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La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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VI-PROBLÉMATIQUE DU TRAVAIL

En 1941, la radio naît au Cameroun, sous la bannière de la France. En 1960, le Cameroun sous tutelle française accède à l'indépendance. En 1961, c'est au tour du Cameroun sous tutelle britannique d'obtenir sa libération de l'autorité coloniale. Puis, s'en suit la réunification des deux Cameroun. Le Cameroun, en tant qu'État, aspire à concrétiser sa souveraineté. Il est d'entrée de jeu question pour le pouvoir en place d'internaliser les institutions du pays : c'est le processus d'affirmation de l'identité internationale du jeune État du Cameroun. La réunification entre l'ex-Cameroun sous tutelle française et le Cameroun sous tutelle britannique est loin de rendre efficace la gestion de la radiodiffusion. Quelles sont les mutations ayant marqué la radio coloniale au Cameroun ? Comment se présente la radio nationale du Cameroun entre 1961 et 1990 ? En quoi la loi de 1962 contre la subversion a-t-elle influencé la radio d'État du Cameroun ? Comment s'est-elle arrimée au contexte d'unification du pays ? Quels ont été les effets de la crise économique des années 1980 sur le fonctionnement de la radio nationale ? Quel fut son impact socio-culturel ? Quels étaient ses rapports avec le gouvernement ? Quelles sont ses caractéristiques relatives à l'avènement de la télévision nationale au milieu des années 1980 ? Qu'est-ce qui a marqué ses idéaux après la « démocratisation » du pays en 1990 ?

VII-HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

Notre thème a suscité en nous quelques réflexions préalables. De prime abord, nous nous sommes interrogé sur le contexte dans lequel s'inscrit la radiodiffusion du Cameroun en 1941. Nous nous sommes interrogé sur la place de la radiodiffusion dans le processus de décolonisation du Cameroun. Par la suite, nous nous sommes questionné sur les effets de l'indépendance du Cameroun sous tutelle française en 1960 sur la radio nationale. En plus, nous nous sommes appesanti sur la question de la réunification des deux Cameroun en 1961 et, à ce propos, nous nous sommes posé la question de savoir s'il n'avait pas été envisagé la mise sur pieds au sein de la nation d'un système de radiodiffusion susceptible de répondre aux attentes de ses populations anglophones et francophones. L'attention a été portée sur le rôle de la radio nationale du Cameroun au lendemain de son indépendance. Nous avons par la suite eu l'idée de mentionner le lien qui existe entre la radio et la situation de sous-développement qu'avait connu le Cameroun après l'indépendance.

Les problèmes de la radiodiffusion du Cameroun ont également attiré notre attention, ainsi que les mutations qu'elle a subies avec l'avènement de l'État unitaire en 1972. La nouvelle configuration du P.N. de radiodiffusion du Cameroun, résultat de la naissance, au milieu des années 1980, de la télévision nationale, et son jumelage avec celle-ci en 1988, font partie des idées que nous avons eues lorsque nous nous engagions à produire ce travail. La libéralisation du secteur de l'audiovisuel en 1990 et ses effets sur le P.N. de la C.R.T.V. ont suscité en nous une interrogation pertinente : la radio nationale était-elle à même d'accomplir ses missions essentielles qui étaient d'éduquer, d'informer et de divertir les Camerounais ? L'écoute systématique des radios étrangères, la R.F.I. et la B.B.C. en l'occurrence, en dépit de la mauvaise qualité du son liée à leur absence de la F.M., était une preuve du refus des Camerounais instruits d'écouter le P.N. de radiodiffusion du Cameroun. La préférence des Camerounais pour des radios étrangères laisse penser que la radio nationale ne satisfaisait pas suffisamment ses auditeurs8(*).

Une opinion tend à faire penser que la radio nationale s'investit depuis l'indépendance du Cameroun dans l'apologie des systèmes politiques en place. Notre ambition concernant ce point de vue est de présenter les rapports entre la radio publique et les régimes politiques qui se sont succédés au Cameroun jusqu'en 1990, le pays existant en tant qu'État depuis 1957, date de la mise en place de ses premières institutions politiques9(*). Il ne serait pas superflu de relever la place de la radio publique dans le rayonnement du Cameroun à l'étranger. Cela est certainement une raison plausible de la décision des pouvoirs publics d'adopter la loi sur la censure administrative concernant les émissions diffusées à la radio nationale. Ce qui empêchait la diffusion à la radio nationale d'informations dites contre-gouvernementales, même lorsqu'elles étaient crédibles. Le but de cette décision était de donner au Cameroun l'image d'un pays où la « bonne gouvernance »10(*) était de mise.

* 8 La radio nationale étant un médium d'État, elle est destinée à promouvoir la politique du Gouvernement. Les radios privée quant à elles donnent un son de cloche autre que la radio du pouvoir et permettent ainsi d'asseoir l'objectivité de l'information.

* 9 C'est en effet à cette date qu'ont été adoptés l'hymne national, la devise et le drapeau. C'est aussi à cette date que le Cameroun a eu son premier premier ministre, André Marie Mbida.

* 10 La bonne gouvernance est entendue comme la gestion en toute transparence et dans l'efficacité des affaires publiques, dans le respect des normes démocratiques. Le principe est né de la crise économique mondiale des années 1980, et avait été imposé par les institutions financières internationales (F.M.I., B.M.) comme condition de l'aide au développement des pays pauvres.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway