DEDICACE
A Mon Cher oncle M. FEZEU
WAKEM Faustin, pour son assistance.
A feue ma mère TCHUANCHE
Marthe, à qui je dis un grand merci pour tout.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont principalement à l'endroit de
tous les enseignants et responsables de la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l'Université de Dschang pour leur
encadrement.
Mes remerciements vont particulièrement
au :
Professeur TCHOUPIE
André, qui a bien voulu guider mes premiers pas dans le
domaine bien difficile mais passionnant de la recherche, mais aussi pour tous
les conseils, la documentation et surtout la rigueur qu'il n'a cessé
d'afficher à mon égard.
Professeur FOBANJONG John, pour ses
encouragements, ses conseils et son soutien.
Docteur POKAM Hilaire de Prince, pour son
soutien et ses encouragements qui n'ont cessés de me galvaniser.
Docteur DOUNKENG Zélé
Champlain, pour les nombreux documents qu'il a mis à ma
disposition, pour ses encouragements et conseils.
Docteur MOYE Godwin, pour ses
précieux conseils.
Docteur NGUEKEU Pierre, pour
ses conseils et encouragements.
J'exprime ma profonde gratitude à Maman
TCHOUFFANG Anne, pour tout ce qu'elle a fait pour moi.
J'exprime également ma sincère gratitude
à Mademoiselle YIAGNIGNI MFOPA
Marlise, pour tout le soutien et l'affection qu'elle n'a
cessé de me témoigner.
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS
ADD : Alliance pour la Démocratie et le
Développement
AFP : Alliance des Forces Progressistes
ANDP : Alliance Nationale pour la Démocratie et le
Progrès
CEAN : Centre d'Etude d'Afrique Noire
DIC : Démocratie Intégrale du Cameroun
Dir. : Dirigé par ou sous la direction
ELECAM : Elections Cameroon
FNSC : Front National pour le Salut du Cameroun
IBID. : Dans le même texte, au même
endroit
LA DYNAMIQUE : Dynamique pour la renaissance Nationale
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de
jurisprudence
MDR : Mouvement pour la Défense de la
République
MLJC : Mouvement pour la Libération de la Jeunesse
Camerounaise
MP : Mouvement Progressiste
N° : Numéro
ONEL : Observatoire National des Elections
Op.Cit : Opuscule précité
P. : Page
Pp. : Pages
PUF : Presses Universitaires de France
RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais
SDF : Social Democratic Front
UDC : Union Démocratique du Cameroun
UFDC : Union des Forces Démocratiques du
Cameroun
UMS : Union des Mouvements Socialistes
UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le
Progrès
UPC : Union des Populations du Cameroun
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : LA CONSTRUCTION PRATIQUE DE
L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
21
CHAPITRE 1 : LA
CONSTRUCTION DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL AU MOMENT DE L'INSCRIPTION SUR LES
LISTES ELECTORALES
23
SECTION 1 : LE DEVELOPPEMENT DES PRATIQUES
SUSCEPTIBLES D'ENCOURAGER LA NON-INSCRIPTION VOLONTAIRE
24
SECTION 2 : LA MULTIPLICATION DES SOURCES DE
LA NON-INSCRIPTION INVOLONTAIRE
48
CHAPITRE 2 : L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL AU
MOMENT DE L'ELECTION
60
SECTION 1 : L'ORCHESTRATION DU DYSFONCTIONNEMENT DU
PROCESSUS ELECTORAL
60
SECTION 2 : UNE CONSTRUCTION MARQUEE PAR
L'INFLUENCE DES PESANTEURS SOCIO-ECONOMIQUES ET DU FAIBLE IMPACT DE LA CAMPAGNE
ELECTORALE
77
DEUXIEME PARTIE : DE LA FLORAISON DES
EFFETS PERVERS DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL A LA MULTIPLICATION DES
TENTATIVES DE SA NEUTRALISATION
101
CHAPITRE 1 : LA FLORAISON DES EFFETS PERVERS
DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
104
SECTION 1 : ABSTENTIONNISME ELECTORAL ET
DELEGITIMATION
105
SECTION 2 : LES BALBUTIEMENTS DE LA DEMOCRATIE
REPRESENTATIVE
115
CHAPITRE 2 : LA MULTIPLICATION DES TENTATIVES
D'ERADICATION DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
123
SECTION1 : LA MOBILISATION DES RESSOURCES
EXPRESSIVES ET INCITATIVES
124
SECTION 2 : LA MOBILISATION DES RESSOURCES
REDISTRIBUTIVES ET COERCITIVES
139
CONCLUSION GENERALE
152
INTRODUCTION GENERALE
Le pluralisme politique, fut-il imparfait, constitue un
nouveau paradigme politique produisant des effets de croyances, de
représentations et d'actions qui influencent en dépit de
l'éventuelle stabilité des dirigeants (Sindjoun,
1999 :269). Il en résulte que, l'un des effets majeurs du
pluralisme politique au Cameroun, est la construction de l'abstentionnisme
électoral car, c'est avec le retour du pluralisme politique que ce
phénomène est devenu autant considérable par ses
proportions. Pourtant, il est nécessaire que la participation
électorale soit importante dans un système démocratique,
étant donné que seule la performance participative des acteurs
détermine la performance de tout le système et facilite
l'enracinement de la démocratie (Kamto, 1999 :101). Dans le cas
contraire, l'interrogation de Mme Judith Shklar sur une certaine ironie dans le
paradoxe d'une citoyenneté démocratique idéale qui ne
séduit pas les gens qu'elle est supposée servir1(*) prend tout son sens, alors que
l'un des hauts faits de la démocratie à travers l'histoire a
été la lutte des exclus pour acquérir la pleine
citoyenneté et avoir le droit de voter (Elan Tchoumbia, 2004 :56).
Dès lors, qu'est-ce qui peut expliquer le non-vote de certains
Camerounais, vu qu'il est difficilement admissible que des citoyens choisissent
de ne pas s'exprimer et de se taire volontairement (Nna, 2009 :341).
L'abstention électorale n'est donc pas un vote comme les autres car,
elle constitue une réponse négative à une offre politique
à un moment donné dans une conjoncture particulière
(Subileau, 1997 :245). En général, l'abstentionnisme
électoral se justifie par l'incapacité de la classe politique
dans son ensemble à résoudre les problèmes
économiques et sociaux, traduisant de fait l'hostilité des
citoyens à l'égard du personnel politique qui ne songe
qu'à conserver le pouvoir, les élections étant alors
perçues comme un leurre dénué de toute réelle
signification sociale et politique (Subileau,1997 :258). L'abstentionnisme
électoral dans cette perspective traduit le comportement du
« peuple-veto », qui manifeste plus la
puissance de son refus que son souci d'autoriser et de légitimer. C'est
une figure de
« contre-démocratie »c'est-à-dire,
de l'âge de
la « désélection » (Perrineau,
2006 :38) ; or, la
« contre-démocratie » n'est pas le
contraire de la démocratie, mais plutôt la forme de la
démocratie qui contrarie l'autre. En d'autres termes, la
démocratie de la défiance face à la démocratie de
la légitimité électorale2(*) selon M.Rosanvallon. Dans tous les cas,
l'abstentionnisme électoral exprime tantôt un
« défaut d'intégration
politique », tantôt une forme
de « contestation politique » ou encore, un
« comportement stratégique ou
rationnel »3(*). En conséquence, plusieurs approches peuvent
expliquer l'abstentionnisme électoral.
Les approches sociologiques donnent du phénomène
des explications quasi- déterministes en soulignant les convergences
entre statut social et participation électorale, bien que les politistes
préfèrent insister sur les liens de causalité entre
l'impact des enjeux politiques, le contexte et l'échelle de la
participation électorale4(*). C'est ainsi qu'Alain Lancelot, s'inspirant des causes
explicatives du suicide, a pu établir celles de l'abstentionnisme
électoral5(*). En
effet, si Emile Durkheim avait démontré que les gens qui se
suicidaient n'étaient pas intégrés à la
société, Alain Lancelot suivant la même démarche,
démontre qu'il y'a une forte corrélation entre l'abstentionnisme
électoral et le défaut d'intégration sociale. Pour ce
dernier, l'abstentionnisme électoral est lié au défaut
d'intégration sociale7(*) des citoyens. Ces approches mettent donc l'accent sur
les structures et les régularités du comportement
électoral. Elles cherchent à expliquer l'orientation de
l'abstentionnisme électoral par l'appartenance des individus à
une époque, à une société, à un territoire
ou à un milieu donné (Mayer, 1997 :16). Il convient alors de
noter que, les approches sociologiques ou holistes comme celles
développées par les écoles de Columbia et de Michigan aux
Etats-Unis, postulent que le comportement électoral est le produit du
milieu d'appartenance de l'électeur saisi dans sa dimension sociale,
économique et culturelle. Pour ces écoles, les choix politiques
obéissent aux normes collectives propres aux groupes d'appartenance dans
lequel l'individu se meut (Kouamen, 2009 :32). Cependant, l'école
de Michigan avait orienté ses recherches sur la variable de
l'identification partisane qu'elle définit comme étant
l'attachement affectif durable de l'électeur à un parti
politique. Dès lors, ces différentes approches sociologiques et
écologiques récusent l'idée du citoyen
éclairé, autonome et capable de décider en toute
indépendance de ses orientations (Kouamen, 2009 : 41) politiques.
C'est la raison pour laquelle, Paul Lazarsfeld
estime qu' « une personne pense
politiquement comme elle est
socialement9(*) ». Mais, même s'il est vrai que
les modèles ci-dessus ont des impacts significatifs sur le comportement
électoral et peuvent par conséquent motiver l'abstention des
électeurs, il faut toutefois noter qu'ils font seulement
apparaître des prédispositions socialement façonnées
qui peuvent pousser l'individu à s'abstenir (Mayer, 1997 : 16).
Dans tous les cas, le vote des abstentionnistes va davantage
révéler plus de choses (Subileau, 1997 : 245) dont-il est
important d'en percer le mystère. A cet effet, la raison n'est pas
nécessairement dans le vote, mais plutôt dans l'abstention
(Lipset, 1963 : 5) ; puisque, si la raison du vote peut a priori
être connue, si on prend en compte les offres électorales, celle
de l'abstention n'est pas évidente. Toujours est-il que, si une partie
importante du corps électoral décide de s'abstenir c'est qu'elle
a certainement de bonnes raisons de le faire (Hastings, 1996 : 63). Ce qui
suppose que, l'abstention est souvent la conséquence d'un certain nombre
de calcul, d'où le problème de la rationalité de
l'électeur, formulé par les partisans de la
théorie du rational choice. Selon
ses défenseurs, l'abstentionnisme électoral peut-être
expliqué par le fait que, la probabilité pour qu'un vote influ
sur les résultats étant faible que les
« coûts » de participation, devrait
rationnellement dissuader les potentiels électeurs de se
déplacer ; ce qui entraîne l'inutilité du vote, parce
que l'influence de chaque vote est infinitésimale sur les
résultats électoraux (Lipset, 1963 :5). Dès
lors, nous comprenons pourquoi l'électeur peut-être tenté
de s'abstenir, ce qui illustre bien la rationalité de l'électeur.
En fait, la particularité de l'électeur
« rationnel » ou
« stratège » est qu'il est
débarrassé de toutes formes d'allégeance le
prédisposant à un choix électoral déterminé.
Dans cette logique, son choix électoral est fonction du contexte, des
enjeux et de ses intérêts. C'est un électeur
« éclairé », qui fait son
« marché », il est instable, étant
donné qu'il peut donner une explication à son abstention. Il est
politisé c'est-à-dire « dans le
jeu » parce qu'il est capable de produire un jugement
articulé, cohérent et stable (Blondiaux, 1996 : 756).
Contrairement à l'électeur
« flottant » qui ne peut expliquer son choix
électoral vu sa méconnaissance de la politique10(*), il est dit
« hors du jeu ». De même,
la rationalité de l'abstentionniste peut s'expliquer par la
montée de « l'individualisation » qui n'est
pas l'individualisme. L'individualisation est la culture du
« chacun son choix » et non la
culture du « chacun pour soi »
comme l'individualisme. Avec
« l'individualisation », les choix
électoraux ne sont pas automatiques, ils font l'objet.
d'hésitations chacun estimant avoir le droit de faire ses propres
expériences. L'individualisation correspond donc, à la
rationalisation des choix électoraux (Brechon (a),
2007 : 1). Ceci étant, la rationalité conduit les citoyens
à moins se préoccuper de la victoire d'un camp ou de son
orientation politique, que de ce qu'ils pourraient retirer de leurs votes
(Gaxie, 2000 : 43) parce qu'ils votent dans l'optique de ressentir les
effets de cet acte dans leur vie quotidienne. C'est la raison pour laquelle, M.
Nietzsche pense que, les citoyens ont le droit de restituer le suffrage
universel, s'il ne donne pas satisfaction à leurs espoirs11(*). De toute évidence, la
construction de notre objet de recherche s'impose (I) avec la même
importance que le déploiement des procédés d'analyses
(II).
I- LA CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ETUDE
Il est question dans la construction de l'objet de prendre en
compte la représentation rationnelle comprenant les attributs essentiels
d'une classe de phénomène (Grawitz, 1996 : 18) car,
l'emprise des notions communes est si forte que, toutes les techniques
d'objectivation doivent être mises en oeuvre pour accomplir effectivement
une rupture (Bourdieu et als, 1983 : 28). Dans cette logique, nous
procedérons au préalable par la clarification conceptuelle et
ensuite par l'abstraction du domaine factuel d'analyse.
A- LA CONSTRUCTION
SUR LE PLAN CONCEPTUEL : comment approcher le phénomène de
l'abstentionnisme électoral ?
L'abstentionnisme électoral peut être
analysé comme la non-participation des électeurs à un vote
auquel ils sont convoqués (Alcaud et als, 2004 : 1). En effet,
à l'occasion d'une élection, une partie non négligeable de
l'électorat peut, pour plusieurs raisons, décider de ne pas y
participer. Dans le cas du Cameroun, il ne s'agit pas de la violation d'une
règle de droit, mais du manquement à un devoir civique. Leur
pourcentage lorsqu'il est important et parfois plus élevé que
celui des votants, effrite de manière sérieuse la
légitimité des gouvernants. Il en résulte que, le taux
d'abstention est le rapport de la différence entre le nombre
d'électeurs inscrits et le nombre de votants sur cent (Bournet,
2004 : 1). De manière concrète, l'abstention
électorale renvoie aux électeurs qui exercent leur droit en
choisissant de ne pas voter (Lipset, 1963 : 13). C'est un droit dont
l'exercice peut être considéré comme contradictoire
à l'exercice du devoir de citoyen qui est généralement
encouragé et parfois sacralisé ; ce qui bien sûr
n'empêche pas certains citoyens d'y renoncer très souvent de
manière « conjoncturelle » ou
« systématique » selon les cas.
L'abstentionnisme électoral préconise donc la
non-participation à l'élection (Barbet, 2007 :3), faisant de
celui qui s'abstient dans une votation un abstentionniste. Au-delà de
cette interprétation, il est important de rappeler l'origine de cette
trilogie : de l'abstention, l'abstentionniste et l'abstentionnisme. En
effet, comme l'abstentionniste, l'abstentionnisme est dérivé du
mot « abstention » qui signifie dans son acception
le plus large, « L'action de
s'abstenir dans l'exercice d'une
fonction, d'un droit » (Barbet,
2007 : 3). Cependant, « abstention » tout
comme « abstinence », vient de la souche
« abstinere » (d'origine latine) ; mais,
tandis que « abstinence » conservera le sens de
privation notamment religieuse, l'abstention quant
à elle prendra progressivement à partir de 1866
plutôt un sens politique (Barbet, 2007 : 3). C'est donc à
partir du mot « abstention » que dériveront
les mots « abstentionnisme » et
« abstentionniste » qui, d'emblée, seront
dotés d'une signification principalement et exclusivement politique, du
fait qu'ils désignent des individus non concernés par le
développement du fait électoral (Barbet, 2007 : 4). C'est en
passant peut-être par l'abstention des élus dans les
assemblées qu'on est venu à parler de l'abstention des
électeurs et que, par analogie et élargissement, le terme a
été retenu pour désigner le non-vote de certains citoyens
(Barbet, 2007 : 4). Autrement dit, l'attitude d'un citoyen en âge de
voter qui ne se déplace pas pour voter alors qu'il est invité
à le faire par le système politique (Brechon(a), 2007 : 1).
Néanmoins, en définissant l'abstentionnisme électoral
stricto sensu, c'est-à-dire par rapport aux inscrits qui ne votent pas,
on sous évalue le phénomène et partant le taux
d'abstention ; il en résulte que, les non-inscrits faussent
largement le taux d'abstention (Bournet, 2004 : 1). C'est fort de ce
constat que nous avons été amenés à envisager les
non-inscrits comme des abstentionnistes surtout dans un pays comme le Cameroun
où l'inscription sur les listes électorales est un droit12(*) ; contrairement à
la France où elle est plutôt une obligation qui se fait d'ailleurs
de façon automatique sauf en cas de changement d'adresse13(*). Au regard de ces analyses, il
serait pertinent de considérer l'abstentionnisme électoral dans
son sens large, c'est-à-dire en y incluant d'une part les non-inscrits
(Lipset, 1963 : 8) qui constituent généralement l'essentiel
des abstentionnistes, les votes nuls14(*) et d'autre part ceux qui ne se déplacent pas
pour aller voter alors qu'ils sont inscrits sur les listes électorales.
En ce qui concerne les votes nuls, M. Delwit (1993 : 6) pense que, parce
qu'ils n'expriment pas des votes pour une des forces politiques en
compétition ils sont rangés parmi les abstentions.
Par ailleurs, l'abstentionnisme électoral
peut-être, soit conjoncturel, soit systématique. S'agissant de
l'abstentionnisme « conjoncturel », il est
généralement lié à la conjoncture politique,
au contexte électoral, à la nature de l'élection et
à ses enjeux (Kouamen, 2009 : 99) qui sont les facteurs majeurs
pouvant déterminer ce phénomène. Les citoyens qui
pratiquent ce type d'abstentionnisme sont politisés et
généralement majoritaires, contrairement aux abstentionnistes
« constants » ou
« systématiques » qui, d'après Anne
Muxel (2007 : 49), sont des électeurs « hors
du jeu » puisqu'ils ne s'intéressent pas
à la politique, ne se sentent proches d'aucun parti politique et restent
loin de toute forme de participation politique, trahissant leur faible
degré de politisation. Parallèlement, Françoise Subileau
(1997 : 259) met en exergue
l'abstentionnisme « protestataire » qui
exprime plus le rejet du système politique tel qu'il fonctionne et
s'apparente au vote contre le système politique, social et à
l'offre politique (Perrineau, 2006 : 33) ; il se rapproche de
l'abstentionnisme « hors du
jeu ». Il en ressort que, l'abstentionnisme électoral
est une forme de participation électorale dans laquelle, sans prendre
part au vote, les électeurs utilisent l'occasion du vote pour exprimer
un mécontentement ou un découragement (Nna, 2009 : 344).
Ainsi, comme ce phénomène traduit un choix de la part des
citoyens, nous pouvons le rapprocher de
« l'escapisme » qui signifie que face à la
volonté du régime d'obliger les citoyens à le
légitimer au travers d'élections, ceux-ci vont recourir à
l'abstentionnisme électoral qui, loin d'être un acquiescement
silencieux, peut être perçu comme une forme de contestation
(Alcaud et als, 2004 : 4). Toutefois, c'est un phénomène qui
n'est pas toujours volontaire puisqu'il est parfois involontaire ou même
forcé. En tout état de cause, s'il remet en cause
l'universalité du suffrage, il ne s'apparente cependant pas à un
suffrage restreint, mais correspond plutôt à un impératif
démocratique et ne saurait être assimilé au suffrage
censitaire (Lipset, 1963 : 14).
En définitive, les non-inscrits sont
nécessairement des « abstentionnistes
obligatoires » (Lipset, 1963 : 8) bien que la
non-inscription sur les listes soit insensible aux circonstances du vote
(Panke-shon, 2007 : 3). De même, le vote nul, parce qu'il
n'exprime aucun vote pour l'une des forces politiques en compétition,
est assimilé à l'abstentionnisme électoral. Ainsi entendu,
le concept de l'abstentionnisme électoral sera examiné dans son
sens large, c'est-à-dire, en prenant en compte la non-inscription sur
les listes électorales, le vote nul et le non-vote des électeurs
inscrits sur les listes électorales. Ce qui nous conduit
préalablement à l'abstraction de son domaine factuel
d'analyse.
B- ABSTRACTION DU DOMAINE FACTUEL D'ANALYSE
L'abstraction du domaine factuel d'analyse nous permet de
sélectionner les faits qui seront au centre de notre étude. Cette
sélection se réalise par l'adoption d'une approche
théorique pour traiter le problème suivant un fil conducteur.
C'est ainsi que nous présenterons d'une part la problèmatique et
d'autre part l'hypothèse.
1-Problématique
L'élection constitue le principe de base des
démocraties représentatives, car elle assure aux gouvernants la
légitimité politique (Nna, 2009 : 339) dont ils ont besoin
pour agir au nom du peuple. Or, cette légitimité ne se transmet
que par la participation massive du peuple au vote de ses dirigeants. Le vote
est dans cette logique un mode pacifique de transmission du pouvoir. A cet
effet, par lui le peuple renonce à la violence car, il est un moyen de
pacification de l'action politique15(*). En permettant d'exprimer fidèlement la
souveraineté du peuple, le vote acquiert les attributs symboliques du
sacré, débouchant alors sur un ordre conventionnel
qui « désarme la
violence » (Ihl, 1993 : 6).
Ainsi, au-delà de la légitimité
politique, le vote à travers son caractère concurrentiel permet
aux partis politiques de mesurer leur importance après le
décompte des voix (Owona Nguini, 1997 : 221), d'acquérir une
notoriété sur la scène politique et électorale. Au
regard de ces aspects, le vote est donc un instrument important de la
démocratie, surtout lorsque le peuple dans sa majorité est
impliqué ; sinon, il sera considéré comme un simple
sondage d'opinion de moindre qualité (Lipset, 1960 : 15) puisqu'il ne
permet pas, dans cette perspective, à l'ensemble des citoyens de
s'exprimer, mais plutôt à une portion parfois très
négligeable. Point n'est donc besoin de rappeler que la participation
massive des citoyens en âge de voter est vitale pour la
démocratie, car, elle constitue un indice de bonne santé pour la
démocratie (Lipset, 1960 : 4). Pourtant, de plus en plus, les
peuples sont de moins en moins représentés, ce qui se
matérialise par leur forte tendance à la pratique de
l'abstentionnisme électoral. En effet, c'est un phénomène
récurrent qui n'est pas particulier au Cameroun. Bref, à travers
le monde, malgré l'extension du droit de vote, un grand nombre de
citoyens en âge de voter continue de s'abstenir (Duval, 2005 : 01).
Concernant le Cameroun, depuis 199216(*), le vote n'est plus obligatoire comme ce fut le cas
pendant la période du monopartisme où les taux d'abstention
étaient faibles, étant donné que, les forces de l'ordre
avaient la possibilité lors d'un contrôle, de vérifier les
cartes d'électeur (Kamga, 1985 : 39-40) afin de s'assurer que les
citoyens étaient inscrits et qu'ils votaient effectivement malgré
le caractère non concurrentiel des élections. Néanmoins,
depuis les premières élections pluralistes post- parti unique, le
Cameroun connait des taux d'abstention de plus en plus importants, suscitant
moult interrogations ; car, si le vote a pour fonction latente de
légitimer le pouvoir des dirigeants, l'abstention quant à elle
peut signifier la disqualification de l'ensemble de la classe politique aux
yeux des masses (Afom Ndong, 2007 : 98). Ce qui entraine des
interrogations sur les explications et les diverses conséquences de
l'abstentionnisme électoral. C'est pour cette raison que, partant de
l'analyse d'André Sigfried selon laquelle il n'y a pas d'explication
unique du vote17(*), on
peut par analogie dire qu'il n'y a pas d'explication unique de
l'abstentionnisme. Toujours est-il que, selon Parfait Songué : il y
a une forte démobilisation électorale au Cameroun qui date de
199018(*). C'est pourquoi
depuis 1992, l'un des enjeux principaux de l'élection est la
participation, vu la configuration significative de l'abstentionnisme
électoral existant désormais au Cameroun (Owona Nguini,
1997 : 721) qui, d'une manière comme d'une autre pose parfois le
problème de la légitimité des dirigeants et des
institutions républicaines, justifiant pourquoi : même les
régimes les plus liberticides s'enorgueillissent du taux de
participation électorale remarquable (Lipset, 1963 : 18). Il n'est
donc pas superflu de s'interroger sur le pourcentage de participation des
citoyens au vote, même si nos représentants ont été
élus (Nna, 2009 : 344) et agissent au nom, en lieu et place de
l'ensemble des citoyens, même de ceux qui n'ont pas pris part au vote.
Dans cette logique, on n'est plus tenté de s'interroger sur la
volonté populaire exprimée par la participation, mais sur celle
exprimée dans la non-participation c'est-à-dire sur le refus des
citoyens de prendre part aux votes auxquels ils sont convoqués. Bien que
les forts taux d'abstention ne soient pas de nature à affecter en
pratique la stabilité d'un régime,19(*) l'abstentionnisme
électoral est analysé comme le refus des abstentionnistes
d'appartenir à la communauté électorale nationale. En
effet, le fait de voter signifie au-delà de l'expression d'un choix, que
celui-ci ait une motivation morale ou politique et qu'on continue de faire
partie de la communauté politique nationale (Blondiaux,
1996 112).
L'abstentionnisme électoral constitue la preuve
que, la plupart des citoyens ont compris qu'ils ne font plus l'histoire
politique du pays et en conséquence ils se désintéressent
de l'élection (Bouthoul, 1969 : 19). Faute de ne pas y trouver
leur compte, une partie non négligeable des citoyens se détourne
du vote, sans intention de remettre en cause l'idéal démocratique
auquel ils sont attachés, même s'ils ne croient plus
forcément au vote qui en est l'un des piliers fondamentaux. Cette
situation est révélatrice d'un
« malaise » soit de la politique, soit de la
représentation, soit des citoyens (Barbet, 2007 : 1). Dans tous les
cas, malgré les efforts de mobilisation, les camerounais sont de plus en
plus nombreux à renoncer à leur droit de vote. En somme, les
élections « made in
Cameroun » ont toujours un grand vainqueur : c'est
l'abstention, étant donné que le grand absent c'est le corps
électoral qui est toujours réduit à son expression la plus
chétive (Kamga, 1999 : 69). C'est au regard de toutes ces analyses
que nous avons été amenés à nous interroger sur la
question de savoir comment les acteurs sociopolitiques construisent-ils le
phénomène de l'abstentionnisme électoral au Cameroun
depuis le retour du multipartisme et quelle est l'influence de cette
construction sur la dynamique sociopolitique du pays ?
2-Hypothèse
L'hypothèse constitue une proposition de
réponse à la question posée et tend à formuler une
relation entre des faits significatifs (Grawitz, 1996 : 18). Celle sur
laquelle reposera notre étude est la suivante :
Les acteurs du champ sociopolitique camerounais construisent
volontairement et involontairement l'abstentionnisme électoral à
travers diverses actions et interactions. Ce qui débouche sur une
multiplication des effets pervers et suscite la production des
mécanismes de sa neutralisation. Dès lors, l'étude de la
construction de ce phénomène impose que nous adoptions des
procédés d'analyse rigoureux.
II- PROCEDES D'ANALYSE
L'objectif de la recherche scientifique n'est pas seulement de
rendre la réalité accessible mais aussi d'y accéder de
façon compréhensible à travers des analyses
méthodiques capables de rendre le raisonnement plus clair. Il est donc
important pour nous de relever les éléments permettant de valider
le caractère scientifique de la recherche. A cet effet, nous
envisagerons d'une part les méthodes et d'autre part les techniques.
A- LES METHODES
Les méthodes constituent un ensemble de normes
permettant de sélectionner et de coordonner les techniques (Grawitz,
1996 : 318). Elles permettent ainsi d'organiser le travail afin de
favoriser sa bonne compréhension à travers un cheminement clair.
En conséquence, sans méthodes, il est difficile de saisir la
réalité scientifique (Grawitz, 1996 : 317). C'est la
raison pour laquelle le choix des méthodes ne se fait pas au hasard
sinon on ne parviendrait pas au résultat escompté. Il en
résulte que la sélection de chaque méthode est liée
aux particularités que chacune d'elle possède car il ne suffit
pas seulement d'être une méthode pour servir à toutes les
démonstrations. Dans cette perspective, à coté du
constructivisme, entre aussi en jeu l'interactionnisme stratégique.
1- Le constructivisme
L'analyse constructiviste met en relation la production, la
reproduction des pratiques et usages sociaux avec leurs caractères
situés dans les contextes particuliers (Klotz et Lynch, 1999 : 51).
Elle nous permet d'appréhender les réalités sociales comme
le fruit des acteurs sociaux conditionnés par la conjoncture qui
prévaut lors de la construction. Elle permet également d'observer
la manière et de comprendre comment les agents sociaux et les structures
se construisent réciproquement. Dans cette optique, les
réalités sociales sont appréhendées comme des
constructions historiques et quotidiennes des acteurs individuels et collectifs
(Corcuff, 1995 : 17). De ce fait, les pratiques et symboles des acteurs
participent à la production et à la reproduction des
réalités sociales. Bien plus, la réalité sociale
est une construction fondée sur l'interaction entre les agents
sociaux.
Le constructivisme repose donc sur l'idée que nos
représentations, nos connaissances, ou les catégories structurant
ces connaissances, ces représentations ne sont que le produit de
l'entendement humain et non le reflet exact de la
réalité20(*). En outre, la réalité sociale est
dotée d'une autonomie qui l'amène en retour à
déterminer l'existence des agents sociaux qui l'ont produite (Tchoupie,
2004 : 43). Cependant, cette construction ne dépend pas souvent de
la volonté des acteurs. De ce fait, comment ne pas reconnaître que
les agents sociaux ont la capacité et la volonté d'adopter des
attitudes délibérées à l'égard du monde et
de lui donner sens ? Ainsi, cette approche tend à écarter la
recherche des lois générales et universelles à partir
desquelles serait expliqué le particulier, pour ne mettre l'accent que
sur l'individu, sur son action, sur ses choix et sur l'impact de ses choix
(Tchoupie, 2004 : 44). Elle est fondée sur les
particularités de la réalité observable et met en
évidence ses traits significatifs. C'est cette capacité qui
permet de donner naissance aux réalités sociales21(*). Or, ce rôle important
des acteurs dépend généralement de leur identité et
détermine leurs agissements. Bien que ce que pensent et souhaitent
pouvoir accomplir les acteurs guident leurs actions, il n'est pas possible
d'admettre dans ces conditions que les normes ou les institutions naissent dans
le vide (Klotz et Lynch, 1999 : 59). En plus, cette méthode a
l'avantage de permettre la quantification et l'utilisation d'échelle
numérique et des données statistiques car, l'utilisation
d'échelle numérique permet d'évaluer le degré de
déviation par rapport aux limites idéales (Cazeneuve, 1976 :
95-97). Malgré le fait que les réalités dans lesquelles
nous vivons sont conceptualisées par le constructivisme comme
socialement construites22(*), cette méthode objecte l'impossibilité
de rencontrer la discontinuité dans la réalité (Bourdieu,
2000 : 93). Elle donne la possibilité d'expliquer l'origine des
intérêts et les conditions dans lesquelles ces acteurs agissent.
D'où la question de savoir qui sont les acteurs et que font-ils
d'important (Klotz et Lynch, 1999 : 57). Par cette méthode, il sera
aisé de mettre de l'ordre dans les données de l'expérience
et sa fonction est de permettre les descriptions en terme qui les rendent
comparable afin que, appliquée à un cas particulier, elle
permette de prévoir avec une certaine probabilité ce que l'on
peut attendre dans d'autres cas (Cazeneuve, 1976 : 95).
L'application du paradigme constructiviste à l'analyse
du phénomène de l'abstentionnisme électoral nous permettra
de démontrer non seulement comment les acteurs (individuels et
collectifs) sociopolitiques camerounais, dans leurs actions historiques et
quotidiennes, participent non seulement volontairement ou involontairement
à la construction du phénomène, mais aussi comment
l'abstentionnisme électoral construit à son tour les acteurs. Ces
derniers sont dans une lutte politique qui est une lutte pour maintenir ou
changer la vision du monde social en conservant ou en modifiant les
catégories de perception du monde, en travaillant à la
constitution d'un sens commun (Bourdieu, 2000 : 19). Mais, si les acteurs
sont au coeur de la construction, celle-ci tend souvent à les
échapper. Dans tous les cas, par leurs usages, pratiques, symboles
quotidiens et historiques, les acteurs participent à la production et la
reproduction de l'abstentionnisme électoral puisque, selon Alfred
Schutz, les phénomènes sociaux sont construits,
institutionnalisés et transformés en traditions23(*) .
En définitive, le constructivisme contribuera à
l'examen de l'implication effective des agents sociaux dans une permanente
dialectique de construction et de déconstruction (Tchoupie, 2004 :
45) de l'abstentionnisme électoral. Cependant, il sera important de
souligner la conjoncture particulière qui prévaut dans le
processus de construction et sa logique interactionniste.
2- L'interactionnisme stratégique
L'analyse stratégique fait appel à
l'identification des acteurs, à la compréhension de leurs enjeux,
aux différents pouvoirs dont ils disposent pour les faire valoir et
à l'identification des zones d'incertitude sur lesquelles ils s'appuient
(Morin, 2002 : 58). L'interactionnisme postule alors la prise en
considération des sujets en tant qu'acteurs susceptibles de choix,
d'initiatives, de stratégies ; il fait de l'acteur individuel une
unité d'analyse (Ansart, 1990 : 217). L'importance est donc mise
ici sur les acteurs, leurs interactions et leurs enjeux. C'est dans cette
logique que M. Crozier estime que, chaque acteur est un stratège parce
que chacun d'eux se réfère à ses propres enjeux et
détient un pouvoir suffisant pour s'efforcer de les atteindre
grâce à ses compétences, ses informations, sa connaissance
des règles internes, tout en exploitant leurs zones d'incertitude pour
faire valoir ses enjeux et préserver une part d'autonomie24(*). Il convient cependant de
préciser que les zones d'incertitude sont des éléments
utiles pour un acteur même si le contrôle lui échappe
(Rojot, 2003 : 22). Ce qui implique la nécessité de les
maîtriser. Dans tous les cas, les acteurs dans leurs interactions et
profitant de leur position, cherchent à imposer leur volonté aux
autres. Tirant ainsi avantage de leur position ils ont une volonté de
s'adapter, vu que l'importance est la préservation de leurs
intérêts. Ils ont donc un comportement actif.
Les acteurs dans ce cas sont soit des individus, soit des
groupes dont le niveau hiérarchique importe peu (Rojot, 2003 :
216). L'intervention d'un acteur dans le système dépend de
l'intérêt qu'il recherche. Etant donné que les interactions
entre les acteurs se jouent comme une pièce, ce qui leur permet
d'effectuer des adaptations opportunistes au système au lieu de
l'innovation volontariste dans la création (Morin, 2002 : 59). Ceci
étant, les interactions visent des objectifs, justifiant la
non-gratuité d'un acte (Rojot, 2003 : 217). Dans cette perspective,
pour atteindre leurs objectifs, les acteurs entretiennent entre eux une
multitude d'échanges en vue d'obtenir des choses matérielles ou
non matérielles. Cependant, ceux-ci doivent posséder des
ressources qui vont leur permettre d'y arriver tout en gardant à
l'esprit que les objectifs varient en fonction des contextes. Ces ressources
sont inhérentes à certains acteurs et extérieures à
d'autres. C'est la raison pour laquelle le choix des ressources n'est pas
neutre. En général, le caractère stratégique des
interactions procède du fait que chaque acteur doit savoir
évaluer les ressources disponibles dans la situation affrontée,
hiérarchiser ses objectifs en termes de préférence et
anticiper les réactions d'autrui susceptibles d'affecter le niveau des
profits et des coûts escomptés (Tchoupie, 2004 : 48). Par
ailleurs, les contraintes peuvent sérieusement compromettre les
objectifs des acteurs (Rojot, 2003 : 220).
En tout état de cause, les acteurs sont des
« stratèges » qui, pour parvenir à
leurs objectifs, doivent employer des stratégies
appropriées ; sachant que les stratégies leur permettent
d'élargir leur propre marge de manoeuvre, de comportement arbitraire
possible et à réduire celle des autres (Rojot, 2003 : 230).
Bien plus, la stratégie selon M. Bangoura n'est rien d'autre que,
l'ensemble des opérations intellectuelles et physiques indispensables
pour concevoir, préparer et conduire toute action collective ou
individuelle finalisée surtout dans le cadre d'une interaction25(*). Les stratégies sont
donc déterminantes pour les acteurs, leur absence causant des
difficultés dans la poursuite de leurs objectifs. Alors qu'elles exigent
de l'acteur qu'il soit rationnel dans le cadre de ses limites et de ses
perceptions (Rojot, 2003 : 223). C'est pour cela que M. Bourdieu
(1994 : 150) soutient que : « ...Les
agents sociaux ne font pas
n'importe quoi, qu'ils ne sont pas
fous qu'ils n'agissent pas sans
raison ». C'est la preuve que, les acteurs interagissent en
fonction de leur rationalité afin de profiter de leur position pour
imposer leur volonté aux autres qui, à leur tour, interagissent
aussi pour ne pas se voir imposer une volonté.
Ainsi entendu, l'interaction stratégique constituera
pour nous un instrument important dans l'analyse de l'abstentionnisme
électoral. Ceci nous permettra en effet, de rendre compte des
interactions entre les acteurs qui participent à la construction de
l'abstentionnisme électoral depuis le retour du multipartisme au
Cameroun. Cette méthode nous permettra de rendre également compte
des comportements stratégiques des acteurs, de savoir pourquoi ceux-ci,
dans leurs comportements, participent à travers leurs différentes
actions et interactions, à la construction de l'abstentionnisme
électoral. Ce qui n'est possible que si un certain nombre d'outils
organisés par les methodes, sont mis à la disposition de notre
étude.
B- LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES
DONNEES
La construction de l'objet n'accède à la
dignité scientifique que si elle se prête à l'application
des techniques (Bourdieu et als, 1983 : 53). Ces dernières, bien
que se limitant aux faits, constituent des moyens pour atteindre un but. Elles
ne sont donc que des outils mis à la disposition de la recherche.
C'est-à-dire des moyens matériels pour la collecte et le
traitement des données. A cet effet, nous utiliserons dans le cadre de
notre étude, les techniques documentaires et les techniques vivantes.
1- Les techniques documentaires
Les techniques sont des outils, des instruments
organisés par la méthode et mis à la disposition de la
recherche. Elles permettent de collecter et de traiter les données.
C'est pour cette raison qu'elles sont définies comme des
procédés opératoires rigoureux bien définis,
transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau
dans les conditions adaptées au genre de problème et de
phénomène en cause. Le choix des techniques dépend de
l'objectif poursuivi en ce sens que, choisir les techniques, étant
donné les particularités et les limites de chacune d'elle, c'est
sélectionner à l'avance les matériaux qu'elles
recueilleront (Grawitz, 1996 : 446).
C'est au regard de ces analyses que nous nous sommes
orientés vers un certain nombre de documents généraux
portant sur les élections en général et sur
l'abstentionnisme électoral en particulier. De là, grâce
à ces documents écrits, nous sommes entrés en possession
d'un nombre important d'informations quantitatives et qualitatives. Ces
documents ont orienté nos recherches en tant que modèles
d'analyse et nous ont situé par rapport aux exigences scientifiques que
requiert le travail de recherche. Ces documents ont aussi eu le mérite
de nous plonger dans l'histoire électorale récente du Cameroun.
Les documents officiels (la constitution, les lois et les décrets) quant
à eux, nous ont permis de nous imprégner des règles
régissant la compétition électorale au Cameroun et de
comprendre certaines motivations des acteurs politiques à l'égard
du processus électoral. A travers ces documents, nous avons
constaté qu'une bonne partie de la compétition électorale
se joue au niveau de la définition des règles du jeu et que c'est
justement le déficit de consensus autour de celles-ci qui explique en
grande partie l'abstentionnisme au Cameroun. Les travaux universitaires
(thèses et mémoires) tout comme les périodiques et les
revues scientifiques ont constitué des sources importantes
d'inspiration. Ces documents scientifiques nous ont permis d'avoir les bases
théoriques sans lesquelles notre étude aurait perdu sa valeur
scientifique du fait qu'ils nous ont servi de prototypes pour la construction
de notre étude en nous fournissant les techniques d'approches
nécessaires à la collecte des données. Les documents
affichés comme les tracts et les banderoles et bien d'autres nous ont
tout aussi été utiles. En effet, y ont été
extraits les appels et les contre-appels aux inscriptions sur les listes
électorales et aux votes.
Tous ces documents nous ont facilité l'extraction des
consignes et des contre-consignes des acteurs politiques. C'est pourquoi
l'exploitation de tous ces écrits nous a conduit à extraire des
informations factuelles (statistiques ou faits bruts) (Mace et Pertry,
2000 : 90) et non factuelles. Dans cette logique, les documents offrent
l'avantage d'être un matériau objectif en ce sens qu'ils
soulèvent les interprétations différentes, ils permettent
une étude dans le temps et facilitent l'obtention des données
qualitatives et quantitatives (Grawitz, 1996 : 479 et 482).
Dans la même logique, les médias tels que la
télévision, la radio ou encore l'internet ont suscité
notre attention. Ces instruments ont permis que nous puissions avoir des
données en temps réel sur l'état des taux d'abstention
électorale au sens large à travers des débats et des
émissions politiques comme « Espace
politique » sur la Crtv-télé, comme
« Tous à l'antenne » ou
« Canal Presse » sur Canal2 et sur d'autres chaines.
Nous avons consulté les sites internet des partis politiques à
l'instar du RDPC, du SDF, et de l'institution chargée de l'organisation
des élections au Cameroun à savoir ELECAM (Elections Cameroon).
Ce qui nous a permis de nous procurer certaines données statistiques sur
les taux d'inscriptions et les stratégies mises en place pour amener les
gens à s'inscrire sur les listes électorales ainsi que sur
d'autres informations tout aussi importantes. La radio quant-à elle
nous a permis de d'écouter les émissions et débats
politiques, de connaître les positions de certains acteurs politiques par
rapport à la participation et à la non participation
électorale des citoyens et des partis politiques. La presse
écrite n'était pas en reste, car elle nous a plongée dans
l'histoire électorale du Cameroun, en nous faisant état de son
atmosphère politique, de ses résultats électoraux, avec
ses conséquences. Les techniques vivantes n'ont pas été en
reste car, elles nous ont permis de nous confronter avec la
réalité des faits.
2- Les techniques vivantes
L'entretien quant à lui, a été
important dans la collecte des informations à nos interlocuteurs sous
forme de récits indirects oraux sur des faits présents ou
passés ou encore sur leurs opinions. Ainsi, il nous a permis d'obtenir
des informations déterminantes pour notre étude étant
donné que nos interlocuteurs ont été des acteurs
impliqués dans la compétition électorale soit comme
responsables politiques, soit comme responsables chargés de la gestion
du processus électoral. C'est dans cette logique que s'inscrivent les
entretiens que nous avons eu avec M. Ni John Fru Ndi sur les
événements électoraux actuels et passés, ainsi
qu'avec le responsable régional d'ELECAM (Ouest), départementaux
et communaux d'ELECAM, aussi bien dans la Menoua, que dans la Mifi. L'entretien
a donc constitué un tête-à-tête sérieux et
confidentiel entre l'enquêteur et l'enquêté (Grawitz,
1996 : 586). Cet instrument nous a permis par le biais des questionnaires
préalablement élaborés d'accroître le niveau
d'informations que nous voulions atteindre. Toutefois, nous avons
préféré pour nos entretiens, le procédé
de « l'entretien à questions
ouvertes » qui laisse la latitude à
l'enquêté de répondre et de développer ses opinions
comme il le désire, à condition bien sûr de rester dans le
cadre de la question (Tchoupie, 2004 : 59).
En outre, l'observation a constitué pour nous un
procédé d'investigation important. Elle nous a d'ailleurs permis
d'observer le déroulement de certaines inscriptions sur les listes
électorales. C'est grâce à elle que nous avons
observé les inscriptions sur les listes électorales dans la ville
de Dschang au siège communal, départemental d'ELECAM et au campus
« A » de l'Université de Dschang. En
conséquence, la construction de l'objet et les procédés
d'analyse nous ont permis d'orienter notre démarche scientifique autour
de la construction pratique de l'abstentionnisme électoral
(prémiere partie) et de la multiplication des effets
pervers engendrant une dynamique de sa neutralisation (deuxième
partie).
PREMIERE
PARTIE : LA CONSTRUCTION PRATIQUE DE
L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
Le retour du multipartisme dans les années 1990 va
conduire le Cameroun à ses premières élections
concurrentielles post-parti unique. Cependant les élections pluralistes
vont drainer avec elles une série de conséquences dont l'une des
plus importantes est l'abstentionnisme électoral. Par
conséquent, le droit de voter aura pour corollaire celui de ne pas
voter, ce qui explique pourquoi, depuis les élections
législatives de 1992 ce phénomène ne cesse de prendre de
l'ampleur dans l'ensemble des élections organisées au Cameroun,
avec des degrés divers selon le type d'élection et en fonction
des localités. En effet, c'est un phénomène qui ne se
construit pas de la même manière selon les localités et les
types d'élections. Dès lors, les premières
élections pluralistes en seront une parfaite illustration puisqu'elles
se dérouleront dans une atmosphère d'appel et de contre-appel au
boycott. L'appel au boycott constituera ainsi une stratégie de
participation électorale de grande importance aux yeux de certains
partis politiques (Nna, 2009 : 344) ce qui n'est pas sans
conséquence sur le caractère universel du suffrage. Au
delà du boycott, plusieurs autres facteurs vont contribuer à la
construction de l'abstentionnisme électoral. Il se construit dès
lors, au moment de l'inscription sur les listes électorales et au moment
de l'élection.
CHAPITRE 1 : LA CONSTRUCTION DE L'ABSTENTIONNISME
ELECTORAL AU MOMENT DE L'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES
Le vote est un instrument dont la valeur dépend de
l'homme qui en use et de la fin pour laquelle il s'en sert (Njoya, 2003 :
65). Donc, chaque citoyen peut s'il le souhaite, décider de s'en servir
ou de ne pas s'en servir. C'est dans cette optique que la plupart des citoyens
décident souvent de renoncer à l'exercice de leur droit de vote
(Brechon (a), 2007 : 3) parce qu'il ne leur procure aucune satisfaction,
ils ont l'impression de perdre beaucoup de temps inutilement. Dès lors,
la renonciation au droit de vote commence par la non-inscription sur les listes
électorales (Panke-shon, 2007 : 3). Néanmoins, la
non-inscription est le fait pour un citoyen en âge de voter de ne pas
s'inscrire qu'elle qu'en soit la raison (Verrier, 2007 : 62) étant
donné que l'essentiel en matière de participation se joue dans
l'inscription sur les listes électorales (Braconnier et Dormagen,
2007 : 27). En effet, l'inscription sur une liste électorale est la
toute première démarche à remplir pour tout citoyen en
âge de voter si celui-ci tient à voter26(*). Les non-inscrits sont donc
nécessairement des « abstentionnistes
obligatoires 27(*)». Donc, c'est parce que les inscriptions
massives de la part des citoyens en âge de voter sur les listes
électorales contribuent à la crédibilisation du corps
électoral28(*) que
la non-inscription sur les listes électorales est
considérée comme le « degré
zéro » de l'abstentionnisme électoral ou
encore comme le degré le plus faible de la participation à la vie
politique, du moins dans ses formes conventionnelles29(*). Cependant, la non-inscription
sur les listes électorales peut-être volontaire ou involontaire,
c'est-à dire qu'elle peut soit découler de la volonté
même du citoyen sans influence extérieure, soit découler
des influences extérieures au citoyen, conduisant dans les deux cas
à l'abstentionnisme lors des inscriptions sur les listes
électorales. Dans cette perspective, nous présenterons la
non-inscription volontaire et la non-inscription involontaire.
SECTION 1 : LE DEVELOPPEMENT
DES PRATIQUES SUSCEPTIBLES D'ENCOURAGER LA NON-INSCRIPTION VOLONTAIRE
La non-inscription volontaire concerne un nombre important de
citoyens bien que les facteurs expliquant cette attitude ne soient pas les
mêmes pour tous. Toujours est-il qu'elle découle d'une
volonté manifeste du potentiel inscrit d'autant plus que, le citoyen qui
fait le choix de cette option le fait sans contrainte ou sans influences
extérieures, mais au contraire en fonction de sa rationalité.
Cependant, selon Max Weber, l'acteur est déclaré rationnel
dès lors que ses actions, croyances et attitudes sont perçues par
lui de façon plus ou moins consciente comme ayant un sens parce que
fondées sur des raisons fortes30(*). Cette situation suppose que l'acteur jouit d'une
compétence politique avérée du fait qu'elle procède
de la politisation qui est le degré au niveau duquel les citoyens
accordent leur attention aux évènements politiques31(*), tel que le soutient Daniel
Gaxie. Par ailleurs, il arrive que même les citoyens sans
compétence politique s'abstiennent ceci parce qu'ils s'égarent
dans la compréhension du champ politique (Kouamen, 2009 : 68). Dans
tous les cas, la non-inscription volontaire peut s'apparenter à
l'abstention « conjoncturelle » car, correspondant
au refus d'une offre à une conjoncture particulière ou même
à l'abstention « protestataire » qui
correspond plus à un rejet du système tel qu'il fonctionne
(Subileau, 1997 : 257). La non-inscription peut aussi être la
conséquence de la situation sociale. C'est d'ailleurs ce que traduit
cette position de Paul Lazarsfeld lorsqu'il estime qu'« une
personne pense politiquement comme
elle est socialement32(*) », étant donné que le
citoyen a vu son opinion se former au contact de ses semblables, dans les
conversations et les contacts au sein des divers groupes où il est
inséré (Mayer, 1997 : 18). Toutes ces analyses nous
conduisent à relever que la non-inscription volontaire est due à
la mobilisation relative des potentiels inscrits sur les listes
électorales et à la décrédibilisation du processus
pré-électoral.
PARAGRAPHE 1 : LA
FAIBLE MOBILISATION DES POTENTIELS ELECTEURS
La période d'inscription sur les listes
électorales n'est pas un moment de grande mobilisation populaire comme
celui de la campagne électorale qui est caractérisée par
de grands et multiples meetings organisés par les partis politiques. Ce
qui explique dans une certaine mesure pourquoi le moment de l'inscription sur
les listes électorales ne suscite pas une grande attention chez certains
citoyens malgré l'implication quoique timide de certains partis
politiques. En effet, c'est un processus dont la réussite est largement
liée à la qualité de l'environnement politique. Or, un
environnement politique peu bouillant pendant la période des
inscriptions sur les listes, n'est pas de nature à stimuler
l'inscription des citoyens puisqu'il n'implique pas une possibilité de
grande concurrence entre acteurs politiques. Dès lors, depuis le retour
du multipartisme, le moment des inscriptions sur les listes électorales
au Cameroun est spécifique en ce qu'il n'est pas de nature à
encourager la participation électorale des citoyens, ce qui rend la
perception des enjeux difficile.
A- LA FAIBLE MOBILISATION
CONSECUTIVE A LA SPECIFICITE DE L'ENVIRONNEMENT PRE-ELECTORAL
On relèvera que la faible concurrence partisane
débouche sur les tergiversations et les luttes au sein des partis
politiques d'opposition.
1-La faible concurrence
partisane
L'environnement partisan faiblement concurrentiel se voit
à la fois au niveau de la difficile démarcation de l'opposition
face au pouvoir et à la tendance que ces partis ont à collaborer
avec le gouvernement.
a) La difficile
démarcation de l'opposition
Les partis politiques bénéficiaient d'une
légitimité renforcée lors des premières
élections pluralistes post-parti unique grâce au caractère
novateur de leurs activités (Nna, 2001 : 28).
Désormais, il semble que cette légitimité connaît
depuis lors un certain effritement même si le monopole
régulateur du pouvoir a consisté en l'adoption d'un mode de
scrutin qui fragilise l'opposition (Njoya, 2003 : 65). Les entrepreneurs
politiques de l'opposition n'ont pas généralement
démontré par leurs prises de position et agissements une
volonté claire de se démarquer du gouvernement. Ce qui est de
nature à construire aux yeux des électeurs une image
négative contribuant donc à leur découragement. Qu'est ce
qui peut donc amener un citoyen à s'inscrire sur une liste
électorale s'il n'existe pas de possibilité claire de choix entre
plusieurs options politiques alors qu'il est constant que la
légitimité de l'opposition comme celle du pouvoir résulte
de la confiance des citoyens (Lipset, 1963 : 13) à leur
égard et surtout sur la spécificité des projets que chaque
camp incarne et développe pour solliciter l'adhésion des
citoyens. Mais, de plus en plus, à côté du parti au pouvoir
qui ne semble plus convaincre, l'opposition ne constitue plus un
éventuel gouvernement de rechange. Ce qui a tendance à construire
un comportement abstentionniste, entraînant dès lors la
disparition de l'espoir de changer les choses par les urnes et donc l'apathie
des Camerounais.
Bien que, les partis politiques constituent un
élément de repérage qui aide les citoyens à former
parfois leur non vote, il est désormais évident au Cameroun, que
moins de personnes se reconnaissent une identité partisane forte
(Brechon (a), 2007 : 3) ce qui n'est pas fait pour stimuler les
inscriptions, lorsqu'on sait qu'il incombe aux partis politiques la lourde
tâche de mobilisation de leurs militants. C'est la raison pour laquelle
M. Biloa Ayissi pense que : «Nos partis ne
sont pas de véritables partis
politiques 33(*)», tout simplement parce qu'ils sont loin du
rôle qui leur est dévolu et n'exercent sur les citoyens aucune
force d'attraction susceptible de construire des comportements
électoraux participatifs. Bien plus, est cet aveu d'impuissance que
semblent afficher les partis politiques camerounais d'opposition, en ignorant
que les citoyens s'expriment avec plus ou moins de clairvoyance en fonction du
niveau et de la qualité d'encadrement que leur procurent les partis
politiques (Aletum, 2008 : 152). Toujours est-il qu'au Cameroun, les
interactions entre partis politiques et citoyens ne produisent pas
nécessairement un comportement électoral participatif.
En effet, l'une des raisons justifiant la faiblesse
mobilisatrice des partis se situe au niveau de leur inflation
démobilisatrice (Kamto, 1993 : 178) qui n'est pas sans
conséquence sur la lisibilité du champ politique. Mais davantage
au fait que, plusieurs parmi eux ne surgissent sur la scène politique
que pendant les périodes électorales et leurs actions pour ceux
qui en posent et dans une certaine mesure en dehors du rassemblement
démocratique du peuple camerounais (RDPC)34(*), restent circonscris dans le
temps et généralement à l'approche des consultations
électorales, selon le constat de Mathias Eric Owona Nguini35(*). C'est ce que semble
reconnaître par cette accusation l'ONEL lorsqu'il estime que les partis
politiques pendant la période d'inscription ne jouent pas leur
rôle de mobilisation et de sensibilisation36(*). Toutefois, cela ne suppose
pas pourtant que tous les partis sont rangés à la même
enseigne en ce qui concerne la faible mobilisation de l'électorat. Au
contraire, certains plus que d'autres, mobilisent avec les moyens qu'ils
disposent les citoyens. C'est justement ce qui a conduit le responsable
régional d'ELECAM-Ouest à se réjouir des actions de l'UDC
dans le Noun en faveur de la sensibilisation et de la mobilisation des citoyens
pour les inscriptions sur les listes électorales. Ces actions de l'UDC
expliquent en grande partie pourquoi le département du Noun est celui de
toute la région de l'Ouest qui dispose en date du 24/12/2010, les taux
d'inscription et de réinscription de nouveaux et d'anciens
électeurs les plus élevés tandis que les autres
départements sont à la traîne.
Tableau
n°1 : STATISTIQUES DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES A LA DATE DU 24 DECEMBRE 2010 DANS LA REGION DE
L'OUEST.
Rang
|
Départements
|
Anciens (confirmés)
|
Nouveaux
|
Total
|
Pourcentage d'inscription (%)
|
1
|
NOUN
|
59689
|
23997
|
83686
|
29.92
|
2
|
BAMBOUTOS
|
46777
|
4861
|
51638
|
18.45
|
3
|
HAUT-NKAM
|
32630
|
5753
|
38383
|
13.72
|
4
|
MIFI
|
28515
|
11636
|
40151
|
14.35
|
5
|
MENOUA
|
20184
|
8742
|
28926
|
10.34
|
6
|
KOUNG-KHI
|
9764
|
3881
|
13645
|
4.87
|
7
|
NDE
|
5777
|
7031
|
12808
|
4.57
|
8
|
HAUTS PLAEAUX
|
5453
|
5081
|
10534
|
3.76
|
Total
|
|
208789
|
70982
|
2797771
|
|
Source :
Délégation Régionale d'ELECAM Ouest.
Le tableau ci-dessus démontre que les actions de l'UDC
ont participé à la stimulation des inscriptions sur les listes
électorales dans le Noun. Contrairement aux attitudes passives et
attentistes que certains partis politiques de l'opposition
préfèrent devélopper, certainement souvent par
stratégie, mais qui justement ne sont pas susceptibles de stimuler la
participation électorale. De plus, on peut constater tout de même
que, les autres départements ne constituent pas de véritables
fiefs électoraux aux sens du Noun avec l'UDC. Dans tous les cas, les
actions des partis politiques sont susceptibles de booster les inscripions sur
les listes électorales à condition que ces actions se
démarquent de celles du parti au pouvoir car, si l'opposition a tendance
à se rapprocher du gouvernement elle risque de décourager les
citoyens par la confusion que le rapprochement entretiendra et les incitera
à s'abstenir.
b) La forte tendance
à la participation au gouvernement
Les relations entre les partis d'opposition et le gouvernement
sont souvent considérées par une grande partie de la population
comme étant des relations de tromperies, qui n'ont pour seul but que la
satisfaction des intérêts des responsables politiques au
détriment du bien-être et de la volonté des citoyens.
L'illustration parfaite de cette situation sont ces annonces de
supposées négociations sur un possible partage du pouvoir entre
le SDF principal parti de l'opposition et le RDPC. C'est dans cette perspective
que, M. Bello Bouba leader de l'UNDP qui a été souvent
qualifié de « traître » à
cause de sa participation au gouvernement déclare que :
« Savez-vous que le SDF
a commencé à négocier
avant nous, avec le
pouvoir ? » (Manassé Aboya Endong, 2008 :
55) ce qui avait pour finalité de démontrer que l'UNDP n'est pas
le seul parti de l'opposition qui participe ou qui souhaite participer au
gouvernement, mais que bien d'autres sont disposés à le faire. On
en déduit qu'il se pourrait que, se sont certainement les clauses de la
participation qui ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Or,
sachant que, la participation au gouvernement introduit un
élément majeur de discorde au sein de l'opposition, tout en
jetant la confusion entre la majorité et l'opposition à l'heure
où il faudra dresser le bilan de l'action gouvernementale, cette
attitude de composer avec le gouvernement ne donne à ces responsables de
l'opposition aucune chance de remplacer le gouvernement. D'ailleurs,
l'opposition en participant au gouvernement perd un peu de sa popularité
(Pokam, 2000 : 57) en décourageant une partie importante de sa base
électorale, qui sera incitée à s'abstenir, ce qui
démontre que, « La cohabitation
gouvernementale entre formations
censées porteuses de projets
de sociétés différents
soulignent l'absence d'alternative
réelle au sein du
système politique » (Braud,
1992 : 36). C'est ainsi que de 1992 à 2011, le
Cameroun a connu plusieurs gouvernements de collaboration avec certaines
formations de l'opposition parfois en fonction de la
représentativité de celles-ci.
Tableau
n°2 : TABLEAU DES PARTIS POLITIQUES
AYANT PARTICIPE AUX GOUVERNEMENTS DE COALITION
ANNEES
|
1992-1997
|
2004-2007
|
2007-2011
|
PARTIS POLITIQUES
|
UNDP
|
UNDP
|
UNDP
|
UPC
|
UPC
|
FNSC
|
MDR
|
MDR
|
|
Source :
Compilation de
l'auteur
En effet, ce tableau démontre à suffisance
qu'une partie importante de l'opposition camerounaise ne s'est peut-être
pas préparée aux privations que son combat implique, d'où
sa participation au gouvernement vue les rétributions que cela implique.
L'opposition prouve par cette attitude qu'elle est incapable d'expliquer, de
persuader, de convaincre et de créer une lame de fond dans la
société qui permette la transformation de ce qui est minoritaire
aujourd'hui en majorité de demain et de réussir l'alternance
(Kamto, 1999 : 56) ; elle a plutôt tendance à se laisser
phagocyter par le camp qu'elle est censée évincer, en se ralliant
à ce dernier. La proximité entre les deux entités s'est
davantage matérialisée ces dernières années par les
différentes rencontres (02) que le chef de l'Etat a eu avec le leader du
SDF entre les mois de décembre 2010 et de janvier 2011, alors que ce
dernier était crédité d'un certain capital de sympathie
lié justement à sa capacité à s'opposer au
gouvernement et à résister à ses offres politiques,
contrairement aux autres formations de l'opposition. Ce qui n'a pas
contribué à rassurer certains citoyens sur l'existence
réelle d'un clivage entre opposition/pouvoir, bien que certains aient
plutôt salué ce qu'ils ont considéré comme une
preuve de l'apaisement de la vie politique camerounaise, c'est-à-dire
une sorte de décrispation politique. D'autres y ont par contre vu la
matérialisation des rumeurs persistantes de complicité entre les
entrepreneurs politiques de l'opposition et ceux du pouvoir. C'est dans cette
logique que s'inscrit la position de M. Nintcheu Brice lorsqu'il estime
que : « J'avais dit aux proches du chairman que je le
soutiendrai jusqu'au jour où j'aurai la preuve qu'il a cautionné
l'entrée du SDF dans un gouvernement RDPC. Il y a eu plusieurs
tentatives d'entrée que nous avons heureusement fait
échouer...Mais j'ai perdue mon latin lorsque j'ai vu le chairman rouler
à Genève dans une mercedes du corps diplomatique camerounais avec
chauffeur et garde de corps. Le niveau de collusion est donc flagrant37(*) ». Ce qui,
inéluctablement peut dans la même optique biaisé la
volonté populaire par une confusion générale parfois
volontairement entretenue par les acteurs politiques (Njoya, 2009 : 81).
En réalité, cette situation tend à remettre en cause la
logique selon laquelle : « Les prises
de positions politiques, décisions
ou promesses...sont des
manifestations, des stratégies de
démarcation par lesquelles chaque
concurrent tente de s'imposer, en
s'opposant » (Gaxie, 2000 : 24), car aucune tactique
traduisant une volonté de s'opposer n'est réellement entretenue
ou visible au sein des partis de l'opposition. Ceci témoigne du refus de
cette dernière d'être une opposition organisée, porteuse
d'idées ou de projet alternatif et capable d'assurer l'alternance
politique. Elle est plutôt devenue une modalité tactique pour
accéder au partage du pouvoir, et permet à ceux qui savent donner
de la voix en agitant des épouvantails, d'attirer sur eux l'attention du
pouvoir, afin de se frayer plus vite que les autres la voie vers le plateau de
la manne étatique (Kamto, 1999 : 60). A cet effet, M. Fru Ndi,
leader du SDF estima en 1997 que son parti avait trahi le peuple, car
après avoir menacé de ne pas siéger à
l'Assemblée Nationale, il finit par y participer (Kamga, 1999 :
107) alors que certains de ses militants soutenaient l'idée de la
non-participation. Mais face à la pression de certains
députés de ce parti qui avaient été élus et
n'entendaient pas perdre cette occasion, ce parti décida de
siéger à l'Assemblée Nationale contre la volonté de
certains militants.
De plus, l'entrée de M.Tchiroma au gouvernement, va
davantage discréditer l'opposition car, connu pour ses diatribes contre
le pouvoir dans les années 1990, son entrée confortera les
soupçons de complicité entre le gouvernement et les leaders de
l'opposition, démontrant une fois de plus aux yeux de l'opinion que ces
derniers ne pensent qu'à leurs intérêts personnels. C'est
toujours dans cette option que s'inscrit l'attitude de M. Essaka38(*) qui, candidat à
l'élection présidentielle de 2004, renoncera à sa
candidature en invitant ses partisans à voter celle du RDPC. Ce qui
trahit la faible conviction des leaders d'opposition par rapport à leur
propre combat et leur volonté manifeste de se voir inviter au partage du
pouvoir. Ce que n'hésite pas à faire le gouvernement, qui
grâce à sa position privilégiée, ne se prive pas de
profiter de l'emprise qu'il a sur l'opposition (Pokam, 2000 : 53) pour
l'inviter à participer au gouvernement, amenant à penser qu'il
s'est évertué à façonner sa propre opposition
jumelle (Kamga, 1999 : 102). Ainsi, il est difficile de faire la
différence entre l'opposition et le gouvernement, tellement leur
rapprochement saute à l'oeil, donnant l'impression aux citoyens que cela
joue contre leurs intérêts, ce qui est susceptible d'encourager
l'abstentionnisme électoral. C'est justement le fondement de
l'interrogation du président Laurent Gbagbo selon
laquelle : « Si quelque soit
le résultat, on gouvernera
ensemble, mettez-vous à la
place de l'électeur : pourquoi
irait-il aux urnes dans
ces conditions ?39(*) ». Nous en déduisons que,
privés d'option politique claire, les citoyens s'inscrivent d'autant
moins que la concurrence idéologique est limitée selon la formule
empruntée à Françoise Subileau (1997 : 254). On peut
alors comprendre la régression des taux d'inscription sur les listes
électorales depuis 1992 au Cameroun.
Tableau
n° 3 : LA REGRESSION DES INSCRITS
ET LA PROGRESSION DES TAUX D'ABSTENTION AU MOMENT DES INSCRIPTIONS SUR LES
LISTES ELECTORALES
ELECTIONS
|
TAUX D'INSCRIPTION (%)
|
(%) ABSTENTION
|
Présidentielle 1992
|
78.54
|
21.46
|
Législatives 1992
|
75.80
|
24.2
|
Municipales 1996
|
67.98
|
32.02
|
Législatives 1997
|
60.16
|
39.84
|
Présidentielle 1997
|
66.11
|
33.89
|
Source : Reconfiguration de
l'auteur à partir des données issues de : Mouiché.,
multipartisme, « bigmanisme » politique et democratisation
au Cameroun : 31
A partir du tableau ci-dessus, il en découle que, les
taux d'abstention au moment des inscriptions sur les listes électorales
varient énormement, et ne réflètent pas réellement
le potentiel électoral du pays, ce qui peut être la
conséquence du rapprochement entre l'opposition et le gouvernement.
Néanmoins, la connivence entre l'opposition et le régime ne
signifie pas la fin de l'opposition, même si la présence de
l'opposition au pouvoir est présentée sous le mode de la
collusion entre acteurs politiques et de la trahison subséquente des
espérances politiques (Sindjoun, 2004 : 31-32). Il reste que, les
partis politiques d'opposition se sont essoufflés de façon
précoce, ce qui a crée la désertion des citoyens
désorientés traduisant un certain désenchantement
après la ferveur du début des années 1990 (Kamto,
1999 : 66). Cet essoufflement s'est traduit par la participation effective
de certains partis de l'opposition au gouvernement, mais également par
la volonté exprimée par d'autres d'y participer si certaines
conditions sont remplies. Or, cette situation écorne l'image des leaders
politiques, leur rend impopulaire en effritant leur base électorale. En
conséquence, on peut dire avec M. Capdevielle que, l'impopularité
croissante des partis politiques et des responsables politiques n'est pas faite
pour amener une bonne partie des citoyens dans les lieux d'inscription sur les
listes électorales40(*). Ce qui peut justifier dans une certaine mesure, le
faible engouement des citoyens pour les inscriptions sur les listes, traduisant
d'une certaine manière leur politisation et donc leur capacité
à apprécier les agissements des hommes politiques. Tous ces
facteurs pris ensemble aboutiront aux tergiversations et aux luttes qui
augmenteront davantage les cas de non-inscrits sur les listes
électorales.
2- Les atermoiements et
luttes au sein des partis politiques d'opposition
Les hésitations et contradictions des partis
d'opposition démontrent qu'ils ont du mal à se construire une
identité forte autour d'un combat commun. En effet, à l'instar de
plusieurs Etats Africains, l'opposition camerounaise a tendance à donner
l'image d'une coalition hétéroclite aux intérêts si
divergents qu'il serait mieux de parler des oppositions (Kamto, 1999 :
56). Elle ne semble pas vouloir acquérir et exercer le pouvoir :
consciente du fait que le système électoral actuel ne lui est pas
favorable, elle n'a toujours pas pu se coaliser pour opérer l'alternance
qu'elle souhaite depuis 1990. En effet, la pléthore de partis politiques
crée le cafouillage au sein de la scène politique et dans
l'esprit des citoyens, obscurcissant davantage la lisibilité de la
scène politique avec pour conséquence l'augmentation du taux de
non-inscription. La réalité est que le manque de coalition de
l'opposition décourage, étant donné que certains
électeurs conscients du degré de verrouillage du système
électoral, ne prendront même pas la peine de s'inscrire.
L'opposition jusqu'ici n'a pas pu changer les choses ; le sentiment de
découragement qu'elle suscite est grand parce qu'elle n'a pas encore
pris conscience de ses faiblesses. On en conclut que la dispersion de
l'opposition et la gestion patrimoniale (Dounkeng, 2009 : 76) qui
conduisent au non-renouvellement du personnel politique ne sont pas de nature
à susciter la confiance des potentiels électeurs.
En réalité, depuis 1990 ce sont les mêmes
leaders qui sont à la tête de leurs différentes formations
politiques ; d'ailleurs certains par leurs attitudes s'estiment
inamovibles. Ce qui ne participe pas à la construction de l'image d'une
opposition incarnant une alternative fiable au parti au pouvoir sans compter le
corollaire de conséquences que cela peut produire au sein des partis
politiques d'opposition. La concrétisation de l'une de ces
conséquences est les « velléités
de rébellions » qu'on y observe. Ce qui
traduit les luttes de leadership qui se déroulent en leur sein face
à ceux qui ne cessent de considérer le parti comme leur propre
bien (Dounkeng, 2009 : 77).
Tableau
n°4 : LA LONGEVITE DES LEADERS DE CERTAINS PARTIS POLITIQUES
D'OPPOSITION DEPUIS 1992
LES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION
|
NOMS DES LEADERS DE 1992 à 2011
|
MDR
|
DAKOLE DAISSALA
|
SDF
|
NI John FRU NDI
|
UDC
|
Adamou NDAM NJOYA
|
UNDP
|
BELLO BOUBA MAIGARI
|
Source : Compilation de
l'auteur
Ainsi, contre la volonté des leaders de
s'éterniser à la tête de leur parti, certains militants
longtemps restés à l'ombre voudront désormais
bénéficier des retombées de leur militantisme. Or, en
l'absence d'élection transparente capable de produire l'alternance
à la tête du parti (pour ceux qui organisent), la crise de
leadership en leur sein va finir par déboucher sur des vagues de
démissions et d'exclusions. C'est le cas de M. Evariste Fopoussi qui
avait démissionné du SDF avant de se rétracter par la
suite. Ajouter aux multiples défaites électorales et aux appels
au boycott tantôt des élections, tantôt des inscriptions sur
les listes électorales, certains partis politiques d'opposition n'ont
cessé de se fissurer par d'interminable dédoublement au
gré des humeurs de certains leaders dont la versalité laisse
pantois (Afom Ndong, 2007 : 82).
C'est ainsi que le SDF ne cesse de surfer sur des vagues de
démissions et d'exclusions41(*) depuis plusieurs années. Ces démissions
et exclusions ont généralement concerné des
personnalités de grand calibre qui vont par la suite créer leur
parti politique et en être aussi leaders. Nous en avons pour preuve les
cas de M. Muna qui, après avoir quitté le SDF a
créé son propre parti politique dénommé l'AFP. En
effet, son crime, selon lui, est d'avoir voulu rivaliser le leader du SDF. De
leur côté, les responsables de ce parti estiment que ce dernier
n'a pas compris que les statuts du parti s'imposent à tous et qu'il a
d'ailleurs démissionner de lui même, personne ne l'ayant exclu. On
peut aussi relever le cas de M. Pierre Kwemo, ancien premier
vice-président du SDF et l'un des anciens vice-présidents de
l'Assemblée Nationale, qui après sa défaite aux
législatives de 2007 a démissionné pour créer son
propre parti politique dénommé l'UMS. De même, nous
pouvons ajouter la démission de M. Asongani ancien
secrétaire général du SDF. Et comme pour minimiser ces
vagues de départ, les responsables du SDF estiment que dans tous les
cas, en ce qui concerne les démissionnaires, ils n'étaient plus
représentatifs au sein du SDF. Quoi qu'il en soit, M. Ni John Fru Ndi
pense que : « Même s'il se retrouve
seul, il restera au SDF42(*) ».
L'autre démission et pas des moindres est celle de
l'artiste Lapiro de Mbanga très populaire pour ses
chansons critiques à l'égard du régime en place et qui
après sa sortie de prison, a jugé bon de démissionner le
08/03/2011 arguant que, le leader de son parti politique n'a pas daigné
lui rendre visite en prison, pourtant il est de notoriété
publique que sa détention était politique43(*). Mais plus pertinente est la
démission de Mme. Kah Walla, qui après avoir
dénoncé la volonté du SDF de boycotter les
« inscriptions sur les listes
électorales à cause de la configuration
actuelle d'ELECAM »44(*), décida de s'en retirer et de se
déclarer candidate à la présidentielle de 2011. M. Jean
Michel Nitcheu voit dans ces démissions la résultante d'une
déstabilisation par le régime en place, vu le combat que
mène le SDF par rapport à la présidentielle
annoncée45(*).
Toutefois il est évident que, les gens militent dans des partis
politiques avec l'espoir d'accéder aux positions officielles. C'est la
preuve que, « ...L'adhésion et
l'activisme dans les partis
politiques sont davantage stimulés
par les bénéfices qui
y sont associés » (Afom Ndong,
2007 : 67). Or, si un parti prône le boycott, «il
ne fait que s'immobiliser dans un rigorisme inerte qui ressemble
fort au découragement et à
l'impuissance... » (Barbet, 2007 : 5). Ce qui n'est
naturellement pas du goût de certains militants et sympathisants du parti
dont le cheval de bataille est la participation aux élections, ce qui
explique leurs démissions et exclusions. Cependant, celles-ci ne sont
pas sans conséquence sur le capital électoral du parti
puisqu'elles font partir des fondements de l'effritement du capital de
sympathie des citoyens à l'égard des partis de l'opposition, qui
pour la plupart, sont incapables de former un bloc homogène.
De même, l'UPC parti historique, connaîtra des
contradictions en son sein. Ainsi, en 1992 il apparaitra des divergences
énormes qui vont par la suite produire des confusions dans l'esprit de
ses militants et sympathisants, contribuant davantage à leur
démobilisation. En effet, tandis que le bureau directeur dirigé
par M. Ndeh Tumaza estimait que la loi électorale
n'avaient pas respecté les accords de la
« tripartite » et par conséquent se devait
de boycotter les élections législatives du mois de Mars,
M. Kodock, secrétaire général, initia
tout seul et au nom du parti une correspondance pour réclamer au
gouvernement de l'argent afin de financer sa campagne (Nkainfon
Perfura, 1994 : 226). Mais le plus décevant aux
yeux des citoyens est que, ces malentendus resurgissent
généralement à l'approche de chaque élection. Ce
qui n'est pas de nature à stimuler la participation des militants, a
fortiori les citoyens n'appartenant pas à ce parti politique. Dans la
même logique, la confusion au sein d'un autre parti politique
d'opposition, viendra de l'UNDP. En effet, M. Bello Bouba,
leader de ce parti, après avoir avec l'aide de l'administration
évincé M. Eboua Samuel, et
présenté une certaine hésitation à participer aux
législatives de 1992, décida finalement contre la volonté
des autres membres de conduire le parti aux élections (Owona Nguini,
1997 : 693) ce qui n'a pas manqué de créer des remous au
sein du parti. Par conséquent, ces tergiversations et luttes au sein des
partis politiques d'opposition camerounais contribuent énormément
à l'effritement des taux de participation électorale. Ce qui
n'est pas sans lien avec la non-perception de l'enjeu des inscriptions sur les
listes électorales.
B- LA FAIBLE MOBILISATION
CONSECUTIVE A LA NON- PERCEPTION DES ENJEUX
L'élection est l'instrument de vérification de
la représentativité (Gaxie, 2000 : 35), ce qui suppose
qu'une participation importante des citoyens aux élections est
nécessaire pour les partis politiques. Dans le cas contraire, elle
devient inefficace en tant qu'indicateur des préférences d'une
majorité46(*)
d'après l'analyse de M. Robert Dahl. Pourtant, si l'élection
dévient inefficace, c'est parce qu'un nombre important des citoyens s'y
désintéresse et en sont même hostiles. Cependant, le
désintéressement à l'égard du vote qui ne donne
plus satisfaction aux espoirs du peuple47(*) se manifeste par le refus des citoyens en âge
de voter de s'inscrire sur les listes électorales, construisant
dès lors des abstentionnistes obligatoires puisque seuls les inscrits
sur les listes électorales sont susceptibles de voter48(*). C'est la preuve que, bien
qu'un nombre important de citoyens considèrent le vote, selon M. Lavau,
comme un devoir avant d'être un acte rationnel49(*), il n'empêche que les
citoyens doivent y voir un enjeu avant de s'inscrire sur les listes
électorales. Dans ces conditions, pour un nombre important de citoyens,
s'inscrire sur une liste comme voter, n'incarne aucun enjeu. C'est le cas de ce
« moto taximan », qui a pu
déclarer suite à une question que nous lui avons posée
que : « Mon frère cela ne sert a
rien, je ne peux pas perdre mon temps pour aller m'inscrire sur les listes
électorales alors que je ne vais rien gagner, surtout qu'on sait
déjà ce que cela va donner50(*) ». Ceci
étant, le non-inscrit passe son message à moindre coût car
accomplir cette formalité n'est pas toujours évident pour
certains citoyens surtout lorsqu'on n'y tire aucun bénéfice.
Pourquoi payer un ticket d'entrée au stade, si le match n'a pas
d'enjeu ? C'est justement ce qui explique l'attitude des camerounais
à l'égard du vote en général et de l'inscription en
particulier sachant l'importance que les camerounais accordent au football. En
effet, il n'est pas d'investissement actif et durable dans la politique qui ne
soient sous-tendus par des formes de gratification (Afom Ndong, 2007 :
67). Cependant, plusieurs facteurs peuvent expliquer la non-inscription quand
le potentiel électeur n'y perçoit pas son intérêt ou
son enjeu. On peut relever comme ça la négligence qui
peut traduire le peu d'importance à l'égard de l'inscription,
le défaut d'intégration sociale
qui correspond à la catégorie de citoyens
« hors du jeu », la
compétence politique, l'apolitisme
et le déficit de
compétence politique51(*). Néanmoins, de façon globale,
dans la non-inscription, les caractéristiques définissant une
situation sociale précaire semblent jouer un rôle important.
Ainsi, l'instabilité professionnelle et l'incertitude de l'avenir
commandent le retrait à l'égard de la politique (Subileau,
1997 : 249).
La baisse de la participation électorale commence donc
avec la non-inscription sur les listes car on ne peut voter que si l'on est
inscrit. Tout dépend de l'investissement qui est en proportion avec la
réalité de la saillance et de la pertinence des enjeux dont les
effets sont immédiats et qui touchent aux préoccupations
pratiques des personnes concernées (Gaxie, 2000 : 19). C'est
pourquoi, les périodes d'inscription aboutissent au paradoxe des
inscriptions sans inscrits, pour employer la formule de Nnona Mayer
(1997 : 14). C'est ce que M. Essomba Bengono justifie par,
« le fait que les
camerounais ne sachant pas qui
sera candidat et qui ne
le sera pas, constitue un
problème pour la stimulation
des inscriptions sur les listes
électorales 52(*)». Car, cela compromet la perception des enjeux.
A cet effet, la concrétisation de cette réalité est
qu'à quelques mois de l'élection présidentielle, ni le
RDPC, ni le SDF, ni l'UNDP ou encore moins l'UDC n'avait de candidat
déclaré alors que ce sont les partis les plus importants de la
scène politique. Le constat est claire, les périodes
d'inscription n'encouragent pas à s'inscrire ; ce qui est
peut-être dû non seulement aux campagnes de démobilisation
souvent entretenues par certains partis, mais aussi au fait que depuis 1992,
les citoyens s'inscrivent pour voter les mêmes candidats sans que cela
n'améliore leur situation. C'est pour cela que le non-renouvellement de
la classe politique donne un air de déjà vu aux yeux des
citoyens ; ce qui les pousse à se demander ce que cette
énième inscription aura de spéciale vu que les potentiels
candidats sont sensiblement tous les mêmes depuis 1992 et n'entendent pas
céder leur place aux autres, même si « ...leur
image est mauvaise ...» (Brechon (a),
2007 : 6). En conséquence, selon Mathias Eric Owona Nguini, si les
enjeux de la prochaine consultation ne sont pas rendus publics, les citoyens en
âge de voter afficheront une certaine indifférence
vis-à-vis des opérations pré-électorales. Tout
comme ils peuvent ne pas s'inscrire pour montrer que le jeu politique ne les
intéresse pas ou même que leur participation aux
échéances électorales n'est pas décisive53(*).
Le faible engouement des camerounais pour les inscriptions
dû à leur indifférence à l'égard de la chose
politique fait obstacle à la réception de l'information politique
et consolide le processus de désintérêt pour la vie
politique, ses péripéties et ses enjeux, génèrent
des comportements d'apathie (Braud, 1991 : 27-28) à l'égard
des inscriptions sur les listes électorales. Cette indifférence
à l'égard des inscriptions semble être pour l'essentiel le
fait des jeunes et des femmes, alors qu'ils constituent l'essentiel des
citoyens camerounais.
Tableau
n° 5 : LA REPARTITION PAR SEXE ET
PAR TRANCHE D'AGE DES PERSONNES INSCRITES SUR LES LISTES ELECTORALES DU 17/08/
AU 27/12/2010.
SEXE
|
20-35 ans. Effectif
|
Pourcentage (%)
|
35 ans et plus. Effectif
|
Pourcentage (%)
|
TOTAL
|
MASCULIN
|
969
|
33.95
|
1885
|
66.04
|
2854
|
FEMININ
|
739
|
30.95
|
1648
|
69.04
|
2387
|
TOTAL DES NOUVEAUX
|
1708
|
34.85
|
3533
|
67.41
|
5231
|
TOTAL DES ANCIENS
|
6150
|
67.42
|
2972
|
32.59
|
9122
|
TOTAL GENERAL
|
7858
|
100
|
6505
|
100
|
14363
|
Source : Antenne communal
d'ELECAM, de Bafoussam 2ème.
Le tableau montre que la faible inscription est
accentuée chez les jeunes (Percheron, 1991 : 31) et les femmes.
Cette faible inscription des jeunes est en partie liée à une
tactique de la part de certains acteurs politiques qui développent une
certaine méfiance à l'égard des jeunes. Ce qui s'inscrit
dans la logique devéloppée par certains responsables du parti au
pouvoir à l'instar de M.Augustin Edjoa, lorsqu'il estime qu'il faut se
méfier des jeunes, qui ne sont pas susceptibles d'accorder leurs voix au
RDPC et pas conséquent il n'est par stratégique de stimuler leurs
inscriptions sur les listes électorales. C'est ainsi qu'il
déclare : qu'« il faut se
méfier des jeunes. Car si on prend cent jeunes... je ne
suis pas sûr que le RDPC ait trente. Nous
sommes sûrs des anciens,
mais les jeunes là54(*) !». Par
ailleurs, certains adultes malgré leur niveau d'instruction ou leur
activité professionnelle en sont concernés et ne s'inscrivent pas
aussi. C'est le cas de cet enseignant de l'Université de Dschang qui
déclarait en substance : « Je ne
me suis jamais inscrit pourtant
j'ai même été plusieurs
fois président de bureau de
vote »55(*). C'est la preuve que les camerounais ont du mal
à accomplir cette formalité pourtant déterminante pour la
fiabilité de l'élection. Toutefois, à partir du tableau
sus évoqué on n'en déduit que les femmes comme les jeunes,
sont très abstentionnistes. Pour les femmes, les inscriptions sur les
listes électorales n'ont aucun enjeu. C'est pour cela qu'il est
très courant de les entendre
déclarer : « Vous aimez
trop parler de la
politique » pour insinuer que c'est une affaire d'homme.
C'est ainsi que le responsable d'ELECAM de Dschang estime que, lorsqu'ils ce
sont rendus à l'ENIEG pour les inscriptions, seuls certains jeunes
hommes se sont fait inscrire. Les jeunes femmes ayant refusé de
manière catégorique de se faire inscrire56(*). De ce fait, comment ne pas
admettre avec Mme.Denise Ngatchou que : «Les femmes
sont plus nombreuses que les
hommes mais s'inscrivent
moins »57(*). Si les femmes s'inscrivent moins alors qu'elles sont
les plus nombreuses (50.5% de femmes,
contre 49.5% d'hommes)58(*), ceci explique dans une
certaine mesure pourquoi les taux d'inscriptions ne sont pas
élevés dans l'ensemble et particulièrement chez les
femmes. En définitive, les hommes accordent plus d'attention aux
évènements politiques (Nna, 2007 : 345). De même, une
autre observation démontre que les femmes des zones urbaines
s'inscrivent moins que celles des zones rurales. C'est justement ce qui a fait
dire à Pierre Bourdieu (1994 : 18)
que : « ...Ce sont les
femmes les moins instruites des
communes rurales qui ont le
taux le plus élevé
de participation aux consultations
électorales... ».
Bref, quoique les villes soient les plus
peuplées59(*), il
est établi que l'on s'inscrit plus en zones rurales qu'en zones urbaines
car en zones rurales on est moins exposés aux débats politiques
et moins exigeant à l'égard des entrepreneurs politiques
contrairement à la ville60(*). C'est ainsi, qu'à Nanga-Eboko, (ville de
moins de 50.000 habitants) moins urbanisée que Yaoundé sur 14
milles personnes en âge de voter, 8 milles ont déjà
été inscrites soit la moitié même si la
dernière inscription enregistrée remonte au 1/11/201061(*) contrairement à la
ville de Yaoundé qui ne compte que 05 milles inscrits alors qu'elle
compte plus de 1.817.52462(*) habitants. De façon générale,
l'apathie des camerounais reste considérable car, dans la région
du centre par exemple, sur plus de 2 millions d'habitants d'après le
dernier recensement (de 2005), seul 14 milles personnes se sont inscrites sur
les listes. En effet, le taux d'inscription relativement faible,
démontre que les camerounais n'y voient a priori aucun enjeu. Par
exemple, par rapport à l'opération 8 millions d'inscrits
lancé par ELECAM il ressort qu'en date du 30/05/2011, seulement
1.524.030 de nouveaux citoyens se sont inscrits sur les 8 millions attendus,
ceci à quelques mois de l'élection. Soit un total 6.591.866 de
potentiels électeurs si on prend en compte les inscrits de 200763(*).
Tableau
n° 6 : EVOLUTION DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES EN FONCTION DU POTENTIEL ELECTORAL DES REGIONS
DEPUIS AOUT 2010
REGIONS
|
POPULATION ELECTORALE
|
ELECTEURS A INSCRIRE
|
ELECTEURS ISNCRITS DEPUIS AOUT 2010
|
TAUX DE REALISATION EN (%)
|
ADAMOUA
|
457029
|
194849
|
136485
|
70
|
CENTRE
|
1586548
|
815O73
|
309920
|
38
|
EST
|
360885
|
97740
|
99795
|
102
|
EXTR-NORD
|
1566186
|
30700
|
249313
|
47
|
LITTORAL
|
1289157
|
658173
|
207624
|
32
|
NORD
|
922603
|
523551
|
166406
|
32
|
NORD-OUEST
|
812112
|
228452
|
149936
|
66
|
OUEST
|
803378
|
279075
|
184224
|
66
|
SUD
|
311463
|
92428
|
78322
|
85
|
SUD-OUEST
|
622928
|
165312
|
136914
|
83
|
TOTAUX
|
8732289
|
3585353
|
1718949
|
49
|
Source : Reconfiguration
par l'auteur à partir des données tirées du site internet
d'ELECAM : www.elecam.cm.
Dans tous les cas, malgré la croissance de la
population camerounaise (Eboussi Boulaga, 1999 : 72) qui est de 2.8% par
an64(*), et donc du
potentiel électoral, le nombre d'inscrits depuis 1992 oscille entre 4
millions et 5.5 millions. A partir du tableau ci-dessus, on constate que le
taux de réalisation des inscriptions sur les listes électorales
est très faible dans certaines régions et très
élevé dans d'autres. C'est la preuve que la non-perception des
enjeux varie en fonction des régions et influence de facto sur le taux
d'abstention qui lui aussi varie en fonction de chaque région et effrite
le nombre d'inscrits sur l'ensemble du pays.
Tableau
n° 7 : NOMBRE DES INSCRITS SUR LES
LISTES ELECTORALES DE 1992 à 2007
ANNEES
|
NOMBRE DES INSCRITS
|
1992
|
4.019.562
|
1996
|
4.152.265
|
1997
|
4.220.163
|
2002
|
Environ 4millions
|
2004
|
4.701.953
|
2007
|
5004549
|
Source : Compilation de
l'auteur à sortir des données des Cameroons Tribunes n°5090,
du 12/03/1992, n°2751, du 24/10/1997, du 15/10/2004, du journal L'action
n°304 du 26/07/2002, et ELAN TCHOUMBIA, 2004.
Le tableau nous montre que la progression du nombre des
inscrits depuis 1992 ne correspond pas au rythme de l'augmentation de la
population et traduit bien le fait que les camerounais ne voient pas d'enjeu
dans les inscriptions, préfèrant alors s'abstenir. En effet, de
1992 à 2007, le nombre des inscrits sur les listes électorales
oscille entre 4 millions et 5 millions alors que, la population totale
estimée en 1992 à environ 12 millions, atteind désormais
la bare de 19 millions en 2007. Ce qui montre que l'augmentation du nombre de
la population, n'est pas matérialisée par une forte augmentation
du nombre des inscrits sur les listes électorales. C'est une
réalité qui peut aussi s'expliquer par la
décrédibilisation du processus électoral.
PARAGRAPHE 2 : LA
DECREDIBILISATION DU PROCESSUS PRE-ELECTORAL
La construction de la démocratie commence par
l'établissement des règles de la compétition
électorale qui soient acceptées pas tous car, si les
règles de jeu ne font pas l'unanimité au sein des acteurs
politiques, il est évident que l'ensemble du processus électoral
sera régulièrement remis en cause. C'est pour cette raison que
M.Takougang souligne qu'« on ne peut
pas organiser les élections
depuis 20 ans sans consensus
sachant que la confiance
même se périme »65(*). On comprend alors pourquoi
les acteurs politiques passent plus de temps à débattre des
règles du jeu au lieu des enjeux de la compétition
elle-même. Etant donné que la maîtrise du processus
électoral par le parti au pouvoir peut expliquer le découragement
de ses adversaires potentiels ou réels, ces derniers exigeront une
redéfinition des règles du jeu sans lesquelles les
élections ne sont qu'une « pure
mascarade » (Nna, 2009 : 343-344). La
conséquence est la démotivation des citoyens et la suspicion
à l'égard du processus d'inscription sur les listes. Si les
règles ne font pas l'objet de consensus au sein des différents
acteurs, beaucoup risquent de renoncer au jeu car celui-ci suppose que l'on
soit d'accord sur « l'illusio » du jeu qui est le
fait d'être pris au jeu, d'être pris par le jeu, de croire que le
jeu en vaut la chandelle ou pour dire les choses simplement que ça vaut
la peine de jouer (Bourdieu, 1994 : 151). Si tel n'est pas le cas, les
comportements de rejet systématique des règles du jeu politique
exprimant un haut degré d'insatisfaction (Njoya, 2003 : 90) seront
développés par certains acteurs politiques et citoyens qui auront
l'impression de se sentir floués. C'est dans cette logique que s'inscrit
au Cameroun depuis 1992 dans la compétition électorale les
interactions entre le camp de la crédibilisation et celui de la
décrédibilisation du processus électoral. Cette lutte
conduira dès lors à la création de plusieurs organismes
chargés de la gestion du processus électoral au Cameroun qui
dès leur genèse connaitront des problèmes de
légitimité qui auront des effets dévastateurs dans
l'opinion66(*). Ce qui
affecte considérablement la fiabilité du processus
électoral avec pour conséquence les critiques et les boycotts qui
ne cessent de jalonner le processus électoral accentuant la crise de
légitimité.
En effet, la réalité est que les acteurs
politiques n'ont jamais été d'accord sur le processus
électoral tel qu'il est géré par les différentes
institutions compétentes en matière électorale. Ce
désaccord débouche le plus souvent sur la contestation des
résultats et construit une interaction entre le camp des
« victoires volées » et celui des
« victoires méritées ». Or,
cette contestation permanente des résultats commence au moment
même de la phase pré-électorale qui est marquée
essentiellement par les inscriptions sur les listes électorales. C'est
une phase déterminante pour la suite du processus électoral parce
que la crédibilisation de l'élection commence par la
crédibilisation des inscriptions sur les listes étant
donné que, la faible inscription sur les listes électorales
décrédibilise dans une grande mesure le système
électoral. D'où la nécessité de parvenir à
un corps électoral correspondant au chiffre de la population67(*). Ce qui n'est pas facile au
regard du degré d'apathie des camerounais car la non-inscription semble
être perçue par les citoyens, selon Mathias Eric Owona Nguini,
comme «... Un acte de
défiance clair
vis-à-vis du processus
électoral proprement dit... 68(*)». En fait, les citoyens
en plus du déficit de confiance à l'égard des hommes
politiques mettent en doute l'impartialité des organismes chargés
du processus électoral et les soupçonnent de faire le jeu du
parti au pouvoir. Or, ceci fait suite aux accusations des partis d'opposition
contre ces organismes pour des raisons identiques. Pourtant, il est
généralement admis que « nos prises
de position alarmiste peuvent davantage
décourager les citoyens alors
que l'enjeu était de
mobiliser69(*) ». C'est dans cette optique que, M.
Fru Ndi déclare qu'« il est
difficile de lutter contre l'apathie
des camerounais lorsqu'ils n'ont pas confiance aux règles du jeu.
Pourquoi voulez-vous qu'ils perdent leur temps pour quelque chose en laquelle
ils n'ont pas confiance ? »70(*). Au regard de cette position
et des appréhensions des citoyens par rapport au processus
pré-électoral,
la « décivilité »
électorale s'organise autour de la critique du rôle de l'Etat en
matière d'organisation des élections (Sindjoun, 1999 : 311),
débouchant sur les accusations des partis politiques d'opposition
à l'égard du gouvernement. En effet, d'après ces
partis, le gouvernement a « la main mise
sur la procédure électorale
parce qu'il n'est pas prêt
à perdre les
élections... » (Sindjoun, 1999 : 285).
D'ailleurs, selon Daniel Mbo'o : « C'est le
processus d'inscription sur le
fichier électoral qui plombe
les élections au
Cameroun 71(*)». Et ce n'est pas la réintroduction de
l'administration dans l'organisation des élections malgré la mise
sur pied d'ELECAM72(*) qui
va faire taire les critiques et stimuler les inscriptions. Au contraire, cette
situation a suscité de vives contestations au sein de
l'opposition ; ce qui peut nettement accentuer la méfiance des
citoyens à l'égard de cet organe et les décourager
davantage par rapport aux inscriptions sur les listes.
Tableau
n° 8 : LES TAUX D'INSCRIPTION PAR
REGION A LA DATE DU 30/O5/2011
REGIONS
|
POPULATION TOTALE
|
POPULATION ELECTORALE (45%)
|
INSCRITS DE 2007
|
ELECTEURS A INSCRIRE
|
ELECTEURS INSCRITS DEPUIS AOUT 2010
|
TAUX DE REALISATION EN (%)
|
ADAMAOUA
|
1015622
|
457.029
|
262.180
|
194.849
|
136.485
|
70
|
CENTRE
|
3.525.664
|
1586548
|
771.475
|
815.073
|
309.920
|
38
|
EST
|
801.968
|
360.885
|
263.145
|
97740
|
99795
|
102
|
EXTREME-NORD
|
3.480.414
|
1.566.186
|
1.035.486
|
530.700
|
249.313
|
47
|
LITTORAL
|
2.865.795
|
1.289.157
|
630.984
|
658.173
|
207.624
|
32
|
NORD
|
2.050.229
|
922.603
|
399.952
|
523.551
|
166.406
|
32
|
NORD-OUEST
|
1.804.695
|
812.112
|
503.660
|
228.452
|
149.936
|
66
|
OUEST
|
1.785.285
|
803.378
|
524.303
|
279.075
|
184224
|
66
|
SUD
|
692.142
|
311.463
|
219.035
|
92.428
|
78.322
|
85
|
SUD-OUEST
|
1.384.286
|
622.928
|
457.616
|
165.312
|
136.924
|
83
|
TOTAL (%)
|
|
8.732.289
|
5.067.836
|
3.585.353
|
1.718.949
|
48
|
Source :
www.Elecam.cm
Les faibles taux d'inscriptions démontrent que les
Camerounais dans leur majorité ont une certaine méfiance à
l'égard du processus électoral tel qu'il est géré.
Et cela s'exprime par le peu d'engouement qu'ils développent pour les
inscriptions. Cette réalité est visible principalement dans 04
régions si on prend en compte le tableau suscité à
savoir : le Centre, l'Extrême-Nord, le Littoral et le Nord qui
constituent les plus grands viviers électoraux du pays en termes de
potentiels électoraux. Ce qui explique certainement pourquoi le taux
d'inscription sur les listes électorales est faible (48%) dans
l'ensemble du pays. Cette méfiance peut se justifier par la conscience
qu'ils ont du fait que les organes en charges du processus électoral
n'ont aucun rôle déterminant ni aucune autonomie dans la gestion
du processus électoral (Pokam, 2007 : 80). La situation de ces
organes est assimilée par l'opposition à celle de
l'administration territoriale qui en son temps était
inféodée au parti au pouvoir et décidait de toutes les
modalités d'inscription sur les listes électorales en
dépit des dispositions légales (Kamga, 1999 : 102). Dans le
même esprit, M. Titi Nwel trouve que l'administration est bonne pour
autre chose mais pas pour les élections car le retour de
l'Administration va créer la suspicion sur ELECAM73(*). La réalité est
que le président de la République qui est aussi chef du parti au
pouvoir a toujours été le seul compétent pour nommer tous
les membres des organismes chargés de la gestion du processus
électoral. Ainsi, du ministre de l'administration territoriale aux
responsables de l'ONEL et d'ELECAM, tous ont été nommés
par le président de la République (Pokam, 2007 : 81). Ce qui
ne constitue pas un gage de neutralité aux yeux des électeurs.
Une telle suspicion ne manque donc pas de briser l'enthousiasme de certains
citoyens qui finissent par se dire que leur voix ne compte pas (Nna,
2009 : 346) car, comme l'affirme M. Pokam (2007 : 79), les dirigeants
africains déploient des stratégies visant à monopoliser le
processus de création des commissions électorales en donnant une
fausse impression d'innovation et en masquant le conformisme. C'est la raison
pour laquelle M. Albert Ndzongang qualifie ELECAM de
« Machin » parce que certains membres estiment
selon lui, qu'ils ont rang et prérogatives de ministre et par
conséquent qu'ils ne sont pas libres74(*).On peut donc admettre avec Mathurin Nna (2009 :
344) que : « La contestation des
règles du jeu favorise
l'abstentionnisme... » à travers la non-inscription
sur les listes électorales. En définitive, la non-inscription
volontaire peut manifester ainsi un degré élevé de
politisation des citoyens (Nna, 2009 : 344-345). Par ailleurs, que
pouvons-nous dire de la non-inscription involontaire ?
SECTION 2 : LA MULTIPLICATION
DES SOURCES DE LA NON-INSCRIPTION INVOLONTAIRE
Contrairement à la non-inscription volontaire, la
non-inscription involontaire ne dépend pas d'une manifestation claire de
la volonté des citoyens. Ici, les citoyens sont confrontés
à un certain nombre de difficultés qui les empêchent de se
fait inscrire sur les listes électorales. Le degré de
politisation des citoyens n'est pas déterminant pour la non-inscription
car que les citoyens soient dotés de la compétence politique ou
pas, elle sera limitée face aux facteurs auxquels ils sont
confrontés. C'est ainsi que nous pouvons distinguer la non-inscription
inhérente au non accomplissement de certains actes et celle
inhérente aux actions de certains acteurs.
PARAGRAPHE 1 : LES
PRATIQUES D'EXCLUSION PAR LE NON ACCOMPLISSEMENT DE CERTAINS ACTES
Les citoyens souhaitant s'inscrire sur les listes
électorales doivent accomplir un certain nombre d'actes car si le droit
de s'inscrire est reconnu aux citoyens en âge de voter (20 ans)75(*), il n'a de sens que si
d'autres formalités sont remplies. Dans le cas contraire, le citoyen
(n'ayant pas accompli ces autres formalités) n'a pas droit à
l'inscription sur les listes électorales. C'est ainsi que le citoyen n'a
pas droit à l'inscription s'il ne possède pas de carte nationale
d'identité, s'il ne connaît pas la procédure et si sa
résidence n'est pas implantée à son lieu d'incription.
A-L'EXCLUSION CONSECUTIVE AUX
PROBLEMES DE CARTES NATIONALES D'IDENTITE
La possession de la carte nationale d'identité est
cruciale dans l'inscription sur les listes et c'est justement pour cette raison
que ceux qui ne l'ont pas ne sont pas autorisés à s'inscrire. A
cet effet, le responsable communal d'ELECAM de Dschang déclare
que : « Notre principal problème est le
défaut de carte nationale d'identité et
particulièrement dans les zones rurales et pour ceux qui en
ont, elles ne sont plus valides. D'ailleurs, certains
possèdent encore des cartes en cartons. Ce qui se justifie
par son coût élevé »76(*). On comprend alors pourquoi le
défaut de carte est préjudiciable aux inscriptions sur les
listes, puisque certains citoyens en zones rurales malgré leur
volonté ne peuvent s'inscrire. Ce défaut de cartes est parfois
lié à celui du défaut d'actes de naissance étant
donné que, dans les zones rurales certains citoyens n'ont pas d'actes de
naissance surtout ceux qui ne sont pas nés dans les centres de
santé. Cette situation fut observée dans la région du
Sud.77(*) Or, on ne peut
se faire établir de cartes sans actes de naissances. En
réalité, le coût élevé de la carte
d'identité ne la met pas à la portée de toutes les bourses
(5000F.cfa et parfois plus). De même, l'éloignement des lieux
d'identification78(*)
constitue un autre obstacle majeur aux inscriptions. C'est par exemple le cas
dans la localité de Nanga-Eboko où les citoyens sont
obligés de parcourir des kilomètres après avoir
déboursé 2000F.cfa pour le transport seulement lorsque la route
est praticable avec le risque de ne jamais entrer en possession de ladite
carte79(*). En effet, on
ne s'inscrit pas officiellement avec le récépissé de la
carte sauf si on y joint son acte de naissance80(*). En conséquence, l'obstacle majeur aux
inscriptions sur les listes électorales réside au niveau de
l'obtention de la carte nationale d'identité81(*). C'est ce que confirme
d'ailleurs M. Adji Massao, Délégué régional
d'ELECAM de l'Extrême-Nord lorsqu'il déclare que
« le potentiel électoral est en principe les
jeunes en âge de voter et les femmes, mais malheureusement, ils sont peu
à s'inscrire justement parce qu'ils ne possèdent pas de cartes
nationales d'identité82(*) ». Mais il ne faut pas conclure que
posséder une carte nationale suffit à se faire enregistrer sur
une liste car le citoyen doit suivre un certain nombre de règles et
résider dans la circonscription ou dans la commune où il veut
s'inscrire.
B- L'EXCLUSION CONSECUTIVE A LA
MECONNAISSANCE DES MODALITES PRATIQUES ET AU PROBLEME DE RESIDENCE
La méconnaissance des lois en matière
électorale et précisément de la procédure
d'inscription produit des effets néfastes sur le processus
électoral selon les responsables de l'ONEL83(*). Cette situation fait de la
vie politique « une jungle où
chacun se débrouille sans
vraiment maîtriser les règles de jeu84(*) ». Ce qui se
matérialise par le fait que les partis politiques collectent parfois les
cartes d'identité de leurs militants afin de les faire inscrire
même après la convocation du corps électoral. Pourtant, la
convocation du corps électoral signifie la fin des inscriptions sur les
listes électorales85(*). En pratique, la méconnaissance des lois en
matière électorale et de la procédure d'inscription
éloignent de nombreux citoyens des bureaux d'inscription étant
donné que certains ne savent pas souvent qu'ils ont déjà
atteint l'âge requis pour s'inscrire sur les listes (Eboussi Boulaga,
1997 : 275). Ce qui les exclut du fichier électoral en
compromettant leur paricipation aux élections. Les autres obstacles sont
liés au fait que plusieurs citoyens ne savent pas parfois où les
bureaux d'inscription se trouvent86(*) encore moins les heures de leurs ouvertures ou de
leurs fermetures et plus intéressant, le fait que les heures de leurs
fermetures ne soient pas suffisamment longues (Duval, 2007 : 92). De ce
fait, si les bureaux d'inscription ne sont pas ouverts jusqu'à une heure
tardive afin de permettre aux gens qui travaillent de se libérer pour se
faire inscrire, il leur sera difficile d'abandonner leur travail à cet
effet. Or, en pratique, les bureaux d'insciption ferment à 15h ayant
ouverts à 08h. Ce qui ne facilite pas la tâche à ceux qui
finissent le travail à 15h de s'inscrire puisqu'il peut advenir
qu'à leur arrivée au lieu d'inscription le bureau soit
déjà fermé ; sans négliger le fait que
certains ferment avant l'heure officielle de fermeture. A titre d'illustration,
la fermeture prématurée des bureaux d'inscription dans le Mayo-
Kani a empêché les jeunes ayant atteint l'âge
électoral de s'inscrire (Kees, 1992 : 117). De même, la
mauvaise organisation des opérations d'inscription conduit
généralement au découragement des citoyens87(*). On peut aussi reléver
comme éléments supplémentaires de découragement
pour les inscriptions sur les listes électorales la pénurie du
matériel d'inscription (Eboussi Boulaga, 1997 : 274-275).
Au-delà de cette méconnaissance des modalités pratiques,
le lieu de résidence du citoyen est un facteur qui fragilise davantage
l'inscription sur les listes.
En effet, d'après le code électoral88(*), seuls les citoyens
camerounais jouissant du droit de vote et ayant leur domicile réel ou
résidant effectivement dans la commune ou dans la circonscription depuis
au moins six (6) mois peuvent être inscrits sur une liste
électorale. Cette disposition exclut d'office tous les citoyens ne
résidant pas pendant cette période dans la commune ou la
circonscription exception faite aux militaires et assimilés89(*), et aussi des citoyens qui
justifient de leur inscription au rôle des contributions directes dans la
commune pour la cinquième année consécutive à
condition que les demandes d'inscription soient obligatoirement
accompagnées des certificats de non inscription sur les listes ou de
radiation90(*). Cette
situation a fait l'objet de plusieurs débats au Cameroun surtout en ce
qui concerne les camerounais vivant dans les pays étrangers qui ne
pouvaient voter parce qu'ils n'étaient pas inscrits sur les listes
électorales91(*).
Ce qui n'était pas conforme à leur souhait et les amenaient
à dénoncer leur mise à l'écart. Prennant exemple
des diasporas des autres pays africains qui participent aux élections
dans leur pays, celle du Cameroun se demande pourquoi elle ne participe pas aux
élections ?92(*) Désormais, cette exclusion
rélèvera du passé si l'on se réfère au
projet de loi déposé à l'Assemblée Nationale par le
gouvernement le 06/07/2011 qui leur permet de prendre part à
l'élection présidentielle et au référendum mais pas
aux élections législatives et municipales93(*). Ainsi, la diaspora
camerounaise prendra part à l'élection présidentielle et
au référendum malgré son absence du territoire
camerounais. Toutefois, cette situation constituera toujours un blocus à
sa participation aux élections législatives et municipales. Ce
qui n'est pas sans impact sur le potentiel électoral de ces deux
dernières élections qui restera toujours moins important que
celui de l'élection présidentielle surtout lorsqu'on sait que les
camerounais sont des millions à vivre à
l'étranger94(*).
De même, les citoyens changeant
régulièrement de résidence ou de domicile
éprouveront d'énormes difficultés à s'inscrire sur
les listes car s'ils étaient déjà inscrits sur des listes,
ils auront du mal à se faire réinscrire dans leurs nouvelles
communes (Duval, 2007 : 58) et s'ils ne s'étaient pas encore
inscrits, ce n'est pas certain qu'ils le feront parfois à cause de leur
forclusion95(*). Dans tous
les cas, ils sont des milliers à être absents dans leurs lieux de
résidence. Ainsi, d'après le dernier récensement, ils
étaient un total de 682.532 résidents absents à leurs
lieux de résidence dans l'ensemble du pays96(*). Suivant la même
perspective, le fait de résider à une distance très
éloignée du bureau d'inscription ou à une distance
nécessitant un déplacement en véhicule peut constituer un
argument supplémentaire pour les citoyens voulant s'inscrire car ceux-ci
peuvent ne pas accepter de parcourir cette distance pour accomplir cette
formalité ou de dépenser une certaine somme d'argent seulement
pour aller s'inscrire. Par ailleurs, les actions de certains acteurs
contribuent aussi à l'effritement du taux d'inscription.
PARAGRAPHE 2 : LES
PRATIQUES D'EXCLUSION A TRAVERS LES DEMARCHES DE CERTAINS ACTEURS
Il est question de relever que la non-inscription involontaire
n'est pas seulement le fait des citoyens à cause du non accomplissement
de certaines formalités, mais davantage celui de certains acteurs qui,
de façon volontaire ou involontaire, participent à la
non-inscription des citoyens. Dans cette optique, nous présenterons non
seulement les inscriptions sélectives et la convocation du corps
électoral, mais également la non-inscription liée à
l'appel au boycott, aux intimidations et à la violence.
A- LES INSCRIPTIONS SELECTIVES,
LES SUPPRESSIONS DE NOMS SUR LES LISTES ELECTORALES ET LA CONVOCATION DU CORPS
ELECTORAL
Les non-inscriptions involontaires sont nombreuses et
variées. Elles se traduisent parfois par « les
inscriptions sélectives » de certains
citoyens malgré leur volonté manifeste de se faire inscrire sur
les listes électorales. Elles sont d'ailleurs fréquentes dans le
processus électoral camerounais et constituent l'une des charges
essentielles dans les réquisitoires pour l'annulation (Njoya,
2003 : 81) de certaines élections. En effet, il s'agit de
l'inscription des personnes susceptibles de voter pour le parti au pouvoir, en
excluant toutes les personnes suspectées d'appartenir à
l'opposition, ce qui n'a pour explication que l'argument ethnique conformement
à la position de M.Njoya (2003 : 86) selon laquelle :
« seul l'argument ethnique peut
justifier ce sélectivisme ». Etant
donné qu'il est difficile de dire a priori qui est de l'opposition et
qui ne l'est pas, et partant du caractère ethnique des partis
(Mouiché, 2009 :24), il est possible de dire qui est de
l'opposition et qui ne l'est pas ; car certains partis politiques sont
souvent proches des ethnies auxquelles appartiennent leurs leaders. A cet
effet, les inscriptions sur les listes électorales sont souvent
entachées de plusieurs exclusions (Eboussi Boulaga, 1999 : 71) du
fait de certains acteurs en charge du processus électoral. C'est dans
cette perspective que, M. Fru Ndi affirme que : « Les
autorités administratives enregistrent de façon sélective
les camerounais sur les listes. Ainsi, dans le Centre, le Sud et
L'Est beaucoup de citoyens ont été empêchés de
s'inscrire sur les listes parce qu'ils étaient soit Anglophones
soit Bamiléké. De ce fait soupçonnés d'être
des opposants 97(*)». C'est la preuve que l'exclusion de
certaines catégories de citoyens a un caractère ethnique et
contribue à l'amoindrissement du corps électoral à travers
le découragement des électeurs. Dans tous les cas, c'est une
pratique qui semble récurrente et qui mine sérieusement le
processus électoral en participant grandement à l'exclusion de
nombreux citoyens comme l'illustre le cas de M. Alain Fogue Tedom, lorsque
prenant son exemple il déclare : qu'« en
2007, j'ai marché pendant
plus de six mois pour
m'inscrire sur une liste électorale, à la
sous-préfecture de Yaoundé 3ème, j'y suis pas
parvenu »98(*).
C'est une réalité qui ne laisse donc pas la
possibilité d'évaluer réellement le potentiel du corps
électoral. À titre d'exemple près de 15 mille personnes
auraient tenté en vain de s'inscrire sur des listes électorales
en 1992 (Eboussi Boulaga, 1997 : 117).
Par ailleurs, d'autres électeurs ont vu tout simplement
leurs noms supprimer des listes électorales dans des localités
suspectées d'être acquises à l'opposition. C'est une
technique qui semble correspondre à une volonté claire des
acteurs qui y ont intérêt car, on observe cette pratique en
particulier dans les fiefs acquis à l'opposition tandis que dans ceux
proches du parti au pouvoir, les cas de suppression ne sont pas autant
légion.
Tableau
n° 9 : LES INSCRITS EN MARS 1992 ET
SUPPRIMES EN OCTOBRE 92
REGIONS
|
NOMBRE D'ELECTEURS SUPPRIMES EN OCTOBRE 1992, POURTANT INSCRITS
EN MARS 1992.
|
ADAMOUA
|
1513
|
CENTRE
|
0
|
EST
|
0
|
EXTREME-NORD
|
210414
|
LITTORAL
|
24
|
NORD
|
108
|
SUD
|
0
|
SUD-OUEST
|
55
|
NORD-OUEST
|
37766
|
OUEST
|
0
|
TOTAUX
|
249880
|
Source : Owona
Nguini : La sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun entre
autoritarisme et démocratie (1978-1996) : les régimes
politiques et économiques de l'Etat au gré des conjonctures et
configuration socio-historique, 1997.
A partir de ce tableau, il ressort que 6.23% des inscrits de
Mars 1992 ont été privés de leur droit de vote.
Par contre, si certaines exclusions ou inscriptions se font
en violation des dispositions légales, d'autres par contre se font en
conformité avec elles, même si certains partis politiques et
observateurs les dénoncent en estimant qu'elles sont parfois
arbitraires. En effet, la convocation du corps électoral ne vise pas
expressément à exclure une catégorie des citoyens
jugés « opposants », mais à
respecter des dispositions légales qui veulent que le corps
électoral soit convoqué à quarante-cinq jours au maximum
avant la prochaine élection99(*). Cependant, sa convocation n'est pas toujours neutre
car, il arrive qu'il soit décrété par anticipation. Ce qui
est de nature à supprendre les potentiels électeurs,
compromettant dans une certaine mesure leurs inscriptions sur les listes.
Cette technique a été employée lors de l'élection
présidentielle de 1992 à laquelle le président de la
République avait convoqué par anticipation le corps
électoral mettant ainsi « hors
jeu » ceux qui s'appretaient à s'inscrire plus tard,
étant donné que cet acte stoppe les inscriptions.
A cet effet, en année électorale,
dès que le corps électoral est convoqué, toute inscription
sur les listes cesse100(*). Il consacre donc la clôture des inscriptions
sur les listes électorales, ce qui produit une exclusion massive de
nombreux citoyens (Nna, 2009 : 25) qui à cause de cet acte sont
forclos. C'est d'ailleurs ce qui a motivé le SDF à attaquer en
1992 devant le tribunal administratif le décret101(*) convoquant le corps
électoral pour le 1er mars 1992 estimant qu'il violait la loi
électorale car, en le convoquant pour cette date, les jeunes de 20 ans
n'auront pas le temps de s'inscrire (Nkaifon Perfura, 1994 : 223). Dans
tous les cas, la convocation du corps électoral exclut un nombre
important de citoyens, particulièrement ceux qui avaient renvoyé
leur inscription à plus tard et ceux qui ont été surpris
par l'anticipation des élections102(*), car en cas d'élection anticipée la
date de sa convocation sera elle aussi anticipée. D'ailleurs, l'ONEL
estime qu'après la convocation du corps électoral en 2004,
25% des communes avaient encore des citoyens soucieux
de se faire inscrire sur les listes103(*). Ce qui représente des milliers de potentiels
électeurs qui ne sont plus autorisés à s'inscrire.
Cependant, malgré sa convocation, certaines catégories de
citoyens peuvent toujours être autorisées à
s'inscrire.104(*) En
conséquence, le problème de la convocation du corps
électoral comme source de non-inscription est lié à sa
convocation anticipée et non à sa convocation elle-même
puisqu'elle répond en principe à des dispositions légales
car, si l'anticipation des élections correspond à une
stratégie politique, il va de soi que la convocation anticipée du
corps électoral est l'une de ses armes. A côté de la
convocation du corps électoral, les inscriptions sélectives, les
appels aux boycotts des inscriptions, les intimidations et la violence
empêchent bien des citoyens à s'inscrire sur les listes.
B- LES APPELS AUX BOYCOTTS ET
LA VIOLENCE ELECTORALE
Le boycott prôné par certains
partis politiques d'opposition, s'apparente à une conduite de
défection motivée par un sentiment d'impuissance traduisant
l'incapacité de changer les règles du jeu (Menthong, 1998 :
45). En fait, c'est une arme qu'utilisent certains partis politiques depuis le
retour du multipartisme principalement le SDF et l'UDC. Bien que l'impact de ce
mot d'ordre ait souvent varié en fonction des fiefs acquis à ces
partis (Menthong, 1998 : 44), il a contribué tout de même
à amaigrir le corps électoral.
Tableau
n°10 : EVOLUTION DES TAUX
D'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES (1992-2007)
ANNEES
|
NOMBRE DES INSCRITS
|
1992
|
4.019.562
|
1996
|
4.152.265
|
1997
|
4.220.163
|
2002
|
4.389.572
|
2004
|
4.701.953
|
2007
|
5004549
|
Source : Compilation de
l'auteur données issues des Cameroons Tribunes n°5090, du
12/03/1992, n°2751, du 24/10/1997, du 15/10/2004, n°8895/5094, du
20/07/2007, le journal l'Action n°304 du26/07/2002, et ELAN TCHOUMBIA,
2004.
En observant les années électorales ci-dessus,
on constate que celles auxquelles certains partis politiques ont appelé
au boycott ont connu des taux d'inscription faibles par rapport aux autres. En
effet, l'impact du mot d'ordre de boycott a été plus ressentie en
1992, ce qui correspond à la période pendant laquelle
l'opposition avait une grande sympathie auprès des citoyens et croyait
jouer sur elle pour imposer la conférence nationale souveraine au
gouvernement (Nkaifon Perfura, 1994 : 223) ce qui n'a évidement pas
abouti, l'aménant à opter plutôt pour le
« boycott actif » des élections.
Cet appel a dissuadé plusieurs citoyens à s'inscrire sur les
listes, contribuant au gonflement des taux d'abstention. D'ailleurs, à
cause du boycott massivement suivi dans les localités
réputées acquises à l'opposition, de nombreux citoyens
n'ont pas pris la peine de s'inscrire. De même, comme en 1992 et 1997,
le SDF va appeler en 2011 au boycott, mais cette fois non plus de
l'élection elle-même mais de l'institution chargée de son
organisation à savoir ELECAM. Ainsi, selon M. Osih l'un des vices
présidents du SDF : « Le SDF
n'a jamais dit qu'il va
boycotter la future élection
présidentielle, mais qu'il n'y aura pas d'élection avec ELECAM
dans sa configuration actuelle »105(*). Avant d'ajouter qu'il ne revient pas aux
partis d'appeler les citoyens à aller s'inscrire ou à ne pas
s'inscrire, il convient de rappeler que la prise en compte des onze (11)
exigences de son parti est la clé de leur participation aux commissions
d'inscription sur les listes. L'autre motivation du SDF à l'égard
du boycott d'ELECAM est selon lui son illégalité car, cette
institution ne sera légale selon ce parti qu'après le
décret constatant son existence, ce qui n'est manifestement pas encore
le cas106(*).
Naturellement, cette attitude du SDF ne peut contribuer à la stimulation
des inscriptions sur les listes car elle va amener plusieurs militants et
sympathisants de ce parti ou même d'autres citoyens à ne pas
s'inscrire sur les listes électorales. C'est suivant cette logique que,
le responsable régional d'ELECAM-Ouest considère que l'appel au
boycott d'ELECAM par le SDF décourage certains citoyens surtout ceux de
la ville qui sont exposés aux débats politiques107(*). De même, sans parler
explicitement de boycott M. Ekindi déclare qu'« il
est difficile qu'on incite des
gens à s'inscrire si on
ne peut leur donner la
certitude que leurs votes seront pris en compte et qu'ils
auront les cartes électorales fiables 108(*)». Par
ailleurs, les organisations telles que les Témoins de
Jéhovah n'incitent pas leurs adeptes à s'inscrire sur les listes,
ce qui constitue un important vivier de non-inscrits, vu l'importance
numérique de ce groupe religieux et donc de l'électorat qu'il
peut constituer. C'est pour cela que le responsable communal d'ELECAM de
Dschang n'a pas développé de tactique d'inscription à leur
égard en affirmant pour se justifier que
: « nous avons évité
les Témoins de Jéhovah, car, vous
connaissez leur position en ce qui concerne les
élections »109(*). Les adeptes de cette communauté sont
donc à priori des non-inscrits alors qu'ils sont assez nombreux pour
participer à la crédibilisation du corps électoral
camerounais.
De même, la violence électorale est un facteur
d'effritement du corps électoral puisque beaucoup de citoyens renoncent
à ce droit par peur. C'est par exemple le cas des populations de la
localité de Nteingué située entre la ville de Dschang et
de Santchou qui se sont affrontées parce que semble-t-il, les Mbo'o de
la localité refusaient aux Bamilékés de la même
localité le droit de s'inscrire sur les listes électorales. En
effet, pour ces Mbo'o, les populations Bamiléké qui s'inscrivent
dans leur localité votent généralement pour l'opposition,
faisant de leur localité un fief de l'opposition, et donc ne pouvant
bénéficier des largesses du régime110(*). En réalité,
les racines de cette violence sont consécutives à l'entreprise
des chefs traditionnels, élites et notables de l'arrondissement de
Santchou qui déjà en février 1996, avaient demandé
au chef de l'Etat de rattacher leur localité au département du
Moungo avant la prochaine élection afin que leurs efforts ne soient pas
anéantis par le flux de Bamiléké (Sindjoun, 1999 :
318). Ces violences peuvent produire comme effets le découragement de
certains citoyens qui par crainte auront peur de s'inscrire.
La construction de l'abstentionnisme électoral au
moment des inscriptions sur les listes électorales est donc le produit
d'une série d'interactions mises en oeuvre à travers une
variété de tactiques contenues dans la non-inscription volontaire
et involontaire sur les listes électorales. Ces deux principaux
procédés mettent en jeu un ensemble d'actions et d'interactions
des acteurs sociopolitiques qui volontairement ou involontairement participent
à la construction pratique de l'abstentionnisme électoral au
moment de l'inscription sur les listes électorales. Ainsi,
au-delà de la compétence politique des citoyens qui leur permet
de renoncer à leur droit d'inscription sur les listes à travers
la non-inscription, les conditions socio-économiques des
électeurs et le non accomplissement de certains actes ou encore les
actions des acteurs sociopolitiques sont autant de facteurs qui contribuent
à la construction du phénomène à travers la
non-inscription sur les listes électorales. Par ailleurs, cette
construction prend aussi en compte le moment de l'élection.
CHAPITRE 2 : LA CONSTRUCTION DE L'ABSTENTIONNISME
ELECTORAL AU MOMENT DE L'ELECTION
L'abstentionnisme électoral est la non-participation
d'un citoyen à un vote auquel il est convoqué (Alcaud et als,
2004 : 1). Dans cette optique, qu'est ce qui peut conduire un citoyen qui
a pris la peine d'accomplir toutes les formalités nécessaires
à l'inscription sur les listes à renoncer finalement au vote au
moment de l'élection ? En effet, contrairement à la
période d'inscription sur les listes, l'abstentionnisme électoral
au moment de l'élection prend en compte le moment de la campagne
électorale qui est très déterminant dans ce
phénomène. C'est un moment au cours duquel les candidats doivent
rassurer les citoyens dans leurs options en orientant leur comportement
électoral. Par ailleurs, l'abstention électorale n'est pas un
vote comme les autres, elle constitue une réponse négative
à une offre politique à un moment donné (Subileau,
1997 : 245) ce qui signifie que le citoyen prend en compte la conjoncture
politique dans laquelle il se meut, traduisant la possibilité qu'il soit
politisé. Ce comportement électoral peut aussi être
fortement influencé par l'appartenance sociale du citoyen,
c'est-à-dire qu'il n'accorde aucune importance à la conjoncture
politique et se sent exclu. En conséquence, l'abstentionnisme
électoral au moment de l'élection est donc sensible aux
circonstances du vote (Panke-Shon, 2007 : 3) et à la condition
sociale du citoyen. Dans cette optique, c'est un phénomène qui
est largement lié au dysfonctionnement du processus électoral,
aux pesanteurs socio-économiques et au faible impact de la campagne
électorale.
SECTION 1 : L'ORCHESTRATION DU
DYSFONCTIONNEMENT DU PROCESSUS ELECTORAL
La participation des
citoyens aux consultations électorales est stimulée par un nombre
important de facteurs sans lesquels ceux-ci peuvent être tentés de
s'abstenir. Parmi ces facteurs, l'organisation de l'élection et son
déroulement en sont les piliers car la fiabilité de
l'élection y réside. Mais, pour plusieurs raisons, certains
partis politiques peuvent être tentés de boycotter les
élections entrainant avec eux la non-participation de certains citoyens.
Ce type d'abstentionnisme lié au dysfonctionnement du processus
électoral ne dépend pas de la volonté manifeste des
citoyens ; c'est pour cela qu'il est
dit « abstentionnisme
involontaire ». Toujours est-il que ce dysfonctionnement
même s'il n'est pas le fait direct des citoyens, est celui des acteurs en
charge du processus électoral qui, volontairement ou involontairement
entraîne cette situation. Ce qui a inéluctablement un impact
significatif sur la participation des citoyens aux élections. Dès
lors, nous envisagerons dans cette perspective non seulement l'abstentionnisme
inhérent à l'organisation parfois chaotique des élections
mais aussi celui lié à l'entretien d'une atmosphère
propice à une organisation non harmonieuse des élections.
PARAGRAPHE 1 : UNE
ORGANISATION PARFOIS CHAOTIQUE DE L'ELECTION
L'organisation et le déroulement de
l'élection peuvent, lorsque certaines conditions sont réunies,
constituer des cartalyseurs pour l'abstentionnisme électoral au point
d'entacher considérablement la crédibilité de
l'élection. Dans cette logique, nous présenterons tour à
tour l'abstentionnisme lié aux problèmes de cartes
d'électeurs et des listes électorales, celui inhérent aux
problèmes d'urnes, de bulletins, au non repérage des bureaux de
vote et de leur éloignement.
A- LA GESTION PROBLEMATIQUE DES
CARTES D'ELECTEUR ET DES LISTES ELECTORALES
L'inscription sur les listes électorales des citoyens
ne garantit pas de manière automatique leur participation au vote.
Celle-ci doit déboucher sur la présence de leurs noms sur les
listes électorales et sur la possession effective des cartes
d'électeurs. Ce qui n'est pas toujours le cas, entraînant parfois
l'abstention. C'est une situation que connaît de façon
récurrente de nombreux électeurs camerounais. En
conséquence, certains ne peuvent voter en raison de l'absence de
correspondance entre le nom et le numéro d'ordre sur les cartes et les
listes électorales (Owona Nguini, 1997 : 762).
En effet, en ce qui concerne le problème de listes
électorales, de nombreux citoyens sont souvent confrontés
à l'absence de leur nom sur les listes électorales malgré
les formalités d'inscription qu'ils sont censés avoir accomplis.
Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine d'une telle situation
car, si certaines personnes peuvent souvent se prévaloir de leur
inscription sur les listes après avoir accompli les formalités
requises, il peut cependant arriver que leurs noms ne figurent pas sur les
listes le jour du vote ou que les listes électorales aient
été déchirées (Owona Nguini, 1997 :
771) ; ce qui peut parfois s'expliquer par les inscriptions
effectuées sur les feuilles volantes111(*) ou sous toute autre forme de
légèreté. L'ONEL a ainsi relevé de nombreux cas
où, des personnes qui affirmaient s'être inscrites n'ont pourtant
pas retrouvé leurs noms sur les listes en 2002, ce qui entraîna
leur abstention112(*).
C'est pourquoi les citoyens qui viennent regarder leurs noms sur les listes
sont souvent découragés lorsqu'ils ne les retrouvent pas, et
parce que la procédure d'inscription n'à pas été
elle-même facile, ils n'entreprendront généralement aucune
action pour les vérifications. En outre, le non affichage des listes
électorales a empêché de son côté plusieurs
citoyens de participer au vote. Ce fut le cas en 2002 lorsque sur l'ensemble du
territoire, 26.6% des listes n'étaient pas affichées devant les
bureaux de vote, soit un total de 4954 bureaux de vote qui n'ont pas connu
d'affichage de listes électorales113(*). La répartition dans les 10 régions du
pays fut la suivante :
Tableau
n°11 : LA REPARTITION PAR REGION
DES BUREAUX DE VOTE DONT LES LISTES NE SONT PAS AFFICHEES LORS DES ELECTIONS
LEGISLATIVES ET MUNICIPALES DE 2002
REGIONS
|
% DES BUREAUX DE VOTES DONT LES LISTES ELECTORALES NE SONT PAS
AFFICHEES
|
ADAMOUA
|
21.2
|
CENTRE
|
24.3
|
EXTREME-NORD
|
33.1
|
EST
|
31.0
|
LITTORAL
|
16.1
|
NORD
|
33.6
|
NORD-OUEST
|
27.7
|
OUEST
|
28.6
|
SUD-OUEST
|
29.2
|
SUD
|
19.9
|
Source : Rapport
général de l'ONEL sur les élections
législatives et municipales de 2002.
Il est évident que le non affichage des listes ne peut
rester sans effet sur le comportement électoral, étant
donné que cela constitue un puissant facteur de découragement.
Dans tous les cas, le problème de listes électorales s'est
posé presque partout sur l'ensemble du territoire, mais surtout dans les
localités à forte densité démographique. Par
ailleurs, lors des élections législatives de 1992, les citoyens
ayant pris part au vote dans un bureau précis, n'ont pas retrouvé
leurs noms sur la liste des électeurs inscrits dans ce même bureau
lors de la présidentielle alors qu'ils y ont été inscrits.
C'est ce qui semble résulter des conclusions de M. Fabien Eboussi
Boulaga (1997 : 127) selon lesquelles : les observateurs ont
été témoins à Bokle près de Garoua du fait
que 138 électeurs ont déclaré que leurs noms avaient
été rayés du registre des inscriptions. Cependant,
l'absence des noms sur les listes est parfois liée à leur
présence dans un autre bureau qui n'est pourtant pas celui dans lequel
les personnes se sont inscrites. Ce qui peut signifier qu'ils sont
« mal inscrits », c'est-à-dire que
leur bureau de vote ne correspond pas à leur lieu de résidence
effectif ou d'inscription. En conséquence, ces personnes ne peuvent
voter (Braconnier et Domargen, 2007 : 7) à cause de leur mal
inscription. Le plus intéressant dans cette situation est que le citoyen
n'imagine pas que son nom peut être ailleurs. Dans tous les cas,
l'absence de noms de certains citoyens sur les listes conduit à
l'abstention car, selon le code électoral camerounais114(*) « nul ne peut-être
admis à voter s'il n'est inscrit sur la liste électorale du
bureau de vote concerné ». Toutefois, dans cette logique,
l'abstention des citoyens n'est pas volontaire c'est-à-dire qu'elle ne
dépend aucunement de ces derniers, mais du dysfonctionnement du
processus électoral et peut dans ce cas être
considérée comme « involontaire ».
De même, la non-participation au vote peut-être liée au
fait que les noms sont mal écrits sur les listes. Nonobstant ces
situations, on observe aussi ceux des inscrits qui ayant leurs noms sur les
listes ne pourront voter cette fois pour non-possession des cartes
d'électeurs.
Le non-vote lié au problème de cartes
d'électeur mine sérieusement le processus électoral
camerounais car, plusieurs citoyens ne prendront pas part au vote pour
défaut de cartes d'électeur. Cette situation dépend
souvent involontairement ou pas de certains acteurs en charge du processus
électoral. Ainsi, lors des élections municipales et
législatives de 2002, l'ONEL a noté la non délivrance des
cartes d'électeur dans 290 bureaux de vote dans l'ensemble du pays, soit
un pourcentage de 2.47%115(*). Dans cette logique, la non délivrance des
cartes d'électeurs s'inscrit parfois dans la stratégie de la
« distribution sélective » ou
discriminatoire des cartes d'électeur, ceci en fonction des objectifs
des intérêts que se fixent et défendent ceux des acteurs en
charge du processus électoral qui décident d'avoir une telle
attitude à l'égard de certains électeurs étant
donné que, s'il y a distribution arbitraire des cartes, c'est parce
qu'il y a un but visé. Toutefois, il est établi que la
non-délivrance des cartes est aussi due à la négligence de
certains responsables en charge du processus : ces derniers dans certains
cas, en possession des cartes d'électeur n'ont pas veillé
personnellement à leur redistribution laissant ainsi le soin à
chaque électeur d'y fouiller la sienne, dans un désordre tel que
le risque que certains emportent plusieurs cartes était grand. Nombreux
sont les électeurs victimes qui, au moment propice, n'ont pas pu rentrer
en possession de leurs cartes116(*) soit parce qu'elles avaient été
exposées à toute sorte d'intemperies, soit parce qu'elles avaient
déjà été retirées, soit parce qu'elles
s'etaient égarées et emportées par le vent ou même
abimées.
De même, le manque d'information suffisante par endroit
au sujet des horaires de distribution obligera certains camerounais à ne
pas exercer leur droit. Dès lors, ces cartes non distribuées tant
par amateurisme que du fait d'une stratégie émanant de certaines
autorités, resteront en souffrance dans ces différents lieux de
distribution. Et face à cette situation, ces autorités ne
prendront même pas la peine de transporter ces cartes dans les
différents bureaux le jour du vote117(*) tel qu'il est souvent recommandé, afin de
permettre aux citoyens de les retirer à leur arrivée. C'est ainsi
que certains électeurs ont été rencontrés
sillonnant des dizaines de bureaux de vote sans trouver leurs cartes118(*). D'où les accusations
faites contre les chefs traditionnels de retenir indûment les lots
de cartes d'électeurs119(*) ; ces accusations peuvent être
justifiées : on a souvent au Cameroun vu des chefs traditionnels
être candidats aux élections ou même soutenir ouvertement un
candidat. Ce fut par exemple le cas du chef supérieur Bandjoun qui
était le deuxième sur la liste RDPC en 2007 à Bandjoun
comme conseiller municipal. On peut alors comprendre que ce refus de distribuer
ou de faciliter la possession des cartes d'électeurs s'inscrit dans une
tactique claire d'exclure stratégiquement les personnes pouvant
compromettre la victoire du
« chef-candidat » ou du camp qu'il
soutient, compte tenu du fait que le village ou le quartier n'étant pas
très peuplé, ledit chef a la possibilité de
connaître certains des sujets qui ne partagent pas la même
affinité partisane que lui. C'est pourquoi, Fabien Eboussi Boulaga
qualifiera : « d'affinité
élective » la distribution arbitraire des cartes
d'électeurs. Toujours est-il que cette distribution sélective
s'inscrit dans une certaine mesure, dans une stratégie claire et
savamment orchestrée par ceux qui y ont intérêt :
puisqu'il n'existe pas d'acte gratuit, le comportement de chacun est
orienté vers un but (Rojot, 2003 : 217). Ce qui rejoint la position
de Pierre Bourdieu (1994 : 150) selon laquelle les agents sociaux ne sont
pas fous, ils n'agissent pas sans raison.
En effet, la distribution sélective des cartes
d'électeurs participe à la construction de l'abstentionnisme
électoral comme le dénonce l'UNDP en ces termes
: « ...la grande majorité des citoyens en
âge de voter a été dépossédée de son
droit de vote par le biais...du refus de délivrance des cartes
d'électeur aux militants et sympathisants de l'opposition »
(Afom Ndong, 2007 : 65). C'est la preuve que cette
distribution ou cette rétention sélective des cartes
d'électeur n'est pas innocente. Il n'est donc pas imprudent de parler de
la rétention des cartes d'électeur (Menthong, 1998 : 48)
comme technique de construction de l'abstentionnisme
« forcé ». Visiblement, cela semble
arranger certains acteurs politiques sinon il n'y aurait aucun
intérêt à l'entretenir. C'est le cas des membres de la
commission mixte qui représentant leur parti politique,
sélectionnent parfois de façon arbitraire les cartes de leurs
militants et lorsque les autres membres ne sont pas présents ou ne sont
pas vigilants, ils cachent celles des militants des autres partis politiques,
les confisquent et parfois les détruisent120(*). Selon les observateurs
internationaux, les partis politiques, les organisations non gouvernementales
et les organisations civiques locales, la distribution sélective des
cartes d'électeur aurait contribué à priver en 1997
environ deux millions de camerounais de leur droit de vote (Mouiché,
2009 : 31).
Par ailleurs, on peut noter que le fait pour un citoyen de ne
pas avoir sa carte d'électeur n'est pas toujours lié à la
« distribution sélective » ou
à sa « rétention », mais il peut
aussi être lié au fait que, malgré la présence de
son nom sur la liste électorale, la carte n'ait pas été
confectionnée. A l'exemple d'un étudiant qui, ayant validé
toutes ses unités d'enseignement, ne reçoit malheureusement pas
son diplôme. Ceci est un acte dont l'objectif n'est pas
nécessairement orienté contre l'étudiant pour le nuire,
c'est tout juste une erreur qui peut immédiatement être
réparée si l'étudiant fait la requête. Ce qui n'est
pas souvent le cas avec les électeurs victimes car dans la
plupart des cas, les citoyens ne savent même pas ce qu'il faut faire pour
que le tort soit réparé (Kamga, 2002 : 20).
Parallèlement aux problèmes liées aux listes et aux cartes
d'électeur, on rescense les problèmes d'urnes, de bulletins, de
non repérage des bureaux de vote et de leur éloignement qui
conduisent également à l'abstentionnisme électoral.
B- L'ETABLISSEMENT D'UNE
CERTAINE CONFUSION AUTOUR DES URNES, DES BULLETINS ET DES BUREAUX DE VOTE
L'organisation et le déroulement du processus
électoral nécessitent que certaines dispositions soient prises en
compte sinon il y a des risques que certains citoyens mécontents de ce
processus soient tentés de s'abstenir. Dans cette perspective,
l'abstentionnisme aurait pour origine non seulement les problèmes
d'urnes et de bulletins mais aussi les problèmes de non repérage
des bureaux de vote et de leur éloignement.
L'absence ou l'arrivée tardive des
matériels de vote est récurrent dans l'organisation des scrutins
au Cameroun. C'est officiellement pour cette raison que le président de
la République a reporté d'une semaine les élections
législatives et municipales de 2002 d'une semaine. Au-delà du
manque des enveloppes, de l'isoloir et de l'encre qui ne sont pas moindres dans
le découragement des électeurs, l'absence d'urnes, de cadenas et
de bulletins de vote sont tout aussi des facteurs majeurs de
découragement des citoyens121(*). Ainsi, l'insuffisance des bulletins de votes (Owona
Nguini, 1997 : 776) constitue un facteur important entravant la
participation électorale car, certains citoyens comme nous l'avons
déjà précisé, en seront
découragés.
De même, les ruptures de stocks de bulletins de vote,
et la confusion des couleurs entre ceux-ci (Eboussi Boulaga, 1997 : 118)
peuvent aussi décourager certains ou même inciter les partis
politiques à appeler leurs militants et sympathisants à ne plus
participer au vote. En fait, l'absence des bulletins de vote de certains partis
dans certains bureaux (Nkainfon Perfura, 1994 : 234) est
gérée comme si l'on savait déjà que le nombre de
votants pour ces partis ne sont pas nombreux. Les bulletins sont en principe
confectionnés dans la même proportion pour tous les partis. Dans
le cas contraire, il y a des risques que l'insuffisance de bulletins de vote
soit considérée comme une manoeuvre claire d'exclusion. La
réalité est que, généralement, ce sont les partis
politiques d'opposition qui se plaignent de l'absence de leurs bulletins :
tout se passe comme si on s'arrangeait pour que les autres partis en manquent
et pas celui du parti au pouvoir. C'est pour cette raison que l'on peut
considérer cette situation comme une tactique de diminution des chances
de certains partis de l'opposition au profit du parti au pouvoir ; ce qui
a pour effet d'effriter le capital électoral des autres partis et de
diminuer le corps électoral. Cette pratique dite discriminatoire
viserait semble-t-il, à privilégier un parti au détriment
des autres ; dans certains cas cela est susceptible d'amener les
électeurs à s'abstenir. Mais, nous ne devons pas confondre cette
absence de bulletins de vote avec le cas où les partis ne
présentent pas les candidats dans certaines circonscriptions
électorales comme c'est souvent le cas lors des législatives et
des municipales d'autant plus qu'il est normal que, les bulletins des partis
n'ayant pas présenté de candidats dans certaines circonscriptions
ne figurent pas dans ces circonscriptions et partant dans leurs bureaux de vote
le jour du vote. Par ailleurs, les citoyens peuvent être tout simplement
victimes du non repérage des bureaux de vote et de leur
éloignement.
Les problèmes de non repérage des bureaux de
vote et de leur éloignement entâchent sérieusement la
participation des électeurs aux élections. Le fait est que,
nombreux sont les citoyens qui n'ont pas pu voter parce qu'ils n'ont pas
retrouvé leur bureau de vote ou que ces derniers ne sont tout simplement
pas accessibles (Eboussi Boulaga, 1999 : 117). Ainsi, lors de
l'élection présidentielle de 2004, plusieurs électeurs ne
parvenaient pas à repérer leurs bureaux de vote alors qu'ils y
avaient été inscrits122(*). Il arrive parfois que ceux qui ne prennent pas part
au vote l'expliquent par le fait que leurs bureaux de vote se trouvent dans
d'autres départements, régions, arrondissements ou même
dans un autre quartier. Dans ce cas, on dit qu'ils sont
« mal inscrits » car leur lieu de
résidence ne correspond pas à leur lieu d'inscription. Par
conséquent, ils sont quasi matériellement empêchés
de voter, ce qui constitue l'un des facteurs majeurs de l'augmentation des taux
d'abstention (Braconnier et Domargen, 2007 : 7) au Cameroun. Ces cas de
« mal inscrits » sont légions au
Cameroun.
De même, la mal-inscription touche aussi les personnes
qui déménagent régulièrement malgré leur
inscription sur les listes. Les jeunes par exemple constituent une couche
sociale très mobile et difficilement joignable par les partis politiques
(Duval, 2005 : 59). Par conséquent, ils ne sont pas
autorisés à voter car ne figurant pas sur les listes de leur
nouveau lieu d'aménagement. Donc, si la distance à parcourir pour
aller voter est réduite cela faciliterait le vote (Duval, 2005 :65)
des citoyens, à contrario si la distance est longue, les citoyens seront
tentés de ne pas y participer. Les observateurs ont souvent noté
les cas de nombreux citoyens ne sachant pas où se rendre pour voter,
errant à la recherche des bureaux de vote où ils étaient
censés se présenter (Eboussi Boulaga, 1997 : 127) sans les
trouver. C'est une situation que l'on peut soupçonner comme étant
volontairement orchestrée par les responsables en charge du processus
électoral. A titre d'exemple, l'ONEL a dénoncé le fait
qu'en milieu urbain les électeurs soient arbitrairement inscrits loin de
leur lieu de résidence123(*). Dans tous les cas, nombreux sont les bureaux de
vote inaccessibles, non repérables, mais aussi les cas de longues
distances qui sont autant de facteurs favorisant le découragement des
citoyens et conduisant parfois à des forts taux d'abstention lors des
élections. De manière concrète, les bureaux inaccessibles
concernent le plus souvent les personnes handicapées et ceux du
troisième âge, même s'il faut noter que certains bureaux
à cause des intempéries et du mauvais état des routes
restent souvent inaccessibles le jour du vote, comme ce fut le cas dans le
Centre, le Sud, le Sud -Ouest et l'Extrême-Nord en 2004124(*). En observant le tableau
ci-dessous, on comprendra que les problèmes de non repérage,
d'accessibilité et d'éloignement des bureaux de vote sont
importants et constituent véritablement un frein à la
participation électorale car, un nombre prépondérant de
bureaux dans différentes localités du pays en sont
concernés.
Tableau
n°12 : CHIFFRES PAR REGIONS DES
BUREAUX DE VOTE AYANT EU LES PROBLEMES DE REPERAGE, D'ACCESSIBILITE et
D'ELOIGNEMENT EN 2004.
REGIONS
|
NOMBRE DE BUREAUX : NON REPERABLES, NON ACCESSIBLES ET
ELOIGNES
|
TOTAL DES BUREAUX DE VOTES PAR REGION
|
ADAMOUA
|
15
|
942
|
CENTRE
|
131
|
3709
|
EXTREME-NORD
|
129
|
3338
|
EST
|
14
|
998
|
LITTORAL
|
146
|
2567
|
NORD
|
43
|
1335
|
NORD-OUEST
|
30
|
1839
|
OUEST
|
66
|
2097
|
SUD-OUEST
|
18
|
1572
|
SUD
|
20
|
1146
|
TOTAUX
|
612 (soit un pourcentage de 3.13)
|
19543
|
Source : Rapport de l'ONEL sur
le déroulement de l'élection présidentielle de
2004, p89.
Les problèmes liés aux bureaux de vote
accentuent donc les possibilités d'effritement des taux de participation
soit par leur non repérage, par leur éloignement ou soit par leur
inaccessibilité. A partir du tableau, on peut conclure que plusieurs
électeurs ont connu des problèmes liés aux bureaux de vote
et en conséquence, se sont parfois abstenus de voter.
Paralèllement, la localisation de certains bureaux de
vote dans les domiciles privés, les chefferies, les commissariats et les
gendarmeries n'a pas contribué à la stimulation de la
participation électorale. Il faut déjà noter que leur
localisation dans les commissariats et les gendarmeries fait peur à
certains citoyens qui les considèrent comme des lieux de
répression125(*)
pouvant les pousser à s'abstenir. Dès lors, il faut s'interroger
sur le choix de ces lieux qui n'est pas innocent, étant donné
qu'il semble avoir pour but d'orienter le choix des électeurs en les
intimidant, ou de les décourager au maximum à se rendre aux
urnes. Dans la même logique, l'ouverture tardive des bureaux de vote et
les problèmes d'approvisionnement en matériels électoraux,
ou encore le déplacement de certains bureaux de vote ne sont pas de
nature à produire une forte participation (Owona Nguini, 1997 : 763
et 776). Ces facteurs combinés à l'entretien d'une
atmosphère propice à l'organisation non harmonieuse des
élections expliquent d'une certaine manière l'abstentionnisme
au Cameroun.
PARAGRAPHE 2 :
L'ENTRETIEN D'UNE ATMOSPHERE PROPICE A UNE ORGANISATION NON HARMONIEUSE DES
ELECTIONS
La construction de l'abstentionnisme est inhérente
à des facteurs qui ne dépendent pas toujours des électeurs
eux-mêmes. Mais, il convient de dire qu'aucun phénomène
social ne naît dans le vide (Klotz et Lynch, 1999 : 58).
L'abstentionnisme ne fait pas exception puisqu'il est la conséquence des
actions volontaires et involontaires de certains acteurs sociopolitiques. Le
boycott est une abstention volontaire, collective et publiquement
concertée (Bacot, 1994 :33) qui exprime le refus de participer
à la compétition électorale lorsque certaines conditions
ne sont pas remplies. Il exprime alors, une hostilité envers les
règles de fonctionnement du système et traduit l'expression d'un
engagement politique revêtant un caractère militant, actif, mais
surtout motivé126(*). La violence est considérée comme
politique lorsque l'usage de la force physique qu'elle requiert a des
influences sur l'univers politique (Alcaud et als, 2004 : 404). La
violence électorale est alors le fait d'utiliser la force physique pour
influencer le processus électoral en cours. Bien qu'elle consiste en un
usage illégitime de la force, il faut reconnaître qu'elle est
souvent présente dans la procédure électorale et peut
être aussi symbolique (Bacot, 1994 : 184). En tout état de
cause, le refus par certains partis politiques de participer au jeu
électoral et l'entretien d'une atmosphère politique de terreur,
constituent des facteurs déterminants dans l'orchestration d'une
atmosphère propice à une organisation non harmonieuse des
élections.
A- LE REFUS PAR CERTAINS
PARTIS POLITIQUES DE PARTICIPER AU JEU ELECTORAL
Le refus de participer au jeu électoral désigne
en effet un cas particulier d'abstention volontaire (Barbet, 2007 : 13).
Il a été utilisé au Cameroun plusieurs fois par des partis
politiques comme le SDF, l'UDC et l'UNDP qui, à un moment de l'histoire
électorale du Cameroun, ont fait usage de cette stratégie. Elle a
été utilisée aux élections législatives de
1992 et à la Présidentielle de 1997 avec pour objectif de
délégitimer le processus électoral car, face au refus du
pouvoir de prendre en compte les propositions destinées à
garantir les élections libres, justes et transparentes, certains partis
politiques renonceront aux élections faute de
« bonnes lois » (Sindjoun, 1999 :
312-313). Ces partis transformeront par leur attitude les élections en
un simple rituel de la vie politique en y retirant leur caractère
incertain et concurrentiel. En intégrant ainsi de façon
négative le champ politique, les partis politiques visent alors à
continuer le jeu politique par les moyens de la réinterprétation
du droit de jouer, de prendre part à la compétition
électorale (Sindjoun, 1999 : 313). Or, c'est une stratégie
qui incite les citoyens à renoncer à l'exercice de leur droit de
vote, au motif que l'élection est considérée comme
jouée d'avance, vu la certitude que le pouvoir à cause de la
non-participation des autres acteurs remportera la compétition. Ce
comportement de non acceptation du jeu électoral est d'autant plus
pertinent que ceux-qui votent le plus sont généralement
affiliés aux partis politiques (Duval, 2005 :34). Ceci implique que
l'appel au boycott des partis va gonfler le camp des abstentionnistes. C'est
ainsi que, selon M. Franklin, l'identification partisane est le plus fort
prédicateur de la participation127(*) électorale car, si un citoyen a un sentiment
fort de sympathie envers un parti, sa propension à voter augmente. Dans
cette même perspective, M. Verba considère que les règles
du jeu comme les comportements des acteurs politiques constituent des facteurs
décisifs de la propension à ne pas participer128(*). Mais, si les règles
du jeu ne suscitent pas de consensus au sein des acteurs politiques, ils seront
tentés de renoncer tout simplement à
« l'illusio » de la compétition politique.
Ce type d'abstention est « stratégique »,
c'est-à-dire traduisant un choix délibéré des
acteurs qui prennent en compte le lieu et le moment de l'objet de leur vote
(Subileau, 1997 : 259).
En effet, bien qu'il constitue un acte de défiance
à l'égard du régime, c'est avant tout un acte qui permet
à l'opposition camerounaise d'exister comme marque politique distincte.
Cette attitude de l'opposition produira des effets particulièrement dans
ce qui est considéré comme étant ses fiefs
électoraux : elle y amputera sérieusement la participation
électorale et la ramènera à un niveau modeste. C'est une
réalité qui a été observée dans les
régions du Littoral, du Nord-Ouest, de l'Ouest et du Septentrion. Dans
ces localités qui ont majoritairement respecté le refus de
participer de l'opposition « dite radicale » en
bourdant le jeu électoral, l'abstention sera plus élevée
que dans le reste du pays ; ce qui ne sera pas sans effet sur le taux de
participation globale. Ce refus de participer était d'autant bien suivi
que les camerounais dans leur majorité croyaient que cela allait amener
le régime à prendre en compte les propositions de l'opposition
qui semblaient faire l'unanimité au sein de nombreux citoyens,
étant donné que le processus électoral était
considéré comme favorable au parti pouvoir. C'est dans cette
tactique que s'inscrit le communiqué de l'UNDP à la veille de
l'élection présidentielle de 1997, accusant les acteurs
chargés de l'organisation du processus électoral d'être au
service du parti au pouvoir (Afom Ndong, 2007 : 65). En
conséquence, l'opposition considère que l'administration et
l'Etat sont favorables au parti au pouvoir, construisant de facto une image de
« joueur-arbitre » qui jettera le
discrédit sur le processus électoral (Sindjoun, 2004 : 16)
en incitant tous azimuts les citoyens à s'abstenir à travers
l'utilisation des mots tels que : « zéro
élection », « zéro
vote ». Le « boycott
actif » est un rejet conjoncturel du jeu
démocratique, qui se justifie par la maîtrise supposée du
processus électoral par le parti au pouvoir avec comme
conséquence le découragement des adversaires potentiels (Nna,
2009 : 343).
Tableau
n° 14 : TAUX D'ABSTENTION AUX
LEGISLATIVES DE MARS 1992
REGIONS
|
TAUX D'ABSTENTION EN %
|
ADAMOUA
|
35.42
|
CENTRE
|
20.87
|
EST
|
30.65
|
EXTREME-NORD
|
29.27
|
LITTORAL
|
30.02
|
NORD
|
24.61
|
NORD-OUEST
|
80.28
|
OUEST
|
56.96
|
SUD
|
16.57
|
SUD-OUEST
|
45.15
|
Source : Owona Nguini : La
sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun entre autoritarisme et
démocratie (1078-1996) : les régimes politiques et
économiques de l'Etat au gré des conjonctures et configuration
socio-historique : 722
L'observation du tableau ci-dessus
révèle des taux d'abstention particulièrement
élevés dans les fiefs de l'opposition et
précisément du SDF et de l'UDC, ce qui n'est pas le cas dans les
localités acquises au parti au pouvoir. Dans certaines localités
acquises à l'opposition, le taux d'abstention va au-delà du taux
officiel d'abstention nationale qui est de 39.42% en 1992 (Owona Nguini,
1997 : 722).
Ainsi, rejoignant les tenants de l'école de Michigan
qui considère l'identification partisane comme l'attachement affectif
durable de l'électeur à un parti politique, elle établit
une corrélation entre l'identification partisane et les appartenances
sociales et culturelles (Kouamen, 2009 : 32). Dans tous les cas, le refus
de participer au jeu politique est une façon particulière de
reconnaître l'élection comme le moyen adéquat pour la
transmission du pouvoir, mais qui est caractérisé par le refus
d'y prendre part si certaines conditions ne sont pas remplies. Toujours est-il
que, cette stratégie bien qu'ayant affecté sérieusement le
taux de participation dans son universalité n'a pas
nécessairement profité à l'opposition. Plus est, le refus
de l'opposition de participer au jeu électoral a effrité son
capital politique au fil du temps (Gaxie, 2000 : 61). Par ailleurs, le
refus de participer au jeu comme ruse sera accompagné de l'entretien
d'une atmosphère politique de terreur.
B- L'ENTRETIEN D'UNE ATMOSPHERE
POLITIQUE DE TERREUR
Les élections au Cameroun sont parfois animées
par une atmosphère politique de terreur orchestrée par certains
acteurs. Or, cette ambiance de terreur vise à empêcher le plus
souvent les partisans des partis adverses à prendre part au vote. En
effet, cette pratique vise un objectif et est parfois
matérialisée par des agressions physiques. Dans les faits, elles
n'encouragent pas certains citoyens à prendre part au vote. C'est un
procédé qui mine le processus électoral camerounais :
nous avons à titre illustratif ces incidents violents accompagnés
du refoulement des électeurs dans certains bureaux de vote à
travers le pays. C'est ainsi que, la violence sera entretenue à la fois
par les acteurs du pôle abstentionniste et du pôle
participationniste, d'où ces affrontements physiques entre les deux
camps dans les localités du Nord-ouest, de l'Ouest et du Sud-Ouest
(Owona Nguini, 1997 : 720) ; cette atmosphère va souvent
entraîner des coups et blessures, mais aussi des destructions de biens
appartenant le plus souvent aux responsables du parti au pouvoir129(*). En tout état de
cause, la violence marquée par l'âpreté de la lutte
constitue un indice de refus des produits démocratiques, une forme
déviante de participation politique fondée sur la flagellation et
la production de la crainte à partir desquelles se jouent des rapports
entre des entrepreneurs politiques et entre ceux-ci et le corps
électoral (Afom Ndong, 2007 : 53-54).
De toute évidence, cette atmosphère perturbe le
déroulement du vote et tend plutôt à décourager les
citoyens qui, étant parfois victimes, ont généralement
peur face aux différents actes de terreur qu'ils observent autour d'eux.
Les leaders des partis n'en sont pas épargnés ; ce fut le
cas dans la province du Sud, fief électoral du parti au pouvoir
où le leader de l'UFDC avait été victime d'une tentative
d'élimination physique par un gang lors d'un meeting à Ebolowa
(Afom Ndong, 2007 : 69). Le constat qui se dégage est que
l'avènement du suffrage universel n'a pas aboli automatiquement et
immédiatement la violence (Ihl, 1993 : 6).
Par ailleurs, malgré l'atmosphère de terreur,
les citoyens peuvent décider de prendre part au vote mais en pratiquant
un vote nul. Il en résulte alors que le vote nul est celui qui est exclu
du décompte des suffrages valablement exprimés (Bacot,
1994 : 121). En effet, c'est un vote qui ne répond pas à la
question posée pendant la consultation électorale : un
électeur qui vote nul refuse de choisir parmi les options qui lui sont
proposées. C'est pour cette raison qu'il est rapproché de
l'abstention car comme cette dernière, ce vote exprime le refus des
choix proposés (Subileau, 1997 : 252). Le vote nul est un vote
sanction pour désapprouver le scrutin (Bennani et Boukhari, 2009 :
1), il exprime donc un mécontentement à l'égard du scrutin
et parfois du système entier. Cela ne veut pas dire que tous ceux qui
pratiquent le vote nul le font à dessein ou parce qu'ils sont
politisés ; au contraire certains le pratiquent parfois par
ignorance. Autrement dit, ils existent des citoyens qui ne savent pas comment
se pratique le vote. Le fait est qu'ils mettent tous les bulletins ou plus
d'un bulletin dans l'enveloppe, ce qui se traduit par la nullité du vote
étant donné que généralement, chaque enveloppe n'a
droit qu'à un seul bulletin de vote. Toujours est-il que, lors des
élections le pourcentage de ceux qui votent nuls est souvent
supérieur à celui qu'obtiennent certains partis politiques ayant
pris part au vote. Ce fut le cas aux élections législatives de
1992 où le total des bulletins nuls était de 238.200 sur
4.019.561 inscrits, soit 5.92%130(*). De plus, ce type de vote est souvent
fréquent dans les grandes villes qu'en zones rurales, ce qui le
rapproche de l'abstentionnisme « protestaire »
étant donné qu'il peut être la traduction concrète
de la compétence politique de l'électeur qui juge les offres
électorales inaptes à ses préoccupations.
Tableau
n°13 : CHIFFRES DES BULLETINS NULS REPERTORIES DANS
CERTAINES DEPARTEMENTS LORS DE LA PRESIDENTIELLE DE 1997
DEPARTEMENTS
|
Bulletins nuls (avec %)
|
TOTAUX DES INSCRITS
|
MEZAM (Nord-Ouest)
|
2399 (2.11%)
|
113415
|
MFOUNDI (Centre)
|
6119 (1.95%)
|
313785
|
MVILA (Sud)
|
321 (0.5%)
|
57771
|
NOUN (Ouest)
|
2184 (1.70%)
|
127937
|
WOURI (Littoral)
|
8635 (24.45%)
|
35314
|
TOTAUX
|
19658 (3.03%)
|
648222
|
Source : Cameroon Tribune,
n°2751, du 24/10/1997, p5-8.
Le vote nul en fait n'exprime aucun choix de la part de ceux
qui choisissent cette option. Suivant cette logique, M. David Mongoin,
considère que le vote nul est aussi de l'abstentionnisme
électoral131(*).
A cet effet, le tableau suscité, montre que plusieurs personnes
s'abstiennent au Cameroun par la pratique de ce vote, soit par
compétence politique, soit par simple méconnaissance de la
manière de voter. En outre, la construction de l'abstentionnisme est non
seulement inhérente aux pesanteurs socio-économiques mais aussi
au faible impact de la campagne électorale.
SECTION 2 : UNE CONSTRUCTION
MARQUEE PAR L'INFLUENCE DES PESANTEURS SOCIO-ECONOMIQUES ET DU FAIBLE IMPACT DE
LA CAMPAGNE ELECTORALE
Les pesanteurs socio-économiques et le faible impact
de la campagne électorale participent à la construction de
l'abstentionnisme électoral. C'est la preuve que l'électeur n'est
jamais, ni totalement libre, ni totalement déterminé puisque son
choix selon Nonna Mayer est le fruit d'un processus où se mêlent
facteurs sociaux et politiques, éléments structurels et
conjoncturels132(*).
C'est pour cela qu'il est possible d'expliquer d'une part le comportement
abstentionniste à partir des modèles sociologiques en insistant
sur les structures et les régularités du comportement
électoral et d'autre part, de considérer qu'il répond
à une conjoncture politique particulière au contexte
électoral, à la nature de l'élection et à
l'intensité de la campagne électorale.
PARAGRAPHE 1 :
L'INFLUENCE DES PESANTEURS SOCIO-ECONOMIQES
L'important ici réside dans le fait qu'un nombre
considérable de facteurs socio-économiques participe à la
construction de l'abstentionnisme électoral. En conséquence, le
degré de l'abstentionnisme fluctuera en fonction des couches
socio-économiques auxquelles les citoyens sont intégrés ou
se sentent intégrés. Ce qui nous conduit à la construction
de l'abstentionnisme autour de plusieurs variables socio-économiques
à savoir : primaires et stabilisatrices (âges, genre, la
famille, salariés et non salariés) et communautaires
(appartenance communautaire).
A-L'INFLUENCE DES VARIABLES
PRIMAIRES ET DES VARIABLES STABILISATRICES
A propos de l'âge, l'abstentionnisme est le plus souvent
le fait des jeunes et des personnes du troisième âge ; on
peut donc dire qu'il varie en fonction de ce dernier (Kouamen, 2009 : 45).
Il ne s'agit pas de l'âge en tant que processus biologique, mais en tant
que traduction de la position sociale intégrative (Kouamen, 2009 :
46). Par ailleurs, Alain Lancelot estime que les femmes contrairement aux
hommes sont moins intéressées par la chose politique, ce qui
justifie le fait qu'elles s'abstiennent davantage que les hommes133(*). De même, la famille
constitue un lieu essentiel de l'apprentissage de la politique (Kouamen,
2009 : 49) et peut ainsi devenir un vecteur d'abstention. Ces trois
variables constituent les variables primaires tandis que la situation
professionnelle et la résidence font partie de la variable
stabilisatrice.
1-L'influence des variables
primaires
Dans un système démocratique, les acteurs ne
doivent pas se réduire à un rôle mécanique
d'électeurs ; au contraire, leurs activités politiques
doivent produire des satisfactions (Nna, 2001 : 29). C'est ce que semble
avoir compris certaines couches sociales camerounaises et
particulièrement les jeunes qui, pour plusieurs raisons,
présentent une certaine réserve face à l'activité
électorale. En effet, ces derniers face à leur
précarité sociale semblent avoir du vote une idée
très dépréciée, voire méprisable (Quantin,
1998 : 3). On peut dans ce cas trouver les raisons de l'abstention dans la
rudesse du survivre qui sévit dans les villes134(*). La difficulté de la
vie et la volonté de survivre poussent les jeunes à ne pas
s'intéresser à ce qui ne peut immédiatement pas leur
permettre d'avoir une vie convenable, les amenant à renoncer à
l'activité électorale qui ne pourrait apporter des solutions
à leur vie quotidienne. D'où la nécessité pour eux
d'affirmer à travers l'abstention leur existence sociale (Hastings,
1996 : 65). Ce qui se traduit par le fait que, les individus de position
sociale élevée ont tendance à voter plus que ceux des
couches sociales défavorisées (Lipset, 1963 : 203). Les
jeunes moins scolarisés et vivant en zones urbaines sont davantage
abstentionnistes : pour eux la politique apparaît comme l'apanage
des couches intellectuelles (Braud, 1991 : 32). De plus, les jeunes
camerounais ne sont pas souvent attirés par les activités
associatives ; or selon une étude Finlandaise, le fait de
participer aux activités des organisations développe une aptitude
générale à s'intéresser à la politique
(Lipset, 1963 : 218). Ce désintérêt des jeunes pour
les activités associatives est l'une des explications de leur
abstention. Pourtant, ils constituent : «La masse
d'électeurs potentiels dont
l'irruption dans l'arène politique
serait un saut qualitatif »
(Eboussi Boulaga, 1999 : 72) vu leur niveau d'instruction parfois
élevé. Ainsi, les jeunes généralement entre 20 et
30 ans sont plus abstentionnistes en raison de leur fort déficit
d'intégration sociale et sont par conséquent qualifiés
d'« hors du jeu ». Ce sont des
abstentionnistes « systématiques » (Muxel,
2007 : 49) qui restent le plus souvent en retrait de la vie
électorale comme ils le sont en ce qui concerne la vie sociale.
L'abstentionnisme des jeunes se justifie par la grande incertitude qui leur
traverse l'esprit par rapport à leur avenir professionnel et matrimonial
(Kouamen, 2009 : 46).
Tableau
n°15 : LA REPARTITION PAR SEXE ET
PAR TRANCHE D'AGE DES PERSONNES INSCRITES SUR LES LISTES ELECTORALES DU 17/08/
AU 27/12/2010.
SEXE
|
2O-35 ans. Effectif
|
Pourcentage(%)
|
35 ans et plus. Effectif
|
Pourcentage(%)
|
TOTAL
|
MASCULIN
|
969
|
33.95
|
1885
|
66.04
|
2854
|
FEMININ
|
739
|
30.95
|
1648
|
69.04
|
2387
|
TOTAL DES NOUVEAUX
|
1708
|
34.85
|
3533
|
67.41
|
5231
|
TOTAL DES ANCIENS
|
6150
|
67.42
|
2972
|
32.59
|
9122
|
TOTAL GENERAL
|
7858
|
100
|
6505
|
100
|
14363
|
Source : Antenne communale
d'ELECAM, de Bafoussam 2éme.
Les jeunes de cette tranche d'âge (20-30 ans) sont donc
animés par la ferme volonté de quitter la maison familiale et de
voler de leurs propres ailes, mais confrontés aux réalités
socio-économiques du pays, ils se ravisent rapidement et continuent
à vivre à la maison (Kouamen, 2009 : 47) pour ceux qui n'ont
pas eu le courage de se risquer dans le secteur informel. Dans tous les cas,
cette difficulté à avoir une vie socio-économique viable
de la part de la jeunesse l'a conduite à pointer le doigt accusateur sur
les hommes politiques dont les politiques publiques mises en oeuvre ne
répondent pas à leurs attentes ; ce qui les amène
à continuer à entretenir leur dépendance économique
à l'égard de leurs parents et d'en être frustrés.
D'où leur retrait de la vie politique et électorale. On comprend
alors que la non-participation électorale des jeunes est la marque d'un
certain déficit de plénitude personnelle et sociale (Kouamen,
2009 : 7) animé par l'espoir et la volonté de quitter leur
condition d'origine (Lipset, 1963 : 233). Cette réalité
camerounaise justifie dans une certaine mesure, les conclusions de
l'étude réalisée par « l'Institut
Futur' Afrique » en mars 2007, qui a
démontré que seulement 12% des jeunes de 20 à 35 ans se
sont inscrits sur les listes électorales en Afrique135(*).
Par ailleurs, tout comme les jeunes, le retrait de
l'activité électorale concerne les personnes du troisième
âge. En effet, victimes de la retraite professionnelle et de la
déstructuration des réseaux de la sociabilité
quotidienne pour des problèmes de santé, ces personnes sont
souvent très abstentionnistes étant donné qu'elles
commencent à perdre leur intégration sociale qui pourtant, est un
facteur déterminant dans la participation électorale. En effet,
l'incapacité due à la maladie semble justifier à elle
seule le retrait de la participation électorale (Deloye et als,
1993 : 111). Ces personnes se sentent exclues de la communauté
politique nationale et sont plus préoccupées par leur
problème de santé que par un choix électoral.
De même, concernant le genre, l'abstention est le plus
souvent le fait des femmes que des hommes. C'est pour cette raison que M.Lipset
(1963 :203) estime que les hommes sont plus nombreux que les femmes
à prendre part au vote. L'autre paramètre intéressant au
Cameroun est qu'on a l'impression que les femmes des zones rurales
économiquement démunies et plus âgées participent
plus au vote que les femmes éduquées et moins âgées
des zones urbaines, ce qui rejoint le constat déjà formulé
par Pierre Bourdieu (1994 : 18) par rapport au Japon lorsqu'il estime
que : «...ce sont les femmes les moins instruites
des communes rurales qui ont le taux le plus élevé de
participation aux consultations électorales... ». De
plus, il semblerait que les femmes célibataires sont plus
abstentionnistes que les femmes mariées136(*) selon Alain Lancelot. Ceci
s'explique dans une large mesure non seulement par l'influence que les
époux des femmes mariées exercent sur elles politiquement, mais
aussi grâce à leur stabilité socio-économique. Les
femmes mariées se rendent d'ailleurs aux urnes
généralement accompagnées de leurs époux alors que
les femmes célibataires participent moins parce qu'elles n'ont pas de
conjoint, pouvant les inciter à prendre part au vote et en mettant aussi
en évidence les difficultés de la vie. En général,
elles sont souvent réduites à des tâches
ménagères et ne s'intéressent pas véritablement
à ce qui se fait dans le champ politique. Ce qui s'explique par la
division du travail entre les sexes qui accorde à l'homme la politique
comme elle lui accorde le dehors, la place publique, le travail salarié,
tandis qu'elle voue la femme à l'intérieur, au travail invisible,
au sentiment, à la lecture des romans (Bourdieu, 1984 : 24). La
politique reste donc considérée par une bonne partie des femmes
comme une affaire des hommes. Ainsi, la probabilité de s'exclure
à un moment ou à un autre du déroulement des
élections est plus élevée chez les femmes que chez les
hommes (Deloye et als 1993 : 138). Et M. Parfait Songué, de
conclure à cet effet que, la faible participation des femmes
camerounaises est en partie lié au processus de décolonisation
qui a été violent et les a par conséquent laissés
une mauvaise image de la politique137(*). C'est donc une réalité qui a
poussé certaines d'entre elles à considérer dans une
certaine mesure l'activité politique comme une affaire d'hommes au
regard des risques que cela comporte, contribuant à les en
éloigner. En effet, ces analyses sur le comportement abstentionniste des
jeunes et des femmes justifient dans une certaine mesure, la remarque du
délégué régional d'ELECAM de l'Extrême-Nord
selon laquelle : « le potentiel d'électeurs sont en
principe, les jeunes en âge de voter et les femmes, mais malheureusement,
ils sont peu à s'inscrire justement138(*)... »
L'autre variable primaire qui contribue à la
construction de l'abstentionnisme est la famille, car c'est en son sein que les
premières opinions politiques de l'enfant se structurent, et que son
intérêt pour la politique se cristallise (Kouamen, 2009 :
49). C'est pourquoi d'après Blaise Kouamen (2009 : 49), c'est
d'abord dans le cadre de la famille que les plus politisés exercent leur
influence sur les moins politisés. Ce qui veut dire que si dans la
famille, certains membres influents ont plutôt tendance à ne pas
prendre part au vote, alors ils entraîneront les autres membres de la
famille à en faire autant. De même, les pressions contradictoires
entre différentes opinions dans la famille peuvent conduire certains
membres à s'abstenir (Lipset, 1963 : 232). Ces contradictions
auront tendance à créer la confusion dans l'esprit de certains
membres de la famille, conduisant dès lors ceux-ci à
considérer l'activité politique comme une chose très
complexe et réservée à une catégorie
particulière de personne, d'où leur retrait de l'activité
électorale. Cependant, les variables stabilisatrices ne sont pas moins
déterminantes dans la construction de l'abstentionnisme.
2- L'influence
de la variable stabilisatrice
Pour Alain Lancelot, il existe une forte corrélation
entre la situation professionnelle d'un individu et sa participation
électorale ; il déclare en substance
que : « l'activité politique
croit à mesure que l'on est intégré
professionnellement139(*) ». On en déduit que,
lorsqu'une personne n'exerce pas d'activité professionnelle, elle a
tendance à ne pas prendre part au vote mais plutôt à
s'éloigner de l'activité politique considérant qu'elle
appartient aux autres. En fait, l'activité professionnelle qui engage
les individus dans de vastes réseaux des relations sociales et de leurs
organes divers les amène à prendre conscience des
problèmes politiques (Lipset, 1963 : 220). Ainsi, suivant la
même logique Max Weber soutient que, la profession de juriste par
exemple, développe une certaine compétence chez celui qui la
pratique et permet à ce dernier de disposer du temps nécessaire
à l'exercice de l'activité politique, contrairement aux autres
professions comme celle de médecin qui ne donne pas beaucoup de temps
à celui qui l'exerce à s'intéresser aux activités
politiques et encore moins la compétence politique
nécessaire140(*).
En tout état de cause, le fait de travailler favorise la politisation
voire la participation. La conséquence est que le fait de ne pas
travailler est un facteur déterminant de la non-participation, car le
travail est le lieu privilégié de l'inculcation d'une conscience
collective (Kouamen, 2009 : 54), ce qui fait des chômeurs et des
autres couches sociales mal insérées des abstentionnistes
« constants » puisqu'ils s'estiment exclus du
champ politique à cause de leur situation sociale. En observant la
société camerounaise, on constate que ceux qui
s'intéressent le plus à la politique sont les fonctionnaires. Ils
sont attentionnés aux émissions politiques, lisent le plus
souvent les journaux traitant de la politique et de l'économie.
D'ailleurs, lorsqu'on fait un tour dans un service public ou dans un lieu
public où il est possible de rencontrer les fonctionnaires, dans la
plupart des cas ils seront en discussion sur les évènements
politiques. De même, ceux qui exercent une activité
professionnelle stable et qui n'entrent pas dans la débrouillardise
s'intéressent aussi à la politique, c'est le cas notamment des
hauts et moyens cadres des entreprises privées.
Les chômeurs généralement, ne
s'intéressent pas à la politique. Ils ont le sentiment de
s'exclure volontairement c'est-à-dire qu'ils n'ont pas l'impression
d'être contraints ; c'est ce que Pierre Bourdieu appelle
« la violence symbolique ».
Pourtant, leur comportement abstentionniste est la conséquence de leur
situation sociale qu'ils considèrent comme étant le fait de ceux
qui sont au pouvoir et qui appartiennent à la couche sociale
privilégiée. C'est la raison pour laquelle, dans les
conversations des personnes appartenant à des couches sociales
défavorisées, il est fréquent de les écouter
accuser les hommes politiques qui, selon eux :
« ne pensent qu'à eux et lorsqu'on veut se
débrouiller ils nous empêchent en augmentant les taxes
chaque jour ». Ainsi, on comprend pourquoi il est admis que
toute personne adapte ses opinions politiques à celles du groupe auquel
il appartient (Lipset, 1963 : 232), car les individus d'une
catégorie sociale ont tendance à avoir le même
comportement. Il ne faut cependant pas absolutiser l'influence des facteurs
socio-économiques sur le comportement abstentionniste. Même si
selon Elisaberth Dupoirier et Jean Chiche, les liens entre crise sociale et
abstention existent bien dans certains secteurs de la population où
l'ampleur prise par la crise sociale donnerait une dimension à sa
traduction en terme électoral, le scrutin deviendrait donc impuissant
à corriger l'expression d'un sentiment de marginalisation
sociale141(*) et
refléterait plutôt l'exclusion sociale qui se traduirait en
exclusion politique, pour employer la formule de Céline Braconnier et
Jean-Yves Domargen (2007 : 11). Lorsqu'ils parlent de
« ségrégation sociale et ségrégation
politique ». Ce type d'abstentionnisme
est dit
« permanent »ou « systématique »
et est constitué des catégories mal insérées
socialement, sans diplôme, au chômage, locataires et sans attache
géographique stable (Brechon (b), 2007 : 11).
Il faut aussi par ailleurs, faire ressortir la variable
résidentielle qui traduit le fait que des citoyens qui résident
dans les zones rurales votent plus que ceux qui vivent en ville. Ainsi,
malgré la forte politisation des zones urbaines et leur forte
densité, elles connaissent un fort taux d'apathie contrairement aux
zones rurales. En effet, d'après Alain
LANCELOT : «l'abstentionnisme croît
régulièrement avec la taille de la commune et qu'il est fort dans
les grandes agglomérations urbaines que dans les
campagnes142(*) ». De ce fait, lors des
élections municipales de 1996, les taux d'abstention ont
été plus élevés dans les départements
abritant les deux grandes villes du Cameroun.
Tableau
n°16 : COMPARAISON DES TAUX
D'ABSTENTION ENTRE CERTAINES GRANDES VILLES ET CERTAINES ZONES RURALES PENDANT
LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1996
DEPARTEMENTS URBAINS
|
TAUX D'ABSTENTION EN (%)
|
MFOUNDI
|
51.44
|
WOURI
|
58.58
|
DEPARTEMENTS RURAUX
|
TAUX D'ABSTENTION EN (%)
|
DIAMARE
|
35.9
|
NOUN
|
39.73
|
Source : Elan
Tchoumbia : Décentraliser et démocratiser la gouvernance
locale : 41
Au regard de ce tableau,
on constate que la participation est très faible dans les zones urbaines
densément peuplées que sont le Mfoundi et le Wouri, alors que le
Diamaré et le Noun avec leur faible démographie par rapport aux
deux autres zones143(*),
connaissent justement une participation relativement importante. C'est la
preuve qu'on s'abstient plus en zones à forte démographie que
dans les zones à faible démographie. La particularité des
grandes villes ou des zones urbaines est leur cosmopolitisme, leur fort
métissage, la grande hétérogénéité de
leur population mais surtout leur degré élevé de
politisation, donc leur grande exigence à l'égard des hommes
politiques contrairement aux zones rurales dont le cosmopolitisme,
l'hétérogénéité et le degré de
politisation de leur population sont très faibles. Globalement, c'est la
nature du lien social qui existe entre ces deux catégories de zones
(urbaine et rurale) qui explique ces différents degrés de
participation. Ce qui a conduit M. Tonnies à élaborer une
distinction entre le lien qui est l'ordre de la communauté(Gemeinschaft)
fondé sur les relations directes et émotionnelles,
caractéristiques des groupes familiaux, villageoises ou communautaires
et celui qui est de l'ordre de la société (Gesellschaft) qui est
une société atomisée, rationaliste, bureaucratique et
individualiste144(*).
Les « Gemeinschaft » correspondent dans notre pays
aux zones moins cosmopolites et moins hétérogènes ;
ainsi en nous référant à notre tableau, on peut les
rapprocher du Diamaré et du Noun, tandis que les
« Gesellschaft » correspondent aux zones abritant
les deux grandes agglomérations du pays à savoir le
Mfoundi(Yaoundé) et le Wouri (Douala). Ces deux grandes zones sont plus
cosmopolites et plus hétérogènes que le Diamaré et
le Noun. Il faut aussi reléver que l'abstentionnisme varie en fonction
des quartiers privilégiés et populaires (Kouamen, 2009 :
56). C'est pour cette raison qu'il est admis que les milieux
désavantagés sur le plan socio-économique sont
généralement moins représentés au vote (Lipset,
1963 : 238). On peut alors constater par exemple à
l'élection présidentielle de 2004 que le taux de participation
était plus faible dans les grandes villes du pays comme Douala où
il était inférieur à 40 % (Nna, 2009 :344) et
Yaoundé où le taux d'abstention était de 51% aux
législatives de 2007, même si l'opposition considère que ce
taux est plus élevé145(*) et que le gouvernement l'a
sous-évalué. Au-delà des zones de résidence et la
différence entre zones urbaines et celles rurales, la construction de
l'abstentionnisme est aussi liée à l'appartenance communautaire
des citoyens.
A- L'INFLUENCE DE
L'APPARTENANCE COMMUNAUTAIRE
Il est à noter que si certaines appartenances
communautaires telles que les appartenances associatives accentuent la
participation électorale des personnes qui en font partie comme nous
l'avons démontré plus haut, d'autres quant-à elles,
peuvent construire un comportement électoral abstentionniste par leur
mode de pensée et leur pratique. En effet, l'affiliation des citoyens
à certains groupes pourrait déterminer leur non-participation
électorale (Duval, 2005 : 29). En prenant en compte l'appartenance
ethno-régionale on débouche sur l'analyse selon laquelle, elle
détermine la mobilisation électorale et participe à la
construction des fiefs électoraux selon les bases
ethno-régionales, puisque dans la plupart des cas, les partis
correspondent aux régions ethno-régionales de leurs leaders. La
traduction concrète de ce raisonnement est que le boycott a eu des
retentissements forts dans les localités ethno-régionales
contrôlées par les partis politiques ayant prôné le
boycott et qui constituent leurs fiefs électoraux (Menthong, 1998 :
46). La logique identitaire au Cameroun est très importante dans la
construction des fiefs électoraux et c'est ce qui explique que la
position des partis politiques sur la non-participation électorale a
plus d'impact dans leurs fiefs ethno-régionaux. Sachant que les partis
politiques participent à la structuration des comportements
électoraux et constituent à cet effet :
«... un élément de repérage qui aide les
citoyens à former... leur... non-vote » (Brechon (a),
2007 : 3) on en conclut que l'impact de l'appel au boycott en 1992 lors
des législatives a pris en compte les communautés
d'appartenance ethno-régionales des principaux leaders des partis
politiques en compétition de façon active ou passive.
Tableau
n°17 : COMPARAISON DES TAUX
D'ABSTENTIONS EN FONCTION DES FIEFS ELECTORAUX SUITE A L'APPEL AU BOYCOTT PAR
CERTAINS PARTIS POLITIQUES AUX LEGISLATIVES DE 1992
FIEFS ETHNO-REGIONAUX DES PARTIS POLITIQUES
|
APPARTENANCE ETHNO-REGIONALE DES LEADERS POLITIQUES
|
TAUX D'ABSTENTION EN %
|
RDPC : CENTRE, EST, SUD (communauté
ethno-régionale : BETI)
|
M. Paul BIYA (appartenance ethno-régionale :
BETI)
|
CENTRE : 21.2
EST : environ 36
SUD : environ 10
|
UNDP : NORD (communauté
ethno-régionale : FOULBE et MULSUMANE)
|
M. BELLO BOUBA (appartenance ethno-régionale :
FOULBE et MULSUMAN)
|
NORD : environ 30
|
UDC : NOUN (communauté
ethno-régionale : BAMOUN)
|
M.ADAMOU NDAM NJOYA (appartenance
ethno-régionale : BAMOUN)
|
NOUN : 73.56
|
SDF : NORD-OUEST, OUEST, SUD-OUEST (communauté
ethno-régionale : ANGLO- BAMILEKE)
|
M. NI JOHN FRU NDI (appartenance ethno-régionale :
ANGLO-BAMILEKE)
|
NORD-OUEST : 80.28
OUEST : 56.96
SUD-OUEST : 45.15
|
Sources : Compilation de
l'auteur des données issues : Menthong., vote et communautarisme au
Cameroun : 44-47 et Owona Nguini., La sociogenèse de l'ordre
politique au cameroun entre autoritarisme et démocratie
(1978-1996) : les régimes politiques et économiques de
l'Etat au gré des conjonctures et configuration socio-historique :
720
On constate donc à travers ce tableau que l'abstention
à l'issue de l'appel au boycott est fortement influencée par
l'appartenance ethno-régionale des leaders politiques ayant fait usage
de cette technique. L'abstentionnisme électoral traduit dans cette
optique une opération d'illégitimation du pouvoir en montrant
qu'il a une faible base électorale (Nna, 2009 : 344) ; sauf
qu'il a un caractère ethnique très poussé faisant de
certains citoyens des « prisonniers » de leur
origine ethnique146(*).
Ce qui signifie que la mobilisation électorale repose de manière
prédominante sur des « chaines »
d'obligations et de loyauté primaire (Gaxie, 2000 : 43). Ainsi, de
manière générale, le choix électoral des
camerounais est largement influencé par des solidarités de
loyauté, d'allégeance au groupe d'appartenance et serait fonction
de l'affiliation sociale et non des calculs d'utilité147(*). Dans cette perspective, on
peut admettre avec Paul Lazarsfeld : « qu'une
personne pense politiquement comme
elle est socialement148(*) ». Ainsi, le choix électoral
des électeurs a été largement présenté comme
influencé par des sentiments de solidarité, de loyauté,
d'allégeance au groupe d'appartenance et non par la volonté
d'obtenir des avantages personnels ; il serait fonction de l'affiliation
sociale et non des calculs d'utilité de l'électeur149(*). En prenant en compte
l'approche culturelle, l'acte de vote n'est pas instrumental, il sert à
exprimer une identité, voire à opérer une mise en
scène de soi (Quantin, 2004 : 7).
Par ailleurs, l'appartenance religieuse du citoyen peut sous
certaines conditions, façonner son comportement électoral
(Antoine, 2001 : 4) et le conduire à s'abstenir. Sans trop insister
sur ce paramètre, il faut noter que certaines communautés
religieuses comme les Témoins de Jéhovah déconseillent la
participation électorale à leurs adeptes. C'est dans cette
logique que plusieurs membres de cette communauté que nous avons
rencontrés déclarent n'avoir jamais voté, parce que le
vote ne correspond pas à leur valeur spirituelle or, voter c'est se
situer au sein d'une collectivité en recourant à des normes et
à des représentations qui appartiennent à une tradition
(Quantin, 2004 : 7) dans laquelle les témoins de Jéhovah ne
semblent pas vouloir s'identifier et c'est ce qui peut justifier leur
non-participation électorale.
L'analyse de l'abstentionnisme comme comportement
électoral façonné par l'appartenance à un groupe
social particulier nous rapproche de la notion
d'« habitus150(*) », qui selon Pierre Bourdieu
(2009 : 74-76) signifie la reproduction de l'attitude de
« retrait du jeu
politique », façonné par les conditions
concrètes d'existence des groupes. L'abstentionnisme est l'expression de
l'appartenance de l'individu à tel ou tel ensemble social et notamment
la classe151(*) si l'on
se réfère à l'interprétation de Philippe Braud.
Cette situation façonne le comportement électoral des citoyens
camerounais qui sont dépendants du milieu dans lequel ils vivent. Mais,
cette influence du milieu social sur le comportement électoral de
l'électeur est liée à l'absence de différenciation
des programmes économiques, transportant la lutte en dehors du terrain
économique mais, plutôt à travers les codes culturels qui
deviennent les principaux outils de mobilisations au détriment du
modèle du choix rationnel qui prenne en compte principalement les
préférences économiques des électeurs (Quantin,
2004 : 6). Malgré cela, on ne peut affirmer sans relativiser qu'il
y a corrélation entre appartenance communautaire et sens du comportement
électoral, car le citoyen ne se détermine pas fatalement par ces
allégeances communautaires (Mouiché, 2009 : 21). Puisque
l'électeur moderne est né le jour où il a pu se
débarrasser des anciennes allégeances (Hastings, 1996 : 64)
communautaires. Le comportement électoral aussi influencé par
d'autres facteurs comme le faible impact de la campagne électorale.
PARAGRAPHE 2 : LE
FAIBLE IMPACT DE LA CAMPAGNE ELECTORALE
La campagne électorale est
censée stimuler la participation électorale, c'est pour cette
raison que, l'abstentionnisme électoral est souvent lié à
son faible impact. Suivant cette logique, le faible impact de la campagne
électorale contribue à la sécrétion de
l'abstentionnisme dit « conjoncturel » et par
moment « protestataire » c'est-à-dire
apparenté au vote contre le système politique. Lorsqu'il est
conjoncturel, autrement dit influencé par le contexte électoral,
les offres électorales ou la nature de l'élection, il correspond
à une attitude « stratégique »,
traduisant le comportement d'un citoyen politisé jouissant de la
compétence politique (Subileau, 1997 : 259 et 269). Nous en
déduisons que, l'enjeu de la politique est de connaître les
préférences du citoyen (Dabrowski et Guillou, 2005 : 31) et
d'y apporter des solutions pourqu'il puisse attacher un intérêt
à la pratique du vote. Or, tout dépend de l'ambiance de la
campagne électorale car sa vivacité influe dans une certaine
mesure sur le niveau de la participation électorale. A cet effet,
André Sigfried déclare que : « Les
élections de combat » sont
favorables à la participation électorale tandis
que « les élections
d'apaisement » sont propices à l'abstention152(*). Cet impact relatif de la
campagne électorale dans le cas du Cameroun au moment de la
compétition électorale se fait ressentir au niveau de la
formulation de l'offre électorale et de l'évaluation des enjeux
électoraux.
A- AU NIVEAU DE L'OFFRE
ELECTORALE
L'offre politique est un faisceau de paramètres qui
structurent le comportement politique (Kouamen, 2009 : 109) ; ce qui
nous permet de considérer par analogie l'offre électorale comme
un faisceau de paramètres qui structurent le comportement
électoral. En effet, elle correspond à une conjoncture
particulière et est par principe construite par les acteurs en
compétition pour répondre aux problèmes auxquels sont
confrontés les citoyens. L'analyse de la formulation de l'offre
électorale nous conduira d'une part à considérer les
effets de l'environnement de l'offre électorale et d'autre part de son
contenu.
1-Les effets de
l'environnement de l'offre électorale
Il est important de signaler a priori que la vivacité
de la campagne électorale influe sur le niveau de la participation
électorale. Il en résulte que, les électeurs
s'intéresseront moins à la compétition électorale
si elle n'est pas animée par une campagne véritablement
concurrentielle. A cet effet, « Les
élections de combat » sont
favorables à la participation électorale tandis que
« Les élections
d'apaisement » sont propices à l'abstention, surtout
s'il y a ressemblance des projets et absence d'un véritable débat
politique (Deloye et als 1993 : 149). C'est la raison pour laquelle M.
Franklin après avoir analysé séparément vingt et
deux (22) démocraties, affirme que dans vingt et un (21) on retrouve un
impact notable de la compétition électorale sur la
participation ; ainsi, plus la compétition est vive, plus
l'intérêt politique de la population augmente153(*). Il ressort que, le faible
impact de la campagne électorale contribue à altérer le
niveau de la participation électorale bien que, la campagne soit pour
certains un facteur de cristallisation des décisions politiques
existantes (Kouamen, 2009 : 115-116). Elle vise néanmoins à
conquérir l'opinion publique grâce à des stratégies
complexes (Aletum, 2004 : 156) dont l'objectif est la mobilisation de
nombreux citoyens pour une participation effective aux élections.
L'enjeu lors de la campagne électorale est donc celui de la
participation électorale car, plus les citoyens sont nombreux à
prendre part au vote, plus la possibilité pour que les partis en
compétition tirent leur épingle du jeu est grande. La
mobilisation électorale est donc le résultat des incitations par
lesquelles les entrepreneurs politiques travaillent à créer
l'accoutumance au vote et réactive à leur profit l'orientation
passive ou active vers la compétition électorale (Kouamen,
2009-114).
En effet, si la campagne électorale est un moment de
communion entre les leaders politiques et les citoyens, c'est parce que c'est
le moment pendant lequel les projets de société sont
présentés aux citoyens. Les campagnes électorales
à travers les signaux qu'elles diffusent et les contributions
symboliques des candidats qu'elles véhiculent sont essentielles dans la
formation des opinions (Blondiaux, 1996 : 783). Elles permettent aux
électeurs de s'imprégner du programme des partis en assistant aux
meetings, qui, en réalité sont des stratégies de
construction d'un « bon » représentant par
chaque formation politique (Afom Ndong, 2007 : 44). En fait, les meetings
sont les moments forts des campagnes électorales, vu qu'ils sont par
principe mobilisateurs surtout lorsqu'ils sont organisés de
manière à influencer le comportement électoral. Cependant,
ils sont susceptibles d'être interdits154(*), ce qui peut compromettre leurs impacts. Toutefois,
ils restent les lieux privilégiés d'émotions et
d'expression des passions politiques et constituent de facto des moments forts
de la fête électorale et des rares lieux de contacts directs entre
candidats et électeurs (Mayrague, 2002 : 8).
De même, l'indistinction idéologique comme le
caractère pléthorique des partis font partir des fondements de
l'abstention électorale au Cameroun. Ce sont des réalités
qui déstructurent le rôle de médiateur entre les citoyens
et le système politique (Kouamen, 2009 : 139) que jouent en
principe les formations politiques. En conséquence, les camerounais
voteront d'autant moins que la concurrence idéologique est
limitée (Subileau, 1997 : 255). A cet effet, les activités
partisanes de multiples formations politiques, créent la
désaffection des citoyens pour la chose politique (Kamto, 1993 :
178 et 195) de même que la crise idéologique et la vulgarisation
des slogans ne séduisent plus (Dounkeng, 2009 : 72). C'est pour
cela que, Mathias Eric Owona Nguini analysant le caractère
pléthorique des partis politiques et leurs agissements lors de la
campagne électorale, de la présidentielle de 2004 enfonce le clou
en estimant que : « la conception
saisonnière de la politique
démobilise155(*) » car, plusieurs partis
sans idéologie claire, n'interviennent sur
la scène politique que
pendant les périodes électorales.
L'autre difficulté liée à la lisibilité de l'offre
électorale est cette attitude de l'opposition de composer avec le
gouvernement créant la confusion entre les différentes offres
électorales, tout en détruisant les chances de l'opposition de
remplacer ceux qui sont au pouvoir avec en prime le déshonneur fait
à la démocratie (Pokam, 2000 : 57). A titre d'exemple, lors
de la présidentielle de 1992, face au RDPC on n'entend aucun discours
cohérent mais seulement des cris de haine, des injures venant des
opposants incapables d'articuler un programme politique (Eboussi Boulaga,
1997 : 116) pouvant fédérer les camerounais. En fait, le
faible engagement des partis politiques entraîne un
désinvestissement non seulement d'autres protagonistes tels que les
médias (Delwit, 1995 : 14), mais surtout des citoyens. Dans cette
perspective, plus la concurrence est élevée, plus le débat
politique est animé et grande sera la participation électorale
(Otayek, 2002 : 99-100). Or, certains leaders de partis politiques ne
cachent pas leur volonté de soutenir sous certaines conditions le
candidat du RDPC aux élections et même de travailler avec lui s'il
en fait la demande156(*), ce qui est de nature à anéantir la
concurrence, entraînant de fait une forte désaffection chez les
citoyens. Dans tous les cas, l'offre électorale est un facteur
déterminant de la participation à condition que celle-ci soit
à mesure de répondre aux attentes des citoyens, ce qui
nécessite une considération forte des préoccupations
quotidiennes de ces derniers. En tout état de cause, le citoyen qui
analyse les offres électorales avant de s'abstenir est un
« stratège » au sens de Françoise
Subileau, étant donné qu'il est lié aux conditions de
l'offre électorale et à la contrainte institutionnelle (Delwitt,
1995 : 16).
Par ailleurs, la nature de l'élection influence le
niveau de participation. Ainsi, à cause de son enjeu institutionnel, de
son caractère populaire et mobilisateur, l'élection
présidentielle est une élection pilote et décisive qui
structure l'espace et le temps de la vie politique. La présidence de la
République est la « clé de
voûte» des institutions républicaines et incarne les
enjeux nationaux (Kouamen, 2009 : 103-104). Il ressort qu'elle est une
élection mobilisatrice à cause de son enjeu national,
contrairement aux législatives et municipales qui ont des enjeux plus
paroissiaux. Dès lors, l'analyse démontre qu'en 1992 à la
suite des législatives, le taux d'abstention était de 39.42%
(Nkaifon Perfura, 1994 : 235) tandis qu'à la présidentielle
il a oscillé autour de 28.12%157(*). De même, le taux d'abstention était de
18.65%158(*) à la
présidentielle de 1997 qui avait été pourtant
boycottée par les principaux partis de l'opposition (le SDF, l'UNDP et
l'UDC) alors que ce taux se situait autour de 39.5% aux législatives de
la même année (Engueleguele, 2002 : 18), tout comme il se
situera autour de 34.5%159(*) aux municipales de 2002. En conséquence,
l'élection présidentielle est celle à laquelle les
camerounais participent. En plus, en se référant au projet de loi
portant sur le vote de la diaspora, il ressort que l'élection
présidentielle peut davantage être la plus participée
étant donné que, la diaspora ne participera pas aux
législatives et aux municipales160(*). C'est donc une élection donc les enjeux de
pouvoir sont importants (Perrineau, 2006 : 33) et justifie la forte
participation des citoyens. De plus, les populations ne ressentent vraiment pas
l'impact des institutions municipales et législatives dans leur vie
quotidienne ; c'est pour cela que dans l'imagerie populaire les maires et
les députés sont à la solde du président de la
République. De même, certains camerounais considèrent
l'Assemblée Nationale comme une chambre d'enregistrement qui ne fait que
la volonté du président de la République et les
députés comme des hommes d'affaires illettrés,
politiquement et culturellement incompétents à jouer leur
rôle de législateur (Machikou, 2009 : 77) loin des
préoccupations quotidiennes des citoyens.
Tableau
n°18 : TAUX D'ABSTENTION ELECTORALE
AUX DIFFERENTES ELECTIONS PARLEMENTAIRES ET PRESIDENTIELLES
(1992-2007)
ANNEES ET TYPES D'ELECTIONS
|
TAUX D'ABSTENTION EN (%)
|
PARLEMENTAIRES
|
|
1992
|
39.42
|
1997
|
24.4
|
2002
|
34.34
|
2007
|
38 environ
|
PRESIDENTIELLES
|
|
1992
|
28.12
|
1997
|
18.65
|
2004
|
20.41
|
Source : http://www.gngwane.com/
A partir du tableau ci-dessus, il est évident qu'entre
l'élection présidentielle et les élections
législatives, la présidentielle est celle à laquelle les
camerounais participent le plus. On en a pour preuve ses faibles taux
d'abstentions. En revanche, la reprise de l'élection réduit
l'intérêt de l'électeur (Bournet(a), 2005 : 3) ce qui
peut constituer un obstacle à la participation électorale. Ainsi,
lors des élections partielles législatives et municipales de 2007
reprises en 2008 dans certaines localités, les taux d'abstention ont
été très élevés dans l'ensemble de ces
localités même s'il faut constater une fois de plus que parmi
elles, les grandes villes ont le plus subi ce phénomène.
Tableau
n° 19 : LES TAUX D'ABSTENTION LORS
DE LA REPRISE EN 2008 DES ELECTIONS LEGISLATIVES ET MUNICIPALES PARTIELLES DE
2007 DANS CERTAINES LOCALITES
LOCALITES
|
TAUX D'ABSTENTION EN %
|
BAFANG
|
50.82
|
BANA
|
59.65
|
DOUALA 4éme
|
88.82
|
MATOMB
|
30.19
|
MOGODE
|
36.50
|
Source : Camroon Tribune
n° 9215/5414, du 30/10/2008, p 4.
A partir du tableau ci-dessus, on observe que la reprise des
élections n'est pas nécessairement bénéfique pour
la participation électorale surtout dans les grandes villes car, il est
déjà difficile pour une partie des citoyens de sacrifier leur
temps en allant voter en période électorale, combien de fois
lorsque seulement une partie du pays est appelée à voter à
la suite de la réprise d'une élection, comme ce fut le cas en
2008. Parallèlement, le contenu de l'offre électorale, quelque
soit la nature de l'élection est déterminante dans le
comportement électoral de l'électeur.
2-Les effets du contenu de
l'offre électorale
La prise en compte du contenu de l'offre électorale
permet d'apprécier l'offre avant de déterminer son non-vote. Le
citoyen ici n'est plus déterminé par son appartenance
socio-économique, mais plutôt par sa propre rationalité et
ne décide de prendre part au vote que si ses intérêts sont
pris en compte dans les offres électorales que proposent les partis
politiques. Les électeurs sont ici des
« stratèges » ou des êtres rationnels
qui sont conduits à examiner l'ensemble de l'offre électorale
avant d'opérer leur choix (Nna, 2004 : 345). La non-participation
électorale semble déterminée par le degré de
politisation et de confiance institutionnelle du citoyen (Brechon(a),
2007 : 13 et 14). Il est dans un espace politique qui lui permet de
mobiliser un minimum de repères conscient ou non, pour guider ses
comportements (Braud, 1998 : 212) électoraux. Bref, les citoyens
n'observent plus le champ politique en
« spectateurs » (Kouamen, 2009 : 67), au
contraire ce sont des « gladiateurs »,
autrement dit, des personnes politisées, informées et à
faible identité partisane. En fait, ces citoyens sont dotés de
compétence politique nécessaire et sont culturellement et
socialement favorisés. Il jouissent d'un degré de politisation
élevé c'est-à-dire qu'ils accordent beaucoup d'attention
aux évènements politiques et sont capables de donner du sens
à leur propre participation aux activités politiques, ce qui
implique qu'ils maîtrisent le langage politique et les schèmes de
représentations qui y sont associés. Ils sont dits
« dans le jeu » car, discutent
des questions politiques en famille, au lieu de service et entre amis, lisent
de préférence les revues politiques et économiques,
écoutent des émissions politiques et participent aux
activités politiques (Kouamen, 2009 : 67). Ces citoyens qui,
normalement s'abstiennent moins sont des abstentionnistes
« stratégiques »
ou « rationnels ». En se
référant à la théorie de l'action
collective de M.Olson, on peut considérer l'élection
comme une action collective. Dans cette logique, les individus ne
s'engageront dans l'élection qu'à condition d'y trouver un
avantage propre (Braud, 1998 : 265) sinon ils seront tentés de
s'abstenir. Dans la même perspective, si certains
citoyens « rationnels » sont conscients que,
même sans participer aux élections ils profiteront des même
avantages que ceux qui ont pris part au vote, alors ils seront tentés de
s'abstenir et d'adopter la stratégie du « ticket
gratuit » étant donné que, la participation
est coûteuse en temps et en d'autres ressources rares (Dabrowski et
Guillou, 2005 : 32). De ce fait, le citoyen votera si l'utilité de
son vote excède son « coût» car, l'offre
électorale cherche à rencontrer une demande plus grande en vue de
toucher le maximum d'électeurs, d'où la nécessité
de mettre en oeuvre des outils lui permettant de récolter le plus grand
nombre de participants (Dabrowski et Guillou, 2005 : 31).
Ainsi, l'abstentionnisme va s'apparenter à un refus
d'achat résultant d'une appréciation négative des offres
programmatiques (« marchandises ») des candidats
qui ne peuvent procurer d'intérêt. L'élection constituerait
donc une sorte de « marché » politique au
sein duquel l'électeur chercherait à optimiser son vote par une
meilleure information, une comparaison poussée des programmes et des
promesses ; c'est un « calculateur »
(Hastings, 1996 : 67). C'est pourquoi le citoyen camerounais ne veut
opérer dans cette circonstance un vote qui ne lui apportera rien et si
aucun des candidats n'est à mesure de répondre à ses
attentes, il prendra la décision de rester en dehors du choix
électoral. Ici
« l'électeur-stratège » est
un expert dans l'art de décoder la machinerie politique, c'est un
tacticien résolu à nuire à celui qui le menace le plus
à l'instant présent (Dabrowski et Guillou, 2005 : 4). A cet
effet, lors des meetings électoraux au Cameroun, il est récurrent
d'écouter les populations s'intérroger sur
« Est-ce-que, c'est
ça qu'on mange » ? En
direction des hommes politiques venus vendre leurs
« produits » pour insinuer que les
« beaux discours » n'apportent pas de
solutions à leurs préoccupations. En conséquence, les
moments des meetings sont souvent marqués au-delà des promesses
électorales, « des dons
électoraux » ce qui démontre à
suffisance que, les comportements électoraux des camerounais sont
fortement influencés par les pressions alimentaires, vu les conditions
de rareté matérielle (Sopca, 2004 : 97 et 101) dans
lesquelles ils vivent. En tout état de cause, l'électeur
camerounais est un calculateur puisqu'il peut se conduire de telle
manière qu'à partir d'une évaluation rationnelle de ses
chances de réussite, il apparaît qu'il a eu raison de faire ce
qu'il a fait (Bourdieu, 1994 : 150). C'est justement le doute qui plane
sur les promesses électorales qui amène certains citoyens
à opter pour un avantage immédiat qui se résume le plus
souvent aux logiques alimentaires. Suivant cette logique, M. Achille Mbembe
pense que, les camerounais ont tendance à monnayer leur droit de vote au
point de transformer les meetings en moments de
« réfectoire161(*) ». D'ailleurs, lors des campagnes
électorales M. Le roy estime que, ce qui frappe c'est le vide des
messages et la vacuité des projets162(*) dans la mesure où, ce qui préoccupe
l'électeur c'est ce qu'il peut gagner avant le vote, les
résultats étant le plus souvent considérés comme
joués d'avance. Pourtant, l'offre électorale si l'on se
réfère à Annie Laurent et Christian-Marie Wallon-Leducq,
favorise les comportements concurrentiels qui peuvent influer sur la
participation électorale163(*), dans le cas contraire, elle peut plutôt
susciter l'apathie des citoyens. L'abstentionnisme électoral constitue
donc une forme rationnelle du comportement électoral (Kouamen,
2009 : 176) car, le citoyen à travers cet acte démontre
qu'il est rationnel et qu'il assume son choix parfois sans regret.
L'abstentionnisme électoral est aussi une forme
« d'escapisme » car, il constitue un avertissement
à la classe politique, exprime une critique du système partisan
et manifeste l'inadéquation entre l'offre électorale et les
attentes des électeurs (Subileau, 1997 : 257-258). En effet, selon
M. Machiavel si dans les projets qu'on soumet au peuple celui-ci
aperçoit un réel avantage, il sera facile de les lui faire
embrasser quand bien même sa ruine et celle de l'Etat seraient
cachées sous ces apparences trompeuses164(*). L'abstention de certains électeurs peut
ainsi se justifier par la perception de l'inaptitude virtuelle ou réelle
de l'opposition à proposer un programme politique alternatif
potentiellement plus efficient lorsque ceux du parti au pouvoir ont
résilié le contrat électoral qui leur liait (Kouamen,
2009 : 189) par leur incapacité à donner aux citoyens ce
qu'ils ont promis. L'électeur ayant un comportement prospectif, il
fonde son choix sur les orientations économiques, sociales et politiques
annoncées par les candidats ou les partis et votera en fonction de leur
situation personnelle (Auberger, 2004 : 97). Ainsi, les élections
sans offres et constituées d'absence de débats aboutissent au
paradoxe d'élections sans électeurs (Mayer, 1997 : 14). On
peut dire sans ambigüité que le peuple a politiquement mûri
et qu'il sait désormais identifier au mieux ses intérêts
politiques165(*).
Dès lors, si l'offre n'est pas proche des difficultés des
citoyens, si elle n'est pas une thérapie pour ses problèmes
socio-économiques, celui-ci n'y accordera aucun intérêt et
aura tendance à s'abstenir, tout comme il le fera aussi si les enjeux ne
sont pas à la hauteur de ses espérances.
B- AU NIVEAU DES ENJEUX
ELECTORAUX
L'enjeu de l'élection est censé stimuler la
participation électorale. Or, ceci n'est possible que si les acteurs
politiques sont divisés sur ses définitions et ses solutions. Ces
divisions et propositions doivent être clairement perceptibles par
l'opinion publique (Kouamen, 2009 : 117-118). Selon M. Franklin plus
l'élection est compétitive, plus les enjeux sont forts et la
marge de victoire serrée, plus l'électorat est libre de se rendre
aux urnes166(*). L'une
des réalités les plus frappantes en Afrique comme au Cameroun est
le déficit de débat politique, étant donné que les
partis ne réfléchissent pas aux problèmes fondamentaux de
la société (Michalon, 1984 : 40) pourtant, c'est à
l'issue des débats politiques que sont perçus les enjeux d'une
élection. Dans cette logique, l'école de Michigan a
présenté trois conditions pour cristalliser la pertinence d'un
enjeu sur le citoyen à savoir qu'il doit être connu de
l'électeur, provoquer une réaction chez lui et il doit enfin
percevoir l'un des partis comme ayant sur cet enjeu des positions plus proches
des siennes167(*). En
effet, Pierre Martin estime que l'enjeu est considéré comme
proche pour l'électeur si celui-ci le ressent avec des questions de sa
vie quotidienne, sinon il sera présenté comme étant
éloigné168(*). Or, l'enjeu ressort à travers les programmes
politiques qui constituent les bases de la mobilisation électorale.
Ceci étant, se sont eux qui définissent les objectifs
mobilisateurs, donnent envie de participer au vote et de voter pour un
candidat, un parti lui permettant ainsi de se singulariser des autres tendances
(Brechon(b), 2007 : 116). Si l'électeur n'est pas convaincu par la
capacité pour le système politique d'apporter des
améliorations à sa condition d'existence, il cultivera une
attitude d'indifférence à l'égard de la politique (Braud,
1991 : 35) et aura tendance à se soustraire de la participation
électorale, d'où l'abstentionnisme. Mais, l'indifférence
conduit parfois, selon M. Pammet et M. Leduc à un sentiment
d'inutilité qui s'accompagne d'une opinion négative
quant-à la compétition électorale, c'est-à-dire au
sentiment que leur vote ne changera rien au résultat final169(*). Ainsi, l'analyse
stratégique amène l'électeur à calculer comme un
« homo eoconomicus » du fait qu'il prend
en compte la campagne électorale avec ses enjeux, ses thèmes
saillants, les personnalités qui la mènent et les gains qu'il
peut en profiter. Cependant, lorsque les actions d'explication des enjeux ne
sont pas efficaces, il est difficile de convaincre les citoyens à aller
voter (Brechon(a), 2007 : 6) surtout lorsqu'ils doutent de la
crédibilité de l'élection et ne ressentent pas une
certaine concurrence sur la scène électorale. C'est pourquoi,
il est fréquemment affirmé qu'il y aurait une corrélation
positive entre le taux d'abstention et le degré d'ouverture du jeu
électoral (Otayek, 2002 : 99). Ce qui signifie que le non-vote des
citoyens est souvent lié à l'opacité du jeu
électoral et au caractère déloyal de la compétition
électorale. En outre, le retrait des citoyens de la scène
électorale s'explique aussi par le fait que, le
« coût » de leurs investissements ne peut
être compensé.
Or, peu de citoyens sont prêts à faire des
investissements sans bénéfice car, selon Pierre Bourdieu
(1994 : 150) il n'y a pas d'acte gratuit. En effet, l'incapacité
des partis politiques camerounais à proposer aux électeurs de
véritables projets de société a contribué à
la construction d'un environnement électoral non-concurrentiel dans
lequel un seul parti ou candidat connu d'avance est capable de gagner,
affaiblissant l'opposition et démontrant son incapacité à
impulser un changement, vu l'absence de dimension programmatique dans les
débats politiques (Buijtenhuijs, 1994 : 119). C'est pour cette
raison que nous admettons que, la participation électorale, recule
lorsque les incitations proprement politiques à participer aux scrutins
s'affaiblissent (Gaxie, 2000 : 58), ce qui se justifie par le fait que,
les citoyens ont de plus en plus du mal à percevoir la pertinence de
l'élection face aux problèmes de la société et les
solutions vagues semblent être les mêmes pour tous les partis. Dans
ces conditions, l'abstention est la solution qui satisfait le mieux les
citoyens, étant donné qu'elle n'implique aucune tracasserie pour
des résultats qui sont considérés comme connus d'avance.
De toute évidence, les électeurs ne parviennent pas à
percevoir l'enjeu du vote principalement à cause de l'absence de
suspense qui régit les élections au Cameroun. Pour preuve, les
gens ont plus confiance aux élections dans les pays où elles ont
débouché sur une alternance de groupe de dirigeants (Bratton,
2007 : 5). En plus, lorsqu'ils constatent que les maux
décriés depuis des années comme : le chômage,
l'insécurité, l'impunité, la fuite des capitaux, le manque
de transparence, persistent (Ndjock, 2007 : 95) il leur est très
difficile de voter.
L'abstentionnisme au moment de l'élection est le fruit
de la combinaison de plusieurs facteurs. De
ce fait, on peut en déduire qu'il n'y a pas de facteur unique permettant
d'expliquer le phénomène, mais qu'il combine à la fois les
logiques sociologiques, rationnelles, (Perrineau, 2006 : 35)
institutionnelles, conjoncturelles et bien d'autres facteurs qui sont autant
déterminants. Toujours est-il que, la construction de ce
phénomène pose le problème de ses effets pervers et celui
des tentatives de sa neutarlisation.
DEUXIEME PARTIE : DE
LA FLORAISON DES EFFETS PERVERS DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL A LA
MULTIPLICATION DES TENTATIVES DE SA NEUTRALISATION
Les actions et interactions qui conduisent à la
construction du phénomène de l'abstentionnisme électoral
au Cameroun ne sont pas sans impact sur la démocratie
représentative du pays ; ce qui entraine des réactions en
chaîne de la part des acteurs sociopolitiques. En effet, si les partis
politiques comme les hommes politiques proposent divers types de
« biens » pour obtenir la confiance et le
crédit de leurs concitoyens, c'est dans le but de pouvoir parler, agir
en leur nom et à leur place (Gaxie, 2000 : 1243). Nous en
déduisons que, le vote permet aux citoyens de choisir leurs
représentants. Or, il est établi que tout le monde ne peut voter
et ne vote d'ailleurs pas. Ce qui fait que les élus sont souvent issus
de la volonté de la minorité des électeurs (Lipset,
1963 : 15). Ceci étant, ils bénéficient du
« coup de force symbolique170(*) » de la
représentation, définie par Philippe Braud (1998 : 411)
comme le fait que l'élu d'une majorité d'électeurs soit
considéré comme le représentant de tous les citoyens y
compris ceux qui se sont abstenus. En conséquence, bien que M.
Huntington estime qu'une trop forte participation entraînerait
l'entrée en jeu d'abstentionnistes perturbateurs par nature hostiles aux
principes démocratiques171(*), il n'en demeure pas moins que, la participation
électorale est un indice de la bonne santé de la
démocratie. En conséquence, l'absence de participation aux
consultations électorales sape la légitimité des
décisions qui pourront être prises172(*) et des élus
eux-mêmes. C'est pour cela que l'élection est
considérée comme le moyen par excellence qui permet aux citoyens
de choisir leurs représentants, d'où l'exigence de la forte
participation sinon le vote risque d'être considéré comme
un sondage et même de moindre qualité (Lipset, 1963 : 15).
Car, si l'élection confère un surcroît d'autorité
à ceux qui exercent le pouvoir et réactive chez les
gouvernés le sens de leur appartenance au grand groupe grâce
à l'exercice collectif d'une prérogative partagée (Braud,
1998 : 305), elle constitue cependant le moment majeur de la
procédure démocratique. L'abstentionnisme électoral
constitue néanmoins sa remise en cause et interprète le mieux
la crise de la démocratie (Dabrowski et Guillou, 2005 : 31). Il en
résulte que, la crise de la démocratie compromet la
légitimité du système représentatif, faisant de
l'abstention électorale l'indicateur de l'état de santé du
système démocratique (Muxel, 2007 : 43 et 55). Le risque
étant certainement le déficit de légitimité et de
représentativité des élus. D'ailleurs, personne ne se
satisfait réellement de la faible participation électorale des
citoyens, et c'est pourquoi même les régimes les plus liberticides
s'enorgueillissent des taux de participation électorale remarquable
(Lipset, 1963 : 18) et veillent à ce qu'ils soient les plus
élevés possibles. C'est ce qui justifie les initiatives
entreprises dans le but de neutraliser l'abstentionnisme électoral. En
effet, la scène électorale camerounaise depuis le retour du
multipartisme constitue le théâtre de nombreuses démarches
de la part des acteurs sociopolitiques visant à combattre la
non-participation électorale des citoyens aux consultations
électorales. Au regard de ces analyses, nous sommes amenés
à présenter d'une part la floraison des effets pervers de
l'abstentionnisme électoral et d'autre part la multiplication des
tentatives de sa neutralisation.
CHAPITRE 1 : LA
FLORAISON DES EFFETS PERVERS DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
L'abstention électorale, selon M. Huntington,
illustrerait un état d'apaisement, une absence de conflit majeur dans
une communauté politique173(*). Ce qui dissimule néanmoins mal, la
réalité selon laquelle elle est de nature à permettre la
prise du pouvoir par une minorité (Lipset, 1963 : 15). Cette
situation pose sans équivoque le problème de la
légitimité et de la représentativité des
élus. Dans tous les cas, le principe de la légitimité des
gouvernants est déterminant dans toute démocratie même s'il
est contrarié par l'expression de la défiance citoyenne
vis-à-vis des pouvoirs. C'est ce que M. Rosanvallon qualifie de
« contre- démocratie » qui n'est
pas le contraire de la démocratie, mais plutôt la forme de la
démocratie qui contrarie l'autre c'est-à-dire celle de la
défiance organisée face à la démocratie de la
légitimité électorale174(*). Toutefois, les citoyens qui refusent de prendre
part au vote font tourner à vide la machine démocratique car la
démocratie repose sur l'idée que si les citoyens participent aux
choix de leurs dirigeants politiques, ils manifestent davantage leur
attachement au système politique global (Cot et Mounier, 1974 :
48). Dans le cas contraire, ils seront incités à remettre en
cause les décisions politiques des dirigeants. D'où la
nécessité que ces derniers soient les plus représentatifs
possible. C'est pour cela que, plus large sera la participation des citoyens
aux élections, plus grande sera l'autorité des élus pour
exprimer la volonté générale du peuple. C'est ainsi que
les risques de troubles politiques proviennent de ce que l'autorité des
organes de l'Etat peut porter à contestation parce qu'ils sont
élus par une minorité de citoyens (Gandolfi et Lambert,
1987 : 291-292). Il est donc important pour la démocratie que
l'élection soit l'instrument permettant de faire des citoyens les
complices de leur propre domination puisque le pouvoir légitime vise
à transformer les citoyens en soutien effectif (Hastings, 1996 :
32) et à assurer la stabilité tout comme la survie de la
démocratie. De cette analyse, il convient de présenter d'une part
l'utilisation de l'abstentionnisme électoral comme élément
de délégitimation et comme expression de la volonté de la
minorité et d'autre part, les balbutiements de la démocratie
représentative au Cameroun.
SECTION 1 : ABSTENTIONNISME ELECTORAL ET DELEGITIMATION
L'élection est considérée comme un
puissant instrument de légitimation des dirigeants et comme un mode
légitime de désignation des représentants (Bacot,
1994 : 103). Toutefois, la légitimité est le fait pour les
institutions publiques et politiques d'être acceptées par les
populations concernées comme conforme à leurs voeux et qui seront
alors disposées à leur prêter leur concours (Michalon,
1984 : 51). Ce qui suppose que la démocratie ne saurait survivre
longtemps sans que les citoyens donnent naissance à une culture
politique de participation (Dahl, 1998 : 52) nécessaire à la
construction de la démocratie. Ceci étant, le déficit de
légitimité n'exclut pas le fait que, même en cas de faible
participation électorale, les élus demeurent les
représentants de tous les citoyens y compris de ceux qui n'ont pas pris
part au vote. C'est le principe du « coup de
force symbolique » de la représentation.
D'ailleurs, un fort taux d'abstention n'est pas de nature à affecter en
pratique la stabilité du régime politique (Lipset, 1963 : 5)
qui fonctionnera comme si tout le peuple lui avait donné son onction. Il
faut cependant noter qu'un régime qui n'a pas une grande
légitimité populaire peut être confronté à de
nombreuses opérations de remise en cause de la légitimité
des dirigeants et des institutions politiques. Ce qui traduit le degré
d'effritement de la représentativité des dirigeants politiques et
fait du vote de la minorité l'expression de la volonté de la
majorité.
PARAGRAPHE 1 : LA
REMISE EN CAUSE DE LA LEGITIMITE DES ELUS ET DES INSTITUTIONS
POLITIQUES
La légitimité en matière
électorale est plus déterminante que la
légalité175(*) et lorsque cette légalité ne cadre pas
avec la volonté de la majorité des citoyens, il y a des risques
qu'elle soit remise en cause. Or, c'est la situation dans laquelle les citoyens
ne se sentent pas représentés étant donné que
l'électeur non représenté est celui qui s'abstient lors du
vote ou vote nul (Bacot, 1994 : 155). Le plus pertinent est que
l'électeur qui refuse de se faire représenter refuse de facto que
les autres le fassent en son nom. C'est pour cela qu'il a tendance à
remettre en cause le choix de ceux qui ont décidé de voter. Dans
tous les cas, l'abstention est l'un des fondements de la
« crise de la
représentation » (Subileau, 1997 : 258), la
traduction concrète du divorce qui existe entre dirigeants, institutions
politiques et citoyens. Dans cette optique, entre interactions, actions et
interactions, la légitimité des dirigeants et des institutions
politiques sera sérieusement remise en cause.
A- LA REMISE EN CAUSE DE LA
LEGITIMITE DES ELUS
Un pouvoir illégitime est celui dans lequel le groupe
social refuse de se reconnaître et de suivre ses initiatives. Il est
alors très tenté de recourir à la force pour imposer son
acceptation spontanée par la population (Michalon, 1984 : 51-52).
C'est un pouvoir qui, suite à la faible participation électorale
des citoyens, n'est pas suffisamment représentatif au sein de la
population et fait face à une méfiance de la part de ceux-ci et
même à un rejet perpétuel. Ce qui oblige souvent les
gouvernants à faire usage de la force pour faire passer et accepter
leurs décisions. Cependant, dans le cas du Cameroun, le déficit
de légitimité est plus ressenti dans les zones connaissant
généralement les plus grand taux d'abstention. Ce qui suppose que
la problématique de la légitimité ne se pose pas dans
l'ensemble du pays avec la même ardeur et de la même façon.
En effet, elle se pose plus dans certaines localités que d'autres. C'est
principalement le cas dans les zones souvent considérées comme
des fiefs de l'opposition. Il s'agit par exemple du Wouri où le taux
d'abstention aux élections municipales de 1996 était de 58,58%,
et de la présidentielle de 1997 où il était de
40,73%176(*). A
Foumban urbain, ce taux était de 61,68% (Elang Tchoumbia, 2004 :
41). Le problème ici est que les populations qui ne votent pas ont
tendance à contester l'ordre politique établi. Ce qui se
matérialise généralement à l'occasion des
manifestations. Ce fut le cas en 2008 à l'occasion de ce qui a
été qualifié « d'émeutes
de la faim » auxquelles les manifestants
ont plutôt contesté la révision constitutionnelle portant
sur son article 6.2 particulièrement dans le Wouri qui est le
département figurant depuis 1992 dans la liste de ceux qui votent le
moins. Bien que la désaffection des citoyens pour la chose politique
fasse de quelques professionnels de la politique les maîtres du destin
national (Kamto, 1993 : 195), ils sont néanmoins confrontés
à de véritables crises de représentativité et se
voient souvent amenés à recourir soit à des moyens de
séduction soit à la violence pour se faire accepter par les
populations qui ont du mal à s'identifier à eux. En effet,
lorsqu'une personne est élue avec un fort taux d'abstention, il ne
représenterait qu'une partie infime de la population. Ce qui conduit non
seulement à la détention du pouvoir par des dirigeants
dotés d'une faible représentativité mais aussi leur place
et leur élection perde de leur crédibilité même si
sur le plan légal, leur élection est valable et leur permet
d'exercer leur fonction au nom de tous et pour tous. En conséquence,
seul le vote massif des citoyens fonde la démocratie
représentative177(*) étant donné que la participation
massive des citoyens au vote exprime leur attachement à la
communauté à laquelle ils appartiennent et traduit leur confiance
à l'égard du système politique en place d'où leur
disponibilité à le soutenir parce qu'il est l'expression de leurs
aspirations. En effet, tandis que la légalité parvient tout
simplement à donner une explication formelle à
l'établissement du pouvoir politique en montrant que ses
détenteurs sont issus des urnes, la légitimité
quant-à elle est conforme aux aspirations populaires et n'a la
plénitude de son sens que si les résultats des élections
reflètent le choix de la majorité des citoyens (Nna, 2009 :
344-345). Ainsi, à cause du boycott, les élections ont
engendré dans une certaine mesure une crise de la
représentativité des élus (Sindjoun, 1999 : 314). Ce
qui a conduit à des contestations de la légitimité des
élus sortis des urnes à l'issu des élections
législatives de 1992 car les partis politiques ayant boycotté ne
reconnaissaient aucune légitimité à ces élus vu le
fort taux d'abstention que leur élection avait suscité à
savoir officiellement 39,42%178(*). Dès lors, les partis politiques ayant pris
part aux élections ne pouvaient en conséquence, parler en lieu et
place du peuple qu'ils ont « trahi » (Nkainfon Perfura,
1994 :239). On comprend pourquoi les épreuves de
représentativité sont l'objet de lutte pour
l'interprétation des résultats (Gaxie, 2000 : 37).
D'ailleurs, les résultats électoraux n'ont de réelle
signification que si les gouvernés se sont présentés en
masse aux élections179(*). A cet effet, les acteurs politiques s'efforcent
toujours de démontrer leur légitimité en relativisant en
permanence les taux d'abstention qui, pour eux, restent insignifiants.
Les partis politiques ayant respecté le mot d'ordre de
boycott bien qu'absents à l'Assemblée Nationale mais conscients
de leur audience liée au fort taux d'abstention continueront à
contester la légitimité du pouvoir RDPC en brandissant non
seulement le score obtenu par l'opposition parlementaire mais également
le pourcentage d'abstention qu'ils croient leur revenir (Nkainfon Perfura,
1994 : 238-239). Dans cette logique, la vingtaine de
députés RDPC élus par 10% des inscrits dans les zones
Anglophones ne peuvent parler au nom de leur communauté (Owona Nguini,
1997 : 722). C'est pour cela que ceux élus par une minorité
ne sont pas représentatifs et ne peuvent parler au nom de l'ensemble
sans que ne leur soit rappelé la faiblesse de leurs bases
électorales. Ceci étant, tout gouvernement choisi par un groupe
restreint n'est pas démocratique (Elang Tchomba, 2004 : 56) parce
que dépourvu de légitimité et de
représentativité, il correspond plus à une oligarchie
(Braud, 1998 : 580). En réalité, le déficit de
légitimité des élus politiques est renforcé par le
fait que les populations les considèrent comme des personnes qui ne sont
là que pour leurs intérêts personnels et en ce qui concerne
les parlementaires, elles les considèrent comme des gens peu
lettrés politiquement et culturellement incompétents ne servant
que de « faire-valoir » du gouvernement
(Machikou, 2009 : 77 et 81). Les institutions aussi sont censées
jouir d'une acceptation spontanée de la part des citoyens sinon leur
stabilité sera en permanence menacée.
B- LA REMISE EN CAUSE DE LA
LEGITIMITE DES INSTITUTIONS POLITIQUES
La remise en cause du fonctionnement démocratique des
institutions est directement liée à l'ampleur du taux
d'abstention électoral (Subileau, 1997 : 246) car la participation
massive des électeurs au vote démontre leur acceptation des
institutions dont ils ont pour rôle de choisir et de renouveler les
responsables. Or, cette entreprise de légitimation des institutions
n'est possible que si elle reflète les aspirations des populations
étant donné qu'elle ne s'inscrit pas seulement dans la
légalité Républicaine mais aussi dans la
légitimité électorale. En effet, les institutions peuvent
être légales mais illégitimes car elles se sont mises en
place et fonctionnent dans le respect du droit bien que la population ne se
prive d'y manifester son désintérêt en protestant de
diverses manières (Michalon, 1984 : 52). Or, si les citoyens sont
distants et méfiants à l'égard des institutions, c'est
parce qu'ils estiment qu'elles ne traduisent pas leur volonté. Ceci peut
justifier pourquoi certains n'hésitent pas à s'en prendre
à des édifices publics à chaque fois qu'ils veulent
manifester leur mécontentement à l'égard du pouvoir. Ils
considèrent que ces institutions représentent le pouvoir, auquel
ils ne semblent pas se reconnaître. Ainsi, les citoyens qui
désertent les urnes sont ceux qui ébranlent le plus
profondément les institutions démocratiques (Barbet,
2007 :25), puisque cette attitude vise à défier les
institutions et à démontrer leur indifférence à
l'égard de celles-ci, principalement lorsque les taux d'abstention sont
élevés. D'où ces nombreuses opérations de
contestation des résultats électoraux souvent observées
après les élections. C'est la preuve que les institutions n'ont
pas d'emprise sur les populations qu'elles sont censées servir ce qui
justifie le refus des citoyens de leur apporter leur soutien en participant au
renouvèllement des responsables des institutions.
Ainsi, l'abstention électorale est susceptible
d'entraîner la remise en cause du fonctionnement démocratique des
institutions politiques (Lipset, 1963 : 8) lorsque les populations ne se
sentent pas obligées même moralement de les soutenir,
parcequ'elles n'émanent pas de leur volonté et ne
répondent pas à leurs aspirations. En fait, le boycott a
construit une opposition extra-parlementaire aux législatives de 1992,
représentant les électeurs n'ayant pas pris part au vote
(Sindjoun, 1999 : 317) et qui estimait jouir de plus de
légitimité et de représentativité que celle
(opposition) ayant pris part au vote, faisant du parlement une institution non
représentative et ne pouvant parler en lieu et place du peuple. En
conséquence, le boycott a engendré dans une certaine mesure une
crise de la légitimité des élus et un débat sur
leur représentativité (Sindjoun, 1999 : 314).
En fait, l'absence de participation aux consultations
électorales va exiler des circuits traditionnels de l'exercice de la
souveraineté nationale le SDF qui va transporter la politique sur
d'autres sites. Dès lors, elle gagnera la rue et la contestation de la
légitimité de l'Assemblée Nationale sera même
internationalisée (Njoya, 2003 : 75). Les citoyens ne doivent donc
pas seulement être représentés. Il faut encore qu'ils
ressentent cette représentativité de leurs institutions. Ce qui
constitue un élément important de la légitimité du
régime politique (Braud, 1998 : 313) sinon il y a des risques de
remise en cause. Ce fut le cas par exemple lors des législatives de 1992
où l'Assemblée Nationale a été le reflet
déformé de la nation. Anglophone et Bamiléké, pour
ne parler que de groupes très importants, ne se reconnaîtront pas
dans leur institution parlementaire180(*). A cause du boycott, certains groupes ethniques
importants se trouvent de fait exclus de la représentation nationale au
profit des groupes minoritaires.
Les logiques abstentionnistes ont provoqué des
déficits de représentativité parlementaire dans certains
marchés locaux d'où les contestations violentes qui s'en sont
suivies (Eboussi Boulaga, 1999 : 117) dans ces localités. C'est la
preuve que les troubles politiques proviennent de ce que l'autorité des
organes de l'Etat peut porter à contestation parce qu'ils sont
élus par une minorité de citoyens (Gandolfi et Lambert,
1987 : 292). Au terme de ces analyses, on peut reconnaître que les
institutions contribuent à façonner les attitudes et les
comportements électoraux des citoyens (Bratton, 2007 : 2) mais
surtout que la remise en cause du fonctionnement démocratique de ces
institutions est liée à l'ampleur de l'abstention
électorale (Subileau, 1997 : 246). La non-participation
électorale des citoyens semble donc plus déterminée par la
confiance institutionnelle (Brechon (a), 2007 : 13-14) et c'est ce manque
de confiance qui justifie en grande partie l'abstentionnisme électoral
et délégitimise les institutions que les élections sont
censées légitimer. Ce qui n'est pas sans conséquence sur
l'effritement de la représentativité des partis politiques de
l'opposition et la considération du vote de la minorité.
PARAGRAPHE 2 :
L'EFFRITEMENT DE LA REPRESENTATIVITE DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION ET LA
CONSIDERATION DU VOTE DE LA MINORITE
Le déficit idéologique, l'incapacité de
l'opposition à se constituer en alternative sérieuse au discours
du RDPC181(*) et le
boycott sont autant d'éléments qui ont contribué à
l'effritement de la base représentative des partis politiques
d'opposition. Depuis 1992, force est de constater que l'opposition a perdu sa
notoriété et que sa rhétorique ne convainc pratiquement
plus. La traduction concrète de cette analyse est que son
électorat par rapport à celui du parti au pouvoir s'est le plus
effrité pas par sa volatilité au profit de ce dernier mais
à cause de sa non-participation aux consultations électorales. Ce
qui démontre que l'abstentionnisme est un phénomène qui
profite exclusivement au parti au pouvoir. Cette situation peut s'expliquer par
le fait que ceux qui participent aux élections sont majoritairement les
électeurs du parti au pouvoir qui a des moyens suffisants pour les
mobiliser au maximum contrairement à l'opposition. C'est malgré
tout une réalité qui fait de la minorité qui vote le
« faiseur de roi » au
détriment de la majorité qui obéit désormais
à la volonté de la minorité et non à celle de la
majorité comme le veut la démocratie représentative. C'est
dans cette optique que nous analyserons tour à tour l'effritement de la
représentativité des partis politiques de l'opposition et la
considération du vote de la minorité comme l'expression de la
volonté de la majorité.
A- L'EFFRITEMENT DE LA
REPRESENTATIVITE DES PARTIS POLITIQUES DE L'OPPOSITION
La réprésentation se matérialise par le
fait que les citoyens par le biais des élections se font
représenter par des élus qui, eux-mêmes, émanent des
partis politiques. Cependant, depuis 1992, les partis politiques d'opposition
ont connu des fortunes diverses. Ainsi, tandis que le SDF et l'UDC après
avoir boycotté les législatives et s'être retirés de
facto des circuits traditionnels de la représentativité, l'UNDP
prenait grâce à cette situation une envergure nationale. En
conséquence, l'abstention d'une partie significative de
l'électorat camerounais à cause du boycott permettra au RDPC et
à l'UNDP de s'implanter résolument dans les fiefs
électoraux du SDF et de l'UDC. Ce qui se traduira par le raz de
marée que le RDPC obtiendra dans le Noun en acquerant les 05
députés de la localité au détriment de l'UDC et
aussi les 20 du Nord-Ouest au détriment du SDF tandis que l'UNDP de son
coté, obtiendra les députés du Sud-Ouest à cause du
boycott du SDF et du Liberal Democratic Party (Owona Nguini, 1997 :
714-715). Assurément, l'abstention a profité aux participants et
principalement à l'UNDP qui en a profité pour devenir un parti
d'envergure nationale. Ceci s'explique par le fait qu'en l'absence du SDF qui
semblait incarner le changement, certains camerounais ont
préféré faire confiance à l'UNDP lorsqu'ils
n'avaient pas tout simplement boycotté les élections. Mais
depuis lors, cette envergure de l'UNDP a disparu et les
« recettes » du SDF semblent obsolètes, au
point où, même dans les localités jadis leurs fiefs, leur
emprise y est problématique, bénéficiant au RDPC.
Analysé sous cet angle on en convient que le phénomène de
l'abstentionnisme semble profiter au parti au pouvoir (Afom Ndong,
2007 :66). Ce qui neutralise justement les possibilités
d'alternance des dirigeants et de renouvellement du personnel politique. En
effet, si le pouvoir a eu maille à partir avec l'opposition fortement
implantée dans les zones urbaines (Njoya, 2003 : 89) et dans les
zones réputées être les fiefs de cette dernière en
1992, tel n'est plus le cas de nos jours car tout montre qu'à cause de
l'abstention, l'opposition a perdu ses fiefs électoraux puisque ces
électeurs ne prennent plus part au vote. Ce n'est plus le même
engouement qu'en 1992 et 1996 étant donné que les espoirs se sont
estompés. Dès lors, l'évaluation négative des
programmes de l'opposition a conduit ses électeurs à l'abstention
(Kouamen, 2009 : 194) étant donné qu'il n'est plus un secret
que la grandeur des partis politiques augmente avec le nombre de ceux qui sont
supposés être ses adeptes (Gaxie, 2000 : 35). Or, il ressort
justement que le désagrègement de la
représentativité des partis d'opposition semble aller de pair
avec la diminution de son capital de sympathie. Ainsi, la loyauté des
citoyens vis-à-vis de ces partis s'est rétournée en
stratégie de « défection »
(Perrineau, 2006 : 34) effritant de fait leur base électorale.
Dans tous les cas, depuis 1992, la base électorale des
partis politiques d'opposition n'a cessé de décroître
permettant au parti au pouvoir de consolider son emprise nationale avec pour
principale conséquence ses victoires à presque toutes les
competitions électorales depuis 1997. Cela ne signifie pas forcement
qu'il y a une volatilité de l'électorat au profit du parti au
pouvoir mais plutôt qu'une partie de l'électorat de l'opposition
ne participe plus aux élections laissant alors le champ libre à
ceux du pouvoir. Toujours est-il que les partis d'opposition ont vu leur score
décroître considérablement (Machikou, 2009 : 80)
depuis l'élection présidentielle de 1992 ; devenant
désormais moins représentatifs même dans leurs fiefs
électoraux.
Tableau
n° 20 : L'EFFRITEMENT DES SCORES DE
L'OPPOSITION AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DEPUIS 1992
PARTIS POLITIQUES
|
1992
|
1997
|
2002
|
2007
|
RDPC
|
88
|
116
|
149
|
153
|
UNDP
|
68
|
13
|
1
|
6
|
SDF
|
BOYCOTT
|
43
|
22
|
16
|
UPC
|
18
|
1
|
3
|
0
|
UDC
|
BOYCOTT
|
5
|
5
|
4
|
MDR
|
6
|
0
|
0
|
0
|
MLJC
|
0
|
1
|
0
|
0
|
DR
|
0
|
1
|
0
|
0
|
MP
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Source : Machikou :
Les régimes de la pacification parlementaire au Cameroun :
81
On peut constater à partir du tableau suscité
avec une certaine relativité que l'abstention électorale a
déstructuré l'emprise de l'opposition dans ses fiefs
électoraux. Ce qui a profité au parti au pouvoir dont les scores
n'ont cessé de se conforter. En effet, les résultats
électoraux depuis 1992 démontrent que l'opposition camerounaise
est la plus grande victime de l'abstentionnisme. Ce qui peut laisser croire que
les abstentionnistes sont majoritairement les partisans déçus des
partis politiques de l'opposition (Subileau, 1997 : 258). L'autre
conséquence majeure de l'abstentionnisme électoral est
certainement le poids du vote de la minorité.
B- LA CONSIDERATION DU VOTE DE
LA MINORITE
L'abstention électorale permet de mesurer
l'écart entre la légalité et la légitimité
du pouvoir politique (NNA, 2009 : 344). C'est la preuve que, si le vote
est l'instrument de transmission du pouvoir par excellence dans un
système démocratique, il reste cependant insuffisant puisqu'il
n'incarne pas toujours la volonté de tous les citoyens. En effet, dans
un système démocratique, comme le souligne Alain Touraine la
participation électorale de la majorité impose à la
minorité de se soumettre à sa volonté182(*). Ce que n'admet pas la
pratique de l'abstentionnisme électoral qui consacre plutôt la
volonté de la minorité au détriment de celle de la
majorité. Dans ce cas, la minorité exprimera la volonté de
la majorité qui ne vote pas étant donné que selon
« le coup de force
symbolique » de la représentation, ceux qui
participent au vote représentent même ceux qui n'y ont pas pris
part. L'abstention serait donc de nature à permettre une prise de
pouvoir par une minorité (Lipset, 1963 : 15).
En conséquence, le châtiment de ceux qui
refusent de voter est que, les affaires publiques risquent de tomber dans des
mains moins vertueuses selon M.Platon, et parce que la nature a horreur du
vide, la majorité qui refuse d'exprimer sa volonté se verra
supplanter par une minorité qui représentera l'ensemble183(*). Ce qui ne veut pas dire
que, cette représentation n'aura pas valeur juridique. Au contraire,
aucune élection n'a été annulée au Cameroun depuis
1992 à cause de la faible participation électorale. A cet effet,
la faible participation électorale ne compromet pas la validité
juridique de l'élection. Elle consacre les élus comme
représentants légaux du peuple et les investi de tous les
attributs juridiques dont ils ont besoin pour agir en lieu et place du peuple,
au même titre que ceux qui ont été élus à
l'issue d'une forte participation. C'est pourquoi M.Gaxie (2000 : 66)
soutient que la faible participation électorale n'invalide pas
l'élection. Dès lors, même si une forte participation
apportera la preuve de la vitalité du système
démocratique184(*), l'abstentionnisme ne remet pas en cause la
validité juridique de l'élection des élus.
En tout état de cause, si M.Cabonis admet que le
peuple est la source sacrée de tous les pouvoirs185(*), il n'en demeure pas moins
que sa non-participation massive à la désignation de ses
représentants ne laisse pas vacant les lieux de pouvoir. C'est la
traduction concrète du fait que la minorité qui participe
à la désignation des représentants du peuple le fait au
nom de tous y compris des abstentionnistes. La conséquence directe de
cette situation est que les élus représenteront tout le peuple.
Mais il reste que la non-participation des citoyens est la preuve de la
faiblesse de la démocratie camerounaise qui se traduit par son
balbutiement.
SECTION 2 : LES BALBUTIEMENTS DE LA DEMOCRATIE
REPRESENTATIVE
La démocratie dépend avant tout de la libre
adhésion des citoyens et les pays où une grande partie de la
population fait preuve d'apathie et d'indifférence ne peuvent
prétendre que le régime en vigueur fait l'objet d'une
adhésion. Cette position va à contrario de celle de M. Tingsten
lorsque, prenant l'exemple de l'Allemagne, qui avait connu des taux de
participation extrêmement élevés au moment où la
démocratie était sur le point de disparaître, conclut que
la forte participation n'est pas toujours bénéfique pour la
stabilité de la démocratie186(*). Pour cet auteur, l'abstentionnisme électoral
n'est donc pas nécessairement nocif pour le fonctionnement et la
vitalité de la démocratie. Bien qu'il traduise un
« malaise », surtout lorsqu'il devient de plus en
plus croissant comme c'est le cas au Cameroun. Il peut alors signifier que la
démocratie telle qu'elle est pratiquée ne convainc pas
d'où son rejet. Le constat dans tous les cas est que la
désaffection des citoyens rapproche la culture politique
démocratique de la culture politique autoritaire à travers la
commune soumission des citoyens nantis de ces cultures opposées à
la domination politique des dirigeants (Kamto, 1993 : 195-196). En effet,
c'est la traduction de l'affaiblissement de la compétition
électorale concurrentielle et de l'amenuisement des possibilités
d'alternance par la voie électorale.
PARAGRAPHE 1 :
L'AFFAIBLISSEMENT DE LA COMPETITION ELECTORALE CONCURRENTIELLE
La démocratie est un régime dont le
fonctionnement et la légitimité reposent ultimement sur la
confiance des citoyens (Lipset, 1963 : 15) parce que sans cette confiance
la démocratie risque de perdre sa légitimité. Le
déficit de confiance qui existe entre les citoyens et leur régime
démocratique constitue ce que certains auteurs ont qualifié
de : « crise de la
démocratie » car la faible participation
électorale fait perdre à la démocratie sa
crédibilité, faute de compétition concurrentielle.
D'ailleurs, il n'y a pas de démocratie sans concurrence (Duverger,
1998 : 143) puisque la concurrence est un facteur de mobilisation (Quero
et Voilliot, 2001 : 36) et sans elle, les citoyens ne trouveront aucun
enjeu à l'élection. C'est dans cette perspective que M.
Rosanvallon(1991 : 8) soutient que le déficit de grands
affrontements structurant la vie politique nationale constitue le
« déclin des passions
politiques ». Dans tous les cas, le
désintérêt de la population pour le fonctionnement des
institutions démocratiques finit par fausser les résultats des
élections et affaiblit à la longue la démocratie
elle-même (Aletum, 2008 : 161). Cependant, l'affaiblissement de la
démocratie au Cameroun se matérialise par l'ultra domination de
la scène politique par le parti au pouvoir entraînant de facto un
effritement du débat contradictoire et celui de la valeur du vote.
A- L'ULTRA DOMINATION DE LA
SCENE POLITIQUE PAR LE PARTI AU POUVOIR ET L'AFFAIBLISSEMENT DU DEBAT
CONTRADICTOIRE
La démocratie ne peut se réaliser sans
l'existence d'une opposition légitime. C'est ce qui a amené
Giovanni Sartori à considérer l'opposition comme l'ensemble des
forces qui ont pour vocation de prendre le pouvoir, d'alimenter une critique
des gouvernants actuels et de définir une alternative
programmatique187(*). Il
en résulte que, dans un système concurrentiel, il y a
nécessité que les concurrents existent afin que la
compétition puisse avoir tout son sens et toute sa saveur. Mais, depuis
le retour du multipartisme, on constate que le
« marché » politique ne cesse de se
rétrécir en entraînant une fermeture progressive de la
concurrence et une tendance à la dérive monopartisane avec le
risque d'immobilisme que cela peut entraîner (Njoya, 2003 : 90-91).
En effet, le pluralisme est une façon de gérer l'incertitude. Ce
qui constitue le sens même de la démocratie (Abeles, 1991 :
3). Cependant, au Cameroun, les élections connaissent rarement de
suspens. D'ailleurs, certains militants du parti au pouvoir ne se privent pas
de souligner à certaines occasions qu'ils n'ont pas d'opposition. Ce qui
constitue naturellement un handicap pour la démocratie.
En fait, les scores du RDPC aux différentes
élections organisées au Cameroun depuis la présidentielle
de 1992 démontrent que ce parti n'a presque jamais perdu les
élections et prouvent que l'opposition est presque inexistante. Ce qui
traduit le caractère non relativement concurrentiel de la
compétition électorale au Cameroun. C'est une
réalité qui se matérialise par les multiples
défaites de l'opposition alors qu'il est admis que la démocratie
ne saurait longtemps survivre sans que les citoyens donnent naissance à
une culture politique de participation (Dahl, 1998 : 52) qui n'est
possible que si la scène politique est réellement
concurrentielle. En tout état de cause, c'est la performance
participative des acteurs qui détermine la performance de tout le
système et facilite l'enracinement de la démocratie (Kamto,
1993 : 197). Or, dans le système camerounais, le déficit de
compétition électorale concurrentielle n'est pas propice à
l'enracinement de la démocratie, puisque par abus de position dominante,
le RDPC provoque la marginalisation de l'opposition (Njoya, 2003 : 91). Ce
qui contribue davantage à l'éviction de la concurrence dans le
champ électoral. C'est justement l'ultra domination du RDPC et la
satellisation de tous les autres partis politiques jusque dans leurs fiefs
respectifs (Mouiché, 2009 : 24) qui constituent un problème
pour la concurrence électorale. Etant donné que, si ces partis ne
sont plus certains de pouvoir glaner des victoires, ils seront tentés de
s'exiler de la compétition électorale. D'où les multiples
menaces et boycotts qui structurent la scène électorale
camerounaise depuis 1992. C'est la preuve que l'abstention relativise
l'intégration du champ électoral (Sindjoun, 1999 : 312) en
jouant en permanence au profit du parti au pouvoir qui, par sa position
dominante, construit une compétition électorale
« déloyale ». Or, il est établi
comme le confirme M. Powell que, la dominance d'un parti influe
négativement sur la concurrence électorale188(*).
L'abstentionnisme illustre bien la faiblesse de la
compétition électorale et donc un déficit énorme de
concurrence. Ce qui participe à la construction des élections
sans incertitude. Pourtant, c'est elle qui justifie et motive la concurrence.
Cependant, malgré la pluralité de la compétition
électorale, ils leurs seront soustrait l'élément
compétitif (Kamto, 1999 :101). Il en résulte que, le faible
degré de concurrence électorale constitue un handicap pour la
démocratie. Ceci d'autant plus que le vote n'a plus toute son importance
vu que certains le considère comme étant incapable d'apporter des
solutions à leurs problèmes mais surtout d'assurer une
alternance.
B- L'EFFRITEMENT DE LA VALEUR
DU VOTE
Au lieu d'assainir le jeu politique camerounais, le vote
renforce plutôt la conviction selon laquelle la démocratie tend
à devenir un gouvernement du peuple sans le peuple (Nna, 2009 :
346). Ce qui s'explique par l'impression que ce
« rite » véhicule. Pour bon nombre de
citoyens, il n'exprime pas fidèlement leur volonté à cause
des multiples entraves qui biaisent sa pratique mais davantage les fraudes qui
ne cessent d'être dénoncées par les hommes politiques de
l'opposition, les organismes, les organisations non gouvernementales nationales
et internationales mais qui pourtant semblent structurer la compétition
électorale. D'ailleurs, plusieurs électeurs estiment que les
élections ne sont plus que de simples formalités qui ont pour but
de légitimer le pouvoir en place189(*). L'abandon des canaux classiques d'expression de la
démocratie par l'opposition (Njoya, 2003 : 91) justifie cette perte
de confiance à l'égard du vote considéré comme
instrument légitime de transmission du pouvoir qui se manifeste
concrètement par l'abstentionnisme que pratiquent de plus en plus un
nombre considérable de camerounais.
En effet, le suffrage universel entaché d'un trop
grand nombre d'abstentionnistes deviendrait une forme effective de suffrage
restreint (Lipset, 1963 :15). Sachant que la valeur du suffrage
dépend dans une grande mesure de son caractère universel, sa
remise en cause est considérée comme l'élément
définissant le mieux la « crise de
la démocratie » (Dabrowski et Guillou,
2005 : 31). Ceci étant, l'effritement de la valeur du vote
compromet sérieusement l'avenir de la démocratie
représentative et neutralise les possibilités d'alternance. C'est
pour cette raison que l'abstentionnisme en affectant l'universalité du
suffrage entraîne avec lui un déficit important de la concurrence
(Sindjoun, 1999 : 313) sur la scène électorale. Le suffrage
universel ne suffit donc pas à garantir la démocratie. Encore
faut-il qu'il soit réellement représentatif (Lipset, 1963 :
15). Il ne peut avoir de démocratie sans implication des citoyens
c'est-à-dire sans titulaire du droit de vote et votant de façon
effective (Lipset, 1963 :17) avec l'espoir que son vote va compter et
exprimera fidèlement sa volonté. C'est la raison pour laquelle M.
Gambetta considère le suffrage universel comme
« l'arche sainte190(*) » de la démocratie même
s'il arrive que le vote soit banalisé et partiellement désinvesti
(Perrineau, 2007 : 38) de sa fonction. Ce qui dans cette perspective,
n'est pas susceptible d'assurer une alternance démocratique et explique
en partie pourquoi depuis le retour du multipartisme, le Cameroun n'a connu
aucune alternance démocratique de ses dirigeants.
PARAGRAPHE 2 :
L'AMENUISEMENT DES POSSIBILITES D'ALTERNANCE PAR LA VOIE ELECTORALE
Le suffrage universel est devenu l'une des
caractéristiques des régimes démocratiques (Dahl,
1998 : 22) parce qu'il est susceptible d'assurer une alternance
démocratique, conformemant à l'idéal démocratique
et ne saurait être acquise une fois pour toute (Nna, 2009 :
344-345). Sinon, il y a risques de compromettre l'alternance au profit de la
longévité des dirigeants engendrant de facto le confinement des
partis dans une opposition longue. C'est pour cela que l'alternance est
déterminante pour la démocratie puisqu'elle permet aux partis de
se rivaliser avec l'espoir de se succéder au pouvoir. C'est d'ailleurs
ce que pense M. Ibrahima Fall lorsqu'il la considère comme la
faculté pour les partis politiques ayant des projets de
société différent de se succéder au pouvoir par le
jeu des règles démocratiques de dévolution et d'exercice
du pouvoir fondé sur la souveraineté du peuple191(*).
La démocratie ne peut donc survivre sans elle surtout
lorsqu'elle n'est pas la manifestation de la volonté populaire qui
suppose que le peuple est à même d'accepter ou d'écarter
les hommes appelés à les gouverner192(*). Cependant, le parti au
pouvoir plus que l'opposition mobilise mieux ses militants et sympathisants. Ce
qui lui permet de fidèliser son électorat afin de contourner
l'abstentionnisme ambiant contrairement à l'opposition peut-être
faute de moyens, ou par simple tactique dont certains estiment qu'il n'y a pas
de raison d'appeler leurs militants à se faire inscrire sur les listes
électorales avec « Elecam dans sa configuration
actuelle ». Or, cette incapacité de l'opposition à
mobiliser ne galvanise pas les citoyens et traduit l'impossibilité pour
celle-ci de fidéliser son électorat. Ce qui laisse le champ libre
au parti au pouvoir qui fidélise son électorat en inscrivant
surtout les gens susceptible de voter pour lui. D'où les
scénaries d'inscription sélectives sur les listes
électorales. A cet effet, M.Gilbert Tsimi Evouna
estime : « Que les autres
se débrouillent eux aussi de leur
côté car nous travaillons pour nous-mêmes193(*) ». Ces
propos traduisent bien la volonté du parti au
pouvoir d'inscrire prioritairement celles des personnes susceptibles de voter
pour lui. Ce parti a donc compris qu'on n'organise pas les élections
pour perdre. Ce qui justifie les mesures prises à cet effet. D'ailleurs,
M. Henri Eyebe Ayissi déclare que : « Nous
sommes prêts à supporter les 2800f.cfa de frais
d'établissement de la carte nationale d'identité à
condition que nous soyons sûrs qu'ils vont voter pour Paul BIYA194(*) ». La
conséquence logique est que cette situation est susceptible de garantir
la victoire du RDPC en compromettant l'alternance démocratique car ces
inscriptions sélectives sont censées profiter à ce parti.
Il est donc fort probable que parce que la majorité des participants aux
élections ayant été mobilisé par le parti au
pouvoir, qu'elle soit tentée de voter en sa faveur. Ce qui n'est pas
nécessairement avantageux pour l'alternance démocratique. En
fait, certains responsables de ce parti estiment
que : « Pendant que nous demandons à nos
militants d'aller s'inscrire, certains démandent aux leurs de
ne pas le faire et lorsque nous allons gagner ils vont
s'étonner195(*) ». Ceci étant, le contexte
de l'abstentionnisme a amené le parti au pouvoir, motivé par
la conservation du pouvoir à faire inscrire prioritairement les couches
sociales susceptibles de voter pour lui tout en developpant une certaine
méfiance à l'égard des autres qu'il considère comme
lui étant hostiles. C'est le cas des jeunes. A propos de ces derniers,
M.Augustin Edjoa estime qu'« il faut se
méfier des jeunes car si on prend cent jeunes dans le
Mfoundi, je ne suis pas sûr que le RDPC ait trente.
Nous sommes sûrs des anciens
mais les jeunes là196(*) !». C'est
une réalité qui est susceptible de bloquer l'alternance
démocratique surtout lorsqu'elle est orientée contre la jeunesse
qui constitue la couche sociale la plus importante parcequ'elle
représente plus de la moitié de la population
camerounaise197(*). Ce
qui peut expliquer dans une certaine mesure pourquoi, l'alternance connait des
difficultés dans son opérationalisation au Cameroun. Pourtant,
elle est considérée comme le moment fort de la
démocratie198(*).
Par ailleurs, c'est une situation qui, à long terme, peut créer
la frustration des partis politiques de l'opposition et les conduire à
opter pour des formes de participation non-conventionnelles ou
contestaires199(*)
lorsqu'ils ne s'allient pas tout simplement au gouvernement face à la
difficulté avérée de provoquer l'alternance. En effet,
l'absence d'alternance est susceptible de remettre en cause le caractère
pacifique de la compétition électorale et la loi des urnes qui
visait justement à forclore la violence (Braud, 1998 : 204). C'est
pour cette raison que Mme Henriette EKWE considère
que : « La voie électorale ne convient plus aux
camerounais200(*) ». on en conclut donc que la
société démocratique est celle des alternances
arbitrée par le peuple souverain ; c'est-à-dire une
société où les renouvellements politiques répondent
à des exigences du corps social (Kamto, 1993 : 142).
L'abstentionnisme électoral est donc le
résultat d'une série d'actions et d'interactions constructives
qui engendrent une diversité d'impacts. Dans cette logique, on constate
que c'est un phénomène qui débouche sur la lutte de la
légitimité avec pour conséquence la consécration du
vote de la minorité au détriment de la majorité puisqu'il
traduit surtout les difficultés que connait le Cameroun dans la
construction da sa démocratie. Dans tous les cas, l'abstentionnisme
reste malgré tout l'expression de la démocratie car elle traduit
le fait que le vote est avant tout un droit (Deloye et als : 1993 :
112) que chacun est libre d'user à sa guise sans une quelconque
contrainte. Par ailleurs, ce n'est pas un phénomène qui laisse
indifférents les acteurs sociopolitiques car ceux-ci entreprennent de
façon énergique à travers leurs multiples actions et
interactions des tentatives de sa neutralisation.
CHAPITRE 2 : LA
MULTIPLICATION DES TENTATIVES D'ERADICATION DE L'ABSTENTIONNISME
ELECTORAL
Dans la plupart
des constitutions et des lois, personne ne peut proclamer ou
recommander l'abstention sous peine de sanctions (Gandolfi et Lambert,
1984 : 292) ; il n'est donc pas admis que des acteurs l'encouragent.
D'où les multiples condamnations proférées contre sa
pratique, mais surtout les stratégies de luttes orientées contre
elle. Pour cette raison, ceux qui pratiquent l'abstentionnisme ou l'encouragent
sont généralement considérés comme des
hérétiques par rapport aux valeurs de la République. Il en
ressort que, plusieurs Etats considèrent la pratique de l'abstention
comme une faute juridique sanctionnable, doù la consécration du
vote obligatoire dans les pays comme la Belgique et l'Australie. C'est ce qui
fait dire à M. Delpérée qu'une fois la qualité
d'électeur reconnu le citoyen doit exercer la charge qui lui est
assignée201(*).
En fait, refuser de prendre part au vote c'est refuser d'accomplir l'un de ses
plus importants devoirs républicains. C'est ce qui justifie les
stratégies développées pour lutter contre
l'abstentionnisme électoral dans plusieurs pays. A titre d'illustration,
en Belgique, si un électeur s'abstient quatre fois pendant 15 ans, il
risque de perdre son droit de vote pour les dix prochaines années et
être écarté des nominations, promotions et des distinctions
officielles offertes par les autorités publiques durant ces dix
années ; tandis que, les frais de transport sont remboursés
pour les Belges qui vivent loin de leurs domiciles. Dans la même logique,
concernant l'Egypte, les personnes qui ne votent pas, peuvent courir le risque
d'être emprisonnées. Par ailleurs, l'Australie a institué
les bureaux de vote mobiles pour faciliter le vote de ceux qui ne peuvent se
déplacer. Toutefois, d'après une étude
réalisée par les chercheurs de l'Université de
Montréal et intitulée the paradox of
compulsory voting : participation does
not equal political knowledge,
« le vote obligatoire ne
crée pas nécessairement des citoyens informés des
enjeux politiques... » (Couture, 2008 : 1-2) ce qui ne
traduit forcément pas, une attention aux choses politiques. Ceci
étant, la participation massive des citoyens aux élections est
une préoccupation permanente dans plusieurs Etats du monde, conduisant
à la mise en oeuvre d'une variété de stratégies
diverses, fortement influencées par les conjonctures politiques (Gaxie,
2000 : 34), afin de stimuler la participation. A cet effet, au Cameroun
contrairement à certains pays, le vote n'est pas obligatoire, il s'agit
plutôt d'un droit. Ce qui a nécessité l'adoption des
stratégies particulières d'incitation à la participation
électorale dont les résultats restent relatifs. Nous
présenterons à cet effet, d'une part la mobilisation des
ressources expressives et incitatives et d'autre part les ressources
rédistributives et coercitives.
SECTION1 : LA MOBILISATION DES RESSOURCES EXPRESSIVES
ET INCITATIVES
La lutte contre l'abstentionnisme électoral au Cameroun
a conduit à la mise en oeuvre d'une batterie de mesures. C'est ainsi
que, différents acteurs sociopolitiques camerounais ont mobilisé
d'énormes ressources parmi lesquelles, les ressources expressives et
incitatives qui n'ont cessé de varier selon les conjonctures politiques
et selon la nature de l'élection. Toujours est-il que, ces ressources
ont contribué dans une certaine mesure à l'atténuation de
ce phénomène. En effet, la mobilisation des ressources va
consister en la multiplication des appels à l'inscription, la
participation électorale et la diversification des campagnes
d'inscription sur les listes électorales sans oublier les appels au
vote.
PARAGRAPHE 1 : LA
MULTIPLICATION DES APPELS A L'INSCRIPTION ET A LA PARTICIPATION ELECTORALE
Nous présenterons dans cette perspective d'une part le
recours à la multiplication des discours à l'inscription sur les
listes électorales et d'autre part des exhortations à la
participation électorale.
A- LA MULTIPLICATION DES
PRISES DE PAROLE VISANT LA SENSIBILISATION POUR L'INSCRIPTION SUR LES LISTES
ELECTORALES
C'est en réalité une stratégie par
laquelle plusieurs acteurs sociopolitiques luttent contre l'abstentionnisme
électoral. Ainsi, autant les techniques sont variées, autant les
acteurs aussi. Dans cette logique, les entreprises politiques appellent
généralement leurs militants à s'inscrire sur les listes
électorales. L'illustration la plus significative est le cas du RDPC qui
ne cesse de sensibiliser ses militants en particulier et les camerounais en
général, à s'inscrire massivement sur les listes
électorales à travers des tactiques diverses, comme celle mettant
en oeuvre l'utilisation des affiches et des banderoles. A l'exemple de cette
banderole appelant les citoyens à s'inscrire sur les listes
électorales en ces termes : « Pour
voter en 2011, je m'inscris
sur les listes électorales
dès aujourd'hui202(*) ». De même, ELECAM met à
contribution les banderoles et les affiches, dans les villes et villages, sur
lesquelles nous avons pu
lire : « électeurs,
électrices, inscrivez-vous afin
d'exercer votre droit de vote,
car si voter est un
droit, s'inscrire est un
devoir ». Tandis que l'ONEL de son côté, avait
inscrit sa stratégie dans les tournées de sensibilisation et
d'information dans tout le pays afin d'expliquer aux camerounais l'importance
des inscriptions, visant ainsi à construire un corps électoral
crédible par rapport au chiffre de la population203(*). Aussi, il avait entrepris
des campagnes d'éducation civique en 2004 et avait mis sur pied des
caravanes qui ont par la suite sillonné le territoire pour expliquer aux
populations l'importance des inscriptions sur les listes204(*).
La nécessité de construire un corps
électoral crédible a amené les entreprises politiques et
ELECAM à utiliser les médias pour faire passer leurs messages de
sensibilistaion et d'appel aux inscriptions sur les listes électorales.
Ainsi, les responsables du parti au pouvoir n'ont cessé de mettre
à contribution la radio, la presse écrite, mais surtout la
télévision pour appeler les citoyens à s'inscrire sur les
listes. Ce fut le cas sur la Crtv, plus précisément à
« l'émission espace
politique » où les responsables de ce parti ne
perdent pas une occasion pour appeler les citoyens voire leurs militants
à s'inscrire sur les listes. ELECAM utilise aussi la radio à
travers les spots diffusant les messages d'appels aux inscriptions sur les
listes, et une variété d'émissions comme celle
diffusée sur la Crtv-Ouest, dénommée
« Espace ELECAM ». La
télévision n'est pas en reste : à travers elle, le
président d'ELECAM n'a pas hésité à inviter
particulièrement les jeunes à s'inscrire sur les listes
électorales et à inciter les partis politiques à mobiliser
leurs militants et sympathisants afin qu'ils s'inscrivent sur les
listes205(*). Cette
institution entreprend aussi des multiples campagnes de sensibilisation visant
à amener les citoyens à s'inscrire sur les listes, en mettant
à contribution les chefs traditionnels206(*). Ce qui a certainement conduit le Nfon Mukete, chef
d'un village dans le Sud-Ouest, à insister auprès de ses sujets
afin qu'ils s'inscrivent sur les listes électorales en
considérant cet acte : « Comme un
acte de loyauté...207(*) » ce qui fait de
l'inscription sur les listes « Un acte de
réaffirmation de la cohésion
de la communauté » (Offerle,
1993 : 138). Pour cette raison, plusieurs acteurs sociopolitiques
attachent du prix à l'inscription des citoyens sur les listes
électorales. Ce qui se manifeste par les actions de sensibilisation
menées par les institutions en charge de l'organisation des
élections, mais davantage par les partis politiques qui y ont
naturellement le plus d'intérêt ; étant donné
que leur grandeur augmente avec le nombre de ceux qui sont supposés leur
faire confiance (Gaxie, 2000 : 35). Ainsi, même si le SDF et le MP
n'ont pas formellement demandé à leurs militants de se faire
inscrire sur les listes, cela ne suppose pas pour autant qu'ils y sont
opposés ; tout au contraire, ils tiennent à ce qu'un certain
nombre de préalables soit pris en compte. En conséquence, M. J-J
Ekindi s'interroge sur le pourquoi il doit demander à ses militants et
sympathisants d'aller se faire inscrire s'il ne peut pas les rassurer que leurs
voix vont compter208(*).
Cependant, la position des partis comme le SDF s'inscrivant
dans le boycott d'ELECAM va entraîner des désaccords en son sein
voire des défections. Dès lors, les responsables de ce parti
comme Mme Kah Walla, contrairement à la position officielle du SDF
estimera que, même avec ELECAM dans sa configuration actuelle,
l'opposition peut battre le RDPC. Son objectif en effet, consiste à
faire inscrire le maximum de personnes. Car selon elle, il est plus facile de
détourner cent mille voix que de détourner un million de voix.
C'est pourquoi elle invite les Camerounais à anéantir la peur et
à s'impliquer dans l'exercice de leur droit en s'inscrivant massivement
sur les listes électorales. Cette position de Mme Kah Walla a
été soutenue par M. Hilaire Kamga209(*).
Pareillement, M. Titi Nwel en appelant les camerounais
à s'inscrire estime qu'ils doivent cesser d'être les
étrangers chez eux. Selon lui, « Le camerounais
sans carte d'électeur est un
expatrié dans son propre
pays ». Ce qui va l'amener à stigmatiser la position
des partis d'opposition qui n'incitent pas les citoyens par leurs
déclarations à se faire inscrire sur les listes.210(*) Dans le même sillage,
M. Mboua Massock va appeller les camerounais à s'inscrire massivement
sur les listes électorales afin d'opérer l'alternance en
2011211(*). L'objectif
pour cet acteur, vise à stimuler les inscriptions de ceux des
camerounais dont la seule motivation est l'alternance démocratique afin
qu'ils s'engagent. Or, cela n'est possible que par l'inscription sur les listes
électorales et le vote effectif. Une façon de répondre aux
discours du parti au pouvoir qui n'encourage l'inscription sur les listes
électorales que pour s'assurer de la conservation du pouvoir212(*). L'enjeu des discours de
sensibilisation à l'inscription sur les listes électorales
étant la possibilité de remporter la compétition, les
acteurs vont s'atteler à la stimuler à travers des techniques
variées. C'est le cas par exemple de la condamnation par certains
acteurs, du fait que le droit de vote n'ait pas été limité
à 18 ans, ce qui selon eux est une tactique d'exclusion. En fait, c'est
le procédé de lutte contre l'abstentionnisme électoral de
M. Abel Eyinga qui n'avait pas hésité à qualifier le code
électoral, de « code d'exclusion »
au regard du nombre de camerounais de 18 ans qu'il exclut, au profit de ceux de
20 ans (Nkainfon Perfura, 1994 : 226-227). D'où la réflexion
de M. Magloire Ondoa, lorsqu'il souligne qu'on ne peut pas comprendre qu'un
étudiant de 18 ans, titulaire d'un diplôme de maîtrise, donc
a priori doté d'une certaine compétence, ne puisse pas prendre
part au vote ; alors qu'un autre jeune, moins diplômé ou pas
du tout, soit capable de voter même s'il ne jouit a priori d'aucune
compétence politique, simplement parce qu'il est âgé de 20
ans et plus213(*).
Dans tous les cas, répondant aux logiques
abstentionnistes, le président de la République va inviter les
citoyens à s'inscrire sur les listes électorales en
déclarant que : « Je vous
invite instantanément a vous
inscrire sur les listes électorales. Le droit de vote ne l'oubliez
pas est l'un des droits fondamentaux du citoyen
que celui-ci à le
devoir d'exercer214(*) ». Cette position du chef de l'Etat vise
avant tout à prendre position par rapport aux réserves
émises par certains partis politiques d'opposition, organisations non
gouvernementales et institutions internationales par rapport à la
crédibilité d'ELECAM. Ce qui entre en droite ligne de la logique
Bourdieusienne, qui veut que « la position sociale
conditionne la prise de position ». Au-delà de la
position du pouvoir, certains responsables politiques sans pourtant confirmer
la crédibilité d'ELECAM, estiment qu'ils iront aux
élections même avec ELECAM dans sa configuration actuelle,
d'où cette déclaration de M. Paul Zambo :
« Qu'ELECAM soit bon ou
mauvais nous irons aux
élections, il faut donc s'inscrire sur les
listes215(*) ». Ainsi, les incitations aux
inscriptions sont proférées à l'endroit de tous les
citoyens par un certain nombre de responsables politiques. Par
ailleurs, cela n'empêchera pas le SDF de continuer à conditionner
son appel aux inscriptions avec la prise en compte de ses 11
préalables216(*)
il s'agit de :
- La refonte des listes électorales.
- Le respect scrupuleux de la loi portant création
et organisation d'Elecam, notamment les dispositions des articles 08 et 13
relatives à l'indépendance et à l'impartialité des
membres du conseil électoral et de la direction générale
d'Elecam.
- La nomination dans les meilleurs délais de ces
nouveaux membres du conseil électoral et de la direction
générale d'Elecam, ainsi que de l'application des mêmes
dispositions aux représentations régionales,
départementales et communales d'Elecam.
- L'introduction des données biométriques
dans l'établissement des listes électorales et des cartes
d'électeur.
- L'exclusion totale et sans ambiguité du MINATD du
processus électoral.
- L'implication des partis politiques à tous les
niveaux de prise de décisions notamment au sein de toutes les
commissions chargées de l'organisation et de la conduite des
élections.
- L'utilisation d'un bulletin de vote unique.
- L'instrumentalisation d'une élection
présidentielle à deux tours.
- La dotation d'Elecam d'une autonomie financière
effective.
- La mise en place des dispositions précises pour
interdire l'engagement des fonctionnaires, des responsables publics et
parapublics dans les campagnes électorales.
- La participation effective de la diaspora camerounaise
aux échéances électorales.
Il en résulte que, les appels aux inscriptions sur les
listes électorales sont parfois entravés par des exigences
pouvant compromettre l'engouement des camerounais pour les inscriptions. Mais
à côté de cette position du SDF, certaines églises
n'ont pas hésité à appeler les citoyens à
s'inscrire sur les listes électorales, c'est le cas de la
conférence épiscopale et de l'assemblée
générale de l'église
présbitérienne217(*). C'est une prise de position importante lorsqu'on
connaît le poids des églises au Cameroun et surtout leur emprise
sur les citoyens. Au demeurant, les appels aux inscriptions sur les listes
entrepris visent non seulement à inciter les camerounais à
s'inscrire, mais aussi et surtout à leur faire participer aux
élections.
B- LA MULTIPLICATION DES
EXHORTATIONS A LA PARTICIPATION ELECTORALE
Le recours aux appels à la participation
électorale mettra en jeu une fois de plus le rôle
prépondérant des partis dans l'incitation des citoyens à
la participation aux élections. Cependant, les exhortations du
président de la République faisant de la participation aux
élections une preuve de civisme afin de concurrencer le discours
abstentionniste (Owona Nguini, 1997 : 698) démontre
qu'au-delà des partis politiques, la participation constitue un enjeu
important qui nécessite l'intervention des institutions
républicaines. C'est ainsi que, le chef de l'Etat se déclara
prêt à favoriser la démocratie en voyant ce qu'il faut
faire pour encourager une participation massive des partis politiques aux
élections (Owona Nguini, 1997 : 699). A cet effet, le gouvernement
fera recours aux acteurs externes tels que, Valery Giscard D'Estaing, Charles
Pasqua et Guy Penne, pour légitimer le processus électoral et
convaincre les partis à participer aux élections. Dès
lors, ces personnalités toutes Françaises inciteront les
formations politiques d'opposition à aller aux élections
législatives du 1er Mars 1992. A ce propos, l'une d'elles
clamera que : « Le seul moyen
de mesurer l'importance des partis politiques, c'est de pouvoir
aller voter, on ne peut juger l'importance des
partis qu'après le décompte
des voix218(*) », l'objectif étant
d'encourager les partis politiques consituant le pool de l'abstentionnisme
à participer aux élections.
Par ailleurs, les autorités administratives
demanderont aux citoyens de leurs localités respectives de faire le
retrait de leurs cartes d'électeur afin de pouvoir prendre part au vote.
C'est dans cette stratégie que s'inscrit la position du gouverneur du
Littoral M. Gounoko Haounaye, qui exhorte les électeurs de retirer leurs
cartes dans les différentes sous-préfectures de son territoire de
commandement et plus précisement de la ville de Douala, lors des
élections législatives et municipales de 2007219(*). Ceci est
révélateur dans une région réputée
être l'une des plus abstentionniste du pays depuis 1992, avec comme
« grenier » le département du Wouri. On en
a pour preuve les élections législatives de 1992, où le
taux d'abstention était de 30.2% dans le Littoral (Owona Nguini,
1997 : 772) avec un taux de 35.93% dans le Wouri220(*). Tandis qu'à
l'élection présidentielle de 1992, ce taux est de 26.28% dans le
Littoral et de 24.1% dans le Wouri221(*). Suivant la même logique, à
l'élection présidentielle de 1997, ce taux est de 35.54% dans le
Littoral et de 43.17% dans le Wouri222(*). Alors qu'il est de 58.58% aux municipales de 1996
dans le Wouri, (Elan Tchoumba, 2004 : 41) il est de 68% au moment des
inscriptions sur les listes électorales en Août 2010.223(*) Dans la même
stratégie, le sous-préfet de l'arrondissement d'Ebolowa
recommandera aux acteurs politiques d'insérer le
volet « Distribution des cartes
d'électeurs dans leur programme
de campagne224(*) ». A la négligence des partis face
à la distribution des cartes, les autorités administratives vont
à travers leurs exhortations rappeler que la campagne ne sert à
rien si les électeurs ne peuvent entrer en possession de leurs cartes,
puisqu'elles seules leur permettront de participer au vote. Dans tous les cas,
le souci de participation n'est pas la seule préoccupation des partis,
mais aussi celle des autorités politiques et administratives. Le chef de
l'Etat affimera par exemple que : « j'espère
que vous serez nombreux à
allez voter le
22/07/2007225(*) ». De même, plusieurs partis tels
que : le RDPC, le SDF, l'UDC et l'AFP vont à la veille des
législatives et municipales de 2007, recommander à leurs
militants et sympathisants avec insistance de se rendre massivement dans les
bureaux de vote. Dans la même dynamique, le président de la
commission régionale de la campagne du RDPC va recommander aux
présidents communaux et aux candidats de retirer les cartes
d'électeurs et de les distribuer226(*) aux citoyens, afin qu'ils prennent part au vote le
jour de l'élection. On constate donc que, la majorité des
discours insiste sur l'importance de la participation électorale, en
condamnant inversement l'abstention (Hastings, 1996 : 65). Cette situation
s'est manifestée lors de l'élection présidentielle de
1997, par la campagne autour du mot d'ordre
de « boycottez le boycott »
(Sindjoun, 1999 : 313). Il faut comprendre alors que les acteurs
politiques même ceux qui prônent l'abstention ne le souhaitent pas
vraiment, mais par leur stratégie ils cherchent à ce que la
participation des citoyens reflète réellement leur
volonté. Cependant, ces exhortations à participer restent
insuffisantes. C'est la raison pour laquelle il est entrepris des campagnes
d'inscription sur les listes.
PARAGRAPHE 2 : LA
DIVERSIFICATION DES CAMPAGNES D'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES
Plusieurs campagnes d'inscription seront organisées
dans le pays à travers une diversité de stratégies
développées par des acteurs sociopolitiques de tous bords. Ces
campagnes vont déboucher sur les mesures de persuasion au profit du
vote. Ce qui nous conduit à présenter d'une part
l'intensification des campagnes d'inscription sur les listes électorales
et d'autre part, les tactiques incitatives mises en oeuvre au profit de la
participation.
A- L'INTENSIFICATION DES
CAMPAGNES D'INSCRIPTION
En effet, plusieurs techniques sont développées.
Concernant ELECAM, elle a mis sur pied une battérie de techniques qui
sont déployées par le biais des
« équipes mobiles » et des
« équipes fixes ». En ce qui
concerne les « équipes mobiles »,
elles contribuent à l'inscription de nombreux camerounais et se
déploient essentiellement à travers la tactique du
« porte à porte ». Ainsi,
elles (équipes mobiles) facilitent l'inscription des personnes qui ne
peuvent se déplacer dans les lieux agréés pour le faire
à cause de la distance ou pour tout autre raison. C'est justement
grâce à elles que les personnels des services publics,
privés, parapublics et certains étudiants ont été
inscrits dans la ville de Dschang et dans bien d'autres villes. Elles
permettent à cette institution de se déplacer, de
« se rendre à ceux qui ne viennent pas
à elle », en sillonant les coins reculés
et les lieux publics pour inscrire les gens. Le but visé étant de
contourner le problème de distance qui constitue l'une des causes
majeures de la non-inscription sur les listes. C'est grâce à elle
que de nombreux commerçants et autres citoyens dans la ville de
Yaoundé, ont été inscrits sur les listes
électorales comme nous avons pu observer au marché central. De
même, le personnel de la gendarmerie, du commissariat, du camp militaire,
de l'Université de Dschang, du lycée classique, de l'ENIEG,
d'autres services et institutions de la ville de Dschang227(*) se sont fait inscrits
grâce au « porte à
porte ». De plus, par cette tactique et en fonction d'un
ordre de passage préalablement établi de nombreux villageois ont
été inscrit sur les listes électorales dans la commune de
Dschang, sans s'être rendus dans les bureaux d'inscription
agréée par ELECAM. Cela implique que, les personnes qui
normalement devaient se rendre en ville pour se faire inscrire ont
été inscrites sur place, c'est-à-dire dans leurs villages
ou lieux de résidence par les équipes mobiles d'ELECAM.
Tableau n°21 : CALENDRIER
DE DESCENTES SUR LE TERRAIN POUR LES INSCRIPTIONS SUR
LES LISTES ELECTORALES DANS LA COMMUNE DE DSCHANG
LIEUX
|
DATES
|
CENTRE-URBAIN
|
Du 04-10-2010 au 18-10-2010
|
FOTO (zone rurale)
|
DU 19-10-2010 au 03-11-2010
|
GROUPEMENT FOSSONG-WENTCHENG
|
LE 04-11-2010
|
GROUPEMENT FONGO-NDENG
|
LE 05-11-2010
|
GROPEMENT FOTETSA
|
LE 08-11-2010
|
Source : Antenne Communale
d'ELECAM-Dschang
Cette stratégie a favorisée l'inscription de
milliers de villageois sur les listes électorales. Il est donc
clairement prouvé à partir de ce tableau que :
« si les gens ne
viennent pas à ELECAM,
ELECAM, ira à eux228(*) ». Cependant,
cette tactique s'est opérationalisée dans les villages avec
parfois la contribution des chefs traditionnels, qui sont chargés de
rassembler leurs sujets dans les lieux de marché selon le calendrier de
passage qu'ELECAM arrête avec eux. Ce qui a permis l'inscription de
plusieurs personnes dans les villages, comme nous l'a confirmé le
responsable de l'antenne communal d'ELECAM de Dschang229(*). De même, les services
publics, privés et para-publics seront mis à contribution, pour
permettre l'inscription de leurs personnels sur les listes électorales.
C'est l'objet de cette correspondance n°002/10/ELECAM/DGE/DRO/ADM/ACD que
le chef d'antenne d'ELECAM-Dschang a transmis à Monsieur le
délégué départemental des enseignements
sécondaires. C'est également à travers le
« porte à porte », que
les communautés réligieuses et ethniques seront elles aussi mises
à contribution. A titre d'illustration, l'assemblée
traditionnelle Sawa, par le biais du « Ngondo » a
lancé une caravane pour les inscriptions sur les listes. Celle-ci a
sillonée les six (06) Cantons du Wouri et a facilité à
l'inscription des centaines de personnes230(*).
Par contre, les « équipes
fixes » permettent d'inscrire les personnes dans les lieux
agrées ou dans les sièges d'ELECAM. En réalité, ce
sont des lieux permanents d'inscription sur les listes dont l'efficacité
réside dans sa visibilité, c'est ce qui a motivé
ELECAM-Dschang à déplacer son emplacement du quartier
Foréké pour le centre administratif. Parallèlement
à cette institution, le RDPC a mis sur pied une série de
stratégie pour amener les populations à s'inscrire sur les listes
électorales. Il a par exemple institué en son sein les
comités régionaux, départementaux et communaux pour les
inscriptions sur les listes électorales dans l'ensemble du
pays231(*). Ces
comités ont à leurs têtes des personnalités qui sont
par ailleurs des membres soit du comité central, soit du bureau
politique du parti. Ainsi, dans la région de l'Ouest à titre
d'illustration, le président du comité régional est M.
Mbombo Njoya alors que dans celle de l'Extrême-Nord, il s'agit de M.
Cavayé Yeguié Djibril. Quant-aux comités
départementaux, le président de celui du Mfoundi est M. Gilbert
Tsimi Evouna tandis que celui du Moungo est M. Sigfried Etame Massoma232(*). Grâce à ces
différents comités des milliers de personnes seront inscrites. A
cet effet, le découpage des comités communaux en
« Zones » dans le Noun selon M.Oumarou
Mefiré, président du comité départemental du Noun a
permis de « Quadriller le
terrain » ce qui a favorisé l'augmentation des
inscriptions sur les listes électorales à près de 10%,
amenant le taux d'inscription dans le Noun à plus de 50 mille
inscrits233(*).
Globalement donc, ces comités ont permis l'inscription des milliers de
camerounais sur les listes électorales dans l'ensemble du pays. En
conséquence, à partir de l'augmentation des taux d'inscription
dans certains départements du Cameroun, on peut déduire que ces
commissions ont contribué significativement à la croissance des
inscriptions sur les listes électorales dans l'ensemble du pays.
Tableau
n° 22 : LES NOUVEAUX INSCRITS SUITE
A LA CAMPAGNE D'INTENSIFICATION DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES
DANS 03 COMMISSIONS DEPARTEMENTALES DE 03 REGIONS.
REGIONS
|
DEPARTEMENTS
|
NOMBRE DES NOUVEAUX INSCRITS PAR DEPARTEMENT
|
CENTRE
|
MFOUNDI
|
45.342
|
EST
|
BOUMBA et NGOKO
|
58.138
|
LITTORAL
|
MOUNGO
|
50.000
|
Source : Compilation de l'auteur
à partir des Sites :
www.Scores2000.Info
et Cameroon-Oline.Com.
A partir du tableau ci-dessus dont les départements ont
été choisis de façon arbitraire, on comprend que ces
comités et l'ensemble des stratégies développées
par le RDPC participent à l'augmentation du nombre des inscrits sur les
listes électorales. C'est d'ailleurs ce que reconnait M. René
SADI, lorsqu'il affirme que : « Les
résultats que nous avons sur le terrain sont
encourageants et démontrent que nous avons eu raison de lancer
cette campagne, car des centaines des milliers de camerounais sont
aujourd'hui inscrits234(*) ». De même,
certaines associations ont aidé à l'inscription sur
les listes électorales. C'est le cas de l'association
« Cameroon Obosso », qui a facilité
l'inscription des citoyens sur les listes électorales en
organisant de façon régulière
des « descentes sur le terrain »
avec les « équipes mobiles »
d'ELECAM afin de procéder à l'inscription des citoyens sur
les listes et particulièrement des jeunes. En conséquence, le
11/02/2011 les équipes de cette association ont permis l'inscription sur
les listes électorales dans cinq (05) départements du Cameroun de
plus de trois mille (3000) jeunes235(*). De façon globale, les
stratégies du RDPC, d'ELECAM et de bien d'autres acteurs ont
contribué à l'augmentation du nombre des inscrits sur les listes
électorales dans l'ensemble du pays.
Tableau
n°23 : L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES PAR REGION DE 2007 AU 10 JUIN 2011
REGIONS
|
POPULATION
TOTALE
|
POPULATION
ELECTORALE
(45%)
|
INSCRITS 2007
|
ELECTEURS A
INSCRIRE
|
ELECTEURS
INSCRITS DEPUIS AOUT
2010
|
NOMBRE TOTAL D'INSCRITS DE 2007 AU 10 JUIN 2011
|
ADAMAOUA
|
1 015 622
|
457 029
|
262 180
|
194 849
|
136 485
|
398 665
|
CENTRE
|
3 525 664
|
1 586 548
|
771 475
|
815 073
|
309 920
|
1 081 395
|
EST
|
801 968
|
360 885
|
263 145
|
97 740
|
99 795
|
362 940
|
EXT-NORD
|
3 480 414
|
1 566 186
|
1 035 486
|
530 700
|
249 313
|
1 284 799
|
LITTORAL
|
2 865 795
|
1 289 157
|
630 984
|
658 173
|
207 624
|
838 608
|
NORD
|
2 050 229
|
922 603
|
399 952
|
523 551
|
166 406
|
566 358
|
NORD-OUEST
|
1 804 695
|
812 112
|
503 660
|
228 452
|
149 936
|
653 596
|
OUEST
|
1 785 285
|
803 378
|
524 303
|
279 075
|
184 224
|
708 527
|
SUD
|
692 142
|
311 463
|
219 035
|
92 428
|
78 322
|
297 357
|
SUD-OUEST
|
1 384 286
|
622 928
|
457 616
|
165 312
|
136 924
|
594 540
|
TOTAL
|
|
8 732 289
|
5 067 836
|
3 585 353
|
1 718 949
|
6 786 785
|
Source :
www.Elecam.Cm
L'augmentation des taux d'inscription est donc liée
à la combinaison des actions de certains acteurs sociopolitiques mais
particulièrement d'ELECAM et du RDPC qui depuis octobre 2010, ont
entrepris des actions de neutralisation de l'abstentionnisme. C'est ainsi qu'au
mois de Juin 2011, on peut constater une nette évolution du nombre
d'inscrits par rapport à ceux de 2007. Ce qui peut s'expliquer par le
fait que les stratégies mises en oeuvre par les acteurs sociopolitiques
pour booster les inscriptions sont régulièrement
améliorées. C'est dans ce sens que M. René Sadi estime
que : « Le RDPC est entrain de
redéfinir des nouveaux axes de mobilisation pour
stimuler les campagnes d'inscription sur les listes236(*). Ainsi, « les
réunions d'évaluation à mis parcours »
mises en oeuvre par le RDPC lui permettent d'ajuster ses stratégies, de
voir ce qui ralentit les inscriptions et de l'améliorer. C'est Ainsi
que, M. Adjibolo Philémon a profité de l'une d'elles pour menacer
certains Maires-RDPC de la région de l'Est qui selon lui, ne
faciliteraient pas le travail des comités d'inscription dans la
région. De ce fait, il prétend que ceux des Maires qui n'aident
pas les comités, doivent savoir qu'il n'est pas certain qu'aux
prochaines élections municipales ils soient les candidats du
parti237(*). L'autre
stratégie de lutte contre l'abstentionnisme électoral bien
qu'illégal a consisté pour certaines autorités
administratives et commissions mixtes chargées des inscriptions sur les
listes électorales à continuer les inscriptions malgré la
convocation du corps électoral. C'est ce qu'avait constaté l'ONEL
lors des élections législatives et municipales de 2002, en
estimant que les inscriptions sur les listes électorales
malgré la convocation du corps électoral, se sont poursuivies
parfois jusqu'à la veille des élections238(*), en violation des
dispositions légales en la matière. Elle a contribué
à l'augmentation des inscriptions sur les listes malgré son
caractère illégal. De même, il sera entrepris
l'inscription des aveugles et mal voyant sur les listes électorales par
M. Paul Tezano, président de l'Association des aveugles et mal voyants
du Cameroun. Dès lors, il procédera à
l'établissement des cartes nationales d'identité à ceux
qui n'en possèdent pas et facilitera l'inscription de ceux
déjà détenteurs239(*). Dans tous les cas, la nécessité de
rendre efficace les inscriptions intensives sur les listes conduira à la
prise d'un certain nombre d'actions incitatives au profit de la participation
électorale.
B- LA FACILITATION DE LA
PARTICIPATION ELECTORALE
La mise en confiance des citoyens est l'entreprise dans
laquelle se sont investis l'ONEL et ELECAM. Ces institutions
s'évertueront à rassurer les citoyens par rapport à leur
crédibilité240(*). Or pour y parvenir, l'ONEL procédera par
exemple à la délocalisation de nombreux bureaux de vote des
domiciles privés, des commissariats et des gendarmeries
considérés comme les lieux de répressions et
d'intimidation au profit des établissements scolaires, des centres de
santé et des hangars construits pour la circonstance. En
conséquence, 1194 bureaux de vote seront délocalisés sur
l'ensemble du territoire241(*). De même, l'ONEL organisera le retrait des
cartes électorales avec la contribution des partis politiques, tout en
accentuant les opérations de « porte
à porte » liées à la
distribution des cartes d'électeur pendant la campagne
électorale. A titre d'illustration, M. Amadou Moustapha président
de l'ANDP exhortera ses militants et sympathisants dans le Dja et Lobo à
rétirer leurs cartes d'électeur afin de participer aux
élections242(*).
C'est pour le même objectif que le préfet du Wouri, M. Bernard
Atede ordonnera le dépôt des cartes d'électeur dans toutes
les sous-préfectures et chefferies de son unité de commandement
jusqu'à 18h afin de permettre aux citoyens de s'en procurer avant ou le
jour du vote. Il insistera pour que les cartes d'électeurs soient
déposées dans les bureaux le jour du vote243(*).
En outre, l'ONEL insistera auprès des autorités
administratives afin que celles-ci distribuent un maximum de cartes
d'électeur de la manière la plus rationnelle et a même
parfois usé d'injonction pour que ces autorités les distribuent
sans discrimination. Cette institution informera les citoyens dans les lieux de
cultes et par voie d'affichage en les exhortant à retirer leurs cartes
d'électeurs là où ils étaient inscrits244(*). Par cette technique l'ONEL
visait ainsi à pallier aux accusations de
« distributions sélectives » des
cartes d'électeurs qui ont longtemps entravé la participation de
nombreux citoyens. Car, pour plusieurs raisons de nombreux camerounais
étaient privés de leurs cartes d'électeurs et par
conséquent étaient tentés de s'abstenir, ignorant que l'on
peut voter avec la carte nationale d'identité à condition que le
nom figure sur la liste électorale. En tout état de cause, la
participation électorale est aussi stimulée par la mobilisation
des ressources redistributives et coercitives.
SECTION 2 : LA MOBILISATION DES RESSOURCES
REDISTRIBUTIVES ET COERCITIVES
Depuis les législatives de 1992, un certain nombre
d'actions ont été entreprises dans le champ sociopolitique
camerounais pour inciter à la fois les partis politiques et les citoyens
à prendre part aux élections. C'est ainsi qu'afin d'inciter les
partis politiques d'opposition à participer à l'élection
présidentielle anticipée de 1992, le président de la
République va reporter la date du scrutin au 1er mars (Owona
Nguini, 1997 : 698). En effet, l'abstentionnisme va conduire les acteurs
sociopolitiques à prendre des dispositions fortes dans le but
d'améliorer la participation électorale. Ce qui va permettre la
mise en oeuvre des mesures liées à la carte nationale
d'identité et aux partis politiques ; la création de
nouvelles institutions compétentes en matière électorale
et la mise en garde contre les tentatives de perturbation du déroulement
de l'élection.
PARAGRAPHE 1 : LA MISE
SUR PIED DES MESURES LIEES A LA CARTE NATIONALE D'IDENTITE ET AUX PARTIS
POLITIQUES
Il est question pour nous de présenter d'une part les
mesures inhérentes à la carte nationale d'identité et
d'autre part celles liées aux partis politiques.
A- LA MISE SUR PIED DES
MESURES LIEES A LA CARTE NATIONALE D'IDENTITE
Les stratégies variées ont été
mises sur pied pour permettre à tous ceux qui n'ont pas de cartes
d'identité d'en posséder puisque, sans carte d'identité
personne n'est autorisé à s'inscrire sur une liste
électorale. C'est dans cette optique que le président de la
République a pris une série de mesures visant à permettre
aux citoyens de disposer d'une carte d'identité. D'où la
signature le 19/05/2011 du décret rendant l'établissement des
cartes d'identité gratuite afin de pallier a leur coût
élevé et encourager dans la foulée les inscriptions sur
les listes électorales. Cette mesure fut la bienvenue étant
donné que l'un des obstacles majeurs des inscriptions des citoyens est
le manque de cartes nationales d'identité. Par ailleurs, cette mesure du
chef de l'Etat n'est pas la première. Elle rejoint bien d'autres qu'il
avait déjà prises par le passé comme celles de 2002 sur
proposition de l'ONEL. En fait, l'ONEL avait proposé au gouvernement le
maintien de la validité de la carte nationale d'identité en
carton pour les inscriptions lors des élections législatives et
municipales de 2002. Répondant à cette proposition, par
décret n°2002/023 du 23/01/2002 le président de la
République décida de proroger la validité de la carte
d'identité en carton jusqu'au 31/12/2003. Par un autre décret, il
prorogea à nouveau ledit délai245(*). L'objectif une fois de plus était de
permettre à un maximum de citoyens de s'inscrire sur les listes afin
d'exercer le moment venu leur droit de vote. Ainsi, des mesures
allégeant les formalités en matière d'établissement
et de délivrance de la carte nationale d'identité
informatisée seront entreprises par le chef de l'Etat. Par décret
il ordonnera la réduction de moitié les frais d'obtention de la
carte, la faisant passer désormais de 5000f à 2500f246(*). Suivant la même
logique, il fera passer cet instrument de 5000f (officiellement) à 2800f
jusqu'au mois d'Août 2011 et c'est à la suite de multiples
chantages de la part de certaines élites à l'égard des
citoyens qu'il semblerait que la mesure de la gratuité a
été prise. D'après certaines indiscrétions,
certaines élites et responsables du parti au pouvoir n'hésitaient
pas à conditionner l'établissement de cet instrument aux
populations au vote du candidat Paul Biya à la prochaine élection
présidentielle. Ce qui peut s'illustrer par cette position de M. Henri
Eyebe Ayissi, lorsqu'il déclare que : « Nous
sommes prêts à supporter les 2800 f.cfa de frais
d'établissement de la carte nationale d'identité,
à condition que nous soyons sûrs qu'ils vont voter Paul
BIYA247(*) ». S'inscrivant dans la dynamique
entreprise par le chef de l'Etat liée à la gratuité de la
carte nationale d'identité, le Délégué
Général à la Sureté Nationale entreprendra la
création des postes d'identification mobiles surtout dans les zones
rurales248(*). En effet,
celui-ci prendra six (06) mesures249(*) pour accompagner la décision du chef de
l'Etat. Elles sont entre autre :
- Le déploiement des équipes mobiles
d'identification chargées chacune de couvrir au moins un
département du territoire national.
- L'identification de proximité par la mise en
mouvement des groupes mobiles d'identification gravitant autour des centres
d'identification pour se rapprocher le plus possible des demandeurs de cartes
nationales d'identité.
- L'amélioration du fonctionnement des 350 postes
d'identification fixes existants, disséminés sur l'ensemble du
territoire national pour un rendement qualitatif et efficient.
- La réouverture des postes d'identification
jusqu'alors fermés et éventuellement la création des
nouveaux postes d'identification au gré des besoins
exprimés.
- Le renforcement des équipes de travail dans les
postes d'identification ainsi que dans les centres d'authentification et les
structures de production.
- L'intensification de la distribution de proximité
des cartes nationales d'identité en souffrance.
En conséquence, on peut constater que depuis le
décret ordonnant l'établissement gratuit des cartes
d'identité, les commissariats ne désemplissent pas de monde.
L'argumentaire de son coût élevé comme cause importante de
la non-inscription sur les listes électorales prend donc tout son sens.
Ainsi, à la lecture des chiffres publiés par la direction
générale des élections, l'on est passé de 1,6
million en mai 2011 à 1,8 million au 30 juin 2011. Une progression qui
aurait un rapport avec la mesure présidentielle instaurant la
gratuité de la carte nationale d'identité informatisée sur
l'ensemble du territoire camerounais, mesure qui court jusqu'à la fin du
mois d'août 2011250(*). Pour rendre cet objectif davantage efficace, le
Directeur général d'ELECAM, M. Mohaman Tanimou a indiqué
que, l'on pouvait désormais s'inscrire auprès des antennes
d'ELECAM ou des commissions de revision des listes électorales sur la
base d'un récépissé de la carte nationale
d'identité, accompagnée de la copie d'acte de
naissance251(*). Dans
tous les cas, depuis la mise en oeuvre combinée de ces mesures les
inscriptions ont évolué. A titre d'exemple, M. Hippolyte
Tchoutezo déclare que depuis la gratuité de la carte nationale
d'identité, ils ont déjà procédé à
l'inscription de plus de 2408 personnes dans la Mifi-centre252(*). En réalité,
toutes ces mesures se font ressentir sur l'évolution des taux
d'inscription sur les listes électorales dans l'ensemble du pays depuis
Novembre 2010.
Tableau
n°24 : L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES PAR REGION DE NOVEMBRE 2010 A JUIN 2011.
REGIONS
|
INSCRITS NOV. 2010
|
INSCRITS DEC. 2010
|
INSCRITS JAN. 2011
|
INSCRITS FEV. 2011
|
INSCRITS MAR.2011
|
INSCRITS AVR. 2011
|
INSCRITS MAI. 2011
|
INSCRITS AU 10 JUIN 2011
|
ADAMAOUA
|
42 525
|
65 019
|
79 953
|
92 304
|
106 358
|
124 326
|
132 944
|
136 485
|
CENTRE
|
52 456
|
88 371
|
115 937
|
150 353
|
190 225
|
264 834
|
298 548
|
309 920
|
EST
|
48 463
|
58 760
|
67 206
|
75 746
|
84 390
|
92 606
|
97 242
|
99 795
|
EXT-NORD
|
55 254
|
109 361
|
142 332
|
164 016
|
189 511
|
218 495
|
238 619
|
249 313
|
LITTORAL
|
31 110
|
59 300
|
83 254
|
111 920
|
147 926
|
180 851
|
200 581
|
207 624
|
NORD
|
58 308
|
91 845
|
106 326
|
121 364
|
137 607
|
153 498
|
162 614
|
166 406
|
NORD-OUEST
|
39 087
|
55 010
|
68 828
|
84 787
|
102 526
|
130 051
|
142 707
|
149 936
|
OUEST
|
45 889
|
75 926
|
96 175
|
124 646
|
127 189
|
168 424
|
177 051
|
184 224
|
SUD
|
24 582
|
38 831
|
48 038
|
52 606
|
58.339
|
71 877
|
77 780
|
78 322
|
SUD-OUEST
|
34 629
|
48 223
|
62 338
|
77 184
|
95 385
|
119 068
|
132 813
|
136 924
|
TOTAL
|
432 303
|
690 646
|
870 387
|
1 054 926
|
1 239456
|
1 524 030
|
1660 899
|
1 718 949
|
Source :
www.Elecam.Cm
Il convient donc de dire à partir du tableau ci-dessus
que ces mesures ont eu un impact significatif sur le rythme des inscriptions
sur les listes électorales. Etant donné que, même avant la
gratuité de la carte nationale d'identité plusieurs responsables
du parti au pouvoir organisaient déjà les campagnes
d'établissement de celle-ci dans plusieurs localités du pays. Ce
qui avait permis l'établissement de milliers de cartes nationales
à de nombreux citoyens. C'est ainsi, que dans la région du
centre, le responsable du comité communal du RDPC chargé des
inscriptions sur les listes électorales à Ndikinimeki a
établi 3000 cartes nationales d'identité afin de permettre aux
citoyens de s'inscrire sur les listes253(*). Pareillement, le Maire de Nkongsamba a fait
confectionner plus de 500 cartes nationales d'idendité et collecter pour
le compte du RDPC, 3.850.000 f.cfa, pour couvrir les campagnes d'inscriptions
sur les listes électorales dans le Moungo254(*). Il est donc clair que
toutes les actions qui ont été entreprises au profit de la carte
nationale d'identité contribuent à justifier dans une certaine
mesure les chiffres du tableau suscité. Ces actions n'ont pas
été entreprises exclusivement par le parti au pouvoir et le chef
de l'Etat, les organisations non gouvernementales y ont aussi énormement
oeuvré.
Il s'agit par exemple d'« Horizon
femme » qui avant la gratuité, permettait aux femmes
de payer 1000f.cfa pour celles qui souhaitaient se faire établir la
carte nationale d'identité à condition qu'elles soient
disposées à se faire inscrire sur les listes
électorales255(*). Dans tous les cas, les mesures liées
à la carte nationale n'ont pas parfois suffis car, il s'est souvent
posé le problème du défaut d'actes de naissance suscitant
dans la foulée la prise de certaines dispositions. C'est ce qui a
motivé l'établissement des actes de naissance à ceux qui
n'en n'avaient pas à travers l'organisation des
« audiences foraines ». Ce fut
assurément le cas à Abong-Mbang, où de nombreux
camerounais se sont fait établir les actes de naissance256(*). Ces différentes
mesures, ont pour objectif de favoriser les inscriptions sur les listes, ce qui
semble porter des résultats si on se refère au tableau
suscité. Cette quête éffrénée aux potentiels
électeurs n'est pas neutre car, elle vise à faire participer un
maximum de citoyens aux élections, avec pour objectif la
légitimation de l'élu à travers la neutralisation de
l'abstentionnisme électoral. C'est la preuve que les gens
n'accomplissent pas des actes gratuits (Bourdieu, 1994 : 150).
Par ailleurs, l'Assemblée Nationale réunie en
session extra-ordinaire en date du 07/07/2011, a examiné le projet de
loi portant sur le vote des camerounais de l'étranger. D'après ce
projet, ils prendront désormais part au vote du président de la
République et au réferendum, mais seront exclus du vote des
députés et des conseillers municipaux257(*). En effet, c'est une mesure
qui vient mettre fin au non-vote de ces derniers et qui répond à
la volonté qu'ils ont souvent exprimé de prendre part au vote de
leurs dirigeants, même s'il reste que le problème de la double
nationalité continue à se poser et empêchera ceux des
camerounais vivant dans cette situation de voter. C'est pourquoi l'un des
nombreux camerounais vivant au Canada pense que : « 90% de
compatriotes vivant à l'étranger ont la double
nationalité. Ce qui les exclut d'office de l'exercice du vote
concédé258(*)». Dans tous les cas, c'est une mesure qui
ne cesse de susciter des contestations au sein de la diaspora comme le
témoigne cette position du « CODE »259(*) selon laquelle :
« Ce projet apparaît clairement comme une diversion de la
part du régime sclérosé Rdpc au pouvoir au Cameroun. A
moins qu'il ne s'agisse d'un argumentaire en construction pour justifier, le
cas échéant, un report du scrutin dont la date est comme toujours
confisquée par M. Biya». Toujours est-il que, la
variété de ces mesures sera complétée par celles
prises en direction des partis politiques.
B- LA MISE SUR PIED DES
MESURES EN DIRECTION DES PARTIS POLITIQUES
La compétition électorale ne peut se jouer
valablement sans la participation des partis. C'est dans cette optique que
plusieurs dispositions seront mises en oeuvre pour les encourager à
participer aux élections. A cet effet, le gouvernement a pris en 1992
des dispositions visant à assouplir les conditions légales de
déclaration de candidature (Owona Nguini, 1997 : 699) ; ce qui
avait bien évidemment pour objectif d'inciter les partis à
participer aux élections législatives. Cela va entraîner la
réception des dossiers de candidature même après le
délai légal de dépôt, sans pourtant changer
automatiquement la position des partis tels le SDF et l'UDC qui vont camper
dans leur stratégie de boycott. De même, le gouvernement fît
à l'égard de l'opposition des promesses de gratifications ou de
récompenses (Owona Nguini, 1997 : 700) à ceux des partis qui
accepteront de participer aux élections. C'est ainsi que le 07/02/1992
le président de la République à la suite d'un entretien
radiotélévisé, se proposa de financer la participation des
partis politiques aux législatives à hauteur de 500 millions de
f.cfa. En effet, cette offre visait à neutraliser les
velléités abstentionnistes de certains partis de l'opposition
dite « radicale », comme si le
problème de leur participation électorale pouvait se
résoudre par la rétribution financière. Dans tous les cas,
cette offre sera critiquée par les médias proches de
l'opposition comme étant « De la
grande corruption électorale », ce
qui n'empêchera pas certains partis de l'opposition de la saisir. Ce fut
ainsi, le cas de M. kodock secrétaire général de l'UPC,
qui après l'annonce de cette mesure présidentielle décida
de conduire son parti aux élections législatives de 1992.
L'autre tactique déployée par le pouvoir s'est
opérée à l'égard de l'UNDP. En fait, pour pousser
ce parti à participer aux élections, le pouvoir entreprit la
reconnaissance de M. Bello Bouba comme leader de ce parti en lieu et place de
M. Samuel Eboua qui, lui, était radicalement opposé à la
participation de son parti. Cette reconnaissance était
conditionnée par sa participation aux élections du 1er
mars. De même, comme autre mesure d'incitation à la participation
électorale, le chef de l'Etat avait mis à la disposition des
partis politiques en lice des moyens de locomotion pour leur permettre de se
rendre dans les régions du septentrion lors des législatives de
2007. Elle se matérialisera par l'affectation d'un avion militaire C130
par le chef de l'Etat en vue d'effectuer des rotations sur l'itinéraire
Douala-Garoua via Yaoundé durant la campagne électorale260(*). Au-delà des mesures
liées à la carte nationale d'identité et aux partis
politiques, d'autres seront prises. Il s'agira essentiellement non seulement de
la mise en oeuvre de nouvelles institutions compétentes en
matière électorale mais aussi des mises en garde contre les
multiples tentatives de perturbation de ce dernier.
PARAGRAPHE 2 : LA
CREATION DE NOUVELLES INSTITUTIONS COMPETENTES EN MATIERE ELECTORALE ET
LES MISES EN GARDE CONTRE LES TENTATIVES DE PERTURBATION DU PROCESSUS
ELECTORAL
Les interactions et actions autour de la lutte contre
l'abstentionnisme, vont conduire les autorités politiques et
administratives du pays à prendre un certain nombre de mesures pour
encourager les populations découragées par le déficit de
fiabilité du système électoral à prendre part au
vote. On en arrivera inéluctablement à la mise en oeuvre de
nouvelles institutions chargées de la gestion du processus
électoral et aux mises en garde contre les tentatives de perturbation du
processus électoral.
A-LA MISE EN OEUVRE DE
NOUVELLES INSTITUTIONS COMPETENTES EN MATIERE ELECTORALE
Depuis le retour du multipartisme au Cameroun, la lutte
autour de la neutralité des institutions chargées de gérer
le processus électoral a toujours été l'objet d'enjeu
pendant les différentes élections. En effet, les partis
d'opposition ne se sont jamais satisfaits de l'organisation des
élections par les institutions compétentes en la matière.
A cet effet, depuis 1991, l'opposition n'a cessé de revendiquer la
mise sur pied d'un organisme indépendant chargé de l'organisation
des élections sous prétexte que l'administration a un parti pris
à l'égard du parti au pouvoir, et donc à sa solde
(Sindjoun, 2004 : 26). Selon certains
observateurs : « On n'organise
pas les élections pour
perdre ». Or, la contestation électorale
menaçant la rupture de la paix sociale à cause de la
problématique de la légitimité et de l'acceptation des
résultats, le Cameroun va procéder à la création de
plusieurs institutions aux dénominations diverses. Celle-ci sera
considérée comme une tentative de définition des
règles du jeu dont l'enjeu principal est d'assurer la transparence et la
neutralité électorales (Pokam, 2007 : 74-75).
Toujours est-il que, le pouvoir dans un souci de
démontrer que le problème n'est pas la fiabilité du
processus électoral mais plutôt l'incapacité de
l'opposition à présenter un projet alternatif aux citoyens,
mettra sur pied une série d'institutions. Il s'agira d'abord, des
institutions qui assisteront l'administration dans l'organisation et la gestion
du processus électoral à savoir l'ONEL1 et l'ONEL2. Celles-ci ne
répondront toujours pas aux exigences de l'opposition, qui ne cessera de
revendiquer la création d'une commission électorale
indépendante, arguant que l'ONEL, dans ses différentes versions
« N'était qu'un observatoire
sans pouvoir » (Takougang, 2010 : 2). Ensuite,
il sera mis sur pied ELECAM par la loi n°2006/011 du 29/12/2006.
Cependant, malgré son caractère indépendant en
théorie, l'institution suscitera des contestations sur la
neutralité des membres nommés, de même que sur la
modification de la loi lui accordant l'assistance de l'administration261(*).
A cet effet, malgré la mise sur pied de ces diverses
institutions, la participation des acteurs politiques n'est toujours pas
garantie car, certaines formations politiques comme le SDF ne cessent de
rappeler sa volonté de boycotter ELECAM dans sa
« configuration actuelle ». Ce qui a
d'ailleurs conduit cette institution à avoir des concertations avec les
partis politiques afin que ceux-ci apportent non seulement leur contribution au
processus d'inscription sur les listes électorales, mais aussi pour les
rassurer de sa neutralité. Ainsi on peut, prendre comme exemple les
entretiens qu'ELECAM a eu avec les partis tels que : l'ADD, l'AFP, l'ANDP.
Ou encore celui qu'elle a eu avec le RDPC le 04/08/2010 et qui a permis
à ce parti de rassurer quant-à son soutien pour le processus
d'inscription sur les listes électorales262(*). Ces concertations ont
influencé dans une certaine mesure le taux d'inscription sur les listes,
certains partis n'ayant pas hésité à apporter leur
contribution au processus d'inscription sur les listes mené par ELECAM.
Tableau
n°25 : L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES DU MOIS D'AOUT 2010 AU MOIS D'AVRIL 2011.
REGIONS
|
INSCRITS AOUT -
OCT
|
INSCRITS NOV.2010
|
INSCRITS DEC.2010
|
INSCRITS JANV.2011
|
INSCRITS FEV.2011
|
INSCRITS MARS 2011
|
INSCRITS 08 AVRIL 2011
|
ADAMAOUA
|
8 078
|
42 525
|
65 019
|
79 953
|
92 304
|
106 358
|
114 470
|
CENTRE
|
11 645
|
52 456
|
88 371
|
115 937
|
150 353
|
190 225
|
213 308
|
EST
|
22 971
|
48 463
|
58 760
|
67 206
|
75 746
|
84 390
|
88 238
|
EXT-NORD
|
5 937
|
55 254
|
109 361
|
142 332
|
164 016
|
189 511
|
201 942
|
LITTORAL
|
2 596
|
31 110
|
59 300
|
83 254
|
111 920
|
147 926
|
163 800
|
NORD
|
11 214
|
58 308
|
91 845
|
106 326
|
121 364
|
137 607
|
144 656
|
NORD-OUEST
|
28 708
|
39 087
|
55 010
|
68 828
|
84 787
|
102 526
|
115 293
|
OUEST
|
15 626
|
45 889
|
75 926
|
96 175
|
124 646
|
127 189
|
147 121
|
SUD
|
8 557
|
24 582
|
38 831
|
48 038
|
52 606
|
58.339
|
66 208
|
SUD-OUEST
|
21 675
|
34 629
|
48 223
|
62 338
|
77 184
|
95 385
|
105 529
|
TOTAL
|
137 007
|
432 303
|
690 646
|
870 387
|
1 054 926
|
1 239456
|
1 360 565
|
Source :
www.Elecam.Cm
N.B : Fichier électoral disponible au 08 avril
2011 : 5 067 836 + 1 360 565 = 6 428 401
électeurs
En conséquence, considérant la période de
concertation avec les partis politiques et particulièrement avec le
RDPC, on constate que les inscriptions sur les listes ont progressé
entre les mois d'Août 2010 et d'Avril 2011. Les réformes
institutionnelles apportées visant à stimuler la participation
électorale, conduiront suite à la menace de boycott de
l'élection proférée par le SDF à entreprendre une
série de mesures par le pouvoir. Aussi, pour pallier à
l'illégalité d'ELECAM tel que le soutient le SDF, le chef de
l'Etat par décret n°2010/319 du 13/10/2010 constatera la mise en
place effective d'ELECAM263(*). De même, le déficit de
crédilité dont est suspecté ELECAM à cause de
l'appartenance de ses principaux responsables au parti au pouvoir au moment de
leur nommination, même s'ils ont démissioné par la suite,
va engendrer une tentative de neutralisation de ce déficit à
travers le vote de la loi faisant désormais passer ces membres de onze
(11) à dix-huit (18)264(*). Dès lors, ont été
nommés par décret n°2011/204 du 07/07/2011 du chef de
l'Etat, les six (06) autres membres du conseil électoral d'ELECAM. Ces
nominations ont pour objectif de construire la neutralité et la
crédibilité qui font défaut à cette institution,
d'où les nominations de ses nouveaux membres choisis à la fois
dans la socitété civile et au sein de certains partis politiques
de l'opposition. Il s'agit entre autres de, M. Watio Dieudonné, M. Titi
Nwel Pierre, Mme. Biyong Pauline, M. Tiku Tambe Christopher
(société civile), Mme. Tsanga Delphine, et M. Nsangou Issofa
(membres respectivement de l'UNDP et de l'UDC)265(*). En réalité,
même si ces derniers sont considérés par certains acteurs
comme n'ayant aucun pouvoir, laissant alors transparaître le recurrent
problème de sa crédibilité266(*), il n'en démeure pas
moins que ces nominations constituent d'une certaine manière une
réponse aux critiques de certains partis et de la société
civile. Elles n'ont pas pourtant attenué les critiques ; à
titre d'illustration, M. Ni John Fru Ndi considère ces nominations comme
étant une : « Giffle en pleine face267(*) ». Une
manière de dire qu'il s'attendait à mieux, et par
conséquent que sa position sur ELECAM risque de ne pas évoluer
dans le sens que visait la décision du chef de l'Etat. Or, les
nominations de Mme. Biyong Pauline et M. Titi Nwel Pierre connus pour leurs
virulentes critiques à l'égard du déficit de
neutralité de cette institution, visaient justement à rassurer
les sceptiques, encourager les citoyens et partis politiques à faire
confiance à cette institution pour les inscriptions sur les listes
électorales. Ce qui semble malgré tout être le cas puisque,
le SDF qui menaçait de boycotter ELECAM a fait une volte face en
appelant contre toute attente les camerounais à
« S'inscrire massivement sur les listes
électorales»268(*). Dans tous les cas, la mise en oeuvre des mesures
persuasives n'exclut pas le déploiement des mesures coercitives.
D'où l'emploi des mises en garde contre les tentatives de perturbation
du processus électoral qui visent à maximiser la participation
électorale.
B- LES MISES EN GARDE CONTRE
LES TENTATIVES DE PERTURBATION DU PROCESSUS ELECTORAL
La participation constituant l'un des enjeux principaux de
l'élection, le pouvoir ne perd pas l'occasion de rappeler et de veiller
à ce que les élections se passent dans la paix et que personne ne
soit violenté ou menacé dans l'exercice de son droit étant
donné que le vote s'inscrit dans un espace réglementé qui
protège l'électeur des violences du monde extérieur (Ihl,
1993 : 3). Le code pénal camerounais à son article 116 punit
ceux qui, par attroupements, clameurs ou démonstrations
menaçantes, troublent les opérations électorales ou
portent atteinte à l'exercice du droit ou à la liberté de
vote. Cela suppose que le geste électoral nécessite une ambiance
calme et qu'aucun discours ou rumeur qui peut contrarier (Ihl, 1993 :5)
l'électeur ou les autres acteurs politiques n'est toléré.
Dans cette logique, le gouvernement fît des menaces de sanctions à
l'égard de l'opposition, des pressions (Owona Nguini, 1997 :700)
afin qu'elle prenne part aux élections législatives de 1992,
présidentielle de 1997 et qu'elle ne perturbe pas surtout le
déroulement du scrutin, en exerçant les actes de violence sur les
citoyens désireux de voter. De même, cette menace est valable pour
ceux qui seraient tentés d'exercer la violence sur les votants. Ainsi,
cette stratégie de rétribution et de coercition du gouvernement
va porter des fruits, car elle permettra la participation de 32 partis
politiques en 1992 (Owona Nguini, 1997 : 702) et amenera le taux de
participation aux législatives de 1992 à 60,58% malgré le
boycott des principaux partis de l'opposition. De plus, au-delà de la
loi pénale qui condamne toute personne qui, par voie de fait ou menace
d'un dommage particulier quelconque, détermine un électeur
à s'abstenir269(*) et de toute autre mesure ; il faut ajouter que
le jour de l'élection les forces de l'ordre sont déployées
sur l'ensemble du territoire comme mesure préventive, afin d'anticiper
et de mettre fin à tout acte de violence perpétré contre
le processus électoral. De même, M. René Sadi n'a pas
hésité à dénoncer l'attitude de l'opposition qui
selon lui soutient officiellement la campagne contre les inscriptions sur les
listes électorales270(*). Toutes ces mesures sans être
négligeables, n'ont pas à ce jour stimulé une très
forte participation électorale ce qui suppose que le problème de
l'électeur est peut-être ailleurs.
Le déficit de légitimité qui plane sur
les acteurs politiques et les institutions qu'ils incarnent a poussé ces
derniers et bien d'autres à prendre des mesures afin de tenter de
neutraliser l'abstentionnisme électoral. C'est ainsi que diverses
mesures ont été entreprises pour lutter contre ce
phénomène. Cependant, si ces mesures produisent des
résultats, il n'en demeure pas moins que les taux de l'abstentionnisme
électoral restent toujours importants au Cameroun, traduisant l'apathie
des citoyens. Ce qui implique que, les actions entreprises ne sont
peut-être pas celles que les citoyens attendent ou qu'elles ne sont pas
à la hauteur du phénomène.
CONCLUSION GENERALE
Le vote reconnu comme instrument important pour la
démocratie, risque de paraître comme un simple sondage d'opinion
de mauvaise qualité (Lipset, 1963 : 15) si les citoyens dans leur
majorité n'y participent pas. Cependant, il n'en demeure pas moins que
la non-participation est aussi un droit et traduit d'une certaine
manière la démocratie au même titre que la participation.
C'est ce qui est observé au Cameroun depuis le retour du multipartisme
car, en exerçant leur droit les citoyens sont de plus en plus nombreux
à s'abstenir. C'est pour cette raison que nous avons été
conduits à nous interroger sur les causes explicatives de
l'abstentionnisme électoral et sur ses conséquences. Ce qui nous
a amené à l'analyser comme un comportement construit.
A cet effet, la question qui s'en découlée
était celle de savoir comment les acteurs sociopolitiques camerounais
construisent-ils le phénomène de l'abstentionnisme
électoral au Cameroun et quelle est l'influence de cette construction
sur la dynamique sociopolitique dans le pays ? Répondre à
cette préoccupation, nous a amené à démontrer que
les acteurs sociopolitiques construisent volontairement et involontairement
l'abstentionnisme électoral au Cameroun à travers une multiforme
d'actions et d'interactions engendrant une multiplication des effets pervers,
qui suscitent la production des mécanismes de sa neutralisation. De ce
fait, à travers la démarche entreprise nous avons
démontré que l'abstentionnisme électoral ne nait pas du
vide (Klotz et Lynch, 1999 : 58) mais qu'il est le
produit d'une série d'actions et d'interactions stratégiques de
la part des acteurs sociopolitiques, étant donné qu'il n'y a pas
d'explication unique (Perrineau, 2006 :35) de ce phénomène.
En conséquence, il est établi que, les acteurs participent
à sa construction essentiellement au moment des inscriptions sur les
listes électorales à travers la non-inscription volontaire et
involontaire, et au moment de l'élection à travers le
dysfonctionnement du processus électoral, de l'instrumentalisation des
pesanteurs socio-économiques et du faible impact de la campagne
électorale.
Par ailleurs, tout en reconnaissant dans une certaine mesure
que ce phénomène n'est pas nécessairement nocif pour le
système démocratique271(*), il en ressort cependant que ledit
phénomène constitue la manifestation de la
« crise de la
démocratie » en exprimant le décalage entre le
pays « légal et
réel ». D'où le nombre important de mesures
diverses qui ont été entreprises pour tenter d'éradiquer
le phénomène. Toutefois, il en résulte que le
phénomène semble persister.
ANNEXES
1-Calendrier des descentes sur le terrain de
la commission mixte de revision des listes électorales dans la commune
de Dschang....................................156
2-Une correspondance adressée par le
responsable départemental d'ELECAM à Monsieur le
Délégué départemental des enseignements
sécondaires de la
Menoua...................................................................................160
3-Un exemplaire d'« avis
au public » informant les populations de la date de
descente de la commission chargée des inscriptions sur les listes
électorales..161
4-Le plan de localisation de l'antenne
communale ELECAM de Dschang...162
5-Le programme de diffusion de
l'émission « espace Elecam » sur
la CRTV-Ouest à
Bafoussam.....................................................................163
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II-THESES ET
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régional. Université de Yaoundé2-Soa.
2-Thèses de doctorat nouveau
régime
KOUAMEN, B., 2009, La dynamique
évolutive des paradigmes de l'abstentionnisme Electoral en France :
proposition du concept du déficit d'intérêt.
Université Lille2.
NGUINI OWONA, M-E., 1997, La
sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun entre autoritarisme et
démocratie (1978-1996) : les régimes politiques et
économiques de l'Etat au gré des conjonctures et configuration
socio-historique. Thèse de doctorat en science politique, études
Africaines, tome2.
3-Thèse de Master
AFOM NDONG, C-F., 2007, La participation des
partis politiques aux élections au Cameroun de 1992 à
2007.université de Yaoundé2-Soa.
III -DOCUMENTS
OFFICIELS
LOI N°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18 janvier
1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972.
CODE PENAL (annexe à la loi n) 65-DF-24 du 12
décembre 1965.Mars 1998.
CODE ELECTORAL CAMEROUNAIS., 1997, 3éme Edit,
LOI N°2010/005 du 13 avril 2010, modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi n°2006/011 du 29
décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement
d'elections cameroon, (ELECAM).
LOI N°2000/016 du 19 décembre 2000 portant
création d'un observatoire national des élections(ONEL),
modifiée et complétée par la loi N°2003/015 du 22
décembre 2003.
DECRET N°2001/306 du 8 octobre 2001 précisant les
modalités d'application de la N°2000/016 du 19 décembre 2000
portant création d'observatoire national des élections.
DECRET N°2001/397 du 20 décembre 2001 fixant la
composition et le fonctionnement des structures provinciales,
départementales et communales de l'ONEL.
DECRET N°2010/319 du 13 octobre 2010 constatant la mise
en place effective d'ELECAM.
IV-NUMEROS DE
JOURNAUX
CAMEROON TRIBUNE.N°8895/5094, du 20juillet 2007. p 3.
CAMEROON TRIBUNE.N°8895/5094, du 20 juillet 2007. p 4.
CAMEROON TRIBUNE.N°8895/5094, du 20 juillet 2007. p 9.
CAMEROOU TRIBUNE.N°8895/5094, du 20 juillet 2007. p 5.
CAMEROON TRIBUNE.N°8894/5093, du 19 juillet 2007. p 7.
CAMEROON TRIBUNE.N°8887/5086, du 10juillet 2007. p 8.
CAMEROON TRIBUNE.N°8918/5117, du 23 août 2004. p 9
et 10.
CAMEROON TRIBUNE.N°8596/4485, du 05 octobre 2004. p 9.
CAMEROON TRIBUNE.N°8890/5089, du 13 juillet 2007. p 3.
CAMEROON TRIBUNE.N°8892/5091, du 17 juillet 2007. p 1, 5,
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CAMEROON TRIBUNE.N°9756/5957, du 03 janvier 2011. p
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CAMEROON TRIBUNE.N°9721/5922, du 11 novembre 2010. p
5.
CAMEROON TRIBUNE.N°9215/5414, du 03 octobre 2008. p 4.
CAMEROON TRIBUNE.N°8811/5110, du 13 août 2007. p
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CAMEROON TRIBUNE.N°2743, du 14 octobre 1997. p 17.
CAMEROON TRIBUNE.N°2751, du 24 octobre 1997. p 9-19.
CAMEROON TRIBUNE.N°6454, du 14 octobre 1997. p 16.
JEUNE AFRIQUE.N°2597, du 17 au 23 octobre 2010. p 35.
L'ACTION.N°304, du 26 juillet 2002. p 3.
LE MESSAGER.N°3223, du 10 novembre 2010. p 8.
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 :
STATISTIQUES DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES A LA DATE DU 24
DECEMBRE 2010 DANS LA REGION DE L'OUEST.
28
Tableau n°2 :
TABLEAU DES PARTIS POLITIQUES AYANT PARTICIPES AUX GOUVERNEMENTS DE
COALITION
29
Tableau n° 3 : LA
REGRESSION DES INSCRITS ET LA PROGRESSION DES TAUX D'ABSTENTION AU MOMENT DES
INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES
32
Tableau n°4 : LA
LONGEVITE DES LEADERS DE CERTAINS PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION DEPUIS
1992
34
Tableau n° 5 : LA
REPARTITION PAR SEXE ET PAR TRANCHE D'AGE DES PERSONNES INSCRITES SUR LES
LISTES ELECTORALES DU 17/08/ AU 27/12/2010.
39
Tableau n° 6 :
EVOLUTION DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES EN FONCTION DU POTENTIEL
ELECTORAL DES REGIONS DEPUIS AOUT 2010
42
Tableau n° 7 :
NOMBRE DES INSCRITS SUR LES LISTES ELECTORALES DE 1992 à 2007
43
Tableau n° 8 :
LES TAUX D'INSCRIPTION PAR REGION A LA DATE DU 30/O5/2011
46
Tableau n° 9 :
LES INSCRITS EN MARS 1992 ET SUPPRIMES EN OCTOBRE 92
54
Tableau n°10 :
EVOLUTION DES TAUX D'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES (1992-2007)
56
Tableau n°11 : LA
REPARTITION PAR REGION DES BUREAUX DE VOTE DONT LES LISTES NE SONT PAS
AFFICHEES LORS DES ELECTIONS LEGISLATIVES ET MUNICIPALES DE 2002
63
Tableau n°12 :
CHIFFRES PAR REGIONS DES BUREAUX DE VOTE AYANT EU LES PROBLEMES DE REPERAGE,
D'ACCESSIBILITE et D'ELOIGNEMENT EN 2004.
70
Tableau n° 14 :
TAUX D'ABSTENTION AUX LEGISLATIVES DE MARS 1992
74
Tableau n°13 :
CHIFFRES DES BULLETINS NULS REPERTORIES DANS CERTAINES LOCALITES LORS DE LA
PRESIDENTIELLE DE 1997
76
Tableau n°15 : LA
REPARTITION PAR SEXE ET PAR TRANCHE D'AGE DES PERSONNES INSCRITES SUR LES
LISTES ELECTORALES DU 17/08/ AU 27/12/2010.
79
Tableau n°16 :
COMPARAISON DES TAUX D'ABSTENTION ENTRE CERTAINES GRANDES VILLES ET CERTAINES
ZONES RURALES PENDANT LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1996
84
Tableau n°17 :
COMPARAISON DE LA PARTICIPATION ELECTORALE EN FONCTION DES FIEFS ELECTORAUX
SUITE A L'APPEL AU BOYCOTT PAR CERTAINS PARTIS POLITIQUES AUX LEGISLATIVES DE
1992
87
Tableau n°18 :
TAUX D'ABSTENTION ELECTORALE AUX DIFFERENTES ELECTIONS PARLEMENTAIRES ET
PRESIDENTIELLES (1992-2007)
94
Tableau n° 19 :
LES TAUX D'ABSTENTION LORS DE LA REPRISE EN 2008 DES ELECTIONS LEGISLATIVES ET
MUNICIPALES PARTIELLES DE 2007 DANS CERTAINES LOCALITES
95
Tableau n° 20 :
L'EFFRITEMENT DES SCORES DE L'OPPOSITION AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DEPUIS
1992
113
Tableau n°21 :
CALENDRIER DE DESCENTES SUR LE TERRAIN POUR LES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES
ELECTORALES DANS LA COMMUNE DE DSCHANG
133
Tableau n° 22 :
LES NOUVEAUX INSCRITS SUITE A LA CAMPAGNE D'INTENSIFICATION DES INSCRIPTIONS
SUR LES LISTES ELECTORALES DANS 03 COMMISSIONS DEPARTEMENTALES DE 03
REGIONS.
135
Tableau n° 23 :
L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES PAR REGION DE 2007 AU
10 JUIN 2011
136
Tableau n°24 :
L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES PAR REGION DE NOVEMBRE
2010 A JUIN 2011.
142
Tableau n°25 :
L'EVOLUTION DES INSCRIPTIONS SUR LES LISTES ELECTORALES DU MOIS D'AOUT 2010 AU
MOIS D'AVRIL 2011.
148
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
SOMMAIRE
iv
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : LA CONSTRUCTION PRATIQUE DE
L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
21
CHAPITRE 1 : LA CONSTRUCTION DE
L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL AU MOMENT DE L'INSCRIPTION SUR LES LISTES
ELECTORALES
23
SECTION 1 : LE DEVELOPPEMENT DES PRATIQUES
SUSCEPTIBLES D'ENCOURAGER LA NON-INSCRIPTION VOLONTAIRE
24
PARAGRAPHE 1 : LA FAIBLE MOBILISATION DES
POTENTIELS ELECTEURS
25
A- LA FAIBLE MOBILISATION CONSECUTIVE A LA
SPECIFICITE DE L'ENVIRONNEMENT PRE-ELECTORAL
25
1-La faible concurrence partisane
25
a) La difficile
démarcation de l'opposition
26
b) La forte tendance à la participation
au gouvernement
28
2- Les atermoiments et luttes au sein des partis
politiques d'opposition
33
B- LA FAIBLE MOBILISATION CONSECUTIVE A LA NON-
PERCEPTION DES ENJEUX
37
PARAGRAPHE 2 : LA DECREDIBILISATION DU
PROCESSUS PRE-ELECTORAL
43
SECTION 2 : LA MULTIPLICATION DES SOURCES DE
LA NON-INSCRIPTION INVOLONTAIRE
48
PARAGRAPHE 1 : LES PRATIQUES D'EXCLUSIONS PAR
LE NON ACCOMPLISSEMENT DE CERTAINS ACTES
48
A-L'EXCLUSION CONSECUTIVE AUX PROBLEMES DE CARTES
NATIONALES D'IDENTITE
48
B- L'EXCLUSION CONSECUTIVE A LA MECONNAISSANCE DES
MODALITES PRATIQUES ET AU PROBLEME DE RESIDENCE
49
PARAGRAPHE 2 : LES PRATIQUES D'EXCLUSION A
TRAVERS LES DEMARCHES DE CERTAINS ACTEURS
52
A- LES INSCRIPTIONS SELECTIVES, LES SUPPRESSIONS DE
NOMS SUR LES LISTES ELECTORALES ET DE LA CONVOCATION DU CORPS ELECTORAL
52
B- LES APPELS AUX BOYCOTTS ET LA VIOLENCE
ELECTORALE
56
CHAPITRE 2 : LA CONSTRUCTION DE
L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL AU MOMENT DE L'ELECTION
60
SECTION 1 : L'ORCHESTRATION DU DYSFONCTIONNEMENT DU
PROCESSUS ELECTORAL
60
PARAGRAPHE 1 : UNE ORGANISATION PARFOIS
CHAOTIQUE DE L'ELECTION
61
A- LA GESTION PROBLEMATIQUE DES CARTES D'ELECTEUR
ET DES LISTES ELECTORALES
61
B- L'ETABLISSEMENT D'UNE CERTAINE CONFUSION AUTOUR
DES URNES, DES BULLETINS ET DES BUREAUX DE VOTE
67
PARAGRAPHE 2 : L'ENTRETIEN D'UNE ATMOSPHERE
PROPICE A UNE ORGANISATION NON HARMONIEUSE DES ELECTIONS
71
A- LE REFUS PAR CERTAINS PARTIS POLITIQUES
DE PARTICIPER AU JEU ELECTORAL
72
B- L'ENTRETIEN D'UNE ATMOSPHERE POLITIQUE DE
TERREUR
75
SECTION 2 : UNE CONSTRUCTION MARQUEE PAR
L'INFLUENCE DES PESANTEURS SOCIO-ECONOMIQUES ET DU FAIBLE IMPACT DE LA CAMPAGNE
ELECTORALE
77
PARAGRAPHE 1 : L'INFLUENCE DES PESANTEURS
SOCIO-ECONOMIQES
77
A-L'INFLUENCE DES VARIABLES PRIMAIRES ET DES
VARIABLES STABILISATRICES
78
1-L'influence des variables primaires
78
2- L'influence de la variable stabilisatrice
82
A- L'INFLUENCE DE L'APPARTENANCE COMMUNAUTAIRE
86
PARAGRAPHE 2 : LE FAIBLE IMPACT DE LA CAMPAGNE
ELECTORALE
89
A- AU NIVEAU DE L'OFFRE ELECTORALE
90
1-Les effets de l'environnement de l'offre
électorale
90
2-Les effets du contenu de l'offre
électorale
95
B- AU NIVEAU DES ENJEUX ELECTORAUX
98
DEUXIEME PARTIE : DE LA FLORAISON DES
EFFETS PERVERS DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL A LA MULTIPLICATION DES
TENTATIVES DE SA NEUTRALISATION
101
CHAPITRE 1 : LA FLORAISON DES EFFETS PERVERS
DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
104
SECTION 1 : ABSTENTIONNISME ELECTORAL ET
DELEGITIMATION
105
PARAGRAPHE 1 : LA REMISE EN CAUSE DE LA
LEGITIMITE DES ELUS ET DES INSTITUTIONS POLITIQUES
105
A- LA REMISE EN CAUSE DE LA LEGITIMITE DES ELUS
106
B- LA REMISE EN CAUSE DE LA LEGITIMITE DES
INSTITUTIONS POLITIQUES
108
PARAGRAPHE 2 : L'EFFRITEMENT DE LA
REPRESENTATIVITE DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION ET LA CONSIDERATION DU
VOTE DE LA MINORITE
111
A- L'EFFRITEMENT DE LA REPRESENTATIVITE DES
PARTIS POLITIQUES DE L'OPPOSITION
111
B- LA CONSIDERATION DU VOTE DE LA MINORITE
114
SECTION 2 : LES BALBUTIEMENTS DE LA DEMOCRATIE
REPRESENTATIVE
115
PARAGRAPHE 1 : L'AFFAIBLISSEMENT DE LA
COMPETITION ELECTORALE CONCURRENTIELLE
116
A- L'ULTRA DOMINATION DE LA SCENE POLITIQUE PAR LE
PARTI AU POUVOIR ET L'AFFAIBLISSEMENT DU DEBAT CONTRADICTOIRE
116
B- L'EFFRITEMENT DE LA VALEUR DU VOTE
118
PARAGRAPHE 2 : L'AMENUISEMENT DES POSSIBILITES
D'ALTERNANCE PAR LA VOIE ELECTORALE
119
CHAPITRE 2 : LA MULTIPLICATION DES TENTATIVES
D'ERADICATION DE L'ABSTENTIONNISME ELECTORAL
123
SECTION1 : LA MOBILISATIONS DES RESSOURCES
EXPRESSIVES ET INCITATIVES
124
PARAGRAPHE 1 : LA MULTIPLICATION DES APPELS A
L'INSCRIPTION ET A LA PARTICIPATION ELECTORALE
124
A- LA MULTIPLICATION DES PRISES DE PAROLE
VISANT LA SENSIBILISATION POUR L'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES
125
B- LA MULTIPLICATION DES EXHORTATIONS A LA
PARTICIPATION ELECTORALE
130
PARAGRAPHE 2 : LA DIVERSIFICATION DES
CAMPAGNES D'INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALE
132
A- L'INTENSIFICATION DES CAMPAGNES
D'INSCRIPTION
132
B- LA FACILITATION DE LA PARTICIPATION
ELECTORALE
138
SECTION 2 : LA MOBILISATION DES RESSOURCES
REDISTRIBUTIVES ET COERCITIVES
139
PARAGRAPHE 1 : LA MISE SUR PIED DES MESURES
LIEES A LA CARTE NATIONALE D'IDENTITE ET AUX PARTIS POLITIQUES
139
A- LA MISE SUR PIED DES MESURES LIEES A LA
CARTE NATIONALE D'IDENTITE
139
B- LA MISE SUR PIED DES MESURES EN DIRECTION
DES PARTIS POLITIQUES
144
PARAGRAPHE 2 : LA CREATION DE NOUVELLES
INSTITUTIONS COMPETENTES EN MATIERE ELECTORALE ET LES MISES EN GARDE
CONTRE LES TENTATIVES DE PERTURBATION DU PROCESSUS ELECTORAL
146
A-LA MISE EN OEUVRE DE NOUVELLES INSTITUTIONS
COMPETENTES EN MATIERE ELECTORALE
146
B- LES MISES EN GARDES CONTRE LES TENTATIVES DE
PERTURBATION DU PROCESSUS ELECTORAL
150
CONCLUSION GENERALE
152
ANNEXES 154
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
164
LISTE DES TABLEAUX 178
TABLE DES MATIERES 180
* 1Cité par LIPSET, S,
M., L'homme et la politique, Paris, Seuil, 1963, p 4.
* 2 Cité par
PERRINEAU, P., « Les usages contemporains du vote »,
In Pouvoirs, Revue Française d'Etudes Constitutionnelles et Politiques,
N°120-2006, Paris, p. 38.
* 3 Lire MONGOIN, (D) :
l'abstention électorale, In
http /www/ .juspoliticum.com/politische.Und,rechtichu,hml.p7.
Consulté le 12/06/2010, p. 2.
* 4 Ibid.
* 5 6 Cité
par Blaise KOUAMEN., La dynamique évolutive des paradigmes de
l'abstentionnisme électoral en France : proportion du concept du
déficit d'intérêt esquisse. Université LilleII,
2009, p. 38.
* 78 Ibid.
* 9 Cité par MAYER,
N., « Qui vote pour qui et pourquoi », In Pouvoirs,
Revue Française d'Etudes Constitutionnelles et Politiques,
N°120-2007, Paris, p .18.
* 10 Lire à ce
propos Séquence-6 : règles et comportements
électoraux, in CNED-ACADEMIE, consulté le 12/06/2010, p. 95.
* 11 Cité par
BOUTHOUL, G., L'art de la politique, Paris, Seghers, 1969, p. 479-480.
* 12 Lire à ce propos
l'article 33 al 3, du code électoral Camerounais.
* 13 Lire à ce propos
l'article L-9 du code électoral Français.
* 14 Les votes nuls sont
considérés par Mme. VILLETTE cité par M.LIPSET, op.
cit., p. 8.
* 15 Voir à propos
Zelao, A., « Le vote comme formule de civilisation des moeurs
politiques au Cameroun au détour du procès
démocratique », In
alazelao@yahoo.fr.P.81.
Consulté le 12/06/2010.
* 16 Au moment des
premières élections pluralistes post parti unique.
* 17Cité par Pascal
PERRINEAU, op. cit., p. 35.
* 18 Propos tenus sur Canal2
à l'émission « Canal
presse » du 22/08/2010.
* 19 Voir à propos
MONGOIN (D), op. cit., p. 5.
* 20 A ce propos lire le
document Wikipédia (l'encyclopédie) sur le constructivisme,
consulté le 13/05/2011, sur Google.
* 21 Voir à ce propos
BRASPENNING, T : Constructivisme et refléxivisme en théorie
des relations internationales, in Afri, volume3, p. 5.
* 22 Lire à ce propos
WILGA, M : Le constructivisme dans le domaine de l'intégration
européenne. p. 81.
* 23 A ce propos, lire le
document Wikipédia (encyclopédie), sur le constructivisme,
consulté le 13/05/2011, sur Google.
* 24 Cité par MORIN,
J-M., Précis de sociologie, Paris, Nathan, 2002, p. 58.
* 25 Cité par
André TCHOUPIE., L'Ouest dans la conjoncture de libéralisation
politique au Cameroun (1990-2004). Genèse et usages sociopolitiques
contextuels d'un champ régional. Université de
YaoundéII-Soa, 2004, p. 47.
* 26 Lire à ce propos
MONGOIN, D, op. cit., p. 7.
* 27 Ibid. p8.
* 28 Rapport
Général de l'ONEL., Sur le déroulement des
opérations électorales des élections législatives
et municipales, 2002, p. 14.
* 29Séquence-6. op.
cit., p. 89.
* 30 Cité par Blaise
KOUAMEN., op. cit., p. 184.
* 31 Ibid, p.
68.
* 32 op. cit., p.
18.
* 33 Il a tenu ces propos
sur Canal2 sur l'émission « Canal
presse » du 09/01/2011.
* 34 C'est le parti au
pouvoir.
* 35 Lire à ce sujet
le Cameroon Tribune n°8918/5117, du 23/08/20004, p. 11.
* 36 Ibid, p. 9.
* 37 M. NINTCHEU, B., est le
fondateur de l'antenne SDF de Londre, il tient ces propos après son
exclusion de ce parti dans Le Messager n°3223 du 10/2010, p.8.
* 38 M. Gustave ESSAKA
était leader du parti politique la DIC.
* 39 Lire à ce sujet
Jeune Afrique n°2597, du 17 au 23/08/2010, p. 35.
* 40 Cité par
BARBERT, D., Quand les mots de l'abstention parlent des maux de la
démocratie. Table ronde n°2, triangle, 2007, p.10.
* 41 Selon les responsables
du SDF, les exclus sont ceux qui sont tombés sous le 8.2, qui est l'un
des articles des statuts de ce parti qui frappe tout membre du parti qui ne
respecte pas la discipline du parti.
* 42 C'est une
déclaration faite à l'occasion de l'entretien que nous avons eu
chez lui à Bamenda en date du 28/11/2010.
* 43 Propos tenus par Lapiro
de Mbanga sur canal2 à L'émission « parole
d'homme » du 21/04/2011.
* 44 Propos de M.OSIH, l'un
des vices président du SDF, dans le messager n°3127, du 05/10/2010,
p 9.
* 45 Ces propos ont
été tenus, lors d'un entretien qu'il a accordé au journal
le messager, n°3223, du 10/10/2010, p. 8.
* 46Cité par
M.LIPSET. Op. Cit. p. 23.
* 47 op. cit., p.
479-480.
* 48 Article 79 al 1, du
code électoral Camerounais.
* 49Cité par KOUAMEN
Blaise.op. cit., p. 177.
* 50 Cette conversation eut
lieu le 16/11/2010, dans la ville de Dschang, lorsque nous nous rendions au
siège d'ELECAM.
* 51Séquence-6.,
op. cit., p. 95.
* 52M. ESSOMBA BENGONO, est
l'un des responsables du RDPC dans le Wouri, il a tenu ces propos, sur canal2
à l'émission « tous à
l'antenne », du 08/02/2011.
* 53 Analyse faite dans le
cameroon tribune n°8918/5117, du 23/08/2004, p. 11.
* 54 M.A.EDJOA, a tenu ces
propos en tant que membre de la commission départementale du RDPC pour
les inscriptions sur les listes électorales dans le Mfoundi, ceci
à l'occasion du bilan à mis parcours qu'il a ténu avec les
membres de son équipe, en date du 08/02/2011 à Yaoundé.
Voir à ce sujet le Site Cameroun-online.Com.
* 55 Cette
déclaration été faite par un enseignant de la FSJP pendant
la période où ELECAM faisait les inscriptions au
campus « A ». Ce jour là nous observions le
déroulement des inscriptions.
* 56 Ibid.
* 57 Elle est membre de
l'ONG, « more women in
politics » elle a tenue ces propos sur la
CRTV-télé au journal de 20h30min, du 08/02/2011.
* 58 D'après les
résultats du dernier recensement, in le journal le jour n°669 du
15/04/2010, p. 2.
* 59 S'il est vrai que
Douala et Yaoundé ont chacune plus d'un million d'habitants, il n'en
demeure pas moins pour les autres chefs lieux des régions. Ceux-ci
comptent chacun plus de 50 000 âmes. Cf. Le Jour n° 669 du
15/04/2010, p. 3.
* 60 Position soutenue par
le responsable communal d'ELECAM de Bafoussam 2éme, le 28/12/2010.
* 61 Information
relayée par équinoxe tv, en date du 06/11/2011(journal
télévisé de 20h00min)
* 62 Lire à ce propos
le journal le Jour n°669 du 15/04/2010, p. 3.
* 63 Information extraite du
site AFRI SCOOP.Com. Consulté le 17/06/2011.
* 64D'après les
résultats du dernier récensement 2005, publié par le
Journal le Jour, op.cit., p 2.
* 65 M.TAKOUGANG est membre
du SDF ces Propos ont été tenus lors d'un débat portant
sur « ELECAM » à l'émission
tous à l'antenne sur
canal2, le 08/02/2011.
* 66 Balla
(B), « Elections législatives et municipales de
2002 », in cameroon.info.net. Consulté le 12/06/2010.
* 67 Lire le à ce
sujet le Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit., p.
14.
* 68 Analyse faite dans le
cameroon tribune n°8918/5117, du 23/08/2004, il est enseignant de science
politique à l'université de YaoundéII-Soa p. 11.
* 69 Ces propos du
responsable de l'ONG « Horizon femme » ont
été tenus lors d'un débat portant
sur « ELECAM » à l'émission
« tous à l'antenne » sur
canal2, le 08/02/2011.
* 70 Déclaration
faite lors de notre entretien avec lui à son domicile de Bamenda, le
28/11/2010.
* 71 Daniel MBO'O, est
président du parti « des fourmis » il a
fait cette déclaration au journal, le messager n°3194 du
30/09/2010, p. 5.
* 72 Voir, la loi
n°2010/005 du 13/04/2010, modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n°2006/011 la 29/12/2006 portante création,
organisation et fonctionnement d'Elections Cameroon.
* 73 Propos tenu lors d'un
débat portant sur « ELECAM » à
l'émission « Tous à
l'antenne » sur Canal2, le 08/02/2011.
* 74 Albert NDZONGANG, est
le président du parti la « dynamique », il
a fait cette déclaration au journal, le messager n°3299 du
08/03/2011, p. 7.
* 75 Lire l'article 11 du
code électoral camerounais.
* 76 Déclaration
faite lors de l'entretien qu'il nous a accordé le 25/11/2010.
* 77Information
relayée sur la CRTV, au journal de 20h30min, le 08/02/2011.
* 78Lire à ce sujet
Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit. p. 22.
* 79 Information
relayée par équinoxe tv, en date du 06/11/2011(journal
télévisé de 20h00min)
* 80 Selon le responsable
communal d'ELECAM de Dschang.
* 81Lire à ce propos
le cameroon tribune n°8918/5117, du 23/08/2004, p. 10.
* 82Voir à ce sujet
le site
www.Septentrion.Info. Il a tenu ces
propos au mois d'Avril. Consulté le 28/06/2011.
* 83 Ibid. P. 9.
* 84 Rapport General de
l'ONEL., 2002, op. cit., p. 15.
* 85 Ibid.
* 86 A ce propos le
responsable communal d'ELECAM de Dschang, lors de notre entretien du
25/11/2010, a déclaré que : « Je suis
d'accord avec vous que notre emplacement est un peu discret, nous
négocions à cet effet un emplacement au centre
administratif ».
* 87 Rapport General de
l'ONEL., Sur le déroulement des opérations de l'élection
présidentielle, du 11/10/2004, 2004, p. 36.
* 88 Lire à ce propos
l'article 5 al 1.
* 89 Ibid. al 3.
* 90 Ibid. al 7.
* 91 Lire à ce propos
l'article 98 al 1.
* 92 Position
défendue par des Camerounais lors de la visite du chef de l'Etat en
France en 2010.
* 93 Information
relayée par la CRTV-radio, en date du 06/07/2011, au journal de 6h.
* 94 Ibid.
* 95Lire à ce propos
le Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit., p. 15.
* 96 Lire à ce sujet
le journal Le Jour, op.cit., p.
* 97 Cette
déclaration a été faite par M.FRU NDI, lors de l'entretien
que nous avons eut avec lui, à Bamenda le 28/11/2010.
* 98 Cette
déclaration a été faite sur équinoxe tv à
l'émission « la vérité en face » du
23/01/2011.
* 99 Article68 du code
électoral camerounais.
* 100Lire à ce sujet
le Rapport General de l'ONEL., 2002, op. cit., p. 14.
* 101 Le décret
n°192-092 du 15/01/1992 convoquait, le corps électoral, par
anticipation, c'est-à-dire un an avant la prochaine élection
présidentielle, puisque la dernière élection datait de
1988.
* 102 Ce fut le cas en
1992, où l'élection présidentielle avait été
anticipée, ce qui surpris plusieurs citoyens en les excluant donc du
processus électoral.
* 103Lire à ce sujet
Rapport General de l'ONEL., 2004, op. cit., p. 52.
* 104 Lire l'article 63 du
code électoral camerounais.
* 105 Cette
déclaration a été faite dans le journal le messager
n°3117 du 05/10/2010, p. 9. Avant le vote de la loi faisant passer ELECAM
à 18 membres.
* 106 Ibid.
* 107 Il l'a dit à
l'issue de l'entretien qu'il nous a accordé le 28/12/2010.
* 108 Propos tenus le
31/12/2010, après le message du chef de l'Etat, sur la CRTV.
* 109 Propos tenus à
l'issue de l'entretien avec lui le 25/11/2010.
* 110 Propos
rapporté par le responsable communal d'ELECAM de Dschang à
l'issue de l'entretien avec lui le 25/11/2010.
* 111 Lire le Rapport
Général de l'ONEL., 2002, op. cit., P. 16 et 19.
* 112 Lire le Rapport
Général de l'ONEL., 2004, op. cit., p. 42.
* 113 Ibid. p.
88.
* 114 Il s'agit de
l'article 80.
* 115 Lire à ce
sujet le Rapport General de l'ONEL., 2002, op. cit., p. 52.
* 116 Lire à ce
sujet le Rapport General de l'ONEL., 2004, op. cit., p. 42.
* 117 Ibid.
* 118 Lire à ce
sujet le journal l'action n°304, du 26/07/2002, p. 3.
* 119 Ibid. p.
81.
* 120 Lire à ce
propos le Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit., p.
53.
* 121 Lire à ce
sujet le Rapport General de l'ONEL., 2002, op. cit., p. 59.
* 122 Lire à ce
sujet le Rapport Général de l'ONEL., 2004, 2004, p. 88.
* 123 Lire à ce
sujet le Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit., p.
63.
* 124 Lire le Rapport
Général de l'ONEL., 2004, op. cit., p. 91.
* 125 Lire à ce
propos le Rapport Général de l'ONEL., 2004, op. cit., p.
87.
* 126 Voir à propos
Google consulté le 11/05/2011.
* 127 Cité par
M.Dominique DUVAL., Etudes électorales : recension des
écrits sur la participation électorale. Québec, 2005, p.
33.
* 128Cité par
M.Philippe BRAUD., Le jardin des délices démocratiques, Paris,
Presse de la Fondation Nationale de Science Politiaue, 1991, p 35.
* 129Lire à ce
propos le Cameroon Tribune n°8895/5094, du 20/07/2007, p. 9.
* 130Lire à ce sujet
le Cameroon Tribune n°5090, du 12/03/1992, p. 14.
* 131Lire à ce
propos MONGOIN, (D), op. cit., p. 8.
* 132Cité par
ANTOINE., 2001, « Le comportement électoral dans les pays
d'Erurope centrale et orientale. 2 la recherche d'un modèle
explicatif », In Cantique International, n°11, p. 55.
* 133Cité par Blaise
KOUAMEN, op. cit., p. 47.
* 134 Lire le Cameroon
Tribune n°8911/5110, du 13/08/2007.
* 135 Cette étude de
« l'Institut Futur' Afrique » a
été relayée par l'association « Projet
d'électeurs en Herbe » une
association Camerounaise dont le rôle est d'encourager les jeunes
à s'inscrire sur les listes électorale. Consulté le
08/06/2011 sur Google.
* 136 Cité par
Blaise KOUAMEN, op. cit., p. 47.
* 137 Voir à ce
propos le site www.Cameroon-online. Consulté le 08/06/2011.
* 138 Voir à ce
propos le site
www.Google-analystics.Com.
Consulté le 28/06/2011.
* 139 op. cit., p.
51.
* 140 op. cit., p.
220.
* 141Cité par
M.DELWIT, « Les élections sans électeurs, causes
et conséquences de l'abstention aux élections
Européennes ». In les cahiers du CEVIBOF, Université
Libre de Bruxelles, 1999, p. 11.
* 142Cité par Blaise
KOUAMEN., op. cit., p.54-55.
* 143 Lire à ce
sujet le journal Le Jour n°669, du 15/04/2010, p.3. Sur les
résultats le recensement de 2005.
* 144Cité par Blaise
KOUAMEN, op. cit. p. 56.
* 145Lire à ce sujet
NGWANE, G : L'opposition et leurs performances du pouvoir électoral
au Cameroun (1992-2007), http://www.gngwane.com/ Consulté le
08/06/2011.
* 146 Lire à ce
sujet séquence-6, op. cit., p. 87.
* 147 Lire à ce
sujet ENGUELEGUELE, (M) : L'explication du vote dans les systèmes
politiques en « transition » d'Afrique subsaharienne.
Eléments critiques et perspectives et développement. In
http//www//polis. Science po bordeaux.fr/vol9, p. 3.
* 148 op. cit.,
p.
* 149 Ibid.
* 150 Cité par
Blaise KOUAMEN, op. cit., p. 74-75.
* 151 Ibid.
* 152Cité par Blaise
KOUAMEN, op. cit., p. 114-115.
* 153 op. cit., p.
72.
* 154 Lire à ce
sujet le rapport général de l'ONEL., 2002, op. oit., p.
43.
* 155op. cit.. p.
11.
* 156 C'est le cas du
leader du MDR (M.DAKOLE DAISSALA), qui a tenu ces propos sur Canal2 à
l'émission « l'arène » le
15/05/2010 à 20h30min. Il faut préciser que ce responsable
politique a déjà été plusieurs ministres dans les
gouvernements de coalition, d'ailleurs sa dernière entrée dans un
gouvernement de coalition date de 2007. De plus, il n'est pas le seul
responsable politique, ayant fait partie des gouvernements de coalition au
Cameroun, celui de l'UNDP (y est encore), et de l'UPC, en ont fait partir.
* 157 Lire à ce
propos le Cameroon Tribune n°5244, du 24/10/1992, p. 9.
* 158 Ibid.
n°2751, du 24/10/1997, p 9.
* 159 Lire à ce
propos Le journal L'action, n°304, du 26/07/2002, p. 3.
* 160 Op. Cit.
* 161Cité par
M.Antoine SOCPA., 2004, Les dons dans les jeux électoraux au Cameroun,
p. 108.
* 162Cité par
M.BUIJTENHUIJS., 1994, « Les partis politiques Africains ont-ils des
projets de société ? » L'exemple du Tchad, In
Politique Africaine n°56-1994, p. 119.
* 163 op. cit., p.
7.
* 164Cité par
M.BOUTHOUL, op. cit., p. 332.
* 165 M.Maurice KAMTO,
citant la commission spéciale pour la démocratie du comité
central du Parti Démocratique Gabonais.
* 166 op. cit., p.
48.
* 167 Cité par
Blaise KOUAMEN, op. cit., p. 118.
* 168Ibid.
* 169 Cité par
M.DUVAL, op. cit., p. 46.
* 170 C'est une expression
empruntée à Pierre BOURDIEU.
* 171 Cité par
M.LIPSET, op. cit., p. 4.
* 172 Lire à ce
propos séquence-6, op. cit., p. 90.
* 173 op. cit., p. 5.
* 174 op. cit., p. 38.
* 175 Cette
déclaration a été faite par Magloire ONDOA, enseignant de
droit à l'université de Yaoundé II-Soa, lors du cours
magistral de droit électoral que nous avons eu avec lui en Janvier 2011
à l'université de Dschang.
* 176Lire à ce
propos Cameroon Tribune n° 2751, p. 6.
* 177 Document
consulté sur Google le 11/05/2011.
* 178 Lire à ce
propos Cameroon Tribune n°5090 du, 12/03/1992, p. 14.
* 179 Lire à ce
propos séquence-6, op. cit., p. 87.
* 180 Lire à ce
propos le Jeune Afrique n°1627 du, 12/03 au 18/03/1992, p. 18.
* 181Luc SINDJOUN
Cité par MACHIKOU, N., « Les régimes de la pacification
parlementaire au Cameroun », In Polis/RCSP/CPSR.Vol. 16, n°1 et
2, 2009, p. 85.
* 182Cité par HOLO,
T : Les défis de l'alternance démocratique en
Afrique ». p.2. Consulté sur Google le 08/06/2011.
* 183 Cité par
M.BOUTHOUL, op. cit., p. 19.
* 184 Extrait du discours
du chef de l'Etat prononcé à l'ouverture de la campagne
électorale pour les élections législatives du 22/07/2007,
sur la CRTV.
* 185Cité par
JAUME., « La représentation : une fiction
malmenée », In pouvoirs, Revue Française d'Etudes
Constitutionnelles et Politiques, n° 120-2007, p. 14.
* 186Cité par
M.LIPSET, op. cit., p. 240.
* 187Cité par HOLO,
T. op. cit., p. 4.
* 188 Cité par M.
DUVAL, op. cit., p. 75.
* 189 Voir à ce
sujet le site
www.Camer.Be , conulté le
08/06/2011.
* 190Cité par M.
HASTING, M., Aborder la Science Politique, Paris, Seuil, 1996, p. 63.
* 191Cité par HOLO,
T. op. cit., p. 2
* 192Cette position est
soutenue par M.SCHUMPETER, cité par HOLO, T. op. cit.. p. 2
* 193Il a tenu ces propos
en tant que président de la commission départementale du RDPC
pour les inscriptions sur les listes électorales dans le Mfoundi, ceci
à l'occasion du bilan à mis parcours qu'il a ténu avec les
membres de son équipe, en date du 08/02/2011 à Yaoundé.
C'est par ailleurs le délégué de la Communauté
Urbaine de la ville de Yaoundé. Voir à ce sujet le Site
Cameroun-online.Com.
* 194Il a tenu ces propos
lors d'une campagne d'intensification des inscriptions sur les listes
électorales oragnisée par le RDPC, dont il est le
président de la commission départementale pour les inscriptions
sur les listes électorales dans la Lékié en date du
24/03/2011. Il est par ailleurs ministre des rélations
extérieures. Voir à ce sujet le site ww. Camer.Be, en date du
07/07/2011.
* 195 Propos tenus par un
responsable du RDPC lors d'un débat organisé sur Stv2 en date du
12/07/2011, à l'émission « Cartes sur
table ».
* 196Il a tenu ces propos
en tant que membre de la commission départementale du RDPC pour les
inscriptions sur les listes électorales dans le Mfoundi à
l'occasion du bilan à mis parcours qu'il a ténu avec les membres
de son équipe en date du 08/02/2011 à Yaoundé. C'est un
ancien ministre des sports. Voir à ce sujet le Site
Cameroun-online.Com.
* 197 Lire à ce
sujet le journal Le Jour n°669 du 15/04/2011, p. 2.
* 198 M. Alain FOGUE TEDOM
a tenu ces propos sur Equinoxe-tv à l'émission
« La vérité en
face » du 23/01/2011.
* 199 Lire à ce
propos séquence-6. op. cit., p. 88.
* 200 Elle a tenu ces
propos sur Equinoxe-tv en date du 16/07/2011 à l'émission
« La grande Tribune ».
* 201Cité par
MONGOIN, D. op. cit., p. 2.
* 202 Cette banderole a
été déployée dans l'arrondissement de FOKOUE au
mois de novembre 2010.
* 203 Rapport
Général de l'ONEL., 2002, op.cit., p. 14.
* 204 Rapport
Général de l'ONEL., 2004, op.cit., p. 36.
* 205 Le président
d'ELECAM a tenu ces propos sur Canal2 à l'émission
« Parole d'homme » en date du
29/07/2010.
* 206 Cameroon Tribune
n°8911/5110, du 13/08/2007.
* 207 Lire à ce
sujet Le Messager n° 3212 du 26/10/2010, p. 4.
* 208 M.J-J EKINDI, est le
président du mouvement progressiste(MP), et député, il a
fait cette déclaration sur la CRTV-télé, le 31/12/2010,
après le discours du chef de l'Etat dans lequel il réaffirmait sa
confiance à ELECAM et invitait de facto les citoyens à
s'inscrire.
* 209 Mme KAH WALLA est une
ancienne responsable du SDF, elle est désormais à la tête
de son propre parti, tandis que M. H. KAMGA, est membre de la
société civile, coordonateur
de « l'offre orange » dont
l'objectif est de constituer une alternative pour les partis politiques. Ces
deux personnalités ont soutenu ces positions sur Canal2 sur
l'émission « Tous à
l'antenne ».
* 210 M. TITI NWEL, est
directeur de la commission citoyenne indépendante qui assiste les
citoyens dans le processus d'inscription sur les listes électorales et
au retrait de leurs cartes d'électeurs et est depuis le 07/07/2011, l'un
des 18 membres d'ELECAM. Il a soutenu cette position dans le journal Le
Messager, n°3220, du 05/11/2010, p. 6-7.
* 211 M. MBOUA MASSOCK est
leader d'un parti politique, et est souvent considéré comme le
père des villes mortes où il y a joué un rôle
déterminant, il a fait cette déclaration sur Equinoxe-tv au
journal de 20h, du 16/08/2010.
* 212Confère les
propos de M.Henri EYEBE AYISSI lorsqu'il
déclare : « ...A condition que nous soyons
sûrs qu'ils vont voter Paul BIYA ».
* 213 M.ONDOA, a
expliqué cette position lors du cours magistral de
« droit électoral » que nous avons
eu avec lui au mois de février 2011.
* 214 Cameroon Tribune
n° 9756/5957 du 03/01/2011, p. 2.
* 215 M. P. ZAMBO, est
responsable politique il a fait cette déclaration, sur Canal2 à
l'émission « Tous à
l'antenne » du 08/02/2011.
* 216 Le Messager n°
3200 du 08/10/2010, p. 3.
* 217 Cette position des
églises a été diffusée sur les chaînes de
télévisions du pays, comme Stv2 en date du 26/07/2011 à
l'émission « Cartes sur table ».
* 218 Il s'agit des propos
de M. Guy PENNE, cité par M.OWONA NGUINI.
* 219 Cameroon Tribune
n°8892/5091, du 17/07/2007, p. 9.
* 220Ibid.
n°5090 du 12/03/1992, p. 12.
* 221 Ibid.
n°5244 du 24/10/1992, p. 7.
* 222Ibid.
n°6462 du 24/10/1997, p. 10.
* 223 Voir à ce
propos le site
www.Elecam.Cm, consulté le
30/06/2011.
* 224 Ibid.
n°8892/5091, du 17/07/2007, p. 9.
* 225 Extrait du discours
du chef de l'Etat prononcé à l'ouverture de la campagne
électorale pour les élections législatives du 22/07/2007,
sur la CRTV.
* 226 Cameroon Tribune
n°8894/5093, du 19/07/2007, p. 7.
* 227 Ce sont les
stratégies misent en oeuvre par les responsables ELECAM de la MENOUA et
principalement de DSCHANG. C'est à l'issue de l'entretien avec le
responsable communal d'ELECAM-DSCHANG en date du 25/11/2010.
* 228 Cette
déclaration à été faite par le responsable d'ELECAM
de NANGA-EBOKO, à Equinoxe-tv, le 06/11/2010, au journal de 20h.
* 229 C'est à
l'occasion de l'entretien (le 25/11/2010) que nous avons eu avec ce responsable
qu'il nous a fait part de cette situation.
* 230 Voir à ce
sujet le site
www.Camernews.Cm. Consulté le
27/06/2011.
* 231 Voir à ce
propos le Site du RDPC, www.rdpc.cm, consulté le 30/06/2011.
* 232 Ibid.
* 233 Information
relayée par CRTV-Ouest, en date du 08/07/2010, au journal de 18h.
* 234 Il est le
Sécrétaire Général RDPC, ces propos ont
été relayé dans Google analystic.Com, consulté le
29/06/2011.
* 235 Voir à ce
propos le site
www.Cameroon Obosso.net. Consulté le
28/06/2011.
* 236 Il é
ténu ces propos lors d'une « réunion
d'évaluation à mis parcours » des inscriptions sur
les listes électorales au palais des congrès de Yaoundé le
10/02/2011, avec les membres des comités régionaux,
départementaux et communaux des inscriptions sur les listes
électorales. Voir le site Google-Analystics.Com, consulté le
28/06/2011.
* 237Il est
décédé quelque temps après avoir tenus ces propos,
au moment où il les tenait il était député RDPC et
présidait le comité régional de l'EST pour les
inscriptions sur les listes électorales au courant du mois de novembre
de 2011. Consulté sur le site de
www.Cameroon.online.Cm, le
27/06/2011.
* 238 Rapport
Général de l'ONEL, 2002, op. cit., p. 15.
* 239 Cette information a
été relayée par la CRTV-télé, en date du
16/12/2010, dans le quotidien des régions.
* 240Propos tenus par le
responsable ELECAM de la région de l'ouest.
* 241 Rapport
Général de l'ONEL, 2004, Op.Cit, p. 90.
* 242 Cameroon tribune
n°8895/5094 du 20/07/2007 p. 7.
* 243 Ibid. p.
5.
* 244 Rapport
Général de l'ONEL, 2004, Op. cit., p. 42.
* 245 Cameroon Tribune
n° 8918/5117, du 23/08/2004, p. 10.
* 246 Ibid.
* 247 op. cit.,
* 248 Information
relayée par le poste national de la CRTV en date du 22/05/2011, au
journal de 13h.
* 249 Voir à ce
sujet le site
www.Camer.Be.Cm, consulté le
07/07/2011.
* 250 Lire à ce sujet
Cameroun-Info.net, consulté le 27/07/2011. Propos tenus par la
Rédaction de Cameroon-Info.Net
* 251Voir à ce
propos le site
www.Cameroon-Online.Cm.
Consulté le 30/06/2011.
* 252 Il est le
président de l'OJRDPC de la Mifi-centre dans la région de
l'Ouest, il a ténu ces propos le 24/06/2011. Voir le site
www.Cameroon-Online.Cm, le
consulté le 11/07/2011.
* 253 Cette information a
été relayée par la CRTV-télé, en date du
05/12/2010 au journal de 20h 30min.
* 254 Voir à ce
propos le site
www.Scores2000.Info. Consulté
le 30/06/2011.
* 255 Cette
stratégie a été développée par un
responsable de « Horizon femme », sur
Canal2 à l'émission « Tous à
l'antenne » du 08/02/2011.
* 256 Cette
opération a été organisée dans cette
localité le 29/04/2011, selon les informations diffuséespar le
poste national de la CRTV, en date du 29/04/2011.
* 257Information
diffusée par Canal2, sur l'émission «La revue de
Presse », du 07/07/2011, à 7h30min.
* 258Cité par la
rédaction de Cameroun-Info.net, consulté le 27/07/2011.
* 259Le
« CODE », est une organisation des camerounais de la
diaspora. Il a tenu ces propos le 13/07/2011, à la rédaction de
Cameroun-Info.net, consulté le 27/07/2011.
* 260 Cameroon Tribune
n°8892/5091, du 17/07/2007, p. 9.
* 261 La loi
n°2010/005 du 13/04/2010, modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n°2006/011 du 29/12/2006, portant création,
organisation et fonctionnement d'ELECAM.
* 262 Voir à ce
propos le site
www.rdpc.Cm. Consulté le 30/06/2011.
* 263Ce décret a
été publié par le Cameroon Tribune du 18/10/2010, p. 3.
* 264 Loi
n°884/PJL/AN, modifiant et complétant certaines dispositions de la
loi n°2006/011 du 29/12/2006, portant création, organisation et
fonctionnement d' « ELECTIONS CAMEROON »(ELECAM).
* 265 Cameroon Tribune
n°9883/6084, du vendredi 08/07/2011, p. 2.
* 266 C'est en
réalité de la position de M.OWONA NGUINI Eric Marthias, qui
d'après certaines informations auraient réfusé la
proposition qui lui aurait été faite en vu de sa nommination
comme membre du conseil d'ELECAM. Il a ténu ces propos par sur Canal2
à l'émission « Canal Presse » en
date du 10/07/2011.
* 267 Ces propos ont
été rélayés par le site www. Camer.be.cm, à
l'insu d'un entrentien qu'il a accordé à Pierre-Patrick Mouandjo,
le 16/07/2011, consulté le 27/07/2011.
* 268Cette position du SDF est
le résultat de l'assemblée générale du
« national executive council » tenue du 06 au 07/08/2011
à Bamenda. Elle a été diffusée par les
médias camerounais comme Equinoxe-tv le 07/08/2011 au journal
télévisée.
* 269 Il s'agit de
l'article 123 du code pénal Camerounais qui puni d'emprisonnement de 3
mois à 2 ans, et d'une amende de 10000 à 100000fcfa, ou l'une de
ces deux peines seulement celui qui, par voies de fait ou menace d'un dommage
particulier quelconque...L'électeur à s'abstenir.
* 270 Voir à ce
propos le site
www.Cam.Be. Consulté le 28/06/2011.
* 271 op. cit., p.5
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