2.4. Exportations et importations
Le Rwanda, étant un pays à économie
ouverte, entretient des relations commerciales avec d'autres pays, qui sont
selon le cas, demandeurs ou offreurs des biens et services. Le Rwanda joue donc
les deux rôles dans ses transactions internationales : il offre des biens
et services produits localement (café, thé, minerais, peaux,
quinquina, électricité, etc.), ce sont les exportations ; et il
achète des biens et services produits à l'étranger (biens
d'équipements, produits énergétiques et autres biens de
consommation), ce sont les importations.
Commerce extérieur (en million de
$US)135
Années
|
90
|
19
|
98
|
19
|
99
|
19
|
000
|
2
|
Exportations, fob136 (total)
|
|
10
|
|
64
|
|
62
|
|
6
|
|
3,0
|
|
,1
|
|
,0
|
|
6,2
|
|
Café
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
65
|
|
28
|
|
26
|
|
2
|
Thé
|
,7
|
|
,1
|
|
,5
|
|
2,5
|
|
Autres
|
|
21
|
|
22
|
|
17
|
|
2
|
|
,0
|
|
,9
|
|
,5
|
|
4,3
|
|
135 Cf. MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION ECONOMIQUE,
Le Rwanda en Chiffres, Edition 2001, p. 26.
136 FOB (Free On Board), méthode de comptabilisation qui
consiste à retenir la valeur du produit sans inclure les coüts de
transport et d'assurance sur le trajet international.
|
,3
|
16
|
,1
|
13
|
,0
|
18
|
9,4
|
1
|
Importations, caf 137 (total)
|
|
31
|
|
29
|
|
25
|
|
2
|
|
5,1
|
|
7,9
|
|
7,2
|
|
65,9
|
|
Biens durables (équipement)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
58
|
|
60
|
|
44
|
|
3
|
Biens intermédiaires ( approvisionnement)
|
,4
|
|
,2
|
|
,8
|
|
0,8
|
|
Produits énergétiques
|
|
96
|
|
65
|
|
38
|
|
4
|
Biens de consommation
|
,8
|
|
,7
|
|
,8
|
|
0,3
|
|
Autres ajustements
|
|
44
|
|
39
|
|
38
|
|
5
|
|
,7
|
|
,1
|
|
,4
|
|
4,0
|
|
|
|
79
|
|
13
|
|
13
|
|
1
|
|
,2
|
|
2,9
|
|
5,2
|
|
27,8
|
|
|
|
36
|
|
-
|
|
-
|
|
1
|
|
,0
|
|
|
|
|
|
3,0
|
|
Sources : Banque Nationale du Rwanda et Ministère des
Finances et de la Planification économique
Une analyse des rubriques de la balance des
paiements138 reportées ci-dessus, révèle un
déséquilibre entre les exportations et les importations
nationales, du même type que celui que nous avons constaté au
niveau du budget national. En d'autres termes, on pourrait dire que le Rwanda
consomme plus qu'il ne produit, qu'il achète plus qu'il ne vend. Pour
effectuer les importations, le gouvernement doit recourir à l'aide
extérieure et aux prêts, qui viennent par la suite gonfler la
dette extérieure. Cette situation montre encore
137 CAF (Coüt, Assurance, Fret), méthode de
comptabilité qui consiste à retenir leur valeur à
l'entrée ou à la sortie du territoire en incluant le coüt de
transport et d'assurance.
138 document comptable où sont enregistrés
systématiquement l'ensemble des flux réels, monétaires et
financiers correspondant aux échanges commerciaux entre les
résidents et les non-résidents d'un pays pour une période
donnée
davantage la dépendance financière du Rwanda par
rapport aux bailleurs de fonds extérieurs, comme nous le constations
déjà précédemment.
Années
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
|
980
|
|
990
|
|
995
|
|
998
|
|
999
|
|
Dette extérieure totale (en millions de $US)
|
|
1
|
|
6
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
|
89,8
|
|
75,3
|
|
066,8
|
|
222,1
|
|
201,0
|
|
Source : Banque Africaine de Développement
(BAD)
2.4.1. Les exportations
Du côté des exportations, source d'entrées
et de revenus, nous constations, déjà précédemment,
qu'ils reposent essentiellement sur le secteur primaire, en particulier sur la
production du café et du thé. Nous l'avions déjà
relevé au niveau microéconomique et nous savons quel impact
l'épidémie du VIH/SIDA a sur ce secteur en termes de pertes
d'agriculteurs et de productivité, ainsi que tous les autres coüts
et effets collatéraux. Nous ne reviendrons pas sur cela. Seulement, nous
voulons faire remarquer que, étant donné l'impact du VIH/SIDA sur
le secteur primaire, sur lequel repose toute l'économie du pays et qui
emploie plus de 90% de la population active, les exportations sont davantage
menacées de diminuer avec l'expansion de la pandémie du VIH/SIDA.
La diminution des exportations augmenterait encore plus le
déséquilibre de la balance des paiements en
détériorant davantage les termes de
l'échange140, et le Rwanda deviendrait davantage
dépendant des capitaux extérieurs et donc moins maître de
ses décisions de politique macroéconomique.
L'expansion du VIH/SIDA dans les zones rurales, où sont
produits l'essentiel des biens et services destinés à
l'exportation, menace aussi la qualité de la production avec la perte
des agriculteurs compétents. Le Rwanda risque ainsi de perdre aussi son
avantage comparatif dans la production du thé et du café,
principales sources de revenues. Comme la
139 BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT (BAD), Rapport sur le
Développement en Afrique 2001. Renforcement de la bonne gouvernance en
Afrique, Economica, Paris 2001, p. 261.
140 Les termes de l'échange indiquent les conditions
économiques de l'échange ; appliqué à
l'étude du commerce international, il indique les conditions dans
lesquelles un pays échange ses importations contre ses exportations.
production de ces deux cultures est essentiellement
destinée au marché extérieur où règne une
grande concurrence, il est crucial de pouvoir maintenir la qualité des
produits pour pouvoir rester sur le marché. Vu que c'est grace à
cet export du thé et du café que le pays peut obtenir des devises
et effectuer l'importation des inputs, machines et biens manufacturés
dont il a besoin141, le Rwanda a donc tout intérêt
à veiller à la qualité de sa production, surtout que les
prix sont fixés selon les critères des pays demandeurs, qui sont
pour la plupart des pays à revenus élevés. Par exemple,
les trois grands importateurs de café sont l'Union Européenne,
les Etats-Unis d'Amérique et le Japon, qui à eux seuls consomment
environ 70% de l'offre mondiale142. La demande dépend donc
essentiellement de ces pays qui font varier les prix comme ils veulent, sans
souvent tenir compte des producteurs locaux ; d'ailleurs ces derniers n'ont pas
beaucoup à négocier car ces biens produits sont facilement
substituables et ne peuvent faire l'objet d'une consommation importante au
niveau local. Avec l'expansion du VIH/SIDA et ses conséquences sur la
quantité et la qualité de la production de ces cultures
d'exportations, particulièrement le thé et le café, le
Rwanda risque de se voir obliger de quitter le marché international car
il ne sera plus compétitif et ne pourra plus soutenir la concurrence du
côté de l'offre.
Nous estimons donc que la lutte contre le SIDA devrait faire
partie des mesures destinées à soutenir l'export dont
dépend l'entrée des devises. Il faudra inclure ce programme au
niveau du secteur primaire d'où proviennent ces cultures et penser aussi
de manière parallèle à la diversification de la production
nationale, vu surtout la grande fluctuation des marchés de ces cultures
d'exportations comme le café et le thé. Avec la diversification
des exportations, il faudrait aussi envisager une industrialisation progressive
du secteur primaire qui pourrait augmenter la valeur ajoutée des
différents biens exportés et les rendre plus compétitifs
sur les marchés internationaux. Et afin que ces investissements soient
efficaces, il faudrait veiller à les rendre efficients à travers
la prévention et la lutte contre la progression du VIH/SIDA.
|
|