Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM),
Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre
2009, p. 17.
* 451 Jean-André
ROUX, « L'entraide des Etats dans la lutte contre la
criminalité », RCADI, 1931-II, T.36, p. 117.
* 452 C'est le cas de
l'Atelier sur « le Renforcement de la capacité de
réponse des systèmes juridiques nationaux des pays du sahel et de
l'Afrique du Nord à lutter contre le terrorisme »,
organisé à Alger du 03 au 05 juin 2012 au cours duquel, un projet
de création d'un Mandat d'arrêt africain a été
évoqué.
* 453 Rapport du
Comité Spécial de l'AGNU crée par la Résolution
A/51/210, 8e session, 2004, A/59/37, p. 5.
* 454 Cité par
Brigitte Stern, « Le contexte juridique de l'Après 11
septembre 2001 », in K. Bannelier et al. (dir) in Le Droit
International Face au Terrorisme, Paris, Pedone, 2002, p. 10.
* 455 Voir Marie J0ANNIDIS,
« Corne de l'Afrique : Enjeux Stratégiques et
Conflits », in
www.rfi./fr/fichiers/mfi/Politique.Diplomatie/1194.asp.
* 456 James Mouangue Kobila,
« Dixième anniversaire des attaques du 11septembre 2001 :
bilan de la gestion de la lutte contre le terrorisme par le conseil de
sécurité des Nations Unies », Revue
Québéquoise de Droit Internationale, 24 janvier 2011, p.1.
* 457 William ASSANVO,
« Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des
réponses nationales, régionales et
internationales », Note d'Analyse n° 13, septembre
2012, p. 32.
* 458 Medhi TAJE,
« Situation au Sahel-Sahara et acteurs extérieurs - Enjeux
Politiques et Sécuritaires au sahel »,
Illéridéfense, 09 octobre 2012. Consulté en ligne
sur
www.blogilléridéfense.com,
le dimanche 28 octobre 2012 à 15 h 30 mn.