1.1.2. Effets de ces variations sur l'agriculture
Tous ces aspects ont des effets qui peuvent être
positifs, mais les effets négatifs sont plus relevés par les
populations sur place. Les conséquences d'une variation inter et intra
saisonnière de la pluie sont subis, souvent, dans le court terme par le
producteur car celui-ci dépend, le plus souvent, des conditions
pluviométriques pour produire.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 4: perception locale de l'effet de la
variation décennale des pluies
Effet de la variation décennale de la
pluviométrie sur l'agriculture
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Fréquences en %
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Extension de la période de croissance des plants
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29
|
Destruction des champs
|
41
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Maladies destructrices des plants
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54
|
Inondation des champs
|
7
|
Destruction des puits par les inondations
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22
|
Augmentation des rendements
|
5
|
Pas d'effets sur la production
|
12
|
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
En première lieu, la plupart des répondants
notent la présence de maladies qui détruisent les champs. Ces
maladies sont le fait d'insectes et des champignons qui s'attaquent aux plants
et arrêtent leurs cycles de maturation. Ces insectes se propagent,
très souvent, dans les champs maraîchers.
Photo 1: insectes destructeurs des cultures
maraîchers
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
C'est la « mouche blanche » qui provoque plus de
dégât d'après l'agent de l'ANCAR. Et ceci pousse les
exploitations agricoles à faire des dépenses en pesticide pour
protéger les récoltes. Or ces pesticides constituent un autre
danger qui peut polluer le sol et la nappe et appauvrir dans le long terme la
terre. En plus, ces pesticides coutent, souvent, chers et ne sont pas à
l'apanage de tous les producteurs. Dans la zone sud, où c'est les
cultures sous pluies qui dominent, l'invasion de ces insectes détruit
souvent toute la récolte. Dans cette zone les cultures de subsistance
dominent. Les producteurs ne font pas souvent recours à un grand
investissement consistant à acheter des pesticides pour lutter contre
ces destructeurs. Ces champs sont donc laissés à la merci de ces
déprédateurs qui causent beaucoup de dégâts. Durant
les pauses pluviométriques, il apparait un insecte appelé
Chenille Bourrue qui s'attaque aux niébés.
L'arboriculture fruitière n'échappe pas, aussi,
aux déprédateurs. En ce qui concerne la mangue qui constitue la
plantation dominante, c'est la mouche Bactrocera Invadens (mouche des mangues
ou mouche de quarantaine) qui détruit la production. En effet, selon
l'agent de l'ANCAR, plus de 150 000 tonnes de mangues sont produits chaque
année au Sénégal, mais plus de 80% sont perdus à
cause de cette mouche.
En deuxième lieu, les pluies peuvent causer la
destruction des champs de cultures d'après 41% des réponses
données. Qu'elles soient fortes ou faibles. Si elles sont fortes, la
destruction se manifeste par les inondations de certains champs qui se trouvent
dans les parties basses. Aussi, les fortes pluies détruisent les puits
dans les villages comme Soune, Ngoméne ou Yadé : 22% des
répondants ont relaté ce fait. Si elles sont faibles, la
destruction se manifeste par des pertes de rendement et l'assèchement de
certains plants. Toutefois, la faiblesse des pluies est plus à craindre,
car elle a des impacts qui sont plus dramatiques. Elle peut réduire
conséquemment la production et par extension le revenu du producteur.
Elle a des impacts aussi sur l'approvisionnement de la nappe qui devient de
plus en plus profond.
Enfin, parmi les réponses, on note des effets positifs
liés à l'augmentation des rendements. 5% des réponses
considères que les caractéristiques des pluies sur les dix
dernières années ont comme conséquence l'augmentation des
rendements. Ceci peut être expliqué par l'amorce d'une
rémission pluviométrique observée pendant ces cinq
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
dernières années. Par ailleurs, 12% des
réponses n'ont pas identifié d'effets de ces modifications
pluviométriques sur les récoltes.
En somme on peut avancer que dans la communauté rurale
de Keur Moussa, la pluviométrie est marquée par une fluctuation
saisonnière et intra saisonnière. Même si durant ces
dernières années on note une amélioration des
précipitations, l'occurrence de périodes de sécheresse
avec une tendance à la baisse de la pluviométrie constitue le
trait le plus marquant du climat dans cette partie de la région de
Thiès. L'impact de ce phénomène est l'incertitude dans les
prévisions de production. La variation de la pluie constitue l'une des
causes principales de la vulnérabilité de l'agriculture. Mais, la
perception sur l'évolution de la température est un autre
indicateur de vulnérabilité.
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