La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990( Télécharger le fichier original )par Louis Marie ENAMA ATEBA Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011 |
II.1.1. Radio-DoualaA l'instar des autres stations de radiodiffusion coloniales, Radio-Douala se caractérisait par une intense activité et un système de gestion destinés à satisfaire les besoins de la métropole. En août 1947, la station radioélectrique de Douala-New-Bell commença la diffusion d'émissions radiophoniques. Elle utilisait alors un émetteur du type Temco - 250 W, auquel avait été adjoint un étage supplémentaire, construit sur place. Depuis la mise en place de l'émetteur, le poste de Radio-Douala était imprécis. Organisé et fonctionnant grâce au service radioélectrique, installé dans ses locaux, et contrôlé, techniquement, par ce service, le poste a été temporairement rattaché à la D.A.C.S., en vue de l'organisation des programmes. Mais il dépendait du service de l'information. Malgré l'imprécision de son statut, le poste continuait d'exister. Cette existence était reconnue et approuvée par les organismes internationaux, comme nous pouvons le lire dans le rapport de la délégation des territoires français d'Outre-Mer, sur la conférence internationale de radiodiffusion à hautes fréquences, réunie à Mexico, du 22 octobre 1948 au 10 avril 1949 : Le Cameroun, qui disposera d'un émetteur d'un kW, a obtenu l'allocation d'une fréquence de 6 Mc / sec toute la journée de 6h à 9h, 11h 30 à 15h, 17h 30 à 24h locale et d'une fréquence de 9Mc / sec de 11h 30 à 15h, fréquences qui permettront la diffusion d'un programme local dans un rayon de 600 à 1000 kms autour de l'émetteur26(*). Les programmes de la radio coloniale du Cameroun étaient réalisés en fonction des horaires précis et des langues dominantes des différentes régions sur lesquelles s'étendait sa diffusion. Radio-Douala émettait tous les jours, durant 2 h 45 min, de 18 h 30 min à 21 h 15 min, au niveau local. Chaque dimanche, le poste diffusait une émission supplémentaire d'une durée de 2 h, de 11 h à 13 h. Au total, le poste diffusait 21 h 15 min, chaque semaine. Les projets en étude assuraient au poste de Radio-Douala 5 h d'émissions par jour, de 18 h à 23 h. Une émission supplémentaire devait être diffusée pendant 4 h, le dimanche, de 10 h à 14 h. En perspective, Radio-Douala devait diffuser 39 h par semaine. L'équipement du Cameroun devait répondre aux exigences du « Trusteeship », tel qu'il est défini dans l'article 76 de la Charte des Nations-Unies qui, parmi les fins essentielles du régime de tutelle, énonce la nécessité de « favoriser le progrès politique, économique et social des populations des territoires sous tutelle ainsi que le développement de leur instruction »27(*). De tous les moyens d'information et de diffusion des idées, de l'instruction et de la culture chez les masses, la radiodiffusion était l'organe le plus efficace du monde moderne, notamment dans les territoires d'Outre-Mer, où les communications terrestres ne permettaient encore qu'une diffusion incomplète de la presse et des livres28(*). D'où les dispositions prises par le gouverneur Soucadeaux, qui affirme : Je voudrais faire de l'antenne de Radio-Douala un véritable poste camerounais. Parallèlement, nous cherchons à donner à l'écoute une audience beaucoup plus large, en installant des diffuseurs publics et en mettant à la disposition de l'élément africain de petits récepteurs à prix modiques29(*).
À sa naissance, le poste de radiodiffusion de Douala dépendait de deux services locaux. Du point de vue technique, il dépendait du service radioélectrique, rattaché à la D.P.T.C., qui assurait l'entretien du matériel, le fonctionnement de l'émetteur, et abritait, dans les locaux de la station radio de Douala-New-Bell, un émetteur et un studio étroit. Du point de vue de l'administration du poste, de la confection de ses programmes et du contrôle général de ses émissions, Radio-Douala dépendait du service de l'information, rattaché directement à la D.C.H. Mais ce service n'était installé qu'à Yaoundé et ne pouvait exercer qu'un contrôle approximatif sur les émissions de Radio-Douala, d'autant plus que le faible rayon de ses émetteurs ne permettait pas une meilleure audition de ses émissions à Yaoundé. Le contrôle était en effet exercé par l'administrateur-maire de Douala, délégué du Haut-Commissaire de cette ville. Pendant longtemps, la proximité de Radio-Brazzaville et la diffusion de ses émissions sur tout le Cameroun avaient donné au poste de radiodiffusion du pays un intérêt local. D'après les autorités, son importance ne devait exiger une organisation autonome, ni dans le domaine technique, ni dans celui des émissions et de l'Administration. Sous réserve du recrutement d'un personnel spécialisé et de la construction des bâtiments adaptés, le poste de radiodiffusion du Cameroun dépendait du service radioélectrique, pour ce qui était de l'entretien du matériel et du fonctionnement de l'émetteur. * 26 ANY, 3.AC1465, relations entre la radiodiffusion française avec les territoires d'Outre-Mer, 1948-1953, pp.4-7. * 27Accord de Tutelle, in Daniel Abwa, Commissaires et Hauts-Commissaires français au Cameroun (1916-1960), Yaoundé, Presses de l'Université Catholique d'Afrique Centrale, 1998, p.15-16. * 28 Les Camerounais, à l'instar des populations africaines en général, s'étaient longtemps accoutumés à la transmission d'informations et d'idées par l'oralité, et la radiodiffusion semblait être le moyen de communication le plus adapté à ce contexte à l'époque coloniale. * 29 Soucadeaux, Gouverneur du Cameroun, Déclaration devant l'A.R.CAM., in A. Kwa Mbanga, La Radiodiffusion dans le Processus de Développement, Bry-sur-Marne, I.N.A., Polycopié, 1980, p.40. |
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