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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

Disponible en mode multipage

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    THE UNIVERSITY OF DOUALA

    **********

    FACULTY OF LAWS AND POLITICAL SCIENCES

    **********

    DEPARTMENT OF POLITICAL SCIENCE

    UNIVERSITÉ DE DOUALA

    **********

    FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

    **********

    DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE

    LES DEFIS DU TERRORISME AU SAHEL :

    AQMI, une menace stratégique ?

    Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Master II en Science Politique

    Option : ÉTUDES INTERNATIONALES

    Par :

    Rodrigue NANA NGASSAM

    Master I de Science Politique (option Etudes Internationales)

    Master I de Droit Public (option Droit Public Interne)

    Sous la supervision de :

    Monsieur le Professeur Manassé ABOYA ENDONG

    HDR de Science Politique

    Maitre de Conférences

    Et sous la Direction de :

    Madame Laurence AÏDA AMMOUR

    Chercheure associée à l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux

    Année académique 2010/2011

    AVERTISSEMENT

    La Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Douala n'entend donner ni improbation ni approbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme étant propres à leur auteur.

    Dédicace

    A mon père NGASSAM Joël Ledoux, parti pour un voyage sans retour

    Et A la mémoire de mon camarade et ami, BAKA Robert

    Remerciements

    Il nous plait d'adresser nos très sincères remerciements en premier lieu à Monsieur le Professeur ABOYA ENDONG Manassé et Madame AÏDA AMMOUR Laurence qui, en dépit de leurs lourdes occupations, ont accepté de diriger ce modeste travail. Ils l'ont fait avec dévouement, constance, rigueur et méthode. L'on n'oubliera jamais leur immense sollicitude à notre endroit.

    Nous remercions aussi Monsieur, OUSMANE Kane (Université de Columbia, Université de Harvard, Etats-Unis), BOUBEKEUR Armel (Chercheur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et à l'Ecole Normale Supérieure, Paris) pour leur aide.

    Nous sommes également pénétrés de reconnaissance envers Monsieur les Professeurs ONANA Janvier, NGUELIEUTOU Auguste, les Docteurs MANDJACK Albert Le Grand, AKONO EVANG Serge, ATEBA Bertrand et EKAMBI DIBONGUE Guillaume qui, pendant notre long parcours à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Douala, ont aiguisé avec méthode notre penchant pour la Science Politique.

    Notre reconnaissance va aussi à l'endroit de Monsieur NJIKAM SEIDOU (premier Percepteur de l'Ambassade de la République du Cameroun au Maroc) pour son encouragement nourri et son effort pour l'orientation et la facilitation de nos recherches.

    Nous remercions également tous les camarades de la promotion de Master II Science Politique (option Sociologie Politique et option Etudes Internationales) 2009-2010 pour leur sens de solidarité tout le long de notre parcours commun.

    Merci enfin à tous ceux et celles dont il n'est pas possible de citer ici les noms, mais qui n'ont pas manqué une occasion pour m'encourager, prier pour moi et me témoigner leur affection. Je leur dis merci.

    Liste des principales abréviations

    AIS : Armée Islamique du Salut

    APSA : Architecture de Paix et de Sécurité Africaine

    AQMI : Al-Qaïda au Maghreb Islamique

    CAERT : Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme

    CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

    CILSS : Comité Inter-Etat de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel

    DECT : Direction Exécutive du Comité contre le Terrorisme (Conseil de Sécurité des Nations Unies)

    DRS : Département du Renseignement et de la Sécurité Algérienne

    GIABA : Groupement Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'Argent

    FIA : Front Islamique Armé

    FIS : Front Islamique du Salut

    FLN : Front de Libération Nationale

    GIA : Groupe Islamique Armé

    MNLA : Mouvement National pour la Libération de L'AZAWAD

    MUJAO : Mouvement Pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest

    ONU: Organisation des Nations Unies

    ONUDC : Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime

    OTAN : Alliance de l'Atlantique Nord

    PSI : Pan Sahel Initiative

    SPT : Service de la Prévention du Terrorisme (ONUDC)

    TSCT: Trans Sahara Counter Terrorism

    UA : Union Africaine

    UE : Union Européenne

    UMA : Union du Maghreb Arabe

    Résumé

    Avec les années 1990 apparût un terrorisme conduit par des déracinés sans buts politiques précis mais animés d'une vision transcendantale exclusive. Les groupes composites formant la galaxie BEN LADEN se sont peu à peu éloignés de leurs objectifs géographiques ou nationaux. Vaincus localement, ils se sont remotivés dans un terrorisme messianique universel et manifestent leur rejet du monde occidental par une violence suicidaire sans précédent. Faute de déplacer le combat chez l'ennemi, et porter le feu sur son territoire tel que le voulait le Docteur AL-ZAWAHIRI, l'AQMI a opéré un retour sur l'ennemi proche. Le champ de bataille s'est donc déplacé sur la Zone Sahara-Sahel (enlèvement de touristes et d'humanitaires, attaques de garnisons et de convoi, attaques des entreprises occidentales, criminalisation du sahel) là où l'immensité des territoires et la faiblesse des moyens militaires des pays frontaliers rendent difficiles son élimination.

    Pour compliquer le tout, le sahel est devenu une « ressource conflit » attisant les convoitises entre pays du Nord, pays émergents et Etats du champ pour s'approprier des richesses minières et pétrolières. Cette situation confuse n'est pas sans incident sur les solutions a y apportées pour rétablir la paix et la stabilité dans la région. A tel point que la prise du Nord du Mali par ces groupes terroristes a été un fait révélateur du caractère désuni que chacun des Etats frappés par le terrorisme a de l'interprétation de la menace. Face à cette situation, l'équation à résoudre est donc de rechercher un équilibre subtil pour contrer cette menace réelle sans l'alimenter. C'est pour cela qu'agir au sahel aujourd'hui représente un défi pour notre sécurité de demain : c'est-à-dire définir une politique ambitieuse alliant moyen de lutte et développement durable, et d'autre part, un travail de fond sur les esprits. Quoiqu'il advienne nous sommes, dans ce domaine installé dans la longue durée.

    SUMMARY

    The 1990s appeared a terrorism led by uprooted without specific political goals but animated exclusive transcendental vision. Composite groups forming galaxy BIN LADEN have gradually moved away from their geographical or national objectives. Defeated locally, they are re-motivated in a universal messianic terrorism and express their rejection of the Western world by a suicidal unprecedented violence. Without moving the fight to the enemy, and bring fire on its territory as wanted Dr. AL-ZAWAHIRI, AQIM has made a return on the near enemy. The battlefield is moved to the Sahara-Sahel zone (abduction of tourists and humanitarian attacks garrisons and convoy attacks by Western companies, criminalization Sahel) where the vastness of the territory and the poor military resources of neighboring countries make it difficult disposal.

    To complicate matters, the Sahel has become a "resource conflict" fanning lusts between North, emerging countries and states of the field to appropriate mineral and oil wealth. This confusing situation is not without incident on solutions ay made to restore peace and stability in the region. So much so that the capture of northern Mali by these terrorist groups was a telling fact that each character of the disunited states hit by terrorism in the interpretation of threat. Faced with this situation, the equation to solve is to find a delicate balance to counter the real threat without power. That is why the Sahel today that acting is a challenge for our future security: that is to say, set an ambitious way to fight and sustainable development combining, and secondly, work background on their minds. Whatever happens we are, installed in this area in the long term.

    Sommaire

    INTRODUCTION GENERALE......................................................................................................1

    PREMIERE PARTIE : AL-QAÏDA AU MAGHREB ISLAMIQUE : LOGIQUE DE NUISANCE SECURITAIRE ET MENACE GEOSTRATEGIQUE........................................................................................................23

    CHAPITRE I : AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE ET LES FRAGILITES DU SAHEL................................................................................................................................25

    SECTION I : LE SAHEL, UNE REGION EN DANGER ET EN PROIE A L'INSECURITE.............................................................................................................................................25

    SECTION II : AQMI ET LA CRIMINALISATION DU SAHEL.......................................................44

    CONCLUSION DU CHAPITRE I...........................................................................................60

    CHAPITRE II : LE SAHEL, UNE REGION INCONTOURNABLE SUR LE PLAN GEOPOLITIQUE........61

    SECTION I : `'SAHEL NOSTRUM'', UN ECHIQUIER TOURMENTE, UN TERRITOIRE CONVOITE......62

    SECTION II : LE SAHEL, TERRAIN DE JEU DES ISLAMISTES ARMES.........................................77

    CONCLUSION DU CHAPITRE II...............................................................................................................90

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE..............................................................................92

    DEUXIEME PARTIE : AL-QAÏDA AU MAGHREB ISLAMIQUE : LOGIQUE DE DEFIANCE SECURITAIRE ET OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DANS L'ESPACE SAHELIEN...........................94

    CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES FACE A LA DEFIANCE SECURITAIRE REGIONALE...............................................................................................................................................97

    SECTION I : INITIATIVES REGIONALES ET EXTRAREGIONALES EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME.............................................................................................................98

    SECTION II : L'ENIGMATIQUE PROBLEMATIQUE DU PROGRES DANS LA REGION SAHELIENNE...........................................................................................................................................116

    CONCLUSION DU CHAPITRE I..........................................................................................128

    CHAPITRE II : ACTIONS CONCRETES ET DE CONCERTATIONS FACE A LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL.....................................................................................................................130

    SECTION I: ADOPTER UNE STRATEGIE COHERENTE ET EFFICACE CONTRE LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL..................................................................................................131

    SECTION II: VERS UNE PLUS GRANDE INTERNALISATION DES REPONSES A LA CRISE SAHELIENNE.................................................................................................................143

    CONCLUSION DU CHAPITRE II.............................................................................................................154

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE...........................................................................................155

    CONCLUSION GENERALE......................................................................................................................156

    INTRODUCTION GENERALE

    Quelle sécurité collective face à la « menace terroriste » ? Cette question n'est pas nouvelle et les réponses sont toujours en attente. A peine les conflits localisés pour organiser l'héritage post soviétique sont-ils réglés dans les Balkans et en Asie Centrale que le monde reprend conscience de la présence latente et certaine de conflits sans nom et sans visage mais à caractère universel : le terrorisme1(*). Cette nouvelle menace ne pèse pas seulement sur les personnes ou les biens, ni exclusivement sur les structures de la société et son organisation. Mais, remet en question l'existence de l'Etat en tant que garant de l'ordre interne et international. Si certains pensent que la menace terroriste agit au nom de la guerre des civilisations même si on n'est pas encore au stade d'un choc des civilisations au sens de Samuel HUNTINGTON2(*), nous considérerons que le principal objectif du terrorisme est la destruction de la civilisation existante. Et pour le Chancelier Allemand Gerhard SCHRÖDER, « ce n'est pas une bataille entre les civilisations qui commence mais une bataille pour la civilisation »3(*).

    Face à ce nihilisme, l'enjeu est global dans une société en proie au terrorisme international. Car, toutes les collectivités organisées, Etatiques ou non Etatiques sont concernées par la survie de leur civilisation. La défense de la civilisation par le maintien de l'ordre qui la produit et dont il en est l'émanation se fait dans un climat d'incertitude. Pas d'informations fiables n'existent sur l'ennemi ni sur ses alliés, leurs intentions, leurs plans, leurs manoeuvres, leurs armes etc. Le terrorisme constitue l'une des plus grandes plaies en ce début du 21e siècle en ce sens qu'il représente une menace à la paix et à la sécurité internationale. Pour sa part, le conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) dans sa Résolution 1368 du 12 septembre 2001, reconnait le droit à la sécurité comme inhérent à la légitime défense individuelle ou collective conformément à la Charte des Nations Unies.

    Les évènements du 11 septembre 20014(*) ainsi que les attaques ultérieures perpétrées à Bali, Madrid, Londres, Amsterdam, et plus récemment celles perpétrées lors du marathon de Boston5(*) aux Etats-Unis ont fait ressortir la nécessité de lutter contre le terrorisme international. Les attentats du 11 septembre 2001 constituent l'opération la plus retentissante d'une organisation terroriste international contre un Etat considéré jusqu'alors comme infaillible ou du moins intouchable. Attentat perpétré par Al-Qaïda, mouvement islamiste fondé par le Cheick Abdullah YUSSUF AZZAM et son élève Oussama BEN LADEN en 19876(*). Ces attentats déclenchent aussitôt une réponse virulente des Etats-Unis, soutenus par leurs alliés qui envahissent l'Afghanistan en 2001 dans le but d'anéantir Al-Qaïda. Celle-ci perd ses camps, et ses membres sont en fuite. Cette situation conduit à une mutation de la mouvance Al-Qaïda et à une délocalisation de la nébuleuse en des cellules locales indépendantes et qui font allégeance à Ben Laden et prennent pour nom Al-Qaïda. Ces filiales du réseau Al-Qaïda agissent dans des ères géographiques différentes et revendiquent leurs actions au nom de la maison mère (Al-Qaïda). Parmi ces différentes structures qui se sont autoproclamées d'Al-Qaïda, l'on dénombre Al-Qaïda en Irak, issu du groupe d'ABOU MOUSSAB AL-ZARQAOUI en 2004, Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA), branche d'Al-Qaïda au Yémen et en Arabie Saoudite depuis 2009. Et enfin, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui a revendiqué les attentats du 11 avril 2007 à Alger et qui a trouvé refuge au sahel en tant que nouveau centre d'opération.

    I - Cadre socio-spatial de l'étude : étude monographique de l'espace sahélien

    Certains facteurs et les caractéristiques d'une localité ont une influence sur la situation sécuritaire de celle-ci. En effet, la position géographique, l'éloignement de la capitale par exemple peuvent rendre les délais d'intervention longs et coûteux, toute chose qui favorise le développement de l'insécurité. De même, le niveau de couverture administrative et de représentation des administrations centrale et locale sont des facteurs pouvant favoriser l'effectivité de l'Etat de droit et la garantie de la sécurité des biens et des personnes. En revanche, la situation sécuritaire et la non effectivité de l'Etat de droit sont souvent à l'origine des problèmes de développement. Ainsi, l'insécurité empêche l'exploitation des potentialités et rend risqué et coûteux la fourniture des services sociaux aux populations. Aussi est-il nécessaire d'analyser les caractéristiques de la zone d'étude qui peuvent être à l'origine des conséquences des défis sécuritaires.

    A la charnière entre la méditerranée et l'Afrique du nord, le sahel est un espace tampon. Difficilement contrôlable, l'arc sahélien développe une conflictualité endémique sur laquelle les différents acteurs ont peu de prise7(*). Nous ne disposons que de peu d'éléments tangibles sur cette bande sahélienne de plusieurs km qui va de l'Atlantique jusqu'au Tchad8(*). Longtemps resté sous le contrôle des touaregs et des trafiquants de tout bord, cet espace fait aujourd'hui figure de zone grise rebelle à l'autorité de l'Etat. L'espace géographique où sévit AQMI s'insère dans un espace gigantesque : Le Sahara couvre 8.000.000 Km2 auxquels il convient d'ajouter les 3.000.000 Km2 du sahel9(*). Cette zone immense comme une mer et s'élançant comme un océan se montre difficilement maîtrisable. Selon certains chercheurs, il ne concerne principalement que cinq pays de l'Afrique Subsaharienne : La Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan10(*). A cela s'ajouterait le Sud algérien et son prolongement marocain jusqu'à l'Atlantique. L'approche institutionnelle prend comme pays du sahel, les neufs Etats du comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) : Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad. Mais, le Sahel ne recouvre qu'une partie du territoire de ces Etats et le Soudan n'est pas membre de ce comité. Dans cet immense désert, le milieu naturel est très contraignant. Il comprend de vastes étendues sableuses, un relief accidenté, des massifs montagneux, des plateaux profondément troués et entaillés qui présente de multiples grottes semblables au Waziristân Pakistanais ou aux montagnes Afghanes où, jadis Oussama BEN LADEN et son groupe se terraient. En dehors du relief gréseux et peu vigoureux qui constitue un facteur déstructurant le sahel, le climat n'est pas en reste. Celui-ci est la cause de nombreuses sécheresses que connaît la région, et source d'insécurité alimentaire.

    Par ailleurs, il existe de multiples voies de communications et des routes transsahariennes répertoriées qui facilitent le déplacement de ces divers groupes terroristes et mafias dans la région. Cet ensemble de fait est donc propice au camouflage de ces groupes terroristes et trafiquants car, il constitue un lieu de refuge et fournit des sites de repli quasiment inexpugnables. Comme le dit Thomas Edward Lawrence : « La rébellion doit avoir une base inattaquable, un lieu à l'abri non seulement d'une attaque mais de la crainte d'une attaque »11(*). Ces informations renforcent l'idée répandue qu'AQMI aurait fait du sahel son sanctuaire. Les contraintes géographiques expliquent donc pourquoi on a du mal à mettre la main sur cette organisation et ses alliés, et parfois sur les otages. Il paraît très difficile de réussir une opération terrestre comme aérien pouvant permettre de mettre la main sur ces divers groupuscules qui sévissent au sahel. Et l'on ne devrait pas oublier que l'administration, la surveillance de cette zone, aride excèdent les Etats pauvres et instables de cet espace.

    Dans ce coin isolé, la pauvreté et la misère y sont présents et elles ne sont pas sans incidence sur des populations déjà accablées par les lois de la nature. Cette situation favorise l'infiltration de l'islamisme radical proliféré par des extrémistes religieux qui tirent leur épingle de l'ignorance, de la misère et de la pauvreté dont sont victimes les populations de ce territoire. Cette percée de l'islam radical, sans être imminent dans la région du sahel est tout de même source de psychose sur des populations fragilisées. La nébuleuse terroriste profite de cette faiblesse, de la vulnérabilité des jeunes délaissés, sans emploi et livrés à eux-mêmes pour les endoctriner et les intégrer en son sein. D'autres jeunes quant à eux plongent dans le trafic de drogue, de médicaments, de contrebande pour le compte de celle-ci ou le leur. Ce qui contribue à alimenter le désordre que connait la zone sahélienne et que les Etats n'arrivent pas à contrôler. Désordre que tente de récupérer certains acteurs pour leur intérêt personnel.

    En effet, le sahel est d'une importance stratégique pour les partenaires extrarégionaux des Etats de la région. En dehors de l'eau qui permet l'élevage ainsi que les cultures dans les oasis, le sous sol sahélien est riche, très riche, d'où les convoitises. Le sous sol sahélien contient du sel, des minerais divers (phosphate, or, argent, uranium etc.) et certains gisements demeurent inexploités. Les Etats énergivores envisagent une production massive d'électricité solaire dans cette région comme l'illustre le méga projet désertec. Le sahel connaît donc une pression très forte d'acteurs extrarégionaux qui se livrent une compétition sauvage pour obtenir la jouissance de l'exploitation de ressources non renouvelables12(*).

    Tout concourt à faire de l'espace saharo-sahélien la plus vaste zone d'instabilité et de non droit de la planète : la géographie, la paupérisation persistante, sinon organisée des touaregs, les convoitises étrangères, l'extrémisme politico religieux et les mafias13(*). L'ampleur de la tâche à accomplir en vue d'une sécurisation et d'un rétablissement de l'ordre et de la paix est à la mesure de l'espace concerné : immense. Et rien ne permet d'affirmer, vue l'état actuel des choses, que les Etats de la région et même la Communauté Internationale parviendront à faire rétablir la sécurité dans cette zone.

    II - Intérêt du Sujet

    L'analyse de cette étude révèle qu'elle dégage un certain nombre d'intérêt justifiant le crédit à accorder à la présente recherche. Ainsi, la présente étude fait ressortir quatre intérêts aux enjeux considérables.

    1) Intérêt scientifique

    L'intérêt scientifique peut s'entendre comme l'apport que l'étude d'un fait social donné ajoute à la science. Dans le cas de l'espèce, l'intérêt scientifique de ce travail repose sur le fait qu'il se veut une contribution à la problématique portant sur la situation sécuritaire au sahel et de la menace terroriste que suscite AQMI pour les Etats de la région. La menace d'AQMI au sahel est aujourd'hui réelle et aucun acteur, étatique ou non étatique n'est à l'abri de cette nébuleuse. La présente étude entend se focaliser davantage sur l'enjeu et les défis sécuritaires que connait la zone sahélienne. Dans ce contexte, elle se pose avec acuité du fait que la plupart des pays sont affectés par des vulnérabilités structurelles et une fragilité de l'Etat, tout en étant de plus en plus exposés à des menaces qui prennent des formes et une tournure nouvelles14(*).

    2) Intérêt Politique

    Il serait prétentieux, voire présomptueux d'envisager dans ce travail une évaluation de la menace d'AQMI au sahel sans prendre en considération les stratégies de contre terrorisme offertes par les acteurs confrontés à ce phénomène. Si les différents discours, déclarations et documents adoptés sur le sujet par tous les acteurs politiques internationaux, nationaux et locaux sont révélateurs du fait que la lutte contre le terrorisme est aujourd'hui un défi sécuritaire, ceux-ci n'ont pas fait mordre la poussière à AQMI. La mouvance d'Al-Qaïda a d'autant mieux prospéré qu'elle est à l'heure actuelle considérée comme un « mal qui répand la terreur »15(*). La situation au Nord du Mali a fait ressortir la nécessité d'harmoniser les politiques de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest et même, pour l'ensemble des Etats de la région et du continent. Aussi, de nouvelles stratégies de lutte contre le terrorisme sont-elles importantes pour contrecarrer le phénomène du terrorisme en Afrique.

    3) Intérêt stratégique

    Le concept de stratégie16(*) né dans le domaine militaire a été étendu à la compétition politique, économique et sociale. Placé au coeur de l'action politique, il réfère le plus souvent au mode de conduite et au niveau d'organisation dans une institution donnée. Cette étude se donne pour ambition de déceler l'arrière plan des actes posés par chacun des acteurs en jeu au sahel. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et aiguillent des rivalités entre différentes forces territorialement proches ou lointaines, les unes des autres. Si les acteurs de la région ont des ambitions géopolitiques, les puissances mondiales participent également à ces luttes d'influences et se positionnent17(*). Les différents mouvements qui écument le sahel ne sont pas en reste et participent à ce jeu. D'abord ceux revendicatifs que sont le Mouvement National de Libération de l'AZAWAD (MNLA) et ANÇAR DINE, des groupes terroristes que sont AQMI et le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et enfin, les groupes criminels organisés dans la vente d'armes, de trafics de drogue et de traite humaine. Aussi tout acte posé par chacun des acteurs fut-il d'apparence altruiste, et toujours rationnelle. Cette analyse nous permettra donc d'ouvrir la boîte de pandore. Autrement dit, l'agenda caché des acteurs, afin d'en partager le contenu.

    4) Intérêt social

    Ce travail sert surtout enfin de fondement à la construction multidimensionnelle de la paix dans le sahel africain en aidant à voir le rôle des Etats en tant qu'acteurs dans la production de l'insécurité et de la sécurité. Il permet ainsi de saisir les déterminants sociaux de la recomposition de l'ordre sécuritaire en vue de faire du sahel non plus seulement un sanctuaire pour les jihadistes, mais une opportunité de développement humain et économique en Afrique, un lieu où il fait bon d'y vivre. Dans cette perspective, le défi est grand pour l'Afrique afin de contenir les facteurs de désordre, réduire les menaces et les risques, et ainsi de contribuer à la sécurité de sa partie Nord. La nature n'aimant pas le vide, ne rien faire reviendrait à prendre le risque de laisser les logiques de nuisance prévaloir dans la région, avec un accroissement des fractures, aussi bien à l'intérieur des sociétés qu'à l'échelle régionale18(*).

    III - Construction de la problématique

    La définition des concepts (III.1) et l'analyse des différents points de vue des auteurs sur la question du terrorisme au sahel (III.2), nous permet d'aboutir à notre question de recherche (III.3).

    III. 1 - Cadre conceptuel

    Le sujet s'articule autour des concepts de terrorisme, sahel et AQMI. Ces concepts et expressions centrent l'analyse sur le danger que représente le phénomène du terrorisme dans la région sahélienne et souligne l'importance pour les Etats de la région, de l'Afrique et même de la Communauté Internationale de la nécessité de prendre les décisions qui s'imposent pour faire face à cette nouvelle menace qui secoue le continent Africain. Une clarification de ces concepts et expressions est de ce fait nécessaire non seulement pour déterminer le sens dans lequel ils sont employés dans cette étude, car comme le soulignait Aristote : « si les hommes prenaient la peine de s'entendre au préalable sur le sens des mots qu'ils allaient employer, il y aurait très peu de discussion entre eux »19(*), mais également pour cadrer l'étude.

    a) L'organisation AQMI

    AQMI est l'abréviation usuelle pour : « Al-Qaïda au Maghreb islamique »20(*). C'est une organisation complexe, officiellement franchise d'Al-Qaïda à l'échelle Maghrébine et sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou criminels21(*) . Il s'agit d'un mouvement islamique armé d'origine algérienne issu de la mutation du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), lui-même issu de l'unification des Groupes Islamiques Armés (GIA)22(*). Crée en septembre 1998, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) a progressivement supplanté les « GIA » sur la scène du « terrorisme islamiste » en Algérie23(*). D'abord cantonné dans une seule région du pays (la Kabylie), où il était relativement peu actif, il a acquis une notoriété internationale avec l'enlèvement d'une trentaine de touristes européens au Sahara, au premier semestre 200324(*). Depuis lors, il a multiplié attentats et actions dans le Nord du pays et dans la bande sahélo-saharienne où il s'est étendu, ciblant principalement les forces de sécurité, puis des civils et des cibles étrangères, au point d'être considéré comme une menace potentielle pour l'Afrique et pour l'Europe.

    Si les liens entre les islamistes algériens et Al-Qaïda ne sont pas nouveaux25(*), le rapprochement entre le GSPC algérien et la nébuleuse terroriste Al-Qaeda coïncide avec la création du front islamique mondial de Ben Laden26(*). De 2003 à 2005, le groupe à laquelle succède HASSAN HAHAB (son fondateur), ABDERAZAK El PARA (arrêté au Tchad en mars 2004), NABIL SAHRAOUI (tué en juin 2004), puis ABDELMALEK DROUKDEL cherche à établir des contacts avec Al-Qaïda qui domine à cette époque l'actualité mondiale. Un peu plus tard, le 11 septembre 2003, NABIL SAHRAOUI, émir du GSPC à travers un communiqué, fait la déclaration suivante : « Nous prêtons allégeance à Cheikh Oussama BEN LADEN (...) Nous poursuivons notre jihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise où il voudra et partout où il voudra. Tout en décidant de rallier Al-Qaeda et de prêter allégeance à Ben Laden, nous conseillons à nos frères de tous les autres mouvements jihadistes partout dans le monde, de ne pas manquer à cette union bénie (...) L'organisation d'Al-Qaeda est la seule habilitée à regrouper tous les moudjahidines, à représenter la nation islamique et à parler en son nom »27(*). Le 24 janvier 2007, ABDELMALEK DROUKDEL annonce la disparition du GSPC et l'adoption de la nouvelle dénomination d'Al-Qaeda au Maghreb islamique28(*).

    AQMI est aujourd'hui une organisation terroriste qui fait peur et qui constitue une menace à la paix et à la sécurité internationale. A ce titre, l'organisation a été placée sur la liste officielle des organisations terroristes des Etats-Unis, de l'Australie, de la Russie etc. Elle est considérée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) comme proche d'Al-Qaeda, et de ce fait, sanctionnée par le Conseil de Sécurité de ladite organisation.

    b) La notion de Terrorisme

    On a tendance parfois à penser que le terrorisme est un phénomène nouveau : ne lit-on pas aujourd'hui qu'il constitue la plus grande menace du 21e siècle ?29(*) Bien entendu, cette idée pourtant répandue ne doit pas nous faire oublier que le phénomène du terrorisme est un phénomène ancien, aussi vieux que la guerre. Le mot « terrorisme » est attesté en 1792, pour désigner la doctrine des partisans de la terreur remontant à la Révolution Française et le régime de la terreur dont, les promoteurs n'hésitaient pas à revendiquer la paternité. « Nous les terroristes », disaient ainsi Robespierre et Saint Just. C'est à la suite de cet épisode historique que le terme de terrorisme a été forgé. Il correspondrait au départ, au régime de la terreur c'est-à-dire à la période allant de mai 1973 à juillet 1974, chute de Robespierre et des Thermidoriens. Si, étymologiquement, le mot a fait son apparition dans les dictionnaires30(*) après la Révolution Française, pour la plupart des observateurs, comme Walter LAQUEUR, Bruce HOFFMAN, Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, l'usage de la terreur à des fins politiques existait bien avant. Et pourtant, depuis les années 70, la problématique « terroriste » suscite une vraie inflation littéraire et se hisse au premier rang des préoccupations mondiales au point d'ailleurs d'éclipser des problèmes autrement plus destructeurs comme la pauvreté, l'analphabétisme, le sous-développement et le sida31(*).

    Dans la mesure où le terrorisme est un phénomène à la fois complexe et multiforme, il est extrêmement compliqué de trouver une définition qui décrive bien la problématique32(*). En effet, la question du terrorisme a été abordée sous des angles si différents si bien que jusqu'à présent et de façon inhérente, elle est sujette à controverse. Comme le note Isabelle Sommier : « L'étiquette terroriste jette l'anathème. Elle renvoie à l'inacceptable, l'illégitime, l'inhumain »33(*). De son côté, Brian Jenkins souligne que : « Ce qu'on appelle le terrorisme semble donc dépendre du point de vue de celui qui emploie le terme. L'usage du mot implique un jugement moral ; et si une des parties réussit à attacher le label terroriste à la partie opposée, c'est qu'il est indirectement parvenue à persuader les autres d'adopter son point de vue »34(*). Le concept est flou parce que la nature des actions terroristes, les mobiles, les moyens utilisés et les cibles sont pluriels et divers. Il pose en plus la question du lien entre l'acte politique (la motivation) et l'acte terreur (le moyen), celle de la violence légitime (supposée exercée par les Etats) et illégitime (exercée par des individus ou les organisations sub-nationales non étatiques) et celle du comportement éthique (est ce que le lâchage de la bombe atomique sur Hiroshima est plus éthique ou légitime que le 11 septembre ?), et celle du public cible (la cible de la terreur est-elle la cible principale ? La vraie cible n'est-elle pas souvent soit un pays, soit l'audience mondiale que l'on cherche à alerter, informer ou influencer ?)35(*). Toutefois, existe-il une définition universelle du terrorisme ?36(*)

    En réalité ce que nous appelons communément terrorisme est avant tout une méthode, une tactique de combat. Celle qui caractérise la confrontation du « faible au fort »37(*). Qu'on le nomme « Terrorisme de guerre »38(*) ou « Terrorisme de guérilla »39(*), celui-ci a toujours pour but de conférer de la puissance et un avantage tactique à des acteurs qui en seraient dépourvus s'ils entraient dans une confrontation directe, symétrique avec une armée régulière40(*). Gérard CHALIAND et André BLIN vont jusqu'à estimer que le terrorisme relève de la même stratégie que celle mise en lumière par le grand stratège Chinois Sun TSU « Celle de vaincre sans combattre par la victoire sur les esprits »41(*). Ainsi, c'est d'ailleurs en tant que méthode qu'Alex SCHMITT et Albert JONGMAN définissent « le terrorisme comme méthode répétée d'action violente inspirant l'anxiété, la peur et qui est employée par des individus, des groupes (semi) clandestins ou des acteurs étatiques pour des raisons particulières, criminelles ou politiques ou au contraire de l'assassinat. La cible initiale de l'acte de violence est généralement choisie au hasard (opportunité) ou de manière sélective (symbolisme) parmi une population donnée et sert à propager un message ... »42(*). Cette définition recoupe largement celle de Jean Marie BALANCIER pour lequel le terrorisme est « une séquence d'actes de violence, dûment planifié et fortement médiatisée, en prenant délibérément pour cible des objectifs non-militaires afin de créer un climat de peur et d'insécurité, d'impressionner une population et d'influencer ses décideurs, dans le but de modifier des processus décisionnels (céder, négocier, payer, libérer, réprimer) et satisfaire des objectifs (politiques, économiques, criminels) préalablement définies »43(*). Pour Arnaud BLIN, « un acte terroriste est un acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique, où les effets psychologiques recherchés sont inversement proportionnels aux moyens physiques employés et dont la cible principale, mais non exclusive, est la population civile »44(*). Pour cet auteur, les terrorismes ont une chose en commun dans l'histoire : « le projet politique, réaliste ou pas qui anime pratiquement tous les groupes employant la technique terroriste »45(*). « A ce projet politique se greffe une idéologie qui peut prendre plusieurs formes : marxiste, anarchiste, fasciste, nationaliste et fondamentaliste religieux »46(*). Définir ce concept demeure une nécessité sinon, il risquerait d'englober toute violence politique. Les textes législatifs, nationaux et internationaux, peuvent nous apporter des premiers éléments de réponse. De même que les définitions relevées dans la littérature académique.

    L'ONU quant-elle est incapable de s'accorder sur une définition. Le groupe de personnalité de haut niveau47(*) sur Les Menaces, les Défis et les Changements établi par le Secrétaire Générale a opté pour une définition mettant l'accent sur les civils comme cible privilégié de groupes ayant pour but « d'intimider une population, ou d'obliger un gouvernement ou une organisation internationale à agir ou à ne pas agir » et a défini un nombre d'éléments clefs, renvoyant aux définitions figurant dans la convention de 1999 pour la répression du financement du terrorisme et à la résolution 1566 (2004) du conseil de sécurité48(*).

    Comme nous l'avons souligné, l'examen de cette littérature montre la grande difficulté qu'il y a à définir le terme. Et Walter LAQUEUR faisait ce constat il y a près de 30 ans qu'une « définition du terrorisme politique qui se risquerait à vouloir dépasser la simple constatation de l'emploi systématique du meurtre, des coups et blessures et sabotages, ou les menaces de ces actes en vue de parvenir à des fins politiques, soulèverait forcément d'interminables controverses »49(*). Jean François GAYRAUD et David SENAT constatent de leur côté que l'analyse des définitions montre qu'elles tombent dans deux travers : «  Soit elles sont tautologiques, soit elles sont une longue suite d'énumération et se relèvent ainsi plus descriptives qu'explicatives »50(*). Cette difficulté à asseoir une définition consensuelle et universelle de la notion de terrorisme est symétrique à la tendance doctrinale d'opérer par classification ou catégorisation des formes de terrorisme51(*) selon les deux auteurs. Ils concluent donc qu'une « définition consensuelle du terrorisme apparaît dès lors impossible »52(*).

    c) La notion de Sahel

    Le sahel désigne une bande de territoires marquant la transition, à la fois floristique et climatique, entre le domaine saharien au Nord et les savanes du domaine soudanien (à ne pas confondre avec les pays du même nom), où les pluies sont substantielles, au Sud53(*). D'Ouest en Est, il s'étend de l'Atlantique à la Mer Rouge. La définition de la zone couverte est très variable selon les auteurs. Certains experts comme Yves Lacoste ont opté pour une définition large correspondant à la région délimitée par la Mer Méditerranée au Nord, la Mauritanie et l'Océan Atlantique à l'Ouest, le bassin de la Mer Rouge à l'Est et le Tchad au Sud, c'est-à-dire la région géopolitique du Sahara au sens large au sein de laquelle se trouve le sahel. Le Professeur BOUREIMA ALPHA GADO indique que, pour la définition la plus courte, « le sahel est le domaine de transition entre le Sahara et le soudan ou le point de contact entre les peuples du Nord et ceux de l'Afrique Noir »54(*).

    « Rivage aride d'une mer abandonnée » ainsi que l'évoque Jean GALLAIS55(*), le sahel africain, terme d'origine arabe désigne traditionnellement le rivage ou la bordure méridionale du désert. Géographiquement, le sahel africain, s'étendant de l'océan Atlantique à la mer rouge fait la transition entre le Sahara, plus grand désert du monde où il est impossible de cultiver, et la savane où, à la faveur d'une pluviométrie suffisante, l'homme est en mesure de développer une agriculture, même rudimentaire. Les risques climatiques, sources de sécheresse et d'une insécurité alimentaire chronique, caractérisent ce champ aux limites floues et mouvantes.

    Cette définition axée sur le critère climatique, ne livre pas plus que le cadre géographique. Le sahel politique correspond à l'ensemble des pays réunis au sein du Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse (CILSS), crée en 1971 et regroupent le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger et le Tchad, auxquels se sont ajoutés le Cap-Vert et la Guinée Bissau56(*). Compte tenu de l'avancée du désert, sans doute faut-il adjoindre la Libye, le Soudan, l'Ethiopie, la Somalie et le Kenya.

    Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons une définition du sahel qui dépasse, sans les exclure, les considérations purement géographiques. La définition géopolitique du sahel extensive, s'étend à l'arc de crise reliant le soudan à la Mauritanie et incluant le Tchad, le Niger, le Mali, le Sud algérien et son prolongement marocain jusqu'à l'Atlantique57(*). Cette définition nous semble mieux correspondre aux objectifs de cette étude qui vise à identifier la menace AQMI comme source d'insécurité et d'instabilité avérée ou potentielle capable de déstabiliser ce théâtre stratégique significatif.

    III. 2 - Revue critique des savoirs constitués

    Depuis maintenant plus de cinq ans, AQMI, ex Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), est une menace constante de déstabilisation au Sud de la Méditerranée et une crainte au Nord58(*). L'organisation encore très algérienne, tend de plus en plus à s'étendre au sahel et les différents moyens employés pour contrecarrer cette présence terroriste n'y font rien. Les évènements récents au Mali et la chute du Guide Libyen favorisé par le printemps arabe au Maghreb sont venus renforcés l'insécurité grandissante qui sévissait au sahel avec pour effet pervers, le risque d'une contagion vers le reste des Etats de la région. Face à ce dilemme, l'on se demande que faire ? Quelle lutte contre AQMI et les différents mouvements terroristes qui ont pris en otage le sahel africain ? Voilà autant de questions que les experts et les acteurs concernés par la situation au sahel essaient tant bien que mal d'apporter une réponse sans y parvenir véritablement.

    Pour Mehdi TAJE, parallèlement depuis 2009, nous assistons à un déploiement du centre de gravité d'AQMI du territoire algérien vers le théâtre sahélien opérant ainsi un retour sur « l'ennemi-proche »59(*). Ce retour d'AQMI au sahel est dû au fait que cette zone offre des moyens de repli, de réorganisation et des facilités de recrutement 60(*)(facilité en outre par le potentiel démographique) et de financement qui permettent aux réseaux terroristes de s'activer, de s'enraciner et de se développer au sahel de manière significative. Il en résulte un climat d'insécurité croissant, propice à la déstabilisation des Etats de la région. Antonin TISSERON à la suite de Mehdi TAJE relève que les conséquences du printemps arabe au sahel, et tout particulièrement au Nord du Mali, ont en effet offert à AQMI une opportunité de développement dans la sous région après l'échec du mouvement dans ses ambitions Maghrébines61(*). En apportant un ancrage territorial et en laissant les mains libres aux groupes islamistes armés pour imposer leur conception et pratique de l'islam, le vacuum sécuritaire dans le Nord Mali redistribue les cartes de la menace jihadistes dans le Sahel- Sahara et accroît les menaces sécuritaires62(*).

    En effet, selon Alain CHOUET, l'islam militant, il y a longtemps qu'il a gagné le continent africain et l'Afrique noir, en particulier dans ses implantations au Nigeria, à Kano et dans un certain nombre d'universités islamiques qui sont financés et irrigués par les fonds des Organisations Gouvernementales Saoudiennes63(*). Cette radicalisation de l'islam africain réputé modéré serait un vecteur au développement des extrémistes islamistes dans la région sahélienne et un facteur potentiel de menace pour le sahel. Point de vue auquel adhère Aboya MANASSE ENDONG qui considère qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique constitue incontestablement, un risque stratégique éminent pour tous les pays du sahel64(*). Cela parce que d'une part, le sahel est devenu un enjeu croissant pour les jihadistes dont l'objectif est d'instituer un Califat65(*) Islamique et de combattre les impies, et d'autre part, en raison de ses richesses naturelles. Mehdi TAJE met cependant l'accent sur le fait que l'insécurité surmédiatisée reflétée par la série d'enlèvements d'occidentaux et la montée en puissance du trafic de drogue doit être analysée « avec prudence et remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères »66(*). Dans ces conditions, il semble opportun de relativiser l'importance d'AQMI et son impact réel, car il se pourrait qu'il ne soit que la face cachée de l'iceberg.

    Les différentes politiques mises en place pour combattre AQMI au sahel n'ont pas toujours abouties. Animées par des vues de court terme, elles passent à côté des réalités de terrain, sont conçues à contre temps, rencontrent des difficultés lors de leur mise en oeuvre et leurs évaluations ne donnent pas les résultats escomptés67(*). Pour Laurence AIDA AMMOUR, la coopération sécuritaire entre pays frontaliers (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie, Lybie) reste éclatée et individualisée68(*). Ponctuée de désaccords, elle est caractérisée par une méfiance réciproque qui grève l'édification d'une véritable politique de sécurité commune, par des stratégies nationales parallèles, parfois contradictoires, qui peuvent s'avérer contre-productives69(*). Les politiques de l'union européenne (UE) et des Etats-Unis, bien qu'elles aient été élaborées afin de préserver et sécuriser leur influence dans la région, n'ont toutefois pas permis d'empêcher une détérioration de la situation, pourtant préjudiciable à leur intérêt stratégique70(*).

    Modibo GOITA juge pour sa part que les efforts de contre terrorisme des Etats du sahel ne sont pas bien coordonnés et restent trop concentrés sur l'endiguement et la lutte contre la stratégie à long terme très élaborée d'AQMI dans la région. Pour contrecarrer la stratégie sahélienne d'AQMI, une série d'ajustements à court et à long terme est nécessaire dans l'ensemble de la région71(*). Mais comme le note Mehdi MEKDOUR, à l'image de la lutte contre Al-Qaïda en Afghanistan et en Irak, la solution au terrorisme ne se trouve pas dans le tout sécuritaire, même s'il a un rôle à jouer dans l'affaiblissement d'AQMI72(*). Outre le problème de la sécurité au sahel, seul une solution politique permettra d'éliminer cette organisation terroriste en la privant de ses financements et de cette jeunesse leurrée qu'elle utilise comme chair à canon73(*). Il va falloir aussi que des mesures d'accompagnement complètent cette solution afin de mettre au pas ces « fous de Dieu » hors de la région sahélienne. C'est ce qui relativisera des groupes comme AQMI et permettra de les éliminer.

    La présente étude se situe dans la perspective de ces récents développements en croisant AQMI comme menace sécuritaire et menace géostratégique pour l'arc sahélien. Le phénomène islamiste a pris une tournure inquiétante dans la région, ce qui en fait une des zones les plus dangereuses du monde. La situation du délitement au Nord du Mali a favorisé l'implantation des groupes islamistes qui y opèrent face à l'impuissance des pays du champ et de la communauté internationale. Ces groupes islamistes aux agendas différents ont renforcé leur position au Nord du Mali et constitue une réelle menace à la fois pour la région et ses habitants dont ils perturbent le quotidien et l'avenir, ainsi que pour les partenaires occidentaux de la région dont ils visent les ressortissants. Cette nouvelle instabilité qui fragilise la région du sahel appel les différents acteurs concernés par la question à repenser la sécurité dans cette zone.

    En effet, les divers mécanismes sécuritaires au sahel ont prouvé leur limite face à la menace grandissante d'AQMI. Depuis sa reconversion, en septembre 2006, en franchise nord-africaine et sahélienne, voire Ouest-africaine, d'Al-Qaïda, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) algérien a augmenté sa dangerosité, son champ d'action, sa notoriété et se joue de toutes les faiblesses des Etats de la région. Devant ce chaos, rétablir la sécurité passe par une redéfinition des instruments en matière de sécurité contre le terrorisme et par une nouvelle approche d'appréhension dans la manière de lutter contre AQMI et ses filiales au sahel. L'originalité de cette étude s'apprécie alors à travers une nouvelle expertise sur le phénomène terroriste au sahel, le but étant de trouver de nouvelles stratégies pour contrecarrer la menace d'Al-Qaïda sur le continent.

    III. 3 - Question de recherche

    La crise de l'insécurité qui a gagné la majeure partie du sahel ces douze et dix-huit derniers mois, en particulier en Mauritanie, au Niger et au Mali, constitue une menace et un défi majeur pour les Etats de la région et pour l'Afrique après son récent revers à résoudre la crise ivoirienne et libyenne. On a maintenant à faire avec un continuum d'instabilité dont le périmètre est toujours plus vaste, dessiné par ces relations internationales illicites que sont les activités criminelles associées aux actions de la terreur74(*). Pour que le sahel ne devient pas un nouvel Afghanistan, les acteurs concernés par la situation sécuritaire au sahel ont intérêts à se mobiliser le plutôt possible afin qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique ne devienne Al-Qaïda au Sahel islamique. Il faut noter qu'AQMI a encouragé la naissance d'autres mouvements terroristes qui se sont ralliés à elle et qui se coordonnent avec d'autres filiales installés dans d'autres pays voisins.

    Depuis les années 2000, l'enchainement d'événement témoigne de l'extension de l'insécurité au Nord du Mali et du Niger avec des connexions établies au Nigéria, consécutives à l'activité croissante de la branche saharienne d'AQMI, dirigée aujourd'hui par Yahia DJOUADI75(*). Cette africanisation d'Al-Qaïda va de pair avec la montée en puissance d'un islam politique et l'influence croissante des imams wahhabites (qui prônent un retour à l'islam des origines) même s'il ne faut pas confondre ces religieux avec des combattants islamiques. De même que l'autre facteur à l'origine de l'insécurité dans la région concerne des intérêts stratégiques et à identités diverses des acteurs attirés par ce corridor riche. Ce qui fait dire à Lies BOUKRAA76(*) qu'AQMI serait un « leurre cachant un projet de recolonisation du sahel »77(*).

    L'ampleur de la menace terroriste au sahel dicte donc aux différents acteurs de revoir leur politique et leur approche dans la manière de répondre à AQMI. La sécurité de cet océan sahélien ne saurait être atteinte tant que les Etats ne prendront pas au sérieux la réalité de la menace de cette nébuleuse.

    Ainsi, à la lumière de ces développements, la question centrale qui s'en dégage, est celle de savoir en quoi Al-Qaïda au Maghreb islamique constitue-t-elle une menace stratégique pour le sahel ?

    Entre une complexification de la situation au sahel et un risque de déstabilisation des Etats de la région face à la menace grandissante des groupes terroristes et des cartels de drogue qui peinent à trouver une réponse efficiente dans ce triangle de l'insécurité qui comprend le golf d'Aden et le golf de guinée, quels types de menaces affectent le théâtre sahélien et comment résorber l'insécurité transfrontalière dans cet espace qualifié de triangle des Bermudes ou de triangle de la mort ?78(*)

    IV - Hypothèse de recherche

    La réponse79(*) aux questions formulées dans la problématique peut de prime abord se trouver dans une démarche visant à faire ressortir le danger que représente AQMI pour le sahel et dans une logique visant à analyser les différents moyens mis en oeuvre pour éradiquer le phénomène terroriste dans cette région. Ce constat conduit à articuler cette recherche autour d'une hypothèse principale et deux hypothèses secondaires.

    1) Hypothèse principale

    Le sahel représente actuellement une zone grise et un lieu de menaces diffuses qui exacerbent la sécurité des Etats Africains et particulièrement celui des Etats sahéliens. Le constat qui en est tiré est que la menace d'AQMI est réelle et s'inscrit dans un contexte géopolitique et géostratégique dont certains acteurs cherchent à tirer profit. L'objectif essentiel pour les États Africains et en particulier des Etats du Sahel est de stopper les infiltrations des membres d'Al-Qaïda et la prolifération des armes dans la région. Pour cela, il est indispensable de reconsidérer les moyens de lutte dans leur globalité et de dégager une stratégie d'urgence, notamment pour anticiper la menace. Il en découle que cette préoccupation s'analysera à travers deux hypothèses secondaires.

    2) Hypothèses secondaires

    Première hypothèse secondaire : Al-Qaïda au Maghreb Islamique est une menace à la fois sécuritaire et géostratégique pour le sahel

    Deuxième hypothèse secondaire : La Lutte contre le terrorisme au sahel est un défi collectif pour la sécurité et le développement de la région.

    V. Méthodologie de recherche et techniques de collecte de données

    Les méthodes d'analyse (V.1) et les techniques d'investigations (V.2) nous permettrons de mieux structuré notre travail.

    V.1 - Les méthodes d'analyse

    La démarche méthodologique conditionne le travail scientifique en ce sens qu'elle éclaire les hypothèses et en détermine les conclusions. Les méthodes d'analyse choisies pour capitaliser les données et matériaux collectés et les systématiser afin de pouvoir rendre compte de notre objet d'étude, sont : le constructivisme et l'analyse stratégique.

    a) Le constructivisme

    Dans l'analyse de notre étude, on fera recours à l'approche constructiviste qui implique dans une certaine mesure de définir des identités, c'est-à-dire « qui nous sommes et qui sont les autres »80(*). Le constructivisme se penche sur la nature des acteurs (Etats, groupes, individus) et sur leurs relations aux environnements structurels plus larges. La philosophie est celle d'une constitution mutuelle dans laquelle aucune entité d'analyse acteur/structure n'est réduite à l'autre. L'intérêt des acteurs émerge « de » et est endogène « à » l'interaction avec la structure au premier niveau, et d'autres acteurs en second niveau, sans qu'aucun n'ait la primauté analytique sur l'autre. Dans cette recherche notre choix portera sur le constructivisme social81(*).

    L'exploitation du constructivisme pour le terrorisme est intéressante, car il permet de comprendre les mécanismes qui sont à la base de la définition de ce qui est terroriste et de ce qui ne l'est pas. Le terrorisme comme problème social, a les prémisses que les autres phénomènes sociaux. Il est construit sur des normes et des valeurs. De plus, le constructivisme permet de s'interroger sur la façon dont l'enjeu terroriste vient à être considérer comme un enjeu de sécurité nationale, comme une problématique sociale et comme un « fait » porteur de danger pour les citoyens. Ce que nous prenons pour faits sociaux donnés sont, dans les faits, plus souvent qu'autrement une construction allant dans l'intérêt de certains groupes dominants. Dans cette vision des choses, la construction de l'enjeu du terrorisme comme menace pourrait apparaître comme un moyen pour les autorités d'augmenter le contrôle social par une série de mesures sécuritaires de contrôle dont le but explicite est de juguler le terrorisme.

    B) L'analyse stratégique

    L'analyse stratégique est « l'étude de la stratégie des acteurs au sein des organisations »82(*). Selon les approches, seront situées au centre de cette analyse soit la notion d'acteur - l'acteur se définissant d'une manière générale comme un individu ou un groupe d'individus capable d'action stratégique -, soit le concept de stratégie83(*). Cependant, opérer une césure entre l'acteur et sa stratégie est un exercice intellectuel assez délicat auquel il n'apparaît pas utile ici de se soumettre. L'extrême imbrication acteur/stratégie justifie que référence soit faite simultanément aux deux notions même s'il pourra s'observer un accent marqué sur la notion de stratégie.

    Dans l'analyse de la situation sécuritaire au sahel avec le terrorisme comme menace principal, l'acteur est un être capable d'action stratégique et dont l'action engagée a des répercussions tangibles sur un processus politique donné. La notion recouvre deux dimensions : « l'une concernant la contribution de l'acteur au processus politique et l'autre l'impact ou l'influence de cette contribution sur le résultat »84(*). Elle met en évidence la marge de liberté dont disposent les acteurs au sein d'un système donné malgré les contingences et les contraintes, s'interroge sur les mécanismes à travers lesquels ces acteurs structurent leurs échanges. L'analyse stratégique apparait dès lors utile pour étudier le poids des décisions des acteurs nationaux ou internationaux concernés par la menace terroriste sur la mise en place des moyens nécessaires pour endiguer cette menace. Elle permet de voir si les systèmes sécuritaires répondent aux menaces et dans le cas contraire de dégager des perspectives pour améliorer les différents mécanismes existants.

    V.2 - Les techniques d'investigations

    Pour tenter de répondre à notre question de recherche et vérifier nos hypothèses, nous mènerons une étude qualitative en ayant une approche chronologique des événements pour pouvoir appréhender au mieux les changements opérés par l'organisation. Pour ce faire, on aura recours à la recherche documentaire (a) et l'entretien (b).

    a) La recherche documentaire

    La recherche documentaire a consisté à explorer le sujet sur lequel porte notre thèse de mémoire dans le but de « connaître ce qui a déjà été étudié, débattu, mis en avant, les thèses ou hypothèses proposées, les principales interprétations ou constructions théoriques »85(*). Elle a été effectuée par l'étude et l'analyse des principales publications existantes : articles, études ou rapports officiels, séminaires, thèses ou travaux universitaires, ouvrages publiés et des monographies. Les questions de sécurité étant des thématiques qui suscitent un grand intérêt tant pour les chercheurs que pour les hommes politiques, il existe plusieurs ouvrages et documents officiels (rapports, études, résultats d'enquête...) qu'il s'est avéré important de consulter pour la construction théorique de l'objet d'étude.

    La recherche documentaire a également été réalisée par « l'étude des traces recueillies à travers des écrits divers, des relevés statistiques ou des inventaires d'objet et traitées comme des faits de société »86(*). Elle consistait dans cette perspective, à rechercher des informations qui n'ont pas pu être collectées lors des entretiens. Il y a eu lieu, par conséquent de recourir à la documentation institutionnelle officielle (conventions de coopération, textes nationales et internationales en matière de lutte contre le terrorisme...), les correspondances des particuliers, les archives. Autant de document que Madeleine GRAWITZ présente comme de « précieux compléments des techniques de rapports individuels »87(*)  qui ont été consultés et considérablement enrichis par les informations obtenues lors des entretiens.

    b) L'entretien

    L'entretien vise la production d'un discours continu sur un thème donné, ce qui n'est possible qu'en l'absence d'un questionnaire préalablement élaboré et structuré. Il s'agit d'après William LABOVI et David FANSHEL d' « un speech event dans lequel une personne A extrait une information d'une personne B, information qui était contenue dans la biographie de B »88(*). Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT distinguent entre autres types d'entretiens, les entretiens exploratoires. Ceux-ci « servent à trouver des pistes de réflexion, des idées et des hypothèses de travail, non à vérifier des hypothèses préétablies. Il s'agit donc d'ouvrir l'esprit, d'écouter et non de tester la validité de nos propres schémas »89(*). L'entretien en ce sens s'apparente à une conversation entre le chercheur et son interlocuteur, le but du chercheur étant selon la conception de LABOVI et FANSHEL de « (...) savoir ce que les gens pensent, quelles ont été leurs expériences et ce qu'ils se rappellent, quels sont leurs sentiments et leurs motivations ainsi que leurs actions »90(*). Dans cette logique, quelques entretiens ont été conduits avec des acteurs impliqués ou intéressés plus ou moins par les questions sécuritaires et particulièrement sur la situation sécuritaire au sahel.

    VI - Structure de la recherche

    La persistance de l'insécurité justifiée par plusieurs facteurs dans la bande sahélienne remet en cause le système de sécurité des Etats de cette région et démontre la faiblesse de l'Afrique une fois de plus depuis son indépendance, à résoudre les crises qui se déroulent sur son sol. L'incapacité de ces Etats à répondre aux questions de sécurité face à la menace terroriste suscite une nouvelle réflexion sur la question du fondement de l'Etat en Afrique ou celui de la viabilité de l'Etat Africain ainsi que le choc entre le principe de souveraineté de l'Etat et la transnationalité des acteurs non institutionnels. L'Etat en Afrique est-il déficitaire ? Il ne s'agit cependant pas pour nous de revenir sur les formes de crise qui secoue le continent ou de refaire une autre histoire sur l'origine de l'Etat en Afrique mais de repositionner le terrorisme au sahel comme nouvelle menace pour l'Afrique et comme nouveau défi sécuritaire auquel elle doit faire face. De ce qui précède, cette étude s'articule autour d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, comme logique de nuisance sécuritaire et menace géostratégique (Première Partie) et comme logique de défiance sécuritaire et obstacle au développement dans l'espace sahélien (Deuxième Partie).

    PREMIERE PARTIE :

    AL-QAÏDA AU MAGHREB ISLAMIQUE : LOGIQUE DE NUISANCE SECURITAIRE ET MENACE GEOSTRATEGIQUE

    Nul n'est à l'abri du terrorisme, que l'on se trouve dans le métro de Tokyo ou dans un autocar à Tel-Aviv, que l'on fasse du lèche-vitrine à Londres, que l'on se promène dans les rues de Moscou, que l'on soit militaire en Arabie Saoudite ou fonctionnaire à Oklahoma-city, le terrorisme est désormais un fléau aveugle qui fait fi des frontières91(*). Ainsi s'exprimait l'ancien Président américain Bill CLINTON, le 6 août 1996, dans le contexte de la multiplication des actes de terrorisme à travers le monde92(*). Cinq plus tard, ce que soulignait l'ancien Président va se réaliser sur le sol américain le 11 septembre 2001 avec les attentats perpétrés par Al-Qaïda. Cet accroissement des actes de terrorisme ne revêt pas seulement un aspect quantitatif, il révèle également une évolution qualitative en ce qui concerne les moyens et les possibilités d'action des terroristes.

    Au cours de ces dernières années, le réseau Al-Qaïda a réussi à élargir son influence auprès des groupes islamistes au sahel. Al-Qaïda au Maghreb Islamique, ex-GSPC qui constitue l'un des groupes séduit par Al-Qaïda a décidé de faire du sahel son nouveau champ de bataille au nom de l'islam. De l'Algérie où il était établi, sa sphère d'opération s'est élargie dans l'Afrique sahélienne devenant en si peu temps un danger pour la région. Aucun Etat n'est à l'abri de la menace terroriste et les évènements qui se déroulent au Nord du mali sont venus renforcés ce que certains craignaient depuis. Celui de voir le sahel devenir un eldorado pour les trafiquants et les jihadistes93(*). La menace suscitée par AQMI est aujourd'hui réelle et est renforcée par plusieurs facteurs déstabilisateurs et crisogènes qui se combinent selon des logiques et des schémas extrêmement complexes. Ceux-ci ont pour conséquence de rendre cette immense zone vulnérable et favorable à l'enracinement du terrorisme et à la criminalité organisée. De plus, cette situation aggrave un peu plus l'extrême pauvreté et la vulnérabilité des populations vivant dans la zone, déjà fortement touchés par des décennies de conflits infra-étatiques.   Il s'en suit que la menace d'AQMI au sahel est dû à un ensemble de facteurs déstabilisateurs et crisogènes qui fragilise cet immense territoire (CHAPITRE I) et qui fait le jeu des mouvements terroristes et de multiples acteurs internes ou extérieurs au continent africain (CHAPITRE II).

    CHAPITRE I : AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE ET LES FRAGILITES DU SAHEL

    Le sahel est devenu depuis le millénaire, une aire d'intérêt pour les mouvements terroristes. Dans une zone géographique soumise aux grands trafics, le surgissement, ces dernières années, d'AQMI a introduit une menace supplémentaire, à la fois violente et idéologique. Cette menace n'est pas localisée : tous les lieux et tous les pays sont exposés à la violence94(*). Ce qui inquiète les pays de cet espace géopolitique : Algérie, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Mauritanie, Burkina Faso car, l'insécurité générée par ce mouvement terroriste n'est pas sans répercussion sur la sous-région déjà confrontée à d'interminables problèmes.

    Par ailleurs, cette région est composée d'Etats en faillite95(*) incapable de contrôler leur territoire de manière efficace et d'en assurer la sécurité. Ce qui fait de la région sahélienne, une zone vulnérable. Pour la plupart, les éléments caractéristiques de cette fragilité n'ont rien de nouveau. De l'Algérie au Nigéria, en passant par la Guinée Bissau et la Libye, plusieurs facteurs ont contribué à la vulnérabilité de la région. Tout d'abord, la plupart des pays de la région sont incapables d'assurer leurs prérogatives régaliennes de manière solide, en mettant à profit des relais locaux. Ce qui mine les populations qui souffrent sans commune mesure d'une part de la corruption ; et d'autre part, d'une pauvreté criante. A cela viennent s'ajouter d'autres facteurs comme le trafic de drogues, d'armes, d'êtres humains, de la contrebande et le terrorisme qui font du sahel, une zone en danger et en proie à l'insécurité (Section I).

    L'absence de l'Etat dans cette zone est une aubaine pour AQMI car, elle favorise son implantation dans la région au risque de déstabiliser les Etats du champ. L'ensemble des activités d'AQMI (attaques armées et trafics en tout genre) ont engendré une détérioration de la situation sécuritaire dans la région et ont également des conséquences désastreuses sur le quotidien des populations locales96(*). Ces actes criminels sont connectés avec le terrorisme international qui offre des services de protection au crime organisé en contre partie des sommes colossales d'argent qui sert de financement aux groupes terroristes. Au fait, ces groupes terroristes utilisent aussi les pays du sahel pour le développement de leurs capacités opérationnelles soit en développant leur entrainement, en s'armant, en recrutant, et pour entreprendre des actes terroristes contre ces Etats, leurs institutions et leurs citoyens mais aussi contre des pays voisins et des ressortissants étrangers en contre partie de paiement de rançon pour la libération d'otages. Il en résulte qu'AQMI profite de ce désordre au sahel pour criminaliser la région (Section II).

    SECTION I : LE SAHEL, UNE REGION CONFLICTUEL ET EN PROIE A L'INSECURITE

    Selon l'indice des Etats en déliquescence, douze des vingt Etats qui courent le plus grand risque d'effondrement se trouvent en Afrique97(*). C'est dans ces Etats fragiles et faillis que se situe une grande partie des conflits, de l'instabilité et des grandes catastrophes humanitaires98(*). La déliquescence de ces Etats est source d'insécurité humaine, d'anarchie et de conflit armé. Le sahel s'inscrit dans cette logique de région fragile en tant que zone grise où l'Etat brille par son absence (Paragraphe I). Et La présence d'AQMI constitue une menace supplémentaire (Paragraphe II) pour ce coin isolé et appel les Etats à la prendre au sérieux pour l'avenir de la région.

    Paragraphe I : Une région vulnérable et instable

    La région du sahel est durement touchée par des problèmes persistants et des catastrophes brutales99(*). La situation dans cette zone n'a cessé de se détériorer ces dernières années du fait de la sécheresse, de la pauvreté, de la fragilisation des régimes politiques, des trafics et de l'expansion des groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). En bref, la région est en proie à une situation proche du chaos qui ne s'est pas améliorée avec la crise malienne. Autant de facteurs d'insécurité et d'instabilité (B) qui font cumulés à la région sahélienne un grand nombre d'handicap qui influent non seulement sur la capacité des Etats à lutter contre les périls sécuritaires mais aussi et avant tout sur leur développement économique et social (A).

    A - Des Etats fragiles vecteurs de menaces protéiformes

    Les Etats les plus faibles de la planète sont un danger mortel, pour eux-mêmes et pour les autres. La fragilité des Etats de la région du sahel dépourvus d'un appareil d'Etat efficace et sûr constitue un terrain éventuellement fertile pour les groupes terroristes et les trafiquants qui pullulent le sahel. Bien évidemment, la faiblesse de ces Etats s'explique par plusieurs raisons : les investissements et les conditions économiques favorables au développement sont quasi absents dans cette région (1) et en plus, la démographie représente un autre handicap pour l'émergence de la région sahélienne (2).

    1) Des indices de développement parmi les plus faibles

    Les pays au coeur du terrain d'action d'AQMI sont aujourd'hui parmi les plus pauvres du monde. Et trois de ces Etats connaissent une pauvreté chronique qui, sans doute, permet aux mouvements terroristes et aux différents acteurs profitant du désordre, de prendre le devant de la scène. Sur l'indice de développement mondial, la Mauritanie occupe le 159ème rang, le Mali le 175ème rang, et le Niger le 186ème rang100(*). Ces pays réunissent non seulement tous les trois, les critères pour figurer dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), mais ils génèrent aussi chacun des indices de développement inférieur à la moyenne constatée dans les pays d'Afrique subsaharienne, région dans laquelle figurent 33 des 48 PMA recensés. Tandis que l'indice de développement moyen mondial, tous critères confondus, est en 2011 de 0,682 et celui de l'Afrique Sub-saharienne de 0,463, ceux des trois pays sahéliens considérés sont respectivement de 0,359 pour le Mali, de 0,453 pour la Mauritanie et de 0,295, seulement pour le Niger, pays le plus pauvre des trois101(*).

    Ce secteur géographique se caractérise par l'absence quasi-totale d'autorité étatique. La Mauritanie, le Mali, et le Niger en sont les Etats juridiquement responsables mais ne contrôlent pas toujours les longs pans de leur territoire. Ces Etats dont les populations et les ressources économiques sont concentrées à l'Ouest (Mauritanie) et au Sud (Mali et Niger) doivent faire face depuis plusieurs générations à une pauvreté chronique, à un sous développement persistant, et à des crises alimentaires récurrentes dans des conditions géographiques hostiles. Les distances entre les régions principales de ces pays et les régions du sahel sont importantes, et le manque de gouvernance qui y est constaté est généralement perçu par les principaux Etats sahéliens comme un désagrément plutôt que comme une menace sérieuse pour leurs centres politico-économiques. De plus, ces Etats manquent de ressources matérielles et parfois même de motivation pour faire la différence dans cette région malgré le lancement d'ambitieux programmes, à initier une réelle dynamique vertueuse de développement des régions Nord. Ce qui constitue un facteur structurel favorable à l'enracinement du terrorisme et de la criminalité organisée102(*). Les perspectives de développement ne s'annoncent pas des plus meilleurs face à la forte pression démographique que connaît la région.

    2) Des perspectives de développement structurellement compromise par la démographie

    Comme l'a souligné en 2004 le groupe de hautes personnalités103(*) chargé par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) de réfléchir sur les défis sécuritaires de l'humanité, « le développement doit être la pierre angulaire du nouveau système de sécurité collective et que si l'extrême pauvreté et les maladies infectieuses sont en soi des menaces, elles constituent aussi le terreau d'où surgissent d'autres menaces, dont les guerres civiles. Pour mieux garantir la sécurité de nos citoyens, nous devons impérativement accorder toute l'attention voulue et allouer les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement ». Aussi, pour toute stratégie de développement, la prise en compte de cette dialectique est indispensable pour garantir les chances de succès. Or, aujourd'hui, la remarque qui en est faite de la zone sahélienne est qu'elle est une zone déshéritée qui subie une forte croissance démographique. Le sahel devrait doubler sa population d'ici 30 ans, et comptera vraisemblablement plus de 150 millions d'habitants en 2040104(*). Les estimations du taux de croissance dans cette région indiquent que le nombre d'enfants par femme est très élevé105(*). Il s'agit du taux de fécondité le plus élevé au monde, nettement supérieur au taux de fécondité africain moyen de 5,5, sachant aussi que le respect du scénario selon lequel l'Afrique sera peuplée de 1,8 milliard d'habitants en 2050 suppose un taux de natalité de deux enfants par femme à cette échéance. Si l'Afrique doit affronter un défi démographique majeur, phénomène sans équivalent dans l'histoire de l'humanité106(*), celui qui est posé au sahel est aigu. Les répercussions de cette poussée démographique ont et auront un impact négatif sur les capacités des Etats à réaliser les reformes nécessaires sur la sécurité humaine, et notamment alimentaire de la région. Une croissance non régulée de la population va se répercuter sur les fragiles équilibres internes : un risque géopolitique.

    A ces remarques pourraient s'ajouter d'autres aspects liés à l'exode rural, à l'augmentation des mouvements migratoires, à la croissance exponentielle des villes, aux services sociaux à développer, à la rareté des ressources naturelles, à l'accès à l'eau, à l'environnement, aux conditions d'éducation et d'emploi d'une jeunesse innombrable. Il s'ensuit que la croissance démographique à provoquer une énorme pression sur les ressources naturelles. Celle-ci se manifeste notamment par les défrichements pour les besoins agricoles, le déboisement pour l'obtention du bois de chauffe, et l'absence de périodes de jachères assez longues. A cela, il faut aussi ajouter les changements climatiques, et notamment les phénomènes de sécheresse aigu comme en a connu le sahel107(*). Cette région est en effet celle qui, au cours des dernières décennies, a souffert de la sécheresse qui a parfois affecté les structures sociales, comme en Mauritanie où la perte des cheptels a bouleversé le pays, sédentarisant des populations nomades. Cette sécheresse n'est pas sans incidence sur la malnutrition de la région. Dans nombre de régions rurales, le sahel reste figer sur une économie familiale d'autosubsistance, par nature très vulnérable aux aléas. En conséquence, les techniques agricoles sont inadaptées aux variations climatiques. Le résultat qui en découle prouve que les conditions ne sont pas encore remplies, loin s'en faut, pour que la stabilité garantissant un développement économique et social pérenne soit acquise. D'autant plus d'autres facteurs d'instabilités alourdissent encore l'essor de la région.

    B - Une région confrontée à de multiples facteurs d'instabilités

    La réalité du sahel est complexe, résultante de l'imbrication entre de nouveaux facteurs (1) participant de sa structuration et de traces d'un passé trouble qui produisent encore leur effet et que l'on peut qualifier de facteurs anciens (2). Dans un certain sens, le théâtre sahélien est un condensé des dynamiques qui façonnent l'Afrique.

    1) Les facteurs anciens

    La vulnérabilité et l'insécurité au sahel ne sont pas nouvelles. L'arc sahélien est depuis bien longtemps fragilisé par un ensemble de facteurs allant d'une question touarègue non résolue à une absence quasi-totale de l'Etat dans cette galaxie.

    Le Nord du Mali et le Nord du Niger ont été douloureusement secoués par ce que l'on a désormais l'habitude d'appeler le « conflit touareg », conflit qui a commencé en Mai 1990 au Niger et qui s'est étendu au Mali à partir de juin 1990108(*). Appelés communément les « hommes bleus du désert »109(*), les touarègues sont un peuple berbère dont la zone de peuplement s'étend sur près de 2,5 millions de km2, à cheval sur cinq pays : Le Mali, le Niger, l'Algérie, la Libye, et le Burkina Faso. Leur nombre varie selon les estimations. Ils seraient entre 1 et 3 millions, la plupart, près de 85% vivant sur le territoire du Mali, représenterait 10% de la population. Ils formeraient également 20% de la population du Niger. La langue « Tamasheq », ciment de l'identité touarègue, est une composante du berbère et sur le plan religieux, les touaregs sont majoritairement des musulmans sunnites. Depuis des décennies, les touaregs ont connu la souffrance allant de la période coloniale jusqu'à l'indépendance des Etats Africains. Divisé minoritairement dans chacun des nouveaux Etats, considérés avec suspicion et étroitement surveillé par les autorités, les touaregs n'ont pas hésité à se révolter à plusieurs reprises. Au Mali, les années 1963 et 1964 sont marquées par la rébellion, contre le pouvoir central des KEL ADRAR, des tribus touarègues issues d'une des neuf confédérations traditionnelles. Mené par des moyens traditionnels et rustiques, ce mouvement est durement réprimé par la jeune armée malienne qui emploie des armes bien plus modernes et meurtrières. Au Niger, les tribus touarègues sont également victimes de la dictature de Seyni KOUNTCHE qui dirige le pays de 1974 à 1987.

    En mai 1990, à la suite de nombreuses arrestations dû au retour massif des refugiés touaregs d'Algérie, des jeunes se soulèvent, attaquent et pillent une gendarmerie. Avec l'arrivée de ces refugiés, tous les ingrédients étaient donc réunis pour qu'un petit incident mette le feu aux poudres aussi bien au Mali qu'au Niger110(*). Cette épisode connue sous le nom de massacre de « Tchin - Tabaraden », déclenche une révolte au Niger qui dure cinq années, jusqu'aux accords de Ouagadougou entre les autorités nigériennes et les rebelles111(*). Au Mali, le Mouvement Populaire de Libération de l'AZAWAD (MPLA), fondée en 1988 par des jeunes touaregs aguerris en Libye, déclenche une insurrection en 1990 qui aboutie à la signature des accords de Tamanrasset en 1991 et du pacte national en 1992 qui mettent fin au conflit. En 2006, une seconde rébellion force l'Etat Malien à de nouvelles négociations avec les touaregs, lesquelles aboutissent à l'accord d'Alger du 4 juillet 2006. Si les dernières années ont été marquées par un certain apaisement, les évènements récents, au Mali (la reprise de la rébellion le 16 octobre 2012 par deux mouvements touaregs, le Mouvement National de l'AZAWAD (MNA) et le Mouvement Touareg du Nord du Mali (MTNM) qui ont fusionné pour donner naissance au Mouvement National de libération de l'AZAWAD (MNLA) sont très inquiétantes et posent une fois de plus, l'épineuse problématique de la crise de l'Etat en Afrique et la question des minorités.

    L'absence de l'Etat dans une grande partie de l'espace sahélo-saharien, du fait du faible maillage des territoires nationaux, de l'incapacité ou des faibles capacités des structures sécuritaires à assurer un contrôle effectif sur de vastes étendues, très souvent désertiques, et à répondre aux besoins de base des populations qui y vivent (éducation, santé, alimentation, opportunités socio-économiques) a généré des situations se traduisant par un sentiment d'abandon112(*). Les faibles capacités des Etats, conjuguées à des zones frontalières immenses pouvant s'étendre sur plusieurs centaines de kilomètres, conduisent également à la porosité des frontières, rendant possible les déplacements incontrôlés des personnes et des biens divers (illicites ou licites), contribuant à faciliter par la même occasion, le développement des bandes terroristes et des trafiquants.

    Les conséquences des défaillances étatiques ou de l'absence de l'Etat ont très souvent été aggravées par des déficits de la gouvernance politique, économique et sécuritaire qui a caractérisé et caractérise encore bon nombre de pays en Afrique. Cette mal gouvernance chronique débouche sur des politiques économiques et sociales inefficaces, voire aberrantes. En matière de politique, ce déficit s'illustre principalement par des systèmes politiques faillibles en matière de respect des principes démocratiques, de bonne gouvernance et de l'état de droit, ou encore se caractérisant par une démocratie de façade. La corruption à tous les niveaux contribue à ce basculement113(*). Le niveau de corruption généralisée affecte un grand nombre de secteurs de ces Etats, particulièrement les plus sensibles, notamment le système de défense et de sécurité. Ce qui contribue à les rendre incapable de remplir de manière effective et efficace leurs missions fondamentales et vitales. En matière de défense et de sécurité, cette situation rend particulièrement vulnérable et même illusoire la protection d'un pays contre des incursions, la lutte contre les trafics et activités criminelles en tout genre et l'implantation des activités terroristes. « Aujourd'hui, les Etats sont liquéfiés dans la plupart de nos pays, les gardes prétoriennes et les milices politico-ethniques ont supplanté l'armée, la police et la gendarmerie qui ne sont plus que les ombres d'elles mêmes. L'insécurité s'est généralisée, nos routes et les rues de nos villages sont devenues des coupe-gorge »114(*). Quelque soit l'importance que représentent ces facteurs, la menace terroriste telle quelle s'est développée au sahel, s'est aggravée par des réalités nouvelles.

    2) Les facteurs nouveaux

    La situation au sahel a mis au jour l'existence de nouveaux facteurs à l'origine de l'aggravation de l'instabilité dans cette immense zone grise et de cet espace transnational. Il en résulte que la montée de l'islamisme politique ou radicale et le printemps arabe avec le facteur libyen sont les nouveaux facteurs de déstabilisation et de la fragilisation de la bande sahélienne et vectrice de la crise au Nord du Mali.

    En Afrique, sur les douze Etats considérés comme étant à « haut risque », huit ont des populations composées de plus d'un tiers de musulmans115(*). Ce qui accentue, et davantage encore, leur risque d'instabilité et constitue un terrain éventuellement fertile pour les intégristes. Un grand nombre de ces pays ont vu l'influence des islamistes augmentés depuis quelques années. Selon les islamistes, la politique et la vie personnelle doivent reposer sur l'islam. Dans un Etat islamique idéal, toujours d'après leur pensée, la charia (ou loi traditionnelle), constitue la base de l'autorité politique. La majorité des musulmans en Afrique ne sont pas violents. Mais leur progression en influence coïncide avec les menaces récentes que posent les extrémistes violents africains. Cette flambée du militantisme islamique progresse également dans les pays de la région sahélienne, ce qui fait craindre une poussée du terrorisme en Afrique. Des islamistes africains ont par ailleurs été impliqués dans des attentats terroristes en Afrique et à l'étranger116(*). Les mouvements islamistes actifs en Afrique, s'ils ne sont invités à la concertation, posent un grave danger à la sécurité personnelle, nationale et internationale117(*).

    Par ailleurs, toutes les grandes sources de l'islam radical se positionnent peu à peu au sein des pays sahéliens en s'appuyant sur leur légitimité spirituelle et historique. Ces nouvelles forces, tout en étant de nature trans-étatique, sont pilotées par les moteurs de l'islam radicale (Arabie Saoudite, Pakistan, Iran, et soudan) et interagissent avec les forces islamiques autochtones, les confréries, et ceci de manière propre à chaque pays118(*). En Afrique sahélienne, la pénétration du salafisme a été lente et insidieuse. Voilà une trentaine d'années que des prêcheurs, souvent wahhabites, la branche la plus rigoriste de l'islam sunnite, venus d'Arabie Saoudite ou du Soudan se sont installés dans de petites mosquées. Des associations caritatives, financées par L'Arabie Saoudite, se sont implantées pour aider des populations souvent lésées par l'Etat. Et la bonne parole salafiste a ainsi fait son chemin. De même, la victoire de l'islam politique, et notamment les élections qui viennent de se tenir au Maghreb à la suite des printemps arabes ont consacré les partis musulmans parmi les plus radicaux et simultanément, la défaite des partis libéraux laïcs, moins puissants, moins organisés et moins populaires que les islamistes. On peut d'ores et déjà constater, en Egypte comme en Tunisie, la résurgence de graves violences interreligieuses, intercommunautaires, de graves menaces vis-à-vis de telle ou telle minorité. Cet état de fait constitue pour l'AQMI un élément supplémentaire qui peut renforcer ses capacités d'endoctrinement, de fanatisation et donc de recrutement119(*). Vu l'état des choses, il ne faudrait donc pas que le « printemps arabe conduise à l'hiver islamiste ».

    Les évènements majeurs qui se sont déroulés depuis un an ne sont en effet pas sans conséquence sur les pays voisins du Maghreb et même sur l'ensemble de l'Afrique. C'est une véritable onde de choc qui est partie depuis la Tunisie vers l'Egypte puis vers la Libye, et maintenant en direction des pays du sahel dont le Mali. L'impact de la crise libyenne que personne n'avait prévue avec la chute du colonel KADHAFI a eu un effet déstabilisateur sur la situation sécuritaire au sahel. Les répercussions de la crise libyenne sont nombreuses dans la zone sahélienne à la suite de la dispersion des armes en provenance de Libye et au retour des mercenaires dans leur pays d'origine120(*). La chute du colonel KADHAFI a privé les Touaregs d'un protecteur et d'un bastion où il pouvait se refugier. Devenus indésirables, et privés d'une importante source de financement, les Touaregs ont été contraints de retourner dans leur région d'origine. Un tel afflux d'hommes, généralement âgés entre 20 et 40 ans, qui ont perdu leur travail et se retrouvent sans moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles, ne peut rester sans conséquence dans des régions pauvres et fragilisés121(*). La reprise de la rébellion touarègue au Mali au cours de ces mois n'est pas étrangère à ce retour massif de la Libye. D'autant plus que les hommes qui ont fui la crise libyenne ne sont pas revenus sans arrière pensée.

    A la faveur de l'insurrection libyenne et du « printemps arabe », une grande quantité d'armes a été introduit au sahel et même en Afrique du Nord. La prolifération d'armes lourdes conjuguée à la porosité des frontières ont introduit une menace nouvelle et pour la Libye et pour l'ensemble de la région122(*). Les matériels ont ainsi été distribués, pillés puis abandonnés ou sont restés sans surveillance durant cette crise. Les nombreux stocks sans surveillance, accessibles à toutes sortes d'affairistes, de trafiquants et de mercenaires révèlent une abondante diversité d'armements : fusils d'assaut, roquettes, mines, kalachnikov, obus, armements chimiques, missiles sol-air, Sam-7 dont la Libye possédait 20000 unités, et missiles SA - 24 russes issus de la dernière génération de missiles aériens capables d'abattre des avions de chasse123(*). Si l'assistance de Tripoli était devenue à la longue incontournable pour les pays du sahel, son arrêt brutal a grevé le développement de sous-régions entières tributaires des investissements et des flux financiers des compagnies libyennes124(*). De par ses conséquences donc, la crise libyenne loin d'être un vecteur d'aggravation de la menace terroriste a été un facteur supplémentaire de déstabilisation du sahel. Des pays de la zone comme le Mali, ou certaines puissances membres du conseil de sécurité de l'ONU, telles que l'Afrique du Sud, la Chine ou la Russie, ont ouvertement critiqué l'intervention militaire contre le régime du colonel KADHAFI, laquelle selon eux, aurait été gérée de façon irresponsable, sans se soucier des répercussions néfastes sur la région.

    Paragraphe II : AQMI, une menace supplémentaire pour le sahel

    L'on ne peut parler d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) sans s'interroger sur la très étrange histoire de cette organisation (A) et sans voir son mode de fonctionnement et son organisation(B).

    A- Histoire d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)

    AQMI est une organisation complexe, officiellement franchise d'Al-Qaïda à l'échelle maghrébine et sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou criminels125(*), la naissance de l'organisation s'est fait à travers un long processus allant du Groupe Islamique Armé (GIA) au Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) (1), avant sa transformation en Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) (2).

    1) Du Groupe Islamique Armé au Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat

    Le Groupe Islamique Armé (GIA) est une organisation armée dont le but est de renversé le gouvernement algérien pour le remplacer par un Etat islamique. Celui-ci a fait régner la terreur au cours des années de la « sale guerre », de 1992 à 1999. Il était à la fois l'ennemi du pouvoir et de l'Armée Islamique du Salut (AIS), présenté comme le bras armé du Front Islamique du Salut (FIS), dont la victoire électorale de décembre 1991 avait provoqué le coup d'état militaire de janvier 1992126(*) et la longue guerre civile127(*) qui l'a suivie ; indissolublement associés au déploiement de la puissante « machine à mort » des forces de sécurité, pratiquant depuis 1994 à grande échelle la torture et les exécutions extrajudiciaires128(*), les GIA assuraient plusieurs fonctions complémentaires : terroriser par les crimes injustifiables une population largement acquise à l'opposition islamiste, se substituer à la véritable rébellion armée pour la discréditer et provoquer des dissensions internes, pousser à l'armement de la population civile pour combattre le « terrorisme », justifier la « guerre totale » contre les civils, faire accepter les mesures antisociales draconiennes, bénéficier du soutien international. Mais, après la victoire à la Présidence de la République d'avril 1999 d'ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, promoteur officiel de la Concorde Civile129(*), les GIA devaient disparaître. Et pour cause : pour les Chefs du Département de Renseignement et de Sécurité (DRS), qui avaient infiltré les GIA dès leur création en septembre 1992, avant d'en prendre le contrôle total à partir de la fin 1995130(*), cette organisation protéiforme ne pouvait plus répondre à leurs objectifs.

    En effet, lors des grands massacres revendiqués par les GIA en 1997 et 1998, de plus en plus de voix s'étaient élevées sur la scène internationale, s'interrogeant sur la véritable nature de ces groupes et leurs liens avec les chefs de l'armée. A l'automne 1997, une campagne internationale pour une commission d'enquête indépendante sur les massacres avait été lancée par les organisations de défense des droits de l'homme131(*). Il était temps de se débarrasser de ces GIA devenus trop encombrants. En effaçant les GIA, le DRS, avec à sa tête les généraux Mohammed MEDIENE, dit « Toufik », et Smaïl LAMARI, dit « Smaïn » évitaient que devienne trop évident le rôle qu'ils leur avaient assigné, celui d'une organisation contre insurrectionnelle, largement inspirée dans ses principes par la doctrine dite de la « guerre moderne » élaborée dans les années 1950 par des officiers français dont les colonels Charles LACHEROY et Roger TRINQUIER et appliquée d'abord en Algérie, pendant la guerre d'indépendance avant d'être essaimer dans le monde entier, en particulier en Amérique Latine132(*). Certes le GIA disparait, mais un autre groupe dissident voir le jour, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui deviendra plus tard Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

    2) De l'internalisation du GSPC à l'avènement d'AQMI

    La page des GIA est alors tournée mais pas celle de l'instrumentalisation de la violence islamiste. De nouveaux groupes armés se revendiquant de l'islam, destinés à se substituer aux GIA pour maintenir une « violence résiduelle », afin de prévenir toute velléité de révolte dans une population brisée par les sept années de la « seconde guerre d'Algérie » vont continués à perpétrer des actions violentes contre l'Etat d'Algérie. C'est dans cette lancée suite aux dissidences avec les GIA que le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) voit le jour en Algérie sous le signe de l'unification133(*). L'objectif est d'unifier les différents groupes islamistes algériens de la mouvance salafiste djihadiste et de donner au mouvement, une ligne d'action claire. Dans leur déclaration du 24 avril 1999134(*), considérée plus tard par certains responsables du groupe comme marquant la véritable création du GSPC135(*), les dirigeants du GSPC expliquent que leur scission du GIA est motivée par leur attachement à la méthode salafiste136(*) sur les plans religieux et doctrinaire, exprimée par une nouvelle appellation pour se démarquer de celle des GIA, identifiée à la méthode d'AT - TAKFIR WA AL- HIJRA137(*). Ils se distancient des massacres commis sous la direction d'Antar ZOUABRI138(*), critiquent le cessez-le feu décidé par l'AIS et, enfin annoncent la nomination de ABOU MOSAAB Abdelmadjid comme nouvel émir remplaçant Hassan HATTAB139(*).

    La chute de ce dernier provient du fait que sa stratégie défensive et strictement algérienne suscite des critiques croissantes au sein même du GSPC : faut-il se contenter de la lutte sur le seul sol algérien, y compris avec quelques essais au Sud contre l'Etat et les intérêts étrangers, ou faut-il étendre l'action à l'étranger ? C'est l'avis de la fraction internationaliste, portée notamment par deux commandants de l'organisation, Nabil SAHRAOUI et Abdelmalek DROUKDAL qui plaide pour une extension du jihad en dehors des frontières algériennes. L'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, en mars 2003, renforce les tenants de cette posture, et quelques mois plutard, en août 2003, SAHRAOUI et DROUKDAL prennent le contrôle du GSPC. SAHRAOUI devient alors le nouvel émir de l'organisation, mais à la mi-juin 2004, il est tué dans une embuscade de l'armée, dans la région d'El-KSEUR (basse Kabylie)140(*). Abdelmalek DROUKDAL lui succède à la tête de l'organisation terroriste.

    Le nouvel émir du GSPC vouant une profonde admiration pour Al-ZARQAOUI, le chef d'Al-Qaïda en Irak141(*), il se rapproche de lui et se met au service de la branche irakienne d'Al-Qaïda afin à la fois de bénéficier de son prestige, de son savoir faire, et d'affirmer sa volonté de se placer dans un jihad mondialisé. C'est ainsi qu'il envoi à ZARQAOUI des centaines de combattants en provenance de tout le Maghreb et préalablement entrainés dans le maquis algérien. Cette collaboration permet à DROUKDAL d'asseoir son autorité sur ces troupes et de surcroît, d'affermir ses liens avec Al-ZARQAOUI. Ce rapprochement spectaculaire incite alors DROUKDAL à demander l'affiliation du GSPC à Al-Qaïda. La demande est formulée dès septembre 2005. Et Al-Qaïda souhaitant étendre ses réseaux vers l'Afrique du Nord, elle trouve un intérêt à accéder à la requête de DROUKDAL dont l'organisation a pour avantage de disposer de véritables sanctuaires en Algérie, fait preuve d'un grand dynamisme en lien avec son engagement anti américain en Irak et est, en outre, susceptible de servir de marche pied pour mener des actions sur le sol européen. Aussi, après plusieurs mois de négociations, Ayman Al-ZAWAHIRI, présenté comme le numéro deux d'Al-Qaïda, annonce dans un message vidéo le ralliement du GSPC à Al-Qaïda le 11 septembre 2006.

    Dans son dernier message vidéo, diffusé cinq ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, relate Le Monde, Al-ZARQAOUI a appelé le mouvement islamiste algérien, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le combat (GSPC), à « devenir une épine dans la gorge des croisés américains, français et de leurs alliés »142(*). Deux jours plus tard, le 13 septembre, le GSPC publie sur son site web un communiqué dans lequel il confirme l'information : « Nous prêtons allégeance à Cheick Oussama BEN LADEN (...) Nous poursuivrons notre jihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise où qu'il voudra et partout où il voudra »143(*). Le 24 janvier 2007, DROUKDAL annonce la transformation du GSPC en Al-Qaïda au Maghreb Islamique dans un communiqué du 24 janvier 2007144(*). L'avènement d'AQMI ne consiste pas uniquement en un changement d'appellation. Il correspond à l'apparition d'une nouvelle stratégie de combat qui fait pleinement entrer l'ex-GSPC sur la scène djihadiste mondiale.

    B - Organisation et fonctionnement d'AQMI

    L'efficacité d'AQMI dans la terreur s'explique tant par une organisation (1) et un mode de fonctionnement qui lui assure suffisamment de rentes pour financer ses activités (2).

    1) Structure d'AQMI

    Eu égard à la nature des activités d'AQMI, il n'y a pas d'organigramme officiel régulièrement mis à jour de cette organisation. Si déterminer sa structure n'est donc pas aisé, il est néanmoins possible d'en établir les grandes lignes en particulier au travers des communiqués de ses dirigeants et des revendications d'attentats passés145(*).

    Tout d'abord, il est important de souligner que, comme Al-Qaïda (la maison mère), AQMI est structurée autour de serment d'allégeance146(*). L'organisation repose sur des liens individuels plus conformes à la tradition arabo-musulmane : on prête allégeance à un chef et, par conséquent, on se met à son service dans le cadre d'une logique tribale, tout en conservant une grande autonomie. La nouvelle organisation comporte un commandement commun, situé en Kabylie avec à sa tête Abdelmalek DROUKDAL alias Abou MOSSAAB ABDELWADOUD son émir international. Celui-ci était présenté comme le « vrai numéro deux du GSPC »147(*) avant que cette organisation ne devienne AQMI. AQMI n'ayant évidemment pas de siège officiel, il est difficile de savoir où réside DROUKDAL148(*). Quoiqu'il en soit, au cours des années suivantes, cet homme deviendra la vedette incontestée des analyses sécuritaires de la presse algérienne et de tous les rapports des « thinks thanks américains et européens » consacrés au GSPC149(*).

    La zone d'action d'AQMI étant très étendue, le territoire sur lequel elle évolue a été divisé en quatre zones d'influences. Cela n'est pas nouveau car, le GSPC était déjà structuré en une dizaine de zones150(*), les deux dernières correspondant au sahel (zone n° 9) et à l'étranger (zone n° 10). En panne d'influence tant en Afrique du Nord qu'en Europe, AQMI donne la priorité à sa branche saharienne. Ce sont des effectifs très mobiles qui sillonnent la bande sahélienne sur un total qui ne doit guère dépassé le millier d'hommes. Mis à part quelques dizaines de mauritaniens, de libyens encore moins de marocains, de nigériens et de maliens, l'essentiel des combattants est issu du GSPC algérien. Les troupes opérationnelles d'AQMI représenteraient entre 250 et 300 combattants pour les uns151(*) et autour de 500 pour les autres152(*). Ce nombre ne tient pas compte des hommes qui ont rejoint l'organisation terroriste après la chute du colonel KADHAFI y compris ceux qui se repartissent dans d'autres groupes terroristes qui se sont crées au sahel et au Nord-Mali.

    Les hommes sont réunis en petites unités de base, les katibas153(*). Ces katibas sont reparties sous deux brigades : à l'Ouest du sahel (Mauritanie, Sud-Algérie, Nord-Mali) avec Abdelkader MOKHTAR BEL MOKHTAR154(*) à la tête de la katiba des MOULATHAMOUNES155(*) et à l'Est, la katiba TAREQ IBU ZYAD156(*) crée en 2003 par Amari ZAIFI plus connu sous le nom d'Abderrazak EL PARA157(*) et dirigée depuis son arrestation en mars 2004, par Abou ZEID158(*). Elle affiche ses ambitions par une série d'action à la fois violente et largement disséminée sur tout le sahel. La mort accidentelle au mois de septembre 2012 de Nabil MAKHLOUFI, numéro deux d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique, a conduit à une réorganisation de la structure hiérarchique du groupe159(*). Elle n'est en réalité que l'aboutissement de tensions et de crises répétées160(*) au cours des dernières années au sein d'AQMI, plus particulièment entre les émirs Abdelmalek DROUKDAL et Abou ZEID d'un côté, et MOKHTAR BEL MOKHTAR de l'autre. Le retrait annoncé de MOKHTAR BEL MOKHTAR d'AQMI, un des chefs historiques de la nébuleuse, et sa probable mort annoncé avec celui d'Abou ZEID, le plus « qaïdatiste » des chefs de l'AQMI qui auraient été tué lors de l'opération des forces françaises intervenant au Nord du Mali plus précisément dans les contreforts du massif de l'Adrar des IFOGHAS, près de la frontière algérienne constituent le principal bouleversement de la structure de commandement. La mort de ce grand argentier d'AQMI est ainsi une grande perte pour l'organisation en termes de financement et d'armement. De même que la mort D'Abou ZEID est un coup dur pour AQMI car, certains considèrent même que le rôle de ce dernier dans l'organisation était tel que cela s'apparente à la mort d'Oussama BEN LADEN pour Al-Qaïda.

    2) Le financement des activités d'AQMI

    AQMI a réussie à faire du sahel un terrain juteux lui permettant de fructifier ses activités. L'organisation va mettre sur pied ce que certains appellent le « ganstéro-djihadisme », c'est-à-dire le recours à des crimes et délits de droit commun afin de financer le jihad. Ce n'est pas une nouveauté car la première Fatwa autorisant le financement du djihad par des activités illicites remonte au début des années 90. Le GIA, « ancêtre » d'AQMI, n'hésitait pas à recourir à de telles méthodes y compris l'ex-GSPC. Dans le cas de l'AQMI, plusieurs ressources contribuent au fonctionnement des activités de l'organisation. Selon Jean-Charles BRISARD, spécialiste des questions de terrorisme, 90% des ressources d'AQMI viennent des rançons obtenues contre la libération des otages. Dans la théorie interne d'AQMI, les otages (Rahâ'in) sont ainsi assimilés à des « prisonniers de guerre » (Asra) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l'organisation, du « droit musulman de la guerre »161(*). L'intensification des opérations de l'armée algérienne a contraint AQMI à étendre ses opérations d'enlèvement au Mali, à la Mauritanie et au Niger162(*). Les attentats diminuent au profit des pratiques de banditisme avec notamment une recrudescence d'enlèvements de ressortissants occidentaux contre le paiement des rançons au sahel163(*) et quelques fois de demande de libération de djihadistes retenus prisonniers dans certains pays de la région ou hors du continent.

    AQMI aurait fait du sahel l'industrie de l'enlèvement164(*). A cet effet, depuis 2003, 53 personnes ont été prises en otages dans le sahel par les groupes terroristes y opérant165(*). Ils ne font pas de distinction entre les personnes qu'ils enlèvent, seule leur valeur marchande prévaut. D'après Kamel REZZAG BARA, Conseiller Spécial du Président Algérien sur les questions de terrorisme qui s'exprimait en septembre 2010 devant une réunion de l'assemblée générale de l'ONU portant sur le terrorisme, les katibas sahéliennes d'AQMI ont engrangées en sept ans plus de 150 millions d'euro grâce aux rançons. Cette manne financière a permise à l'organisation de se procurer des armes, de recruter de nouveaux combattants et de financer des actions « sociales » auprès de certaines populations de la bande sahélo-saharienne, précisément au Nord du Mali, afin de les gagner à leur cause ou tout au moins de réduire les sentiments de rejet qu'elles pourraient avoir à son encontre ; mettant en oeuvre par la même occasion une autre stratégie d'AQMI-sahel consistant à nouer des liens avec les communautés locales166(*), y compris avec leurs responsables, pour s'assurer des complicités actives ou passives, selon les circonstances et d'obtenir de discuter au moins médiatiquement avec les Etats.

    L'implication d'AQMI au sahel dans ce « banditisme djihadiste »167(*) s'illustre aussi par la mise en oeuvre d'activités dangereuses et notamment de trafics divers et illicites. Il faut rappeler que le groupe tire une partie de ces revenus sur ces activités à côté de la prise d'otage qui est sa source de revenu principal. Il en résulte que le trafic de stupéfiants est la deuxième source d'apports financiers pour AQMI. Celui-ci a longtemps divisé les chefs de l'organisation168(*). Certains considérants cette pratique comme interdite par l'islam tandis que pour d'autres, la drogue étant destinée aux apostats chrétiens et juifs rendait licite cette activité169(*). La présence d'AQMI dans le sahel et en Algérie devient ainsi une aubaine pour les trafiquants qui rétribuent les terroristes contre une protection. Des membres maliens d'Al-Qaïda arrêtés au Ghana dans une opération de lutte anti-drogue ont révélé aux policiers qu'AQMI offrait aux narcotrafiquants Sud-américains une protection dans le transfert de la drogue moyennant une compensation financière de 4200 dollars le kilo170(*). Selon le rapport 2010 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 21 tonnes de cocaïne auraient transité par l'Afrique de l'Ouest, notamment par la Mauritanie et le Mali, à destination de l'Europe en 2009171(*).

    A côté du trafic de drogue, la contrebande de cigarettes est aussi une source non négligeable de financement pour l'organisation. Les cigarettes transitent par la Mauritanie, le Mali et l'Algérie pour arriver sur le continent européen. La contrebande de cigarettes via l'Afrique de l'Ouest génère environ 300 millions de dollars annuellement172(*). La filiale d'Al-Qaïda exploite aussi le trafic d'êtres humains pour s'enrichir. Le savoir-faire d'AQMI en ce qui concerne la fabrication de faux papiers d'identité et le passage clandestin des frontières lui permet d'entrevoir, il est vrai, un mode de financement moins lucratif que la drogue, mais certainement moins dangereux pour l'organisation173(*). Celle-ci bénéficie aussi d'obscurs flux du Moyen-Orient (Qatar, Arabie Saoudite)174(*). Tout cet argent amassé sert à l'achat du matériel de l'organisation, à la corruption des agents de l'Etat et au blanchiment à travers d'affaires légales comme les investissements immobiliers. Ainsi, les terroristes islamistes auraient acquis de vastes étendues de terres et des habitations de luxe au Mali, en Mauritanie et au Niger175(*). La multiplication de ses activités criminelles et « commerciales » fait peser une grande menace sur l'ensemble de la région sahélo-saharienne.

    SECTION II : AQMI ET LA CRIMINALISATION DU SAHEL

    AQMI est devenu une menace grandissante pour l'Afrique (Paragraphe I) et un piège pour la Communauté Internationale (Paragraphe II). Ce qui est très inquiétant du fait de voir se créer un deuxième Afghanistan en Afrique après celui se trouvant au Moyen-Orient et dont les terroristes (les talibans Afghans et/ou Pakistanais) n'ont pas toujours été chassés.

    PARAGRAPHE I : AQMI, UNE MENACE GRANDISSANTE POUR L'AFRIQUE

    Le sahel fait face au spectre de la menace terroriste et de la criminalité internationale (A). Pour les pays de la région confrontés à ce phénomène nouveau, cela représente un fardeau (B), auquel ils doivent faire face.

    A- Le sahel face au syndrome de la menace terroriste et de la criminalité internationale

    Le théâtre sahélien est aujourd'hui sous la coupe des organisations terroristes (1) et au coeur des grands trafics (2) les plus dignes d'un conte de fée.

    1) le sahel sous la coupe des organisations terroristes

    A la faveur de l'insurrection libyenne et du « printemps arabe », on assiste à une confiscation du sahel par de nombreux mouvements terroristes qui ont fait de ce lieu un bastion du terrorisme international. L'effet de la guerre occidentale en Lybie a accentué cette réémergence des groupes terroristes et l'Afrique de l'Ouest constitue actuellement son épicentre. C'est le cas d'AQMI auquel s'est ajouté le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), la secte nigériane BOKO HARAM, ANCAR DINE et dans une certaine mesure le Mouvement National pour la Libération de l'AZAWAD (MNLA). Chacun de ces groupes et tous ensemble, compte tenu des liens et dynamiques de collaboration qui se mettent en place et se renforcent, représentent le visage de l'islamisme radical et du terrorisme en Afrique de l'Ouest. Les liaisons qui s'établissent et se renforcent progressivement entre ces différents groupes portent les germes d'une menace particulièrement dangereuse et difficile à combattre. La crise au Nord du Mali et le vide institutionnelle et sécuritaire qui la caractérise depuis le coup d'état du 22 mars 2012 représente un facteur aggravant.

    Délaissé par l'Etat, livrée à elle-même, et souffrant d'un investissement minime dans les infrastructures et les services de base, la région du Nord Mali concentre tout les atouts pour devenir un « hub » Ouest-Africain pour tout projet de déstabilisation et de tout trafic176(*). Le Président malien Amadou TOUMANI TOURE, destitué par le coup d'état du 22 mars 2012, décrivait lui-même la région du Nord-Mali en 2009 en ces termes : « il n'y a pas de routes, de centres de santé, d'écoles, de puits, de structures de base pour la vie quotidienne. En fait, il n'y a rien »177(*). Dans cette partie du continent, force est de constater qu'on semble loin de l'une des conclusions qui était tirée il y a seulement sept ans sur le fait que « le sahel n'est pas un foyer d'activité terroriste ». La réalité de la menace terroriste au sahel est un fait et elle est bien présente. Cette main mise des terroristes sur le sahel renforce leur expansion et leur conforte dans le recrutement de nouveaux adeptes. L'Algérie elle-même n'est pas épargnée des effets de contagion du Nord-Mali. Les événements récents concernant la prise de la centrale à gaz d'IN AMENAZ le 16 janvier 2013 par les hommes de MOKHTAR BEL MOKHTAR, montre que les djihadistes ont fait du sahel, un véritable sanctuaire. Le caractère de l'attaque terroriste est particulièrement dynamique et évolutif. Ces évolutions ont pour conséquences d'aggraver la nature de la menace, de la complexifier et de rendre encore plus urgentes mais en même temps incertaines, les réponses qui pourraient et devraient être apportées178(*). A l'instar des grands organisations criminelles, ces groupes terroristes avec à sa tête AQMI auraient choisi à côté du terrorisme de criminaliser le sahel à travers l'entretien de divers trafics.

    2) Le sahel au coeur des grands trafics

    Depuis le début du nouveau siècle, le continent africain est devenu progressivement un nouveau lieu de passage et de déroulement des trafics. Les routes caravanières transsaharariennes séculaires sont devenues un lieu de transit privilégié pour les nombreuses filières criminelles qui font désormais du sahel une plaque tournante de plusieurs trafics. Les trafiquants semblent y trouver leur compte, même si les distances à parcourir pour leurs produits sont plus longues179(*). Leur intérêt réside dans le fait que cette route offre des opportunités et un accès facile pour rejoindre le continent européen étant donné que les côtes Atlantiques connaissent depuis peu un contrôle strict y compris la route des caraïbes qui est devenue obsolète. L'Afrique est ainsi devenue l'espace stratégique de négoces des drogues en provenance d'Amérique Latine180(*). « Même les trafiquants d'héroïne Iraniens et Afghans veulent faire de l'Afrique la plaque tournante de leur commerce » dit Roberto SAVIANO181(*) pour qui, « l'Afrique est blanche. Blanche de la cocaïne »182(*). 40%183(*) de la cocaïne Sud-américaine rejoindrait l'Europe de l'Ouest184(*) par cette route tous les ans185(*). Les portes d'entrée africaines de drogues en provenance de Colombie, du Venezuela et du Brésil sont les ports de Guinée-Bissau et du Cap Vert au Nord, et ceux du Ghana au Sud186(*). De là, les cargaisons de drogues sont reparties entre le Nigéria (avec un réseau de passeurs vers l'Europe), la Guinée-Bissau, le Sénégal, la Mauritanie, et remontent vers le Maroc et l'Algérie187(*). On parle désormais de narco Etats188(*) .

    Selon le chef de l'Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS), « l'Afrique joue principalement le rôle de hub (...). Les routes du cannabis traversent le Mali ou la Mauritanie jusqu'au Maghreb. De nouvelles pistes se dessinent vers la Libye et l'Egypte »189(*). A cet égard, la fameuse affaire du Boeing « Air Cocaïne » a été très révélatrice de l'incurie des gouvernements locaux. Fin novembre 2009, les autorités maliennes annonçaient avoir retrouvé les restes d'un Boeing 727 démembré et calciné sur la piste de fortune de SINKREBAKA, un lieu désertique situé à 200 kilomètre au Nord de Gao après avoir été déchargé de la cocaïne qu'il transportait. Un tel cas n'est pas isolé ni nouveau. Cette région désertique et incontrôlée où transiterait la moitié de la cocaïne en provenance d'Amérique Latine destinée à approvisionner l'Europe bénéficie de l'appui des tribus touarègues et des mouvements islamistes afin d'assurer le transfert en sécurité de leur précieux marchandise.

    Les trafiquants bénéficient aussi de l'appui d'un certain nombre de fonctionnaires corrompus. A titre d'exemple, au début de mars 2010, onze responsables de haut niveau de la police, de l'armée et de l'agence de lutte contre la drogue gambiens ont été arrêtés pour leur participation à ce trafic. L'ancien ministre de la pêche, le chef de la marine, le chef d'état major adjoint, le chef de la police et son adjoint et le responsable de la lutte contre la drogue ont été appréhendés et l'arrestation extraordinaire en Guinée Bissau le 03 avril 2013 du contre-amiral BUBO NA TCHUTO illustre une fois de plus l'urgence d'une guerre contre le narco-terrorisme qui a pris les allures d'une guerre contre le jihad au Nord Mali. Outre la drogue, le sahel connait d'autres trafics eu égards à leur importance, aux enjeux qu'ils revêtent et à leur implication dans la situation sécuritaire générale dans la région. La contrebande de cigarettes constitue un de ces trafics illicites. Les cigarettes de contrebande arrivent de Nouakchott, passent clandestinement au Maroc via Nouadhibou, et sont revendues sur le marché Ouest-Saharien à DAKHLA, LAAYONNE et TAN-TAN, au Sénégal et en Algérie190(*). Le Sahara occidental joue le rôle de centre de distribution régional pour toute l'Afrique du Nord. Le transport est assuré par des chauffeurs locaux, fins connaisseurs du désert, payés entre 450 et 680 dollars par voyages191(*).

    L'océan sahélien est aussi un lieu idéal pour le trafic d'armes. Selon les Nations Unies, « les armes illicites arrivent en Afrique de l'Ouest (...) en provenance d'Europe centrale et orientale, de la Fédération de Russie, de la Chine ainsi que d'autres pays d'Afrique »192(*). L'approvisionnement est rendu facile par les conflits régionaux et des rebellions internes qui jouent un rôle déterminant dans le transfert de ces armes : elles ont alimenté la Côte-D'ivoire, les groupes touaregs au Mali et au Niger, le conflit de la Casamance etc. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) parle de 100 millions d'armes légères en circulation dans toute l'Afrique193(*). Pour l'Afrique de l'Ouest, le chiffre serait de 8 millions194(*). Il s'agit le plus souvent de vieux stocks militaires (pistolets automatiques italiens, kalachnikovs russes ou chinoises, pistolets mitrailleuses etc.) dont les cargaisons sont gérées par des fonctionnaires corrompus qui les vendent à des intermédiaires, lesquels les acheminent par voie aérienne en plusieurs étapes pour brouiller les pistes. Le trafic illicite de migrants et le trafic d'être humain enrichies aussi la criminalité organisée transnationale au sahel. Les migrations représentent ainsi une opportunité économique pour les criminels organisés, en réseau de l'Afrique vers l'Europe.

    La prise de contrôle du pouvoir dans cet espace par des acteurs criminels vivant de rentes criminels est un danger susceptible d'avoir des effets durables sur les équilibres des sociétés sahéliennes. Et le « risque que des réseaux criminels internationaux influent sur l'avenir politique de certains Etats sahéliens est réel »195(*), car comme le montre le rapport de l'ONUDC, les recettes tirées des trafics dépassent les PIB de certains Etats196(*)d'autant plus que la situation actuelle dans cette région est déjà un fardeau que n'arrive pas à maîtriser les Etats sahéliens.

    B - AQMI, un fardeau pour les Etats Sahéliens

    Au delà des violences directes et physiques contre ses cibles favorites que sont les autorités sahéliennes, leur population et les occidentaux, AQMI constitue également une menace sérieuse pour l'avenir de la zone sahélienne et les régions périphériques. Cette organisation exerce en effet une influence néfaste sur le développement économique de toute la zone (1) plaçant les Etats de la région dans un bourbier auquel trouver une solution devient un casse tête chinois (2).

    1) Un fardeau économique pour les pays du sahel

    Les attentats et les prises d'otages commis par AQMI, associés à l'incapacité des gouvernements à mettre un terme, ont en quelques années, anéanti le climat sécuritaire de la région du sahel. La violence et l'insécurité ont fait reculer beaucoup d'investisseurs et autres acteurs économiques dans un espace qui, confrontée à un sous développement chronique et à une extrême pauvreté, n'avait certainement pas besoin d'endurer une telle épreuve.

    La première conséquence de la dégradation sécuritaire au sahel a été de faire de cette zone, un repère à éviter. Si dans un premier temps, la présence des islamistes d'AQMI était perçue par certaines populations locales comme bénéfique car ils stimulaient l'économie en achetant les produits locaux au prix fort et en distribuant des médicaments197(*), la détérioration de la situation sécuritaire va provoquer des conséquences désastreuses dans la vie quotidienne de ces mêmes populations. Un premier impact se situe sur les prix des denrées alimentaires. L'intensification des accrochages entre les terroristes d'AQMI et les forces de sécurité vont fortement ralentir les échanges commerciaux, créant dès lors une diminution de l'offre et une augmentation soudaine des prix. Dès lors, les produits vendus sur les marchés sont moins nombreux et les populations se voient obligés de consacrer une plus grande part de leurs ressources financières à l'achat de nourriture198(*).

    Une autre réalité concerne le secteur du tourisme. Depuis 2007, la situation des professionnels de ce secteur est extrêmement difficile à cause du kidnapping. L'annulation du rallye Paris-Dakar, en janvier 2008 se situe dans cette logique. La confirmation par les services de renseignements de l'éventualité de la menace d'AQMI sur l'épreuve sportive incita les organisateurs de la course à l'annuler et à la transférer sur le continent Sud-américain. Depuis 2009, le Mali a perdu plus de 76 millions de recettes et 8000 emplois dans le secteur du tourisme199(*). Le Niger n'est pas en reste. La présence touristique du Niger a diminué de 7% entre 2008 et 2009 et la tendance devrait s'accentuer dans les années à venir si la situation sécuritaire demeure aussi préoccupante200(*) y compris le Sud algérien qui également est doublement victime de la présence d'AQMI dans le sahel.

    De même, les conséquences des attaques d'AQMI ont un impact sur le renchérissement de la présence étrangère (plus précisément les travailleurs occidentaux) dans la région, qui s'avère pourtant indispensable. Les Etats occidentaux déconseillent vivement à leurs ressortissants de s'aventurer dans le sahel et des pays qui le bordent. Certaines activités ne pouvant être délocalisées, le maintien du personnel étranger a pour contrepartie l'adoption de mesures de sécurité particulièrement lourdes. Tel est le cas par exemple de la production de l'Uranium au Niger dont le secteur est vital pour ce pays qui tire pratiquement 90% de ses ressources et revêt aussi une importance stratégique pour la France. AREVA y a opéré d'importants investissements en particulier sur le site d'IMOURAREN, dont les ressources en Uranium sont estimées à 180000 tonnes et pour lequel la société a dépensé plus de 1,2 milliards d'euros. Et des mesures ont été prises entre AREVA et l'Etat Nigérien sur la nécessité de sécuriser les activités minières dans la région et les travailleurs étrangers qui opèrent sur le site. Mais, cela n'a pas empêché la prise d'otages d'ARLIT dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010. Les évènements du 16 janvier 2012 contre la base vie du site gazier SONATRACH BRITISH PETROLEUM STATOIL de TIGUENTOURINE (IN AMENAS) par la « KATIBA AL MOUAKAOUM BE DAM » (« les signataires par le sang ») créée en décembre 2012 par BEL MOKHTAR201(*) après sa rupture d'avec AQMI et qui s'est emparée de plusieurs centaines d'employés sont venus remettre en question le système de sécurité des entreprises occidentales installées au sahel plongeant les pays de la région dans une cacophonie totale.

    2) Sahel, un bourbier politique pour les Etats de la région

    Depuis plusieurs années, la montée du terrorisme au sahel est une source croissante de préoccupation202(*). La dégradation de la situation au Mali en 2012 a en effet confirmé que les pires scénarios étaient possibles. Espace tampon mais aussi espace d'échanges, l'arc sahélien a en effet vu au cours de la dernière décennie se développer une instabilité endémique qui menace les fragiles équilibres sociaux, économiques, politiques et géopolitiques qui s'y sont progressivement construits. C'est donc toute une région déjà vulnérable dont la sécurité et la stabilité sont mises en danger, mais c'est une menace et cette menace pèse sur l'ensemble de la région et sur le reste des pays africains. Aux yeux des stratèges, la situation au sahel et le cas du Nord-Mali paraît d'autant plus inquiétant du fait qu'aucun Etat de cette partie de l'Afrique n'est pas à l'abri des tentatives de déstabilisation. L'éclipse de BEL MOKHTAR en Algérie qui a suivi avec la prise d'otage du complexe gazier d'IN AMENAZ le 18 janvier 2013 au Sud-est algérien et à 100 km des frontières libyennes a démontré la capacité des terroristes à frapper partout. Les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et l'effondrement du Mali, pays modèle de la zone risque d'en entrainer d'autres203(*).

    Il s'avère difficile pour les cinq Etats Sud-sahéliens d'assurer l'exercice effectif de leur souveraineté sur l'ensemble du territoire. Et cette problématique qui a longtemps perduré sans solution a fait le jeu des islamistes qui en ont profité pour s'établir dans ce désert dont la surface totale est celle de l'Inde. L'enkystement d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) au Mali depuis 2003, la récurrence d'actions armées ponctuelles perpétrées par différents groupes, Touareg ou non, dans un Nord politiquement et économiquement marginalisé et les dysfonctionnements croissant de l'Etat Malien ont alerté, bien avant la crise Libyenne, les observateurs les plus attentifs du risque de déstabilisation politique204(*). Ni l'ampleur, ni la séquence, ni la nature même de la crise qui frappe le pays depuis janvier 2012 n'ont cependant été prévue. Le réveil tardif de la communauté internationale avec l'opération Serval au Nord-Mali n'est pas sans risque avec l'entrainement des Etats Africains et occidentaux dans une opération de longue durée et pris au piège d'un terrain favorable aux occupants. Si cette crise perdure avec une opération militaire à l'issue incertaine, on risque d'assister à l'accentuation de la crise alimentaire dans toute la sous-région205(*), ouvrant ainsi un nouveau problème pour la Communauté Internationale.

    PARAGRAPHE II : AQMI, UN PIEGE POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

    Le sahel n'est pas actuellement loin du spectre Afghan (A) et de la délocalisation de la menace d'AQMI, de l'international au local (B).

    A- Le sahel dans l'ombre du spectre afghan

    Si le sahel apparaît pour les Etats-Unis comme un nouveau sanctuaire du terrorisme international au quelle toute l'attention doit être désormais déportée (2), cette zone sableuse est dans le cas contraire un piège pour la France dont AQMI en a fait une des cibles privilégier (1).

    1) AQMI un piège pour la France

    La France est une des cibles prioritaires d'AQMI, laquelle éprouve une très forte haine pour ce pays. Ce sentiment n'est pas nouveau. Le terrorisme islamiste des années 90 a frappé à de nombreuses reprises, les intérêts français206(*). Les raisons ou les motivations de cette haine tenace à l'égard de la France était avant tout politiques et historiques. La France était l'ancienne puissance coloniale et elle était accusée de soutenir le régime algérien que combattaient les islamistes. Depuis les années 2000, les raisons de punir la France ont augmentées. En dehors de son passée de colonisateur ou de puissance coloniale, la France a été et est toujours accusée de tous les maux par la mouvance islamique de BEN LADEN. Elle a d'abord été visée pour sa participation à la lutte anti-terroriste de George WALKER BUSH et sa présence en Afghanistan. On lui reproche également sa laïcité et l'adoption de lois la défendant, telle, celle interdisant le port du voile intégral dans l'espace public. Perçue comme un ennemi de l'islam et des musulmans, la France doit dès lors, être punie tant pour ce qu'elle fait que pour ce qu'elle est, de même que pour « son arrogance ». Les critiques dépassent le seul cadre algérien par rapport aux années 90 et provient même du plus haut sommet d'Al-Qaïda. Ainsi, dès 1998, année de la création d'Al-Qaïda dans sa forme historique, Oussama BEN LADEN avait inscrit les implantations militaires françaises à Djibouti parmi les vingt trois objectifs de l'organisation. Par la suite, la visite en France en avril 2001 du commandant MASSOUD207(*), ennemi déclaré des Talibans avait amené le chef d'Al-Qaïda à tenir des propos virulents contre la France et les français, dénoncé comme son deuxième adversaire après les Etats-Unis.

    Pas moins de neuf communiqués ont allongé la liste des appels à punir l'Etat français depuis 2001. Parmi les principaux, on peut citer celui d'Ayman ZAWAHIRI en date du 24 février 2004 et celui publié le 18 mai 2005 par Abou MOUSSAB AL ZARKAOUI, chef d'Al-Qaïda en Irak, dénonçant tous deux, la loi prohibant les signes religieux à l'école. Plus préoccupante encore sont les déclarations de l'émir d'AQMI, Abdelmalek DROUKDAL qui, durant l'été 2005, a qualifié la France « d'ennemi n° 1 », confirmant l'hostilité ouverte des extrémistes maghrébins à l'égard de l'ex-puissance coloniale. Cette haine idéologique et verbale à l'égard de la France en particulier a malheureusement dépassé le seul stade de la rhétorique. Inévitablement, elle a engendrée de nombreuses actions meurtrières concernant les otages français capturés par AQMI. En 2011, AQMI conserve une relative capacité de nuisance non négligeable car, les attaques et attentats d'AQMI au Maghreb et au sahel ont cru de 56% pour atteindre un sommet en 2009, avec 204 attaques, 178 attaques en 2010. Par ailleurs, durant la période 2001-2010, l'institut Potomac208(*) comptabilise 1103 actes terroristes (attentats, meurtres, kidnappings, etc.) contre des cibles nationales et internationales au Maghreb et au sahel, engendrant 2000 morts et 6000 blessés209(*).

    Toutefois, il convient de constater que ces violences sont restées jusqu'ici cantonnées au seul continent africain. AQMI, ni d'ailleurs aucune autre branche d'Al-Qaïda n'a jamais pu frapper le territoire français depuis le dernier attentat islamiste sur le sol français qui remonte en 1996. L'efficacité des systèmes de sécurité en Europe depuis 2004 a rendu l'action outre méditerranéen difficile. La neutralisation de nombreux réseaux de soutien logistique et les Fatwas210(*) hostiles de théologiens du golfe décrétant illicite le jihad en Algérie affaiblit le mouvement terroriste211(*). En 2009, comme le souligne Louis CAPRIOLI212(*), « AQMI est confrontée à un phénomène d'érosion. Ses dirigeants disparaissent, la privant de cadres et de stratèges. Ses réseaux de soutien étant sans cesse démantelés, sa stratégie de recrutement s'effondre. L'efficacité de la lutte militaire et du renseignement ont asphyxié progressivement le mouvement terroriste »213(*). Le champ de bataille s'est donc déplacé sur la zone Sahara-sahel, l'AQMI, opérant un retour sur « l'ennemi-proche » et entrainant ainsi un regain d'intérêt des USA pour le continent.

    2) Un nouveau sanctuaire pour les Etats-Unis

    Depuis les attentats de New York de septembre 2001, l' « islamo-terrorisme » est devenu le nouvel ennemi global des Etats-Unis, et par extension du « monde libre »214(*). En désignant le sahel comme l'axe du terrorisme, les Etats-Unis ont-ils anticipé la menace ou l'ont-ils favorisé ? L'intérêt politique et militaire des Etats-Unis pour le sahel et pour l'Afrique en général s'est sensiblement accru depuis une quinzaine d'année avec la création en 1996 de l'AFRICA CRISIS RESPONSE INITIATIVE (ACRI) placé sous le commandement américain basée à Stuttgart (Allemagne) et connue sous le nom d'US-EUCOM. Cette section avait en charge la coordination des moyens militaires, notamment le recours aux forces spéciales. A la différence des autres Etats de la sous région, l'ACRI était présente au Mali avec comme temps fort l'année 2002 pour ce qui concerne l'espace Saharo-sahélien215(*). L'intérêt des Etats-Unis pour le sahel, point de liaison entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire, revêt une double dimension sécuritaire et économique216(*). La région du sahel est perçue à Washington comme une région vulnérable en raison de sa faible densité géographique et de ses frontières facilement poreuses. Sa proximité géographique, culturelle et religieuse avec le Moyen-Orient (considéré comme l'épicentre d'un terrorisme international allant de la péninsule arabique au Pakistan) constitue un terreau propice au développement d'autres actions terroristes antiaméricaines.

    Les événements du 11 septembre 2001 ont débouché sur une conception stratégique américaine définie par l'expression de propagande politique de « guerre globale contre le terrorisme »217(*) relevant de ce que les politologues appellent la « doctrine Bush ». L'administration Bush est donc passée d'une politique étrangère qui au départ se voulait comme la moins interventionniste à une politique essentiellement fondée sur cette « guerre contre le terrorisme »218(*). Cette lutte prend un caractère mondial dont les relais s'affirment aux niveaux régionaux et nationaux. Plusieurs initiatives régionales de sécurité démontrent l'intégration de l'Afrique dans la guerre contre le terrorisme219(*). La première est l'établissement par le Pentagone, du quartier général de la COMBINED JOINT TASK FORCE-HORN OF AFRICA (CJTF-HOA) [Corps expéditionnaire conjoint]. Basée à Djibouti, elle est chargée de mener la guerre contre Al-Qaïda et ses soutiens au sein de la Grande Corne de l'Afrique (Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Somalie, Soudan), ainsi qu'au Yémen220(*). Les opérations terrestres sont menées par plus de 1000 membres des Forces spéciales américaines, basés à Camp LEMONIER. Les patrouilles côtières sont assurées par le détachement spécial de la COMBINED TASK FORCE 150 américaine (CTF 150), qui comporte également des forces navales d'autres pays comme l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni. La CJTF-HOA coordonne aussi ses opérations militaires avec la CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY (CIA), comme pour le lancement du drone PREDATOR contre des cibles terroristes suspectes.

    Ensuite, l'application de cette guerre globale, à l'initiative du département d'Etat, s'est renforcée à partir du mois de novembre 2002 par la création du deuxième programme régional de sécurité : La Pan Sahelian Initiative (PSI) visant à protéger les frontières contre les trafics d'armes, de drogue et les mouvements. Les principaux objectifs du PSI ont été entre autres, de former les militaires nationaux de la sous région (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad) à la lutte contre le terrorisme, d'encourager et coordonner les coopérations régionales à l'aide de technologie américaine et d'échanger des informations afin d'aider les Etats de l'espace Saharo-sahélien à construire leurs capacités à traiter les problèmes de la « Global War On Terror » (GWOT) en tant que force « reproductible » des forces américaines221(*). Fort du succès que cette force rencontra, parmi lequel, l'arrestation d'Abderrazak AL PARA, une des figures clés du GSPC qui fut livré aux autorités algériennes, les Etats-Unis passèrent à la vitesse supérieure avec la création du Trans Sahara Counter Terrorism (TSCTI) qui deviendra en 2005, le Trans Sahara Counter Terrorism Partnership (TSCTP) à l'évidence plus thématique et beaucoup mieux doté222(*) que le PSI et dont le siège se trouve à Ouagadougou au Burkina Faso. Celle-ci combine deux domaines d'intervention : militaire et civil. La composante militaire concerne l' « Opération Enduring Freedom-Trans Sahara » (OEP-TS) et la composante civile quant à elle fut assignée à trois départements, à savoir l'Agence de Développement USAID qui se consacra à l'éducation, tandis que le Département d'Etat prit en charge tout ce qui concerne la sécurité des aéroports, et le département du Trésor se réservant le renforcement des efforts fournis sur l'utilisation des trésoreries nationales. Notons cependant que le TSCTP est arrivé à expiration et il compte être remplacé par L'AFRICOM installé pour le moment à Stuttgart en Allemagne.

    Si pour l'heure elle a connu un refus général des dirigeants africains pour son installation en Afrique, cette entité militaire s'inscrit dans le prolongement du TSTCP et marque le retour des USA sur le continent africain avec des initiatives qu'une presse africaine qualifie d'« américafrique » qui peut s'opposer ou s'allier le cas échéant, à la « françafrique ». La nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme publiée par l'administration OBAMA en juin 2011 réitère la nécessité de renforcer la coopération entre les Etats du sahel et plus particulièrement entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger223(*) car, la menace d'AQMI se fait sentir de plus en plus à l'échelle continentale.

    B - AQMI, de la menace internationale à la menace locale

    La mort violente d'Oussama Ben Laden le 2 mai 2011, tué par les forces spéciales américaines dans une banlieue d'Islamabad, clôt certainement la fin d'un cycle224(*). Ce cycle de vie d'Al-Qaïda225(*) que Jean Pierre FILIU qualifie de neuf illustre une adaptation souvent forcée du réseau jihadiste aux contingences historiques et stratégiques du moment. Toutefois, si pour certains la menace semble avoir diminué avec le décès du  « prophète de la terreur » contre les croisés, pour d'autres, la crise au sahel plus précisément au Nord du Mali démontre une fois de plus que le niveau de la menace terroriste est en hausse. Celle-ci déjà observable au sahel (1) n'est pas loin des portes de l'Europe (2).

    1) Le sahel sur fond de contagion de la crise malienne

    La crise malienne est très complexe dans le sens où elle est entourée d'ambiguïtés et de paradoxes. Elle a une dimension interne et affecte la souveraineté du Mali dont la cohésion territoriale, mais elle fait aussi planée des inquiétudes sur une bonne partie du sahel et de l'Afrique de l'Ouest. C'est donc une crise à double facette : une dimension institutionnelle depuis le coup d'Etat ayant provoqué la chute du Président Amadou TOUMANI TOURE aggravée par la prise du nord du pays par des groupes terroristes donnant au conflit une dimension sous régionale nourrissant toutes les craintes d'instabilité en Afrique de l'Ouest226(*). Sans une volonté de contenir et de juguler l'expansion de cette gangrène, les dégâts pourront être considérables et compromettront ainsi toutes les avancées démocratiques dans tous les pays sahéliens. Le développement de la criminalité organisée, l'enlisement des tensions étatiques et la prolifération du fondamentalisme incitent dorénavant tous les acteurs à appréhender ces détails dans leurs globalités et leurs interactions227(*).

    A la faveur de l'insurrection libyenne et du « printemps arabe », on assiste à la réaffirmation des identités « ethniques », à la réémergence des questions territoriales et des revendications de représentativité politique et de justice sociale228(*). Les révolutions arabes ont eu des effets inattendus sur des communautés éloignées du coeur des soulèvements, longtemps restés invisibles229(*). C'est pourquoi, dans les zones de confins, d'anciennes conflictualités ressurgissent à travers la mobilisation de populations flottantes désireuses de s'insérer dans le processus d'émancipation générale. L'autre raison qui explique la réactivation d'anciens conflits tient au rôle et à l'influence qu'a eue le feu Mouammar Kadhafi au Sahara, qui fut à la fois un déstabilisateur et un acteur de paix pour de nombreuses populations, notamment pour les Touaregs et les Toubous.

    De même, la région est devenue une poudrière230(*) et une des régions les plus dangereuses du monde. Des centaines de membres de la secte islamiste BOKO HARAM se seraient réfugiés au Niger et au Tchad231(*), et d'après certains spécialistes, au Cameroun, plus précisément dans le nord de ce pays. Le sahel est donc devenu le nouveau foyer de combattants islamistes et d'acteurs attirés par de multiples largesses que la région offre. Pour l'ancien Président Malien Amani TOUMANI TOURE, « cela fait cinquante ans que le problème du Nord existe. Nos aînés l'ont géré, nous le gérons, et nos cadets continueront à le gérer. Ce problème ne finira pas demain »232(*). La bande Saharo-sahélienne reste incontrôlable selon lui parce que les combattants, militants, trafiquants ou commerçants sillonnent une région grande comme l'Europe en se moquant des frontières. Cette situation expose les pays riverains à une transnationalisation de l'insécurité avec une délocalisation de la menace terroriste vers des Etats extérieurs (européens). L'heure est donc à l'appréhension de l'urgence, car la précarité stratégique de cet espace risque de s'étendre et de s'installer sur la longue durée. A cet égard, la crise au sahel pourrait devenir une menace pour l'Europe.

    2) L'Europe, dans le miroir du glacier sahélien

    Les événements du 11 septembre 2001 ont ému toute l'Europe, mais n'ont jamais été compris par les européens pour ce qu'ils étaient en fait : un retour de la guerre233(*) au sein des sociétés les plus développées. L'émotion a donc assez vite fait place au sentiment qu'il s'agissait là d'un événement isolé, ou du moins qui ne se reproduirait pas à cette échelle234(*). Les experts européens chargés de la lutte antiterroriste reconnaissent aujourd'hui qu'ils ont identifié depuis une dizaine d'années une génération « internationale » sans base territoriale précise menaçant directement ou indirectement l'Europe. La zone Sahélo-saharienne, zone de voisinage européen, est très malade et les dégâts de sa maladie très contagieuse peuvent se transmettre de l'autre côté de la méditerranée. Les groupes terroristes qui parcourent le sahel brandissent le drapeau de cette menace terroriste. L'Europe et l'Afrique, avec comme cordon ombilical, la méditerranée, sont justement des continents conjugués avec des développements qu'on pourrait qualifier de coordonnés, inhérents à leur histoire et à leur géographie. Les liens d'interdépendance sont extrêmement forts en ce sens que ce qui passe dans cet espace affecte directement le continent européen. Si les voies de propagation et les localisations des métastases dépendent de la nature et de l'origine du foyer de la cellule cancéreuse, la crise au Nord du Mali a montré que les groupes islamistes restaient insaisissables.

    La menace d'AQMI pourrait en effet s'étendre aux portes de l'Europe car, comme on peut le constater, l'organisation a acquis en année une très grande expérience en termes de capacité d'action et de déploiement à l'étranger. L'organisation pourrait frapper, soit par l'utilisation d'individus déjà présents sur le sol européen pour monter une action sur le territoire d'un Etat (L'exemple pourrait être l'utilisation d'un individu à l'exemple d'un Mohamed MERAH chargé de commettre des crimes au nom du jihad ou d'AQMI en Europe)235(*) ou par l'envoi d'un commando ou d'un groupe mandaté pour une action spécifique et s'appuyant sur un support local dans l'un des pays de l'union. De même, les occidentaux eux-mêmes ayant rejoint des milices jihadistes peuvent être utilisés contre leurs pays. Et ils sont nombreux, des français et des binationaux qui ont bel et bien, ces derniers mois, rejoint les milices djihadistes au sahel236(*). De tels terroristes auréolés de prestige pourraient représentés une force d'attraction pour de nombreux jeunes de la même génération. Ces nouveaux gradés pourraient devenir l'âme de nouveaux réseaux, auxquels ils apporteraient en outre des compétences en matière de terrorisme urbain.

    L'arrestation en juin 2002 de plusieurs membres d'Al-Qaïda au Maroc alors qu'ils envisageaient de faire sauter un navire de guerre dans le détroit de Gibraltar a conduit certains observateurs européens à affirmer que la méditerranée serait probablement l'un des prochains théâtres d'opérations du réseau terroriste237(*). La région du sahel joue également un rôle important dans les plans européens et offre une profondeur géostratégique à l'Afrique du Nord, à l'Afrique de l'ouest et, plus indirectement, au bassin de la mer rouge. Cela signifie que les dynamiques géopolitiques qui caractérisent le sahel peuvent s'étendre aux frontières maritimes de l'Union Européenne de diverses façons. C'est ainsi que la méditerranée connait aujourd'hui une vraie question nord-africaine connectée étroitement à une vraie question sahélienne238(*). La prise pour cible d'intérêts politiques et économiques de pays européens au sahel a poussé certains d'entre eux à s'impliquer directement dans la lutte anti-terroriste sur le sol africain. L'UE a décidé de s'investir contre le terrorisme dans le sahel, en soutenant politiquement et financièrement des initiatives de développement des pays de la région. Toutefois, les moyens mis en oeuvre restent relativement faibles eu égard de la détresse des populations locales et de la fragilité institutionnelle des Etats sahéliens.

    CONCLUSION DU CHAPITRE I

    Joseph KI-ZERBO dans « A quand l'Afrique ? Entretien avec René HOLENSTEIN »239(*) rappelle que parmi les grandes questions posées au continent africain, figurent celle de l'Etat ainsi que celle de l'unité et de l'émiettement de l'Afrique. La situation au sahel n'a cessé de se détériorer ces dernières années du fait de la sécheresse, de la pauvreté et de la déliquescence des régimes politiques, des trafics et de l'expansion des groupes terroristes. Si les révolutions arabes ne se sont pas propagées sur le reste du continent africain, elles n'ont pas moins eu des conséquences néfastes, comme l'attestent les impacts de la crise en Libye en Afrique de l'ouest. Et la victoire des partis islamistes lors des différentes élections qui ont suivi l'après « printemps arabe » est considérée comme l'émergence d'un militantisme islamique en Afrique et facteur potentiel de menace.

    En bref, la région sahélienne est en proie à une situation proche du chaos qui ne s'est pas améliorée avec la crise malienne et dont l'issu reste incertaine. D'aucuns y voient dans cette crise, le moment opportun pour se repositionner en érigeant le sahel d' « espace de tous les dangers ». Pour y voir clair, il serait intéressant de cerner le bon grain de l'ivraie car, le tableau est complexe et il est difficile de déceler ce qui relève de l'intox et de la réalité. Dans cet immense désert aride où groupes terroristes et trafiquants de tout bord entretiennent des relations incestueuses, où groupes terroristes et Etats se livrent bataille en toile de fond d'intérêts géostratégiques, la prudence serait de rigueur. Ainsi, AQMI semble t-il être l'arbre qui cache la forêt, le terrorisme amplifié voilant les véritables enjeux et menaces240(*). Qui donc se cache derrière l'étendard AQMI ?

    CHAPITRE II : LE SAHEL, UNE REGION INCONTOURNABLE SUR LE PLAN GEOPOLITIQUE

    Espace de transit, le sahel n'a jamais constitué un obstacle à des pénétrations, des conquêtes, des explorations et à des dominations de diverses natures : espace conjugué, territoire convoité. Ce désert quadrillé par les Etats-nations issus des indépendances des années 1960, est actuellement parcellisé et meurtri. Qu'est devenue cette immense zone aride en ce début du 21e siècle ? Lourde de bouleversements, entre deux temps forts qui ont et vont conditionner le monde, à savoir celui du 11 septembre 2001 concernant la destruction des tours de Manhattan par un attentat suicide imputé à des membres du réseau jihadiste Al-Qaïda commandité par feu Oussama BEN LADEN et celui du 23 février 2011 relatif à l'intervention militaire en Lybie, acceptée par l'ONU selon la résolution 1973, mise en oeuvre par l'OTAN, et dont les conséquences sur l'ensemble de la sous région, bien que non encore réellement mesurables, permettent d'avancer des hypothèses241(*).

    Ces deux temps forts sont considérés comme des bouleversements aux conséquences innombrables qui s'inscrivent dans des stratégies différentes mais complémentaires. Sur fond de fragilité et d'instabilités régionales, les changements en cours, sont l'occasion de reconfigurations géopolitiques dans une région fragmentée et dominée par les « jeux de puissance et les logiques de nuisance »242(*). Une région confrontée au risque de voir se constituer de nouvelles fractures ou s'agrandir celles existantes243(*). Aujourd'hui, le théâtre sahélien semble faire l'objet d'une nouvelle poussée de l'islam politique, voire intégriste, risquant de fragiliser les équilibres précaires et d'offrir des angles de pénétration à la violence islamiste244(*)

    Sans nier l'existence d'activités criminelles et la menace terroriste, il semble opportun de relativiser l'importance d'AQMI, ce « rejeton d'Al-Qaïda », qui existe davantage dans l'esprit de certains acteurs cherchant plus à tirer profit du chaos sahélien qu'à l'éradiquer. Ainsi, qu'ils s'appellent AQMI ou autre, il s'agit principalement d'acteurs cherchant à tirer profit du désordre sahélien245(*). De ce fait, le sahel serait-il dans la tourmente des querelles géostratégiques ? Echiquier tourmenté, Territoire convoité (Section I), le sahel est devenu au fil du temps, un terrain de jeu des islamistes armés (Section II).

    SECTION I : `'SAHEL NOSTRUM'', UN ECHIQUIER TOURMENTE, UN TERRITOIRE CONVOITE

    L'espace sahélien, véritable polygone de crises, est travaillé par des tensions et des rivalités entre acteurs régionales et extrarégionales (Paragraphe I) et dont pour certains, le terrorisme au sahel, sert de tremplin pour stopper l'avancée fulgurante de la Chine dans la région (Paragraphe II).

    PARAGRAPHE I : TENSIONS ET RIVALITES ENTRE ACTEURS INTERNES ET PUISSANCES OCCIDENTALES

    De nombreuses puissances extérieures à la région sahélienne, mais également intérieures au continent africain, possèdent des intérêts stratégiques dans la bande sahélienne qu'ils entendent bien défendre et préserver. A côté des stratégies des puissances occidentales (B), les rivalités s'observent aussi au niveau des Etats du champ (A).

    A- Rivalités régionales entre acteurs du champ

    L'exacerbation des tensions tribales et religieuses sur fond de querelles ternissent l'image d'un sahel désuni et distant de ses obligations stratégiques communes. La rivalité des pays du sahel avec en toile de fond, la question de leadership (1) n'est pas sans ambiguïté dans les efforts de contreterrorisme dans la région qu'entretient l'Algérie (2).

    1- Les Etats riverains

    L'espace sahélo-saharien traverse et englobe totalement ou partiellement plusieurs pays membres de la CEDEAO et certains d'Afrique du nord qui partagent des problèmes liés directement ou indirectement à l'écosystème et à la géopolitique du sahel. Cette zone qui est un carrefour géostratégique et géoéconomique aiguise des convoitises qui ne sont pas sans conséquences dans les efforts communs de contreterrorisme dans la région. En effet, les rivalités entre voisins régionaux ajoutent bien sûr elle aussi une autre strate de complexité à la question sécuritaire. Dans de nombreuses crises qui secouent le continent, des groupes armés opérant dans un pays donné sont souvent soutenus, directement ou indirectement, par les gouvernements voisins, qui leurs fournissent des appuis financiers, militaires, ou qui simplement tolèrent leur présence sur le territoire national. Dans le cas sahélien, on notera par exemple que depuis le début du conflit au Sahara occidental au milieu des années 1970, le statut ambigu de communautés sahraouies, et notamment celui des combattants (anciens ou actifs) du Polisario, a toujours été une source de tension entre Alger et Rabat246(*).

    Le Maroc, rival de l'Algérie dans la quête du leadership Magrébin surveille très étroitement les 266.000 km2 du Sahara occidentale (ex colonie espagnole du Rio de Oro et de Saguia El Hamra). Ce territoire, dont l'indépendance est revendiquée par le Front Polisario empoisonne les relations entre le Maroc et l'Algérie depuis 30 ans. Le Maroc et l'Algérie ont ainsi fini par instrumentaliser le conflit et à l'intégrer dans leur agenda général de leurs intérêts particuliers247(*). Ces rivalités régionales finissent par déteindre sur l'ensemble des dynamiques qui se jouent à l'échelle régionale, où la collaboration cède la place à la suspicion et affaiblit de ce fait tout espoir d'une réelle stratégie commune régionale. Les uns en concluaient que le gouvernement algérien avait, au mieux, laissé faire ses « protégés », et au pire, les avait poussé à collaborer avec AQMI, groupe dont l'existence permet à l'Algérie de se positionner comme le champion de la lutte antiterroriste ; alors que pour d'autres, le lien AQMI-Polisario ne pouvait être qu'une manipulation du gouvernement marocain, qui cherchait à ternir à la fois l'image du Polisario que de son allié algérien.

    La monarchie marocaine n'a-t-elle pas intérêt à discréditer les Sahraouis tout en percevant sa part de rente stratégique assurée par sa participation dans la lutte contre le terrorisme ?248(*) Rabat entretient depuis l'indépendance (1956) de très étroites relations avec la France et les Etats-Unis, notamment en matière de défense et de sécurité. Cela contribue à entretenir la méfiance d'Alger à son encontre et même à l'égard de la France, ancienne puissance colonisatrice. Ce qui ne facilite pas la coordination régionale des actions contre AQMI, de même qu'il est l'une des principales causes du retard de l'intégration régionale et de l'impuissance de l'Union du Maghreb Arabe (UMA)249(*). Pour les mêmes raisons que l'Algérie et le Maroc, le Niger, le Mali et la Mauritanie entendent mieux contrôler la partie saharienne de leur territoire. Il s'agit toutefois pour eux, d'affirmer leur souveraineté sur l'ensemble de leur territoire national, d'assurer leur sécurité et de tirer parti des ressources naturelles (Hydrocarbures, minerais : l'uranium, localisé dans le Nord du pays, assure 90% des recettes du Niger à l'exploitation par exemple)250(*). Mais les moyens leurs font pleinement défaut, surtout aux deux derniers qui redoutent les calculs politiques régionales de l'Algérie depuis la mise à l'écart de la Libye qui nourrissait également des ambitions régionales.

    Au bout du compte, ces rivalités entre gouvernements régionaux rendent très difficile l'analyse et la compréhension des événements qui se déroulent dans la région, et par ricochet, elles nuisent à l'élaboration de politiques efficaces dans la région accompagnées souvent de malheureux incidents diplomatiques251(*). L'attitude de l'Algérie est très ambivalente face à la situation au sahel, ce qui fait dire à certains qu'Alger joue un double jeu.

    2- L'ambivalence de l'Algérie

    L'incapacité à définir l'ennemi commun a conduit à la fragmentation de la réponse régionale. Cette divergence et les désaccords qui en résultent se conjuguent à des déséquilibres de puissance qui déterminent la manière dont chaque partie appréhende la menace252(*). Avec des capacités militaires très élevées par rapport au reste des Etats sahéliens, l'Algérie considère que son approche, forgée durant la violente guerre civile des années 90, lui confère la priorité. Cependant, les Etats sahéliens voient d'un mauvais oeil l'accent mis par l'Algérie sur la dimension militaire qui néglige les considérations économiques, sociales et politiques qu'ils perçoivent comme imbriquées avec la stabilité de la région253(*). Ils avancent que si l'Algérie n'a pas réussi à éradiquer le terrorisme sur son propre sol durant les deux dernières décennies, comment pourrait-elle y parvenir dans la région ? La nature hybride de l'AQMI vient compliquer la situation.

    En effet, l'Algérie et AQMI sont intimement liés par l'histoire, la géographie et la sociologie. L'organisation terroriste, héritière du GIA et du GSPC, y est née et ses cadres sont encore aujourd'hui essentiellement algériens254(*). Le groupe est composé, d'une cellule établie en Kabylie et dans la région d'Alger, et des katibas sahéliennes impliquées dans la prise d'otages et dans des activités criminelles. Ces groupes terroristes géographiquement disséminés, agissent de façon autonome, parfois en concurrence plutôt qu'en coordination les uns des autres. D'une manière ou d'une autre, AQMI reste essentiellement algérien dans son origine et sa direction. Devenue une insurrection régionale ayant des points d'appui dans les communautés locales, elle opère avec le soutien d'agents gouvernementaux et de sécurité ainsi qu'avec les trafiquants de drogue (parmi lesquels des sahraouis du territoire contesté du Sahara Occidentale) et autres contrebandiers255(*).

    Les initiatives régionales sont fréquemment compromises par l'Algérie qui craint que ses partenaires n'opèrent en toute indépendance, au détriment d'Alger. Confronté aux attaques d'AQMI, chaque pays du sahel réagit en fonction de sa perception de la menace terroriste, de ses intérêts politiques et économiques, ce qui explique pourquoi les initiatives opérationnelles restent dispersées et peu coordonnées. Depuis trois ans, Alger n'a eu de cesse de vouloir centraliser « la lutte contre la terreur » au Sahara et au sahel et de se positionner comme l'acteur-pivot. En avril 2010, un comité opérationnel conjoint (CEMOC) entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie est installé à Tamanrasset, ne comprenant pas la Tunisie, la Libye et le Maroc censé appliquer le nouveau plan de sécurité régionale dont les effectifs qui devaient tripler en 2011 (de 25000 à 75000, dont 5000 touaregs) n'ont jamais vu le jour. Alger craint également le développement d'alliances régionales dont elle serait exclue, d'autant que les relations entre la Mauritanie et le Maroc se sont améliorées depuis l'élection d'AZIZ en 2009256(*).

    L'Etat de la coopération régionale est aussi le résultat d'un faible degré de confiance. L'Algérie considère le Mali comme le « maillon faible » dans la lutte contre le terrorisme ceci, par le peu d'engagement du gouvernement malien contre la menace terroriste et par son manque de volonté dans le partage d'informations nécessaire pour une coopération régionale commune. D'un autre côté, les responsables de sécurité de l'Etat malien voient le terrorisme comme un legs de l'Algérie, la plupart des leaders d'AQMI étant algériens. Cette méfiance trouve son explication dans les soupçons qui pèsent sur le rôle joué par les services de renseignement algériens, le DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité), dans l'infiltration de certains groupes terroristes dans les années 90, puis, dans l'exportation du terrorisme algérien sur leur territoire. AQMI avancerait-elle sensiblement au gré des intérêts de cercle de pouvoir algérien ? Comme le souligne Alain CHOUET : « La violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le djihadisme internationaliste du type Al-Qaïda (...) cette violence paraît toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes de la vie politique algérienne »257(*). Jeremy KEENAN précise que : « Le DRS opère vraiment comme un Etat dans l'Etat. Et il est à peu près sûr que les cercles politiques, dirigeants, surtout à la présidence et au ministère de l'intérieur, ne sont pas entièrement au fait de ses multiples activités au Maghreb et au Sahel »258(*). La relation complexe de l'Algérie avec les autres Etats, tient aussi au soutient qu'elle est réputée avoir offert aux rebellions Touarègues au Mali et au Niger, pour contrecarrer l'hégémonie libyenne au Sahara. Alger avait servi de médiateur dans les accords de paix en 1991 et 2006.

    La crédibilité de l'Algérie est par ailleurs prisonnière d'une série de paradoxes. Considérée comme ayant les forces armées les mieux entrainées du Maghreb et fière d'avoir vaincu l'extrémisme islamiste dans les années 90, comment se fait-il que les efforts pour affronter AQMI dans le Sud du pays n'ont pas été aussi intenses ? Les autres Etats sahéliens, qui attendent beaucoup d'un Etat algérien plus riche qu'eux regrettent ce désengagement. Il est incontestable que, jusqu'à présent, l'attitude de l'Algérie face à la menace représentée par AQMI sur son flanc Sud a été ambiguë. Elle prétend par exemple prendre au sérieux cette menace, mais refuse toute action impliquant l'armée algérienne hors de son territoire259(*) et déclare en même temps que l'incertitude en Libye et la crise au Nord du Mali sont une menace directe pour sa sécurité. De même, il est frappant de constater que l'organisation géographique de l'outil militaire algérien, de loin la plus importante de la région, traduit un fort conservatisme dans la pensée stratégique, car entièrement tournée vers la « menace » que représenterait le Maroc. Ainsi, dans le cadre d'une sous-traitance, AQMI serait-elle en partie un instrument d'influence entre les mains de clans algériens générant une rente stratégique monnayable auprès des occidentaux qui, eux-mêmes auraient des visées dans la région ?

    B - MANOEUVRE DES PUISSANCES OCCIDENTALES DANS UN SAHEL DESTABILISE

    Est-il aujourd'hui concevable d'aborder les enjeux stratégiques méditerranéens en faisant l'impasse sur la géopolitique du théâtre sahélien ?260(*) De nombreuses puissances extérieures s'intéressent à ce « ventre mou » qu'est la région sahélienne animées par des appétits géostratégiques. Plusieurs d'entre elles sont installées dans cette région depuis et ont des intérêts stratégiques qu'elles entendent bien défendre et préserver (1). La préservation de ces droits acquis ne se fait pas sans compétition entre ces différents acteurs qui érigent le terrorisme comme menace mondiale afin de mieux pénétrer la région (2).

    1- La présence historique des pays occidentaux et leurs intérêts économiques au sahel

    De nombreuses puissances extérieures à la région sahélienne, mais également extérieures au continent africain possèdent des intérêts stratégiques en Afrique de l'Ouest qu'ils entendent bien conservés. Ancienne puissance coloniale, la France poursuit une politique de coopération remontant, avec des hauts et des bas, aux indépendances, proclamées en 1960261(*). Ses intérêts sont non négligeables dans la région. Le Niger, l'un de ses principaux partenaires dans la région assure un tiers de son approvisionnement en uranium. Le fer de Mauritanie, l'étain et l'or du Mali et peut-être dans un futur proche, les hydrocarbures dont le pétrole du Sud saharien, sont autant de ressources qui ne laisse pas Paris indifférent qui désire faire du sahel son pré carré. Les bases de Libreville et Ndjamena forment, non loin du sanctuaire d'AQMI, les deux premiers maillons d'un dispositif militaire qui se prolonge à Djibouti et à Abou Dhabi.

    A la veille de l'inauguration de cette dernière base installée au Qatar, et qui dévoile une nouvelle vision stratégique militaire française, (le 26 mai 2009), le Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy déclarait : « avec cette base, notre première au Moyen-Orient, la France montre (...) qu'elle est prête à prendre toutes ses responsabilités pour garantir la stabilité de cette région essentielle pour l'équilibre du monde »262(*) . Toutefois, l'action de la France dans la région se heurte aux réticences d'Alger. Celle-ci d'une part, instrumentalise, pour des raisons de politique intérieure, la thématique du néocolonialisme afin de se forger une légitimité « nationale », discréditer les adversaires de la faction au pouvoir et tenter de rallier une partie des sympathisants de l'islamisme263(*). D'autre part, les dirigeants algériens veulent écarter la France de la zone sahélienne pour faire prévaloir leur hégémonie en tant qu'acteur incontournable dans la région dans la lutte contre le terrorisme. Quant à Paris, certains analystes lui prêtent le projet de constituer avec le Mali et le Niger, peut-être le Maroc et la Tunisie, un « bloc contre hégémonique » face à l'axe Washington-Alger264(*).

    Depuis la fin des rivalités Est-Ouest, les Etats-Unis ont jeté leur dévolu sur l'Afrique. Face au rouleau compresseur chinois, ils s'y devaient d'affirmer leur présence et de s'implanter avec force. En vertu de l'AFRICAN GROWTH AND OPPORTUNITY ACT (AGOA), les Etats-Unis fournissent une aide économique régionale spécifique depuis 2000. Ils seraient en tête des principaux pays fournissant de l'aide en zone de peuplement Touareg au sahel. Dans la course mondiale aux approvisionnements énergétiques, ils multiplient également des investissements par exemple en Algérie, pivot du Nord AFRICAN PARTNERSHIP FOR ECONOMIC OPPORTUNITY conclu en 2009. De même, depuis les attentats du 11 septembre 2001, ils ont augmentés de manière significative leur coopération et leur présence militaire en Algérie et en Afrique Subsaharienne.

    A côté des Etats-Unis, la Chine, dernière venue et privilégiant la carte de la séduction (Soft Power), s'active dans la région du sahel. Elle intensifie son action à travers le développement d'infrastructures. Afin de couvrir une partie de ses énormes besoins en matières premières, elle se livre également à une intense activité de prospection (hydrocarbures, minerais) au Mali et au Niger, ce qui ne peut manquer de l'impliquer dans les rivalités avec la France. A titre d'exemple, depuis 2007, elle exploite une partie de l'uranium nigérien à travers le gisement d'AZELIK. Chacun des pays cherchent ainsi à se positionner ou à se repositionner à travers différents stratagèmes de pénétrations.

    2- Les stratégies des pays occidentaux dans le contre terrorisme comme vecteur de pénétration

    L'insécurité endémique et persistante au sahel doit être analysée avec prudence et remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères. L'arc sahélien attire les convoitises et aiguisent les appétits du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de désenclavement des ressources énergétiques. Pour cela tous les moyens sont bons pour ériger le sahel en espace de tous les dangers. Dans ce cadre, les objectifs stratégiques poursuivis obéissent à des calculs à long terme visant à justifier une pénétration militaire sur la base d'opérations de nettoyage et de lutte contre le terrorisme au sahel265(*). Potentiel fournisseur prépondérant d'énergie à l'horizon 2030, le sahel suscite des querelles géostratégiques pour le contrôle des gisements, enjeu majeur, mais également des itinéraires d'évacuations dessinant jour après jour une nouvelle géopolitique des tubes. La réalité géographique de cette zone permettrait à certains Etats, s'ils se positionnent économiquement et ce serait l'optimum pour eux, militairement de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et les richesses d'Afrique de l'Ouest266(*).

    Dans un contexte où la fiabilité de certains fournisseurs Moyen-orientaux pose question et où les prix flambent en raison d'un contexte géopolitique explosif, les Etats énergivores, hautement dépendants, se mettent à la recherche de nouvelles sources d'approvisionnements267(*). La révolution démocratique en Libye a été exploitée à bon escient afin de compléter cette stratégie. La guerre menée par la coalition à démontrer l'existence de calculs politiques particuliers de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, et révèlent des intérêts concurrents entre eux et à l'égard des puissances tierces (Italie, Russie, Qatar, Arabie Saoudite etc.) à l'échelle Libyenne, mais également à l'échelle du Maghreb et du sahel. Le point d'appui Libyen offrirait aux occidentaux, une porte d'entrée vers le théâtre sahélien et l'Afrique afin de lutter contre AQMI, sécuriser les approvisionnements en pétrole et minerais, et contenir la Chine. La Russie n'est pas en reste. La compagnie russe Gazprom a commencé sa pénétration au sahel par l'Algérie et le Nigéria à travers GAZPROMBANK NGS, filière de Gazprom. Elle a fini par obtenir du Niger en 2011, un accord de concession minière pour la recherche et l'exploitation de gisement d'Uranium268(*).

    L'ancienne puissance coloniale qui se situe au milieu de ces querelles, cherche aussi à se positionner pour sécuriser ses approvisionnements surtout en uranium au Niger mais aussi dans le site de FALEA, une commune de 21 villages et 17. 000 habitants, situés dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako. D'ailleurs, son ambassadeur, Christian ROUYER, déclarait il y a quelques mois « qu'AREVA sera le futur exploitant de la mine d'uranium à FALEA ». L'opération Serval269(*), outre sa raison humanitaire si chère à Bernard KOUCHNER et autres, cacherait en toile de fond ou de manière indirecte des intérêts économiques. Si le danger terroriste est bel et bien présent au sahel comme en témoigne la crise au Nord du Mali, il n'en demeure pas moins que cette menace est perçue par certains, comme un moyen pour les occidentaux de contenir l'avancée chinoise en Afrique.

    PARAGRAPHE II : LA CHINE, DANS LE VISEUR DE L'OCCIDENT

    Depuis le début des années 2000, on assiste à une croissance fulgurante des relations sino-africaines270(*) qui interagissent avec les calculs stratégiques aussi bien des partenaires dits traditionnels que des nouveaux venus. Si les motivations de la Chine pour l'Afrique s'expliquent à travers plusieurs raisons (B), l'occident reste très inquiet face à cette pénétration du géant asiatique vers le continent africain (A).

    A- L'inquiétude de l'occident face au safari de la chine en Afrique

    L'Afrique n'est plus la chasse gardée de l'occident, mais désormais une chasse croisée, entre des puissances extrarégionales. Les nouveaux arrivants que sont les chinois entretiennent des intérêts stratégiques divergents avec des puissances dont la présence résulte d'une longue tradition. C'est ainsi que derrière la lutte contre le terrorisme au sahel, des rivalités existent entre la Chine et les Etats-Unis (1) et entre la Chine et l'Union-Européenne (2).

    1- La rivalité sino-américaine

    Il y a un grand jeu en train de se préparer au sahel et les pions sont mis en place progressivement entre les Etats-Unis et la Chine. Cette hypothèse est fondée avant tout par le regard, de plus en plus critique, jeté par Washington sur l'expansion de la diplomatie chinoise à travers le monde, en Afrique singulièrement. Dans ce cas de figure, les Etats-Unis et la Chine s'implique particulièrement dans cette entreprise au risque de mener des actions concurrentes exacerbant leur relation. Outre la compétition entre les deux grands qui s'observe en Guinée Equatoriale et en Angola, le Sahel est devenu le nouveau gâteau que se querelle ces deux puissances. Pour comprendre la stratégie de Pékin, il est indispensable de saisir l'ampleur des enjeux du continent africain271(*). La chine est positionnée de manière extrêmement forte au Soudan, où elle est majoritaire dans les principaux champs pétrolifères du pays (Muglad et Melut). Elle désenclave le pétrole Sud-Soudanais vers Port-Soudan et l'exporte à travers la Mer rouge. L'idéal pour la Chine serait d'arriver à relier les champs pétrolifères se trouvant au Tchad via ces oléoducs et donc de se constituer un réseau de désenclavement de ces richesses. La China National Petroleum Corporation (CNPC), la Chinese National Off Shore Oil Compagny et China Petroleum Corporation (SINOPEC) sont déjà présents dans les pays sahéliens, notamment au Niger, en Mauritanie et au Tchad, et mènent également des prospections au Mali272(*).

    Mais parallèlement, les Etats-Unis ont un autre projet politique qui lui est déjà mis en place à travers un oléoduc qui désenclave le pétrole Tchadien par le golf de Guinée. Les compagnies pétrolières américaines concentrent leur effort dans le golf de guinée. Le pétrole étant l'enjeu majeur, il n'est pas étonnant de voir le Nigéria, l'Angola et la Guinée Equatoriale en tête des partenaires africains des Etats-Unis. La Guinée Equatoriale constitue la 1ere zone dans la stratégie pétrolière de Washington. Troisième producteur de pétrole d'Afrique Subsaharien après le Nigéria et l'Angola, ce pays bénéficie d'importants investissements américains. Il y a ensuite des pays dont le principal produit d'exportation est le pétrole brut, à savoir le Congo Brazzaville, le Tchad et le Gabon. Depuis le début des années 2000, Washington cherche à renforcer la présence de ses majors en Afriques. Walter KANSTEINER, le vice-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines, ne déclarait-il pas en 2002 que le pétrole africain « est devenu un intérêt national stratégique ? », et le sénateur républicain Ed Royce de renchérir que « le pétrole africain devrait être traité comme une priorité pour la sécurité nationale des Etats-Unis de l'après 11 septembre »273(*). Aujourd'hui, Pékin craint sérieusement les risques d'une politique d' « energy containment » menée par Washington. La vive rivalité américano-chinoise à l'égard du sahel et du continent africain est un test dans les rapports qu'entretiennent ces deux puissances. Il convient de noter que l'Europe tout comme les Etats-Unis, n'y voit pas d'un très bon oeil l'avancée de la Chine en Afrique.

    2- La rivalité Sino-européenne

    La ruée vers l'Afrique ne s'arrête cependant pas aux rivalités sino-américaines. Sans faire autant de vague que la Chine, l'Europe avance aussi ses pions dans ce champ sahélien qui ne laisse personne insensible. Pour des raisons à la fois historiques et géographiques, des liens forts unissent les Etats de la rive nord de la Méditerranée (France, Royaume-Uni, Espagne, Italie etc.) à ceux de la rive Sud et de la zone Sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Tchad...). Des coopérations bilatérales et communautaires ont été développées avec ces pays ainsi que des relations commerciales, économiques, politiques, culturelles et migratoires. Ces relations ont été sanctionnées d'ailleurs par des politiques cibles de la part de l'Union Européenne dans l'ensemble de ces domaines. Le récent retour de la Chine en Afrique, après un retrait relatif suscite beaucoup d'inquiétudes en Europe face à une attitude jugée « prédatrice ». Eric IZARAELEWICZ dresse le constat suivant : « les conditions actuelles de l'OPA chinoise sur l'Afrique ont quelque chose de révoltant. Deux raisons. D'abord, pour aider les pays africains, les grandes puissances industrielles et les organisations internationales ont accepté, ces dernières années, d'effacer leur dette. Aujourd'hui la Chine ramasse la mise. Elle accorde à ces pays, désendettés donc, des prêts. Sans conditions publiques d'abord - c'est le principe de non ingérence cher à Pékin. Ce qui conforte les régimes les plus corrompus ou les plus durs de la région. Des prêts surtout destinés à acheter chinois bien sûr. Tout cela n'est pas très fair play »274(*).

    L'Union Européenne dont 20% des importations pétrolières proviennent de l'Afrique n'apprécie guère la stratégie chinoise en Afrique. En effet, même si le pétrole africain ne constitue pas un enjeu stratégique pour la majorité de ses membres, il reste que la guerre du gaz de décembre 2005 livrée par la Russie (qui fournit 25% du gaz et 42% du pétrole de l'UE) incite à s'intéresser à d'autres sources d'approvisionnement, dont l'Afrique. Elle porte un grand intérêt au projet du « Trans saharan gaz pipeline » (TSGP), un gazoduc devant relier le Nigéria à l'Algérie via la méditerranée pour alimenter l'Europe. Cet ouvrage devrait permettre l'acheminement de 20 à 30 Gm3 par an, principalement vers l'Europe. Son coût est estimé aujourd'hui à plus de 10 milliards de dollars supplémentaires pour la construction d'infrastructures destinées à permettre la collecte du gaz au Nigeria. En juin 2009, un accord a été signé entre les gouvernements d'Algérie, du Nigéria et du Niger visant la construction de ce gazoduc à l'horizon 2015. Il existe aussi un projet Libyen de prolongement du Greenstream vers les champs pétrolifères tchadiens et du Darfour. L'énergie solaire est également au menu du livre vert de la Commission Européenne sur la sécurité de l'approvisionnement énergétique : l'Algérie, la Tunisie et le Maroc275(*) peuvent offrir des solutions économiquement et techniquement viables pour l'UE qui devra importer « 15% de son électricité à partir du solaire en 2029 »276(*). Le méga projet Désertec fait parti de cette stratégie européenne visant à se positionner au sahel. Au moment où l'UE entend insuffler un nouveau dynamisme à sa coopération avec l'Afrique par la promotion d'une démarche multilatérale277(*), la Chine acceptera telle de la rejoindre autour du « partenariat de valeurs » dont parle Louis Michel Commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire ?278(*)

    B- Les motivations de l'implication de la chine en Afrique

    Au commencement était l'histoire ! Tel semble être le credo de la Chine pour célébrer son retour sur le continent africain279(*). Pour une puissance émergente sans passé coloniale en Afrique280(*), il s'agit de sceller les retrouvailles autour des principes fondateurs qui tirent leur légitimité de l'histoire commune partagée. Comme le rappelle volontiers le Président chinois Hu JINTAO, « L'amitié Sino-africain plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s'approprier au fil des ans »281(*). Ainsi, le come back de la Chine vers l'Afrique s'explique à travers des raisons politico diplomatiques (1) et économiques (2).

    1- Des raisons politiques et diplomatiques

    Après une période d'absence entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, Pékin semble faire son grand retour. Les enjeux de la politique africaine de Pékin dépassent désormais le continent africain. Loin d'abandonner les thématiques anciennes, la Chine s'appuie sur un discours tiers-mondiste Sud-sud fondé sur un passé, constamment rappelé, de lutte commune contre « tous les impérialismes ». Pékin a désormais les moyens de mener une diplomatie active tous azimuts et d'être de plus en plus influente politiquement dans le monde282(*).

    Premièrement, la Chine veut s'assurer le soutien des pays africains à l'ONU face à Taiwan avec qui elle est en conflit depuis 1949 avec pour enjeu, la non reconnaissance de l'île de Formose. En maintenant des relations avec un nombre substantiel de pays amis, les dirigeants chinois s'efforcent de développer un réseau d'alliés et des majorités capable de soutenir et de lui apporter un soutien au sein des Organisations Internationales. Les pays africains représentent plus d'un tiers de l'ONU283(*) ; ce qui est un grand intérêt pour la Chine. La stratégie de marginalisation diplomatique de Taïwan sur le continent africain rencontre donc comme partout ailleurs, le succès, d'autant que la République Populaire de Chine en raison de son potentiel économique fait jouer la carte du chéquier. De même, la République Populaire de Chine tente d'obtenir le soutien à l'ONU des pays africains sur la question de la définition des zones économiques exclusives qui l'oppose à Tokyo en mer de Chine284(*). Cette tendance est rendue explicite par une expression imaginée : « Le vaste nombre des pays du tiers-monde s'unira certainement et soutiendra la Chine comme de nombreuses fourmis protégeant l'éléphant du danger »285(*). Et selon le Ministre chinois des Affaires Etrangères, pour réussir à contrecarrer les manoeuvres occidentales, la Chine et l'Afrique devraient travaillés main dans la main, ceci, dans l'intention de contenir ou d'affaiblir les puissances occidentales pas toujours favorable aux intérêts chinois286(*).

    Deuxièmement, elle a entrepris d'asseoir une influence culturelle en Afrique, domaine dans lequel l'avancée des puissances occidentales traditionnelles comme la France et les Etats-Unis est inégalée pour l'instant. Celle-ci passe par des stratégies de « low ou ligh soft power » selon qu'elles visent les citoyens en général ou l'élite politique, militaire et diplomatique287(*). Elle a multiplié l'octroi des bourses aux étudiants288(*) et accorde des visas aux africains. Par ailleurs, elle s'est engagée en 2006 lors du 3e forum de Coopération Chine-Afrique, à former 15000 africains dans ses écoles et universités. Elle a mise sur pied plusieurs Centres Culturels ayant pour objectif de répandre l'usage de la langue chinoise en Afrique. La promotion des Instituts Confucius, équivalents des Centres Culturels Français ou Américains, participe du « Low Soft Power » et constitue un des instruments à travers lesquels les autorités chinoises entendent créer un cadre d'interaction entre chinois et africains289(*). Dans le domaine des médias, la China Central Télévision (CCTV) a inauguré, en septembre 2007, une chaîne en langue française destinée prioritairement aux auditeurs francophones. En février 2006, Radio Chine Internationale (CRI) a ouvert une station en modulation de fréquence à Nairobi, au Kenya qui diffuse en anglais, chinois et swahili. D'autres stations ont aussi vu le jour sur le reste du continent. Cependant, ces initiatives démontrent une vision d'ensemble, la Chine étant consciente que son éventuel statut de grande puissance tiendra pour une bonne part à son rayonnement culturel290(*).

    En troisième lieu, la Chine utilise l'Afrique pour s'ériger en grande puissance afin de jouer un rôle majeur sur la scène internationale. Pékin milite désormais pour le maintien de la paix dans le monde en général et en Afrique en particulier. Plus que par le passé, elle participe dans le cadre de l'ONU aux missions de maintient de la paix dans le monde pour se faire une image d'acteur responsable, facteur de stabilité dans le monde. En se comportant de la sorte, le géant de l'Asie vise un double objectif. D'un côté, elle veut montrer à ses partenaires africains qu'elle est prête à l'assister dans la résolution de leurs conflits intérieurs. De l'autre, la Chine lance un signal fort à la Communauté Internationale en se posant en grande puissance, garante de la paix dans le monde. Dans la pratique, on a enregistré un réel accroissement des contributions matérielles, de même qu'un renforcement du personnel chinois mis à la disposition de l'ONU en Afrique, mais aussi au Liban, en Haïti et au Timor Oriental. Au 30 juin 2010, la Chine participait à 10 des 16 opérations onusiennes en cours, déployant un total d'environ 2012 casques bleus.

    L'Afrique est d'emblée un bénéficiaire privilégié de cet engagement chinois sous l'égide de l'ONU, puisque plus de 1600 casques bleus chinois, c'est-à-dire près de trois quart, sont présents dans six des sept missions en cours sur le continent. En juin 2006, la Chine a pris, pour la première fois au sein du Conseil de Sécurité, l'initiative de soutenir le plaidoyer africain pour le déploiement d'une mission de paix en Somalie. De plus, deux flottes chinoises qui révèlent aussi les ambitions de projection militaire de Pékin ont été affectées à la mission anti-piraterie dans le golfe d'Aden au large des côtes somaliennes, la première à la fin 2008 et la seconde au mois d'avril 2009. Enfin, ces dernières années on note une réelle adaptation dans l'approche chinoise dans le sens du pragmatisme qui se manifeste par un engagement croissant sur le plan économique.

    2- Des raisons économiques

    Trente ans après le début des réformes, la présence de la Chine en Afrique est devenue dynamique, sophistiquée et multidimensionnelle. Elle soulève par la même occasion des défis et enjeux complexes car, la dimension économique de la pénétration chinoise quant à elle, est révélatrice des ambitions de Pékin. Ainsi, en misant sur la diplomatie pour réussir l'ouverture de la Chine au monde et conforter ses chances de développement, Den XIAOPING, l'artisan de la Chine moderne posait en filigrane les exigences de la politique extérieure chinoise en Afrique. Ses successeurs Jiang ZEMING et Hu JINTAO ont compris que la coopération militante teintée d'idéologie tiers-mondiste devait céder le pas à une approche pragmatique centrée avant tout sur les intérêts de la Chine. Réalisme et pragmatisme semblent être les leviers sur lesquels s'appuie Pékin pour mettre en oeuvre sa diplomatie économique et commerciale en Afrique, nouveau poumon stratégique de puissance.

    Sécuriser ses voies d'approvisionnements énergétiques et pénétrer les marchés africains sont les deux axes, respectivement défensif et offensif, de sa politique. La présence chinoise à travers une percée par le Soudan du Sud obéit à cette logique. En effet, Pékin ne dispose pas de savoir faire technologique pour exploiter ses réserves naturelles à cause des contraintes géologiques et surtout en raison de ses raffineries inadaptées pour traiter la haute teneur en sulfure de son pétrole. A ces contraintes d'ordre technique, s'ajoute une raison géopolitique majeure : la Chine, depuis les conséquences énergétiques de la rupture avec l'URSS dans les années 60, a toujours redouté une « energy containement ». Pierre Antoine BRAUD en conclut que : « la croissance économique chinoise pouvant être remise en cause, il s'agit pour Pékin de diversifier ses sources d'approvisionnements, sans recourir au marché international, mais en obtenant un contrôle durable de l'exploitation et de la production »291(*).

    La politique africaine de la Chine s'inscrit également dans le cadre plus large d'une stratégie de contournement ou d'affaiblissement des puissances occidentales ou assimilées (...), dans une situation internationale décrite à Pékin comme « complexe », c'est-à-dire, pour décoder la terminologie officielle, peu favorable aux intérêts chinois292(*). Dans ce contexte, la politique africaine de la Chine se distingue par l'accent officiellement mis sur « le respect des intérêts des pays africains », en opposition au modèle néocolonialiste traditionnel293(*). Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine publié pour la première fois à Pékin au mois de janvier 2006 précise que : « La Chine oeuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique »294(*). Cette position reprend les principes généraux de la coexistence pacifique qui demeure pour Pékin d'actualité et s'exprime quasiment dans les mêmes termes depuis la déclaration publiée lors de la visite de Jiang ZEMING en 1996, jusqu'aux cadres fondateurs du Forum de Coopération Chine-Afrique en 2000.

    Il s'agit pour Pékin de développer les échanges, en multipliant les visites de haut niveau qui soulignent l'importance de l'Afrique, d'accroître l'aide « sans condition politique », de pousser la Communauté Internationale à augmenter son soutien, et de défendre le rôle de l'Afrique sur la scène internationale. Il en résulte que dans le discours chinois, cette stratégie s'exprime par la défense d'un ordre économique plus juste fondé sur le respect sourcilleux de la non ingérence qui rencontre un écho incontestable sur le continent noir. Robert Mugabe n'exprimait-il pas en mai 2005 à l'occasion du 25e anniversaire de l'indépendance du Zimbabwe qu' « il nous faut nous tourner vers l'Est, là où se lève le soleil »295(*) ? Véritable champ de bataille de la guerre contre le terrorisme avec en ligne de mire des visées géostratégiques, l'espace sahélien est de plus en plus vulnérable face à l'extrémisme islamique, qui essaie d'étendre son influence à travers le sahel et le reste de l'Afrique.

    SECTION II : LE SAHEL, TERRAIN DE JEU DES ISLAMISTES ARMES

    Depuis une dizaine d'années, on assiste à un retour du sahel sur la scène politique internationale et médiatique. Cette immense étendue désertique traverse en effet une période agitée en raison de l'installation des groupes islamistes qui ont fait de son sol, leur terrain d'action (Paragraphe I) et leur nouveau foyer pour l'islam religieux en Afrique (Paragraphe II).

    PARAGRAPHE I : L'ESPACE SAHELIEN, UNE ZONE PRISEE PAR LES TERRORISTES

    La zone Sahélo-saharienne est un immense paradis sableux (A) qui, géographiquement profite aux mouvements terroristes et différents trafiquants qui entretiennent des relations, nouent des alliances pour mieux s'installer dans la région (B).

    A- L'espace sahélien, `'un océan de sable''

    L'espace géographique sahélien, fragile de son état est une zone facilement manipulable pour les groupes terroristes (1) qui en ont fait de cette région, leur refuge et une zone de non droit (2) comme la Somalie, les montagnes afghans ou du Yémen ou encore comme les gorges du Pankissi en Géorgie où sévissent les terroristes tchétchènes.

    1- Une zone facilement manipulable

    Le sahel et le Sahara forment des espaces immenses, assimilés à un « océan de sable » qui s'étend de l'Atlantique à l'Ouest à la Mer Rouge à l'Est sur 6000 km de longueur. Le Sahara couvre une superficie de 8 millions de km2 et le sahel 3 millions de km2. Ils couvrent à eux deux une région ayant trois sous régions comprenant, l'Afrique du Nord située au Nord du désert du Grand Sahara avec cinq Etats : la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie ; l'Afrique de l'Ouest qui comprend approximativement les pays côtiers au Nord du golfe de Guinée jusqu'au Sénégal ainsi que les pays de l'arrière pays sahélien et le sahel, qui désigne la bande de territoire marquant la transition à la fois floristique et climatique entre le domaine saharien au Nord et les savanes. Du fait de leur porosité, de leur étendue et de leur imprécision, les frontières sont faciles à franchir. Ces avantages tendent à étayer l'information selon laquelle AQMI aurait son sanctuaire dans la région montagneuse du Timétrine, au Nord-ouest de l'Adrar, des Ifoghas au Mali296(*). Cela gène considérablement la localisation d'unités mobiles, d'otages, ainsi que toute action militaire.

    Si les combattants de l'AQMI perpétuent leurs actions dans le Nord de l'Algérie, il convient toutefois de reconnaître que ce sont bien les deux katibas du Sud associer aux autres mouvements terroristes récemment crées qui font désormais la renommée d'AQMI. De par ses caractéristiques géographiques, politiques et socioéconomiques, le sahel est un terrain propice à l'établissement des groupes terroristes, à la recherche d'un lieu hors de portée des services de sécurité étatiques. AQMI a aussi profité de la détresse et de la pauvreté d'une partie de la population de la région ainsi que de la fragilité sécuritaire des Etats pour mieux s'implanter. Les autorités maliennes et nigériennes ont longtemps délaissé la partie Nord de leur territoire pour ne développer que les zones avoisinant le fleuve Niger297(*). Cela a favorisé l'émergence des rancoeurs que les islamistes alimentent en fournissant des aides financières et médicales aux populations abandonnées.

    L'autre élément explicatif de la facilité d'action de l'AQMI dans la région réside dans les vestiges des luttes infra étatiques. Depuis vingt années, des conflits opposent régulièrement les gouvernements à des franges de leur population souhaitant bénéficier des revenus issus des richesses naturelles de leur pays. Ces luttes ont eu comme conséquence l'apparition de bandes armées ayant pris le contrôle de pans entiers de ces territoires, faisant du sahel une zone de quasi non droit. L'absence de moyens humains et militaires a fait apparaître un large no man's land échappant à tout contrôle. Et comme la nature a horreur du vide, l'espace sahélo-Saharien s'est vite transformé en un sanctuaire pour les groupes rebelles et terroristes298(*).

    2- Le sahel : une zone de non droit pour les terroristes et jihadistes

    Le sahel, caractérisé par son extrême porosité et par un contrôle étatique très faible voire inexistant, possède tous les atouts pour devenir le nouveau sanctuaire islamiste de la planète. Comme l'a écrit Mehdi TAJE, chargé des Etudes Africaines à l'Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM) : « la vulnérabilité du sahel découle de la vulnérabilité des Etats »299(*). L'éloignement des capitales des Etats riverains a favorisé la marginalisation des zones sahélo-sahariennes. Il en est résulté une montée en puissance des groupes rebelles et jihadistes aggravant l'instabilité de la bande sahélienne et menaçant la sécurité et l'intégrité territoriale des Etats riverains. L'occupation du Nord du territoire malien est une illustration de cette montée en puissance qui risque, s'il n'y est pas mis fin, d'ouvrir la voie à une balkanisation des Etats de la région ; d'où l'empressement manifesté par la CEDEAO de se saisir de la crise malienne ; pareil pour la France via « l'Opération Serval ».

    L'urgence est de rigueur, la précarité de cet espace risque de s'étendre et s'installer sur la longue durée profitant du fait que le sahel et le Sahara soient devenus des territoires en dégénérescence. Des narcotrafiquants y ont trouvé un terrain de prédilection pour mener leurs activités criminelles en s'associant aux groupes rebelles et jihadistes. La région s'est transformée en une véritable « plaque tournante » pour les trafics de stupéfiants (cocaïne, cigarettes, drogues) à côté du regard passif des Etats sahéliens. Ce trafic a pris une telle ampleur que, de zone de transit et de commerce, l'Afrique est devenue zone de consommation de cannabis, de cocaïne et même de drogues dures à grande échelle300(*) . La quantité de cocaïne qui passe par les pays de la sous-région est estimée à environ 40 tonnes par an, ce qui représente environ, 1,8 milliards de dollars301(*). Cette interconnexion entre phénomène terroriste et grand banditisme a fait de la région une des moins sûres du monde.

    B- UN ESPACE DE JONCTION ET DE COLLUSION ENTRE MOUVEMENTS TERRORISTES ET JIHADISTES

    Les répercussions de la crise Libyenne ont été nombreuses dans la zone sahélienne à la suite du retour en force des groupes terroristes dans le sahel et particulièrement dans le Nord Mali. Chacun de ces groupes (en fonction de ses origines, de ses objectifs et de ses modes d'action) et tous ensembles vont essayés de mettre en place des alliances et dynamiques de collaboration afin de renforcer leur présence et d'accentuer leur menace sur le terrain. Dans cette dynamique rebelle éclatée et volatile (2), AQMI va ainsi créer des liens avec des réseaux terroristes portant les germes d'une menace particulièrement dangereuse et difficile à combattre (1).

    1- Liaison dangereuse entre AQMI et ses filiales

    Le pire est-il déjà arrivé ou à craindre ? Une réalité est cependant bien présente, l'Afrique est l'une des régions du monde qui connaît une évolution constante de la menace terroriste302(*). Si des liens avec des réseaux criminels présents au sahel ne sont plus à démontrer, AQMI en a profité du désordre sahélien pour mettre en place tout un ensemble de toile qui s'étend au delà des frontières sahéliennes. Il est établi que des connexions existent entre AQMI et le Front Polisario. Dans un rapport intitulé « Terrorisme en Afrique du Nord, de l'Ouest et Centrale : du 11 septembre au Printemps arabe », le Centre Internationale pour les Etudes sur le Terrorisme souligne que « les camps de Tindouf sont devenus, sous l'emprise des milices du Polisario, un terrain fertile pour les recruteurs des réseaux terroristes de tous genres et des bandes criminelles, d'où l'impératif de leur fermeture ». Pour Abdelmalek DROUKDEL, le chef supérieur d'AQMI, et les émirs successifs de la zone Sud, Yahia DJOUADI, Nabil MAKLOUFI (décédé en septembre 2012 dans un accident de voiture), recruter au sein des camps du Polisario est à la fois un moyen de combler les pertes dans leurs propres rangs et l'assurance d'obtenir des moudjahidines aguerris, connaissant parfaitement le terrain saharien303(*). Plus inquiétant encore est la relation entre AQMI et BOKO HARAM.

    En 2009, à la suite de la répression des forces armées nigérianes contre la secte BOKO HARAM, certains de ses membres ont trouvé refuge auprès d'AQMI304(*). Un an plus tard, en juin 2010, une réunion entre envoyés de BOKO HARAM et AQMI s'est tenue dans le Sahara, aboutissant à la signature d'un « pacte de coopération » incluant notamment une assistance logistique et l'entrainement de militants nigérians de la part d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique305(*). Un pan de voile a été levé avec les informations, révélées en mai 2012 par un journal nigérian, contenues dans un Rapport adressé au Président Nigérian par les services de sécurité et de défense sur la base des liens entre BOKO HARAM et AQMI, particulièrement des formations reçues par les membres du groupe nigérian en matière de prise d'otages306(*). Sur la base de ces informations (si elles s'avéraient correctes), il semblerait bien qu'AQMI ait sous traité la prise d'otages d'étrangers à BOKO HARAM ; illustrant une fois de plus les liens opérationnels établis entre BOKO HARAM et AQMI. Liens qui poussent à s'interroger sur la récente prise d'otage du 19 février 2013 d'une famille de touristes de nationalité française dans la localité de Dabanga, située à 80 km de Koussérie au Nord du Cameroun près du Nigéria.

    ANCAR DINE de son vrai nom « Jum'a Ansar Al-Din Al Salafiya », « le groupe des défenseurs salafistes de la religion » en arabe oeuvre aussi avec AQMI pour imposer leur loi islamique. Avant d'être chasser au Nord du Mali plus précisément dans la ville de Tombouctou, où ils étaient présents, le couple AQMI-ANSAR EDDINE faisait appliquer des lois islamiques307(*). Dans une vidéo de présentation et de propagande envoyée à l'Agence France Presse, le bras droit d'Iyad GHALY308(*) affirme que : « c'est une obligation pour nous de combattre pour l'application de la charia au Mali ». Cette jonction dangereuse arabo-africaine de groupes locaux et djihadistes d'AQMI, dans un contexte d'affaiblissement et d'effritement progressif du front asiatique du djihad, fait craindre un basculement du front du djihad vers le Sahara et l'Afrique de l'Ouest à la faveur d'un déclin d'Al-Qaïda en Asie et de la montée en puissance de sa branche maghrébine, avec une volonté d'étendre la zone d'action de la mouvance terroriste en s'appuyant sur des groupes armés locaux et en profitant des fragilités et de la faiblesse des moyens de nombreux Etats309(*).

    2- Une dynamique rebelle éclatée et volatile

    Si des connexions entre AQMI et groupes armés aux motivations plus ou moins religieuses sont bel et bien réelles, la cacophonie semble toujours de mise. En effet, les différents groupes armés sévissant au sahel entretiennent le floue en ce qui concerne leur cohésion. L'observation faite sur ces groupes relève leur fragilité tant interne qu'externe. S'il apparaît que ceux-ci ont pour point commun leur appartenance à l'idéologie salafiste, c'est-à-dire dans ce cas une lecture « littéraliste des textes de l'islam, rejetant toute forme d'interprétation fondé sur la raison humaine » et engageant le musulman à vivre selon des principes du coran et de la sunna du prophète310(*), la dynamique des alliances semble remise en cause.

    La situation au Nord du Mali a révélé des velléités (expansionnistes) entre mouvements islamistes radicaux et la nébuleuse terroriste affiliée à Al-Qaïda. Le Mouvement pour l'Unicité et le Djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) est présenté comme une dissidence d'AQMI. Pour certains analystes, la démarcation à laquelle on a assisté de la part des membres du MUJAO serait la conséquence principalement algérienne du leadership de la branche maghrébine d'Al-Qaïda et de la frustration croissante de certains combattants originaires des pays autres que l'Algérie vis-à-vis de ses réticences ou de son peu d'empressement à leur confier plus de responsabilités311(*). C'est notamment la thèse que présente Mohammed MAHMOUD ABU AL-MA' ALI312(*), écrivain et analyste spécialisé dans les mouvements islamistes armés en Mauritanie, pour qui la création du MUJAO serait le fait de Soultan OULD BADY313(*). Cette scission pourrait également provenir de la volonté des membres à l'origine de la création du MUJAO d'étendre le djihad au Sud du Sahara, y compris contre les pouvoirs en place314(*). D'autres voient également cette division comme la conséquence des reproches faits à AQMI d'être principalement actif dans des activités criminelles (prise d'otages et autres), délaissant le djihad. Enfin, il est aussi évoqué des dissensions sur la base de la répartition des rançons. Toutefois, quelques soient les raisons qui ont conduit à la création du MUJAO, il existe un lien évident entre le mouvement et AQMI. Et il faut noter aussi qu'il existe d'autres groupes dissidents du MUJAO dont le Mouvement Arabe de l'AZAWAD (MAA) et ANCAR El CHARIA qui sont présents dans le sahel.

    Le Mouvement National de Libération de l'AZAWAD (MNLA), qui avait lancé l'offensive contre les forces maliennes le 17 janvier 2012 et qui avait rapidement emmené la chute de trois provinces du Nord - Kidal, Tombouctou et Gao s'est fait totalement dépasser par les islamistes315(*). Si pour l'heure, il reste toujours présent au Nord du Mali, plus précisément à Kidal au côté du Mouvement Islamique de l'AZAWAD (MIA), groupe dissident de ANCAR DINE, certaines sources affirment qu'il n'a pas de crédibilité. D'ailleurs, des mandats d'arrêts ont été lancés contre les chefs de la rébellion Touareg du MNLA et des groupes islamistes armés ANCAR DINE, MUJAO, AQMI, accusés notamment de terrorisme et de sédition, a indiqué le procureur général près de la Cour d'Appel de Bamako, Daniel TESSOUGNE316(*). Quelque soit l'importance que représente ces groupes dans l'émergence de l'islam radical et du terrorisme, il est nécessaire de préciser qu'à la base se trouve également le fanatisme qui meut un certain nombre d'islamistes radicaux et de terroristes, se manifestant par le sentiment, mieux, la conviction que le combat est juste. A lui tout seul cet élément représente un moteur particulièrement puissant pour la constitution d'une place forte pour l'islamisme radical au sahel.

    PARAGRAPHE II : LE SAHEL, NOUVEAU FOYER DU MILITANTISME ISLAMIQUE EN AFRIQUE

    Par « militantisme islamique », on entend ici des groupes et mouvements musulmans qui, se fondant sur des préférences religieuses, cherchent à faire appliquer des normes religieuses, sociales et politiques par la violence317(*). Ces préférences religieuses considérées à leur tour par ceux qui les interprètent sont celles devant faire autorité. Les récents événements survenus au Mali, notamment la prise de plusieurs villes importantes par des groupes islamistes, viennent souligner que cette menace islamiste qui a trouvé un foyer de prolifération en Afrique noire menace plus que jamais la paix et la sécurité internationale. Un bref rappel historique de la présence islamique radicale dans la zone sahélienne (A) et les premiers signes de sa manifestation permettraient d'y voir un peu plus clair dans quel carcan s'est laissé prendre le sahel (B).

    A- Historique de la présence de l'islam radical dans la région sahélienne

    La montée du militantisme islamique dans certaines parties du sahel et dans la corne de l'Afrique est un facteur dangereux pour la stabilité régionale. L'attrait de ce mouvement provient de sa capacité à puiser dans les communautés abandonnées, notamment les plus exposées que sont les jeunes, pour les convaincre qu'il est possible de répondre à leurs doléances en établissant une culture islamique plus pure. Ainsi, la guerre civile en Algérie et l'émergence du terrorisme armé (1) combinés avec la descente des groupes armés au Sahara et au sahel (2) peuvent être analysés comme des facteurs initiateurs et à l'origine dans une certaine mesure de cette poussée islamique au sahel.

    1- La guerre civile en Algérie et l'émergence du terrorisme armé (GIA)

    L'islam au Sud du Sahara concerne environ 150 millions de personnes, ou, si l'on veut, un africain noir sur trois318(*). Cette communauté représente le huitième de la « Umma » (communauté musulmane) dans le monde. L'islam africain est, historiquement, l'héritier, depuis le moyen âge, des échanges commerciaux à travers le Sahara et l'océan Indien. Cet héritage explique la disposition géographique de l'Afrique noir islamisée : une bande de territoires soudano-sahéliens qui traverse en écharpe le continent africain, entre le Sénégal et la corne de l'Afrique, avec un prolongement le long de la côte de l'océan Indien319(*). Depuis, on assiste, avec le surgissement de nouvelles générations et de nouveaux cadres, à des phénomènes d'affirmation islamique et de réislamisation. La vieille grille d'analyse qui faisait de l'islam africain le domaine des confréries, c'est-à-dire des structures de patronage religieux contrôlant leurs fidèles et naturellement enclins aux compromis avec les pouvoirs, ne suffisent plus à rendre compte des réalités sociales nouvelles320(*). Comment en est on arrivé là ? Que s'est-il passé ?321(*)

    Difficile d'aborder la question du terrorisme au sahel sans évoquer d'abord l'Algérie, d'où sont originaires AQMI et une bonne partie des leaders djihadistes de la région. L'Algérie se trouve entre 1991 et 2005 en plein conflit dans ce que certains ont qualifié de décennie noire, « guerre civile algérienne », « décennie du terrorisme » ou encore « années de braise » selon Hamit BOZARSLAN322(*). C'est dans ce contexte que l'on verra naître dans ce conflit armé aux multiples facettes plusieurs groupes terroristes dont le Groupe Islamique Armé (GIA) dans la grande banlieue d'Alger. Liess BOUKRAA écrit : « La naissance du GIA est donc proclamée en octobre 1992, à la suite de l'échec de la réunion de Tamesguida (les 31 août et 1er septembre 1992), qui visait à unifier toutes les organisations terroristes sous l'autorité de Abdelkader CHABOUTI »323(*). Le GIA est une organisation non centralisée et morcelée en deux clans dont les djazaristes qui cherchent à prendre le pouvoir en Algérie et les salafistes qui cherchent à mettre au point une révolution islamique mondiale. Si le GIA a longtemps été identifié au DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité algérienne), la secte victorieuse telle qu'elle se faisait appeler assurait plusieurs fonctions : terroriser par des crimes injustifiables une population largement acquise à l'opposition islamiste, se substituer à la véritable rébellion armée pour la discréditer (FIS) et provoquer des dissensions internes, pousser à l'armement de la population civile pour combattre le « terrorisme », justifier la « guerre totale » contre les civils, faire accepter les mesures antisociales draconiennes, bénéficier du soutien international324(*) . Sans compter les exhibitions musclées et les provocations menées par les foules endoctrinées lors des manifestations, scandant les slogans du « pourchas du mal et la prédication du bien ». Ainsi, animés par un esprit vindicatif et d'une haine viscérale contre l'Etat et contre leurs propres acolytes, munis de brevets de légitimation de la violence que leur offraient les Fatwa de leurs pairs les autorisant à interpréter la charia comme bon leur semblait, les GIA se sont lancés dans une guerre sans répit et contre tout le monde.

    2- La descente des groupes armés au Sahara et au Sahel

    Dans `'A Season in Hell-My 130 Days in Sahara with Al-Qaeda''325(*), Robert R. FOWLER, diplomate Canadien aujourd'hui à la retraite et kidnappé le 14 décembre 2008 au Niger par AQMI, revenait sur le danger sans cesse croissant que représentait cette mouvance islamiste radicale en Afrique sub-saharienne. La fragilité des pays sahéliens est structurelle, et donc inquiétante car à proximité directe de plusieurs Etats sensibles, considérés comme des foyers potentiels ou actifs de l'islam radical : Soudan, Libye, Nord du Nigéria et Algérie. Les zones septentrionales des pays sahéliens sont des zones de repli pour certains groupes terroristes algériens, comme l'actuel AQMI. AQMI a bénéficié, du moins dans un premier temps, des facilités au Mali et, plus tardivement, en Mauritanie. Ses hommes pouvaient pénétrés les territoires des deux Etats à condition de ne se livrer à aucune violence et d'éviter les accrochages avec les forces armées locales326(*). D'autres indices montrent qu'Al-Qaïda aurait tenté de mettre sur pied dans la zone sahélo-Saharienne une véritable ambassade, pour recruter des sympathisants et les organiser en cellule. Le yéménite Imad ABD AL-WALID AHMED ALWAN s'est ainsi déplacé en 2002 depuis l'Afghanistan pour venir en Mauritanie, au Niger, au Tchad et au Nigéria. Cet homme connu également sous son nom de guerre, Abou MOHAMMED, aurait été envoyé dans la région par Ben Laden et sera abattu en 2002 par les forces de sécurité algérienne.

    Ceci étant, le véritable déploiement de l'AQMI au sahel date, en fait, de l'été 2003. En effet, durant toute la décennie de la guerre civile algérienne, de 1992 à 2002, le Sud algérien a été essentiellement utilisé comme zone de passage par les trafiquants d'armes, mais aussi par les terroristes islamistes algériens cherchant à fuir leur pays327(*). En 2005, un Rapport de l'International Crisis Group (ICG)328(*) révélait que les ONG et les associations caritatives islamiques des pays du golfe pouvaient facilement financés et contribués à la radicalisation des groupes violents au sahel. Aujourd'hui, le théâtre sahélien semble faire l'objet d'une nouvelle poussée de l'islam politique, voir extrémiste. Dans ce cadre, toutes les grandes sources de l'islam radical se positionnent peu à peu au sein des pays de la région en s'appuyant sur leur légitimité spirituelle et historique. Par ailleurs, ces nouvelles forces, tout en étant de nature trans-étatique, sont pilotées par les Etats moteurs de l'islamisme radical (Arabie Saoudite, Pakistan, Iran et Soudan) et interagissent avec les forces islamiques et groupes terroristes autochtones, les confréries et ceci, de manière propre à chaque pays. Le fait que le gouvernement malien n'ait pas su investir systématiquement et maintenir une forte présence de L'Etat dans le Nord, par exemple, a instauré un climat propice à l'essor du militantisme islamique et à l'escalade de la violence dans cette région329(*). Ces dernières décennies, certaines tendances au sein du Salafisme ont appelé de façon croissante à l'établissement d'un ordre politique islamique pour qu'aboutisse cette quête de pureté religieuse.

    Ces influences sont très bien visibles au sein d'AL-SHABAAB en Somalie et de BOKO HARAM au Nigéria et chez les terroristes sahéliens. Plus particulièrement, d'aucuns ont l'impression que l'islam est menacé par des forces de contamination, et qu'il est impossible de protéger la pureté religieuse dans des systèmes politiques non musulmans et que le recours à la force est la seule issue. AL-SHABAAB et les militants maliens sont parvenus à s'assurer une emprise territoriale, si fragile qu'il soit à cette fin. En mettant sur pied des règles strictes visant à instaurer un environnement pieux, ils ont détruit les sanctuaires Soufis, des livres, parchemins et antiques sacrés, et réprimés des activités « immorales » telles que l'usage du tabac, de l'alcool et du `'Khat'' par l'application de la charia et de sanctions `'hudud'' (restrictions) telles que la peine capitale, l'amputation ou la flagellation, sans oublier les campagnes d'endoctrinement330(*) et de recrutement auxquelles se sont livrées les groupes djihadistes (AQMI et MUJAO) opérant dans la région et spécialement au Nord-Mali. Dans ces conditions, la résurgence d'un islamisme radical au sein de la bande sahélienne doit être pris au sérieux tant les prémisses avaient déjà vu le jour avec le phénomène des prises d'otages.

    B- Les premiers signes de la présence de l'islam radical au sahel

    Les signes avant coureurs de la présence effective de l'islam radical au sahel peuvent être analysés d'abord à travers la prise d'otage d'occidentaux en 2003 dans le Sud de l'Algérie (1) et par la suite, par l'extension de ce phénomène vers les pays Saharo-sahéliens (2).

    1- La prise d'otage de 2003 par Abderrazak EL PARA

    En 2003, un groupe dirigé par Amari SAIFI dit `'Abderrazak EL PARA'' a eu les honneurs de l'actualité en `'négociant'' la libération de trente deux touristes occidentaux enlevés dans le Sud algérien331(*). Prise d'otages ou sur médiatisation par la négociation d'El Para ? Jusqu'à la fin 2002, la « visibilité » du GSPC futur AQMI reste relativement limitée : les journalistes algériens réputés être la bouche et les yeux du DRS n'en font que rarement état. Et la violence résiduelle qui perdure depuis 1998 jusqu'à 2002 reste principalement attribuée aux GIA, ou à d'autres groupes plus ou moins visibles qui prétendaient substitués cette organisation, comme le Groupe Salafiste Libre (GSL) ou le Groupe Salafiste Combattant (GSC). Dès 1999, quelques journalistes algériens aux ordres font bien état des liens entre le GSPC et Al-Qaïda, mais ceux-ci ne sont pas pris en considération. La situation bascule le 4 janvier 2003 : Ce jour là, à la veille de l'arrivée d'une délégation militaire américaine, venue notamment discuter d'une reprise des ventes d'armes à l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, la presse algérienne rapporte qu'un groupe du GSPC, conduit par Abderrazak EL PARA, a attaqué un convoi militaire près de Batna, tuant 43 soldats332(*). C'est l'opération la plus spectaculaire attribuée jusque là au GSPC qui ne sera jamais revendiquée. Cette affaire restera mystérieuse, les journalistes algériens qui ont tenté d'en savoir plus se heurtant à un mur de silence333(*).

    A la mi-mars 2003, survient une nouvelle affaire, fort mystérieuse. Les médias européens annoncent la disparition de touristes dans le Sahara. Entre le 22 février et le 23 mars 2003, six groupes de touristes sont enlevés avec leurs véhicules dans le désert, près d'Illizi : trente deux personnes au total, dont seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois. Ils vont vivre une odyssée éprouvante, qui coûtera la vie à une femme, victime d'une insolation. Pendant des semaines, les médias, les responsables politiques et les familles des otages spéculent sur l'identité et les revendications des ravisseurs qui ne sont pas connues. Les otages seront libérés en deux temps, le 13 mai et le 18 août 2003, et les « sources sécuritaires » de la presse algérienne annonceront que l'opération a été menée, au nom du GSPC, par Abderrazak EL PARA jusque là réputé être l'émir de la zone 5 du GSPC. Présenté comme un « lieutenant de Ben Laden » chargé d'implanter Al-Qaïda dans la région du sahel, l'affaire des otages marque ainsi l'entée du GSPC sur la scène internationale et, selon les partisans de la thèse d'une présence d'Al-Qaïda au sahel, l'entrée de l'organisation de Ben Laden dans la région et le signe de la menace islamiste.

    2- L'extension vers les pays Saharo-sahéliens

    En mars 2004, lors d'une visite en Algérie, le Général Charles WALD, commandant en chef adjoint des forces américaines en Europe (EUCOM), affirmait que des membres d'Al-Qaïda tentaient de s'établir « dans la partie Nord de l'Afrique, au sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan, lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux membres »334(*). En effet, depuis le rapt des otages par El Para dans le Sud de l'Algérie, le sahel est devenu un terrain d'enlèvement et de prises d'otages. L'obtention du label Al-Qaïda au Maghreb Islamique en 2007 signe le début de l'internalisation de l'organisation, tant du point de vue des combattants que des territoires. Cette internalisation est observable dans les actions menées par AQMI et les groupes djihadistes au sahel entre 2007 et 2013, et s'appuie sur des opérations à grande échelle avec le kidnapping des ressortissants occidentaux.

    AQMI a développé une véritable industrie criminelle des otages au sahel qui s'alimente moyennant rançon. Cette industrie de l'enlèvement est si prospère que les prises d'otages ont connu une croissance de 150% entre 2008 et 2009. Il apparaît clairement que l'année 2008 a été une année juteuse du point de vue de la prise d'otages d'étrangers. Dès lors, « les brigades du Sahara » se sont mises à enlever des ressortissants des pays occidentaux, y compris le Canada et les Etats-Unis335(*). Tous ont été libérés contre des rançons, à l'exception du britannique Edwin DYER (exécuté en 2009) et du français Michel GERMANEAU (vraisemblablement mort par manque de soins médicaux le 25 juillet 2010). Une fois enlevés, les otages sont généralement transférés vers le Nord du Mali, une zone sous contrôle des terroristes où ils sont échangés contre la `'Diyya''336(*), sont retenus ou exécutés. La prise d'otages, accompagnés de demande de rançon, et quelques fois de demande de libération de djihadistes retenus prisonniers dans certains pays de la région (Mauritanie, Mali, Niger) ou hors du continent, s'est également illustrée comme le principal mode opératoire d'AQMI337(*). A cet effet, depuis 2003, 53 personnes ont été prises en otages dans le sahel par les groupes terroristes y opérant et ce phénomène tend de plus en plus à s'élargir maintenant en Afrique Subsaharienne.

    Outre ces actions, il semblerait qu'AQMI, tout au moins ses katibas sahéliennes, jouent également de plus en plus un rôle majeur dans le transfert de savoirs terroristes et précisément dans la formation338(*) et le soutien logistique à d'autres organisations ou mouvements islamistes radicaux de la sous région ou même du continent, tels que BOKO HARAM ou les milices somaliennes Al-SHABAAB. C'est notamment ce que précise la Stratégie Nationale Américaine Antiterroriste publiée en juin 2011339(*). La mort le 31 mai 2012 à Kano de l'ingénieur Allemand Edgar Fritz RAUPAUCH et la prise en otage en mai 2011 d'un britannique et d'un italien travaillant pour le compte d'une firme italienne de construction, attribué à un groupe supposé être associé à BOKO HARAM (et avoir des liens avec AQMI), et leur mort le 8 mars 2012 lors d'une tentative de libération par des forces de sécurité nigériane et britannique (dans l'Etat de Sokoto, Nord-Ouest du pays) pousse à s'interroger, sur l'éventualité d'une évolution vers la prise d'otages d'occidentaux. Le fait que BOKO HARAM ait explicitement nié son implication dans cette prise d'otages nourrit le doute d'autant plus qu'elle a récemment revendiqué l'enlèvement de la famille française Moulin-Fournier au Cameroun le 19 février 2013. Se pose ainsi la question de savoir si BOKO HARAM jouerait le rôle de geôlier pour le compte d'AQMI ? Il importe donc que les pays de la région se mobilisent pour que le vent du sahel ne devienne pas un « harmattan »340(*) pour le reste du continent.

    CONCLUSION DU CHAPITRE II

    « Sahara ? Un désert et des « Sahara » !...De la terra incognita au contrôle des ressources minières par les puissances occidentales et les pays producteurs de pétroles en passant par un espace quadrillé par des narcotrafiquants, des rebellions armées, des circulations d'armes et, au Mali, sanctuarisé par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), qu'est devenu le Sahara depuis les Limes Romains ? »341(*). Au cours de l'histoire, on retiendra que ce désert a été et aura été le lieu d'enjeux multiples entre forces de pénétrations extérieures et acteurs aux pratiques de délinquance et de criminalité. L'espace sahélien outre les enjeux énormes qu'il présente, est sillonné par une bande de djihadistes et de bandits-terroristes dont l'objectif est de créer un axe du terrorisme sur le continent. A la question « quels sont vos objectifs ? », Abdelmalek DROUKDAL, alias Abou MOUSSAB ABDELWADOUD, le chef suprême d'AQMI répondait : « nos objectifs sont les mêmes que ceux d'Al-Qaïda Mère, que vous connaissez bien ». « Faire évoluer notre combat du local vers le régional est une phase clé » et dans la même interview, DROUKDAL ne cache pas ses ambitions internationales. Il déroule fièrement sa vision dans sa réponse à la dernière et vingtième question du New York Times : « quels sont vos plus grandes réalisations ? »

    « Nous pensons que notre plus grande réalisation est d'avoir permis que le jihad se perpétue au Maghreb pendant 16 ans. Il connaît aujourd'hui une phase ascendante car, grâce à Dieu, nous avons réussi à faire évoluer notre combat du local vers le régional et à élargir notre champ d'action aux autres pays maghrébins et au sahel africain, contribuant ainsi à un renouveau jihadiste régional342(*) ».

    Tout en reconnaissant la nature et l'ampleur de la menace de l'islam radical et du terrorisme en Afrique de l'Ouest, et particulièrement dans la bande sahélo-Saharienne, l'un des enjeux à présent est de continuer à le suivre dans ce que seraient sans aucun doute ses mutations. L'autre enjeu relève de l'impérative réponse à apporter à cette réalité afin d'éviter que l'Afrique devienne un refuge pour l'islamisme et que le continent ne serve de plateforme à l'intérieur ou à partir de laquelle des actions seraient menées non seulement contre et au détriment des pays et des populations de la région, mais aussi contre la cible du djihadisme contemporain qu'est l'occident et tout ce qui le représente. Il est ainsi question de prendre au sérieux la situation ainsi que de ses possibles évolutions afin de tout mettre en oeuvre pour que le maillon africain de la chaîne antiterroriste et les dispositifs de lutte contre le radicalisme, le fondamentalisme et le terrorisme qui doivent exister à l'échelle mondiale soient établis et/ou renforcés.

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

    En termes de réflexion prospective, l'adoubement d'AQMI par l'organisation d'Oussama BEN LADEN en 2007 a octroyé une nouvelle envergure à l'action des terroristes islamistes343(*). Profitant du chaos en Libye, AQMI et les autres mouvements terroristes n'ont pas hésité à tirer partie de la fragilité des Etats sahéliens pour prospérer dans la région. Cette situation, conjuguée à l'absence d'un signal fort de la part de l'Etat malien a permis la résurgence d'une rébellion Touarègue puis des islamistes armés qui ont fini par contrôler tout le Nord. Mais, ils ne sont pas les seuls à avoir contribué à la grave insécurité au Nord-Mali et à l'instabilité dans le sahel et en Afrique du Nord344(*). Comme le souligne Mehdi TAJE, « les puissances étrangères ont quelque part intérêt à diaboliser la situation sécuritaire au sahel »345(*).

    Sans nier l'existence de quelques éléments se réclamant du terrorisme djihadiste, la focalisation par les occidentaux sur le sahel représenté comme une sorte de « nouvelle zone tribale à la Pakistanaise » d'où pourraient provenir de lourdes menaces, n'est pas dépourvues d'arrières pensées346(*). Les pays du sahel sont dotés de ressources naturelles, parmi lesquelles les substances minérales et les ressources foncières sont les plus convoités347(*). Il est évident que la crise économique et la course pour les réserves énergétiques sont en train de dessiner un nouveau rapport sur la scène mondial qui ne pouvait pas ne pas toucher les pays du sahel, y compris le Mali348(*).

    Dans ce contexte fortement incertain, trois types de défis affectent l'espace sahélo-Saharien et rendent compte des liens étroits entre sécurité, gouvernance et développement. Pour faire face aux menaces extrémistes, les dirigeants africains devraient adoptés une démarche nuancée qui prenne en compte le binôme « sécurité et développement ». Aussi, si sur le plan global, il s'agit de définir effectivement une politique de coopération et développement durable permettant d'offrir une autre voie aux victimes des excès du marché, de la « financiarisation » et de la mondialisation349(*). Il s'agit aussi surtout de promouvoir des stratégies politico-institutionnelles visant à redistribuer équitablement les richesses nationales aux fins de baisser les tensions politiques et préserver la paix sociale350(*). L'intégration régionale, incluant le développement d'un marché commun, pourraient contribuer, pour reprendre l'expression proposée par Gérard-François Dumont351(*) à réaliser un « Sahel Nostrum », voie privilégiée pour l'éradication de mouvements type AQMI.

    DEUXIEME PARTIE : AL-QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE : LOGIQUE DE DEFIANCE SECURITAIRE ET OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DANS L'ESPACE SAHELIEN

    Quel contenu donner précisément à une ambition ou à un projet associant les préoccupations de sécurité et de développement au sahel ? La réponse à cette question n'a pas encore été formulée. Le sahel est une des régions les plus pauvres du monde. Il est confronté à la fois à des problèmes d'extrême pauvreté, aux effets du changement climatique, à des crises alimentaires fréquentes, à une croissance rapide de la population, à une gouvernance fragile, à la corruption, à des tensions internes persistantes, au risque d'une radicalisation et d'un extrémisme violent, aux trafics illicites et aux menaces que le terrorisme fait peser sur la sécurité. Les Etats de la région sont directement confrontés à ces problèmes et les récents développements politiques au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, plus précisément au Nord Mali ont eu des conséquences sur la situation dans le sahel, compte tenu des relations étroites qui existent entre les pays de ces deux régions. On a maintenant à faire avec un continuum d'instabilité dont le périmètre est toujours plus vaste, dessiné par ces relations internationales illicites que sont les activités criminelles associées aux actions de la terreur352(*).

    Face aux entreprises criminelles de l'AQMI et ses menaces récurrentes, les réponses des Etats n'ont pas été jusqu'ici, suffisantes. Ponctuées de désaccords, elles sont caractérisées par une méfiance réciproque qui grève l'édification d'une véritable politique de sécurité commune, par des stratégies nationales parallèles, parfois contradictoires, qui peuvent s'avérer contre-productives353(*). Les événements qui ont suivi au Mali après le coup d'état marqué par l'implantation des groupes armés au Nord de ce pays n'a fait que confirmer l'absence d'une approche intégrée et coordonner pour faire front commun contre le terrorisme. La vase d'expansion naturel de ces menaces est incontestablement l'espace régional. Les problèmes et leurs solutions ne peuvent être pris à bras le corps qu'à l'échelle de toute la région. Aucun pays, même le plus grand ou le plus puissant, ne peut agir seul. Imaginons par exemple que le Mali réussisse à chasser de son territoire la totalité des groupes armés qui y sévissent actuellement. Alors ces groupes se refugieront dans les pays voisins ; le problème n'aura pas été réglé, il aura été exporté.

    Même s'il est difficile à mettre en oeuvre, l'action concertée au niveau régionale est une réponse et même un défi en termes de sécurité et de développement de l'espace sahélo-saharien, il n'y a pas d'alternative. Il est désormais question d'atteindre pleinement l'objectif de la `'Global War On Terror'' lancée par l'ancien Président américain George WALKER BUSH354(*). Et dans cette visée, malgré l'existence de certaines initiatives qui ont déjà vu le jour (Chapitre I), il est plus qu'important pour l'Afrique d'intégrer les nouveaux mécanismes de paix et de sécurité pour une action concertée et résolue pour faire face à la menace du terrorisme au sahel (Chapitre II).

    CHAPITRE I : ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES FACE A LA DEFIANCE SECURITAIRE REGIONALE

    En l'absence de décisions rapides, fortes et cohérentes au niveau régional, continental et international, la situation politique, sécuritaire, économique et sociale au sahel s'est détériorée. Si les souverainetés nationales doivent être respectées et prises en compte, elles ne doivent pas pour autant être opposables à une approche régionale destinée à concevoir et opérationnaliser une stratégie sous-régionale et africaine de protection de la paix et de promotion d'une sécurité collective. Les menaces à la sécurité humaine et nationale s'avèrent de plus en plus avoir une nature et/ou une dimension supranationale, régionale ou internationale355(*). Face à ces incertitudes et menaces, les pays du champ et les acteurs extérieurs qui ont un intérêt dans la région n'ont guère d'autres choix que de s'impliquer dans la bande sahélo-saharienne, de défendre activement leur vision de la région et son avenir. Ainsi, pour faire face à cette menace, de nature complexe, transnationale, sournoise et évolutive, un certain nombre d'efforts et d'initiatives (politique, sécuritaire, économique) ont été mises en oeuvre.

    La menace terroriste a, au fil des années, et particulièrement depuis les récents événements survenus en Libye et au Mali, progressivement convaincu la Communauté Internationale et les pays de la sous-région du risque que son ancrage et son évolution sont susceptibles de faire peser sur la sécurité, la stabilité et le développement socio-économique de l'Afrique de l'Ouest356(*). Jakaya KIKWETE, Président Tanzanien déclarait « plus nous tarderons, plus le terrorisme international deviendra plus sophistiqué dans ses stratégies et tactiques »357(*). Ce constat est plus que d'actualité en Afrique de l'Ouest et pousse à jeter un regard sur les réponses qui ont été apportées au niveau sous-régional, régional et international pour prévenir et combattre ce fléau (section I) et naturellement de s'interroger sur la question du progrès en termes de développement socioéconomique de la région (section II).

    SECTION I : INITIATIVES REGIONALES ET EXTRAREGIONALES EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME

    Au moment où l'évolution de la menace terroriste prend de l'ampleur sur le continent, il est nécessaire de procéder à une revue et analyse des différentes solutions qui ont à ce jour été apportées pour lutter contre ce phénomène. D'emblée, il s'agira de faire une évaluation des mécanismes sous-régionaux et africains de paix et de sécurité afin de s'interroger sur leur efficacité et leur effectivité (Paragraphe I) en passant par une prospection des initiatives assurées par les acteurs extérieures (Paragraphe II).

    PARAGRAPHE I : MECANISMES SOUS-REGIONAL ET AFRICAINS DE PAIX ET DE SECURITE

    La présente analyse a ainsi pour objectif de voir comment l'espace sous-régional sahélien agi face au terrorisme (A) et comment l'Afrique tout entière tente de répondre à ces marchands de l'apocalypse venu tout droit d'une autre planète (B).

    A- L'espace sous-régional sahélien et le terrorisme international

    En matière de sécurité et de paix contre les menaces de types sécuritaires et transfrontalières, l'ensemble des pays sahéliens ont mis sur pied un ensemble de moyens destinés à jouer un rôle de premier plan dans la stabilité de la région. Si une foultitude de mécanismes existe sur le plan régional pour faire face au terrorisme (1), celle-ci demeure insuffisante pour répondre aux défis sécuritaires auxquels la région se trouve confronté (2).

    1- Instruments et stratégies sous-régional de lutte contre le terrorisme

    L'espace sécuritaire sahélo-saharien est confronté à une multitude de défis d'ordre sécuritaire : montée de l'extrémisme religieux, de l'islam radical et le terrorisme s'enchevêtrant avec des trafics de tout ordre et la criminalité transfrontalière organisée. Défis se nourrissant également de réalités et considérations socio-économiques et environnementales. Le terrorisme représente sans doute l'une des menaces les plus sérieuses, compte tenu notamment de sa nature, souvent sournoise, et de son évolution actuelle358(*). Face à l'évolution significative qu'a connue cette menace sur cette partie du continent et au risque de déstabilisation qu'elle fait peser sur l'Afrique de l'Ouest et dans une certaine mesure sur le Maghreb et même au-delà, des réponses doivent plus que jamais être y apportées, repensées ou tout au moins renforcées359(*). A ce sujet, il convient sans doute de mettre en oeuvre une véritable culture de la menace, ce que nous n'avons pas forcément tout à fait développé aujourd'hui en Afrique. L'Afrique est en pleine émergence et ne sera jamais, il faut bien s'en persuader, à l'abri des conflits, y compris et surtout ceux qui trouvent leur origine en dehors de cette zone. Cela étant, au vue de la situation actuelle dans la sous-région, un certain nombre d'initiatives ont à cet effet été conçues et mises en oeuvre par les vingt et un Etats constituants cet espace.

    Il existe en Afrique de l'Ouest un système régional de sécurité structuré, pour les quinze pays membres de la CEDEAO : le Mécanisme de Prévention, de Gestion et de Règlement des Conflits, instauré par le Protocole de 1999 de l'organisation communautaire360(*). En matière de sécurité, le mécanisme institué par le Protocole de 1999 joue un rôle clef. Il a été suivi en 2001 par le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance du 21 décembre 2001 qui complète le mandat permettant à la CEDEAO de s'attaquer de manière politique, diplomatique et militaire aux causes profondes des conflits. La coopération au niveau des pays de la CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme s'illustre également par un certain nombre de rencontres telles que celle tenue le 23 septembre 2004 à Abuja (Nigéria), siège de la CEDEAO, et rassemblant les responsables des polices de la sous-région avec pour objectif de renforcer la collaboration sécuritaire dans la lutte contre les crimes transfrontaliers et le terrorisme et celle tenue à Abuja en avril et juin 2006 réunissant les responsables ouest-africains de la sécurité intérieure afin de renforcer leur coopération en matière de partage de renseignement, notamment sur le terrorisme361(*).

    Comme on peut le voir, ces efforts, bien que pouvant servir à la lutte contre le terrorisme, ne portaient pas spécifiquement sur elle ; il faut dire qu'à ce moment, le terrorisme et la perception de la menace qu'elle représente n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui avec notamment la crise au Nord du Mali. Pour l'heure, la menace terroriste a principalement fait l'objet de discussions ou tout au moins d'évocation lors de réunions de responsables politiques, militaires et sécuritaires. A cet effet, au-delà des déclarations, préoccupations exprimées face à l'évolution de la menace, des condamnations traditionnelles des actes terroristes et des appels à une coopération renforcée et sérieuse, peu de décisions et d'avancée significatives ont été opérées sur la question. Cette propension des acteurs ouest-africains à être peu réactifs ou concret face aux défis auxquels leurs régions ou pays sont confrontés a été une fois de plus démontrer au Nord du Mali avant l'intervention française dans ce pays.

    Toutefois, la CEDEAO a récemment entrepris de définir une stratégie de lutte contre le terrorisme, un plan d'action et un projet de déclaration politique contre le terrorisme. Ces instruments sont censés s'inscrire dans la volonté de l'organisation de renforcer sa capacité de surveillance, d'harmonisation, de coordination et de réglementation des politiques et pratiques des Etats en matière de prévention et de répression du terrorisme en Afrique de l'Ouest362(*). Cette dynamique s'inscrit dans la prise de conscience du fait que le terrorisme apparaît de plus en plus comme une menace grave à la paix, à la sécurité et à la stabilité en Afrique de l'Ouest. Au niveau de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), la coopération semble morte depuis, minée par le contentieux entre le Maroc et l'Algérie. Le Conseil Suprême (instance de décision de l'UMA composé de cinq chefs d'Etat) ne s'est pas réuni depuis 1994, année de la fermeture de la frontière Algéro-Marocaine. Et la réponse aux terrorismes tend de plus en plus à s'orienter vers des initiatives individuelles.

    Ainsi, à côté de la Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD) qui regroupe plusieurs Etats du sahel, la coopération régionale est aussi effective à travers l'installation depuis le 21 avril 2010 à Tamanrasset (Sud de l'Algérie) d'un commandement militaire conjoint, plus connu sous le nom de Comité d'Etat Major Opérationnel Conjoint (le CEMOC), chargé de coordonner les actions militaires antiterroristes des quatre pays (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) et par celle d'un centre de renseignement contre le terrorisme dans le sahel, mise en place le 29 septembre 2010 et basé à Alger (Algérie), ayant pour mission de collecter et d'échanger des informations sur les terroristes en activité dans la région363(*). Dans le cadre du CEMOC, les pays du champ sont censés se réunir tous les six mois. Il faut aussi noter qu'à côté de ces institutions de coopérations contre le terrorisme, les Etat du sahel optent dans certaine mesure pour des mécanismes bilatéraux ou des actions en concertation avec des Etats extrarégionales. Cependant, ces initiatives bien que bonne en intention restent limitées. La coopération entre les pays sahéliens est en effet, ce, depuis ses débuts, l'objet de critiques quant à son effectivité et même quant à la réelle volonté et disponibilité des pays concernés à s'y investir.

    2- Le sahel à l'épreuve des attentes sous régionales

    Les Etats du sahel ont pris des mesures pour faire face à AQMI mais ne sont en général pas parvenus à mettre au point une stratégie consensuelle pour lutter contre ces groupes de mieux en mieux organisés et établis364(*). Certains leaders au sahel ont hésité à reconnaître l'ampleur de la menace et ont pris souvent des décisions pour des résultats à court terme sans grande préoccupation pour les implications à long terme. Un rapport d'information de l'Assemblée Française concluait que « la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme au sahel est un processus difficile. Elle butte sur les faibles moyens des Etats de la région, mais aussi sur des méfiances historiques, culturelles et politiques, ainsi que sur d'inévitables rivalités territoriales et les craintes d'atteinte à la souveraineté nationale »365(*). C'est un peu le sentiment qui prédomine concernant les insuffisances, suspicion et atermoiements observés dans la mise en oeuvre effective de la coopération censée s'initier à la suite du mémorandum de coopération et de coordination des actions de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée signé à Tamanrasset en 2009 entre les pays du champ, ceux là même qui sont au premier plan de la menace et les plus concernés par cette dernière, à savoir l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger366(*).

    La coopération au niveau des pays de la CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme est peu institutionnalisée, assez embryonnaire dans sa forme collective. La faiblesse politique de la CEDEAO, l'ingérence étrangère et l'accentuation des rivalités entre Etats membres ne sont pas de nature à rendre l'action de l'organisation efficace. Si effectivement l'organisation de la CEN-SAD comprend tous les Etats concernés (à l'exception de l'Algérie), elle reste incapable de s'adapter à la nature de mobilité des phénomènes d'insécurité. Parmi toutes les organisations existantes, il n'existe aucune structure capable de mettre en oeuvre des mécanismes de coopération et d'harmonisation des actions au niveau de la grande région (Afrique du Nord, Sahel et CEDEAO). Or, les attentes sont immenses pour sortir le sahel de l'insécurité dans laquelle elle se trouve.

    Dans ce contexte fortement incertain, l'ampleur du danger et le sens du bon voisinage stratégique devraient dictés une collaboration étroite entre les différents acteurs de la région. Pour coordonner leurs stratégies et leurs moyens de lutte, des actions concertées sont indispensables afin de briser le cycle de la violence et d'éviter l'enracinement de l'insécurité. « L'approche régionale ne saurait être une substitution de la CEDEAO, par exemple, à chacun de ses membres. Elle doit tout au contraire se traduire par une répartition des charges, une complémentarité des actions et une atténuation des faiblesses nationales éventuelles face à certains défis et menaces sécuritaires »367(*). Le renforcement de la coordination régionale et de la coopération sur les questions de contre-terrorisme ainsi que l'identification des ressources et des zones de renforcement des capacités dans la mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste dans la région est nécessaire aux Etats de la zone sahélienne pour lutter efficacement contre les menaces sécuritaires. Certes, les efforts tendant à densifier la présence militaire des Etats en vue d'amplifier leur contrôle sur leur territoire et à combler les lacunes de coopération et de coordination à l'échelle sous-régionale ont été entrepris comme en témoigne les nombreuses initiatives existantes.

    Mais, les Etats concernés doivent en parallèle protéger les moyens de subsistance de leurs populations et créer des opportunités économiques pour maintenir l'écart qui existe entre les communautés sahéliennes autochtones et les groupes terroristes salafistes qu'AQMI tente vivement de combler. Extirper les racines qu'AQMI tente d'implanter au sahel constitue le seul moyen de maîtriser et de renverser la menace sans cesse croissante qu'il représente pour la région et pour l'Afrique368(*).

    B- L'Afrique face au terrorisme international

    Le continent noir, carrefour officialisé de tous les malheurs terrestres imaginables (conflits armés interminables, famines intarissables, pandémies incurables etc.) demeure un terreau socio-sécuritaire fertile au terrorisme international. C'est la preuve irréfutable que l'Afrique n'est pas véritablement en marge de ce phénomène de propagation de la terreur369(*). Ainsi, face au renforcement des mesures sécuritaires en Occident, le continent africain à développer des moyens d'appropriation des mécanismes de lutte contre le terrorisme (1) qui, éventuellement présente des faiblesses géopolitiques et sécuritaires (2).

    1- Une réponse à première vu cohérente et ambitieuse...

    Un regard synoptique sur une carte des crises en Afrique fait apparaître d'emblée une image convenue, celle d'un espace marqué par une forte conflictualité. Or, la réponse à cette situation consiste en la prise en charge par l'Afrique elle-même de la résolution de ses propres conflits370(*). En bref, l'Afrique apparaît comme un terreau fertile pour tous les défis sécurité de l'heure : terrorisme international, grande criminalité avec les trafics de drogue, d'armes, d'êtres humains, déliquescence des Etats etc. Ces menaces ne sont pas exclusives les unes des autres. Tout au contraire, comme le démontre la situation dans le sahel africain, il existe un lien étroit entre le trafic des armes, le trafic d'êtres humains. Dans chaque cas de figure se retrouvent les mêmes problématiques de faiblesses des structures de l'Etat, de l'inefficacité des forces de sécurité et de la pauvreté. Enfin de compte, la conjonction de tous ces facteurs crée un cercle vicieux d'insécurité et de conflit, entrainant un vide sécuritaire sur lequel ces menaces peuvent continuées à se propager. Face à cela, L'Union Africaine a dans un délai extrêmement rapide, mis sur pied les différents piliers institutionnels de sa politique de sécurité en reconnaissant le lien indissociable entre la sécurité et le développement.

    L'Architecture Africaine de Paix et de Sécurité371(*) repose sur une conception élargie de la sécurité372(*) qui prend en compte les « menaces à l'existence, au développement et à la durabilité des systèmes politiques, économiques, militaires, humains, sociaux, du genre et de l'environnement au niveau de l'Etat, régional et continental »373(*). L'acte constitutif de l'UA définit le cadre de prise de décision et d'intervention et instaure à cet effet un Conseil de Paix et de Sécurité, un Conseil des Sages, un Système Continental d'Alerte Rapide et une Force Africaine d'Attente (FAA). Il s'agit d'organes permanents et non ad hoc, à la disposition de la commission de l'UA pour apprécier, anticiper et agir dans les crises. En 2005, dans le cadre de la politique de défense et de sécurité commune, un pacte de non agression et défense est adopté. La perspective de la création d'une « armée unique africaine » est même avancée parmi certains Etats membres. Le principe sacré de non ingérence qui faisait foi au temps de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) est remis en cause car, l'UA admet la possibilité de déclencher des opérations et des interventions dans un pays dans les cas de graves menaces contre les populations ou pour des urgences humanitaires. Outre ces cas d'urgences, un catalogue de missions de préventions, de maintien et de rétablissement de la paix, ainsi que de reconstruction, est envisagé pour couvrir tout l'éventail des opérations de paix. Pour crédibiliser une telle option, un mécanisme de réaction rapide est nécessaire. A côté d'un comité militaire, l'UA a opté pour la création d'une force permanente, « composée de contingents multidisciplinaires en attente, avec des composantes civiles et militaires, stationnés dans leurs pays d'origine et prêts à être déployées rapidement, aussitôt que requis »374(*).

    En vertu du principe de subsidiarité, cette force est bâtie autour de cinq brigades régionales avec une composante civile et de police en provenance des cinq régions du continent articulées, à l'exception de l'Afrique du Nord, autour des Communautés Régionales Existantes (les CERS). Ces CERS sont partie intégrante et même l'instrument fondamental de l'architecture de paix et de sécurité. Ce sont elles qui doivent produire, chacune à leur niveau, les capacités de planification et d'intervention qui seront mises à disposition de l'UA ou utilisées dans leur zone géographique sous mandat de l'UA ou de l'ONU. A terme, elles devraient être capables de gérer une mission complexe de paix et surtout de disposer de capacités autonomes de déploiement rapide, qui sont cruciales pour stabiliser un conflit dans sa phase initiale. Le rapport BRAHIMI en 2000 souligne que « les 6 à 12 semaines suivant un cessez-le feu ou un accord de paix sont cruciales pour instaurer la stabilité et la crédibilité de la force ». Par exemple, les scénarios 5 (déploiement d'une force de maintient de paix multidimensionnelle) et 6 (intervention d'urgence) prévoient des délais respectifs de déploiement de 30 et 14 jours, ce qui nécessite des moyens conséquents. A côté de tout ce dispositif, il faut relever que le Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) qui est une structure de la Commission de l'UA contribue aussi à compléter l'action internationale en renforçant la coopération des pays africains, pour prévenir, et lutter contre le terrorisme, en aidant à l'application intégrale des conventions internationales relatives au terrorisme et en assurant le rôle d'outil de veille et d'alerte en intégrant dans sa démarche, le concept de gestion préventive des situations.

    Le consensus qui a prévalu lors de l'adoption des mécanismes de sécurité est révélateur des ambitions de l'UA. Il contraste avec l'inertie qui a été souvent reprochée à l'OUA dans le domaine de la sécurité avec à son bilan sept opérations de paix375(*) dont trois en cours ainsi que de nombreuses missions de médiations dans plusieurs conflits. L'Architecture de Paix et de Sécurité Africaine (APSA) marque certainement une avancée dans la volonté de l'UA de prendre à bras le corps, les problèmes relatifs à la paix, à la sécurité et à la stabilité du continent376(*). Toutefois, l'UA ne semble guère avoir les moyens de ses ambitions, et il se pose dès lors la question du réalisme des objectifs fixés dans le contexte politique et sécuritaire actuel du continent.

    2- ...Rapidement confrontée aux réalités politiques et à des moyens d'actions limitées

    Dans l'acte constitutif de l'UNION AFRICAINE (UA), la prévention constitue l'un des actes suivis pour une meilleure prise en compte des conflits. Au plan opérationnel, l'accent est mis sur la notion d'alerte rapide, sans laquelle toute politique d'action préventive ou d'intervention rapide serait inopérante. Cette fonction est remplie au niveau de l'UA par le Système Continental d'Alerte Rapide (SCAR)) avec des correspondants régionaux tels que le Centre d'Observation et de Suivi de la CEDEAO. Un tel système ne peut devenir efficace que dans le cadre de l'acceptation d'indicateurs et de critères précis d'évaluations d'une situation de crise potentielle. Les crises en Afrique étant principalement de nature interne, une telle approche peut rapidement trouver ses limites à la réticence des Etats, enclins à la considérer comme une interférence ou une ingérence dans leurs affaires intérieures.

    S'agissant de la Force Africaine en Attente (FAA) qui constitue le pilier militaire de cette architecture, elle n'est pas encore opérationnelle, ce qui réduit considérablement l'habilité de l'union à intervenir rapidement et efficacement dans les conflits. Outre le sous équipement de la plupart des armés sur le continent, il y a le problème de la diversité, de la formation et des pratiques dans les armées nationales et des corps de police des Etats Africains377(*). De même, la réalisation et le succès de cette force sont fortement conditionnés par les progrès des régions dans la montée en puissance de leur brigade en attente. Dans les faits, le niveau de réalisation est très inégal selon les sous-régions. Alors que les CERS Ouest, Est et Sud sont relativement avancées dans le projet avec la désignation des unités et l'existence d'états majors dédiés, les brigades du Nord et d'Afrique Centrale restent dans un état embryonnaire. Les dynamiques des politiques régionales (rivalités, tensions entre Etats) peuvent expliquées en partie la lenteur de l'opérationnalisation des brigades régionales.

    L'autre cas flagrant qui handicap l'APSA est la question cruciale du financement et des capacités : ressources humaines, équipement et soutien logistique de la force. L'insuffisance des ressources financières pour les opérations de paix limite les capacités de l'union à se poser en véritable acteur sécuritaire sur le continent. Les prélèvements sur le budget de l'Union ainsi que les contributions volontaires ne parviennent guère à couvrir les besoins financiers en matière d'opérations de paix. Les besoins financiers sont si énormes qu'on ne voit pas comment les pays africains, pauvres dans leur majorité, parviendront à y faire face. La conséquence directe qui en découle est la dépendance totale envers les partenaires extérieurs pour le montage et le financement des opérations. Par exemple, la situation au Nord du Mali a démontré la faiblesse de l'UA et même de la sous-région sahélienne en termes de ressources financières et de la logistique pour répondre efficacement à la crise qui se déroule dans cette partie de l'Afrique ; d'où l'appel à l'intervention de la France par le Mali. Des difficultés d'ordres institutionnels font en sorte que l'APSA n'est guère adaptée à prendre en charge efficacement certaines crises sociopolitiques. Par exemple, les crises sociopolitiques en Afrique du Nord (les printemps arabes) et notamment en Tunisie, Egypte ont montré combien l'APSA n'était guère adaptée ni équipée pour faire face à des révoltes populaires ou même intervenir militairement dans un conflit civil tel qu'en Lybie ou en Côte d'Ivoire.

    L'APSA en dernier ressort est confrontée à des difficultés d'ordre politique parmi lesquelles, il faut le souligner la difficulté de l'Union à trouver un consensus rapide sur les crises majeurs. Ceci s'explique par la grande diversité des pays africains mais aussi par la rivalité entre certains Etats majeurs qui se disputent le leadership continental et par la rivalité linguistique entre pays anglophones et pays francophones qui entravent le fonctionnement des organes sécuritaires de l'Union. Cette rivalité a atteint son paroxysme en janvier dernier lorsque les chefs d'Etats et de gouvernements ont échoué à élire le Président de la Commission de l'Union Africaine, avec les francophones soutenant la candidature du gabonais Jean Ping et les anglophones soutenant la candidature de la Sud Africaine, Nkosazana DLAMINI-ZUMA. Un bras de fer qui a duré six mois pour finalement voir la victoire du camp anglophone avec en tête de proue l'Afrique du Sud. Ainsi, l'Organisation Continentale (UA) demeure encore faible pour imposer ses vues et exercer une sorte de contrainte sur ses mandataires ; elle reste encore un instrument que les puissances africaines s'efforcent de contrôler et d'utiliser pour avancer leurs intérêts particuliers. Autant d'attitudes qui mettent à mal les initiatives de sécurité collective sur le continent. Mais les difficultés de l'APSA proviennent également de certaines organisations ou puissances internationales ayant intérêts en Afrique.

    En effet, la lutte contre le terrorisme qui s'est intensifiée après 2001 a contribué à accroître l'intérêt de certaines organisations multilatérales telles que l'UE, l'Otan et des puissances telles que la France, les Etats-Unis et la Grande Bretagne aux questions sécuritaires africaines. Dans cette perspective, l'UA bénéficie de la coopération d'organisations multilatérales et d'Etats non-africains. Mais, force est de constater que la contribution de ces acteurs internationaux à la résolution d'un conflit spécifique est fonction plutôt de leurs intérêts que de l'agenda sécuritaire de l'UA même si leurs discours de légitimation semblent prétendre le contraire378(*). L'intervention de l'OTAN en Libye à fournie une illustration. Comme l'a écrit sans ambages Naim AMEUR, « Les Nations Unies ont autorisés les forces de l'Otan à intervenir sous prétexte de protéger le peuple libyen ; en réalité, les enjeux dépassent en l'occurrence le cadre humanitaire, c'est de l'or noir qu'il s'agit »379(*). Quoique cette affirmation soit discutable, il reste que la « communauté internationale » intervenante en Libye n'a pas attendue la fin des hostilités et la chute de Kadhafi pour signer de nouveaux accords pétroliers avec le Conseil National de Transition (CNT). L'exportation du pétrole avait repris avant la fin des combats. Notons par ailleurs, que la plupart des puissances extérieures ont mis en place leurs propres mécanismes de sécurité pour le continent africain sans que celles-ci s'intègrent à l'APSA. C'est le cas des Etats-Unis qui ont établi en 2008 un « Commandement pour l'Afrique » (AFRICOM) dont l'objectif est de coordonner les activités militaires ainsi que les programmes sécuritaires américains sur le continent. Les interventions répétées de la France en Côte d'Ivoire en 2004 et 2011 illustrent bien comment les puissances étrangères entendent conservées leur influence dans les affaires africaines même contre le gré de l'UA.

    Un autre lien de coopération et de résistance est la relation avec les Nations Unies. Le dispositif sécuritaire de l'UA s'intègre dans la mission de maintien de la paix des Nations Unies, en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Le protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA affirme clairement que ce dernier « coopère et travaille en étroite collaboration avec le Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui assume la responsabilité principale du maintient de la paix et de la Sécurité »380(*). Or, le Conseil de Sécurité des Nations Unies est un organe politique dont les principaux membres sont soucieux de leur pré carré et de leur influence en Afrique. Dès lors l'UA n'a pas les mains libres pour intervenir dans les conflits de la manière qu'elle le souhaite même si elle en avait les moyens. Etant donné que certaines initiatives restent assurées par ces acteurs extérieurs.

    PARAGRAPHE II : INITIATIVES ASSUREES PAR DES ACTEURS EXTERIEURS

    A côté des stratégies adoptées par chacun des pays de la sous-région et des engagements communautaires mis en place, force est de reconnaître que la plupart d'entre eux se caractérisent par des ressources limitées dont ils disposent et par la relative faiblesse de leurs dispositifs militaires et sécuritaires. Cela a pour conséquence que leurs efforts visant à faire face aux défis sécuritaires de la région du sahel reposent dans une proportion significative sur le soutien indispensable des partenaires extérieures. Parmi les acteurs381(*) dont la contribution est la plus significative, on peut citer l'ONU (A) et l'UE (B).

    A- La stratégie antiterroriste mondiale de l'ONU

    Compte tenu des vulnérabilités et des capacités insuffisantes des pays du sahel, un certain nombre d'entités du système de l'ONU ont promu et soutenu activement les efforts de mise en oeuvre des stratégies antiterroristes des pays de l'Afrique de l'Ouest et d'Afrique du Nord. A ce jour, la Direction Exécutive du Comité contre le Terrorisme du Conseil de Sécurité des Nations Unies (DECT) (1) et le Service de la Prévention du Terrorisme de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) (2) ont été les plus actifs, même si à côté d'eux, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Haut-commissariat aux Droits de L'Homme des Nations-Unies y apportent une contribution non négligeable.

    1- La Direction Exécutive du Comité contre le Terrorisme du Conseil de Sécurité des Nations Unies

    L'approche adoptée par la Direction Exécutive du Comité contre le Terrorisme de l'ONU (DECT) pour renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme et les autres capacités connexes en Afrique de l'Ouest et du Nord ont évolué pour se concentrer davantage sur l'identification des besoins, des priorités sous-régionales communes et l'aider à y faire face. La conférence organisée à New York en juillet 2007 et qui a rassemblée des représentants des pays de l'Afrique de l'Ouest et les donateurs bilatéraux et multilatéraux a permis à la DECT de prendre des mesures nécessaires pour que le Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT) puisse mettre sur pied en juin 2009 un atelier de formation pour les agents du maintien de l'ordre et d'autres secteurs comme la justice pénale en Afrique de l'Ouest. De même, la DECT a permis le financement par l'UE d'une formation au maintien de l'ordre et au contrôle des frontières pour deux pays du sahel (le Mali et le Niger) et elle s'est associée à l'Organisation de l'Aviation Civile en Avril 2009 pour organiser une formation régionale en Afrique de l'Ouest sur les documents lisibles par machine. La DECT a également développé une plateforme de coopération avec des organisations régionales travaillant en Afrique de l'Ouest dont le CAERT, la CEDEAO et le Groupement Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'Argent (GIABA).

    La DECT a par ailleurs organisé des visites de terrain en Afrique de l'Ouest et en Afrique du Nord. Pendant ces visites, la DECT mène un groupe d'entités du système Onusien, occasionnellement rejoint par des agences sectorielles et les organes régionaux ou sous-régionaux concernés, dans le but de rencontrer différents représentants du gouvernement et experts techniques pour discuter des efforts nationaux de lutte contre le terrorisme. De telles visites en Afrique de l'Ouest et du Nord, permettent à la DECT de mieux comprendre les réalités du terrain et de travailler avec les Etats concernés pour identifier les zones prioritaires où les efforts doivent se concentrées et où une assistance technique est nécessaire. En plus d'adopter une approche plus sous-régionale que nationale en Afrique du Nord et de l'Ouest, la DECT a concentré ses efforts en ce qui concerne la résolution 1373 sur les questions de maintien de l'ordre et de contrôle des frontières spécifiquement, plutôt que d'essayer de couvrir tous les aspects de la résolution. Ce changement découle de plusieurs facteurs, notamment la conviction que cette concentration des efforts produira des résultats plus tangibles et l'intérêt d'éviter la duplication des efforts. Afin d'améliorer la capacité de la sous-région à contrôler ses frontières, la DECT à souligner l'importance de l'assistance technique et de la fourniture d'équipement technique et elle recommande davantage, régulièrement aux pays de la sous-région d'insister sur le développement d'approches créatives telles que la promotion de l'utilisation de la police de proximité pour patrouiller les frontières.

    La DECT reconnaît également l'importance de plus en plus grande de la mise en oeuvre des résolutions 1373 et 1624 dans la sous-région, qui demande aux Etats de prendre des mesures de lutte contre l'incitation au terrorisme et d'empêcher que des établissements d'enseignements et des institutions culturelles et religieuses soient phagocytés par les terroristes et leurs partisans. Etant donné les liens existants entre les différentes difficultés que rencontrent la sous-région en matière de sécurité, la nécessité de réponses holistiques aux niveaux national et sous-régional et la capacité d'absorption souvent limitée qui existe au sein des gouvernements d'Afrique de l'Ouest et du Nord, lorsqu'il s'agit de recevoir l'assistance technique, une approche Onusienne intégrée dans ces deux régions est essentielle. Si la DECT devrait être encouragé de continuer à travailler pour remédier les causes parmi les plus larges de l'instabilité en Afrique de l'Ouest, il y a lieu de souligner que le travail de la DECT en Afrique de l'Ouest et du Nord pourrait être encore efficace si elle disposait d'une présence sur le terrain, soit par l'affectation d'experts, soit par la création d'un partenaire institutionnel sous-régional en Afrique du Nord, soit par l'attribution d'un double rôle au personnel du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest (UNOWA).

    Une telle approche améliorerait les capacités de suivi de la DECT et lui permettrait d'inter-agir plus efficacement avec les experts nationaux et les représentants des équipes régionales et nationales de l'ONU qui travaillent sur des sujets liés à la stratégie, plus particulièrement dans les domaines non traditionnels de la lutte contre le terrorisme, avec la CEDEAO et avec d'autres intervenants sous-régionaux concernés, ainsi que la société civile. Ceci permettrait à la DECT de prendre davantage en compte les perspectives politiques et culturelles sous-régionales et locales, lui permettant ainsi de mieux comprendre les besoins en capacité de la sous-région, et pourrait créer d'autres opportunités d'intégrer les activités antiterroristes de l'ONU dans les efforts connexes plus larges fournis par l'ONU dans la sous-région. Par ailleurs, il faut souligner qu'en Afrique du Nord, le problème de langue rend difficile la collaboration de la DECT et d'autres mécanismes antiterroristes de l'ONU avec les Etats issus de cette région. L'anglais et le français sont les langues officielles du Secrétariat de l'ONU, or en Afrique du Nord, c'est l'arabe qui est continuellement parlé. Ce qui pourrait gêner les relations entre la DECT et ces pays. De même, la capacité de la DECT à participer à des actions dans la sous-région est encore compliquée par le fait qu'elle opère en vertu du chapitre VII de la Charte de l'ONU. Ceci peut encore augmenter la bureaucratie que doit surmonter la DECT avant d'atteindre les ministères plus techniques auxquels incombe la plus grande part de la responsabilité du développement et de la mise en oeuvre des mesures nationales antiterroristes. Cependant, les initiatives de la DECT de l'ONU sont accompagnées de celles du Service de Prévention du Terrorisme de l'ONUDC.

    2- Le Service de la Prévention du Terrorisme de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC)

    Quoi qu'un certain nombre de structures des Nations Unies soient concernées par l'organisation et l'apport direct d'assistance à la lutte contre le terrorisme382(*), l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) à Vienne est peut-être le principal organisme d'assistance spécifique à la lutte contre le terrorisme dans le système de l'ONU. Selon l'ancien directeur exécutif de l'ONUDC, il est « le seul organisme des Nations Unies qui dispose du mandat, des pouvoirs et des moyens nécessaires pour fournir une assistance concrète aux Etats membres pour les aider à combattre le terrorisme »383(*). Depuis le lancement de son projet mondial de renforcement du régime juridique contre le terrorisme en janvier 2003, l'ONUDC, à travers son service de prévention contre le terrorisme, a fourni une assistance à la lutte contre le terrorisme sous différentes formes, afin d'aider les Etats à ratifier et mettre en oeuvre les instruments universels contre le terrorisme. Cette assistance comprend une aide à la rédaction de textes législatifs et la formation de professionnels de la justice pénale. Par son personnel installé à Vienne, son agenda de consultants locaux et ses représentants régionaux, le Service de la Prévention contre le Terrorisme (SPT) a fourni à la plupart des membres de la CEDEAO et d'Afrique du Nord, une assistance technique soit de façon bilatérale, soit dans un contexte régional ou sous-régional.

    Par conséquent, il a dispensé à des dizaines d'agents des systèmes nationaux de justice pénale de pays d'Afrique du Nord et de l'Ouest, une « formation spécialisée sur le régime juridique contre le terrorisme et des résolutions connexes du Conseil de Sécurité et les mécanismes de coopération internationale en matière de criminalité (extradition et entraide juridique) »384(*). C'est peut être en partie grâce à cette formation que, parmi les membres de la CEDEAO, la Gambie, le Mali, le Niger et le Sénégal ont tous adopté une législation antiterroriste et en Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie385(*). Bien que ses activités de formation bilatérales soient importantes, les initiatives régionales et sous-régionales du SPT sont particulièrement utiles car elles rassemblent des agents de la justice pénale de toute l'Afrique de l'Ouest et du Nord et permettent le développement d'un réseau international, l'échange d'informations et l'instauration de la confiance qui est essentielle pour lutter efficacement contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest mais qui s'est avérée lente à se développer. Avec le soutien de l'Espagne, le SPT a organisé des ateliers destinés à renforcer la coopération internationale entre les États d'Afrique de l'Ouest en matière pénale relative au terrorisme, le plus récent ayant eu lieu à Las Palmas en juin 2009 et traitant du recueil des accords bilatéraux, régionaux et internationaux en matière d'entraide judiciaire et d'extradition. En outre, la déclaration finale et le plan d'action ont reconnu l'importance du renforcement de la coopération internationale pour prévenir et combattre le terrorisme et les autres activités criminelles liées.

    Les États participants d'Afrique de l'Ouest et du Nord se sont également engagés à promouvoir « des synergies opérationnelles menant à des progrès simultanés dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier par l'usage des instruments légaux existant et d'une meilleure coopération judiciaire ». Néanmoins, les États ont demandé à l'ONUDC de finaliser le « recueil d'accords bilatéraux, régionaux et internationaux en matière d'entraide judiciaire et d'extradition dès que possible, en vue de sa publication et de sa large diffusion dans les États membres de la CEDEAO et d'Afrique du Nord ». Le SPT a déjà terminé un « recueil d'accords bilatéraux, régionaux et internationaux en matière d'extradition et d'entraide judiciaire en matière pénale » pour les agents de la justice pénale, les juges et les procureurs du Niger.

    Dans une sous-région où l'ONU et d'autres experts en droits de l'homme ont documenté d'importants abus des droits de l'homme commis au nom de la lutte contre le terrorisme (par exemple, L'Organisation Arabe des Droits de l'Homme inclut trois États nord-africains parmi ceux qu'elle a dénoncés comme restreignant la liberté de ses citoyens par la détention illégale), il est important de faire en sorte que toutes les activités de formation de ce type dans la sous-région incluent d'importants composants consacrés à la nécessité que les agents de la justice pénale respectent les normes en matière de droits de l'homme et favorisent l'État de droit dans leur mission de mise en oeuvre des divers instruments onusiens et régionaux de lutte contre le terrorisme386(*).

    L'expertise de l'ONUDC s'étend à d'autres crimes terroristes comme le crime organisé, le financement du terrorisme, le blanchiment d'argent, le trafic de stupéfiants et la traite des personnes. Davantage d'attention doit être apportée pour faire en sorte que l'activité de renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme du SPT soit efficacement intégrée aux efforts d'autres entités de l'ONU, notamment du PNUD, du Département des opérations de maintien de la paix, du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et même de la DECT, afin de renforcer les capacités des secteurs de sécurité et des systèmes de justice pénale à résoudre un certain nombre de problèmes de sécurité liés entre eux. C'est particulièrement important en Afrique du Nord et dans le Sahel où les capacités d'absorption des institutions nationales peuvent être limitées lorsqu'il s'agit de recevoir de l'assistance technique.

    Avec plus de ressources, l'ONUDC pourrait continuer à développer ses travaux en Afrique du Nord et au sahel afin de venir en aide aux pays de la sous-région qui manquent encore de cadre juridique nécessaire pour permettre la coopération internationale dans les affaires de terrorisme. Un effort de ce type pourrait faire partie d'une approche stratégique plus large de l'ONU, visant à renforcer les capacités des systèmes nationaux de justice pénale. Une telle approche devrait fournir « une formation approfondie et substantielle aux représentants, praticiens et décideurs appropriés », inclure une « dissémination constante d'outils et de manuels de formations utiles et accessibles, soutenue par un suivi efficace et renforcée par des services de soutien continus »387(*)et promouvoir l'élaboration et la mise en oeuvre d'une réponse holistique aux menaces terroristes et aux autres menaces en matière de sécurité.

    B - L'union européenne et le sahel

    La stratégie pour le sahel, qui a été élaborée par le Service Européen pour l'Action (SEAE) et qui a été adoptée par le Conseil des Affaires Etrangères du 21 mars 2011, est une initiative majeure de politique de l'UE qui a nécessité plusieurs années de préparation. S'inscrivant dans un contexte géopolitique et dans une configuration internationale particulière et ambitionnant de s'attaquer à des problématiques complexes, la présente stratégie soulève un certain nombre d'objectifs (1) et de défis (2).

    1- Objectifs de la stratégie européenne au sahel

    « En dépit de son importance stratégique pour l'Europe, le sahel a longtemps pu paraître lointain à certains Etats européens. Or, la multiplication des attentats et des prises d'otages ne visant pas uniquement des ressortissants français a suscité un intérêt accru pour la région et une prise de conscience sur les risques qu'elle faisait courir »388(*). En octobre 2010, trois mois après la mort de Michel GERMANEAU et quelques semaines après les événements tragiques d'ARLIT389(*), le Conseil des Affaires Etrangères de l'UE demanda l'élaboration d'une politique concrète et rapide pour le sahel. Le Service d'Action Extérieure de l'UE a alors établi une « stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le sahel ». Cette stratégie était censée traduire « l'attention et la préoccupation croissantes que suscite la partie sahélienne d'Afrique de l'Ouest »390(*) ainsi que la « solidarité de l'Union Européenne avec les pays du sahel touchés par la menace terroriste »391(*), car faut-il le reconnaître, « c'est bien la situation sécuritaire et précisément la menace terroriste, personnifiée par AQMI, qui semble avoir été le déclencheur de l'attention qui est portée à la région du sahel et de la grande majorité des actions nationales et internationales initiées »392(*).

    La stratégie telle qu'elle a été présentée résulte d'un processus d'évaluation, de dialogue et de concertation qui s'est étalée sur une période de plus d'un an en se fondant sur une série de missions sur le terrain et impliquant l'Algérie, le Niger, le Mali et certains pays membres de l'UE mais également plusieurs départements de son institution. Elle s'articule autour de l'appui que l'UE est susceptible d'apporter en soutien à certains pays du sahel dans les efforts que la plupart d'entre eux ont initié afin de faire face aux problèmes complexes d'ordre socio-économiques, politiques, environnementaux et sécuritaires auxquels ils sont confrontés. Ainsi, sur une période de 5 à 10 ans, la stratégie ambitionne de venir en appui aux autorités nationales des pays confronté à des tensions internes (économique, sociale, politique et sécuritaire). Ce soutient de l'UE vise à améliorer la stabilité politique, la sécurité, la bonne gouvernance, la cohésion sociale dans les Etats du sahel, ainsi que les opportunités économique et d'éducation. La stratégie souligne et intègre le lien indispensable et la corrélation entre la sécurité et le développement.

    Comme cela fut annoncé en 2011, l'action envisagée par l'UE au sahel avait pour but de promouvoir le développement, la bonne gouvernance et la résolution des conflits internes. Sur ce plan, l'UE envisageait résoudre certains problèmes socioéconomiques de sorte à améliorer les conditions de vie des populations qui vivent dans les régions sahéliennes et à leur offrir des opportunités économiques, l'objectif étant d'éviter que ces régions deviennent des terreaux propices au développement des activités criminelles et à l'enracinement d'un certain radicalisme. Il était aussi question de rétablir et de renfoncer la présence de l'Etat dans les zones qui échappent à son contrôle. L'autre point saillant consistait à la promotion d'une coopération régionale plus étroite. Ceci dans l'intention de faciliter la mise en oeuvre d'une approche plus coordonnée au niveau régional de même qu'un niveau international, permettant notamment aux différents pays de la région de travailler de concert à travers un dialogue soutenu et renforcé, à une gestion efficace des menaces et défis auxquels ils sont tous, d'une manière ou d'une autre et à des degrés divers, confrontés.

    Par ailleurs, le renforcement des capacités sécuritaires nationales et de l'état de droit était aussi nécessaire pour enrayer la prolifération des zones de non droit échappant complètement ou en partie au contrôle étatique. Situation dû à l'incapacité des forces de sécurité des pays de la région à assurer et à imposer leur présence effective dans ces régions. La stratégie prévoit de ce fait le renforcement des capacités des institutions de sécurité, du maintient de l'ordre et de l'état de droit afin de les rendre apte à faire face au terrorisme et à la criminalité transfrontalière organisée. Enfin, l'amélioration de la situation économique et la prévention de l'extrémisme violent et le radicalisme est pour l'UE, un moyen incontournable pour répondre aux difficultés socio-économiques et de mécanismes de marginalisation qui fragilisent la cohésion sociale dans plusieurs régions de la bande sahélienne, faisant le lit d'une idéologie islamiste radicale qu'AQMI et d'autres groupes jihadistes essaie d'implanter par le biais d'action d'embrigadements et de propagande. L'Europe envisage ainsi de supprimer ou de réduire les facteurs qui favorisent l'émergence, l'enracinement et la montée de cet extrémisme violent. Il est ainsi question de réduire la pauvreté, le sous-développement et le sentiment d'exclusion sociale que pourraient ressentir certaines composantes des populations vivant dans les régions sahéliennes.

    La mise en oeuvre de cette stratégie européenne pour le sahel suscite toutefois des inquiétudes. A ce jour, il y a eu beaucoup de mots mais peu d'actions concrètes réalisées. Ce qui pour certains constituent des défis pour sortir le sahel du spectre de la menace terroriste.

    2- Défis à la mise en oeuvre de la stratégie européenne

    Un certain nombre de limites ont été formulées à l'égard de la coopération sécuritaire mise en oeuvre au sein de l'UE. Elles concernent particulièrement sa frilosité à aller au-delà du concept traditionnel des formations et conseils apportés aux secteurs de la sécurité des pays auxquels l'UE apporte un soutien et notamment à fournir des équipements militaires, dont bon nombre de pays africains ont pourtant besoin. L'opérationnalisation de la stratégie, qui représentait l'un de ses défis à tarder à se concrétiser393(*). La conséquence directe est qu'elle a été rattrapée et même dépassée par la survenance ou la réalisation de facteurs (notamment le conflit en Libye et l'incidence qu'il a eu pour le Nord du Mali) l'ayant rendu difficilement applicable, précipitant quelque peu son début de mise en oeuvre. Ainsi, une stratégie qui était conçue comme un instrument de prévention s'est réduite à opérer dans l'urgence. C'est notamment dans ce contexte que c'est inscrit le lancement de l'opération EUCAP394(*) sahel Niger.

    Le sahel étant une région traversée par des dynamiques diverses et complexes, il est nécessaire que chaque initiative visant à stabiliser la situation dans le sahel découle d'une analyse approfondie des complexes dynamiques et interactions d'ordres sociales, économiques, historiques, culturelles, politiques et sécuritaires. Ce sont en effet ces dynamiques et interactions ou du moins certaines d'entre elles qui participent notamment à l'émergence de l'extrémisme radical, au développement des activités criminelles et des trafics dans la région. En outre, la stratégie européenne est sans doute un peu dépassée par la donne récente et particulièrement le conflit libyen dont les conséquences sur la sécurité et la stabilité dans le sahel sont encore loin d'avoir toutes été analysées et envisagées. La stratégie européenne telle qu'elle se présente actuellement n'est à l'évidence pas un document opérationnel, ce qui limite son impact effectif sur le terrain. L'une des principales ambitions de la stratégie semble à ce propos, comme il est précisé dans le document, de doter l'UE d'un cadre politique devant servir à mobiliser les différents instruments et moyens d'assistance de l'union et à améliorer la coordination de ses initiatives actuelles et futur dans la région.

    L'un des défis subséquents consistera ainsi à traduire effectivement dans les faits et de manière opérationnelle ou programmatique les objectifs et axes stratégiques esquissés, en les dotant des moyens adéquats à la hauteur des ambitions affichées et des défis multidimensionnels que sous-tendent la sécurité et le développement dans le sahel. De même, les initiatives, efforts et actions visant à faire face aux problèmes identifiés en termes de développement et de sécurité dans la région sont de la responsabilité première de chacun des pays concernés. De ce fait, malgré les contraintes relatives à la nature complexe des défis socio-économiques, politiques, environnementaux et les difficultés relatives à la faiblesse des capacités de certains des pays concernés, les actions à entreprendre ne sauraient être efficace sans un engagement résolu et concerté de la part de ces derniers (Mali, Mauritanie, Niger, Algérie) qui se doivent donc de prendre à bras le corps les efforts et les risques nécessaires. La stratégie ne saurait être efficace, tout comme les initiatives des autres partenaires internationaux et celles de chacun des pays concernés, sans une approche véritablement régionale, collective et concertée à laquelle s'associeraient toutes les parties prenantes, avec en prélude une vision et une réelle volonté commune. Pour l'heure, cette coopération si elle n'a pas toujours été sereine395(*), semble compte tenu de la menace terroriste être la voie privilégiée et l'ultime recours tant au niveau national, régional qu'au niveau des partenaires extérieures pour résoudre l'énigme du progrès dans la région sahélienne.

    SECTION II : L'ENIGMATIQUE PROBLEMATIQUE DU PROGRES DANS LA REGION SAHELIENNE

    La crise sécuritaire sahélienne renvoie à la difficulté structurelle à asseoir la présence et l'autorité de l'Etat avec des moyens très faibles, sur des territoires immenses et peu peuplés. C'est le lien entre la population et l'Etat qui est au coeur des enjeux. Dans ces espaces, l'accès aux services publics est aussi fondamental que la satisfaction des besoins de base que sont par exemple la nourriture et l'eau. C'est pourquoi le développement de l'économie dans la région serait une arme contre le terrorisme (paragraphe I) d'autant plus que les menaces sécuritaires ont un impact direct sur la prospérité de l'économie dans cette zone et constitue un danger pour l'éclosion du radicalisme religieux (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I : LE DEVELOPPEMENT, L'AUTRE ARME ANTI TERRORISTE

    Le développement économique et social du sahel est un élément clef pour la stabilité de la région et consécutivement, pour sa sécurisation (A). De ce fait, la coopération et le renforcement des efforts des pays du sahel en matière de développement permettrait de sortir cet espace de l'ombre du sous-développement et de l'insécurité (B).

    A- Le développement, condition de la stabilité au sahel

    Promouvoir le développement socioéconomique de la région sahélienne (1) et résoudre la question des crises alimentaires dont sont victimes les populations sont aujourd'hui des équations incontournables pour conjurer le terrorisme au sahel (2).

    1- De la nécessité de promouvoir le développement socioéconomique de la région

    La région sahélienne est devenue un repaire de menaces pour « la paix et la sécurité régionale et internationale ». Résoudre ce problème exige outre l'option militaire, des stratégies complètes en faveur du développement économique, social et humain. La stabilité politique dans la région passe par le renforcement et l'encouragement des investissements productifs. Les Nations Unies ont longtemps soulignées la dimension apaisante du développement et n'ont cessé par la suite d'alerter sur les risques d'un monde déséquilibré, dans lequel « tandis qu'une partie de l'humanité vit dans le confort et même dans le luxe, une autre partie, de loin plus nombreuse, végète dans une misère extrême. (...) Partout, la jeunesse est en effervescence (...) » et le fossé séparant les riches des pauvres n'ayant cessé de s'élargir, « cette situation déplorable a contribué à accroître la tension dans le monde »396(*). En conséquence, le développement n'est pas seulement une exigence moral ou matériel, c'est aussi un outil qui contribue à la stabilité du monde et répond aux intérêts et à la sécurité de tous. Il convient de remédier à la pauvreté dans la région du sahel parce qu'elle est insupportable, mais aussi parce qu'elle est un facteur de déstabilisation. Les populations des régions sahélo-sahariennes vivent dans un grand dénuement consécutif à plusieurs années de sécheresse, de famine et du faible niveau de développement. Et l'exploitation des ressources naturelles dont regorge cet espace n'a pas eu d'impact sur les populations. Cette situation nourrit des frustrations et des sentiments d'injustice.

    La lutte contre le terrorisme et le crime organisé au sahel ne saurait se concevoir sans une implication des populations concernées. L'intégration régionale et notamment le développement d'un marché commun pourraient contribués à soustraire les populations du sahel à la pauvreté et la misère. A terme, si nous participons à une amélioration du progrès dans la région sahélienne, nous pourrions assister à un assainissement de l'insécurité transfrontalière dans cette zone. Les manoeuvres stratégiques de lutte contre le terrorisme ne peuvent véritablement se réaliser et être efficace, que si elles sont inscrites dans une démarche qui dépasse le traitement symptomatique du phénomène pour appréhender les causes profondes qui l'animent. Dans cette perspective, plus de justice sociale contribuerait, à n'en point douter à bâtir des piliers de stabilité pour tout le continent, et, ipso facto, à réduire la sensibilité au discours terroriste. Le développement et la stabilité en Afrique pourraient trouver un nouvel élan si la volonté et le courage politique de s'attaquer avant tout à la corruption existent bel et bien, mais surtout si l'appréhension de la thématique sécuritaire se fonde sur la définition d'intérêts économiques partagés, évalués préalablement à l'aune des menaces communes entre partenaires africains et non africains397(*). Toutefois, la sécurité alimentaire reste l'autre préoccupation qui doit être prise en compte pour que la paix revienne.

    2- Résoudre la question de la sécurité alimentaire au sahel

    La sécurité alimentaire doit être au coeur des préoccupations. C'est dans l'espace sahélien que les grandes sécheresses de 1973 et 1984 ont fait le plus de ravages en hommes et en troupeaux. Et ces événements furent en partie à l'origine des révoltes touarègues qui se sont succédées depuis. De cycliques, les crises alimentaires et nutritionnelles sont devenues récurrentes et plus complexes. Une nouvelle forme de discrimination s'est installée : celle du marché. Les produits alimentaires peuvent être disponibles mais inaccessibles du fait de leur prix. Les pasteurs et agropasteurs sont particulièrement concernés comme l'a montré la crise alimentaire au Niger en 2005. En effet, aux alternances de périodes humides et sèches que le sahel a régulièrement connues au cours du dernier siècle, succèdent désormais des sécheresses graves et durables qui, outre leur intensité, repoussent les limites des zones humides vers le Sud. Selon les projections, cela devrait s'aggraver à l'avenir, dans le contexte du réchauffement climatique de la planète. Et comme le souligne un récent rapport, « les changements climatiques constituent une menace de taille pour la croissance du secteur agricole et l'atteinte de la sécurité alimentaire dans l'espace UEMOA. C'est l'ensemble des écosystèmes terrestres, côtiers, marins et des systèmes humains qui seront affectés par les effets négatifs du changement climatiques »398(*).

    Dans une région où l'agriculture est essentiellement pluviale, la vulnérabilité des activités agricoles, au demeurant peu mécanisées et d'un rendement assez faible, est évidente. Cette vulnérabilité alimentaire399(*) n'est pas sans lien avec l'installation des groupes terroristes dans la région sahélienne. Ceux-ci profitent de l'insécurité alimentaire de certains pays du sahel plus précisément ceux de l'espace CEDEAO pour mieux développer leurs activités et s'enracinent dans la région parfois avec les complicités locales. L'aide ciblée n'apporte aucune réponse au problème de la décapitalisation des ménages ou celui de l'insécurité alimentaire chronique. Et l'avenir paraît sombre avec les perspectives climatiques et pluviométriques qui s'annoncent défavorables. Face à cette situation, les pays de l'Afrique de l'Ouest et leurs partenaires internationaux doivent tirés les leçons de la marginalisation des franges sahéliennes, de leurs populations et de leurs territoires. Ils doivent renforcés à court terme les stratégies de développement et d'aménagement des zones sahéliennes, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Ils doivent appuyés la mise en oeuvre de politiques ambitieuses à moyen et long terme dans le domaine de l'agriculture au sens large du terme. Ils doivent notamment porter un autre regard sur l'économie pastorale et agropastorale et mesurer enfin, le coût de l'inaction. Quoiqu'il en soit, les appuis politiques et financiers obtenus auprès des grands acteurs internationaux deviennent dès lors indispensables.

    B- La coopération et le renforcement des efforts des pays du sahel en matière de développement

    Le sahel, espace pauvre s'il en est, est logiquement l'objet d'attention des bailleurs bilatéraux (1) et multilatéraux (2) qui d'une manière ou d'une autre apporte leur aide à cette région.

    1- Le soutien indéniable des partenaires bilatéraux

    Le premier constat à observer est que les partenaires bilatéraux des pays sahéliens sont nombreux et, dans la majorité des cas, très généreux. Le sahel connait donc une pression très forte d'acteurs bilatéraux qui aujourd'hui tendent à se détacher comme acteurs majeurs dans la région et se distinguent tant par les volumes qu'ils engagent que par les secteurs qu'ils couvrent. C'est le cas des pays comme la France, les Etats-Unis qui en plus d'une contribution financière importante sont aussi présent dans le domaine de la coopération militaire avec les Etats de la région. A côté de ceux-ci, sont aussi présent, le Canada, les Pays-Bas, l'Espagne, le Royaume-Uni qui contribuent fortement à l'Aide public au Développement délivrée au Mali, à la Mauritanie et au Niger. Cette dernière a par ailleurs décidé de se retirer de la région lors de la révision de la politique bilatérale d'aide au développement qu'il a effectué en Mars 2011. Le gouvernement de David Cameron a choisi un recentrage drastique et n'interviendra plus que dans vingt sept pays au maximum dans lesquels l'intervention du Royaume-Uni présente un intérêt significatif. Les pays du sahel sont directement touchés par cette révision politique puisque le désengagement des programmes bilatéraux sera effectif au plutard en 2016. Cela étant, si le Royaume-Uni préfère laisser aujourd'hui un pays comme la France intervenir sur un terrain qu'elle ne maîtrise pas trop, c'est parce qu'elle n'y avait jamais été très présent.

    En 2009, l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE)400(*) a identifié 18 pays membres de son comité d'aide au développement comme donateurs au Mali. Ils lui ont apportés au total quelques 548 millions de dollars. Les USA par exemple engagent des crédits considérables. A cet effet, l'assistance américaine au Mali n'a cessé d'augmenter ces dernières années, après avoir stagné entre 50 et 60 millions de dollars annuels entre les années 2005 et 2008401(*). Le Mali est en Afrique subsaharienne, l'un des pays cible du Millenium Challenge Corporation, et il a reçu à ce titre près de 123 millions de dollars en 2010402(*). Le Canada et les Pays-Bas sont aussi, traditionnellement, des bailleurs très importants pour le Mali, puisqu'ils étaient en 2008, les premiers contributeurs de l'Aide Public au Développement reçu par ce pays. Les contributions d'Ottawa ont dépassées 99 millions de dollars en 2008 et ont atteint les 81,5 millions de dollars en 2009, pendant que celles des Pays-Bas atteignaient ces deux années là, les 80 millions de dollars, après avoir même dépassé les 100 millions de dollars en 2005. L'Allemagne fournit également une aide importante à Bamako, qui a dépassé celle de la France en 2009, avec un apport total de plus de 54 millions de dollars. Le Japon, la Suède, l'Espagne ou le Luxembourg, font partis eux aussi des donateurs significatifs au Mali, dans une manière toutefois moindre, pour des montants respectivement de 35,5 millions de dollars, 28, 9 millions de dollars, 24,3 millions de dollars et 22,8 millions de dollars. Dans l'ensemble, les secteurs qui reçoivent les aides bilatérales les plus importantes sont le secteur productif ; agriculture en premier lieu suivi de près par l'éducation, la santé, de l'eau et de l'assainissement. A côté de cette aide bilatérale, vient s'ajouter l'aide multilatérale nécessaire à la région tout comme la première.

    2- Les apports des partenaires multilatéraux

    Selon les données publiées par le Comité d'Aide au Développement de l'OCDE, les institutions multilatérales sont également des acteurs particulièrement actifs dans la région sahélienne. Le Mali a reçu en 2009 près de 420 millions de dollars des apports extérieurs403(*). La plus grosse contribution était celle de l'Agence d'Aide au Développement de la Banque Mondiale, près de 167 millions suivi des apports des institutions de l'Union Européenne estimés à 102 millions de dollars et de la Banque Africaine de Développement (BAD) soit près de 60 millions de dollars. Les organisations du système des Nations Unies interviennent de manière plus modeste, pour un total cumulé de près de 39 millions de dollars, à la charge de l'UNICEF (14,7 millions de dollars), du PNUD (11,1 millions de dollars), et du FNUAP (2,6 millions de dollars). Dans l'ensemble, ces contributions multilatérales sont relativement stables et reparties entre près d'une quinzaine d'organisations.

    Les instituions européennes apparaissent comme les premiers contributeurs, avec un total de plus de 67 millions, devant l'Agence d'Aide au Développement de la Banque Mondiale, un peu moins de 39 millions de dollars, suivi de la Banque Africaine de Développement avec 26,9 millions de dollars. Pour ce qui est de l'ONU, c'est encore l'UNICEF qui était le premier donateur Onusien, avec plus de 18 millions de dollars devant le PNUD (8,8 millions de dollars). Les principaux Etats bénéficiaires se trouvent en Afrique de l'Ouest soit le Mali, le Niger et la Mauritanie principalement les plus exposés aux menaces sécuritaires y compris à la crise alimentaire qui secoue souvent le Nord de leur territoire et qui ont un impact sur le progrès socioéconomique de la région.

    PARAGRAPHE II : CONSEQUENCES DES MENACES SECURITAIRES SUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DANS LA REGION SAHELIENNE

    Les défis de la sécurité au sahel ont des répercussions sur le développement de la région (A) qui par ailleurs se trouve confronté au problème de l'état de droit (B).

    A- Les répercussions sur le développement du sahel

    Les défis de la sécurité au sahel sont causes de recul de l'Etat en tant que prestataire de services publics (1). De même, ils entravent l'essor de l'activité économique (2).

    1- Le recul de l'Etat en tant que prestataire de services publics

    De manière générale, l'Etat au sahel démontre une faible capacité à mobiliser les ressources matérielles, humaines et financières. Cet état de fait est en partie imputable à l'incivisme et à l'ignorance pour répondre à tous les besoins en services publics, tant en termes de quantité que de qualité. Au regard des divers menaces aussi bien internes qu'externes qui pèsent dans la région sahélienne, les agents de l'administration sont réticents à servir dans cette région. Parmi ceux qui sont affectés, certains se battent des pieds et des mains pour être mutés. Ce mépris pour la région est accentué par les idées reçues sur l'hostilité de la région. Ce faible attrait de la région a pour conséquence une faible dotation des services en ressources humaines, ce qui ne permet pas un fonctionnement optimal des services. L'insuffisance des ressources ne permet pas aux services publics de se rapprocher des populations. Cette situation contribue à maintenir, voire agrandir le fossé entre l'administration et les populations et réduit de ce fait la demande des services publics.

    La faible densité de peuplement et la forte mobilité des populations dans cette bande désertique rendent difficile et coûteux tout effort visant à réduire les distances d'accès aux services sociaux. A ceci s'ajoute le fait que l'analphabétisme, l'ignorance et l'incivisme amènent les populations à ne pas honorer leur devoir fiscal privant ainsi l'administration, notamment déconcentrée, de ressources pour investir. De manière générale, la mauvaise gouvernance ne permet pas de conduire des politiques économiques judicieuses et orientées vers le développement.

    Les menaces sécuritaires conjuguées à l'éloignement des services sociaux constituent un frein à la demande de services publics de la part des populations du sahel. En effet, au regard de l'éloignement des services publics et du fait de la montée du banditisme, les populations courent le risque de se faire agresser en s'y rendant. A cela s'ajoute les pesanteurs socioculturelles et les croyances qui constituent des obstacles à la fréquentation des services publics. L'intégrisme religieux qui tend à opposer l'enseignement public aux valeurs de la religion musulmane, amènent plusieurs parents à préférer l'école coranique non formelle où les enfants sont censés recevoir un enseignement conforme à la loi islamique. Les croyances et pesanteurs socioculturelles404(*) en conduisant à la déscolarisation prématurée405(*) contribuent aussi à réduire la demande en matière d'enseignement. La méconnaissance par les populations sahéliennes de leur droit, notamment socio-économique ne leur permet pas de les revendiquer et d'amener l'administration à déployer les efforts pour le respect de ces droits.

    De même, les prestations des services sociaux de base ont souvent aussi été la cause de la désertion de ces services par les populations. En matière de santé par exemple, il ressort que dans la région du sahel, les coûts sont l'un des motifs de la non fréquentation des services de santé. La corruption, en renchérissant les coûts d'accès aux services sociaux, en évince les plus pauvres qui n'ont pas les moyens pour en payer le prix. Par ailleurs, le sentiment de spoliation qu'ont les populations vis-à-vis de certains services les amène à s'en éloigner. Le faible développement des infrastructures rend inaccessible certains services dans certaines localités surtout en saison de pluie. Pareil pour le réseau routier qui, de part sa faiblesse entrave la communication, la connexion entre les villes, les localités et empêche de ce fait, l'essor du développement de la région.

    2- L'essor de l'activité économique entravé

    La prédominance de l'analphabétisme au sein de la population active joue négativement sur l'offre de travail qualifié dans la région. De ce fait, plusieurs opportunités d'emplois qu'offrent les projets réalisés dans le sahel dans le secteur des mines par exemple ne peuvent pas être saisies par les populations. Les postes d'agents publics leurs échappent également. Or, dans plusieurs domaines, l'affectation d'agents originaires de la région qui connaissent les us et coutumes des populations aurait pu constituer un atout majeur et faciliter l'adhésion de ces structures par les populations. Elle aurait permis également de mettre en avant des hommes et femmes modèlent, ce qui serait très intéressant en termes d'incitation à la scolarisation. L'incapacité des populations locales à saisir les opportunités d'emplois dans l'industrie minière est cause de frustrations au sein de ladite population et constitue de ce fait une menace pour une exploitation sereine des ressources minières.

    La production minière est également très touchée par les problèmes sécuritaires dans la région du sahel. En effet, les sociétés industrielles sont le plus souvent entre l'enclume des revendications, vandalisme des populations et le marteau du banditisme et de la rébellion. Ces revendications, vandalismes sont exacerbés non seulement par l'analphabétisme ambiant et l'ignorance des populations mais aussi et surtout par la mauvaise gouvernance des acteurs locaux. Ainsi, dans certaines localités les ressources mises à la disposition par les sociétés minières ne sont pas souvent exploitées à bon escient. Et ceux-ci sont vus dans l'imagerie populaire comme des voleurs, des pilleurs qui exploitent les ressources sans contre partie.

    Le tourisme est l'un des secteurs qui souffre le plus des défis sécuritaires. En effet, la déclaration de cette bande sahélienne comme zone infréquentable a eu pour effet un abandon de la zone comme destination touristique. Aussi plusieurs guides touristiques ont-ils été contraints de se reconvertir dans d'autres domaines s'ils ne sont pas simplement retournés au chômage. Si jusqu'à aujourd'hui AQMI et d'autres groupes terroristes n'ont pas encore commis le moindre attentat aveugle dans aucun des trois pays sahéliens (Mali, Niger, Mauritanie) les plus exposés au menace, l'organisation s'est limitée à attaquer que des intérêts français dans la majorité des cas. Malgré le fait que les services de sécurité ont parfois su les déjouer à temps, les trois pays ont été classés en zone rouge pour la majeure partie de leur territoire et orange pour le reste. Le tarissement du tourisme qui a résulté des mesures prises par certains Etats a été une catastrophe économique et sociale pour les populations de la région qui en tiraient jusque là des ressources essentielles. Les actions de coopération au développement qu'assuraient certains ONG ont également été touchées à cause de la menace terroriste. Plusieurs ONG ont donc dû se retirées ou ont été amenées à réduire leurs activités au sahel.

    L'insuffisance des infrastructures hydro-agricoles et pastorales contribue aussi à inhiber l'essor des deux activités principales des localités qui font l'agriculture et l'élevage. La faiblesse des capacités financières de l'administration publique (centrale et locale) ne lui permettent pas de jouer son rôle d'impulsion du développement par la création des infrastructures nécessaires pour le développement des potentialités, nombreuses, de la zone. Les populations agricoles et pastorales sont menacées d'une part, par le banditisme mais aussi par les conflits internes (fonciers notamment) qui découragent certains exploitants à faire des investissements significatifs et durables pour valoriser le potentiel foncier. Les régions agricoles du Sud constituent depuis longtemps la zone utile des actuels Etats de la bande sahélienne, ce qui contribue à limiter l'intérêt des gouvernements pour les régions dépourvues et peu peuplés du Nord. Compte tenu de l'impossibilité d'augmenter les disponibilités hydrauliques et alimentaires, l'accroissement démographique des populations de la frange saharo-sahélienne engendre ou aggrave des pénuries. Les ressources limitées et aléatoires des Touaregs privent ceux-ci de toute possibilité de dégager des surplus leur permettant d'accumuler les capitaux, donc d'investir et de bâtir une économie plus efficace406(*).

    L'échange est en permanence inégal entre les Touaregs et les marchands du Sud (Mali, Niger), au détriment des premiers407(*). La rente des matières premières fait l'objet d'une redistribution inégale, insuffisante ou inexistante en direction des populations locales. Les trafics et activités terroristes accréditent les discours visant à criminaliser tout ou partie des habitants de la région. Surtout que ces derniers ne sont pas réellement intégrés dans les Etats dont ils sont ressortissants et qui se disent Etat de droit.

    B - Le problème de l'Etat de droit : un Etat de droit fragilisé

    La promotion de l'Etat de droit aux niveaux national et international s'inscrit au coeur de la mission de l'organisation des Nations Unies. Il est indispensable de respecter l'Etat de droit si l'on veut instaurer une paix durable au sortir d'un conflit, assurée efficacement la protection des droits de l'homme et réaliser les progrès économiques soutenus et le développement. C'est pourquoi les Nations Unies ont déclaré 2012, année de l'Etat de droit. Or, au sahel, il existe des obstacles à l'affirmation de l'autorité de l'Etat (1) et une faible garantie des droits humains (2).

    1- Les obstacles à l'affirmation de l'autorité de l'Etat de droit

    L'Etat de droit est un système institutionnel dans lequel toutes les personnes morales (publiques ou privées) et physiques sont soumises à la règle de droit. Pour avoir une portée pratique, le principe de l'Etat de droit suppose l'existence de juridictions indépendantes, compétentes pour trancher les conflits entre les différentes personnes juridiques en appliquant à la fois le principe de légalité, qui découle de l'existence de la hiérarchie des normes, et le principe d'égalité, qui s'oppose à tout traitement différencié des personnes juridiques. Dans un Etat de droit, l'Etat dont la fonction de régulation doit être affirmée et légitimée, s'applique à respecter les droits humains.

    Dans le sahel ou du moins dans certains Etats du sahel, l'insuffisance des ressources humaines et matérielles empêche les services publics de fournir des prestations de qualité, d'être proche du citoyen et de lui réserver un accueil satisfaisant. Les ressources humaines et matérielles de l'Etat sont en deçà de ce que celui-ci devrait mettre en oeuvre pour un meilleur fonctionnement des institutions républicaines. Le personnel de l'administration publique est en nombre insuffisant car, nombreux sont ceux-là qui ne souhaite pas rejoindre le Nord. En effet, dans la mentalité de l'agent et même de l'administration centrale, être affecté au Nord équivaut à une sanction disciplinaire. Les agents en poste dans les régions du Nord du sahel doivent faire face à des conditions climatiques difficiles, au manque de moyens, et sans aucun avantage en retour. En outre, ils éprouvent un complexe d'infériorité par rapport à leurs homologues du Sud qui semblent nettement mieux équipés. Les principaux défis en matière de ressources humaines et matérielles sont la construction de routes et /ou leur entretien, la dotation des services en véhicules automobiles adaptées, l'affectation d'un personnel suffisant et adapté, et la création des services compétents pour chaque administration.

    L'autre fait majeur, est la faible participation à la vie publique et la mauvaise gouvernance. Les populations du sahel ont le sentiment d'être abandonner par l'Etat. Ainsi, celles-ci se sentent insuffisamment ou pas du tout impliqués dans les politiques de développement. De plus, les différentes politiques de développement ne prennent pas en compte les aspirations des habitants. Concernant les habitudes culturelles des populations de ces régions, les populations du sahel sont assez réservées de nature et la communauté joue un rôle primordial. Culturellement, la famille et le groupe social sont sollicités en premier dans le règlement des conflits. Ces habitudes culturelles et le souvenir toujours persistant du passé colonial, avec tous ses traumatismes et violations des droits humains, rendent les populations méfiantes et réticentes vis-à-vis de l'administration publique qu'elles considèrent comme une continuation de l'administration coloniale qui ne prend pas en compte leur réalité culturelle. Cet ensemble de données explique cette réticence ou même ce refus de collaboration avec l'administration publique. Par ailleurs, les populations du sahel sont aussi réfractaires à l'égard des étrangers. Les populations du Mali et du Niger, ayant une même frontière commune et partageant les mêmes habitudes culturelles et religieuses se sentent plus proches et considèrent les autres (Mauritaniens, Burkinabè etc.) comme des étrangers.

    Le défi sera donc de travailler à instaurer une confiance entre l'administration et les citoyens, de travailler à une administration véritablement républicaine dans laquelle chaque citoyen se sent concerné et pris en compte. Il faudrait également travailler pour que la confiance naisse entre l'administration publique et les populations en les impliquant davantage dans l'élaboration et l'application des politiques de développement. Cela contribuerait à diminuer la corruption des agents publics de l'Etat qui est une réalité dans les régions du sahel et à garantir les droits humains des populations sahéliennes qui restent fragilisées dans cette région.

    2- La garantie des droits humains : une mise en oeuvre limitée

    Les populations du sahel estiment globalement satisfaisantes la garantie et l'effectivité des droits civils et politiques, même si elles notent quelques insuffisances. Cependant, le véritable défi réside dans la garantie par l'Etat des droits économiques et sociaux, l'Etat ne mettant pas en oeuvre des politiques publiques efficaces permettant aux populations de jouir de ces droits. De ce fait, l'ensemble des droits économiques, sociaux et culturels ne sont pas assurés aux populations du sahel. Or tous les droits humains sont égaux et interdépendants. Un droit non garanti va avoir nécessairement des répercussions sur les autres droits.

    Au sahel, il existe un faible accès à la justice. Le droit d'accès au juge dans les localités de cette région n'est pas encore effectif pour tous du fait de l'éloignement de celui-ci du justiciable ; d'autre part, les juridictions n'ont pas de moyens pour tenir des audiences foraines. C'est un fait que la justice est éloignée du justiciable dans les régions du sahel et si elle existe, celle-ci n'offre pas aux justiciables tous les services qu'elle est censée offrir. D'abord, les distances à parcourir par les populations de ces régions pour accéder à un tribunal sont importantes. Ensuite, l'accès des populations des régions du sahel aux services d'un avocat est quasi impossible ou très coûteux du fait qu'ils ne sont établis que dans les grandes villes du pays. Il n'y a pas de cabinet d'avocat dans les régions du sahel, ce qui constitue une entrave au droit de la défense garanti par la constitution dans la mesure où l'assistance d'un conseil est obligatoire pour certaines procédures telles que les affaires criminelles, les mineurs poursuivis au pénal ou le pourvoi en cassation. Cette situation a pour conséquence les coûts trop élevés de la justice.

    L'information juridique et judiciaire est inaccessible aux populations des régions du sahel qui le plus souvent ne font pas confiance en leur justice. Pour cette raison, les populations du sahel recourent souvent aux services d'intermédiaires supposés à tort ou à raison mieux connaître le système, une pratique qui engendre la corruption et le trafic d'influence. La langue française utilisée par exemple au Mali et au Niger lors des procès n'est pas comprise des populations du Nord qui pour la plupart sont analphabètes. Les décisions de justice rendues sont rarement exécutées et les auteurs d'infractions ne sont pas souvent sanctionnés. Le boom minier dans le Nord de certains Etats du sahel comme le Niger avec l'exploitation minière a développé une insécurité dans toute la région. Elle se manifeste par des attaques à main armée, la vente et la consommation de stupéfiants dans la région etc. La police judiciaire dispose de peu de ressources pour enquêter efficacement sur les crimes commis et arrêter leurs auteurs. De plus, par peur de représailles, les populations refusent ou ont peur de dénoncer les criminels. La prison rencontre par ailleurs de sérieux problèmes d'adaptation social dans les régions du sahel. Institut méconnue dans les traditions, la prison est considérée comme une importation coloniale et est perçue comme un lieu d'humiliation et non d'insertion sociale. Et l'Etat s'avère incapable d'assurer l'effectivité des droits des détenus.

    De même, les droits de la femme et de l'enfant restent l'un des enjeux pour le sahel notamment dans les zones du Nord des pays comme le Mali, le Niger et la Mauritanie. Les femmes et les enfants sont les personnes les plus vulnérables dans les régions du sahel. Ainsi, ils voient leurs droits fréquemment violés. La plupart de ces violations sont le fait de personnes privées. Les mariages forcés et précoces sont par exemples très courants. La jeune fille est donnée en mariage à l'âge de 11-12 ans, parfois même 7 ans. Le mari est chargé de son éducation. Cette pratique entraine une forte déperdition sur le plan scolaire et, chaque année, on estime à plus de 60% les jeunes filles qui abandonnent l'école primaire. La pratique du lévirat subsiste aussi obligeant la veuve d'épouser le frère de son mari décédé. A cela s'ajoute l'excision, couramment pratiquée dans le Nord du Mali et du Niger. Les femmes participent peu à la vie publique. Malgré la présence de femmes parmi les élus locaux de la région sahélienne, le constat demeure qu'elles restent peu représentées dans la gestion des affaires locales. Cette situation est due aux pratiques culturelles et aux mentalités des populations de cette zone.

    Le défi sera donc de doter la région sahélienne des moyens suffisants permettant de garantir la dignité humaine, la sécurité et de permettre la scolarisation et l'éducation des filles en particulier. En plus de tout cela, le développement économique est un véritable défi pour la sécurisation de cette région.

    CONCLUSION DU CHAPITRE I

    Aucune évaluation à proprement parlée des diverses réponses et initiatives à ce jour conçues, tentées, initiées ou planifiées afin de lutter contre le terrorisme au sahel n'a été menée pour en mesurer l'impact. Cependant, l'analyse d'un certain nombre d'enseignements permet de tirer une conclusion dont certains ont transpiré tout au long de cette analyse. La lutte contre la menace terroriste en Afrique de l'Ouest et particulièrement dans la bande sahélo-saharienne, est une entreprise complexe, qui doit prendre en compte une multitude d'aspects : diplomatique, politique, socioéconomique et sécuritaire, et les liens que ce fléau entretient avec d'autres problèmes tels que la criminalité transfrontalière organisée et précisément les différents trafics qui se sont développés dans la région408(*). Les Etats du sahel doivent prendre acte de cette réalité et collaborer plus étroitement pour éviter que les mouvements terroristes et les groupes criminels ne s'enracinent davantage dans cet espace. L'éradication du terrorisme au sahel passe, en effet, par un renforcement de la coopération entre tous les pays de la zone et non à travers des postures différentes et souvent divergentes dans la lutte contre AQMI.

    Ainsi, en termes d'efficacité, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé ne peuvent plus se concevoir à partir de catégories telles que l'intangibilité des frontières, la souveraineté ou les rivalités pour le leadership régional ; elle doit au contraire s'articuler autour de domaines d'application transversaux et sur des aires régionales intégrées, soumises aux mêmes problématiques et aux mêmes menaces, transcendant le prisme purement colonial409(*). « Il est temps de mieux méditer la réponse fondamentale, la restauration des nations historiques devant prévaloir sur les entités coloniales dressées artificiellement par les métropoles dans l'intérêt des calculs impériaux de l'époque ». « Il est temps de tourner la page coloniale et d'aller vers la régionalisation bien comprise et le respect des ensembles homogènes sur la base des grandes nations historiques ayant précédé le charcutage colonial ». L'Afrique doit désormais se réapproprier sa propre destinée.

    CHAPITRE II :

    ACTIONS CONCRETES ET DE CONCERTATIONS FACE A LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL

    Terrorisme, criminalité, piraterie, conflits internes, coup d'état, déstabilisation des pays secoués par le « printemps arabe », chaos en Libye, crise au Nord du Mali...l'année 2011 et 2012 n'aura pas épargné la sécurité de l'Afrique, qui connaît une situation toujours préoccupante, malgré des avancées positives (création d'un nouvel Etat au Sud-Soudan, résolution de la crise ivoirienne etc.). Les facteurs d'insécurité se diversifient, la violence ne recule pas et jamais les activités illicites n'ont connu une telle ampleur. Les Etats du continent ne parviennent pas à trouver la stabilité et la sécurité nécessaire à leur développement, malgré les efforts entrepris depuis plusieurs années. En effet, les pays d'Afrique subissent les effets de trois phénomènes : la persistance des conflits internes et des rebellions locales, le développement du crime organisé et l'enracinement du terrorisme djihadiste incarné par AQMI, les milices somaliennes AL-SHEBAB SHEBAB et la secte islamiste nigériane BOKO HARAM. Ces phénomènes concomitants représentent un défi considérable pour les pays africains.

    Depuis la mort de Ben Laden (le cerveau d'Al-Qaïda), si la dynamique de l'islam salafiste combattant semble marquer le pas au Moyen-Orient, son berceau, elle connaît un élan nouveau en Afrique, précisément dans sa partie sahélienne. Ce qu'il faut retenir, c'est que même si le terrorisme n'est pas encore profondément ancré dans les pratiques africaines, le continent renferme les germes d'un terrorisme en puissance. Le procédé risque de prendre de l'ampleur et éclore véritablement avec le temps si la situation sociale demeure statique et que les marchands d'illusions parviennent à récupérer les mécontentements populaires pour en faire une arme à leur disposition. A cet égard, l'extrême difficulté des Etats à exercer leurs fonctions régaliennes sur de vastes espaces dont ils ont la charge représente la problématique centrale de la sécurité des Etats africains.

    En l'absence de décisions rapides et fortes au niveau régional (CEDEAO), continental (UA) et international, tous les scénarios seront ouverts et le risque à venir est celui de voir un sahel dans le chaos propice à la propagation de l'extrémisme religieux et de la violence terroriste et au-delà. Il est donc urgent d'adopter une stratégie cohérente et efficace contre le danger terroriste au sahel (Section I) et un système antiterroriste qui intègre des objectifs communs face à cette menace (Section II) avant que ne survienne un retournement de situation qui ferait du continent africain une place forte de cette pratique. Malgré cette avalanche de nouvelles préoccupantes, nous sommes convaincus que les raisons d'espérer existent. C'est pourquoi il est essentiel de suivre avec vigilance tous les facteurs de déstabilisation du continent africain, lequel jouera, au XXIe siècle plus que jamais auparavant, un rôle essentiel pour la stabilité mondiale.

    SECTION I: ADOPTER UNE STRATEGIE COHERENTE ET EFFICACE CONTRE LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL

    La mise sur pied de contres mesures exhaustives pour contrecarrer la menace terroriste au Sahel (paragraphe I) et un engagement communautaire dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme sont indispensables pour les Etats de la région (paragraphe II).

    PARAGRAPHE I : UNE MISE EN PLACE DE CONTRES MESURES EXHAUSTIVES POUR CONTRECARRER LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL

    L'ampleur de la menace terroriste au sahel dicte une stratégie commune entre les pays du champ (A) à côté d'une aide internationale nécessaire (B) pour briser le cycle de la violence et éviter l'enracinement de l'insécurité.

    A- De la nécessité d'une vision commune entre les différents acteurs de la région

    Le renforcement de la coopération régionale à travers une réelle volonté de répartition des rôles (1) et la fin des divergences entre Etats riverains permettraient de dissiper des stratégies qui, pour le moment, ne convergent pas (2).

    1- Le renforcement de la coopération régionale

    L'évolution des menaces qui pèsent sur la sécurité et la stabilité des pays africains met en exergue la nécessité de faire évoluer les moyens mis en oeuvre par les Etats, les Organisations Régionales ainsi que la Communauté Internationale vers une stratégie commune. La mise en commun de moyens humains, militaires et de renseignement est primordiale pour lutter plus efficacement contre les menaces de déstabilisation410(*). La coopération à tous les niveaux devrait être l'axe essentiel à toute démarche visant à prévenir et à éradiquer l'instabilité qui règne au Sahel et au Sahara. Les approches individuelles ou partielles, répondant à des intérêts nationaux ont démontré leur limite. Malgré le nombre considérable de dispositifs économiques, législatifs, militaires, policiers, régionaux et internationaux, mis en place pour le Maghreb et l'Afrique sahélienne et Occidentale par les africains eux-mêmes, l'UE, l'OTAN et les USA411(*), les actions pour lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme restent dispersées et atomisées en fonction d'objectifs partiels et sectoriels, et selon les priorités et les intérêts particuliers des Etats ou groupement d'Etats.

    En outre, la multiplication des organisations régionales et sous-régionales et la variété des accords bilatéraux et multilatéraux, en conduisant à une certaine confusion, ont dilué les vrais enjeux de sécurité et dispersé les efforts. « L'absence de plan d'action contre le terrorisme au niveau sous-régional entrave les efforts collectifs menés pour faire face à la menace terroriste » concluait ainsi l'enquête sur la mise en oeuvre par les Etats membres de l'ONU de la résolution 1373 (2001) du Conseil de Sécurité évoquant la situation en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale412(*). La coopération au niveau des pays de la CEDEAO en matière de lutte contre le terrorisme est assez embryonnaire et peu institutionnalisée dans sa forme collective. Quant à la coopération au niveau des Etats du Maghreb, elle reste morte depuis. L'UMA n'a pas pu sortir de la léthargie dans laquelle elle se trouve depuis une quinzaine d'années.

    Participer à des dispositifs régionaux non coordonnés dont les domaines d'action sont multiples, ne suffit pas à combattre les flux et les activités criminelles car le propre des flux est d'avoir des effets sur des espaces qui transcendent les territoires nationaux. Leur fluidité, leur mobilité, leur capacité d'adaptation rapide, font que les flux ne connaissent que des espaces déterritorialisés. L'intégration régionale réduirait les risques de menace sécuritaire. Aussi, pour être plus efficace, la lutte contre le crime organisé, y compris contre le terrorisme, ne peut plus se concevoir à partir de catégories telles que l'intangibilité des frontières, la souveraineté, ou les rivalités pour le leadership régional ; elle doit au contraire s'articuler autour de domaine d'applications transversales et sur des aires régionales intégrées soumises aux mêmes problématiques et aux mêmes menaces, hors du prisme purement national. L'engagement d'une action concertée et coordonnée au plan régional doit permettre aux pays riverains de la bande sahélienne d'organiser de manière rationnelle et efficace, la lutte contre les groupes terroristes et criminels qui ont choisi le sahel comme leur nouveau sanctuaire. La sécurité de cet océan sahélien ne saurait comme en mer, que relever d'un effort concerté des riverains, notamment dans le partage de renseignement, et d'une perception commune des menaces afin de dissiper des stratégies, qui pour le moment, ne convergent pas. Bien au contraire, elles se croisent, voire se neutralisent, au nom des calculs étroits413(*).

    2- La fin des ambiguïtés entre Etats riverains du sahel

    Pour empêcher AQMI de continuer à consolider sa présence au sahel, il va falloir mettre fin aux divergences d'approches, au conflit de leadership et aux incidents politico-diplomatiques entre Etats du champ. Les Etats du sahel ont pris des mesures pour faire face à AQMI mais ne sont en général pas parvenus à mettre au point une stratégie consensuelle pour lutter contre ces groupes de mieux en mieux organisés et établis. Certains leaders au sahel ont hésité à reconnaître la menace qui prend de l'ampleur. Certaines initiatives ont vu le jour, mais certains défis et désaccords qui en résultent se conjuguent à des déséquilibres de puissance qui déterminent la manière dont chaque partie appréhende la menace. Le Mali est historiquement considérée comme le maillon faible de la lutte contre AQMI, et désigné comme tel par tous ses voisins. Un des principaux reproches formulés à son encontre serait qu'il aurait délibérément choisi de préserver le pays utile, c'est-à-dire le Sud, où sont concentrées les ressources majeures, comme le coton, par exemple, au détriment d'un Nord trop grand, méconnu et peuplé, entre autres de Touareg réputés hostiles au pouvoir de Bamako.

    L'Algérie pour sa part semble réticente à l'égard de tout soutien étranger extérieur au continent, qu'il considère comme prétexte pour la mise en place de bases militaires sur son territoire par des puissances étrangères. En outre, les doutes de l'Algérie quant à l'assistance étrangère ont limité le flux des ressources qui permettaient de mener des opérations de surveillance dans les vastes zones non gouvernées du sahel qui servent d'abri à AQMI. Pour garantir une gestion moins crispée et plus sereine de l'espace sahélien, la fin des dissensions entre les Etats du sahel est nécessaire et indispensable pour répondre à la problématique de l'insécurité, notamment de la drogue, du terrorisme et du banditisme transfrontalier, dans toute sa complexité. « Aujourd'hui, l'introspection est de mise : il faut être lucide sur l'aveuglement quant à la dégradation de la situation gouvernemental, institutionnelle et sécuritaire du Mali tant de la part des premiers concernés, les maliens eux-mêmes et leurs voisins »414(*) que de la part des partenaires extrarégionaux, au premier rang desquels les voisins européens ; il faut admettre que l'on n'a pas vu, que l'on n'a pas su ou peut être pas voulu voir certains signes alarmants415(*). Il faut dès lors tirer des leçons sur les erreurs commises et les manquements passés et s'interrogés sur les orientations des politiques futures416(*).

    La coopération dans le domaine de la sécurité est donc un enjeu majeur pour l'avenir de la région et il apparaît que la menace d'AQMI a, peu à peu, provoqué une prise de conscience et des comportements nouveaux parmi les acteurs régionaux. Ces actions locales, sont, cependant, loin d'être suffisantes et doivent être soutenues par la communauté internationale, laquelle mène déjà plusieurs initiatives en ce sens.

    B- Un soutien international incontournable

    Les faiblesses du processus de coopération dans le domaine de la sécurité engagé par les Etats du sahel rendent nécessaire l'appui de la Communauté Internationale, en particulier des pays disposant des moyens et d'une expérience suffisante en la matière. A ce titre, une implication croissante des puissances extérieures (1) ainsi que la mise en place d'un partenariat Europe-Afrique contre le terrorisme international est nécessaire pour rétablir la paix et la sécurité au sahel (2).

    1- Une implication croissante des puissances extérieures

    Pour être véritablement effective et efficace, en fonction précisément des causes et facteurs contribuant à l'émergence et au développement du terrorisme, la lutte contre le terrorisme au sahel doit faire intervenir des acteurs extérieurs. L'appui des puissances extérieures dotées d'une capacité sophistiqué dans le domaine du contreterrorisme permettrait de mutualiser les efforts pour lutter plus efficacement contre les menaces terroristes et les activités criminelles. Pour empêcher AQMI et les différents groupes criminels de consolider leur présence au sahel, l'assistance internationale est indispensable dans l'ensemble de la région. Si les efforts anti-terroristes des Etats du sahel ont manqué de cohérence, c'est parce qu'ils n'ont jamais été bien coordonnés. Cette situation floue a permis à AQMI de s'enraciner dans la zone sahélienne et de saper les initiatives locales, régionales pour rétablir la confiance dans cette partie du continent.

    Théoriquement, un ensemble de partenaires extérieures au sahel apporte des réponses à la menace grandissante que constitue le terrorisme dans la région. La France, les Etats-Unis, l'UE ainsi que d'autres donateurs offrent une assistance, des capacités de communication et de formation nécessaires à la restructuration et à l'amélioration des forces de sécurité et des sources de revenu au sahel. Un grand nombre de rançons payées à AQMI viendrait de pays européens, dont au moins 12 millions d'euros versés par l'Espagne, l'Allemagne et la Suisse en 2009 et 2010417(*). C'est la raison pour laquelle les pays du sahel ne sauraient décider seuls de la réponse face à AQMI. Une étroite coordination avec d'autres Etats du continent et au-delà est essentielle pour comprendre et contrecarrer la stratégie sahélienne d'AQMI. Cependant, les moyens mis en oeuvre restent relativement faibles au regard de la détresse des populations locales et de la fragilité institutionnelle des Etats. L'approche sécuritaire a été globalement reconnue comme n'ayant eu que peu d'effet et ayant même été contre productive, conduisant à l'exacerbation des tensions déjà existantes. C'est pourquoi les partenaires extérieurs des Etats du sahel doivent prendre acte de cette réalité et collaborer plus étroitement en y renforçant des initiatives ou en procédant à des améliorations pour éviter que des groupes terroristes et criminels ne s'y installent davantage. Le secteur de la sécurité doit certes être réajusté et amélioré pour répondre aux attaques et cibler les unités et bases d'AQMI, mais les Etats concernés doivent en parallèle protéger les moyens de subsistance de leurs populations et créer des opportunités économiques pour maintenir l'écart qui existe entre les communautés sahéliennes autochtones et les groupes terroristes salafistes qu'AQMI tente vivement de combler. A l'image de la lutte contre Al-Qaïda en Afghanistan et en Irak, un appui extérieur, voire une solidarité internationale semble donc indéniable et essentielle pour la survie de la région sahélienne. Il faudra réunir beaucoup d'atouts et de bonnes volontés pour éviter que le sahel ne sombre.

    2- La mise en place d'un partenariat Europe-Afrique contre le terrorisme international

    Depuis plus de 30 ans, les Etats africains et l'UE oeuvrent ensemble au développement de nouveaux modèlent de responsabilisation mutuelle dans le cadre de leurs relations. De Yaoundé à Cotonou, l'UE et l'Afrique, à travers la signature de traités internationaux, se sont engagés dans des accords communs de coopération et de partenariat. Même si le constat qui en découle révèle des tendances négatives dans cette relation entre l'UE et l'Afrique, aujourd'hui, l'un des principaux défis concerne la lutte contre le terrorisme international. L'intensité croissante des instabilités et l'imbrication entre violences, terrorismes et trafics, appellent à l'élaboration de politiques intégrant une vision commune face à une menace commune. La diffusion des dynamiques à l'oeuvre dépasse désormais l'espace sahel. L'Europe et l'Afrique, avec comme cordon ombilical la Méditerranée, ont des liens d'interdépendance extrêmement forts. En ce sens, ce qui se passe dans cette zone affecte directement le continent européen.

    Le terrorisme dans le sahel est mondial et non régional. A cet effet, l'entraide entre les pays africains et les pays européens est indéniable pour trouver une réponse adéquate au terrorisme internationale. Les méthodes de lutte contre le terrorisme doivent être proactives, communes compte tenu de l'évolution de la menace. Il ne s'agit pas ici, de se laisser aller à de grandes envolées sur un avenir « eurafricains » fragile, abstrait, même illusoire, comme si l'Afrique, dans la mondialisation, ne pouvait exister qu'en s'arrimant à l'Europe418(*) ; mais de proposer une vision, un plan stratégique et d'évaluer la pertinence face à une insécurité qui ne cesse de progresser à grand pas au sahel et qui peut d'une manière ou d'une autre avoir des répercussions sur le vieux continent. A titre d'exemple, la France peut être comme le premier pays européen victime de l'impact de l'insécurité dans le sahel. Avec les sept touristes capturés au Cameroun, au total quinze français sont désormais otages au sahel419(*). Et il n'est pas exclu que des ramifications entre groupes terroristes puissent existés entre ceux installés en Afrique et d'autres basés en Europe ou que des cellules d'activités liés à AQMI puissent être mis en place en s'appuyant sur des extrémistes européens convertis. Ce qui pourrait à terme constitué une menace pour l'Europe.

    La situation dans le sahel, tombé aux mains de groupes islamistes, n'est pas qu'une affaire africaine, voire franco-africaine. Pour Jean Yves LE DRIAN420(*), « on ne peut pas laisser s'installer un sanctuaire terroriste majeur à nos portes, à 1200 km de la rive Sud de la Méditerranée ». Par ailleurs, les entreprises européennes installées au sahel ne sont pas épargnées de la menace terroriste. La prise d'otages sur le site gazier de Tiguentourine, près de la localité d'In Amenas (Sud-est de l'Algérie), est un incident sécuritaire majeur pour les compagnies pétrolières européennes présentes au sahel et en Afrique de l'Ouest. Alors que les réserves prouvées en hydrocarbures ne cessent de s'accroître dans la région, qualifiée en 2011 « de nouvel eldorado » par le directeur Afrique du Nord de Total421(*). Cette prise d'otages rappelle la menace sérieuse qui pèse sur les industriels du secteur présents dans la zone422(*). Dès lors, une approche intégrée entre l'Europe et l'Afrique contenant des défis et questions ainsi que les réponses est importante pour anticiper la menace terroriste et limiter le risque d'enlèvement dans les pays touchés par la criminalité et le terrorisme. A terme, il en va de l'efficacité des moyens de l'anticipation et de la prévention pour lutter contre la propagation de l'extrémisme religieux.

    PARAGRAPHE II : ENGAGEMENTS COMMUNAUTAIRES DANS LA PREVENTION ET LA LUTTE CONTRE L'EXTREMISME

    Pour prendre le pas sur le terrorisme islamiste localisé ou globalisé, il faut décrédibiliser toute idéologie islamiste dangereuse (A) et mettre fin aux moyens, aux ressources, qui favorisent son développement (B).

    A- Décrédibiliser toute idéologie islamiste : la dé-radicalisation

    Il est aujourd'hui urgent d'éliminer les facteurs permettant ou contribuant au radicalisme, au salafisme, à l'extrémisme, à l'intégrisme, au militantisme islamique au sahel (1) en mettant en place des établissements de formations religieuses en concert avec le contexte africain (2).

    1- Eliminer les facteurs permettant son aggravation

    L'extrémisme islamique violent est la principale menace qui conduit au terrorisme. Renforcer ou impulser la résilience423(*) reste un défi pour avoir un pays où les citoyens et les collectivités sont en mesure de résister aux idéologies extrémistes violentes, et où la société est résiliente face au terrorisme advenant un attentat. Envisager une approche sécuritaire ne peut être que contre productif si, en parallèle, il n'y a pas d'éradication de l'idéologie qui a permis que se développe la menace terroriste. Il importe tout d'abord de remporter face à AQMI et d'autres groupes terroristes présents au sahel, la bataille de la communication. Ceux-ci, en dépit des effectifs réduits et d'un mode de vie spartiate, ont réussi à s'assurer une publicité sans commune mesure. Des enlèvements spectaculaires et audacieux et la mise en scène des films au cours desquels témoignent les otages ont ainsi permis aux terroristes qui écument le sahel et notamment à AQMI d'acquérir une notoriété mondiale qui, de surcroît ne peut pas nuire à leur attrait auprès de certains apprentis jihadistes. Telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, la communication est motivée par l'actualité (enlèvement, assassinat) et ne s'intègre jamais dans une stratégie de contre offensive, sauf parfois de la pire des façons, en reprenant le discours « de guerre contre le terrorisme » qui s'emboîte tellement parfaitement avec celui d'Al-Qaïda qui correspond exactement à ce que ces derniers attendent afin de justifier en réponse leur concept global de « jihad global »424(*).

    Insister sur la réalité mafieuse d'AQMI est également un axe possible pour décrédibiliser cette organisation auprès des populations sahéliennes. Très souvent dans les journaux et télévision arabo-musulman, le discours extrémiste est relayé sans contradicteur. Ces médias arabo-musulmans décrivent les violences et les exactions que les groupes terroristes commettent ainsi que les discours haineux qu'ils relaient sans dénoncer l'ineptie ou la dimension crapuleuse. Face à un fonctionnement d'AQMI avant tout idéologique où la propagation des idées joue un rôle essentiel, la bataille idéologique, la contestation de l'autorité de la parole des Cheikhs autoproclamés, l'instillation du doute, y compris théologique, quant aux vérités assenées, sont un puissant facteur de déstabilisation425(*). L'islam offre des outils pour lutter contre l'islamisme et de nombreux experts (autorités politiques ou religieuses) disposent d'un savoir opérationnel qui reste à utiliser. Ainsi, répondre aux arguments islamistes sur leur propre terrain idéologique et juridique, les prendre à leur propre jeu, est la meilleure façon de leur délégitimer, de leur décrédibiliser en pointant leur faillibilité sur le plan même dont ils revendiquent le pouvoir de leur légitimité et de leur vérité : le plan religieux. Des offensives médiatiques d'ampleur participeraient à mettre en lumière la très grande pauvreté du corps doctrinal d'Al-Qaïda et la ferait apparaître pour ce qu'elle est : une secte dont les dirigeants n'ont aucune formation théologique, une hérésie déjà presque sortie de l'islam426(*).

    Décrédibiliser AQMI consiste également à rendre cette organisation inutile dans la vie des habitants du sahel. Face à des Etats défaillants et à des économies dévastées, les terroristes ont souvent réussi à faire vivre des milliers de personnes par le biais, entre autres de leurs trafics divers. Les activités illégales d'AQMI créent des opportunités financières et d'emploi pour les communautés de la région. En réinvestissant les rançons payées pour les enlèvements, AQMI a pu embaucher des bandits et rebelles locaux au Niger, au Sahara occidental et ailleurs dans la région427(*). Si une grande partie des communautés Touaregs ont gardé leurs distances par rapport à l'organisation terroriste, plusieurs porte-parole communautaires ont remarqué que des membres tombent « entre les mains d'AQMI » en raison de la baisse du nombre d'opportunités et des activités commerciales428(*). Il est d'ailleurs ironique de noter que c'est justement les activités criminelles et les attaques terroristes de faible intensité qui ont contribué en grande partie à la détérioration de la situation économique au sahel429(*). Cela étant, pour empêcher, déceler, priver ou intervenir contre le radicalisme au sahel, il y a lieu de mettre sur pied des centres ou des établissements religieux dont la pensée islamique corrobore avec l'islam africain réputé modéré.

    2- Mettre en place des établissements de formations religieuses en concert avec le contexte africain

    Il y a encore peu, l'Afrique subsaharienne semblait épargnée par l'intégrisme religieux musulman, notamment sous sa forme terroriste430(*). La prise du pouvoir en 2006 par les SHEBAB en Somalie constituait une exception très localisée431(*) et nul ne s'attendait à une telle accélération et radicalisation sur la voie de l'islam politique en plein sahel. On constate que la région est en proie à des mouvements islamistes structurés et puissants : BOKO HARAM au Nigéria, un pays dont certains Etats réclament également l'instauration de la charia, au point de menacer le pouvoir central ; la montée des périls entre les deux soudans qui exacerbera, nul doute, les violences entre noirs chrétiens du Sud et arabo-musulmans du Nord ; sans oublier les effets collatéraux des circonstances de la chute en Libye du Guide KADHAFI. Si l'urgence reste bien de rétablir durablement l'Etat du Mali dans son intégrité territoriale, il faut également reconnaître qu'une autre menace se profile à l'horizon, celle qui pèse sur l'islam noir. S'il est clair que les facteurs économiques et sociaux sont pertinents, ils ne peuvent à eux seuls expliquer un phénomène aussi complexe. Tandis que ces organisations attirent bon nombre de leurs partisans parmi les démunis, les messages militants sont généralement rejetés par la grande majorité des opprimés. En même temps, les militants islamiques attirent des partisans issus de la classe moyenne et aisée, notamment au sein des organisations professionnelles et des groupes d'études dans les universités. Ces nouveaux musulmans, versés dans des mouvements d'inspiration Wahhabite stigmatisent le sunnisme Malékite des confréries de l'islam noir traditionnel432(*) et essaient en vain de phagocyter les communautés musulmanes qui résistent433(*).

    De ce fait, combattre le fanatisme religieux devient dès lors une nécessité pour éviter de voir une radicalisation de l'islam au sahel. A cet effet, il est important de mettre en place des centres, écoles et établissements de formation religieuse pour assurer un apprentissage et une interprétation en bonne et due forme de la religion dans le contexte de l'Afrique. Les Etats du sahel devraient promouvoir des programmes visant à prévenir la persécution de la communauté fondée sur la religion, la race ou l'ethnie (et toutes les opinions politiques). La politique de prévention contre la violence et le terrorisme doit être prise en compte dans le programme scolaire et celui des médias. L'éducation à la paix serait beaucoup plus efficace, si dès le bas âge, les enfants y sont initiés à l'école, cette dynamique unitaire. Il faut aussi promouvoir les activités d'informations et appuyer l'utilisation de la presse pour prévenir l'acquisition et l'extension des perceptions et des idées fausses sur toute religion, tout groupe ethnie ou toute culture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'objectif d'un tel programme devra consister à faire mieux comprendre, encourager la tolérance ainsi que le respect de la dignité humaine tout en réduisant une méfiance mutuelle entre les communautés. La nécessité d'associer de façon volontariste les leaders des communautés locales et les autorités religieuses (érudits, imams, prêcheurs) aux débats relatifs aux besoins et problèmes pressants revêt une grande pertinence434(*). Ceux-ci devraient être encouragés à fournir une information grâce à la création d'un sens de responsabilité. Pour ce faire, il faudra procéder à une sensibilisation d'une action civique dans le but de gagner la bonne volonté et la coopération de la population qui en résulte. Le Cheikh MOUADOU SOUFI, du Burkina Faso, pour lequel la violence religieuse constitue aujourd'hui la plus grande préoccupation, affirme qu'il faut unir « nos efforts pour mieux expliquer notre religion à nos enfants et les préserver de cette pensée destructrice »435(*).

    L'Etat doit instaurer ce que nous appelons la « sécurité de la pensée », à travers les réseaux qui diffusent les Fatwas (décrets, oulémas) contraire à l'islam, en donnant le maximum de réponses et d'arguments. Les parents doivent faire très attention aux fréquentations de leurs enfants et aux programmes de télévision qu'ils regardent. « Lorsque votre enfant fréquente les mosquées, soyez vigilants, surveillez leurs références et contrôlez leurs prédicateurs avant qu'ils ne tombent entre les mains des fanatiques. Ils doivent être imprégnés du savoir de nos aînés et non pas de ceux qui ignorent totalement le vrai message de l'islam », lance Abdelmalek RANDAME EL DJAZAIRI, imam algérien436(*). De toute évidence, ceci représente un immense défi pour les Etats fragiles du sahel qui, à côté du religieux doivent aussi coupés les ressources pécuniaires qui alimentent le terrorisme dans la région.

    B- Lutter contre le financement du terrorisme au sahel

    Pour éradiquer le terrorisme au sahel, la lutte contre le terrorisme doit s'intensifier contre les divers trafics et les activités illégales qui gangrènent la région (2) et dans une certaine mesure, éviter le piège des rançons auquel AQMI et les autres groupes terroristes en ont fait une industrie rentable (1).

    1- Eviter le piège des rançons

    Du constat des sources de financement des organisations terroristes au sahel dont AQMI, il est clair que l'enlèvement de ressortissants occidentaux apparaît comme l'activité la plus recommandable et la plus rentable437(*). Les prises d'otages ont généré de substantiels revenus à AQMI438(*). Depuis l'enlèvement de 32 touristes européens dans le Sud de l'Algérie en 2003, AQMI a réussi à amasser un important trésor de guerre. Mais au-delà d'avoir su percevoir le potentiel financier des prises d'otages, AQMI a aussi réussi à alimenter de vives tensions diplomatiques concernant l'attitude à adopter face à ses exigences financières. En effet, le paiement des rançons est un acte qui divise et qui est à l'origine de sérieuses controverses entre puissances occidentales et les Etats sahéliens. D'une part, céder aux terroristes revient à les financer et, donc, infine à soutenir leurs actions. D'autre part, avec la spectaculaire inflation des demandes de rançons constatée au cours des dernières années, s'est répandue l'impression qu'une vie étrangère vaudrait bien plus qu'une vie sahélienne. Une telle approche a des effets dévastateurs auprès des populations locales, particulièrement précaires, elles comprennent difficilement qu'une si importante somme d'argent alimente directement les auteurs de violence, au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.

    Dès lors, de nombreux Etats ont publiquement fait état de leurs refus de payer toute rançon. C'est le cas, notamment, des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger). C'est également le cas du Royaume-Uni et des Etats-Unis. De tels paiements constituent une violation de la résolution 1904 du Conseil de Sécurité des Nations Unis et enfreignent la décision de juillet 2010 de l'Assemblée de l'Union Africaine (UA) qui réaffirme sa « ferme condamnation » de telles pratiques. Les Etats sahéliens doivent donc refuser de faciliter de telles négociations et mener des enquêtes qui permettront de punir les responsables qui s'engagent dans ces pourparlers. Une telle attitude relève d'un choix politique fort qui, bien sûr, peut être difficile à assumer. Abou ZEID a ainsi exécuté un otage britannique, Edwin DYER, le 31 mai 2009, à la suite du refus du gouvernement du Royaume-Uni de payer la rançon qu'il demandait. La règle de non paiement serait alors parfois détournée, en recourant à des intermédiaires ou par le biais d'assurances privées qui, en versant eux-mêmes une rançon, n'engagent pas la responsabilité des Etats impliqués.

    Il serait souhaitable qu'une réflexion entre pays concernés par la menace terroriste et les acteurs extérieurs dont les ressortissants sont victimes d'enlèvements s'engagent rapidement sur l'opportunité d'un changement d'attitude vis-à-vis des demandes de rançon, dans le but notamment d'assécher les sources de revenues des groupes terroristes, mais aussi d'anéantir toute incitation aux prises d'otages. Comme les kidnappings, la lutte contre les trafics en tous genres et les activités illicites est certainement inévitable pour mener à bien le processus d'éradication de la violence au sahel.

    2- Combattre les divers trafics au sahel

    En 2009, l'Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) estimait le trafic de cocaïne en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale à 900 millions de dollars439(*). Une importante partie de ce trafic est contrôlé par les groupes terroristes de la région sahélienne qui financent le recrutement de nouveaux éléments et l'achat d'armes par les bénéfices générés par le trafic de cocaïne, de cigarettes et la protection des réseaux et filières d'immigrants clandestins subsahariens vers l'Europe mais également grâce à l'appui financier que fournissait le régime de KADHAFI dans le recrutement, la formation et l'encadrement des factions rebelles et de mercenaires dans le but de déstabiliser l'Afrique de l'Ouest. Selon Alain ANTIL, « il faudrait commencer par établir une vraie typologie des acteurs de ce trafic car bien souvent, celle-ci est erronée. On pourrait ainsi distinguer cinq catégories d'acteurs. Il existe tout d'abord des cartels Latino-américains, qui sont des organisations criminelles transnationales. Il y a également des mafias nigérianes qui sont implantées partout. D'importants éléments de la diaspora africaine vivant en Europe émergent, ce qui augmente le trafic par avion. Les tribus ou factions présentes dans le Nord de la Mauritanie, du Mali et du Niger participent également à ces trafics. Enfin, il existe aussi des mafias d'Etat qui ont les capacités de sécuriser et d'organiser les trafics »440(*).

    Aussi pour être plus efficace, la lutte contre le crime organisé et les mafias au sahel ne peut plus se concevoir à partir de catégories telles que l'intangibilité des frontières, la souveraineté ou des querelles de leaderships régionaux. Au contraire, pour endiguer et effacer les trafics au sahel, des aires de coopération sont nécessaires entre les Etats sahéliens. De plus, pour lutter efficacement contre les trafics, il ne faut pas se contenter d'arrêter rien que les trafiquants, il faut également combattre la consommation dans le grand marché de consommation qu'est l'Europe. Car, tant qu'il y aura la demande, le trafic se déplacera. La grande force d'AQMI est d'avoir su établir des alliances matrimoniales avec des groupes arabes ou touaregs. Cela étend énormément le réseau et implique des personnes qui ne sont pas directement liées avec les trafics. Il faut donc parvenir à convaincre les tribus qu'elles ont davantage intérêt à contribuer à la lutte contre ces réseaux plutôt qu'à les servir.

    Enfin, le contexte dans lequel les activités criminelles sont possibles est celui de la corruption, premier fléau à la sécurité et à la stabilité régionale441(*). En effet, les routes des trafics ne suivent pas nécessairement les itinéraires les plus directs, mais s'adaptent aux meilleures conditions de passage, en l'occurrence les régions où les Etats sont faibles.442(*) Les agents de l'Etat sont en effet souvent impliqués dans les trafics illégaux et en connexion avec les narcotrafiquants. De ce fait, la corruption n'est pas forcément perçue comme un délit mais comme une redistribution des revenus à grande échelle. Le trafic n'est pas alors considéré comme un risque mais fait office de rente là où il y a connivence avec les acteurs gouvernementaux. Selon Alain ANTIL, l'ancien Président de la Mauritanie redistribuait les revenus des trafics au sein de son clan, le contrôle de l'économie criminelle étant réparti entre certaines familles dominantes bénéficiant de la rente du trafic de cigarettes et d'armes arrivant par containers à Nouakchott443(*). C'est pourquoi la volonté politique de s'attaquer en premier lieu à la corruption aux plus hauts niveaux des Etats reste le préalable incontournable à tout renversement de logique politique et économique. Cela étant, il faut une réponse internationale à la crise sahélienne.

    SECTION II: VERS UNE PLUS GRANDE INTERNALISATION DES REPONSES A LA CRISE SAHELIENNE

    Valoriser les moyens de la connaissance et de l'anticipation (paragraphe I) et la mise en place d'un système judicaire rigoureux de lutte contre le terrorisme (paragraphe II) sont aujourd'hui des mesures majeures pour une sécurité durable.

    PARAGRAPHE I : VALORISER LES MOYENS DE LA CONNAISSANCE ET DE L'ANTICIPATION

    Nous avons besoin d'une véritable stratégie parce que la menace terroriste n'a cessé de changer. Elle exige, si nous voulons garder toujours un temps d'avance sur les groupes terroristes, que nous adoptions en permanence nos outils et notre dispositif. Voilà pourquoi le renseignement (A) et la prévention nous paraissent impératifs pour anticiper et lutter contre le risque terroriste (B).

    A- Le renseignement

    Pour Jacques BAUD, le renseignement est « l'ensemble des activités visant à rechercher et exploiter des informations au profit d'un Etat et de ses forces armées. Il est exécuté aux niveaux stratégique, opératif et tactique, dans les domaines les plus variés »444(*). Il s'agit de s'informer sur les intentions d'« autrui », pour disposer de l'autonomie et de la connaissance nécessaire à la prise de décision, et donc, à l'action445(*). De ce fait, la maîtrise de l'information (1) accompagnée de la mise sur pied d'un cadre d'échange entre acteurs concernés par le terrorisme pourrait permettre une gestion efficace de la menace terroriste au sahel et même au-delà (2).

    1- La maîtrise de l'information

    La lutte contre le terrorisme au sahel se gagnera d'abord par une posture de vigilance au quotidien. Déjouer concrètement les risques d'attentats implique une mobilisation de tous les instants et une culture de la « détection précoce ». La notion de « maîtrise de l'information » recouvre la capacité, tant pour les décideurs civils et militaires, que pour les agents de l'Etat déployés sur le terrain, d'accéder en temps utile à l'information et en faire un usage opérationnel efficace. L'objectif est de garantir, en temps normal comme en temps de crise, que tous les acteurs de la sécurité nationale, régionale et même internationale puissent partager les informations pertinentes, et que les décideurs soient en mesure de formuler et de transmettre au bon moment les ordres nécessaires. Il est indispensable que les Etats du sahel puissent échangés des informations dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes implantés au sahel. Mais, l'efficacité de cette action suppose au préalable une bonne connaissance des enjeux de la lutte antiterroriste par les agents de sécurité intérieure. La surveillance des frontières et le contact avec les populations sahéliennes sont des moyens privilégiés du recueil d'information. Cela leur permettra de repérer des indices liés à une possible activité terroriste et les rendra capables de sélectionner les informations pertinentes à transmettre aux services spécialisés, mieux à même d'opérer certains recoupements et de donner la suite administrative ou judiciaire adéquate.

    Les membres des groupes et filières terroristes, qu'ils soient idéologues, recruteurs, logisticiens ou qu'ils préparent directement des attentats, connaissent tout d'abord une trajectoire personnelle qui les amène vers le terrorisme. Par ailleurs, la clandestinité de leur activité ne les dispense pas d'une intégration plus ou moins grande dans la vie courante, ni même des formalités administratives qu'elle implique. Certains sont même étroitement insérés dans des activités sociales. D'autres, à l'inverse, rompent subitement avec leur milieu habituel sous l'influence d'un endoctrinement. Enfin, un acte de terrorisme est précédé par une préparation minutieuse, de l'organisation aux repérages en passant par la confection des moyens de l'attentat, toutes phases durant lesquelles, l'action clandestine peut se trahir aux yeux d'un témoin averti. Dans tous les cas de figure, il convient de disposer, d'une part, de réseaux de communication interopérables sécurisés et, d'autre part, de systèmes efficaces de partage et de traitement de l'information (aide à la décision, présentation de l'information, transmission de l'information...), réduisant les temps de traitement et renforçant le travail en réseau. Ces réseaux doivent aussi permettre les échanges avec les partenaires extérieurs et alliés. La menace terroriste n'est pas seulement imprévisible, elle est transnationale. A l'heure où le terrorisme ne connaît plus de frontière aussi bien concernant ses cibles que ses implantations, la collecte du renseignement, mais surtout la coopération entre les services concernés, que ce soit à l'intérieur de l'Etat ou entre les Etats eux-mêmes, est devenue une absolue nécessité et une priorité.

    Dans ce contexte, le renseignement, la transmission de l'information est l'élément absolument central pour supprimer l'effet de surprise sur lequel le terrorisme, cet adversaire invisible, s'appuie pour frapper et nuire.

    2- La nécessité d'un cadre d'échange entre acteurs concernés par le terrorisme

    Afin de lutter efficacement au niveau national, régional et international contre les graves menaces transversales que sont le terrorisme, la piraterie, la criminalité organisée, le trafic de drogue et de personnes qui compromettent la paix et la stabilité, la nécessité d'un cadre échange entre acteurs chargés de la lutte contre le terrorisme de part et d'autre des frontières sahéliennes et à l'intérieur de ces dernières est indispensable. L'action en matière de lutte contre le terrorisme doit intégrée une approche anticipative et réactive multidimensionnelle. Ainsi, les pays du champ doivent développés un partenariat durable basé sur le dialogue, la coopération et l'échange d'expertise pour faire face aux différents phénomènes liés à la sécurité au sahel et à la lutte contre le terrorisme. L'engagement d'une action concertée et coordonnée au plan régional doit permettre aux pays riverains de la bande sahélienne d'organiser de manière rationnelle et efficace la lutte contre les groupes terroristes et criminels qui pullulent la région. Les réseaux terroristes s'emploient à renforcer leur implantation en exploitant les problématiques sécuritaires propres à l'espace sahélien. C'est pourquoi il est fondamental de privilégier une stratégie commune, des analyses de sécurité communs à travers des plateformes d'échange, de renseignement, d'information afin de ne pas dispersés les efforts.

    Les besoins en matière de lutte contre le terrorisme au sahel imposent qu'un développement des synergies soit érigé entre les pays de la zone sahélienne et les acteurs extérieures afin d'assurer une veille permanente pour déceler les risques terroristes. Cette coopération doit prendre la forme d'échanges d'informations opérationnelles, stratégiques et techniques et d'une recherche de coordination des activités. Il y a nécessité de prendre conscience de mieux articuler la dynamique entre sécurité intérieure et extérieure, en développant des outils de coopération internationale. De la même manière, le « printemps arabe » et ses conséquences géopolitiques offrent l'opportunité à la communauté de s'intéresser davantage aux phénomènes « crisogènes » nationaux et régionaux pour lutter contre l'expansion du terrorisme international. La problématique des loups solitaires au sahel doit être résolue pour que les chances d'une réponse effective soient trouvées pour réduire l'enracinement de l'insécurité au sahel.

    Enfin, signalons que le développement d'équipes communes d'enquête pour contrer le terrorisme international est aussi une possibilité. Elle recouvre les échanges, la concertation entre spécialistes, experts sur l'évaluation de la menace, les législations antiterroristes et les pratiques judiciaires. Elle se traduit par la présence des personnes en charge de la sécurité d'un Etat en liaison à l'étranger afin de permettre une meilleure coopération opérationnelle avec les instances en charge de la lutte contre le terrorisme. La coopération judiciaire internationale devra aussi se traduire par le recours à des équipes communes d'enquêtes. De telles équipes, franco-espagnoles, ont déjà permis d'obtenir des résultats dans la lutte contre l'ETA446(*). La possibilité de mettre en place des équipes opérationnelles du même type entre Etats du sahel, de l'UA ou des pays extérieurs à l'UA doit être recherchée par le biais de conventions bilatérales ad hoc. L'élaboration des ententes pour permettre des échanges de renseignement rapides entre les services et les pays et favorisée une culture axée sur le partage doivent permettre de prévenir l'apparition ou l'aggravation de menaces contre notre sécurité.

    B- La prévention

    La prévention consiste à agir pour éviter la naissance ou l'accentuation des menaces contre la sécurité d'un Etat. Pour être efficace, la stratégie de prévention doit s'appuyer sur un système de veille et d'alerte rapide (1) et sur une surveillance étroite des frontières (2).

    1- La mise en place d'un système de veille et d'alerte rapide

    L'élimination du terrorisme nécessite un engagement ferme ainsi qu'une action conjointe de la part des Etats du sahel à poursuivre les objectifs communs. Les pays du sahel devraient jouer un rôle de leadership en ce qui concerne les défis de la lutte contre le terrorisme et assumer la prise en charge des capacités à cet égard. Face aux multiples dangers qui guettent ces pays africains, il est utile qu'un système de veille et d'alerte précoce puisse voir le jour en matière de terrorisme. Le système de veille et d'alerte insérera son action dans une démarche coordonné entre les Etats sahéliens mais aussi avec les partenaires extérieurs. A ce titre, l'installation d'un centre de situation contre le terrorisme est importante pour permettre l'évaluation de certaines zones nationales ou régionales de crise. Celui-ci devra être doté des moyens et d'une capacité à alerter conjointement les Etats dès les premiers signes d'une menace. Le système d'alerte rapide jouera ainsi le rôle de détecteur, d'analyse et de réaction permettant aux Etats de connaître les risques naturels majeurs et de développer leur prévention. Pour répondre dans les quinze ans qui viennent, aux enjeux de sécurité de cette zone, une nouvelle approche plus concrète doit être mise en oeuvre dans la lutte antiterroriste. Il s'agira de développer de véritables partenariats, de collaboration, grâce à des projets régionaux concrets qui concourent à la paix, la sécurité et la stabilité et à prendre des mesures collectives efficaces en vue d'éliminer les menaces qui pèsent sur la coopération, la paix et la stabilité régionale.

    Cependant, il faut noter que l'architecture de paix et de sécurité de l'UA comporte un système de sécurité collective et d'alerte rapide447(*), en vue de la mise en place d'une réaction rapide et efficace aux situations de conflit et de crise sur le continent. De même pour la CEDEAO, dont le Mécanisme de Sécurité a été complété par un Système d'Alerte Rapide pour la prévention des conflits structurés autour d'un centre d'observation et de suivi basé au siège de la CEDEAO, représenté et relayé sur le terrain à travers des bureaux implantés dans les quatre zones se répartissant la couverture de l'espace sécuritaire de la CEDEAO448(*). Mais, ces systèmes dont celui de l'UA et de la CEDEAO ont échoué dans leur mission de prévention et de gestion des crises. La crise du Nord du Mali est un exemple tangible parmi tant d'autres de l'échec de ces deux mécanismes de sécurité. A cet effet, il semble opportun qu'un véritable système de sécurité puisse voir le jour en matière de terrorisme. Pour cela, les Etats du sahel doivent mettre sur pied une vraie politique de prévention qui exige un réel travail d'anticipation et de planification dont la finalité est d'annihiler toutes menaces de propagation du terrorisme. Outre l'alerte précoce, les pays du sahel ont aussi intérêt à surveiller leurs frontières vastes et poreuses pour empêcher la circulation des terroristes et des marchands de la mort.

    2- Le renforcement et l'accroissement de la surveillance des frontières

    Le sahel et l'Afrique de l'Ouest sont incontestablement devenus une plaque tournante pour le trafic international et pour la circulation des mouvements terroristes. L'une des explications à ce dangereux phénomène, est que la région est moins risquée. AQMI évolue dans une région semblable, de par la taille, à un quadrilatère qui relierait Londres, Moscou, Odessa et Rome ! C'est là un terrain de jeu très commode pour les terroristes désireux d'échapper aux poursuites. Lorsqu'on visionne le film de l'intervention des forces françaises contre le convoi qui détenait Antoine DE LEOCOUR et Vincent DELORY, enlevé en janvier 2011 à Niamey par AQMI, il apparaît que des terroristes prennent la fuite sans être inquiétés. Les terroristes et les groupes mafieux semblent être les maîtres de cet immense désert devenu un supermarché à ciel ouvert où se déroule commerce des otages et trafics en tous genres. Traiter de la sécurité frontalière dans cette région est un problème mondial compte tenu des influences extérieures (drogues, armes et combattants) qui la pénètrent.

    L'efficacité de la lutte contre le terrorisme doit prendre en compte la question de la sécurisation des frontières. Le contrôle des frontières au sahel est une nécessité pour réduire les activités des groupes terroristes et criminels dans la région. Cela doit s'accompagner d'une surveillance effective des autorités frontalières qui pour la plupart sont corrompues. L'Afrique est pour diverses raisons, « le foyer des Etats les plus faibles du monde, en termes de capacité à faire respecter l'autorité de la loi sur leur territoire »449(*). En conséquence, le crime organisé peut déstabiliser les Etats en les gangrenant par la corruption, en s'accaparant des régions entières, en produisant de la violence et de l'insécurité chronique, et en étant une menace pour la population. Répandue à tous les échelons des sociétés, elle concerne aussi bien les élites proches du pouvoir, que les cadres et les fonctionnaires intermédiaires, les forces de sécurité et tout agent de l'Etat. A chaque palier, les acteurs prélèvent leur part de la rente, que celle-ci provienne du commerce de produits licites, de la contrebande de cigarettes, de l'exploitation ou du pillage des ressources naturelles, des gains du trafic de drogue ou d'armes, ou des flux humains clandestins450(*).

    Cela étant, sachant que les procédures qui facilitent les déplacements et les échanges culturels et économiques sont également mises à profit par les terroristes, les mesures visant à lutter contre le terrorisme devraient être aujourd'hui clairement liées à la gestion et à la régulation des mouvements transfrontaliers. Ainsi, la mise en place de systèmes intégrés de contrôle des passagers aux frontières, la délivrance de titres de voyage sécurisés, la promotion de l'échange d'information entre parties intéressées, la formation et le renforcement des capacités des autorités frontaliers en équipement, en système de surveillance (de patrouille, d'évaluation du renseignement) est important pour réduire la perméabilité des frontières des Etats du sahel. Ces mesures pourront permettre de renforcer les dispositifs de sécurité et d'immigration tout en facilitant la circulation transfrontalière des personnes. Il faut que les autorités compétentes mènent de concert les activités de contrôle nécessaires pour faire face aux risques que posent les frontières ouvertes. Toutefois, la coopération et le renforcement juridique et judiciaire est inéluctable pour mieux coordonner les efforts et pour mieux lutter contre le terrorisme.

    PARAGRAPHE II : L'INCONTOURNABLE MISE EN PLACE D'UN SYSTEME JUDICIAIRE RIGOUREUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME

    Le terrorisme doit être traité comme un crime et doit faire l'objet de poursuite judiciaire. A ce titre, l'harmonisation du système juridique et judiciaire entre pays de la région sahélienne (A) et le renforcement des capacités judiciaires régionales (B) est nécessaire pour mieux coordonner les efforts dans la lutte contre le terrorisme au sahel et en Afrique.

    A- L'harmonisation du système judiciaire et juridique entre pays de la région

    L'importance de la mise en oeuvre d'un instrument régional en matière de terrorisme (1) et l'établissement d'un mandat d'arrêt africain pour les activités relevant de cette terreur (2) doivent permettre aux Etats du sahel et à l'Afrique tout entière d'éliminer les menaces émanant du terrorisme et de la criminalité organisée.

    1- L'importance de la mise en oeuvre d'un instrument régional en matière de lutte contre le terrorisme

    La lutte contre le terrorisme appel à la création en Afrique d'un environnement législatif adéquat et adapté aux standards continentaux et universels. Le terrorisme doit être traité comme un crime et doit faire l'objet de poursuites judiciaires. A ce titre, pour mieux coordonner les efforts de coopération, l'harmonisation des lois existantes au sahel et en Afrique, ainsi que la promotion de l'échange, entre les Etats, de connaissances sur leurs lois est nécessaire. De plus, la création d'un instrument régional à des fins d'assistance mutuelle et d'extradition est une obligation dans la lutte antiterroriste. Un organe judiciaire spécialisé à compétence étendue doit permettre non seulement la répression mais aussi la dé-radicalisation de ceux qui ont, à un moment ou un autre, adopté les doctrines djihadistes et extrémistes violentes. Cette institution judiciaire pourrait également jouer un rôle très important dans la prévention et la répression de l'acte terroriste en conformité avec les principes et règles de l'état de droit. Pour renforcer cet instrument judiciaire et la doté d'une grande capacité en termes de pouvoir, des accords d'extradition doivent être signés à l'échelle régional, africaine et même au-delà. Le terrorisme est un fléau transnational et pour cela, une coopération judiciaire internationale, une solidarité répressive, serait intéressante afin que la lutte soit plus efficiente. La répression serait une chose vaine, écrivait Jean-André Roux, si la poursuite aboutissait à une condamnation seulement par contumace. Pour être efficace, la peine doit être effective, c'est-à-dire causer une exécution sensible, réelle451(*)

    Tous les pays du sahel disposent déjà d'une législation nationale qui criminalise les actes terroristes ainsi que d'un cadre juridique de coopération. A côté de cela, on compte douze conventions des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme que certains Etats ont ratifié. Il existe également d'autres cadres juridiques de coopération (UA, Organisation de la Conférence Islamique etc.) qui permettent l'extradition. Mais, l'observation faite, est que ces différents mécanismes juridiques et judiciaires ont échoué dans la lutte contre le terrorisme au sahel. L'échec est amère et la note salée, car les groupes terroristes et les narcotrafiquants présents au sahel ont prospéré sans jamais être inquiétés par les juridictions nationales desdits Etats sahéliens, ni régionales et encore moins internationales. C'est pourquoi, une organisation judiciaire régionale et pourquoi pas continentale en matière de terrorisme et criminalité organisée est indispensable pour contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme en Afrique. Il est clair que l'existence d'une telle institution unique permettrait de surpasser les difficultés rencontrées par les Etats et faciliterait les procédures relatives à l'enquête et l'arrestation des personnes soupçonnées, accusées, recherchées ou reconnues coupables d'actes de terrorisme, en conformité avec la législation nationale de chaque Etat.

    Conscients de l'existence de graves problèmes d'insécurité en Afrique, l'urgence de mettre sur pied un instrument judiciaire qui aurait un rôle central dans la lutte antiterroriste et qui aurait pour mission de délivrer un mandat d'arrêt africain contre des terroristes est un défi majeur auquel le continent est à appeler à répondre s'il veut faire face aux nouvelles menaces qui bafouent son sol.

    2- L'établissement d'un mandat d'arrêt africain pour les activités relevant du terrorisme

    Concernant le mandat d'arrêt africain pour les activités liées au terrorisme, sa mise en place permettrait de s'attaquer directement contre les personnes accusées ou reconnues coupables d'actes terroristes. Les lois existantes et nouvelles relatif à la lutte antiterroriste doivent être appuyées par la possibilité de toucher les terroristes partout où ils se trouvent. Ainsi, la grande nouveauté résiderait dans la mise en place d'une procédure d'extradition exclusivement judiciaire, fondée sur le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de justice, sans que le dernier mot puisse revenir au pouvoir politique. Cela viserait à accélérer les procédures et proclamerait la fin, hautement symbolique, du refus d'extradition des personnes soupçonnées de terrorisme entre Etats membres de l'UA. La mise en oeuvre d'un mandat d'arrêt africain contre le terrorisme s'inscrit dans un double souci d'efficacité opérationnelle et de promotion d'un instrument de liberté, de sécurité et de justice.

    Entre Etats membres de l'UA, le mandat d'arrêt africain s'imposerait à chaque autorité judiciaire nationale de reconnaître, ipso facto et moyennant des contrôles minimums, la demande de remise d'une personne formulée par l'autorité judiciaire d'un autre Etat membre. Cette remise ne pourra être refusée qu'en cas d'amnistie, de jugement déjà rendu dans un autre Etat ou si la personne concernée ne peut pas être considérée responsable par l'Etat membre d'exécution en raison de certaines modalités que les Etats africains pourront eux-mêmes appréciées. Longtemps envisagé au cours des Sommets, Ateliers d'échange452(*), celui-ci n'a jamais vu le jour. Cependant, il faut noter que la Commission de l'UA a déjà engagée des discussions avec le Comité contre le Terrorisme de l'ONU et l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime pour aider à élaborer les cadres, les procédures et les mesures nécessaires à même de créer les conditions essentielles pour la mise en oeuvre effective du Mandat d'arrêt africain et la stratégie pour promouvoir la mise en oeuvre d'un tel outil. Dépassant largement les moyens pouvant être mobilisés dans le cadre d'une réponse militaire et de renseignement, la lutte contre le terrorisme au sahel appelle à l'évidence une réponse plus globale. Le renforcement des capacités judiciaires régionales constituent l'une des premières initiatives que les Etats du sahel doivent réalisés.

    C- Le renforcement des capacités judiciaires régionales

    Une ratification préalable de l'ensemble des outils internationaux concernant la lutte contre le terrorisme (1) de même que la formation du personnel en charge de la lutte contre ce fléau ((2), permettrait une plus grande réactivité dans le traitement des menaces terroristes.

    1- Une ratification préalable de l'ensemble des instruments internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme

    Du fait de son essaimage dans presque toutes les régions du monde, la coopération internationale est devenue une nécessité absolue contre le terrorisme. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis confirment à notre sens que l'on peut juguler les actes terroristes que dans une réelle coopération au niveau mondial, dont la mise est tributaire d'une coordination réalisée par le truchement de l'ONU, compte tenu de son caractère universel. S'il est vrai que dans les années 70 et 80, les débats sur le terrorisme ont été hésitants, voire infructueux, les Etats semblent aujourd'hui d'accord pour dire « qu'un rôle central revenait à l'organisation des Nations-Unies (...) »453(*). D'ailleurs, depuis la fin de la guerre froide, le terrorisme est devenu une préoccupation constante du Conseil de Sécurité qui y voit une menace contre la paix et la sécurité internationale. Cela a conduit le Conseil à prendre une batterie de mesures obligatoires engageant tous les Etats membres à une forte action de prévention et de répression du terrorisme. Conscients de graves problèmes que pose le terrorisme, l'urgence de ratifier les instruments universels contre le terrorisme ainsi que la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée et ses protocoles est nécessaire aujourd'hui. Ces instruments constituent un cadre privilégié de coopération juridique internationale entre Etats mais aussi avec tous les Etats parties auxdits instruments internationaux.

    Les distances et les barrières s'estompent dans le monde aujourd'hui, ce qui fait de la lutte contre le terrorisme une responsabilité globale partagée, qui exige de la solidarité internationale. Les pays du sahel qui sont sur la ligne de front dans la lutte contre le terrorisme dans la région, doivent adoptés des dispositifs ou des stratégies nationales, régionales et même internationales de lutte contre le terrorisme. Ils doivent mettre en oeuvre les mécanismes ou outils de lutte contre le terrorisme existant, tels que la Stratégie Mondiale de l'ONU en matière de lutte contre le terrorisme, la Stratégie de lutte contre le terrorisme de la CEDEAO ou de l'UE ou encore de l'UA. Renforcer les capacités en matière d'application de la loi et la coordination entre chaque pays et ses voisins. Les Etats du sahel ont donc intérêts à ratifier les 16 instruments internationaux aujourd'hui en vigueur et les incorporés dans leur législation afin d'améliorer leurs systèmes judiciaires qui pour la plupart sont défaillants en matière de répression du terrorisme. Ceci est d'autant justifié que la formation du personnel en charge de la lutte contre le terrorisme requiert une maîtrise de ces instruments afin d'éradiquer de manière satisfaisante, le terrorisme et le crime organisé.

    2- La formation du personnel en charge de la lutte contre le terrorisme

    La lutte antiterroriste dans ce 21e siècle de menaces, doit prendre en compte l'aspect formationel des personnes en charges de la sécurité. Un personnel mieux formé à faire face à la menace terroriste et au crime international est apte à répondre efficacement au terrorisme. Les experts doivent suivre une formation et disposer de l'équipement approprié. Il en va ainsi des personnes en charge de surveiller les frontières, les responsables du renseignement, les professionnels du système judiciaire et de l'application de la loi. Le manque de formation et de perfectionnement professionnel ainsi que des ressources nécessaires sont autant de facteurs qui entravent les efforts pour contrecarrer la menace terroriste au sahel, en Afrique, en Afghanistan, au Pakistan et au-delà.

    La connaissance et le savoir faire sont autant d'atouts qui peuvent permettre d'anticiper et de prévenir le terrorisme. Une formation est nécessaire afin de renforcer les capacités et le savoir faire des fonctionnaires judiciaires, de façon à ce qu'ils puissent mettre en oeuvre efficacement les mesures antiterroristes existantes dans la région du sahel. Etant donné l'importance du maintien en poste des fonctionnaires ayant suivi une formation, des plans doivent être élaborés afin d'assurer un faible taux de roulement du personnel. De plus, la corruption qui est un facteur à l'existence du crime organisé doit être combattue par les Etats pour qu'elle arrête de gangrener la région. Comme l'a dit Hubert Védrine, lors du discours qu'il a prononcé le 10 novembre 2001 devant l'Assemblée Générale des Nations Unis, « nous ne gagnerons durablement la lutte contre toutes les formes de terrorisme que si nous sommes capables de les priver de leur terreau, de leur retirer les prétextes dont elles se nourrices fallacieusement (...) »454(*).

    CONCLUSION DU CHAPITRE II

    A une menace dont l'émergence a été rendue possible par de multiples facteurs dont nous avons parlé précédemment, doit être apportée une réponse elle-même multiforme. Les pays du sahel doivent prendre en charge leurs besoins en matière de renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme. Le secteur de la sécurité doit certes être réajusté et amélioré pour répondre à la menace d'AQMI, mais aussi le crime organisé et les trafics divers qui s'étendent dans la région. En conséquence, tarir les sources sociales, financières et les problèmes annexes qui nourrissent et entretiennent le terrorisme, modifier l'environnement qui lui a permis de naître et de prospérer, telles doivent être les actions de la Communauté Internationale en complément aux mécanismes conventionnels de lutte contre ce phénomène.

    Par ailleurs, rappelons que la Communauté Internationale à beaucoup de composante : il y a beaucoup de pays, beaucoup d'ethnies, beaucoup de cultures et beaucoup de religions. L'entente entre ces différentes composantes n'est pas chose facile. Aussi la Communauté Internationale a-telle besoin du dialogue qui est la voie de parvenir à la confiance mutuelle ? Dans son discours à l'ouverture de la 31e Conférence Générale de l'UNESCO, le 15 octobre 2001, le Président Jacques Chirac a souligné, entre autres, que ce dialogue « doit être conduit avec clairvoyance et humilité, car son pire ennemi, c'est l'arrogance ».

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

    « L'Afrique a été et restera pour l'avenir prévisible un continent mur pour des actes terroristes », ainsi s'exprimait un responsable du Pentagone, soulignant que Washington s'employait à renforcer sa coopération militaire avec les africains en vue de prévenir des attentats terroristes455(*). Une telle affirmation, aussi pessimiste qu'elle puisse paraître, n'a certainement pas été faite gratuitement. En effet, c'est en s'inspirant de l'état de santé sécuritaire sur le continent africain que ce stratège américain a pu formuler sa théorie : porosité des frontières, formation policière et matérielle antiterroriste insuffisante ou inadapté, système de prévention inexistante et bien d'autres lacunes encore qu'il convient de combler.

    Si de nombreuses initiatives ont vu le jour, il faut noter que dans la réalité, des blocages subsistent dans la mise en oeuvre des réponses censés résorbés l'insécurité au sahel. Les différents partenaires n'ont pas souvent la même vision de l'approche à adopter et des moyens à mettre en oeuvre dans la lutte contre AQMI. Les mesures adoptées à ce titre étant à certains égards plus symboliques que réelles456(*). Il s'agira de trouver le dosage adéquat à travers une attitude véritablement proactive, qui impliquerait des efforts communs entre Etats du sahel et partenaires extérieurs afin d'évaluer les failles qui permettront d'améliorer leurs dispositifs sécuritaires. Cela étant, ces efforts d'amélioration des capacités opérationnelles demanderont un certain temps afin d'être significatives457(*). Il faudrait bien sûr préciser qu'une approche globale et intégrée, incluant également des réponses politiques et socioéconomiques, est la meilleure stratégie à adopter dans le cadre de ce combat planétaire.

    CONCLUSION GENERALE

    Il n'y a assurément pas de sujet plus discuté à l'heure actuelle, que celui portant sur le terrorisme et les réponses adéquates contre ce phénomène des « temps modernes ». A la question principale de la présente étude qui était de savoir en quoi AQMI représentait-elle une menace pour le sahel ? Nous avons essayé de démontrer, à travers ce travail d'analyse qu'AQMI était un facteur déstabilisateur pour la région sahélienne qui profitait de la détérioration de la situation sécuritaire au sahel pour prospérer, en dépit des différents mesures mise en oeuvre pour contrecarrer son action dans ce « nomans'land ».

    Le terrorisme a besoin de « sanctuaires » pour les refuges qu'ils offrent, les possibilités de formation qu'ils hébergent, et éventuellement, l'organisation des trafics qui assurent une source de financement. Après avoir dû quitter en 2001 l'asile à ciel ouvert que leur fournissait alors l'Afghanistan, les terroristes d'Al Qaïda se sont mis en quête d'abris alternatifs. Faute d'Etats disposés à les accueillir, ils se sont installés, précisément là où toute présence des Etats à disparu. Ils ont donc élu domicile dans les zones désertiques ou montagneuses, vides d'autorité ou de contrôle, qui parsèment l'arc de crise courant du Maghreb à l'Asie du Sud Est. Ces espaces recouvrent les zones tribales à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan, les confins du Cachemire, ceux de l'Iran. Là se maintient ce qui subsiste d'Al-Qaïda stricto sensu. Plus loin, ils incluent certains camps de refugiés au Liban, les régions tribales du Yémen, ainsi que la Somalie. Au-delà encore s'étend dans le sahel, devenu zone de ravitaillement et de repli pour certains groupuscules. La protection offerte par ces repaires est efficace. Tout porte à croire que la recherche de nouveaux sanctuaires se poursuit.

    Par ailleurs, la menace présentée par AQMI doit être relativisée, car l'insécurité endémique et persistante médiatisée au sahel peut être vue comme un nouveau projet des puissances extérieures pour se redéployer sur le continent africain. Compte tenu du potentiel minier du sahel, et avec la crise financière qui poursuit ses effets sur les pays européens, les puissances étrangères ont intérêt à intervenir dans la région pour sécuriser des approvisionnements en énergie et en matière première sensible, et dissuader sans équivoque des acteurs rivaux tels que la Chine, la Russie, l'Inde.

    Il convient également de souligner qu'une batterie de solutions a été apportée au sahel sans résultat significatif. Et le cancer a atteint sa phase finale avec la prise du Nord du Mali par les groupes terroristes de divers ordres. C'est ce pays et son pouvoir de transition qui ont lancée, le 10 janvier 2013, un appel désespéré à la France et à la CEDEAO : « Au secours, les terroristes arrivent ; nous sommes sans défense...et ils risquent d'occuper notre capitale... ». C'est pourquoi, une nouvelle philosophie dans la manière de percevoir et de lutter contre le terrorisme international s'impose à l'Afrique en général et aux pays sahéliens. L'Afrique présente des faiblesses géopolitiques et sécuritaires qui, éventuellement, peuvent attirer l'attention des terroristes internationaux qui peuvent s'attaquer aux intérêts occidentaux, beaucoup moins protégés ici qu'en occident. Il n'y a qu'à s'en référer aux attentats simultanés contre les ambassades américaines de Nairobi au Kenya et Dar-Es-Salam en Tanzanie en août 1998, l'attentat contre la Synagogue israélite de Djerba en Tunisie le 16 avril 2001, le double attentat de Mombassa au Kenya, commis contre les intérêts israéliens, le 28 avril 2002 ou encore les nombreuses prises d'otages. Avec le renforcement des mesures de sécurité en occident, il n'est pas exclu que les terroristes internationaux se rabattent sur l'Afrique, où des marges d'action demeurent.

    Des mesures opportunes, fortes, mais surtout diligentes doivent donc être adoptées et adaptées à l'évolution du terrorisme international. Ces mesures seront destinées à combattre de front, les actes de terrorisme tels qu'ils se manifestent dans l'espace africain. Elles consisteront concrètement à renforcer les mesures de sécurité et de contrôle aux frontières des Etats africains, à développer les moyens d'appropriation des mécanismes judiciaires et institutionnels de lutte contre le terrorisme établis sur le continent, à assurer l'effectivité de la coopération policière et judiciaire, la lutte contre le financement du terrorisme, le trafic illicite mais également et surtout l'acquisition d'une technologie de pointe de nature à détecter et à repérer les terroristes, les engins nocifs les plus discrets, notamment dans les lieux de transport en commun comme les aéroports.

    Toutefois, parce que le risque zéro n'existe pas, il est nécessaire de réprimer avec la plus grande fermeté les actes terroristes perpétrés, en identifiant non seulement les auteurs mais aussi les commanditaires ; d'où la nécessité d'une législation idoine permettant de délimiter le sens du concept et l'appropriation par les ordres juridiques nationaux, de même que l'existence des forces de sécurité et des autorités judiciaires spécialement formées sur les questions antiterroristes. « Face à la complexité sahélienne, méditons l'histoire ; elle nous livrera les clefs d'intelligibilité permettant de mieux surmonter les difficultés du présent. Si nous nous dérobons, si nous manquons de courage, elle nous écrasera ! »458(*).

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    VI- NOTES DE RECHERCHE

    DAGUZAN (Jean François), « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Une menace stratégique ? », Fondation pour la Recherche Stratégique, 30 juillet 2010, pp.1-5.

    JOURDE (Cédric), « Décoder les multiples strates de l'insécurité au sahel : Le cas mauritanien », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 15, septembre 2011, pp. 1-8.

    MARRET (Jean Luc), « Al-Qaïda au Maghreb Islamique », Fondation pour la recherche stratégique, 11 janvier 2011, pp.1-8.

    TAJE (Mehdi), « Vulnérabilités et facteurs d'insécurité au sahel », Note Publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, pp. 1-8.

    VII- ACTES DE CONFERENCES, DE COLLOQUES, DE RENCONTRES, RAPPORTS ET DISCOURS.

    « Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ? », Actes du Colloque de la Fondation Gabriel Péri, 24-26 janvier 2008, p. 11.

    ANTIL (Alain), Conférence sur : « Contrôler les trafics pour assurer la stabilité de l'Etat : retour sur le cas Mauritanien », lors du Séminaire « Questions Sécuritaires aux marges de l'espace méditerranéen : la zone sahélo-saharienne », organisé par l'IFRI, le 5 décembre 2008 à Paris.

    BOJJI (Ali), Ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au Gabon, « le Sahel-Sahara : danger des espaces de non droit », 4e édition de la Conférence Internationale « Marrakech Security Forum », 25 et 26 janvier 2013, p. 3.

    BREA, PNUD, « Arab Human Development Report 2009 », p. 61,

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    « Colloque : Quelles constructions politiques au Mali face aux crises dans le sahel ? », Fondation Gabriel Péri, 19 juin 2012, pp. 1-39.

    Colonel BAYALA (Jean Pierre) , Magistrat militaire, expert en sécurité, Monsieur KASSOUM KAMBOU, Magistrat, expert en droits humains et Monsieur (Martial Wilfried) BASSOLE, Economiste, expert en économie du développement, « Rapport de l'Etude sur les défis liés à la sécurité dans les régions du sahel et du Nord du Burkina Faso », Institut Danois des Droits de l'Homme (IDDH) et Ministère de la Justice du Burkina Faso, Mai 2012,163 p.

    Direction Générale des Politiques Externes de l'Union Européenne, Direction B, Département Thématique, Etude, « Une Stratégie Cohérente de l'Union Européenne pour le Sahel », Mai 2012, pp.1-44.

    Discours du Président JINTAO (Hu) à la cérémonie d'ouverture du «  Forum de Coopération Sino-africain », 4 novembre 2006.

    MARCA COSTA (Antonio), « Allocution d'ouverture », Symposium sur la mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations-Unies, (New York : Nations-Unies, 2007), p. 13.

    MASSAËR (Diallo), « Gouvernance, Dynamique des conflits, paix et sécurité », « La sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et de développement », Réunion du groupe d'orientation des politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007, GTZ Berlin, p. 2.

    Michel (Louis), Commissaire Européen au Développement et à l'Aide Humanitaire, « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure européenne », Conférence Publique sur la stratégie Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006.

    PLAGNOL (Henry) et LONCLE (François), députés,  « La situation sécuritaire au sahel », Assemblée Nationale (Française), Rapport d'information déposé en application de l'article 145 du règlement par la Commission des Affaires Etrangères, le 6 mars 2012, pp.1-121. http://www.asemblée-nationale.fr/13/rep-info/i4431.asp.

    Rapport de l'ONUDC sur les drogues dans le monde, juillet 2009.

    Rapport de l'ONUDC, «  Le Trafic de drogue comme menace à la sécurité en Afrique de l'Ouest », octobre 2008.

    Rapport de la mission d'évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du sahel, 7-23 décembre 2011, S/2012/42, 18 janvier 2012, paragraphe 38, p. 11

    Rapport du Comité Spécial de l'AGNU crée par la Résolution A/51/210, 8e session, 2004, A/59/37, p. 5.

    YONAH (Alexander), «The consequences of terrorism: an update on Al-Qaeda and other terrorist threats in the Sahel and Maghreb», 2011 Report Update, Potomac Institute, janvier 2011.

    VIII- THESES ET MEMOIRES

    FERIKOUOP (Mamouda), « L'Application par le Cameroun des instruments juridiques internationaux en matière de lutte contre le terrorisme », DEA de Droit International Public, Université de Douala-Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, 2012, sous la direction de M. le Professeur MOUANGUE KOBILA (James) et M. le Professeur DONFACK SOKENG (Léopold), 212 p.

    FOLIARD (Romain), « Renseignement et Lutte contre le terrorisme : De la fin de la guerre froide jusqu'à nos jours », Master-Etudes Stratégiques, Université de Paris 13/Institut Français d'Analyse Stratégique (IFAS), 2008, sous la direction de FOLCHER (Stéphane), (Université de Paris 13/Ministère de l'intérieur), et GERE (François), (Président de l'Institut Français d'Analyse Stratégique - IFAS), 161 p.

    BENCHERIF (Adib), « Al-Qaïda au Maghreb islamique : Une organisation changeante entre survivance et pragmatisme », Essai de Maîtrise en Etudes Internationales, Institut Québécois des Hautes Etudes Internationales (Université de Laval), septembre 2012, sous la direction du Professeure Aurélie Campana, 78 p.

    MENDY (Adriano), «  La Lutte contre le terrorisme en Droit International », Thèse de Doctorat en Droit International et Relations Internationales, de l'Université de Reims - Faculté de Droit et de Science Politique sous la direction de M. le Professeur COLIN (Jean Pierre), le 20 juillet 2008, 454 p.

    IX- COURS

    MANDJACK (Albert Le Grand), Méthodes des Sciences Sociales, Cours Magistral de Troisième année de Droit, Université de Douala, année académique 2008-2009, inédit.

    MBOME (François Xavier), in Méthodes des Sciences Sociales, Cours Magistral de deuxième année de Droit Public, Université de Yaoundé II, année académique 1999-2000, inédit.

    X- SITES INTERNET CONSULTES

    http://www.terrorisme.0rg

    http://www.un.org

    http://www.asembléenationale.fr

    http://www.rfi.fr

    http://www.magharebia.com

    http://www.diploweb.com

    http://www.unodc.org

    http://www.algéria-watch.org

    http://www.chineafrique.com

    http://www.maliweb.net

    http://www.ovida-afrido.org

    http://www.cairn.info

    http://www.algérie1.com

    http://www.nytimes.com

    http://www.jeuneafrique.com

    ANNEXES

    ANNEXES I

    I : Listes des Entretiens par catégories d'acteurs

    Noms et prénoms des personnes

    Qualité

    Lieu et date de l'entretien

    Séïdou Njikam

    Premier Percepteur à l'Ambassade de la République du Cameroun au Maroc

    Douala, le 30 Octobre 2012

    II : Guide d'entretien

    Les questions ont été multiples et variées. Globalement elles portaient sur l'opinion de Monsieur NJIKAM SEIDOU sur la crise sécuritaire au sahel et sur les sujets suivants :

    - Les différents types de menaces qui affectent l'espace sahélien.

    - Les différents types d'acteurs qui évoluent dans ce couloir stratégique.

    - Les pays occidentaux et la région du sahel.

    - La réalité de la menace d'AQMI au sahel et son influence dans la zone.

    - L'impact de la mort de Ben Laden sur les réseaux qui lui on fait allégeance.

    - L'islam radical et le continent africain.

    ANNEXE II : Liste des personnes clé dans l'histoire du GIA, du GSPC et D'AQMI

    Abdallah Anas : « Afghan algérien », ancien proche d'Azzam. Il rejoint le FIS à son retour d'Afghanistan. Il est l'un des rares « Afghans » algériens à pouvoir communiquer et avoir accès à Ben Laden et Al- Zawahiri.

    Abdullah Azzam : fondateur du Maktab al-Khadamat (Bureau des services) en 1984, organisation qui avait pour but de permettre aux volontaires arabes de participer au jihad en

    Afghanistan. Azzam fut le professeur de Ben Laden et est considéré comme son père spirituel.

    Qari Saïd : « Afghan algérien », leader du contingent algérien de moudjahidines à Peshawar, il rejoint le GIA à son retour d'Afghanistan. Idéologue influent du groupe, il entretiendra les relations du groupe avec la sphère jihadiste via le « Londonistan », jusqu'à ce qu'il se fasse écarter et marginaliser par Zaytouni en 1994.

    Abou Mus'ab al-Suri : « Afghan syrien », il travailla à la propagande du GIA via la newsletter « Al-Ansar ». Suite aux nombreux massacres de la population algérienne par le GIA, il cesse de soutenir le groupe et de publier les newsletters le 31 mai 1996.

    Murad Si Ahmad alias Ja'far al Afghani : Émir national et chef du GIA à partir du mois d'août 1993 jusqu'en février 1994 où il se fait tuer par les forces de sécurité algériennes.

    Sharif al-Qawasmi alias Abu Abdallah Ahmad : chef du GIA, successeur de Murad Si

    Ahmad. Il est tué par les forces de sécurité au cours du mois de septembre 1994.

    Jamal Zaytouni : chef du GIA, successeur de Sharif al-Qawasmi. Zaytouni (à l'exception de

    Zouabri) a été le chef du groupe le plus violent. Zaytouni, peu éduqué, a arrêté sa scolarité à l'âge de 16 ans. Il est tué en juillet 1996 dans des circonstances encore assez sombres. Il aurait été tué par des membres du groupe, craignant de se faire assassiner dans les purges répétées de Zaytouni à l'intérieur du GIA. Il y aurait eu parmi eux Hassan Hattab.

    Antar Zouabri : chef du GIA, successeur de Zaytouni. Peu éduqué, sans formation politique et idéologique à l'image de Zaytouni, il multiplie les massacres de masse. Il est tué en février

    2002, le GIA n'étant alors plus qu'une organisation moribonde.

    Abou Moussab Zarkawi : chef d'Al-Qaïda en Irak jusqu'à sa mort le 7 juin 2006.

    Al-Zawahiri : co-fondateur d'Al-Qaïda et numéro 2 de l'organisation jusqu'à la mort de Ben

    Laden, il est à présent le chef suprême de l'organisation.

    Oussama Ben Laden : membre du Bureau des services et disciple d'Azzam. Suite à son rapprochement avec Al-Zawahiri, et à un différend idéologique avec Azzam quant à la manière de mener le jihad et à l'utilisation de la notion de takfir, il prend ses distances avec ce dernier et fonde l'organisation Al-Qaïda. Il en sera le chef jusqu'à sa mort au Pakistan le 02 mai 2011.

    Hassan Hattab: émir local au sein du GIA (de la zone 2), Hattab est un ancien déserteur de l'armée algérienne. Il rejoint le GIA du temps d'Al-Qawasmi. Adoptant un profil bas sous

    Zaytouni, il semble qu'il ait été par la suite directement en conflit avec Zouabri, ce dernier 72 ayant tenté de l'éliminer. Après avoir fait dissidence, il créée le GSPC avec d'autres anciens membre du GIA en 1998 et en est le chef jusqu'à sa destitution en août 2003.

    Nabil Sahrawi : émir de la zone 5 au sein du GIA, membre fondateur du GSPC, il est émir du

    GSPC de septembre 2003, jusqu'à sa mort en juin 2004 suite à un affrontement avec les forces de l'ordre.

    Abdelmalek Droukdal, alias Abou Moussab Abdel Wadoud : ancien membre du GIA, il ne rejoint pas immédiatement le GSPC par méfiance à l'encontre de Hassan Hattab. Proche collaborateur et successeur de Nabil Sahrawi, il est le dernier émir du GSPC. Droukdal initie de nombreux changements a priori au sein GSPC pour intégrer la nébuleuse Al-Qaïda et devenir AQMI. Il est l'actuel émir d'AQMI et serait dans les maquis dans les montagnes kabyles en Algérie. Ayant peu de maîtrise sur les katibas opérant dans la région sahélo-saharienne, il cherche depuis peu à regagner le contrôle de l'organisation terroriste.

    Abderrazak El Para : ancien officier des forces spéciales algériennes ayant intégré le GSPC.

    Il réalise en 2003 l'enlèvement des 32 Occidentaux dans le désert algérien. Il est par la suite capturé au Tchad et extradé en Algérie à partir de la Libye voisine. Les réticences d'Alger à négocier avec le groupe rebelle tchadien ayant capturé El Para et souhaitant l'extrader, et les conditions dans lesquelles le procès de ce dernier se déroule en Algérie, alimentent les théories considérant El Para comme un homme du renseignement algérien. Cependant, rien n'est pour l'instant clairement établi au sujet d'El Para et il n'a pas fait parler de lui depuis longtemps.

    Mokhtar Belmokhtar, alias Khalid Abou Al-Abbas : responsable de la zone saharienne sous le GIA, ce « vétéran » de l'Afghanistan a toujours constitué la composante criminelle au sein de l'organisation terroriste. L'armée tchadienne a affirmée l'avoir tué le 2 mars 2013 mais sa mort n'est pas confirmée et sa tête a été mise à prix en juin 2013 par les Etats-Unis.

    Nabil Makhloufi, alias Nabil Abou Alqama : a fait partie du GIA et du GSPC. Homme de confiance de Droukdal, coordonnateur de toutes les opérations au Sahel. Il aurait renforcé la katiba de Belmokhtar et les seryas d'Abdelkrim Taleb et d'Abou el-Hammam au détriment de la katiba d'Abou Zaïd. Il est décédé le 09 septembre 2012 dans un accident de voiture survenu dans le nord du Mali, à environ 200km de Gao, alors qu'il se rendait à un rassemblement des groupes islamistes de la région.

    Abdelkrim Taleb : Touareg originaire du Nord-Est du Mali, a formé une serya composée essentiellement de Touaregs. Cette serya permet d'augmenter les connections avec les Touaregs des pays du Sahel et du Sud de l'Algérie et de recruter dans un bassin sous-exploité par le groupe.

    Abdelhamid Abou Zeid : a fait partie du GIA et du GSPC. Abou Zaïd a gravi les échelons progressivement. Bras droit d'Abderrazak El Para lors de l'opération d'enlèvement des 32 touristes européens et lors de la négociation de la rançon, il fut le chef de la katiba Tarik Ibn Ziyad. Il est mort le 23 févier 2013 dans la vaste opération Serval que menaient la France et le Tchad au Nord du Mali.

    Yahya Abou el-Hammam, alias Djamel Okacha : Bras droit dans un premier temps de Belmokhtar dans la katiba El-Moulathamoune, il dirige à présent la katiba Tarik Ibn Ziyad d'Abou Zeid depuis la mort de ce dernier.

    Annexe III

    CONVENTIONS ET PROTOCOLES SUR LE TERRORISME

    Tableau 1 : Les instruments universels

    Titre de convention

    Cadre ou organisation

    Lieu de signature

    Date de signature

    Date d'entrée en vigueur

    Nombre de ratifications

    Convention relative aux infractions et à certains autres actes survenant à bord des aéronefs

    Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI)

    Tokyo

    14 septembre 1963

    4 décembre 1969

    182 (dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies-CSNU)

    Convention pour la répression de toute capture illicite d'aéronefs

    OACI

    La Haye

    16 décembre 1970

    14 octobre 1971

    185 (dont les cinq membres permanents du CSNU)

    Convention pour la répression d'actes illicites dirigés contre la sécurité de l'aviation civile

    OACI

    Montréal

    23 septembre 1971

    26 janvier 1973

    185 (dont les cinq membres permanents du CSNU)

    Convention sur la

    prévention et la

    répression des

    infractions contre les

    personnes jouissant

    d'une protection

    internationale, y

    compris les agents

    diplomatiques

    Assemblée

    générale des

    Nations Unies

    (AGNU)

    New

    York

    14

    décembre

    1973

    20 février

    1977

    166*

    Convention

    internationale contre la

    prise d'otages

    AGNU

    New

    York

    17

    décembre

    1979

    3 juin

    1983

    168 (dont les 5

    membres

    permanents du

    CSNU)

    Convention sur la

    protection physique

    des matières

    nucléaires

    Agence

    Internationale

    de l'Energie

    Atomique

    (AIEA)

    Vienne

    26 octobre

    1979

    8 février

    1987

    130 (dont 5

    membres

    permanents du

    CSNU)

    Protocole pour la

    répression des actes de

    violence dans les

    aéroports servant a

    l'aviation civile internationale,

    complémentaire a la

    convention du 23

    septembre 1971

    OACI

    Montréal

    24 février

    1988

    6 aout

    1989

    161(dont les 5

    membres

    permanents du

    CSNU)

    Convention pour la

    répression d'actes

    illicites contre la

    sécurité de la

    navigation maritime

    Organisation

    Maritime

    Internationale

    (OMI)

    Rome

    10 mars

    1988

    1er mars

    1992

    146*

    Protocole pour la

    répression d'actes

    illicites contre la

    sécurité des plateformes

    fixes situées

    sur le plateau

    continental

    OMI

    Rome

    10 mars

    1988

    1er mars

    1992

    135*

    Convention sur le

    marquage des

    explosifs et en feuilles

    aux fins de détection

    OACI

    Montréal

    1er mars

    1991

    21 juin

    1998

    136(dont les 5

    membres

    permanents du

    conseil de

    sécurité)

    Convention

    internationale pour la

    répression des

    attentats terroristes a

    l'explosif

    AGNU

    New

    York

    15

    décembre

    1997

    23 juin

    2001

    153*

    Convention

    internationale pour la

    répression du

    financement du

    terrorisme

    AGNU

    New

    York

    9

    décembre

    1999

    10 avril

    2002

    160*

    Convention

    internationale pour la

    répression des actes de

    terrorisme nucléaire

    AGNU

    New

    York

    15 avril

    2005

    6 juillet

    2007

    29*

    Protocole de 2005

    relatif au Protocole

    pour la répression

    d'actes illicites contre

    la sécurité des plateformes

    fixes situées

    sur le plateau

    continental de 1988

    OMI

    Londres

    14 octobre

    2004

    Article 9

    du

    Protocole

    de 2005

     

    Source : Nations Unies : http://www.un.org/french/docs/sc/committees/1373/law.shtml

    NB : les informations sur le nombre de ratifications remontent au 12 décembre 2007.

    * accès verrouillé.

    Tableau 2 : Les instruments régionaux

    Source : Nations Unies- Collections des traites.

    Titre

    Cadre ou

    organisation

    Lieu de

    signature

    Date de

    signature

    Date d'entrée

    en vigueur

    Convention pour

    la prévention ou

    la répression des

    actes de

    terrorisme qui

    prennent-la

    forme de délits

    contre les

    personnes ainsi

    que l'extorsion

    connexe a ces

    délits lorsque de

    tels actes ont des

    répercussions

    internationales

    Organisation des

    Etats américains

    (OEA)

    Washington

    2 février 1971

    16 octobre 1973

    Convention

    européenne pour

    la répression du

    terrorisme, telle

    qu'amendée par

    son protocole

    Conseil de

    l'Europe

    Strasbourg

    27 janvier 1977

    -Convention : 4

    aout 1978

    -Protocole :

    suivant l'article

    18 du Protocole

    Convention

    régionale de

    l'ASACR sur la

    répression du

    terrorisme

    Association sud asiatique

    de

    coopération

    régionale

    (ASACR)

    Katmandou

    4 novembre

    1987

    22 aout 1988

    Convention

    arabe pour la

    lutte contre le

    terrorisme

    Ligue des Etats

    arabes (LEA)

    Caire

    22 avril 1998

    7 mai 1999

    Traite de

    coopération

    relatif a la lutte

    antiterroriste

    entre les Etats

    membres de la

    CEI

    Communauté

    des Etats

    indépendants

    (CEI)

    Minsk

    4 juin 1999

    Suivant l'article

    22

    Convention de

    l'OCI pour

    combattre le

    terrorisme

    Organisation de

    la conférence

    islamique (OCI)

    Ouagadougou

    Le 1er juillet 1999

     

    Convention de

    l'OUA sur la

    prévention et la lutte contre le

    terrorisme

    Organisation de

    l'unité africaine

    (devenue Union Africaine)

    Alger

    14 juillet 1999

    6 décembre

    2002

    Convention de

    Shanghai pour la

    lutte contre le

    terrorisme, le

    séparatisme et

    l'extrémisme

     

    Shanghai

    15 juin 2001

    Suivant l'article

    18

    Convention

    interaméricaine

    contre le

    terrorisme

    OEA

    Bridgetown

    3 juin 2002

    10 juillet 2003

    Protocole a la

    convention de

    l'OUA sur la

    prévention et la

    lutte contre le

    terrorisme

    Union africaine

    (UA)

    Addis-Abeba

    8 juillet 2004

    Suivant l'article

    10 du Protocole

    Convention

    européenne pour

    la prévention du

    terrorisme

    Conseil de

    l'Europe

    Varsovie

    16 mai 2005

    1er juin 2007

    ANNEXES 3

    ZONES D'ETUDES

    Les routes de la drogue

    * 1 Selim El SAYEGH, « Divergences et enjeux mondiaux : Légitime défense, terrorisme et préemption », Agir n° 16, décembre 2003, P. 1.

    * 2 Samuel HUNTINGTON, Le Choc des civilisations, éd, Odile Jacob, 2007, 547 P.

    * 3 Beatrice LEVEILLE, Le 11 septembre, l'Europe et sa sécurité, Rfi, vendredi 9 septembre 2011.

    * 4 Point focalisateur ayant marqué et attirer l'attention des différents acteurs sur le danger de ce phénomène.

    * 5 Attentat terroriste perpétrés par deux supposés terroristes tchétchènes qui a fait trois morts et plusieurs blessés.

    * 6 http:// www.wikipedia.org/wiki/Al-Qaïda (consulté le 10 septembre 2012 à 15h30).

    * 7 Mehdi TAJE, « Vulnérabilité et facteurs d'insécurité au sahel », note publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 1.

    * 8 Khadija MOHSEN-FINAN, « Les Défis sécuritaires au Maghreb », Note de l'IFRI, juin 2008, p. 5.

    * 9 Patrice GOURDAIN, « Al-Qaïda au Sahara et au Sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe », www.diploweb.com, Revue Géopolitique en ligne, le 11 mars 2012, p. 1. (Consulté le 11 mars 2012).

    * 10 Voir Gérard François DUMOND, « La géopolitique des populations du sahel », in Cahier du Cerem n° 13, décembre 2009, p. 33.

    * 11 Thomas Edward LAWRENCE, « La guerre de guérilla » Encyclopedia Britanica, 1926, cité dans Gérard CHALIAND, Anthologie mondiale de la stratégie, paris, 1990, R. Laffont, p. 1137.

    * 12 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'union européenne en particulier », Note d'Analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 4.

    * 13 Patrice GOURDAIN, op. cit., p. 19.

    * 14 Communication de M. Massaër DIALLO, Politologue, « Défis sécuritaires et hybridations des menaces dans la zone Sahélo-Saharienne », séminaire sur la sécurité au sahel « pour un partenariat Sécurité et Développement au sahel », organisé par l'OGSS et l'union européenne, 25 et 26 novembre 2010, Bruxelles, p. 3.

    * 15 Serge SUR, « Un mal qui répand la terreur », in Questions Internationales, La Documentation Française, n° 8, 2004, p. 4.

    * 16 Thierry De MONTBRIAL la définit ainsi : « La stratégie est la science (si l'on choisit de mettre l'accent sur le savoir et la méthode) ou l'art (si l'on privilégie l'expérience) de l'action humaine formalisée, volontaire et difficile ». « Stratégie », in Thierry de MONTBRIAL, Jean KLEIN (dir), Dictionnaire de Stratégie, Paris, Puf, p. 527-542.

    * 17 Antonin TISSERON, « Après la chute Kadhafi. La Bande Sahélo-Saharienne entre jeux de puissance et logiques de nuisance », Institut Thomas More, 30 septembre 2011, p. 3.

    * 18 Antonin TISSERON, op.cit., p. 4.

    * 19 Aristote cité par François Xavier MBOME, In : Méthodes des Sciences Sociales, Cours Magistral 2eme année de Droit Public, Université de Yaoundé II, année académique 1999-2000.

    * 20 Mathieu GUIDERE, La tentation internationale d'Al-Qaïda, IFRI, Centre des études de sécurité, Focus Stratégique n° 12, décembre 2008, p. 10.

    * 21 Mehdi TAJE, La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb, Géostratégiques n° 32. 3e Trimestre 2011, p. 281.

    * 22 Voir à ce sujet Mehdi MEKDOUR, «  Al-Qaïda au Maghreb Islamique-Fiche Documentaire », Note d'analyse du GRIP, Bruxelles, 25 août 2011, p. 2.

    * 23 Voir François GEZE et Salima MELLAH, «  Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », Algéria-Watch, 22 Septembre 2007, p.1.

    * 24 François GEZE et Salima MELLAH, op.cit., p.1.

    * 25 Jean François DAGUZAN, «  Sécurité au désert : Les trafics illicites, le crime organisé et les activités terroristes », CIDOB, 25 octobre 2010, p.2.

    * 26Salima MELLAH, Le Mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation, dossier n° 19, http://www.algéria-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf. p. 78. (Consulté le 10 juin 2012 à 10h30).

    * 27 Mehdi MEKDOUR, op.cit., (Supra, note n° 22), p. 2.

    * 28 Didier ANNE-LISE, « L'Afrique du Nord » in Xavier RAUFER (dir), Atlas de l'islamisme radical, CNRS Editions, paris, 2007, p. 267.

    * 29 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.

    * 30 Le terme «  terrorisme » n'apparaît pour la première fois dans le supplément du Dictionnaire de l'Académie Française qu'en 1798. Il est défini justement comme un mode de gouvernement.

    * 31 Khader BICHARA, Terrorisme islamiste localisé. Terrorisme islamiste globalisée. Essai de définitions. CERMAC, 15 mars 2005, p.1.

    * 32 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.

    * 33 Isabelle SOMMIER, Le Terrorisme, Flammarion, paris, 2000, p. 84.

    * 34 Brian JENKIS cité par Bruce Hoffman, La Mécanique Terroriste, Calmann-Lévy, 1999, p. 39.

    * 35 Khader BICHARA, op.cit., P.1.

    * 36 Voir Jean Marc SOREL, « Existe-t-il une définition universelle du terrorisme », in Katherine BANNELIER, Thomas CHRISTAKIS, Olivier CORTEN et Barbara DELCOURT (Sous la dir.), Le Droit International face au terrorisme après le 11 septembre 2001, préface de Gilbert GUILLAUME, Pédone, 2002, Coll. CEDIN-PARIS I, Cahiers Internationaux, n° 17, p. 35-68.

    * 37 Gwenaëlle CALCERRADA, La « Tactique du faible au fort » : Apports et limites des explications structurelles et stratégiques du terrorisme par la discipline des Relations Internationales, IEP de Bordeaux, SPIRIT, 26 août 2010, p. 2.

    * 38 Michel WALZER, De la guerre et du terrorisme, Bayard, 2004, 254 p.

    * 39 Jacques BAUD, La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, éd. du Rocher, coll. L'Art de la guerre, 2003, 212 p.

    * 40 Stephen DI RIENZO, « Terrorisme : Une forme inédite d'expression de la puissance », in Politique Etrangère, été 2006, n° 2, p. 375-384.

    * 41 Gérard CHALIAND et André BLIN, Histoire du Terrorisme : De l'antiquité à Al-Qaïda, éd. Bayard, paris, 2004.

    * 42 Alex SCHMITT and Albert JONGMAN et Al.: Political Terrorism: a new guide to actors, authors, concepts, data bases, theories and literature, New Brunswick, Transaction Books, 1988.

    * 43 Jean Marie BALANCIER : « Les Milles et un visage du terrorisme contemporain », in Questions Internationales, Documentation Française, n° 8, 2004, p.6.

    * 44 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, ... loc.cit., p. 2.

    * 45 Arnaud BLIN, ibid., p. 3.

    * 46 Arnaud BLIN, idem.

    * 47 Groupes de personnalités de haut niveau mis en place par Le Secrétaire Général des Nations Unies pour dresser un état des lieux complet sur les menaces, les défis et le changement. Ce groupe était présidé par Anand PANYARACHUN, ancien Premier Ministre de la Thaïlande, et comprenait : Robert Badinter (France), Joao BAENA Soares (Brésil), Gro Harlem BRUNDLAND (Norvège), Mary CHINERY HESSE (Ghana), Gareth EVANS (Australie), David HANNAY (Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord), Enrique IGLESIAS (Uruguay), Amr Moussa (Egypte), Satish NAMBIAR (Inde), Sadako OGATA (Japon), Yevgeny PIMAKOV (Fédération de Russie), Qian QIQIAN (Chine), Salim SALIM (République Unie de Tanzanie), Nafis SADIK (Pakistan), et Brent SCOWCROFT (Etats-Unis d'Amérique).

    * 48 Voir un Monde plus sûr : Notre affaire à tous, publication des Nations Unies, numéro de ventes F.05.2.5.

    * 49 Walter LAQUEUR, Le Terrorisme, PUF, paris, 1979, p. 89.

    * 50 Jean François GAYRAUD et David SENAT, Le Terrorisme, coll. Que Sais-Je ? PUF, Paris, 2002, p. 33.

    * 51 Sur les classifications des formes de terrorisme, voir Jean François GAYRAUD / David SENAT, op.cit., p. 43-50.

    * 52 Voir Jean François GAYRAUD / David SENAT, op.cit., p. 32.

    * 53 http://www.wikipedia.org/wiki/sahel.

    * 54 Boureima ALPHA GADO, Concepts et Approches pour une définition de l'espace sahélienne, Revue Afrique et Développement, Volume XVII, n° 4, 1993.

    * 55 Jean GALLAIS, Hommes du sahel, coll. Géographes, paris, Flammarion, 1984, p.8.

    * 56 Mehdi TAJE, Sécurité et stabilité dans le sahel Africain, Edicté Par Jean DUFOURCQ and Laure BORGOMANO-LOUP, décembre 2006, p .6.

    * 57 Mehdi TAJE, Ibidem.

    * 58 Louis GAUTIER, «  AQMI : Un problème régional », les Notes d'ORION, Observatoire de la défense, n°4, Janvier 2011, p. 2.

    * 59 Mehdi TAJE, « La Réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre, 2011, p. 286.

    * 60 Voir François Dumont, Démographie Politique. Les lois de la géopolitique des populations, paris, Ellipses, 2007, 498 p.

    * 61 Antonin TISSERON, « Sahara de tous les dangers. Le Maghreb dans la tourmente ? » Actuelles de L'IFRI, le 23 octobre 2012, p. 1.

    * 62 Ibid.

    * 63 Afrique Terrorisme : L'Afrique est-elle contaminée par l'islam radical ? RFI, le 03 septembre 2010, entretien avec Ghislaine DUPONT P. 1.

    * 64 François BURGAT, L'islam à l'heure d'Al-Qaïda, La Découverte, paris, 2006, cité par Aboya MANASSE ENDONG, « Risque mesuré ou surdimensionné » : instrumentalisation de l'AQMI et domination géostratégique ? Revue Africaine de parlementarisme et de Démocratie, volume III, n° 5, Avril 2011, p. 23.

    * 65 Un Califat peut être défini comme un territoire sur le quel un Calife (successeur du prophète Mohamed) exerce un pouvoir régi par l'islam.

    * 66 Mehdi TAJE, op.cit. (Supra, note n° 6), p. 1.

    * 67 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 1.

    * 68 Laurence AIDA AMMOUR, « Les Défis de sécurité dans la zone Saharo-Sahélienne et leurs répercussions dans la région Méditerranéenne », Ponencia presentada en el IX Seminario international sobre Seguridad y Defensa en el Mediterraneo. Una vision compartida para el Mediterraneo y su Vecindad, organizado en Barcelona por CIDOB y el Ministedad de Defensa el dia 25 de octubre de 2010, p. 1.

    * 69 Laurence AIDA AMMOUR, ibid.

    * 70 Bérangère ROUPPERT, op.cit., p. 2.

    * 71 Modibo GOITA, Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'ouest : Contrecarrer la stratégie d'AQMI au sahel, Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n°11, février 2011, p. 6.

    * 72 Mehdi MEKDOUR, «  Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Une menace multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 17.

    * 73 Mehdi MEKDOUR, op.cit., p. 1.

    * 74 Laurence Aïda AMMOUR, op.cit. (Supra, note n° 67), p. 1.

    * 75 Mehdi TAJE, op. cit., (supra, note n° 21), p.287.

    * 76 Lies BOUKRAA, Directeur Général du Centre Africain des Etudes et Recherches sur le Terrorisme (CAERT).

    * 77 Zine CHERFAOUI, « Derrière AQMI se cache un projet de recolonisation de l'Afrique », El Watan, 12 octobre 2010, http://www.algéria-watch.org/fr/article/pol/geopolitique/recolonisation_afrique.htm, (consulté le 10 juin 2012).

    * 78 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-TCHAD-CAMEROUN et l'initiative tripartite », in : Joseph Vincent NTUDA EBODE (dir), Terrorisme et Piraterie : De nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, CREPS, Friedrich Ebert STIFTUNG, PUA, Yaoundé, 2010, p. 149-158.

    * 79 Madeleine GRAWITZ, définit « l'hypothèse comme une proposition de réponse à la question posée », in Méthodes des Sciences Sociales, paris, Dalloz, 2001, p. 398.

    * 80 Lindemann THOMAS, Sauver la face, sauver la paix. Sociologie constructive des crises internationales, Coll. « Chaos International », L'Harmattan, Paris, 2011.

    * 81 Sur le constructivisme parfois nommé socioconstructivisme, lire Peter BERGER et Thomas LUCKMAN, La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 2003, 357 p.

    * 82 Madeleine GRAWITZ, op.cit., p. 156.

    * 83 Michel Crozier, Erhard FRIEDBERG, L'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective, Paris, Seuil, 1977, p. 53-57. Pour ces auteurs, « la démarche stratégique (...) peut être définie autour du concept central de stratégie », p. 55.

    * 84 Emiliano GROSSMAN, « Acteur », in Laurie BOUSSAGUET, Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Sciences Po, 2004, p. 23.

    * 85 Michel BEAUD, L'Art de la thèse, paris, La découverte, 2003, p.52.

    * 86 Nicole BERTHIER, Les techniques d'enquête : méthodes et exercices corrigés, Paris, Armand Colin, 2002, p. 12.

    * 87 Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11ème édition, 2001, p. 526.

    * 88 Cité par Alain BLANCHET, « Interviewer » in Alain BLANCHET et al. Les techniques d'enquête en sciences sociales, Paris, Dunod, 1998, p. 82.

    * 89 Raymond QUIVY, Luc VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995.

    * 90 Ibidem.

    * 91 Traduction in « Dossier Mondiaux », Revue Electronique de l'Agence d'Information des Etats-Unis, Février 1997, p. 1. A consulter sur : http//www.usinfo.state.gov/journals/itgic/0297/rjgf/rjgf/0297.htm.

    * 92 On citer entre autres : mars 1995 : attentat au gaz Sarin dans le métro de Tokyo ; avril 1995 : attentat contre le bâtiment de l'administration fédérale à Oklahoma city (Etats-Unis) ; janvier 1996 : attentat contre la banque centrale du Sri Lanka. Source : Questions Internationales, juillet-août 2004.

    * 93 Sur les informations établissant un lien entre les groupes armés présents au Nord-Mali et les groupes terroristes actifs en Libye ainsi que les mouvements des chefs d'AQMI entre le Mali et la Lybie, voir « AQIM buys weapons from libyan rebels - Algeria paper reveals », www.ennaharonline.com, 11 septembre 2012. Et aussi entretien de Crisis Group, diplomate, 13 septembre 2012.

    * 94 Khadija MOHSEN-FINAN, « Les défis sécuritaires au Maghreb », IFRI, Programme Maghreb, juin 2008, P.2.

    * 95 Selon la Foreign Policy Failed States Index-FSI.

    * 96 Mehdi MEKDOUR, chercheur au GRIP, « Al-Qaïda au Maghreb islamique : une menace multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 1.

    * 97 Zachary DELVIN-FOLTZ, co-auteur avec Binnur OZKECECI-TANER, the «State Collapse and Islamist Extremism: Re-evaluating the link». Contemporary Security Policy, 31 (1), avril, 2010.

    * 98 Zachary DELVIN-FOLTZ, « Les Etats fragiles de l'Afrique : vecteurs de l'extrémisme, exportateurs du terrorisme », Bulletin de la sécurité africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 6, Août 2010, p. 1.

    * 99 Dr Luis SIMON, Dr Alexander MATTELAER, Dr Marc-Antoine Morin, Dr Amelia HADFIELD, Institute for European Studies, Vrije Universiteit Brussel, Belgique, Parlement Européen, Direction des politiques externes de l'union, direction B, « Une Stratégie Cohérente de l'UE pour le sahel », mai 2012, p. 5. Disponible sur internet à l'adresse url http://www.europarl.europa.eu/activities/commitees/studies.do?langauge=EN .

    * 100Henri PLAGNOL et François LONCLE, « La situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », Rapport d'information, Assemblée Nationale (France), le 6 mars 2012, p. 10.

    * 101 Source : PNUD : http://hdrstats.undp.org/fr/indicateurs/103106.html.

    * 102 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégie n° 32. 3e Trimestre 2011, p. 292.

    * 103 Le groupe de personnalités de haut niveau mis en place par le Secrétaire Général pour dresser un état des lieux complet sur les menaces, les défis et le changement était présidé par Anand PANYARACHUN, ancien Premier Ministre de la Thaïlande et comprenait : Ribert BADINTER (France), Joao BAENA SOARES (Brésil), Gro Harlem Brundtland (Norvège), Mary CHINERY HESSE (Ghana), Gareth Evans (Australie), David HANNAY (Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord), Enrique IGLESIAS (Uruguay), Amr MOUSSA (Egypte), Satish NAMBIAR (Inde), Sadako OGOTA (Japon), Yevgeny PRIMAKOV (Fédération de Russie), Qian QIQIAN (Chine), Salim SALIM (République-Unie de Tanzanie), Nafis SADIK (Pakistan) et Brent Scowcroft (Etats-Unis d'Amérique).

    * 104 Mehdi TAJE, « Vulnérabilité et facteurs d'insécurités au sahel », in enjeux-ouest africains, note publiée par le Secrétariat du club du sahel et de l'Afrique de l'ouest (CSAO/OCDE), n° 1 août 2010, p. 3.

    * 105 La moyenne du nombre d'enfant par femme au Niger est de 7,2, le Mali avec un taux de fécondité de 6,4 arrive au 2e rang, la Mauritanie étant mieux placée, avec un taux de 4,6. http://donnés.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.TFRT.IN/Countries?display=default consulté le 10 janvier 2012 à 00h30.

    * 106 Jean Michel SEVERINO et Olivier RAY,  Le temps de l'Afrique, Odile Jacob, mars 2010, p. 22.

    * 107 Raphaël BEAUJEAU et autres, op. cit, p. 77.

    * 108 Modibo KEITA, « La résolution du conflit touarègue au Mali et au Niger », Note de recherche du GRIPCI, n° 10, juillet 2002, p. 4.

    * 109 Hélène BRAVIN, La question touarègue, www.defnat.com/site_fr/pdf/Bravin I.pdf, p. 1.

    * 110 Modibo KEITA, op.cit., p. 10.

    * 111 Le processus de paix sera confirmé par un deuxième accord à Alger en 1997 et prévoyait en échange d'une dissolution des forces rebelles, une intégration progressive des touaregs dans les services publics et un début de décentralisation. Mais la mise en oeuvre de ce plan fut un échec et la rébellion touareg réapparue en 2007, avec le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ).

    * 112 William ASSANVO, « Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest », Observatoire de la vie diplomatique en Afrique (OVIDA), Note d'analyse n° 12, p. 17.

    * 113 Denis BAUCHARD, « Les Etats fragiles - Le Japon, d'un modèle à l'autre », politique étrangère, Volume 76, n° 1, p.13.

    * 114 Jean-Paul NGOUPANDE, ancien Premier Ministre Centrafricain, Le Monde, L'Afrique Suicidaire, 18 mai 2002.

    * 115 Tchad, Côte-d'Ivoire, Ethiopie, Guinée, Niger, Nigéria, Somalie et Soudan. En outre, l'Erythrée, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et la Sierra Leone sont les autres pays à risque avec de grandes populations musulmanes.

    * 116 En juillet 2010, les milices islamistes somaliennes, Al-SHEBAAB, commettaient un triple attentat aux explosifs contre les téléspectateurs de la finale de la coupe du monde de football, faisant au moins 74 morts, des ougandais et des étrangers. Voir à ce sujet AFP, « Des islamistes somaliens revendiquent les attentats de Kampala », 12 juillet 2010. Le cas le plus inquiétant est celui d'Omar Farouk Abdul MUTALLAB, un nigérian qui a fait ses études dans des écoles coraniques au Yémen et qui fût l'auteur d'une tentative d'attentat aux explosifs le 25 décembre 2009 à bord d'un avion à destination des Etats-Unis. Sans oublier l'attentat le plus marquant de l'année perpétré le 12 septembre 2012 et qui a frappée le consulat des Etats-Unis à Benghazi, dans l'Est de la Libye tuant l'ambassadeur des Etats-Unis et trois de ces collaborateurs.

    * 117 Zachary DEVLIN-FOLTZ, « Les Etats fragiles de l'Afrique : vecteurs de l `extrémisme, exportateurs du terrorisme », Bulletin de la sécurité africaine, une publication du centre d'études stratégiques de l'Afrique, n° 6, août 2010, p. 2.

    * 118 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteurs d'insécurités au sahel », enjeux ouest africains, note publiée par le Secrétariat du club du sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 7.

    * 119 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32. 3e Trimestre 2011, p. 292.

    * 120 Julia DURFOUR et Clair KUPPER, « Groupes armés au Nord-mali : état des lieux », Note d'analyse du GRIP, 6 juillet 2012, p. 4.

    * 121 Rapport d'information de l'Assemblée nationale française n° 4431, « La situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », 6 mars 2012, p. 29.

    * 122 Laurence AIDA AMMOUR, « Les enjeux de sécurité émergents au Maghreb et au sahel depuis le « printemps arabe », Annuaire de l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMED.) 2012, p. 3.

    * 123 Laurence AIDA AMMOUR, ibid.

    * 124 Laurence AIDA AMMOUR, « L'après -Gaddafi au Sahara et au sahel », Notes Internationales du CIDOB, janvier 2012, p. 1.

    * 125 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre 2011, p. 281.

    * 126 François GEZE et Salima MELLAH, «  Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC algérien », Algéria - Watch, 22 septembre 2007, p. 5.

    * 127 Jean François DAGUZAN, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique, une menace stratégique ? », FRS, 30 juillet 2010, p. 2.

    * 128 Salah-Eddine SIDHOUM et Algéria-Watch, « Algérie, la machine de mort », octobre 2003, www.algéria-watch.org/fr/mrv/mrvtort/machine_mort.htm.

    * 129 L'adoption de la loi de Concorde Civile intervient dans le contexte de guerre civile entre terrorisme islamiste et violence de la répression, le 20 juillet 1999. Elle prévoit une exonération ou une réduction de peine pour les membres des groupes armés qui se rendront avant le 13 janvier 2000, pour autant qu'ils n'aient pas commis de crimes de sang ou de viols (lors du référendum du 16 septembre suivant, la loi est approuvée par 99% de « oui ».

    * 130 Voir sur ce point le témoignage essentiel d'un ancien officier du DRS : Mohammed SAMRAOUI,  Chronique des années de sang. Algérie : Comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes, Denoël, paris, 2003 ; Ainsi que l'étude détaillée de Salima MELLAH, « Le mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation », Comité Justice pour l'Algérie, mai 2004, www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt-islamiste.pdf.

    * 131 Voir Salima MELLAH, « Les massacres en Algérie, 1992-2004 », Comité de justice pour l'Algérie, mai 2004, www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_2_massacres.pdf.

    * 132 Voir Marie-Monique ROBIN, Escadrons de la mort, L'école française, La Découverte, Paris, 2004.

    * 133 Ce n'est pas un hasard que l'acte de naissance du GSPC soit sous la forme d'un communiqué intitulé « Communiqué de l'unification ». Dans son premier communiqué du 16 septembre 1998, le GSPC annonce le ralliement sous ce nouveau sigle de quelques groupes rescapés du GIA et la désignation de Hassan HATTAB, jusque là émir de la « zone 2 » du GIA (Kabylie et partie Est de la capitale) comme émir intérimaire du nouveau groupe. Cette déclaration est signée par quelques hommes : outre HATTAB lui-même, il s'agit de Nabil Sahraoui (alias Abou Ibrahim Mustapha, émir de la «  zone 5 », dans l'Est du pays), d'Abou Omar ABD Al-BIRR (responsable de la communication) et d'Abdelaziz ABBI (alias Abou Al-Hammam OKACHA, conseiller militaire). Dans un second communiqué en date du 25 septembre 1998 publié comme le précédent sur le site web du GSPC de l'époque, l'émir intérimaire Hassan HATTAB explique que le pouvoir a échoué dans sa stratégie qui consiste en la « désinformation de l'image des moudjahidines », en leur attribuant « les viols de femmes, les assassinats d'enfants et de vieillards » et en « encourageant la corruption et la propageant à travers les médias contrôlés par les services secrets ». HATTAB appelle ses compatriotes à ne pas s'embrigader dans les milices, à combattre le régime et à serrer les rangs autour des combattants du GSPC. Ce n'est que dans la déclaration du 24 avril 1999 que les divers responsables du GSPC expliquent les véritables raisons de la création du GSPC (voir à ce sujet Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 14.

    * 134 www.qmaghreb.org/pages/wihda.html.

    * 135 Interview de Nabil SAHRAOUI du 18 décembre 2003, publiée dans la revue du GSPC, Al-Jammaâ, n° 1, avril 2004. Al-Jammaâ (le groupe) est une revue publiée par le GSPC sur son site.

    * 136 Salaf, en arabe signifie les  « prédécesseurs ». Le salafisme est un courant au sein de l'islam qui prône le retour aux origines. Les frères musulmans l'ont connecté à la sphère politique au XXe siècle et Al-Qaïda en constitue le volet jihadiste rejoignant ainsi le courant Wahhabite qui insiste sur la possibilité de conquête par le jihad comme au premier temps de l'islam.

    * 137 Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb islamique ou la très étrange histoire du GSPC », op. cit., p. 15.

    * 138 Si les grands massacres collectifs ont effectivement été commis après la prise de pouvoir de ZOUABRI, l' « émirat » de ZITOUNI a été lui aussi jalonné de tueries et de liquidations. C'est sous son règne que les groupes ayant rallié le GIA en mai 1994 ont été décimés en 1995, dont les membres de la mouvance nationaliste « djazairiste ». Voir à ce sujet Salima MELLAH, Le mouvement islamiste entre autonomie et manipulation, comité de justice pour l'Algérie, mai 2004. www.algérie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf.

    * 139 Cet ancien officier des forces spéciales prend le maquis suite au coup d'état de l'armée algérienne en janvier 1992. De 1933 à 1996, il est membre du GIA puis participe à la fondation du GSPC. Il en démissionne en 2004. Il accepte la politique de réconciliation nationale du Président Bouteflika et se rend aux autorités en septembre 2007. Il est depuis en prison.

    * 140 Cela est confirmé dans un communiqué du GSPC du 17 juin 2004. Et parmi les djihadistes ayant trouvé la mort cités dans ce communiqué, figure Abdelhak LAYADA, l'un des premiers émirs du GIA qui pourtant était en cette date en prison (il avait été arrêté en juin 1993).

    * 141 A la tête du principal groupe armé attaquant les forces de la coalition en Irak, le jordanien Al-ZARQAOUI fait allégeance à BEN LADEN à la fin de 2004 et son organisation prend alors le nom d' « Al-Qaïda en Irak ». Faisant usage d'une propagande efficace, il parvient à recruter des milliers de combattants et, très vite, mène des opérations d'une grande violence qui font de lui une véritable icône du jihad mondial. Il est tué en juin 2006 lors d'une attaque américaine.

    * 142«  Le GSPC réitère son allégeance à Al-Qaïda et poursuivra le djihad en Algérie et en France », Le Monde, 16 septembre 2006.

    * 143 Le Monde, le 14 septembre 2006.

    * 144 « Après le ralliement du GSPC à l'organisation Al-Qaïda et après avoir prêté allégeance au lion de l'islam (...) Oussama Ben Laden, que Dieu le garde, le groupe devait changer de nom pour montrer la véracité de la liaison (...) entre les moudjahiddines en Algérie et leurs frères d'Al-Qaïda. Nous étions soucieux de changer de nom dès le premier jour de notre ralliement, mais nous n'avons pu le faire avant de consulter Cheikh Oussama Ben Laden », Communiqué du GSPC daté du 24 janvier 2007.

    * 145 Les chercheurs qui étudient le fonctionnement d'AQMI doivent, cependant prendre le soin de faire la part des choses entre les revendications et communiqués « sincères », d'un côté, et les « fanfaronnades » relevant de la pure propagande, de l'autre.

    * 146 Henry PLAGNOL et François LONCLE, «situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », Rapport d'information, Assemblée Nationale (France), p. 37. 

    * 147 Le Quotidien d'Oran, 21 juin 2004.

    * 148 Certains avancent l'hypothèse qu'il se cacherait aujourd'hui dans le Nord de l'Algérie. A la mi juin 2004 et mai 2005 il sera déclaré mort, mais comme bien d'autres « émirs » du GIA avant lui, il « ressuscitera miraculeusement. Né en 1970 à MEFTAH, près d'Alger, il est ingénieur chimiste. A la suite d'un désaccord avec Antar ZOUABRI, émir national du GIA tué en 2002, il s'appui sur son bras droit (Hassan HATTAB) pour créer le GSPC et poursuivre le jihad jusqu'à la chute du régime algérien.

    * 149 Salima MELLAH et François GEZE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », Algéria-Watch, 22 décembre 2007, p.38.

    * 150La région du « centre » correspond aux zones 1, 2, 3 de l'époque du GSPC, soit Alger et sa banlieue, la Kabylie, et la côte orientale de l'Algérie. La région « Ouest », la moins active, recouvre les anciennes zones 4 et 8 du GSPC soit la partie occidentale du territoire algérien jusqu'au Maroc, ainsi que le Sud-ouest du pays. La région « Est » correspondrait aux zones 5, 6 et 7 et la région « Sud », aujourd'hui la plus médiatique.

    * 151 Christophe AYAD, « Le sahel dans le piège de la guerre contre Al-Qaïda », Libération du vendredi 30 juillet 2010, p. 7.

    * 152 Hervé MORIN, ancien Ministre de la défense française, cité par Thomas HOFNUNG, « La prise d'otage, un mode d'action privilégié », Libération du Mardi 27 juillet 2010, p. 4.

    * 153 Une KATIBA se réfère à un bataillon entre 100 et 300 hommes. Ils sont issus des compagnies légères de l'armée de libération nationale algérienne entre 1954 et 1962. Pour une étude plus étendu sur la question, voir Jean Christophe Rufin, KATIBA, Paris, Flammarion, 2010, 392 p.

    * 154 MOKTHAR BEL MOKTHAR surnommé le borgne ou Mister Marlboro est un ancien d'Afghanistan, toujours nomade malgré sa richesse accumulée depuis de nombreuses années, c'est un homme indépendant de la hiérarchie mais indispensable.

    * 155 Les voilés ou les enturbannés en référence aux tribus qui islamisèrent la zone, Atlas du Monde Diplomatique, mondes émergents, éditions 2012.

    * 156 Du nom du conquérant arabe de l'Espagne en 711, Le Monde Diplomatique, mondes émergents, éditions 2012.

    * 157 Cet ancien officier des forces spéciales algériennes aurait été entrainé de 1994 à 1997 par les Bérets Verts américains à Fort Bragg. Une des figures clés du GSPC, il fut livré au gouvernement algérien en 2004. Selon certains, il aurait été un agent de la redoutable Direction du Renseignement et de la Sécurité (DRS) chargé d'infiltrer ce groupe (Jeremy KEENAN, 2009). Héritier de la sécurité militaire, la DRS est un instrument de contrôle de la société composé d'une dizaine de directions. Elle devenue « l'armature » de la société (El Watan du 15 mars 2011).

    * 158 Abou ZEID, l'un des principaux émirs d'AQMI, à la tête des opérations contre les forces françaises dans le Nord du Mali, est un ancien trafiquant d'armes, né dans le Sud-est de l'Algérie et qui rêve aujourd'hui de transformer le sahel en terre de Jihad.

    * 159 Adib BENCHERIF, Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une hiérarchie en redéfinition sur fond de crise, Chronique sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, 11 décembre 2012, p. 1.

    * 160 La rivalité croissante entre les commandants de ces deux KATIBAS est à l'origine de la spirale inflationniste de la violence dans la région. Ce qui conduit « l'émir national DROUKDAL » à désigner Yahya DJOUADI à la tête de l'organisation sahélienne. Ce dernier confirme la répartition du territoire en deux zones d'activité : à l'ouest, celui traditionnellement contrôlé par BEL MOKHTAR, qui va du Sud-ouest algérien au Nord du Mali et de la Mauritanie ; à l'Est, la zone d'influence d'Abou ZEID s'étendant de la région de Timétrine aux confins du Tchad en passant par le Nord du Niger. DJOUADI, cependant isolé depuis dans le Sud de l'Algérie par l'armée algérienne a été remplacé par Nabil MAKHLOUFI.

    * 161 Mathieu GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 5.

    * 162 Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 7.

    * 163 Mathieu GUIDERE, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 61.

    * 164 Serge DANIEL, correspondant de RFI et de l'agence France Presse à Bamako, AQMI, L'Industrie de l'enlèvement, Fayard, Paris, collection documents, 2012, 301p.

    * 165 Rapport de la mission d'évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du sahel, 7-23 décembre 2011, S/2012/42, 18 janvier 2012, paragraphe 38, p. 11.

    * 166 A ce titre MOKHTAR BEL MOKHTAR a épousé une malienne d'origine Touarègue. Par cette association maritale, BEL MOKHTAR est protégé de la délation par les populations arabes du Nord. Voir à ce sujet, Régis Belleville, Mémoire du désert, Editions de la Martinière, 256 p.

    * 167 Voir Atmane TAZAGHART, AQMI. Enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, Abidjan, Frat Mat Editions, 2011, pp. 53-59.

    * 168 Il s'agit d'Abou ZEID et de MOKHTAR BEL MOKHTAR. Le premier a dénoncé l'importance prise par ces trafics illicites aux yeux de l'islam. En 2008, il a provoqué la réunion d'un « conseil des chefs » qui a tranché en sa faveur et a privilégier des financements plus « respectables » : la dîme et la prise d'otage.

    * 169 Jean Luc MARRET, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) », Fondation pour la recherche stratégique, 11 janvier 2011, p. 3.

    * 170 Scott BALDAUF, «Al-Qaïda: Are Latin America's drug cartels giving Al-Qaïda a lift?» The Christian Science Monitor, 15 janvier 2010, http://www.csmonitor.com/world/2010/0115/Air-al-qaïda-are-latin-america-s-drug-cartels-giving-al-qaïda-a-lift.

    * 171 Studer. E, « Guéant : AQMI liée au trafic de drogue ? »,

    http://www.Leblogfinance.com/2011/05/guéant-aqmi-liée-au-trafic-de-drogue.html.

    * 172 Informations recueillies sur le site de L'Otan dans la rubrique « Afrique de l'Ouest : Plaque tournante des trafics ? », http://www.nato.int/docu/review/2009/organiezd.crime/transnational.Traffickingwestafrica/fr/index.htm.

    * 173 Marion ZUNFREY, « AQMI aurait organisé des filières d'immigration clandestine pour se financer », Sahel- Intelligence, 4 août 2010, http://www.sahelintelligence.com/immigration/129.

    * 174 Mireille Duteil, Le Point, Hebdomadaire d'information du jeudi 24 janvier 2013, n° 2106, p. 41.

    * 175 Boukary DAOU, « Al-Qaïda dans le trafic des armes en Afrique : Blanchiment d'argent dans l'immobilier au Niger, au Mali et en Mauritanie », Le Républicain, 4 novembre 2010.

    * 176 Julia DUFOUR et Claire KUPPER, « Groupes armés au Nord-Mali : état des lieux », Note d'Analyse du GRIP, 6 juillet 2012, p. 3.

    * 177 El Watan, cité dans « Comment le sahel est devenu une poudrière », Le Monde Diplomatique, avril 2012.

    * 178 William ASSANVO, « Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest », Observatoire de la vie diplomatique en Afrique de l'Ouest (OVIDA), juillet 2012, p. 2.

    * 179 Alain RODIER, « Afrique de l'Ouest : Vulnérabilités et facteurs d'insécurité », CF2R, Note d'actualité n° 214, Mai 2010, p. 1.

    * 180 Laurence AIDA AMMOUR, « Flux, Réseaux et Circuits de la criminalité organisée au Sahara-sahel et en Afrique de l'Ouest », Institut de Recherches Stratégiques de l'école militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du Cerem Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p. 4.

    * 181 ROBERTO SAVIANO est un journaliste-écrivain italien et auteur du célèbre ouvrage Gomorra dans lequel il décrit les milieux mafieux de la mafia italienne (la camorra).

    * 182 La Stampa, 13 juillet 2009.

    * 183 Les chiffres varient selon les sources, le taux le plus bas étant de 27% ; le chiffre de 50 tonnes est aussi évoqué.

    * 184 Ce qui représente environ 1,8 milliard de dollars (ONUDC, Rapport sur les drogues dans le monde, juillet 2009.

    * 185 Ses besoins sont estimés entre 135 et 145 tonnes, bien que les chiffres plus alarmistes de 200 à 300 tonnes soient parfois avancés.

    * 186 Laurence AIDA AMMOUR, Flux Réseaux et Circuits de la Criminalité organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest, Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p.5.

    * 187 Laurence AIDA AMMOUR, ibid.

    * 188 Selon Ahmedou OULD-ABDALLAH, représentant spécial des Nations-Unies pour l'Afrique Occidentale, cité in Xavier RAUFER, « Cocaïne : L'Europe inondée. Une offensive mondiale des narcos », Cahiers de la sécurité, n° 5, juillet-septembre 2008.

    * 189 Interview de Jean-Michel COLOMBANI, in Céline RAFFALI, « La Cocaïne passe par l'Afrique », Valeurs Actuelles, 23 Mai 2008.

    * 190 Laurence AIDA AMMOUR, op. cit., (Supra, note n° 185), p. 3.

    * 191 ONUDC, Transnational Trafficking and the rule of law in West Africa: The Threat assessment, juillet 2009.

    * 192 Protocole sur les armes à feu entrée en vigueur le 3 juillet 2005.

    * 193 Conférence ministérielle sur le commerce des armes légères, Genève, le 12 septembre 2008.

    * 194 Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP), Afrique de l'Ouest : vers une convention sur les armes légères, 2005/4.

    * 195 Christophe CHAMPIN, Afrique Noire, Poudre Blanche : L'Afrique sous la coupe des cartels de la drogue, Bruxelles, André-Versailles, 2010.

    * 196 Source : Rapport ONUDC - février 2013, p 6.

    * 197 Sonia ROLLEY, « L'entreprise AQMI », Slate, 9 décembre 2010,

    http://www.slate.fr/story/31331/aqmientrprise.

    * 198 Oumar. J., « Le conflit avec Al-Qaïda entraîne la hausse des prix alimentaires en Mauritanie »,Magharebia, 15 août 2011,

    http://wwww.magharebia.com/cocoon/auri/xhtm1/features/awi/features/2011/08/15/feature-01/.

    * 199 « Mali : Impact économique de AQMI sur le tourisme - plus de 50 milliards de FCFA et 8000 emplois perdus en deux ans », www.allafrica.com, 1er août 2011, http://frallafrica.com/stories/201108012574.html.

    * 200 « Touriste au Sahel », RFI, 17 novembre 2010, http://www.rfi.fr/émission/20101117-tourisme-sahel.

    * 201 Alain RODIER, Eric DENECEE, « Mokhtar Bel Mokhtar et la Katiba Mouakaoum Be Dam », CF2R, note d'actualité n° 298, janvier 2013, p. 1.

    * 202 Intervention de Jean- Marc Ayrault, Premier Ministre à l'Assemblée Nationale, mercredi 16 janvier 2013, Service de Presse, p. 1.

    * 203 La Croix, jeudi 5 juillet 2012, entretien avec Alpha Condé, Président de la Guinée.

    * 204 En mars 2005, Crisis Group a publié un rapport sur l'islamisme et le risque terroriste au sahel. Voir le rapport Afrique de Crisis Group n° 92, Islamist Terrorism in the sahel : Fact or fiction ?, 31 mars 2005, p. 1.

    * 205 Dr Bakary SAMBE, enseignant-chercheur, Université Gaston Berger, Saint Louis (Sénégal), Crise malienne : Origines, développements et répercussions dans la sous-région, 2012.

    * 206 Heureusement, de nombreuses actions ont pu être déjouées à temps par les services de renseignement (projets d'attentats lors de la coupe du monde de football de 1998, contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000) que ce soit sur son sol (attentat à la bombe de 1995 et 1996), ou en Algérie (détournement de l'Airbus d'Air France en 1994, assassinats de plusieurs français dont l'évêque d'Oran, en 1996).

    * 207 Le commandant Massoud a été assassiné le 9 septembre 2001 par des proches d'Oussama Ben Laden, deux jours avant les attentats perpétrés aux Etats-Unis.

    * 208 Alexander YONAH, «The consequences of terrorism: an update on Al-Qaeda and other terrorist threats in the sahel and Maghreb», 2011 report Update, Potomac Institute, janvier 2011.

    * 209 Alexander YONAH, ibid, janvier 2011.

    * 210 Une Fatwa ou fetfa est, dans l'islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique sur une question.

    * 211 Medhi TAJE,  « la réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démogratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre, 2011, p. 282.

    * 212 Louis CAPRIOLI est conseillé du Président du GEOS, société européenne spécialisée dans le management du risque.

    * 213 Jeune Afrique, n° 2540, 13 au 19 septembre 2009, p. 17.

    * 214 Alain ANTIL, « L'Afrique et la guerre contre la terreur », Politique Etrangère, 2006/3, automne, p. 583.

    * 215 André BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux », Hérodote, 2011/3, n° 142, p. 42-77. Consulté le 10 janvier 2013 à l'adresse http://www.cairn.info/revue-hérédote-2011-3-page-42.htm.

    * 216 Yahia H. ZOUBIR,  «  Les Etats-Unis et le Maghreb : Primauté de la sécurité et marginalité de la démocratie », L'Année du Maghreb (en ligne) II, 2005-2006, mis en ligne le 08 juillet 2010, consulté le 25 juillet 2012, URL : http://annéemaghreb.revues.org/169, p. 12.

    * 217 Dans cette « Global War On Terror », les Etats-Unis sont leaders mondiaux de la lutte contre le terrorisme ainsi que de la lutte contre la drogue.

    * 218Carole ANDRE-DESSOMES, « Les Etats-Unis et la lutte contre le terrorisme international depuis le 11 septembre 2001 », Géostratégiques n° 29, 4e Trimestre 2010, p. 113.

    * 219 Peter J. SCHRAEDER et Ivan CROUZEL, « La guerre contre le terrorisme et la politique américaine en Afrique », Politique Africaine, 2005/2 N° 98, p. 44. http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2005-2-page-42.htm. Consulté le 23 février 2013 à 05h05 mn.

    * 220 Voir A. FEICKERT, « U. S.: military operations in the global war on terrorism : Afghanistan, Africa,

    the Philippines, and Colombia », Washington, The Library of Congress, « CRS Report for Congress ;

    RL 32758 », 4 février 2005, p. 7-8.

    * 221 Voir le site, http://www.globalsecurity.org/miliatry/ops/aef-chad.htm. Consulté le 10 décembre 2012 à 01h15.

    * 222 100 millions de dollars par an pendant 5 ans et dont les partenaires sont : l'Algérie, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Mauritanie, le Sénégal, la Tunisie, le Maroc, le Tchad, le Burkina Faso et la Libye.

    * 223 National Strategy for Counter Terrorism, juin 2011,

    http://www.whitehouse.gov/sites/defaultt/files/counterterrorism.strategy.pdf

    * 224 Jean François DAGUZAN, « D'Al-Qaïda à AQMI, de la menace globale aux menaces locales », Maghreb-Machrek, le 28 décembre 2011, p. 1

    * 225 Jean Pierre FILIU, Les Neufs vie d'Al-Qaïda, Fayard, Paris, 2009, 368 p.

    * 226 Docteur Bakary SAMBE, « Crise malienne : origines, développements et répercussion dans la sous-région », Université Gaston Berger, Saint Louis (Sénégal), p. 1.

    * 227 Claude MONIQUET, `'The Polisario Front : A destablising force in the region that is still active'', European Strategic Intelligence and Security Center (ESISC), octobre 2008.

    * 228 Laurence AIDA AMMOUR, « Les enjeux de sécurité émergents au Maghreb et au sahel depuis le printemps arabe », Med 2012, p. 1.

    * 229 Laurence AIDA AMMOUR, Ibid.

    * 230 Mohamed BAZOUM, Ministre nigérien des Affaires étrangères, affirmation faite lors de l'ouverture de la conférence internationale sur la Sécurité et le Développement au sahel à Alger, le 7 septembre 2011.

    * 231 Alain Vicky, «Aux origines de la secte BOKO HARAM », Le Monde Diplomatique, Avril 2012, p. 1.

    * 232 « Le débat africain », Radio France international (RFI, 26 février 2012).

    * 233 Cette notion a été si souvent commentée après le 11 septembre 2001 qu'il faut en préciser le sens : il s'agit à la fois d'une déclaration de guerre de la part d'un réseau terroriste transnational doté d'une organisation remarquable, et de la reconnaissance aux Nations-Unies, pour la première fois dans l'histoire, qu'une attaque terroriste justifiait une intervention armée. C'est le même raisonnement qui a conduit l'OTAN à invoquer pour la première fois depuis sa création la clause de défense collective du Traité de l'Atlantique Nord.

    * 234 Thérèse DELPECH, « Le Terrorisme international et l'Europe », Cahiers de Chaillot, Institut d'Etudes de Sécurité (IES), n° 56, décembre 2002, p. 7.

    * 235 Après la mort du « tueur au scooter » de Toulouse, les dirigeants d'Al-Qaeda lui ont d'ailleurs rendu un hommage.

    * 236 Le Point, Mali, Nos ennemis islamistes, Hebdomadaire d'information du jeudi 24 janvier 2013, n° 2106, p. 43.

    * 237 Voir Yaroslav TROFIMOV, «Mediterranean may be next terrorist theater», The Wall Street Journal, 12 juin 2002.

    * 238 Jean DUFOURCQ, « L'enjeu Méditerranéen », septembre 2012.

    * 239 Joseph Ki-Zerbo, A Quand L'Afrique ? Entretien avec René Holenstein, édition de l'aube 2003, 201p.

    * 240 Mehdi Taje, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre 2011, p. 288.

    * 241 André BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux », Hérodote, n° 142, 2011, p. 42.

    * 242 Antonin TISSERON, « Après la chute de Kadhafi, la bande sahélo-saharienne entre jeux de puissance et logique de nuisance », Institut Thomas-More, 30 septembre 2013, p. 1.

    * 243 Antonin TISSERON, ibid.

    * 244 Mehdi TAJE, « Vulnérabilité et facteurs d'instabilités au sahel », enjeux ouest africain, Note publiée par le Secrétariat du Club du sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 7.

    * 245 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre 2011, p. 288.

    * 246 Cédric JOURDE, « Décoder les multiples strates de l'insécurité au sahel : Le cas mauritanien », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 15, septembre 2011, p. 6.

    * 247 Laurence AIDA AMMOUR, « L'intégration régional au Maghreb à l'épreuve du conflit gelé du Sahara occidental », The Maghreb Centre-Washington, p. 1.

    * 248 Patrice GOURDIN, « Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe », www.Diploweb.com, le 11 mars 2012, p. 13.

    * 249 L'union du Maghreb Arabe est au point mort depuis l'annulation de la réunion qui devait se tenir à Tripoli les 25 et 26 mai 2005 et son report sine die, suite aux divergences entre Alger et Rabat au sujet du Sahara Occidental. Il s'agissait du premier sommet programmé depuis 1994.

    * 250 Patrice GOURDIN, op. cit., p. 13.

    * 251 Zine CHERFAOUI, « Algérie-pays du sahel : offensive commune contre le terrorisme », El Watan, 10 septembre 2009.

    * 252 Laurence AIDA AMMOUR, « La coopération de sécurité au Maghreb et au sahel : l'ambivalence de l'Algérie », Bulletin de la sécurité africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 18, février 2012, p. 2.

    * 253Laurence AIDA AMMOUR, ibid.

    * 254 Cette « dimension algérienne » n'est d'ailleurs pas étrangère au fait que, pendant longtemps, et même encore aujourd'hui parfois, certains Etats sahéliens aient considérés AQMI comme un problème relevant uniquement de leur grand voisin, minimisant d'autant leur responsabilité dans la gestion de la crise.

    * 255 Cédric JOURDE, `'sifting Through the layers of insecurity in the sahel: The case of Mauritania'', Africa Security Brief N°. 15, Washington, DC: NDU Press, September 2011.

    * 256 Laurence AIDA AMMOUR, « La Mauritanie au carrefour des menaces régionales », Notes Internationales, n° 19, Barcelona : Barcelona Centre for International Affairs (CIDOB), octobre 2009.

    * 257 Alain CHOUET, Au coeur des services spéciaux. La menace islamiste : Fausses pistes et vrais dangers, Paris, La Découverte, 2011, p. 227.

    * 258 Jeremy KEENAN, « Terrorisme et Insécurité au sahel : une leçon de contre façon géopolitique », op. cit, p. 284.

    * 259 L'argument juridique avancé, à savoir l'existence d'un article de la constitution algérienne interdisant les interventions militaires hors du territoire, n''est pas parfaitement convainquant, dans la mesure où personne n'en a proposé l'amendement.

    * 260 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteur d'insécurité au sahel », enjeux ouest- africains, Note publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 1.

    * 261 Patrice GOURDIN, « Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe ». www.diploweb.com. Le 11 mars 2012, p. 16.

    * 262 Entretien du Président de la République Française avec l'Agence de Presse des Emirats Arabes Unis, 25 mai 2009.

    * 263 Patrice GOURDIN, op. cit., p. 17.

    * 264 Patrice GOURDIN, ibid.

    * 265 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n°32, 3e Trimestre 2011, p. 289.

    * 266 Mehdi TAJE, « Le sahel, un couloir stratégique, un échiquier tourmenté », Le Méditerranéen, 8 décembre 2011.

    * 267 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 2.

    * 268 Bérangère ROUPPERT, op. cit, p. 4.

    * 269 En référence au félin africain, est une intervention militaire de l'armée française menée au Mali depuis le 11 janvier 2013.

    * 270 Chris ALDEN, Daniel LARGE, et Ricardo DE OLIVEIRA (dir), China Return to Africa. Arising Power and a Continent Embrace, Columbia University Press, New-York, E-U, 2008, 400 p.

    * 271 Alain CAUSSIEU, Sébastien DEMAILLY, Guillaume DETILLEUX, Mathieu DEPOIRE, Christophe PEIGNE, « Crise au Darfour : Indice révélateur de la politique d'accroissement de puissance de la chine en Afrique », Dossier Chine-Afrique, Info-guerre, décembre 2007, p. 11.

    * 272 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 4.

    * 273 Jean Christophe SERVANT, «The New Gulf oïl States», Le Monde Diplomatique, Janvier 2003.

    * 274 Analyse d'Erik IZARAELEWICZ, intitulée Chine-Afrique, blog des Echos du 03 novembre 2006.

    * 275 Bérangère Rouppert, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 6.

    * 276 Abderrahmane MEBTOUL, « La coopération Europe-Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales », Note de l'IFRI, avril 2011. P. 36.

    * 277 Louis MICHEL, Commissaire Européen au Développement et à l'Aide Humanitaire, « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure européenne », Conférence Publique sur la stratégie Européenne en Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006.

    * 278 Commandant Mbaye CISSE, Sénégal CID, 14e promotion, « L'affirmation de stratégie de puissance : la politique africaine de la chine », www.diploweb.com, Géopolitique de l'Afrique et de la Chine, date de mise en ligne, octobre 2007.

    * 279 Jean Mari DODO BOHOU ZOUZOUGHBO, « La Chine en Afrique pourquoi faire ? », Texte de la conférence publique Les vendredi du CERAP, CERAP, Abidjan, 06 février 2009, p. 1.

    * 280 La Chine se plait à rappeler les expéditions sur la côte Orientale africaine de la Dynastie des Ming qui se sont limitées à des échanges avec l'Afrique, sans aucune volonté de domination. Voir à ce propos, Paul Kennedy, Naissance et Déclin des grandes puissances, Editions Payot et Rivages, 2004, pp 39-44.

    * 281 Discours du Président Hu JINTAO à la cérémonie d'ouverture du Forum de Coopération Sino-africain, 4 novembre 2006.

    * 282 Robert MAGALI,  « Puissance Chine : La stratégie d'affirmation internationale chinoise », Fiche de L'IRSEM, mars 2010, p. 4.

    * 283 Gang XIONG, «China's Defense Policy and Sino-African Relations», International Strategic Studies, n° 3, 1997.

    * 284 François LAFARGE, « La Chine et l'Afrique », Perspectives Chinoises, n° 90, juillet-août 2005.

    * 285 Ian TAYLOR, China and Africa. Engagement and compromise, Londres, Routledge, 2006.

    * 286 Valérie NIQUET, « La stratégie africaine de la Chine », Politique Etrangère, 2e Trimestre 2006.

    * 287 Joshua KURLANT ZICK, Charm Offensive. How China's Soft Power is Transforming the World, New Heaven, Yale University Press.

    * 288 Eric NGUYEN, Les Relations Chine-Afrique, Editions Studyrama Perspectives.

    * 289 Mamoudou GAZIKO et Olivier MBABIA, « La politique africaine de la chine montante à l'ère de la nouvelle ruée vers l'Afrique », Etudes Internationales, Vol. 41, n° 4, 2010, p. 536.

    * 290 Benoît VERMANDER, Chine brune ou Chine verte ?, Paris, Presses de Science Po, 2007, p. 33.

    * 291 Pierre Antoine BRAUD, « La Chine en Afrique, anatomie d'une nouvelle stratégie chinoise », Analysis, http://www.iss-eu.org, octobre 2005, p. 2.

    * 292 Valérie NIQUET, « Profit and prejudice: China in Africa », China News Analysis, n° 1574, 15 décembre 1996.

    * 293 Valérie NIQUET, « La stratégie africaine de la Chine », Politique Etrangère, 2e Trimestre 2006, p. 2.

    * 294 « La politique de la Chine à l'égard de l'Afrique », http://www.chineafrique.com.

    * 295 Lindsey HILSUM, « We love China », Granta, The View of Africa, n° 92, Extrait disponible sur http://www.granta.com.

    * 296 Patrice GOURDIN, « Al-Qaïda au Sahara et au sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe. http://www.diploweb.com, le 11 mars 2012.

    * 297 Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace multidimensionnelle », Note d'Analyse du GRIP, 25 août 2011, p. 4.

    * 298 Intervention de M. Ali BOJJI, Ambassadeur de sa Majesté Le Roi au Gabon sur le Thème : « Sahel-Sahara : Danger des espaces de non droit », Quatrième éditions de la Conférence Internationale « Marrakech Security Forum », 25 et 26 janvier 2013, p. 2.

    * 299 Mehdi TAJE, « Les enjeux sécuritaires dans le sahel africain : Grille d'Analyse », Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), Tribune Libre n° 8, p. 2.

    * 300 Laurence AIDA AMMOUR, « Flux, réseaux et circuits de la criminalité organisée au Sahara-sahel et en Afrique de l'Ouest », Institut de Recherches Stratégiques de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahier du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p. 4.

    * 301 Rapport de l'ONUDC sur les drogues dans le monde, juillet 2009.

    * 302 William ASSANVO, « Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest », Note d'Analyse n° 12, juillet 2012, p. 2.

    * 303 François SOUDAN, « Mali : Polisario », Jeune Afrique, 08 décembre 2012.

    * 304 Antonin TISSERON, « Sahara de tous les enjeux. Le Maghreb dans la tourmente ? », Actuelle de l'IFRI, le 23 octobre 2012, p. 4.

    * 305 Serge DANIEL, AQMI l'industrie de l'enlèvement, Paris, Fayard, 2012, p. 204.

    * 306 Emmanuel OGALA, `'Exclusive : BOKO HARAM gets N40 million donation from Algeria'', Premium Times, 13 May 2012.

    http://www.premiumtimesng.com/news/5079.Boko_Haram_gets_n40million_donation_from_algéria.html.

    * 307 « Au Nord Mali, ANCAR DINE et AQMI oeuvrent main dans la main, RFI, le jeudi 03 janvier 2013.

    * 308 Iyad GHALY est un ancien leader des rébellions Touareg des années 1990 à la tête du Mouvement Populaire de l'AZAWAD. A la suite de la dissolution de celui-ci, il devient plus tard Secrétaire Général de l'Alliance Démocratique du 23 mai pour le changement, mouvement touareg politique et pacifique. C'est en 1999-2000 qu'il a versé dans le salafisme, au contact de prédicateurs pakistanais installés à Kidal, explique l'historien Pierre BAILLEY. Il devient par la suite négociateur lors de la libération d'otages détenus par AQMI, rôle auquel il empoche de grosses commissions. Après son expulsion en 2010 de l'Arabie Saoudite où il était détaché en tant que Conseiller Consulaire à Djeddah à cause de ses liens supposés avec AQMI, il crée le Mouvement ANCAR DINE vers la fin 2011 lorsqu'il se voit refuser son intégration au MNLA. Voir à ce sujet, « Coup d'état au Mali et Montée de l'islam radical au sahel », Chaire Raoul-Dandurand, 24 avril 2012 ; Julia Dufour et Claire KUPPER, « Groupes armés au Nord Mali : état des lieux - Fiche Documentaire », Note d'Analyse du GRIP, 06 juillet 2012. Voir également Pierre BAILLEY, « Mali : Iyad AG GHALY, le rebelle Touareg devenu djihadiste », L'Express, 12 avril 2012.

    * 309 Laurence AIDA AMMOUR, « Nouveaux défis sécuritaires en Afrique du Nord après le `'printemps arabe'' », GCSP Policy Paper, n° 4, 2012. Voir également Jemal OUMAR, « Déplacement du centre de gravité d'Al-Qaïda au Maghreb », Magharebia, 12 octobre 2012.

    * 310 « Le Salafisme aujourd'hui. Entre réformisme islamique et mouvement de rupture », http://www.oumma.com, 22 mars 2012.

    * 311 William ASSANVO, « Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest », Note d'Analyse n° 12, juillet 2012, p. 8.

    * 312 Mohammed MAHMOUD ABU AL-MA' ALI, «Al-Qaeda and its allies in the sahel and sahara», Al-Jazeera Center for studies, Reports, 1 May 2012.

    * 313 Présenté comme le chef du MUJAO par certains, Alias Abu Bady, arabe originaire de la ville de Gao, a crée cette organisation après qu'il lui a été refusé la création d'une unité composé d'arabes de l'Azawad.

    * 314 William ASSANVO, op. cit., p. 8.

    * 315 Alain RODIER, « Mali : La situation de non droit s'éternise », CF2R, Note d'actualité n° 286, 10 septembre 2012.

    * 316 Daniel TESSOUGNE est un magistrat malien actuellement procureur près de la cour d'appel de Bamako.

    * 317 Terje OSTEBO, « Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 1.

    * 318 Jean Pierre RAISON, « Les Religions en Afrique », Institut d'Etudes Africaines d'Aix-en-Provence, décembre 2012, p. 1.

    * 319 Jean Pierre RAISON, ibid., p. 1.

    * 320 Jean Pierre RAISON, op.cit., p. 2.

    * 321 Bernard LEWIS, What Went Wrong? Western impact and Middle Eastern response, New York, Oxford University Press, 2001. (Traduction Française, Que s'est-il passé? L'Islam, l'Occident et la Modernité, Paris, Gallimard, 2002.

    * 322 Hamit BOZARSLAN, Cents Mots pour dire la violence dans le monde musulman, Maisonneuve et Larose, 2005, p. 141.

    * 323 Liess BOUKRAA, La Terreur sacrée, Favre, Genève, 2002, p. 245.

    * 324 François GEZE et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb », ou la très étrange histoire du GSPC algérien, Algéria-Watch, 22 septembre 2007, p. 10.

    * 325 Robert R. FOWLER, A Season In Hell-My 130 Days in Sahara with Al Qaeda, Toronto, Harper Collins, 2011.

    * 326 Alain ANTIL, « L'Afrique et la `'guerre contre la terreur'' », Institut Français des relations Internationales/Politique Etrangère, Automne 2006, p. 6.

    * 327 Djallil LOUNNAS, « AQMI et la crise malienne », Sécurité Globale, ETE 2012, p. 44.

    * 328 `'Islamist Terrorism in the Sahel: Fact or Fiction?'', International Crisis Group, «Africa Report», n° 92, 31 Mars 2005.

    * 329 Terje OSTEBO, « Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 4.

    * 330 Jemal OUMAR, « AQMI lance une campagne d'endoctrinement le long de la frontière Mauritano-Malienne », Magharebia, 5 août 2011.

    http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/08/features01.

    * 331 Alain RODIER et Eric DENECE, « La menace terroriste dans le sud algérien et au sahel », Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), 31 octobre 2004, p. 1.

    * 332François GEZE et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb » ou la très étrange histoire du GSPC algérien, Algéria-Watch, 22 septembre 2007, p. 22.

    * 333 « L'embuscade de Batna : près d'un mois après, un mutisme inexpliqué dans la région », El Watan, 29 janvier 2003.

    * 334 Le Quotidien d'Oran, le 6 mars 2004.

    * 335 Mathieu GUIDERE, «Al-Qaïda au Maghreb Islamique : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, 2011, p. 5.

    * 336 La Diyya signifie littéralement le prix du sang et correspond à la rançon perçue pour tout otage occidental enlevé par l'organisation.

    * 337 William ASSANVO, « Etat de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest », Note d'analyse n° 12, juillet 2012, p. 7.

    * 338 Laurent PRIEUR, `'BOKO HARAM got al Qaeda bomb training, Niger says'', Reuters, January 25, 2012. http://www.af.reuters.com/article/topnews/idAfJoeooook20120125.

    * 339 US National Strategy for Conterterrorism, june 2011, p. 16.

    * 340 En référence au vent violent qui souffle dans le Nord du Cameroun appelé Harmattan.

    * 341 André BOURGEOT, « Sahara de tous les enjeux », Hérodote, 3e Trimestre 2011, n° 142, p. 42.

    * 342 Voir L'interview du chef d'Al-Qaïda au Maghreb, publiée par le New York Times, le 1er juillet 2008. Interview accessible en ligne (en Arabe et en Anglais) sur le site du New York Times : http://www.nytimes.com/2008/07/01worldafrica/01transcriptDroukdal.html consulté le 20 novembre 2009 à 11ho6 mn.

    * 343Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique : une menace multidimensionnelle », Note d'analyse du GRIP, 26 août 2011, p. 16.

    * 344 « Mali : pour une action internationale résolue et concertée », Briefing Afrique de Crisis Group, n° 90, 24 septembre 2012, p. 10.

    * 345 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteurs d'insécurité au sahel », Note publiée par le Secrétariat du Club du sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 6.

    * 346 Mehdi TAJE, ibid.

    * 347 Colloque : Quelles constructions politiques au Mali face aux crises dans le sahel ? Fondation Gabriel Péri, 19 juin 2012, p. 36.

    * 348 Ibid.

    * 349 Voir Jean François DAGUZAN, « Terrorisme et Mondialisation : La coopération, réponse à la menace transnationale », op. cit., pp 242 et ss.

    * 350 Aboya MANASSE ENDONG, « Risque mesuré ou surdimensionné : Instrumentalisation de l'AQMI et domination géostratégique ? », Revue Africaine de Parlementarisme et de Démocratie, Volume III, n° 5, avril 2011, p. 28.

    * 351 Notamment lors de sa Conférence à la Sorbonne sur « La géopolitique des populations du sahel », le 17 mai 2010. Gérard-François DUMONT a proposé la formule Sahel Nostrum à l'image de la Mare Nostrum des Romains.

    * 352 Laurence AIDA AMMOUR, « Les Défis de sécurité dans la zone Saharo-sahélienne et leurs répercussions dans la région Méditerranéenne », Seguridad y Defensa en el Mediterraneo , (SEDMED), 25 octubre 2010, p. 2.

    * 353 Laurence AIDA AMMOUR, Ibid.

    * 354 La guerre contre le terrorisme ou guerre contre la terreur désigne le concept géopolitique développé par l'administration américaine au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pour établir et organiser la solidarité internationale face au péril constitué par la montée du terrorisme islamiste. Voir, « Guerre contre le terrorisme », Encyclopédie Wikipedia. http://www.wikipedia.org.

    * 355 Communication de M. Massaër DIALLO, « Défis sécuritaires et Hybridation des menaces dans la zone sahélo-saharienne », Institut d'Etudes Politiques et Stratégiques (IEPS), Dakar, p. 5.

    * 356 William ASSANVO, « Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des réponses nationales, régionales et internationales, Note d'analyse n° 13, septembre 2012, p. 3.

    * 357 William ASSANVO, « L'Afrique exprime ses préoccupations lors du débat général de la 66eme session de l'Assemblée Général de l'ONU », Observatoire de la Vie Diplomatique en Afrique (OVIDA), Note de synthèse n° 23, octobre 2011, pp. 8-13.

    * 358 William ASSANVO, « Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des réponses nationales, régionales et internationales », Note d'analyse n° 13, septembre 2012, p. 2.

    * 359 William ASSANVO, Ibid.

    * 360 Intervention de M. Massaër DIALLO, chef d'unité « Gouvernance, Dynamique des conflits, paix et sécurité », « La sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et de développement », Réunion du groupe d'orientation des politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007, GTZ Berlin, p. 2.

    * 361 Gani YOROMS, `'Counter Terrorism Measures in West Africa», in Walufa okumu and Anneli Botha (eds.), `'Understanding Terrorism in Africa: Building bridges in preventing and combating terrorism in Africa'', 19-20 May 2007, Cairo (Egypt), Tswane: Institute for security Studies, 2008, p. 94.

    * 362 CEDEAO, « une nouvelle consultation régionale sur le projet de stratégie de contre terrorisme de la CEDEAO », Communiqué de presse, 30 octobre 2011.

    * 363 « Un centre du renseignement pour lutter contre le terrorisme au sahel », RFI 30 septembre 2010. http://www.rfi.fr/afrique/20100930-centre-renseignementlutter-contre-le-terrorisme-sahel.

    * 364 Modibo GOITA, « Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest : contrecarrer la stratégie d'AQMI au sahel », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 11, février 2011, p. 4.

    * 365 Rapport d'information de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale Française sur « la situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne, 6 mars 2012, p. 67. http://www.asemblée-nationale.fr/13/rep-info/i4431.asp.

    * 366 William ASSANVO, « Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des réponses nationales, régionales et internationales », Note d'analyse n° 13, septembre 2012, p. 17.

    * 367 Massaër DIALLO, « Défis sécuritaires et hybridation des menaces dans la zone sahélo-saharienne », Institut d'Etudes Politiques et Stratégiques (IEPS), Dakar, 25 et 26 novembre 2010, Bruxelles, p. 10.

    * 368 Modibo GOITA, « Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Contrecarrer la stratégie d'AQMI au Sahel », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 11/Février 2011, pp. 7-8.

    * 369 Andela JACQUES JOEL, « L'Afrique est-elle à l'abri du terrorisme international ?, p. 2.

    * 370 Delphine LECOUTRE, « Le conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine, clef d'une nouvelle architecture de stabilité en Afrique ? », Afrique Contemporaine-été 2004, p. 131.

    * 371L'Architecture de Africaine de Paix et de Sécurité a été créée avec l'adoption du protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de l'union Africaine par la première session ordinaire de la conférence de l'Union Africaine à Durban, le 9 juillet 2002.

    * 372 Anthonin VAN NIEUWKERK, `' The Regional roots of the African peace and security architecture: exploring centre-periphery relations», South African Journal of International Affairs, vol, 18, no. 2 (2011), p. 171.

    * 373 Commission de l'Union Africaine, Plan Stratégique 2009-2012, Addis-Abeba, le 19 mai 2009, p. 22. Disponible en ligne sur http://www.au.int/en/sites/default/files/plan_stratégique_2009_2012.pdf. Consulté le 03 septembre 2012.

    * 374 Voir l'article 13 (1) du protocole relatif à la création du conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine.

    * 375 Les opérations en cours sont : La mission de l'UA en Somalie (AMISOM), la mission hybride des Nations Unies et l'UA au Darfour (MINUAD) et l'initiative de coopération régionale contre la LRA (IRC/LRA). Les missions terminées sont : la mission d'assistance électorale et sécuritaire aux Comores (MAES), la mission africaine au Burundi (MIAB), la mission de l'UA pour le soutien aux élections aux Comores (MUASEC), et la mission de l'UA au Soudan (MUAS). Pour plus d'informations, voir http://www.opérationspaix.net/15-toutes-les-opérations-de-l'organisation-ua.html.

    * 376 Arsène Brice BADO, « L'UA et la sécurité collective », Programme Paix et Sécurité Internationales, Bulletin No 58, septembre-octobre 2012, p. 3.

    * 377 Arsène Brice BADO, ibid.

    * 378 Stephan KINGEBIEL,`'Africa's new peace and security architecture», African Security Review, Vol. 14, No 2 (2005), p. 37.

    * 379 Voir Naim AMEUR, « La Libye entre les intérêts de l'Occident et la résistance de Kadhafi », Outre-Terre, Vol. 3, n° 29 (2011), p. 299.

    * 380 Voir le protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA en son article 17 (1).

    * 381 Interpol et le Forum Global de lutte contre le terrorisme (Forum Counterterrorism Forum-GCTF) jouent également un rôle dans la lutte contre le terrorisme. Interpol est actif dans la coopération internationale et s'illustre par le recueil, le stockage, l'analyse et l'échange d'informations sur les individus et des groupes soupçonnés d'activités terroristes avec les pays membres d'Interpol. Interpol peut également prêter une assistance en matière d'enquête et de recherche de suspects lorsque des actes terroristes ont été commis. Le FGCT a été lancé à New York le 22 septembre 2011. Il se présente comme une plateforme diplomatique informelle ayant pour but d'offrir un espace de partage des expériences, expertises, et stratégies et d'identifier les besoins en termes de capacités et les programmes pour leur renforcer.

    * 382 L'Organisation Maritime Internationale, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale, le Fond Monétaire International, l'Agence Internationale de l'Energétique Atomique et la Banque Mondiale etc.

    * 383 Antonio MARCA COSTA, « Allocution d'ouverture », Symposium sur la mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations-Unies, (New York : Nations-Unies, 2007), p. 13, http://www.unodc.org/pdf/terrorism/symposium/symposium-fr.pdf.

    * 384 Service de la Prévention du Terrorisme (SPT) de l'ONUDC, `'Note of Accomplishments : Technical Assistance Provided to African Countries for Strengthening the Legal Regime Against Terrorism'', 31 décembre 2008.

    * 385 Ibid.

    * 386 BREA, PNUD, « Arab Human Development Report 2009 », p. 61,

    http://www.arabhdr.org/publications/other/ahdr/ahdr2009e.pdf. (« Rapport arabe sur le développement humain 2009 », p. 6).

    * 387Anton DU PLESSIS, « The role of the United Nations in providing technical assistance in Africa », dans

    Understanding Terrorism in Africa: In Search for an African Voice, éd. Wafula Okumu et Anneli Botha (Pretoria : Institut d'études de sécurité, 2007), p. 89, http://www.iss.co.za/uploads/AFRITERRO071106.pdf.

    * 388 Henry PLAGNOL et Bernard LONCLE, « La situation Sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », Rapport d'Information, Assemblée Nationale (France), 6 mars 2012, p. 74.

    * 389 Enlèvements de sept personnes sur le site minier d'Arlit dans le Nord du Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010 par AQMI.

    * 390 William ASSANVO, « Réflexions sur la stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le sahel », Observatoire de la Vie Diplomatique en Afrique (OVIDA, Note d'analyse n° 5, octobre 2011, p. 2. http://www.ovida-afrido.org/fr/ovida-pdf/strat%c3%A9gie_UE_sahel_5_octobre11.pdf.

    * 391 Raby Ould Idoumou, « L'UE et le Sahel définissent une vision conjointe de la sécurité », Magharebia, 12 décembre 2011, http://www.magharebia.com/cocoom/avoi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/12/12/features-03.

    * 392 William ASSANVO, Op. Cit., p. 2.

    * 393 Rapport d'information de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale Française sur « la situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », 6 mars 2012, p. 74. http://www.assemblée-nationale.fr/13/rap-info/i4431.asp.

    * 394 L'EUCAP est la mission européenne visant à renforcer les capacités du sahel.

    * 395 Sur certaines divergences stratégiques en matière de lutte contre le terrorisme dans le sahel, voir Benjamin Roger, « Terrorisme au sahel : derrière la coopération, chacun joue sa partition », Jeune Afrique, 07 septembre 2011.

    * 396 Confère les résolutions 1710, 2626 de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

    * 397 Laurence AIDA AMMOUR, « Les défis de sécurité dans la zone saharo-sahélienne et leurs répercussions dans la région Méditerranéenne », Seguridad y Defensa en el Mediterranéo (SEDMED), CIDOB, 25 octobre 2010, p. 9

    * 398 Rapport de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), « Changement climatique et sécurité alimentaire dans la zone UEMOA : défis, impacts, enjeux actuels et futurs », juillet 2010, p. 27.

    * 399 Par vulnérabilité alimentaire, on désigne le fait pour une personne ou une population d'être : 1. Exposé à des aléas/risques (exposition) ; 2. Sensible à ces événements (sensibilité) ; 3. Sans avoir la capacité immédiate à y faire face par ses propres moyens ou par la mobilisation d'autres ressources ou personnes (réactivité) ; 4. Ni la possibilité de revenir à un état antérieur de moindre fragilité (résilience). Confère Robert Chambers, Vulnerability : how the poor cope ? University of Sussex, 1989.

    * 400 L'OCDE est une organisation dont l'objectif est de promouvoir les politiques qui améliorent le bien être économique et social partout dans le monde.

    * 401 Comité d'Aide au Développement, OCDE, « Répartition géographique des ressources financières allouées au pays en développement ; versement, engagements, indicateurs par pays, 2005-2009 », 2011, p. 174.

    * 402 http://www.usaid.gov/policy/budget/cbj2010/2010_CBJ_book_2.pdf.

    * 403 Comité d'Aide au Développement, OCDE, « Répartition géographique des ressources financières allouées au pays en développement ; versement, engagements, indicateurs par pays, 2005-2009 », 2011.

    * 404 Selon les perceptions, un mariage précoce protège des grossesses non désirées et partant des risques de honte pour les familles.

    * 405 Dans certains établissements, il a été enregistré au cours d'une année le retrait de plus d'une dizaine filles du CM pour cause de mariage.

    * 406 Patrice GOURDIN, « Al-Qaïda au Sahara et au Sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe », www.diploweb.com, le 11 mars 2012.

    * 407 Patrice GOURDIN, Ibid.

    * 408 William ASSANVO, « Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des réponses nationales, régionales et internationales », Note d'Analyse n° 13, Observatoire de la Vie Diplomatique en Afrique, septembre 2012, p. 31.

    * 409 Mehdi TAJE, « Les enjeux sécuritaires dans le sahel africain : Grille d'Analyse », CF2R, Tribune Libre n° 8, juin 2010.

    * 410 Intervention de M. Ali BOJJI, Ambassadeur de sa Majesté le Roi du Maroc au Gabon, « le Sahel-Sahara : danger des espaces de non droit », 4e édition de la Conférence Internationale « Marrakech Security Forum », 25 et 26 janvier 2013, p. 3.

    * 411 Voir la liste en annexe de l'Institut de Recherches Stratégiques de l'Ecole Militaire (IRSEM).

    * 412 Enquête sur la mise en oeuvre par les Etats membres de l'ONU de la résolution 1373 (2001) du Conseil de Sécurité S/2011/463, 1er septembre 2011, para 63, p. 22.

    * 413 Mehdi TAJE, « La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb », Géostratégiques n° 32, 3e Trimestre 2011, p. 293.

    * 414 Propos tenus par un participant africain lors du séminaire d'Abuja organisé par la Friedrich Ebert Stiftung et approuvé par d'autres participants africains.

    * 415 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats Sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux : le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'Analyse du GRIP, le 06 décembre 2012, p. 7.

    * 416 Bérangère ROUPPERT, ibid.

    * 417 Michael PETRON, «Germany and Switzerland paid ransom for kidnapped Canadian diplomats», Maclean's, 29 avril 2009. Voir également: `'Spain paid ransom to free hostages held by Al-Qaeda North Africa''.

    * 418 Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?, Actes du Colloque de la Fondation Gabriel Péri, 24-26 janvier 2008, p. 11.

    * 419 « Sept touristes capturés au Cameroun ; au total 15 otages français au sahel », www.ouestfrance.frlignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/enligne/2013/02/19/sahel-7-nouveaux-otages-français-ils-ont-été-capturés-au-cam-html.

    * 420 Yves LE DRIAN est l'actuel Ministre de la Défense Française.

    * 421 Elisabeth Studer, « Quand le pétrole et le Qatar s'invitent au Mali et au Sahel », www.leblogdelafinance.com, 10 juin 2012.

    * 422 Arthur MESSEMACKERS, « In Amenas : Quelles conséquences pour la sûreté des groupes pétroliers au sahel ? », CF2R, Tribune Libre N° 26, 03 mars 2013, p. 1.

    * 423 La résilience se définit comme la volonté et la capacité d'un pays, de la société et des pouvoirs publics à résister aux conséquences d'une agression ou d'une catastrophe majeure, puis à rétablir rapidement leur capacité de fonctionnement normalement, ou à tout le moins dans un mode socialement acceptable.

    * 424 Louis GAUTIER, « AQMI : un problème régional », les notes de l'Observatoire de la Défense, n° 4, janvier 2011, p. 10.

    * 425 Louis Gautier, Ibid.

    * 426 Louis Gautier, Ibid.

    * 427 `'Kidnapping in Niger and possible French response'', Stratford, 16 September 2010; `' Insecurity forces and workers from Niger Regions'', Reuters, 17 août 2010.

    * 428 Stéphanie PLASSE, `' Tuareg and AQIM: The Unlikely jihadist Bedmates'', Afrik News, 08 décembre 2010.

    * 429 Modibo GOITA, « Nouvelle menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Contrecarrer la stratégie d'AQMI au sahel », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, No 11, février 2011, p. 4.

    * 430 Blondin OUSMAN DIOP, « Menace sur l'islam noir », Le Monde, 29 mai 2012, p. 1.

    * 431 Blondin OUSMAN DIOP, Ibid.

    * 432 Mehdi TAJE, « Vulnérabilités et facteurs d'insécurité au sahel », Note Publiée par le Secretariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 7.

    * 433 Elisabeth DORIER-APPRILL, « Les Echelles du pluralisme religieux en Afrique Subsaharienne », L'information Géographique, 2006/4 Vol. 70, p. 53. Article disponible en ligne à l'adresse http://www.cairn.info/revue-1-information-géographique-2006-4.page-46htm.

    * 434 Terje OSTEBO, « Le Militantisme Islamique en Afrique », Bulletin de la Sécurité Africaine, une publication du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique, n° 23, novembre 2012, p. 7.

    * 435 « Imans, Erudits et Prédicateurs du sahel se rencontrent à Alger, une ligne pour combattre le fanatisme religieux », El Watan, 31 janvier 2012, p. 2.

    * 436 Ibid.

    * 437 Mathieu GUIDERE, « AQMI : Le tournant des révolutions arabes », Maghreb-Machrek, n° 208, été 2011, p. 5.

    * 438 Il existerait compte tenu de la nationalité de l'otage des prix établis entre 5 et 10 millions d'euros pour un français, entre 8 et 12 millions s'il travaille pour AREVA.

    * 439 « Les sources du financement des bandes armées au sahel », Compagnie Méditerranéenne d'Analyse et d'Intelligence Stratégique, 01 février 2013, p. 5.

    * 440 Alain ANTIL, « Compte rendu de la sécurité au sahel », IFRI.

    * 441 Laurence AIDA AMMOUR, « Flux, Réseaux et Circuits de la criminalité Organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest », Institut de Recherche Stratégiques de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p. 17.

    * 442 Laurence AIDA AMMOUR, ibid.

    * 443 Alain ANTIL,  Conférence sur : « Contrôler les trafics pour assurer la stabilité de l'Etat : Retour sur le cas mauritanien », lors du Séminaire « Questions Sécuritaires aux marges de l'espace méditerranéen : la zone sahélo-saharienne » organisé par l'IFRI, le 5 décembre 2008 à Paris.

    * 444 Jacques BAUD, Encyclopédie du Renseignement et des Services Secrets, Lavauzelle, 2002.

    * 445 Romain FOLIARD, « Renseignement et lutte contre le terrorisme international : De la fin de la guerre froide jusqu'à nos jours », Institut Français d'Analyse Stratégique (IFAS), Université Paris 13, sous la direction de Stéphane Folcher (Université Paris 13/Ministère de l'intérieur), François Géré (Président de l'Institut Français d'Analyse Stratégique - IFAS), p. 7.

    * 446 EUSKADI TA ASKATASUNA (ETA) pour « pays basque et liberté » en basque, est une organisation armée basque indépendantiste qui réclame l'indépendance du pays basque en Espagne.

    * 447 Conformément à l'article 12 (1) du Protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité Africaine.

    * 448 Intervention de Massaër DIALLO, « La Sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et développement », Réunion du Groupe d'Orientation des Politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007 GTZ, Berlin, p. 4.

    * 449 Rapport de l'ONUDC, Le Trafic de drogue comme menace à la sécurité en Afrique de l'Ouest, octobre 2008.

    * 450 Laurence AIDA AMMOUR, « Flux, Réseaux et Circuits de la Criminalité organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest », Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p. 17.

    * 451 Jean-André ROUX, « L'entraide des Etats dans la lutte contre la criminalité », RCADI, 1931-II, T.36, p. 117.

    * 452 C'est le cas de l'Atelier sur  « le Renforcement de la capacité de réponse des systèmes juridiques nationaux des pays du sahel et de l'Afrique du Nord à lutter contre le terrorisme », organisé à Alger du 03 au 05 juin 2012 au cours duquel, un projet de création d'un Mandat d'arrêt africain a été évoqué.

    * 453 Rapport du Comité Spécial de l'AGNU crée par la Résolution A/51/210, 8e session, 2004, A/59/37, p. 5.

    * 454 Cité par Brigitte Stern, « Le contexte juridique de l'Après 11 septembre 2001 », in K. Bannelier et al. (dir) in Le Droit International Face au Terrorisme, Paris, Pedone, 2002, p. 10.

    * 455 Voir Marie J0ANNIDIS, « Corne de l'Afrique : Enjeux Stratégiques et Conflits », in www.rfi./fr/fichiers/mfi/Politique.Diplomatie/1194.asp.

    * 456 James Mouangue Kobila, « Dixième anniversaire des attaques du 11septembre 2001 : bilan de la gestion de la lutte contre le terrorisme par le conseil de sécurité des Nations Unies », Revue Québéquoise de Droit Internationale, 24 janvier 2011, p.1.

    * 457 William ASSANVO, « Menace terroriste en Afrique de l'Ouest : Etat des réponses nationales, régionales et internationales », Note d'Analyse n° 13, septembre 2012, p. 32.

    * 458 Medhi TAJE, « Situation au Sahel-Sahara et acteurs extérieurs - Enjeux Politiques et Sécuritaires au sahel », Illéridéfense, 09 octobre 2012. Consulté en ligne sur www.blogilléridéfense.com, le dimanche 28 octobre 2012 à 15 h 30 mn.






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote