CHAPITRE II :
APERÇU DU CADRE INSTITUTIONNEL
MINIER
Jusqu'à la création du Secrétariat d'Etat
à l'Environnement en Juillet 2006, le cadre institutionnel qui
régissait l'environnement en Mauritanie était
éclaté entre plusieurs départements. Des ministères
ayant des liens organiques avec l'environnement étaient
structurés de façon à disposer de directions, services ou
cellules spécialisés dans la gestion de l'environnement suivant
la nature de la mission qui leur est dévolue.
C'est en Juillet 2006 que le gouvernement créa un
Secrétariat d'Etat chargé de l'Environnement qui sera
après les élections de mars 2007 un Ministère
Délégué chargé de l'Environnement. Avec cette
institution pour la première fois depuis la création du pays, il
existe désormais un département gouvernemental chargé
spécifiquement des questions environnementales.
La perspective d'un développement durable à
long terme en tenant compte des exigences environnementales de
l'activité minière ne peut être exercée sans une
réflexion sur les missions du département chargé des
Mines, et celui chargé de l'environnement de leurs organisations et des
compétences. Ces missions sont de nature générale et
spécifique:
SECTION I :
MINISTERE DE L'INDUSTRIE ET DES MINES
Le ministère a pour mission générale
l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du gouvernement dans
le secteur industriel et minier. Dans ce cadre, le Ministère s'appuie
sur une Direction Centrale, dénommée la direction des Mines et de
la Géologie (DMG), élément clé de l'administration
minière.
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La DMG est assistée de l'Unité du Cadastre
Minier (UCM) pour l'administration des permis de recherche et d'exploitation,
et de l'Office Mauritanien de Recherches Géologiques (OMRG),
opérateur de terrain chargé de promouvoir des sujets de recherche
de substances minérales solides16.
Paragraphe 1 :
Les missions générales
· Définition et élaboration de la politique
minière,
· Promotion et vulgarisation du secteur minier,
· Contrôle et régulation des
opérateurs,
· Gestion des titres miniers,
· Tutelle d'Etablissements Publics et de
sociétés contrôlées par l'Etat.
a- La mission de définition de la Politique
minière
Elle regroupe deux fonctions principales :
· Définition d'une politique minière
incitative, visant à mettre en valeur et développer les
ressources minières du pays, dans un contexte concurrentiel, en
s'appuyant sur le secteur privé pour assurer ce développement,
· Suivi des résultats de cette politique et
proposer, s'il y a lieu, les inflexions nécessaires pour répondre
aux évolutions du marché et du contexte international.
b- La mission de régulation
Concerne les aspects réglementaires pour assurer le
développement ordonné du secteur minier :
· Élaborer et améliorer la
législation minière et la réglementation qui en
découle pour disposer de textes clairs, incitatifs pour les
opérateurs privés :
- dans les domaines fiscaux, douaniers, du droit des
investissements et du droit du travail,
- dans le domaine de l'environnement.
· Optimiser la Gestion du Patrimoine Minier à
travers le Cadastre Minier,
· Assurer le suivi de l'activité minière du
pays :
- en terme de suivi des opérateurs,
- en terme d'application des textes législatifs et
réglementaires spécifiquement miniers,
16 Les administrations, Site internet
du Ministère de l'énergie et des mines Mauritanien, consultation
en juillet 2012
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- en coordonnant des actions de suivi avec celles des autres
Ministères intervenant dans le secteur.
Ces deux missions sont en théorie assurées pour
le Ministère des Mines par la DM (En particulier par le Service des
Mines et le Service des Affaires Environnementales) assistée par
l'Unité du Cadastre Minier (pour ce qui est d'une partie de la mission
de régulation).17
c- Mission de Promotion du secteur minier
Cette mission est destinée à :
? Assurer la promotion du secteur minier mauritanien :
- en améliorant la connaissance de la géologie
(carte géologique) et des potentialités minières
(connaissance des cibles potentielles, création et mise à jour
permanentes des études portant sur le secteur minier) et en mettant ces
connaissances à la disposition des investisseurs et opérateurs, -
en assurant la promotion de ce secteur à travers des opérations
de communication (permanentes ou ponctuelles) s'appuyant avec les supports
adéquats tant sur les réalités géologiques que sur
les résultats miniers concrets, sans omettre les aspects politiques,
législatifs, réglementaires, organisationnels du secteur.
? Faciliter l'accès au patrimoine minier mauritanien des
opérateurs privés :
- en créant un climat de concertation et de transparence
avec les opérateurs,
- en mettant à leur disposition un guichet unique pour
l'attribution des titres et autorisations minières.
Le Service Géologique de la DMG a la tâche de
définir la « stratégie géologique » du pays en
dirigeant les ressources de cartographie et de recherches vers les zones les
plus prometteuses. Ce service est en principe chargé de faire le lien
avec l'OMRG, qui reste le seul organe susceptible d'exécuter des
missions de terrain et de cartographie à partir de ressources propres au
pays. Le Service Géologique doit participer activement à la
construction de l'infrastructure géologique sous deux formes distinctes
mais complémentaires
- compilation des données existantes et des données
collectées à partir des rapports d'activités
minières ;
- préparation des missions de cartographie de l'OMRG en
fonction de la stratégie géologique adoptée.
Enfin, le Service Géologique assure la
dissémination de l'information.
17 Opt cit... ministère
énergie et mine
il- Recherche/Prospection
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L'Office Mauritanien des Recherches Géologiques (OMRG).
L'étape de prospection minière stratégique et tactique,
celle qui consiste à explorer les structures géologiques,
à mettre en évidence des cibles potentielles (indices miniers et
anomalies géochimiques et géophysiques), à les classer et
à les répertorier sur des cartes, doit être assurée
par l'Etat du fait de son caractère polyvalent et des hauts risques dans
l'investissement.
Dans le cas de la Mauritanie où le secteur minier
occupe une place prépondérante, l'Etat intervient par
l'intermédiaire d'un organisme public spécialisé en
l'occurrence l'Office Mauritanien des Recherches Géologiques (OMRG),
créé en 1980 et disposant d'une autorisation permanente de
prospection sur l'ensemble du territoire pour les zones non couvertes par des
permis miniers.
L'exécution des projets de recherches se fait en
collaboration avec l'extérieur et prend la forme d'aide technique dans
le cadre de la coopération économique bilatérale ou
multilatérale (Coopérations Française, Espagnole,
japonaise, Union Européenne, etc.) et de contrats de service
passés avec des organismes spécialisés dans la prospection
(BRGM, Otto Gold, IMC, etc.).
Depuis sa création en 1980, l'OMRG a lancé un
certain nombre de projets de recherche minière dont certains ont abouti
à des découvertes de gisements importants : l'exemple le plus
parlant est la découverte du gisement aurifère du Tasiast dont le
projet d'exploitation est en cours de démarrage avec la
Société Tasiast Mauritanie.
Actuellement, l'OMRG poursuit ses efforts de promotion des
sujets de recherche afin d'attirer d'autres investisseurs privés dans le
cadre du développement diversifié du secteur minier. A cet
égard, l'OMRG a entrepris avec la Coopération Espagnole une
campagne d'évaluation du potentiel en pierres ornementales ; par
ailleurs, il exécute un projet de recherche dans la zone promotionnelle
des Ouassat-Sfariat avec l'appui financier de l'Union Européenne. Enfin,
l'OMRG est en train de mettre en oeuvre un plan stratégique de
développement du secteur minier avec la Coopération Japonaise.
L'OMRG apparaît souvent comme l'agence
d'exécution des projets soutenus par la communauté internationale
comme des projets demandés par le MMI. Logiquement, le
PRISM aurait pu être confié à l'OMRG pour
sa partie technique (cartographie géologique) si elle disposait des
moyens techniques et humains adéquats18.
18 opt , cit....ministere de l'energie et des mines
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Cependant, force est de constater que l'OMRG ne joue pas
suffisamment le rôle qui lui est dévolu. En effet, à
l'instar des institutions similaires des autres pays voisins, l'OMRG aurait
dû, au fil des ans gagnés son indépendance technique
vis-à-vis des organismes spécialisés extérieurs et
pouvoir mener à terme par lui-même de véritables projets de
recherches géologiques et minières. Or l'OMRG continue de servir
uniquement de « prête-main, de « bras pour les organismes
partenaires » chargés eux de la conception et de la cartographie de
terrain. Le constat est que l'OMRG est confronté à des
difficultés de plusieurs ordres : structurel, effectifs et
qualité des moyens humains, moyens matériels :
- Problèmes d'ordre structurel d'abord : le statut est
ancien et inadapté ;
- Moyens humains : un personnel pléthorique sans aucune
adéquation avec la mission de l'institution (sur la centaine de
personnes constituant l'effectif de
l'OMRG, seule une dizaine de géologues et
assimilés sont répertoriés, l'effectif restant est
partagé entre chauffeurs, gardiens et plantons ; sans parler de «
fictifs signalés). Par ailleurs, il n'existe aucun plan de formation
précis pour le personnel technique ;
- Moyens matériels souvent inexistants, sinon
vétustes.
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