I.2.8.2.3. Les medias
Selon le dictionnaire LAROUSSE, le media désigne la
technique de diffusion de masse de l'information (radio,
télévision, presse écrite, publicité, etc.)
constituant à la fois un moyen d'expression et un d'intermédiaire
transmettant un message à l'intention d'un groupe (LAROUSSE,
1989 :204).
La radiodiffusion sonore et la télévision qui,
avec la presse écrite, les livres et le cinéma, constituent les
moyens de grande information, et sont devenus un facteur essentiel de la vie
moderne. Ces moyens d'information (journaux et radiodiffusion), sont totalement
tributaires des télécommunications, les premiers pour le
rassemblement rapide des informations à publier et la seconde parce
qu'elle est le support même de l'information.
10 La presse écrite
L'histoire nous apprend que le congrès de Berlin de
1885 assura le partage de l'Afrique entre trois grandes
puissances coloniales déjà établies (Angleterre, France,
Portugal) aux quelles s'ajoutèrent les belges et les allemands. Avant
cette date, au Rwanda comme partout en Afrique, la transmission de
l'information se faisait d'une façon traditionnelle. On ne pouvait se
transmettre l'information ou le message que de bouche à oreille ou
à l'aide de quelques instruments à percussion. Ce moyen
était imposé en raison d'une population totalement
analphabète. Il persista alors jusqu'au moment ou le missionnaire
évangélisateur introduisit l'alphabet, ce qui a permis une
ouverture d'esprit de la masse la masse paysanne à d'autres valeurs
socioculturelles. Vu l'effectif allemand qui était insignifiant pour
justifier la création d'un journal propre, ce fut un défit
même dans un pays tout entier de civilisation orale où il n'y
avait nul autre lecteur même potentiel.
A l'occupation belge peut avant l'indépendance, grand
nombre de journaux furent crées notamment : Temps nouveaux
d'Afrique (1954) qui traitait les nouvelles de la région
environnant le Rwanda, le Burundi et l'Est du Congo-Belge ; le petit
journal des enfants «Hobe» vit le jour en 1955
sous l'initiative de Mgr BIGIRUMWAMI devançant ainsi «Imvaho»
l'ainé de la presse publique qui débuta en 1960 (BART,
1982 :123).
2° La radio
La radio est le premier media dans l'histoire capable
d'atteindre en directe une audience aussi dispersée et nombreuse. Ni la
presse, ni le cinéma ne sont des medias de diffusion capable de devancer
la radio. Le direct remplace le différé, l'immortalité des
ondes marque sa puissance comparée à la matérialité
du papier journal ou à celle de la salle cinéma.
C'est seulement pendant la première guerre mondiale que
la radio entre dans l'histoire en tant que media. En Novembre 1917, une radio
annonce depuis le croiseur Aurore que le soviet de Petrograd prend la
tète de la résistance au gouvernement légal. En battant la
presse sur son propre terrain, la radio s'illustre là où personne
ne l'attendit par sa faculté d'être dans plusieurs lieux à
la fois. Ne devait-elle pas seulement permettre à des militaires
engagés dans le conflit de s'échanger des messages à
l'abri des oreilles indiscrètes ?
La radio s'impose entre 1918 et 1925. Au
téléphone, elle emprunte une omniprésence parfaite. Les
messages sont reçus à l'instant même où ils sont
émis, sans aucun délai. Outre, ces derniers atteignent
simultanément tous les membres d'une population dispersée qu'ils
se trouvent chez eux ou ailleurs, qu'ils soient seuls ou rassemblés.
Enfin, la radio remplit une fonction intermédiaire entre
l'édition, la poste ou la téléphone d'un
côté : elle produit des messages qu'elle offre à un
public libre de recevoir ou pas, de l'autre côté : elle donne
à tous, à tout instant, la possibilité de se mettre sur la
même longueur d'ondes (TUDESQ, A-J, 1999 :53).
C'est la radio, qui, depuis sa naissance, a tracé le
chemin aux deux grands medias du 20è siècle, la
télévision et les multimédias. Marshall Mc Luhan
cité par Francis Balle, soulignait en 1964, dans son oeuvre
«Pour comprendre les médias», les atouts
particuliers de la radio : «Elle touche les gens dans leur
intimité. C'est une relation de personne à personne qui ouvre
tout un monde de communication tacite entre l'auteur (speaker) et l'auditeur.
C'est là, le côté direct de la radio (...), des profondeurs
subliminales de la radio surgit l'écho résonnant des trompes
tribales et des tambours antique». La radio offre la
possibilité à certaines communautés ou certaines
«tribus» sociales de s'affirmer, de s'afficher,
voire de prendre conscience de leur propre existence. Aujourd'hui, le
numérique permet à la radio de poursuivre sa progression dans la
vie des audiences particulières. Chemin faisant, le média se
banalise par l'usage de l'usure (BALLE, F, 2000 :32).
3° La télévision
Le mot télévision a existé avant la chose
qu'il caractérise. Utilisé pour la première fois à
l'occasion de l'exposition universelle de Paris, il désigne d'abord la
transmission à distance d'images animées et sonorisées. La
découverte de cette technique remonte à 1923.
Entre 1950 et 2000, l'aventure de la télévision
est mêlée aux progrès de la technique et à tous les
combats pour la liberté. En 1960, John F. Kennedy est élu
président des Etats-Unis. Absolu ou presque, les journalistes attribuent
son élection à ses prestations télévisées.
Désormais, la télévision est censée
déterminer les élections, les publicités marketing, faire
et défaire les réputations voire, même assurer la
cohésion sociale.
A moins d'une décennie de sa mise au point, la
télévision est devenue un «mass
média». Curiosité technique avant 1950, elle a
conquis le plus grand nombre sur les brisées de ses devanciers qui sont
la presse, le cinéma et la radio. Elle leur impose ses règles
dans le domaine de l'information, du divertissement et de l'animation.
Aucun média avant la télévision n'avait
inspiré autant de craintes. Jean CASENEUVE cité par Francis BALLE
répertorie ses sept sujets d'interrogations qui sont aux yeux de nos
contemporains, des motifs d'inculpations : son indépendance
relative, son goût pour le spectacle, sa démagogie, son appel
à l'émotion, son mépris pour la culture, ses multiples
violences à la vie privée et ses préférences pour
le divertissement (BALLE, F, 2000 142).
I.2.9. Les critiques africaines
face à la communication moderne
L'informatique se présente comme une possibilité
historique pour nos pays, de relever tous les défis du sous
développement : retard technique, blocage mental, non
compétitivité, etc. Une telle possibilité peut-elle
être saisie dans la concertation et la coopération des Etats sans
renoncement à des souverainetés nationales ?
A ceux qui choisissent l'informatique pour conjurer cette
menace, ont dit quelquefois : « Et si l'informatique
n'était qu'un remède d'une efficacité momentanée,
une recette de sorcier en mal d'exportation, n'est-ce pas un risque
dangereux ?».
Si les responsables nationaux des pays africains
perçoivent concrètement l'utilité des mass-médias
et particulièrement la radio, l'Internet et la télévision,
ils ne précisent pas toujours clairement la place et le rôle que
ces moyens de communication de masse doivent jouer dans la mise en oeuvre de
leur politique de développement culturel, social et économique.
C'est l'UNESCO qui nous rappelle que « la
télévision, la radio, le film, les cassettes et tout l'attirail
des nouveautés techniques ne sont que des outils et, de ce fait, ne
valent que par la façon dont l'homme saura les utiliser.
La télématique ne va contribuer qu'à
isoler un peu plus l'individu. Enfermé au bureau puis dans son
appartement, l'être humains sera relié au monde par des boutons et
le monde lui apparaîtra sur des écrans. Peut-être l'homme du
21è siècle perdra-t-il l'usage de la
parole ? Le téléphone en rendant la communication facile et
rapide, l'a, simultanément, rendue superficielle. La
télévision, en pénétrant dans les foyers,
uniformise les loisirs, standardise l'individu en récepteur passif et
tue l'échange (MINEPRISEC, 1987 :32).
Une des racines du mal dans la société que
traverse le monde actuel, c'est le manque de communication. Dans une
société hiérarchisée où l'individu n'est
qu'un rouage du système, le courant ne passe plus entre les rouages, et
la machine se détraque. La télématique c'est le
progrès de la technologie, non le progrès de l'homme, non la
progression vers un plus grand épanouissement. Il semble que nous avons
encore besoin de quelques leçons.
Il importe toute fois de noter que les techniques modernes ont
rendu plus complexes les moyens par lesquels les individus et les groupes
échangent d'informations entre eux, c'est pourquoi la manière de
communiquer devient importante, c'est de ce fait que au plan de l'information,
les pays africains doivent chercher des nouvelles formes d'organisation et de
communication pour maintenir l'équilibre socioculturel et la
cohésion nationale et quelque soient les perfectionnements qui puissent
être apportés aux systèmes mondiaux de
télécommunications, le progrès de l'avenir ne pourra
jamais être comparable a celui du récent passé (MINEPRSEC,
1987 :32).
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