UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP (UCAD)
ECOLE SUPERIEURE D'ECONOMIE APPLIQUEE (ESEA ex
ENEA)
DEPARTEMENT AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, ENVIRONNEMENT
ET GESTION URBAINE (ATEGU)
39éme PROMOTION Année 2013
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES PRESENTE PAR :
Tamsir Ousmane DIAGNE
Pour l'obtention du Diplôme d'ingénieur des
travaux d'Aménagement du Territoire et de Gestion Urbaine
Directeur de Mémoire
Dr Ibrahima Diop GAYE
todiagne@gmail.com
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
II
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
REMERCIEMENTS
Je remercie tout d'abord le Tout Puissant Dieu de m'avoir
permis de réaliser cet ouvrage, son prophète Mouhamed (PSL) ainsi
que son illustre et éternel Serviteur Cheikh Ahmadou Bamba. Je remercie
mon marabout Serigne Modou Aicha Mbacké ibn Serigne Mouhamadou Lamine
Bara Mbacké.
Je remercie toutes les personnes qui ont aidé à
la concrétisation de ce travail de recherche et ceux qui me sont les
plus chères. Je veux citer entre autres :
Feu mon père, Mamadou DIAGNE et ma très
chère mère, Ndeye DIALLO de m'avoir mis au monde et
éduqué ainsi que mes frères et soeurs neveux,
nièces, cousins, beau frère et belle soeur, oncles et tantes ;
Mon directeur de mémoire, le docteur Ibrahima Diop Gaye
pour avoir accepté de conduire ce travail ;
Je pense très sincèrement au personnel
administratif et tous les formateurs du département ATEGU à Mr
Timéra, chef du département, Mme Faye Secrétaire du
département, Mr Ibrahima Ndiaye, Mr Birame Ndiaye, Mr Dia et tous le
corps enseignant, c'est maintenant le moment de leur témoigner ma
gratitude ;
Le Docteur Aly Ndiaye, chercheur à l'ISRA, pour tous
les conseils ;
L'ONG USAID par son projet ERA (Education et Recherche en
Agriculture) pour l'appui financier ;
La fédération WOOBIN par la personne de son
président, Monsieur Faye, monsieur Fall chargé de la commission
environnement au conseil rural de Keur Moussa, l'agent de l'ANCAR de la CR,
Saliou Ndiaye et Madame Koly, coordonateur de programme à ENDA Pronat
;
La famille Sall qui m'a accueilli durant la période
d'enquête de terrain notamment au père Monsieur Talla Sall,
à son épouse Madame Ndeye Amar et leurs enfants ;
Maman Ndeye Astou Gueye et son mari Alassane et leurs enfants
;
Mes amis des parcelles assainies qui m'ont aidé et
soutenu dans ce travail. Je veux citer Monsieur Bathie Sarr, Monsieur Thiam mon
professeur de français au lycée, Fat Mbintou Diagne, Ibra Babou,
Mamadou Gaye Seye et aux membres du Dahira « Nayloul Maram » ;
Mes amis de l'ESEA particulièrement ma filleule
Soukeyna Diop pour beaucoup de choses dont je me garderai de citer mais qui
m'ont été précieux durant ces quatre années;
Tous mes « Mbook Talibés »du Dahira Touba
ENEA par la personne du coordonateur « Diawrigne » Cheikh Samb ;
Tous mes camarades de la promotion 39 notamment mon voisin de
chambre, Khadim Ndiaye, mes collégues du département : Tidiane
Diagana, Pape Waly Loum, Pape Mikael Thiaw, Babacar Laye Diop, Mamour Diouf,
Mbacké Ndour, Salimata Ndoye, Pelagi Diémé, Mame Diarra
Diop, Khady Sow Loum etc.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
III
Analyse de la perception de la
vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux
variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la
CR de Keur Moussa.
DEDICACES
Ce mémoire est dédié
à:
Feu mon père qui m'avait tout donné et
n'a rien reçu de moi ;
Feu le docteur Samba Diallo,
médecin-professeur à l'UCAD à la faculté de
médecine qui aurait bien souhaité assister à ce moment et
feu Gorgui Ndiaye pour la formation et les conseils.
Je dedie ce travail à ma mère Ndeye fatou
DIALLO et tous mes frères et soeurs et particulièrement à
Aminata DIAGNE qui vient de réussir le concours de l'ESEA et à
qui je souhaite une réussite totale durant ces quatres prochaines
années.
« Nous avons plus de force que de volonté
; et c'est souvent pour nous excuser à nous même que nous nous
imaginons que les choses sont impossibles. » LA
ROCHEFOUCAULD
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane
DIAGNE, ESEA 2013
IV
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS III
DEDICACES IV
TABLE DES MATIERES V
SIGLES ET ABREVIATIONS IX
LISTE DES TABLEAUX X
LISTE DES CARTES XI
LISTE DES PHOTOS XI
RESUME XII
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE: CADRE DE REFERENCE
3
Chapitre 1 : Revue critique de littérature
3
Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL 13
I. Variations et changements climatiques 13
II. Vulnérabilité de l'agriculture 14
III. Stratégies locales d'adaptation 16
IV. Exploitation agricole 18
V. La perception 20
Chapitre 3 : Problématique 22
Chapitre 4 : CADRE OPERATOIRE 26
I. Questions de recherche 26
II. Objectifs de recherche 26
III. Hypothèses de recherche 27
DEUXIEME PARTIE : Méthodologie et
caractérisation du cadre de l'étude 30
I. METHODOLOGIE 30
1. Identification et délimitation du thème 30
2. Revue documentaire 31
3. Collecte des données primaires 32
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
V
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
3.1. Outils de collecte des données 32
3.2. Enquêtes et les entretiens 33
3.3. Collecte et traitement des données 35
4. Photos et cartes 36
5. Difficultés rencontrées 36
II. CARACTERISATION DU CADRE DE L'ETUDE 37
1. Présentation administrative 37
2. Caractéristiques physiques 39
2.1. Le climat 39
2.2. La pluviométrie 40
2.3. Le relief 43
2.4. Les sols 44
2.5. La végétation 45
2.6. La faune 46
2.7. L'HYDROGRAPHIE ET L'HYDROLOGIE 47
3. Situation socio économique 48
3.1. Le profil démographique 48
3.2. Les activités économiques 50
3.2.1. Agriculture 50
3.2.2. Industrie, Mine et artisanat 51
3.2.3. Commerce et transport 52
3.3. Dynamique organisationnelle 53
3.4. Equipements et Infrastructures 54
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS 55
Chapitre 1 : CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS
55
I. Population des exploitations agricoles 55
II. Répartition par sexe des chefs des EA
57
III. Niveau d'instruction des chefs des EA
58
Conclusion partielle 58
Chapitre 2 : PERCEPTION LOCALE DE LA VULNERABILITE DE
L'AGRICULTURE 59
I. PERCEPTION PAR LES PRODUCTEURS DE LA VULNERABILITE BIO
PHYSIQUE 59
1.1. Les fluctuations de la pluviométrie sont responsables
des contre performances agricoles 59
1.1.1. Une importante variation inter annuelle et intra annuelle
des pluies 59
1.1.2. Effets de ces variations sur l'agriculture 60
1.2. Perception des producteurs de la température
décennale 63
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
VI
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.2.1. Une température de plus en plus chaude 63
1.2.2. Les effets de l'augmentation de la température sur
la production agricole 64
1.3. Les points de vue sur la qualité des sols 64
1.4. La disponibilité du facteur eau 66
1.5. Le recul de la couverture végétale et
disparition de la faune 69
1.5.1. Le recul du couvet végétal 69
1.5.2. La disparition de la faune 71
II. Perception des producteurs de la VULNERABILITE SOCIO
ECONOMIQUE 72
2.1. La question foncière 72
2.1.1. La disponibilité du foncier pour l'agriculture
72
2.1.2. Le mode d'acquisition foncière 74
2.2. Le niveau de performance socio économique des EA
77
2.2.1. Le calcul du seuil de survie des EA 77
2.2.2. L'estimation du niveau de vie des EA 78
Conclusion partielle 79
Chapitre 3 : LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION,
SOLUTIONS POUR LA
RESILIENCE DES UP 80
I. Les stratégies techniques d'adaptation
80
1.1. Solution face au changement du cycle de la
pluviométrie 80
1.2. Lutte contre la dégradation des terres 83
1.2.1. Les pratiques agronomiques d'optimisation de la
production 84
1.2.2. Les luttes anti érosives 85
1.2.2.1. Lutte contre l'érosion hydrique
85
1.2.2.2. Lutte contre l'érosion éolienne
et régénération du couvert végétal
92
II. Les mesures socio économiques d'adaptation
95
2.1. La diversification des activités 95
2.1.1. Une diversification des secteurs d'activité 95
2.1.2. La diversification des pratiques agricoles 97
2.1.2.1. Les types d'agriculture 97
2.1.2.2. La pratique de la polyculture 98
2.2. La migration comme stratégie d'adaptation 100
III. Les stratégies organisationnelles
d'adaptation : exemple de la fédération WOOBIN 103
3.1. Rôle de la fédération WOOBIN
103
3.2. Les activités de WOOBIN 104
3.3. L'analyse des facteurs d'une bonne capacité
d'adaptation 107
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
VII
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
3.3.1. Les facteurs facilitant 107
3.3.2. Les facteurs bloquant des mesures d'adaptation 109
Conclusion partielle 110
Chapitre 4 : RECOMMANDATIONS 111
I. Recommandations générales 111
1.1. Le renforcement de l'agriculture irriguée par une
utilisation économe de l'eau 112
1.2. La gestion durable des terres et la vulgarisation des
bonnes pratiques agricoles 113
1.3. L'amélioration des conditions socio
économiques des populations rurales 114
II. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES 114
2.1. Les différentes recommandations spécifiques
114
2.2. Opérationnalisation des recommandations 116
CONCLUSION GENERALE A
BIBLIOGRAPHIE D
ANNEXES G
Glossaire G
OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES K
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
VIII
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AGRHYMET
|
Agriculture, Hydrology, Meteorology
|
AIBD
|
Aéroport Internationale Blaise Diagne
|
APE
|
Association des Parents d'Elève
|
ANCAR
|
Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural
|
ASC
|
Association Sportive et Culturelle
|
CARE
|
Cooperative for Assistance and Relief Everywhere
|
CCNUCC
|
Convention Cadre des Nation Union sur le Changement Climatique
|
CEM
|
Collège d'Enseignement Moyen
|
CILSS
|
Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la
Sécheresse dans le Sahel
|
CLCOP
|
Cadre Local de Concertation des Organisations de Producteurs
|
CR
|
Communauté Rurale
|
CSE
|
Centre de Suivi Ecologique
|
CVD
|
Comité Villageois de Développement
|
DRS
|
Défense et Restauration des Sols
|
ECOWAP
|
Cadre de politique agricole pour l'Afrique de l'Ouest
|
ENDA Pronat
|
Environnement et Développement/ Protection Naturel des
Cultures
|
ENEA
|
Ecole Nationale d4economie Appliquée
|
ESEA
|
Ecole Supérieure d'Economie Appliquée
|
GES
|
Gaz à Effet de Serre
|
GIEC
|
Groupement Intergouvernemental d'experts sur les
évolutions du climat
|
GPF
|
Groupement de Promotion Féminine
|
ISE
|
Institut des Sciences de l'Environnement
|
PANA
|
Plan d'Action National pour l'Adaptation aux changements
climatiques
|
PDDAA
|
Programme Détaillé de Développement de
l'Agriculture Africaine
|
PVD
|
Pays en voie de Développement
|
PLD
|
Plan Local de Développement
|
PNIA
|
Plan National d'Investissement Agricole
|
PRDI
|
Plan Régional de Développement
Intégré
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OP
|
Organisation de Producteurs
|
SNDES
|
Stratégie Nationale de développement Economique et
Social
|
RN2
|
Route Nationale numéro 2
|
SDE
|
Sénégalaise Des Eaux
|
SONATEL
|
Société Nationale des
Télécommunication
|
UCAD
|
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
|
WOOBIN
|
Wooté Beeno Indi Nantaangué (en français
: Appel à l'unité pour Apporter le Développement)
|
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
IX
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: représentation des variables et indacateurs
28
Tableau 2: taille de l'échantillon 35
Tableau 3: calendrier culturale de l'année 42
Tableau 4: perception locale de l'effet de la variation
décennale des pluies 61
Tableau 5: perception du niveau de profondeur des puits durant
les dix dernières années 67
Tableau 6: perception de l'évolution décennale
du chaptel 70
Tableau 7: superficie des terres cultuvées par
exploitation agricole 73
Tableau 8: statut des terres des exploitations agricoles 75
Tableau 9: Evaluation des dépenses des besoins de base
77
Tableau 10: calcul du seuil de survie 77
Tableau 11: niveau de revenu agricole des exploitations
agricoles 78
Tableau 12: espèces et variétés
abandonnées face aux variations de la pluie 81
Tableau 13: différentes mesures des exploitations
contre les variations du climat 82
Tableau 14: pratiques culturalles 84
Tableau 15: les différentes techniques de lutte contre
l'érosion hydrique 87
Tableau 16: les différentes activités des
exploitations agricoles 95
Tableau 17: période d'exercice des activités
extra agricoles 96
Tableau 18: les types d'agriculture des exploitations 97
Tableau 19: ménages qui disposent
d'émigrés temporels 100
Tableau 20: les activités et les partenaires de WOOBIN
105
Tableau 21: opérationnalisation des recommandations
116
LISTE DES GRAPHIQUES
Figure 1: pluviométrie des vingt dernières
années 41
Figure 2: nombre d'individus par ménage 56
Figure 3: répartition de la population par sexe 57
Figure 4: type et niveau d'instruction des chefs de
ménage interrogés 58
Figure 5: perception sur l'état de la
pluviométrie durant ces dix dernières années 60
Figure 6: perception locale de la température des dix
dernières années 63
Figure 7: perception de la qualité du sol sur les dix
dernières années 65
Figure 8: les principales sources d'eaux des exploitations
agricoles 66
Figure 9: perception de la durée de vie des mares sur
les dix dernières années 68
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
X
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 10: perception de l'évolution décennale
de la couverture végétale 69
Figure 11: état de la faune durant les dix (10)
dernières années 71
Figure 12: évolution de la superficie emblavée
par exploitation sur les dix dernières années 74
Figure 13: nombre de producteurs consultant la
météo 83
Figure 14: part des exploitations qui aménagent des
brises vents 92
Figure 15: les principales spéculations
cultivées 99
Figure 16: montants envoyés par les
émigrés aux ménages 101
LISTE DES CARTES
Carte 1:localisation et situation administrative de la CR
38
Carte 2: carte des sols de la CR 44
Carte 3: forets classées de la CR 46
Carte 4: réseau hydrographique de la CR 47
Carte 5: la population de la CR 49
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: insectes destructeurs des cultures maraîchers
61
Photo 2: demi-lune réalisée par les villageois
89
Photo 3: pratique de lutte anti érosive des femmes de
la CR de Keur Moussa 91
Photo 4: champs protégés par des brises vents
93
Photo 5: mobilisation des femmes dans les actions d'adaptation
108
Photo 6: cantine de commercialisation des produits Bio 109
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
XI
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
RESUME
Au Sahel, l'adaptation des communautés de base serait
la solution face aux inévitables changements et variations climatiques
et leurs effets négatifs sur tous les secteurs de la vie et
particulièrement sur l'agriculture. Celle-ci est d'une importance
capitale pour l'économie de la zone et pour l'atteinte de l'objectif
premier des OMD avec la date butoir de 2015: Éliminer l'extrême
pauvreté et la faim. C'est la raison pour laquelle, le
Sénégal a mis en place le PANA en 2006, le PNIA (2011 -2015) avec
l'ambition, d'inscrire le secteur agricole dans « la trajectoire de la
modernité, de la durabilité et de la productivité
fondée sur la protection de l'agriculture familiale et la promotion des
entreprises agricoles ».
Dans la CR de Keur Moussa, les agriculteurs développent
des stratégies d'adaptation. Ces stratégies (individuelles ou
collectives) sont des mesures de correction ou d'anticipation des aléas.
Ce document vise à analyser ces différentes pratiques locales de
recherche de résilience. L'intention étant de faire le point sur
l'efficacité des actions de lutte antiérosive, des bonnes
pratiques agricoles et de la dynamique organisationnelle sur la
résilience des exploitations agricoles. La méthodologie de la
recherche a consisté à faire une revue des documents traitant de
la question et à effectuer des enquêtes de terrains pour collecter
des données qualitatives et quantitatives auprès des chefs
d'exploitations agricoles, des chefs de villages et des structures intervenant
dans la CR notamment WOOBIN, ENDA Pronat, ANCAR.
Mais l'analyse de la capacité d'adaptation a comme
préalable un diagnostic du niveau de vulnérabilité. Dans
ce cadre, le savoir local sera privilégié car la perception des
producteurs de leur niveau de vulnérabilité peut nous apprendre
des aspects omis par les résultats scientifiques ou les jugements
d'experts. Ainsi, la perception globale des producteurs est une variation ou
une baisse de la pluviométrie, une augmentation de la
température, la dégradation des sols, la réduction du
couvert végétal et de la faune ; une vulnérabilité
socio économique marquée par une forte concentration humaine, une
insécurité foncière, un niveau de vie en dessous du seuil
de survie.
Au terme de l'analyse, il apparait que face aux incertitudes
du climat, les exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa apparaissent
certes vulnérables, mais également résilientes. Il semble,
de ce fait, que les populations rurales généralement pauvres
peuvent avoir une bonne capacité d'adaptation car le niveau de
vulnérabilité n'est pas
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
XII
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
seulement lié au niveau d'aisance matérielle
mais aussi à la volonté de faire face à la
péjoration du climat.
Mots lés : variations climatiques,
vulnérabilité, stratégies locales d'adaptation,
exploitation agricole, perception.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
XIII
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
INTRODUCTION
Dans la région sahélienne l'exposition de
l'agriculture aux effets négatifs du climat est largement
démontrée et la mise en place de politiques adequates est
inévitable vu l'importance de ce secteur. En effet, l'agriculture a
toujours été une priorité du Sénégal
indépendant. De la mise en place des coopératives à la
nouvelle politique agricole (NPA) l'Etat a, depuis l'indépendance,
affiché sa volonté de développer ce domaine. Car celle-ci
« a occupé, entre 1993 et 2006, environ 56 % de la population
active et a contribué à hauteur de 16 % à la formation du
Produit intérieur brut (PIB) ». Actuellement les
autorités persistent avec le PNIA (2011-2015), la SNDES et le Programme
« Yoonu Yokkuté » qui font de ce secteur la locomotive de
l'économie sénégalaise.
Mais force est de constater que ce secteur peine toujours
à jouer son rôle d'impulsion de l'économie. Il persiste,
généralement, à se baser sur la pluie pour produire et les
défis liés aux changements du cycle de la pluviométrie
exposent de plus en plus les exploitations aux aléas du climat. Ces
facteurs climatiques sont renforcés par des manoeuvres anthropiques qui
seraient des causes sous jacentes de vulnérabilité.
C'est dans ce sens, que certaines comminautés de base
développement des mesures d'adaptation pour faire face aux menaces du
climat. La communauté rurale de Keur Moussa renferme des exploitations
agricoles qui s'activent dans des pratiques d'adaptation. Ces pratiques
s'inscrivent dans la compréhension de leur vulnérabilité
face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.
Notre analyse est de nature quantitative et qualitative et
reste orientée dans la perception des producteurs. Elle sera plus
basée sur les aspects climatiques dans une zone où les
potentialités éco géographiques et socio
économiques permettent de dynamiser ce secteur. Toutefois, cette analyse
ne peut se prétendre d'être un diagnostic global et exhaustif des
nombreux facteurs de dépression des rendements des exploitations
agricoles et des solutions y afférentes.
Ainsi le développement de ce rapport va s'articuler autour
des points suivants :
Une première partie qui traitera de la revue critique
de littérature, de la problématique et du cadre opératoire
;
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Une deuxième partie qui abordera de la
méthodologie et de la présentation du cadre de l'étude
;
Une troisième partie qui fera état de l'analyse
des résultats des différentes enquêtes et entretiens et la
préconisation de recommandations.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
2
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
PREMIERE PARTIE: CADRE DE REFERENCE
Chapitre 1 : Revue critique de littérature
Les changements climatiques, une réalité
qui mobilise la communauté internationale
La réalité du réchauffement
planétaire et l'évidence du changement climatique ne sont plus
à démontrer. Le Groupe Intergouvernemental sur l'Evaluation du
Climat (GIEC) établit l'augmentation du réchauffement climatique
de la planète et les modifications subséquentes des
écosystèmes terrestres. D'après ces experts « la
gravité des changements en cours est liée à une hausse de
la température de 1,8°C à 4°C f...] la
généralisation de vague de chaleur et d'épisode de fortes
précipitations »(GIEC). Ce réchauffement
planétaire est établi par des recherches scientifiques qui sont
mondialement reconnues. La cause principale de ce phénomène est
l'augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère,
notamment le CO2, du fait de l'exploitation des combustibles fossiles.
D'après le rapport de synthèse sur le Bilan 2007 des changements
climatiques « la poursuite des émissions de gaz à effet
de serre au rythme actuel ou à un rythme plus élevé
devrait accentuer le réchauffement et modifier profondément le
système climatique au XXI siècle. » Les chercheurs du
GIEC mettent donc l'accent sur un processus de changement du climat qui touche
toutes les parties du monde. Ces changements et variations du climat se
manifestent par la récurrence des aléas et
phénomènes extrêmes (sécheresse, inondation,
tempête, ouragan etc.). Ces phénomènes sont, ainsi, de
réels dangers pour l'équilibre de la biosphère. Ils sapent
les écosystèmes naturels et anthropiques et augmentent les
risques de crises écologiques avec ces conséquences sur l'homme
et ces moyens d'existence que sont les ressources naturelles. C'est ce qui est
mis en exergue par Gaye et al. (2011) pour qui ce phénomène agit
directement sur le milieu naturel en le transformant1. Face à
cette transformation, les scientifiques ont été les premiers
à appuyer sur la sonnette d'alarme. Le rapport Halte à la
croissance ! du club de Rome ne mettait il pas l'accent,
déjà en 1972, sur les risques d'écroulement de notre
société (21em siècle) si l'expansion
1 Ibrahima Diop Gaye, Amadou Sall et Médoune
Ndiaye, Changement climatique et performances socioéconomiques des
exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass.
Dans Adaptation aux impacts du changement climatique, quelles stratégies
d'échanges et de partage de l'information scientifique ? CSE, Dakar
2011. 399p
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
3
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
démographique, l'expansion énergétique et
les mutations technologiques se maintiennent.
La volonté de réagir à la
péjoration du climat amène les Etats à se mobiliser pour
trouver des solutions de remédiation. En effet, actuellement, le climat
est l'un des secteurs qui rassemble le plus la communauté internationale
ces trois dernières décennies. Le processus
accéléré de la dégradation du climat du fait des
activités humaines pousse les nations unies à organiser la
conférence de Rio sur les changements climatiques en 1992. Il est sorti
de cette conférence, la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC) qui a été jusque là
ratifiée par 193 Etats. L'objectif était de «
réduire les gaz à effet de serre dans l'atmosphère
à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse
du système climatique avec ses conséquences sur les
écosystèmes, la production alimentaire et le développement
socio économique ». (CCNUCC, article 2).
Après 92, d'autres rencontres de la communauté
internationale ont été notées. Ainsi, de Kyoto en 1997
à Rio +20 en 2012, la volonté de réagir face aux
péjorations du climat a été affichée. Mais, force
est de reconnaitre l'échec des négociations. Ces dernières
ont été minées par le multilatéralisme et la
psychose de l'imposition des valeurs. Les Etats Unis et la Chine, qui sont les
plus grands pollueurs refusent de signer tout protocole qui vise à
réduire leur émission de GES car ceci entamerait leurs
économies basées essentiellement sur le pétrole.
Toutefois, ces nombreuses initiatives pour le climat ont
permis d'impulser une nouvelle dynamique dans la compréhension et
l'instauration des écosystèmes. Les gouvernements des pays sont
devenus plus sensibles aux péjorations climatiques et des mesures
importantes ont commencé à être prises. Ces mesures peuvent
être classées en deux catégories : les stratégies
d'atténuation et les stratégies d'adaptation.
Multiplication des publications scientifiques sur le
climat
A coté de ces mobilisations mondiales sur
l'environnement et sa dégradation poussée, de nombreux auteurs se
sont intéressés aux changements et variations climatiques. En
effet, vu le processus de dégradation du climat, l'importance n'est plus
de réfuter les origines des menaces climatiques (S. Facheux et H.
Joumni)2 . Ces auteurs pensent qu'il est urgent de «
définir les moyen à mobiliser afin de réduire
les
2 Economie et politique des changements climatiques. Sylvie
Faucheux - Haitham Joumni, Edition la découverte, Paris, 2005. P3
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
4
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
impacts à court, moyen et long terme ».
La définition de politiques adéquates pour faire face aux
variations du climat est donc nécessaire. C'est ce qui a motivé
les déférents sommets internationaux. Car selon les mêmes
auteurs, « l'absence de politique conduirait, au pire, à la
disparition de l'homme, au mieux à de véritables catastrophes
écologiques et d'effondrements du système économique
mondial »(P7). Une réaction mondiale, adéquate et
durable est donc nécessaire. Cette réaction doit se traduire par
l'engagement de tous les pays, mais surtout les pays développés
du fait de leur responsabilité historique dans le réchauffement
climatique. Les pays en développement doivent aussi chercher à
adopter des procédures de productions plus vertes et plus durables. La
conservation des forêts et des eaux sont aussi des mesures de protection
de ces pays pour une réduction des GES dans l'atmosphère. Car il
est admis que, la seule certitude que nous avons aujourd'hui, c'est qu'attendre
passivement est une mauvaise stratégie (Magnan et al.,
2009)3. Cependant, même si la réaction est
indispensable, la manière de réagir est tout aussi importante.
Adaptation ou atténuation : quelle politique
choisir ?
L'atténuation des pollutions émises par l'homme
est la première solution de la communauté internationale. Cette
atténuation se traduit par une réduction des GES et une
conservation des ressources qui permettent de stabiliser le climat (foret,
mer...). Cette réaction a été le motif d'imposition de
quotas d'émissions qui doit être respectés par les pays les
plus pollueurs. Mais il s'est trouvé que cette politique a montré
ses limites. La prise de conscience que le climat va de toute façon
changer, même si les politiques d'atténuation conduites au plan
internationale sont un succès4, plaide pour une
réorientation des réactions internationales. L'adaptation se
trouve être donc la politique la plus adéquate.
L'adaptation peut se faire à toutes les
échelles. Mais elle est plus efficace au plan local. Le contexte mondial
se traduisant par l'impossibilité d'un consensus sur les mesures devant
être apportées, la mise en place de pratiques locales d'adaptation
qui permettraient de faire face aux risques climatiques se trouve justifier.
Mais les stratégies d'adaptation ont toujours été
minimisées dans les décisions sur le climat. Ces
stratégies ont été considérées comme
étant très spécifiques aux localités et ne prennent
pas en
3 Magnan, A. B. Garnaud, R. Billé, F.
Gemenne, S. Hallegatte, 2009. La Méditerranée au futur : des
impacts du changement climatique aux enjeux de l'adaptation. Paris,
Iddri series, 43 p
4Christian de Perthuis, Stéphane Hallegatte
et Franck Lecocq, Economie de l'adaptation aux changements climatiques, Conseil
économique pour le développement durable. Conseil
économique pour le développement durable, Février 2010.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
5
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
compte l'environnement global. Ces effets ne
bénéficient donc qu'à une communauté qui
décide de les mettre en oeuvre.
Au niveau des pays en voie de développement (PVD), la
variation du climat est responsable de nombreux désastres aussi bien sur
les écosystèmes naturels que sur l'homme.
Des impacts négatifs dans les PVD
L'Abache (2004) met l'accent sur l'augmentation future des GES
et la responsabilité plus engagée des pays en
développement. Pour lui, il est plus que nécessaire que ces pays
participent à la réduction des émissions. Il
considère que si la déforestation et l'évolution de
l'utilisation des sols sont prises en compte dans les évaluations
mondiales, la part de ces pays serait plus conséquente. D'où la
nécessité de leur imposer des mesures plus pesantes de
réduction. Mais, si on analyse du point de vue de la
responsabilité historique des changements climatiques il convient de
minimiser la responsabilité de ces PVD.
Par ailleurs, les répercussions de ces changements et
variations climatiques sont très importantes et concernent la plupart
des secteurs économiques et des écosystèmes naturels.
Mais, l'agriculture est le domaine le plus sensible à la
péjoration climatique. En effet, d'après la FAO, « de
nombreux pays ressentent déjà les effets du changement
climatique, tels que l'irrégularité et
l'imprévisibilité des précipitations, l'incidence accrue
des tempêtes et les sécheresses prolongées. Le changement
des conditions météorologiques favorise aussi l'apparition de
ravageurs et de maladies qui s'attaquent aux cultures et au bétail.
»5
Dans ces pays, le secteur agricole dépend directement
des conditions du climat. La variabilité de celui-ci engendre des contre
performances dans le rendement de l'agriculture, qui est le domaine de
production des aliments de subsistance. Ce rapport revient sur les risques
alimentaires : « La production de nombreuses espèces se trouve
hypothéquée par le changement climatique. Ceci, présente
un risque pour l'alimentation des populations dans le monde, surtout dans les
pays en voie de développement.»
5 FAO, La FAO et la protection de l'Environnement
Mondial. Adapter l'agriculture au changement climatique.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
6
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
La crise alimentaire de 2008 illustre parfaitement la
vulnérabilité des bases de production de l'alimentation dans le
monde. Cette crise est plus ressentie dans les pays les plus pauvres,
conduisant à des émeutes de la faim. Par ailleurs, ce rapport de
la FAO met l'accent sur la nécessité de s'adapter. Dans le
contexte actuel l'adaptation est indispensable pour la réduction de la
faim.
Cependant, ce rapport ne prend pas en compte la
capacité d'adaptation des communautés locales. Cette
dernière se traduit par la mise en place de pratiques d'adaptation
allant des initiatives individuelles de mitigation par l'adoption de nouvelles
techniques culturales à la mise en place d'ouvrages anti érosifs
par la mobilisation de groupements de gestion et de restauration de
l'environnement.
L'adaptation est une réaction naturelle de l'homme en
ce qui concerne les variations et changements climatiques, « ces
stratégie locales ont toujours existé » selon la revue
agriDape. Mais selon la même revue elles ont été longtemps
confinées par les paradigmes dominants qui ne leurs ont pas
aménagé des espaces d'expression adaptés pour leur grande
diffusion. De plus la sécurité de l'alimentation dépend,
en grande partie, du contexte géographique où l'on se trouve. La
vulnérabilité géographique influence toute capacité
d'adaptation des communautés.
Le niveau de développement expliquerait le degré
de vulnérabilité d'un pays. Puisque « la capacité
de s'adapter à la modification du climat est liée aux
progrès technologique, aux aménagements institutionnels et aux
possibilités de financement, de production et d'échange
d'information » (BADOLO M. 2008) Les pays en développement qui
émettent moins de CO2 dans l'atmosphère sont, de ce fait, plus
exposés à la fluctuation climatique.
La pauvreté augmente le niveau de
vulnérabilité. Et si nous savons le rapport aux ressources
naturelles des populations de ces pays nous pouvons imaginer les risques de
tels changements sur la population.
Au Sahel, la vulnérabilité qui résulte
des variations et changements climatiques ont des conséquences
désastreuses sur tous les domaines surtout sur celui de l'agriculture.
Cette dernière est d'une importance capitale dans la vie socio
économique des habitants de cette région.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
7
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Le Sahel, une région particulièrement
vulnérable
L'Afrique sahélienne est présentée comme
l'une des régions les plus vulnérables de la planète.
Brooks (2006)6 cherche à identifier les causes de la
sécheresse au Sahel. Il oppose deux théories de la dessiccation
du Sahel : la première met en cause les facteurs anthropogènes
tels que l'utilisation inappropriée des terres ; la seconde
considère que les causes sont naturelles et résulte de la
dégradation de l'environnement mondial. Car selon lui « la
dessiccation du Sahel au cours de la fin du 20ème
siècle est le résultat d'une variation climatique de longue
durée impulsée par des changements dans la configuration de la
température de surface au niveau mondial. ». Ainsi, les
variations climatiques dans cette région résulteraient de
l'environnement global. Les pratiques pastorales, l'agriculture de nature
extensive, l'exploitation abusive des forêts dans cette région ne
seraient elles pas les principales responsables de la sécheresse et de
la désertification ?
Mais, même si ces facteurs humains sont minimisés
dans les principales causes, il est évident que l'utilisation
inappropriée des ressources et moyens d'existence contribue à la
dégradation des conditions naturelles dans cette région. Aussi,
quoi qu'il en soit, il est admis que cette région est des plus
exposées aux modifications du climat.
La vulnérabilité dépend aussi bien de la
position géographique que des conditions socio économiques.
L'impact des changements et variations climatiques est très important au
Sahel. En tout cas, c'est ce que tente d'expliquer Perret (2008),
d'après qui le Sahel doit faire face à deux défis qui sont
liés au climat : la vulnérabilité et
l'incertitude7.
D'abord, la vulnérabilité, selon cet auteur,
dépendrait non pas seulement de la position géographique mais des
conditions socio économiques. Or la région sahélienne est
l'une des régions les plus pauvres de la planète. Les populations
qui y vivent ont un rapport très développé avec les
ressources naturelles. Elles dépendent, pour la plupart, des conditions
climatiques pour leurs productions vivrières et rentières. Le
climat conditionne ainsi le niveau de développement socio
économique. Les déficits ou excès de pluviométrie,
par exemple, ont des conséquences sur la performance de
l'agriculture.
Vu les nombreux défis auxquels la région est
exposée les pays sahéliens ont très vite réagi. La
création du CILSS au cours de la décennie 70-80 répond
à ce souci de réagir. Ainsi, Ce comité met l'accent sur le
niveau d'exposition de cette région à la
6 Nick Brooks, note de préparation pour
l'initiative mondiale sur le pastoralisme durable. Novembre 2006. p2
7 Christophe Perre, Stéphane Jost, Mohamadou
Magha, Brahima Sidibé, note de préparation de la
conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire
mondiale :les défis du changement climatique et des bioénergies.
Rome 3-5 juin 2008, p3
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
8
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
modification du climat. Selon ce comité, « le
Sahel a connu au cours des dernières décennies un glissement des
isohyètes de 100 à 200 km du nord vers le sud depuis le
début des années 70 par rapport à la période
normale précédente de 1941-1970 »8. On
assiste ainsi à une détérioration des bases de production
et de subsistance. Les conséquences directes sont l'exode des ruraux
vers les grandes villes. L'impact à long terme des sécheresses
aux Sahel se traduit par le dépeuplement des zones rurales au profit des
villes capitales. L'aménagement du territoire se trouve ainsi saper par
les dérèglements climatiques. Le surpeuplement des espaces
urbains renforce la paupérisation des capitales. On assiste, ainsi,
à la dégradation de l'environnement, au développement de
l'insécurité dans ces espaces et l'occupation d'espace de plus en
plus exigüe.
En ce qui concerne l'incertitude dans le Sahel, elle se
traduit par un manque de confiance sur les prévisions de
réchauffement climatique et ces impacts. Les précipitations, par
exemple, connaissent des fluctuations inter annuelles et intra
annuelles difficilement prévisible. Ainsi, «
Les changements climatiques sont susceptibles d'accroître la
fréquence et la gravité des inondations et des sécheresses
dans les zones connaissant déjà une forte variabilité des
précipitations »(Parret).
Cependant, l'auteur même s'il reconnait qu'il existe des
stratégies d'adaptation et que celles-ci sont rencontrées dans la
plupart des pays sahéliens, ne se fonde que sur certains types de
stratégies et fait fi des autres. Les mesures d'adaptation ne sont pas
que des actions techniques liées à la lutte contre la
dégradation des terres agricoles, la gestion de la fertilité des
sols, les techniques de gestion de l'eau, la diversification des cultures.
Elles ne sont pas, aussi, seulement des mesures socio économiques par la
diversification des activités, la migration, la vente de lait etc. Les
stratégies d'adaptation sont aussi organisationnelles. Le regroupement
des producteurs pour la défense et la restauration de leurs ressources
et la lutte contre toutes formes de dégradation ; la mise en place
d'institutions de protection des ressources et d'aide des producteurs notamment
pendant la soudure ; la mise en place de GTE et de mutuelles de financement...
sont des pratiques d'adaptation que les population sahélienne mettent en
place pour une bonne résilience des exploitations agricoles.
Ainsi, face aux changements et variations climatiques, les
populations sahéliennes, nous l'avons vu, réagissent en
développant des pratiques endogènes d'adaptation et des
stratégies de parade propres. Dans les différents pays de
cette
8 Rapport bilan d'éxécussion du projet
d'appui aux capacités d'adaptation aux changements climatique, CILSS
juin 2010.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
9
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
région des Plans d'action nationale pour l'adaptation
aux changements climatiques (PANA) sont élaborés.
Le niveau de vulnérabilité de
l'agriculture au Sénégal
Le Sénégal est un pays où l'agriculture
est l'activité principale d'une grande partie de la population active :
environ 56 % de la population active entre 1993 et 2006 d'après le
PANIA. Cette agriculture possède plusieurs potentialités. La
disponibilité des terres cultivables dont 19% seulement ont
été exploitées ; la présence de sources d'eau dans
certaines régions et une bonne pluviométrie dans une partie du
territoire national. Cependant ces potentialités ont du mal à
casser une forêt de problèmes. La plupart des études sur le
secteur agricole mettent l'accent sur la forte vulnérabilité face
aux variations et changements climatiques. Diagne (2000) étudie la
vulnérabilité de l'agriculture face aux changements climatiques
et il ressort de ces études. D'abord « que la
pluiviométrie au Sénégal est marquée par des cycles
d'année sèche et d'année pluvieuse
»9. L'auteur identifie deux scénariis
découlant de deux périodes différentes. Un scénario
sec avec une pluviométrie déficitaire entre les années
1970-1985 et un scénario humide par rapport au premier dans la
période 1950-1960.
Par ailleurs, la variabilité climatique a largement
affecté les productions agricoles. Face à la baisse des pluies
observée depuis les années 70, l'agriculture
sénégalaise subit des contre performances dûes au stress
hydrique. Les rendements sont de plus en plus faibles. Les causes principales
de la faiblesse des rendements sont liées à l'instabilité
des saisons pluvieuses même si les autres facteurs notamment la
disponibilité des intrants, la difficulté de commercialisation et
la concurrence du marché international...ne doivent pas être
négligées. Donc, l'agriculture sénégalaise est
essentiellement tributaire de la pluie. Une bonne pluviométrie
détermine donc la production.
Les conséquences d'une mauvaise production sont
l'insécurité alimentaire. Si on sait qu'en plus de la production
vivrière, elle procure aux paysans sénégalais les revenus
nécessaires pour l'achat des autres produits de subsistance comme le
riz.
Cependant, cette étude est seulement limitée
dans les cas des productions sous pluies comme l'arachide et le mil. Les autres
spéculations ne sont pas prises en compte. De ce fait l'auteur ne
s'inscrit pas dans une analyse globale de la vulnérabilité de
l'agriculture sénégalaise. En effet, dans beaucoup de
localités du pays, les cultures du mil et de
9 DIAGNE M., 2000 Vulnérabilité des
productions agricoles au changement climatique au Sénégal.
Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés- Programme
d'Assistance des Pays-Bas sur les Changements Climatiques N.C.C.S.A.P.
Ministère de la Jeunesse, de l'Environnement et de l'Hygiène
Publique, Sénégal. 36 p.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
10
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
l'arachide sont minoritaires. C'est le cas de la zone des
Niayes où les cultures maraîchères et l'arboriculture
fruitière dominent.
L'étude de cas des systèmes de production
agricoles de Sébikotane10 menée par l'ONG ENDA Tiers
Monde, s'inscrit dans la zone des Niayes. Selon cette étude : «
Avec une production de l'ordre d'une tonne par hectare et par an, le paysan
sahélien en général et sénégalais en
particulier, mettra alors 100 ans pour produire 100 tonnes sur un hectare
». Les rendements sont ainsi faibles vu les défis qui
attendent l'agriculture. La production agricole est nécessaire pour
nourrir, vêtir, soigner, éduquer et investir dans un pays comme le
Sénégal. Face à cette situation d'aucuns ont
préconisé l'intensification des cultures et la substitution de
l'agriculture pluviale au profit de celle irriguée. Cette
dernière est pratiquée dans toutes les zones du pays mais
particulièrement dans la zone des Niayes. Les conditions climatiques,
pédologiques et hydrologiques font de cette partie un lieu de
prédilection du maraîchage. En plus, la production de
légumes est très avantageuse en termes de rendement. Elle
possède une forte valeur ajoutée, la commercialisation des fruits
et légumes ne subit pas les mêmes tares que celle de l'arachide.
Car d'après la même étude, « Il est clairement
démontré aujourd'hui que les agriculteurs dans les
systèmes irrigués, qui pratiquent les cultures
maraîchères, s'en sortent mieux que les agriculteurs des
systèmes pluviaux. Les premiers, vivent dans des maisons en dur, tandis
que les seconds vivent toujours dans des cases ».
Dans ce même sillage Moussa Naabou (ENDA TM), dans son
étude sur la même zone, présente qu'une adaptation efficace
du secteur agricole aux effets des variations et changements climatiques doit
forcement passer par deux éléments : le remplacement de
l'agriculture traditionnelle sous pluies par l'agriculture irriguée et
que l'environnement produit soit comptabilisé comme facteur de
production11.
En effet, comme il a été dit
précédemment, cette forme d'agriculture qui regroupe le
maraîchage et l'arboriculture est plus avantageuse en termes de rendement
et de création de richesse. Par ailleurs, la production de
l'environnement signifie les différents aménagements (brises
vents, zaie, cordon pierreux, demi-lune...) qui ont été faits
dans les champs pour permettre de s'adapter à la sécheresse, aux
fortes pluies, à l'action des
10 Adaptation aux Changements Climatiques.
L'étude de cas des systèmes de production agricoles de
Sébikotane (Sénégal), Moussa SECK,, Mamouda MOUSSA NA
ABOU, Salimata WADE, Jean-Philippe THOMAS ENDA T.M Février 2005, p19
11 Moussa NAABOU, Evaluation de la vulnérabilité
et des stratégies d'adaptation: Agriculture et sécurité
alimentaire en Afrique subsaharienne : le cas de la zone des Niayes au
Sénégal. Compte rendu de l'attélier de formation des
formateurs sur vulnérabilité et adaptation aux changements
climatiques, ENDA TM, juillet 2005.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
11
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
vents forts
etc. et permettre ainsi un bon rendement. La
production de cet environnement nécessite le concours des savoirs locaux
et la modernisation du secteur.
Mais, même si les cultures traditionnelles sous pluie
présentent de nombreux problèmes, elles jouent aussi un
rôle très important dans la plupart des localités du pays.
Ces cultures sont, d'abord, ancrées dans la tradition des
sénégalais et il serait difficile de les en dissuader. Ensuite,
le mil, par exemple est la base de la nourriture de la majeure partie des
familles surtout dans le monde rural. L'arachide en plus de la
commercialisation est utilisée pour la nourriture du bétail, ces
pailles servant d'aliments pour les ruminants. Enfin, la libération
actuelle du marché a amélioré la commercialisation de
l'arachide. Cette dernière se vend plus facilement avec l'ouverture sur
le marché international.
Aussi, même si le maraîchage est
présenté comme une stratégie d'adaptation, il subit, tout
de même, les effets de la péjoration du climat. La rareté
des pluies durant les décennies précédentes fait que des
poches sèches apparaissent dans des endroits qui étaient jadis
réputés humides. En outre les vents forts dans la zone des Niayes
augmentent les risques de stress hydrique. La salinisation des nappes est une
limite réelle de la production dans la zone. C'est pourquoi ce rapport
de l'ONG ENDA TM liste un certains nombres de mesures d'adaptation parmi
lesquelles la diversification des cultures et des activités,
l'utilisation de variétés améliorées et
l'implantation de brises vents pour atténuer l'action des vents.
Ainsi, la substitution de l'agriculture pluviale par celle
irriguée ne serait pas la bonne solution. L'irrigation a un certain
coût qui serait difficilement supportable par
beaucoup de paysans. Il faudra chercher à instaurer une
« substitution complémentaire » en essayant
d'étendre la saison culturale au delà de l'hivernage pour assurer
une sécurité alimentaire dans notre pays.
La diversification culturale par l'intégration des
systèmes pluviaux avec les systèmes maraîchers, arboricoles
et l'élevage, la mise en place de la polyculture et la diversification
des sources de revenus par la pratique d'autres formes de métiers
seraient les solutions idoines contre les phénomènes du climat.
La lutte contre les érosions par des techniques endogènes ; la
recherche d'une bonne gestion de l'eau ; l'utilisation modérée
des fertilisants chimiques ; la mobilisation pour sensibiliser et former les
producteurs sur les techniques de production les plus optimales et les plus
durables... sont autant de mesures d'adaptation que nous rencontrons dans
certaines exploitations agricoles du Sénégal. La
communauté rurale de Keur Moussa, dont une
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
12
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
grande partie se trouve dans les Niayes, renferme des
exploitations et des organisations qui s'activent dans la pratique de telles
mesures. L'analyse des stratégies locales d'adaptation qui sont
développées par les populations locales est d'une importance
particulière.
Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL
Dans toute recherche il est nécessaire de faire un
cadre conceptuel afin de s'accorder sur la compréhension des termes
utilisés. C'est la partie qui donne les définitions des
principaux concepts qui seront manipulés tout au cours de ce document.
Ces concepts qui seront discutés sont : d'abord, les variations et
changements climatiques. Ensuite il sera intéressant de nous appesantir
sur la vulnérabilité du secteur agricole. En outre, les
stratégies locales d'adaptation méritent un éclairage.
Enfin, le terme perception va être élucidé.
I. Variations et changements climatiques
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), dans son article premier, donne la définition
suivante des changements climatiques: « changements qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables ». La CCNUCC
fait une distinction entre les changements climatiques attribuables aux
activités humaines altérant la composition de l'atmosphère
et la variabilité du climat imputable à des causes naturelles.
Dans ce sens, le Panel Intergouvernemental sur le changement climatique (PICC)
considère ce phénomène comme tout changement du climat
permanent résultant d'une variabilité naturelle ou de
l'activité humaine. Ainsi, aux facteurs physiques est venu se superposer
l'intervention des sociétés.
La variation climatique est définie comme la variation
de l'état moyen et d'autres variables statistiques (écarts types,
phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les
échelles temporelles et spatiales. Elle s'inscrit dans un espace
temporel plus réduit que les changements climatiques. Ces derniers sont
des fluctuations de l'état du climat, que l'on peut déceler (par
exemple au moyen de tests statistiques) par des
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
13
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de
ses propriétés et qui persiste pendant une longue période,
généralement pendant des décennies ou plus. La variation
du climat peut être appréhendée sur une décennie
à travers la mesure annuelle des phénomènes climatiques.
« Elles peuvent être des pulsations qui se manifestent sur
quelques années ou décennies et qui sont repérable
facilement depuis que les réseaux de mesures sont denses et les
données faciles d'accès » 12 . Les
précipitations par exemple disposent de moyens de quantification qui
permettent de savoir la variabilité de celles-ci par rapport aux
années et dans une même année. Ainsi, elles correspondent
à des différences d'ambiance : série d'années
sèches ou arrosées, chaudes ou fraiches.
Par ailleurs, la variation est beaucoup plus adaptée
à une étude de vulnérabilité des exploitations
agricoles. Car elle permet de savoir les risques climatiques qui guettent ces
exploitations. De même, les stratégies d'adaptation sont des
actions conjoncturelles qui s'inscrivent dans des échelles temporelles
courtes ou moyennes même si certaines mesures peuvent être
considérées comme des solutions structurelles. Dans ce même
sillage, les communautés de base ont développé des savoirs
traditionnels qui permettent d'expliquer des phénomènes
climatiques plus ou moins longs.
Quoi qu'il en soit, dans ce document les deux concepts sont
pris de manière identique. Car il n'est pas aisé de les
différencier dans les différents rapports scientifiques. De
même, les chercheurs sont assez divergents sur la différence qu'il
peut avoir entre les deux notions.
II. Vulnérabilité de l'agriculture
La vulnérabilité vient du mot vulnérable
(du latin vulnus : la blessure) qui est défini par le Grand Robert
(2005, version électronique) comme quelque chose ou quelqu'un qui peut
être blessé, atteint, frappé. L'être ou la chose
vulnérable est très sensible à toute attaque dont il/elle
peut faire l'objet.
D'abord, la vulnérabilité aux variations et
changements climatiques est le degré selon lequel un système est
susceptible, ou se révèle incapable de faire face, notamment
à la variabilité du climat et aux événements
climatiques extrêmes ou aléas. La vulnérabilité
dépend du caractère, de l'importance et du taux de variation
climatique
12 Armand Colin, dictionnaire de l'environnement,
Paris 2007.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
14
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
auxquels un système est
exposé13. Mais, même si l'aléa est la cause
principale du choc, il ne suffit pas à expliquer le déclenchement
d'un phénomène de catastrophe ou de dégradation des
ressources et moyens d'existence. En effet, un aléa de faible
intensité peut avoir des conséquences plus graves dans certaines
sociétés, alors qu'un autre d'une intensité plus forte y
avait des impacts négligeables. De ce fait, la
vulnérabilité est plus large que l'aléa (Colin 2007).
L'aléa, dans ce document, est vu aussi bien comme un
ensemble de chocs (inondation, sécheresse...) que comme des tensions de
fond, telles que les changements de rythme des précipitations. Il
importe de faire une différence entre l'aléa et ces effets.
Certains effets peuvent avoir plusieurs aléas qui peuvent aussi bien
être climatiques que non climatiques. La vulnérabilité des
systèmes agricoles est liée à la baisse ou à
l'excès de pluviométrie, mais aussi au manque de
matériels, à la difficulté d'écoulement des
produits etc. La vulnérabilité désigne, donc, tout
à la fois le dommage et la propension à subir ce dommage
d'après le dictionnaire de l'environnement d'Armant Colin.
Ensuite, la vulnérabilité peut être
appréhendée à travers la notion d'enjeu. C'est le
degré de perte et de dommages consécutifs au déroulement
d'un aléa. Toutefois, Ce degrés de perte est lié à
l'exposition à la source de danger. L'enjeu n'est rien d'autre que la
propention à subir des pertes ou à profiter des
opportunités face à une situation. Il est de toute
évidence que les inondations dans les agglomérations urbaines
sont plus catastrophiques que si elle se déroule dans une zone
rurale.
En outre, la vulnérabilité n'est pas seulement
fonction du degré d'exposions à un choc. Elle est
influencée par la capacité de la société à
faire face. Face aux variations et changements climatiques les
sociétés humaines ont toujours cherché à s'adapter.
La recherche d'une résilience amène les communautés
à développer un certain nombre d'initiatives. Ces
dernières sont des mesures qui peuvent être aussi bien
individuelles que collectives, locales ou globales. Ces différentes
mesures déterminent la capacité d'adaptation, c'est-à-dire
celle de rétablir la situation normale. La résilience
désigne la capacité d'un système social ou
écologique d'absorber des perturbations tout en
13 CARE international, Analyse de la
vulnérabilité et de la capacité d'adaptation aux
changements climatiques, manuel de la vulnérabilité et de la
capacité d'adaptation aux changements climatiques.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
15
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
conservant sa structure de base et ses modes de
fonctionnement, la capacité de s'organiser et la capacité
de s'adapter au stress et aux changements14.
Enfin, cette capacité d'adaptation ou de
résilience ne dépend pas seulement du choc. Elle est liée
aux aspects physiques et sociaux de la société. C'est dans ce
sens qu'on parle de vulnérabilité biophysique et
de vulnérabilité socio économique. La
première dépend du climat et des variations y afférentes
et la seconde du cadre de vie et des moyens disponibles pour faire face aux
éventuelles menaces. Le séisme qu'a vécu la Haïti en
2010 est beaucoup moins puissant que ceux qui se produisent au Japon mais les
effets sont plus dramatiques dans le premier cas. Néanmoins, il n'est
pas dit que la pauvreté est fonction de la vulnérabilité.
Au niveau des populations des PVD, il se développe des pratiques et
stratégies d'adaptations endogènes et traditionnelles qui peuvent
être efficaces pour une bonne résilience.
III. Stratégies locales d'adaptation
La stratégie est définie comme une
manière d'organiser un travail, une action, pour arriver à un
résultat. La stratégie de l'entreprise est, au sens strict, les
grandes orientations de celle-ci, ses choix de développement dans un
environnement de marché donné et compte tenu de ces ressources et
de ses compétences propres15.
En ce qui concerne le concept d'adaptation, il s'agit de
l'appropriation d'un système aux conditions internes et externes de
l'existence ou du milieu, permettant à ce système de durer et de
se reproduire. S'adapter aux variations et changements climatiques veut dire
l'ajustement dans les systèmes naturels en réponse à des
transformations du climat actuelles ou attendues ou à leurs effets qui
atténuent les dommages ou en valorise les bénéfices. Par
ajustement on entend : changement de pratiques, de structures, de
procédures. Exemple : changer les habitudes alimentaires, diversifier
les activités, utiliser certaines variétés, pratiquer la
culture irriguée, plus grande mobilité. De ce fait l'adaptation
est beaucoup plus large que la résilience qui est définie dans le
deuxième concept. Elle a des notions connexes, capacité
d'adaptation et adaptabilité, qui seront
utilisées pour désigner la capacité de réaction
à l'évolution du climat et à ses effets.
14 Alfons P. M. Baede, Paul van der Linden, et
Aviel Verbruggen, Glossaires des contributions des Groupes de travail I, II et
III au quatrième Rapport d'évaluation du GIEC.
15 Guy FRECON, formuler une problématique,
dissertation-mémoire-thése-rapport de stage, 2e
édition, Dunod, Paris 2012, 154 p
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
16
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Mais l'adaptation n'était pas la première mesure
qui a été préconisée pour faire face aux
péjorations climatiques. La réduction de l'ampleur et du rythme
des changements du climat était la recommandation phare du GIEC aux pays
les plus pollueurs. L'atténuation des GES fut, donc, la
solution pour amoindrir le réchauffement planétaire car celle-ci
agit sur les causes. Mais l'adaptation gagne de plus en plus de terrain dans la
mesure où elle est beaucoup plus plastique16, elle concerne
plus les conséquences. Elle s'inscrit dans des échelles locales
et nationales. Ses actions sont particulièrement efficaces au niveau
rural, où les populations, habituées à l'extrême
variabilité du climat, ont acquis « une culture
d'adaptabilité et une capacité à faire face à des
situations sans cesse renouvelées. » (Mainguet,
2003)17 .
Les stratégies d'adaptation constituent un ensemble de
mesures et de pratiques combinées pour la recherche de solutions. «
Actions pérennes tirées de la combinaison de savoirs
traditionnels et de données nouvelles, de groupes ou institutions,
jugées comme étant efficaces face à un changement
»18. Ces actions peuvent être aussi bien
individuelles que collectives. Elles sont locales dans la mesure où
leurs initiatives émanent de la population sur place. Des partenaires
externes peuvent appuyer ou aussi accompagner les membres de la
communauté. Mais ces derniers sont au centre des mesures qu'ils
développent à travers des savoirs traditionnels endogènes
ou bien qu'ils ont acquis par l'appropriation d'une innovation externe.
Ces stratégies sont de nouvelles techniques de
production viable et durable qui répondent à la fluctuation du
climat et qui permettent un meilleur rendement malgré des conditions
défavorables. Ces mesures ou actions ou bien même pratiques sont,
par exemple, l'utilisation de certaines variétés plus
adaptées; la combinaison agriculture élevage ; l'utilisation de
fertilisants... C'est ce que nous appellerons les bonnes pratiques
dans cette étude. Ces stratégies
peuvent aussi être socio économiques par
la diversification des sources de revenu, la migration, le niveau de formation
etc. ceux-ci permettent au ruraux de combler les déficits de production
dans les champs. Toutefois, les mesures d'adaptation ne se limitent pas
à des actions, c'est aussi une organisation. Dans le monde rural les
regroupements des producteurs agricoles pour la défense et la
16 Inventaire des stratégies d'adaptation
aux changements climatiques des populations locales et échanges
d'expériences de bonnes pratiques entre les différentes
régions au Burkina Faso, Partenariat ouest Africain de l'Eau (GWP/AO),
Ouagadougou, Burkina Faso, septembre 2010.
17 MAINGUET, M. - L'homme et la sécheresse
- Paris, Masson, 1995 : 335 p
18 Care Internationale, Manuel d'analyse de la
vulnérabilité et de la capacité d'adaptation, Copyright
CARE 1ère édition Avril 2010 : 52 p
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
17
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
restauration des ressources et moyens d'existence par la
sensibilisation, la formation et l'incitation au changement de comportement
sont des stratégies aussi importantes que les infrastructures physiques
qui sont faites sur le terrain. Le type d'appui des instances locales et
l'accompagnement des partenaires dans la recherche d'une meilleure
résilience peuvent encourager la capacité d'adaptation. Ainsi,
ces stratégies dites organisationnelles
sont tout aussi importantes.
Cependant, toute les mesures d'adaptation ne créent pas
l'effet escompté. Les actions développées pour trouver des
solutions peuvent connaitre des échecs ou bien favoriser des effets
indésirables. L'utilisation démesurée de fertilisants pour
compenser le déficit de pluviométrie peut favoriser la
dégradation des sols et la pollution des nappes. En plus de cela, les
mesures d'adaptation peuvent être inefficaces, c'est ce qu'on appelle la
mal adaptation. Ces mesures sont en général
très coûteuses par rapport à leurs bénéfices
constatés.
Enfin vous aurez à remarquer que, dans ce document, les
termes stratégies, mesures et pratiques seront utilisés de la
même manière même s'il existe certaines différences
sémantiques.
IV. Exploitation agricole
L'Institut national de la statistique et de la
démongraphie (INSEE) en France définit l'exploitation agricole
(EA) comme « une unité de production remplissant les trois
critères suivants : produire des produits agricoles ; avoir une gestion
courante indépendante ; atteindre un certain seuil en superficie, en
production ou en nombre d'animaux ». Elle est une unité de
production (UP) ou carré dont l'activité principale est
l'agriculture. Elle est aussi une unité économique de base dans
laquelle l'agriculteur pratique un système de production pour augmenter
son profit. Le système de production est la combinaison des facteurs de
production (terre-capital-travail).
Dans l'économie d'entreprise l'exploitation agricole se
modernise et acquiert la pus part de ses facteurs de production
(matériels agricoles, engrais, pesticides, le carburant...) à
l'extérieur.
Pour l'agronome le concept d'exploitation agricole a pour
objet fondamental les relations sol-eau-plante- technique cultural-climat.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
18
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
L'économiste la voit comme une entreprise, ou partie
d'une entreprise, constituée en vue de la production agricole et
caractérisée par une gestion unique et des moyens de production
propres. Cette entreprise n'a qu'un seul but : maximiser le profit. Elle
posséde des facteurs de production qui constituent les « inputs
» et combine ses facteurs pour générer de la production
« output ». Mais, l'agriculteur peut ne pas être le
propriétaire de ces facteurs. C'est en ce sens que la FAO
considère comme EA une « unité économique de
production agricole soumise à une direction unique et comprenant tous
les animaux qui s'y trouvent et toute la terre utilisée,
entièrement ou en partie, pour la production agricole,
indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la
taille. »
Il ressort de ces différentes concidération que
l'exploitation agricole ne ce limite pas à la population qui la compose,
elle est un système de production. Ce système est composé
de l'Unité socioéconomique de base (USEB), c'est-à-dire de
la famille, de la force de travail et de l'organisation socio professionnelle ;
de l'écosystème comprennant l'ensemble des ressources naturelles
; des techniques qui sont les outils et la méthode qui sont
utilisés pour la production. Ce système de production doit avoir
un certain dynamisme et une certaine mode de fonctionnement qui lui permet
d'etre performante (efficacité, efficience, pertinence,) et durable
(adapter aux conditions climatiques, respecter les ressources naturelles, ne
pas dégrader l'environnement...).
Par ailleurs, ces EA peuvent être
catégorisées en exploitation agricole familiale et en
exploitation agricole non familiale. La seconde catégorie est
marquée, avant tout, par une recherche de profit. La première qui
fait l'objet de notre étude est caractérisée par une
gestion familiale du système de production. L'objectif premier est
d'assurer la subsistance des membres de la famille, les cultures
vivrières sont donc très présentes dans les productions.
C'est le cas des EA de la zone sud de la communauté rurale de Keur
Moussa. Par contre dans cette CR, il existe des exploitations agricoles
familiales qui s'activent dans le maraîchage avec la production de fruits
et légumes à forte valeur ajoutée. C'est le cas de ceux
qui sont rencontrées dans les zones Nord et Centre de la
communauté rurale.
Enfin, il est à noter que dans ce document le concept
d'exploitation agricole (EA) ou unité de production (UP) est
utilisé pour désigner les carrés de ménage.
cette
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
19
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
concidération est justifiée par le fait que
l'agriculture occupe la majorité des familles de notre zone
d'étude.
V. La perception
La perception est un concept polysémique. Elle est,
d'abord, définie comme une représentation intellectuelle par
Descartes qui la considère comme un acte ou une opération de
l'intelligence. Le terme est donc assez subjectif et renvoie à
l'intellect. Ensuite, le concept est pris comme une sensation de
l'extérieur qui se fait par l'un au moins des cinq (5) sens ou le
mélange de ces cinq sens. Spinoza nous donne quatre modes de perception
: « La perception par les sens », « la perception par
l'expérience », « la perception par le raisonnement
déductif » et « la perception par l'intuition ».
Aussi elle peut signifier une représentation
évocatrice de la réalité : chacun à sa perception
des choses. La perception est une faculté bio physique ou psychologique
ou bien culturelle qui relie l'action du vivant à l'environnement par
l'intermédiaire des sens (Wikipédiat). C'est donc le processus de
recueil et de traitement de l'information sensorielle ou sensible ou la prise
de conscience qui en résulte. Elle est individuelle car on ne saurait
percevoir à la place d'un autre.
En outre le recours à la perception vient de
l'idée que certains jugements ne peuvent se faire que par la personne
concernée par la chose à apprécier. De ce fait, A. Colin
considère que la recherche sur la perception du paysage montre que les
individus qui vivent un paysage en ont une connaissance plus approfondie et que
leur perception est liée également aux rapports sociaux qu'ils
entretiennent dans le territoire concerné. Ces individus s'inscrivent
dans une appréciation de l'environnement « vécu » qui
est beaucoup plus approfondi que celui « vu ». Il est de toute
évidence que les populations locales décrivent mieux les
différents phénomènes qui les gangrènent et les
solutions les plus adaptées. Car la perception comme le souligne
Socé (2008) est un acte de terrain et elle est difficilement
appréhensive par une personne étrangère19.
C'est dans ce cadre que les producteurs sont mieux à
même de décrire leur niveau de vulnérabilité face
aux péjorations du climat. Ils sont, aussi, beaucoup plus
indiqués dans l'appréciation des différentes
stratégies d'adaptation mises en place pour
19 Ndiogosse Socé, perception des
indicateurs de changements climatiques chez les populations pastorales de la
zone Sylvio pastorale : cas des communautes rurales de Thieul et de Deali,
mémoire ENEA, 2008. 125p.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
20
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
leur permettre de faire face aux effets négatifs des
variations et changements climatiques.
Enfin, la perception s'inscrit dans une démarche Botton
up. Le contraire est la méthode up down qui voudrait que les
études d'un milieu soit concoctées depuis la capitale par des
experts qui sauraient mieux décrire, caractériser ou identifier
le niveau de vulnérabilité de ce milieu et de préconiser
des solutions. Cette méthode a largement montré ses limites. La
perception est un processus « down up » qui part du producteur et
revient à lui. Ce sont eux qui identifient leur niveau de
vulnérabilité et ce sont eux qui donnent les recommandations les
mieux adaptées pour leur résilience.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
21
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Chapitre 3 : Problématique
L'analyse des stratégies d'adaptation aux variations et
changements climatiques d'une communauté a comme préalable
l'étude du niveau de vulnérabilité. Car la
résilience dépend de l'échelle d'exposition au choc et de
la sensibilité aux fluctuations climatiques.
D'une part, la majeure partie des études de
vulnérabilité considèrent les populations les plus pauvres
comme les plus vulnérables. Le Sahel où se trouve le
Sénégal est une région en proie à une
pauvreté endémique. Cette pauvreté est tout d'abord, le
fruit de la fragilité écologique. En effet, la région se
trouve dans une zone en proie à une progression du désert et
à un climat oscillant de saison en saison. Les sécheresses
répétitives accroissent la progression de la
désertification. Celles-ci combinées avec les catastrophes
naturelles (fortes pluies, périls acridiens, les érosions
côtières, éoliennes et hydriques...) fragilisent les
ressources et moyens d'existence. Si on sait que la majeure partie de la
population sahélienne dépend des secteurs en rapport avec les
ressources naturelles tels que l'agriculture on peut imaginer l'ampleur de ces
phénomènes sur le vécu. La péjoration du climat
amoindrit l'économie de la plupart des pays qui le composent et agrandit
l'insécurité alimentaire. La vulnérabilité
dans la zone est donc avant tout biophysique.
Ensuite, elle est socioéconomique car
le sous développement de cette région à d'autres facteurs
notamment économiques dûs à un retard dans la croissance.
Les pays qui la composent sont parmi les moins avancés de la
planète et l'extrême pauvreté touche 20 à 30% de la
population. Enfin, la mauvaise gouvernance est une cause sous jacente
de vulnérabilité avec la corruption, la concussion, les
inégalités de genres et dans la répartition des richesses,
les conflits etc. Ainsi l'agriculture dans cette région est
exposée à des aléas climatiques et non climatiques qui
sont les causes de ses contre performances.
D'autre part, le Sénégal est rangé parmi
les 35 pays les plus en retard dans le monde. Sa population croit à un
taux de 2,6% et est de 12,5 millions de personnes en 2012 avec 55%
constituée de ruraux. Le taux de chômage est de
10,2%20. L'agriculture reste le secteur porteur d'emplois et
supporte plus de la moitié de la population active.
20 Stratégie Nationale de
Développement Economique et Sociale, SNDES 2013-2017, novembre 2012.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
22
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Elle nourrit la grande majorité des ruraux et citadins.
Elle représente environ 16% du PIB. Et il est démontré
qu'une croissance économique portée par l'agriculture a des
allures plus importantes qu'une croissance qui découle des autres
secteurs. Elle permet d'atteindre la sécurité alimentaire et de
réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations
alimentaires.
Toutefois, ce secteur est en proie à de nombreuses tares.
Elle est
essentiellement pratiquée sous pluies. Alors que le
climat, dans cette région, est exposé à des variations
inter et intra annuelles. Il est, aussi, établi que les changements
climatiques vont toucher le Sénégal et réduire
conséquemment les bases de production et de subsistance. C'est ainsi que
la sécheresse de 1984 a fait chuter de 40% les recettes tirées de
l'arachide se qui avait compromis la mise en oeuvre de l'ajustement
d'après Diagne (2004). En plus des variations et changements
climatiques, l'agriculture sénégalaise est en proie à
d'autres difficultés. Ces dernières sont entre autres la non
disponibilité de semences de qualité et en quantité
suffisante ; le manque ou vétusté des matériels, le
défaut d'innovation ; les difficultés dans la commercialisation
et la transformation ; l'inadéquation de la politique foncière ;
la faiblesse des investissements public et privé dans le secteur...
Par conséquent, on peut considérer notre pays
comme très vulnérable aux variations et changements climatiques.
Les péjorations du climat auront donc des impacts négatifs sur
les écosystèmes, sur les ressources et moyens d'existence, sur le
progrès économique et social, sur la santé et en
corrélation sur l'éducation, sur le cadre de vie...bref les bases
d'un développement durable se trouveront amenuisées. Mais la
capacité d'adaptation est elle seulement fonction du niveau de
développement et de sous développement ? Autrement dit les
communautés les plus vulnérables n'entreprennent elles pas des
actions de résilience efficaces pour faire face au climat ?
Dans un sens les communautés de base ont compris que
face aux variations et changements climatiques la plus mauvaise
stratégie est de rester sans rien faire. Dans la communauté
rurale de Keur Moussa la recherche d'une résilience de
l'agriculture a poussé les exploitations à entreprendre un
certain nombre de pratiques d'adaptation. Ces mesures aussi
bien individuelles que collectives peuvent
être classées en trois catégories :
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
23
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
y' Les stratégies organisationnelles d'adaptation
; y' Les stratégies socio économiques ;
y' Et les stratégies techniques.
Ces exploitations agricoles rencontrées dans cette
collectivité locale sont pour la plupart très sensibles aux
variations et changements climatiques. Car si pour beaucoup d'études, la
réponse aux instabilités pluviométriques est l'irrigation
et la diversification des activités socio économiques. On
retrouve dans ce terroir la combinaison quasi adéquate de l'agriculture
sous pluie, du maraîchage avec puits et/ou avec l'eau du robinet, de
l'arboriculture et de l'élevage. De plus, le commerce est très
développé avec la vente de fruits et de légumes
favorisée par la proximité avec les grands centres de
consommation que sont Dakar et Thiès. L'industrie, les mines et le
secteur artisanal sont présents dans le territoire de cette
collectivité locale. Ce qui engendre une variété et une
diversification des sources de revenus.
En outre, des mesures d'optimisation de la production par de
bonnes pratiques agricoles (stratégies techniques) sont aussi
opérées par les producteurs agricoles : l'utilisation de semences
de qualité, de variétés améliorées où
à cycle court, de fertilisation des sols, les combinaisons
agriculture-élevage, la consultation des prévisions climatiques
entre autres. La défense et la restauration du sol, des
végétaux et de la nappe d'eau sont aussi pratiquées par
les exploitations agricoles de la CR. De ce fait, des actions de lutte anti
érosifs, des campagnes de reboisements, des actions de lutte contre les
feux de brousse...sont notées dans les activités des producteurs
de la zone. Par ailleurs, l'existence de la forêt classée de Pout
sur le territoire de la communauté rurale assure la promotion de la
biodiversité et constitue un espace pastoral.
Les institutions locales (conseil rural, OCB, CLCOP...) ne
sont pas en reste dans l'effort d'optimiser le secteur agricole. Mais le
regroupement des producteurs constitue la première instance de recherche
de résilience. En effet, les agriculteurs de cette localité se
sont regroupés dans des groupements. L'un des plus importants est la
fédération « WOOBIN » qui regroupe des
producteurs dans la quasi-totalité des villages de la communauté
rurale. A travers cette fédération et d'autres organisations les
populations locales entreprennent des mesures d'adaptation et de dynamisation
de l'agriculture. Dans ce sens, la capacité d'entreprendre et
l'ouverture à l'innovation dans
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
24
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
cette communauté surtout chez les femmes est un gage
d'une bonne robustesse des systèmes de production.
Néanmoins, le secteur agricole dans cette partie de la
région de Thiès n'est pas sans problèmes. Il subit comme
dans tout le territoire national les effets négatifs de la
péjoration du climat. Les changements climatiques avec ses lots de
sécheresses, d'inondations, de réchauffement climatique, de
prolifération des maladies des
végétaux...n'épargnent pas les exploitations agricoles.
Même l'agriculture irriguée subit les effets de ces
phénomènes notamment l'augmentation de la profondeur des puits
à cause de l'abaissement de la nappe, l'assèchement des mares, la
salinisation et la prolifération des insectes ravageurs.
Par ailleurs, face aux stratégies organisationnelles
d'adaptation, la dynamique de mobilisation est souvent limitée dans
certaine partie de la CR. La recherche de résilience nécessite la
participation de toute la communauté aussi bien les hommes que les
femmes, les jeunes que les adultes, les riches et les plus
vulnérables.
En outre, les différents programmes d'adaptation
menés par les partenaires comme ENDA PRONAT manquent d'évaluation
envue de leur pérénisation. Il existe donc un déficit
d'indicateurs de mesures des performances de ces différentes actions. De
même, la capitalisation nécessaire à la reproduction et la
repliquabilité de ces interventions ne sont pas notées.
D'où la nécessité de s'inscrire dans une analyse des
différentes mesures et pratiques d'adaptation locales tout en se basant
sur la perception de la population de Keur Moussa et des différentes
structures locales et partenaires qui s'y exercent.
Ce qui précède nous amène à poser
la question à savoir : Les stratégies locales
d'adaptation réduisent elles la vulnérabilité de
l'agriculture aux effets négatifs des variations et changements
climatiques ?
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
25
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Chapitre 4 : CADRE OPERATOIRE
Cadre opératoire permet de cadrer le sujet. Il permet
de faire des raisonnements pertinents sans sortir de l'objet de la recherche.
En premier lieu, nous allons nous poser des questions. En second lieu nous nous
fixerons des objectifs à atteindre au terme de la recherche. Enfin, les
hypothèses de recherche sont des suppositions qui seront
confirmées ou infirmées à la conclusion du document.
I. Questions de recherche
1.1.Question générale de recherche
Les stratégies locales d'adaptation
réduisent-elles la perception des agriculteurs de leur
vulnérabilité face aux effets négatifs des variations et
changements climatiques ?
1.2.Questions spécifiques
? Question spécifique 1 : quelle est
la perception locale des effets des variations et changements climatiques sur
l'agriculture ?
? Question spécifique 2 : quelle est
l'efficacité des stratégies locales d'adaptation dans la
résilience des exploitations agricoles ?
II. Objectifs de recherche
2.1.Objectif général
Analyser la perception de la vulnérabilité et
l'efficacité des stratégies locales d'adaptation de l'agriculture
face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.
2.2.Objectifs spécifiques
? Objectif spécifique 1 : Identifier
la perception locale des effets négétifs des variations et
changements climatiques sur les contres performances du secteur agricole;
Dans cette objectif, il s'agit de voir la perception sur
l'évolution de la pluviométriques, de la dégradation des
sols, de la réduction du couvert végétal et de la faune
sur l'agriculture sur les rendements de l'agriculture.
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2013
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
? Objectif spécifique 2 : Analyser
l'efficacité des stratégies locales d'adaptation dans la
résilience des exploitations agricoles.
Il s'agit plus spécifiquement d'analyser les actions
developpées par les EA pour faire face aux différentes menaces
notemment : les bonnes pratiques agricoles, des mesures socio
économiques et de la mobilisation locale.
III. Hypothèses de recherche
3.1.Hypothèse générale
Les stratégies locales d'adaptation mises en place au
niveau local réduisent la perception des agriculteurs de leur niveau de
vulnérabilité face aux effets négatifs des variations et
changements climatiques.
3.2.Hypothèses spécifiques
? Hypothèse spécifique 1 : les
producteurs considèrent que les contre performances agricoles sont
imputables aux effets négatifs des variations et changements
climatiques.
? Hypothèse spécifique 2 : les
stratégies locales d'adaptation renforcent la capacité
d'adaptation et la résilience des exploitations agricoles.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
Tableau 1: représentation des variables et
indacateurs
Hypothèses
|
Variable indépendante
|
Variable dépendante
|
|
|
Indicateurs
|
|
Indicateurs
|
Les producteurs
|
aux effets
|
-retard du démarrage de la saison des
|
les contre
|
Vulnérabilité biophysique
|
considèrent que les
|
négatifs des
|
pluies
|
performances
|
-Fréquence de la croissance des plantes
|
contre performances
|
variations et
|
-Perception de séquences sèche à
|
agricoles
|
- Niveau de perte de rendement
|
agricoles sont
|
changements
|
l'intérieure des saisons -Inondations fréquentes
|
|
-augmentation de la profondeur des nappes
|
imputables aux effets
|
climatiques.
|
-augmentation de la température
|
|
-invasion des champs par des
|
négatifs des variations
|
|
-Circulation de vents violents avec
|
|
mauvaises herbes
|
et changements
|
|
des poussières
|
|
Vulnérabilité socio
économique
|
climatiques.
|
|
-baisse de la fertilité des sols
|
|
-Niveau d'éducation des producteurs ;
|
|
|
-diminution des terres cultivables
- Rétrécissement de la végétation sur
les 10 dernières années
-espèces animales en disparition -assèchement
précoce des marigots
|
|
-diminution des revenus tirés de la production agricole
;
-niveau de couverture des besoins alimentaires,
d'habillement, de santé, d'éducation
|
|
|
-Salinisation de la nappe souterraine
|
|
-augmentation de la population
|
|
|
|
|
-pression sur le foncier
|
|
|
|
|
Causes sous jacentes de
vulnérabilité
|
|
|
|
|
-Participation des femmes aux
instances locales ;
|
|
|
|
|
-Existence d'organisation de gestion des RN ;
|
|
|
|
|
-enclavement de certaines zones.
|
28
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
29
Hypothèses
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Variable indépendante
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Variable dépendante
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Indicateurs
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Indicateurs
|
les stratégies locales
d'adaptation
renforcent la capacité
|
les stratégies
locales
d'adaptation
|
Stratégies organisationnelles
-les activités pour l'adaptation de
la fédération WOOBIN et ces partenaires ; -les formations et
sensibilisations aux
|
Capacité d'adaptation
et de résilience des exploitations agricoles
|
-Les revenus tirés des activités agricoles ;
-ménages au dessus du seuil de survie ; -Niveau de satisfaction des
autres besoins des ménages ;
|
d'adaptation
|
et
|
la
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producteurs ;
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-dynamique organisationnelle pour
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résilience
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|
des
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-L'appui aux mesures d'adaptation.
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l'adaptation ;
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exploitations
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Stratégies socio économique
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-Possibilité aux femmes d'accéder à la
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agricoles.
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-la diversification économique ;
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terre ;
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-Les revenus extra agricoles ;
-existence de personnes migrantes dans les exploitations
agricoles ; -revenus tirés des émigrés ;
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-Implication des institutions locales dans les actions
d'adaptation ;
-Disponibilité de ressources financières pour
les actions d'adaptation.
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Stratégies techniques
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-Niveau d'utilisation de l'information
climatique dans les activités agricoles
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-Pratique de l'agriculture irriguée
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-Combinaison agriculture élevage et
culture sous pluie et maraichage ;
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-les actions de lutte anti érosif menées sur
place ;
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-l'utilisation de fertilisation des sols
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-utilisation de variétés améliorées
;
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-Plantation de variété à cycle court ;
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-Délocalisation des cultures ;
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-Lutte contre les feux de brousse ;
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-campagne de reboisement ;
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-Pratiques de cultures fourragères ;
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-Mesure de conservation des sols
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(jachère, amendement...).
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Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA Octobre 2013
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
DEUXIEME PARTIE : Méthodologie et
caractérisation du cadre de l'étude
I. METHODOLOGIE
La méthodologie est l'étape la plus importante
dans une recherche. Elle permet de savoir les voies et moyens empruntés
pour arriver à la production finale. Dans notre travail de
mémoire la démarche adaptée tourne autour de six (6)
étapes que sont : l'identification et la délimitation du
thème de recherche ; la préparation ; la revue documentaire ; la
mise en place des outils de collectes des données primaires ; les
enquêtes de terrains ; la rédaction du mémoire.
les difficultés rencontrées dans le
déroulement de tout le travail seront abordées.
1. Identification et délimitation du
thème
La recherche de solutions à la
vulnérabilité de l'agriculture face aux variations et changements
climatiques à fait l'objet de beaucoup de productions aussi bien des
chercheurs internationaux que nationaux. En effet, la crise du climat mobilise
autant les politiques que les scientifiques. Car tous les observateurs avertis
savent que les phénomènes climatiques présentent de
réels dangers pour la production agricole, donc à la
sécurité alimentaire.
La recherche de résilience a amené l'Etat du
Sénégal à mettre en place le PANA. Les ONG ne sont pas en
reste, l'agriculture intéressant toute les franges de la population.
Aussi, face à la vulnérabilité de leur secteur, les
producteurs commencent à développer un certains nombres de
mesures pour optimiser leurs productions.
Cependant, la multiplicité des initiatives n'est pas
souvent accompagnée d'une analyse de leur efficacité. Aussi la
capitalisation nécessaire pour une appropriation et une
généralisation des actions fait souvent défaut.
D'où la nécissité de m'appesantir sur cette
thématique.
30
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
2. Revue documentaire
Un travail de recherche sérieux ne doit pas faire fi
des productions antérieures qui ont été faites sur la
même thématique. La revue des productions antérieures est
indispensable car permettant de délimiter le sujet et de faire le point
sur l'état de l'art. Les différents documents qui ont
été consultés dans ce travail peuvent être
divisés en rapports de mémoire, thèses, ouvrages
généraux, revues périodiques, articles ou coupures de
journaux sur le net.
D'abord, notre première documentation vient du
département ATEGU avec le cours de méthodologie de recherche qui
nous a permis de cerner la conduite à tenir pour réussir notre
travail. Mon directeur de mémoire, M. Gaye m'a bonifié de
certains livres intéressants comme celui de l'Adaptation aux
impacts du changement climatique : quelles stratégies d'échanges
et de partage de l'information scientifique ?
La recherche de documents m'a amené à la
bibliothèque de l'ESEA (ex ENEA). Dans ce lieu, des publications
d'autres étudiants sur la même thématique ont
été visitées. On peut citer entre autres:
? Awa DIOUM de 2009 intitulé :
Stratégies endogènes d'adaptation aux changements climatiques
: recul des cultures sous pluie et extension de l'arboriculture associée
dans la communauté rurale de Taïba Ndiaye ;
? Ndiomgosse Socé (2009) :
Perception des indicateurs de changements climatiques chez les populations
pastorales de la zone Sylvo pastorale : cas des communautés rurales de
thieul et de deali ;
? Médoune NDIAYE (2009) :
Evaluation de l'impact des stratégies d'adaptation aux changements
climatiques sur les performances socioéconomiques des exploitations
agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass
? Marie Jeanne Senghor (2012) : Analyse
des modes d'intégration agriculture élevage dans le cadre de
l'intensification durable des systèmes de production pastoraux et
agropastoraux dans la CR de Thiel.
Ensuite, la grande bibliothèque de l'UCAD a
été visitée où le livre sur l'Economie et
Politique des changements climatiques de Sylvie Faucheux et Haitham Joumni
a été
31
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
lu. Dans cette même dynamique celles du CSE et l'ISE
m'ont beaucoup aidé dans la recherche de documents.
La source la plus importante a été l'internet.
De nombreux sites du web sont dédiés à l'environnement, la
gestion des ressources naturelles et la recherche d'une meilleure
résilience face aux variations et changements climatiques. De ce fait,
beaucoup de documents ont été téléchargés et
passés en revue. Les plus importants sont :
La documentation nationale officielle notamment le PANA, les
codes de l'environnement et agro Sylvio pastoral, la stratégie nationale
initiale de mise en oeuvre de la CCNUCC, le PANIA entre autres. Le site de CARE
international qui dispose plusieurs documents sur les changements climatiques,
la sécurité alimentaire et la recherche d'une meilleur
capacité d'adaptation des communautés de base ; le site de la FAO
où le document 2013 sur la situation mondiale de l'alimentation et de
l'agriculture a été téléchargé ; le site de
l'IPCC nous a permis de visité le rapport de synthèse sur le
bilan 2007 des changements climatiques du GEIC etc.
Beaucoup d'autres documents ont été aussi
téléchargés grâce à l'internet. Nous allons
en donner plus de détail au niveau de la bibliographie en annexe.
Ainsi, la lecture de tout ces écrits nous a pris
énormément de temps. Mais, l'effet bénéfique a
été une approche plus large de notre thème. Les lectures
sur les ouvrages spécifiques a permis un cadrage précis de notre
domaine d'intervention et une base de référence avant les
descentes pour le recueil des données primaires.
3. Collecte des données primaires
Elle a commencé avec la confection des outils de
collecte avant de terminer sur des enquêtes et des entretiens avec les
personnes ressources.
3.1. Outils de collecte des données
Notre travail est de nature qualitative et quantitative. De ce
fait, la mise en place d'outils de recueil des points de vue des
différentes personnes ressources s'avère nécessaire. Des
guides d'entretien ont été confectionnés et
destinés aux chefs de villages ; aux structures qui s'activent dans la
recherche de stratégies d'adaptation dans la zone (ENDA, WOOBIN...), au
président de la commission environnement du conseil
32
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
rural, à l'agent de l'ANCAR. Les jugements d'experts
sont très importants pour la fiabilité des informations.
En ce qui concerne les informations quantitatives, un
questionnaire ménage, destiné aux chefs des exploitations
agricoles de la communauté rurale de Keur Moussa, a été
élaboré. Il faut dire que l'enquête ménage est de
type semi-directif. Car la perception des populations sur la
vulnérabilité aux variations du climat et l'appréciation
des mesures d'adaptation font forcement appel à une manière moins
directive de recueillir les informations. La perception du climat de leur zone
fait appel à une comparaison par rapport à une durée.
Ainsi, une échelle de dix ans a été prise pour confronter
l'exposition de ces producteurs à ces phénomènes
climatiques. La durée étant relativement longue, cela permettra
à la personne interrogée de se souvenir des
événements sur une décennie.
L'observation directe est aussi un outil non
négligeable. Elle nous a permis d'avoir les premiers
éléments de réponse. L'aménageur est, avant tout,
un agent de terrain et l'observation est le premier outil de l'agent de
terrain. De ce fait, nous avons passé plus d'un mois dans le terroir
communautaire pour vérifier les informations. Au préalable deux
visites de prospection nous ont permis d'identifier les actions qui sont
menées par la population locale.
3.2. Enquêtes et les entretiens
3.2.1. Indentification des cibles
Les cibles des enquêtes ménages sont choisies
parmi les exploitations agricoles de la communauté rurale de Keur
Moussa. Il n'y pas eu l'orientation d'un projet ou d'une structure sur les
personnes devant être interrogées. Même si, la
Fédération WOOBIN, qui regroupe les producteurs des 22 villages
sur les 37 que compte la communauté rurale, nous a beaucoup aidés
sur l'identification des zones les plus exposées aux
phénomènes climatiques et qui développent des pratiques
d'adaptation. Mais le manque de données fiables, nous a poussés
à prendre comme cible l'ensemble des carrés de ménage de
la CR considérés pour chacun comme une exploitation agricole.
33
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Les cibles sont aussi des personnes morales notamment les
structures intervenant dans la CR. C'est le cas du conseil rural à
travers la commission environnement ; l'ANCAR par son agent sur place ; ENDA
Pronat par sa coordinatrice de programme dans la CR, la
Fédération WOOBIN par son président ; les chefs de village
des villages faisant parti de l'échantillonnage.
3.2.2. Echantillonnage
Notre échantillon s'est basé sur le zonage du
PLD (2010-2015) de la CR. Ce document divise le territoire de cette
collectivité locale en trois zones (Nord, Centre et Sud) selon le
critère principal de polarisation.
La base de sondage constitue l'ensemble des carrés de
la CR de Keur Moussa. Elle est de 2565 carrés répartie
disproportionnellement dans le territoire communautaire. La zone centre est
celle qui concentre plus de 64% des villages et l'écrasante
majorité des carrés. Elle est suivie par la zone nord avec 18%
des villages et celle du sud du terroir renferme16% des villages. Dans chaque
zone, les caractéristiques du milieu influencent le type d'agriculture.
Ainsi, dans la zone sud l'agriculture pluviale domine et l'arboriculture
fruitière y est rare et quant au maraîchage, il est quasi
inéxistent. Le nord est la zone maraîchère par excellence
et le centre combine le maraîchage, l'arboriculture fruitière et
les cultures sous pluies.
La représentation des caractéristiques des
exploitations pour chaque partie du terroir nous a amené à tirer
notre échantillon selon les zones identifiées par le PLD. Les
types d'agriculture qu'elle soit celle qui se pratique sous pluie ou celle qui
est irriguée ; la pratique de l'élevage ou de l'arboriculture
fruitière sont largement déterminés par l'appartenance
dans l'une des zones. Aussi, chaque zone possède des
potentialités qui permettent le développement de l'agriculture.
Mais elle renferme, aussi, des contraintes climatiques et non climatiques qui
fondent le niveau de vulnérabilité. C'est dans ce cadre que
l'échantillonnage est tiré de manière aléatoire.
En effet, l'échantillonnage s'est fait de façon
aléatoire stratifiée. Cela consiste à diviser notre base
de sondage en sous populations appelées strates. Dans ce cas de figure
les zones identifiées dans le zonage du PLD représentent les
strates. Elles sont au
34
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
nombre de trois. Un échantillon aléatoire a
été tiré à l'intérieur de chaque zone.
L'ensemble des échantillons, constitue notre échantillon
final.
Un nombre de 20% des villages pour chaque zone et 10% des
carrés de chaque village tiré a été choisi. Ce qui
fera un total de 6 villages dont les 4 sont dans la zone centre. Mais la
recherche d'une bonne représentativité et de plus de pertinence
dans l'analyse nous a amené à ajouter un (1) village dans la zone
sud. Car les effets des variations climatiques sont plus accrus dans cette
partie en raison de la dominance des cultures sous pluie et aux
problèmes de ravinement accélérés des sols. Ainsi
on se retrouve avec un échantillon de 7 villages qui est réparti
comme suit :
Tableau 2: taille de
l'échantillon
Zones
|
Villages
|
Nombre de carrés
|
Nombre de carrés
tirés
|
Nord
|
Ngoméne
|
63
|
6
|
Centre
|
Keur Guillay
|
49
|
5
|
Ndoyéne Peulh
|
21
|
2
|
Khodoba
|
111
|
11
|
Yadé
|
60
|
6
|
Sud
|
Thiambokh
|
60
|
6
|
Soune sérère
|
56
|
5
|
Total
|
7 villages
|
420
|
42
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Un nombre de 41 carrés ou exploitations agricoles ou
unité de production (UP) a été interrogé. Dans cet
échantillonnage total, 58% représentent des carrés de la
zone centre, 26% viennent du sud et le reste dans celle du nord.
3.3. Collecte et traitement des données
C'est une phase très importante du mémoire, car
durant toute la première partie nous nous sommes renfermer dans
l'environnement théorique. Cette partie consacre l'étude de
terrain. Elle a été faite sur une période d'un mois.
D'abord, les entretiens et les réunions avec les autorités
locales sont les premières actions dés notre arrivée.
Après l'acquisition de la documentation de la CR, les descentes dans les
localités nous ont
35
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
menées dans 7 villages, où des enquêtes
ménages ont été faites en plus de l'entretien avec les
chefs de villages.
Pour le traitement des données, il s'est fait avec le
logiciel Sphinx et Excel. Aussi, le traitement par SIG a été fait
pour certain type de données. L'analyse a été possible
grâce à Microsoft Word 2007. C'est ainsi que des données
quantitatives et qualitatives nous ont permis d'élucider nos
hypothèses de départ. Ces hypothèses seront
confirmées ou infirmées à l'issu de l'analyse.
3.4. Photos et cartes
Ces supports visuels sont aussi explicites que les mots pour
décrire et caractériser l'état du milieu et ces
changements. Les cartes sont faites par le logiciel Arcview. Quant aux photos,
elles sont prises sur place lors des visites de terrains. Ces supports sont des
moyens de vérification et d'illustration des informations qui aident
à la compréhension du document. Ils revêtent aussi un
aspect esthétique très important pour la présentation du
rapport.
4. Difficultés rencontrées
Tout travail de recherche implique forcement des
difficultés. Dans le cadre de ce mémoire les principales
difficultés sont d'ordre matériel et aussi de temps.
D'abord, la CR de Keur Moussa présente un certain
nombre de contraintes liées à l'enclavement de certains villages
à cause du manque de routes praticables, surtout pendant la
période pluvieuse. L'autre difficulté est d'ordre financier.
Notre étude s'est faite sans une structure encadreur. Les moyens
financiers devant être mobilisés pour les déplacements et
la vie au quotidien sur place ont été personnels. Ensuite, les
difficultés sont liées au temps nécessaire à
l'élaboration de ce type de document. Le mémoire à l'ESEA
se fait pour une durée de 4 mois. Ce délai doit être revu
pour plus d'efficacité dans le travail.
36
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
II. CARACTERISATION DU CADRE DE L'ETUDE
La communauté rurale de Keur Moussa renferme un certain
nombre de caractéristiques propres. Sa position d'intermédiaire
entre les grandes agglomérations de Dakar et de Thiès
présente beaucoup d'avantage en termes d'accès, de flux
commerciale et financier. Mais aussi des inconvenants dus à
l'étalement des deux grandes villes qui grignote de plus en plus sur le
territoire de la CR.
La caractérisation de cette collectivité locale
nous amène à présenter, d'abord, le cadre administratif,
ensuite les éléments physiques du milieu et enfin la situation
socio économique. Cette partie est essentiellement tirée du
diagnostic du PLD (2010 - 2015) de la CR et du PRDI de la région de
Thiès (2002).
1. Présentation administrative
La Communauté rurale de Keur Moussa se situe dans la
région de Thiès, dans le département et l'arrondissement
du même nom. Elle a été créée par la
réforme de la décentralisation de 1972 avec l'érection des
communautés rurales comme collectivité locale de base. Elle est
le siège de l'arrondissement qui regroupe la CR de Fanden, la CR de
Djender et Keur Moussa.
37
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
Carte 1:localisation et situation administrative
de la CR
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Elle est limitée au Nord par les Communautés
Rurales de Diender et Mont Rolland, à l'Est par la commune de
Thiès et la Communauté Rurale de Fandène, au Sud par les
Communautés Rurales de Diass et de Notto Diobass et à l'Ouest par
les Communautés rurales de Yenn et de Sangalkam.
Son territoire était de 222km2. Mais son
espace est de plus en plus réduit à cause de l'implantation de
nouveaux projets gouvernementaux. Le nouvel Aéroport International
Blaise Diagne (AIBD) occupe une partie de la zone sud. Aussi, le prolongement
de l'autoroute à péage entre Diamniadio et Mbour occupe une
partie du territoire de la CR dans la même zone. Ainsi, certains villages
ont été déplacés dans d'autres espaces. Par
ailleurs, des 222km2, il faut enlever la commune de Pout qui est une
collectivité locale différente et qui occupe une partie de la CR.
Il échappe aussi des prérogatives de Keur Moussa les forêts
classées de Pout et de Mont Rolland. Tout ceci devrait amener à
reconsidérer cette superficie car elle est de plus en plus
réduite.
2. Caractéristiques physiques
La situation physique présente les aspects
climatologique, pluviométrique, géologique et
pédologique.
2.1. Le climat
La température de la zone est relativement douche
à cause de l'influence de la mer. Avec une moyenne de 20°C entre
les mois de décembre, janvier et février et 32° durant les
mois d'été cette température subit l'influence de la mer.
La CR de Keur Moussa est aussi proche de la grande côte que de la petite
côte avec des vents qui influencent le climat. On note trois types de
vents :
? Les alizés maritimes qui sont des vents frais et
assez chargés en humidité qui soufflent entre décembre et
février ;
? L'harmattan, un vent chaud et sec qui souffle d'Est en Ouest
entre mars et juin ; ? La mousson, qui amène les pluies et qui souffle
du Sud-Est au Nord-Ouest, est un vent chaud chargé d'humidité.
Elle souffle de juin à octobre.
Ces vents présentent de réels avantages pour la
production horticole. Car une partie de la CR se trouve dans la Niaye qui est
une zone maraichère par excellence.
39
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
2.2. La pluviométrie
La Communauté Rurale de Keur Moussa appartient à
la zone de climat sahélo soudanien caractérisé par
l'alternance de deux grandes saisons : celle des pluies et celle dite
sèche. Les jours de pluies sont enregistrés essentiellement entre
Juin et octobre.
La pluviométrie est un facteur de production qui joue
un rôle important dans la communauté rurale de Keur Moussa
où les populations vivent essentiellement des produits agricoles. En
effet, l'agriculture dans cette localité est la principale
activité et cette agriculture est en majorité pratiquée
sous pluie. Ces populations agricoles sont continuellement en quête des
premières pluies, et n'hésitent pas à semer leurs grains
en espérant impatiemment l'arrivée de celles-ci, ce qui confirme
à suffisance que la pluie est un élément capital à
la production.
40
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
Figure 1: pluviométrie des vingt dernières
années
400
700
600
500
300
200
100
0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2007 2008 2009 2010 2011 2012
Hauteur
Nombre de jours de pluies
Source :Commission Environnement du
conseil rural de Keur Moussa
Conception : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
41
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
La moyenne de la pluviométrie sur les deux
dernières décennies est de 448 mm pour 26 jours de pluie. Cette
pluviométrie peut être considérée comme faible par
rapport aux décennies précédentes. En effet, cette baisse
de la pluviométrie est due à une baisse sensible de celle
nationale marquée par un glissement des isohyètes du nord vers le
sud. Néanmoins, « depuis 2000 on assiste à un retour
plus ou moins à la normale. Mais ceci n'est pas une indication certaine
de la fin du cycle de sécheresse »21.
En plus dans cette localité, la pluviométrie
affiche une variabilité spatio-temporelle très importante. On
assiste à des années où les pluies peuvent s'étaler
sur 5 mois et des années où elles se limitent à trois
mois. C'est le cas en 1997 par exemple où nous avons noté 5 mois
de pluies à l'opposé 2004 n'a enregistré quasiment que
3mois de pluie.
On note aussi une tendance à la baisse des
précipitations avec une importante variabilité interannuelle des
pluies. Cette variabilité des pluies va rendre difficile les
prévisions du climat et donc celle de ces impacts.
L'influence de la température et de la
pluviométrie a fait naitre 4 quatre saisons traditionnelle à la
quelle des types d'activité agricoles sont dédiées :
Tableau 3: calendrier culturale de
l'année
Mois
Saisons
|
Jan
|
Fev
|
Mar
|
Av
|
Mai
|
Juin
|
Jui
|
Aou
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Dec
|
Cooron
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Noor
|
|
|
|
x
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
Naweet
|
|
|
|
|
|
|
x
|
X
|
X
|
|
|
|
Lolli
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Le « Noor » est la saison qui part de
décembre à février. Il est caractérisé par
une température fraiche moyennent les 20° C. On note aussi les
rosées du matin, très
21 CSE, Rapport sur l'état de l'environnement
au Sénégal, édition 2010
42
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
importantes pour la croissance de certaines espèces du
maraîchage. Après le Noor, c'est le « Cooron » qui est
marqué par une élévation de la température et
l'asséchement des herbes. Ensuite, la saison pluvieuse coïncide
avec le « Nawet ». C'est la saison des activités
champêtres avec des températures au maximum. Enfin, le «
Looli » est la période transitoire entre le « Nawet » et
le « Noor ». Il est caractérisé par la
commercialisation des cultures sous pluies. Les fortes rosées matinales
et la température élevée participe à la
maturité des jeunes plants.
2.3. Le relief
Le relief de la CR de Keur Moussa est assez accidenté.
Il fait parti du massif géologique du plateau de Thiès. Il est
donc assez accidenté. En effet, le Plateau de Thiès constitue un
ensemble qui part d'une crête centrale qui parcourt le Plateau du Nord au
Sud (toute la zone des forêts classées de Mont Rolland, de Pout et
de Diass) et à partir de laquelle, se sont formés trois
principaux bassins versants qui influencent toute la zone environnante, dont
les deux touchent le terroir de la communauté rurale :
? L'ensemble de « Mont Rolland » qui occupe
l'essentiel du territoire de la communauté rurale (toute la partie Est
du Nord au Sud) et qui alimente le Lac Tanma;
? L'ensemble dit « de Kissane », qui touche le sud
et le Sud Ouest de la communauté rurale avec une incursion jusqu'au
village de Keur Moussa et qui influence le régime des lagunes de la
petite côte de Sendou à Saly.
Cette accidentalité du relief est surtout le fait de
ravins et vallées fossilisés qui strient le terroir de la
Communauté Rurale, en partant de la crête du plateau, surtout dans
sa partie Est, tout le long des forêts classées de Mont Rolland et
de Pout (c'est la zone où on trouve l'essentiel des mares). Au Nord, ces
vallées se dirigent toutes vers le Lac Tanma qu'elles alimentent, alors
qu'au Sud, elles se dirigent vers la Communauté Rurale de Diass.
Cette présence de vallées favorise le
ruissellement des eaux du sud vers le lac Tanma. Ceci est l'une des causes du
ravinement dans la zone sud. Aussi le déboisement de la forêt pour
les besoins de l'agriculture et d'installation de l'habitat et des
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
infrastructures renforce ce phénomène. Dans la zone
nord, les vallées sont la cause principale de l'enclavement pendant la
saison des pluies. Surtout dans la partie nord-est caractérisée
par des pistes défectueuses et impraticables.
2.4. Les sols
Les types de sol que l'on rencontre dans la CR sont : les sols
« deck », « dior », « deck-dior » et
latéritiques.
Carte 2: carte des sols de la CR
Cette situation est caractérisée par la
configuration du relief. Au niveau de la partie Est de la CR on retrouve des
sols lourds favorables à l'agriculture sous pluie. Au niveau de la zone
du Lac Tanma et des mares temporaires on retrouve des sols hydro morphes de
texture argilo-humifère. Ces sols sont lourds et très difficile
à remuer. Mais ils sont riches et favorable aux cultures de contre
saison.
Dans les espaces des forêts classées de Pout et
de Mont Rolland, les sols sont de type ferrugineux tropicaux peu
lessivés (sol Deck, de texture argilo-sablonneuse) qui sont aptes aux
cultures sous pluies comme l'arachide et les céréales. En dehors
de ces
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
zones de bas-fonds et des forêts classées, le
reste du territoire est occupé par des sols ferrugineux tropicaux
lessivés (Dior). On les retrouve sur toute la zone de Keur Moussa, de
Touly à Kessoukhat en passant par la zone de Tougouny. On en trouve
aussi dans la zone de Niakhip, jusqu'à Ndeuye et Ngomène.
On retrouve aussi un sol Deck-Dior dans les zones tampons
entre les zones de sol Deck et les celles de Dior, l'érosion faisant que
les deux types de sols « mères » se mélangent. Au
niveau de la zone de Lène, Touly, Soune, Thiambokh etc., l'affleurement
d'un socle dur montre que ces sables et sols gréseux reposent sur une
cuirasse ferrugineuse.
2.5. La végétation
La végétation est constituée par les
espèces ligneuses et non ligneuses. Le taux moyen de couverture
végétale dans la CR est estimé à 16%. Les
espèces qui présentent les taux de couverture les plus
élevés sont successivement Acacia seyal (7,5%), combretum
micrathum (4,5%) et Acacia macrostachia (4%) et le taux de couvrement ligneux
faible s'explique par la structure du peuplement constitué exclusivement
d'arbustes dont la hauteur varie de 1 à 5 m. les plus forte couverture
d'espèces ligneuses sont surtout notées dans les forêts
classées et le long des vallées. Selon le PLD de la CR, le taux
de mortalité des espèces ligneuses qui est l'indicateur d'un
couvert végétal dégradé est évalué
à 58,3 % par rapport à la période 19501970. Ce taux cache,
cependant, des disparités spatiales, car il est plus prononcé
dans la zone Nord où il a atteint 80 %. Les zones Centre et Sud ont
enregistré des taux de mortalité de 60 % et 70 % comparativement
à la période de référence. Selon toujours ce
document, la densité ligneuse est estimée à 46,6%
comparativement à la situation de référence
identifiée pendant la période 1950-1970, soit une baisse de 53,3
%. La diversité floristique est de 40 %. Le recouvrement aérien
et la couverture spatiale globale sont évalués chacun à 35
% et ont donc baissé de 65 % à l'échelle de la
communauté rurale.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
2.6. La faune
Carte 3: forets classées de la
CR
Le peuplement naturel de la CR est, actuellement, en net
baisse. Comparée à la période 1950-1970, la richesse
faunique a baissé de 53,3 % à l'échelle de la
communauté rurale. Cette diminution des animaux sauvages est le fruit de
diverses pressions de l'homme, les sécheresses avec la disparition
prononcée du couvert végétal sont aussi des facteurs de ce
phénomène. La diminution de la diversité faunique n'est
pas identique dans tout le territoire de la CR. En ce qui concerne la taille de
la population, elle est aujourd'hui très faible, elle représente
50 % de ce qu'elle était pendant la période de
référence du PLD. Cette baisse est plus prononcée dans la
zone Nord où la colonisation des terres détruit les habitats
naturels des animaux. Aussi, dans les forêts classées la
disparition est essentiellement due par la chasse, la commercialisation de la
peau de certaines espèces, le manque de contrôle, la mise en place
de nouvelles usines ...
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
2.7. L'HYDROGRAPHIE ET L'HYDROLOGIE
Carte 4: réseau hydrographique de la
CR
La CR de Keur Moussa dispose des eaux de surface et des eaux
souterraines. Ces eaux de surface sont divisées en fonction de leur
durée de stagnation. On distingue, de ce fait, les eaux permanentes et
les eaux temporaires. La seule sources d'eau permanente est constituée
par le Lac Tanma. Mais ce dernier subit les effets de la variation climatique
et des pressions anthropiques et se dessèche quelque mois après
la fin des pluies. Il fonctionne actuellement comme une source temporaire.
Les mares temporaires sont éparpillées dans
toute la CR. Elles sont très concentrées dans la zone sud
où on trouve une bretelle de mares dans les environs de Palal, Gappe,
Lène et Thiambokh. Ces mares ont une durée de vie plus ou moins
courte. Mais permettent d'abreuver le bétail pendant une période
de l'année (les premiers mois de la saison sèche). C'est dans
cette zone que l'on retrouve la mare de Thiawel qui a une durée de vie
qui peut aller jusqu'à huit mois. Dans la partie nord où se situe
le lac Tanma notamment dans les villages de Seune à Ndeuye, on note
l'existence de mares assez importantes qui ont de bonnes capacités de
rétention à cause de la présence du lac et l'affleurement
de la nappe. Dans cette zone, toutes les
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
grandes mares ont des capacités de rétention
dépassant trois mois (on en dénombre trois) et sont des zones de
culture plutôt que des zones d'abreuvement du bétail.
En ce qui concerne l'hydrogéologie, la profondeur de la
nappe phréatique est variable sur le territoire de la Communauté
Rurale. La CR se trouve en aval des plateaux de Thiès et subit les
effets de ruissellement et d'infiltration causés par ces massifs. C'est
ce qui explique le fait que la partie nord connait une nappe plus faible du
côté du lit majeur du Lac Tanma (moins de 10 m aux abords du Lac
et jusqu'à 25 m un peu plus en hauteur) et au niveau des vallées
(de 20 à 40 m). Mais la profondeur des nappes peut atteindre les 60 m au
Sud de la Communauté Rurale. Ce qui fait que dans cette partie le
maraîchage avec puits est rare. L'accès difficile à l'eau
de la SDE fait que les champs maraichers sont presque inexistants. Aussi,
d'après le PLD, le niveau de turbidité est estimé à
86,6 % par rapport à la période de référence qui
est 1950-1970.
3. Situation socio économique
La situation socio économique traite des aspects
liés à la démographie, aux activités
économiques, aux différents équipements et infrastructures
de la communauté rurale.
3.1. Le profil démographique
C'est la photographie de la population d'une localité
à une période donnée. Dans la CR de Keur Moussa, elle est
actuellement estimée à 43 102 habitants. C'est une population
très forte que l'on rencontre dans cette CR comparée aux autres
collectivités locales de même statut au Sénégal.
Cette forte population est due à une urbanisation
accélérée.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Carte 5: la densité de la population de la
CR
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
La CR de Keur Moussa fait l'objet de nombreuses convoitises
à cause de sa proximité aussi bien de Dakar, Mbour que de la
ville de Thiès. Elle est à équidistance de ces trois
grandes agglomérations. Elle est, donc, une zone d'extension de ces
capitales.
Keur Moussa a tout de même sa dynamique propre. La
richesse de son sous sol attire des usines de Mines et des cimenteries. Les
potentialités de sa nappe et la nature de son sol font que des
investisseurs sont de plus en plus motivés dans la création de
vergers, surtout dans la zone centre qui regroupe les deux tiers de la
population totale de la Communauté rurale et occupe environ la
moitié de la superficie de la CR. Tous ces usines attirent des ouvriers
qui on tendance à chercher des logements où bien même une
propriété pour s'implanter définitivement dans la CR. Dans
le sud, l'implantation de l'AIBD a fait déplacer certains habitants et
la construction de nouveaux logements pour le recasement de villages entiers.
Cette zone connait aussi une forte pression démographie à cause
de cette infrastructure structurante.
Par ailleurs, la population de la Communauté Rurale est
composée de sérères à 63%, de wolofs à 30%
et de Peulhs à 7% répartis selon les zones. La religion musulmane
domine avec la présence des différentes confréries du
Sénégal. On note la présence d'une communauté
chrétienne surtout dans les villages de Keur Moussa et de Keur Guillay
à cause de la présence des deux monastères et du couvent.
La célébrité de l'Abbaye de Keur Moussa attire dans la
zone une forme de tourisme religieux. L'implantation de service de base comme
les postes de santé dénommée « keur soeur »
participe à la promotion de la santé des populations.
3.2. Les activités économiques
3.2.1. Agriculture
Une partie du territoire de la communauté rurale de
Keur Moussa est située dans la zone des Niayes. Cette région agro
écologique renferme d'énormes potentialités agricoles. La
CR se caractérise, d'abord, par la forte présence de
l'agriculture sous pluie. Surtout dans la partie sud où le manque d'eaux
pousse les producteurs à se limité aux cultures de saison. Les
spéculations cultivées sont l'arachide, le mil, le mais... Mais,
la variabilité de la pluviométrie, les changements climatiques,
l'urbanisation galopante...sont autant de phénomène qui causent
des contre performances dans la production. En plus l'arachide est de plus en
plus délaissée au profit du manioc et
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
d'autres spéculations. Les difficultés de
commercialisation et les saisons de faible pluies en sont les raisons de se
délaissement.
Ensuite, la zone est un important pole de production
maraîchère. C'est une activité qui est plus
pratiquée dans les zone centre avec la disponibilité de l'eau de
la SDE et des puits et la zone Nord avec l'affleurement de la nappe. Mais, les
nappes dans cette zone sont aussi exposées à la salinisation et
l'augmentation du niveau piézométrique. La pression
foncière est aussi un problème pour les exploitations
généralement de type familiale. La convoitise dont fait l'objet
cette zone pousse certains à vendre leur terre aux plus nantis.
L'arboriculture fruitière est, enfin, fortement
présente dans le territoire de la CR. Cette partie de la région
de Thiès est propice à ce type d'exploitation de la terre. Les
arbres les plus plantés sont le manguier, le citronnier, l'oranger etc.
Cette pratique profite beaucoup aux populations de Keur Moussa surtout les
femmes « banas banas ». La vente de fruit le long de la route
nationale numéro 2 est une source de revenus non négligeable pour
ces femmes.
3.2.2. Industrie, Mine et artisanat
Des activités industrielles et minières sont
notées puisque la CR renferme des ressources naturelles très
importantes. La richesse de son sous sol est du à sa proximité
avec la crête du plateau de Thiès qui est riche en calcaire. C'est
pourquoi son territoire renferme des exploitations minières au niveau de
la forêt classée de Pout. Ces exploitations sont entre autres des
carrières de latérite, du phosphate, du calcaire, du gré,
du basalte et de l'argile. Cette activité minière participe
à la diminution du chômage dans la zone, redynamise le secteur du
commerce et du logement et contribue au désenclavement de certains
villages par la construction de pistes de production. Concernant l'industrie,
nous avons l'implantation de certaines usines comme : SISMAR qui fabrique du
matériel agricole, SIGELEC qui se spécialise dans la fabrication
de pile électrique, la SENAC qui produit des ardoises, les cimenteries
comme celle de Dangoté.
L'artisanat est surtout présent dans la zone centre de
la CR. Les zones nord et sud ne disposent presque pas d'atelier d'artisans
appart ceux de réparation des matériels agricoles. Les
métiers les plus présent sont : la couture, la menuiserie, la
mécanique, la boulangerie...
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Des centres de formation aux métiers existent à
Keur Moussa, Ngoméne, Santhie Sèrère. Ces centres sont
destinés aux femmes et visent à leur offrir des formations en
artisanat (couture, transformation des fruits, teinture etc.)
La présence de ces usines et mines participent à
la diversification des activités et à l'amélioration des
revenus dans la zone. L'artisanat, même si elle est encore à un
degré moindre, joue un rôle dans l'économie locale.
Toutefois, le manque d'usine de transformation des produits
alimentaires est à déplorer. Avec toutes les fruits et
légumes que produit la zone la présence d'un tel
établissement participerait à redynamiser l'agriculture en
général et l'arboriculture fruitière en particulier.
3.2.3. Commerce et transport
La position favorable offre à la CR de Keur Moussa une
zone où le secteur commercial peut réellement prospérer.
Ce secteur est très présent dans la zone centre sur l'axe «
kilomètre 50 »-Pout. La vente des fruits et légumes
représente la plupart des pratiques commerciales, surtout chez les
femmes. En effet, ce sont les femmes qui vont, en période de
mûrissement des produits horticoles, acheter des fruits et légumes
au niveau des exploitations pour les revendre en gros ou en détail au
niveau des marchés locaux (Pout, Km50) ou dans les grandes villes
environnantes (Dakar et Thiès). Sur la Route Nationale, la vente en
détail est essentiellement destinée aux voyageurs de passage sur
cet axe. Elle permet aux femmes qui s'y activent d'avoir des revenus pouvant
aller jusqu'à 75 000 francs CFA par saison.
L'activité commerciale est accompagnée par celle
du transport. Ce secteur emploi beaucoup de jeune dans la CR. Certains sont
chauffeurs de « taxi calando » où de car, d'autres sont
apprentis dans les car « ndiaga ndiaye ». Certaines familles
disposent même de car de transport en commun. Cette pratique est
très rependue dans les villages centres comme Keur Moussa, Khodeba...
Le commerce et le transport sont aussi des secteurs qui
permettent de diversifier les sources de revenu. Ils permettent à de
nombreux jeunes de trouver du travail afin de joindre les deux bouts. Ils sont
aussi des vecteurs d'investissement dans l'agriculture,
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
dans la mesure où la plupart des propriétaires
de car de transport en commun sont des agriculteurs.
3.3. Dynamique organisationnelle
La population de la CR de Keur Moussa est à
majorité jeune. Ces jeunes se regroupent dans des ASC pour des
activités sportives et culturelles. C'est ainsi, qu'on compte 33 ASC
dans l'étendue de la CR. Mais, ces regroupements de jeunes se limitent,
pour la plupart, aux tournois de football. Aussi, même avec une bonne
capacité de mobilisation, on note l'inexistence de foyers sur toute
l'étendue de la communauté rurale. Egalement la subvention du
conseil rural est jugée insuffisante.
En plus de ces organisations de jeunes, on retrouve dans
certains villages de la CR des CVD. Ces regroupements de villageois jouent le
rôle de société civile locale. Ils sont des
intermédiaires entre les structures publiques, les partenaires
privés et la population locale. Ils veillent aussi au bon fonctionnement
des activités au sain du village. Toutefois, tous les villages ne
disposent pas de ce type d'organisation.
Les producteurs agricoles sont regroupés dans des
Organisation de producteur (OP). Ces organisations sont des réunions
d'agriculteurs d'un ou de plusieurs villages. Ces organisations sont
chargées de défendre les intérêts de ces membres
dans les différentes campagnes de distribution des semences par exemple.
Elles sont de véritables cadres de formation des producteurs, à
travers des campagnes de formation et de vulgarisation de nouvelles techniques
agricoles initiées par certaines ONG ou sur l'initiative des OP. Ces
dernières sont fédérées dans un cadre plus globale
appelé Comité Local des Cadres d'Organisations de Producteurs
(CLCOP). Cette fédération des organisations de producteur est
l'instance locale des agriculteurs qui est chargé d'agréger les
préoccupations des producteurs et de s'ouvrir aux éventuelles
partenaires. Le CLCOP est chargé d'identifier les différentes
contraintes des producteurs et de rechercher des possibilités de
solutions. Pourtant, tous les agriculteurs ne sont pas présents dans
cette instance. Surtout les grands producteurs étrangers qui
possèdent de grands vergers.
En outre, la recherche d'une meilleure optimisation de la
production agricole a poussé les producteurs de cette CR à se
regrouper dans une organisation dénommée WOOBIN. Cette
dernière est une fédération des producteurs des 22
villages sur les 37 que compte la CR. Cette fédération est
très dynamique dans la zone avec des activités
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
de formation des agriculteurs sur les nouvelles innovations
pour une agriculture saine et durable ; de plaidoyer contre l'accaparement des
terres ; des activités de lutte contre les érosions par des
actions de lutte anti érosive entre autres.
Enfin, dans la CR on retrouve des APE dans les villages qui
possèdent des écoles ; des GPF très active dans la
commercialisation des produits maraichers etc.
3.4. Equipements et Infrastructures
Keur Moussa peut être considérée comme une
zone de périurbanisation. Les infrastructures et équipements
propre à une ville sont, de ce fait, présents dans les villages
comme ceux du centres et ceux qui longent la route nationale. Sur le plan de
l'accès aux services sociaux de base la communauté rurale n'a pas
beaucoup à envier aux autres collectivités de même statut.
On retrouve dans le territoire communautaire des infrastructures sanitaires,
éducatives, hydriques, de communication...La communauté rurale
regorge beaucoup d'équipements et infrastructures qui sont
constitués :
D'infrastructures de télécommunication
composées d'un réseau câble de la SONATEL pour les
téléphones fixes et l'internet et des réseaux mobiles
(Orange, Tigo, Expresso) ;
D'infrastructures électriques étendues sur 13
villages ;
De structures sanitaires composées de 02 postes de
santé, un à Soune Sérère et un à Keur Moussa
village et de 16 cases de santé dont 03 non fonctionnelles ;
D'infrastructures routières : la localité est traversée
par la RN2, la route secondaire goudronnée Km5O-kayar, la route
latéritique Pout-aéroport Blaise Diagne et quelques pistes
latéritiques inter villageoises ; D'infrastructures et
d'équipements hydrauliques : le site est alimenté en eau par une
addition de la SDE et des forages privés. Le réseau hydrique est
constitué de 65 bornes fontaines dont 03 non fonctionnelles et 60 puits
dont 33 non fonctionnels.
D'équipements scolaires : la communauté rurale
compte 30 écoles élémentaires dont une privée, 02
CEM une à Soune Sérère et une à Keur Moussa et 15
écoles arabes toutes fonctionnelles.
D'une maison communautaire avec deux magasins de stockage.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES
RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
Chapitre 1 : CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS
La caractérisation des producteurs présente les
aspects qui influencent le niveau de vulnérabilité des
exploitations agricoles. De ce fait, la population des ménages, la
répartition par sexe des chefs de ménage et le niveau
d'instruction de ceux-ci seront abordés dans cette partie.
I. Population des exploitations agricoles
Dans cette communauté rurale, la moyenne est de 15
individus par exploitation agricole. Ce nombre est très important. En
effet, cette collectivité locale est caractérisée par une
densité très forte. Elle est de 194 habitants/km2.
Mais le nombre de personne par ménage est variable et dépend de
la zone où l'on se trouve.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 2: nombre d'individus par
ménage
[16 et plus[
[14 - 16[
[12 - 14[
[10 - 12[
[8 - 10[
[6 - 8[
Total
-6
0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00% 120,00%
|
|
|
|
39,00%
|
|
|
|
19,50%
|
|
14,60%
|
4,90%
|
|
|
|
|
|
|
12,20%
|
|
|
|
7,30%
2,40%
|
|
|
|
|
|
|
Nombre d'individus par menage
100%
Pourcentage des ménages
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Les ménages qui ont une population de moins de 6
personnes ne représentent que 2% de l'effectif enquêté.
Aussi, les maisons de petites tailles, c'est-à-dire, comprises entre [6
- 8[, [8 - 10[, [10 - 12[, [12 - 14[ individus sont peu nombreux. Ce qui
démontre la concentration humaine au niveau de ce terroir. D'autant plus
que 39% des ménages renferment plus de 16 individus. Ces ménages
ont souvent une population comprise entre 16 à 25 individus et qui peut
aller même jusqu'à 30.
La forte densité dans cette CR se fait au
détriment de l'espace agricole. Ce territoire subit l'urbanisation et
l'occupation de ces champs de culture et de ces espaces de parcours du
bétail pour des besoins d'habitats et d'équipements. En effet, la
CR de Keur Moussa peut être prise comme le parfait exemple de la
problématique de la périurbanisation dont subit certaines
localités proches de grande agglomération. La proximité
avec les grands centres urbains que sont Dakar et Thiès, en fait une
zone de conurbation. Ceci est illustré par l'implantation de nouveaux
occupants. Le flux démographique est favorisé par l'implantation
des grands projets de l'Etat dans le territoire de la CR ou dans les CR
voisines. On peut citer l'AIBD, la nouvelle université de Dakar,
l'autoroute à péage... Aussi, des initiatives privées
comme l'implantation
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
d'usines ou d'exploitations minières renforcent la
dynamique démographique en dépit de l'agriculture.
II. Répartition par sexe des chefs des EA
L'analyse de la répartition de la population
enquêtée par sexe est très importante pour identifier
l'existence des facteurs d'exclusion sociale et d'inégalité
économique dans le territoire de la CR.
Figure 3: répartition de la population par
sexe
Répartition par sexe des chefs
d'exploitation
agricole
24%
76%
masculin féminin
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
La majeure partie des chefs des exploitations agricoles
rencontrés sont de sexe masculin. Ceci est sans doute du aux aspects
ethniques et culturels de la population. En effet, selon la tradition locale,
c'est l'homme qui doit être le chef de la famille. La coutume
Sérère (qui est l'ethnie dominante) dans cette localité
exclut même la femme de l'accès à la terre. Dans les
instances locales de décision, les hommes sont largement majoritaires.
Donc les caractéristiques de genre sont très défavorables
à la couche féminine qui continue à subir les
phénomènes d'exclusion sociale et d'inégalité dans
l'accès aux ressources et moyens d'existence.
L'autre caractéristique importante est le niveau
d'instruction.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
III. Niveau d'instruction des chefs des EA
Figure 4: type et niveau d'instruction des chefs
de ménage interrogés
40
70
60
50
30
20
10
0
primaire secondaire Arabe analphabéte
30
3,6
59
7
Fréquence en %
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
L'enseignement en arabe domine dans la communauté
rurale car la population de la CR est en majorité musulmane. La plupart
des chefs d'exploitations agricoles, soit à peu prés 60%, ne sont
instruits que par le coran et l'arabe. A coté de ceux-ci, d'autres ont
une formation à l'école française. Les 30% se sont
limités au niveau primaire et seulement 3,6% ont accédé au
secondaire. Ceci a des conséquences sur la sensibilité à
l'environnement et l'ouverture à l'innovation. Il est de toute
évidence que le chef de ménage instruit est beaucoup plus
prévoyant contre la dégradation des ressources naturelles et
l'utilisation de techniques d'adaptation aux changements et variations
climatiques. Cet état de fait est d'autant plus préoccupant que
7% de ceux qui ont été interrogés se sont
déclarés analphabètes.
Conclusion partielle
Les caractéristiques des ménages montrent qu'ils
pourraient être très vulnérables à cause du niveau
de concentration très fort de la population, des
inégalités de genre et de la faiblesse du niveau d'instruction.
Mais ces ménages perçoivent ils leurs
vulnérabilités ?
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Chapitre 2 : PERCEPTION LOCALE DE LA VULNERABILITE DE
L'AGRICULTURE
La vulnérabilité de l'agriculture, nous l'avons
vu, dépend non seulement des caractéristiques socio
économiques, mais aussi des aspects climatiques. L'étude de la
vulnérabilité dans cette partie est essentiellement basée
sur la perception locale des phénomènes environnementaux. D'abord
l'analyse concernera la perception des indicateurs bio physique, ensuite les
causes sociales de vulnérabilité.
I. PERCEPTION PAR LES PRODUCTEURS DE LA
VULNERABILITE BIO PHYSIQUE
1.1. Les fluctuations de la pluviométrie sont
responsables des contre performances agricoles
Les variations de la pluie sont des facteurs de la diminution
des rendements agricoles dans les exploitations agricoles.
1.1.1. Une importante variation inter annuelle et intra
annuelle des pluies
Dans notre pays, la pluie constitue la source d'eau la plus
utilisée dans les activités agricoles. Donc, la performance de la
production dépend, en grande partie d'une bonne pluviométrie en
quantité et dans sa répartition sur le temps et sur l'espace. La
communauté rurale de Keur Moussa dispose d'une pluviométrie en
proie à une variation entre les saisons et au sein même des
saisons. Du moins, c'est ce qui ressort des différents constats des
agriculteurs trouvés sur place.
59
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 5: perception sur l'état de la
pluviométrie durant ces dix dernières années
Repartition décennale de la
pluviométrie
36%
10%
22%
32%
Augmentation Baisse
Irrégularité
Mauvaise répartition
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Les points de vue sur les caractéristiques des pluies
sont divers. L'observation la plus rependue, faite par les producteurs est,
premièrement, une irrégularité dans la répartition.
Cette irrégularité est inter annuelle et intra annuelle. C'est
dans ce cadre que 36% des producteurs interrogés considèrent les
pluies irrégulières. Cette irrégularité se
présente par une augmentation ou une diminution des pluies. Ainsi, 32%
disent qu'il y a une augmentation de ces pluies sur ces 10 ans. Ceci se
manifeste par des précipitations plus accrues par rapport aux
décennies précédentes. Par contre, 22% considèrent
que la quantité de précipitation est en baisse par rapport aux
décennies précédentes. Dans ce même registre, 10%
des producteurs interrogés ont constaté une mauvaise
répartition des pluies. Cette mauvaise répartition se
caractérise par des arrêts définitifs ou accalmies durant
la saison ou bien des pluies de forte intensité sur une courte
durée et un arrêt définitif.
1.1.2. Effets de ces variations sur l'agriculture
Tous ces aspects ont des effets qui peuvent être
positifs, mais les effets négatifs sont plus relevés par les
populations sur place. Les conséquences d'une variation inter et intra
saisonnière de la pluie sont subis, souvent, dans le court terme par le
producteur car celui-ci dépend, le plus souvent, des conditions
pluviométriques pour produire.
60
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 4: perception locale de l'effet de la
variation décennale des pluies
Effet de la variation décennale de la
pluviométrie sur l'agriculture
|
Fréquences en %
|
Extension de la période de croissance des plants
|
29
|
Destruction des champs
|
41
|
Maladies destructrices des plants
|
54
|
Inondation des champs
|
7
|
Destruction des puits par les inondations
|
22
|
Augmentation des rendements
|
5
|
Pas d'effets sur la production
|
12
|
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
En première lieu, la plupart des répondants
notent la présence de maladies qui détruisent les champs. Ces
maladies sont le fait d'insectes et des champignons qui s'attaquent aux plants
et arrêtent leurs cycles de maturation. Ces insectes se propagent,
très souvent, dans les champs maraîchers.
Photo 1: insectes destructeurs des cultures
maraîchers
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
61
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
C'est la « mouche blanche » qui provoque plus de
dégât d'après l'agent de l'ANCAR. Et ceci pousse les
exploitations agricoles à faire des dépenses en pesticide pour
protéger les récoltes. Or ces pesticides constituent un autre
danger qui peut polluer le sol et la nappe et appauvrir dans le long terme la
terre. En plus, ces pesticides coutent, souvent, chers et ne sont pas à
l'apanage de tous les producteurs. Dans la zone sud, où c'est les
cultures sous pluies qui dominent, l'invasion de ces insectes détruit
souvent toute la récolte. Dans cette zone les cultures de subsistance
dominent. Les producteurs ne font pas souvent recours à un grand
investissement consistant à acheter des pesticides pour lutter contre
ces destructeurs. Ces champs sont donc laissés à la merci de ces
déprédateurs qui causent beaucoup de dégâts. Durant
les pauses pluviométriques, il apparait un insecte appelé
Chenille Bourrue qui s'attaque aux niébés.
L'arboriculture fruitière n'échappe pas, aussi,
aux déprédateurs. En ce qui concerne la mangue qui constitue la
plantation dominante, c'est la mouche Bactrocera Invadens (mouche des mangues
ou mouche de quarantaine) qui détruit la production. En effet, selon
l'agent de l'ANCAR, plus de 150 000 tonnes de mangues sont produits chaque
année au Sénégal, mais plus de 80% sont perdus à
cause de cette mouche.
En deuxième lieu, les pluies peuvent causer la
destruction des champs de cultures d'après 41% des réponses
données. Qu'elles soient fortes ou faibles. Si elles sont fortes, la
destruction se manifeste par les inondations de certains champs qui se trouvent
dans les parties basses. Aussi, les fortes pluies détruisent les puits
dans les villages comme Soune, Ngoméne ou Yadé : 22% des
répondants ont relaté ce fait. Si elles sont faibles, la
destruction se manifeste par des pertes de rendement et l'assèchement de
certains plants. Toutefois, la faiblesse des pluies est plus à craindre,
car elle a des impacts qui sont plus dramatiques. Elle peut réduire
conséquemment la production et par extension le revenu du producteur.
Elle a des impacts aussi sur l'approvisionnement de la nappe qui devient de
plus en plus profond.
Enfin, parmi les réponses, on note des effets positifs
liés à l'augmentation des rendements. 5% des réponses
considères que les caractéristiques des pluies sur les dix
dernières années ont comme conséquence l'augmentation des
rendements. Ceci peut être expliqué par l'amorce d'une
rémission pluviométrique observée pendant ces cinq
62
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
dernières années. Par ailleurs, 12% des
réponses n'ont pas identifié d'effets de ces modifications
pluviométriques sur les récoltes.
En somme on peut avancer que dans la communauté rurale
de Keur Moussa, la pluviométrie est marquée par une fluctuation
saisonnière et intra saisonnière. Même si durant ces
dernières années on note une amélioration des
précipitations, l'occurrence de périodes de sécheresse
avec une tendance à la baisse de la pluviométrie constitue le
trait le plus marquant du climat dans cette partie de la région de
Thiès. L'impact de ce phénomène est l'incertitude dans les
prévisions de production. La variation de la pluie constitue l'une des
causes principales de la vulnérabilité de l'agriculture. Mais, la
perception sur l'évolution de la température est un autre
indicateur de vulnérabilité.
1.2. Perception des producteurs de la température
décennale
La perception générale de la température
est son augmentation. Ceci cause beaucoup de dégâts dans les
champs.
1.2.1. Une température de plus en plus
chaude
La température est l'état sensible de
l'atmosphère qui affecte nos sens. Dans le cas de la perception locale
de la température décennale, la tendance générale,
est l'augmentation de celle-ci.
Figure 6: perception locale de la
température des dix dernières années
5%
Etat de la température
décennale
29%
66%
chaude
Moins chaude identique
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
63
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Parmi les cibles enquêtées, 66% ont senti une
température plus chaude durant ces dix dernières années.
Cette élévation de la température se manifeste par des
journées de plus en plus ensoleillées et une diminution du temps
de la fraicheur entre les mois de Décembre à Avril. Les
relevés moyens sont de 20°C entre les mois de décembre,
janvier et février et 32° durant les mois d'été.
Cette température relativement douce par rapport à
l'intérieur du pays favorise les cultures horticoles.
Néanmoins, 5% ont senti une baisse
générale de la température décennale. Cette baisse
selon eux est marquée par un rallongement de la période de
fraicheur et une diminution de l'été chaude. D'autres
producteurs, n'ont pas senti de changement. Ceux-ci représentent les 29%
de l'effectif enquêté.
1.2.2. Les effets de l'augmentation de la
température sur la production agricole
Le niveau de la température joue un rôle
très important dans la production agricole en général et
maraîchère en particulier. Les cultures horticoles ont besoin
d'une température relativement fraiche. C'est pourquoi elles se
développent plus dans les zones non éloignées de la
côte. L'augmentation des températures constitue un risque
réel pour cette activité. Cette chaleur qui est due aux
changements du climat réduit les rendements d'après les
producteurs. De même, selon les personnes rencontrées, les
changements climatiques provoquent l'action des vents qui détruisent les
champs de tomate et provoque la coulure dans la zone nord.
Cependant, pour certains producteurs l'augmentation des
températures est positive pour certaines spéculations comme
l'oignon. D'autres pensent qu'elle n'a pas d'effets sur les récoltes.
Toutefois, il convient de remarquer que l'augmentation de la chaleur est
profitable seulement pour quelques rares produits et les poussières qui
l'accompagne détruisent certains champs et font chuter les
rendements.
1.3. Les points de vue sur la qualité des sols
La terre est un facteur très important pour la
production. En effet, la qualité du sol peut être un
déterminant pour un bon rendement. De même sa dégradation
peut causer des contre performances à l'activité agricole. La
perception globale, par les exploitants, rencontrés est la baisse de la
qualité du sol dans presque toutes les parties du territoire de la
CR.
64
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 7: perception de la qualité du sol
sur les dix dernières années
Perception de la qualité du sol dans la
CR
24%
7%
69%
Peu fertile
Plus fertile
Pas de changement
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
La plupart de ceux qui sont interrogés (69%)
considèrent que les sols sont de moins en moins fertiles. Les causes
principales sont, d'abord, humaines. Il s'agit de l'utilisation
démesurée des engrais chimiques ; le manque de jachère ;
la non maitrise des itinéraires techniques et la faible diversité
; la forte érosion avec le déboisement avancé du couvert
végétal.... Ensuite naturelle, les variations et changements
climatiques accélèrent le ravinement des sols dans certaines
partie de la CR. D'après le PLD, « les sols affectés par
l'érosion hydrique, à l'échelle de la communauté
rurale, se sont étendus de 58,3 % par rapport à la situation de
1950-1970 ».
En revanche certains producteurs estiment que les sols sont de
plus en plus riches, les 24% de l'effectif interrogé. Ces bons sols sont
souvent localisés dans la zone nord et permettent une agriculture
irriguée intensive avec la production de spéculations à
forte valeur ajoutée.
Ainsi, les sols sont, généralement, en situation
de dégradation. Cette dégradation accélère les
phénomènes de ravinement avec l'apparition des blogues de pierre
dans la
65
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
66
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
zone Sud, proche du plateau de Thiès. Le ravinement est
aussi responsable de la destruction de certaines surfaces de culture et la
perte d'énorme quantité d'eau par l'accélération du
ruissellement.
Les pertes d'eau causées par la dégradation des
sols est une entrave à la disponibilité de cette ressource,
indispensable pour l'agriculture.
1.4. La disponibilité du facteur eau
L'eau est considérée par beaucoup de chercheur
comme « le » facteur de production. Pour dire que sans eau point de
production. Les exploitations de cette CR utilisent généralement
quatre sources : l'eau de la pluie, l'eau des puits, celle provenant des
forages et celle qui est approvisionnée par la SDE.
Figure 8: les principales sources d'eaux des
exploitations agricoles
Eaux de la SDE
Les puits
la pluie
Forage
0 20 40 60 80
sources d'eaux les plus puisées
2
14
49
71
Fréquences en %
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
La pluie reste la principale source des agriculteurs.
L'agriculture sous pluie domine dans la CR et les cultures saisonnières
persistent toujours dans la pratique des cultivateurs. Or la
pluviométrie est caractérisée par une baisse
généralisée. Depuis 1970, La moyenne pluviométrie
annuelle est passée de 600 mm à 429,2 mm.
Mais, il faut dire aussi que la plupart des exploitations
combinent les précipitations et l'eau des puits. Ces exploitations
combinent les cultures de saisons et
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
les cultures irriguées. C'est ainsi, que 49% utilisent
le puits pour l'arrosage de leurs champs. Cette utilisation des puits est
beaucoup plus rependue dans la zone nord où l'affleurement de la nappe
(environ 14 à16 m de profondeur) facilite le fonçage des puits et
la disponibilité de l'eau. Mais, la nappe phréatique est
actuellement plus profond, donc l'eau des puits est moins accessible dans
certaine partie de la CR.
Tableau 5: perception du niveau de profondeur
des puits durant les dix dernières années
Niveau des puits
|
Fréquence en %
|
Plus profond
|
83
|
Moins profond
|
2
|
Pas de changement
|
7
|
Pas de puits
|
7
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Dans la zone sud les eaux sous terraines sont à plus de
30 m et atteigne facilement 60 m dans les villages comme Thiambokh, Soune etc.
De ce fait, dans ces villages les puits sont rares. Certains ne disposent
même pas de puits dans leur localité du fait de la profondeur de
la nappe phréatique. Dans cette zone la ressource eau se rarifie et les
villages qui avoisinent l'AIBD sont approvisionnés par celui-ci. Ces
villages sont donc obligés d'être à l'affut de la pluie
pour produire.
Dans la zone centre certains producteurs utilisent l'eau de la
SDE, c'est ce qui explique le contrat de préférence qui a
été négocié par la fédération des
Agro Pasteur de Keur Moussa et la SDE. Ce contrat impose un quota maraicher
d'une valeur de 113 francs par m3.
Le forage est rarement utilisé par les producteurs
rencontrés. Appart dans le village de Ngoméne où ce trouve
la ferme REVA, la plupart des exploitations n'ont pas accès aux
branchements des forages.
En ce qui concerne les mares, elles sont rarement
utilisées. Ce qui confirme nos enquêtes car aucun exploitant qui
utilise cette source n'a été rencontré. A la question de
savoir la durée de vie des mares et marigots, la plupart ont noté
un assèchement très précoce de celles-ci.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 9: perception de la durée de vie des
mares sur les dix dernières années
49%
Durée des mares
27%
22%
Asséchement tardif
2% Asséchement
précoce Asséchement très précoce Plus de
mare
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Ces points d'eau de surface sont aussi importants pour
l'arrosage des plants que pour l'abreuvement du bétail. Or
d'après presque 50% des personnes interrogées, ces sources d'eaux
sont dans une situation d'assèchement très précoce,
c'est-à-dire tout juste après la saison des pluies (1 à 2
mois). D'autres, à hauteur de 22% ont déclaré qu'elles
tarissent de manière précoce c'est-à-dire entre 2 et 4
mois. Pire, 27% ont déclaré qu'il n'existe plus de mares et
marigots dans leur village. Ceux-ci trouvent sont explications dans la
péjoration du climat avec la baisse généralisé de
la pluviométrie. En revanche, seule 2% ont déclaré qu'il
ya un assèchement tardif de ces points d'eaux.
Ainsi, le tarissement très précoce que
connaissent généralement ces mares et marigots constitue la
principale contrainte des éleveurs de la zone. Ces dernières
subissent en plus de l'absence de parcours du bétail, un manque d'eau
préjudiciable au bon fonctionnement de leur activité. Le recul du
couvert végétal et la disparition de la faune sont, aussi, des
facteurs de vulnérabilité.
68
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.5. Le recul de la couverture végétale et
disparition de la faune
1.5.1. Le recul du couvet végétal
Le couvert végétal dans la CR est globalement en
recul. En effet, d'après les personnes rencontrées celui-ci est
en net régression comparé aux décennies
précédentes.
Figure 10: perception de l'évolution
décennale de la couverture végétale
52%
Evolution du couvert végétal
27%
21%
Plus importante
Moins importante
Pas d'évolution
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Il ressort de l'impression générale que la
couverture végétale a reculé durant les dix
dernières années. En effet, plus de 50% des cibles
interrogés confirment cette régression. Ce recul a deux causes :
naturelle et anthropique
L'appauvrissement du couvert végétal constitue
la manifestation cyclique d'un processus de désertification. Le
Sénégal a connu un cycle de sécheresse qui s'est
accentué durant les années 70 avec la baisse des pluies et
l'avancé du désert. La CR de Keur Moussa ne s'est pas
échappé à ce contexte général. De
même, l'un des impacts du changement du cycle de la pluviométrie
est la dégradation du couvert végétal. La baisse des
pluies appauvrit le sol et la végétation. De même des
pluies trop intenses détruisent certains arbres.
69
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
L'appauvrissement du couvert végétal est,
ensuite, du aux manoeuvres de l'homme. Les pressions sur le territoire de cette
CR se manifestent sur sa végétation. La colonisation des terres
pour l'agriculture, la recherche d'habitation, les implantation des
infrastructures et équipements publics, les pressions
foncières...détruisent la couverture végétale. La
pression de l'homme se fait sentir dans tous les espaces de la CR. Mais, elle
est plus marquée dans les zones centre et nord. Dans la première,
ce sont les habitations, les industries minières, les usines, les
infrastructures publiques qui sont les causes principales du
déboisement. Dans la seconde, c'est principalement pour des causes
d'exploitations agricoles que l'on déboise. Toutefois, la zone sud avec
l'implantation du nouvel aéroport et le prolongement de l'autoroute
à péage connait actuellement une déforestation
accélérée. L'accaparement, les pressions foncières
et le changement de vocation des terres du fait de l'implantation de ces
équipements structurants font que les espaces boisés tendent
à disparaitre.
Cette baisse du couvert végétal a des
conséquences négatives sur l'élevage. Celle-ci a besoin
d'une bonne végétation pour se développer. Surtout que
dans cette localité, comme dans la plupart du pays, l'élevage se
fait d'une manière extensive avec une recherche constante d'herbes de
pâturage et de points d'eau d'abreuvement.
Tableau 6: perception de l'évolution
décennale du chaptel
perception de l'évolution décennale du chaptel
|
Perception de l'évolution du cheptel durant les dix
dernières années
|
Fréquence en %
|
Augmentation
|
22
|
Diminution
|
56
|
Stagnation
|
5
|
Pas de réponse
|
17
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Ce cheptel est constitué de bovin, d'Aquin, de
caprin,... la plupart des exploitations agricoles ont noté une
diminution du bétail. Mais, il faut admettre que la zone ne connait pas
un élevage très développé et les différentes
pressions diminuent la présence de ce secteur.
70
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Cependant, le recul du couvert végétal n'est pas
une idée consensuelle. Certains producteurs pensent qu'il ya
plutôt une augmentation de celui-ci. 27% des personnes interrogées
disent que la végétation a évolué de manière
positive. Ceci peut être du au fait que l'arboriculture est très
développées dans certaine partie du terroir et les arbres
fruitières tendent à remplacer les espèces ligneux
naturels. C'est ainsi que, le recouvrement aérien est souvent dense dans
certaines localités où les manguiers couvrent de vastes domaines
agricoles.
Par ailleurs, 21% n'ont pas senti d'évolution au niveau
du couvert végétal. Ces personnes estiment souvent que la
couverture de la végétation est variable et dépend de la
qualité de la pluviométrie.
Toutefois, il convient de retenir que globalement le couvert
végétal dans la zone est en net recul. Ces effets sont plus
sentis dans le secteur de l'élevage où on assiste à une
diminution du nombre de têtes.
1.5.2. La disparition de la faune
Le niveau de recouvrement végétal est important
pour le maintient des animaux sauvages. Car les arbres sont les habitats
naturels de ces animaux. La faune est en voie de disparition dans la CR
d'après les producteurs interrogés.
Figure 11: état de la faune durant les dix
(10) dernières années
40
80
70
60
50
30
20
10
0
Faune en disparition Faune en augmentation Pas
d'évolution
Etat de la faune
Fréquence en %
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
71
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
La disparition de la faune est le point de vue
généralement relaté. Plus de 70% des cibles
considèrent que la faune disparait de plus en plus. Les causes de cette
disparition, selon eux, sont dues à la présence de l'homme. De ce
fait, les mêmes causes anthropiques de la disparition du couvert
végétal sont responsables de celle de la faune. Aussi, le
processus de désertification et la sécheresse sont des causes
naturelles de la perte des animaux sauvages. La principale conséquence
est la diminution de l'activité de chasse, surtout dans les forêts
classées.
Les causes biophysiques de la vulnérabilité sont
très marquées dans cette CR. Elles sont accentuées par les
facteurs socio économiques qui fondent la faiblesse des exploitations
trouvées dans la CR.
II. Perception des producteurs de la
VULNERABILITE SOCIO ECONOMIQUE
La vulnérabilité socio économique est
appréhendée à travers la problématique
foncière et les performances économiques des exploitations
agricoles.
2.1. La question foncière
La communauté rurale de Keur Moussa est actuellement
secouée par des problèmes liés à la convoitise dont
ses terres font l'objet. La richesse du sol de la CR a poussé beaucoup
de promoteurs agricoles, miniers ou industriels a y installé des usines
et des vergers. Ceux-ci réduisent, forcement, les terres de
l'agriculture familiale, d'autant plus que, le statut de la plupart des
exploitations agricoles n'est guère sécurisant.
2.1.1. La disponibilité du foncier pour
l'agriculture
La superficie emblavée par exploitation est très
variable et dépend de la zone où l'on se trouve dans la CR.
72
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 7: superficie des terres cultuvées
par exploitation agricole
Superficie emblavée en ha
|
Nombre de ménages
|
Fréquence en %
|
Moins de 2
|
3
|
2,4
|
De 2 à 4
|
21
|
53,7
|
De 4 à 6
|
7
|
17
|
De 6 à 7
|
7
|
17
|
De 7 à 9
|
1
|
2,4
|
De 9 à 11
|
1
|
2,4
|
11 et plus
|
1
|
2,4
|
Superficie totale
|
97 ha
|
Superficie moyenne
|
2,42ha
|
Superficie par actif
|
0,52 ha
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
L'intervalle compris entre 2 à 4 hectares (ha) est plus
représentatif. La plupart des exploitations de la communauté
rurale ont des superficies faibles par rapport à la norme nationale qui
est de 3ha par producteur. Ce constat est plus accentué dans la zone
centre où plus de 60% des producteurs ont des superficies comprises dans
cet intervalle. Les agriculteurs de la zone nord ont aussi des superficies
très réduites du fait de l'intensification des cultures qui
résulte de la dominance des champs irrigués. Ainsi la superficie
moyenne est de 2,42 ha et la superficie par actifs est de 0,52 ha. Ceci
entérine la faible disponibilité de terres par exploitant. Cette
faiblesse tend à s'accentuer car les producteurs, du fait des pressions
foncières, s'exposent aux nombreuses menaces de perdre leur terre comme
nous le montre le graphique ci-dessous :
73
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 12: évolution de la superficie
emblavée par exploitation sur les dix dernières
années
Evolution décennale de la superficie
emblavée
par UP
51%
24%
22%
3%
Positivement Négativement Pas du tout Non
réponse
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
La réduction des superficies est beaucoup plus
fréquente dans les exploitations agricoles rencontrées. Cette
réduction est due par de nombreuses causes. Les principaux facteurs sont
l'accaparement des terres, le manque de moyen de mise en oeuvre des champs et
les implantations des usines et de l'AIBD. Ainsi, la moitié des
agriculteurs rencontrés ont déjà perdu une fois leurs
terres à cause des facteurs précédemment cités. Ces
agriculteurs sont actuellement très exposés à cause du
regain d'intérêt que connait le territoire de la CR et le mode
d'acquisition des terres qui n'assurent, tout de même pas, leurs
sécurités.
2.1.2. Le mode d'acquisition foncière
Le statut foncier des agriculteurs n'est, pour la plupart des
cas, pas sécurisant. Les producteurs enquêtés, soit ne
disposent pas de titres de propriété légaux qui peuvent
leurs protégés contre d'éventuels spéculateurs
fonciers ; soit ils ont acquis le titre de manière
irrégulière.
74
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 8: statut des terres des exploitations
agricoles
Mode d'acquisition
|
Fréquence en %
|
Héritage
|
59
|
Emprunt
|
37
|
Délibération
|
17
|
Location
|
12
|
Titre foncier
|
2
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
La succession par héritage est la mode la plus
répandue d'acquisition des terres dans cette CR. Elle conserne 59% des
terres des producteurs enquêtés. Cette acquisition par
héritage n'est pas sécurisant dans la mesure où elle ne
confère pas directement à l'héritier un droit réel
sur le foncier. En effet, selon l'article 05 du décret d'application de
la loi sur le domaine national: « L'affectation prend fin, de
plein droit, au décès de la personne physique ou à la
dissolution de l'association ou de la coopérative
affectataire»22. C'est un droit d'usage à titre
personnel d'une durée indéterminée. Le droit d'usage
disparaît avec la dissolution du groupement ou le décès du
bénéficiaire. Donc l'héritier ne peut se prévaloir
un droit réel sur les terres du défunt même si la loi le
privilégie pour être le futur affectataire. Mais, il devra, au
préalable, s'acquitter de certaines conditions notamment :
démontrés sa capacité d'exploitation ; ne pas se verser
à un morcellement qui pourra aboutir à la constitution de
parcelles trop petites pour une exploitation rentable ; faire une demande dans
les 6 mois à compter de la date du décès etc. Par contre,
dans les différentes exploitations agricoles qui ont acquises leurs
terres grâce à l'héritage ces conditions ne sont pas
respectées. Ces exploitations sont toujours dans le régime de la
gestion traditionnelle des terres où celles-ci se transmettaient de
père en fils sans les formalités régulières.
Ces méthodes traditionnelles excluent les femmes de
l'héritage des terres. Les femmes de cette localité
accèdent rarement à la terre car selon la tradition des
Sérère de la locale : « les femmes ne doivent pas
hériter de la terre, elles peuvent seulement
22 DECRET N°72-1288 DU 27 OCTOBRE 1972 relatif
aux conditions d'affectation et de désaffectation des terres du domaine
national comprises dans les communautés rurales, modifié par
N°80-1051 du 14 Octobre 1980 et 86-445 du 10 avril 1986.
75
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
recevoir les arbres et plantation effectués sur les
terres du défunt ». Cette tradition est donc une entrave à
l'égalité entre les genres et l'égale possibilité
d'acquérir des moyens de production. Elle est l'un des facteurs de
vulnérabilité de la gente féminine.
Après l'héritage, l'emprunt est la
deuxième mode d'acquisition des terres dans la CR. Cet emprunt est dans
la plupart causé par l'absence de capacité de mise en valeur des
propriétaires réels qui prêtent leurs terres à une
personne qui peut l'utiliser. Ceci n'est pas légal si on se reporte aux
différents textes juridiques qui réglementent le foncier au
Sénégal. Dans la loi sur le domaine national, les terres de la
zone de terroir d'où la grande majorité de Keur Moussa se trouve,
ne peuvent être ni vendues ni empruntées. De ce fait, les 37% des
terres empruntées sont dans une situation irrégulière de
même que les 12% des terres acquis par location par les producteurs
interrogés. Ces derniers sont donc dans une insécurité qui
peut causer la perte de leurs terres.
À coté de ceux-ci, 12% des terres des
producteurs ont été acquises par délibération.
Cette délibération est sous-tendue par des conditions notamment :
l'appartenance à la communauté et la capacité de mise en
valeur. Les terres qui sont acquises par délibération
confèrent au bénéficiaire une certaine
sécurité, pourvu que celui-ci la mettent en valeur. Dans ce
même registre, le titre foncier existe aussi parmi les statuts fonciers
des exploitations. Ce titre est le plus sécurisant car il donne les
pleins pouvoirs au propriétaire qui peut exploiter, louer ou vendre sont
terrain. Cependant, Il favorise la spéculation foncière et le
changement de vocation des terres, dans la mesure où disposant d'un
titre opposable aux tiers, le propriétaire peut tenter de le vendre aux
plus offrants.
Il ressort de la question foncière que la plupart des
exploitations de la CR ne disposent pas de titres qui peuvent leur
protéger contre les spéculateurs fonciers et l'accaparement des
terres dont elles peuvent subir. La problématique foncière
constitue une cause sous jacente de vulnérabilité. Elle peut
même être considérée comme la cause principale de
vulnérabilité de l'agriculture dans certaines partie du
territoire de la cette communauté.
76
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
2.2. Le niveau de performance socio économique des
EA
Le niveau de performance socio économique permet
d'appréhender les conditions de vie des exploitations agricoles. Pour
évaluer ces conditions de vie nous feront recours au seuil de survie.
2.2.1. Le calcul du seuil de survie des EA
Le seuil de survie correspond au minimum « vital » que
doit dégager un actif pour assurer sa survie et celle de ses
dépendants (alimentation, vêtement, santé,
logement)23.
Pour calculer le seuil de survie, il faut faire la moyenne
annuelle des besoins alimentaires de base (riz, mil et mais) et des besoins
d'habillement, d'éducation et de santé sur la population active
moyenne par ménage. Dans le cas échéant nous avons :
Tableau 9: Evaluation des dépenses des
besoins de base
Dépense alimentaire
annuelle
|
Dépense en santé
|
Dépense en
éducation
|
Dépense en habillement
|
547 500
|
87 200
|
25 000
|
66 600
|
Total dépense : 726 300 FCFA
|
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Les dépenses alimentaires sont constituées des
aliments de bases : riz, mil et maïs. Elles sont, d'abord, estimées
quotidiennement à 1500 FCFA avant le calcul annuel qui donne 547 500
FCFA. Quant aux autres dépenses, elles sont estimées annuellement
par la personne interrogée.
Tableau 10: calcul du seuil de survie
Dépense annuelle des
besoins de base en FCFA
|
Population active moyenne des ménages
|
Seuil de survie par
personne en FCFA
|
726 300
|
4
|
181 575
|
Source . · Tamsir Ousmane
Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
23 Ibrahima Diop Gaye, Amadou Sall et Médoune
Ndiaye, Changement climatique et performances socioéconomiques des
exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass,
ENEA, CSE, 2009, 126p.
77
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Le seuil de survie est de 181 575 FCFA. Pour permettre au
ménage de survivre chaque actif doit produire cette somme pour couvrir
les besoins des actifs et des passifs.
2.2.2. L'estimation du niveau de vie des EA
Le niveau de vie est largement tributaire des revenus que
génèrent le ménage. Ces revenus peuvent être
agricoles et non agricoles. Dans cette partie nous nous limiterons aux revenus
agricoles qui permet de satisfaire les besoins des exploitations en
corrélation avec le seuil de survie.
Tableau 11: niveau de revenu agricole des
exploitations agricoles
niveau de revenu agricole des exploitations agricoles
|
Intervalle de revenu
|
Nombres de ménages
|
Fréquence en %
|
75 000 - 150 000
|
16
|
39
|
150 000 - 180 000
|
7
|
17
|
180 000 - 500 000
|
4
|
9
|
Plus de 500 000
|
14
|
34
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Une grande partie des ménages, c'est-à-dire plus
de 55%, sont en dessous du seuil de survie. Ces ménages pratiques une
agriculture non performante basée uniquement sur le travail manuel avec
des matériels vétustes, des semences non certifiées, un
manque d'engrais et la dépendance à la pluie. Par contre, il faut
relever qu'une partie des exploitations agricoles soit 43%, ont
dépassé ce seuil de survie. En effet, 34% de ceux qui sont
interrogés ont des revenus très importants qui peuvent leur
permettre, non seulement d'assurer les besoins de subsistance, mais peuvent se
permettre d'autres dépenses d'amélioration du bien être.
Ces producteurs sont surtout localisés dans la zone centre et nord
où ce sont les cultures irriguées à haute valeur
ajoutée qui dominent. Ces exploitations, même si elles se
concentrent sur de petits espaces ont un bon rendement et font une bonne
commercialisation.
En outre, certains producteurs atteignent à peine ou
dépassent juste le seuil de survie (17%). Ces exploitants ne sont ni
pauvres ni riches. Ils arrivent à combler les besoins de base
grâce à la production agricole, mais pour les autres besoins elles
sont obligées de faire recours à d'autres sources de revenu.
78
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
L'analyse globale des revenus montre que beaucoup
d'exploitations agricoles ont des revenus agricoles très faibles. Ces
exploitants sont donc très vulnérables aux variations du climat
et doivent recourir à d'autres sources de revenus pour une bonne
résilience.
Conclusion partielle
En définitive, les producteurs perçoivent leur
vulnérabilité. D'abord, les menaces de l'agriculture proviennent
des conditions biophysiques. Dans ce cadre, les différents point de vues
ont relaté une variation inter et intra annuelle de la
pluviométrie, une augmentation générale de la
température, des sols moins fertiles, une raréfaction de l'eau et
le recul du couvert végétal et de la faune. Ensuite, elles sont
socioéconomiques car liées à une insécurité
foncière et un niveau de vie majoritairement en dessous du seuil de
survie. Pour toutes ces raisons, les exploitations agricoles de cette CR
pourraient être présentées comme vulnérables. Mais,
le niveau de vulnérabilité ne peut être établi sans
la prise en compte des stratégies d'adaptation.
79
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Chapitre 3 : LES STRATEGIES LOCALES
D'ADAPTATION, SOLUTIONS POUR LA RESILIENCE DES UP
Face aux variations et changements climatiques, les
populations sont dans une recherche constante de solutions pour juguler les
effets négatifs ou se prémunir contre les menaces futures. Les
stratégies locales d'adaptation sont des pratiques et des mesures mises
en place par les populations de Keur Moussa pour augmenter la résilience
de leurs systèmes de production agricole face aux menaces climatiques et
non climatiques. Ces stratégies sont d'abord techniques, ensuite elles
sont socio-économiques et enfin organisationnelles.
I. Les stratégies techniques d'adaptation
1.1. Solution face au changement du cycle de la
pluviométrie
La variation des pluies entre les saisons et dans une
même saison pousse les agriculteurs à adapter un certain nombre de
mesures.
Premièrement, les producteurs réagissent en
abandonnant certaines espèces ou variétés au profit
d'autres plus adaptées à la nouvelle
réalité. En effet, les conséquences de ces
phénomènes climatiques se traduisent par une perturbation du
cycle de la pluviométrie. Certains produits agricoles se trouvent
menacés. Pour maintenir le niveau de rendement, les exploitations
substituent ces spéculations à d'autres.
80
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 12: espèces et
variétés abandonnées face aux variations de la
pluie
Espèces ou variétés
|
Fréquences en %
|
Zones
|
arachide
|
38
|
Centre, Nord et Sud
|
Mil
|
33
|
Centre et Nord
|
Mil souna
|
12
|
Sud
|
Mil sanio
|
3
|
Sud
|
Tomate
|
9
|
Nord
|
« Niébé sérére »
|
3
|
Sud
|
certains arbres comme les papayers
|
3
|
Centre
|
certains variétés de chou
|
3
|
Centre
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
L'arachide est la spéculation qui disparait de plus en
plus face aux menaces du climat. Elle est caractérisée par une
dépendance à la pluviométrie, donc elle subit plus que les
autres les vicissitudes de celle-ci. Sa vulnérabilité est alors
plus forte face aux phénomènes de variations et changements
climatiques.
Ensuite, c'est le mil qui est l'espèce la plus
délaissée. Certaines variétés de mil sont, presque,
totalement abandonnées dans la zone sud à cause des incertitudes
de la pluie, des attaques des insectes, des mauvaises herbes (« Nduxum
»)...Si on sait l'importance du mil dans l'alimentation des populations de
cette zone constituée pour la plupart de Sérères ; on
saisit les menaces que peut comporter cet abandon sur la sécurité
alimentaire.
Face aux perturbations du cycle de la pluviométrie, les
populations ne se limitent pas à l'abandon de certaines espèces.
D'autres solutions sont mises en oeuvre pour l'adaptation des systèmes
de production.
81
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tableau 13: différentes mesures des
exploitations contre les variations du climat
Solutions face aux variations de la pluie
|
Nombre de producteur
|
Pourcentage des producteurs
|
Utilisation de variétés à cycle court
|
36
|
87
|
Utilisation de variétés
améliorées
|
31
|
75
|
Combinaison agriculture -
élevage
|
17
|
41
|
Délocalisation des cultures
|
9
|
21
|
Arrosage permanent
|
9
|
21
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
L'utilisation de variétés à cycle court
permet de rapprocher la date de maturation des plants. Ainsi, si on assiste
à une saison brève, ces variétés ne seront pas
touchées par l'arrêt des pluies. Quant aux variétés
améliorées, les exploitations de cette CR les utilisent plus pour
augmenter les rendements. Cette mesure est très pratiquée dans le
maraîchage sous pluie.
En ce qui concerne la combinaison agriculture -
élevage, 41% des exploitations ont déclaré s'adonner
à cette pratique pour prévoir les risques liés à
une mauvaise saison culturale. L'élevage est ainsi une stratégie
de prévention contre les variations de la pluviométrie.
Par ailleurs, les fortes pluies peuvent avoir comme
conséquence l'inondation des champs. Dans ce cas de figure, certaines
exploitations déplacent les récoltes dans d'autres champs pour
maintenir la production. L'arrosage permanant est plus utilisé dans les
cultures irriguées où le déficit de pluies peut être
une cause de déshydratation des plants.
Enfin, certains producteurs font recours à des mesures
préventives pour faire face aux variations et changements climatiques.
La consultation des prévisions météorologiques est
notée dans les pratiques d'adaptation.
82
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 13: nombre de producteurs consultant la
météo
suivez vous les previsions
météorologiques?
71%
29%
NON OUI
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
A la question « suivez-vous les bulletins de la
météo », plus de 70% de ceux qui sont interrogés ont
déclaré trouver un intérêt à suivre les
prévisions sur le climat. D'après eux, l'information
météorologique leur permet de planifier leurs activités
culturales comme la date des premiers semis. À coté de ceux-ci,
d'autres n'ont pas trouvé d'intérêt à consulter la
météo. D'après ces derniers, ces prévisions ne sont
par toujours exactes. Ils font souvent recours à des méthodes
traditionnelles pour prévenir l'arrivée des pluies comme la
consultation des nuages, la direction des vents ou l'apparition de certains
insectes saisonniers...
Globalement, ces stratégies d'adaptation sont
considérées par les producteurs comme efficaces. En effet, ces
mesures permettent aux exploitations agricoles, de faire face aux risques de
mauvaises saisons pluvieuses, d'augmenter les rendements, de prévenir
les événements négatifs. De ce fait ces pratiques sont de
nature à développer les capacités d'adaptation des
producteurs agricoles. Mais dans la recherche d'une meilleure
résilience, elles ne sont pas les seules à jouer ce
rôle.
1.2. Lutte contre la dégradation des terres
Pour résister à la dégradation
accélérée du sol, les producteurs ont initié
d'importantes actions. Ces actions sont soit agronomiques soit orientées
dans la lutte contre les érosions (hydrique et éolienne).
83
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.2.1. Les pratiques agronomiques d'optimisation de la
production
Les rapports très étroits entre une bonne
qualité des sols et une bonne production poussent certains producteurs
à adopter des mesures de conservation des terres. Ces mesures sont
souvent basées sur les savoirs locaux et sont utilisées non
seulement pour maintenir la fertilité du sol mais aussi pour optimiser
la production.
Tableau 14: pratiques culturalles
Pratiques
|
Fréquence en %
|
Labour
|
25
|
Défrichement sans brulis
|
23
|
Rotation
|
26
|
Jachère
|
14
|
Plantation de « kadd »
|
3
|
Defrichement avec brulis
|
8
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de
formation, ESEA, Octobre 2013
Les exploitants interrogés sont très actifs dans
la rotation des cultures, c'est ainsi que 26% de ceux-ci font recours à
cette technique qui consiste à faire succéder des cultures sur la
même surface dans le temps. Les effets de cette pratique sont : une
amélioration de la structure et de la fertilité du sol ; la
réduction de la pression des mauvaises herbes; la réduction de la
pression parasitaire, les insectes et maladies spécifiques à une
culture voient leur cycle se briser par la plantation d'une autre culture.
La rotation est le plus souvent associée avec la
jachère. Cette dernière est pratiquée par 14% des
producteurs. La jachère est très importante dans la mesure
où c'est une technique visant à l'entretien et l'accroissement
des réserves du sol et sa fertilité. Elle est pour la plupart
pratiquée pour une période de 2 à 3 ans. Ainsi, selon ces
producteurs, après des saisons de mise en valeur il est bon de laisser
le sol se reposer. D'après eux, certaines spéculations
nécessitent la jachère à cause des « maladies »
qu'elles laissent dans les champs après les récoltes : c'est le
cas du piment.
La fonction fourragère des jachères est
très déterminante, notamment dans la dynamique des relations
d'échange entre l'agriculture et l'élevage (CILSS, 2007). Mais
84
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des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
cette technique n'est pas appliquée par toutes les
exploitations agricoles à cause du manque d'espace et d'intrants de
qualité.
Le labour est une technique qui est mise en oeuvre par 25% des
producteurs. Il consiste à retourner la terre pour l'ameublir. Il a un
effet non négligeable sur l'infiltration des petites pluies ou dans la
première phase des grosses pluies. Il peut augmenter aussi la
rugosité des surfaces de sols. En revanche, il devient nul ou
négatif en fin de grosses pluies ou après quelques
événements pluvieux.
En outre, le défrichement est une autre technique
culturale qui se fait de deux manières : le défrichement avec
brulis et le défrichement sans brulis. Le premier moins pratiqué
par les agriculteurs car moins adéquat pour la conservation de la
fertilité des sols, présente des risques de feux de brousse. Le
deuxième est pratiqué par 23% des exploitations. Il permet de
régénérer la qualité des terres par l'apport en
humus du fait de l'enfouissement des restes de végétaux dans le
sol. Aussi, certains producteurs utilisent les restes de végétaux
pour l'alimentation du bétail. En fin, une technique moins
utilisée mais qui a un bon apport pour la
régénération du sol est la plantation de « kadd
» dans les champs de culture. Le « kadd » d'après les
producteurs permet la fertilisation du sol.
Toutes ces actions sont très appréciées
par les producteurs qui y voient des techniques faciles à utiliser,
économes en temps et en moyens financiers, utiles dans la mesure
où cela permet d'augmenter durablement les rendements.
1.2.2. Les luttes anti érosives
Les luttes anti érosives sont des techniques qui
permettent aux agriculteurs de faire face à l'érosion hydrique et
éolienne.
1.2.2.1. Lutte contre l'érosion
hydrique
Elle est spécialement pratiquée dans la zone sud
de la CR où la proximité avec les plateaux de Thiès
accélère le ruissellement et crée des ravins qui peuvent
transformer le paysage en « badlands ». Ces derniers sont des
terrains argileux ravinés par le ruissellement torrentiel. C'est pour
parer aux effets négatifs de ces phénomènes
d'érosion que des ouvrages anti- érosifs sont
réalisés, très souvent en groupe, par les producteurs de
cette zone. Ces ouvrages répondent à deux principes :
85
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
y' l'utilisation correcte des sols pour la satisfaction des
besoins immédiats ; y' leur protection pour l'utilisation future et pour
le maintien de la fertilité et des ressources en eau.
Nous allons en citer quelques uns :
86
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
Tableau 15: les différentes techniques de
lutte contre l'érosion hydrique
Types d'ouvrage
|
Ouvrages
|
Objectifs
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Ouvrages creusés
|
La tranchée à ciel ouvert
|
Ralentir le ruissellement des eaux ; Emprisonner l'eau pour des
besoins des animaux ;
Faciliter l'infiltration de l'eau pour
le ravitaillement des nappes souterraines.
|
-Permettre au sol de maintenir
sa capacité de rétention, d'absorption et de
maintenir sa structure
-Permet de planter des arbres qui pourront grandir rapidement
-Permet l'alimentation et l'abreuvage des animaux.
|
- Récurer les ouvrages chaque
année et ceci nécessite de moyens financiers.
|
Les croissants
lunaires ou demi- lunes
|
- lutter contre l'érosion et la
dégradation des terres
- réduire au maximum la vitesse de ruissellement des eaux
pluviales
- favoriser l'infiltration, l'humidité des terres,
l'enherbement
|
- peuvent être faits en bande
entre les ouvrages
- la réalisation de la bande des
croissants lunaires s'effectue en quinconce
- l'eau peut s'étirer jusqu'à
30m ce qui entraine l'inondation du terrain.
|
ils nécessitent un récurage
permanent pour assurer sa durabilité.
|
les zaïs forestiers
|
- permettre à la population de
diversifier leurs activités par la pratique du maraichage,
et de la péche ;
-
|
-permet l'infiltration et le
relèvement de la nappe souterraine
- la régénération de certaines organismes
tels que les vers de terre les milles pattes
- favorise également l'apparition de nouvelles
espèces végétales
|
-il faut tous les deux ans
faire le récurage de l'ouvrage pour assurer l'entretien
;
- Les plantations au niveau des
zaïs sont le plus souvent
semi- inondables et peut
favorable à certains espèces maraichers.
|
Ouvrages empierrés
|
Cordons pierreux
|
-ralentir le ruissellement pour
permettre l'infiltration ;
- régénérer les espaces
végétales ; -valoriser les terres dégradées
|
-amoindrir la force de l'eau et
conserver l'humidité du sol ; -ramollirent le sol ;
|
-les pierres peuvent être
déplacées après le passage du bétail
ou d'autres animaux ; - permet une légère infiltration de l'eau
;
|
87
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
88
|
les couronnes en
pierres
|
-lutter contre le ruissellement des eaux pluviales
- lutter contre la dégradation des terres .
|
-l'abreuvage des petits
ruminants
-l'arrosage des terres
-la réapparition du couvert végétal.
|
Risque d'attirer des animaux sauvage si la termitière
n'est plus fonctionnelle, ce qui est un danger pour les hommes
|
Seuil en pierres
sèches
|
-Réduire la vitesse du ruissellement ; - Eviter
l'érosion du sol ;
- lutter contre le ravinement.
|
- Elimination les ravins ;
- favorisation de l'infiltration ;
-Recrudescence des espèces végétales
|
- Ouvrage non adapté aux
milieux qui n'ont pas de pierres ;
-demande beaucoup d'effort pour sa réalisation ;
- Pas favorable à la stagnation de l'eau
|
Voie d'eau ou d'évacuation
|
Fossés de diversion ou protection ou de gardes
|
-protéger les terres cultivées d'aval ;
-détourner les eaux de l'amont vers un exutoire choisi.
|
-Ils permettent de résorber
l'érosion en ravines ;
-ils sont adapter sur les hauts de pente
|
|
Talwegs ou voies
d'eau ("waterways") et chutes
|
- éliminer les eaux excédantes issues
des fossés de diversion des aménagements
antiérosifs ;
|
|
|
Correction de
ravines
|
- freiner la vitesse de l'eau pour stopper l'érosion
régressive ;
- provoquer une sédimentation à l'amont de
l'ouvrage, afin de réduire la pente de la ravine ;
-permettre l'épandage des eaux, afin de
favoriser la mise en place d'une agriculture performante
|
-Récupération les terres
dégradées et augmentation des terres cultivables
;
-Favorise l'infiltration pour l'alimentation de la nappe.
|
Inadaptée dans les hauts pentes du relief
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Il est ressorti des différentes interprétations des
exploitations agricoles que ces techniques sont globalement efficaces pour
lutter contre les érosions hydriques et la gestion durable des
terres.
En ce qui concerne les ouvrages creusés, ils cherchent
généralement la récupération des terres
dégradées et l'accroissement des performances productives.
Photo 2: demi-lune réalisée par les
villageois
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Ces ouvrages sont donc très importants pour la
restauration de la fertilité des sols et la remontée de la nappe
phréatique. La tranchée à ciel ouvert est très
appréciée par les producteurs de la zone Sud. Dans la même
dynamique, les Zais forestiers sont des techniques très efficaces pour
non seulement récupérer les terres dégradées, mais
pour l'accroissement des performances productives. Leur capacité
à améliorer l'infiltration est très importante. Tout de
même, leur aptitude à favoriser la RNA est notée par les
populations locales.
En ce qui concerne les ouvrages en pierre, la perception
générale est leur efficacité pour la
récupération des terres dégradées et
l'accroissement des performances
89
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
productives des terres de culture. Ces ouvrages permettent le
ralentissement de l'eau de ruissellement. En effet, le ravinement des pentes
peut causer un effet d'entrainement très rapide qui creuse des sillons
et accentue le ruissellement. L'infiltration dans ces espaces peut être
très faible, l'humidité du sol et l'alimentation de la nappe ne
sont donc pas assurées. C'est dans ce sens que ces techniques retardent
l'effet d'entrainement de l'eau. L'eau ainsi retenu peut même provoquer
une inondation de l'avant de l'ouvrage et permettre l'abreuvement des animaux.
Aussi, les ouvrages en pierre sont souvent renforcés par des plantations
qui peuvent permettre de restaurer le couvert végétal et
améliorer les systèmes de production agro sylvo- pastorale.
90
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et des
stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
Photo 3: pratique de lutte anti érosive des femmes
de la CR de Keur Moussa Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
91
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.2.2.2. Lutte contre l'érosion éolienne
et régénération du couvert végétal
Dans la même dynamique de recherche d'une meilleure
résilience face aux effets négatifs des changements et variations
climatiques, certaines initiatives peuvent être rangées dans la
lutte contre les actions négatives des vents. Surtout dans le domaine du
maraichage ou les vents peuvent véhiculer des poussières qui
détruisent les champs de légumes. C'est pour permettre une plus
grande rentabilité de l'agriculture que les producteurs, en appui avec
des partenaires ont initié un certain nombre de pratiques
d'adaptation.
Les brises vents et haie vive :
Ce sont des techniques qui sont mis en oeuvre dans toutes les
zones de la CR. Mais la zone Nord se spécialise de plus en plus dans ces
actions d'adaptation.
Figure 14: part des exploitations qui
aménagent des brises vents
Aménager vous des brises vents dans vos
champs?
41%
59%
OUI NON
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Plus de la moitié des producteurs utilisent cette
technique, ce qui démontre une appréciation favorable par rapport
à cette pratique. Les brises vents sont jugés très utiles
par les personnes rencontrées car selon eux, ils permettent
d'améliorer la production, de régénérer la
végétation ; de protéger les champs contre la divagation
des animaux. Le brise-vent ou haie vive est le plus souvent une plantation
d'arbres en lignes
92
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
perpendiculaires aux vents afin de pouvoir réduire de
manière significative leur vitesse et par la même occasion leur
impact sur les sols.
Un système efficace de brise vent doit pouvoir
réduire la vitesse du vent de 20% à 1 m au dessus du sol ; la
zone protégée est estimée à 5 fois la hauteur du
brise vent du côté au vent et 10 à 15 fois de cette hauteur
du côté sous le vent. En diminuant la vitesse du vent, il diminue
l'érosion éolienne sur une certaine distance (variable selon les
espèces d'arbres utilisés) à l'intérieur des
parcelles du coté opposé au vent dominant. Aussi, il arrête
la progression du sable en maintenant le vent en dessus du seuil de saltation.
De ce fait, les haies vives arrêtent la dégradation du milieu,
maintiennent la fertilité des sols, améliorent les rendements des
productions agricoles...mais surtout favorisent le développement de la
végétation sur place.
En ce sens, les brises vents constituent ce qu'on peut appeler
l'environnement produit (Moussa NAABOU)24. Ce dernier est un facteur
de production aussi important que les autres et doit être pris en compte
comme tel si on veut produire tout en améliorent les équilibres
écologiques. Ils constituent des moyens d'instaurer une agriculture
productive et durable.
Photo 4: champs protégés par des brises
vents
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
24ENDA-TM, Compte rendu de l'atelier de formation
Vulnérabilité et Adaptation, ENDA / C3D. présentation de
l'Evaluation de la vulnérabilité et des stratégies
d'adaptation: Agriculture et sécurité alimentaire en Afrique
subsaharienne : le cas de la zone des Niayes au Sénégal, Moussa
NAABOU, juillet 2005.
93
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Les plantes les plus utilisées pour cette technique
sont : Euphorbia Basalmifera (« célane »), Citronier,
procépice, Moringa Oleifera (« sape sape »), Lécena,
Malifera sp (« nepp nepp »), le manioc... Ces plantes sont le plus
souvent fournies par les structures encadreurs à l'image de la
fédération WOOBIN. Cette dernière aide les exploitations
dans la formation aux technique de plantation et d'entretien des haies
vives.
Conscients que la végétation sous toutes ces
formes constitue un obstacle qui contribue à réduire
l'érosion, les producteurs ont initié d'autres actions allant
dans le sens de reboiser les zones en friche.
Le reboisement
Des campagnes de reboisement sont à mettre à
l'actif des différentes structures qui interviennent dans la CR. Parmi
celles-ci ENDA Pronat à travers la fédération WOOBIN, ENDA
Energie à travers le programme Africa Adapt sont très actives
dans la réalisation de telles actions. En effet, la couverture
végétale de la CR, nous l'avons vu, est marquée par sa
réduction successive du fait des manoeuvre anthropiques mais aussi des
changements et variations climatiques. C'est ainsi que 16% des actions
menées pour lutter contre la dégradation des ressources et moyens
d'existence ont concerné le reboisement. Cette pratique est plus
marquée dans la zone Sud avec les villages comme Thiambokh et Soune.
Le reboisement est utilisé pour restaurer le couvert
végétal. C'est une technique qui peut permettre
d'améliorer les performances des productions agricole et
Sylvo-pastorale. Il a un effet positif sur les systèmes de production en
les rendant plus performants.
Parmi les mesures d'adaptation dans le domaine de la
foresterie ont peut noter, aussi, les luttes contre les feux de brousse. De ce
fait, 9% de ceux qui sont interrogés ont parlé de cette pratique
dans les stratégies qui sont mises en place pour maintenir une bonne
production.
Les mesures pour le renforcement du pouvoir d'achat des
producteurs sont tout aussi importantes que les stratégies qui agissent
sur le cadre physique dégradé.
94
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
II. Les mesures socio économiques
d'adaptation
Ces mesures concernent la diversification des secteurs
d'activité, donc des revenus et la migration.
2.1. La diversification des activités
Cette diversification est entre les secteurs, c'est-à-dire
entre les domaines d'activité et au sein même de la pratique de
l'agriculture.
2.1.1. Une diversification des secteurs
d'activité
Dans la CR de Keur Moussa, le renforcement des capacités
économiques des producteurs se manifeste par la diversification des
sources de revenus.
Tableau 16: les différentes activités des
exploitations agricoles
Activité
|
Nombre de producteur
|
Fréquence en %
|
Commerce
|
12
|
29
|
Métier
|
1
|
2
|
Artisanat
|
1
|
2
|
Transport
|
4
|
10
|
Formateur en arabe
|
1
|
2
|
Maconnerie
|
2
|
5
|
Tailleur
|
1
|
2
|
Animateur de zone
|
1
|
2
|
Mécanique
|
1
|
2
|
Pas d'activité
|
1
|
2
|
Agriculture seulement
|
16
|
39
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Même si l'agriculture continue à être
l'unique activité de 39% des producteurs rencontrés, la
diversification est présente. En effet, vu la
vulnérabilité du secteur agricole face aux effets de la variation
du climat, la pluralité des sources de revenus est un gage de
sécurité. Autant dire que les différentes activités
extra-agricoles pratiquées par les chefs de ces exploitations agricoles
sont des stratégies de survie. D'abord, il faut dire que le commerce
représente une activité phare de ces producteurs : 29% de ceux
qui sont interrogés le font au moins durant une partie de
l'année. Ce secteur est lié à
95
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
l'agriculture. Les transactions commerciales restent
dominées par les produits agricoles et ces producteurs vendent leurs
propres récoltes. C'est ainsi que le commerce de fruits et
légumes est très prospère dans la CR. Cette
activité peut générer des revenus pouvant aller de 75 000
FCFA à 800 000 FCFA. Mais, le développement des transactions
commerciales est, souvent, tributaire d'une bonne production agricole, donc les
effets de la péjoration climatique peuvent impacter négativement
sur ce secteur.
Ensuite, l'autre activité phare que nous avons
relevée est le transport. Il faut dire que 10% des producteurs
enquêtés font recours à cette activité. Celle-ci
peut générer des revenus très important. D'après
les producteurs, le transport les aide à faire face contre tout risque
d'une mauvaise saison culturale, surtout que c'est une activité
permanente qui peut suppléer les revenus tirés de l'agriculture
pendant les périodes de soudure.
Enfin, en dehors de ces deux activités, nous avons
noté la présence des métiers comme la maçonnerie,
les tailleurs, les artisans, les mécaniciens, les formateurs...ces
secteurs sont moins développés. Mais, ils permettent tout de
même aux producteurs de diversifier leurs revenus.
Parmi les activités notées certaines sont
pratiquées toute l'année, d'autres justes quelque mois.
Tableau 17: période d'exercice des
activités extra agricoles
Période des activités extra agricoles
|
Nombre de producteurs
|
Fréquence en %
|
Saison sèche
|
9
|
36
|
Saison pluvieuse
|
1
|
4
|
Toute l'année
|
15
|
60
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
En prenant en compte seulement les producteurs qui font
recours à ces activités, nous avons noté que 60% de
ceux-ci les exercent pendant toute l'année. Ceci est lié à
la nature de l'occupation qui peut s'exercer toute l'année sans impacter
sur l'agriculture : exemple du commerce. Par contre, 36% des producteurs ne
font leurs activités que pendant la saison sèche car les travaux
champêtres leur interdit de s'adonner à d'autres activités
durant l'hivernage. Ceci est beaucoup plus sensible au niveau des
exploitations
96
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
sous pluies où la saisonnalité de la production
exige une division temporelle des activités champêtres et extra
agricoles.
Cependant la diversification n'est pas qu'entre les secteurs. Au
niveau de l'agriculture, il y a, aussi, une pluralité des pratiques.
2.1.2. La diversification des pratiques agricoles
L'une des caractéristiques propre de la CR de Keur Moussa
est la diversité dans la pratique de l'agriculture.
2.1.2.1. Les types d'agriculture
Dans la communauté rurale de Keur Moussa l'agriculture est
l'activité dominante et se pratique d'une manière très
diversifiée. A coté des cultures sous pluies, il existe les
cultures irriguées et l'arboriculture fruitière.
Tableau 18: les types d'agriculture des
exploitations
Type d'agriculture
|
Nombre d'exploitation
|
Pourcentage
|
Culture pluviale
|
26
|
63%
|
Arboriculture
|
8
|
19%
|
Maraichage
|
25
|
61%
|
Elevage
|
3
|
7%
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Le nombre d'exploitation dépasse l'échantillon.
Ceci est dû au fait que la plupart des ménages s'adonnent à
deux activités à la fois. D'abord, il faut dire que les cultures
pluviales continuent à dominer le secteur. Elles représentent
l'activité principale de 63% des cibles enquêtées. En
outre, l'agriculture de saison est essentiellement présente dans la zone
sud. Ceci est dû au manque d'eau dans la zone. De même,
l'agriculture qui utilise l'eau de la pluie est très présente
dans les villages de la zone centre. Mais dans ces villages, celle-ci est de
plus en plus concurrencée par l'irrigation des terres, les vergers et
l'implantation du bâti.
Ensuite, le maraîchage est très présent
dans la CR. Il occupe 61% de nos cibles. C'est la principale activité
dans la zone nord. Cette partie du terroir est caractérisée par
l'affleurement de la nappe et la présence du lac Tanma. Le
maraîchage est présenté par
97
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
beaucoup de chercheurs comme une stratégie d'adaptation
aux variations climatiques. Il permet de faire face aux incertitudes de la
pluie en privilégiant les eaux sous-terraines et celles des mares. Il
est une culture de contre saison qui s'étale sur toute
l'année.
Après ces deux modes d'exploitation de la terre, on
retrouve dans cette CR l'arboriculture fruitière. Cette activité
est très développée et reste l'une des occupations
principales de 19% des ménages interrogés. Elle est
essentiellement pratiquée dans les zones nord et centre. La zone sud du
fait de la profondeur de la nappe, est moins propice aux arbres fruitiers. Il
convient de dire que c'est une activité qui est rarement
pratiquée seule. Dans notre échantillon, aucun producteur ne
s'adonne uniquement à l'arboriculture fruitière. Ils l'associent
avec le maraichage ou les cultures sous pluies. Il est aussi important de
relater la forte valeur ajoutée de cette activité. Elle permet le
développement du commerce des femmes avec la vente de fruits le long de
la route nationale numéro 2.
Enfin, l'élevage est le parent pauvre des
activités dans cette localité. Il est ressorti de nos
enquêtes que, seules 7% des exploitations agricoles s'adonnent à
ce type d'agriculture. Il est aussi très éparpillée dans
le territoire de la CR. Mais, on la retrouve dans la plupart des cas dans les
villages Peulh comme Ndoyéne Peulh.
2.1.2.2. La pratique de la polyculture
La diversité dans la pratique de l'agriculture est
accompagnée par la diversité des produits cultivés. Ces
produits concernent aussi bien les cultures sous pluies, les cultures
irriguées et l'arboriculture fruitière.
98
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Figure 15: les principales spéculations
cultivées
aubergine
Mangue
Gombo
tomate
carotte
papaye
Bissap
persil
chou
mil
0 10 20 30 40 50 60
2
5
5
12
12
14
14
19
22
22
29
32
32
34
39
41
44
46
49
Pourcentage en %
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Les spéculations cultivées dans le
maraîchage sont plus présentes que les autres spéculations.
Le chou, le piment, l'aubergine, le gombo, l'aubergine douche sont plus
semés dans les différentes exploitations que l'on a pu visiter.
En effet, même si le maraîchage n'est pas l'activité
dominante dans toute la CR, la plupart des producteurs préfèrent
semer ces produits car ils renferment plus de valeurs ajoutées.
Ensuite, les cultures sous pluies comme le mil, le
niébé et le bissap sont pratiquées dans le territoire de
la CR, surtout dans la zone sud et centre. Ces cultures se font, en
général, de manière extensive avec l'occupation de vastes
espaces de terre. L'arachide est cultivée par un peu moins de 20% des
exploitations. Cette spéculation tend à disparaitre de plus en
plus avec les pressions sur le foncier. Car celle nécessite, souvent, de
l'espace pour une bonne production.
Enfin, les produits de l'arboriculture sont notés
notamment la mangue et le citron. Ces deux sont les plus
représentés même si les papayers, les orangers... sont
rencontrés dans certains champs. Ces fruits constituent en grande partie
des cultures
99
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
associées dans les exploitations. Car à
coté des plantations d'arbres, les agriculteurs de la zone ont tendance
à y associer les cultures irriguées ou sous pluies.
Cette diversification dans la manière de faire
l'agriculture est aussi une stratégie d'adaptation importante pour la
sécurité et la résilience des exploitations agricoles. La
pluralité des modes d'exploitation de la terre permet d'en tirer le
maximum de ressources et la combinaison agriculture élevage permet
d'optimiser la production tout en réduisant les risques de
dégradation avancée de l'environnement. Cette diversification
constitue l'une des bases de l'agriculture durable, c'est-à-dire,
système intégré de pratiques de production animale et
végétale qui à long terme,
o satisfait aux besoins humains en nourriture ;
o améliore la qualité de l'environnement et des
ressources naturelles sur lesquelles l'agriculture est basée ;
o assure la viabilité économique des
activités agricoles ;
o améliore la qualité de vie des agriculteurs,
et de la société dans son ensemble.
2.2. La migration comme stratégie d'adaptation
Parmi les nombreuses pratiques d'amélioration des
conditions de vie de la population locale, les déplacements occupent une
place non négligeable. La migration touche surtout les jeunes de la
localité. Elle peut être une contrainte pour l'agriculture si on
l'analyse du coté des pertes de mains d'oeuvre qu'elle engendre. Mais la
succession des mauvaises campagnes agricoles dans la CR, comme partout au
Sénégal pousse les jeunes à l'exode rural et à
l'émigration.
Tableau 19: ménages qui disposent
d'émigrés temporels
Population migrant
|
Nombre d'individus
|
Fréquence en %
|
Moins de 2
|
14
|
34
|
De 2 à 4
|
7
|
17
|
De 4 à 6
|
2
|
5
|
De 6 à 8
|
1
|
2
|
12
|
1
|
2
|
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Plus de 60% des ménages interrogés ont au moins
un migrant temporaire. Ce qui démontre que les déplacements sont
très importants dans ladite CR et constituent un moyen de lutter contre
l'unicité des sources de revenus. La motivation première des
déplacés est la recherche de travail dans certaines grandes
villes comme Dakar et Thiès. Ceci pousse certaines exploitations
à connaitre plus de 6 et jusqu'à 12 émigrés. Les
montants envoyés par les émigrés peuvent aller de 50 000
FCFA par année à 600 000 et plus.
Figure 16: montants envoyés par les
émigrés aux ménages
De 500 000 à 600 000
De 400 000 à 500 000
De 300 000 à 400 000
De 200 000 à 300 000
De 100 000 à 200 000
600 000 à 1 200 000
Moins de 100 000
Montants générés par les
émigrants
0 10 20 30 40 50
42
Fréquence en %
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Analyser du coté du seuil de survie, nous pouvons
affirmer que la plupart des ménages qui n'avaient pas atteint ce seuil
font recours à ces revenus pour compenser le gap. Ces revenus renforcent
la sécurité face au besoin d'alimentation, d'habillement, de
santé, d'éducation...Mais au- delà de ces besoins de base,
ils peuvent couvrir les besoins liés à la vie sociale : meilleur
cadre de vie, transport, électricité, téléphone
etc.
L'importance de cette pratique et les revenus qu'elle
mobilise sont des attraits pour les jeunes de la localité. Certains vont
même jusqu'à se déplacer définitivement dans
d'autres localités plus attractives. C'est ainsi, que nous avons pu
déceler qu'il ya
101
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
plus de 12 exploitations qui possèdent au moins 1
émigrant permanent dans notre échantillon soit presque 30% des
ménages.
Ces migrants permettent de diversifier les revenus des
exploitations et renforcent la capacité d'adaptation de celles-ci. Mais
à coté, d'autres ne connaissent pas ce phénomène de
migration. C'est le cas de 39% des ménages visités.
Toutes ces stratégies peuvent aider les exploitations
agricoles à s'adapter aux effets des variations climatiques ou
créer des opportunités de diversifier les revenus. Mais, Les
mesures d'adaptation ne sont pas que des actions individuelles, les
regroupements des producteurs pour la recherche de solutions aux
péjorations du climat peut renforcer la résilience.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
III. Les stratégies organisationnelles
d'adaptation : exemple de la fédération WOOBIN
Les mesures d'adaptation peuvent être individuelles ou
collectives. Mais, les effets de la péjoration du climat touchent
l'environnement global et tous les secteurs de la vie sociale. Et vue
l'importance de l'agriculture pour la survie des populations des zones rurales
et la nécessité de le protéger contre les effets des
variations et changements climatiques, il est impératif de
fédérer les initiatives. Car les actions en groupe sont, pour ce
type d'initiatives plus efficaces et agissent plus sur ces
phénomènes.
La fédération WOOBIN répond à
cette volonté de mobilisation des efforts collectifs dans la recherche
d'une meilleure robustesse des systèmes de production et d'une
optimisation des rendements afin de répondre aux enjeux de la
sécurité alimentaire et d'une agriculture durable.
3.1. Rôle de la fédération WOOBIN
La fédération WOOBIN est un regroupement des
producteurs de la CR de Keur Moussa. Son échelle d'intervention est le
territoire de cette CR. Elle couvre 22 des 37 villages que compte cette
collectivité locale. Elle a comme objectif de développer
l'agriculture dans la zone par l'organisation des paysans et le renforcement de
leur capacité pour une meilleur production agricole tout en respectant
la conservation des ressources et moyens d'existence.
De ce fait le rôle de la fédération est
de protéger les producteurs contre toutes menaces climatiques et non
climatiques. C'est ainsi que les défis à relever pour une
agriculture viable, saine et durable constituent les priorités de
celle-ci. Entre autres défis nous pouvons cités :
? Lutter contre l'accaparement des terres ;
? Lutter pour l'accès des femmes à la terre et aux
instances de décision ;
? L'adaptation de l'agriculture face aux variations
climatiques par l'amélioration des facteurs de production, la formation
sur la qualité des semences, sur les techniques de
pépinière et de repiquage ; sur la planification des cultures
selon
103
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
les besoins du marché, sur les techniques de gestion
des budgets des saisons culturales, sur les techniques de Défense et la
Restauration des Sols (DRS)...
La prise en charge de ces différents défis se
fait sentir dans les différentes initiatives de la
fédération.
3.2. Les activités de WOOBIN
Les initiatives de la fédération peuvent
être classées en quatre (4) catégories : les
activités de formation et de renforcement de capacité ; les
activités de sensibilisation et de plaidoyer ; les pratiques de
Défense et Restauration des Sols (DRS) et les bonnes pratiques
agricoles.
104
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
|
105
Tableau 20: les activités et les
partenaires de WOOBIN
CATEGORIES
|
|
ACTIVITES
|
PARTENAIRES
|
Formation et de renforcement
capacité
|
de
|
o o
o o o
|
formation sur la pratique culturale à travers les
techniques de rotation et d'association ;
Sur les qualités de semences et des fertilisants. En ce
sens la formation est beaucoup plus axé sur l'utilisation des engrais
bio et des variétés améliorées ;
Formation des OP sur les techniques de pépinière,
de repiquage ; Sur le maraichage sous pluies ;
Formation des producteurs sur la planification des cultures
selon la demande du marché.
|
ENDA/Pronat, ANCAR,
CNCR, AgroBioNiaye, Science de la terre, Ngataméré
Tooro
|
Sensibilisation et de plaidoyer
|
|
?
?
?
?
?
|
Sur les variétés appropriées dans ce
contexte de changement du cycle de la pluviométrie ;
Sur l'importance de conserver ses terres face aux menaces des
spéculateurs fonciers ;
Sur l'importance de la végétation et de la
biodiversité et la nécessité de la conservée.
Sur les méfaits des pesticides et les avantages des
fertilisants bio ;
Sur l'importance de mieux utiliser l'eau par des
méthodes d'utilisations moins gaspilleuses.
|
ENDA/Pronat, FNAB, HEKS, GRAFOSEN, Pain pour Tous, CRAPS
|
Défense et Restauration des Sols bonnes
pratiques agricoles
|
et
|
?
?
?
|
Projet de promotion de l'agriculture saine et durable dans la
CR de Keur Moussa ;
Mise en place d'ouvrage de lutte contre l'érosion
hydrique et éolienne ; Promotion de techniques de goute à goute
et de bidons d'arrosage pour mieux gérer l'eau.
|
ENDA/Pronat, FAPD, Enda
Energie, Union Européenne, CNCR
|
|
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
En premier lieu, la formation des producteurs est l'un des
domaines phares de la fédération. Le partage de connaissances et
de bonne pratiques en matière d'agriculture est crucial dans un contexte
de changements et variations climatiques. En effet, face à ces
phénomènes, le manque d'information peut être un obstacle
pour l'adaptation. Or celle-ci constitue un moyen important pour parvenir
à mieux gérer les vicissitudes du climat. Le renforcement de
capacités, par la formation sur les bonnes pratiques d'adaptation ; le
partage avec la population locale des technologies propres, traditionnelle,
adapter au milieu mais surtout par l'organisation des producteurs et la
recherche d'une synergie d'action est un gage d'une bonne résilience de
l'agriculture.
En deuxième lieu, la fédération s'active
dans la lutte contre la dégradation des terres par la méthode
DRS. C'est ainsi que des ouvrages ont été mis en place dans
différents village de la CR qui sont plus toussés par ces
phénomènes. Ces ouvrages ont été déjà
listés et concerne les techniques de creusage et d'aménagement de
barrage en pierre pour réduire l'érosion et
réapprovisionner la nappe en eau.
En outre, dans la réalisation de ces activités,
la fédération WOOBIN s'appui sur un certain nombre de partenaires
techniques et financiers, nationaux et internationaux.
Enfin, la réussit de ces mesures est surtout
illustrée par ces impacts visibles sur le terrain. L'efficacité
des initiatives repose sur la priorisation des savoirs endogènes et
traditionnels des populations locales. La pertinence et les effets positifs des
nombreuses mesures déjà réalisées ont
suscité un regain d'intérêt de la part d'entités
intervenant dans la recherche de meilleures capacités d'adaptation des
communautés de bases. La confiance sans sèche renouvelée
témoigne de l'efficacité des pratiques d'adaptation et même
de leurs efficiences dans la mesure où, ces pratiques ne
nécessitent pas, pour la plupart, la mobilisation d'énormes
ressources financières. Par ailleurs, le dynamisme des femmes dans les
actions de la fédération mérite d'être
constaté. Ces femmes sont plus impliquées dans les ouvrages de
DRS. Ceci est visible dans les différents travaux que nous avons pu
assisté où elles sont presque les seules à réaliser
ces technologies qui demandent souvent beaucoup d'énergie.
106
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
3.3. L'analyse des facteurs d'une bonne capacité
d'adaptation
3.3.1. Les facteurs facilitant
Ces facteurs sont de nature à augmenter
l'efficacité dans les interventions. D'abord d'après le
président de WOOBIN depuis que la fédération est mise en
place il y a un changement de comportement des producteurs. Ceux-ci sont plus
sensibles à l'environnement qui n'est plus considéré comme
un simple support pour la production. Ce changement de comportement est du aux
nombreuses formations et sensibilisations sur les bonnes pratiques de
l'agriculture et de préservation des terres et de la
biodiversité.
Ensuite, le second facteur favorable est la bonne
capacité de mobilisation que nous avons pu noter dans les
différentes mesures initiés par la fédération.
Cette capacité de mobilisation est un gage de réussit à
tous projets de développement car l'acceptation sociale constitue le
socle d'un projet communautaire. En outre, la mobilisation à un double
effet de pérennisation des activités et d'instauration d'une paix
sociale à travers l'entre aide dans l'effort commune et le dialogue que
la mise en place des actions d'adaptation suscite. C'est en ce sens que les
femmes profitent des activités de creusages des ouvrages anti
érosifs pour se réunir et tisser des liens entre eux.
107
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Photo 5: mobilisation des femmes dans les actions
d'adaptation
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Enfin, un autre facteur favorable est lié à
l'aspect commercial qui a été mise en place par la
fédération à travers la promotion de l'agriculture
biologique. Il ne sert à rien de produire de manière Bio si on
n'arrive pas à l'écouler sur le marché. C'est pourquoi la
mise en place des cantines de vente des produits permet de pérenniser
cette activité. Le projet d'une agriculture saine et durable,
initié par la fédération en partenariat avec ENDA Pronat,
devient à la fois économiquement viable et écologiquement
acceptable, ceux qui constituent les piliés d'un développement
durable.
108
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Photo 6: cantine de commercialisation des
produits Bio
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013 Néanmoins,
il existe des contraintes qui doivent être prises en compte.
3.3.2. Les facteurs bloquant des mesures
d'adaptation
L'un des blocages les plus notés est l'absence de
jeunes dans les différentes initiatives de la fédération.
D'après la coordonnatrice du programme à ENDA Pronat, les jeunes
de la CR veulent toujours être rémunérés dans les
activités qu'ils auront à faire. Mais le manque de ressources
financière pousse les acteurs à s'investir dans le volontariat.
Ce qui pourrait être une contrainte pour la réussite des
mesures
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
d'adaptation. Ce manque de financement pousse aussi la
fédération à ne pas couvrir tous les villages de la CR et
à se spécialiser de plus en plus dans la formation.
L'autre facteur bloquant est liés aux menaces sur les
terres. L'urbanisation et la spéculation foncière poussent
certains producteurs à vendre leurs terres. On assiste ainsi à un
changement de vocation d'une grande partie du territoire de la CR. Ceci est une
menace pour la continuité même de l'agriculture.
Il est aussi à noter la persistance des mauvaises
pratiques chez certains producteurs à cause de non application des
formations. De plus, on assiste à des vols des pierres et des sables des
ouvrages.
Dans la zone nord l'utilisation des pesticides pour
éradiquer les insectes ravageurs persiste car les bio pesticides coutent
relativement chers et ne sont pas à l'apanage de certains agriculteurs.
Dans ce même registre la commercialisation des produits bio souffre de la
non ouverture au grand public. Seuls quelques consommateurs spéciaux
achètent ces produits dont le prix est plus élevé que les
autres.
Conclusion partielle
Les stratégies d'adaptation se sont basées,
d'abord, sur les bonnes pratiques agricoles par la substitution de certaines
spéculations ou variétés sur d'autres plus
adoptées; la combinaison agriculture-élevage ; la
prévention par la consultation de la météo ; la gestion
durable des terres par des bonnes pratiques culturales ; l'application de la
méthode DRS pour lutter contre les érosions des sols et le recul
du couvert végétal. Ensuite, par des mesures de diversification
des revenus par l'exercice d'autres métiers, la diversité des
cultures et par le recours à la migration. Enfin, l'organisation des
producteurs au sein de la fédération WOOBIN témoigne de
leur volonté à unir leur force dans la recherche d'une meilleure
résilience.
Toutefois, ces mesures ne sauraient suffire pour arriver
à bout des nombreuses menaces qui guettent l'activité agricole.
C'est pourquoi des recommandations sont préconisées pour
renforcer la capacité d'adaptation des exploitations agricoles de la CR
de Keur Moussa.
110
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Chapitre 4 : RECOMMANDATIONS
Dans le cadre de cette analyse des différentes
stratégies d'adaptation aux variations et changements climatiques des
exploitations agricoles, l'identification du niveau de
vulnérabilité est le point logique de départ. Nous savons
que la vulnérabilité peut être endiguée par de
bonnes mesures d'adaptation. Comprenant cela, les producteurs de la CR de Keur
Moussa ont mis en place de nombreuses initiatives pour augmenter leur
capacité d'adaptation et de résilience.
Mais, ces différentes mesures ne sont pas suffisantes
face à une instabilité du climat. La formulation de propositions
visant à renforcer les différentes mesures amorcées
contribuerait de manière significative à la résilience des
exploitations agricoles de la CR. Ces proposions sortent des différents
entretiens avec les producteurs, des experts dans ce domaine et les structures
publiques et privées s'activant dans la zone.
Ces recommandations sont d'abord générales.
Ensuite elles sont spécifiques c'est-à-dire elles entrent plus en
détails sur les actions qui mériteraient d'être
entreprises.
I. Recommandations générales
Les politiques d'adaptation face aux variations et
changements climatiques font l'objet de nombreuses initiatives sur le plan
international. C'est dans ce cadre que les grands organismes ont depuis des
décennies cherchés à instaurer une réaction
mondiale face à la péjoration du climat. Le Sénégal
ayant ratifié la plupart des engagements internationaux contre les
modifications du climat, notamment la CCNUCC, a élaboré en 2006
le PANA. Mais, les effets négatifs des variations climatiques persistent
et les actions de ce plan ne se font pas sentir dans certaines
communautés de bases pourtant très vulnérables. C'est
ainsi que les recommandations générales que nous ferons vont
s'inscrire, dans l'échelle nationale, sur une plus grande
intégration des cultures irriguées pour se soustraire de
la saisonnalité de la production; la gestion durable des terres
par des techniques de production agricole appropriées ;
l'amélioration des conditions socio économiques des
populations rurales.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.1. Le renforcement de l'agriculture irriguée par
une utilisation économe de l'eau
L'importance de cette ressource n'est plus à
démonter. Mais l'eau est plus que jamais exposée aux variations
et changements climatiques. Sachant cela le PNIA 2011 - 2015 du gouvernement du
Sénégal accorde comme première priorité sur les six
: de réduire les risque climatiques par la maitrise de
l'eau25.
En effet, « la répartition de la superficie
agricole utile par zone climatique indique que 437 000 ha, soit 11% de cette
superficie, se trouvent dans une zone à pluviométrie
inférieure à 500 mm »26. Ce sont la
région du Fleuve, les Niayes, la partie Nord du Bassin arachidier et le
Ferlo. Donc, les mesures doivent tendre à inciter l'irrigation des
parcelles de culture. De ce fait, l'écueil des mauvaises saisons
pluvieuses pourrait être évité par des productions qui se
dérouleront aussi bien pendant l'hivernage que pendant la contre saison.
Ceci se fera par un apport conséquent en ressources financières
dans ce secteur. Les technologies de drainage et d'acheminement de l'eau des
zones de surplus vers les zones sèches doivent être
utilisées. L'amélioration, la souplesse et la réduction
des couts de l'approvisionnement serait la bonne solution pour l'accès
de tous à l'eau. Cet accès passera forcement par un maillage plus
renforcé de la couverture du réseau de la SDE et la mise en place
de forage dans les zones les plus reculées.
Mais, les initiatives ne sont pas que techniques et
financières. La mise en place d'incitations juridiques et
institutionnelles judicieusement sélectionnées sera très
déterminante. Par ailleurs, la bonne gestion de l'eau pourra être
orientée dans des stratégies qui s'appuient sur des quotas
préférentielles d'utilisation de d'eau par l'agriculture et des
droits d'utilisation de l'eau.
Ainsi, l'objectif du PNIA qui s'inscrit des documents
hiérarchiquement supérieurs de l'ECOWAP et du PDDAA «
d'instaurer une agriculture moderne et durable, productive et
compétitive sur les marchés intra-communautaires ou
internationaux, fondée sur l'efficacité, l'efficience des
exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles »
seront atteints grâce à la disponibilité de l'eau.
25 PROGRAMME NATIONAL D'INVESTISSEMENT AGRICOLE (PNIA) du
Sénégal 2011 - 2015.
26 Plan d'Action National pour l'Adaptation aux changements
climatiques
112
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.2. La gestion durable des terres et la vulgarisation
des bonnes pratiques agricoles
Les variations et changements climatiques liés au
réchauffement de la terre contribuent à une réduction
progressive du couvert végétal et à une dégradation
des sols de notre pays (PANA 2006). De ce fait, la recherche d'une optimisation
de la production agricole doit forcement passée par
l'amélioration de la qualité des sols.
L'intensification des érosions a provoqué
l'élaboration des stratégies de lutte anti - érosive. Ces
stratégies sont bien connues et adoptées par les populations
locales. L'Etat et les autres acteurs privés doivent aider à la
vulgarisation et à la capitalisation de ces techniques par
l'élaboration de manuels de bonnes pratiques simples,
compréhensifs et accessibles par les vrais
bénéficiaires.
Aussi, l'assistance des populations locales dans les
initiatives endogènes ou la mise à leur disposition des
connaissances scientifiques adaptées aux milieux écologique,
économique mais aussi sociologique sont de bonnes mesures d'incitation
à l'adaptation. Les différentes pressions de l'homme sur le
foncier agricole et sur les autres ressources naturelles doivent aussi
être évitées par une application stricte des
différents textes juridiques notamment la loi agro sylvo pastorale, le
code forestier, le code de l'eau, la loi sur le domaine national entre
autres.
La vulgarisation de bonnes pratiques agricoles est un
ensemble de formation et de sensibilisation au niveau national sur les
comportements qui dégradent les terres agricoles. Le renforcement de la
capacité des producteurs sur les méfaits de l'utilisation des
pesticides doit être priorisé. Donc l'incitation à produire
de manière Bio est très importante non seulement pour la
durabilité des systèmes de production mais aussi pour la
santé humaine. Par ailleurs l'intensification de l'élevage et la
mise en place de systèmes intégrés de pratiques de
production animale et végétale assurent la viabilité
économique de l'activité agricole donc la qualité de vie
des agriculteurs ; améliore l'environnement et les ressources naturelles
sur lesquelles l'agriculture est basée... Ce qui épouse les bases
d'un développement agricole durable.
113
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
1.3. L'amélioration des conditions socio
économiques des populations rurales
Le monde rural au Sénégal est
caractérisé par la dominance de l'activité agricole. Et
cette agriculture est sous les menaces du climat, du manque d'intrants de
qualité et de la mévente.
L'augmentation des revenus des producteurs peut les aider
à faire face aux contre-performances de l'agriculture. Cette
augmentation des revenus peut passer par la diversification de leur source, car
la spécialisation dans un domaine est un risque face aux aléas.
La création de métiers dans les zones rurales est une bonne
stratégie d'adaptation. Aussi, beaucoup de zones du
Sénégal sont spécialisées dans la production de
certaines spéculations. A ce niveau, l'utilisation de la polyculture et
le choix des espèces les plus demandées dans le marché
national et international doivraient être adoptés afin de couvrir
les besoins de la consommation locale et d'aller à la conquête des
débouchés externes.
II. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES
2.1. Les différentes recommandations
spécifiques
Les recommandations spécifiques s'inscrivent dans le
territoire de la communauté rurale. Ce sont des mesures et actions qui
ont été préconisées par les populations locales
à travers les différents enquêtes que nous avons
menés et les jugements des experts des questions d'adaptation
travaillants dans la zone
Recours aux eaux souterraines dans l'agriculture et
l'élevage ;
Retenir les eaux de ruissellement ;
Le recyclage des eaux usées ;
Promouvoir la technique du goute à goute ;
Faire accéder l'eau de la SDE aux zones reculées
;
Récupérer les terres dégradées par
la méthode DRS ;
Généraliser les méthodes de productions Bio
;
114
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Intégrer le système élevage intensive et
agriculture ;
Renforcer les moyens de la fédération WOOBIN
;
Créer des unités de transformation et de
commercialisation des produits
agricoles ;
Promouvoir l'emploi des jeunes de la localité ;
Mettre un terme à l'accaparement des terres et à
la spéculation ;
Permettre aux agriculteurs de briguer des mandats au sein du
conseil rural ;
Désenclaver les deux zones Nord et Sud.
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
|
2.2. Opérationnalisation des recommandations
Tableau 21: opérationnalisation des
recommandations
Recommandatio ns générales
|
Recommandations spécifiques
|
Activités
|
Acteurs
|
Potentialités
|
Limites
|
Le renforcement de l'agriculture
irriguée par une bonne gestion de
l'eau
|
Recours aux eaux
souterraines dans
l'agriculture et
l'élevage
|
Aménager des puits et des forages dans les villages de la
zone Sud ;
Implanter des puits dans la zone centre ;
Protéger les puits des destructions consécutive
aux averses et creuser de nouveaux puits dans les villages qui n'en disposent
pas;
|
ETAT, Conseil rural, ONG.
|
Affleurement de la nappe dans la zone nord.
|
Salinisation,
niveau plus profond dans la zone sud
|
|
Aménager des bassins de rétention dans la zone
nord et centre ; Construire des tranchées à ciel ouvert dans les
villages de la zone Sud ;
La mise en place de petites digues de rétention et de
maintient des eaux pluviales dans la zone nord proche du lac Tanma.
|
ETAT, ONG, WOOBIN
|
Présence de
bas fonds
inondables
|
Existence de
ravins, érosion hydrique
|
|
Créer un centre d'épuration des eaux usées
dans la CR ; Approvisionner les champs maraichers de la zone nord en eaux
usées traitées.
|
ETAT
|
Concentratio
n de la population dans certains villages
|
Cout élevé
des
équipements
|
|
subvention dégressive des équipements
nécessaires pour la mise en place du système d'irrigation
à pression zéro ;
Implanter ce système d'arrosage dans les villages de
la zone sud ; Vulgariser cette technique dans les champs maraichers des zones
nord et centre.
|
ETAT, ONG, ANCAR
|
Technologie maitrisée dans la CR
|
Cout élevé
des
aménagement s
|
|
Approvisionner la zone sud et certains villages de la zone
nord en eau de la SDE ;
Généraliser le quota de préférence
dans tout le territoire de la CR.
|
ETAT, Conseil rural
|
CR proche
des points de
passage des tuyaux de la SDE
|
Enclavement
de certains villages
|
|
116
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
|
Recomm andations générales
|
Recommanda tions
spécifiques
|
Activités
|
Acteurs
|
Potentialités
|
Limites
|
La gestion durable des terres et la vulgarisation des
bonnes pratiques agricole
|
Récupérer les
terres
dégradées par
la méthode DRS
|
Renforcer les ouvrages de lutte anti érosive dans la zone
sud ;
Aménager des haies vives au niveau des champs de la zone
nord ;
Installation de pépinières communautaires ;
Former les producteurs sur la création et l'utilisation
des fosses compostières,
|
WOOBIN, ANCAR, ONG
|
Technologie déjà pratiquée et
maitrisée
|
Manque de ressources financière s dans les actions
|
|
Subventionner les bio pesticides ;
Initier les producteurs sur les techniques et les avantages de
la production bio ;
Développer la commercialisation des produits Bio par
l'implantation de nouvelles cantines dans les grandes capitales.
|
WOOBIN, ENDA Pronat
|
Expérience déjà mise en
place dans certaines UP
|
Cout des
Bio
pesticides élevé
|
|
Aménager des zaïs forestiers dans certains champs
;
Aménager des espaces de parcours du bétail dans
les différentes zones de la CR ; Développer la pratique de
l'élevage dans les différentes exploitations ;
Former les villages environnants les forêts
classées sur les techniques de mise en défens, Protéger
le reste de ces forets contre le déclassement ou la colonisation par les
champs ;
|
Conseil rural,
Eaux et Foret,
WOOBIN
|
Disponibilité de l'aliment du bétail
|
Elevage peu développé e dans la CR
|
|
Apporter des matériels lourds pour le creusage des
ouvrages anti érosifs ;
Financer les initiatives menées pour lutter contre les
érosions ;
Mettre à la disposition de la fédération
des unités de transformation et de conservation ;
Aider la fédération à mettre en place des
documents de capitalisation des acquis ;
Former les membres de la fédération à
l'école environnementale et la santé de la
reproduction ;
Mettre en place des banques de semences certifiées ;
Diversifier les partenariats de la fédération ;
Créer des chaines de valeur pour les différentes
filières de la CR ;
Harmoniser les différentes initiatives entre les
différents acteurs intervenants dans la CR ;
Mettre en place des conventions locales.
|
ONG, Etat,
conseil rural
|
Agriculteurs
très organisés
autour de la fédération,
initiatives très appréciées par les
partenaires
|
Non couvertur e de tous les
villages de la CR
|
|
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Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur
Moussa.
|
|
Recomman dations générales
Amélioration des des
populations
conditions socio rurales
économiques
Limites
Manque d'initiative des jeunes pour l'auto emploi
Non respect de la loi sur le domaine national
Désintéressem
ent des agriculteurs à la politique
Recommandations spécifiques
Activités
|
Acteurs
|
Potentialités
|
|
Créer des unités de transformation et de
commercialisation des produits agricoles
|
Mettre en place des usines de transformation de la mangue ;
Renforcer les cantines de commercialisation des produits Bio ; Créer un
GIE de transformation et de commercialisation ; Former les femmes sur la
gestion du budget agricole.
|
ONG, Etat, WOOBIN, PEDAMAS
|
Bonne production
de fruits et légumes
|
Promouvoir l'emploi
|
Créer des fermes villageoises où pourront
travailler les jeunes à l'image
|
ANEV
|
Population en
|
des jeunes de la
localité
|
de celle de Ngoméne ;
Créer des Eco villages dans les deux zones Nord et Sud
|
AIMN, Etat, Privés
|
majorité jeune
|
|
Créer des centres de formations aux métiers;
|
|
|
|
Employer les jeunes dans la construction de l'AIBD, dans les
usines et mines présents dans la CR ;
|
|
|
Mettre un terme à
|
Mettre en place un contrôle des terres par un cadastre
rural dans la CR ;
|
Conseil
|
Présence
|
l'accaparement des
terres et à la spéculation
|
Appliquer la loi sur le domaine national ; Former les
producteurs en droit foncier ; Sensibiliser les producteurs sur l'importance de
ne pas vendre leurs terres.
|
rural, Etat,
WOOBIN, ENDA Pronat
|
d'instance de
dénonciation de
telles pratiques
|
Permettre aux
|
Sensibiliser les agriculteurs sur l'importance de participer aux
instances
|
Conseil
|
Présence
|
agriculteurs de
|
de décision ;
|
rural, Enda
|
d'organisation
|
briguer des mandats
au sein du conseil rural
|
Permettre aux femmes d'accéder à la terre et aux
instances de décision ;
|
Pronat
|
d'agriculteurs très dynamique
|
Désenclaver les deux zones Nord et Sud
|
Aménager des pistes de production entre les villages de
la zone Nord Bitumer la piste reliant Pout à l'AIBD
|
Etat, ONG
|
|
|
118
Source : Tamsir Ousmane Diagne,
mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
CONCLUSION GENERALE
Il ressort de la perception globale de la
vulnérabilité que les producteurs agricoles considèrent
que leurs activités sont exposées à de nombreux
aléas climatiques et non climatiques. La production agricole dans cette
localité subit les conséquences des fluctuations de la
pluviométrie. Plus de 65% des producteurs ont estimé qu'il ya
baisse, irrégularité ou mauvaise répartition des pluies.
Ceci à des conséquences négatives comme l'apparition de
maladies des végétaux, d'insectes destructeurs des
récoltes, l'extension de la période de croissance des plants ou
la destruction des puits... L'accès à la ressource eau est la
plus problématique dans cette CR. Il faut dire que 70% des producteurs
utilisent la pluie dans leurs activités culturales et sont
exposés aux variations de celle-ci. Mais d'autres associent cette source
avec les puits (49%) ou l'eau de la SDE (14%). Même si certaines parties
des zones nord et centre arrivent à bien s'approvisionner en eau, la
zone sud reste elle dépendante de la saison pluvieuse pour la
production agricole. Ce qui l'expose aux vicissitudes de
celle-ci. Aussi, les producteurs ont-ils noté l'assèchement
précoce des mares et le manque de forage dans certaine partie du
terroir.
Pour ce qui est de la température, elle est sentie
comme plus chaude par rapport aux décennies précédentes.
Cette augmentation de la température a surtout des effets
négatifs au niveau des cultures horticoles, plus sensibles à
l'action de la chaleur. Ainsi, dans la zone Nord elle est responsable des vents
qui détruisent les champs de tomate et de la coulure. Les sols sont
perçus comme moins fertiles par presque plus de 70% des exploitants
agricoles. la faiblesse des sols se
répercute négativement sur le rendement des cultures
d'après les personnes intérogées. Par ailleurs, plus de
50% considèrent que la végétation est en net recul durant
les dix dernières années. La diminution de la
végétation à des effets négatifs sur
l'élevage et serait la cause principale de la diminution du cheptel. La
disparition progressive de la faune est, enfin, relatée.
En ce qui concerne la vulnérabilité socio
économique, elle est justifiée par une forte concentration
humaine et un faible niveau d'instruction des producteurs au niveau de cette
CR. Quant au statut foncier des terres des exploitations agricoles, il n'est,
pour la plupart, pas sécurisant. Ces exploitations sont plus que jamais
exposées à la
A
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
spéculation foncière et à
l'accaparement. De ce fait la moitié des agriculteurs ont vu leurs
superficies emblavées diminué ces dix dernières
années. La difficulté d'accéder à la terre des
femmes est l'une des causes de la vulnérabilité de cette couche
de la population. Pour le niveau de vie des ménages, 55% de ceux-ci sont
sous le seuil de survie. Mais d'autres producteurs dépassent de loin ce
seuil qui tourne autour de 181 000 FCFA annuel. Tout ceci confirme notre
première hypothèse de départ : les producteurs
perçoivent que les effets des variations et changements climatiques sont
responsables des contres performances dans la production agricole et
animales.
Face à ces différentes causes de
vulnérabilité, les populations locales ont
développé des stratégies d'adaptation. Ces
stratégies sont d'abord, de bonnes pratiques agricoles pour faire face
aux changements du cycle de la pluviométrie et ces effets
négatifs : abandon de certaines cultures ; utilisation de
variétés à cycle cours ou améliorées ;
combinaison agriculture élevage ; le suivi des prévisions
météorologiques... Ensuite, ce sont des pratiques agronomiques
d'optimisation de la production. Dans le même registre, les luttes anti
érosives sont des mesures qui visent à lutter contre la
dégradation des terres, à régénérer le
couvert végétal et à rehausser la nappe par un
ralentissement du ruissellement.
En outre, la diversification des sources de revenus est une
mesure socioéconomique appliquée par la population locale, qui y
voit une manière d'améliorer leur cadre de vie et d'éviter
les risques liés à la spécialisation dans une seule
activité. L'autre pratique qui influence le niveau de vie, est la
migration. Face aux contre performances de l'agriculture certains ont
préféré se déplacer dans d'autres localités.
Ces migrants sont soit temporaires, soit permanents et envoient des sommes
très importantes à leurs familles.
Enfin, la dynamique organisationnelle peut être un
moyen efficace d'adaptation. Pour conjuguer leurs efforts en vue de faire face
aux effets globaux et négatifs des variations et changements
climatiques, les agriculteurs se sont regroupés dans une
fédération dénommée WOOBIN. Cette dernière
initie des activités de sensibilisation, de formation, de plaidoyer, de
lutte contre l'érosion, de la promotion de l'agriculture Bio, de lutte
contre l'accaparement des terres entre autres. Tout ces pratiques renforcent
la
B
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
capacité d'adaptation et de résilience des
exploitations agricoles, ce qui confirme l'hypothèse numéro
deux.
Ainsi, la prise en compte de leur vulnérabilité
par la mise en place de mesures et pratiques d'adaptation démontre que
la sensibilité à l'environnement peut être l'apanage des
communautés de base. Aussi la vulnérabilité ne
dépend pas seulement des conditions socio économiques ou bio
physiques, elle dépend de la volonté et de la capacité de
la population concernée à faire face. Donc nous pouvons nous
affranchir du postulat simpliste qui voudrait que le degré d'exposions
aux menaces climatiques est lié au niveau de pauvreté. Les
exploitations de la CR de Keur Moussa ont démontré le contraire
par des stratégies simples, endogènes et efficaces.
C
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
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E
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Textes juridiques
? Loi N° 64 - 46 du 17 juin 1964 relative au Domaine
National
? Loi N° 81-13 du 4 mars 1981portant Code de l'Eau
? Loi N° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des
Collectivités Locales
? Loi N°2004-16 portant loi d'orientation agro - sylvo-
pastorale
? DECRET N°72-1288 DU 27 OCTOBRE 1972 relatif aux conditions
d'affectation et de
désaffectation des terres du domaine national comprises
dans les communautés rurales, modifié
par N°80-1051 du 14 Octobre 1980 et 86-445 du 10 avril
1986.
Dictionnaires
? Alfons P. M. Baede, Paul van der Linden, et Aviel
Verbruggen, Glossaires des contributions des Groupes de travail I, II et III au
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? Armand Colin, dictionnaire de l'environnement, Paris 2007.
? Version électronique du Grand Robert de la langue
francaise, version 2, 2005.
WEBOGRAPHIE
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www.iucn.org
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www.worldagroforestry.org
www.careclimatechange.org
www.banquemondiale.org/fr/new
s/feature/2013/06/19/w hat-climate-change-means-africa-asia-coastal-
poor.print
http://www.developpementdurable.com/forum/
www.iepf.org
www.rga.revues.org
www.Ladocumentationfrançaise.fr
www.aquaportail.com/definition-3211-dessiccation.html#ixzz2iuxhGtDL
www.cse.sn
www.enda.sn/energie/indexnrj.htm
www.ansd.sn
www.unep.org/dep
F
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
ANNEXES
Glossaire
Agriculture durable : dans le domaine de
l'agriculture, la mise en oeuvre d'une palette plus ou moins large de pratiques
agricoles relevant de l'agriculture durable permet de mieux gérer
l'environnement, d'assurer aux générations présentes et
futures une alimentation de qualité ainsi que la prise en compte de
l'entretien et du renouvellement de la fertilité des sols. Mais, la
durabilité de l'agriculteur passe ainsi par un meilleur contrôle
de l'érosion des sols, par une irrigation mieux conduite et
économe en eau, par un entretien mieux assuré de la
fertilité des sols ainsi que par un contrôle beaucoup plus strict
de l'étalement urbain.
Elle prône une production écologiquement saine,
socialement équitable et économiquement viable. Ainsi,
l'agriculture durable s'oppose à celle productiviste, agriculture qui
est fondée sur l'utilisation massive d'intrants d'origine industrielle.
La rupture avec la méthode productiviste peut être forte, dans ce
cas on parle d'agriculture biologique. Elle peut être faible dans le cas
de l'agriculture résonnée.
Bactrocera Invadens (ou mouche des fruits):
mouches qui piquent les fruits à l'aide de leur ovipositeur pour y
déposer leurs oeufs (plusieurs dizaines) à faible profondeur.
Dès leur éclosion, les asticots se nourrissent de la pulpe
pendant plusieurs jours avant de quitter le fruit pour s'enfouir dans le sol et
de se transformer en pupe. De cette pupe sortira une mouche adulte. Les fruits
à peau tendre comme la mangue sont très attaqués par les
mouches
Badlands : ou mauvaise terre, désigne
une région soumise à une érosion rapide avec formations de
ravins. L'expression badlands est utilisée en géologie
pour caractériser une zone où un fort ruissellement et une
végétation peu dense ont formé de profondes ravines. Le
phénomène des badlands se produit souvent lorsque
l'Homme détruit le couvert végétal de terrains en
pente.
Brises vents : Le brise-vent est un obstacle
que l'on place au travers du vent pour réduire sa vitesse. Les
brise-vent sont des structures linéaires, le plus souvent vivantes,
(mais aussi inertes) composées d'espèces ligneuses,
semi-ligneuses et parfois herbacées installées de telle
manière qu'elles permettent de protéger les zones
cultivées, pâturées ou d'habitation contre les effets
néfastes des vents dominants.
Coulure : Cause accidentelle qui
empêche la fécondation de la fleur en faisant couler le pollen.
Chute des fleurs ou des jeunes fruits causée par un accident au moment
de la fécondation (forte pluie, parasites, stérilité) sur
les arbres fruitiers.
Couvert végétal : Un couvert
végétal désigne un ensemble de végétaux
recouvrant le sol de manière permanente ou temporaire.
Densité ligneuse : la densité
ligneuse de base est le rapport entre la masse sèche et le volume de
bois de fût frais sans écorce. Permet de calculer la biomasse
ligneuse dans la masse de matière sèche.
G
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Déprédateurs : relatif à
une déprédation, à un dommage ou un vol accompagné
de destruction. Un déprédateur est un animal qui commet des
dégâts sur une plante ou des denrées, le plus souvent dans
le but de se nourrir. Les déprédateurs sont
considérés comme des organismes nuisibles si les
dégâts commis ont une importance économique significative.
Si un déprédateur provoque brusquement des dégâts
importants, il est qualifié de ravageur. Ce terme est
généralement appliqué pour des insectes, des acariens ou
des rongeurs.
Le terme de déprédateur est à ne
pas confondre avec la notion de prédateur, qui désigne un
organisme animal qui poursuit et capture ses proies vivantes pour s'en nourrir
ou pour alimenter sa progéniture.
Déséquilibre : la notion de
déséquilibre a plusieurs significations et s'applique dans des
domaines aussi divers que l'économie, la santé, la psychologie,
la sociologie...l'écologie. Appliquer dans ce dernier domaine, il
désigne comme un tout harmonieux. Dans le cas des chaines alimentaires,
la nature est conçu en équilibre, c'est-à-dire comme un
tout où chaque espèce joue un rôle spécifique au bon
fonctionnement de l'ensemble.
Dessiccation : action de dessécher,
Synonyme de déshydratation. Action de dessécher quelque chose,
élimination de l'humidité d'un corps. La dessiccation peut
être naturelle (manque d'eau atmosphérique) ou
provoquée.
Développement : la déclaration
des Nations Unies sur le droit au développement de 1986 donne la
définition suivante : un processus global, économique, social,
culturel et politique qui vise à améliorer sans cesse le
bien-etre de l'ensemble de la population et de tous les individus, sur la base
de leur participation active, libre et significative au développement et
au partage équitable des bienfaits qui en découlent. Mais de plus
en plus de voies s'élèvent pour discréditer ce concept,
qualifié comme une idélogie visant à arrimer l'influence
du Nord sur le Sud. (Latouche, 1990)
Développement durable : c'est la
conciliation de la croissance et de l'écologie, essentiellement par la
recherche de l'éco-efficience, afin de consommer moins de
matières premières et d'énergie tout en produisant autant
de biens et de services (à travers le recyclage et une autre conception
des produits). Il ne fait, donc, pas fi des besoins humaines et ne ni pas la
nécessité de préserver les ressources naturelles pour leur
utilisation future. Il à comme condition le respect de
l'équité intergénérationnel c'est-à-dire
bannissement des comportements égoïstes de maximisation du
bien-être. Mais, l'équité
intergénérationnelle est conditionnée par celle
intra-générationnelle, c'est-à-dire
l'égalité et la justice sociale.
La notion de développement durable se ramène
à un compromis entre trois contradictions fondamentales : les
intérêts des générations actuelles face à
ceux des générations futures, les intérêts des pays
industrialisés et ceux des pays en développement, les besoins des
êtres humains et ceux de la préservation des
écosystèmes.
Ramené du coté de l'entreprise, il a conduit
à l'idée de triple bottom line (triple résultat)
: l'efficacité économique, le respect de l'environnement et la
responsabilité sociale.
Diversité floristique : on parle
diversité floristique lorsque l'on veut débattre de la
diversification des espèces. Pour la mesure de la diversité
floristique quantitative on peut appliquer les méthodes d'inventaires
sur des placettes, des transects et des relevés linéaires
H
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
peuvent être utilisés seuls ou en combinaison.
Pour mesurer la diversité qualitative, l'une des méthodes la plus
couramment utilisée et la plus rapide est l'inventaire
itinérant.
Elagage : action d'élaguer,
c'est-à-dire couper des branches à un arbre. L'élagage
consiste à orienter ou limiter le développement d'un arbre. On
appelle généralement élagage l'arboriculture ornementale.
On distingue l'élagage sylvicole, l'élagage fruitier et
l'élagage ornemental.
Erosion des sols : L'Érosion du sol
désigne la dégradation des sols par les pluies et le travail
mécanisé du sol. Elle est influencée par les grosses
averses, le recul du couvert végétal, les formes
d'aménagement des surfaces de culture, les calendriers culturales, le
niveau de pente du relief... Elle peut conduire dans les régions comme
le Sahel un état de désertification.
Pour réduire l'érosion on peut éviter de
planter dans le sens de la pente, prévoir des alternances de cultures en
bandes au lieu d'avoir d'immense parcelles portant une même culture, ne
pas laisser les sols à nu pendant de longue période.
Espèce halophile : se dit des
végétaux qui poussent dans les terrains salés
Espèce xérophile : terme
qualifiant une plante qui support de conditions climatiques
caractérisées par la sécheresse et la chaleur.
Exploitation agricole : l'article 16 de la
loi agro sylvo pastorale définit l'exploitation agricole, comme une
unité disposant de facteurs de production (terre, bâtiments,
cheptel, matériels, main d'oeuvre, etc.) qui sont utilisés par un
exploitant exerçant un métier de l'agriculture. Les
activités de production agricole constituent une ou plusieurs
étapes nécessaires au déroulement d'un cycle biologique,
végétal ou animal, et correspondant à la maîtrise et
à l'exploitation de ce cycle. Les activités exercées dans
le prolongement de la production agricole, telles que la transformation, le
conditionnement, la conservation, le stockage et la vente des produits
provenant de l'exploitation, sont considérées comme agricoles.
Les activités ayant pour support l'exploitation agricole, telles que
l'artisanat, le tourisme rural, le commerce des services, etc., sont
considérées comme complémentaires des activités
agricoles.
Exploitation agricole familiale :
d'après l'Article 18 de cette même loi: L'exploitation agricole
familiale est une unité de production agricole organisée sur une
base familiale, au sein de laquelle les rapports entre personnes sont
définis librement et ne sont pas régis par le code du travail.
I
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Niveau de turbidité des eaux souterraines
: Le terme «turbidité» renvoie au degré de
limpidité de l'eau. En ce qui concerne l'eau de surface et l'eau
souterraine, la turbidité peut indiquer la présence d'organismes
pathogènes susceptibles d'avoir des effets nocifs sur la
santé.
Niveau piézométrique : niveau
d'eau relevé dans un forage (piézomètre). Il
caractérise la pression de la nappe en un point donné. La mesure
est ramenée au niveau 0 de la mer.
Pauvreté : L'approche retenue de la
notion de « pauvreté » met l'accent sur la
précarité qui affecte plusieurs domaines de l'existence humaine.
Une approche empirique de la pauvreté est traduite par un panier de
biens alimentaires et non-alimentaires, indispensables, à chaque
individu ou groupe d'individus, pour vivre dans des conditions décentes
des Etats de l'Afrique de l'Ouest. On peut appréhender la
pauvreté par l'incidence de la pauvreté qui est la proportion
d'individus ou de ménages considérés comme pauvres dans
une population donnée. La différentiation est aussi faite entre
l'indice de la pauvreté urbaine et l'incidence de la pauvreté
rurale, c'est à dire la proportion d'individus ou de ménages
considérés comme pauvres dans une population urbaine ou
rurale.
Résilience : ou homéostasie,
c'est l'aptitude des écosystèmes à revenir à
l'état d'équilibre après une perturbation.
Robustesse : Caractère robuste, fort
et résistant de quelqu'un ou quelque
chose. la robustesse d'un système
se définit comme la « stabilité de sa performance ». Il
existe 3 types de systèmes : les systèmes « non-performants
» ; les systèmes « performants fragiles » ; les
systèmes « performants robustes ».
Sahel : Le sahel est une zone de l'Afrique de
l'ouest qui marque la transition entre le désert du Sahara et l'Afrique
tropicale humide. Définit de manière climatique, il correspond
à la zone recevant entre 150 et 900 mm de pluie par an. Définit
de manière politique, il regroupe les pays du Comité
Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) soit
le Burkina-Faso, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la
Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Mais ces deux
définitions ne se recoupent pas exactement puis que plusieurs de ses
pays ont des zones non sahéliennes ou sont situés en dehors de la
zone sahélienne. Par contre des pays non membres du CILSS comme le
Cameroun et le Nigeria ont des zones sahéliennes.
Stabilité: Qualité de ce qui
est ou peut rester en équilibre. Dans la différentiation entre la
stabilité et l'instabilité des milieux, H. Erhart met en
opposition les périodes de « stabilité » et d'
«instabilité biologique » sous les termes « biostasie
» et « rhexistasie ». Durant la biostasie, le couvert
végétal en particulier forestier bloque toute évolution
mécanique des versants. Au contraire, durant les phases de rhexistasie,
la destruction de la couverture végétale entraine un
J
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
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climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
déséquilibre écologique et une forte
érosion des sols et des formations superficielles. La notion de
stabilité environnementale n'exclut pas l'existence de perturbations. Un
état stable n'est donc pas un état statique ou stationnaire.
L'instabilité peut aussi être d'origine anthropique, partout
où l'homme défriche, cultive, met en pâturage la couverture
végétale, protectrice se détruise, donc les flux
mécaniques domine. Ce qui se traduit par des flux de matériaux
solides importants.
Zones de friche : Ensemble de terrains
laissés à l'abandon, sur lesquels peuvent subsister des
installations ou des dépôts liés à des
activités passées.
OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES
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L
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M
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Guide d'entretien à adresser à l'agent de
l'ANCAR et au chargé de la commission environnement du conseil rural de
Keur Moussa
Quel est votre rôle dans la CR ?
Quelles sont vos activités dans la CR
Qui sont vos partenaires ?
Quels sont les potentialités de la CR dans le domaine de
l'agriculture ?
Quels sont les contraintes du secteur agricole ?
? Contraintes de l'arboriculture
? Contraintes de l'agriculture sous pluies
? Contraintes du maraichage avec puits
? Contraintes du maraichage avec l'eau de la SDE
? Contraintes de l'élevage
Que pensez-vous du climat dans la zone ?
Disposez-vous des moyens de vérification ou
d'évaluation du climat dans la CR ?
Quel est la caractéristique des saisons pluvieuses dans la
CR ?
Quels sont les effets des variations des pluies sur la production
agricole ?
Quels sont les mesures que vous préconisez
Quelles relations vous avez avec les OCB, les OP et les autres
organisations communautaires de gestion de l'environnement ?
Comment appréciez-vous le niveau d'engagement des
populations dans la gestion de l'environnement et l'adaptation aux variations
climatiques ?
Quelles sont les contraintes que vous rencontrées dans vos
intervention ? Quels sont les solutions de ces contraintes ?
R
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
Tamsir Ousmane Diagne
Ingénieur des travaux de l'Aménagement du
Territoire et de la Gestion Urbaine
A l'Ecole Supérieure d'Economie Appliquée (ESEA) ex
Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA)
Département : Aménagement du Territoire,
Environnement et Gestion Urbaine
Tel : (+221) 77 326 29 23
(+221) 70 858 24 16
Email : todiagne@
gmail.com
diagnetamsirousmane@gmail.com
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
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