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Accords de partenariat économique et système agricole centrafricain

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par Hermas Guy Socrate Dieu Béni DJAMAWA ENDJIKPENO
Université de Bangui République Centrafricaine - Maà®trise 2009
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE BANGUI REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

************* ***********

Unité - Dignité - Travail

***********

2.1.1.1.1.

FACULTE DE DROIT ET DES

SCIENCES ECONOMIQUES

*****************

DEPARTEMENT DES SCIENCES

ECONOMIQUES

**************

BP : 927 Bangui (RCA)

Tel : (236) 21 61 20 00

E-mail : ub_dse@yahoo.fr

ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE

ET SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

Erreur! Signet non défini.

MEMOIRE DE MAITRISE ES SCIENCES ECONOMIQUES

OPTION : ECONOMIE RURALE

PRESENTE ET SOUTENU PAR : SOUS LA DIRECTION SCIENTIFIQUE DE :

Hermas Guy Socrate Dieu Béni- Dr Dominique Malo Maître de conférences

Djamawa Endjikpéno Médayo à la Faculté de Droit et des Sciences

Oyoka Economiques

Année Académique: 2007-2008

Sommaire

 
 

Dédicace ........................................................................

I

Remerciements......................................................

II

Sigles et abréviations ......................................

III

Listes des tableaux et figures ......................................

IV

Résumé .................................................................

V

Introduction générale .......................................................

1

CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE

7

Introduction ............................................................

8

Section 1 : Les fondements historiques des Accords de Partenariat Economique

9

Section 2 : Les nouvelles relations de partenariat entre les pays ACP et l'UE ......................................................

17

Conclusion partielle ............................................................

30

CHAPITRE II : LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

31

Introduction...........................................................................

32

Section I : Le système de production agricole centrafricain

33

Section II : Le système de culture centrafricaine .......

40

Section III : compétitivité des produits agricoles d'exportation

46

Conclusion partielle

55

CHAPITRE III : PERSPECTIVES DE MISE EN OEUVRE DES APE ET IMPACTS SUR LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

56

Introduction ...........................................................

57

Section I : Evaluation des impacts des APE sue le système agricole

58

Section II : Proposition des mesures d'adaptation au système agricole

77

Conclusion partielle ..................................................

83

Conclusion générale .................................................

84

Bibliographie .........................................................

86

Table des matières .................................................

87

I

Dédicace

Je dédie ce modeste travail à :

Ma mère Hélène Djamawa : que DIEU lui accorde la longévité ;

Ma grand-mère Catherine Eurokomeu Waya : paix à son âme ;

Ma bien aimée tante Berthe léandji : paix à son âme ;

Mon grand frère Bertrand Djamawa : paix à son âme.

Qui ont consenti des efforts et sacrifices considérables pour

Mon éducation et mes études.

II

Remerciements

Nous remercions très sincèrement notre directeur de mémoire, Dr Dominique Malo Maître de conférences à l'Université de Bangui, pour sa disponibilité à nous diriger depuis le début jusqu'à la fin de ce travail scientifique ; que Dieu l'assiste dans son travail et lui accorde promotion et longévité.

Nos remerciements vont également à l'endroit du Dr Emmanuel Mbétid-Bessane, Maître Assistant à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques et Chercheur au Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique qui nous a assisté et soutenu dans ce travail.

Nous remercions tout le corps professoral du département des Sciences Economiques qui de par leur compétence nous ont très bien encadré durant notre cursus universitaire.

Nous sommes aussi très reconnaissant envers tous ceux et toutes celles qui nous ont aidé et soutenu moralement, matériellement ou financièrement durant notre étude et dans la réalisation de ce travail. Nous voulons citer ici : Unnel Bongo abbé Manéngou Ignace, abbé Serge Bangui, abbé Rawago Jonas, père Martin,

Que notre mère Hélène Djamawa et sa soeur Berthe Léandji trouvent ici l'expression de nos sincères gratitudes pour tous les efforts consentis pour notre étude et de nous avoir donner le goût de l'étude et les bonnes bases de l'éducation.

Nos sincères reconnaissances à tous nos parents : Mme Eliane Yassigoussou, abbé Djamawa Roger, Djamawa-Komanda Saint Cyr, Djamawa Guy Robin, Capitaine Djamawa Aymar, Djamawa Clara , Djamawa Francia Yassi Josepha... de nous avoir assisté moralement, spirituellement et materiellement dans la réalisation de ce travail.

Nous ne pouvons pas aussi perdre de vue tous nos amis jécistes ainsi que tous nos collègues du département des Sciences économiques avec qui nous avons passé ensemble des moments de joie durant notre cursus universitaire à savoir : Naïnangué St Clair, Mbolissa Guy Florent, Karol, Boin Lydia, Marie-Michelle Bissakonou, Reine, Donatien Régonéndji, Tata Flotine, Flavien Foulou, Ouaté St Cyr, God given, Charly, Junior singa, Mbao Nadia, Afegbou Marlyse, Sanghama Bertrand, Ouakoua Mireille, Bélédet Cyrille, Godéténdji Boris, Valery Tomy, Yagbaféndo Valérie, Gbakos Gerville, Nixon Grégbéndé. Josky kotondji, Pounékouzou Vivien, Diégo Saturnin, Rafaï Roseline, Walidou Fouad, Yakota Yvon, Olivier Pakossi, Téré Charlemagne, Ghislain Unnel Bongo,... Que tous nos collègues et amis qui ne sont pas ici cités dans ce document fassent aussi l'objet de notre reconnaissance.

III

SIGLES ET ABREVIETIONS

SIGLES

LIBELLES

ACP

Pays d'Afrique des Caraïbes et du Pacifique

APE

Accords de Partenariat Economique

APER

Accords de Partenariat Economique Régional

ALE

Accord de Libre Echange

CEE

Communauté Economique Européenne

CEEAC

Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale

CEMAC

Communauté Economique et monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

CETAC

Compagnie d'Exploitation de Tabac Centrafricain

DEES

Direction des Etudes Economiques et Statistiques

FIDA

Fonds International de Développement Agricole

FED

Fonds Européen de Développement

GATT ou AGTC

General Agreement on Tariffs and Trade (Accord Général sur les Tarifs et le Commerce)

NPF

Nation la plus favorisée

OMC

Organisation Mondiale du Commerciale

ORCCPA

Office de Réglementation du Contrôle et Conditionnent des Produits Agricoles

PPTE

Pays Pauvres Très Endettés

PMA

Pays moins avancés

PTOM

Pays et Territoires d'Outre Mer

SOCACIG

Société Centrafricaine des Cigarettes

SOCADETEX

Société Centrafricaine de Développement du Textile

STABEX

Système de Stabilisation des Recettes d'Exportation

SPNR

Système de Préférence Non Réciproque

SPR

Système de préférence réciproque

SPG

Système des Préférences Généralisé

SPS

Mesure Sanitaires et Phytosanitaires

SYSMIN

Système de Stabilisation des Recettes des Produits Minerais

SUCAF

Sucre Afrique

TSA

Programme Tout Sauf Les Armes

UE

Union Européenne

ZLE

Zone de Libre Echange

IV

RESUME

Le point de départ de notre étude débute avec l'analyse des relations de partenariat entre les pays ACP et l'UE. Pour rappel, ces relations avaient été commencées très précisément avec les conventions de Yaoundé en 1963, puis celles de Lomé (1975 à 2000) pour déboucher enfin sur les accords de Cotonou qui cherchent à instaurer le libre échange dans les relations commerciales ACP-UE à travers les nouveaux accords de partenariat dits « Accords de Partenariat Economique » qui ont pour objectif la libéralisation des échanges entre les pays ACP et l'UE.

A titre de rappel, il convient de préciser que les problématiques qui ont abouti à la négociation des nouveaux accords de partenariat entre les pays ACP et l'UE ont pris naissance sur le fait que les principes de base des accords de partenariat précédemment conclus entre ces deux groupes régionaux (conventions de Lomé) ne sont pas compatibles avec les règles de l'OMC qui est l'organisme international qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Cette situation, selon l'Union Européenne doit nécessairement faire l'objet d'une révision des termes des accords de partenariat. En effet, les conventions de Lomé avaient été conclues dès l'origine dans l'objectif de favoriser le développement économique des pays ACP par le biais de la diversification de leurs produits d'exportation, de l'augmentation de leurs flux commerciaux et de la promotion de leurs échanges extérieurs. C'est donc pour atteindre ces objectifs que les conventions de Lomé accordaient aux pays ACP des régimes des préférences commerciales non réciproques selon lesquelles presque la quasi-totalité des exportations de ces derniers doivent entrer en franchise de droit de douane sur les marchés de l'UE.

Le régime des préférences commerciales non réciproque accordé aux pays ACP analysé dans le contexte de l'accord de Cotonou est incompatible au principe de non réciprocité de l'OMC qui stipule que deux Etats signataires d'un accord de partenariat doivent nécessairement libéraliser leurs échanges. Ainsi, pour respect de ce principe, l'Union Européenne envisage désormais le remplacement des régimes de préférence commercial non réciproque par un régime de préférence commercial réciproque caractérisé notamment par l'insertion du libre échange dans les relations commerciales ACP-UE.

C'est donc précisément da ns ce contexte que notre présente étude cherche à évaluer les impacts de cette perspective de la libéralisation des échanges sur le système agricole des pays ACP et notamment sur celui de la RCA.

Pour faire cette évaluation nous avons été conduit tout d'abord à faire le diagnostic du système agricole centrafricain en vue notamment d'analyser son degré de compétitivité dans la perspective de la libéralisation, ensuite nous avons été amène aussi à mesurer les impacts de la libéralisation des échanges sur le système agricole centrafricain ; ceci, dans un souci de connaître très précisément les enjeux et les opportunités de cette libéralisation sur le système agricole centrafricain.

A la suite de nos divers travaux de recherche en vue de mesurer les impacts de cette libéralisation, il convient donc de préciser qu'il ressort des principaux résultats du diagnostic que nous avons fait que le système agricole centrafricain n'est pas un système compétitif ; ceci, du fait notamment que le pays continue depuis lors à utiliser comme principaux moyens de production des outils traditionnels, archaïques et rudimentaires comme : la houe, la daba, les machettes... qui ne peuvent accroître sensiblement le rendement agricole. De même, le système des cultures reste lui aussi un système extensif traditionnel et la plupart des cultures ne sont même pas diversifiés ; ceci a donc fait que les quantités des produits agricoles d'exportation restent depuis toujours insuffisantes pour répondre à la demande des marchés extérieurs. Malgré cette situation, il faut aussi savoir que les quelques produits d'exportation agricoles centrafricains sont vendus à l'extérieur à l'état brut. Toutes ces situations dont nous venons respectivement d'évoquer ici constituent donc les principaux facteurs de l'affaiblissement de la compétitivité du système agricole centrafricain : la RCA n'est donc pas compétitive pour faire face à une libéralisation des échanges.

Si malgré cette situation, la RCA accepte la libéralisation avec l'UE, les résultats de nos travaux de recherche en ce qui concerne l'analyse des impacts de cette libéralisation nous révèlent très concrètement que l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains va certainement favoriser le système de production agricole par la baisse du prix de revient des intrants importés ; mais elle affaiblira progressivement le système de culture ainsi que le secteur agroalimentaire. En effet au terme de notre analyse et à la suite des tests que nous avons fait sur les variables du secteur agricole et agroalimentaire centrafricain nous avons pu constater qu'avec la libéralisation des échanges centrafricains, le chiffre d'affaire total des entreprises du secteur agroalimentaire passera de 25612,9 millions de FCFA à 9655,26 millions de FCFA soit une baisse sensible de 62,30% cela veut dire très concrètement que si la RCA libéralise ses échanges avec l'UE, les entreprises du secteur agroalimentaire vont perdre 62,30% de leurs chiffre d'affaire. De même, le nombre des employés de ce secteur va diminuer très sensiblement, passant de 1141 personnes de l'état initial à 199,15 personnes dans la situation de la libéralisation ; cette situation nous montre très concrètement que 83,25% des personnels du secteur agroalimentaire vont perdre leur emploi. L'effectif total des employés du secteur agricole va connaître lui aussi une réduction considérable. Cela passera en effet de 85% de la population active à 76,05% soit 10,53% des cultivateurs centrafricains vont donc abandonner le secteur agricole lorsque les Accords de Partenariat Economique seront instaurées en RCA.

Le bilan de toutes les évaluations des impacts de la libéralisation des échanges par l'entremise des APE nous présente globalement des résultats négatifs pour le système agricole centrafricain. Ainsi pour inverser ces tendances négatives : raison d'être de notre travail, nous avons donc proposé plusieurs mesures d'adaptation au système agricole centrafricain. Ces mesures ont été formulées suivant les propositions-ci après :

· Renforcer le capital humain au niveau du système de culture ;

· Renforcer l'usage des facteurs, outils et techniques modernes de production agricole au niveau du système de production agricole ;

· Diversifier les productions agricoles d'exportation et envisager dans le court terme l'exportation des produits manufacturiers ;

· Orienter progressivement la plupart des exportations centrafricaines sur les produits manufacturiers ;

· Réorienter la politique économique et commerciale centrafricaine sur une politique d'offre et non de demande ;

· Retarder la libéralisation des échanges en de consolider d'abord les structures économiques et agricoles de base.

Ainsi, ces mesures d'adaptation permettront donc à la République Centrafricaine de minimiser les effets négatifs des APE sur son système agricole et de maximiser leurs impacts positifs sur l'ensemble du système économique.

Listes des tableaux et graphiques

Tableaux

libellés

pages

1

Différence de PNB entre l'UE et les pays ACP

18

2

Principaux produits d'exportation des pays ACP

19

3

Importation de l'UE (en milliards d'euro, prix courant)

19

4

Evolution des transferts de la dotation du Stabex en RCA

21

5

Part de chaque produit de base centrafricain couvert part le Stabex

22

6

Variation des recettes d'exportation des produits de base centrafricaine couverte par le Stabex (1975-1990)

23

7

Evolution de quelques agrégats du secteur forêt en RCA

28

9

Evolution de dépenses d'investissement de l'Etat : 2004-2007

28

10

Etats des secteurs de production centrafricain : 1994-2000

33

11

Production vivrière : réalisation 2005-08 (en milliers de tonne)

33

12

Production de coton (en tonne) : réalisation 2004-2007

35

13

Production de tabac, compagne de 2001-2003

35

14

Production et vente du bois centrafricain 2005-2007

38

15

Exportation du café centrafricain : réalisation 2005-2007

38

16

Evolution des exportations du coton 2005-2007

39

17

Production et vente du tabac centrafricain : réalisation 2001-2003

39

18

Evolution des exportations des produits primaires centrafricaine

40

19

Destinations géographiques des exportations des produits agricoles centrafricains

41

20

Principaux produits agricoles exportés par la RCA dans la CEMAC

42

21

Balance commerciale (en milliards de FCFA) : 2003-2004

42

22

Principaux produits alimentaires importés par la RCA dans la CEMAC

43

23

Evolution de principales productions des différentes cultures

44

24

Taux de protection nominal selon les catégories des produits

48

25

Projection des effectifs du cheptel jusqu'en 2010

52

26

Evolution de la production du sucre

54

27

Productions et ventes de l'huile de palme centrafricain

55

28

Sens de l'impact des APE sur le système agricole

56

29

Sens de l'impact des APE sur l'élevage

57

30

Sens de l'impact des APE sur le secteur agroalimentaire

57

31

Analyse synthétique des APE sur le secteur agricole centrafricain

58

32

Impacts des APE sur les prix des produits alimentaires substituables

59

33

Impacts des APE sur les prix des produits alimentaires non substituables

60

34

Impacts des APE sur le niveau de l'emploi dans le système agricole

61

35

Impacts des APE sur le secteur agroalimentaire en général

62

36

Avantages des produits agricoles centrafricains sur les marchés extérieurs

66

37

Proposition du calendrier de démantèlement de droit de douane centrafricain

68

Graphique1

Consommation d'engrais par pays (kg/ha)

30

 

INTRODUCTION GENERALE

Contexte de l'étude

Les accords de partenariat économique (APE) constituent le point d'aboutissement d'un long processus qui puise son origine dans l'accord de Cotonou signé le 23 juin 2000 entre l'Union Européenne (UE) et le groupe des Etats d'Afrique de Caraïbe et du Pacifique (ACP).1(*)

Pour rappel, l'accord de Cotonou succède aux conventions de Lomé qui avaient débuté en 1975. Ces dernières avaient été conclues après les deux autres conventions de Yaoundé signées respectivement en 1963 et 1969 dans le cadre de la coopération au développement.

A l'origine, ces accords de coopération avaient été conclus dans l'objectif de réduire la pauvreté dans les pays ACP et de favoriser en même temps leur développement économique par la promotion du développement de leurs produits primaires, de la diversification de leur production agricole d'exportation et de l'augmentation de leurs flux commerciaux.

Pour atteindre ces objectifs, des régimes de préférences commerciales non réciproques ont été accordés aux pays ACP. Selon ces régimes, les produits primaires des pays ACP vont avoir un libre accès sur les marchés européens tandis que les importations en provenance de l'UE vont subir des droits de douanes à leur entrée sur les territoires des pays ACP.

Après 25 années de relation de coopération (1975-2000), les résultats escomptés en terme de développement des pays ACP inscrits dans les objectifs de ces accords de coopération n'ont pas été atteints, et pire encore les pays ACP restent de plus en plus marginalisés dans les échanges commerciaux ; en effet, la part de leurs produits primaires dans les importations de l'UE s'est considérablement dégradée passant respectivement de 8% à 3% entre 1975 à 20012(*). De plus, le nombre des produits agricoles d'exportation des pays ACP ne cesse aussi d'être réduit malgré les préférences non réciproques qui leurs ont été accordées. Par ailleurs ces préférences, selon l'accord de Cotonou, ne sont pas compatibles avec les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

L'OMC est en effet le seul organisme international qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Les principes de base de l'OMC qui inspirent le commerce au niveau mondial sont :

· La libéralisation du commerce : cela a pour but de supprimer progressivement et par voie de négociation les obstacles au commerce ;

· La non discrimination dans les échanges : Selon ce principe, aucun pays ne devrait établir de discrimination entre les partenaires commerciaux qui

devraient tous de manière générale obtenir le « statut de la nation la plus favorisée (NPF) », ni entre ses propres produits, services et ressortissants, d'une part, les produits, services et ressortissants étrangers, d'autre part (qui doivent bénéficier du « traitement national »).

· Prévisibilités : les sociétés, investisseurs et gouvernements étrangers devraient avoir l'assurance que les obstacles au commerce (y compris les droits de douane, les obstacles non tarifaires et d'autres mesures) ne seraient pas appliqués de façon arbitraire ;

· La promotion de la concurrence : il s'agit de décourager les pratiques « déloyales » comme l'octroi des subventions à l'exportation et les ventes des produits à des prix de « Dumping » c'est-à-dire des prix inférieurs au coût de production en vue d'avoir les parts du marché.

Dans ce contexte, les clauses de l'OMC disposent en ce qui concerne les relations de partenariat que désormais deux Etats signataires d'un accord de partenariat doivent nécessairement libéraliser leurs échanges. C'est donc précisément dans cet esprit que le volet commercial de l'accord de Cotonou cherche à remplacer le système des préférences non réciproque accordé aux pays ACP par un système des préférences réciproques compatibles aux règles de l'OMC ayant pour objectif la libéralisation des échanges entre les pays ACP et l'UE.

Justification et intérêt du thème

Notre sujet d'étude ainsi libellé n'est pas dépourvu d'intérêt qui trouve fondamentalement sa justification et sa raison d'être dans les principes fondamentaux des nouveaux accords de partenariats entre les pays ACP et l'Union Européenne. En effet, la principale préoccupation qui justifie le choix de notre thème d'étude porte essentiellement sur deux aspects fondamentaux des accords de partenariat économique (APE).

· Le premier aspect porte plus particulièrement sur la thèse de la libéralisation des échanges commerciaux entre l'UE et les pays ACP caractérisée par l'insertion de la réciprocité dans les relations commerciales entre les pays ACP et l'Union Européenne.

· Le second aspect concerne plus précisément le démantèlement des droits de douane des pays ACP qui a été inscrit dans les APE et caractérisé par l'établissement des zones de libre échange (ZLE) entre ACP et l'UE.

Ces deux aspects que nous venons ici d'évoquer peuvent engendrer d'une part une concurrence directe entre l'UE et les pays ACP et d'autre part, ils peuvent aussi occasionner des énormes pertes fiscales dans ces pays ; ceci, notamment du fait que la plupart des recettes fiscales des pays ACP est constituée des recettes douanières et les importations des produits de l'UE représentent selon la Banque Mondiale plus de 40% des importations totales de l'Afrique Subsaharienne3(*).

L'intérêt principal du choix du secteur agricole comme champ de notre étude résulte notamment du fait que presque dans tous les pays ACP en général, l'agriculture demeure encore l'activité économique la plus importante à promouvoir pour assurer le développement économique. En effet, les exportations de la plupart des produits des pays ACP restent encore concentrées sur les produits agricoles. Ainsi, dans des pareilles situations, la libéralisation des échanges va certainement susciter une concurrence entre les produits agricoles des agriculteurs européens à ceux des agriculteurs des pays ACP.

Problématique

A première vue, la libéralisation inscrite dans les nouveaux accords de partenariat ACP-UE (les APE) provoquera certainement une rude concurrence entre les agriculteurs européens qui sont mieux équipés et bien subventionnés contre les agriculteurs des pays ACP mal outillés et sans subventions. Cette concurrence, ramenée dans le contexte centrafricain, constitue donc une préoccupation majeure en ce qui concerne ses impacts sur l'agriculture qui est le principal moteur de l'économie centrafricaine : elle représente en effet 55% du PIB et occupe 85% de la population active4(*). Cette préoccupation nous amène ainsi a posé cette question fondamentale à savoir :

Quels peuvent être les impacts des Accords de Partenariat Economique sur le système agricole centrafricain ?

De cette question fondamentale, nous cherchons aussi à savoir si l'agriculture centrafricaine peut réellement affronter le nouvel environnement concurrentiel qui sera suscité par les APE; ou encore, quels risques ou opportunités les APE représentent-ils pour l'agriculture centrafricaine.

Répondre à toutes ces interrogations nous conduit donc à fixer l'objectif général de notre étude qui va donc nous guider tout au long cette analyse en vue d'atteindre la cible de notre travail c'est-à-dire ce à quoi doivent aboutir les résultats de notre recherche. Cet objectif général sera ensuite suivi de trois autres objectifs spécifiques qui vont donc nous permettre de mieux cerner et orienter notre analyse.

Objectif général

L'objectif principal de ce présent travail est d'analyser plus précisément les impacts des Accords de Partenariat Economique sur le système agricole centrafricain. Pour faire cette analyse, nous avons structuré notre travail en trois autres objectifs spécifiques qui nous amènent à :

· Faire un diagnostic général du système agricole centrafricain ; puis à

· Evaluer les impacts des APE sur ce système agricole ; et enfin à

· Proposer des mesures d'adaptation à ce système pour le rendre compétitif.

A ces objectifs spécifiques, nous avons aussi formulé des hypothèses de travail qui doivent nous permettre de bien orienter le sens de nos recherches et de nos analyses.

Hypothèse du travail

Comme nous l'avions déjà mentionné ci haut, la libéralisation des échanges a pour corollaire la concurrence directe entre les produits agricoles de l'UE et ceux des pays ACP. Il convient donc de noter dans le contexte centrafricain que :

- L'agriculture centrafricaine, compte tenu de ses spécificités, ne serait pas compétitive à toute concurrence extérieure des produits agricoles lorsqu'elle aura libéralisé ses échanges avec l'Union Européenne ;

- L'insertion des APE dans les échanges centrafricains pourrait aussi générer des impacts à la fois positifs et négatifs sur son système agricole.

Méthodologie de travail

Pour réaliser ce travail scientifique, nous avons utilisé plusieurs approches dont les principales sont :

· Recherches documentaires dans les bibliothèques de la place : Université de Bangui ; Médiathèque de l'alliance française ; centre de documentation de La CEMAC et de la BEAC, Centre Catholique Universitaire.

· Recherche dans les ministères tels que : Ministère du plan de l'économie et de la coopération internationale ; ministère du commerce et de la promotion du secteur privé ; Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural.

· Entretiens avec le responsable de la francophonie au niveau du Ministère des affaires étrangères, entretien avec le représentant de l'Union Européenne en RCA, entretiens avec plusieurs enseignants de l'Université de Bangui.

Canevas du travail

Pour atteindre l'objectif que nous avons fixé au terme de notre étude, nous avons donc structuré notre travail en trois chapitres :

- Le premier nous présente l'approche théorique des Accords de Partenariat Economique : il analyse les aspects historiques qui fondent les APE et nous donne ainsi un aperçu général sur ces nouveaux accords ;

- Le deuxième chapitre fait le diagnostic du système agricole centrafricain en analysant respectivement le degré de la compétitivité du système de production, du système de culture ainsi que des produits agricoles d'exportation.

- Le dernier chapitre évalue les impacts des APE sur le système agricole centrafricain et propose à ce système plusieurs mesures d'adaptation en vue d'être compétitif dans un système concurrentiel.

CHAPITRE I

APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE

Les nouveaux accords de partenariat ACP-UE qui avaient été signés le 23 juin 2000 à Cotonou au Bénin ouvrent une nouvelle ère de coopération entre l'Union Européenne (U.E) et les pays d'Afrique de caraïbe et du pacifique (ACP).

Du point de vue historique, ces accords de partenariat ont puisé leur origine dans les relations de Coopération entre l'Union Européenne (U.E) et les pays ACP qui remontaient bien avant les indépendances. Elles ont en effet débuté très précisément à la naissance de l'Europe en tant qu'entité régionale organisée.

Dans un souci de clarté et pour une meilleure compréhension de notre présent sujet, relater l'évolution historique de ces accords de partenariat qui pourraient aussi aboutir à une conclusion des Accords de Partenariat Economique est donc très indispensable. Ceci nous amène donc à faire dans ce présent chapitre une analyse rétrospective des anciens accords de partenariat ACP-UE, en présentant respectivement leurs résultats ainsi que leurs limites en terme de développement des pays ACP, puis à analyser par la suite les nouveaux accords de partenariat économique qui constituent une nouvelle approche dans coopération entre ACP-UE.

SECTION I LES FONDEMENTS HISTORIQUES DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE (APE)

Historiquement, les APE trouvent leurs fondements dans les conventions de Lomé signées en 1975 dans le cadre de relation de coopération entre l'Union Européenne et les pays ACP. Ces relations de coopération ont été inspirées à l'origine par la déclaration de Schuman5(*) qui en 1950 disait : « l'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles : le développement du continent Africain ». C'est donc précisément dans cet esprit que le traité de Rome signé en 1957 Prévoyait la création de l'association des pays et territoires d'outre mer (PTOM) qui marque ainsi les débuts de la relation de partenariat ACP-UE.

1.1. Les premiers accords de partenariat entre l'Union Européenne et les pays ACP.

Ces premiers accords de partenariat entre l'UE et les pays ACP ont débuté très précisément avec les conventions de Yaoundé en 1963 pour prendre fin à la quatrième convention de Lomé en 2000. Nous présenterons dans les lignes qui suivent les contextes dans lesquels ces accords ont été signés, puis nous indiquerons aussi les politiques de développement poursuivis par ces accords.

1.1.1 Les conventions de Yaoundé

Dans le cadre d'une vision euro africaine antérieure aux indépendances, l'association des pays et territoires d'outre mer (PTOM) voit le jour avec le traité de Rome en 1957. Une fois la colonisation terminée, l'accession à l'indépendance des pays et territoires d'outre mer a entraîné la négociation de leurs relations avec la Communauté Economique Européenne (CEE) notamment dans le domaine de la Coopération économique, scientifique et culturelle sur des bases contractuelles. Cette coopération s'est enrichie depuis 1957 tant au niveau de son champ d'application que de son étendu géographique. C'est donc précisément dans ce contexte que fut signée le 02 juillet 1963 la première convention de Yaoundé dans laquelle une aide financière et commerciale a été prévues pour les anciennes colonies des pays de la CEE. Cette convention fut renouvelée pour une seconde fois en 1969 et met en place un régime de non réciprocité dans les relations commerciales ACP-UE ; et prévoit aussi un traitement préférentiel pour les produits originaires des pays ACP.

Selon le régime de non réciprocité, les produits d'origine des pays et territoires d'outre mer vont avoir un libre accès sur le marché de l'Union Européenne, tandis que ceux de l'Union Européenne vont subir un droit de douane à leur entrée sur les marchés des pays ACP ; ceci en vue notamment d'éviter des éventuelles possibilités de concurrence entre ces deux régions et de favoriser en même temps le développement des exportations des produits primaires des pays ACP.

Ces deux conventions de Yaoundé marquent donc les débuts du partenariat entre la CEE et ses anciennes colonies.

1.1.2. Les conventions de Lomé de 1975 à 2000

L'échec des résultats escomptés au terme de développement inscrit dans les premiers accords susmentionnés, la crise des années 70 ajoutée aussi à la baisse des cours des matières premières réclament ainsi un nouvel ordre économique. Ce dernier cherche notamment à revoir les termes de l'accord de partenariat entre la CEE et ses anciennes colonies en vue d'orienter désormais la coopération vers le développement des ex pays colonisés. Cette situation débouche donc à la signature de la première convention de Lomé en 1975 qui a été élargie aussi aux pays liés à la grande Bretagne au sein du Commonwealth et à certains pays hors du Commonwealth formant ainsi le groupe des pays d'Afrique de Caraïbe et du Pacifique (ACP) qui a été institutionnalisé officiellement par l'accord de Georgetown dans la même année de la signature de la première convention de Lomé.

L'accord de Georgetown représente la charte fondamentale du groupe des pays ACP. Il édicte les règles de la coopération et gère en même temps le partage de l'aide à la coopération.

En 1976, année de l'entrée en vigueur de la première convention de Lomé, l'accord de Georgetown a pris à ce moment une nouvelle dénomination officielle de «  l'accord de partenariat ACP-UE » qui va désormais régir les règles de base de partenariat. Les principaux objectifs de base du groupe ACP se résument comme suit :

· Développer la coopération entre les Etats ACP dans le domaine du commerce ;

· Favoriser l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale ;

· Coordonner les activités du groupe ACP dans le cadre de mise en oeuvre de partenariat ACP-CEE.

Ces objectifs ont été accompagnés aussi par la mise place d'une politique commerciale reposant sur trois principes fondamentaux à savoir :

· Le libre accès au marché communautaire des produits en provenance des pays ACP : cela suppose en effet que les produits originaires des pays ACP accèderont au marché de la Communauté Economique Européenne en exemption des droits de douane, et sans qu'on leur applique aussi des restrictions quantitatives ou toute autre mesure d'effet équivalent ;

· Le principe de non réciprocité des obligations commerciales des pays ACP. Ce principe accorde des préférences non réciproques aux pays ACP : Les préférences non réciproques sont en effet un régime commercial selon lequel les produits des pays ACP doivent avoir accès aux marchés de la CEE en franchise de droits de douane tandis que les importations des produits de la CEE vers les pays ACP doivent subir un droit de douane à leur entrée sur les marchés des pays ACP ;

· La promotion du commerce entre les pays ACP et l'UE.

Au total, l'objectif central de la convention de Lomé I est donc de favoriser le développement des pays ACP par la promotion de leurs échanges commerciaux des produits primaires, ceci, du fait notamment de leur dépendance vis-à-vis de ces produits ; en effet, il faut noter que pour la plupart des pays ACP les recettes des exportations de leurs produits primaires constituent leurs principales sources de financement c'est pourquoi pour stabiliser ces recettes qui ne cessent de subir des fluctuations des cours mondiaux, la convention de Lomé I met en place un système de stabilisation des recettes d'exportation des produits primaires des pays ACP (STABEX) dont l'objet principal est de compenser les déficits des recettes d'exportation de ces pays dans les rapports commerciaux qui provoquent souvent la baisse de leurs revenus et de leurs pouvoirs d'achat dont les conséquences à long terme pouvant compromettre les possibilités de leur développement.

Le fonctionnement du Stabex repose sur les principes et mécanismes des financements compensatoires. Le système du financement compensatoire repose sur le fait que pour stabiliser les recettes d'exportation des pays ACP, il n'est pas nécessaire d'intervenir sur les marchés des produits de base mais il s'agit plutôt d'agir sur l'amplitude de fluctuation par un transfert de fonds par une agence internationale. Pour ce fait, des retraits seraient donc effectués dans des périodes où les recettes d'exportation seraient inférieures à une moyenne établie, et des dépôts (ou remboursement) dans des périodes où les recettes seraient supérieures à cette moyenne. Ainsi, à chaque fois que les recettes des exportations d'un pays ACP tomberont au dessous de la moyenne de base retenue, l'organisme de compensation tenterait de compenser le déficit.

Pour qu'il y'ait perte ou déficit à l'exportation, il faut comparer la moyenne des recettes provenant des exportations au cours des quatre années précédentes (niveau de référence) à la recette effective de l'année d'application. De même, pour qu'une perte puisse être reconnue, il faut que la valeur des exportations des produits agricoles atteigne le seuil de dépendance qui est la moyenne minimum retenue des recettes des exportations au cours des quatre années précédentes ; cette moyenne sert donc d'un indicateur pour les recettes d'exportation des produits agricoles des pays ACP.

Cinq années après Lomé I, en 1980, voit le jour Lomé II. Cette dernière consolide les acquis de Lomé I et crée pour sa part un autre nouveau mécanisme compensatoire semblable au Stabex mais qui concerne uniquement les produits miniers. Ce mécanisme dénommé système de stabilisation des recettes des produits miniers (SYSMIN) a été mis sur pied en vue de soutenir les recettes d'exportation des produits miniers. Ainsi, en cas de fluctuation des revenus tirés de la vente des produits miniers, les pays dépendants de ces produits ont donc accès à des prêts permettant de soutenir la production. Ces produits miniers sont : cuivre, bauxite, cobalts, phosphate, manganèse, étain, uranium, minerais de fer ...

Après Lomé II, fut Lomé III en 1985 qui modifiait l'orientation de l'accord, abandonnant ainsi la promotion du développement commercial pour celle d'un développement autonome fondé sur l'autosuffisance et la sécurité alimentaire. Par ailleurs, un appui à l'ajustement a été mis en place pour mettre terme à la crise économique et promouvoir en même temps le développement dans ces pays.

Cinq ans après Lomé III fut instituée Lomé IV en 1990 pour une période de 10 ans avec une révision à mi-parcours qui consacrera la naissance de Lomé IV bis en 1995. Cette convention établit une articulation entre développement et Droit de l'Homme et renforce l'appui à l'ajustement structurel. Elle a par ailleurs introduit des conditionnalités et des sanctions dans les termes de la coopération. Ainsi, désormais, la violation des principes démocratiques, Droit de l'Homme et Etat de droit peut entraîner la suspension partielle ou totale de la coopération, notamment l'aide au développement. Cette convention a aussi mis l'accent sur la nécessité pour des pays ACP de s'insérer dans l'économie mondiale.

Au total, il convient de rappeler que les conventions de Lomé, tout au début, ont été instituées dans l'esprit de favoriser le développement des pays ACP via la vente de leurs produits primaires. Ces conventions ont aussi d'autres particularités qui consistent notamment à intégrer plusieurs autres formes de relations à savoir :

· Une relation commerciale fondée sur l'établissement d'accords préférentiels non réciproques et discriminatoires, à laquelle est associée ;

· Une politique d'aide et

· Un montage institutionnel.

Plusieurs observateurs ont même trouvé dans ces conventions les fondements d'une véritable culture basée sur le partenariat et un régionalisme Nord- Sud.

Après 25 années de relation de partenariat dans le cadre de ces conventions, l'évaluation des résultats en termes de développement produit par ces accords ont donc suscité plusieurs réflexions et interrogations telles que :

· Quel bilan peut-on esquisser de ces différents accords en terme de développement des pays ACP ?

· Quelle est l'efficacité de l'aide prévue par ces accords dans le cadre du Fonds Européens de Développement (FED) qui doit appuyer financièrement le développement des pays ACP ?

· Quelle cohérence existe-t-il entre les diverses politiques d'aide au développement ?

· Comment envisager une nouvelle convention qui doit tenir compte des enseignements précédents et des nouveaux enjeux internationaux ?

En guise de tentative de réponse à ces interrogations, nous essayerons de faire d'une manière générale le bilan des premières relations de partenariat entre l'UE et les pays ACP pour voir très concrètement leur contribution en matière de développement des pays ACP et d'analyser par après les possibilités des nouvelles relations de partenariat entre ces deux groupes.

1.2. Bilan des premières relations de partenariat depuis 1975 à 2000

L'évolution des résultats des premières relations de partenariat entre ACP et l'UE nous amène ainsi à orienter notre présente analyse à trois niveaux :

1) Le partenariat ACP-UE : un modèle de coopération Nord / Sud.

Nous pouvons dire que les accords de partenariat ACP-UE constituent un modèle de coopération internationale plus étendue. En effet, il n'existe aucun autre équivalent d'un partenariat Nord/Sud entre un ensemble géographique aussi vaste : d'un côté, les 15 membres de l'Union Européenne constituent une grande puissance mondiale et de l'autre les 77 pays ACP (48 en Afrique subsaharienne, 14 du pacifique et 15 de caraïbe), l'ensemble représentant donc la moitié des Etats de la planète.

2) Quelques succès individuels réalisés par certains pays ACP

Bien que la plupart des pays ACP n'ont pas tirer profit des opportunités qui leurs ont été accordées par ces premières conventions de partenariat, il convient toutefois de noter que certains d'entre eux ont aussi réalisé grâce aux préférences non réciproques accordées par les conventions de Lomé, quelques succès. Ces derniers ont été en effet réalisés dans le cadre :

· Du protocole viande bovine qui est bénéfique seulement aux îles Caraïbe et la côte d'Ivoire ;

· Du protocole sucre qui à favoriser aussi le développement des pays du Pacifique et l'île Maurice ;

· Du développement de l'industrie textile qui a favorisé l'Ile Maurice et le Cameroun.

Mais d'une manière générale, ces premières relations de partenariat n'ont même pas permis depuis lors le décollage économique des pays ACP ni favoriser la diversification des produits de leurs exportations. Ceci nous amène donc à douter de leur efficacité commerciale et de leur politique de développement des pays ACP.

3) Les résultats décevants des accords de partenariat ACP-UE de 1975 à 2000.

Si nous faisons une analyse de l'évolution du commerce extérieur des pays ACP sous l'angle de leur part du marché (notamment sur le marché de l'Union Européenne) et sous celui de la structure de leurs exportations, nous pouvons voir que ces pays n'ont presque pas considérablement tiré profit de leur relation avec l'Union Européenne ; en effet, plusieurs faits dans les lignes qui suivent peuvent en expliquer cette situation.

Tout d'abord il convient de noter que la part des produits agricoles des pays ACP sur le marché européen ne cesse de décroître constamment ; elle a été passée en effet de 7% entre 1955/1976 à 3% entre 2000/2005.6(*) Cette chute provoque ainsi une baisse des exportations des produits agricoles des pays ACP  qui pourra aussi entraver leur stratégie de développement qui est beaucoup plus axée sur la politique d'exportation des produits primaires.

Ensuite, nous remarquons aussi que la structure du commerce extérieur des pays ACP reste encore très dominée par les produits primaires; en effet 62% des exportations des pays ACP vers l'Union Européenne sont constituées essentiellement des produits primaires et plusieurs Etats ACP (34 sur 77) sont dépendants des matières premières pesant pour la moitié de leurs flux commerciaux. Pour la majorité des pays ACP, les produits primaires continuent encore de représenter en 60 et voire même 100% de leurs exportations des marchandises vers l'UE7(*).

En outre, nous pouvons aussi mentionner l'inefficacité du mécanisme de Stabex et du Sysmin. Cette inefficacité peut s'expliquer en effet par la dégradation du taux de couverture de ces mécanismes : en effet, ce taux qui, tout au début, a été fixé à 100% pendant Lomé I ne cesse de décroître progressivement pour s'établir définitivement à 43% en 20018(*). Ceci explique en partie les défaillances des mécanismes de stabilisation des recettes des produits primaires des pays ACP prévu dans le cadre de la coopération ACP-UE. Cette situation provoque donc la dégradation de la part des produits originaires des pays ACP dans les rapports commerciaux et internationaux et notamment au sein du marché européen. Nous pouvons aussi noter que le STABEX et le SYSMIN présentent plusieurs limites auxquelles les principales peuvent être analysées comme suit :

1. Le Stabex et stabilisation des prix

Le Stabex n'arrive toujours pas à stabiliser les prix des produits de base qu'il couvre, mais les recettes des exportations alors que souvent l'évolution des recettes d'exportation des produits primaires des pays ACP ne cesse d'être influencée par les fluctuations des prix.

2. Le Stabex et déficits des balances des paiements.

Il convient de préciser que le Stabex n'a pas été conçu dans l'esprit de résoudre les problèmes dus au déficit des balances de paiements. Cette tâche revient donc au FMI. En effet, le fonds de compensation du FMI est accordé à ses membres qui ont enregistré des pertes sur leurs recettes totales d'exportation. A la différence du Stabex les fonds compensatoires du FMI sont du type « soutien à la balance des paiements ».

3. Le Stabex et terme de l'échange.

Le rôle du Stabex n'est pas de modifier les termes de l'échange en faveur des pays bénéficiaires.

4. Le Stabex et Sysmin

Le Stabex inclut la quasi-totalité des produits agricoles d'exportation des pays ACP, à l'exclusion de certains produits couvert par la politique agricole commune (PAC) de l'Union Européenne ainsi que le tabac. Les produits miniers sont absents du système Stabex et intègrent le Sysmin.

Au total, l'analyse du bilan de ces premières relations de partenariats nous permet donc de tirer trois leçons importantes de la coopération ACP-UE.

Tout d'abord, selon notre propre analyse, nous avons constaté que la coopération commerciale ACP-UE est trop limitée dans ses ambitions du fait qu'elle demeure entièrement centrée sur la promotion du commerce entre les pays ACP et l'UE; en effet, elle centre seulement sa stratégie de développement (des pays ACP) sur le commerce sans prendre en compte d'autres facteurs importants pour le développement.

En second lieu, nous constatons aussi que la coopération commerciale ACP-UE a été trop limitée dans son champ d'application. En effet, l'importance des tarifs douaniers dans le commerce diminue progressivement alors que les mesures non tarifaires pratiquées par l'Union Européenne telles que les normes techniques, la réglementation vétérinaire et les mesures sanitaires et phytosanitaires, sont d'importance croissantes ; ceci réduit donc considérablement les exportations des pays ACP vers l'Union Européenne.

Enfin, la coopération commerciale ACP-UE a été trop limitée dans sa perception. Elle a été en effet perçue comme une fin en soi, visant simplement a augmenté les exportations des produits primaires des pays ACP vers l'UE.

Globalement nous pouvons dire que les 25 années de préférences tarifaires non réciproques de relation de partenariat entre l'Union Européenne et les pays ACP n'ont donc pas pu permettre à ces derniers d'assurer leur développement. De même, les objectifs de développement inscrits dans le cadre de ce partenariat qui étaient tout au début axé sur la promotion des échanges commerciaux des pays ACP n'ont pas été atteints. Par ailleurs les avantages prévus dans ces accords à travers le système de préférence non réciproque (SPNR) n'ont même pas permis aux pays ACP de diversifier leurs productions d'exportation et d'accroître leurs flux commerciaux car nous pouvons même constater la marginalisation totale des économies des pays ACP ainsi que leur dépendance vis-à-vis du marché de l'Union Européenne.

L'échec des préférences non réciproques en terme de développement des pays ACP, ajouté à leurs incompatibilités aux règles de l'OMC auxquels s'associe aussi la baisse considérable du niveau des exportations des pays ACP ont donc conduit à une redéfinition des termes de l'accord de partenariat ACP-UE. Cette redéfinition débouche ainsi sur la signature des accords de Cotonou qui constitue une nouvelle relation de partenariat entre l'Union Européenne et les Etats ACP.

SECTION II : LES NOUVELLES RELATIONS DE PARTENARIAT ACP-UE

Ces nouvelles relations avaient commencé très précisément avec l'accord de Cotonou en 2000. Ce dernier cherche notamment à instaurer des nouveaux accords dits accords de partenariat économique dans les relations commerciales entre les pays ACP et l'UE.

2.1 L'accord de Cotonou

Cet accord marque un nouveau tournant dans les relations de coopération ACP-UE. Signé le 23 Juin 2000 à Cotonou au Bénin entre 77 pays ACP et 15 Etats membres de l'Union Européenne. Il représente une nouvelle phase dans la coopération entre les pays ACP et l'Union Européenne qui avait débuté depuis la signature de la première convention de coopération (convention de Yaoundé) en 1963 et qui s'est poursuivie avec les quatre autres conventions de Lomé dont la dernière (Lomé IV bis) est arrivée à l'échéance le 29 février 2000.

Pour plus de détails, il convient de préciser que l'accord de Cotonou a été signé pour une durée de vingt ans et révisable tous les cinq ans. Il est centré sur l'objectif de réduction et, à terme d'éradication de la pauvreté tout en contribuant au développement durable et à l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale. Cet accord réoriente les dispositions de la coopération ACP-UE qui doit désormais reposer sur les principes fondamentaux à savoir :

· L'égalité des partenaires et l'appropriation des stratégies de développement. Selon ce principe, il appartient donc aux Etats ACP de déterminer, avec toute souveraineté les stratégies de développement de leurs sociétés et de leurs économies ;

· La participation : outre l'Etat en tant que partenaire principal, le partenariat est ouvert aussi à d'autres acteurs (par exemple la société civile, le secteur privé et les autorités locales) ;

· Dialogue et engagements mutuels (par exemple respect du droit de l'homme);

· Différenciation et régionalisation. Les relations de coopération varieront selon le niveau de développement du partenaire, de ses besoins, de ses performances et de sa stratégie à long terme.

Enfin, l'accord de Cotonou, à la différence des autres accords précédents dispose d'une approche globale qui vise à renforcer la dimension politique, à assurer une nouvelle flexibilité et à accorder plus de responsabilité aux Etats ACP.

2.1.2.Les principaux éléments de l'accord de Cotonou

L'accord de Cotonou vise à promouvoir et à accélérer le développement économique, culturel et social des pays ACP ; à contribuer à la paix et à la sécurité ; et à promouvoir un environnement politique stable et démocratique. Cet accord repose sur cinq piliers qui résument les principales orientations du partenariat :

· Une dimension politique globale ;

· La promotion des approches participatives ;

· Des stratégies de développement et la priorité accordée à l'objectif de réduction de la pauvreté;

· La mise sur pied d'un nouveau cadre de coopération économique et commerciale ;

· La réforme de la coopération financière.

Dans chacun de ces piliers sont inscrits plusieurs politiques et stratégies de développement économique et social des pays ACP. Pour avoir une connaissance plus précise de ces politiques et stratégies nous donnerons dans les lignes qui suivent quelques détails et explications.

S'agissant de la dimension politique objet du premier pilier, l'accent a été mise plus particulièrement sur le dialogue politique, les politiques de consolidation de la paix, le respect de Droit de l'Homme, la bonne gestion des affaires publiques.

La promotion des approches participatives inscrite au deuxième pilier intègre désormais les acteurs non étatiques et la société civile dans la conception et la mise en oeuvre des stratégies et programmes de développement.

La stratégie de développement et concentration sur la réduction de la pauvreté est une approche intégrée qui constitue le troisième pilier du partenariat. Elle met l'accent sur trois domaines prioritaires à savoir : le développement économique, le développement social et humain, l'intégration et la coopération régionale.

Le quatrième pilier établit un nouveau cadre de coopération économique et commerciale. Les bases de cette coopération sont définies dans la partie III, titre II de l'accord de Cotonou. Il y est indiqué dans cette partie que "l'Union Européenne et les Etats ACP négocierons et concluront de nouveaux accords commerciaux connus sous le nom d'Accords de Partenariat Economique (APE), compatibles avec les règles de l'OMC, supprimant progressivement les entraves au commerce entre les deux parties au cours d'une période intérimaire d'au moins 12 ans et mettant ainsi fin au système des préférences commerciales non réciproques dont les Etats ACP bénéficient dans le cadre des accords précédents". Dans ce contexte, les échanges commerciaux seront donc libéraliser entre les deux parties.

Enfin, compte tenu du fait que les aides financière accordées dans le cadre des anciens accords ont manqué considérablement d'efficacité, le cinquième pilier de l'accord de Cotonou engage une reforme de la coopération financière. Selon cette reforme, désormais les ressources du Fonds Européen de Développement (FED) vont être orientées à favoriser les subventions et les investissements dans les pays ACP.

Au total, nous pouvons dire que l'accord de Cotonou marque un tournant décisif dans les relations ACP-UE privilégiées depuis les accords de Yaoundé et surtout ceux de Lomé. Contrairement à ces derniers, l'accord de Cotonou dissocie la politique commerciale et aide au développement c'est à dire que la politique commerciale ne sera désormais plus conçue comme un instrument d'aide au développement; elle devient en effet un objectif en soi. Cette dissociation a donc pour seul but de rendre la relation ACP-UE conforme aux règles de l'OMC et de supprimer aussi les avantages consentis aux pays ACP dans les relations commerciales. De ce fait, les exemptions douanières ne seront plus permises et la politique commerciale ne pourra désormais plus servir au politique de développement ; dans cette nouvelle situation, le STABEX et le SYSMIN seront aussi démantelés et vont être remplacés par des régimes de préférences réciproques qui ont pour objet d'établir des zones de libre échange (ZLE) entre les pays ACP et l'Union Européenne.

La prise en compte du libre - échange dans les relations de partenariat ACP-UE définit donc un nouveau cadre de partenariat appelé "Accords de Partenariat Economique", qui constitue donc l'objet de notre analyse qui va suivre.

2.2. Les Accords de Partenariat Economique (APE)

Les APE constituent la nouvelle relation commerciale entre les pays ACP et l'UE qui a été définie dans le volet commercial de l'accord de Cotonou. Ils cherchent notamment à réorienter les relations commerciales ACP-UE sur une nouvelle base devant désormais être en conformité avec les règles de l'OMC. Les APE disposent des principes et des caractéristiques méritant d'être explicités.

2.2.1.Les principes et les caractéristiques des APE

Les Accords de Partenariat Economique (APE) sont des accords de libre échange entre l'Union Européenne et les Etats ACP. Ils cherchent principalement et prioritairement à libéraliser les échanges commerciaux entre ces deux groupes régionaux en vue de les rendre conforme aux règles de l'OMC.

Selon les termes de l'OMC, les APE sont des accords bilatéraux auxquels

« L'essentiel » des échanges est libéralisé (article XXIV du GATT)9(*) c'est-à-dire au moins 90% du commerce total de chacun des partenaires doit être libéralisé. Mais la part du commerce libéralisée par l'Union Européenne peut être toutefois supérieure à celle libéralisée par les pays ACP c'est précisément pour cela que les APE ont été qualifiés des « accords asymétriques ».

Les APE se sont aussi basés sur quatre principes fondamentaux qui déterminent les relations de coopération ACP-UE. Ces principes peuvent se présenter comme suit :

· Le partenariat : les APE sont des accords de partenariat impliquant des droits et des obligations de deux cotés.

· L'intégration régionale : selon ce principe, les APE vont renforcer et soutenir l'intégration régionale par la création des espaces régionaux intégrés devant aboutir à des réunions douanières c'est-à-dire des marchés uniques sans entrave au commerce à l'intérieur de la zone avec une protection à la frontière par un tarif extérieur commun (TEC) à tous les pays de la zone d'intégration. En effet, en Afrique de l'Ouest par exemple, les huit pays de la zone franc réunis dans l'UEMOA10(*) avaient un tarif extérieur commun tandis que les autres pays de la CEDEAO comme Nigeria, Guinée, Ghana... avaient chacun leur propre tarif. Par ailleurs, entre plusieurs pays d'une même sous région, on peut retrouver de nombreux obstacles formels ou informels aux échanges. Ceci constitue des difficultés pour la promotion des échanges commerciaux, c'est précisément contre ces pratiques que les APE cherchent à renforcer l'intégration régionale.

· Le développement : selon ce principe, les APE doivent être conçus avec une certaine flexibilité nécessaire pour tenir compte des contraintes économiques, sociales et environnementales des pays ACP. Ainsi, ils doivent être intégrés dans la politique de développement des pays ACP et dans les stratégies de soutiens de l'Union Européenne.

· Lien avec l'organisation mondiale du commerce : les APE ne sont pas une fin en soi mais une étape visant à faciliter l'intégration des pays ACP dans l'économie mondiale. Ainsi, ils seront donc basés sur les règles de l'OMC, en tenant en compte des résultats de DOHA pour le développement. Les APE mettront donc en place dans le cadre des résultats de DOHA, des relations commerciales bilatérales destinées à réduire l'incidence de toutes les entraves aux échanges entre les pays ACP et l'UE et à établir une intégration plus étroite entre leur économie.

A côté de ces quatre grands principes fondamentaux des APE que nous venons ici de présenter, il convient aussi de noter que ces accords sont caractérisés aussi par deux aspects fondamentaux à savoir : l'établissement d'une zone de libre échange entre ACP-UE et la prise en compte de l'asymétrie dans la libéralisation.

L'établissement d'une zone de libre échange (ZLE) entre les pays ACP et l'Union Européenne consiste à supprimer progressivement l'essentiel des droits de douane entre les deux parties ainsi que toutes les mesures ayant un effet équivalent. Ceci vise donc à simplifier toutes les procédures et règlementations relatives aux importations et aux exportations.

La prise en compte de l'asymétrie dans les relations commerciales entre les pays ACP et l'UE constitue aussi l'autre caractéristique essentielle des APE. Cela suppose que pendant la libéralisation, les pays ACP peuvent déclarer un certain nombre de produits qui garantissent où qui maintiennent leur équilibre économique comme produits sensibles. Ces produits ne seront donc pas libéralisés ou ne le seront libéralisés que progressivement dans un délai de 10 à 15 ans voire même plus. La sensibilité de ces produits est jugée soit par rapport aux enjeux du secteur de production locale (Pour lesquels les importations massives suite de la libéralisation risquent d'évincer les producteurs des pays ACP), soit par rapport aux enjeux fiscaux (en effet, certains produits de l'UE taxés à l'entrée des pays ACP rapportent beaucoup de recettes à l'Etat, ainsi le démantèlement des droits de douane sur ces produits risque de baisser considérablement les recettes de l'Etat). Le traitement de ces produits sensibles est donc particulier.

En effet, choisir les produits sensibles permet donc de leur appliquer aussi un traitement particulier. Selon ce traitement, les produits sensibles vont donc être dérogés aux principes de suppression de droit de douane. C'est-à-dire qu'ils vont conserver leurs droits de douane. En ce qui concerne les produits sensibles pour le secteur de production, il leur sera appliqué des mesures de sauvegarde spécifique permettant de réagir lorsque les importations posent problème ou constituent un facteur de risque pour le secteur de production. Ce traitement est donc prévu dans l'article XXVI du GATT qui autorise des exceptions à la règle de non discrimination et de la clause de la nation la plus favorisée dans le cadre de la zone de libre échange (ZLE). Cet article offre donc la possibilité à l'intérieur d'une ZLE, de baisser le droit de douane davantage qu'avec les pays extérieurs à la zone. Mais il fixe aussi certaines conditions contraignantes à savoir :

· La libre circulation des produits doit concerner « l'essentiel des échanges commerciaux » dans les pays de la zone de libre échange (ZLE) ;

· La libre circulation des produits doit aussi être mise en oeuvre dans un délai raisonnable selon un programme qui doit être défini par les pays.

En ce concerne les négociations des APE, elles devraient aussi tenir compte des contraintes économiques et sociales des pays ACP et de leur capacité à s'adapter et à ajuster leur économie au processus de libéralisation. Dans le cadre de cette libéralisation, il a été convenu que les produits devant être libéralisés entre les pays ACP et l'UE doivent être des produits originaires de ces deux groupes en vue d'être admis à entrer en franchise de droit de douane. Pour qu'un produit soit originaire d'un pays, il droit être « entièrement obtenu » dans ce pays ou avoir au moins subit une transformation suffisante ou substantielle dans ce pays. La prise en compte de ces conditions dans la coopération définit ainsi une nouvelle approche de la relation commerciale entre l'UE et les pays ACP.

2.2.2.Les négociations des Accords de Partenariat Economique

Les négociations des APE ont été suscitées par l'expiration des accords précédemment conclus entre l'UE et les pays ACP. Pour rappel, depuis 1975, les relations politiques et économiques entre les pays ACP et l'UE étaient régis par une série de conventions de Lomé faisant déjà l'objet de notre analyse précédente . Reconnaissant les différences économiques considérables entre ces deux groupes régionaux (ACP et UE), ces accords fournissaient des préférences commerciales et de l'aide aux pays ACP sans exiger d'eux une moindre réciprocité. Une fois arrivée à leur terme, les conventions de Lomé ont été succédées par l'accord de Cotonou en 2000. Ce dernier cherche à instaurer les APE dans les relations ACP-UE. L'instauration des APE dans les relations commerciales ACP-UE fait donc l'objet de plusieurs négociations entre les 25 pays membres de l'Union Européenne et les six groupes régionaux des pays d'Afrique, de Caraïbe et du Pacifique (SADAC, ESA, Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale, Caraïbes, Pacifique) dont 39 font partie des 50 pays moins avancés (PMA) au monde. Les négociations des APE avec l'UE doivent être faites avec chacun des ces six groupes régionaux des pays ACP ceci, en vue notamment de signer avec chacun d'eux des Accords de Partenariat Economique Régionaux (APER).

Ainsi, en ce qui concerne la zone CEMAC qui comporte elle aussi le Sao Tomé et le Principe, les négociations des Accords de Partenariat Economique Régionaux (APER) entre l'UE et cette zone ont été lancées très précisément à Brazzaville le 03 octobre 2003. Les pays de cette configuration géographique ont donc adopté, à cette date, une feuille de route de négociation comportant une structure de négociation à cinq niveaux : le comité ministériel commercial, le comité régional de négociation, le groupe des experts, le groupe des contacts, et la task force de préparation régionale. Au sein de chaque pays a été mis en place un comité national de négociation des APE comportant des représentants, de l'administration, du secteur privé et de la société civile. Chaque comité de négociation est représenté au sein du comité régional par deux personnes, et l'ambassadeur du pays à Bruxelles. Les comités nationaux doivent discuter des implications des négociations commerciales multilatérales en générale, et des APE en particulier sur l'économie des pays respectifs, alimenter le comité régional en informations et données pertinents, notamment les préoccupations et les positions de négociation des pays. Ce comité national de négociation doit aussi faire le diagnostic des secteurs d'activité productrice au sein du pays, évalue et analyse les implications économiques de la mise en oeuvre d'un APER sur les différents secteurs d'activités, conformément au régime tarifaire et non tarifaire en vigueur dans la CEMAC, le Sao Tomé et le Principe. Il met en exergue les coûts et les avantages afférents, notamment sur les secteurs et branches économiques clés et le commerce intra-communautaire.

Les 25 pays membres de l'UE qui négocient les APE avec les six groupes régionaux des pays ACP ont un produit national brut (PNB) combiné de 13300 milliards de dollars soit 1400 fois plus supérieurs à celui des Iles du Pacifique qui n'est que de 9 milliards de dollars, et 80 fois plus supérieurs à celui du plus grand groupe des pays ACP à savoir la région d'Afrique de l'Ouest. Le tableau ci-dessous va nous permettre de faire une distinction sur les différences des PNB entre l'UE et les six groupes régionaux des pays ACP et l'UE.

Tableau 1 : Différences de PNB entre l'UE et les pays ACP

APE

PNB 2005 (milliards de $)

% du PNB de l'UE

Ratio par rapport au PNB de l'UE

UE

13300

 
 
 
 
 
 

SADAC

66

0,50

200

ESA''

75

0,56

178

Afrique de l'Ouest

162

0,22

82

Afrique Centrale

40

0,30

330

Caraïbe

72

0,54

185

Pacifique

9

0,07

1414

 
 
 
 

Total APE

425

3,20

31

Source : Banque Mondiale, 2005

Htt//sitersources. Worldbank.org/DATASTATISTICS/Ressources/GDP.Pdf.

''Afrique orientate et australe.

L'analyse des données du tableau ci dessus nous montre des différences assez considérables de PNB existant entre l'UE et le groupe des Etats ACP, ceci nous amène donc à dire que les négociations des APE se sont déroulées entre des partenaires commerciaux qui sont inégaux.

2.2.3. Une nouvelle approche de la coopération commerciale

A titre de rappel, les relations commerciales privilégiées entre le groupe des Etats ACP et l'Union Européenne ont été basées sur les préférences commerciales non réciproques depuis 1975 qui accordaient un libre accès au marché communautaire (de l'UE) pour l'essentiel des produits originaires des

pays ACP. Notons qu'à l'origine, ces préférences avaient pour objectif le développement des pays ACP, la diversification de leur économie ainsi que la diversification de leurs produits d'exportation. Mais la réalité de la situation économique des Etats ACP nous montre très clairement que ces préférences n'ont même pas été à la hauteur des attentes suscitées. En effet, malgré un libre accès des produits ACP sur le marché de l'Union Européenne, plusieurs analyses nous montrent que ces pays restent toujours marginalisés dans le commerce mondial. Leur part dans les importations totales de l'Union Européenne ne cesse de diminuer de jour en jour et leurs exportations sont demeurées depuis toujours peu diversifiées.

Une analyse de certains faits en chiffres de la situation commerciale des pays ACP va donc nous permettre de voir en quoi ces pays ont bénéficié des préférences commerciales non réciproques qui leurs ont été accordées.

En effet, entre 1976 et 1999, la part des produits des pays ACP dans les exportations mondiales a été passée de 3,4% à 1,1% et la part des pays ACP dans les importations totales de l'Union Européenne est passée du 6,7% à 2,8%11(*) . Enfin, très précisément en 1999, dix produits africains représentaient leurs exportations totales vers l'UE. Le premier tableau ci-dessous nous fait l'état des principaux produits exportés par les pays ACP vers l'UE.

Tableau 2 : Principaux produits importés des pays ACP

Produits ACP exportés vers UE

banane

tabac

café

aluminium

sucre

cacao

bois

diamant

pétrole

Autres produits

pourcentage

2%

2%

2%

2%

3%

4%

4%

10%

29%

22%

Source : Euro Stat 2003.

L'analyse des données du tableau ci-dessus nous permet donc de constater une réduction considérable du nombre total des produits primaires des pays ACP exportés vers l'UE. De cette réduction nous pouvons aussi noter un manque total de diversification de ces produits. Cette situation réduit en moyenne la part des exportations des produits des pays ACP par rapport aux produits exportés par d'autres régions vers l'UE. A titre illustratif, le tableau ci-dessous nous permettra de voir très concrètement la part des produits de base des pays ACP dans les importations de l'Union Européenne.

Tableau 3: Importation de l'Union Européenne (en milliards d'Euro, prix courant)

Groupe des pays

1979

1980

1984

1988

1992

1996

2000

2002

Total

Moyenne

ACP

10,6

19,5

25,5

17,5

18,0

22,0

28,9

30,5

172,5

21,56

ASIE

8,7

16,0

24,8

40,5

65,9

107,4

244,4

209,5

714,2

89,28

Amérique du Sud

8,1

13,5

23,9

23,5

24,5

30,9

49,4

49,1

222,91

27,86

Source : Euro Stat 2003.

Le tableau ci-dessus nous montre très clairement que la moyenne de la part des produits ACP dans les importations de l'UE n'a connu qu'une évolution très modeste par rapport à la moyenne des produits exportés par d'autres régions. En effet, cela n'a été que de 21,6% contre 89,28% pour l'Asie et 27,86% pour les pays de l'Amérique du Sud. Cette situation doit nous amener à mieux réfléchir sur les possibilités de développement des pays ACP qui a été axée seulement (dans le cadre des relations de partenariat) sur la promotion de leurs échanges par le biais de la vente de leurs produits primaires. Sur l'ensemble de la période de 1979 à 2002, la part des produits ACP importée par l'UE n'évolue qu'en dent de scie.

Au total, les analyses ci-dessus ainsi que les chiffres du commerce extérieur des pays ACP que nous venons ici d'analyser nous permettent de dire que les préférences non réciproques n'ont pas réussi à servir les objectifs assignés en terme de développement économique, de diversification de la production et d'augmentation des flux commerciaux des pays ACP.

Cette situation, ajoutée au fait que ces préférences ne sont pas aussi compatibles aux règles de l'OMC constitue ainsi les principaux motifs de révision des termes de la relation commerciale ACP-UE en vue d'être conforme aux règles de l'OMC et profitable en même temps aux pays ACP. Cette révision constitue donc la nouvelle relation commerciale instaurée par les APE.

2.2.4. Les Accords de Partenariat Economique et l'Agriculture des pays ACP

Faire la relation entre les APE et l'agriculture des pays ACP nous amène ainsi à analyser les dispositions des conventions de Lomé vis-à-vis de l'agriculture des pays ACP afin de  les comparer avec celles des APE en vue notamment de voir leur portée en matière de promotion de l'agriculture des pays ACP. Pour faire cette analyse, nous voulons tout d'abord donner un aperçu général sur l'état et le rôle de l'agriculture dans les pays ACP.

En effet, l'importance de l'agriculture dans les pays ACP relève d'une part au fait qu'elle constitue la principale source d'alimentation pour ces pays, et assure en même temps leur sécurité alimentaire. Elle utilise 7O% de la population active et génère une grande part du PIB (40 à50%). D'autre part elle constitue aussi le principal objet du commerce extérieur de ces pays en leur facilitant la rentrée des devises par les recettes des exportations de leurs produits agricoles. C'est pourquoi pour garantir ces recettes d'exportation des fluctuations des cours mondiaux, un mécanisme compensatoire dénommé Stabex a été donc mis en place par la convention de Lomé I en vue de compenser les déficits contractés par les pays ACP suite des fluctuations des cours mondiaux des produits agricoles.

Dans ce cadre, la RCA a bénéficié elle aussi des ressources de ce mécanisme compensatoire en ce qui concerne ses exportations des produits primaires. En effet, les dotations de Stabex dont elle a reçu couvrant les trois conventions de Lomé s'élève à un montant de 44.249.944 écus dont : 70% de cette dotation reçus dans le cadre de Lomé III, 12% dans le cade de Lomé II et 18% de transfert en Lomé I.

L'ensemble de ces dotations a été reparti dans les filières de production comme suit : la filière café a bénéficié de 57% de ce montant suivi de coton 38% et 5% dans le bois.

Le tableau ci-dessous nous présente l'évolution du montant de transfert des ressources de Stabex bénéficié par la RCA dans le cadre des conventions de Lomé.

Tableau 4 : Evolution des transferts de la dotation du Stabex en RCA.

Institue le Stable

Produits

Année de décision

Montant de transfert en écus

Date de transfert

1975

Café vert robusta

1976

353108

Dec76

1976

Bois sciage

1977

549807

Mai77

1977

Bois sciage

1978

549807

Mai78

1978

Coton

1979

3079660

Jan80

1980

Coton

1980

3846980

Août80

1981

Café vert torréfié

1981

968396

Août81

1981

Café vert torréfié

1982

1200616

Sept82

1982

Café vert torréfié

1982

336180

ND

1983

Coton

1983

1675896

Fev84

1984

Coton

1983

1675896

Fev84

1985

Coton

1983

1675896

Fev84

1986

Reliquat Lomé II

1986

1200000

Août86

1986

Coton

1987

448918

Fev87

1986

Coton

1987

32978

Juil87

1986

Coton

1987

14702281

Sept87

1987

Café vert

1988

1200000

Août88

1987

Coton

1988

1382062

Jan88

1987

Bois brut

1988

3897537

Août88

1988

Bois brut

1988

3536660

Sept89

1988

Café vert

1989

703823

Sept89

1988

Coton

1989

165456

Sept89

1988

Bois Brut

1989

165456

Sept89

1989

Bois scié

1990

2898962

Sept90

1989

Café vert

1990

347888

Sept90

1989

Coton

1990

707074

Sept90

Total

 
 

44249944

 

Source : Division des statistiques et des études économique (DSEE). (Dépouillement des conventions de transfert)

Le tableau ci-dessus nous montre que les exportations des produits agricoles centrafricain s'articulent principalement autour de trois produits à savoir : le café, le coton et le bois; lesquels sont couverts par le Stabex dans le cadre des conventions de Lomé. Ces trois produits entrent donc sur le marché de l'Union Européenne en franchise de droit de douane en vertu des règles de préférences non réciproques. Ces trois produits bénéficient aussi chacun d'une structure propre de stabilisation du revenu au producteur selon le cas :

· Pour le café : caisse de stabilisation et de péréquation des produits (caistab),

· Pour le coton : société centrafricaine de développement agricole : actuelle socadetex

· Pour le bois, (grumes et sciés), le marché est libre.

Le tableau ci-dessous va nous permettre de mieux appréhender la part de chaque produit de base centrafricain couvert par le Stabex durant les trois conventions de Lomé.

Tableau 5 : Part de chaque produit de base centrafricain couvert par le Stabex.

Année

Exportation total

Part en % du Café

Part en % du Coton

Part en % du Bois

Part en % du autres

1977

36070

33,1

11,6

15,7

39,6

1978

32830

19,3

7,5

15,7

57,5

1979

33032

18,4

6,8

17,9

56,9

1980

38698

18,5

9,9

17,1

54,5

1981

37283

16,2

14,2

23,9

45,7

1982

40880

20,4

6,7

16,5

56,4

1983

47023

27,4

11,9

15

45,7

1984

50057

27,3

18

11,4

40,1

1985

58720

31,9

11,6

16,6

42,3

1986

44960

23,7

9,1

14,2

53,3

1987

39180

16

7

14,9

62,4

1988

39811

18,4

5,9

14,6

64,3

1989

44759

19

8,8

15,0

57,2

Moyenne

 

22,28

9,92

16,19

52

Source : DSEE BEAC.

L'analyse des données du tableau ci-dessus nous montre que la moyenne de la part du café couvert par le Stabex est plus de deux fois élevée que celle du coton. Cette situation peut être expliquée notamment par la baisse continuelle du volume des exportations du coton dans les exportations totales des produits primaires centrafricains. En effet, la moyenne de la part de la couverture du café par le Stabex sous le régime de Lomé s'élève à 22,28% contre 9,92% du coton et 16,19% pour le Bois. Les autres produits 52% englobent tous les restes de divers produits exportés par la RCA que nous ne pouvons les mentionner ici produits par produits.

En partant des ces produits agricoles centrafricains couverts par le Stabex il serait donc nécessaire que nous analysions aussi les variations des recettes d'exportation de ces produits couvert par ce système.

Tableau 6: Variation des recettes d'exportation des produits de base Centrafricain couvert par le Stabex (1975 - 1990)

Année

Recettes d'exploitation du café

Variation en %

Recettes d'exploitation du coton

Variation en %

Recettes d'exploitation du bois

Variation en %

1975

2613

 

3541

 
 
 

1976

6204

137.4

4728

33.5

4336

 

1977

11937

92.4

4171

-11.8

5652

30.3

1978

6328

-47

2471

-40.8

5149

-8.9

1979

6083

-3.9

2238

-9.4

5921

15

1980

7177

18

3821

70.7

6602

11.5

1981

6033

-15.9

5299

38.7

8902

34.8

1982

8345

38.3

2737

-48.3

6739

-24.3

1983

12862

54.2

5623

105.4

7061

4.8

1984

13651

6.1

8994

59.9

8329

17.9

1985

18758

37.4

2745

-24.5

8323

-0.1

1986

10642

-43.3

6789

-39.6

7621

-8.4

1987

6252

-41.2

4097

-33

5722

-24.9

1988

7319

17.1

2354

-14.2

4557

-20.4

1989

8502

16.2

3920

66.5

6730

47.7

1990

2790

-67.2

3790

-3.3

8127

20.8

Source : DSEE.

Du tableau ci-dessus, il y a transfert des ressources de Stabex lorsque la variation des recettes d'exportation d'un produit est négative.

Au total, les conventions de Lomé cherchent par différents moyens (STABEX SYSMIIN, Préférences non réciproque) à consolider et à stimuler la promotion de l'agriculture des pays ACP. Ceci nous amène donc à établir un lien positif entre les objectifs poursuivis par ces conventions et l'agriculture des pays ACP.

En ce qui concerne le lien pouvant exister entre les APE et l'Agriculture des pays ACP, nous allons faire une comparaison entre les objectifs poursuivis par ces accords par rapport aux conditions de développement de l'agriculture des pays ACP.

Pour rappel, les APE sont fondés sur des principes de base qui cherchent en toute priorité à établir une zone de libre échange entre les pays ACP et l'UE, et à supprimer progressivement les droits de douane entre ces deux parties. Cette suppression de droit de douane va aussi de pair avec le démantèlement du Stabex et du Sysmin : mécanismes de stabilisation des recettes d'exportation des produits agricoles des pays ACP. Eu égard à ces nouvelles dispositions, nous pouvons donc constater que les APE constituent un risque majeur pour la promotion de l'agriculture des pays ACP. Ce risque, peut être analysé comme suit :

· Le démantèlement des mécanismes compensatoires (STABEX et SYSMIN) exposera les exportations des produits agricoles des pays ACP aux fluctuations des cours mondiaux.

· L'insertion de la réciprocité dans les termes des rapports commerciaux va donc engendrer une concurrence qui opposera les producteurs ACP aux producteurs Européens. Ces derniers sont quant à eux favorisés et soutenus par la politique agricole commune (PAC) de l'Union Européenne qui leur accorde plusieurs privilèges et opportunités alors que les producteurs des pays ACP sont dépourvus totalement de ces privilèges et opportunités. Cette situation nous montre clairement que l'insertion de la réciprocité dans les termes de l'échange entre ACP-UE par l'entremise des APE sera totalement en défaveur des pays ACP et profitera énormément aux producteurs européens qui feront des pays ACP leurs nouveaux débouchés.

· La technologie de production agricole utilisée par les producteurs de l'UE est de haute qualité ; ceci favorise très largement leur rendement agricole alors que la plupart des outils de production des pays ACP reste encore rudimentaires voire même archaïques et utilisés souvent de façon manuelle.

· Avec le démantèlement des droits de douane des pays ACP, les produits européens vont donc inonder le marché local des pays ACP. Ceci pourra provoquer l'affaiblissement de plusieurs secteurs de production de ces pays. Cette situation, à long terme, pourra provoquer une dépendance totale des pays ACP vis-à-vis des produits importés de l'UE. Ce cas a été effectivement observé au Ghana, auquel la production de tomate constitue leur base commerciale, et suite à une libéralisation imposée par le FMI dans les années 1989-1990 dans le cadre de l'ajustement structurel, la baisse des droits de douane de ce pays a donc conduit à une hausse des importations des tomates de l'UE passant de 3600 tonnes à 24000 tonnes au cours d'une année affaiblissant ainsi la capacité de la production locale et provoquant par la même occasion une baisse des revenus de l'Etat qui a pour corollaire la hausse des chômeurs. De même au Kenya, suite de la libéralisation, le secteur laitiers qui emploie directement 625.000 personnes avec aussi 3 millions de personnes qui y sont indirectement tributaire, a fait faillite. Ceci a donc provoqué une

baisse des revenus de l'Etat de 12% et une hausse du chômage de 15%.12(*)

Au total, nous pouvons donc constater que contrairement aux conventions de Lomé qui cherchent à promouvoir le développement agricole des pays ACP, les nouvelles dispositions des APE constituent quant à elles un risque majeur pour la promotion du développement agricole de ces pays. Ce risque se caractérise par le démantèlement du Stabex, l'annulation des préférences non réciproques et l'instauration du libre échange dans les rapports commerciaux entre l'UE et les pays ACP.

Au terme de notre analyse, il convient de montrer que les fondements historiques des APE trouvent leur origine dans les conventions de Lomé signés en 1975, dont l'objectif principal est de favoriser le développement des pays ACP par la promotion des exportations de leurs produits primaires. C'est précisément dans cet esprit que le Stabex a donc vu le jour suivi des préférences non réciproques qui sont accordées aux pays ACP pour diversifier leurs exportations.

Au terme de leur échéance en 2000, et compte tenu de leur inefficacité en matière de développement des pays ACP, les conventions de Lomé furent donc remplacées par l'accord de Cotonou. Ce dernier modifie les dispositions commerciales des relations ACP-UE par l'introduction des APE dans leurs rapports commerciaux en vue de libéraliser leurs échanges.

L'analyse des principes de base des APE présente des risques potentiels pour la promotion du développement de l'agriculture des pays ACP.

CHAPITRE II

LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

Le système agricole que nous allons analyser dans ce présent chapitre concerne plus précisément les formes d'organisation et de production agricole centrafricaine. Il englobe aussi les techniques et les moyens de production agricole, le système de culture ainsi que la modalité de la commercialisation des produits agricoles centrafricains.

L'objectif de notre présent chapitre est d'analyser la compétitivité de ce système agricole, en examinant plus précisément ses performances et ses limites en vue de voir sa capacité et ses possibilités à faire face à la libéralisation des échanges inscrite dans les Accords de Partenariat Economique. Pour ce faire, nous allons analyser, dans la première section de ce chapitre, le système de production agricole regroupant les outils, techniques et moyens de production utilisés, ensuite nous examinerons dans la deuxième section le système de culture pour avoir une idée claire sur les différentes formes de culture pratiquées en RCA ; enfin nous ferons, dans la dernière section, l'état de la commercialisation des produits agricoles d'exportation en vue d'analyser le degré de sa compétitivité dans le cadre des échanges avec l'extérieur.

SECTION I : LE SYSTEME DE PRODUCTION AGRICOLE CENTRAFRICAIN

Nous désignons par "système de production agricole" les différentes combinaisons des moyens de production permettant à la RCA d'assurer ses productions végétales et / ou animales.

L'analyse de ce système nous amène donc à passer en revue les différents moyens et facteurs de production agricole utilisés en Centrafrique, les techniques agricoles ainsi que les intrants utilisés.

Mais bien avant de procéder à cette analyse, nous allons tout d'abord donner un bref aperçu sur la notion d'agriculture afin de faciliter la compréhension et l'orientation de la suite de notre travail.

L'agriculture désigne en effet une activité économique qui consiste à favoriser le développement des plantes ou d'animaux pour en tirer des substances utiles à l'homme. La forêt fait aussi partie intégrante de la sphère agricole13(*). L'analyse qui va suivre sera donc orientée sur les différentes composantes de l'agriculture que nous venons ainsi de citer (produits alimentaires, animaux, forêt). Pour ce faire, nous présenterons respectivement dans les lignes qui suivent l'importance et le rôle de l'agriculture, de la sylviculture ainsi que de l'élevage en Centrafrique ; puis nous analyserons par la suite les principaux moyens de production qui leurs sont spécifiques.

L'agriculture au terme des produits alimentaires est au centre de l'économie Centrafricaine; par la richesse qu'elle génère, sa contribution à l'emploi, à l'autosuffisance alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. En effet, l'analyse des comptes de la nation de 1997 nous montre qu'elle employait à cette date plus de 67% de la main d'oeuvre et comptait aussi pour 57% du PIB14(*).

L'agriculture Centrafricaine fait vivre aussi plus de 75% de la population totale et occupe 1,3 millions de personnes, soit près de 76%15(*) de la population active : elle constitue donc le principal moteur de l'économie Centrafricaine.

Après l'agriculture vient l'élevage qui contribue elle aussi à 12% du PIB et emploie 6,6% de la main d'oeuvre. En 2005, les exportations du secteur d'élevage se chiffrent à 3 milliards de FCFA16(*).

Enfin, la sylviculture ou encore l'exploitation forestière est classée quant à elle en troisième position dans le secteur agricole centrafricain. Ce classement résulte notamment de sa contribution au PIB qui est comprise depuis les dix dernières années (1994-2004) entre 2% et 4%17(*). Pendant cette période, nous pouvons noter que l'évolution de la production de ce secteur est restée modérée ; les exportations du bois ont donc suivi elles aussi la même tendance que la production. Le tableau ci-dessous va donc nous montrer l'évolution de quelques indicateurs du secteur forêt dans l'économie centrafricaine.

Tableau 7: Evolution de quelques agrégats du secteur forêt en RCA

Libellés

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Production (en milliers m3)

216.5

367.7

534.4

622.4

633.4

806.8

782.3

737.5

524.5

Exportation (en milliards de Fcfa)

14.5

10.3

14.9

28.1

27.9

48.9

45.3

52.0

34.6

Valeur ajoutée

8.1

8.4

11.5

13.7

13.3

17.0

16.5

15.5

11.1

Part (en %) exportation

15.5

13.4

15.6

31.4

30.9

42.7

44.5

49.5

48.8

Source : ministère des du commerce (Monkam et al 2005)

Du tableau ci-dessus nous pouvons voir l'importance du secteur forestier ou encore de la sylviculture dans l'économie centrafricaine. En effet, sur la période 1995-1997, la valeur des exportations du bois se situe à 16,7% du PIB. Cette valeur représente 41,4% de PIB du secteur agricole entre 1998-200318(*) ; dès lors nous pouvons donc constater que le bois devient lui aussi l'un des produits phares d'exportation centrafricaine.

De tout ce qui précède, il convient de présenter l'importance du secteur agricole dans les différentes branches d'activité économique centrafricaine.

Tableau 8: Importance de l'agriculture dans les différentes branches d'activité centrafricaine

Libellé de la branche

Valeur ajoutée

%

Emploi

%

Exportation

%

Agriculture vivrière

148185

29.0

1030185

65.1

333

0.2

agriculture d'exportation

8536

1.7

43631

2.8

10459

7.1

sylviculture, exploitation forestière et industrie de bois

31150

6.0

75887

4.8

20639

14.0

chasse et cueillette

15952

3.1

58069

3.7

-

-

pêche

9347

1.8

28707

1.8

-

-

Elevage

68248

13.3

104657

6.6

4902

3.3

Minerais et minéraux

24366

4.8

61480

3.9

39295

26.7

Industrie manufacturière

8806

1.7

17642

1.1

395

0.3

BTP

15807

3.1

14413

0.9

-

-

Services bancaires et assurances

5122

1.0

437

0.0

-

-

Transport et communication

19906

3.9

12051

0.8

9409

6.4

Services rendus par les hôtels et restaurants

5465

1.1

17232

1.1

-

-

Source: Nous mêmes sur la base des données de la BEAC et du Ministère du commerce.

Il ressort du tableau ci-dessus que l'agriculture vivrière génère une valeur ajoutée d'un montant de 148185 millions de Fcfa contre 24366 millions du secteur minier. Cette branche fait occuper 1030815 personnes contre 61480 du secteur minier.

La valeur ajoutée créée par l'agriculture destinée à l'exportation s'élève quant à elle à un montant de 8536 millions de Fcfa. Cette agriculture fait occuper aussi 43631 personnes représentant ainsi 2.8% des actifs du secteur agricole.

Globalement le secteur agricole reste très prédominant dans les différentes branches d'activité centrafricaine.

1.1.Analyse des principaux moyens de production agricole Centrafricain

Les moyens de production agricole que nous allons analyser ici concernent plus précisément les moyens matériels, la technologie agricole ainsi que les fertilisants utilisés par les cultivateurs centrafricains. L'objectif principal de notre présente étude est d'analyser plus précisément la performance de ces moyens de production en vue notamment de déterminer leur part d'influence sur la compétitivité du système agricole centrafricain.

1.1.1. Les principaux outils de production agricole

Les principaux moyens de production agricole utilisés en RCA sont restés encore des outils rudimentaires et voire même archaïques. En effet, depuis les années de l'indépendance jusqu'à nos jours, les cultivateurs centrafricains continuent encore à utiliser, de manière manuelle, les outils traditionnels comme : la houe, la daba, la hache, les machettes...comme leurs principaux outils de production dans les différentes exploitations agricoles. Toutefois nous pouvons aussi mentionner l'usage de la traction animale comme une alternative en vue de renforcer les outils manuels; Ceci a été utilisé notamment dans le cadre de la culture attelée qui a été initiée et adoptée dans les années 70. Mais il convient de préciser que l'insertion de cette culture dont son objectif, à l'origine, était de substituer l'usage des outils manuels et d'étendre progressivement les superficies cultivables n'a donc pas été répandue dans tout le territoire centrafricain et ce, malgré l'importance de l'élevage bovin dans le pays. L'usage des outils traditionnels et rudimentaires restent encore prédominant dans presque tout le territoire centrafricain; ceci influe très négativement sur les surfaces cultivables dans les zones agricoles qui s'étendent au environ de 2,2 hectares en moyenne par actif agricole et 4 hectares au maximum19(*).

Au total, les principaux outils et moyens de production agricole Centrafricain restent totalement traditionnels et donc ne peuvent pas faciliter les cultivateurs centrafricains d'étendre leur culture et d'être aussi compétitifs.

1.1.2. Les principales technologies agricoles centrafricaines

La technologie agricole centrafricaine à la différence des outils de production que nous venons d'analyser concerne plus précisément les techniques de traitement des semences ainsi que les techniques de conservation des produits agricoles.

En ce qui concerne les semences, leur technique de traitement reste encore traditionnelle. Alors qu'il y avait un institut de recherche agronomique dans le pays au cours des années précédentes, nous pouvons noter depuis lors que les qualités des semences ne sont pas encore améliorées si bien que sur une vaste étendue cultivée, nous pouvons constater des rendements insuffisants et voire même insignifiants. Jusque lors, la plupart des cultivateurs centrafricains ignore toujours les véritables causes de l'insuffisance de leur récolte ou du rendement de leur production agricole.

En ce qui concerne la technique de conservation des produits agricoles, elle reste elle aussi totalement traditionnelle. En effet, pour conserver les produits agricoles d'une période à une autre, les cultivateurs exposent ces produits au soleil pour les faire sécher et ce, avec tous les risques d'humidification et de fermentation par les moisissures.

Ce genre de technologie agricole n'a donc pas pu permettre aux agriculteurs centrafricains de conserver aussi longtemps leurs produits agricoles. Ceci provoque souvent la périssabilité des certains produits agricoles (tomates, fruits, légumes...) dans une situation de surproduction ou de mévente.

1.1.3. Analyse des intrants agricoles Centrafricains

En économie, on désigne généralement par intrants les moyens ou les facteurs de production de manière globale; mais en agriculture, les intrants désignent plus particulièrement les substances chimiques (tels que les fertilisants) utilisées pour accroître rapidement la croissance et le développement des plantes et /ou des animaux. Pour la production animale, les intrants désignent aussi l'ensemble des produits adaptés à l'alimentation des bétails qui peuvent favoriser leur croissance ; cela englobe également les traitements vétérinaires reçus par les bétails contre des éventuelles maladies. C'est donc précisément sur la base de cette petite nuance que nous allons situer notre présente analyse qui sera portée plus précisément sur le concept d'intrant en agriculture.

En ce qui concerne la production animale, les principaux intrants utilisés par les pasteurs peuls pour leurs bétails sont constitués essentiellement par le natron, le sel et dans une très moindre mesure par quelques produits vétérinaires. Ces types d'intrants utilisés sont restés dans leur ensemble dépourvus des éléments nutritifs devant non seulement favoriser la croissance des bétails mais aussi rendre meilleure la qualité de leur viande.

Pour la production végétale, les principaux intrants utilisés sont des fertilisants et notamment l'engrais. Mais il convient de noter que l'usage de ce dernier en RCA reste très faible alors que selon les recherches scientifiques, il y'a une très forte corrélation entre le rendement agricole et la consommation d'engrais20(*) : en effet le rendement agricole à l'hectare augmente très vite à mesure que l'usage des fertilisants tels que les engrais devient de plus en plus important. Une étude réalisée par FIDA en 2001 sur les données relatives à l'utilisation des fertilisants pour les pays de la sous région nous révèle que les cultivateurs centrafricains ont un accès très limité à l'usage de l'engrais par rapport aux autres cultivateurs de la sous région. Cela s'explique notamment par le fait que la quantité d'engrais rapportée à la superficie arable totale est de 0,6kg par hectare en RCA contre 5,0 kg/ha au Cameroun, 7kg/ha pour le Burkina Faso, 8kg/ha pour le Mali, 15kg/ha pour le Bénin et 22kg/ha pour la Côte d'Ivoire21(*)

En faisant la comparaison de ces données, nous constatons très rapidement que la RCA est le seul pays de la sous région à utiliser les fertilisants agricoles dans une très moindre mesure. Le graphique ci-dessous va nous présenter la part de la consommation de l'engrais pour certains pays de la sous région dont la RCA.

Graphique 1 : Consommation d'engrais par pays (kg/ha)

Côte d'Ivoire

Bénin

Burkina Faso

Cameroun

RCA

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0 5 10 15 20 25

Source : Fonds International de Développement Agricole (FIDA) 2001.

Ce graphique nous montre effectivement que les cultivateurs centrafricains ont un accès très limité à l'usage des engrais pour leurs cultures. Cette faible utilisation des fertilisants agricoles dans l'agriculture centrafricaine réduit non seulement le volume des productions agricoles mais affaiblis aussi la compétitivité des cultivateurs centrafricains par rapport aux autres cultivateurs des pays de la sous région. Parmi les diverses causes du faible usage des fertilisants, nous pouvons évoquer en premier lieu la dégradation des investissements publics de l'Etat réalisés dans le secteur agricole en vue de renforcer les capacités des facteurs de production.

Le tableau ci-dessous va donc nous montrer l'évolution des dépenses d'investissement réalisé par l'Etat pour soutenir les moyens de production dans le secteur agricole depuis presque pendant une période décennale.

Tableau 9 : Evolution des dépenses d'investissement de l'Etat (en milliards de FCFA): années 1997-2003.

Secteur

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Agriculture

2,9

6,1

5,5

5,4

3,6

0,76

0,01

Elevage

0,6

0,4

0,2

0

0,6

0,54

0,11

Chasse

1,6

2

1,2

0,2

0,1

0

0

Infrastructure transport terrestre

13,8

30,5

22,5

26,3

22

8,48

0,06

Infrastructure transports fluviaux

0

0

0

0

0,4

0,4

0

Total

18,9

39

29,4

31,9

26,7

9,82

0,18

Source : Ministère du plan et de la coopération internationale, Division des Programmes et Projets 2003.

Les données du tableau ci-dessus nous indiquent effectivement que l'Etat réalise très peu d'investissements dans le secteur agricole en vue de renforcer les performances du système de production. Cette situation, combinée avec l'accès limité des producteurs centrafricains à l'usage des fertilisants, auquel nous pouvons y ajouter aussi l'emploie des outils de production archaïques et rudimentaires provoque ainsi un affaiblissement total du système de production centrafricaine. Cette faiblesse entrave donc l'évolution des principales productions agricoles qui ne pourront être compétitifs par rapport aux productions agricoles des autres pays.

Au total, les principales conclusions de cette analyse nous révèlent que le système de production agricole centrafricain n'est pas un système compétitif car toutes ses composantes22(*) que nous venons d'analyser précédemment restent non seulement archaïques mais totalement traditionnelles et ne peuvent donc pas accroître efficacement la productivité du travail ainsi que le rendement des principales cultures pratiquées. Ces conditions nous amènent donc à revoir dans la section qui va suivre le fonctionnement du système de culture centrafricaine.

SECTION II : LE SYSTEME DE CULTURE CENTRAFRICAIN

D'une manière générale, un "système de culture" désigne une combinaison de culture sur un type de sol donné et sous des conditions spécifiques de technologie. Son unité spatiale est la parcelle23(*).

En République Centrafricaine, l'agriculture est fortement caractérisée par un système de culture itinérant dû notamment aux conditions très favorables du potentiel naturel : l'immensité du territoire avec une densité de production très faible, une pluviométrie optimale, un relief peu accidenté ajouté aussi au bon niveau de fertilité du sol constituent des immenses atouts pour le système de culture centrafricain.

Pour caractériser ce système, nous allons tout d'abord identifier les principales cultures pratiquées ainsi que leur mode de production (rotation, association), puis nous présenterons les itinéraires techniques adoptés pour conduire ces cultures, et enfin nous analyserons aussi les facteurs qui favorisent ou qui limitent le développement de ce système de culture.

2.1.Identification des cultures pratiquées.

L'agriculture centrafricaine est caractérisée par la pratique de deux types de cultures et utilise divers modes de production. Dans cette présente analyse, nous présenterons respectivement les différents types de culture pratiquée ainsi que leur mode production.

2.1.1. Les types de culture pratiquée.

On distingue en République Centrafricaine deux types de cultures à savoir la culture vivrière et la culture de rente (ou encore culture d'exportation).

2.1.1.1. Les cultures vivrières.

L'agriculture vivrière est la plus pratiquée en République Centrafricaine. Elle joue un rôle très prépondérant dans l'agriculture en général: Elle fournit des aliments nécessaires qui assurent la base alimentaire des Centrafricains. Elle produit des légumineuses (arachide, haricot, petit pois, bananes verts), les tubercules et autres racines (manioc, patate douce, Ignames) et les céréales (maïs, mils courges, blé riz etc.).

Le secteur vivrier, analysé en terme d'emploi représente 67% de la main d'oeuvre totale du secteur agricole24(*) : il est donc le grand pourvoyeur d'emploi et il contribue aussi à renforcer la sécurité alimentaire du pays.

L'analyse du tableau ci-dessous nous permettra d'appréhender l'importance de l'agriculture vivrière en terme de sa contribution au PIB centrafricain.

Tableau 10 : Etats des secteurs de production Centrafricain (en millions de FCFA) : réalisation 1994-2000

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Secteur primaire

199,3

209,5

218,1

232,5

243,9

245,7

254,1

Agriculture dont :

- Subsistances (culture vivrière)

- Culture de rente

121,4

118,7

2,8

128,6

125,6

3,0

137,2

133,9

3,3

146,1

143,3

3,6

154,8

150,9

3,9

154,3

150,4

3,9

157,8

150,0

3,7

Elevage

43,2

45,0

47,8

47,8

49,2

50,7

52,2

Secteur secondaire

63,5

65,8

58,2

56,1

56,2

59,2

54,6

Secteur tertiaire

97,6

100,0

95,5

101,4

103,7

110,7

104,6

Source : croissance pro pauvre G. AHO PNUD 2005.

Les données du tableau ci-dessus nous permettent de voir très concrètement que l'agriculture vivrière joue aussi un rôle très important dans le secteur agricole Centrafricain. Elle est aussi davantage orientée vers l'autoconsommation de la population locale. Depuis les années 1994 à 2000, sa contribution en terme de valeur ajoutée analysée dans le produit intérieur brut (PIB) centrafricain représente les 57% du PIB généré par le secteur agricole dans le PIB global.

Parmi les productions vivrières, le manioc reste depuis toujours le principal aliment de base des centrafricains ; elle représente en effet 55,1%25(*) de la production totale de la culture vivrière. Il est suivi respectivement de l'arachide, du maïs, de la courge, du sorgho, du mil, du sésame et du paddy. A côté de ces produits, il existe aussi d'autres cultures vivrières marginales qui jouent aussi un rôle important, non seulement dans la satisfaction des besoins de la population rurale en calories, mais également dans la formation de revenus. Il s'agit des produits tels que : la banane, le taro, l'igname, et les cultures maraîchères comme : la tomate, les oignons, les pommes de terre, le haricot vert et le niébé.

Le tableau ci-dessous va nous présenter l'évolution actuelle de la production de la culture vivrière de la RCA en nous faisant aussi des projections pour l'année en cours.

Tableau 11 : Production vivrière : réalisation 2005-2008 (en milliers de tonnes)

Cultures vivrières

2005/2006

estimations

2006/2007 estimations

2007/2008 estimations

2008/2009 Projection

Variation

2007/2006

Manioc

566.9

572.0

595.0

608.0

4.0%

Arachide

145.4

146.1

157.9

165.8

8.1%

Mil et sorgho

56.9

59.0

59.2

60.4

0.3%

Maïs

131.0

131.0

141.1

148.2

7.7%

Paddy

34.1

34.1

37.6

39.5

10.3%

Sésame

46.2

46.2

48.1

49.0

4.1%

Courge

30.4

30.4

31.6

32.3

3.9%

Total

1010.9

1018.9

1070.5

1103.2

5.1%

Sources : Services de la comptabilité nationale (07 Novembre 2008). Réalisé par la BEAC.

NB : Les prévisions sont faites sur la base des données estimatives 2005/2006.

Ce tableau nous montre que le principal aliment de base (le manioc) évolue très considérablement par rapport aux autres produits vivriers.

Les modes de production utilisés pour les cultures vivrières sont très divers et variables selon les zones de production agricole centrafricain ; en effet, nous pouvons constater dans une zone que les cultures sont pratiquées sous forme de rotation tandis que dans une autre elles peuvent être pratiquées sous forme d'association.

Pour faire une distinction, nous analyserons ces différents modes de culture dans les trois grandes principales zones agricoles centrafricains. A titre de rappel, il convient de noter que l'agriculture centrafricaine est globalement divisée en trois grandes zones agricoles26(*).

La première zone agricole regroupe la partie Ouest de la République Centrafricaine et le long du fleuve Oubangui. Dans cette zone, les cultures vivrières sont pratiquées sous la forme de culture associée c'est-à-dire une culture dans laquelle l'on peut y cultiver au moins deux différents types de produits agricoles (par exemple: manioc et arachide).

La seconde zone regroupe la partie du plateau centrale du pays. Elle est caractérisée par une pluviométrie suffisante qui permet la pratique de deux cycles de cultures vivrières annuelles. Dans cette zone, les cultures sont pratiquées sous forme de rotation c'est-à-dire par alternation les unes aux autres.

Enfin, la troisième zone agricole centrafricaine, localisée dans le Nord du pays a été marquée principalement par des cultures vivrières céréalières pratiquées aussi sous forme de rotation.

2.1.1.2. Les cultures de rente (ou culture destinée à l'exportation)

La culture de rente (ou des produits agricoles d'exportation) n'est pas pratiquée dans l'ensemble du territoire du pays, ceci, pour des raisons surtout d'ordre climatique. Les principaux produits agricoles d'exportation de la RCA sont : le café, le coton et le tabac.

· La culture du café est pratiquée en RCA dans les préfectures de la lobaye, de la sangha-Mbaéré, de la Mambéré Kadeï, de la Basse Kotto, du Mbomou et dans les sous préfectures de Bimbo et Kouango. Au cours des six premiers mois de l'année 2008, selon la note de conjoncture produit par la BEAC27(*) , le volume du café produit et contrôlé par l'office de règlementation, du contrôle et du conditionnement des produits agricoles (ORCCPA) s'élève à 1876,9 tonnes. Ce volume, comparé au volume des années précédentes témoigne une baisse de production du café. Selon l'ORCCPA, cette baisse résulte notamment de manque de l'encadrement des cultivateurs, de l'abandon des plantations, de l'absence de soutien à la filière et de la dégradation prononcée des pistes dans les zones caféières rendant difficile les collectes.

· La culture cotonnière est pratiquée dans le nord du Mbomou et de la basse Kotto, le Sud de la Ouaka, du kémo, Nana-Gribingui, de l'Ouham, dans l'ombella M'Poko, la haute Sangha et la Nana-Mambéré. A la fin du mois de juin 2008, la cellule de coton a déclaré une production de coton graine et coton fibre respectivement de 1082 tonnes et 417 tonnes.

Le tableau ci-dessous nous présente l'évolution de la production cotonnière au cours de ces dernières années.

Tableau 12: Production du Coton (en tonnes) : réalisation 2004-2007

 

Compagne de janvier à décembre

 

2004-2005

2005-2006

2006-2007

Variation

2007/2008

Coton graine

Coton fibre

Rendement à l'engrainage

5496

2297

42,5%

3674

1471

41,1%

2274

966

41,0%

-38,1%

-34,3%

-0,2%

Source : Socadetex (2004 et 2005), cellule coton (2006 et 2007).

La production cotonnière au cours de la période des années 2004 à 2007 est en constance baisse.

· Enfin, la culture du tabac est pratiquée sur un espace restreint (Gamboula et dans la Mamberé - Kadeï). La production de tabac dans les années précédentes est présentée par le tableau ci-dessous.

Tableau 13 : Production du tabac : compagne de 2001 - 2003.

 

Compagne

2001/2002

Compagne

2002/2003

Variation en %

Récolte (tonnes) dont :

Tabac de cape

Tabac de coupe

Nombre de planteurs

Superficie (hectares)

172

130

42

1340

19

217

156

61

1507

20

26,2%

20,0%

45,2%

12,5%

5,3%

 

Source : Compagnie d'exploitation de tabac centrafricain (CETAC Août 2008)

En ce qui concerne les modes des cultures, nous pouvons préciser que le café est pratiqué sous la forme de culture dérobée tandis que le coton et le tabac sont pratiqués sous forme de rotations.

Les itinéraires techniques adoptés par les cultivateurs pour ces deux types de cultures sont ceux que nous avons déjà évoqué dans la section précédente.

2.2.Analyse des opportunités et contraintes du système de culture

Cette présente analyse a pour objet de nous révéler les opportunités que dispose le système de culture centrafricain puis de présenter aussi les principales contraintes qui freinent le développement de ce système.

2.2.1. Les opportunités du système de culture.

Les opportunités qui s'offrent au système de culture sont multiples et sont analysées surtout au niveau naturel. En effet, les ressources naturelles disponibles en RCA sont relativement abondantes par rapport à sa population. Les conditions agro écologiques sont favorables à l'agriculture et l'élevage ; la superficie du pays est vaste28(*) comparée à sa population donnant ainsi la possibilité de vastes terres propices aux activités agro pastorales. Selon le ministère de l'agriculture, sur près de 15 millions d'hectares de terres arables, entre 600.000 et 700.000 hectares seulement sont mis en culture chaque année représentant ainsi près de 1% du territoire national et 4,4% de la superficie cultivable29(*) : ceci nous montre que le pays dispose en abondance des superficies de terre cultivables qui ne sont pas encore exploitées. Mais malgré ces opportunités, il convient de noter que les quantités des productions des différentes cultures ne sont pas toujours à la hauteur des énormes potentialités que regorge le pays : ceci nous témoigne l'existence de plusieurs entraves contraignant le développement du système de culture.

2.2.2.Les contraintes au système de culture

Les principales contraintes qui s'opposent au développement du système de culture centrafricain sont d'ordre technique et sont spécifiques à chaque type culture. Nous présenterons respectivement dans cette analyse les entraves liées aux cultures vivrières et celles liées aux cultures de rente.

En ce qui concerne la culture vivrière, les principales contraintes s'opposant à cette culture peuvent être analysées comme suit :

· On constate un très mauvais état des infrastructures de base, notamment routières qui empêche l'acheminement des denrées de la zone de production pour les marchés ; ceci a fait que chaque année, les producteurs peuvent se retrouver facilement avec des énormes stocks de produits invendus ; cette situation les décourage davantage à entreprendre les mêmes cultures pour la prochaine campagne agricole. Ceci provoque souvent des baisses considérables de production. Par ailleurs les quelques rares pistes fréquentables qui relient les zones de production aux marchés des villes ou des régions des alentours sont infestées des coupeurs de routes provoquant ainsi la désorganisation des circuits de commercialisation des produits et d'approvisionnement des cultivateurs en intrants;

· Les outils de production utilisés sont restés rudimentaires provoquant la baisse de la productivité ;

· Il y a également la disparition des structures d'encadrement des cultivateurs.

La culture de rente ou d'exportation rencontre elle aussi les mêmes obstacles que nous venons d'analyser pour les cultures vivrières mais à cela, nous pouvons y ajouter aussi:

· Abandon des plantations du fait de la faiblesse de leur rendement;

· Absence de soutien à la filière;

· Absence d'encadrement des cultivateurs et la dégradation prononcée des pistes dans les zones caféières rendant difficile les collectes.

Au total, le système de culture centrafricain est caractérisé par deux types de cultures. Ce système dispose naturellement des potentialités qui devraient efficacement contribuer au décollage de l'agriculture centrafricaine mais qui malheureusement ne sont pas exploitées de manière optimale.

SECTION III : LES PRODUITS AGRICOLES D'EXPORTATION ET LEUR COMPETITIVITE

La compétitivité des produits agricoles centrafricains que nous allons analyser dans cette présente section concerne plus précisément les produits agricoles d'exportation qui constituent les principaux produits faisant l'objet des échanges commerciaux de la RCA avec l'extérieur.

A titre de rappel, nous précisons qu'au niveau mondial, les échanges commerciaux des produits primaires doivent faire face d'une part à des obligations de qualité imposées par des normes sanitaires et phytosanitaires et d'autre part aux fluctuations des cours sur les marchés. Ainsi, pour faire face à ces deux obligations, les produits exportés par chaque pays sur le marché mondial doivent être compétitifs. L'analyse de cette compétitivité des produits agricoles, considérée dans le cas centrafricain constitue donc l'objet principal de notre présente étude.

3.1.Evolution des exportations des produits agricoles centrafricaine

Les exportations des produits agricoles centrafricains sont concentrées essentiellement sur quelques produits primaires dont les plus importants sont : le diamant, le bois, le café, le coton et le tabac.

1) le diamant : il représente 55,5% des exportations en moyenne depuis plus d'une décennie considérée sur la période de 1995 - 2000.

2) Le bois : une partie de la production du bois est consommée localement et l'autre partie fait l'objet de l'exportation. Les ventes locales de bois ne concernent que les sciages et les contreplaqués. Le tableau ci-dessous va donc nous renseigner sur la production et la vente du bois centrafricain durant les années précédentes.

Tableau 14 : Production et vente du bois Centrafricain : réalisation 2005-2007.

 

2005

2006

2007

Variation

2007-2006

a) Production (m3)

Grume

Sciage

Contreplaqués

544402

74186

1434

624861

84304

805

537998

91239

632

-13,9%

8,2%

-21,5%

Total

530022

709970

629869

-11,3%

b) Ventes locales (m3)

Grume

Sciage

Contreplaqués

0

8089

506

0

10650

836

0

11565

703

0

8,6%

-15,9%

Total

8595

11486

12268

6,8%

c) Exportation

Grume

Sciage

Contreplaqués

144391

52878

5

192259

70779

475

189129

81175

375

-1,6%

14,7%

-21,1%

Total

197274

263513

270679

2,7%

d) Ventes totales

Grume

Sciage

Contreplaqués

144391

60967

511

192259

81429

1311

189129

92740

1078

-1,6%

13,9%

-17,8%

 

Total

205869

274999

282947

2,9%

Sources : Direction des Forêts (production et ventes locales) Bivac (export grumes et sciages)

3) Le café : les exportations du Café ont connu une hausse au cours de ces dernières années; en effet, elles ont atteint 7320 tonnes en 2008 contre 1646,330(*) tonne de l'année 2005, soit un accroissement de 344,6%.

En ce qui concerne les ventes, elles se sont inscrites en hausse de 419,9%. Leurs valeurs s'élèvent à 4207,7 millions de FCFA contre 809,3 millions comparées à celle de l'année 2004. Au plan mondial, la valeur unitaire du café a augmenté passant de 491,6 FCFA/kg en 2004 à 574,8 F CFA/kg en 2007 soit un net redressement de 16,9%.

Le tableau ci-dessous nous présente les exportations du café dans les années précédentes.

Tableau 15 : Exportation du café centrafricain : réalisation 2005-2007

 

2005

2006

2007

Variation

2007-2006

Volume (en tonne)

Valeur total (en millions de FCFA)

Valeur unitaire (en FCFA/kg)

Cours mondiaux (en FCFA/kg)

2509,9

925,6

369,8

686,04

1646,3

809,3

491,6

842,5

7320,1

4207,7

574,8

841,1

344,6%

419,9%

16,9%

-0,2%

Sources : Office de réglementation, du contrôle et du conditionnement des produits agricoles (ORCCPA).

4) Le coton : le volume du coton exporté s'inscrit en baisse au cours de ces dernières années ; en effet en 2007, le volume exporté est de 739 tonnes pour une valeur de 405 millions de FCFA contre 1370 tonnes pour l'année 2005 valant 743 millions de FCFA. Ces différences de volume exprimées en pourcentage dégagent une baisse de 46,1%. Le tableau qui va suivre nous permettra d'analyser l'évolution des exportations du coton dans les années précédentes.

Tableau 16 : Evolution des exportations du coton : 2005-2008.

 

2005

2006

2007

Variation 2007-2006

Volume (en tonnes)

Valeur total (en millions de FCFA)

Valeur unitaire (en FCFA/kg)

Cours mondiaux (en FCFA/kg)

2302,0

1091,0

473,9

691,6

1370,0

743,0

542,3

647,9

739,0

405,2

548,0

645,8

-46,1%

-45,5%

1,1%

-0,3%

Sources : Socadetex (2004 et 2005), cellule coton (2006 et 2007).

5) Le tabac : il est la troisième culture d'exportation pratiquée en RCA, il constitue une source de devises pour le pays et de revenus pour les populations en zone de production. En février 2008, le gouvernement s'était engagé, non seulement, à payer aux tabaculteurs les arriérés de l'année 2007, mais aussi à les sensibiliser sur la nécessité de renouer avec les activités de productions. Ces actions positives ont donc suscité un engouement des planteurs à reprendre cette culture.

Fort de ce qui précède, l'institut centrafricain de la statistique, des études économiques et sociales (ICASEES) estime que la production du tabac devrait évoluer d'ici 2010 de la manière suivante : 146 tonnes en 2008, 150 tonnes en 2009 et 158 tonnes en 2010.

La principale difficulté rencontrée par cette filière concerne notamment l'absence des structures de l'écoulement des produits des cultivateurs ainsi que le manque des demandes potentielles.

L'analyse de la production, de la vente et des revenus générés par cette culture est faite dans le tableau ci-après.

Tableau 17 : Production et vente du tabac centrafricain : réalisation 2001-200331(*).

 

Campagne 2001/2002

Campagne 2002/2003

Variation

en %

Récolte (tonne)

Nombre de planteurs

Superficie (hectares)

Rendement kg/ha

Poids moyens livré/planteur en kg

Valeur d'achat de la récolte (en millions de Fcfa)

Revenu net (planteur (en FCFA)

172

1340

19

688

172

113

88135

217

1507

20

835

160

140

93000

26,2%

12,5%

5,3%

21,4%

-7,0%

24,4%

5,5%

Source: note de conjoncture mai 2008 BEAC

Ces cinq produits primaires dont trois agricoles sont donc les principaux produits exportés par la RCA depuis les années de l'indépendance jusqu'à nos jours. A côté de ces produits on note également un certains nombres de produits agricoles faisant aussi l'objet des exportations. Mais compte tenu de leurs valeurs marginales, ils sont globalement catégorisés en divers qui regroupe les sous produits agricoles centrafricains destinés à l'exportation ; ce sont des produits tels que : le haricot vert, la gomme arabique, les peaux bruts la cire d'abeille...

Si nous analysons de manière globale l'évolution des produits agricoles d'exportation centrafricaine sur une période décennale, nous pouvons constater que le rythme de l'évolution des ventes de ces produits est généralement orienté vers le bas. Le tableau qui va suivre nous permettra donc d'analyser en termes de valeur, l'évolution des exportations des produits primaires centrafricains.

Tableau 18: Evolution des exportations des produits primaire Centrafricain : Unité millions de FCFA.

Produits

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Diamants

41904

37847

37729

31956

36554

36968

41217

36317

28332

28861

Or

338

123

83

11

189

60

169

71

10

51

Bois

25762

4371

10215

4897

11903

4624

10119

1113

979

22215

Café

15773

3571

3566

10433

8770

6422

1790

11283

18919

996

Coton fibre

9952

19

11017

10909

4710

1943

7409

5225

0

11

Divers

3332

21464

1095

7019

1393

2066

2020

2442

8385

3376

Total

96961

67395

66705

63459

56233

54395

56233

56451

54625

55510

Source : Monkan et al, DSEES 2005.

Les données du tableau ci-dessus peuvent être analysées de la manière suivante :

· Les exportations du diamant ont connu une baisse à partir de 1996 jusqu'en 1998, année où elles touchent le bas niveau (-15,3% en variation annuelle), elles se redressent par la suite en 2001 pour décliner encore les années d'après. Ainsi tout au long de cette période décennale, on constate que les ventes de cette pierre précieuse ont connu une baisse de 31%.

· Les exportations du bois ont connu elles aussi des alternances tantôt en haut et tantôt en bas pendant les périodes des années 1995 à 2004. durant cette périodes, la forte hausse des exportations du bois a été constaté en 2004 (+117,4% si nous comparons la valeur de 2004 à celle de 1997) mais en recul de 13,7% comparé à celle de 1995. la chute la plus importante des exportations du bois a été enregistrée en 1996.

· En ce qui concerne les ventes du café, les exportations ont culminé en 2003 représentant une hausse de 67,7% comparées à celles de 2002. Ces exportations se sont effondrées en 2004 à un niveau plus bas jamais atteint. Cette chute peut être expliquée par les crises militaro - politique qui ont perturbé la campagne 2003/2004.

· Quant au coton fibre, les exportations ont atteint leur plus forte valeur en 1997 et ont reculé constamment depuis lors jusqu'en 2000 représentant ainsi une baisse de 72,1% comparée à l'année 2001. Elles ont amorcé une reprise l'année d'après avant de s'effondrer totalement en 2003 et 2004.

Cette l'analyse l'évolution des exportations des principaux produits agricoles centrafricains  nous conduit logiquement à l'analyse des marges préférentielles dont bénéficient ces produits sur les marchés extérieurs.

3.2.Présentation des marges préférentielles des produits agricoles centrafricains

Avant de procéder à la présentation des marges préférentielles des produits agricoles centrafricains sur les marchés extérieurs, nous avons jugé aussi très utile de faire tout d'abord un bref aperçu sur l'orientation géographique de ces exportations.

3.2.1.Directions des exportations des produits agricoles centrafricains

Les produits agricoles centrafricains sont globalement orientés vers les cinq continents en fonction de la demande de chaque région. Le tableau ci-dessous nous montre l'orientation géographique de ces produits agricoles d'exportation.

Tableau 19 : Destination des exportations des produits agricoles centrafricains (en millions de FCFA)

Continents

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Europe

U.E

53728

53728

41501

41499

53879

53815

56443

52931

55925

51813

46719

46584

47037

46013

43164

41867

26822

2633

27006

18448

Afrique

CMAC

4174

1684

21082

17164

3400

2165

6015

3968

11057

7089

2397

772

2722

1188

1866

966

11341

11072

25394

25043

Amérique

185

16

76

147

34

80

414

79

0

0

Asie

512

11

58

87

0

791

2417

1338

0

294

Océanie

0

0

23

0

0

0

0

0

0

0

PNDA

38362

4785

4802

6392

0

6247

829

7801

18462

2344

Total

96961

67395

62238

69084

67016

56234

54395

54248

56625

55038

Sources : DSEES et Monkam 2005.

Il ressort du tableau ci-dessus que l'Europe est la destination principale des exportations centrafricaines. En effet, si nous exprimons les valeurs des ventes ici présentées par le tableau ci-dessus en terme de pourcentage, nous avons constaté très rapidement que l'Europe en a absorbé une partie importante de ces ventes, cela représente en moyenne 71% dont 62% pour l'U.E. L'Europe est donc la première cliente de produits agricoles d'exportation centrafricaine. Après l'Europe vient de loin l'Afrique avec 14% des ventes dont 11,1% vers la CEMAC ; puis l'Asie environ 1%. Les ventes vers d'autres continents notamment l'Amérique, 0,1%, sont négligeables. L'avant dernière ligne du tableau ci-dessus désigne les destinations non définies vers lesquels sont orientées les exportations des produits agricoles centrafricains; si nous exprimons leur valeur en pourcentage, cela représente donc 14% des ventes totales des produits agricoles d'exportation centrafricaine.

Ainsi présenter les différentes orientations géographiques des exportations agricoles centrafricaines, il convient maintenant d'analyser les marges préférentielles de ces produits sur les marchés des différentes régions analysées ci haut.

3.2.2.Analyse des marges préférentielles des produits agricoles centrafricains.

A titre de rappel, il convient de savoir que dans le cadre des exportations des produits primaires des pays ACP, on désigne généralement par marges préférentielle les opportunités accordées à ces exportations en vue notamment de faciliter leur entrée sur les marchés extérieurs des pays ayant signé les mêmes accords de partenariat : il s'agit ici des pays ACP et de l'U.E. Ainsi, dans ce contexte, il est bon de noter que les produits agricoles d'exportation centrafricaine bénéficient de trois différentes marges préférentielles respectivement sur les marchés de la CEMAC de l'UE et des autres pays tiers.

· Sur le marché de la CEMAC, les exportations des produits agricoles centrafricains y bénéficient d'une libre entrée. En effet, la CEMAC a établi en 1995 une zone de libre échange (ZLE) qui accorde des préférences aux exportations de chaque pays membre. Grâce à ces préférences, la RCA a depuis lors vendu librement ses produits agricoles sur les marchés des autres pays membres de la CEMAC. Malheureusement les ventes centrafricaines sont demeurées si peu diversifiées et se sont beaucoup plus concentrées sur un nombre restreints des produits agricoles tels que : la cire d'abeille, peaux bruts, le bois brut, le bois scié, le diamant, le coton et le café. La répartition de ces ventes dans les autres pays de la CEMAC se présente de la manière suivante.

Tableau 20 Principaux produits exportés par la RCA dans la CEMAC

Principaux produits exportés

Cameroun

Congo

Tchad

Café

X

 
 

Cire d'abeille

X

 
 

Cigarette contenant le tabac

X

 
 

Peaux brutes de bovins

X

 

X

Bois bruts

X

X

 

Bois sciés

X

 
 

Coton

X

 
 

Diamants

X

 
 

Source : Monkan et al 2005.

Selon le tableau ci-dessus, la RCA exporte ses produits agricoles dans trois pays de la CEMAC (Cameroun, Tchad, Congo). Presque la plupart de ses exportations a été absorbée par le Cameroun. Si nous comparons ces exportations aux importations des produits alimentaires des autres pays de la CEMAC, cela dégage un solde excédentaire de la balance Commerciale centrafricaine.

Les données sur les exportations et importations des produits agricoles centrafricains dans la CEMAC au cours des années 2003 et 2004 présentées par le tableau ci-dessous nous permettent donc de voir le solde de la balance commerciale centrafricaine.

Tableau 21 : Balance commerciale (en milliards de FCFA) : réalisation 2003 - 2004.

2003

Flux

Cameroun

Tchad

Congo

Gabon

Ensemble

Exports

10874

15

184

0

11073

Imports

8494

344

1333

65

10236

Balance

2380

-329

-1149

-65

837

2004

 
 

Flux

Cameroun

Tchad

Congo

Gabon

Ensemble

Exports

25674

6,3

332

0

26012

Imports

4900

1402

652

355

7309

Balance

20774

-1395,7

-320

-355

18703

Source : Ministère du commerce 2005.

Le Commerce des produits agricoles centrafricains se fait quasi principalement avec le Cameroun ; ceci, du fait qu'il importe des quantités considérables du bois centrafricain comme matière première de ses industries de papier. La balance commerciale reste négative pour les autres pays auxquels la RCA importe leurs produits primaires.

Les principaux produits importés par la RCA chez les autres pays de la CEMAC peuvent être repartis de la manière suivante.

Tableau 22 : principaux produits alimentaires importés par la RCA dans la CEMAC

Produits importés

Cameroun

Congo

Gabon

Tchad

Poissons

X

 
 
 

Crevettes

X

 
 
 

Laits

X

 
 
 

Haricots

X

 
 

X

Riz

X

 
 
 

Farine de froment

X

 
 
 

Sucre

X

X

X

 

Huile d'arachide

X

 
 
 

Biscuits

X

 

X

 

Pâtes alimentaires

X

 
 
 

Source : Ministère de commerce (Monkan et de 2005).

La RCA peut donc, grâce à la marge préférentielle dont elle en dispose au sein de la CEMAC, accroître et diversifier ses exportations sur les marchés de la communauté et réduire en même temps ses importations par une hausse des produits de substitution aux importations.

· Du côté du marché de l'UE, les exportations des produits agricoles centrafricains bénéficient à leur entrée, des préférences commerciales dites « tout sauf les armes » (TSA). Selon ces préférences, les produits agricoles centrafricains vont donc entrer en franchise de droit de douane sur le marché de l'UE lorsqu'ils remplissent les seules exigences de qualités, notamment les normes sanitaires et phytosanitaires (SPS).

· Sur les autres marchés des pays tiers, les exportations des produits agricoles centrafricains bénéficient d'un traitement spécial accordé par les pays développés à l'ensemble des pays moins avancé (PMA); ce traitement a été inscrit dans le système de préférence généralisé (SPG) en vue notamment de favoriser les exportations des pays en développement sur les marchés des pays développés.

Au total, grâce à ces préférences, la RCA dispose de vastes marchés à satisfaire ; mais malheureusement ses produits d'exportation sont restés toujours peu diversifiés ce qui réduit sa compétitivité par rapport aux autres pays ACP disposant de ces mêmes préférences.

3.3.Analyse de la compétitivité des produits agricoles centrafricains

La compétitivité d'un produit désigne l'aptitude de ce produit à faire face à la concurrence des autres produits. Au niveau de la nation, la compétitivité traduit la capacité de cette nation à conserver ou à augmenter les parts de ses marchés face à la concurrence étrangère.

Plusieurs facteurs permettent d'analyser la compétitivité d'un produit. Entre autre nous pouvons considérer : les technologies utilisées, les volumes et quantités des produits ainsi que les prix de vente. C'est donc précisément sur ces facteurs que nous analyserons la compétitivité des produits agricoles centrafricaine.

Sur le plan technologique, La RCA est moins compétitive par rapport à plusieurs autres pays ACP notamment les pays de la CEMAC. La technologie dont nous évoquons ici désigne l'ensemble des moyens et outils de production agricole utilisés. En effet, comme nous l'avions déjà présenté dans la section précédente, les principaux outils ou moyens de production agricole centrafricains restent globalement archaïques et rudimentaires. Leur utilisation influe très négativement sur la compétitivité du système agricole de la manière suivante.

1) Affaiblissement de la compétitivité en terme de volume 

Le volume des produits agricoles exporté par RCA reste insignifiant par rapport à la demande extérieure des différents marchés dont elle en dispose des préférences. Le faible volume résulte notamment des faibles rendements des différentes cultures dues à l'usage des outils non appropriés. Ainsi, en faisant donc une analyse de l'évolution de production des différentes cultures pendant une période décennale, on sera persuadé que ces productions évoluent dans une tendance orientée globalement vers la baisse, ceci notamment à cause de la faiblesse des facteurs technologiques.

Tableau 23: Evolution des principales productions des différentes cultures.

Produits

1990

1995

2000

2001

2002

2003

Moyenne

Cultures d'exportation

 
 
 
 
 
 
 

Coton graine

93.3

32.3

24.5

32.9

2.2

1.5

31.12

cafés coque

31.1

11.2

16.8

18

10.2

5.4

15.45

Tabac

0.5

0.2

0.2

0.1

0.2

0.2

0.023

Culture vivrière

 
 
 
 
 
 
 

Manioc

547.3

491.6

500

561.1

563.2

564.3

537.92

Mil/sorgho

30.2

33.0

41.8

50.3

52.2

53.1

43.55

Arachide

80.5

85.5

104

121.9

127.8

133.6

108.33

Maïs

51.1

70.8

100.7

107

113

119

93.6

Sésame

21.0

28.6

37.4

39.4

41.1

42.8

35.05

Riz

7.8

10.0

22.7

25.3

27.4

29.7

20.48

Courge

12.8

27.9

15.7

24.2

25.5

26.8

22.15

 

Sources : base des données BEAC 2003.

La production agricole d'exportation évolue en terme de baisse depuis l'année de base 1990. Cette baisse a été très accentuée pour la culture de coton, puis celle du café qui sont les principaux produits d'exportation centrafricaine.

La production vivrière connaît pour sa part des fluctuations tantôt en hausse tantôt en baisse. Globalement ces productions, faute de la faiblesse de la technologie n'ont pas connu une évolution en terme absolue. Cette situation provoque donc la baisse du volume des produits exportés qui a pour corollaire l'affaiblissement total de la compétitivité du volume des produits agricoles exportés par la RCA sur les marchés extérieurs.

2) Affaiblissement de la compétitivité en termes de prix

Faute de technologie appropriée, les produits exportés par la RCA sont restés peu diversifiés et sont vendus à l'état brut à l'extérieur. Cette situation réduit donc les possibilités du pays à envisager l'exportation des produits manufacturés.

Outre cette faiblesse technologique, nous pouvons aussi y ajouter la faiblesse des infrastructures notamment routières qui influe très négativement sur la compétitivité prix. Cette faiblesse de la compétitivité prix sur le marché extérieur s'explique notamment par la dégradation chronique des routes qui ne favorise pas l'acheminement rapide des produits à l'extérieur. Ceci provoque ainsi une hausse de leur coût de revient à l'exportation rendant ainsi très chers les prix de vente par rapport au prix du marché réduisant par la même occasion les revenus des produits exportés. Notons aussi que l'affaiblissement de la compétitivité prix des produits agricoles peut s'expliquer aussi par le simple fait de l'éloignement du pays par rapport au port (car le port le plus proche, celui du douala, se situe à 1600 km de Bangui la capitale de la RCA).

Au total, la faiblesse de la technologie agricole utilisée en RCA a pour corollaire la baisse des rendements des cultures. Cette baisse réduit donc le volume des productions d'exportation. Cette situation, ajoutée aussi à la dégradation considérable des infrastructures routières auxquelles on y associe aussi la situation d'enclavement du pays provoque d'une part la faiblesse de la compétitivité des produits agricoles exportés et d'autre part la faiblesse du système agricole en général. Ainsi, le système agricole centrafricain n'est donc pas un système compétitif.

Au terne de cette étude qui a objet principal l'analyse de la compétitivité du système agricole centrafricain ; pour la réaliser, nous avions tout d'abord orienté notre analyse sur le système de production agricole qui regroupe l'ensemble des moyens de production agricole utilisé, puis nous avions aussi analysé le système de culture qui fait l'état des principales cultures pratiquées en RCA. Il ressort de notre analyse que le système de production agricole centrafricain n'est pas un système compétitif cela s'explique notamment par la faiblesse de la technologie agricole utilisée. De même, le système de culture reste encore un système traditionnel à cause notamment du manque de la diversification des produits agricoles. 

Ces insuffisances analysées respectivement au niveau du système de production et du système de culture ajoutée aussi à la dégradation des principales infrastructures de base agricoles provoquent donc l'affaiblissement de la compétitivité du système agricole centrafricain réduisant ainsi la compétitivité de l'agriculture centrafricaine par rapport aux agricultures des autres pays ACP. Ainsi, à l'état actuel de ce niveau de développement de l'agriculture centrafricaine que nous venons ici d'analyser, le pays ne pourra non plus faire face à des éventuelles concurrences extérieures.

CHAPITRE III

PERSPECTIVES DE MISES EN OEUVRE DES APE ET IMPACTS SUR LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

Les relations de coopération ACP - UE débutées avec les conventions de Lomé en 1975 accordaient des préférences commerciales non réciproques aux pays ACP. Mais depuis lors, ces préférences n'ont même pas réussi à satisfaire les objectifs qui leurs sont assignés en terme de développement, de diversification des exportations et d'augmentation de flux commerciaux des pays ACP. Dans le cadre commercial, ces préférences ne sont pas en conformité avec les principes de non réciprocité de l'OMC. C'est précisément dans cet esprit que les négociations de l'accord de Cotonou ont porté sur l'établissement d'une préférence réciproque caractérisée par l'insertion de la réciprocité dans les relations commerciales ACP-UE à travers l'établissement d'une zone de libre échange (ZLE) sous la forme des Accords de Partenariat Economique (APE).

Dans le contexte Centrafricain, l'insertion de cette réciprocité dans les relations commerciales avec l'UE aura très probablement des impacts à la fois positifs ou négatifs sur le système économique. Comme le principal moteur de l'économie centrafricaine demeure encore l'agriculture, nous allons donc évaluer dans ce présent chapitre les impacts de cette réciprocité (ou encore de la libéralisation des échanges) sur le système agricole centrafricain, puis nous ferons par la suite des propositions des mesures d'adaptation à ce système.

SECTION I : EVALUATION DES IMPACTS DES APE SUR LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

Les Accords de Partenariat Economique poursuivent plusieurs objectifs. Pour l'UE ils constituent un instrument de réduction de la pauvreté, tandis que la plupart des pays ACP redoute encore leurs enjeux à cause précisément de leurs principes de libéralisation des échanges et du démantèlement des droits de douane. C'est donc précisément sur ces deux principes que nous allons orienter notre présente analyse, en prenant le cas centrafricain pour évaluer les impacts de la libéralisation des échanges et du démantèlement des droits de douane sur son système agricole.

L'analyse qui va suivre sera donc portée tout d'abord sur le système de production, ensuite sur le système de culture pour en finir après sur la compétitivité des produits agricoles.

1.1.Impact des APE sur le système de production agricole

Le système de production agricole analysé dans le chapitre précédent concerne plus précisément les moyens de production, les technologies de production ainsi que les intrants utilisés dans le processus de production agricole. L'analyse du système de production agricole centrafricain nous montre que le pays continue encore à utiliser des outils de production rudimentaires, archaïques et manuels, qui n'ont pas pu permettre depuis lors le développement de l'agriculture centrafricain. L'usage de tels types des outils de production peut s'expliquer notamment par la hausse du prix des équipements et des outils de production appropriés importés, à cause notamment de l'enclavement du pays qui renchérit les coûts de transport, mais surtout à cause des droits et taxes de douanes élevés appliqués sur ces équipements qui provoquent souvent la hausse de leurs coûts de revient et ne permettant ainsi pas aux cultivateurs centrafricains de s'en approprier.

Cette situation nous amène donc à faire une analyse de manière générale du taux de protection ou encore des tarifs douaniers appliqués par la RCA sur les importations en provenance de l'UE en vue notamment de voir la part de ces taux sur les intrants, les moyens de production ainsi que les biens d'équipement agricole importés par la RCA en provenance de l'UE. Le tableau ci-dessous va donc nous présenter les taux de droit de douane appliqué par la RCA sur les différents biens d'importations en provenance de l'UE

Tableau 24 : Taux de production nominal selon les catégories des produits

Catégorie du tarif

Figure a

Figure b

Figure c

Figure d

5%

37.54%

35.54%

10.4%

8.4%

10%

42.99%

40.99%

15.5%

13.5%

20%

54.79%

52.79%

27.65%

25.65%

30%

66.59%

64.59%

39.9%

37.9%

Sources : Direction des douanes centrafricaines (Avril 2005).

Le tableau ci-dessus peut être interprété de la manière suivante :

· La catégorie I du tarif douanier nous montre le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué par la RCA sur les biens de première nécessité en provenance de l'Union Européenne. Ce taux est compris entre 8,4 et 37,5%.

· La catégorie II du tarif douanier nous indique quant à elle le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué sur les matières premières et bien d'équipement en provenance de l'UE. Ce taux est compris entre 13,5% et 43%.

· La catégorie III du tarif douanier constitue le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué sur les inputs (intrants) et les biens intermédiaires. Il est compris entre 25,65% et 54,75%.

· Enfin, la catégorie IV du tarif douanier indique le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué sur les biens de consommation finale. Ce taux est compris entre 37,9% et 66,59%.

Pour l'ensemble des moyens de production intégrant le système de production centrafricain et importés de l'Union Européenne, les droits de douane qui leurs sont appliqués sont ceux soit de la catégorie II ou soit de la catégorie III du tableau ci-dessus. Leur moyenne varie respectivement de 28,52% et de 40,2%.

Ainsi, en situation de démantèlement des droits de douane, ces tarifs douaniers seront aussi démantelés et les coûts des intrants sur lesquels ces droits y sont appliqués vont sensiblement être baissés facilitant ainsi l'accès des cultivateurs centrafricains à l'usage des outils de production performants et l'augmentation des quantités des fertilisants utilisés, notamment l'engrais dont les quantités utilisées restent depuis toujours très insignifiant par rapport à la superficie (0,6kg/ha)32(*)des cultures.

L'usage des outils performants et l'emploi massif des fertilisants aura très probablement une répercussion directe sur le niveau de production agricole qui sera ainsi revue en hausse et permettant donc de compenser ce que l'Etat doit perdre au titre des droits et taxes de douanes non perçus sur ces produits en provenance de l'UE.

Pour comprendre cette corrélation positive que nous venons ici de démontrer entre le démantèlement du droit de douane et système de production agricole centrafricain, il faut spécifier l'analyse et non la généraliser à l'ensemble des droits de douane c'est-à-dire que nous devons comparer plus précisément la valeur des pertes douanières sur les intrants aux effets produits par ces intrants pendant leur usage.

1.2. Impact des APE sur le système de culture centrafricain

L'analyse du système de culture que nous avions fait dans le chapitre précédent est très vaste ; ceci, notamment pour une meilleure compréhension de ses composantes et de son système de fonctionnement. Mais notre présente analyse en ce qui concerne l'évaluation des impacts des APE, sera portée plus précisément sur la culture vivrière et sur la culture de rente.

1.2.1. Impact des APE sur l'agriculture vivrière

Nous évaluerons ces impacts de deux manières ; d'une part, l'analyse se fera sous l'angle des effets des produits alimentaires importés par rapport aux produits vivriers locaux et d'autre part l'analyse se portera aussi sur les effets du démantèlement des droits de douanes sur les cultures vivrières.

Il convient de noter que l'insertion de la réciprocité dans les termes de l'échange entre l'UE et la RCA analysée dans le contexte de la culture vivrière ne présente pas assez des effets néfastes. En effet, les produits alimentaires européens importés ne peuvent non plus concurrencer les produits vivriers locaux car ces derniers constituent la base des produits alimentaires des centrafricains (manioc, riz, maïs, mil/sorgho, légumes).

Quant au démantèlement de droit de douane sur les produits alimentaires importés de l'UE, cela va certes engendrer des pertes des recettes publiques au titre du non paiement des droits et taxes de douane devant être perçus sur ces produits. Nous allons démontrer ici que ces pertes peuvent être aussi compensées d'une autre manière. En effet, l'augmentation des importations des biens de consommation en provenance de l'UE suite au démantèlement des droits de douane provoquera la baisse sensible du prix de ces biens. Cette baisse augmentera le surplus du consommateur centrafricain et va donc se traduire par un accroissement du pouvoir d'achat des ménages et donc corrélativement de la demande supplémentaire des produits de consommation locale. Cette hausse de la demande de produits de consommation, analysée dans l'optique keynésienne, va donc susciter des nouvelles offres de ces produits ; ainsi, les producteurs locaux vont donc augmenter le volume de leur production en vue de répondre à cette demande supplémentaire. Pour augmenter le volume de leurs productions, ces agriculteurs vont donc améliorer leurs techniques culturales en abandonnant par exemple la culture manuelle pour s'orienter progressivement vers la culture attelée et en utilisant aussi des outils de production appropriés, des fertilisants en grandes quantités. La conséquence directe de cette situation sera non seulement l'augmentation du volume de la production locale, mais aussi l'amélioration ou le progrès du système de culture centrafricain. Cette situation donnera donc l'opportunité à la RCA de pouvoir diversifier ses productions agricoles et d'envisager la production des biens de consommation dont elle en dispose des avantages compétitifs et comparatifs sur les autres marchés.

Pour que cette situation ici présentée puisse se réaliser, il ne faut pas que le surplus du consommateur soit accaparé par les commerçants importateurs ou distributeurs autrement le démantèlement du droit de douane ne pourra pas stimuler la demande locale mais va augmenter seulement la plus value de ces commerçants. En effet, le surplus du consommateur pourra être accaparé par le commerçant malgré le démantèlement des droits de douane lorsque ce dernier achète les produits importés à bas prix mais les revend au prix initialement avant le démantèlement. Pour que cette situation ne puisse pas se produire, des mécanismes de contrôle des prix doivent être mis en place en vue notamment de contrôler les prix pratiqués par les commerçants locaux.

Au total, les APE ne vont pas générer des effets négatifs sur l'agriculture vivrière centrafricaine car la plupart des produits alimentaires de l'UE importés par la RCA n'ont pas un caractère de produits de substitution aux produits locaux mais servirons plutôt des produits de complémentarité.

1.2.2.Impact des APE sur la culture de rente (ou d'exportation)

A titre de précision, les produits de rente centrafricains (café, coton et tabac) sont principalement des produits tropicaux qui ne sont presque pas produits dans tous les pays de l'Union Européenne.

En effet, dans l'ensemble de l'espace de l'Union Européenne seuls la Grèce et l'Espagne produisent le coton. Ainsi, avec la libéralisation des échanges avec l'UE, la RCA ne sera pas confrontée à une éventuelle compétition en ce qui concerne ses produits de rente. Mais le véritable danger qui pourra se produire concernant ces produits (de rente) se situe notamment du côté du démantèlement du Stabex.

En effet, il était prévu dans les APE que les mécanismes compensatoires (Stabex Sysmin) seront démantelés et seule la loi du marché va donc réguler les achats et les ventes ; or il convient de rappeler que les cours des matières premières ne cessent de connaître de fluctuations qui affectent souvent très négativement les recettes d'exportation centrafricaine provoquant ainsi une baisse des revenus de ces produits exportés : cette baisse est souvent compensée par le transfert des ressources de STABEX33(*) Ceci en vue de soutenir les pays ACP à continuer d'exporter leurs produits agricoles. En situation de démantèlement du système compensatoire (STABEX), les recettes d'exportation des produits primaires centrafricains seront donc constamment soumises aux fluctuations des cours mondiaux provoquant ainsi la baisse des revenus d'exportation. A long terme cette baisse va donc décourager les cultivateurs centrafricains qui vont abandonner progressivement ces cultures du fait notamment de leur faible rentabilité. L'abandon de ces cultures va donc générer des pertes énormes pour le pays. Ceci nous montre donc que les APE auront un impact négatif sur l'agriculture d'exportation centrafricaine à cause notamment du démantèlement du STABLEX.

1.2.3.Impact des APE sur l'élevage centrafricain

Après l'agriculture, l'élevage contribue lui aussi pour une part non moins négligeable au PIB centrafricain. Il fait aussi l'objet des échanges avec l'extérieur ; ceci nous amène donc à étendre notre analyse sur ce secteur. Mais bien avant de commencer cette analyse, il est très intéressant de donner tout d'abord un bref aperçu sur l'importance des ce secteur dans l'économie centrafricaine.

En République Centrafricaine, l'élevage englobe le petit élevage villageois traditionnel, l'élevage sédentaire et transhumant ainsi que le petit élevage moderne. D'après le document de stratégie de développement du secteur rural (DSDER) de décembre 2007, le secteur d'élevage génère 13,0% du PIB total contre 13,3% en 1997 ; ceci nous montre très concrètement que la contribution de l'élevage au PIB centrafricain est aussi très importante mais reste relativement stable depuis plus d'une période décennale. Par ailleurs ce secteur contribue pour 6,6% de l'effectif des employés. En 2007, les estimations du cheptel centrafricain portent sur 14416000 têtes contre 13842000 en 2006, soit une hausse de 4,1%34(*). La valeur des exportations atteint en ces mêmes périodes 3 milliards de FCFA.

Ainsi, au regard du nombre si important de bétails centrafricains que nous venons ici de constater, nous estimons a priori que l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine n'aura probablement pas des impacts négatifs sur le système d'élevage. En effet, le tableau ci-dessous va donc nous faire l'état du secteur d'élevage centrafricain avec des projections jusqu'en 2010.

Tableau 25: Projection des effectifs du cheptel jusqu'en 2010.

Libellés

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

 
 
 
 
 
 
 
 

Effectifs du cheptel

Dont Bovins

Ovins

Caprins

Volailles

3425

272

3264

805

4972

3501

286

3450

840

5183

3482

301

3680

877

5402

3663

317

3890

915

5631

3723

334

4112

955

5869

3807

351

4347

997

6117

3893

369

4599

1041

6378

 
 
 
 
 
 
 
 

Importations

2,5

3,0

3,0

3,5

3,5

4,0

4,0

 
 
 
 
 
 
 
 

Exportations

49,8

50,0

50,0

55,5

55,5

56,0

56,0

Source : Ministère de l'agriculture et l'élevage (direction de statistiques, du suivi, de l'évaluation et de la documentation).

Les importations mentionnées dans le tableau ci-dessus concernent plus particulièrement les volailles en provenance de l'UE. Les exportations portent quant à elles sur les bovins qui sont exportés principalement vers les pays côtiers de la CEMAC (Cameroun et Congo).

L'insertion de la réciprocité dans les échanges de la RCA avec l'UE en ce qui concerne le secteur d'élevage aura pour impact direct l'augmentation rapide du nombre de volailles importées de l'Union Européenne. Cette augmentation affectera négativement l'élevage centrafricain à trois niveaux :

· Au premier niveau c'est-à-dire à court terme, la compétition entre volailles importées et volailles locales sera en faveur de la volaille importée. En effet, avec la libéralisation, le prix de revient de volailles importées sera très faible (nous le verrons dans les analyses qui vont suivre). Ce faible prix, ajouté à la bonne qualité de la viande de ces volailles importées, va donc concurrencer les petits élevages locaux de volailles centrafricaines qui vont progressivement disparaître et mettant ainsi en chômage ceux qui y pratiquent.

· Au deuxième niveau c'est-à-dire dans un espace de moyen terme, les habitudes de consommation des ménages centrafricains seront progressivement orientées de préférence vers la consommation des volailles importées du fait de leur bas niveau de prix et de la meilleure qualité de leur viande.

· Enfin, au troisième niveau c'est-à-dire à long terme, l'augmentation de l'importation de volailles de l'UE aura un impact négatif sur le secteur d'élevage en général. Ceci, notamment du fait que le poulet est généralement considéré comme un produit de substitution pour la viande des autres bétails. De ce fait, la hausse des importations des volailles aura donc un effet inverse sur la consommation de la viande des autres bétails. Cette condition à long terme va donc générer des effets négatifs sur l'ensemble du secteur d'élevage et la plupart des petits éleveurs centrafricains abandonneront progressivement leurs activités. 

En résumé, l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains analysée du côté du système de culture et du système d'élevage va générer des impacts de la manière suivante :

L'impact sur l'agriculture vivrière sera nul mais négatif pour les cultures de rente et négatif aussi sur l'élevage des petits bétails tels que élevages de volailles.

1.3.Impact des APE sur la compétitivité des produits agricoles

Pour évaluer les impacts des APE sur la compétitivité des produits agricoles centrafricains, nous allons tout d'abord donner un bref aperçu sur le concept de la compétitivité.

En effet, en terme général, la compétitivité décrit la capacité pour un individu, une entreprise ou une nation à faire face aux besoins des consommateurs et aux initiatives de ses concurrents sur le marché.

Au plan de la nation, la conception de la compétitivité se base notamment sur la théorie des avantages comparatifs de D. Ricardo. Ceux-ci découlent en effet de trois composantes majeures permettant aux entreprises d'une nation donnée de relancer la concurrence sur le terrain de leur choix :

· Rapport compétence / coût de la main d'oeuvre locale (valeur d'échange),

· Capacité à concevoir, à produire et à assimiler les nouvelles technologies (valeur d'usage),

· Capacité des acteurs économiques à coordonner leurs efforts (valeur politique).

Les acteurs fondamentaux de la compétitivité sont les entreprises ; ce sont elles qui affrontent la concurrence sur le marché et qui y acquièrent des avantages après vente. Aussi, la compétitivité des entreprises se définit- elle par rapport à leur position sur les marchés (intérieurs et extérieurs) vis-à-vis de ses principaux concurrents.

Ainsi, en restant donc dans le sens du concept de la compétitivité que nous venons ici de définir, notre présente analyse sera donc portée plus précisément sur les entreprises de transformation et de vente des produits alimentaires locaux. Ces entreprises intègrent généralement le secteur dit agro-alimentaire. L'agroalimentaire désigne généralement un ensemble d'activités économique liées à l'agriculture, mais qui concernent plus précisément la transformation des produits agricoles en produits alimentaires entre le moment où ils sortent de l'agriculture proprement dite et celui ou ils atteignent le consommateur35(*). Le secteur agroalimentaire s'étend aussi aux produits agricoles non alimentaires.

C'est donc sur ce secteur que nous allons évaluer l'impact de la réciprocité inscrite dans les APE. De ce fait, les produits agroalimentaires centrafricains intégrant le champ de notre présente analyse sont : le sucre, l'huile de palme, le café moulu, la cigarette ainsi que la bière.

1) Impact de la réciprocité sur le sucre centrafricain

Le sucre est produit en République Centrafricaine par une seule entreprise (Sucaf) dont la production n'arrive toujours pas à satisfaire la demande locale d'où nécessité de recourir aux importations pour combler le surplus ou l'excédent de la demande (politique de contingentement).

L'évolution de la production et de l'importation du sucre dans les années précédente se présente dans le tableau ci-après comme suit :

Tableau 26 : Evolution de la production du sucre.

 

2005

2006

2007

Variation 2006/2007

1) production

* sucre granulé

* sucre aggloméré

6298

3243

8708

6750

9229

7484

6,0%

10,9%

Total

9541

15458

16713

8,1%

2) vente locale

a) évolution (tonnage)

*sucre granulé

*sucre aggloméré

19472

3243

14875

7792

11296

6627

-24,1%

-15,0%

Total

22715

22667

17923

-20,9%

b) en valeur (millions de FCFA)

*sucre granulé

*sucre aggloméré

7970

1709

6100

4414

5824

3779

-4,5%

-14,4%

Total

9679

10514

9603

 

3) Exportation

En volume

0,0

0,0

0,0

0,0

Total

0,0

0,0

0,0

0,0

4) Importation

En volume (tonnage)

2839

2258

2684

84,1

Total

2839

2258

2684

84,1

 

Source : Sucre Afrique RCA (Sucaf RCA) 2008.

Le tableau ci-dessus nous présente les données sur la production, la vente locale et l'importation du sucre en République Centrafricaine.

Au regard des données ici présentées, la SUCAF n'est pas encore compétitive au plan national, par rapport au volume de sa production d'une part et d'autre part par rapport au prix de vente pratiqué qui reste encore très élevé. De ce fait, l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains mettra en

faillite cette usine à cause notamment de la hausse des importations du sucre étranger à des bas prix.

2) Impact de la réciprocité sur l'huile de palme centrafricaine.

En ce qui concerne l'usine de production de l'huile de palme centrafricain (centra palm), l'insertion de la réciprocité mettra en danger son système de fonctionnement. En effet, la quantité totale produite n'arrive toujours pas à satisfaire la demande locale. L'évolution de la production de l'huile de palme depuis un certain temps reste négative ; ceci provoque donc la flambée de son prix sur le marché local. Ainsi, pour évaluer l'impact de la réciprocité sur cette filière, nous présenterons d'abord l'état de la production et de la vente locale de l'huile de palme en Centrafrique en vue notamment d'analyser son degré de compétitivité.

Le tableau ci-dessous va donc nous présenter la situation de la production et de la vente de l'huile de palme centrafricaine.

Tableau 27 : Production et vente de l'huile de palme centrafricaine

 

2005

2006

2007

Variation 2007/2006

Production (en tonne)

Huile de palme

Palmistes

1784,0

206,0

2300,0

180,0

1640,0

250,0

-28,7%

38,9%

Total

1990,0

2480,0

1890,0

-23,8%

Vente locale (en tonne)

Huile de palme

Palmistes

1875,0

181,0

1855,0

135,0

1487,0

189,0

-28,7%

38,9%

Total

2056,0

1990,0

1676,0

-23,8%

Vente locale (en millions de FCFA)

Huile de palme

Palmistes

524,0

13,0

610,4

9,5

456,8

12,3

-19,8%

40,0%

Total

537,0

619,9

469,1

-15,0%

Exportation

Huile de palme

Palmistes

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

Total

0,0

0,0

0,0

0,0

Source : Centra palm 2008

La production de centra palm est non seulement insuffisante mais ne cesse de décroître continuellement ; en effet, la production total, présentée par le tableau ci-dessus, a porté sur 1890 tonnes en 2007 contre 2480 tonne un an plus tôt, soit une chute de 23,8%. A côté de cette chute de production, nous pouvons y ajouter aussi la vétuste des outils de production qui provoque régulièrement des pannes techniques ; de même, nous pouvons noter aussi que le vieillissement actuel des plantations ne cesse de provoquer des baisses de rendement. La combinaison de tous ces facteurs rend donc vulnérable la centra palm face à une concurrence étrangère si la réciprocité sera introduite dans les échanges centrafricains. En effet, la conséquence directe de l'impact de la réciprocité sur ce secteur sera donc la faillite totale de la centra palm résultant notamment de la mévente de ses produits à cause de leurs prix qui seront élevés par rapport aux autres huiles importées à bas prix en provenance de l'Union Européenne.

3) Impact de la réciprocité sur le café moulu

Le démantèlement du droit de douane qui a pour corollaire la hausse des importations des produits à faible prix, baissera aussi très sensiblement le prix des produits de l'UE importés par la RCA et fabriqués à base du café pour le petit déjeuner. Cette baisse augmentera la demande centrafricaine à consommer de préférence les produits de meilleure qualité (le nescafé importés et autres) au détriment de café stars qui est moins compétitif qualitativement. Ainsi, si faisons une vision à long terme de cette situation, la RCA va donc se spécialiser uniquement dans la production et la vente du café à l'état brut et consommera le café manufacturé importé de l'Union Européenne. Economiquement, cette situation sera en défaveur de la RCA du fait que la vente des produits manufacturés est beaucoup plus rentable que la vente des produits à l'état brut ; en effet,  les produits manufacturés créent davantage des valeurs ajoutées et occasionnent aussi de multiples consommations intermédiaires. Ils suscitent et stimulent la création des nouveaux emplois et génèrent de multiples effets d'entraînement directs ou indirects sur l'économie d'un pays.

4) Impact de la réciprocité sur la boisson centrafricaine

Malgré certaines de ses composantes chimiques, la bière a été classée, en République Centrafricaine, dans la catégorie des produits alimentaires : elle intègre donc notre analyse.

Ainsi, l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains provoquera à court terme la hausse du volume de bières importées suite du démantèlement des droits de douane. Cette hausse du volume des importations a pour corollaire la baisse directe de leurs prix de vente. Cette baisse des prix des boissons importées pourra donc concurrencer la boisson locale. Cette concurrence, à moyen et à long terme, entraînera la perte de vitesse de l'unique brasserie locale.

1.4.Analyse synthétique des impacts des APE sur le système agricole

De nos analyses précédentes, nous allons donc faire dans les lignes qui suivent, une analyse synthétique sur le sens de l'impact de la libéralisation des échanges centrafricains par les APE. Cette analyse a donc pour but de dégager les impacts qui pourront résulter de la libéralisation des échanges centrafricains. Ces impacts seront analysés en termes d'effet positif, d'effet nul, ou encore en termes d'effet faible, effet moyen et effet fort.

· L'effet positif signifie que l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains sera profitable pour le secteur ou le produit en question.

· L'effet négatif désigne que le secteur ou le produit en question va courir des risques de concurrence en situation de la libéralisation des échanges centrafricains avec l'Union Européenne.

· L'effet nul désigne quant à lui que le secteur ou le produit en question est insensible, par rapport à la libéralisation.

Nous désignons aussi par les expressions telles que : faible, moyen et fort le sens de la concurrence qui opposera les produits locaux aux produits importés de l'Union Européenne.

Le tableau ci-dessous va donc nous permettre d'analyser le sens de l'impact de la libéralisation des échanges sur le système agricole centrafricain.

Tableau 28 : sens de l'impact sur le système agricole

Système agricole centrafricain

Sens de l'impact

1) système de production

· moyens matériels de production

· intrants (fertilisants et engrais)

2) système de culture

· culture vivrière

· culture de rente (d'exportation)

Positif

Positif

Nul

Négatif

Source : Nous mêmes

Sur l'ensemble du système agricole centrafricain, l'insertion de la réciprocité par l'entremise des APE en RCA, aura ainsi un impact positif sur le système de production caractérisé par la baisse des prix des facteurs des productions, des intrants et fertilisants. Tandis que sur le système de culture, les impacts seront nuls pour l'agriculture vivrière36(*) mais négatifs pour l'agriculture d'exportation suite au démantèlement du Stabex.

Sur le secteur d'élevage, l'impact est ici mesuré en termes d'enjeu, c'est-à-dire en termes de risques que peut courir ce secteur dans la situation de la libéralisation des échanges.

Le tableau ci-dessous nous présentera les effets générés par la libéralisation des échanges dans le contexte des APE sur le secteur d'élevage centrafricain.

Tableau 29 : Sens de l'impact des APE sur l'élevage centrafricain

Sens de l'impact (en terme d'enjeu)

Cheptel

Court terme

Moyen terme

Long terme

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

volailles

Nul

Nul

Nul

Nul

Faible

Nul

Faible

Faible

Nul

Moyen

Moyen

Moyen

Moyen

Faible

Fort

Source : Nous mêmes

Du tableau ci-dessus, l'impact des APE sera très dangereux sur la volaille locale. A long terme les centrafricains seront totalement dépendants de volailles importées à bas prix et à meilleure qualité. Cette dépendance va donc orienter la préférence des ménages centrafricains vers la consommation de poulets importés. Ainsi, lorsque le prix du kilogramme de poulet sera inférieur à celui de la viande bovine, il y aura substitution de viande bovine au poulet et le secteur d'élevage37(*) en général sera ainsi concurrencé.

En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, nous allons donc évaluer l'impact de la réciprocité sur ce secteur en vue notamment de déterminer le sens de leurs effets sur l'ensemble des unités de production de ce secteur. Le tableau ci-dessous nous présentera donc les effets qui pourront résulter de la libéralisation des échanges sur le secteur agroalimentaire.

Tableau 30 : Sens de l'impact des APE sur le secteur agroalimentaire

 

Impact analysé en terme d'enjeu (risque de compétition)

Produits agroalimentaires

Court terme

Moyen terme

Long terme

Sucre

Huile de palme

Café moulu

Cigarette

Bière

Négatif

Moyen

Moyen

Faible

Négatif

Négatif

Négatif

Négatif

faible

Négatif

Perte de vitesse

Perte de vitesse

Perte de vitesse

faible

Perte de vitesse

Source : Nous même

Du tableau ci-dessus, l'analyse du classement des effets générés par l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine présente des risques pour l'ensemble du secteur agroalimentaire. En effet dans le court terme, le sucre ainsi que la bière centrafricaine seront fortement concurrencées par ceux qui sont importés de l'extérieur ; à moyen et long terme, ces unités de production ne peuvent donc pas résister à la concurrence et cèderont donc le marché aux produits importés. La libéralisation aura un effet moyen sur l'huile de palme et le café moulu à court terme ; en effet dans cette espace de temps, les ménages centrafricains continuent encore de consommer ces produits. Mais à moyens et long terme, la différence de qualité entre ces deux produits par rapport à ceux importés provoquera la baisse de leurs consommations au profit des mêmes produits importés à meilleure qualité.

Seule la cigarette ne va pas connaître un effet inverse de la libéralisation car les fumeurs centrafricains sont déjà habitués aux cigarettes locales et ne changera pas rapidement leurs préférences pour les cigarettes importées.

Au total, l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine provoquera une compétition entre les produits locaux et les produits importés. Cette compétition va donc provoquer la perte de vitesse de toutes des unités de production du secteur agroalimentaire dans un espace de long terme alors que ce secteur est créateur de la valeur ajoutée en République Centrafrique par ses consommations intermédiaires ainsi que les nouveaux emplois crées.

De tout ce qui précède, il convient maintenant de faire une analyse synthétique à long terme des impacts en vue notamment de voir de manière générale les effets résultant de la mise en oeuvre des APE dans le système économique centrafricain.

Le tableau ci-dessous nous permet donc de voir très concrètement le sens des effets générés par les APE sur chaque variable économique du secteur agricole centrafricain.

Tableau 31 : Analyse synthétique des APE sur le secteur agricole centrafricain.

Libellé

Neutre

Nul

Positif

Négatif

1) système de production

Engrais

Autres fertilisants

Moyens matériels de production

 
 

X

X

X

 

3) système de culture

Manioc

Arachide

Mil / Sorgho

Maïs

Riz

Courge

Sésame

X

X

X

X

X

X

 

X

4) élevage

bovins

ovins

caprins

porcins

volailles

poissons

X

X

X

X

 

X

X

5) agroalimentaire

sucre

huile

cigarette

café moulu

 
 
 

x

x

x

x

Total

5 points

5 points

3 points

7 points

Sens de général de l'impact

insensible

insensible

profitable

Risque

Source : Nous-mêmes

X négatif X Neutre

X positif

X Nul

Il ressort du tableau ci-dessus que la sommation négative des effets des APE est très élevée par rapport à la sommation des autres effets ; après cela vient celle des effets nuls. Les effets positifs, exprimés en valeur restent encore insignifiants pour équilibrer les deux autres effets. Ceci nous montre très concrètement que l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine va générer des effets à la fois positifs, nul mais beaucoup plus négatifs sur le système agricole.

Au terme des analyses ci-dessus, nous sommes conduit aussi à évaluer les impacts des APE sur le niveau général des prix des produits alimentaires locaux ou importés en vue notamment de faire une comparaison des différences des prix en situation de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.

1.3.1.Incidence des APE sur les prix des produits alimentaires Centrafricaine.

Pour mesurer l'incidence des APE sur les prix des produits alimentaires centrafricains, il est nécessaire de connaître tout d'abord le taux des droits de douane pratiqué par la RCA sur les produits alimentaires importés de l'Union Européenne. Ainsi, à titre de rappel, il convient de noter que le tarif douanier appliqué par la RCA sur les produits alimentaires importés en provenance de l'Union Européenne varie entre 37,9% à 66,59%. Cela signifie que tous les produits alimentaires de l'UE importés par la RCA vont subir, à leur entrée sur le marché centrafricain et selon leur catégorie, une taxe douanière dont le taux s'élève respectivement comme indiqué ci-haut. Ainsi, avec le démantèlement des droits de douane centrafricains dans le cadre des APE, les taxes douanières pratiquées par la RCA sur les produits importés de l'Union Européenne vont être démantelées et cela aura donc une incidence en terme de baisse sur la variation des prix sur le marché local centrafricain.

De tout ce qui précède, nous allons donc mettre en évidence dans les deux tableaux qui va suivre, l'impact des APE d'une part sur les prix des produits alimentaires substituables et d'autre part sur les prix des produits alimentaires non substituables.

Le premier tableau ci-dessous nous permettra donc de voir très concrètement la variation des prix des produits alimentaires substituables dans la situation d'insertion des APE en République Centrafricaine.

Tableau 32 : impact des APE sur les prix des produits alimentaires substituables*

Produits alimentaires substituables

Prix sans APE

Taux de taxe douanière démantelée

Prix avec APE

Comparaison

Différence entre prix local et prix importé

Prix local

Prix importé avec APE

Poulet kg FCFA

Poisson (chinchards) kg

Huile (1litre)

Sucre (1kg)

Riz (1 sac 50kg)

Riz (1kg)

Tomate concentrée

OEuf (unité)

3000

1200

1200

1000

25000

500

150

125

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

1002,3

400,92

400,92

334,1

8352,5

167,05

50,115

41,7625

3000

1200

1200

1000

25000

500

150

125

1025

410

410

350

8400

170

55

45

1975

790

790

650

16600

330

95

80

Source : Nous même à partir des données (prix) de la BEAC et du taux (douanier) de la direction des douanes

* Le concept de substitution ici évoqué concerne les produits locaux qui peuvent être substitués par les mêmes produits de l'UE. Par exemple, le poulet local et le poulet importé.

La cinquième colonne du tableau ci-dessus nous permet de faire une comparaison entre les prix des produits alimentaires locaux en situation des APE et les prix des produits alimentaires importés dans cette même situation.

Ainsi, avec l'instauration des APE en République Centrafricaine, le prix du poulet va passer de 3000 FCFA à 1025 FCFA soit une baisse de 55% de son prix initial ; ainsi un poulet actuel vaudra deux poulets en situation d'insertion des APE avec encore une marge supplémentaire de 950 FCFA. Le kilogramme du poisson (chinchards) qui coûte actuellement 1200 FCFA baissera très sensiblement avec les APE pour s'établir à 410 FCFA soit une nette différence de 790 FCFA sur son prix initial; ainsi, un kilogramme du poisson actuel vaudra deux kilogrammes en situation des APE avec encore une marge de 380 Fcfa de plus. Les ménages centrafricains achèteront en situation des APE une boîte de tomate concentrée à 55 Fcfa au lieu de 150 Fcfa auparavant soit un net surplus de 95 Fcfa sur leur pouvoir d'achat. Le prix unitaire de l'oeuf importé s'établira à 45 Fcfa avec les APE soit une réduction de 64% de son prix initial. Le prix du kilogramme de riz importés coûtera 170 Fcfa avec les APE contre 500 Fcfa auparavant soit une nette différence de 330 Fcfa représentant ainsi un surplus du pouvoir d'achat pour les ménages.

Globalement, la dernière colonne du tableau ci-dessus nous montre très concrètement la différence ou encore l'écart des prix entre les produits alimentaires locaux et les produits alimentaires importés en situation de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine. Cette différence conduira donc les ménages centrafricains à substituer progressivement les produits locaux par les produits importés. Cette situation à long terme constitue donc un véritable facteur de dépendance totale des ménages centrafricains vis-à-vis des produits alimentaires importés.

De cette analyse des prix des produits alimentaires substituables, le tableau ci-dessous va donc nous présenter la variation des prix des produits alimentaires non substituables en situation d'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.

Tableau 33 : Impact des APE sur les prix des produits alimentaires importés non substituables

Produits alimentaires non substituables

Prix sans APE

Taxe douanière démantelée

Prix avec APE

Comparaison

Ecart des prix

Avant

APE

Avec APE

Farine de blé 1 sac (50kg)

Bière importée (33cl Heineken)

Whisky moyen (jonhy walker)

Vin rouge

Lait guigoz

Lait en poudre (1 boîte de 400g)

Lait concentré (1 boîte)

Sardine (sel mon)

Margarine (1boite de 450g)

Nescafé (1boitee)

Lait Nido (1 boîte de 400g)

26500

950

11500

800

2500

2500

850

450

2500

1000

2500

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

0,6659

8853,6

320

317,39

3842,1

267,28

835,25

835,25

283,98

150,34

334,15

835,25

26500

950

11500

800

2500

2500

850

450

2500

1000

2500

8900

320

3850

270

840

840

290

155

840

335

840

17600

630

7650

530

1660

1660

560

295

1660

675

1660

Source : Nous même à partir des données de la BEAC (prix) et de la direction des douanes centrafricaines (taux de droit de douane).

L'examen de la cinquième colonne du tableau ci-dessus nous montre très concrètement que les prix des produits alimentaires non substituables vont baisser très sensiblement avec les APE. En effet, la Sardine coûtera 155 Fcfa avec les APE contre 450Fcfa auparavant soit une baisse de 65,5% de son prix initial. De même le kilogramme de la farine baisera avec les APE à 180 Fcfa contre 530 Fcfa auparavant. Le lait concentré va voir une chute de son prix passant de 850 Fcfa à 290 Fcfa soit une baisse de 65,9%. Le nescafé dont le prix actuel est de 1000 Fcfa la boîte coûtera 335 Fcfa avec les APE représentant ainsi un surplus de 675 Fcfa sur le pouvoir d'achat des ménages. Le prix du vin rouge passera de 800 Fcfa à 270 Fcfa avec les APE soit un surplus de 530 Fcfa sur l'unité de vin acheté. Ceci nous montre qu'une unité de vin actuel vaudra trois unités de vin avec les APE.

Globalement ces baisses des prix des produits alimentaires vont augmenter très sensiblement le pouvoir d'achat des ménages centrafricains et constituera donc un réel surplus pour les consommateurs centrafricains.

En résumé, les deux tableaux ci-dessus mettent en évidence la baisse des prix des produits alimentaires en situation des APE. Cette baisse va donc générer des effets qui peuvent être analysés comme suit :

· Avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, il y aura amélioration du pouvoir d'achat des ménages centrafricains résultant notamment de la baisse sensible des prix des produits importés : cette situation représente donc un surplus pour les consommateurs centrafricains.

· Avec la l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, il y aura dépendance des ménages centrafricains vis-à-vis des produits alimentaires importés ;

· Avec la l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, la stratégie d'industrialisation de la République Centrafricaine qui doit normalement commencer avec la transformation des produits agricoles locaux en produits manufacturé sera totalement entravée et bouleversée ;

· Avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, presque toutes les entreprises du secteur agroalimentaire seront totalement en perte de vitesse. Cette situation aura des impacts très négatifs sur le niveau général de l'emploi dans ce secteur en réduisant de manière considérable l'effectif global des employés de ce secteur. Cette situation nous amène donc à évaluer l'impact des APE en terme de perte d'emploi dans le secteur agricole et le secteur agroalimentaire centrafricain.

Pour rappel, le secteur agricole centrafricain occupe 85%38(*) des actifs repartis respectivement dans les différentes cultures comme suit : 62% pour la culture vivrière, 15% pour la culture de rente, 7% pour l'élevage et 1% pour la pêche39(*). Le tableau ci-dessous va donc nous présenter l'impact des APE sur le système agricole centrafricain en terme de perte d'emploi dans les différentes cultures pratiquées.

Tableau 34 : Impact des APE au niveau de l'emploi dans le système agricole.

Système agricole

Centrafricain

Effectif des actifs agricoles

en %

Sens de l'impact

Impact des APE

en %

Variation de l'effectif des actifs agricoles

1 Culture vivrière

2 Culture de rente

3 Elevage

4 Pêche

62%

15%

7%

1%

Nul

Négatif

Moyen

Faible

0%

-50%

-20%

-5%

62%

7,5%

5,6%

0,9%

Total

85%

-

-

76,05%

 

Source : Nous-mêmes à partir des effectifs des actifs agricoles reçus au niveau du ministère de l'Agriculture

Ce tableau nous montre qu'avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, l'effectif total des employés du secteur agricole qui représente 85% de la population active de la RCA va passer à 76,05% ; soit 10,53% des cultivateurs, éleveurs et pêcheurs centrafricains vont abandonner leurs activités en situation des APE. Ceci peut corrélativement avoir une incidence négative sur le niveau de production agricole. Du tableau ci-dessus, nous pouvons donc voir qu'avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, les cultivateurs des produits vivriers vont toujours continuer leurs activités tandis que 7,5% des cultivateurs des produits rentiers vont progressivement abandonner leurs activités. De même 1,4% des éleveurs des petits bétails (tels que volailles) vont aussi cesser leurs activités. 0,1% des pêcheurs abandonneront la pêche avec l'instauration des APE.

Tout comme le secteur agricole, cette réduction de l'effectif des employés peut être constatés aussi pour le secteur agroalimentaire. Le tableau ci-dessous met donc en évidence l'impact des APE en terme de perte d'emploi dans le secteur agroalimentaire.

Tableau 35 : Impact des APE sur le secteur agroalimentaire

Situation sans APE

Situation avec APE

Secteur agro-

alimentaire

Chiffre d'affaire en millions de FCFA

Effectif des employés

Salaire moyen FCFA/tête

Masse salariale en million

Sens de l'impact

Chiffre d'affaire en million de FCFA

Effectif des employés

Salaire moyen FCFA/tête

Masse salariale

 

En

%

 

619.8

10514.0

630.5

4766.1

9082.5

338

495

68

58

182

46400

95269

138358

399425

507326

188.2

565.9

112.9

278.0

1108.0

P.V

P.V

P.V

Faible

négatif

-95%

-95%

-95%

-5%

-50%

30.99

525.7

31.525

4525.795

4541.25

16.9

24.75

3.4

55.1

91

2320

4763.45

6917.9

379453.7

253663

9.41

28.295

5.64

264.1

9.1

Total

25612.9

1141

1186778

2252.3

 
 

9655.26

191.2

647118.1

316.54

 

Source : Nous-mêmes, à partir des données (indicateurs financiers et sociaux des entreprises) de la BEAC

P.V= Perte de vitesse.

Du tableau ci-dessus, nous pouvons voir très concrètement qu'avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, la centra palm va perdre 95% de son chiffre d'affaire ; cela va passer en effet de 619,8 millions de FCFA à 30,99 millions, provoquant ainsi une réduction considérable de l'effectif total des employés de cette filière qui passera aussi de 338 personnes à 16,9 personne soit 94.7% de personnes vont perdre leur emploi dans cette filière de production avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine. De même, les salaires moyens de cette filière passeront aussi de 46400 FCFA à 2320 FCFA réduisant par cette occasion la masse salariale totale qui de 188,2 millions de FCFA, va décroître progressivement pour s'établir définitivement à 9,41 millions de FCFA représentant ainsi une baisse de 95.8% des salaires moyens. Tout comme la centra palm, la Sucaf et l'Husaca connaîtront elles aussi une véritable réduction de leur chiffre d'affaire d'ordre de 95% passant respectivement de 10514.0 millions de FCFA à 525,7 millions pour la Sucaf et de 630,5 millions de FCFA à 31,525 millions pour Husaca. Cette baisse du chiffre d'affaire réduit corrélativement le nombre des employés de ces deux filières qui passera de 495 personnes à 24,75 personnes avec des revenus moyens par personne chutant de 95269 FCFA à 4763,45 FCFA pour la Sucaf, et de 68 personnes à 3,4 personnes, pour un revenu moyen passant aussi de 183358 FCFA à 6917,9 FCFA pour Husaca.

Globalement, de tout ce qui précède, ces trois unités de production locales seront complètement en perte de vitesse lorsque les APE seront instaurés dans l'économie centrafricaine. Seules la Socacig et la Mocaf résisteront au début de la libéralisation, mais progressivement elles connaîtront, elles aussi, la baisse de leur chiffre d'affaire d'ordre de 9082,5 millions de FCFA. La Mocaf va voir son chiffre d'affaire chuté de 50% s'établissant à 4541,25 millions FCFA au lieu de 9082,5 millions auparavant. Cette chute résulte notamment de la baisse du prix de la bière locale en vue de faire face à la concurrence de la boisson étrangère à meilleur goût et importées à bon prix.

La Socacig quant à elle va subir aussi une légère perte de son chiffre d'affaire d'ordre de 5%. Cette perte résulte notamment de la baisse à long terme du nombre des consommateurs potentiels de la cigarette centrafricaine. En effet, avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, une faible partie des fumeurs locaux va progressivement s'orienter vers la consommation des cigarettes importées.

Au total, pour l'ensemble du secteur agroalimentaire, avec l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine ; le total du chiffre d'affaire de ce secteur passera globalement de 25612,9 millions de FCFA à 9655,20 millions représentant ainsi une baisse considérable d'ordre de 62,30%. Cette baisse a donc pour conséquence directe la réduction de l'effectif des employés de cette filière qui passera de 1141 personnes à 191,15 personnes ; en pourcentage, ceci représente donc une réduction de 83,25% de l'effectif total des employés de ce secteur. De cette réduction, les salaires moyens des employés de ce secteur passeront aussi de 1186778 millions de FCFA à 647118,1 millions de Fcfa soit une baisse de 83,4% de l'ensemble des salaires moyens des employés du secteur agroalimentaire.

Sur la base de la réalité de ces chiffres, il convient donc de prévoir que le système agricole centrafricain ainsi que le secteur agroalimentaire vont respectivement subir les effets négatifs des APE ; ceci va donc constituer une entrave fondamentale pour le décollage économique du pays. Cette situation que nous venons ici de présenter mérite donc une prise en compte de certaines mesures d'adaptation en vue notamment de chercher les possibilités de minimiser les effets néfastes des APE et de maximiser leurs impacts positifs sur l'ensemble de l'économie centrafricaine. Pour ce faire, nous sommes donc conduit à proposer dans la section qui va suivre des mesures d'adaptation pouvant inverser les tendances négatives de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.

SECTION II : PROPOSITION DES MESURES D'ADAPTATION AU SYSTEME AGRICOLE

Dans les analyses précédentes, nous avions respectivement présenté les APE et ses principes fondamentaux ; puis nous avions aussi évalué ses impacts ou encore ses effets sur le système agricole centrafricain. Au terme des évaluations que nous avions fait, nous avons pu remarquer effectivement que l'insertion des APE en RCA va engendrer des bouleversements plus ou moins importants sur le système agricole centrafricain par l'entremise de la réciprocité et du démantèlement tarifaire.

Ainsi pour circonscrire les impacts négatif des APE en vue de renforcer leurs effets positifs sur l'ensemble du système agricole centrafricain, des actions appropriées telles que des mesures d'adaptation doivent être proposées et prises en compte simultanément au niveau du système de production, du système de culture et de la compétitivité des produits agricoles centrafricains. La prise en compte de ces mesures constitue donc l'objet principal de cette section.

2.1. Les mesures d'adaptation au système de production.

A titre de précision, les principales mesures d'adaptation que nous allons ici proposer au système agricole centrafricain, regroupent l'ensemble des stratégies et politiques pouvant stimuler et renforcer davantage la capacité et la performance de : l'appareil productif, du système de culture ainsi que de la compétitivité des produits agricoles. Ceci, pour rendre compétitif le système agricole centrafricain en vue de faire face au nouvel environnement concurrentiel suscité par les APE.

De ce fait, en ce qui concerne le système de production agricole, les principales mesures d'adaptation proposées sont basées sur deux stratégies à savoir : le renforcement de la formation du capital humain, et la modernisation des moyens, des outils et des techniques de production.

2.1.1. Le renforcement du capital humain40(*)

Le système de production agricole centrafricaine sera d'autant plus compétitif lorsqu'un accent particulier sera mis sur la formation des hommes sur la connaissance des techniques culturales modernes et l'usage des outils et moyens de productions appropriées. En effet, il a été démontré dans la théorie de la croissance endogène que la formation du capital humain c'est-à-dire l'augmentation du niveau de savoir et l'accumulation des connaissances pratiques constitue un facteur incitatif important dans la promotion des activités économiques et agricole. Comme en RCA, parmi les principales causes de la faiblesse de l'agriculture, figure en premier lieu le problème de savoir et des connaissances nécessaires susceptibles de favoriser le développement agricole : les cultivateurs centrafricains dont 90% sont estimés encore analphabètes utilisent souvent leur savoir pragmatique pour la pratique des cultures. Ils ne font jamais une étude du sol de leur culture, ni de la qualité des semences ou du climat avant de semer.  Ils préfèrent faire seulement des offrandes ou des sacrifices aux divinités avant les compagnes agricoles en vue d'attendre d'eux de meilleures récoltes. Ainsi, pour leur enlever cette illusion, afin de leur donner une vraie notion de la logique de production qui est le fait que la hausse du rendement de production agricole ou des différentes cultures n'est rien d'autre que le résultat de l'usage des outils performants et de l'emploi des fertilisants appropriés, il est donc nécessaire de leur donner une base de formation sur la connaissance des techniques modernes, rentables et moins fatiguant dont ils peuvent utiliser pour augmenter très rapidement leurs rendements agricoles. Pour ce faire, l'Etat centrafricain doit mettre en place une politique de minimum de formation des cultivateurs sur des connaissances non théoriques mais beaucoup plus pratiques et techniques pour la conduite des cultures. Cette situation nous amène donc à proposer à l'Etat Centrafricain des stratégies qui consistent à :

· Former au niveau de chaque préfecture, sous préfecture et voire même dans les communes; des cadres compétents en matière agricole qui doivent à leur tour montrer aux cultivateurs l'usage des techniques et outils agricoles rentables moins pénibles pouvant favoriser le rendement agricole et le développement des cultures pratiquées.

· Former les cultivateurs centrafricains sur les précautions à prendre en vue de faire face aux risques naturels ou d'éviter les dangers ou le aléas naturels qui peuvent détruire leurs cultures.

· Instaurer dans le programme de l'enseignement primaire et secondaire des notions sur la pratique des cultures modernes ; ceci pourra aussi aider à l'avenir les jeunes qui n'ont pas l'aptitude de pouvoir poursuivre leurs études jusqu'au bout afin de s'orienter vers l'agriculture qui est aussi une véritable activité économique dont ignore la plupart des centrafricains.

A côté de ces stratégies que nous venons ici proposées, l'accent doit aussi être mis plus particulièrement sur le renforcement des facteurs technologiques.

2.1.2.Le renforcement de l'usage des facteurs et techniques modernes de production.

Les principales stratégies dont nous avons jugé utiles et susceptibles de renforcer l'usage des facteurs et techniques modernes de production dans l'agriculture centrafricaine peuvent être formulées de la manière suivante :

· L'Etat Centrafricain doit orienter une partie de ses dépenses publiques pour faciliter l'accès des cultivateurs à l'usage des outils performants de production, et des fertilisants agricoles appropriés. Pour ce fait, l'Etat doit mettre en place des dispositions qui consistent à importer massivement les intrants agricoles en vue de les revendre dans toutes les régions du pays à des bas prix.

· Les cultivateurs centrafricains doivent être aussi initiés à faire des cultures attelées en vue notamment d'abandonner progressivement l'usage des outils manuels (houes machettes, daba...) qui nécessitent un immense force de travail humain avec des faibles rendements agricoles.

· Mise en place d'un système ou mécanisme de conservation des produits agricoles en vue notamment de conserver aussi longtemps les produits agricoles.

Les réformes ici proposées auront encore davantage d'impacts positifs sur le système agricole lorsque le système de culture lui aussi soit bien structuré.

2.2.Mesure d'adaptation pour le système de culture.

Pour entrer dans le jeu concurrentiel des APE, le système de culture centrafricain est astreint lui aussi à plusieurs reformes dont les principales peuvent être formulée suivant nos propositions ci après.

1) Au niveau des types de culture, le système de culture centrafricain doit s'orienter vers l'agriculture extensive moderne et intensive. Une agriculture est dite extensive moderne lorsqu'elle est pratiquée sur une vaste étendue de territoire avec l'usage des techniques moderne et l'emploi des mains d'oeuvre réduit ; tandis qu'une agriculture intensive se caractérise par l'usage intensif des fertilisants et des intrants qui peuvent susciter sur une petite étendue cultivée un volume de production assez important et surtout de meilleure qualité.

Pour être compétitif, la RCA doit donc adopter ces deux formes de culture comme son nouveau système de culture.

2) Au niveau des productions agricoles, la RCA doit diversifier ses productions et développer davantage des cultures dans lesquelles elle détient des avantages comparatifs et compétitifs sur les autres marchés (de la CEMAC, de la CEEAC, de l'UE ou des autres régions du monde). Pour ce faire, le pays doit être structuré et divisé, compte tenu des contraintes climatiques, en zone agricole dans le cadre de la stratégie du pôle de développement41(*) afin notamment de développer dans chaque région, des types de cultures basés sur une production agricole spécifique cultivée et récoltée avec des techniques modernes de manière à renforcer les arrières régions du pays.

A titre d'exemple, la Lobaye peut se spécialiser dans la production industrielle des bananes plantains ; le Kémo peut exploiter et développer quant à lui la production des tomates, des patates douces ; on peut aussi pratiquer dans la partie Est du pays la culture du café et du coton. A l'Ouest le tabac etc.

Cette stratégie permettra certainement à la RCA d'être en situation d'autosuffisance alimentaire et d'envisager aussi l'exportation de l'excédent de sa production vers les marchés sur lesquels elle détient des avantages compétitifs ou comparatifs dans la situation d'insertion des APE dans son économie.

Le tableau ci-dessous va donc nous indiquer les marchés sur lesquels la RCA a des avantages soit compétitifs ou soit comparatifs concernant la vente de ses produits agricoles.

Tableau 36 : Les avantages des produits agricoles centrafricains sur les marchés extérieurs

 
 

Avantages*

Libellé des produits

Marchés potentiels

Comparatifs

Compétitifs

Sucre

CEMAC, UE

X

 

Huile de palme

CEMAC, ASIE, UE

X

X

Légume

UE

 

X

Coton

UE

 

X

Cigarette

CEMAC, CEEAC

X

 

Jus de fruits

CEMAC, CEEAC

X

 

Fruits

CEMAC

X

 

Banane plantain

CEMAC, CEEAC

X

 

Banane desserts

UE

 

X

Céréales

CEMAC, ASIE

X

 

Haricot vert

CEMAC, CEEAC

X

 

Miel

ASIE, Afr. du Nord

 

X

Cire

CEMAC

X

 

Peau de bovin

CEMAC, Af. du Nord

X

X

Café

UE

 

X

 

Source : Nous même sur la base des informations du ministère de commerce.

*pour faire véritable distinction entre les avantages comparatifs et les avantages compétitifs, il est souhaitable de lire les théories du commerce international.

Le tableau ci-dessus nous présente donc les avantages que la RCA peut en avoir sur les différents marchés concernant la vente de sa production agricole. Ainsi, la réussite de la politique ou de la stratégie de diversification des productions agricoles par la création des zones agricoles dans les différentes régions du pays dans le contexte du pôle de développement constituera ainsi un véritable point de départ de la compétitivité des productions agricoles centrafricaines. Cette politique ou stratégie doit nécessairement être accompagnée simultanément par la mise en place des infrastructures économiques de base devant favoriser le désenclavement interne et externe du pays ; car l'enclavement du pays constitue la principale contrainte de l'essor de son économie ; cela constitue par ailleurs un véritable frein à l'intégration régionale. Ainsi, pour faciliter le transport et le transit (libre accès) des produits agricoles centrafricains au marché intérieurs, régional et mondial, nous proposons donc qu'un minimum de programme de désenclavement soit entrepris, par exemple au plan extérieur, le corridor Bangui Douala soit réhabilité et sécurisé ; au plan intérieur, des investissements soient engagés afin de construire des infrastructures permettant de connecter les principales zones de production au corridor et aux principales zones de consommation du pays ( marchés locaux).

Ainsi, la mise en place de ces infrastructures de désenclavement va favoriser en même temps la commercialisation des produits agricoles centrafricains et l'approvisionnement des cultivateurs en intrants agricoles. Ceci renforcera davantage la compétitivité du système de culture centrafricain afin de résister et d'être aussi compétitif pendant l'insertion des APE en RCA.

2.3.Mesure d'adaptation pour la compétitivité des produits agricoles centrafricains

Pour que les produits agricoles centrafricains soient adaptés à l'environnement concurrentiel des APE, des principales reformes doivent être accomplies d'une part au niveau de la politique économique et commerciales et d'autre part sur les possibilités de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.

2.3.1 La réforme de la politique économique et commerciale.

A titre de rappel, la politique économique et commerciale centrafricaine est fondée depuis les années de l'indépendance jusqu'à nos jours sur une politique principalement de demande, caractérisée par l'importation de maximum des produits essentiels dont la RCA peut elle-même en produire sur son territoire mais qu'elle n'a pas pu faire et préfère en importer de l'extérieur. Cette politique de demande doit donc se réorienter vers une politique prioritairement d'offre qui consiste pour la RCA à développer son secteur agroalimentaire par la transformation de plus de 90% de ses productions agricoles en produits manufacturés avant de les consommer localement et d'envisager leur exportation.

Ainsi, les produits agricoles et l'agricultures centrafricaine en générale seront d'autant plus compétitifs lorsqu'ils intègrent totalement le secteur agroalimentaire dans le cadre d'une politique d'offre par exemple, lorsque la RCA envisage la production de l'huile raffinée à base de l'arachide et de graine de coton en vue d'en exporter, cela aura corrélativement un effet d'entraînement sur le développement de ces cultures qui a pour corollaire la hausse de la production nationale provoquant ainsi la baisse des prix de vente et augmentant par cette occasion le surplus des consommateurs (et donc le bien être). Si cette situation peut être étendue à tous les autres produits agricoles, la RCA peut donc résister à la concurrence des importations et peut envisager aussi la conquête des marchés extérieurs.

En ce qui concerne le secteur d'élevage, la seule possibilité du renforcement de la compétitivité de ce secteur en situation d'insertion des APE dans l'économie centrafricain consiste seulement à importer la technologie de production des poulets de chaire ; ceci, en vue notamment de freiner l'importation des volailles étrangères qui va constituer un véritable danger pour l'élevage des petits bétails centrafricains. Ainsi, ce n'est qu'au terme du renforcement des capacités productives de la RCA qu'elle pourra envisager la signature des APE sous certaines conditions que nous allons encore proposer.

2.3.2.Proposition des conditions relative à la signature des APE par la RCA.

L'entrée en vigueur des APE en RCA doit être faite sur certaines conditions qui seront imposées par la RCA à l'UE en vue non seulement de sauvegarder son économie mais aussi d'en tirer profit des quelques opportunités offertes par ces accords. Nous avons donc formulé ces conditions de la manière suivante :

· La RCA doit rester pour une période de cinq années un pays observateur vis-à-vis des APE en vue de voir les effets produits par ces derniers dans les autres pays (comme le Cameroun) qui les ont signé.

· La RCA doit imposer l'exclusion de l'essentiel des produits de son secteur manufacturier à la concurrence afin de protéger ce secteur au moment de la signature des APE. Ces produits seront donc perçus comme sensibles. En effet, la catégorie des produits sensibles selon les APE ne doit pas faire l'objet de la libéralisation. Pour rappel, la libéralisation dans le cadre des APE est asymétrique c'est-à-dire que lorsque l'UE libéralise 100% de ses échanges, les pays APE et donc la RCA, ne vont que libéraliser 80% pour les leurs, et les 20% constitueront donc la marge de protection pour les produits sensibles qui doivent être déclarés par le pays en question.

· La RCA doit imposer la progressivité dans le calendrier du démantèlement tarifaire ; c'est-à-dire le démantèlement des droits de douane doit se faire de manière progressive suivant le calendrier que nous proposons dans le tableau ci-dessous.

Tableau 37 : Proposition du calendrier de démantèlement des droits de douane.

Période de démantèlement

2014-2017

2018-2021

2022-2025

2026-2030

Catégories des produits

· Intrants

· Demi produits (bien intermédiaire)

· Facteur de production

· Matière première

· Bien d'équipement

Bien de première nécessité

Produits de consommation finale

 

Tarifs douanier

25,65% et 54,75%

13,5% et 43%

8,4% et 37,54%

37,9% et 66,59%

Source : Nous même

· Enfin, comme mesure d'accompagnement, la RCA doit aussi imposer l'annulation totale de ses dettes bi et multilatérale vis-à-vis de l'Union Européenne par un mécanisme approprié du genre de PPTE (pays pauvre très endettés). Les ressources de ces dettes annulées doivent être investis dans des secteurs clés de l'économie (par exemple le renforcement des capacités de l'énergie. En effet, l'énergie est un facteur essentiel de la production ; mais force est de constater que le secteur énergétique centrafricain est en crise depuis plus d'une décennie. Sa production énergétique est nettement en retrait par rapport à la demande de l'économie et des entreprises en particulier. Cette situation constitue une contrainte majeure pour la politique de transformation des produits agricoles. Le secteur de l'énergie électrique accuse une déficiente chronique en ouvrage de production (électrique) énergétique. Ainsi, avec l'annulation des dettes centrafricaines, la RCA peut développer ce secteur qui pourra stimuler davantage les unités de production locales.

Au terme de notre analyse en ce qui concerne les perspectives de mise en oeuvre des APE et l'évaluation de leurs impacts sur le système agricole centrafricain, il ressort que l'introduction de ces accords dans l'économie centrafricaine aura des impacts positifs sur le système de production mais négatifs simultanément sur la culture vivrière, le petit élevage et sur le secteur agroalimentaire.

Pour minimiser ces effets négatifs en vue de maximiser leurs impacts positifs sur l'économie centrafricaine, nous avons ainsi proposé plusieurs mesures d'adaptation respectivement pour le système de production, le système de culture ainsi que pour la compétitivité des produits agricoles.

Ainsi, si ces mesures seront respectées les APE seront un levier pour l'économie centrafricaine au lieu d'être un goulot d'étranglement.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre analyse en ce qui concerne l'évaluation des impacts des accords de partenariat économique sur le système agricole centrafricain; à titre de rappel, pour réaliser cette analyse, nous avions premièrement fait un diagnostic général du système agricole centrafricain en vue notamment de voir son degré de compétitivité. Puis nous avions fait une analyse générale des effets des APE en vue aussi de voir leurs impacts sur ce système agricole.

Les résultats du diagnostic nous révèlent que, le système agricole centrafricain n'est pas un système compétitif. Cette faiblesse de la compétitivité s'explique d'une part par la prédominance de l'usage des outils de production traditionnels, rudimentaires et archaïques tels que : houes, machettes, daba... au niveau du système de production, et d'autre part, cela s'explique par la non diversification des productions agricoles et l'usage insuffisant des fertilisants au niveau du système de culture.

Globalement, l'insertion de la réciprocité dans les échanges centrafricains favorisera le système de production agricole (c'est-à-dire il y aura amélioration des outils, des moyens de production, des intrants agricoles à cause de la chute de leurs valeurs suite au démantèlement tarifaire), mais cette réciprocité constitue aussi un véritable danger pour les cultures de rente ainsi que pour le secteur agroalimentaire. Dans le secteur agroalimentaire par exemple, plusieurs unités de productions seront en perte de vitesse dans un espace de long terme. Leurs chiffres d'affaire passeront avec les APE de 25612,9 millions de FCFA à 9655,26 millions de FCFA, soit une baisse globale de 62,30% provoquant ainsi la perte d'emploi pour 949 personnes soit une réduction de 83,3% des effectifs des employés de ce secteur.

Pour minimiser les effets négatifs des APE en vue de maximiser leurs impacts positifs sur le système agricole centrafricain, nous avons donc proposé au terme de notre analyse plusieurs mesures d'adaptation au système agricole centrafricain. Ces mesures ont été formulées de la manière suivante :

· Renforcer le système de production agricole par la formation du capital humain et l'usage des facteurs de production modernes ;

· Orienter le système de culture centrafricain sur l'agriculture intensive et extensive moderne en vue de maximiser les rendements agricoles;

· Diversifier la production agricole centrafricaine en vue d'augmenter le nombre des produits d'exportations agricoles et d'envisager aussi leurs diversifications.

· Réorienter la politique économique et commerciale centrafricaine sur une politique prioritairement d'offre et non de demande.

La concrétisation de ces mesures que nous venons ici de proposer pour le renforcement de la compétitivité du système agricole centrafricain permettra à la République Centrafricaine de pouvoir inverser les tendances négatives des APE en vue de maximiser leurs effets positifs sur son système économique.

BIBLIOGRAPHIE

· AHO .G. « Pour une stratégie de croissance pro pauvre et au service du développement humain en République Centrafricaine ». PNUD Bangui.2006.

· Malo D. Accords de Partenariat Economique. Cours d'économie sous régionale Licence.2007

· Malo. D. Partenaires inégaux « document d'information oxfam » cours d'économie sous régionale Licence 2007.

· Malo. D. Survol Cotonou. cours d'économie sous régionale Licence 2007

· Monkam et al. projet # 083 Centrafrique. étude d'impacts des APE. Ministère du commerce. Avril 2005.

· CEMAC. Séminaire régional de sensibilisation des parlementaires de l'Afrique Centrale sur les APE. (du14 au 16 Janvier 2009)

· BEAC. Note de conjoncture sur l'économie centrafricaine. 2008.

· Ministère du Plan. Système de culture et de production : rapport annuel 1998.

· Ministère du Plan. Le Stabex : produits de bases centrafricain couverts par le système.1995

· Ministère du Plan. Revue des projets du secteur agricole. 1999

· Mbétid E. Introduction à l'économie rural. cours de maîtrise en science économique.

· Ministère de l'Agriculture. comment développer la production alimentaire. Revue 2000

· Ministère de l'Agriculture. Vers une stratégie de développement agricole. Revue. 2000.

· Ministère de l'agriculture. Document de travail : relance de l'agriculture centrafricaine 2003.

· Marchés tropicaux et méditerranéens. APE : l'UE met la pression. revue. mai 2007.

· GEMDEV. La convention de Lomé en question. Les relations entre les pays ACP et l'UE après l'an 2000. éd. Karthala 2002.

· GEMDEV. L'Union Européenne et les pays ACP. Un espace de coopération à construire. Ed. Karthala. Paris 2002.

· Commission Européenne. Accord de partenariat ACP-CE signé à Cotonou le 23 juin 2000. éd. Bruxelles .collection (Documentation européenne).

· Alain Bétoine. Dictionnaire des sciences économiques. Collection Armant Colin.

· Commission Européenne. La négociation des APE. Revue économique.

TABLE DES MATIERES

Sommaire

I

Dédicace

II

Remerciement

III

Sigles et abréviations

IV

Listes des tableaux et figures

V

Résumé

VI

Introduction générale

1

CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE

7

Introduction

8

Section 1 : Les fondements historiques des Accords de Partenariat Economique

9

1.1. Les premiers accords de partenariat entre l'UE et les pays ACP

9

1.1.1. Les conventions de Yaoundé

9

1.1.2. Les conventions de Lomé.

10

1.1. Bilan des premiers accords de partenariat entre ACP et L'UE

1. Le partenariat ACP-UE un modèle de coopération Nord/Sud

2. Quelques succès individuels réalisés par certains pays ACP

3. Les résultats décevants des accords de partenariat ACP-UE

13

13

13

14

Section 2 : Les nouvelles relations de partenariat entre les pays ACP et l'UE

17

2.1. L'accord de Cotonou

17

2.1.1. les principaux éléments de l'accord de Cotonou

18

2.2. les Accords de Partenariat Economique (APE)

19

2.2.1. APE : ses principes et caractéristiques

19

2.2.2. les négociations des Accords de Partenariat Economique

22

2.2.3. Une nouvelle approche de la coopération commerciale

23

2.2.4. APE et Agriculture des pays ACP

25

Conclusion partielle

30

CHAPITRE II : LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN

31

Introduction

32

Section I : Le système de production agricole centrafricain

33

1.1. Les principaux moyens de production agricole

35

1.2. Les technologies agricoles centrafricaines

36

1.3. Les intrants agricoles

37

Section II : Le système de culture centrafricaine

40

2.1. Identification des cultures pratiquées

40

2.1.1. Les types de cultures

40

2.1.1.1. Les cultures vivrières

40

2.1.1.2. Les cultures de rente ou d'exportation

43

2.2. Analyse des opportunités et contraintes du système de culture

44

2.2.1. Les opportunités

44

2.2.2. les contraintes

45

Section III : compétitivité des produits agricoles d'exportation

46

3.1. Evolution des exportations des produits agricoles centrafricains

46

3.2. présentation des marges préférentielles des produits agricoles centrafricains

3.2.1. Direction des exportations des produits agricoles centrafricains

3.2.2. Analyse des marges préférentielles des produits agricoles centrafricains

50

50

51

3.3. Analyse la compétitivité des produits agricoles centrafricains

53

Conclusion partielle

55

CHAPITRE III : perspectives de mise en oeuvre des APE et impacts sur le système agricole centrafricain

56

Introduction

57

Section I : Evaluation des impacts des APE sue le système agricole

58

1.1. impacts des APE sur le système de production

58

1.2. impacts des APE sur le système de culture

60

1.2.1. impacts sur l'agriculture vivrière

60

1.2.2. impacts sur la culture de rente

61

1.2.3. impacts sur l'élevage

62

1.3. impacts sur la compétitivité des produits agricoles

64

1.3.1. impacts sur le sucre

65

1.3.2. impacts sur l'huile de palme

65

1.3.3. impacts sur le café moulu.

67

1.3.4. impacts sur la boisson (brasserie Mocaf)

67

1.3.5. incidence des APE sur les prix des produits alimentaires

71

Conclusion partielle

76

Section II : Proposition des mesures d'adaptation au système agricole

77

2.1. mesures d'adaptation au système de production

77

2.1.1. renforcement du capital humain

77

2.1.2. renforcement de l'usage des outils et technologies modernes

78

2.2. mesures d'adaptation au système de culture

79

2.2.1. pratique des cultures intensives et extensives modernes

80

2.2.2. diversification des produits agricoles d'exportation

80

2.3. mesures d'adaptation pour la compétitivité des produits agricoles

81

2.3.1. reforme de la politique économique et commerciale

81

2.3.2. proposition des conditions relatives à la signature des APE

82

Conclusion partielle

83

Conclusion générale

84

Bibliographie

86

Table des matières

90

* 1 Pour la suite de notre analyse, nous utiliserons ACP et UE pour désigner respectivement Afrique Caraïbe Pacifique et Union Européenne.

* 2 Marchés tropicaux et méditerranés mai 2007. Page 3.

* 3 Cours d'économie sous régionale du Dr D. Malo : fiche de lecture licence et maîtrise 2007.

* 4 Monkan et al. Ministère du plan avril 2005. Projet # 083 pages 56.

* 5 Ancien président français. Dans traité de Rome. Discours sur les pays colonisés.

* 6 Marchés tropicaux et méditerranéen Mai 2007 : l'Union Européenne met la pression, page 4.

* 7 Commission européenne. Négociation des APE. Avril 2005. Pages 24.

* 8 Marchés tropicaux et méditerranées mai 2007. Pages 5.

* 9 Commission Européenne. Accord ACP-CE signé à Cotonou le 23 juin 2000. Pages 67.

* 10 Union Economique et Monétaire Ouest Africain. Communauté Economique Des Etats de l'Afrique Occidentale

* 11 Revue : la négociation des accords de partenariat économique. Commission Européenne.2007 page 14.

* 12 Marchés tropicaux et méditerranéens. Mai 2007 : l'Union Européenne met la pression.

* 13 Introduction au cours d'économie rurale du Dr E. Mbétid. Maîtrise en science économie.

* 14 Monkan et al. Ministère du commerce. Projet #083. 2005. pages 56.

* 15 Idem. Pages 58.

* 16 Document élaboré dans le cadre de la préparation de la mission FMI de février 2005 (élaboré par le ministère de l'agriculture et de l'élevage). Pages 12.

* 17 Note d'information sur le secteur forêt dans le cadre de la préparation de la mission FMI de février 2005. (Ministère des eaux, forêts et pêche).

* 18 Ministère du commerce. Projet # 083. Avril 2005. Pages 46.

* 19 Aho. G. croissance pro pauvre. PNUD 2005. Pages 99.

* 20 Rapport sur l'agriculture dans la sous région de la CEDEAO. Pages 18. Étude réalisée par FIDA. mai 2004.

* 21 Aho. G. croissance pro pauvre. PNUD 2005. La faiblesse de l'agriculture centrafricaine. Pages 98.

* 22 Dans le contexte centrafricain, les principales composantes du système de production sont : moyens de production outils agricoles, technologies et intrants utilisés.

* 23 cf. cours d'économie rurale E. Bétid. Maîtrise en science économie. Premier chapitre du cours.

* 24 Ministère de l'agriculture. Rapport annuel sur l'agriculture. 2005. pages 12.

* 25 Note de conjoncture de l'économie centrafricaine de juin 2008. BEAC. Pages 18.

* 26 La répartition de ces zones a été faite par le ministère de l'agriculture compte tenu des variations du climat. Pour plus de détails, lire le rapport du projet # 083 réalisé par Monkan et al. Avril 2005. Pages 56.

* 27 Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC). Note de conjoncture. Mai 2008. Page 10.

* 28 La superficie du territoire est de 623000 km2 pour une population de 4.000.000 d'habitants soit une densité de 6,42 hbt/km2.

* 29 Projet # 083. Monkan et al. 2005. pages 59.

* 30 BEAC. Note de conjoncture octobre 2008 pages 15.

* 31 Les données récentes en ce qui concerne la compagne 2007-2008 ne sont pas encore disponibles au niveau de la documentation de la BEAC qui donne des informations semestrielles sur les différents secteurs de l'économie centrafricaine.

* 32 Lire le deuxième chapitre pour plus de détails.

* 33 Lire le premier chapitre pour voir les ressources de Stabex transférées en RCA à titre compensatoire.

* 34 BEAC. Note de conjoncture octobre 2008. Pages 16.

* 35 Introduction à l'économie rurale. Maîtrise en science économique E. Betid.

* 36 Parmi les produits vivriers, le riz connaîtra une concurrence avec le riz importé.

* 37 La même analyse peut se faire pour les activités halieutiques (pêches). En effet, la baisse du prix des poissons importés (chinchards) en situation du démantèlement des droits de douane provoquera une baisse des activités des pêcheurs centrafricains. Comme nous n'avons pas eu des données disponibles sur la situation des activités halieutiques, nous ne pouvons donc pas faire une analyse scientifique des impacts sur ce secteur.

* 38 BEAC. Note de conjoncture du mai 2008. Pages 14.

* 39 Ministère de l'agriculture.

* 40 Le capital humain désigne le stock de connaissance et savoir valorisables économiquement incorporés aux individus. Ce sont des qualifications. Pour plus de détails, lire le cours de croissance économique de licence du Dr A. Mazido.

* 41 le pôle de développement est la nouvelle stratégie de développement initiée par l'Union Européenne qui consiste à créer dans chaque région d'un pays donné des unités de production devant stimuler toutes les activités économiques de la région. Pour plus de détails, lire le cours de planification et aménagement du territoire de maîtrise en science économie du Dr D. Malo






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