La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990( Télécharger le fichier original )par Louis Marie ENAMA ATEBA Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011 |
II- LES EFFETS DE LA RADIODIFFUSION DU CAMEROUNLa radiodiffusion du Cameroun avait rendu crédibles les idéaux du gouvernement local, à l'échelle nationale et internationale. Il convient de reconnaître l'importance du rôle qu'elle avait joué dans le maintien de la paix et la promotion de la stabilité sociale du pays.
II.1. La promotion de la politique du gouvernementAprès l'indépendance et la réunification, la majorité de Camerounais était politiquement inculte. La préoccupation du gouvernement était la consolidation de la souveraineté du pays. Il était question de valoriser l'image du Cameroun à l'intérieur et à l'extérieur. De ce fait, le rôle de la radio consistait à communiquer sur l'action des pouvoirs publics.
II.1.1. La place des supports linguistiques des émissionsLa station nationale était la plus représentative, parce qu'elle offrait des programmes à audience large. Les langues utilisées ici étaient le français et l'anglais, le P.N. étant un médium d'État. Les programmes étaient fixés suivant des critères de formes, de contenus et les publics, et étaient conformes à la formule définie par Jean Cazeneuve, qui affirme: « La classification comporte une part d'arbitraire, quel que soit le système adopté, car beaucoup d'émissions peuvent appartenir à plusieurs genres à la fois ». Parmi les deux langues officielles du Cameroun, le français était la plus usitée. Cela était relatif au fait que le Cameroun était majoritairement francophone. La radio nationale avait alors une audience beaucoup plus francophone. En plus, les journalistes camerounais étaient majoritairement francophones. En effet, le gouvernement français, plus que le gouvernement britannique, avait opté pour l'octroi des bourses d'études aux étudiants camerounais, en matière de journalisme et de techniques de transmission de l'information, afin de garantir un meilleur fonctionnement de la radio nationale, ainsi que l'affirme si bien Roger Owona : « Avant la création de l'E.S.I.J.Y., c'est la France qui assurait en priorité la formation des professionnels de l'audiovisuel »63(*). Un concours était ainsi lancé pour le recrutement des élèves journalistes d'Afrique francophone dans des écoles françaises. Ce concours avait notamment consacré l'admission avec brio de deux étudiants camerounais, devenus aujourd'hui des hauts cadres de l'administration nationale : Jacques Fame Ndongo et Léonard Israël Sah64(*). Ce dernier, au terme de ses études en France, avait été admis comme réalisateur à la radio nationale, et y avait officié comme directeur général en 197865(*). Les programmes en français occupaient alors l'essentiel de l'espace de la radio nationale, au détriment des programmes en anglais, qui y avaient été intégrés de manière progressive, avec la prise de conscience de la nécessité, pour la radio, d'atteindre au maximum sa cible, et de taire les velléités de sécession dans sa partie anglophone66(*). L'importance de l'anglais dans la diffusion des programmes de la radiodiffusion du Cameroun résidait dans le fait qu'il existait une multiplicité de langues nationales, et les autorités lésinaient sur les moyens d'assurer une diffusion large. Ainsi, il a été décidé que les programmes fussent diffusés en langues anglaise à Radio-Buea, l'unique radio régionale du Cameroun anglophone après la réunification. Mais il n'existait pas de techniques efficaces par lesquelles pouvaient être diffusés les programmes en ces langues. Il n'existait non plus de journalistes spécialisés dans la diffusion d'émissions en langues locales. Ainsi, en dépit de la maîtrise approximative de l'anglais chez les auditeurs potentiels, les autorités de l'information avaient opté pour la diffusion des programmes en langue anglaise à Radio-Buea. Par après, afin de permettre l'accès à l'information à un public large, il fut intégré, à Radio-Buea, des programmes en langues nationales, notamment des programmes en « pidgin ».
* 63 Roger Owona, « La Radio au Cameroun : 40 ans d'Histoire », Cameroon Tribune, n°4064, Yaoundé, SO.PE.CAM., 28 janvier 1988, p. 8. * 64 Entretien avec Léonard Israël Sah, 63 ans Conseiller technique au Ministère de la communication, Maître des Conférences au Département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, et Historien des médias, Yaoundé, le 16 avril 2008. * 65 Roger Owona, Ibid. * 66 Les populations de la région anglophone se sentaient lésées par le Gouvernement. Certes, le Cameroun après la réunification, avait adopté un système fédéral, avec deux États fédérés, à savoir l'État fédéré du Cameroun francophone, et l'`Etat fédéré du Cameroun anglophone, et un État fédéral, il reste réel que les institutions de l'État fédéral étaient gérées, pour la plupart, par les Camerounais francophones, et l'essentiel des ressources allaient à ceux-ci. |
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