I.2. Un événement
inédit : la régionalisation de la radio
En 1962, Radio-Buea fut créée. Radio-Buea
était en effet la troisième station provinciale de la radio
camerounaise. Par la suite, le processus de dissémination de la
radiodiffusion s'arrêta au Cameroun. Il reprit en 1978. L'ambition
avouée de Monsieur Ahidjo, alors Président de la
République, était de « réaliser un
conglomérat de tribus, une nation une et indivisible ».
À son avis, la radio nationale du Cameroun devait être le socle
sur lequel devait se bâtir l'unité nationale.
I.2.1. Les raisons de la dissémination
Le processus de dissémination de la radiodiffusion au
Cameroun avait repris avec la création de Radio-Bertoua en 1978, et de
Radio-Bafoussam en 1980. La dissémination de la radiodiffusion du
Cameroun était liée aux contextes politiques, économiques
et sociaux.
La dissémination de la radiodiffusion du Cameroun
était liée à la superficie du pays, qui s'évaluait
à 475 000 km² environ. En plus, le Cameroun présentait un
relief accidenté, qui limitait les possibilités de transmission
de l'information par les ondes. En effet, dans certaines régions du
Cameroun, les reliefs étaient constitués de hautes terres et de
basses terres. Les hautes terres étaient rencontrées à
l'Ouest et au Nord, et les basses terres dans la côte et le plateau
sud-camerounais. Les basses terres représentaient des zones d'ombre de
la radio, car les ondes étaient bloquées au niveau des zones de
hauts reliefs, en raison de la faiblesse des émetteurs. Bien plus, le
Cameroun se caractérisait par sa diversité économique,
sociale et culturelle. Les événements et considérations
politiques à forte incidence culturelle, à savoir la
réunification, en octobre 1961, du Cameroun francophone, avec le
Cameroun anglophone, et son unification, le 20 mai 1972, font aussi partie des
mobiles de dissémination de la radio nationale. En effet, dans le
contexte de la réunification, le Cameroun devint un État
fédéral. Dès lors, il y existait deux États
fédérés : l'État fédéré
du Cameroun francophone et l'État fédéré du
Cameroun occidental. Suite à son unification, le Cameroun devint un
État unitaire. La radio nationale devait alors se conformer à ces
réalités.
La dissémination de la radio nationale était un
motif de satisfaction des besoins du public. Sa nécessité avait
été définie en ces termes, dans les 3e et
4e plans quinquennaux de développement, lors de
l'inauguration de la station de Bamenda: à l'élaboration du
3e plan, l'objectif qui avait été de doter chaque
province d'une station de radiodiffusion, compte tenu des besoins
spécifiques en informations, devait se poursuivre au cours du
4e plan, par la construction de la station du Nord-Ouest». La
régionalisation de la radiodiffusion au Cameroun s'inscrivait dans un
débat culturel qui datait de l'époque coloniale. Dans un
État en quête de modernité, à l'instar du Cameroun,
il urgeait d'informer les citoyens. Au cas contraire, le gouvernement
risquerait de promulguer des lois, de signer des décrets et des
arrêtés inutiles. Une double information législative, l'une
à l'usage du public moyen, et l'autre juridique et technique, à
l'usage des spécialistes, était nécessaire.
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