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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

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par Tamsir Ousmane DIAGNE
Ecole supérieure d'économie appliquée (ESEA ex ENEA) - Diplôme d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la gestion urbaine 2013
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP (UCAD)

ECOLE SUPERIEURE D'ECONOMIE APPLIQUEE (ESEA ex ENEA)

DEPARTEMENT AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, ENVIRONNEMENT ET
GESTION URBAINE (ATEGU)

39éme PROMOTION Année 2013

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
PRESENTE PAR
: Tamsir Ousmane DIAGNE

Pour l'obtention du Diplôme d'ingénieur des travaux d'Aménagement du Territoire et de Gestion Urbaine

Directeur de Mémoire

Dr Ibrahima Diop GAYE

todiagne@gmail.com

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

II

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

REMERCIEMENTS

Je remercie tout d'abord le Tout Puissant Dieu de m'avoir permis de réaliser cet ouvrage, son prophète Mouhamed (PSL) ainsi que son illustre et éternel Serviteur Cheikh Ahmadou Bamba. Je remercie mon marabout Serigne Modou Aicha Mbacké ibn Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké.

Je remercie toutes les personnes qui ont aidé à la concrétisation de ce travail de recherche et ceux qui me sont les plus chères. Je veux citer entre autres :

Feu mon père, Mamadou DIAGNE et ma très chère mère, Ndeye DIALLO de m'avoir mis au monde et éduqué ainsi que mes frères et soeurs neveux, nièces, cousins, beau frère et belle soeur, oncles et tantes ;

Mon directeur de mémoire, le docteur Ibrahima Diop Gaye pour avoir accepté de conduire ce travail ;

Je pense très sincèrement au personnel administratif et tous les formateurs du département ATEGU à Mr Timéra, chef du département, Mme Faye Secrétaire du département, Mr Ibrahima Ndiaye, Mr Birame Ndiaye, Mr Dia et tous le corps enseignant, c'est maintenant le moment de leur témoigner ma gratitude ;

Le Docteur Aly Ndiaye, chercheur à l'ISRA, pour tous les conseils ;

L'ONG USAID par son projet ERA (Education et Recherche en Agriculture) pour l'appui financier ;

La fédération WOOBIN par la personne de son président, Monsieur Faye, monsieur Fall chargé de la commission environnement au conseil rural de Keur Moussa, l'agent de l'ANCAR de la CR, Saliou Ndiaye et Madame Koly, coordonateur de programme à ENDA Pronat ;

La famille Sall qui m'a accueilli durant la période d'enquête de terrain notamment au père Monsieur Talla Sall, à son épouse Madame Ndeye Amar et leurs enfants ;

Maman Ndeye Astou Gueye et son mari Alassane et leurs enfants ;

Mes amis des parcelles assainies qui m'ont aidé et soutenu dans ce travail. Je veux citer Monsieur Bathie Sarr, Monsieur Thiam mon professeur de français au lycée, Fat Mbintou Diagne, Ibra Babou, Mamadou Gaye Seye et aux membres du Dahira « Nayloul Maram » ;

Mes amis de l'ESEA particulièrement ma filleule Soukeyna Diop pour beaucoup de choses dont je me garderai de citer mais qui m'ont été précieux durant ces quatre années;

Tous mes « Mbook Talibés »du Dahira Touba ENEA par la personne du coordonateur « Diawrigne » Cheikh Samb ;

Tous mes camarades de la promotion 39 notamment mon voisin de chambre, Khadim Ndiaye, mes collégues du département : Tidiane Diagana, Pape Waly Loum, Pape Mikael Thiaw, Babacar Laye Diop, Mamour Diouf, Mbacké Ndour, Salimata Ndoye, Pelagi Diémé, Mame Diarra Diop, Khady Sow Loum etc.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

III

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

DEDICACES

Ce mémoire est dédié à:

Feu mon père qui m'avait tout donné et n'a rien reçu de moi ;

Feu le docteur Samba Diallo, médecin-professeur à l'UCAD à la faculté de médecine qui aurait bien souhaité assister à ce moment et feu Gorgui Ndiaye pour la formation et les conseils.

Je dedie ce travail à ma mère Ndeye fatou DIALLO et tous mes frères et soeurs et particulièrement à Aminata DIAGNE qui vient de réussir le concours de l'ESEA et à qui je souhaite une réussite totale durant ces quatres prochaines années.

« Nous avons plus de force que de volonté ; et c'est souvent pour nous excuser à nous même que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. » LA ROCHEFOUCAULD

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

IV

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS III

DEDICACES IV

TABLE DES MATIERES V

SIGLES ET ABREVIATIONS IX

LISTE DES TABLEAUX X

LISTE DES CARTES XI

LISTE DES PHOTOS XI

RESUME XII

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE: CADRE DE REFERENCE 3

Chapitre 1 : Revue critique de littérature 3

Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL 13

I. Variations et changements climatiques 13

II. Vulnérabilité de l'agriculture 14

III. Stratégies locales d'adaptation 16

IV. Exploitation agricole 18

V. La perception 20

Chapitre 3 : Problématique 22

Chapitre 4 : CADRE OPERATOIRE 26

I. Questions de recherche 26

II. Objectifs de recherche 26

III. Hypothèses de recherche 27

DEUXIEME PARTIE : Méthodologie et caractérisation du cadre de l'étude 30

I. METHODOLOGIE 30

1. Identification et délimitation du thème 30

2. Revue documentaire 31

3. Collecte des données primaires 32

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

V

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

3.1. Outils de collecte des données 32

3.2. Enquêtes et les entretiens 33

3.3. Collecte et traitement des données 35

4. Photos et cartes 36

5. Difficultés rencontrées 36

II. CARACTERISATION DU CADRE DE L'ETUDE 37

1. Présentation administrative 37

2. Caractéristiques physiques 39

2.1. Le climat 39

2.2. La pluviométrie 40

2.3. Le relief 43

2.4. Les sols 44

2.5. La végétation 45

2.6. La faune 46

2.7. L'HYDROGRAPHIE ET L'HYDROLOGIE 47

3. Situation socio économique 48

3.1. Le profil démographique 48

3.2. Les activités économiques 50

3.2.1. Agriculture 50

3.2.2. Industrie, Mine et artisanat 51

3.2.3. Commerce et transport 52

3.3. Dynamique organisationnelle 53

3.4. Equipements et Infrastructures 54

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS 55

Chapitre 1 : CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS 55

I. Population des exploitations agricoles 55

II. Répartition par sexe des chefs des EA 57

III. Niveau d'instruction des chefs des EA 58

Conclusion partielle 58

Chapitre 2 : PERCEPTION LOCALE DE LA VULNERABILITE DE L'AGRICULTURE 59

I. PERCEPTION PAR LES PRODUCTEURS DE LA VULNERABILITE BIO PHYSIQUE 59

1.1. Les fluctuations de la pluviométrie sont responsables des contre performances agricoles 59

1.1.1. Une importante variation inter annuelle et intra annuelle des pluies 59

1.1.2. Effets de ces variations sur l'agriculture 60

1.2. Perception des producteurs de la température décennale 63

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

VI

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

1.2.1. Une température de plus en plus chaude 63

1.2.2. Les effets de l'augmentation de la température sur la production agricole 64

1.3. Les points de vue sur la qualité des sols 64

1.4. La disponibilité du facteur eau 66

1.5. Le recul de la couverture végétale et disparition de la faune 69

1.5.1. Le recul du couvet végétal 69

1.5.2. La disparition de la faune 71

II. Perception des producteurs de la VULNERABILITE SOCIO ECONOMIQUE 72

2.1. La question foncière 72

2.1.1. La disponibilité du foncier pour l'agriculture 72

2.1.2. Le mode d'acquisition foncière 74

2.2. Le niveau de performance socio économique des EA 77

2.2.1. Le calcul du seuil de survie des EA 77

2.2.2. L'estimation du niveau de vie des EA 78

Conclusion partielle 79

Chapitre 3 : LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION, SOLUTIONS POUR LA

RESILIENCE DES UP 80

I. Les stratégies techniques d'adaptation 80

1.1. Solution face au changement du cycle de la pluviométrie 80

1.2. Lutte contre la dégradation des terres 83

1.2.1. Les pratiques agronomiques d'optimisation de la production 84

1.2.2. Les luttes anti érosives 85

1.2.2.1. Lutte contre l'érosion hydrique 85

1.2.2.2. Lutte contre l'érosion éolienne et régénération du couvert végétal 92

II. Les mesures socio économiques d'adaptation 95

2.1. La diversification des activités 95

2.1.1. Une diversification des secteurs d'activité 95

2.1.2. La diversification des pratiques agricoles 97

2.1.2.1. Les types d'agriculture 97

2.1.2.2. La pratique de la polyculture 98

2.2. La migration comme stratégie d'adaptation 100

III. Les stratégies organisationnelles d'adaptation : exemple de la fédération WOOBIN
103

3.1. Rôle de la fédération WOOBIN 103

3.2. Les activités de WOOBIN 104

3.3. L'analyse des facteurs d'une bonne capacité d'adaptation 107

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

VII

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

3.3.1. Les facteurs facilitant 107

3.3.2. Les facteurs bloquant des mesures d'adaptation 109

Conclusion partielle 110

Chapitre 4 : RECOMMANDATIONS 111

I. Recommandations générales 111

1.1. Le renforcement de l'agriculture irriguée par une utilisation économe de l'eau 112

1.2. La gestion durable des terres et la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles 113

1.3. L'amélioration des conditions socio économiques des populations rurales 114

II. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES 114

2.1. Les différentes recommandations spécifiques 114

2.2. Opérationnalisation des recommandations 116

CONCLUSION GENERALE A

BIBLIOGRAPHIE D

ANNEXES G

Glossaire G

OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES K

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

VIII

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

SIGLES ET ABREVIATIONS

AGRHYMET

Agriculture, Hydrology, Meteorology

AIBD

Aéroport Internationale Blaise Diagne

APE

Association des Parents d'Elève

ANCAR

Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural

ASC

Association Sportive et Culturelle

CARE

Cooperative for Assistance and Relief Everywhere

CCNUCC

Convention Cadre des Nation Union sur le Changement Climatique

CEM

Collège d'Enseignement Moyen

CILSS

Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CLCOP

Cadre Local de Concertation des Organisations de Producteurs

CR

Communauté Rurale

CSE

Centre de Suivi Ecologique

CVD

Comité Villageois de Développement

DRS

Défense et Restauration des Sols

ECOWAP

Cadre de politique agricole pour l'Afrique de l'Ouest

ENDA Pronat

Environnement et Développement/ Protection Naturel des Cultures

ENEA

Ecole Nationale d4economie Appliquée

ESEA

Ecole Supérieure d'Economie Appliquée

GES

Gaz à Effet de Serre

GIEC

Groupement Intergouvernemental d'experts sur les évolutions du climat

GPF

Groupement de Promotion Féminine

ISE

Institut des Sciences de l'Environnement

PANA

Plan d'Action National pour l'Adaptation aux changements climatiques

PDDAA

Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine

PVD

Pays en voie de Développement

PLD

Plan Local de Développement

PNIA

Plan National d'Investissement Agricole

PRDI

Plan Régional de Développement Intégré

ONG

Organisation Non Gouvernementale

OP

Organisation de Producteurs

SNDES

Stratégie Nationale de développement Economique et Social

RN2

Route Nationale numéro 2

SDE

Sénégalaise Des Eaux

SONATEL

Société Nationale des Télécommunication

UCAD

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

WOOBIN

Wooté Beeno Indi Nantaangué (en français : Appel à l'unité pour Apporter le Développement)

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

IX

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: représentation des variables et indacateurs 28

Tableau 2: taille de l'échantillon 35

Tableau 3: calendrier culturale de l'année 42

Tableau 4: perception locale de l'effet de la variation décennale des pluies 61

Tableau 5: perception du niveau de profondeur des puits durant les dix dernières années 67

Tableau 6: perception de l'évolution décennale du chaptel 70

Tableau 7: superficie des terres cultuvées par exploitation agricole 73

Tableau 8: statut des terres des exploitations agricoles 75

Tableau 9: Evaluation des dépenses des besoins de base 77

Tableau 10: calcul du seuil de survie 77

Tableau 11: niveau de revenu agricole des exploitations agricoles 78

Tableau 12: espèces et variétés abandonnées face aux variations de la pluie 81

Tableau 13: différentes mesures des exploitations contre les variations du climat 82

Tableau 14: pratiques culturalles 84

Tableau 15: les différentes techniques de lutte contre l'érosion hydrique 87

Tableau 16: les différentes activités des exploitations agricoles 95

Tableau 17: période d'exercice des activités extra agricoles 96

Tableau 18: les types d'agriculture des exploitations 97

Tableau 19: ménages qui disposent d'émigrés temporels 100

Tableau 20: les activités et les partenaires de WOOBIN 105

Tableau 21: opérationnalisation des recommandations 116

LISTE DES GRAPHIQUES

Figure 1: pluviométrie des vingt dernières années 41

Figure 2: nombre d'individus par ménage 56

Figure 3: répartition de la population par sexe 57

Figure 4: type et niveau d'instruction des chefs de ménage interrogés 58

Figure 5: perception sur l'état de la pluviométrie durant ces dix dernières années 60

Figure 6: perception locale de la température des dix dernières années 63

Figure 7: perception de la qualité du sol sur les dix dernières années 65

Figure 8: les principales sources d'eaux des exploitations agricoles 66

Figure 9: perception de la durée de vie des mares sur les dix dernières années 68

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

X

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Figure 10: perception de l'évolution décennale de la couverture végétale 69

Figure 11: état de la faune durant les dix (10) dernières années 71

Figure 12: évolution de la superficie emblavée par exploitation sur les dix dernières années 74

Figure 13: nombre de producteurs consultant la météo 83

Figure 14: part des exploitations qui aménagent des brises vents 92

Figure 15: les principales spéculations cultivées 99

Figure 16: montants envoyés par les émigrés aux ménages 101

LISTE DES CARTES

Carte 1:localisation et situation administrative de la CR 38

Carte 2: carte des sols de la CR 44

Carte 3: forets classées de la CR 46

Carte 4: réseau hydrographique de la CR 47

Carte 5: la population de la CR 49

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: insectes destructeurs des cultures maraîchers 61

Photo 2: demi-lune réalisée par les villageois 89

Photo 3: pratique de lutte anti érosive des femmes de la CR de Keur Moussa 91

Photo 4: champs protégés par des brises vents 93

Photo 5: mobilisation des femmes dans les actions d'adaptation 108

Photo 6: cantine de commercialisation des produits Bio 109

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

XI

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

RESUME

Au Sahel, l'adaptation des communautés de base serait la solution face aux inévitables changements et variations climatiques et leurs effets négatifs sur tous les secteurs de la vie et particulièrement sur l'agriculture. Celle-ci est d'une importance capitale pour l'économie de la zone et pour l'atteinte de l'objectif premier des OMD avec la date butoir de 2015: Éliminer l'extrême pauvreté et la faim. C'est la raison pour laquelle, le Sénégal a mis en place le PANA en 2006, le PNIA (2011 -2015) avec l'ambition, d'inscrire le secteur agricole dans « la trajectoire de la modernité, de la durabilité et de la productivité fondée sur la protection de l'agriculture familiale et la promotion des entreprises agricoles ».

Dans la CR de Keur Moussa, les agriculteurs développent des stratégies d'adaptation. Ces stratégies (individuelles ou collectives) sont des mesures de correction ou d'anticipation des aléas. Ce document vise à analyser ces différentes pratiques locales de recherche de résilience. L'intention étant de faire le point sur l'efficacité des actions de lutte antiérosive, des bonnes pratiques agricoles et de la dynamique organisationnelle sur la résilience des exploitations agricoles. La méthodologie de la recherche a consisté à faire une revue des documents traitant de la question et à effectuer des enquêtes de terrains pour collecter des données qualitatives et quantitatives auprès des chefs d'exploitations agricoles, des chefs de villages et des structures intervenant dans la CR notamment WOOBIN, ENDA Pronat, ANCAR.

Mais l'analyse de la capacité d'adaptation a comme préalable un diagnostic du niveau de vulnérabilité. Dans ce cadre, le savoir local sera privilégié car la perception des producteurs de leur niveau de vulnérabilité peut nous apprendre des aspects omis par les résultats scientifiques ou les jugements d'experts. Ainsi, la perception globale des producteurs est une variation ou une baisse de la pluviométrie, une augmentation de la température, la dégradation des sols, la réduction du couvert végétal et de la faune ; une vulnérabilité socio économique marquée par une forte concentration humaine, une insécurité foncière, un niveau de vie en dessous du seuil de survie.

Au terme de l'analyse, il apparait que face aux incertitudes du climat, les exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa apparaissent certes vulnérables, mais également résilientes. Il semble, de ce fait, que les populations rurales généralement pauvres peuvent avoir une bonne capacité d'adaptation car le niveau de vulnérabilité n'est pas

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

XII

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

seulement lié au niveau d'aisance matérielle mais aussi à la volonté de faire face à la péjoration du climat.

Mots lés : variations climatiques, vulnérabilité, stratégies locales d'adaptation, exploitation agricole, perception.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

XIII

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

INTRODUCTION

Dans la région sahélienne l'exposition de l'agriculture aux effets négatifs du climat est largement démontrée et la mise en place de politiques adequates est inévitable vu l'importance de ce secteur. En effet, l'agriculture a toujours été une priorité du Sénégal indépendant. De la mise en place des coopératives à la nouvelle politique agricole (NPA) l'Etat a, depuis l'indépendance, affiché sa volonté de développer ce domaine. Car celle-ci « a occupé, entre 1993 et 2006, environ 56 % de la population active et a contribué à hauteur de 16 % à la formation du Produit intérieur brut (PIB) ». Actuellement les autorités persistent avec le PNIA (2011-2015), la SNDES et le Programme « Yoonu Yokkuté » qui font de ce secteur la locomotive de l'économie sénégalaise.

Mais force est de constater que ce secteur peine toujours à jouer son rôle d'impulsion de l'économie. Il persiste, généralement, à se baser sur la pluie pour produire et les défis liés aux changements du cycle de la pluviométrie exposent de plus en plus les exploitations aux aléas du climat. Ces facteurs climatiques sont renforcés par des manoeuvres anthropiques qui seraient des causes sous jacentes de vulnérabilité.

C'est dans ce sens, que certaines comminautés de base développement des mesures d'adaptation pour faire face aux menaces du climat. La communauté rurale de Keur Moussa renferme des exploitations agricoles qui s'activent dans des pratiques d'adaptation. Ces pratiques s'inscrivent dans la compréhension de leur vulnérabilité face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.

Notre analyse est de nature quantitative et qualitative et reste orientée dans la perception des producteurs. Elle sera plus basée sur les aspects climatiques dans une zone où les potentialités éco géographiques et socio économiques permettent de dynamiser ce secteur. Toutefois, cette analyse ne peut se prétendre d'être un diagnostic global et exhaustif des nombreux facteurs de dépression des rendements des exploitations agricoles et des solutions y afférentes.

Ainsi le développement de ce rapport va s'articuler autour des points suivants :

Une première partie qui traitera de la revue critique de littérature, de la problématique et du cadre opératoire ;

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Une deuxième partie qui abordera de la méthodologie et de la présentation du cadre de l'étude ;

Une troisième partie qui fera état de l'analyse des résultats des différentes enquêtes et entretiens et la préconisation de recommandations.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

2

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

PREMIERE PARTIE: CADRE DE REFERENCE

Chapitre 1 : Revue critique de littérature

Les changements climatiques, une réalité qui mobilise la communauté internationale

La réalité du réchauffement planétaire et l'évidence du changement climatique ne sont plus à démontrer. Le Groupe Intergouvernemental sur l'Evaluation du Climat (GIEC) établit l'augmentation du réchauffement climatique de la planète et les modifications subséquentes des écosystèmes terrestres. D'après ces experts « la gravité des changements en cours est liée à une hausse de la température de 1,8°C à 4°C f...] la généralisation de vague de chaleur et d'épisode de fortes précipitations »(GIEC). Ce réchauffement planétaire est établi par des recherches scientifiques qui sont mondialement reconnues. La cause principale de ce phénomène est l'augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère, notamment le CO2, du fait de l'exploitation des combustibles fossiles. D'après le rapport de synthèse sur le Bilan 2007 des changements climatiques « la poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel ou à un rythme plus élevé devrait accentuer le réchauffement et modifier profondément le système climatique au XXI siècle. » Les chercheurs du GIEC mettent donc l'accent sur un processus de changement du climat qui touche toutes les parties du monde. Ces changements et variations du climat se manifestent par la récurrence des aléas et phénomènes extrêmes (sécheresse, inondation, tempête, ouragan etc.). Ces phénomènes sont, ainsi, de réels dangers pour l'équilibre de la biosphère. Ils sapent les écosystèmes naturels et anthropiques et augmentent les risques de crises écologiques avec ces conséquences sur l'homme et ces moyens d'existence que sont les ressources naturelles. C'est ce qui est mis en exergue par Gaye et al. (2011) pour qui ce phénomène agit directement sur le milieu naturel en le transformant1. Face à cette transformation, les scientifiques ont été les premiers à appuyer sur la sonnette d'alarme. Le rapport Halte à la croissance ! du club de Rome ne mettait il pas l'accent, déjà en 1972, sur les risques d'écroulement de notre société (21em siècle) si l'expansion

1 Ibrahima Diop Gaye, Amadou Sall et Médoune Ndiaye, Changement climatique et performances socioéconomiques des exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass. Dans Adaptation aux impacts du changement climatique, quelles stratégies d'échanges et de partage de l'information scientifique ? CSE, Dakar 2011. 399p

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

3

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

démographique, l'expansion énergétique et les mutations technologiques se maintiennent.

La volonté de réagir à la péjoration du climat amène les Etats à se mobiliser pour trouver des solutions de remédiation. En effet, actuellement, le climat est l'un des secteurs qui rassemble le plus la communauté internationale ces trois dernières décennies. Le processus accéléré de la dégradation du climat du fait des activités humaines pousse les nations unies à organiser la conférence de Rio sur les changements climatiques en 1992. Il est sorti de cette conférence, la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) qui a été jusque là ratifiée par 193 Etats. L'objectif était de « réduire les gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique avec ses conséquences sur les écosystèmes, la production alimentaire et le développement socio économique ». (CCNUCC, article 2).

Après 92, d'autres rencontres de la communauté internationale ont été notées. Ainsi, de Kyoto en 1997 à Rio +20 en 2012, la volonté de réagir face aux péjorations du climat a été affichée. Mais, force est de reconnaitre l'échec des négociations. Ces dernières ont été minées par le multilatéralisme et la psychose de l'imposition des valeurs. Les Etats Unis et la Chine, qui sont les plus grands pollueurs refusent de signer tout protocole qui vise à réduire leur émission de GES car ceci entamerait leurs économies basées essentiellement sur le pétrole.

Toutefois, ces nombreuses initiatives pour le climat ont permis d'impulser une nouvelle dynamique dans la compréhension et l'instauration des écosystèmes. Les gouvernements des pays sont devenus plus sensibles aux péjorations climatiques et des mesures importantes ont commencé à être prises. Ces mesures peuvent être classées en deux catégories : les stratégies d'atténuation et les stratégies d'adaptation.

Multiplication des publications scientifiques sur le climat

A coté de ces mobilisations mondiales sur l'environnement et sa dégradation poussée, de nombreux auteurs se sont intéressés aux changements et variations climatiques. En effet, vu le processus de dégradation du climat, l'importance n'est plus de réfuter les origines des menaces climatiques (S. Facheux et H. Joumni)2 . Ces auteurs pensent qu'il est urgent de « définir les moyen à mobiliser afin de réduire les

2 Economie et politique des changements climatiques. Sylvie Faucheux - Haitham Joumni, Edition la découverte, Paris, 2005. P3

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

impacts à court, moyen et long terme ». La définition de politiques adéquates pour faire face aux variations du climat est donc nécessaire. C'est ce qui a motivé les déférents sommets internationaux. Car selon les mêmes auteurs, « l'absence de politique conduirait, au pire, à la disparition de l'homme, au mieux à de véritables catastrophes écologiques et d'effondrements du système économique mondial »(P7). Une réaction mondiale, adéquate et durable est donc nécessaire. Cette réaction doit se traduire par l'engagement de tous les pays, mais surtout les pays développés du fait de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Les pays en développement doivent aussi chercher à adopter des procédures de productions plus vertes et plus durables. La conservation des forêts et des eaux sont aussi des mesures de protection de ces pays pour une réduction des GES dans l'atmosphère. Car il est admis que, la seule certitude que nous avons aujourd'hui, c'est qu'attendre passivement est une mauvaise stratégie (Magnan et al., 2009)3. Cependant, même si la réaction est indispensable, la manière de réagir est tout aussi importante.

Adaptation ou atténuation : quelle politique choisir ?

L'atténuation des pollutions émises par l'homme est la première solution de la communauté internationale. Cette atténuation se traduit par une réduction des GES et une conservation des ressources qui permettent de stabiliser le climat (foret, mer...). Cette réaction a été le motif d'imposition de quotas d'émissions qui doit être respectés par les pays les plus pollueurs. Mais il s'est trouvé que cette politique a montré ses limites. La prise de conscience que le climat va de toute façon changer, même si les politiques d'atténuation conduites au plan internationale sont un succès4, plaide pour une réorientation des réactions internationales. L'adaptation se trouve être donc la politique la plus adéquate.

L'adaptation peut se faire à toutes les échelles. Mais elle est plus efficace au plan local. Le contexte mondial se traduisant par l'impossibilité d'un consensus sur les mesures devant être apportées, la mise en place de pratiques locales d'adaptation qui permettraient de faire face aux risques climatiques se trouve justifier. Mais les stratégies d'adaptation ont toujours été minimisées dans les décisions sur le climat. Ces stratégies ont été considérées comme étant très spécifiques aux localités et ne prennent pas en

3 Magnan, A. B. Garnaud, R. Billé, F. Gemenne, S. Hallegatte, 2009. La Méditerranée au futur : des impacts du changement climatique aux enjeux de l'adaptation. Paris, Iddri series, 43 p

4Christian de Perthuis, Stéphane Hallegatte et Franck Lecocq, Economie de l'adaptation aux changements climatiques, Conseil économique pour le développement durable. Conseil économique pour le développement durable, Février 2010.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

compte l'environnement global. Ces effets ne bénéficient donc qu'à une communauté qui décide de les mettre en oeuvre.

Au niveau des pays en voie de développement (PVD), la variation du climat est responsable de nombreux désastres aussi bien sur les écosystèmes naturels que sur l'homme.

Des impacts négatifs dans les PVD

L'Abache (2004) met l'accent sur l'augmentation future des GES et la responsabilité plus engagée des pays en développement. Pour lui, il est plus que nécessaire que ces pays participent à la réduction des émissions. Il considère que si la déforestation et l'évolution de l'utilisation des sols sont prises en compte dans les évaluations mondiales, la part de ces pays serait plus conséquente. D'où la nécessité de leur imposer des mesures plus pesantes de réduction. Mais, si on analyse du point de vue de la responsabilité historique des changements climatiques il convient de minimiser la responsabilité de ces PVD.

Par ailleurs, les répercussions de ces changements et variations climatiques sont très importantes et concernent la plupart des secteurs économiques et des écosystèmes naturels. Mais, l'agriculture est le domaine le plus sensible à la péjoration climatique. En effet, d'après la FAO, « de nombreux pays ressentent déjà les effets du changement climatique, tels que l'irrégularité et l'imprévisibilité des précipitations, l'incidence accrue des tempêtes et les sécheresses prolongées. Le changement des conditions météorologiques favorise aussi l'apparition de ravageurs et de maladies qui s'attaquent aux cultures et au bétail. »5

Dans ces pays, le secteur agricole dépend directement des conditions du climat. La variabilité de celui-ci engendre des contre performances dans le rendement de l'agriculture, qui est le domaine de production des aliments de subsistance. Ce rapport revient sur les risques alimentaires : « La production de nombreuses espèces se trouve hypothéquée par le changement climatique. Ceci, présente un risque pour l'alimentation des populations dans le monde, surtout dans les pays en voie de développement.»

5 FAO, La FAO et la protection de l'Environnement Mondial. Adapter l'agriculture au changement climatique.

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La crise alimentaire de 2008 illustre parfaitement la vulnérabilité des bases de production de l'alimentation dans le monde. Cette crise est plus ressentie dans les pays les plus pauvres, conduisant à des émeutes de la faim. Par ailleurs, ce rapport de la FAO met l'accent sur la nécessité de s'adapter. Dans le contexte actuel l'adaptation est indispensable pour la réduction de la faim.

Cependant, ce rapport ne prend pas en compte la capacité d'adaptation des communautés locales. Cette dernière se traduit par la mise en place de pratiques d'adaptation allant des initiatives individuelles de mitigation par l'adoption de nouvelles techniques culturales à la mise en place d'ouvrages anti érosifs par la mobilisation de groupements de gestion et de restauration de l'environnement.

L'adaptation est une réaction naturelle de l'homme en ce qui concerne les variations et changements climatiques, « ces stratégie locales ont toujours existé » selon la revue agriDape. Mais selon la même revue elles ont été longtemps confinées par les paradigmes dominants qui ne leurs ont pas aménagé des espaces d'expression adaptés pour leur grande diffusion. De plus la sécurité de l'alimentation dépend, en grande partie, du contexte géographique où l'on se trouve. La vulnérabilité géographique influence toute capacité d'adaptation des communautés.

Le niveau de développement expliquerait le degré de vulnérabilité d'un pays. Puisque « la capacité de s'adapter à la modification du climat est liée aux progrès technologique, aux aménagements institutionnels et aux possibilités de financement, de production et d'échange d'information » (BADOLO M. 2008) Les pays en développement qui émettent moins de CO2 dans l'atmosphère sont, de ce fait, plus exposés à la fluctuation climatique.

La pauvreté augmente le niveau de vulnérabilité. Et si nous savons le rapport aux ressources naturelles des populations de ces pays nous pouvons imaginer les risques de tels changements sur la population.

Au Sahel, la vulnérabilité qui résulte des variations et changements climatiques ont des conséquences désastreuses sur tous les domaines surtout sur celui de l'agriculture. Cette dernière est d'une importance capitale dans la vie socio économique des habitants de cette région.

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Le Sahel, une région particulièrement vulnérable

L'Afrique sahélienne est présentée comme l'une des régions les plus vulnérables de la planète. Brooks (2006)6 cherche à identifier les causes de la sécheresse au Sahel. Il oppose deux théories de la dessiccation du Sahel : la première met en cause les facteurs anthropogènes tels que l'utilisation inappropriée des terres ; la seconde considère que les causes sont naturelles et résulte de la dégradation de l'environnement mondial. Car selon lui « la dessiccation du Sahel au cours de la fin du 20ème siècle est le résultat d'une variation climatique de longue durée impulsée par des changements dans la configuration de la température de surface au niveau mondial. ». Ainsi, les variations climatiques dans cette région résulteraient de l'environnement global. Les pratiques pastorales, l'agriculture de nature extensive, l'exploitation abusive des forêts dans cette région ne seraient elles pas les principales responsables de la sécheresse et de la désertification ?

Mais, même si ces facteurs humains sont minimisés dans les principales causes, il est évident que l'utilisation inappropriée des ressources et moyens d'existence contribue à la dégradation des conditions naturelles dans cette région. Aussi, quoi qu'il en soit, il est admis que cette région est des plus exposées aux modifications du climat.

La vulnérabilité dépend aussi bien de la position géographique que des conditions socio économiques. L'impact des changements et variations climatiques est très important au Sahel. En tout cas, c'est ce que tente d'expliquer Perret (2008), d'après qui le Sahel doit faire face à deux défis qui sont liés au climat : la vulnérabilité et l'incertitude7.

D'abord, la vulnérabilité, selon cet auteur, dépendrait non pas seulement de la position géographique mais des conditions socio économiques. Or la région sahélienne est l'une des régions les plus pauvres de la planète. Les populations qui y vivent ont un rapport très développé avec les ressources naturelles. Elles dépendent, pour la plupart, des conditions climatiques pour leurs productions vivrières et rentières. Le climat conditionne ainsi le niveau de développement socio économique. Les déficits ou excès de pluviométrie, par exemple, ont des conséquences sur la performance de l'agriculture.

Vu les nombreux défis auxquels la région est exposée les pays sahéliens ont très vite réagi. La création du CILSS au cours de la décennie 70-80 répond à ce souci de réagir. Ainsi, Ce comité met l'accent sur le niveau d'exposition de cette région à la

6 Nick Brooks, note de préparation pour l'initiative mondiale sur le pastoralisme durable. Novembre 2006. p2

7 Christophe Perre, Stéphane Jost, Mohamadou Magha, Brahima Sidibé, note de préparation de la conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale :les défis du changement climatique et des bioénergies. Rome 3-5 juin 2008, p3

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modification du climat. Selon ce comité, « le Sahel a connu au cours des dernières décennies un glissement des isohyètes de 100 à 200 km du nord vers le sud depuis le début des années 70 par rapport à la période normale précédente de 1941-1970 »8. On assiste ainsi à une détérioration des bases de production et de subsistance. Les conséquences directes sont l'exode des ruraux vers les grandes villes. L'impact à long terme des sécheresses aux Sahel se traduit par le dépeuplement des zones rurales au profit des villes capitales. L'aménagement du territoire se trouve ainsi saper par les dérèglements climatiques. Le surpeuplement des espaces urbains renforce la paupérisation des capitales. On assiste, ainsi, à la dégradation de l'environnement, au développement de l'insécurité dans ces espaces et l'occupation d'espace de plus en plus exigüe.

En ce qui concerne l'incertitude dans le Sahel, elle se traduit par un manque de confiance sur les prévisions de réchauffement climatique et ces impacts. Les précipitations, par exemple, connaissent des fluctuations inter annuelles et intra

annuelles difficilement prévisible. Ainsi, « Les changements climatiques sont
susceptibles d'accroître la fréquence et la gravité des inondations et des sécheresses dans les zones connaissant déjà une forte variabilité des précipitations »
(Parret).

Cependant, l'auteur même s'il reconnait qu'il existe des stratégies d'adaptation et que celles-ci sont rencontrées dans la plupart des pays sahéliens, ne se fonde que sur certains types de stratégies et fait fi des autres. Les mesures d'adaptation ne sont pas que des actions techniques liées à la lutte contre la dégradation des terres agricoles, la gestion de la fertilité des sols, les techniques de gestion de l'eau, la diversification des cultures. Elles ne sont pas, aussi, seulement des mesures socio économiques par la diversification des activités, la migration, la vente de lait etc. Les stratégies d'adaptation sont aussi organisationnelles. Le regroupement des producteurs pour la défense et la restauration de leurs ressources et la lutte contre toutes formes de dégradation ; la mise en place d'institutions de protection des ressources et d'aide des producteurs notamment pendant la soudure ; la mise en place de GTE et de mutuelles de financement... sont des pratiques d'adaptation que les population sahélienne mettent en place pour une bonne résilience des exploitations agricoles.

Ainsi, face aux changements et variations climatiques, les populations sahéliennes, nous l'avons vu, réagissent en développant des pratiques endogènes d'adaptation et des stratégies de parade propres. Dans les différents pays de cette

8 Rapport bilan d'éxécussion du projet d'appui aux capacités d'adaptation aux changements climatique, CILSS juin 2010.

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région des Plans d'action nationale pour l'adaptation aux changements climatiques (PANA) sont élaborés.

Le niveau de vulnérabilité de l'agriculture au Sénégal

Le Sénégal est un pays où l'agriculture est l'activité principale d'une grande partie de la population active : environ 56 % de la population active entre 1993 et 2006 d'après le PANIA. Cette agriculture possède plusieurs potentialités. La disponibilité des terres cultivables dont 19% seulement ont été exploitées ; la présence de sources d'eau dans certaines régions et une bonne pluviométrie dans une partie du territoire national. Cependant ces potentialités ont du mal à casser une forêt de problèmes. La plupart des études sur le secteur agricole mettent l'accent sur la forte vulnérabilité face aux variations et changements climatiques. Diagne (2000) étudie la vulnérabilité de l'agriculture face aux changements climatiques et il ressort de ces études. D'abord « que la pluiviométrie au Sénégal est marquée par des cycles d'année sèche et d'année pluvieuse »9. L'auteur identifie deux scénariis découlant de deux périodes différentes. Un scénario sec avec une pluviométrie déficitaire entre les années 1970-1985 et un scénario humide par rapport au premier dans la période 1950-1960.

Par ailleurs, la variabilité climatique a largement affecté les productions agricoles. Face à la baisse des pluies observée depuis les années 70, l'agriculture sénégalaise subit des contre performances dûes au stress hydrique. Les rendements sont de plus en plus faibles. Les causes principales de la faiblesse des rendements sont liées à l'instabilité des saisons pluvieuses même si les autres facteurs notamment la disponibilité des intrants, la difficulté de commercialisation et la concurrence du marché international...ne doivent pas être négligées. Donc, l'agriculture sénégalaise est essentiellement tributaire de la pluie. Une bonne pluviométrie détermine donc la production.

Les conséquences d'une mauvaise production sont l'insécurité alimentaire. Si on sait qu'en plus de la production vivrière, elle procure aux paysans sénégalais les revenus nécessaires pour l'achat des autres produits de subsistance comme le riz.

Cependant, cette étude est seulement limitée dans les cas des productions sous pluies comme l'arachide et le mil. Les autres spéculations ne sont pas prises en compte. De ce fait l'auteur ne s'inscrit pas dans une analyse globale de la vulnérabilité de l'agriculture sénégalaise. En effet, dans beaucoup de localités du pays, les cultures du mil et de

9 DIAGNE M., 2000 Vulnérabilité des productions agricoles au changement climatique au Sénégal. Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés- Programme d'Assistance des Pays-Bas sur les Changements Climatiques N.C.C.S.A.P. Ministère de la Jeunesse, de l'Environnement et de l'Hygiène Publique, Sénégal. 36 p.

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l'arachide sont minoritaires. C'est le cas de la zone des Niayes où les cultures maraîchères et l'arboriculture fruitière dominent.

L'étude de cas des systèmes de production agricoles de Sébikotane10 menée par l'ONG ENDA Tiers Monde, s'inscrit dans la zone des Niayes. Selon cette étude : « Avec une production de l'ordre d'une tonne par hectare et par an, le paysan sahélien en général et sénégalais en particulier, mettra alors 100 ans pour produire 100 tonnes sur un hectare ». Les rendements sont ainsi faibles vu les défis qui attendent l'agriculture. La production agricole est nécessaire pour nourrir, vêtir, soigner, éduquer et investir dans un pays comme le Sénégal. Face à cette situation d'aucuns ont préconisé l'intensification des cultures et la substitution de l'agriculture pluviale au profit de celle irriguée. Cette dernière est pratiquée dans toutes les zones du pays mais particulièrement dans la zone des Niayes. Les conditions climatiques, pédologiques et hydrologiques font de cette partie un lieu de prédilection du maraîchage. En plus, la production de légumes est très avantageuse en termes de rendement. Elle possède une forte valeur ajoutée, la commercialisation des fruits et légumes ne subit pas les mêmes tares que celle de l'arachide. Car d'après la même étude, « Il est clairement démontré aujourd'hui que les agriculteurs dans les systèmes irrigués, qui pratiquent les cultures maraîchères, s'en sortent mieux que les agriculteurs des systèmes pluviaux. Les premiers, vivent dans des maisons en dur, tandis que les seconds vivent toujours dans des cases ».

Dans ce même sillage Moussa Naabou (ENDA TM), dans son étude sur la même zone, présente qu'une adaptation efficace du secteur agricole aux effets des variations et changements climatiques doit forcement passer par deux éléments : le remplacement de l'agriculture traditionnelle sous pluies par l'agriculture irriguée et que l'environnement produit soit comptabilisé comme facteur de production11.

En effet, comme il a été dit précédemment, cette forme d'agriculture qui regroupe le maraîchage et l'arboriculture est plus avantageuse en termes de rendement et de création de richesse. Par ailleurs, la production de l'environnement signifie les différents aménagements (brises vents, zaie, cordon pierreux, demi-lune...) qui ont été faits dans les champs pour permettre de s'adapter à la sécheresse, aux fortes pluies, à l'action des

10 Adaptation aux Changements Climatiques. L'étude de cas des systèmes de production agricoles de Sébikotane (Sénégal), Moussa SECK,, Mamouda MOUSSA NA ABOU, Salimata WADE, Jean-Philippe THOMAS ENDA T.M Février 2005, p19

11 Moussa NAABOU, Evaluation de la vulnérabilité et des stratégies d'adaptation: Agriculture et sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne : le cas de la zone des Niayes au Sénégal. Compte rendu de l'attélier de formation des formateurs sur vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques, ENDA TM, juillet 2005.

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vents forts etc. et permettre ainsi un bon rendement. La production de cet environnement nécessite le concours des savoirs locaux et la modernisation du secteur.

Mais, même si les cultures traditionnelles sous pluie présentent de nombreux problèmes, elles jouent aussi un rôle très important dans la plupart des localités du pays. Ces cultures sont, d'abord, ancrées dans la tradition des sénégalais et il serait difficile de les en dissuader. Ensuite, le mil, par exemple est la base de la nourriture de la majeure partie des familles surtout dans le monde rural. L'arachide en plus de la commercialisation est utilisée pour la nourriture du bétail, ces pailles servant d'aliments pour les ruminants. Enfin, la libération actuelle du marché a amélioré la commercialisation de l'arachide. Cette dernière se vend plus facilement avec l'ouverture sur le marché international.

Aussi, même si le maraîchage est présenté comme une stratégie d'adaptation, il subit, tout de même, les effets de la péjoration du climat. La rareté des pluies durant les décennies précédentes fait que des poches sèches apparaissent dans des endroits qui étaient jadis réputés humides. En outre les vents forts dans la zone des Niayes augmentent les risques de stress hydrique. La salinisation des nappes est une limite réelle de la production dans la zone. C'est pourquoi ce rapport de l'ONG ENDA TM liste un certains nombres de mesures d'adaptation parmi lesquelles la diversification des cultures et des activités, l'utilisation de variétés améliorées et l'implantation de brises vents pour atténuer l'action des vents.

Ainsi, la substitution de l'agriculture pluviale par celle irriguée ne serait pas la bonne solution. L'irrigation a un certain coût qui serait difficilement supportable par

beaucoup de paysans. Il faudra chercher à instaurer une « substitution
complémentaire » en essayant d'étendre la saison culturale au delà de l'hivernage pour assurer une sécurité alimentaire dans notre pays.

La diversification culturale par l'intégration des systèmes pluviaux avec les systèmes maraîchers, arboricoles et l'élevage, la mise en place de la polyculture et la diversification des sources de revenus par la pratique d'autres formes de métiers seraient les solutions idoines contre les phénomènes du climat. La lutte contre les érosions par des techniques endogènes ; la recherche d'une bonne gestion de l'eau ; l'utilisation modérée des fertilisants chimiques ; la mobilisation pour sensibiliser et former les producteurs sur les techniques de production les plus optimales et les plus durables... sont autant de mesures d'adaptation que nous rencontrons dans certaines exploitations agricoles du Sénégal. La communauté rurale de Keur Moussa, dont une

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grande partie se trouve dans les Niayes, renferme des exploitations et des organisations qui s'activent dans la pratique de telles mesures. L'analyse des stratégies locales d'adaptation qui sont développées par les populations locales est d'une importance particulière.

Chapitre 2 : CADRE CONCEPTUEL

Dans toute recherche il est nécessaire de faire un cadre conceptuel afin de s'accorder sur la compréhension des termes utilisés. C'est la partie qui donne les définitions des principaux concepts qui seront manipulés tout au cours de ce document. Ces concepts qui seront discutés sont : d'abord, les variations et changements climatiques. Ensuite il sera intéressant de nous appesantir sur la vulnérabilité du secteur agricole. En outre, les stratégies locales d'adaptation méritent un éclairage. Enfin, le terme perception va être élucidé.

I. Variations et changements climatiques

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), dans son article premier, donne la définition suivante des changements climatiques: « changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». La CCNUCC fait une distinction entre les changements climatiques attribuables aux activités humaines altérant la composition de l'atmosphère et la variabilité du climat imputable à des causes naturelles. Dans ce sens, le Panel Intergouvernemental sur le changement climatique (PICC) considère ce phénomène comme tout changement du climat permanent résultant d'une variabilité naturelle ou de l'activité humaine. Ainsi, aux facteurs physiques est venu se superposer l'intervention des sociétés.

La variation climatique est définie comme la variation de l'état moyen et d'autres variables statistiques (écarts types, phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales. Elle s'inscrit dans un espace temporel plus réduit que les changements climatiques. Ces derniers sont des fluctuations de l'état du climat, que l'on peut déceler (par exemple au moyen de tests statistiques) par des

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modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus. La variation du climat peut être appréhendée sur une décennie à travers la mesure annuelle des phénomènes climatiques. « Elles peuvent être des pulsations qui se manifestent sur quelques années ou décennies et qui sont repérable facilement depuis que les réseaux de mesures sont denses et les données faciles d'accès » 12 . Les précipitations par exemple disposent de moyens de quantification qui permettent de savoir la variabilité de celles-ci par rapport aux années et dans une même année. Ainsi, elles correspondent à des différences d'ambiance : série d'années sèches ou arrosées, chaudes ou fraiches.

Par ailleurs, la variation est beaucoup plus adaptée à une étude de vulnérabilité des exploitations agricoles. Car elle permet de savoir les risques climatiques qui guettent ces exploitations. De même, les stratégies d'adaptation sont des actions conjoncturelles qui s'inscrivent dans des échelles temporelles courtes ou moyennes même si certaines mesures peuvent être considérées comme des solutions structurelles. Dans ce même sillage, les communautés de base ont développé des savoirs traditionnels qui permettent d'expliquer des phénomènes climatiques plus ou moins longs.

Quoi qu'il en soit, dans ce document les deux concepts sont pris de manière identique. Car il n'est pas aisé de les différencier dans les différents rapports scientifiques. De même, les chercheurs sont assez divergents sur la différence qu'il peut avoir entre les deux notions.

II. Vulnérabilité de l'agriculture

La vulnérabilité vient du mot vulnérable (du latin vulnus : la blessure) qui est défini par le Grand Robert (2005, version électronique) comme quelque chose ou quelqu'un qui peut être blessé, atteint, frappé. L'être ou la chose vulnérable est très sensible à toute attaque dont il/elle peut faire l'objet.

D'abord, la vulnérabilité aux variations et changements climatiques est le degré selon lequel un système est susceptible, ou se révèle incapable de faire face, notamment à la variabilité du climat et aux événements climatiques extrêmes ou aléas. La vulnérabilité dépend du caractère, de l'importance et du taux de variation climatique

12 Armand Colin, dictionnaire de l'environnement, Paris 2007.

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auxquels un système est exposé13. Mais, même si l'aléa est la cause principale du choc, il ne suffit pas à expliquer le déclenchement d'un phénomène de catastrophe ou de dégradation des ressources et moyens d'existence. En effet, un aléa de faible intensité peut avoir des conséquences plus graves dans certaines sociétés, alors qu'un autre d'une intensité plus forte y avait des impacts négligeables. De ce fait, la vulnérabilité est plus large que l'aléa (Colin 2007). L'aléa, dans ce document, est vu aussi bien comme un ensemble de chocs (inondation, sécheresse...) que comme des tensions de fond, telles que les changements de rythme des précipitations. Il importe de faire une différence entre l'aléa et ces effets. Certains effets peuvent avoir plusieurs aléas qui peuvent aussi bien être climatiques que non climatiques. La vulnérabilité des systèmes agricoles est liée à la baisse ou à l'excès de pluviométrie, mais aussi au manque de matériels, à la difficulté d'écoulement des produits etc. La vulnérabilité désigne, donc, tout à la fois le dommage et la propension à subir ce dommage d'après le dictionnaire de l'environnement d'Armant Colin.

Ensuite, la vulnérabilité peut être appréhendée à travers la notion d'enjeu. C'est le degré de perte et de dommages consécutifs au déroulement d'un aléa. Toutefois, Ce degrés de perte est lié à l'exposition à la source de danger. L'enjeu n'est rien d'autre que la propention à subir des pertes ou à profiter des opportunités face à une situation. Il est de toute évidence que les inondations dans les agglomérations urbaines sont plus catastrophiques que si elle se déroule dans une zone rurale.

En outre, la vulnérabilité n'est pas seulement fonction du degré d'exposions à un choc. Elle est influencée par la capacité de la société à faire face. Face aux variations et changements climatiques les sociétés humaines ont toujours cherché à s'adapter. La recherche d'une résilience amène les communautés à développer un certain nombre d'initiatives. Ces dernières sont des mesures qui peuvent être aussi bien individuelles que collectives, locales ou globales. Ces différentes mesures déterminent la capacité d'adaptation, c'est-à-dire celle de rétablir la situation normale. La résilience désigne la capacité d'un système social ou écologique d'absorber des perturbations tout en

13 CARE international, Analyse de la vulnérabilité et de la capacité d'adaptation aux changements climatiques, manuel de la vulnérabilité et de la capacité d'adaptation aux changements climatiques.

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conservant sa structure de base et ses modes de fonctionnement, la capacité de s'organiser et la capacité de s'adapter au stress et aux changements14.

Enfin, cette capacité d'adaptation ou de résilience ne dépend pas seulement du choc. Elle est liée aux aspects physiques et sociaux de la société. C'est dans ce sens qu'on parle de vulnérabilité biophysique et de vulnérabilité socio économique. La première dépend du climat et des variations y afférentes et la seconde du cadre de vie et des moyens disponibles pour faire face aux éventuelles menaces. Le séisme qu'a vécu la Haïti en 2010 est beaucoup moins puissant que ceux qui se produisent au Japon mais les effets sont plus dramatiques dans le premier cas. Néanmoins, il n'est pas dit que la pauvreté est fonction de la vulnérabilité. Au niveau des populations des PVD, il se développe des pratiques et stratégies d'adaptations endogènes et traditionnelles qui peuvent être efficaces pour une bonne résilience.

III. Stratégies locales d'adaptation

La stratégie est définie comme une manière d'organiser un travail, une action, pour arriver à un résultat. La stratégie de l'entreprise est, au sens strict, les grandes orientations de celle-ci, ses choix de développement dans un environnement de marché donné et compte tenu de ces ressources et de ses compétences propres15.

En ce qui concerne le concept d'adaptation, il s'agit de l'appropriation d'un système aux conditions internes et externes de l'existence ou du milieu, permettant à ce système de durer et de se reproduire. S'adapter aux variations et changements climatiques veut dire l'ajustement dans les systèmes naturels en réponse à des transformations du climat actuelles ou attendues ou à leurs effets qui atténuent les dommages ou en valorise les bénéfices. Par ajustement on entend : changement de pratiques, de structures, de procédures. Exemple : changer les habitudes alimentaires, diversifier les activités, utiliser certaines variétés, pratiquer la culture irriguée, plus grande mobilité. De ce fait l'adaptation est beaucoup plus large que la résilience qui est définie dans le deuxième concept. Elle a des notions connexes, capacité d'adaptation et adaptabilité, qui seront utilisées pour désigner la capacité de réaction à l'évolution du climat et à ses effets.

14 Alfons P. M. Baede, Paul van der Linden, et Aviel Verbruggen, Glossaires des contributions des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d'évaluation du GIEC.

15 Guy FRECON, formuler une problématique, dissertation-mémoire-thése-rapport de stage, 2e édition, Dunod, Paris 2012, 154 p

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Mais l'adaptation n'était pas la première mesure qui a été préconisée pour faire face aux péjorations climatiques. La réduction de l'ampleur et du rythme des changements du climat était la recommandation phare du GIEC aux pays les plus pollueurs. L'atténuation des GES fut, donc, la solution pour amoindrir le réchauffement planétaire car celle-ci agit sur les causes. Mais l'adaptation gagne de plus en plus de terrain dans la mesure où elle est beaucoup plus plastique16, elle concerne plus les conséquences. Elle s'inscrit dans des échelles locales et nationales. Ses actions sont particulièrement efficaces au niveau rural, où les populations, habituées à l'extrême variabilité du climat, ont acquis « une culture d'adaptabilité et une capacité à faire face à des situations sans cesse renouvelées. » (Mainguet, 2003)17 .

Les stratégies d'adaptation constituent un ensemble de mesures et de pratiques combinées pour la recherche de solutions. « Actions pérennes tirées de la combinaison de savoirs traditionnels et de données nouvelles, de groupes ou institutions, jugées comme étant efficaces face à un changement »18. Ces actions peuvent être aussi bien individuelles que collectives. Elles sont locales dans la mesure où leurs initiatives émanent de la population sur place. Des partenaires externes peuvent appuyer ou aussi accompagner les membres de la communauté. Mais ces derniers sont au centre des mesures qu'ils développent à travers des savoirs traditionnels endogènes ou bien qu'ils ont acquis par l'appropriation d'une innovation externe.

Ces stratégies sont de nouvelles techniques de production viable et durable qui répondent à la fluctuation du climat et qui permettent un meilleur rendement malgré des conditions défavorables. Ces mesures ou actions ou bien même pratiques sont, par exemple, l'utilisation de certaines variétés plus adaptées; la combinaison agriculture élevage ; l'utilisation de fertilisants... C'est ce que nous appellerons les bonnes pratiques dans cette étude. Ces stratégies peuvent aussi être socio économiques par la diversification des sources de revenu, la migration, le niveau de formation etc. ceux-ci permettent au ruraux de combler les déficits de production dans les champs. Toutefois, les mesures d'adaptation ne se limitent pas à des actions, c'est aussi une organisation. Dans le monde rural les regroupements des producteurs agricoles pour la défense et la

16 Inventaire des stratégies d'adaptation aux changements climatiques des populations locales et échanges d'expériences de bonnes pratiques entre les différentes régions au Burkina Faso, Partenariat ouest Africain de l'Eau (GWP/AO), Ouagadougou, Burkina Faso, septembre 2010.

17 MAINGUET, M. - L'homme et la sécheresse - Paris, Masson, 1995 : 335 p

18 Care Internationale, Manuel d'analyse de la vulnérabilité et de la capacité d'adaptation, Copyright CARE 1ère édition Avril 2010 : 52 p

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

restauration des ressources et moyens d'existence par la sensibilisation, la formation et l'incitation au changement de comportement sont des stratégies aussi importantes que les infrastructures physiques qui sont faites sur le terrain. Le type d'appui des instances locales et l'accompagnement des partenaires dans la recherche d'une meilleure résilience peuvent encourager la capacité d'adaptation. Ainsi, ces stratégies dites organisationnelles sont tout aussi importantes.

Cependant, toute les mesures d'adaptation ne créent pas l'effet escompté. Les actions développées pour trouver des solutions peuvent connaitre des échecs ou bien favoriser des effets indésirables. L'utilisation démesurée de fertilisants pour compenser le déficit de pluviométrie peut favoriser la dégradation des sols et la pollution des nappes. En plus de cela, les mesures d'adaptation peuvent être inefficaces, c'est ce qu'on appelle la mal adaptation. Ces mesures sont en général très coûteuses par rapport à leurs bénéfices constatés.

Enfin vous aurez à remarquer que, dans ce document, les termes stratégies, mesures et pratiques seront utilisés de la même manière même s'il existe certaines différences sémantiques.

IV. Exploitation agricole

L'Institut national de la statistique et de la démongraphie (INSEE) en France définit l'exploitation agricole (EA) comme « une unité de production remplissant les trois critères suivants : produire des produits agricoles ; avoir une gestion courante indépendante ; atteindre un certain seuil en superficie, en production ou en nombre d'animaux ». Elle est une unité de production (UP) ou carré dont l'activité principale est l'agriculture. Elle est aussi une unité économique de base dans laquelle l'agriculteur pratique un système de production pour augmenter son profit. Le système de production est la combinaison des facteurs de production (terre-capital-travail).

Dans l'économie d'entreprise l'exploitation agricole se modernise et acquiert la pus part de ses facteurs de production (matériels agricoles, engrais, pesticides, le carburant...) à l'extérieur.

Pour l'agronome le concept d'exploitation agricole a pour objet fondamental les relations sol-eau-plante- technique cultural-climat.

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

L'économiste la voit comme une entreprise, ou partie d'une entreprise, constituée en vue de la production agricole et caractérisée par une gestion unique et des moyens de production propres. Cette entreprise n'a qu'un seul but : maximiser le profit. Elle posséde des facteurs de production qui constituent les « inputs » et combine ses facteurs pour générer de la production « output ». Mais, l'agriculteur peut ne pas être le propriétaire de ces facteurs. C'est en ce sens que la FAO considère comme EA une « unité économique de production agricole soumise à une direction unique et comprenant tous les animaux qui s'y trouvent et toute la terre utilisée, entièrement ou en partie, pour la production agricole, indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la taille. »

Il ressort de ces différentes concidération que l'exploitation agricole ne ce limite pas à la population qui la compose, elle est un système de production. Ce système est composé de l'Unité socioéconomique de base (USEB), c'est-à-dire de la famille, de la force de travail et de l'organisation socio professionnelle ; de l'écosystème comprennant l'ensemble des ressources naturelles ; des techniques qui sont les outils et la méthode qui sont utilisés pour la production. Ce système de production doit avoir un certain dynamisme et une certaine mode de fonctionnement qui lui permet d'etre performante (efficacité, efficience, pertinence,) et durable (adapter aux conditions climatiques, respecter les ressources naturelles, ne pas dégrader l'environnement...).

Par ailleurs, ces EA peuvent être catégorisées en exploitation agricole familiale et en exploitation agricole non familiale. La seconde catégorie est marquée, avant tout, par une recherche de profit. La première qui fait l'objet de notre étude est caractérisée par une gestion familiale du système de production. L'objectif premier est d'assurer la subsistance des membres de la famille, les cultures vivrières sont donc très présentes dans les productions. C'est le cas des EA de la zone sud de la communauté rurale de Keur Moussa. Par contre dans cette CR, il existe des exploitations agricoles familiales qui s'activent dans le maraîchage avec la production de fruits et légumes à forte valeur ajoutée. C'est le cas de ceux qui sont rencontrées dans les zones Nord et Centre de la communauté rurale.

Enfin, il est à noter que dans ce document le concept d'exploitation agricole (EA) ou unité de production (UP) est utilisé pour désigner les carrés de ménage. cette

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

concidération est justifiée par le fait que l'agriculture occupe la majorité des familles de notre zone d'étude.

V. La perception

La perception est un concept polysémique. Elle est, d'abord, définie comme une représentation intellectuelle par Descartes qui la considère comme un acte ou une opération de l'intelligence. Le terme est donc assez subjectif et renvoie à l'intellect. Ensuite, le concept est pris comme une sensation de l'extérieur qui se fait par l'un au moins des cinq (5) sens ou le mélange de ces cinq sens. Spinoza nous donne quatre modes de perception : « La perception par les sens », « la perception par l'expérience », « la perception par le raisonnement déductif » et « la perception par l'intuition ».

Aussi elle peut signifier une représentation évocatrice de la réalité : chacun à sa perception des choses. La perception est une faculté bio physique ou psychologique ou bien culturelle qui relie l'action du vivant à l'environnement par l'intermédiaire des sens (Wikipédiat). C'est donc le processus de recueil et de traitement de l'information sensorielle ou sensible ou la prise de conscience qui en résulte. Elle est individuelle car on ne saurait percevoir à la place d'un autre.

En outre le recours à la perception vient de l'idée que certains jugements ne peuvent se faire que par la personne concernée par la chose à apprécier. De ce fait, A. Colin considère que la recherche sur la perception du paysage montre que les individus qui vivent un paysage en ont une connaissance plus approfondie et que leur perception est liée également aux rapports sociaux qu'ils entretiennent dans le territoire concerné. Ces individus s'inscrivent dans une appréciation de l'environnement « vécu » qui est beaucoup plus approfondi que celui « vu ». Il est de toute évidence que les populations locales décrivent mieux les différents phénomènes qui les gangrènent et les solutions les plus adaptées. Car la perception comme le souligne Socé (2008) est un acte de terrain et elle est difficilement appréhensive par une personne étrangère19.

C'est dans ce cadre que les producteurs sont mieux à même de décrire leur niveau de vulnérabilité face aux péjorations du climat. Ils sont, aussi, beaucoup plus indiqués dans l'appréciation des différentes stratégies d'adaptation mises en place pour

19 Ndiogosse Socé, perception des indicateurs de changements climatiques chez les populations pastorales de la zone Sylvio pastorale : cas des communautes rurales de Thieul et de Deali, mémoire ENEA, 2008. 125p.

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

leur permettre de faire face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.

Enfin, la perception s'inscrit dans une démarche Botton up. Le contraire est la méthode up down qui voudrait que les études d'un milieu soit concoctées depuis la capitale par des experts qui sauraient mieux décrire, caractériser ou identifier le niveau de vulnérabilité de ce milieu et de préconiser des solutions. Cette méthode a largement montré ses limites. La perception est un processus « down up » qui part du producteur et revient à lui. Ce sont eux qui identifient leur niveau de vulnérabilité et ce sont eux qui donnent les recommandations les mieux adaptées pour leur résilience.

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Chapitre 3 : Problématique

L'analyse des stratégies d'adaptation aux variations et changements climatiques d'une communauté a comme préalable l'étude du niveau de vulnérabilité. Car la résilience dépend de l'échelle d'exposition au choc et de la sensibilité aux fluctuations climatiques.

D'une part, la majeure partie des études de vulnérabilité considèrent les populations les plus pauvres comme les plus vulnérables. Le Sahel où se trouve le Sénégal est une région en proie à une pauvreté endémique. Cette pauvreté est tout d'abord, le fruit de la fragilité écologique. En effet, la région se trouve dans une zone en proie à une progression du désert et à un climat oscillant de saison en saison. Les sécheresses répétitives accroissent la progression de la désertification. Celles-ci combinées avec les catastrophes naturelles (fortes pluies, périls acridiens, les érosions côtières, éoliennes et hydriques...) fragilisent les ressources et moyens d'existence. Si on sait que la majeure partie de la population sahélienne dépend des secteurs en rapport avec les ressources naturelles tels que l'agriculture on peut imaginer l'ampleur de ces phénomènes sur le vécu. La péjoration du climat amoindrit l'économie de la plupart des pays qui le composent et agrandit l'insécurité alimentaire. La vulnérabilité dans la zone est donc avant tout biophysique.

Ensuite, elle est socioéconomique car le sous développement de cette région à d'autres facteurs notamment économiques dûs à un retard dans la croissance. Les pays qui la composent sont parmi les moins avancés de la planète et l'extrême pauvreté touche 20 à 30% de la population. Enfin, la mauvaise gouvernance est une cause sous jacente de vulnérabilité avec la corruption, la concussion, les inégalités de genres et dans la répartition des richesses, les conflits etc. Ainsi l'agriculture dans cette région est exposée à des aléas climatiques et non climatiques qui sont les causes de ses contre performances.

D'autre part, le Sénégal est rangé parmi les 35 pays les plus en retard dans le monde. Sa population croit à un taux de 2,6% et est de 12,5 millions de personnes en 2012 avec 55% constituée de ruraux. Le taux de chômage est de 10,2%20. L'agriculture reste le secteur porteur d'emplois et supporte plus de la moitié de la population active.

20 Stratégie Nationale de Développement Economique et Sociale, SNDES 2013-2017, novembre 2012.

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Elle nourrit la grande majorité des ruraux et citadins. Elle représente environ 16% du PIB. Et il est démontré qu'une croissance économique portée par l'agriculture a des allures plus importantes qu'une croissance qui découle des autres secteurs. Elle permet d'atteindre la sécurité alimentaire et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations alimentaires.

Toutefois, ce secteur est en proie à de nombreuses tares. Elle est

essentiellement pratiquée sous pluies. Alors que le climat, dans cette région, est exposé à des variations inter et intra annuelles. Il est, aussi, établi que les changements climatiques vont toucher le Sénégal et réduire conséquemment les bases de production et de subsistance. C'est ainsi que la sécheresse de 1984 a fait chuter de 40% les recettes tirées de l'arachide se qui avait compromis la mise en oeuvre de l'ajustement d'après Diagne (2004). En plus des variations et changements climatiques, l'agriculture sénégalaise est en proie à d'autres difficultés. Ces dernières sont entre autres la non disponibilité de semences de qualité et en quantité suffisante ; le manque ou vétusté des matériels, le défaut d'innovation ; les difficultés dans la commercialisation et la transformation ; l'inadéquation de la politique foncière ; la faiblesse des investissements public et privé dans le secteur...

Par conséquent, on peut considérer notre pays comme très vulnérable aux variations et changements climatiques. Les péjorations du climat auront donc des impacts négatifs sur les écosystèmes, sur les ressources et moyens d'existence, sur le progrès économique et social, sur la santé et en corrélation sur l'éducation, sur le cadre de vie...bref les bases d'un développement durable se trouveront amenuisées. Mais la capacité d'adaptation est elle seulement fonction du niveau de développement et de sous développement ? Autrement dit les communautés les plus vulnérables n'entreprennent elles pas des actions de résilience efficaces pour faire face au climat ?

Dans un sens les communautés de base ont compris que face aux variations et changements climatiques la plus mauvaise stratégie est de rester sans rien faire. Dans la communauté rurale de Keur Moussa la recherche d'une résilience de l'agriculture a poussé les exploitations à entreprendre un certain nombre de pratiques d'adaptation. Ces mesures aussi bien individuelles que collectives peuvent être classées en trois catégories :

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

y' Les stratégies organisationnelles d'adaptation ; y' Les stratégies socio économiques ; y' Et les stratégies techniques.

Ces exploitations agricoles rencontrées dans cette collectivité locale sont pour la plupart très sensibles aux variations et changements climatiques. Car si pour beaucoup d'études, la réponse aux instabilités pluviométriques est l'irrigation et la diversification des activités socio économiques. On retrouve dans ce terroir la combinaison quasi adéquate de l'agriculture sous pluie, du maraîchage avec puits et/ou avec l'eau du robinet, de l'arboriculture et de l'élevage. De plus, le commerce est très développé avec la vente de fruits et de légumes favorisée par la proximité avec les grands centres de consommation que sont Dakar et Thiès. L'industrie, les mines et le secteur artisanal sont présents dans le territoire de cette collectivité locale. Ce qui engendre une variété et une diversification des sources de revenus.

En outre, des mesures d'optimisation de la production par de bonnes pratiques agricoles (stratégies techniques) sont aussi opérées par les producteurs agricoles : l'utilisation de semences de qualité, de variétés améliorées où à cycle court, de fertilisation des sols, les combinaisons agriculture-élevage, la consultation des prévisions climatiques entre autres. La défense et la restauration du sol, des végétaux et de la nappe d'eau sont aussi pratiquées par les exploitations agricoles de la CR. De ce fait, des actions de lutte anti érosifs, des campagnes de reboisements, des actions de lutte contre les feux de brousse...sont notées dans les activités des producteurs de la zone. Par ailleurs, l'existence de la forêt classée de Pout sur le territoire de la communauté rurale assure la promotion de la biodiversité et constitue un espace pastoral.

Les institutions locales (conseil rural, OCB, CLCOP...) ne sont pas en reste dans l'effort d'optimiser le secteur agricole. Mais le regroupement des producteurs constitue la première instance de recherche de résilience. En effet, les agriculteurs de cette localité se sont regroupés dans des groupements. L'un des plus importants est la fédération « WOOBIN » qui regroupe des producteurs dans la quasi-totalité des villages de la communauté rurale. A travers cette fédération et d'autres organisations les populations locales entreprennent des mesures d'adaptation et de dynamisation de l'agriculture. Dans ce sens, la capacité d'entreprendre et l'ouverture à l'innovation dans

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

cette communauté surtout chez les femmes est un gage d'une bonne robustesse des systèmes de production.

Néanmoins, le secteur agricole dans cette partie de la région de Thiès n'est pas sans problèmes. Il subit comme dans tout le territoire national les effets négatifs de la péjoration du climat. Les changements climatiques avec ses lots de sécheresses, d'inondations, de réchauffement climatique, de prolifération des maladies des végétaux...n'épargnent pas les exploitations agricoles. Même l'agriculture irriguée subit les effets de ces phénomènes notamment l'augmentation de la profondeur des puits à cause de l'abaissement de la nappe, l'assèchement des mares, la salinisation et la prolifération des insectes ravageurs.

Par ailleurs, face aux stratégies organisationnelles d'adaptation, la dynamique de mobilisation est souvent limitée dans certaine partie de la CR. La recherche de résilience nécessite la participation de toute la communauté aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les adultes, les riches et les plus vulnérables.

En outre, les différents programmes d'adaptation menés par les partenaires comme ENDA PRONAT manquent d'évaluation envue de leur pérénisation. Il existe donc un déficit d'indicateurs de mesures des performances de ces différentes actions. De même, la capitalisation nécessaire à la reproduction et la repliquabilité de ces interventions ne sont pas notées. D'où la nécessité de s'inscrire dans une analyse des différentes mesures et pratiques d'adaptation locales tout en se basant sur la perception de la population de Keur Moussa et des différentes structures locales et partenaires qui s'y exercent.

Ce qui précède nous amène à poser la question à savoir : Les stratégies locales d'adaptation réduisent elles la vulnérabilité de l'agriculture aux effets négatifs des variations et changements climatiques ?

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Chapitre 4 : CADRE OPERATOIRE

Cadre opératoire permet de cadrer le sujet. Il permet de faire des raisonnements pertinents sans sortir de l'objet de la recherche. En premier lieu, nous allons nous poser des questions. En second lieu nous nous fixerons des objectifs à atteindre au terme de la recherche. Enfin, les hypothèses de recherche sont des suppositions qui seront confirmées ou infirmées à la conclusion du document.

I. Questions de recherche

1.1.Question générale de recherche

Les stratégies locales d'adaptation réduisent-elles la perception des agriculteurs de leur vulnérabilité face aux effets négatifs des variations et changements climatiques ?

1.2.Questions spécifiques

? Question spécifique 1 : quelle est la perception locale des effets des variations et changements climatiques sur l'agriculture ?

? Question spécifique 2 : quelle est l'efficacité des stratégies locales d'adaptation dans la résilience des exploitations agricoles ?

II. Objectifs de recherche

2.1.Objectif général

Analyser la perception de la vulnérabilité et l'efficacité des stratégies locales d'adaptation de l'agriculture face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.

2.2.Objectifs spécifiques

? Objectif spécifique 1 : Identifier la perception locale des effets négétifs des variations et changements climatiques sur les contres performances du secteur agricole;

Dans cette objectif, il s'agit de voir la perception sur l'évolution de la pluviométriques, de la dégradation des sols, de la réduction du couvert végétal et de la faune sur l'agriculture sur les rendements de l'agriculture.

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? Objectif spécifique 2 : Analyser l'efficacité des stratégies locales d'adaptation dans la résilience des exploitations agricoles.

Il s'agit plus spécifiquement d'analyser les actions developpées par les EA pour faire face aux différentes menaces notemment : les bonnes pratiques agricoles, des mesures socio économiques et de la mobilisation locale.

III. Hypothèses de recherche

3.1.Hypothèse générale

Les stratégies locales d'adaptation mises en place au niveau local réduisent la perception des agriculteurs de leur niveau de vulnérabilité face aux effets négatifs des variations et changements climatiques.

3.2.Hypothèses spécifiques

? Hypothèse spécifique 1 : les producteurs considèrent que les contre performances agricoles sont imputables aux effets négatifs des variations et changements climatiques.

? Hypothèse spécifique 2 : les stratégies locales d'adaptation renforcent la capacité d'adaptation et la résilience des exploitations agricoles.

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Moussa.

Tableau 1: représentation des variables et indacateurs

Hypothèses

Variable indépendante

Variable dépendante

 
 

Indicateurs

 

Indicateurs

Les producteurs

aux effets

-retard du démarrage de la saison des

les contre

Vulnérabilité biophysique

considèrent que les

négatifs des

pluies

performances

-Fréquence de la croissance des plantes

contre performances

variations et

-Perception de séquences sèche à

agricoles

- Niveau de perte de rendement

agricoles sont

changements

l'intérieure des saisons -Inondations fréquentes

 

-augmentation de la profondeur des nappes

imputables aux effets

climatiques.

-augmentation de la température

 

-invasion des champs par des

négatifs des variations

 

-Circulation de vents violents avec

 

mauvaises herbes

et changements

 

des poussières

 

Vulnérabilité socio économique

climatiques.

 

-baisse de la fertilité des sols

 

-Niveau d'éducation des producteurs ;

 
 

-diminution des terres cultivables

- Rétrécissement de la végétation sur les 10 dernières années

-espèces animales en disparition -assèchement précoce des marigots

 

-diminution des revenus tirés de la production agricole ;

-niveau de couverture des besoins
alimentaires, d'habillement, de santé, d'éducation

 
 

-Salinisation de la nappe souterraine

 

-augmentation de la population

 
 
 
 

-pression sur le foncier

 
 
 
 

Causes sous jacentes de vulnérabilité

 
 
 
 

-Participation des femmes aux

instances locales ;

 
 
 
 

-Existence d'organisation de gestion des RN ;

 
 
 
 

-enclavement de certaines zones.

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Hypothèses

 

Variable indépendante

Variable dépendante

 
 

Indicateurs

 

Indicateurs

les stratégies locales

d'adaptation

renforcent la capacité

les stratégies

locales

d'adaptation

Stratégies organisationnelles

-les activités pour l'adaptation de la
fédération WOOBIN et ces partenaires ; -les formations et sensibilisations aux

Capacité d'adaptation

et de résilience des
exploitations agricoles

-Les revenus tirés des activités agricoles ; -ménages au dessus du seuil de survie ; -Niveau de satisfaction des autres besoins des ménages ;

d'adaptation

et

la

 

producteurs ;

 

-dynamique organisationnelle pour

résilience

 

des

 

-L'appui aux mesures d'adaptation.

 

l'adaptation ;

exploitations

 
 
 

Stratégies socio économique

 

-Possibilité aux femmes d'accéder à la

agricoles.

 
 
 

-la diversification économique ;

 

terre ;

 
 
 
 

-Les revenus extra agricoles ;

-existence de personnes migrantes dans les exploitations agricoles ; -revenus tirés des émigrés ;

 

-Implication des institutions locales dans les actions d'adaptation ;

-Disponibilité de ressources financières
pour les actions d'adaptation.

 
 
 
 

Stratégies techniques

 
 
 
 
 
 

-Niveau d'utilisation de l'information

climatique dans les activités agricoles

 
 
 
 
 
 

-Pratique de l'agriculture irriguée

 
 
 
 
 
 

-Combinaison agriculture élevage et

culture sous pluie et maraichage ;

 
 
 
 
 
 

-les actions de lutte anti érosif menées sur place ;

 
 
 
 
 
 

-l'utilisation de fertilisation des sols

 
 
 
 
 
 

-utilisation de variétés améliorées ;

 
 
 
 
 
 

-Plantation de variété à cycle court ;

 
 
 
 
 
 

-Délocalisation des cultures ;

 
 
 
 
 
 

-Lutte contre les feux de brousse ;

 
 
 
 
 
 

-campagne de reboisement ;

 
 
 
 
 
 

-Pratiques de cultures fourragères ;

 
 
 
 
 
 

-Mesure de conservation des sols

 
 
 
 
 
 

(jachère, amendement...).

 
 

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA Octobre 2013

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DEUXIEME PARTIE : Méthodologie et

caractérisation du cadre de l'étude

I. METHODOLOGIE

La méthodologie est l'étape la plus importante dans une recherche. Elle permet de savoir les voies et moyens empruntés pour arriver à la production finale. Dans notre travail de mémoire la démarche adaptée tourne autour de six (6) étapes que sont : l'identification et la délimitation du thème de recherche ; la préparation ; la revue documentaire ; la mise en place des outils de collectes des données primaires ; les enquêtes de terrains ; la rédaction du mémoire.

les difficultés rencontrées dans le déroulement de tout le travail seront abordées.

1. Identification et délimitation du thème

La recherche de solutions à la vulnérabilité de l'agriculture face aux variations et changements climatiques à fait l'objet de beaucoup de productions aussi bien des chercheurs internationaux que nationaux. En effet, la crise du climat mobilise autant les politiques que les scientifiques. Car tous les observateurs avertis savent que les phénomènes climatiques présentent de réels dangers pour la production agricole, donc à la sécurité alimentaire.

La recherche de résilience a amené l'Etat du Sénégal à mettre en place le PANA. Les ONG ne sont pas en reste, l'agriculture intéressant toute les franges de la population. Aussi, face à la vulnérabilité de leur secteur, les producteurs commencent à développer un certains nombres de mesures pour optimiser leurs productions.

Cependant, la multiplicité des initiatives n'est pas souvent accompagnée d'une analyse de leur efficacité. Aussi la capitalisation nécessaire pour une appropriation et une généralisation des actions fait souvent défaut. D'où la nécissité de m'appesantir sur cette thématique.

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2. Revue documentaire

Un travail de recherche sérieux ne doit pas faire fi des productions antérieures qui ont été faites sur la même thématique. La revue des productions antérieures est indispensable car permettant de délimiter le sujet et de faire le point sur l'état de l'art. Les différents documents qui ont été consultés dans ce travail peuvent être divisés en rapports de mémoire, thèses, ouvrages généraux, revues périodiques, articles ou coupures de journaux sur le net.

D'abord, notre première documentation vient du département ATEGU avec le cours de méthodologie de recherche qui nous a permis de cerner la conduite à tenir pour réussir notre travail. Mon directeur de mémoire, M. Gaye m'a bonifié de certains livres intéressants comme celui de l'Adaptation aux impacts du changement climatique : quelles stratégies d'échanges et de partage de l'information scientifique ?

La recherche de documents m'a amené à la bibliothèque de l'ESEA (ex ENEA). Dans ce lieu, des publications d'autres étudiants sur la même thématique ont été visitées. On peut citer entre autres:

? Awa DIOUM de 2009 intitulé : Stratégies endogènes d'adaptation aux changements climatiques : recul des cultures sous pluie et extension de l'arboriculture associée dans la communauté rurale de Taïba Ndiaye ;

? Ndiomgosse Socé (2009) : Perception des indicateurs de changements climatiques chez les populations pastorales de la zone Sylvo pastorale : cas des communautés rurales de thieul et de deali ;

? Médoune NDIAYE (2009) : Evaluation de l'impact des stratégies d'adaptation aux changements climatiques sur les performances socioéconomiques des exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass

? Marie Jeanne Senghor (2012) : Analyse des modes d'intégration agriculture élevage dans le cadre de l'intensification durable des systèmes de production pastoraux et agropastoraux dans la CR de Thiel.

Ensuite, la grande bibliothèque de l'UCAD a été visitée où le livre sur l'Economie et Politique des changements climatiques de Sylvie Faucheux et Haitham Joumni a été

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

lu. Dans cette même dynamique celles du CSE et l'ISE m'ont beaucoup aidé dans la recherche de documents.

La source la plus importante a été l'internet. De nombreux sites du web sont dédiés à l'environnement, la gestion des ressources naturelles et la recherche d'une meilleure résilience face aux variations et changements climatiques. De ce fait, beaucoup de documents ont été téléchargés et passés en revue. Les plus importants sont :

La documentation nationale officielle notamment le PANA, les codes de l'environnement et agro Sylvio pastoral, la stratégie nationale initiale de mise en oeuvre de la CCNUCC, le PANIA entre autres. Le site de CARE international qui dispose plusieurs documents sur les changements climatiques, la sécurité alimentaire et la recherche d'une meilleur capacité d'adaptation des communautés de base ; le site de la FAO où le document 2013 sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture a été téléchargé ; le site de l'IPCC nous a permis de visité le rapport de synthèse sur le bilan 2007 des changements climatiques du GEIC etc.

Beaucoup d'autres documents ont été aussi téléchargés grâce à l'internet. Nous allons en donner plus de détail au niveau de la bibliographie en annexe.

Ainsi, la lecture de tout ces écrits nous a pris énormément de temps. Mais, l'effet bénéfique a été une approche plus large de notre thème. Les lectures sur les ouvrages spécifiques a permis un cadrage précis de notre domaine d'intervention et une base de référence avant les descentes pour le recueil des données primaires.

3. Collecte des données primaires

Elle a commencé avec la confection des outils de collecte avant de terminer sur des enquêtes et des entretiens avec les personnes ressources.

3.1. Outils de collecte des données

Notre travail est de nature qualitative et quantitative. De ce fait, la mise en place d'outils de recueil des points de vue des différentes personnes ressources s'avère nécessaire. Des guides d'entretien ont été confectionnés et destinés aux chefs de villages ; aux structures qui s'activent dans la recherche de stratégies d'adaptation dans la zone (ENDA, WOOBIN...), au président de la commission environnement du conseil

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rural, à l'agent de l'ANCAR. Les jugements d'experts sont très importants pour la fiabilité des informations.

En ce qui concerne les informations quantitatives, un questionnaire ménage, destiné aux chefs des exploitations agricoles de la communauté rurale de Keur Moussa, a été élaboré. Il faut dire que l'enquête ménage est de type semi-directif. Car la perception des populations sur la vulnérabilité aux variations du climat et l'appréciation des mesures d'adaptation font forcement appel à une manière moins directive de recueillir les informations. La perception du climat de leur zone fait appel à une comparaison par rapport à une durée. Ainsi, une échelle de dix ans a été prise pour confronter l'exposition de ces producteurs à ces phénomènes climatiques. La durée étant relativement longue, cela permettra à la personne interrogée de se souvenir des événements sur une décennie.

L'observation directe est aussi un outil non négligeable. Elle nous a permis d'avoir les premiers éléments de réponse. L'aménageur est, avant tout, un agent de terrain et l'observation est le premier outil de l'agent de terrain. De ce fait, nous avons passé plus d'un mois dans le terroir communautaire pour vérifier les informations. Au préalable deux visites de prospection nous ont permis d'identifier les actions qui sont menées par la population locale.

3.2. Enquêtes et les entretiens

3.2.1. Indentification des cibles

Les cibles des enquêtes ménages sont choisies parmi les exploitations agricoles de la communauté rurale de Keur Moussa. Il n'y pas eu l'orientation d'un projet ou d'une structure sur les personnes devant être interrogées. Même si, la Fédération WOOBIN, qui regroupe les producteurs des 22 villages sur les 37 que compte la communauté rurale, nous a beaucoup aidés sur l'identification des zones les plus exposées aux phénomènes climatiques et qui développent des pratiques d'adaptation. Mais le manque de données fiables, nous a poussés à prendre comme cible l'ensemble des carrés de ménage de la CR considérés pour chacun comme une exploitation agricole.

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Les cibles sont aussi des personnes morales notamment les structures intervenant dans la CR. C'est le cas du conseil rural à travers la commission environnement ; l'ANCAR par son agent sur place ; ENDA Pronat par sa coordinatrice de programme dans la CR, la Fédération WOOBIN par son président ; les chefs de village des villages faisant parti de l'échantillonnage.

3.2.2. Echantillonnage

Notre échantillon s'est basé sur le zonage du PLD (2010-2015) de la CR. Ce document divise le territoire de cette collectivité locale en trois zones (Nord, Centre et Sud) selon le critère principal de polarisation.

La base de sondage constitue l'ensemble des carrés de la CR de Keur Moussa. Elle est de 2565 carrés répartie disproportionnellement dans le territoire communautaire. La zone centre est celle qui concentre plus de 64% des villages et l'écrasante majorité des carrés. Elle est suivie par la zone nord avec 18% des villages et celle du sud du terroir renferme16% des villages. Dans chaque zone, les caractéristiques du milieu influencent le type d'agriculture. Ainsi, dans la zone sud l'agriculture pluviale domine et l'arboriculture fruitière y est rare et quant au maraîchage, il est quasi inéxistent. Le nord est la zone maraîchère par excellence et le centre combine le maraîchage, l'arboriculture fruitière et les cultures sous pluies.

La représentation des caractéristiques des exploitations pour chaque partie du terroir nous a amené à tirer notre échantillon selon les zones identifiées par le PLD. Les types d'agriculture qu'elle soit celle qui se pratique sous pluie ou celle qui est irriguée ; la pratique de l'élevage ou de l'arboriculture fruitière sont largement déterminés par l'appartenance dans l'une des zones. Aussi, chaque zone possède des potentialités qui permettent le développement de l'agriculture. Mais elle renferme, aussi, des contraintes climatiques et non climatiques qui fondent le niveau de vulnérabilité. C'est dans ce cadre que l'échantillonnage est tiré de manière aléatoire.

En effet, l'échantillonnage s'est fait de façon aléatoire stratifiée. Cela consiste à diviser notre base de sondage en sous populations appelées strates. Dans ce cas de figure les zones identifiées dans le zonage du PLD représentent les strates. Elles sont au

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nombre de trois. Un échantillon aléatoire a été tiré à l'intérieur de chaque zone. L'ensemble des échantillons, constitue notre échantillon final.

Un nombre de 20% des villages pour chaque zone et 10% des carrés de chaque village tiré a été choisi. Ce qui fera un total de 6 villages dont les 4 sont dans la zone centre. Mais la recherche d'une bonne représentativité et de plus de pertinence dans l'analyse nous a amené à ajouter un (1) village dans la zone sud. Car les effets des variations climatiques sont plus accrus dans cette partie en raison de la dominance des cultures sous pluie et aux problèmes de ravinement accélérés des sols. Ainsi on se retrouve avec un échantillon de 7 villages qui est réparti comme suit :

Tableau 2: taille de l'échantillon

Zones

Villages

Nombre de carrés

Nombre de carrés

tirés

Nord

Ngoméne

63

6

Centre

Keur Guillay

49

5

Ndoyéne Peulh

21

2

Khodoba

111

11

Yadé

60

6

Sud

Thiambokh

60

6

Soune sérère

56

5

Total

7 villages

420

42

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Un nombre de 41 carrés ou exploitations agricoles ou unité de production (UP) a été interrogé. Dans cet échantillonnage total, 58% représentent des carrés de la zone centre, 26% viennent du sud et le reste dans celle du nord.

3.3. Collecte et traitement des données

C'est une phase très importante du mémoire, car durant toute la première partie nous nous sommes renfermer dans l'environnement théorique. Cette partie consacre l'étude de terrain. Elle a été faite sur une période d'un mois. D'abord, les entretiens et les réunions avec les autorités locales sont les premières actions dés notre arrivée. Après l'acquisition de la documentation de la CR, les descentes dans les localités nous ont

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menées dans 7 villages, où des enquêtes ménages ont été faites en plus de l'entretien avec les chefs de villages.

Pour le traitement des données, il s'est fait avec le logiciel Sphinx et Excel. Aussi, le traitement par SIG a été fait pour certain type de données. L'analyse a été possible grâce à Microsoft Word 2007. C'est ainsi que des données quantitatives et qualitatives nous ont permis d'élucider nos hypothèses de départ. Ces hypothèses seront confirmées ou infirmées à l'issu de l'analyse.

3.4. Photos et cartes

Ces supports visuels sont aussi explicites que les mots pour décrire et caractériser l'état du milieu et ces changements. Les cartes sont faites par le logiciel Arcview. Quant aux photos, elles sont prises sur place lors des visites de terrains. Ces supports sont des moyens de vérification et d'illustration des informations qui aident à la compréhension du document. Ils revêtent aussi un aspect esthétique très important pour la présentation du rapport.

4. Difficultés rencontrées

Tout travail de recherche implique forcement des difficultés. Dans le cadre de ce mémoire les principales difficultés sont d'ordre matériel et aussi de temps.

D'abord, la CR de Keur Moussa présente un certain nombre de contraintes liées à l'enclavement de certains villages à cause du manque de routes praticables, surtout pendant la période pluvieuse. L'autre difficulté est d'ordre financier. Notre étude s'est faite sans une structure encadreur. Les moyens financiers devant être mobilisés pour les déplacements et la vie au quotidien sur place ont été personnels. Ensuite, les difficultés sont liées au temps nécessaire à l'élaboration de ce type de document. Le mémoire à l'ESEA se fait pour une durée de 4 mois. Ce délai doit être revu pour plus d'efficacité dans le travail.

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II. CARACTERISATION DU CADRE DE L'ETUDE

La communauté rurale de Keur Moussa renferme un certain nombre de caractéristiques propres. Sa position d'intermédiaire entre les grandes agglomérations de Dakar et de Thiès présente beaucoup d'avantage en termes d'accès, de flux commerciale et financier. Mais aussi des inconvenants dus à l'étalement des deux grandes villes qui grignote de plus en plus sur le territoire de la CR.

La caractérisation de cette collectivité locale nous amène à présenter, d'abord, le cadre administratif, ensuite les éléments physiques du milieu et enfin la situation socio économique. Cette partie est essentiellement tirée du diagnostic du PLD (2010 - 2015) de la CR et du PRDI de la région de Thiès (2002).

1. Présentation administrative

La Communauté rurale de Keur Moussa se situe dans la région de Thiès, dans le département et l'arrondissement du même nom. Elle a été créée par la réforme de la décentralisation de 1972 avec l'érection des communautés rurales comme collectivité locale de base. Elle est le siège de l'arrondissement qui regroupe la CR de Fanden, la CR de Djender et Keur Moussa.

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Moussa.

Carte 1:localisation et situation administrative de la CR

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Elle est limitée au Nord par les Communautés Rurales de Diender et Mont Rolland, à l'Est par la commune de Thiès et la Communauté Rurale de Fandène, au Sud par les Communautés Rurales de Diass et de Notto Diobass et à l'Ouest par les Communautés rurales de Yenn et de Sangalkam.

Son territoire était de 222km2. Mais son espace est de plus en plus réduit à cause de l'implantation de nouveaux projets gouvernementaux. Le nouvel Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) occupe une partie de la zone sud. Aussi, le prolongement de l'autoroute à péage entre Diamniadio et Mbour occupe une partie du territoire de la CR dans la même zone. Ainsi, certains villages ont été déplacés dans d'autres espaces. Par ailleurs, des 222km2, il faut enlever la commune de Pout qui est une collectivité locale différente et qui occupe une partie de la CR. Il échappe aussi des prérogatives de Keur Moussa les forêts classées de Pout et de Mont Rolland. Tout ceci devrait amener à reconsidérer cette superficie car elle est de plus en plus réduite.

2. Caractéristiques physiques

La situation physique présente les aspects climatologique, pluviométrique, géologique et pédologique.

2.1. Le climat

La température de la zone est relativement douche à cause de l'influence de la mer. Avec une moyenne de 20°C entre les mois de décembre, janvier et février et 32° durant les mois d'été cette température subit l'influence de la mer. La CR de Keur Moussa est aussi proche de la grande côte que de la petite côte avec des vents qui influencent le climat. On note trois types de vents :

? Les alizés maritimes qui sont des vents frais et assez chargés en humidité qui soufflent entre décembre et février ;

? L'harmattan, un vent chaud et sec qui souffle d'Est en Ouest entre mars et juin ; ? La mousson, qui amène les pluies et qui souffle du Sud-Est au Nord-Ouest, est un vent chaud chargé d'humidité. Elle souffle de juin à octobre.

Ces vents présentent de réels avantages pour la production horticole. Car une partie de la CR se trouve dans la Niaye qui est une zone maraichère par excellence.

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2.2. La pluviométrie

La Communauté Rurale de Keur Moussa appartient à la zone de climat sahélo soudanien caractérisé par l'alternance de deux grandes saisons : celle des pluies et celle dite sèche. Les jours de pluies sont enregistrés essentiellement entre Juin et octobre.

La pluviométrie est un facteur de production qui joue un rôle important dans la communauté rurale de Keur Moussa où les populations vivent essentiellement des produits agricoles. En effet, l'agriculture dans cette localité est la principale activité et cette agriculture est en majorité pratiquée sous pluie. Ces populations agricoles sont continuellement en quête des premières pluies, et n'hésitent pas à semer leurs grains en espérant impatiemment l'arrivée de celles-ci, ce qui confirme à suffisance que la pluie est un élément capital à la production.

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Moussa.

Figure 1: pluviométrie des vingt dernières années

400

700

600

500

300

200

100

0

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Hauteur

Nombre de jours de pluies

Source :Commission Environnement du conseil rural de Keur Moussa

Conception : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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La moyenne de la pluviométrie sur les deux dernières décennies est de 448 mm pour 26 jours de pluie. Cette pluviométrie peut être considérée comme faible par rapport aux décennies précédentes. En effet, cette baisse de la pluviométrie est due à une baisse sensible de celle nationale marquée par un glissement des isohyètes du nord vers le sud. Néanmoins, « depuis 2000 on assiste à un retour plus ou moins à la normale. Mais ceci n'est pas une indication certaine de la fin du cycle de sécheresse »21.

En plus dans cette localité, la pluviométrie affiche une variabilité spatio-temporelle très importante. On assiste à des années où les pluies peuvent s'étaler sur 5 mois et des années où elles se limitent à trois mois. C'est le cas en 1997 par exemple où nous avons noté 5 mois de pluies à l'opposé 2004 n'a enregistré quasiment que 3mois de pluie.

On note aussi une tendance à la baisse des précipitations avec une importante variabilité interannuelle des pluies. Cette variabilité des pluies va rendre difficile les prévisions du climat et donc celle de ces impacts.

L'influence de la température et de la pluviométrie a fait naitre 4 quatre saisons traditionnelle à la quelle des types d'activité agricoles sont dédiées :

Tableau 3: calendrier culturale de l'année

Mois

Saisons

Jan

Fev

Mar

Av

Mai

Juin

Jui

Aou

Sept

Oct

Nov

Dec

Cooron

X

X

X

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Noor

 
 
 

x

X

X

 
 
 
 
 
 

Naweet

 
 
 
 
 
 

x

X

X

 
 
 

Lolli

 
 
 
 
 
 
 
 
 

X

X

X

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Le « Noor » est la saison qui part de décembre à février. Il est caractérisé par une température fraiche moyennent les 20° C. On note aussi les rosées du matin, très

21 CSE, Rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal, édition 2010

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importantes pour la croissance de certaines espèces du maraîchage. Après le Noor, c'est le « Cooron » qui est marqué par une élévation de la température et l'asséchement des herbes. Ensuite, la saison pluvieuse coïncide avec le « Nawet ». C'est la saison des activités champêtres avec des températures au maximum. Enfin, le « Looli » est la période transitoire entre le « Nawet » et le « Noor ». Il est caractérisé par la commercialisation des cultures sous pluies. Les fortes rosées matinales et la température élevée participe à la maturité des jeunes plants.

2.3. Le relief

Le relief de la CR de Keur Moussa est assez accidenté. Il fait parti du massif géologique du plateau de Thiès. Il est donc assez accidenté. En effet, le Plateau de Thiès constitue un ensemble qui part d'une crête centrale qui parcourt le Plateau du Nord au Sud (toute la zone des forêts classées de Mont Rolland, de Pout et de Diass) et à partir de laquelle, se sont formés trois principaux bassins versants qui influencent toute la zone environnante, dont les deux touchent le terroir de la communauté rurale :

? L'ensemble de « Mont Rolland » qui occupe l'essentiel du territoire de la communauté rurale (toute la partie Est du Nord au Sud) et qui alimente le Lac Tanma;

? L'ensemble dit « de Kissane », qui touche le sud et le Sud Ouest de la communauté rurale avec une incursion jusqu'au village de Keur Moussa et qui influence le régime des lagunes de la petite côte de Sendou à Saly.

Cette accidentalité du relief est surtout le fait de ravins et vallées fossilisés qui strient le terroir de la Communauté Rurale, en partant de la crête du plateau, surtout dans sa partie Est, tout le long des forêts classées de Mont Rolland et de Pout (c'est la zone où on trouve l'essentiel des mares). Au Nord, ces vallées se dirigent toutes vers le Lac Tanma qu'elles alimentent, alors qu'au Sud, elles se dirigent vers la Communauté Rurale de Diass.

Cette présence de vallées favorise le ruissellement des eaux du sud vers le lac Tanma. Ceci est l'une des causes du ravinement dans la zone sud. Aussi le déboisement de la forêt pour les besoins de l'agriculture et d'installation de l'habitat et des

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infrastructures renforce ce phénomène. Dans la zone nord, les vallées sont la cause principale de l'enclavement pendant la saison des pluies. Surtout dans la partie nord-est caractérisée par des pistes défectueuses et impraticables.

2.4. Les sols

Les types de sol que l'on rencontre dans la CR sont : les sols « deck », « dior », « deck-dior » et latéritiques.

Carte 2: carte des sols de la CR

Cette situation est caractérisée par la configuration du relief. Au niveau de la partie Est de la CR on retrouve des sols lourds favorables à l'agriculture sous pluie. Au niveau de la zone du Lac Tanma et des mares temporaires on retrouve des sols hydro morphes de texture argilo-humifère. Ces sols sont lourds et très difficile à remuer. Mais ils sont riches et favorable aux cultures de contre saison.

Dans les espaces des forêts classées de Pout et de Mont Rolland, les sols sont de type ferrugineux tropicaux peu lessivés (sol Deck, de texture argilo-sablonneuse) qui sont aptes aux cultures sous pluies comme l'arachide et les céréales. En dehors de ces

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zones de bas-fonds et des forêts classées, le reste du territoire est occupé par des sols ferrugineux tropicaux lessivés (Dior). On les retrouve sur toute la zone de Keur Moussa, de Touly à Kessoukhat en passant par la zone de Tougouny. On en trouve aussi dans la zone de Niakhip, jusqu'à Ndeuye et Ngomène.

On retrouve aussi un sol Deck-Dior dans les zones tampons entre les zones de sol Deck et les celles de Dior, l'érosion faisant que les deux types de sols « mères » se mélangent. Au niveau de la zone de Lène, Touly, Soune, Thiambokh etc., l'affleurement d'un socle dur montre que ces sables et sols gréseux reposent sur une cuirasse ferrugineuse.

2.5. La végétation

La végétation est constituée par les espèces ligneuses et non ligneuses. Le taux moyen de couverture végétale dans la CR est estimé à 16%. Les espèces qui présentent les taux de couverture les plus élevés sont successivement Acacia seyal (7,5%), combretum micrathum (4,5%) et Acacia macrostachia (4%) et le taux de couvrement ligneux faible s'explique par la structure du peuplement constitué exclusivement d'arbustes dont la hauteur varie de 1 à 5 m. les plus forte couverture d'espèces ligneuses sont surtout notées dans les forêts classées et le long des vallées. Selon le PLD de la CR, le taux de mortalité des espèces ligneuses qui est l'indicateur d'un couvert végétal dégradé est évalué à 58,3 % par rapport à la période 19501970. Ce taux cache, cependant, des disparités spatiales, car il est plus prononcé dans la zone Nord où il a atteint 80 %. Les zones Centre et Sud ont enregistré des taux de mortalité de 60 % et 70 % comparativement à la période de référence. Selon toujours ce document, la densité ligneuse est estimée à 46,6% comparativement à la situation de référence identifiée pendant la période 1950-1970, soit une baisse de 53,3 %. La diversité floristique est de 40 %. Le recouvrement aérien et la couverture spatiale globale sont évalués chacun à 35 % et ont donc baissé de 65 % à l'échelle de la communauté rurale.

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2.6. La faune

Carte 3: forets classées de la CR

Le peuplement naturel de la CR est, actuellement, en net baisse. Comparée à la période 1950-1970, la richesse faunique a baissé de 53,3 % à l'échelle de la communauté rurale. Cette diminution des animaux sauvages est le fruit de diverses pressions de l'homme, les sécheresses avec la disparition prononcée du couvert végétal sont aussi des facteurs de ce phénomène. La diminution de la diversité faunique n'est pas identique dans tout le territoire de la CR. En ce qui concerne la taille de la population, elle est aujourd'hui très faible, elle représente 50 % de ce qu'elle était pendant la période de référence du PLD. Cette baisse est plus prononcée dans la zone Nord où la colonisation des terres détruit les habitats naturels des animaux. Aussi, dans les forêts classées la disparition est essentiellement due par la chasse, la commercialisation de la peau de certaines espèces, le manque de contrôle, la mise en place de nouvelles usines ...

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2.7. L'HYDROGRAPHIE ET L'HYDROLOGIE

Carte 4: réseau hydrographique de la CR

La CR de Keur Moussa dispose des eaux de surface et des eaux souterraines. Ces eaux de surface sont divisées en fonction de leur durée de stagnation. On distingue, de ce fait, les eaux permanentes et les eaux temporaires. La seule sources d'eau permanente est constituée par le Lac Tanma. Mais ce dernier subit les effets de la variation climatique et des pressions anthropiques et se dessèche quelque mois après la fin des pluies. Il fonctionne actuellement comme une source temporaire.

Les mares temporaires sont éparpillées dans toute la CR. Elles sont très concentrées dans la zone sud où on trouve une bretelle de mares dans les environs de Palal, Gappe, Lène et Thiambokh. Ces mares ont une durée de vie plus ou moins courte. Mais permettent d'abreuver le bétail pendant une période de l'année (les premiers mois de la saison sèche). C'est dans cette zone que l'on retrouve la mare de Thiawel qui a une durée de vie qui peut aller jusqu'à huit mois. Dans la partie nord où se situe le lac Tanma notamment dans les villages de Seune à Ndeuye, on note l'existence de mares assez importantes qui ont de bonnes capacités de rétention à cause de la présence du lac et l'affleurement de la nappe. Dans cette zone, toutes les

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grandes mares ont des capacités de rétention dépassant trois mois (on en dénombre trois) et sont des zones de culture plutôt que des zones d'abreuvement du bétail.

En ce qui concerne l'hydrogéologie, la profondeur de la nappe phréatique est variable sur le territoire de la Communauté Rurale. La CR se trouve en aval des plateaux de Thiès et subit les effets de ruissellement et d'infiltration causés par ces massifs. C'est ce qui explique le fait que la partie nord connait une nappe plus faible du côté du lit majeur du Lac Tanma (moins de 10 m aux abords du Lac et jusqu'à 25 m un peu plus en hauteur) et au niveau des vallées (de 20 à 40 m). Mais la profondeur des nappes peut atteindre les 60 m au Sud de la Communauté Rurale. Ce qui fait que dans cette partie le maraîchage avec puits est rare. L'accès difficile à l'eau de la SDE fait que les champs maraichers sont presque inexistants. Aussi, d'après le PLD, le niveau de turbidité est estimé à 86,6 % par rapport à la période de référence qui est 1950-1970.

3. Situation socio économique

La situation socio économique traite des aspects liés à la démographie, aux activités économiques, aux différents équipements et infrastructures de la communauté rurale.

3.1. Le profil démographique

C'est la photographie de la population d'une localité à une période donnée. Dans la CR de Keur Moussa, elle est actuellement estimée à 43 102 habitants. C'est une population très forte que l'on rencontre dans cette CR comparée aux autres collectivités locales de même statut au Sénégal. Cette forte population est due à une urbanisation accélérée.

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Carte 5: la densité de la population de la CR

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La CR de Keur Moussa fait l'objet de nombreuses convoitises à cause de sa proximité aussi bien de Dakar, Mbour que de la ville de Thiès. Elle est à équidistance de ces trois grandes agglomérations. Elle est, donc, une zone d'extension de ces capitales.

Keur Moussa a tout de même sa dynamique propre. La richesse de son sous sol attire des usines de Mines et des cimenteries. Les potentialités de sa nappe et la nature de son sol font que des investisseurs sont de plus en plus motivés dans la création de vergers, surtout dans la zone centre qui regroupe les deux tiers de la population totale de la Communauté rurale et occupe environ la moitié de la superficie de la CR. Tous ces usines attirent des ouvriers qui on tendance à chercher des logements où bien même une propriété pour s'implanter définitivement dans la CR. Dans le sud, l'implantation de l'AIBD a fait déplacer certains habitants et la construction de nouveaux logements pour le recasement de villages entiers. Cette zone connait aussi une forte pression démographie à cause de cette infrastructure structurante.

Par ailleurs, la population de la Communauté Rurale est composée de sérères à 63%, de wolofs à 30% et de Peulhs à 7% répartis selon les zones. La religion musulmane domine avec la présence des différentes confréries du Sénégal. On note la présence d'une communauté chrétienne surtout dans les villages de Keur Moussa et de Keur Guillay à cause de la présence des deux monastères et du couvent. La célébrité de l'Abbaye de Keur Moussa attire dans la zone une forme de tourisme religieux. L'implantation de service de base comme les postes de santé dénommée « keur soeur » participe à la promotion de la santé des populations.

3.2. Les activités économiques

3.2.1. Agriculture

Une partie du territoire de la communauté rurale de Keur Moussa est située dans la zone des Niayes. Cette région agro écologique renferme d'énormes potentialités agricoles. La CR se caractérise, d'abord, par la forte présence de l'agriculture sous pluie. Surtout dans la partie sud où le manque d'eaux pousse les producteurs à se limité aux cultures de saison. Les spéculations cultivées sont l'arachide, le mil, le mais... Mais, la variabilité de la pluviométrie, les changements climatiques, l'urbanisation galopante...sont autant de phénomène qui causent des contre performances dans la production. En plus l'arachide est de plus en plus délaissée au profit du manioc et

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d'autres spéculations. Les difficultés de commercialisation et les saisons de faible pluies en sont les raisons de se délaissement.

Ensuite, la zone est un important pole de production maraîchère. C'est une activité qui est plus pratiquée dans les zone centre avec la disponibilité de l'eau de la SDE et des puits et la zone Nord avec l'affleurement de la nappe. Mais, les nappes dans cette zone sont aussi exposées à la salinisation et l'augmentation du niveau piézométrique. La pression foncière est aussi un problème pour les exploitations généralement de type familiale. La convoitise dont fait l'objet cette zone pousse certains à vendre leur terre aux plus nantis.

L'arboriculture fruitière est, enfin, fortement présente dans le territoire de la CR. Cette partie de la région de Thiès est propice à ce type d'exploitation de la terre. Les arbres les plus plantés sont le manguier, le citronnier, l'oranger etc. Cette pratique profite beaucoup aux populations de Keur Moussa surtout les femmes « banas banas ». La vente de fruit le long de la route nationale numéro 2 est une source de revenus non négligeable pour ces femmes.

3.2.2. Industrie, Mine et artisanat

Des activités industrielles et minières sont notées puisque la CR renferme des ressources naturelles très importantes. La richesse de son sous sol est du à sa proximité avec la crête du plateau de Thiès qui est riche en calcaire. C'est pourquoi son territoire renferme des exploitations minières au niveau de la forêt classée de Pout. Ces exploitations sont entre autres des carrières de latérite, du phosphate, du calcaire, du gré, du basalte et de l'argile. Cette activité minière participe à la diminution du chômage dans la zone, redynamise le secteur du commerce et du logement et contribue au désenclavement de certains villages par la construction de pistes de production. Concernant l'industrie, nous avons l'implantation de certaines usines comme : SISMAR qui fabrique du matériel agricole, SIGELEC qui se spécialise dans la fabrication de pile électrique, la SENAC qui produit des ardoises, les cimenteries comme celle de Dangoté.

L'artisanat est surtout présent dans la zone centre de la CR. Les zones nord et sud ne disposent presque pas d'atelier d'artisans appart ceux de réparation des matériels agricoles. Les métiers les plus présent sont : la couture, la menuiserie, la mécanique, la boulangerie...

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Des centres de formation aux métiers existent à Keur Moussa, Ngoméne, Santhie Sèrère. Ces centres sont destinés aux femmes et visent à leur offrir des formations en artisanat (couture, transformation des fruits, teinture etc.)

La présence de ces usines et mines participent à la diversification des activités et à l'amélioration des revenus dans la zone. L'artisanat, même si elle est encore à un degré moindre, joue un rôle dans l'économie locale.

Toutefois, le manque d'usine de transformation des produits alimentaires est à déplorer. Avec toutes les fruits et légumes que produit la zone la présence d'un tel établissement participerait à redynamiser l'agriculture en général et l'arboriculture fruitière en particulier.

3.2.3. Commerce et transport

La position favorable offre à la CR de Keur Moussa une zone où le secteur commercial peut réellement prospérer. Ce secteur est très présent dans la zone centre sur l'axe « kilomètre 50 »-Pout. La vente des fruits et légumes représente la plupart des pratiques commerciales, surtout chez les femmes. En effet, ce sont les femmes qui vont, en période de mûrissement des produits horticoles, acheter des fruits et légumes au niveau des exploitations pour les revendre en gros ou en détail au niveau des marchés locaux (Pout, Km50) ou dans les grandes villes environnantes (Dakar et Thiès). Sur la Route Nationale, la vente en détail est essentiellement destinée aux voyageurs de passage sur cet axe. Elle permet aux femmes qui s'y activent d'avoir des revenus pouvant aller jusqu'à 75 000 francs CFA par saison.

L'activité commerciale est accompagnée par celle du transport. Ce secteur emploi beaucoup de jeune dans la CR. Certains sont chauffeurs de « taxi calando » où de car, d'autres sont apprentis dans les car « ndiaga ndiaye ». Certaines familles disposent même de car de transport en commun. Cette pratique est très rependue dans les villages centres comme Keur Moussa, Khodeba...

Le commerce et le transport sont aussi des secteurs qui permettent de diversifier les sources de revenu. Ils permettent à de nombreux jeunes de trouver du travail afin de joindre les deux bouts. Ils sont aussi des vecteurs d'investissement dans l'agriculture,

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dans la mesure où la plupart des propriétaires de car de transport en commun sont des agriculteurs.

3.3. Dynamique organisationnelle

La population de la CR de Keur Moussa est à majorité jeune. Ces jeunes se regroupent dans des ASC pour des activités sportives et culturelles. C'est ainsi, qu'on compte 33 ASC dans l'étendue de la CR. Mais, ces regroupements de jeunes se limitent, pour la plupart, aux tournois de football. Aussi, même avec une bonne capacité de mobilisation, on note l'inexistence de foyers sur toute l'étendue de la communauté rurale. Egalement la subvention du conseil rural est jugée insuffisante.

En plus de ces organisations de jeunes, on retrouve dans certains villages de la CR des CVD. Ces regroupements de villageois jouent le rôle de société civile locale. Ils sont des intermédiaires entre les structures publiques, les partenaires privés et la population locale. Ils veillent aussi au bon fonctionnement des activités au sain du village. Toutefois, tous les villages ne disposent pas de ce type d'organisation.

Les producteurs agricoles sont regroupés dans des Organisation de producteur (OP). Ces organisations sont des réunions d'agriculteurs d'un ou de plusieurs villages. Ces organisations sont chargées de défendre les intérêts de ces membres dans les différentes campagnes de distribution des semences par exemple. Elles sont de véritables cadres de formation des producteurs, à travers des campagnes de formation et de vulgarisation de nouvelles techniques agricoles initiées par certaines ONG ou sur l'initiative des OP. Ces dernières sont fédérées dans un cadre plus globale appelé Comité Local des Cadres d'Organisations de Producteurs (CLCOP). Cette fédération des organisations de producteur est l'instance locale des agriculteurs qui est chargé d'agréger les préoccupations des producteurs et de s'ouvrir aux éventuelles partenaires. Le CLCOP est chargé d'identifier les différentes contraintes des producteurs et de rechercher des possibilités de solutions. Pourtant, tous les agriculteurs ne sont pas présents dans cette instance. Surtout les grands producteurs étrangers qui possèdent de grands vergers.

En outre, la recherche d'une meilleure optimisation de la production agricole a poussé les producteurs de cette CR à se regrouper dans une organisation dénommée WOOBIN. Cette dernière est une fédération des producteurs des 22 villages sur les 37 que compte la CR. Cette fédération est très dynamique dans la zone avec des activités

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de formation des agriculteurs sur les nouvelles innovations pour une agriculture saine et durable ; de plaidoyer contre l'accaparement des terres ; des activités de lutte contre les érosions par des actions de lutte anti érosive entre autres.

Enfin, dans la CR on retrouve des APE dans les villages qui possèdent des écoles ; des GPF très active dans la commercialisation des produits maraichers etc.

3.4. Equipements et Infrastructures

Keur Moussa peut être considérée comme une zone de périurbanisation. Les infrastructures et équipements propre à une ville sont, de ce fait, présents dans les villages comme ceux du centres et ceux qui longent la route nationale. Sur le plan de l'accès aux services sociaux de base la communauté rurale n'a pas beaucoup à envier aux autres collectivités de même statut. On retrouve dans le territoire communautaire des infrastructures sanitaires, éducatives, hydriques, de communication...La communauté rurale regorge beaucoup d'équipements et infrastructures qui sont constitués :

D'infrastructures de télécommunication composées d'un réseau câble de la SONATEL pour les téléphones fixes et l'internet et des réseaux mobiles (Orange, Tigo, Expresso) ;

D'infrastructures électriques étendues sur 13 villages ;

De structures sanitaires composées de 02 postes de santé, un à Soune Sérère et un à Keur Moussa village et de 16 cases de santé dont 03 non fonctionnelles ; D'infrastructures routières : la localité est traversée par la RN2, la route secondaire goudronnée Km5O-kayar, la route latéritique Pout-aéroport Blaise Diagne et quelques pistes latéritiques inter villageoises ; D'infrastructures et d'équipements hydrauliques : le site est alimenté en eau par une addition de la SDE et des forages privés. Le réseau hydrique est constitué de 65 bornes fontaines dont 03 non fonctionnelles et 60 puits dont 33 non fonctionnels.

D'équipements scolaires : la communauté rurale compte 30 écoles élémentaires dont une privée, 02 CEM une à Soune Sérère et une à Keur Moussa et 15 écoles arabes toutes fonctionnelles.

D'une maison communautaire avec deux magasins de stockage.

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TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES

RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

Chapitre 1 : CARACTERISTIQUES DES PRODUCTEURS

La caractérisation des producteurs présente les aspects qui influencent le niveau de vulnérabilité des exploitations agricoles. De ce fait, la population des ménages, la répartition par sexe des chefs de ménage et le niveau d'instruction de ceux-ci seront abordés dans cette partie.

I. Population des exploitations agricoles

Dans cette communauté rurale, la moyenne est de 15 individus par exploitation agricole. Ce nombre est très important. En effet, cette collectivité locale est caractérisée par une densité très forte. Elle est de 194 habitants/km2. Mais le nombre de personne par ménage est variable et dépend de la zone où l'on se trouve.

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Figure 2: nombre d'individus par ménage

[16 et plus[

[14 - 16[

[12 - 14[

[10 - 12[

[8 - 10[

[6 - 8[

Total

-6

0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00% 120,00%

 
 
 
 

39,00%

 
 
 

19,50%

 

14,60%

4,90%

 
 
 
 
 
 

12,20%

 
 
 

7,30%

2,40%

 
 
 
 
 
 

Nombre d'individus par menage

100%

Pourcentage des ménages

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Les ménages qui ont une population de moins de 6 personnes ne représentent que 2% de l'effectif enquêté. Aussi, les maisons de petites tailles, c'est-à-dire, comprises entre [6 - 8[, [8 - 10[, [10 - 12[, [12 - 14[ individus sont peu nombreux. Ce qui démontre la concentration humaine au niveau de ce terroir. D'autant plus que 39% des ménages renferment plus de 16 individus. Ces ménages ont souvent une population comprise entre 16 à 25 individus et qui peut aller même jusqu'à 30.

La forte densité dans cette CR se fait au détriment de l'espace agricole. Ce territoire subit l'urbanisation et l'occupation de ces champs de culture et de ces espaces de parcours du bétail pour des besoins d'habitats et d'équipements. En effet, la CR de Keur Moussa peut être prise comme le parfait exemple de la problématique de la périurbanisation dont subit certaines localités proches de grande agglomération. La proximité avec les grands centres urbains que sont Dakar et Thiès, en fait une zone de conurbation. Ceci est illustré par l'implantation de nouveaux occupants. Le flux démographique est favorisé par l'implantation des grands projets de l'Etat dans le territoire de la CR ou dans les CR voisines. On peut citer l'AIBD, la nouvelle université de Dakar, l'autoroute à péage... Aussi, des initiatives privées comme l'implantation

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d'usines ou d'exploitations minières renforcent la dynamique démographique en dépit de l'agriculture.

II. Répartition par sexe des chefs des EA

L'analyse de la répartition de la population enquêtée par sexe est très importante pour identifier l'existence des facteurs d'exclusion sociale et d'inégalité économique dans le territoire de la CR.

Figure 3: répartition de la population par sexe

Répartition par sexe des chefs d'exploitation

agricole

24%

76%

masculin féminin

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

La majeure partie des chefs des exploitations agricoles rencontrés sont de sexe masculin. Ceci est sans doute du aux aspects ethniques et culturels de la population. En effet, selon la tradition locale, c'est l'homme qui doit être le chef de la famille. La coutume Sérère (qui est l'ethnie dominante) dans cette localité exclut même la femme de l'accès à la terre. Dans les instances locales de décision, les hommes sont largement majoritaires. Donc les caractéristiques de genre sont très défavorables à la couche féminine qui continue à subir les phénomènes d'exclusion sociale et d'inégalité dans l'accès aux ressources et moyens d'existence.

L'autre caractéristique importante est le niveau d'instruction.

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III. Niveau d'instruction des chefs des EA

Figure 4: type et niveau d'instruction des chefs de ménage interrogés

40

70

60

50

30

20

10

0

primaire secondaire Arabe analphabéte

30

3,6

59

7

Fréquence en %

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

L'enseignement en arabe domine dans la communauté rurale car la population de la CR est en majorité musulmane. La plupart des chefs d'exploitations agricoles, soit à peu prés 60%, ne sont instruits que par le coran et l'arabe. A coté de ceux-ci, d'autres ont une formation à l'école française. Les 30% se sont limités au niveau primaire et seulement 3,6% ont accédé au secondaire. Ceci a des conséquences sur la sensibilité à l'environnement et l'ouverture à l'innovation. Il est de toute évidence que le chef de ménage instruit est beaucoup plus prévoyant contre la dégradation des ressources naturelles et l'utilisation de techniques d'adaptation aux changements et variations climatiques. Cet état de fait est d'autant plus préoccupant que 7% de ceux qui ont été interrogés se sont déclarés analphabètes.

Conclusion partielle

Les caractéristiques des ménages montrent qu'ils pourraient être très vulnérables à cause du niveau de concentration très fort de la population, des inégalités de genre et de la faiblesse du niveau d'instruction. Mais ces ménages perçoivent ils leurs vulnérabilités ?

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Chapitre 2 : PERCEPTION LOCALE DE LA VULNERABILITE DE L'AGRICULTURE

La vulnérabilité de l'agriculture, nous l'avons vu, dépend non seulement des caractéristiques socio économiques, mais aussi des aspects climatiques. L'étude de la vulnérabilité dans cette partie est essentiellement basée sur la perception locale des phénomènes environnementaux. D'abord l'analyse concernera la perception des indicateurs bio physique, ensuite les causes sociales de vulnérabilité.

I. PERCEPTION PAR LES PRODUCTEURS DE LA

VULNERABILITE BIO PHYSIQUE

1.1. Les fluctuations de la pluviométrie sont responsables des contre performances agricoles

Les variations de la pluie sont des facteurs de la diminution des rendements agricoles dans les exploitations agricoles.

1.1.1. Une importante variation inter annuelle et intra annuelle des pluies

Dans notre pays, la pluie constitue la source d'eau la plus utilisée dans les activités agricoles. Donc, la performance de la production dépend, en grande partie d'une bonne pluviométrie en quantité et dans sa répartition sur le temps et sur l'espace. La communauté rurale de Keur Moussa dispose d'une pluviométrie en proie à une variation entre les saisons et au sein même des saisons. Du moins, c'est ce qui ressort des différents constats des agriculteurs trouvés sur place.

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Figure 5: perception sur l'état de la pluviométrie durant ces dix dernières années

Repartition décennale de la pluviométrie

36%

10%

22%

32%

Augmentation Baisse

Irrégularité

Mauvaise répartition

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Les points de vue sur les caractéristiques des pluies sont divers. L'observation la plus rependue, faite par les producteurs est, premièrement, une irrégularité dans la répartition. Cette irrégularité est inter annuelle et intra annuelle. C'est dans ce cadre que 36% des producteurs interrogés considèrent les pluies irrégulières. Cette irrégularité se présente par une augmentation ou une diminution des pluies. Ainsi, 32% disent qu'il y a une augmentation de ces pluies sur ces 10 ans. Ceci se manifeste par des précipitations plus accrues par rapport aux décennies précédentes. Par contre, 22% considèrent que la quantité de précipitation est en baisse par rapport aux décennies précédentes. Dans ce même registre, 10% des producteurs interrogés ont constaté une mauvaise répartition des pluies. Cette mauvaise répartition se caractérise par des arrêts définitifs ou accalmies durant la saison ou bien des pluies de forte intensité sur une courte durée et un arrêt définitif.

1.1.2. Effets de ces variations sur l'agriculture

Tous ces aspects ont des effets qui peuvent être positifs, mais les effets négatifs sont plus relevés par les populations sur place. Les conséquences d'une variation inter et intra saisonnière de la pluie sont subis, souvent, dans le court terme par le producteur car celui-ci dépend, le plus souvent, des conditions pluviométriques pour produire.

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Tableau 4: perception locale de l'effet de la variation décennale des pluies

Effet de la variation décennale de la

pluviométrie sur l'agriculture

Fréquences en %

Extension de la période de croissance des plants

29

Destruction des champs

41

Maladies destructrices des plants

54

Inondation des champs

7

Destruction des puits par les inondations

22

Augmentation des rendements

5

Pas d'effets sur la production

12

Source .
· Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

En première lieu, la plupart des répondants notent la présence de maladies qui détruisent les champs. Ces maladies sont le fait d'insectes et des champignons qui s'attaquent aux plants et arrêtent leurs cycles de maturation. Ces insectes se propagent, très souvent, dans les champs maraîchers.

Photo 1: insectes destructeurs des cultures maraîchers

Source .
· Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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C'est la « mouche blanche » qui provoque plus de dégât d'après l'agent de l'ANCAR. Et ceci pousse les exploitations agricoles à faire des dépenses en pesticide pour protéger les récoltes. Or ces pesticides constituent un autre danger qui peut polluer le sol et la nappe et appauvrir dans le long terme la terre. En plus, ces pesticides coutent, souvent, chers et ne sont pas à l'apanage de tous les producteurs. Dans la zone sud, où c'est les cultures sous pluies qui dominent, l'invasion de ces insectes détruit souvent toute la récolte. Dans cette zone les cultures de subsistance dominent. Les producteurs ne font pas souvent recours à un grand investissement consistant à acheter des pesticides pour lutter contre ces destructeurs. Ces champs sont donc laissés à la merci de ces déprédateurs qui causent beaucoup de dégâts. Durant les pauses pluviométriques, il apparait un insecte appelé Chenille Bourrue qui s'attaque aux niébés.

L'arboriculture fruitière n'échappe pas, aussi, aux déprédateurs. En ce qui concerne la mangue qui constitue la plantation dominante, c'est la mouche Bactrocera Invadens (mouche des mangues ou mouche de quarantaine) qui détruit la production. En effet, selon l'agent de l'ANCAR, plus de 150 000 tonnes de mangues sont produits chaque année au Sénégal, mais plus de 80% sont perdus à cause de cette mouche.

En deuxième lieu, les pluies peuvent causer la destruction des champs de cultures d'après 41% des réponses données. Qu'elles soient fortes ou faibles. Si elles sont fortes, la destruction se manifeste par les inondations de certains champs qui se trouvent dans les parties basses. Aussi, les fortes pluies détruisent les puits dans les villages comme Soune, Ngoméne ou Yadé : 22% des répondants ont relaté ce fait. Si elles sont faibles, la destruction se manifeste par des pertes de rendement et l'assèchement de certains plants. Toutefois, la faiblesse des pluies est plus à craindre, car elle a des impacts qui sont plus dramatiques. Elle peut réduire conséquemment la production et par extension le revenu du producteur. Elle a des impacts aussi sur l'approvisionnement de la nappe qui devient de plus en plus profond.

Enfin, parmi les réponses, on note des effets positifs liés à l'augmentation des rendements. 5% des réponses considères que les caractéristiques des pluies sur les dix dernières années ont comme conséquence l'augmentation des rendements. Ceci peut être expliqué par l'amorce d'une rémission pluviométrique observée pendant ces cinq

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dernières années. Par ailleurs, 12% des réponses n'ont pas identifié d'effets de ces modifications pluviométriques sur les récoltes.

En somme on peut avancer que dans la communauté rurale de Keur Moussa, la pluviométrie est marquée par une fluctuation saisonnière et intra saisonnière. Même si durant ces dernières années on note une amélioration des précipitations, l'occurrence de périodes de sécheresse avec une tendance à la baisse de la pluviométrie constitue le trait le plus marquant du climat dans cette partie de la région de Thiès. L'impact de ce phénomène est l'incertitude dans les prévisions de production. La variation de la pluie constitue l'une des causes principales de la vulnérabilité de l'agriculture. Mais, la perception sur l'évolution de la température est un autre indicateur de vulnérabilité.

1.2. Perception des producteurs de la température décennale

La perception générale de la température est son augmentation. Ceci cause beaucoup de dégâts dans les champs.

1.2.1. Une température de plus en plus chaude

La température est l'état sensible de l'atmosphère qui affecte nos sens. Dans le cas de la perception locale de la température décennale, la tendance générale, est l'augmentation de celle-ci.

Figure 6: perception locale de la température des dix dernières années

5%

Etat de la température décennale

29%

66%

chaude

Moins chaude identique

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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Parmi les cibles enquêtées, 66% ont senti une température plus chaude durant ces dix dernières années. Cette élévation de la température se manifeste par des journées de plus en plus ensoleillées et une diminution du temps de la fraicheur entre les mois de Décembre à Avril. Les relevés moyens sont de 20°C entre les mois de décembre, janvier et février et 32° durant les mois d'été. Cette température relativement douce par rapport à l'intérieur du pays favorise les cultures horticoles.

Néanmoins, 5% ont senti une baisse générale de la température décennale. Cette baisse selon eux est marquée par un rallongement de la période de fraicheur et une diminution de l'été chaude. D'autres producteurs, n'ont pas senti de changement. Ceux-ci représentent les 29% de l'effectif enquêté.

1.2.2. Les effets de l'augmentation de la température sur la production agricole

Le niveau de la température joue un rôle très important dans la production agricole en général et maraîchère en particulier. Les cultures horticoles ont besoin d'une température relativement fraiche. C'est pourquoi elles se développent plus dans les zones non éloignées de la côte. L'augmentation des températures constitue un risque réel pour cette activité. Cette chaleur qui est due aux changements du climat réduit les rendements d'après les producteurs. De même, selon les personnes rencontrées, les changements climatiques provoquent l'action des vents qui détruisent les champs de tomate et provoque la coulure dans la zone nord.

Cependant, pour certains producteurs l'augmentation des températures est positive pour certaines spéculations comme l'oignon. D'autres pensent qu'elle n'a pas d'effets sur les récoltes. Toutefois, il convient de remarquer que l'augmentation de la chaleur est profitable seulement pour quelques rares produits et les poussières qui l'accompagne détruisent certains champs et font chuter les rendements.

1.3. Les points de vue sur la qualité des sols

La terre est un facteur très important pour la production. En effet, la qualité du sol peut être un déterminant pour un bon rendement. De même sa dégradation peut causer des contre performances à l'activité agricole. La perception globale, par les exploitants, rencontrés est la baisse de la qualité du sol dans presque toutes les parties du territoire de la CR.

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Figure 7: perception de la qualité du sol sur les dix dernières années

Perception de la qualité du sol dans la CR

24%

7%

69%

Peu fertile

Plus fertile

Pas de changement

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

La plupart de ceux qui sont interrogés (69%) considèrent que les sols sont de moins en moins fertiles. Les causes principales sont, d'abord, humaines. Il s'agit de l'utilisation démesurée des engrais chimiques ; le manque de jachère ; la non maitrise des itinéraires techniques et la faible diversité ; la forte érosion avec le déboisement avancé du couvert végétal.... Ensuite naturelle, les variations et changements climatiques accélèrent le ravinement des sols dans certaines partie de la CR. D'après le PLD, « les sols affectés par l'érosion hydrique, à l'échelle de la communauté rurale, se sont étendus de 58,3 % par rapport à la situation de 1950-1970 ».

En revanche certains producteurs estiment que les sols sont de plus en plus riches, les 24% de l'effectif interrogé. Ces bons sols sont souvent localisés dans la zone nord et permettent une agriculture irriguée intensive avec la production de spéculations à forte valeur ajoutée.

Ainsi, les sols sont, généralement, en situation de dégradation. Cette dégradation accélère les phénomènes de ravinement avec l'apparition des blogues de pierre dans la

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zone Sud, proche du plateau de Thiès. Le ravinement est aussi responsable de la destruction de certaines surfaces de culture et la perte d'énorme quantité d'eau par l'accélération du ruissellement.

Les pertes d'eau causées par la dégradation des sols est une entrave à la disponibilité de cette ressource, indispensable pour l'agriculture.

1.4. La disponibilité du facteur eau

L'eau est considérée par beaucoup de chercheur comme « le » facteur de production. Pour dire que sans eau point de production. Les exploitations de cette CR utilisent généralement quatre sources : l'eau de la pluie, l'eau des puits, celle provenant des forages et celle qui est approvisionnée par la SDE.

Figure 8: les principales sources d'eaux des exploitations agricoles

Eaux de la SDE

Les puits

la pluie

Forage

0 20 40 60 80

sources d'eaux les plus puisées

2

14

49

71

Fréquences en %

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

La pluie reste la principale source des agriculteurs. L'agriculture sous pluie domine dans la CR et les cultures saisonnières persistent toujours dans la pratique des cultivateurs. Or la pluviométrie est caractérisée par une baisse généralisée. Depuis 1970, La moyenne pluviométrie annuelle est passée de 600 mm à 429,2 mm.

Mais, il faut dire aussi que la plupart des exploitations combinent les précipitations et l'eau des puits. Ces exploitations combinent les cultures de saisons et

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les cultures irriguées. C'est ainsi, que 49% utilisent le puits pour l'arrosage de leurs champs. Cette utilisation des puits est beaucoup plus rependue dans la zone nord où l'affleurement de la nappe (environ 14 à16 m de profondeur) facilite le fonçage des puits et la disponibilité de l'eau. Mais, la nappe phréatique est actuellement plus profond, donc l'eau des puits est moins accessible dans certaine partie de la CR.

Tableau 5: perception du niveau de profondeur des puits durant les dix dernières années

Niveau des puits

Fréquence en %

Plus profond

83

Moins profond

2

Pas de changement

7

Pas de puits

7

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Dans la zone sud les eaux sous terraines sont à plus de 30 m et atteigne facilement 60 m dans les villages comme Thiambokh, Soune etc. De ce fait, dans ces villages les puits sont rares. Certains ne disposent même pas de puits dans leur localité du fait de la profondeur de la nappe phréatique. Dans cette zone la ressource eau se rarifie et les villages qui avoisinent l'AIBD sont approvisionnés par celui-ci. Ces villages sont donc obligés d'être à l'affut de la pluie pour produire.

Dans la zone centre certains producteurs utilisent l'eau de la SDE, c'est ce qui explique le contrat de préférence qui a été négocié par la fédération des Agro Pasteur de Keur Moussa et la SDE. Ce contrat impose un quota maraicher d'une valeur de 113 francs par m3.

Le forage est rarement utilisé par les producteurs rencontrés. Appart dans le village de Ngoméne où ce trouve la ferme REVA, la plupart des exploitations n'ont pas accès aux branchements des forages.

En ce qui concerne les mares, elles sont rarement utilisées. Ce qui confirme nos enquêtes car aucun exploitant qui utilise cette source n'a été rencontré. A la question de savoir la durée de vie des mares et marigots, la plupart ont noté un assèchement très précoce de celles-ci.

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Figure 9: perception de la durée de vie des mares sur les dix dernières années

49%

Durée des mares

27%

22%

Asséchement tardif

2% Asséchement précoce
Asséchement très précoce Plus de mare

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Ces points d'eau de surface sont aussi importants pour l'arrosage des plants que pour l'abreuvement du bétail. Or d'après presque 50% des personnes interrogées, ces sources d'eaux sont dans une situation d'assèchement très précoce, c'est-à-dire tout juste après la saison des pluies (1 à 2 mois). D'autres, à hauteur de 22% ont déclaré qu'elles tarissent de manière précoce c'est-à-dire entre 2 et 4 mois. Pire, 27% ont déclaré qu'il n'existe plus de mares et marigots dans leur village. Ceux-ci trouvent sont explications dans la péjoration du climat avec la baisse généralisé de la pluviométrie. En revanche, seule 2% ont déclaré qu'il ya un assèchement tardif de ces points d'eaux.

Ainsi, le tarissement très précoce que connaissent généralement ces mares et marigots constitue la principale contrainte des éleveurs de la zone. Ces dernières subissent en plus de l'absence de parcours du bétail, un manque d'eau préjudiciable au bon fonctionnement de leur activité. Le recul du couvert végétal et la disparition de la faune sont, aussi, des facteurs de vulnérabilité.

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1.5. Le recul de la couverture végétale et disparition de la faune

1.5.1. Le recul du couvet végétal

Le couvert végétal dans la CR est globalement en recul. En effet, d'après les personnes rencontrées celui-ci est en net régression comparé aux décennies précédentes.

Figure 10: perception de l'évolution décennale de la couverture végétale

52%

Evolution du couvert végétal

27%

21%

Plus importante

Moins importante

Pas d'évolution

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Il ressort de l'impression générale que la couverture végétale a reculé durant les dix dernières années. En effet, plus de 50% des cibles interrogés confirment cette régression. Ce recul a deux causes : naturelle et anthropique

L'appauvrissement du couvert végétal constitue la manifestation cyclique d'un processus de désertification. Le Sénégal a connu un cycle de sécheresse qui s'est accentué durant les années 70 avec la baisse des pluies et l'avancé du désert. La CR de Keur Moussa ne s'est pas échappé à ce contexte général. De même, l'un des impacts du changement du cycle de la pluviométrie est la dégradation du couvert végétal. La baisse des pluies appauvrit le sol et la végétation. De même des pluies trop intenses détruisent certains arbres.

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L'appauvrissement du couvert végétal est, ensuite, du aux manoeuvres de l'homme. Les pressions sur le territoire de cette CR se manifestent sur sa végétation. La colonisation des terres pour l'agriculture, la recherche d'habitation, les implantation des infrastructures et équipements publics, les pressions foncières...détruisent la couverture végétale. La pression de l'homme se fait sentir dans tous les espaces de la CR. Mais, elle est plus marquée dans les zones centre et nord. Dans la première, ce sont les habitations, les industries minières, les usines, les infrastructures publiques qui sont les causes principales du déboisement. Dans la seconde, c'est principalement pour des causes d'exploitations agricoles que l'on déboise. Toutefois, la zone sud avec l'implantation du nouvel aéroport et le prolongement de l'autoroute à péage connait actuellement une déforestation accélérée. L'accaparement, les pressions foncières et le changement de vocation des terres du fait de l'implantation de ces équipements structurants font que les espaces boisés tendent à disparaitre.

Cette baisse du couvert végétal a des conséquences négatives sur l'élevage. Celle-ci a besoin d'une bonne végétation pour se développer. Surtout que dans cette localité, comme dans la plupart du pays, l'élevage se fait d'une manière extensive avec une recherche constante d'herbes de pâturage et de points d'eau d'abreuvement.

Tableau 6: perception de l'évolution décennale du chaptel

perception de l'évolution décennale du chaptel

Perception de l'évolution du cheptel durant les dix dernières années

Fréquence en %

Augmentation

22

Diminution

56

Stagnation

5

Pas de réponse

17

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Ce cheptel est constitué de bovin, d'Aquin, de caprin,... la plupart des exploitations agricoles ont noté une diminution du bétail. Mais, il faut admettre que la zone ne connait pas un élevage très développé et les différentes pressions diminuent la présence de ce secteur.

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Cependant, le recul du couvert végétal n'est pas une idée consensuelle. Certains producteurs pensent qu'il ya plutôt une augmentation de celui-ci. 27% des personnes interrogées disent que la végétation a évolué de manière positive. Ceci peut être du au fait que l'arboriculture est très développées dans certaine partie du terroir et les arbres fruitières tendent à remplacer les espèces ligneux naturels. C'est ainsi que, le recouvrement aérien est souvent dense dans certaines localités où les manguiers couvrent de vastes domaines agricoles.

Par ailleurs, 21% n'ont pas senti d'évolution au niveau du couvert végétal. Ces personnes estiment souvent que la couverture de la végétation est variable et dépend de la qualité de la pluviométrie.

Toutefois, il convient de retenir que globalement le couvert végétal dans la zone est en net recul. Ces effets sont plus sentis dans le secteur de l'élevage où on assiste à une diminution du nombre de têtes.

1.5.2. La disparition de la faune

Le niveau de recouvrement végétal est important pour le maintient des animaux sauvages. Car les arbres sont les habitats naturels de ces animaux. La faune est en voie de disparition dans la CR d'après les producteurs interrogés.

Figure 11: état de la faune durant les dix (10) dernières années

40

80

70

60

50

30

20

10

0

Faune en disparition Faune en augmentation Pas d'évolution

Etat de la faune

Fréquence en %

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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La disparition de la faune est le point de vue généralement relaté. Plus de 70% des cibles considèrent que la faune disparait de plus en plus. Les causes de cette disparition, selon eux, sont dues à la présence de l'homme. De ce fait, les mêmes causes anthropiques de la disparition du couvert végétal sont responsables de celle de la faune. Aussi, le processus de désertification et la sécheresse sont des causes naturelles de la perte des animaux sauvages. La principale conséquence est la diminution de l'activité de chasse, surtout dans les forêts classées.

Les causes biophysiques de la vulnérabilité sont très marquées dans cette CR. Elles sont accentuées par les facteurs socio économiques qui fondent la faiblesse des exploitations trouvées dans la CR.

II. Perception des producteurs de la

VULNERABILITE SOCIO ECONOMIQUE

La vulnérabilité socio économique est appréhendée à travers la problématique foncière et les performances économiques des exploitations agricoles.

2.1. La question foncière

La communauté rurale de Keur Moussa est actuellement secouée par des problèmes liés à la convoitise dont ses terres font l'objet. La richesse du sol de la CR a poussé beaucoup de promoteurs agricoles, miniers ou industriels a y installé des usines et des vergers. Ceux-ci réduisent, forcement, les terres de l'agriculture familiale, d'autant plus que, le statut de la plupart des exploitations agricoles n'est guère sécurisant.

2.1.1. La disponibilité du foncier pour l'agriculture

La superficie emblavée par exploitation est très variable et dépend de la zone où l'on se trouve dans la CR.

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Tableau 7: superficie des terres cultuvées par exploitation agricole

Superficie emblavée en ha

Nombre de ménages

Fréquence en %

Moins de 2

3

2,4

De 2 à 4

21

53,7

De 4 à 6

7

17

De 6 à 7

7

17

De 7 à 9

1

2,4

De 9 à 11

1

2,4

11 et plus

1

2,4

Superficie totale

97 ha

Superficie moyenne

2,42ha

Superficie par actif

0,52 ha

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

L'intervalle compris entre 2 à 4 hectares (ha) est plus représentatif. La plupart des exploitations de la communauté rurale ont des superficies faibles par rapport à la norme nationale qui est de 3ha par producteur. Ce constat est plus accentué dans la zone centre où plus de 60% des producteurs ont des superficies comprises dans cet intervalle. Les agriculteurs de la zone nord ont aussi des superficies très réduites du fait de l'intensification des cultures qui résulte de la dominance des champs irrigués. Ainsi la superficie moyenne est de 2,42 ha et la superficie par actifs est de 0,52 ha. Ceci entérine la faible disponibilité de terres par exploitant. Cette faiblesse tend à s'accentuer car les producteurs, du fait des pressions foncières, s'exposent aux nombreuses menaces de perdre leur terre comme nous le montre le graphique ci-dessous :

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Figure 12: évolution de la superficie emblavée par exploitation sur les dix dernières années

Evolution décennale de la superficie emblavée

par UP

51%

24%

22%

3%

Positivement Négativement Pas du tout Non réponse

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

La réduction des superficies est beaucoup plus fréquente dans les exploitations agricoles rencontrées. Cette réduction est due par de nombreuses causes. Les principaux facteurs sont l'accaparement des terres, le manque de moyen de mise en oeuvre des champs et les implantations des usines et de l'AIBD. Ainsi, la moitié des agriculteurs rencontrés ont déjà perdu une fois leurs terres à cause des facteurs précédemment cités. Ces agriculteurs sont actuellement très exposés à cause du regain d'intérêt que connait le territoire de la CR et le mode d'acquisition des terres qui n'assurent, tout de même pas, leurs sécurités.

2.1.2. Le mode d'acquisition foncière

Le statut foncier des agriculteurs n'est, pour la plupart des cas, pas sécurisant. Les producteurs enquêtés, soit ne disposent pas de titres de propriété légaux qui peuvent leurs protégés contre d'éventuels spéculateurs fonciers ; soit ils ont acquis le titre de manière irrégulière.

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Tableau 8: statut des terres des exploitations agricoles

Mode d'acquisition

Fréquence en %

Héritage

59

Emprunt

37

Délibération

17

Location

12

Titre foncier

2

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

La succession par héritage est la mode la plus répandue d'acquisition des terres dans cette CR. Elle conserne 59% des terres des producteurs enquêtés. Cette acquisition par héritage n'est pas sécurisant dans la mesure où elle ne confère pas directement à l'héritier un droit réel sur le foncier. En effet, selon l'article 05 du décret d'application de la loi sur le domaine national: « L'affectation prend fin, de plein droit, au décès de la personne physique ou à la dissolution de l'association ou de la coopérative affectataire»22. C'est un droit d'usage à titre personnel d'une durée indéterminée. Le droit d'usage disparaît avec la dissolution du groupement ou le décès du bénéficiaire. Donc l'héritier ne peut se prévaloir un droit réel sur les terres du défunt même si la loi le privilégie pour être le futur affectataire. Mais, il devra, au préalable, s'acquitter de certaines conditions notamment : démontrés sa capacité d'exploitation ; ne pas se verser à un morcellement qui pourra aboutir à la constitution de parcelles trop petites pour une exploitation rentable ; faire une demande dans les 6 mois à compter de la date du décès etc. Par contre, dans les différentes exploitations agricoles qui ont acquises leurs terres grâce à l'héritage ces conditions ne sont pas respectées. Ces exploitations sont toujours dans le régime de la gestion traditionnelle des terres où celles-ci se transmettaient de père en fils sans les formalités régulières.

Ces méthodes traditionnelles excluent les femmes de l'héritage des terres. Les femmes de cette localité accèdent rarement à la terre car selon la tradition des Sérère de la locale : « les femmes ne doivent pas hériter de la terre, elles peuvent seulement

22 DECRET N°72-1288 DU 27 OCTOBRE 1972 relatif aux conditions d'affectation et de désaffectation des terres du domaine national comprises dans les communautés rurales, modifié par N°80-1051 du 14 Octobre 1980 et 86-445 du 10 avril 1986.

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recevoir les arbres et plantation effectués sur les terres du défunt ». Cette tradition est donc une entrave à l'égalité entre les genres et l'égale possibilité d'acquérir des moyens de production. Elle est l'un des facteurs de vulnérabilité de la gente féminine.

Après l'héritage, l'emprunt est la deuxième mode d'acquisition des terres dans la CR. Cet emprunt est dans la plupart causé par l'absence de capacité de mise en valeur des propriétaires réels qui prêtent leurs terres à une personne qui peut l'utiliser. Ceci n'est pas légal si on se reporte aux différents textes juridiques qui réglementent le foncier au Sénégal. Dans la loi sur le domaine national, les terres de la zone de terroir d'où la grande majorité de Keur Moussa se trouve, ne peuvent être ni vendues ni empruntées. De ce fait, les 37% des terres empruntées sont dans une situation irrégulière de même que les 12% des terres acquis par location par les producteurs interrogés. Ces derniers sont donc dans une insécurité qui peut causer la perte de leurs terres.

À coté de ceux-ci, 12% des terres des producteurs ont été acquises par délibération. Cette délibération est sous-tendue par des conditions notamment : l'appartenance à la communauté et la capacité de mise en valeur. Les terres qui sont acquises par délibération confèrent au bénéficiaire une certaine sécurité, pourvu que celui-ci la mettent en valeur. Dans ce même registre, le titre foncier existe aussi parmi les statuts fonciers des exploitations. Ce titre est le plus sécurisant car il donne les pleins pouvoirs au propriétaire qui peut exploiter, louer ou vendre sont terrain. Cependant, Il favorise la spéculation foncière et le changement de vocation des terres, dans la mesure où disposant d'un titre opposable aux tiers, le propriétaire peut tenter de le vendre aux plus offrants.

Il ressort de la question foncière que la plupart des exploitations de la CR ne disposent pas de titres qui peuvent leur protéger contre les spéculateurs fonciers et l'accaparement des terres dont elles peuvent subir. La problématique foncière constitue une cause sous jacente de vulnérabilité. Elle peut même être considérée comme la cause principale de vulnérabilité de l'agriculture dans certaines partie du territoire de la cette communauté.

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2.2. Le niveau de performance socio économique des EA

Le niveau de performance socio économique permet d'appréhender les conditions de vie des exploitations agricoles. Pour évaluer ces conditions de vie nous feront recours au seuil de survie.

2.2.1. Le calcul du seuil de survie des EA

Le seuil de survie correspond au minimum « vital » que doit dégager un actif pour assurer sa survie et celle de ses dépendants (alimentation, vêtement, santé, logement)23.

Pour calculer le seuil de survie, il faut faire la moyenne annuelle des besoins alimentaires de base (riz, mil et mais) et des besoins d'habillement, d'éducation et de santé sur la population active moyenne par ménage. Dans le cas échéant nous avons :

Tableau 9: Evaluation des dépenses des besoins de base

Dépense alimentaire

annuelle

Dépense en santé

Dépense en

éducation

Dépense en habillement

547 500

87 200

25 000

66 600

Total dépense : 726 300 FCFA

Source .
· Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Les dépenses alimentaires sont constituées des aliments de bases : riz, mil et maïs. Elles sont, d'abord, estimées quotidiennement à 1500 FCFA avant le calcul annuel qui donne 547 500 FCFA. Quant aux autres dépenses, elles sont estimées annuellement par la personne interrogée.

Tableau 10: calcul du seuil de survie

Dépense annuelle des

besoins de base en FCFA

Population active moyenne des ménages

Seuil de survie par

personne en FCFA

726 300

4

181 575

Source .
· Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

23 Ibrahima Diop Gaye, Amadou Sall et Médoune Ndiaye, Changement climatique et performances socioéconomiques des exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass, ENEA, CSE, 2009, 126p.

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Le seuil de survie est de 181 575 FCFA. Pour permettre au ménage de survivre chaque actif doit produire cette somme pour couvrir les besoins des actifs et des passifs.

2.2.2. L'estimation du niveau de vie des EA

Le niveau de vie est largement tributaire des revenus que génèrent le ménage. Ces revenus peuvent être agricoles et non agricoles. Dans cette partie nous nous limiterons aux revenus agricoles qui permet de satisfaire les besoins des exploitations en corrélation avec le seuil de survie.

Tableau 11: niveau de revenu agricole des exploitations agricoles

niveau de revenu agricole des exploitations agricoles

Intervalle de revenu

Nombres de ménages

Fréquence en %

75 000 - 150 000

16

39

150 000 - 180 000

7

17

180 000 - 500 000

4

9

Plus de 500 000

14

34

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Une grande partie des ménages, c'est-à-dire plus de 55%, sont en dessous du seuil de survie. Ces ménages pratiques une agriculture non performante basée uniquement sur le travail manuel avec des matériels vétustes, des semences non certifiées, un manque d'engrais et la dépendance à la pluie. Par contre, il faut relever qu'une partie des exploitations agricoles soit 43%, ont dépassé ce seuil de survie. En effet, 34% de ceux qui sont interrogés ont des revenus très importants qui peuvent leur permettre, non seulement d'assurer les besoins de subsistance, mais peuvent se permettre d'autres dépenses d'amélioration du bien être. Ces producteurs sont surtout localisés dans la zone centre et nord où ce sont les cultures irriguées à haute valeur ajoutée qui dominent. Ces exploitations, même si elles se concentrent sur de petits espaces ont un bon rendement et font une bonne commercialisation.

En outre, certains producteurs atteignent à peine ou dépassent juste le seuil de survie (17%). Ces exploitants ne sont ni pauvres ni riches. Ils arrivent à combler les besoins de base grâce à la production agricole, mais pour les autres besoins elles sont obligées de faire recours à d'autres sources de revenu.

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L'analyse globale des revenus montre que beaucoup d'exploitations agricoles ont des revenus agricoles très faibles. Ces exploitants sont donc très vulnérables aux variations du climat et doivent recourir à d'autres sources de revenus pour une bonne résilience.

Conclusion partielle

En définitive, les producteurs perçoivent leur vulnérabilité. D'abord, les menaces de l'agriculture proviennent des conditions biophysiques. Dans ce cadre, les différents point de vues ont relaté une variation inter et intra annuelle de la pluviométrie, une augmentation générale de la température, des sols moins fertiles, une raréfaction de l'eau et le recul du couvert végétal et de la faune. Ensuite, elles sont socioéconomiques car liées à une insécurité foncière et un niveau de vie majoritairement en dessous du seuil de survie. Pour toutes ces raisons, les exploitations agricoles de cette CR pourraient être présentées comme vulnérables. Mais, le niveau de vulnérabilité ne peut être établi sans la prise en compte des stratégies d'adaptation.

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Chapitre 3 : LES STRATEGIES LOCALES

D'ADAPTATION, SOLUTIONS POUR LA RESILIENCE DES UP

Face aux variations et changements climatiques, les populations sont dans une recherche constante de solutions pour juguler les effets négatifs ou se prémunir contre les menaces futures. Les stratégies locales d'adaptation sont des pratiques et des mesures mises en place par les populations de Keur Moussa pour augmenter la résilience de leurs systèmes de production agricole face aux menaces climatiques et non climatiques. Ces stratégies sont d'abord techniques, ensuite elles sont socio-économiques et enfin organisationnelles.

I. Les stratégies techniques d'adaptation

1.1. Solution face au changement du cycle de la pluviométrie

La variation des pluies entre les saisons et dans une même saison pousse les agriculteurs à adapter un certain nombre de mesures.

Premièrement, les producteurs réagissent en abandonnant certaines espèces ou variétés au profit d'autres plus adaptées à la nouvelle réalité. En effet, les conséquences de ces phénomènes climatiques se traduisent par une perturbation du cycle de la pluviométrie. Certains produits agricoles se trouvent menacés. Pour maintenir le niveau de rendement, les exploitations substituent ces spéculations à d'autres.

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Tableau 12: espèces et variétés abandonnées face aux variations de la pluie

Espèces ou variétés

Fréquences en %

Zones

arachide

38

Centre, Nord et Sud

Mil

33

Centre et Nord

Mil souna

12

Sud

Mil sanio

3

Sud

Tomate

9

Nord

« Niébé sérére »

3

Sud

certains arbres comme les papayers

3

Centre

certains variétés de chou

3

Centre

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

L'arachide est la spéculation qui disparait de plus en plus face aux menaces du climat. Elle est caractérisée par une dépendance à la pluviométrie, donc elle subit plus que les autres les vicissitudes de celle-ci. Sa vulnérabilité est alors plus forte face aux phénomènes de variations et changements climatiques.

Ensuite, c'est le mil qui est l'espèce la plus délaissée. Certaines variétés de mil sont, presque, totalement abandonnées dans la zone sud à cause des incertitudes de la pluie, des attaques des insectes, des mauvaises herbes (« Nduxum »)...Si on sait l'importance du mil dans l'alimentation des populations de cette zone constituée pour la plupart de Sérères ; on saisit les menaces que peut comporter cet abandon sur la sécurité alimentaire.

Face aux perturbations du cycle de la pluviométrie, les populations ne se limitent pas à l'abandon de certaines espèces. D'autres solutions sont mises en oeuvre pour l'adaptation des systèmes de production.

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Tableau 13: différentes mesures des exploitations contre les variations du climat

Solutions face aux variations de la pluie

Nombre de producteur

Pourcentage des producteurs

Utilisation de variétés à cycle court

36

87

Utilisation de variétés

améliorées

31

75

Combinaison agriculture -

élevage

17

41

Délocalisation des cultures

9

21

Arrosage permanent

9

21

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

L'utilisation de variétés à cycle court permet de rapprocher la date de maturation des plants. Ainsi, si on assiste à une saison brève, ces variétés ne seront pas touchées par l'arrêt des pluies. Quant aux variétés améliorées, les exploitations de cette CR les utilisent plus pour augmenter les rendements. Cette mesure est très pratiquée dans le maraîchage sous pluie.

En ce qui concerne la combinaison agriculture - élevage, 41% des exploitations ont déclaré s'adonner à cette pratique pour prévoir les risques liés à une mauvaise saison culturale. L'élevage est ainsi une stratégie de prévention contre les variations de la pluviométrie.

Par ailleurs, les fortes pluies peuvent avoir comme conséquence l'inondation des champs. Dans ce cas de figure, certaines exploitations déplacent les récoltes dans d'autres champs pour maintenir la production. L'arrosage permanant est plus utilisé dans les cultures irriguées où le déficit de pluies peut être une cause de déshydratation des plants.

Enfin, certains producteurs font recours à des mesures préventives pour faire face aux variations et changements climatiques. La consultation des prévisions météorologiques est notée dans les pratiques d'adaptation.

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Figure 13: nombre de producteurs consultant la météo

suivez vous les previsions météorologiques?

71%

29%

NON OUI

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

A la question « suivez-vous les bulletins de la météo », plus de 70% de ceux qui sont interrogés ont déclaré trouver un intérêt à suivre les prévisions sur le climat. D'après eux, l'information météorologique leur permet de planifier leurs activités culturales comme la date des premiers semis. À coté de ceux-ci, d'autres n'ont pas trouvé d'intérêt à consulter la météo. D'après ces derniers, ces prévisions ne sont par toujours exactes. Ils font souvent recours à des méthodes traditionnelles pour prévenir l'arrivée des pluies comme la consultation des nuages, la direction des vents ou l'apparition de certains insectes saisonniers...

Globalement, ces stratégies d'adaptation sont considérées par les producteurs comme efficaces. En effet, ces mesures permettent aux exploitations agricoles, de faire face aux risques de mauvaises saisons pluvieuses, d'augmenter les rendements, de prévenir les événements négatifs. De ce fait ces pratiques sont de nature à développer les capacités d'adaptation des producteurs agricoles. Mais dans la recherche d'une meilleure résilience, elles ne sont pas les seules à jouer ce rôle.

1.2. Lutte contre la dégradation des terres

Pour résister à la dégradation accélérée du sol, les producteurs ont initié d'importantes actions. Ces actions sont soit agronomiques soit orientées dans la lutte contre les érosions (hydrique et éolienne).

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1.2.1. Les pratiques agronomiques d'optimisation de la production

Les rapports très étroits entre une bonne qualité des sols et une bonne production poussent certains producteurs à adopter des mesures de conservation des terres. Ces mesures sont souvent basées sur les savoirs locaux et sont utilisées non seulement pour maintenir la fertilité du sol mais aussi pour optimiser la production.

Tableau 14: pratiques culturalles

Pratiques

Fréquence en %

Labour

25

Défrichement sans brulis

23

Rotation

26

Jachère

14

Plantation de « kadd »

3

Defrichement avec brulis

8

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Les exploitants interrogés sont très actifs dans la rotation des cultures, c'est ainsi que 26% de ceux-ci font recours à cette technique qui consiste à faire succéder des cultures sur la même surface dans le temps. Les effets de cette pratique sont : une amélioration de la structure et de la fertilité du sol ; la réduction de la pression des mauvaises herbes; la réduction de la pression parasitaire, les insectes et maladies spécifiques à une culture voient leur cycle se briser par la plantation d'une autre culture.

La rotation est le plus souvent associée avec la jachère. Cette dernière est pratiquée par 14% des producteurs. La jachère est très importante dans la mesure où c'est une technique visant à l'entretien et l'accroissement des réserves du sol et sa fertilité. Elle est pour la plupart pratiquée pour une période de 2 à 3 ans. Ainsi, selon ces producteurs, après des saisons de mise en valeur il est bon de laisser le sol se reposer. D'après eux, certaines spéculations nécessitent la jachère à cause des « maladies » qu'elles laissent dans les champs après les récoltes : c'est le cas du piment.

La fonction fourragère des jachères est très déterminante, notamment dans la dynamique des relations d'échange entre l'agriculture et l'élevage (CILSS, 2007). Mais

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cette technique n'est pas appliquée par toutes les exploitations agricoles à cause du manque d'espace et d'intrants de qualité.

Le labour est une technique qui est mise en oeuvre par 25% des producteurs. Il consiste à retourner la terre pour l'ameublir. Il a un effet non négligeable sur l'infiltration des petites pluies ou dans la première phase des grosses pluies. Il peut augmenter aussi la rugosité des surfaces de sols. En revanche, il devient nul ou négatif en fin de grosses pluies ou après quelques événements pluvieux.

En outre, le défrichement est une autre technique culturale qui se fait de deux manières : le défrichement avec brulis et le défrichement sans brulis. Le premier moins pratiqué par les agriculteurs car moins adéquat pour la conservation de la fertilité des sols, présente des risques de feux de brousse. Le deuxième est pratiqué par 23% des exploitations. Il permet de régénérer la qualité des terres par l'apport en humus du fait de l'enfouissement des restes de végétaux dans le sol. Aussi, certains producteurs utilisent les restes de végétaux pour l'alimentation du bétail. En fin, une technique moins utilisée mais qui a un bon apport pour la régénération du sol est la plantation de « kadd » dans les champs de culture. Le « kadd » d'après les producteurs permet la fertilisation du sol.

Toutes ces actions sont très appréciées par les producteurs qui y voient des techniques faciles à utiliser, économes en temps et en moyens financiers, utiles dans la mesure où cela permet d'augmenter durablement les rendements.

1.2.2. Les luttes anti érosives

Les luttes anti érosives sont des techniques qui permettent aux agriculteurs de faire face à l'érosion hydrique et éolienne.

1.2.2.1. Lutte contre l'érosion hydrique

Elle est spécialement pratiquée dans la zone sud de la CR où la proximité avec les plateaux de Thiès accélère le ruissellement et crée des ravins qui peuvent transformer le paysage en « badlands ». Ces derniers sont des terrains argileux ravinés par le ruissellement torrentiel. C'est pour parer aux effets négatifs de ces phénomènes d'érosion que des ouvrages anti- érosifs sont réalisés, très souvent en groupe, par les producteurs de cette zone. Ces ouvrages répondent à deux principes :

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y' l'utilisation correcte des sols pour la satisfaction des besoins immédiats ; y' leur protection pour l'utilisation future et pour le maintien de la fertilité et des ressources en eau.

Nous allons en citer quelques uns :

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Moussa.

Tableau 15: les différentes techniques de lutte contre l'érosion hydrique

Types d'ouvrage

Ouvrages

Objectifs

Avantages

Inconvénients

Ouvrages creusés

La tranchée à ciel ouvert

Ralentir le ruissellement des eaux ; Emprisonner l'eau pour des besoins des animaux ;

Faciliter l'infiltration de l'eau pour

le ravitaillement des nappes
souterraines.

-Permettre au sol de maintenir

sa capacité de rétention,
d'absorption et de maintenir sa structure

-Permet de planter des arbres qui pourront grandir rapidement

-Permet l'alimentation et
l'abreuvage des animaux.

- Récurer les ouvrages chaque

année et ceci nécessite de
moyens financiers.

Les croissants

lunaires ou demi-
lunes

- lutter contre l'érosion et la

dégradation des terres

- réduire au maximum la vitesse de ruissellement des eaux pluviales

- favoriser l'infiltration, l'humidité des terres, l'enherbement

- peuvent être faits en bande

entre les ouvrages

- la réalisation de la bande des

croissants lunaires s'effectue
en quinconce

- l'eau peut s'étirer jusqu'à

30m ce qui entraine
l'inondation du terrain.

ils nécessitent un récurage

permanent pour assurer sa
durabilité.

les zaïs forestiers

- permettre à la population de

diversifier leurs activités par la pratique du maraichage, et de la péche ;

-

-permet l'infiltration et le

relèvement de la nappe
souterraine

- la régénération de certaines organismes tels que les vers de terre les milles pattes

- favorise également l'apparition de nouvelles espèces végétales

-il faut tous les deux ans

faire le récurage de l'ouvrage
pour assurer l'entretien ;

- Les plantations au niveau des

zaïs sont le plus souvent

semi- inondables et peut

favorable à certains espèces
maraichers.

Ouvrages empierrés

Cordons pierreux

-ralentir le ruissellement pour

permettre l'infiltration ;

- régénérer les espaces végétales ; -valoriser les terres dégradées

-amoindrir la force de l'eau et

conserver l'humidité du sol ; -ramollirent le sol ;

-les pierres peuvent être

déplacées après le passage du bétail ou d'autres animaux ; - permet une légère infiltration de l'eau ;

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les couronnes en

pierres

-lutter contre le ruissellement des eaux pluviales

- lutter contre la dégradation des terres .

-l'abreuvage des petits

ruminants

-l'arrosage des terres

-la réapparition du couvert
végétal.

Risque d'attirer des animaux sauvage si la termitière n'est plus fonctionnelle, ce qui est un danger pour les hommes

Seuil en pierres

sèches

-Réduire la vitesse du ruissellement ; - Eviter l'érosion du sol ;

- lutter contre le ravinement.

- Elimination les ravins ;

- favorisation de l'infiltration ;

-Recrudescence des espèces
végétales

- Ouvrage non adapté aux

milieux qui n'ont pas de
pierres ;

-demande beaucoup d'effort
pour sa réalisation ;

- Pas favorable à la stagnation de l'eau

Voie d'eau ou d'évacuation

Fossés de diversion ou protection ou de gardes

-protéger les terres cultivées d'aval ; -détourner les eaux de l'amont vers un exutoire choisi.

-Ils permettent de résorber

l'érosion en ravines ;

-ils sont adapter sur les hauts de pente

 

Talwegs ou voies

d'eau ("waterways") et chutes

- éliminer les eaux excédantes issues

des fossés de diversion des
aménagements antiérosifs ;

 
 

Correction de

ravines

- freiner la vitesse de l'eau pour stopper l'érosion régressive ;

- provoquer une sédimentation à
l'amont de l'ouvrage, afin de réduire la pente de la ravine ;

-permettre l'épandage des eaux, afin de

favoriser la mise en place d'une
agriculture performante

-Récupération les terres

dégradées et augmentation des terres cultivables ;

-Favorise l'infiltration pour
l'alimentation de la nappe.

Inadaptée dans les hauts pentes du relief

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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Il est ressorti des différentes interprétations des exploitations agricoles que ces techniques sont globalement efficaces pour lutter contre les érosions hydriques et la gestion durable des terres.

En ce qui concerne les ouvrages creusés, ils cherchent généralement la récupération des terres dégradées et l'accroissement des performances productives.

Photo 2: demi-lune réalisée par les villageois

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Ces ouvrages sont donc très importants pour la restauration de la fertilité des sols et la remontée de la nappe phréatique. La tranchée à ciel ouvert est très appréciée par les producteurs de la zone Sud. Dans la même dynamique, les Zais forestiers sont des techniques très efficaces pour non seulement récupérer les terres dégradées, mais pour l'accroissement des performances productives. Leur capacité à améliorer l'infiltration est très importante. Tout de même, leur aptitude à favoriser la RNA est notée par les populations locales.

En ce qui concerne les ouvrages en pierre, la perception générale est leur efficacité pour la récupération des terres dégradées et l'accroissement des performances

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productives des terres de culture. Ces ouvrages permettent le ralentissement de l'eau de ruissellement. En effet, le ravinement des pentes peut causer un effet d'entrainement très rapide qui creuse des sillons et accentue le ruissellement. L'infiltration dans ces espaces peut être très faible, l'humidité du sol et l'alimentation de la nappe ne sont donc pas assurées. C'est dans ce sens que ces techniques retardent l'effet d'entrainement de l'eau. L'eau ainsi retenu peut même provoquer une inondation de l'avant de l'ouvrage et permettre l'abreuvement des animaux. Aussi, les ouvrages en pierre sont souvent renforcés par des plantations qui peuvent permettre de restaurer le couvert végétal et améliorer les systèmes de production agro sylvo- pastorale.

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Photo 3: pratique de lutte anti érosive des femmes de la CR de Keur Moussa Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

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1.2.2.2. Lutte contre l'érosion éolienne et régénération du couvert végétal Dans la même dynamique de recherche d'une meilleure résilience face aux effets négatifs des changements et variations climatiques, certaines initiatives peuvent être rangées dans la lutte contre les actions négatives des vents. Surtout dans le domaine du maraichage ou les vents peuvent véhiculer des poussières qui détruisent les champs de légumes. C'est pour permettre une plus grande rentabilité de l'agriculture que les producteurs, en appui avec des partenaires ont initié un certain nombre de pratiques d'adaptation.

Les brises vents et haie vive :

Ce sont des techniques qui sont mis en oeuvre dans toutes les zones de la CR. Mais la zone Nord se spécialise de plus en plus dans ces actions d'adaptation.

Figure 14: part des exploitations qui aménagent des brises vents

Aménager vous des brises vents dans vos champs?

41%

59%

OUI NON

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Plus de la moitié des producteurs utilisent cette technique, ce qui démontre une appréciation favorable par rapport à cette pratique. Les brises vents sont jugés très utiles par les personnes rencontrées car selon eux, ils permettent d'améliorer la production, de régénérer la végétation ; de protéger les champs contre la divagation des animaux. Le brise-vent ou haie vive est le plus souvent une plantation d'arbres en lignes

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perpendiculaires aux vents afin de pouvoir réduire de manière significative leur vitesse et par la même occasion leur impact sur les sols.

Un système efficace de brise vent doit pouvoir réduire la vitesse du vent de 20% à 1 m au dessus du sol ; la zone protégée est estimée à 5 fois la hauteur du brise vent du côté au vent et 10 à 15 fois de cette hauteur du côté sous le vent. En diminuant la vitesse du vent, il diminue l'érosion éolienne sur une certaine distance (variable selon les espèces d'arbres utilisés) à l'intérieur des parcelles du coté opposé au vent dominant. Aussi, il arrête la progression du sable en maintenant le vent en dessus du seuil de saltation. De ce fait, les haies vives arrêtent la dégradation du milieu, maintiennent la fertilité des sols, améliorent les rendements des productions agricoles...mais surtout favorisent le développement de la végétation sur place.

En ce sens, les brises vents constituent ce qu'on peut appeler l'environnement produit (Moussa NAABOU)24. Ce dernier est un facteur de production aussi important que les autres et doit être pris en compte comme tel si on veut produire tout en améliorent les équilibres écologiques. Ils constituent des moyens d'instaurer une agriculture productive et durable.

Photo 4: champs protégés par des brises vents

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

24ENDA-TM, Compte rendu de l'atelier de formation Vulnérabilité et Adaptation, ENDA / C3D. présentation de l'Evaluation de la vulnérabilité et des stratégies d'adaptation: Agriculture et sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne : le cas de la zone des Niayes au Sénégal, Moussa NAABOU, juillet 2005.

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Les plantes les plus utilisées pour cette technique sont : Euphorbia Basalmifera (« célane »), Citronier, procépice, Moringa Oleifera (« sape sape »), Lécena, Malifera sp (« nepp nepp »), le manioc... Ces plantes sont le plus souvent fournies par les structures encadreurs à l'image de la fédération WOOBIN. Cette dernière aide les exploitations dans la formation aux technique de plantation et d'entretien des haies vives.

Conscients que la végétation sous toutes ces formes constitue un obstacle qui contribue à réduire l'érosion, les producteurs ont initié d'autres actions allant dans le sens de reboiser les zones en friche.

Le reboisement

Des campagnes de reboisement sont à mettre à l'actif des différentes structures qui interviennent dans la CR. Parmi celles-ci ENDA Pronat à travers la fédération WOOBIN, ENDA Energie à travers le programme Africa Adapt sont très actives dans la réalisation de telles actions. En effet, la couverture végétale de la CR, nous l'avons vu, est marquée par sa réduction successive du fait des manoeuvre anthropiques mais aussi des changements et variations climatiques. C'est ainsi que 16% des actions menées pour lutter contre la dégradation des ressources et moyens d'existence ont concerné le reboisement. Cette pratique est plus marquée dans la zone Sud avec les villages comme Thiambokh et Soune.

Le reboisement est utilisé pour restaurer le couvert végétal. C'est une technique qui peut permettre d'améliorer les performances des productions agricole et Sylvo-pastorale. Il a un effet positif sur les systèmes de production en les rendant plus performants.

Parmi les mesures d'adaptation dans le domaine de la foresterie ont peut noter, aussi, les luttes contre les feux de brousse. De ce fait, 9% de ceux qui sont interrogés ont parlé de cette pratique dans les stratégies qui sont mises en place pour maintenir une bonne production.

Les mesures pour le renforcement du pouvoir d'achat des producteurs sont tout aussi importantes que les stratégies qui agissent sur le cadre physique dégradé.

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II. Les mesures socio économiques d'adaptation

Ces mesures concernent la diversification des secteurs d'activité, donc des revenus et la migration.

2.1. La diversification des activités

Cette diversification est entre les secteurs, c'est-à-dire entre les domaines d'activité et au sein même de la pratique de l'agriculture.

2.1.1. Une diversification des secteurs d'activité

Dans la CR de Keur Moussa, le renforcement des capacités économiques des producteurs se manifeste par la diversification des sources de revenus.

Tableau 16: les différentes activités des exploitations agricoles

Activité

Nombre de producteur

Fréquence en %

Commerce

12

29

Métier

1

2

Artisanat

1

2

Transport

4

10

Formateur en arabe

1

2

Maconnerie

2

5

Tailleur

1

2

Animateur de zone

1

2

Mécanique

1

2

Pas d'activité

1

2

Agriculture seulement

16

39

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Même si l'agriculture continue à être l'unique activité de 39% des producteurs rencontrés, la diversification est présente. En effet, vu la vulnérabilité du secteur agricole face aux effets de la variation du climat, la pluralité des sources de revenus est un gage de sécurité. Autant dire que les différentes activités extra-agricoles pratiquées par les chefs de ces exploitations agricoles sont des stratégies de survie. D'abord, il faut dire que le commerce représente une activité phare de ces producteurs : 29% de ceux qui sont interrogés le font au moins durant une partie de l'année. Ce secteur est lié à

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

l'agriculture. Les transactions commerciales restent dominées par les produits agricoles et ces producteurs vendent leurs propres récoltes. C'est ainsi que le commerce de fruits et légumes est très prospère dans la CR. Cette activité peut générer des revenus pouvant aller de 75 000 FCFA à 800 000 FCFA. Mais, le développement des transactions commerciales est, souvent, tributaire d'une bonne production agricole, donc les effets de la péjoration climatique peuvent impacter négativement sur ce secteur.

Ensuite, l'autre activité phare que nous avons relevée est le transport. Il faut dire que 10% des producteurs enquêtés font recours à cette activité. Celle-ci peut générer des revenus très important. D'après les producteurs, le transport les aide à faire face contre tout risque d'une mauvaise saison culturale, surtout que c'est une activité permanente qui peut suppléer les revenus tirés de l'agriculture pendant les périodes de soudure.

Enfin, en dehors de ces deux activités, nous avons noté la présence des métiers comme la maçonnerie, les tailleurs, les artisans, les mécaniciens, les formateurs...ces secteurs sont moins développés. Mais, ils permettent tout de même aux producteurs de diversifier leurs revenus.

Parmi les activités notées certaines sont pratiquées toute l'année, d'autres justes quelque mois.

Tableau 17: période d'exercice des activités extra agricoles

Période des activités extra agricoles

Nombre de producteurs

Fréquence en %

Saison sèche

9

36

Saison pluvieuse

1

4

Toute l'année

15

60

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

En prenant en compte seulement les producteurs qui font recours à ces activités, nous avons noté que 60% de ceux-ci les exercent pendant toute l'année. Ceci est lié à la nature de l'occupation qui peut s'exercer toute l'année sans impacter sur l'agriculture : exemple du commerce. Par contre, 36% des producteurs ne font leurs activités que pendant la saison sèche car les travaux champêtres leur interdit de s'adonner à d'autres activités durant l'hivernage. Ceci est beaucoup plus sensible au niveau des exploitations

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sous pluies où la saisonnalité de la production exige une division temporelle des activités champêtres et extra agricoles.

Cependant la diversification n'est pas qu'entre les secteurs. Au niveau de l'agriculture, il y a, aussi, une pluralité des pratiques.

2.1.2. La diversification des pratiques agricoles

L'une des caractéristiques propre de la CR de Keur Moussa est la diversité dans la pratique de l'agriculture.

2.1.2.1. Les types d'agriculture

Dans la communauté rurale de Keur Moussa l'agriculture est l'activité dominante et se pratique d'une manière très diversifiée. A coté des cultures sous pluies, il existe les cultures irriguées et l'arboriculture fruitière.

Tableau 18: les types d'agriculture des exploitations

Type d'agriculture

Nombre d'exploitation

Pourcentage

Culture pluviale

26

63%

Arboriculture

8

19%

Maraichage

25

61%

Elevage

3

7%

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Le nombre d'exploitation dépasse l'échantillon. Ceci est dû au fait que la plupart des ménages s'adonnent à deux activités à la fois. D'abord, il faut dire que les cultures pluviales continuent à dominer le secteur. Elles représentent l'activité principale de 63% des cibles enquêtées. En outre, l'agriculture de saison est essentiellement présente dans la zone sud. Ceci est dû au manque d'eau dans la zone. De même, l'agriculture qui utilise l'eau de la pluie est très présente dans les villages de la zone centre. Mais dans ces villages, celle-ci est de plus en plus concurrencée par l'irrigation des terres, les vergers et l'implantation du bâti.

Ensuite, le maraîchage est très présent dans la CR. Il occupe 61% de nos cibles. C'est la principale activité dans la zone nord. Cette partie du terroir est caractérisée par l'affleurement de la nappe et la présence du lac Tanma. Le maraîchage est présenté par

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

beaucoup de chercheurs comme une stratégie d'adaptation aux variations climatiques. Il permet de faire face aux incertitudes de la pluie en privilégiant les eaux sous-terraines et celles des mares. Il est une culture de contre saison qui s'étale sur toute l'année.

Après ces deux modes d'exploitation de la terre, on retrouve dans cette CR l'arboriculture fruitière. Cette activité est très développée et reste l'une des occupations principales de 19% des ménages interrogés. Elle est essentiellement pratiquée dans les zones nord et centre. La zone sud du fait de la profondeur de la nappe, est moins propice aux arbres fruitiers. Il convient de dire que c'est une activité qui est rarement pratiquée seule. Dans notre échantillon, aucun producteur ne s'adonne uniquement à l'arboriculture fruitière. Ils l'associent avec le maraichage ou les cultures sous pluies. Il est aussi important de relater la forte valeur ajoutée de cette activité. Elle permet le développement du commerce des femmes avec la vente de fruits le long de la route nationale numéro 2.

Enfin, l'élevage est le parent pauvre des activités dans cette localité. Il est ressorti de nos enquêtes que, seules 7% des exploitations agricoles s'adonnent à ce type d'agriculture. Il est aussi très éparpillée dans le territoire de la CR. Mais, on la retrouve dans la plupart des cas dans les villages Peulh comme Ndoyéne Peulh.

2.1.2.2. La pratique de la polyculture

La diversité dans la pratique de l'agriculture est accompagnée par la diversité des produits cultivés. Ces produits concernent aussi bien les cultures sous pluies, les cultures irriguées et l'arboriculture fruitière.

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Figure 15: les principales spéculations cultivées

aubergine

Mangue

Gombo

tomate

carotte

papaye

Bissap

persil

chou

mil

0 10 20 30 40 50 60

2

5

5

12

12

14

14

19

22

22

29

32

32

34

39

41

44

46

49

Pourcentage en %

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Les spéculations cultivées dans le maraîchage sont plus présentes que les autres spéculations. Le chou, le piment, l'aubergine, le gombo, l'aubergine douche sont plus semés dans les différentes exploitations que l'on a pu visiter. En effet, même si le maraîchage n'est pas l'activité dominante dans toute la CR, la plupart des producteurs préfèrent semer ces produits car ils renferment plus de valeurs ajoutées.

Ensuite, les cultures sous pluies comme le mil, le niébé et le bissap sont pratiquées dans le territoire de la CR, surtout dans la zone sud et centre. Ces cultures se font, en général, de manière extensive avec l'occupation de vastes espaces de terre. L'arachide est cultivée par un peu moins de 20% des exploitations. Cette spéculation tend à disparaitre de plus en plus avec les pressions sur le foncier. Car celle nécessite, souvent, de l'espace pour une bonne production.

Enfin, les produits de l'arboriculture sont notés notamment la mangue et le citron. Ces deux sont les plus représentés même si les papayers, les orangers... sont rencontrés dans certains champs. Ces fruits constituent en grande partie des cultures

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associées dans les exploitations. Car à coté des plantations d'arbres, les agriculteurs de la zone ont tendance à y associer les cultures irriguées ou sous pluies.

Cette diversification dans la manière de faire l'agriculture est aussi une stratégie d'adaptation importante pour la sécurité et la résilience des exploitations agricoles. La pluralité des modes d'exploitation de la terre permet d'en tirer le maximum de ressources et la combinaison agriculture élevage permet d'optimiser la production tout en réduisant les risques de dégradation avancée de l'environnement. Cette diversification constitue l'une des bases de l'agriculture durable, c'est-à-dire, système intégré de pratiques de production animale et végétale qui à long terme,

o satisfait aux besoins humains en nourriture ;

o améliore la qualité de l'environnement et des ressources naturelles sur lesquelles l'agriculture est basée ;

o assure la viabilité économique des activités agricoles ;

o améliore la qualité de vie des agriculteurs, et de la société dans son ensemble.

2.2. La migration comme stratégie d'adaptation

Parmi les nombreuses pratiques d'amélioration des conditions de vie de la population locale, les déplacements occupent une place non négligeable. La migration touche surtout les jeunes de la localité. Elle peut être une contrainte pour l'agriculture si on l'analyse du coté des pertes de mains d'oeuvre qu'elle engendre. Mais la succession des mauvaises campagnes agricoles dans la CR, comme partout au Sénégal pousse les jeunes à l'exode rural et à l'émigration.

Tableau 19: ménages qui disposent d'émigrés temporels

Population migrant

Nombre d'individus

Fréquence en %

Moins de 2

14

34

De 2 à 4

7

17

De 4 à 6

2

5

De 6 à 8

1

2

12

1

2

 

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

100

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Plus de 60% des ménages interrogés ont au moins un migrant temporaire. Ce qui démontre que les déplacements sont très importants dans ladite CR et constituent un moyen de lutter contre l'unicité des sources de revenus. La motivation première des déplacés est la recherche de travail dans certaines grandes villes comme Dakar et Thiès. Ceci pousse certaines exploitations à connaitre plus de 6 et jusqu'à 12 émigrés. Les montants envoyés par les émigrés peuvent aller de 50 000 FCFA par année à 600 000 et plus.

Figure 16: montants envoyés par les émigrés aux ménages

De 500 000 à 600 000

De 400 000 à 500 000

De 300 000 à 400 000

De 200 000 à 300 000

De 100 000 à 200 000

600 000 à 1 200 000

Moins de 100 000

Montants générés par les émigrants

0 10 20 30 40 50

 
 
 
 

31

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

42

Fréquence en %

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Analyser du coté du seuil de survie, nous pouvons affirmer que la plupart des ménages qui n'avaient pas atteint ce seuil font recours à ces revenus pour compenser le gap. Ces revenus renforcent la sécurité face au besoin d'alimentation, d'habillement, de santé, d'éducation...Mais au- delà de ces besoins de base, ils peuvent couvrir les besoins liés à la vie sociale : meilleur cadre de vie, transport, électricité, téléphone etc.

L'importance de cette pratique et les revenus qu'elle mobilise sont des attraits pour les jeunes de la localité. Certains vont même jusqu'à se déplacer définitivement dans d'autres localités plus attractives. C'est ainsi, que nous avons pu déceler qu'il ya

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plus de 12 exploitations qui possèdent au moins 1 émigrant permanent dans notre échantillon soit presque 30% des ménages.

Ces migrants permettent de diversifier les revenus des exploitations et renforcent la capacité d'adaptation de celles-ci. Mais à coté, d'autres ne connaissent pas ce phénomène de migration. C'est le cas de 39% des ménages visités.

Toutes ces stratégies peuvent aider les exploitations agricoles à s'adapter aux effets des variations climatiques ou créer des opportunités de diversifier les revenus. Mais, Les mesures d'adaptation ne sont pas que des actions individuelles, les regroupements des producteurs pour la recherche de solutions aux péjorations du climat peut renforcer la résilience.

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III. Les stratégies organisationnelles d'adaptation : exemple de la fédération WOOBIN

Les mesures d'adaptation peuvent être individuelles ou collectives. Mais, les effets de la péjoration du climat touchent l'environnement global et tous les secteurs de la vie sociale. Et vue l'importance de l'agriculture pour la survie des populations des zones rurales et la nécessité de le protéger contre les effets des variations et changements climatiques, il est impératif de fédérer les initiatives. Car les actions en groupe sont, pour ce type d'initiatives plus efficaces et agissent plus sur ces phénomènes.

La fédération WOOBIN répond à cette volonté de mobilisation des efforts collectifs dans la recherche d'une meilleure robustesse des systèmes de production et d'une optimisation des rendements afin de répondre aux enjeux de la sécurité alimentaire et d'une agriculture durable.

3.1. Rôle de la fédération WOOBIN

La fédération WOOBIN est un regroupement des producteurs de la CR de Keur Moussa. Son échelle d'intervention est le territoire de cette CR. Elle couvre 22 des 37 villages que compte cette collectivité locale. Elle a comme objectif de développer l'agriculture dans la zone par l'organisation des paysans et le renforcement de leur capacité pour une meilleur production agricole tout en respectant la conservation des ressources et moyens d'existence.

De ce fait le rôle de la fédération est de protéger les producteurs contre toutes menaces climatiques et non climatiques. C'est ainsi que les défis à relever pour une agriculture viable, saine et durable constituent les priorités de celle-ci. Entre autres défis nous pouvons cités :

? Lutter contre l'accaparement des terres ;

? Lutter pour l'accès des femmes à la terre et aux instances de décision ;

? L'adaptation de l'agriculture face aux variations climatiques par l'amélioration des facteurs de production, la formation sur la qualité des semences, sur les techniques de pépinière et de repiquage ; sur la planification des cultures selon

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les besoins du marché, sur les techniques de gestion des budgets des saisons culturales, sur les techniques de Défense et la Restauration des Sols (DRS)...

La prise en charge de ces différents défis se fait sentir dans les différentes initiatives de la fédération.

3.2. Les activités de WOOBIN

Les initiatives de la fédération peuvent être classées en quatre (4) catégories : les activités de formation et de renforcement de capacité ; les activités de sensibilisation et de plaidoyer ; les pratiques de Défense et Restauration des Sols (DRS) et les bonnes pratiques agricoles.

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Moussa.

 

105

Tableau 20: les activités et les partenaires de WOOBIN

CATEGORIES

 

ACTIVITES

PARTENAIRES

Formation et de renforcement

capacité

de

o
o

o
o
o

formation sur la pratique culturale à travers les techniques de rotation et d'association ;

Sur les qualités de semences et des fertilisants. En ce sens la formation est beaucoup plus axé sur l'utilisation des engrais bio et des variétés améliorées ;

Formation des OP sur les techniques de pépinière, de repiquage ; Sur le maraichage sous pluies ;

Formation des producteurs sur la planification des cultures selon la demande du marché.

ENDA/Pronat, ANCAR,

CNCR, AgroBioNiaye, Science de la terre, Ngataméré Tooro

Sensibilisation et de plaidoyer

 

?

?

?

?

?

Sur les variétés appropriées dans ce contexte de changement du cycle de la pluviométrie ;

Sur l'importance de conserver ses terres face aux menaces des spéculateurs fonciers ;

Sur l'importance de la végétation et de la biodiversité et la nécessité de la conservée.

Sur les méfaits des pesticides et les avantages des fertilisants bio ;

Sur l'importance de mieux utiliser l'eau par des méthodes
d'utilisations moins gaspilleuses.

ENDA/Pronat, FNAB, HEKS, GRAFOSEN, Pain pour Tous, CRAPS

Défense et Restauration des Sols bonnes pratiques agricoles

et

?

?

?

Projet de promotion de l'agriculture saine et durable dans la CR de Keur Moussa ;

Mise en place d'ouvrage de lutte contre l'érosion hydrique et éolienne ; Promotion de techniques de goute à goute et de bidons d'arrosage pour mieux gérer l'eau.

ENDA/Pronat, FAPD, Enda

Energie, Union Européenne,
CNCR

 

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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En premier lieu, la formation des producteurs est l'un des domaines phares de la fédération. Le partage de connaissances et de bonne pratiques en matière d'agriculture est crucial dans un contexte de changements et variations climatiques. En effet, face à ces phénomènes, le manque d'information peut être un obstacle pour l'adaptation. Or celle-ci constitue un moyen important pour parvenir à mieux gérer les vicissitudes du climat. Le renforcement de capacités, par la formation sur les bonnes pratiques d'adaptation ; le partage avec la population locale des technologies propres, traditionnelle, adapter au milieu mais surtout par l'organisation des producteurs et la recherche d'une synergie d'action est un gage d'une bonne résilience de l'agriculture.

En deuxième lieu, la fédération s'active dans la lutte contre la dégradation des terres par la méthode DRS. C'est ainsi que des ouvrages ont été mis en place dans différents village de la CR qui sont plus toussés par ces phénomènes. Ces ouvrages ont été déjà listés et concerne les techniques de creusage et d'aménagement de barrage en pierre pour réduire l'érosion et réapprovisionner la nappe en eau.

En outre, dans la réalisation de ces activités, la fédération WOOBIN s'appui sur un certain nombre de partenaires techniques et financiers, nationaux et internationaux.

Enfin, la réussit de ces mesures est surtout illustrée par ces impacts visibles sur le terrain. L'efficacité des initiatives repose sur la priorisation des savoirs endogènes et traditionnels des populations locales. La pertinence et les effets positifs des nombreuses mesures déjà réalisées ont suscité un regain d'intérêt de la part d'entités intervenant dans la recherche de meilleures capacités d'adaptation des communautés de bases. La confiance sans sèche renouvelée témoigne de l'efficacité des pratiques d'adaptation et même de leurs efficiences dans la mesure où, ces pratiques ne nécessitent pas, pour la plupart, la mobilisation d'énormes ressources financières. Par ailleurs, le dynamisme des femmes dans les actions de la fédération mérite d'être constaté. Ces femmes sont plus impliquées dans les ouvrages de DRS. Ceci est visible dans les différents travaux que nous avons pu assisté où elles sont presque les seules à réaliser ces technologies qui demandent souvent beaucoup d'énergie.

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3.3. L'analyse des facteurs d'une bonne capacité d'adaptation

3.3.1. Les facteurs facilitant

Ces facteurs sont de nature à augmenter l'efficacité dans les interventions. D'abord d'après le président de WOOBIN depuis que la fédération est mise en place il y a un changement de comportement des producteurs. Ceux-ci sont plus sensibles à l'environnement qui n'est plus considéré comme un simple support pour la production. Ce changement de comportement est du aux nombreuses formations et sensibilisations sur les bonnes pratiques de l'agriculture et de préservation des terres et de la biodiversité.

Ensuite, le second facteur favorable est la bonne capacité de mobilisation que nous avons pu noter dans les différentes mesures initiés par la fédération. Cette capacité de mobilisation est un gage de réussit à tous projets de développement car l'acceptation sociale constitue le socle d'un projet communautaire. En outre, la mobilisation à un double effet de pérennisation des activités et d'instauration d'une paix sociale à travers l'entre aide dans l'effort commune et le dialogue que la mise en place des actions d'adaptation suscite. C'est en ce sens que les femmes profitent des activités de creusages des ouvrages anti érosifs pour se réunir et tisser des liens entre eux.

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Photo 5: mobilisation des femmes dans les actions d'adaptation

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Enfin, un autre facteur favorable est lié à l'aspect commercial qui a été mise en place par la fédération à travers la promotion de l'agriculture biologique. Il ne sert à rien de produire de manière Bio si on n'arrive pas à l'écouler sur le marché. C'est pourquoi la mise en place des cantines de vente des produits permet de pérenniser cette activité. Le projet d'une agriculture saine et durable, initié par la fédération en partenariat avec ENDA Pronat, devient à la fois économiquement viable et écologiquement acceptable, ceux qui constituent les piliés d'un développement durable.

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Photo 6: cantine de commercialisation des produits Bio

Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013 Néanmoins, il existe des contraintes qui doivent être prises en compte.

3.3.2. Les facteurs bloquant des mesures d'adaptation

L'un des blocages les plus notés est l'absence de jeunes dans les différentes initiatives de la fédération. D'après la coordonnatrice du programme à ENDA Pronat, les jeunes de la CR veulent toujours être rémunérés dans les activités qu'ils auront à faire. Mais le manque de ressources financière pousse les acteurs à s'investir dans le volontariat. Ce qui pourrait être une contrainte pour la réussite des mesures

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d'adaptation. Ce manque de financement pousse aussi la fédération à ne pas couvrir tous les villages de la CR et à se spécialiser de plus en plus dans la formation.

L'autre facteur bloquant est liés aux menaces sur les terres. L'urbanisation et la spéculation foncière poussent certains producteurs à vendre leurs terres. On assiste ainsi à un changement de vocation d'une grande partie du territoire de la CR. Ceci est une menace pour la continuité même de l'agriculture.

Il est aussi à noter la persistance des mauvaises pratiques chez certains producteurs à cause de non application des formations. De plus, on assiste à des vols des pierres et des sables des ouvrages.

Dans la zone nord l'utilisation des pesticides pour éradiquer les insectes ravageurs persiste car les bio pesticides coutent relativement chers et ne sont pas à l'apanage de certains agriculteurs. Dans ce même registre la commercialisation des produits bio souffre de la non ouverture au grand public. Seuls quelques consommateurs spéciaux achètent ces produits dont le prix est plus élevé que les autres.

Conclusion partielle

Les stratégies d'adaptation se sont basées, d'abord, sur les bonnes pratiques agricoles par la substitution de certaines spéculations ou variétés sur d'autres plus adoptées; la combinaison agriculture-élevage ; la prévention par la consultation de la météo ; la gestion durable des terres par des bonnes pratiques culturales ; l'application de la méthode DRS pour lutter contre les érosions des sols et le recul du couvert végétal. Ensuite, par des mesures de diversification des revenus par l'exercice d'autres métiers, la diversité des cultures et par le recours à la migration. Enfin, l'organisation des producteurs au sein de la fédération WOOBIN témoigne de leur volonté à unir leur force dans la recherche d'une meilleure résilience.

Toutefois, ces mesures ne sauraient suffire pour arriver à bout des nombreuses menaces qui guettent l'activité agricole. C'est pourquoi des recommandations sont préconisées pour renforcer la capacité d'adaptation des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

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Chapitre 4 : RECOMMANDATIONS

Dans le cadre de cette analyse des différentes stratégies d'adaptation aux variations et changements climatiques des exploitations agricoles, l'identification du niveau de vulnérabilité est le point logique de départ. Nous savons que la vulnérabilité peut être endiguée par de bonnes mesures d'adaptation. Comprenant cela, les producteurs de la CR de Keur Moussa ont mis en place de nombreuses initiatives pour augmenter leur capacité d'adaptation et de résilience.

Mais, ces différentes mesures ne sont pas suffisantes face à une instabilité du climat. La formulation de propositions visant à renforcer les différentes mesures amorcées contribuerait de manière significative à la résilience des exploitations agricoles de la CR. Ces proposions sortent des différents entretiens avec les producteurs, des experts dans ce domaine et les structures publiques et privées s'activant dans la zone.

Ces recommandations sont d'abord générales. Ensuite elles sont spécifiques c'est-à-dire elles entrent plus en détails sur les actions qui mériteraient d'être entreprises.

I. Recommandations générales

Les politiques d'adaptation face aux variations et changements climatiques font l'objet de nombreuses initiatives sur le plan international. C'est dans ce cadre que les grands organismes ont depuis des décennies cherchés à instaurer une réaction mondiale face à la péjoration du climat. Le Sénégal ayant ratifié la plupart des engagements internationaux contre les modifications du climat, notamment la CCNUCC, a élaboré en 2006 le PANA. Mais, les effets négatifs des variations climatiques persistent et les actions de ce plan ne se font pas sentir dans certaines communautés de bases pourtant très vulnérables. C'est ainsi que les recommandations générales que nous ferons vont s'inscrire, dans l'échelle nationale, sur une plus grande intégration des cultures irriguées pour se soustraire de la saisonnalité de la production; la gestion durable des terres par des techniques de production agricole appropriées ; l'amélioration des conditions socio économiques des populations rurales.

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1.1. Le renforcement de l'agriculture irriguée par une utilisation économe de l'eau

L'importance de cette ressource n'est plus à démonter. Mais l'eau est plus que jamais exposée aux variations et changements climatiques. Sachant cela le PNIA 2011 - 2015 du gouvernement du Sénégal accorde comme première priorité sur les six : de réduire les risque climatiques par la maitrise de l'eau25.

En effet, « la répartition de la superficie agricole utile par zone climatique indique que 437 000 ha, soit 11% de cette superficie, se trouvent dans une zone à pluviométrie inférieure à 500 mm »26. Ce sont la région du Fleuve, les Niayes, la partie Nord du Bassin arachidier et le Ferlo. Donc, les mesures doivent tendre à inciter l'irrigation des parcelles de culture. De ce fait, l'écueil des mauvaises saisons pluvieuses pourrait être évité par des productions qui se dérouleront aussi bien pendant l'hivernage que pendant la contre saison. Ceci se fera par un apport conséquent en ressources financières dans ce secteur. Les technologies de drainage et d'acheminement de l'eau des zones de surplus vers les zones sèches doivent être utilisées. L'amélioration, la souplesse et la réduction des couts de l'approvisionnement serait la bonne solution pour l'accès de tous à l'eau. Cet accès passera forcement par un maillage plus renforcé de la couverture du réseau de la SDE et la mise en place de forage dans les zones les plus reculées.

Mais, les initiatives ne sont pas que techniques et financières. La mise en place d'incitations juridiques et institutionnelles judicieusement sélectionnées sera très déterminante. Par ailleurs, la bonne gestion de l'eau pourra être orientée dans des stratégies qui s'appuient sur des quotas préférentielles d'utilisation de d'eau par l'agriculture et des droits d'utilisation de l'eau.

Ainsi, l'objectif du PNIA qui s'inscrit des documents hiérarchiquement supérieurs de l'ECOWAP et du PDDAA « d'instaurer une agriculture moderne et durable, productive et compétitive sur les marchés intra-communautaires ou internationaux, fondée sur l'efficacité, l'efficience des exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles » seront atteints grâce à la disponibilité de l'eau.

25 PROGRAMME NATIONAL D'INVESTISSEMENT AGRICOLE (PNIA) du Sénégal 2011 - 2015.

26 Plan d'Action National pour l'Adaptation aux changements climatiques

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1.2. La gestion durable des terres et la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles

Les variations et changements climatiques liés au réchauffement de la terre contribuent à une réduction progressive du couvert végétal et à une dégradation des sols de notre pays (PANA 2006). De ce fait, la recherche d'une optimisation de la production agricole doit forcement passée par l'amélioration de la qualité des sols.

L'intensification des érosions a provoqué l'élaboration des stratégies de lutte anti - érosive. Ces stratégies sont bien connues et adoptées par les populations locales. L'Etat et les autres acteurs privés doivent aider à la vulgarisation et à la capitalisation de ces techniques par l'élaboration de manuels de bonnes pratiques simples, compréhensifs et accessibles par les vrais bénéficiaires.

Aussi, l'assistance des populations locales dans les initiatives endogènes ou la mise à leur disposition des connaissances scientifiques adaptées aux milieux écologique, économique mais aussi sociologique sont de bonnes mesures d'incitation à l'adaptation. Les différentes pressions de l'homme sur le foncier agricole et sur les autres ressources naturelles doivent aussi être évitées par une application stricte des différents textes juridiques notamment la loi agro sylvo pastorale, le code forestier, le code de l'eau, la loi sur le domaine national entre autres.

La vulgarisation de bonnes pratiques agricoles est un ensemble de formation et de sensibilisation au niveau national sur les comportements qui dégradent les terres agricoles. Le renforcement de la capacité des producteurs sur les méfaits de l'utilisation des pesticides doit être priorisé. Donc l'incitation à produire de manière Bio est très importante non seulement pour la durabilité des systèmes de production mais aussi pour la santé humaine. Par ailleurs l'intensification de l'élevage et la mise en place de systèmes intégrés de pratiques de production animale et végétale assurent la viabilité économique de l'activité agricole donc la qualité de vie des agriculteurs ; améliore l'environnement et les ressources naturelles sur lesquelles l'agriculture est basée... Ce qui épouse les bases d'un développement agricole durable.

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1.3. L'amélioration des conditions socio économiques des populations rurales

Le monde rural au Sénégal est caractérisé par la dominance de l'activité agricole. Et cette agriculture est sous les menaces du climat, du manque d'intrants de qualité et de la mévente.

L'augmentation des revenus des producteurs peut les aider à faire face aux contre-performances de l'agriculture. Cette augmentation des revenus peut passer par la diversification de leur source, car la spécialisation dans un domaine est un risque face aux aléas. La création de métiers dans les zones rurales est une bonne stratégie d'adaptation. Aussi, beaucoup de zones du Sénégal sont spécialisées dans la production de certaines spéculations. A ce niveau, l'utilisation de la polyculture et le choix des espèces les plus demandées dans le marché national et international doivraient être adoptés afin de couvrir les besoins de la consommation locale et d'aller à la conquête des débouchés externes.

II. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES

2.1. Les différentes recommandations spécifiques

Les recommandations spécifiques s'inscrivent dans le territoire de la communauté rurale. Ce sont des mesures et actions qui ont été préconisées par les populations locales à travers les différents enquêtes que nous avons menés et les jugements des experts des questions d'adaptation travaillants dans la zone

Recours aux eaux souterraines dans l'agriculture et l'élevage ;

Retenir les eaux de ruissellement ;

Le recyclage des eaux usées ;

Promouvoir la technique du goute à goute ;

Faire accéder l'eau de la SDE aux zones reculées ;

Récupérer les terres dégradées par la méthode DRS ;

Généraliser les méthodes de productions Bio ;

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Intégrer le système élevage intensive et agriculture ;

Renforcer les moyens de la fédération WOOBIN ;

Créer des unités de transformation et de commercialisation des produits

agricoles ;

Promouvoir l'emploi des jeunes de la localité ;

Mettre un terme à l'accaparement des terres et à la spéculation ;

Permettre aux agriculteurs de briguer des mandats au sein du conseil rural ;

Désenclaver les deux zones Nord et Sud.

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Moussa.

 

2.2. Opérationnalisation des recommandations

Tableau 21: opérationnalisation des recommandations

Recommandatio ns générales

Recommandations spécifiques

Activités

Acteurs

Potentialités

Limites

Le renforcement de l'agriculture

irriguée par une bonne gestion de l'eau

Recours aux eaux

souterraines dans

l'agriculture et

l'élevage

Aménager des puits et des forages dans les villages de la zone Sud ;

Implanter des puits dans la zone centre ;

Protéger les puits des destructions consécutive aux averses et creuser de nouveaux puits dans les villages qui n'en disposent pas;

ETAT, Conseil rural, ONG.

Affleurement de la nappe dans la zone nord.

Salinisation,

niveau plus
profond dans la zone sud

 

Aménager des bassins de rétention dans la zone nord et centre ; Construire des tranchées à ciel ouvert dans les villages de la zone Sud ;

La mise en place de petites digues de rétention et de maintient des eaux pluviales dans la zone nord proche du lac Tanma.

ETAT, ONG, WOOBIN

Présence de

bas fonds

inondables

Existence de

ravins, érosion hydrique

 

Créer un centre d'épuration des eaux usées dans la CR ; Approvisionner les champs maraichers de la zone nord en eaux usées traitées.

ETAT

Concentratio

n de la
population dans certains villages

Cout élevé

des

équipements

 

subvention dégressive des équipements nécessaires pour la mise en place du système d'irrigation à pression zéro ;

Implanter ce système d'arrosage dans les villages de la zone sud ; Vulgariser cette technique dans les champs maraichers des zones nord et centre.

ETAT, ONG, ANCAR

Technologie maitrisée dans la CR

Cout élevé

des

aménagement s

 

Approvisionner la zone sud et certains villages de la zone nord en eau de la SDE ;

Généraliser le quota de préférence dans tout le territoire de la CR.

ETAT, Conseil rural

CR proche

des points de

passage des
tuyaux de la SDE

Enclavement

de certains
villages

 

116

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur

Moussa.

 

Recomm
andations
générales

Recommanda tions

spécifiques

Activités

Acteurs

Potentialités

Limites

La gestion durable des terres et la vulgarisation des bonnes
pratiques agricole

Récupérer les

terres

dégradées par

la méthode
DRS

Renforcer les ouvrages de lutte anti érosive dans la zone sud ;

Aménager des haies vives au niveau des champs de la zone nord ;

Installation de pépinières communautaires ;

Former les producteurs sur la création et l'utilisation des fosses compostières,

WOOBIN, ANCAR, ONG

Technologie déjà pratiquée et maitrisée

Manque de ressources financière s dans les actions

 

Subventionner les bio pesticides ;

Initier les producteurs sur les techniques et les avantages de la production bio ;

Développer la commercialisation des produits Bio par l'implantation de nouvelles cantines dans les grandes capitales.

WOOBIN, ENDA Pronat

Expérience déjà mise en

place dans
certaines UP

Cout des

Bio

pesticides élevé

 

Aménager des zaïs forestiers dans certains champs ;

Aménager des espaces de parcours du bétail dans les différentes zones de la CR ; Développer la pratique de l'élevage dans les différentes exploitations ;

Former les villages environnants les forêts classées sur les techniques de mise en défens,
Protéger le reste de ces forets contre le déclassement ou la colonisation par les champs ;

Conseil rural,

Eaux et
Foret,

WOOBIN

Disponibilité de l'aliment du bétail

Elevage peu développé e dans la CR

 

Apporter des matériels lourds pour le creusage des ouvrages anti érosifs ;

Financer les initiatives menées pour lutter contre les érosions ;

Mettre à la disposition de la fédération des unités de transformation et de conservation ;

Aider la fédération à mettre en place des documents de capitalisation des acquis ;

Former les membres de la fédération à l'école environnementale et la santé de la

reproduction ;

Mettre en place des banques de semences certifiées ;

Diversifier les partenariats de la fédération ;

Créer des chaines de valeur pour les différentes filières de la CR ;

Harmoniser les différentes initiatives entre les différents acteurs intervenants dans la CR ;

Mettre en place des conventions locales.

ONG, Etat,

conseil rural

Agriculteurs

très organisés

autour de la
fédération,

initiatives très
appréciées par les partenaires

Non couvertur e de tous les

villages de la CR

 

117

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur

Moussa.

 

Recomman dations générales

Amélioration des des populations

conditions socio rurales économiques

Limites

Manque d'initiative des jeunes pour l'auto emploi

Non respect de la loi sur le domaine national

Désintéressem

ent des
agriculteurs à la politique

Recommandations spécifiques

Activités

Acteurs

Potentialités

 

Créer des unités de transformation et de commercialisation des produits agricoles

Mettre en place des usines de transformation de la mangue ; Renforcer les cantines de commercialisation des produits Bio ; Créer un GIE de transformation et de commercialisation ; Former les femmes sur la gestion du budget agricole.

ONG, Etat,
WOOBIN,
PEDAMAS

Bonne production

de fruits et
légumes

Promouvoir l'emploi

Créer des fermes villageoises où pourront travailler les jeunes à l'image

ANEV

Population en

des jeunes de la

localité

de celle de Ngoméne ;

Créer des Eco villages dans les deux zones Nord et Sud

AIMN, Etat, Privés

majorité jeune

 

Créer des centres de formations aux métiers;

 
 
 

Employer les jeunes dans la construction de l'AIBD, dans les usines et mines présents dans la CR ;

 
 

Mettre un terme à

Mettre en place un contrôle des terres par un cadastre rural dans la CR ;

Conseil

Présence

l'accaparement des

terres et à la
spéculation

Appliquer la loi sur le domaine national ; Former les producteurs en droit foncier ; Sensibiliser les producteurs sur l'importance de ne pas vendre leurs terres.

rural, Etat,

WOOBIN, ENDA Pronat

d'instance de

dénonciation de

telles pratiques

Permettre aux

Sensibiliser les agriculteurs sur l'importance de participer aux instances

Conseil

Présence

agriculteurs de

de décision ;

rural, Enda

d'organisation

briguer des mandats

au sein du conseil
rural

Permettre aux femmes d'accéder à la terre et aux instances de décision ;

Pronat

d'agriculteurs très dynamique

Désenclaver les deux zones Nord et Sud

Aménager des pistes de production entre les villages de la zone Nord Bitumer la piste reliant Pout à l'AIBD

Etat, ONG

 
 

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Source : Tamsir Ousmane Diagne, mémoire de fin de formation, ESEA, Octobre 2013

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

CONCLUSION GENERALE

Il ressort de la perception globale de la vulnérabilité que les producteurs agricoles considèrent que leurs activités sont exposées à de nombreux aléas climatiques et non climatiques. La production agricole dans cette localité subit les conséquences des fluctuations de la pluviométrie. Plus de 65% des producteurs ont estimé qu'il ya baisse, irrégularité ou mauvaise répartition des pluies. Ceci à des conséquences négatives comme l'apparition de maladies des végétaux, d'insectes destructeurs des récoltes, l'extension de la période de croissance des plants ou la destruction des puits... L'accès à la ressource eau est la plus problématique dans cette CR. Il faut dire que 70% des producteurs utilisent la pluie dans leurs activités culturales et sont exposés aux variations de celle-ci. Mais d'autres associent cette source avec les puits (49%) ou l'eau de la SDE (14%). Même si certaines parties des zones nord et centre arrivent à bien s'approvisionner en eau, la zone sud reste elle dépendante de la saison pluvieuse pour la

production agricole. Ce qui l'expose aux vicissitudes de celle-ci. Aussi, les
producteurs ont-ils noté l'assèchement précoce des mares et le manque de forage dans certaine partie du terroir.

Pour ce qui est de la température, elle est sentie comme plus chaude par rapport aux décennies précédentes. Cette augmentation de la température a surtout des effets négatifs au niveau des cultures horticoles, plus sensibles à l'action de la chaleur. Ainsi, dans la zone Nord elle est responsable des vents qui détruisent les champs de tomate et de la coulure. Les sols sont perçus comme moins fertiles par presque plus de 70% des exploitants agricoles. la faiblesse des sols se répercute négativement sur le rendement des cultures d'après les personnes intérogées. Par ailleurs, plus de 50% considèrent que la végétation est en net recul durant les dix dernières années. La diminution de la végétation à des effets négatifs sur l'élevage et serait la cause principale de la diminution du cheptel. La disparition progressive de la faune est, enfin, relatée.

En ce qui concerne la vulnérabilité socio économique, elle est justifiée par une forte concentration humaine et un faible niveau d'instruction des producteurs au niveau de cette CR. Quant au statut foncier des terres des exploitations agricoles, il n'est, pour la plupart, pas sécurisant. Ces exploitations sont plus que jamais exposées à la

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spéculation foncière et à l'accaparement. De ce fait la moitié des agriculteurs ont vu leurs superficies emblavées diminué ces dix dernières années. La difficulté d'accéder à la terre des femmes est l'une des causes de la vulnérabilité de cette couche de la population. Pour le niveau de vie des ménages, 55% de ceux-ci sont sous le seuil de survie. Mais d'autres producteurs dépassent de loin ce seuil qui tourne autour de 181 000 FCFA annuel. Tout ceci confirme notre première hypothèse de départ : les producteurs perçoivent que les effets des variations et changements climatiques sont responsables des contres performances dans la production agricole et animales.

Face à ces différentes causes de vulnérabilité, les populations locales ont développé des stratégies d'adaptation. Ces stratégies sont d'abord, de bonnes pratiques agricoles pour faire face aux changements du cycle de la pluviométrie et ces effets négatifs : abandon de certaines cultures ; utilisation de variétés à cycle cours ou améliorées ; combinaison agriculture élevage ; le suivi des prévisions météorologiques... Ensuite, ce sont des pratiques agronomiques d'optimisation de la production. Dans le même registre, les luttes anti érosives sont des mesures qui visent à lutter contre la dégradation des terres, à régénérer le couvert végétal et à rehausser la nappe par un ralentissement du ruissellement.

En outre, la diversification des sources de revenus est une mesure socioéconomique appliquée par la population locale, qui y voit une manière d'améliorer leur cadre de vie et d'éviter les risques liés à la spécialisation dans une seule activité. L'autre pratique qui influence le niveau de vie, est la migration. Face aux contre performances de l'agriculture certains ont préféré se déplacer dans d'autres localités. Ces migrants sont soit temporaires, soit permanents et envoient des sommes très importantes à leurs familles.

Enfin, la dynamique organisationnelle peut être un moyen efficace d'adaptation. Pour conjuguer leurs efforts en vue de faire face aux effets globaux et négatifs des variations et changements climatiques, les agriculteurs se sont regroupés dans une fédération dénommée WOOBIN. Cette dernière initie des activités de sensibilisation, de formation, de plaidoyer, de lutte contre l'érosion, de la promotion de l'agriculture Bio, de lutte contre l'accaparement des terres entre autres. Tout ces pratiques renforcent la

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capacité d'adaptation et de résilience des exploitations agricoles, ce qui confirme l'hypothèse numéro deux.

Ainsi, la prise en compte de leur vulnérabilité par la mise en place de mesures et pratiques d'adaptation démontre que la sensibilité à l'environnement peut être l'apanage des communautés de base. Aussi la vulnérabilité ne dépend pas seulement des conditions socio économiques ou bio physiques, elle dépend de la volonté et de la capacité de la population concernée à faire face. Donc nous pouvons nous affranchir du postulat simpliste qui voudrait que le degré d'exposions aux menaces climatiques est lié au niveau de pauvreté. Les exploitations de la CR de Keur Moussa ont démontré le contraire par des stratégies simples, endogènes et efficaces.

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Documents de planification

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o Plan d'Action National pour l'Adaptation aux changements climatiques, 2006.

o PROGRAMME NATIONAL D'INVESTISSEMENT AGRICOLE (PNIA) du Sénégal 20112015. Plan National d'Action pour l'Environnement, septembre 1997.

o Programme Yoonu Yokkuté : le chemin du véritable développement, Programme présidentiel de Macky Sall, 2012, 37p.

o Plan régional de développement intégré de Thies, 2002 - 2006.

o Plan Local de développement de la communauté rurale de Keur Moussa 2010-2015.

Textes juridiques

? Loi N° 64 - 46 du 17 juin 1964 relative au Domaine National

? Loi N° 81-13 du 4 mars 1981portant Code de l'Eau

? Loi N° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités Locales

? Loi N°2004-16 portant loi d'orientation agro - sylvo- pastorale

? DECRET N°72-1288 DU 27 OCTOBRE 1972 relatif aux conditions d'affectation et de

désaffectation des terres du domaine national comprises dans les communautés rurales, modifié

par N°80-1051 du 14 Octobre 1980 et 86-445 du 10 avril 1986.

Dictionnaires

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WEBOGRAPHIE

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www.iucn.org

www.ipcc.ch

www.worldagroforestry.org

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http://www.developpementdurable.com/forum/

www.iepf.org

www.rga.revues.org

www.Ladocumentationfrançaise.fr

www.aquaportail.com/definition-3211-dessiccation.html#ixzz2iuxhGtDL

www.cse.sn

www.enda.sn/energie/indexnrj.htm

www.ansd.sn

www.unep.org/dep

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ANNEXES

Glossaire

Agriculture durable : dans le domaine de l'agriculture, la mise en oeuvre d'une palette plus ou moins large de pratiques agricoles relevant de l'agriculture durable permet de mieux gérer l'environnement, d'assurer aux générations présentes et futures une alimentation de qualité ainsi que la prise en compte de l'entretien et du renouvellement de la fertilité des sols. Mais, la durabilité de l'agriculteur passe ainsi par un meilleur contrôle de l'érosion des sols, par une irrigation mieux conduite et économe en eau, par un entretien mieux assuré de la fertilité des sols ainsi que par un contrôle beaucoup plus strict de l'étalement urbain.

Elle prône une production écologiquement saine, socialement équitable et économiquement viable. Ainsi, l'agriculture durable s'oppose à celle productiviste, agriculture qui est fondée sur l'utilisation massive d'intrants d'origine industrielle. La rupture avec la méthode productiviste peut être forte, dans ce cas on parle d'agriculture biologique. Elle peut être faible dans le cas de l'agriculture résonnée.

Bactrocera Invadens (ou mouche des fruits): mouches qui piquent les fruits à l'aide de leur ovipositeur pour y déposer leurs oeufs (plusieurs dizaines) à faible profondeur. Dès leur éclosion, les asticots se nourrissent de la pulpe pendant plusieurs jours avant de quitter le fruit pour s'enfouir dans le sol et de se transformer en pupe. De cette pupe sortira une mouche adulte. Les fruits à peau tendre comme la mangue sont très attaqués par les mouches

Badlands : ou mauvaise terre, désigne une région soumise à une érosion rapide avec formations de ravins. L'expression badlands est utilisée en géologie pour caractériser une zone où un fort ruissellement et une végétation peu dense ont formé de profondes ravines. Le phénomène des badlands se produit souvent lorsque l'Homme détruit le couvert végétal de terrains en pente.

Brises vents : Le brise-vent est un obstacle que l'on place au travers du vent pour réduire sa vitesse. Les brise-vent sont des structures linéaires, le plus souvent vivantes, (mais aussi inertes) composées d'espèces ligneuses, semi-ligneuses et parfois herbacées installées de telle manière qu'elles permettent de protéger les zones cultivées, pâturées ou d'habitation contre les effets néfastes des vents dominants.

Coulure : Cause accidentelle qui empêche la fécondation de la fleur en faisant couler le pollen. Chute des fleurs ou des jeunes fruits causée par un accident au moment de la fécondation (forte pluie, parasites, stérilité) sur les arbres fruitiers.

Couvert végétal : Un couvert végétal désigne un ensemble de végétaux recouvrant le sol de manière permanente ou temporaire.

Densité ligneuse : la densité ligneuse de base est le rapport entre la masse sèche et le volume de bois de fût frais sans écorce. Permet de calculer la biomasse ligneuse dans la masse de matière sèche.

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Déprédateurs : relatif à une déprédation, à un dommage ou un vol accompagné de destruction. Un déprédateur est un animal qui commet des dégâts sur une plante ou des denrées, le plus souvent dans le but de se nourrir. Les déprédateurs sont considérés comme des organismes nuisibles si les dégâts commis ont une importance économique significative. Si un déprédateur provoque brusquement des dégâts importants, il est qualifié de ravageur. Ce terme est généralement appliqué pour des insectes, des acariens ou des rongeurs.

Le terme de déprédateur est à ne pas confondre avec la notion de prédateur, qui désigne un organisme animal qui poursuit et capture ses proies vivantes pour s'en nourrir ou pour alimenter sa progéniture.

Déséquilibre : la notion de déséquilibre a plusieurs significations et s'applique dans des domaines aussi divers que l'économie, la santé, la psychologie, la sociologie...l'écologie. Appliquer dans ce dernier domaine, il désigne comme un tout harmonieux. Dans le cas des chaines alimentaires, la nature est conçu en équilibre, c'est-à-dire comme un tout où chaque espèce joue un rôle spécifique au bon fonctionnement de l'ensemble.

Dessiccation : action de dessécher, Synonyme de déshydratation. Action de dessécher quelque chose, élimination de l'humidité d'un corps. La dessiccation peut être naturelle (manque d'eau atmosphérique) ou provoquée.

Développement : la déclaration des Nations Unies sur le droit au développement de 1986 donne la définition suivante : un processus global, économique, social, culturel et politique qui vise à améliorer sans cesse le bien-etre de l'ensemble de la population et de tous les individus, sur la base de leur participation active, libre et significative au développement et au partage équitable des bienfaits qui en découlent. Mais de plus en plus de voies s'élèvent pour discréditer ce concept, qualifié comme une idélogie visant à arrimer l'influence du Nord sur le Sud. (Latouche, 1990)

Développement durable : c'est la conciliation de la croissance et de l'écologie, essentiellement par la recherche de l'éco-efficience, afin de consommer moins de matières premières et d'énergie tout en produisant autant de biens et de services (à travers le recyclage et une autre conception des produits). Il ne fait, donc, pas fi des besoins humaines et ne ni pas la nécessité de préserver les ressources naturelles pour leur utilisation future. Il à comme condition le respect de l'équité intergénérationnel c'est-à-dire bannissement des comportements égoïstes de maximisation du bien-être. Mais, l'équité intergénérationnelle est conditionnée par celle intra-générationnelle, c'est-à-dire l'égalité et la justice sociale.

La notion de développement durable se ramène à un compromis entre trois contradictions fondamentales : les intérêts des générations actuelles face à ceux des générations futures, les intérêts des pays industrialisés et ceux des pays en développement, les besoins des êtres humains et ceux de la préservation des écosystèmes.

Ramené du coté de l'entreprise, il a conduit à l'idée de triple bottom line (triple résultat) : l'efficacité économique, le respect de l'environnement et la responsabilité sociale.

Diversité floristique : on parle diversité floristique lorsque l'on veut débattre de la diversification des espèces. Pour la mesure de la diversité floristique quantitative on peut appliquer les méthodes d'inventaires sur des placettes, des transects et des relevés linéaires

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peuvent être utilisés seuls ou en combinaison. Pour mesurer la diversité qualitative, l'une des méthodes la plus couramment utilisée et la plus rapide est l'inventaire itinérant.

Elagage : action d'élaguer, c'est-à-dire couper des branches à un arbre. L'élagage consiste à orienter ou limiter le développement d'un arbre. On appelle généralement élagage l'arboriculture ornementale. On distingue l'élagage sylvicole, l'élagage fruitier et l'élagage ornemental.

Erosion des sols : L'Érosion du sol désigne la dégradation des sols par les pluies et le travail mécanisé du sol. Elle est influencée par les grosses averses, le recul du couvert végétal, les formes d'aménagement des surfaces de culture, les calendriers culturales, le niveau de pente du relief... Elle peut conduire dans les régions comme le Sahel un état de désertification.

Pour réduire l'érosion on peut éviter de planter dans le sens de la pente, prévoir des alternances de cultures en bandes au lieu d'avoir d'immense parcelles portant une même culture, ne pas laisser les sols à nu pendant de longue période.

Espèce halophile : se dit des végétaux qui poussent dans les terrains salés

Espèce xérophile : terme qualifiant une plante qui support de conditions climatiques caractérisées par la sécheresse et la chaleur.

Exploitation agricole : l'article 16 de la loi agro sylvo pastorale définit l'exploitation agricole, comme une unité disposant de facteurs de production (terre, bâtiments, cheptel, matériels, main d'oeuvre, etc.) qui sont utilisés par un exploitant exerçant un métier de l'agriculture. Les activités de production agricole constituent une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement d'un cycle biologique, végétal ou animal, et correspondant à la maîtrise et à l'exploitation de ce cycle. Les activités exercées dans le prolongement de la production agricole, telles que la transformation, le conditionnement, la conservation, le stockage et la vente des produits provenant de l'exploitation, sont considérées comme agricoles. Les activités ayant pour support l'exploitation agricole, telles que l'artisanat, le tourisme rural, le commerce des services, etc., sont considérées comme complémentaires des activités agricoles.

Exploitation agricole familiale : d'après l'Article 18 de cette même loi: L'exploitation agricole familiale est une unité de production agricole organisée sur une base familiale, au sein de laquelle les rapports entre personnes sont définis librement et ne sont pas régis par le code du travail.

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Niveau de turbidité des eaux souterraines : Le terme «turbidité» renvoie au degré de limpidité de l'eau. En ce qui concerne l'eau de surface et l'eau souterraine, la turbidité peut indiquer la présence d'organismes pathogènes susceptibles d'avoir des effets nocifs sur la santé.

Niveau piézométrique : niveau d'eau relevé dans un forage (piézomètre). Il caractérise la pression de la nappe en un point donné. La mesure est ramenée au niveau 0 de la mer.

Pauvreté : L'approche retenue de la notion de « pauvreté » met l'accent sur la précarité qui affecte plusieurs domaines de l'existence humaine. Une approche empirique de la pauvreté est traduite par un panier de biens alimentaires et non-alimentaires, indispensables, à chaque individu ou groupe d'individus, pour vivre dans des conditions décentes des Etats de l'Afrique de l'Ouest. On peut appréhender la pauvreté par l'incidence de la pauvreté qui est la proportion d'individus ou de ménages considérés comme pauvres dans une population donnée. La différentiation est aussi faite entre l'indice de la pauvreté urbaine et l'incidence de la pauvreté rurale, c'est à dire la proportion d'individus ou de ménages considérés comme pauvres dans une population urbaine ou rurale.

Résilience : ou homéostasie, c'est l'aptitude des écosystèmes à revenir à l'état d'équilibre après une perturbation.

Robustesse : Caractère robuste, fort et résistant de quelqu'un ou quelque chose. la robustesse d'un système se définit comme la « stabilité de sa performance ». Il existe 3 types de systèmes : les systèmes « non-performants » ; les systèmes « performants fragiles » ; les systèmes « performants robustes ».

Sahel : Le sahel est une zone de l'Afrique de l'ouest qui marque la transition entre le désert du Sahara et l'Afrique tropicale humide. Définit de manière climatique, il correspond à la zone recevant entre 150 et 900 mm de pluie par an. Définit de manière politique, il regroupe les pays du Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) soit le Burkina-Faso, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Mais ces deux définitions ne se recoupent pas exactement puis que plusieurs de ses pays ont des zones non sahéliennes ou sont situés en dehors de la zone sahélienne. Par contre des pays non membres du CILSS comme le Cameroun et le Nigeria ont des zones sahéliennes.

Stabilité: Qualité de ce qui est ou peut rester en équilibre. Dans la différentiation entre la stabilité et l'instabilité des milieux, H. Erhart met en opposition les périodes de « stabilité » et d' «instabilité biologique » sous les termes « biostasie » et « rhexistasie ». Durant la biostasie, le couvert végétal en particulier forestier bloque toute évolution mécanique des versants. Au contraire, durant les phases de rhexistasie, la destruction de la couverture végétale entraine un

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déséquilibre écologique et une forte érosion des sols et des formations superficielles. La notion de stabilité environnementale n'exclut pas l'existence de perturbations. Un état stable n'est donc pas un état statique ou stationnaire. L'instabilité peut aussi être d'origine anthropique, partout où l'homme défriche, cultive, met en pâturage la couverture végétale, protectrice se détruise, donc les flux mécaniques domine. Ce qui se traduit par des flux de matériaux solides importants.

Zones de friche : Ensemble de terrains laissés à l'abandon, sur lesquels peuvent subsister des installations ou des dépôts liés à des activités passées.

OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES

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Guide d'entretien à adresser à l'agent de l'ANCAR et au chargé de la commission environnement du conseil rural de Keur Moussa

Quel est votre rôle dans la CR ?

Quelles sont vos activités dans la CR

Qui sont vos partenaires ?

Quels sont les potentialités de la CR dans le domaine de l'agriculture ?

Quels sont les contraintes du secteur agricole ?

? Contraintes de l'arboriculture

? Contraintes de l'agriculture sous pluies

? Contraintes du maraichage avec puits

? Contraintes du maraichage avec l'eau de la SDE

? Contraintes de l'élevage

Que pensez-vous du climat dans la zone ?

Disposez-vous des moyens de vérification ou d'évaluation du climat dans la CR ?

Quel est la caractéristique des saisons pluvieuses dans la CR ?

Quels sont les effets des variations des pluies sur la production agricole ?

Quels sont les mesures que vous préconisez

Quelles relations vous avez avec les OCB, les OP et les autres organisations communautaires de gestion de l'environnement ?

Comment appréciez-vous le niveau d'engagement des populations dans la gestion de l'environnement et l'adaptation aux variations climatiques ?

Quelles sont les contraintes que vous rencontrées dans vos intervention ? Quels sont les solutions de ces contraintes ?

R

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Tamsir Ousmane Diagne

Ingénieur des travaux de l'Aménagement du Territoire et de la Gestion Urbaine

A l'Ecole Supérieure d'Economie Appliquée (ESEA) ex Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA)

Département : Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion Urbaine

Tel : (+221) 77 326 29 23

(+221) 70 858 24 16

Email : todiagne@ gmail.com

diagnetamsirousmane@gmail.com

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013






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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein