3.1.2.3. Description du milieu humain
On recense environ 100 villages pour 600 000 habitants (Bene
Bene, 2006) environ autour du parc dont 09 dans les ZIC 1 et 4, ceci explique
diverses sollicitations des ressources
des Aires Protégées. Selon Donfack et al.,
(1999), la population de cette zone est formée principalement de
trois groupes ethniques:
Les Dourous originaires des collines qui y sont installés
depuis 40 à 60 ans et qui représentent la population autochtone
des villages riverain du parc.
Les migrants venus du Tchad depuis 1977 qui
représentent le second groupe, ils se trouvent dans la partie Nord du
parc. La présence du barrage de Lagdo a entraîné des
modifications avec installation des nombreux pêcheurs étrangers
(tchadiens et nigérians).
Depuis 1987, les migrations en provenance de la région
de l'Extrême Nord sont organisées par le projet Sud Est
Bénoué (SEB) et Nord Est Bénoué (NEB) et ont
favorisé l'installation du troisième groupe. La densité
d'occupation est faible et concentrée en bordure du parc dans les
villages que sont Gamba, Sakje, Doudja, Mbaou, Banda etc.
3.1.2.4. Historique et statut juridique
L'histoire du Parc National de la Bénoué
commence à l'époque précoloniale. Pendant cette
période, le Lamido de Rey-Bouba utilisait cette zone comme son domaine
privé de chasse. Sous l'impulsion de l'administrateur colonial Pierre
Flizot par ailleurs inspecteur colonial de chasse, une partie de ce domaine a
été classée "réserve de la faune de la
Bénoué" suivant l'arrêté N° 341/32 du 11
novembre 1932 du haut commissaire de la république française au
Cameroun. Plus tard en 1968, ce dernier sera érigé en "Parc
National de la Bénoué" par l'arrêté no 120/SEDR du
05 décembre 1968, qui lui accorde ainsi une protection intégrale
sur sa superficie. Depuis 1981, le PNB est inscrit par l'UNESCO dans la liste
des réserves de la Biosphère en raison de la présence
humaine autour du parc. Les ZICs 1 et 4 comme toutes les autres ZIC de la
région ont été créées par
l'arrêté N° 86/SEDR/DEFC du 21 octobre 1969 et par
l'arrête no 0580/A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 août 1998, leurs
limites géographiques ont étés fixées (Tsakem,
2006).
3.1.2 .5. Activités socio-économiques
1' Agriculture
Elle est la base de l'économie de la région et
occupe 60% de la population (Endamana, 2006). Dans la zone, elle est
pratiquée par toutes les couches sociales. Les principales cultures par
ordre d'importance sont: l'igname (Dioscorea dumetum), qui en plus de
son importance économique permet une récolte durant 08 mois; le
maïs (Zea mays), qui a double intérêt tant
alimentaire que économique; le mil (Sorghum spp)
quant à lui c'est la culture de tradition et ne peut être
remplacée.
Le coton ( Gossypium hirsitum) et l'arachide
(Arachis hypogea) sont les cultures de rente qui produisent un grand
revenu monétaire.
Le système de production principal autour du PNB est
basé sur la rotation culturale.
v' Elevage
L'élevage est l'une des principales activités de
la zone et constitue une des sources de revenus de cette population.
Près de 30% (Endamana, 2006) de la population pratique cette
activité. On distingue deux types d'élevage: l'élevage
sédentaire et l'élevage de transhumance. L'élevage
sédentaire est marginal. Cette pratique est juste limitée
à quelques moutons, chèvres, volailles, bovins ; L'élevage
transhumant est important. Les éleveurs transhumants empruntent des
chemins réguliers, contribuant à la dégradation de la
végétation à l'extérieur des zones
protégées par la suite cette dégradation constitue un des
motifs de pénétration des zones interdites.
v' Pêche
Dans la partie de la Bénoué longeant l'Est du
PNB, toute autre forme de pêche en dehors de la pêche sportive est
interdite. La grande activité de pêche se trouve au niveau de la
retenue de Lagdo où on dénombre environ 3000 pêcheurs
d'origines diverses. La production y est d'environ 1000 tonnes/an (Endamana,
2006) et les poissons péchés sont commercialisés à
80% sous forme fumée et à 20% sous forme fraîche. La
pêche au lancer en épervier des poissons est la technique la plus
utilisée dans le PNB (Ousmanou Moussa, 2007). Selon Endamana (2006), on
note une baisse de plus de 50% de la production du poisson. Certains produits
toxiques sont employés par les pêcheurs pour arriver à leur
fin et en conséquence en sont une menace réelle pour le potentiel
ichtyologique de la Bénoué.
v' Chasse
Cette activité se pratique sous deux formes :
La chasse sportive: cette chasse est pratiquée dans les
ZIC sur la base des plans de tir. C'est un sport assujetti à l'obtention
d'un permis de chasse sportif moyennant le paiement des droits et taxes
d'abattage correspondant à la catégorie de chasse
sollicitée. Le permis de chasse sportif est subdivisé en trois
catégories correspondantes à trois catégories de chasse
(petite, moyenne et grande). Le guide de chasse exploite la zone qui lui est
affermée pour un
contrat de 5 ans renouvelable mais il doit au préalable
s'acquitter de droit d'affermage (WWF, 1998).
La chasse illégale: elle est pratiquée par la
population riveraine et par les chasseurs venant de Ngaoundéré
elle est le plus souvent une chasse de subsistance et commerciale. Il convient
de noter que la seconde forme prend des dimensions énormes et constitue
une menace grave pour la faune (Djingui, 2001).
1' Exploitation du miel
C'est une activité génératrice de revenu
pour les populations riveraines au PNB, mais l'intensification de cette
activité constitue une menace pour la végétation et par
ricochet l'habitat de la faune, étant donné que les arbres sont
abattus afin d'en extraire le miel (Djingui, 2001).
1' Orpaillage
Le PNB et sa zone périphérique sont
situés dans un site où le sous sol est assez riche et en or
alluvionnaire. Ainsi le parc et les ZICs sont souvent envahis à la
recherche du métal précieux. Cette activité
effectuée le long de la Bénoué et de certains Mayos, a
lieu pendant la saison de pluie de façon prohibée. Selon MINEF
(2005), C'est une autre forme de menace pour la faune sauvage car il conduit au
déséquilibre environnemental.
|