2.2.5. Le potentiel de
régénération du miombo
La dynamique de la végétation du miombo
katangais n'a pas été étudiée depuis plusieurs
décennies et son étude actuelle devient de plus en plus difficile
suite à l'abattage des arbres pour produire du makala.
Il existe deux grands types de reproduction : la reproduction
végétative et la reproduction sexuée. Cette
dernière s'effectue par graine, alors que la première
représente une régénération sur du matériel
végétal déjà existant. Il existe quatre types de
reproduction végétative : à partir d'une tige ou souche,
à partir de tiges souterraines (rhizomes), à partir de racines ou
reproduction opportuniste sur des branches (Timberlake, Chidumayo et al.
2010).
Selon Hosier (1993) et Ribot (1993), le taux de reproduction
dépend du type de forêt claire, des précipitations, de la
gestion du feu et de la pression de l'herbivorie. Selon Timberlake et
al. (2010), la capacité pour une espèce de se reproduire
végétativement dépend des perturbations endurées :
l'herbivorie, le passage du feu, les inondations, l'abattage des arbres ou
encore la sécheresse. Cette capacité dépend aussi de
l'âge et de la taille de l'arbre, ainsi que du type et de la
sévérité de la perturbation. Le feu semble être le
facteur le plus influent : en effet, l'importance de
régénération d'une espèce va varier en fonction de
cette espèce mais également de la fréquence de passage du
feu (Timberlake, Chidumayo et al. 2010).
Concernant la capacité de reproduction après
production de makala, la période de retour des « charbonniers
» sur un site entre deux abattages varie selon la région. En Zambie
par exemple, cette dernière varie entre 20 et 30 ans. Globalement, cette
période de temps est estimée entre 8 et 23 ans (Malimbwi,
Chidumayo et al. 2010).
Une étude a été menée sur la
capacité de développement des forêts claires à
Brachystegia-Julbernardia après abattage en Zambie (Chidumayo
2004). Cette dernière a démontré qu'il y avait des
recépages sur souche dans tous les sites. Le taux de survie des souches
et/ou troncs était supérieur dans les sites où une
dégradation avait déjà eu lieu que dans les forêts
anciennes. Cette étude a également montré que le passage
du feu réduisait la richesse spécifique de ces forêts. Plus
particulièrement, les Uapaca spp. tolèrent moins le
passage du feu que les espèces caractéristiques de la forêt
claire. Cette constatation remet en cause le statut de stade précurseur
des fourrés à Uapaca spp. Selon cette étude,
l'idéal, pour une production « durable » de charbon de bois,
est de procéder à l'abattage des espèces propices au
recépage sur souche.
Peu d'études phénologiques ont été
menées sur les espèces de cet écosystème et leur
capacité de reproduction, sans doute à cause de l'importante
variabilité de celles-ci en fonction des lieux, du climat, des passages
de feux et de tous les autres facteurs pouvant influencer cette reproduction
(Bellefontaine, Gaston et al. 1997).
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2.3. Le sanctuaire de Mikembo 2.3.1. Le
projet
Dans un projet beaucoup plus large que la problématique
de la disparition de la faune et de la flore, l'asbl Mikembo, en association
avec BAK5, portant ce projet a débuté en 2002. Les
objectifs globaux sont la promotion du développement
socio-économique des populations rurales du Sud-Katanga et la protection
de l'environnement naturel de cette région, tant en ce qui concerne la
faune que la flore et se construit selon six axes, dont un axe «
faune-flore » (Mikembo 2002).
Le sanctuaire de Mikembo s'inscrit dans le volet faune-flore.
Il se situe à une trentaine de kilomètres au nord-est de
Lubumbashi. Sa superficie totale est de 442 ha. Il comprend trois villages, un
camp et un lac. Le projet en place est un projet pilote unique dans les
forêts claires du Katanga. Dans un terrain avec des zones
dégradées par l'agriculture ou par la production de makala et
avec des zones forestières, plusieurs espèces de la grande faune
native ont été réintroduites afin de recréer
l'écosystème originellement présent au Katanga. Les
responsables de l'asbl ont comme projet d'ensuite recréer ce projet sur
une zone plus grande et peut-être ainsi développer un tourisme de
vision et/ou de chasse.
Ce projet unique est une bonne base pour cette étude.
En effet, tous les éléments (faune et flore) sont réunis
et toute la zone a été mise en défens des activités
anthropiques (agriculture et makala) depuis la création de la
réserve.
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