UNIVERSITE DE BANGUI REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE
*************
***********
Unité -
Dignité - Travail
***********
2.1.1.1.1.
FACULTE DE DROIT ET DES
SCIENCES ECONOMIQUES
*****************
DEPARTEMENT DES SCIENCES
ECONOMIQUES
**************
BP : 927 Bangui (RCA)
Tel : (236) 21 61 20 00
E-mail : ub_dse@yahoo.fr
ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE
ET SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN
Erreur! Signet non défini.
MEMOIRE DE MAITRISE ES SCIENCES
ECONOMIQUES
OPTION : ECONOMIE RURALE
PRESENTE ET SOUTENU PAR : SOUS LA
DIRECTION SCIENTIFIQUE DE :
Hermas Guy Socrate Dieu Béni- Dr
Dominique Malo Maître de conférences
Djamawa Endjikpéno Médayo
à la Faculté de Droit et des Sciences
Oyoka
Economiques
Année
Académique: 2007-2008
Sommaire
|
|
Dédicace
........................................................................
|
I
|
Remerciements......................................................
|
II
|
Sigles et abréviations
......................................
|
III
|
Listes des tableaux et figures
......................................
|
IV
|
Résumé
.................................................................
|
V
|
Introduction générale
.......................................................
|
1
|
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE
PARTENARIAT ECONOMIQUE
|
7
|
Introduction
............................................................
|
8
|
Section 1 : Les fondements historiques des Accords de
Partenariat Economique
|
9
|
Section 2 : Les nouvelles relations de partenariat entre
les pays ACP et l'UE ......................................................
|
17
|
Conclusion partielle
............................................................
|
30
|
CHAPITRE II : LE SYSTEME AGRICOLE
CENTRAFRICAIN
|
31
|
Introduction...........................................................................
|
32
|
Section I : Le système de production agricole
centrafricain
|
33
|
Section II : Le système de culture centrafricaine
.......
|
40
|
Section III : compétitivité des produits
agricoles d'exportation
|
46
|
Conclusion partielle
|
55
|
CHAPITRE III : PERSPECTIVES DE MISE EN OEUVRE DES
APE ET IMPACTS SUR LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN
|
56
|
Introduction
...........................................................
|
57
|
Section I : Evaluation des impacts des APE sue le
système agricole
|
58
|
Section II : Proposition des mesures d'adaptation au
système agricole
|
77
|
Conclusion partielle
..................................................
|
83
|
Conclusion générale
.................................................
|
84
|
Bibliographie
.........................................................
|
86
|
Table des matières
.................................................
|
87
|
I
Dédicace
Je dédie ce modeste
travail à :
Ma mère Hélène
Djamawa : que DIEU lui accorde la longévité ;
Ma grand-mère Catherine
Eurokomeu Waya : paix à son âme ;
Ma bien aimée tante Berthe
léandji : paix à son âme ;
Mon grand frère Bertrand Djamawa :
paix à son âme.
Qui ont consenti des efforts et sacrifices
considérables pour
Mon éducation et mes études.
II
Remerciements
Nous remercions très sincèrement notre directeur
de mémoire, Dr Dominique Malo Maître de conférences
à l'Université de Bangui, pour sa disponibilité à
nous diriger depuis le début jusqu'à la fin de ce travail
scientifique ; que Dieu l'assiste dans son travail et lui accorde
promotion et longévité.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
Dr Emmanuel Mbétid-Bessane, Maître Assistant à la
Faculté de Droit et des Sciences Economiques et Chercheur au Pôle
Régional de Recherche Appliquée au Développement des
Savanes d'Afrique qui nous a assisté et soutenu dans ce travail.
Nous remercions tout le corps professoral du
département des Sciences Economiques qui de par leur compétence
nous ont très bien encadré durant notre cursus universitaire.
Nous sommes aussi très reconnaissant envers tous ceux
et toutes celles qui nous ont aidé et soutenu moralement,
matériellement ou financièrement durant notre étude et
dans la réalisation de ce travail. Nous voulons citer ici :
Unnel Bongo abbé Manéngou Ignace, abbé
Serge Bangui, abbé Rawago Jonas, père Martin,
Que notre mère Hélène
Djamawa et sa soeur Berthe Léandji trouvent
ici l'expression de nos sincères gratitudes pour tous les efforts
consentis pour notre étude et de nous avoir donner le goût de
l'étude et les bonnes bases de l'éducation.
Nos sincères reconnaissances à tous nos
parents : Mme Eliane Yassigoussou, abbé Djamawa Roger,
Djamawa-Komanda Saint Cyr, Djamawa Guy Robin, Capitaine Djamawa Aymar, Djamawa
Clara , Djamawa Francia Yassi Josepha... de nous avoir assisté
moralement, spirituellement et materiellement dans la réalisation de ce
travail.
Nous ne pouvons pas aussi perdre de vue tous nos amis
jécistes ainsi que tous nos collègues du département des
Sciences économiques avec qui nous avons passé ensemble des
moments de joie durant notre cursus universitaire à savoir :
Naïnangué St Clair, Mbolissa Guy Florent, Karol, Boin Lydia,
Marie-Michelle Bissakonou, Reine, Donatien Régonéndji, Tata
Flotine, Flavien Foulou, Ouaté St Cyr, God given, Charly, Junior singa,
Mbao Nadia, Afegbou Marlyse, Sanghama Bertrand, Ouakoua Mireille,
Bélédet Cyrille, Godéténdji Boris, Valery Tomy,
Yagbaféndo Valérie, Gbakos Gerville, Nixon
Grégbéndé. Josky kotondji, Pounékouzou Vivien,
Diégo Saturnin, Rafaï Roseline, Walidou Fouad, Yakota Yvon, Olivier
Pakossi, Téré Charlemagne, Ghislain Unnel Bongo,... Que tous nos
collègues et amis qui ne sont pas ici cités dans ce document
fassent aussi l'objet de notre reconnaissance.
III
SIGLES ET ABREVIETIONS
SIGLES
|
LIBELLES
|
ACP
|
Pays d'Afrique des Caraïbes et du Pacifique
|
APE
|
Accords de Partenariat Economique
|
APER
|
Accords de Partenariat Economique Régional
|
ALE
|
Accord de Libre Echange
|
CEE
|
Communauté Economique Européenne
|
CEEAC
|
Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale
|
CEMAC
|
Communauté Economique et monétaire des Etats de
l'Afrique Centrale
|
CETAC
|
Compagnie d'Exploitation de Tabac Centrafricain
|
DEES
|
Direction des Etudes Economiques et Statistiques
|
FIDA
|
Fonds International de Développement Agricole
|
FED
|
Fonds Européen de Développement
|
GATT ou AGTC
|
General Agreement on Tariffs and Trade (Accord
Général sur les Tarifs et le Commerce)
|
NPF
|
Nation la plus favorisée
|
OMC
|
Organisation Mondiale du Commerciale
|
ORCCPA
|
Office de Réglementation du Contrôle et
Conditionnent des Produits Agricoles
|
PPTE
|
Pays Pauvres Très Endettés
|
PMA
|
Pays moins avancés
|
PTOM
|
Pays et Territoires d'Outre Mer
|
SOCACIG
|
Société Centrafricaine des Cigarettes
|
SOCADETEX
|
Société Centrafricaine de Développement
du Textile
|
STABEX
|
Système de Stabilisation des Recettes d'Exportation
|
SPNR
|
Système de Préférence Non
Réciproque
|
SPR
|
Système de préférence
réciproque
|
SPG
|
Système des Préférences
Généralisé
|
SPS
|
Mesure Sanitaires et Phytosanitaires
|
SYSMIN
|
Système de Stabilisation des Recettes des Produits
Minerais
|
SUCAF
|
Sucre Afrique
|
TSA
|
Programme Tout Sauf Les Armes
|
UE
|
Union Européenne
|
ZLE
|
Zone de Libre Echange
|
IV
RESUME
Le point de départ de notre étude
débute avec l'analyse des relations de partenariat entre les pays ACP et
l'UE. Pour rappel, ces relations avaient été commencées
très précisément avec les conventions de Yaoundé en
1963, puis celles de Lomé (1975 à 2000) pour déboucher
enfin sur les accords de Cotonou qui cherchent à instaurer le libre
échange dans les relations commerciales ACP-UE à travers les
nouveaux accords de partenariat dits « Accords de Partenariat
Economique » qui ont pour objectif la libéralisation des
échanges entre les pays ACP et l'UE.
A titre de rappel, il convient de préciser
que les problématiques qui ont abouti à la négociation des
nouveaux accords de partenariat entre les pays ACP et l'UE ont pris naissance
sur le fait que les principes de base des accords de partenariat
précédemment conclus entre ces deux groupes régionaux
(conventions de Lomé) ne sont pas compatibles avec les règles de
l'OMC qui est l'organisme international qui s'occupe des règles
régissant le commerce entre les pays. Cette situation, selon l'Union
Européenne doit nécessairement faire l'objet d'une
révision des termes des accords de partenariat. En effet, les
conventions de Lomé avaient été conclues dès
l'origine dans l'objectif de favoriser le développement
économique des pays ACP par le biais de la diversification de leurs
produits d'exportation, de l'augmentation de leurs flux commerciaux et de la
promotion de leurs échanges extérieurs. C'est donc pour atteindre
ces objectifs que les conventions de Lomé accordaient aux pays ACP des
régimes des préférences commerciales non
réciproques selon lesquelles presque la quasi-totalité des
exportations de ces derniers doivent entrer en franchise de droit de douane sur
les marchés de l'UE.
Le régime des préférences
commerciales non réciproque accordé aux pays ACP analysé
dans le contexte de l'accord de Cotonou est incompatible au principe de non
réciprocité de l'OMC qui stipule que deux Etats signataires d'un
accord de partenariat doivent nécessairement libéraliser leurs
échanges. Ainsi, pour respect de ce principe, l'Union Européenne
envisage désormais le remplacement des régimes de
préférence commercial non réciproque par un régime
de préférence commercial réciproque
caractérisé notamment par l'insertion du libre échange
dans les relations commerciales ACP-UE.
C'est donc précisément da ns ce contexte
que notre présente étude cherche à évaluer les
impacts de cette perspective de la libéralisation des échanges
sur le système agricole des pays ACP et notamment sur celui de la
RCA.
Pour faire cette évaluation nous avons
été conduit tout d'abord à faire le diagnostic du
système agricole centrafricain en vue notamment d'analyser son
degré de compétitivité dans la perspective de la
libéralisation, ensuite nous avons été amène aussi
à mesurer les impacts de la libéralisation des échanges
sur le système agricole centrafricain ; ceci, dans un souci de
connaître très précisément les enjeux et les
opportunités de cette libéralisation sur le système
agricole centrafricain.
A la suite de nos divers travaux de recherche en vue de
mesurer les impacts de cette libéralisation, il convient donc de
préciser qu'il ressort des principaux résultats du diagnostic que
nous avons fait que le système agricole centrafricain n'est pas un
système compétitif ; ceci, du fait notamment que le pays
continue depuis lors à utiliser comme principaux moyens de production
des outils traditionnels, archaïques et rudimentaires comme : la
houe, la daba, les machettes... qui ne peuvent accroître sensiblement le
rendement agricole. De même, le système des cultures reste lui
aussi un système extensif traditionnel et la plupart des cultures ne
sont même pas diversifiés ; ceci a donc fait que les
quantités des produits agricoles d'exportation restent depuis toujours
insuffisantes pour répondre à la demande des marchés
extérieurs. Malgré cette situation, il faut aussi savoir que les
quelques produits d'exportation agricoles centrafricains sont vendus à
l'extérieur à l'état brut. Toutes ces situations dont nous
venons respectivement d'évoquer ici constituent donc les principaux
facteurs de l'affaiblissement de la compétitivité du
système agricole centrafricain : la RCA n'est donc pas
compétitive pour faire face à une libéralisation des
échanges.
Si malgré cette situation, la RCA accepte la
libéralisation avec l'UE, les résultats de nos travaux de
recherche en ce qui concerne l'analyse des impacts de cette
libéralisation nous révèlent très
concrètement que l'insertion de la réciprocité dans les
échanges centrafricains va certainement favoriser le système de
production agricole par la baisse du prix de revient des intrants
importés ; mais elle affaiblira progressivement le système
de culture ainsi que le secteur agroalimentaire. En effet au terme de notre
analyse et à la suite des tests que nous avons fait sur les variables du
secteur agricole et agroalimentaire centrafricain nous avons pu constater
qu'avec la libéralisation des échanges centrafricains, le chiffre
d'affaire total des entreprises du secteur agroalimentaire passera de 25612,9
millions de FCFA à 9655,26 millions de FCFA soit une baisse sensible de
62,30% cela veut dire très concrètement que si la RCA
libéralise ses échanges avec l'UE, les entreprises du secteur
agroalimentaire vont perdre 62,30% de leurs chiffre d'affaire. De même,
le nombre des employés de ce secteur va diminuer très
sensiblement, passant de 1141 personnes de l'état initial à
199,15 personnes dans la situation de la libéralisation ; cette
situation nous montre très concrètement que 83,25% des personnels
du secteur agroalimentaire vont perdre leur emploi. L'effectif total des
employés du secteur agricole va connaître lui aussi une
réduction considérable. Cela passera en effet de 85% de la
population active à 76,05% soit 10,53% des cultivateurs centrafricains
vont donc abandonner le secteur agricole lorsque les Accords de Partenariat
Economique seront instaurées en RCA.
Le bilan de toutes les évaluations des impacts de
la libéralisation des échanges par l'entremise des APE nous
présente globalement des résultats négatifs pour le
système agricole centrafricain. Ainsi pour inverser ces tendances
négatives : raison d'être de notre travail, nous avons donc
proposé plusieurs mesures d'adaptation au système agricole
centrafricain. Ces mesures ont été formulées suivant les
propositions-ci après :
· Renforcer le capital humain au niveau du
système de culture ;
· Renforcer l'usage des facteurs, outils et techniques
modernes de production agricole au niveau du système de production
agricole ;
· Diversifier les productions
agricoles d'exportation et envisager dans le court terme l'exportation des
produits manufacturiers ;
· Orienter progressivement la plupart des exportations
centrafricaines sur les produits manufacturiers ;
· Réorienter la politique économique et
commerciale centrafricaine sur une politique d'offre et non de
demande ;
· Retarder la libéralisation des échanges
en de consolider d'abord les structures économiques et agricoles de
base.
Ainsi, ces mesures d'adaptation permettront donc à la
République Centrafricaine de minimiser les effets négatifs des
APE sur son système agricole et de maximiser leurs impacts positifs sur
l'ensemble du système économique.
Listes des tableaux et graphiques
Tableaux
|
libellés
|
pages
|
1
|
Différence de PNB entre l'UE et les pays ACP
|
18
|
2
|
Principaux produits d'exportation des pays ACP
|
19
|
3
|
Importation de l'UE (en milliards d'euro, prix courant)
|
19
|
4
|
Evolution des transferts de la dotation du Stabex en RCA
|
21
|
5
|
Part de chaque produit de base centrafricain couvert part le
Stabex
|
22
|
6
|
Variation des recettes d'exportation des produits de base
centrafricaine couverte par le Stabex (1975-1990)
|
23
|
7
|
Evolution de quelques agrégats du secteur forêt
en RCA
|
28
|
9
|
Evolution de dépenses d'investissement de l'Etat :
2004-2007
|
28
|
10
|
Etats des secteurs de production centrafricain :
1994-2000
|
33
|
11
|
Production vivrière : réalisation 2005-08
(en milliers de tonne)
|
33
|
12
|
Production de coton (en tonne) : réalisation
2004-2007
|
35
|
13
|
Production de tabac, compagne de 2001-2003
|
35
|
14
|
Production et vente du bois centrafricain 2005-2007
|
38
|
15
|
Exportation du café centrafricain :
réalisation 2005-2007
|
38
|
16
|
Evolution des exportations du coton 2005-2007
|
39
|
17
|
Production et vente du tabac centrafricain :
réalisation 2001-2003
|
39
|
18
|
Evolution des exportations des produits primaires
centrafricaine
|
40
|
19
|
Destinations géographiques des exportations des
produits agricoles centrafricains
|
41
|
20
|
Principaux produits agricoles exportés par la RCA dans
la CEMAC
|
42
|
21
|
Balance commerciale (en milliards de FCFA) : 2003-2004
|
42
|
22
|
Principaux produits alimentaires importés par la RCA
dans la CEMAC
|
43
|
23
|
Evolution de principales productions des différentes
cultures
|
44
|
24
|
Taux de protection nominal selon les catégories des
produits
|
48
|
25
|
Projection des effectifs du cheptel jusqu'en 2010
|
52
|
26
|
Evolution de la production du sucre
|
54
|
27
|
Productions et ventes de l'huile de palme centrafricain
|
55
|
28
|
Sens de l'impact des APE sur le système agricole
|
56
|
29
|
Sens de l'impact des APE sur l'élevage
|
57
|
30
|
Sens de l'impact des APE sur le secteur agroalimentaire
|
57
|
31
|
Analyse synthétique des APE sur le secteur agricole
centrafricain
|
58
|
32
|
Impacts des APE sur les prix des produits alimentaires
substituables
|
59
|
33
|
Impacts des APE sur les prix des produits alimentaires non
substituables
|
60
|
34
|
Impacts des APE sur le niveau de l'emploi dans le
système agricole
|
61
|
35
|
Impacts des APE sur le secteur agroalimentaire en
général
|
62
|
36
|
Avantages des produits agricoles centrafricains sur les
marchés extérieurs
|
66
|
37
|
Proposition du calendrier de démantèlement de
droit de douane centrafricain
|
68
|
Graphique1
|
Consommation d'engrais par pays (kg/ha)
|
30
|
|
INTRODUCTION GENERALE
Contexte de l'étude
Les accords de partenariat économique (APE)
constituent le point d'aboutissement d'un long processus qui puise son origine
dans l'accord de Cotonou signé le 23 juin 2000 entre l'Union
Européenne (UE) et le groupe des Etats d'Afrique de Caraïbe et du
Pacifique (ACP).1(*)
Pour rappel, l'accord de Cotonou succède aux
conventions de Lomé qui avaient débuté en 1975. Ces
dernières avaient été conclues après les deux
autres conventions de Yaoundé signées respectivement en 1963 et
1969 dans le cadre de la coopération au développement.
A l'origine, ces accords de coopération avaient
été conclus dans l'objectif de réduire la pauvreté
dans les pays ACP et de favoriser en même temps leur développement
économique par la promotion du développement de leurs produits
primaires, de la diversification de leur production agricole d'exportation et
de l'augmentation de leurs flux commerciaux.
Pour atteindre ces objectifs, des régimes de
préférences commerciales non réciproques ont
été accordés aux pays ACP. Selon ces régimes, les
produits primaires des pays ACP vont avoir un libre accès sur les
marchés européens tandis que les importations en provenance de
l'UE vont subir des droits de douanes à leur entrée sur les
territoires des pays ACP.
Après 25 années de relation de
coopération (1975-2000), les résultats escomptés en terme
de développement des pays ACP inscrits dans les objectifs de ces accords
de coopération n'ont pas été atteints, et pire encore les
pays ACP restent de plus en plus marginalisés dans les échanges
commerciaux ; en effet, la part de leurs produits primaires dans les
importations de l'UE s'est considérablement dégradée
passant respectivement de 8% à 3% entre 1975 à
20012(*). De plus, le nombre des produits
agricoles d'exportation des pays ACP ne cesse aussi d'être réduit
malgré les préférences non réciproques qui leurs
ont été accordées. Par ailleurs ces
préférences, selon l'accord de Cotonou, ne sont pas compatibles
avec les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
L'OMC est en effet le seul organisme international qui
s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Les
principes de base de l'OMC qui inspirent le commerce au niveau mondial
sont :
· La libéralisation du commerce : cela a
pour but de supprimer progressivement et par voie de négociation les
obstacles au commerce ;
· La non discrimination dans les échanges : Selon
ce principe, aucun pays ne devrait établir de discrimination entre les
partenaires commerciaux qui
devraient tous de manière générale
obtenir le « statut de la nation la plus favorisée
(NPF) », ni entre ses propres produits, services et ressortissants,
d'une part, les produits, services et ressortissants étrangers, d'autre
part (qui doivent bénéficier du « traitement
national »).
· Prévisibilités : les
sociétés, investisseurs et gouvernements étrangers
devraient avoir l'assurance que les obstacles au commerce (y compris les droits
de douane, les obstacles non tarifaires et d'autres mesures) ne seraient pas
appliqués de façon arbitraire ;
· La promotion de la concurrence : il s'agit de
décourager les pratiques « déloyales »
comme l'octroi des subventions à l'exportation et les ventes des
produits à des prix de « Dumping »
c'est-à-dire des prix inférieurs au coût de production en
vue d'avoir les parts du marché.
Dans ce contexte, les clauses de l'OMC disposent en ce qui
concerne les relations de partenariat que désormais deux Etats
signataires d'un accord de partenariat doivent nécessairement
libéraliser leurs échanges. C'est donc précisément
dans cet esprit que le volet commercial de l'accord de Cotonou cherche à
remplacer le système des préférences non réciproque
accordé aux pays ACP par un système des préférences
réciproques compatibles aux règles de l'OMC ayant pour objectif
la libéralisation des échanges entre les pays ACP et l'UE.
Justification et intérêt du
thème
Notre sujet d'étude ainsi libellé n'est pas
dépourvu d'intérêt qui trouve fondamentalement sa
justification et sa raison d'être dans les principes fondamentaux des
nouveaux accords de partenariats entre les pays ACP et l'Union
Européenne. En effet, la principale préoccupation qui justifie le
choix de notre thème d'étude porte essentiellement sur deux
aspects fondamentaux des accords de partenariat économique (APE).
· Le premier aspect porte plus particulièrement
sur la thèse de la libéralisation des échanges commerciaux
entre l'UE et les pays ACP caractérisée par l'insertion de la
réciprocité dans les relations commerciales entre les pays ACP et
l'Union Européenne.
· Le second aspect concerne plus
précisément le démantèlement des droits de douane
des pays ACP qui a été inscrit dans les APE et
caractérisé par l'établissement des zones de libre
échange (ZLE) entre ACP et l'UE.
Ces deux aspects que nous venons ici d'évoquer
peuvent engendrer d'une part une concurrence directe entre l'UE et les pays ACP
et d'autre part, ils peuvent aussi occasionner des énormes pertes
fiscales dans ces pays ; ceci, notamment du fait que la plupart des
recettes fiscales des pays ACP est constituée des recettes
douanières et les importations des produits de l'UE représentent
selon la Banque Mondiale plus de 40% des importations totales de l'Afrique
Subsaharienne3(*).
L'intérêt principal du choix du secteur
agricole comme champ de notre étude résulte notamment du fait que
presque dans tous les pays ACP en général, l'agriculture demeure
encore l'activité économique la plus importante à
promouvoir pour assurer le développement économique. En effet,
les exportations de la plupart des produits des pays ACP restent encore
concentrées sur les produits agricoles. Ainsi, dans des pareilles
situations, la libéralisation des échanges va certainement
susciter une concurrence entre les produits agricoles des agriculteurs
européens à ceux des agriculteurs des pays ACP.
Problématique
A première vue, la libéralisation
inscrite dans les nouveaux accords de partenariat ACP-UE (les APE) provoquera
certainement une rude concurrence entre les agriculteurs européens qui
sont mieux équipés et bien subventionnés contre les
agriculteurs des pays ACP mal outillés et sans subventions. Cette
concurrence, ramenée dans le contexte centrafricain, constitue donc une
préoccupation majeure en ce qui concerne ses impacts sur l'agriculture
qui est le principal moteur de l'économie centrafricaine : elle
représente en effet 55% du PIB et occupe 85% de la population
active4(*). Cette
préoccupation nous amène ainsi a posé cette question
fondamentale à savoir :
Quels peuvent être les impacts des Accords de
Partenariat Economique sur le système agricole centrafricain ?
De cette question fondamentale, nous cherchons aussi
à savoir si l'agriculture centrafricaine peut réellement
affronter le nouvel environnement concurrentiel qui sera suscité par les
APE; ou encore, quels risques ou opportunités les APE
représentent-ils pour l'agriculture centrafricaine.
Répondre à toutes ces interrogations
nous conduit donc à fixer l'objectif général de notre
étude qui va donc nous guider tout au long cette analyse en vue
d'atteindre la cible de notre travail c'est-à-dire ce à quoi
doivent aboutir les résultats de notre recherche. Cet objectif
général sera ensuite suivi de trois autres objectifs
spécifiques qui vont donc nous permettre de mieux cerner et orienter
notre analyse.
Objectif général
L'objectif principal de ce présent travail est
d'analyser plus précisément les impacts des Accords de
Partenariat Economique sur le système agricole centrafricain. Pour
faire cette analyse, nous avons structuré notre travail en trois autres
objectifs spécifiques qui nous amènent à :
· Faire un diagnostic général du
système agricole centrafricain ; puis à
· Evaluer les impacts des APE sur ce système
agricole ; et enfin à
· Proposer des mesures d'adaptation à ce
système pour le rendre compétitif.
A ces objectifs spécifiques, nous avons aussi
formulé des hypothèses de travail qui doivent nous permettre de
bien orienter le sens de nos recherches et de nos analyses.
Hypothèse du travail
Comme nous l'avions déjà
mentionné ci haut, la libéralisation des échanges a pour
corollaire la concurrence directe entre les produits agricoles de l'UE et ceux
des pays ACP. Il convient donc de noter dans le contexte centrafricain
que :
- L'agriculture centrafricaine, compte tenu de ses
spécificités, ne serait pas compétitive à toute
concurrence extérieure des produits agricoles lorsqu'elle aura
libéralisé ses échanges avec l'Union
Européenne ;
- L'insertion des APE dans les échanges centrafricains
pourrait aussi générer des impacts à la fois positifs et
négatifs sur son système agricole.
Méthodologie de travail
Pour réaliser ce travail scientifique, nous
avons utilisé plusieurs approches dont les principales sont :
· Recherches documentaires dans les bibliothèques
de la place : Université de Bangui ; Médiathèque
de l'alliance française ; centre de documentation de La CEMAC et de
la BEAC, Centre Catholique Universitaire.
· Recherche dans les ministères tels que :
Ministère du plan de l'économie et de la coopération
internationale ; ministère du commerce et de la promotion du
secteur privé ; Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural.
· Entretiens avec le responsable de la francophonie
au niveau du Ministère des affaires étrangères, entretien
avec le représentant de l'Union Européenne en RCA, entretiens
avec plusieurs enseignants de l'Université de Bangui.
Canevas du travail
Pour atteindre l'objectif que nous avons fixé au
terme de notre étude, nous avons donc structuré notre travail en
trois chapitres :
- Le premier nous présente l'approche théorique
des Accords de Partenariat Economique : il analyse les aspects historiques
qui fondent les APE et nous donne ainsi un aperçu général
sur ces nouveaux accords ;
- Le deuxième chapitre fait le diagnostic du
système agricole centrafricain en analysant respectivement le
degré de la compétitivité du système de production,
du système de culture ainsi que des produits agricoles d'exportation.
- Le dernier chapitre évalue les impacts des APE sur
le système agricole centrafricain et propose à ce système
plusieurs mesures d'adaptation en vue d'être compétitif dans un
système concurrentiel.
CHAPITRE I
APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE PARTENARIAT
ECONOMIQUE
Les nouveaux accords de partenariat ACP-UE qui avaient
été signés le 23 juin 2000 à Cotonou au
Bénin ouvrent une nouvelle ère de coopération entre
l'Union Européenne (U.E) et les pays d'Afrique de caraïbe et du
pacifique (ACP).
Du point de vue historique, ces accords de partenariat ont
puisé leur origine dans les relations de Coopération entre
l'Union Européenne (U.E) et les pays ACP qui remontaient bien avant les
indépendances. Elles ont en effet débuté très
précisément à la naissance de l'Europe en tant
qu'entité régionale organisée.
Dans un souci de clarté et pour une meilleure
compréhension de notre présent sujet, relater l'évolution
historique de ces accords de partenariat qui pourraient aussi aboutir à
une conclusion des Accords de Partenariat Economique est donc très
indispensable. Ceci nous amène donc à faire dans ce
présent chapitre une analyse rétrospective des anciens accords de
partenariat ACP-UE, en présentant respectivement leurs résultats
ainsi que leurs limites en terme de développement des pays ACP, puis
à analyser par la suite les nouveaux accords de partenariat
économique qui constituent une nouvelle approche dans coopération
entre ACP-UE.
SECTION I LES FONDEMENTS HISTORIQUES DES ACCORDS DE
PARTENARIAT ECONOMIQUE (APE)
Historiquement, les APE trouvent leurs fondements dans les
conventions de Lomé signées en 1975 dans le cadre de relation de
coopération entre l'Union Européenne et les pays ACP. Ces
relations de coopération ont été inspirées à
l'origine par la déclaration de Schuman5(*) qui en 1950 disait : « l'Europe pourra,
avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses
tâches essentielles : le développement du continent
Africain ». C'est donc précisément dans cet esprit que
le traité de Rome signé en 1957 Prévoyait la
création de l'association des pays et territoires d'outre mer (PTOM)
qui marque ainsi les débuts de la relation de partenariat ACP-UE.
1.1. Les premiers accords de partenariat entre l'Union
Européenne et les pays ACP.
Ces premiers accords de partenariat entre l'UE et les pays ACP
ont débuté très précisément avec les
conventions de Yaoundé en 1963 pour prendre fin à la
quatrième convention de Lomé en 2000. Nous présenterons
dans les lignes qui suivent les contextes dans lesquels ces accords ont
été signés, puis nous indiquerons aussi les politiques de
développement poursuivis par ces accords.
1.1.1 Les conventions de Yaoundé
Dans le cadre d'une vision euro africaine antérieure
aux indépendances, l'association des pays et territoires d'outre mer
(PTOM) voit le jour avec le traité de Rome en 1957. Une fois la
colonisation terminée, l'accession à l'indépendance des
pays et territoires d'outre mer a entraîné la négociation
de leurs relations avec la Communauté Economique Européenne (CEE)
notamment dans le domaine de la Coopération économique,
scientifique et culturelle sur des bases contractuelles. Cette
coopération s'est enrichie depuis 1957 tant au niveau de son champ
d'application que de son étendu géographique. C'est donc
précisément dans ce contexte que fut signée le 02 juillet
1963 la première convention de Yaoundé dans laquelle une aide
financière et commerciale a été prévues pour les
anciennes colonies des pays de la CEE. Cette convention fut renouvelée
pour une seconde fois en 1969 et met en place un régime de non
réciprocité dans les relations commerciales ACP-UE ; et
prévoit aussi un traitement préférentiel pour les
produits originaires des pays ACP.
Selon le régime de non réciprocité, les
produits d'origine des pays et territoires d'outre mer vont avoir un libre
accès sur le marché de l'Union Européenne, tandis que ceux
de l'Union Européenne vont subir un droit de douane à leur
entrée sur les marchés des pays ACP ; ceci en vue notamment
d'éviter des éventuelles possibilités de concurrence entre
ces deux régions et de favoriser en même temps le
développement des exportations des produits primaires des pays ACP.
Ces deux conventions de Yaoundé marquent donc les
débuts du partenariat entre la CEE et ses anciennes colonies.
1.1.2. Les conventions de Lomé de 1975 à
2000
L'échec des résultats escomptés au terme
de développement inscrit dans les premiers accords susmentionnés,
la crise des années 70 ajoutée aussi à la baisse des cours
des matières premières réclament ainsi un nouvel ordre
économique. Ce dernier cherche notamment à revoir les termes de
l'accord de partenariat entre la CEE et ses anciennes colonies en vue
d'orienter désormais la coopération vers le développement
des ex pays colonisés. Cette situation débouche donc à la
signature de la première convention de Lomé en 1975 qui a
été élargie aussi aux pays liés à la grande
Bretagne au sein du Commonwealth et à certains pays hors du
Commonwealth formant ainsi le groupe des pays d'Afrique de Caraïbe et du
Pacifique (ACP) qui a été institutionnalisé officiellement
par l'accord de Georgetown dans la même année de la signature de
la première convention de Lomé.
L'accord de Georgetown représente la charte
fondamentale du groupe des pays ACP. Il édicte les règles de la
coopération et gère en même temps le partage de l'aide
à la coopération.
En 1976, année de l'entrée en vigueur de la
première convention de Lomé, l'accord de Georgetown a pris
à ce moment une nouvelle dénomination officielle de «
l'accord de partenariat ACP-UE » qui va désormais régir
les règles de base de partenariat. Les principaux objectifs de base du
groupe ACP se résument comme suit :
· Développer la coopération entre les
Etats ACP dans le domaine du commerce ;
· Favoriser l'intégration progressive des pays
ACP dans l'économie mondiale ;
· Coordonner les activités du groupe ACP dans le
cadre de mise en oeuvre de partenariat ACP-CEE.
Ces objectifs ont été accompagnés aussi
par la mise place d'une politique commerciale reposant sur trois principes
fondamentaux à savoir :
· Le libre accès au marché communautaire
des produits en provenance des pays ACP : cela suppose en effet que les
produits originaires des pays ACP accèderont au marché de la
Communauté Economique Européenne en exemption des droits de
douane, et sans qu'on leur applique aussi des restrictions quantitatives ou
toute autre mesure d'effet équivalent ;
· Le principe de non réciprocité des
obligations commerciales des pays ACP. Ce principe accorde des
préférences non réciproques aux pays ACP : Les
préférences non réciproques sont en effet un régime
commercial selon lequel les produits des pays ACP doivent avoir accès
aux marchés de la CEE en franchise de droits de douane tandis que les
importations des produits de la CEE vers les pays ACP doivent subir un droit de
douane à leur entrée sur les marchés des pays ACP ;
· La promotion du commerce entre les pays ACP et
l'UE.
Au total, l'objectif central de la convention de
Lomé I est donc de favoriser le développement des pays ACP par la
promotion de leurs échanges commerciaux des produits primaires, ceci, du
fait notamment de leur dépendance vis-à-vis de ces
produits ; en effet, il faut noter que pour la plupart des pays ACP les
recettes des exportations de leurs produits primaires constituent leurs
principales sources de financement c'est pourquoi pour stabiliser ces recettes
qui ne cessent de subir des fluctuations des cours mondiaux, la convention de
Lomé I met en place un système de stabilisation des recettes
d'exportation des produits primaires des pays ACP (STABEX) dont l'objet
principal est de compenser les déficits des recettes d'exportation de
ces pays dans les rapports commerciaux qui provoquent souvent la baisse de
leurs revenus et de leurs pouvoirs d'achat dont les conséquences
à long terme pouvant compromettre les possibilités de leur
développement.
Le fonctionnement du Stabex repose sur les principes et
mécanismes des financements compensatoires. Le système du
financement compensatoire repose sur le fait que pour stabiliser les recettes
d'exportation des pays ACP, il n'est pas nécessaire d'intervenir sur les
marchés des produits de base mais il s'agit plutôt d'agir sur
l'amplitude de fluctuation par un transfert de fonds par une agence
internationale. Pour ce fait, des retraits seraient donc effectués dans
des périodes où les recettes d'exportation seraient
inférieures à une moyenne établie, et des
dépôts (ou remboursement) dans des périodes où les
recettes seraient supérieures à cette moyenne. Ainsi, à
chaque fois que les recettes des exportations d'un pays ACP tomberont au
dessous de la moyenne de base retenue, l'organisme de compensation tenterait de
compenser le déficit.
Pour qu'il y'ait perte ou déficit à
l'exportation, il faut comparer la moyenne des recettes provenant des
exportations au cours des quatre années précédentes
(niveau de référence) à la recette effective de
l'année d'application. De même, pour qu'une perte puisse
être reconnue, il faut que la valeur des exportations des produits
agricoles atteigne le seuil de dépendance qui est la moyenne minimum
retenue des recettes des exportations au cours des quatre années
précédentes ; cette moyenne sert donc d'un indicateur pour
les recettes d'exportation des produits agricoles des pays ACP.
Cinq années après Lomé I, en 1980, voit
le jour Lomé II. Cette dernière consolide les acquis de
Lomé I et crée pour sa part un autre nouveau mécanisme
compensatoire semblable au Stabex mais qui concerne uniquement les produits
miniers. Ce mécanisme dénommé système de
stabilisation des recettes des produits miniers (SYSMIN) a été
mis sur pied en vue de soutenir les recettes d'exportation des produits
miniers. Ainsi, en cas de fluctuation des revenus tirés de la vente des
produits miniers, les pays dépendants de ces produits ont donc
accès à des prêts permettant de soutenir la production. Ces
produits miniers sont : cuivre, bauxite, cobalts, phosphate,
manganèse, étain, uranium, minerais de fer ...
Après Lomé II, fut Lomé III en 1985 qui
modifiait l'orientation de l'accord, abandonnant ainsi la promotion du
développement commercial pour celle d'un développement autonome
fondé sur l'autosuffisance et la sécurité alimentaire. Par
ailleurs, un appui à l'ajustement a été mis en place pour
mettre terme à la crise économique et promouvoir en même
temps le développement dans ces pays.
Cinq ans après Lomé III fut instituée
Lomé IV en 1990 pour une période de 10 ans avec une
révision à mi-parcours qui consacrera la naissance de Lomé
IV bis en 1995. Cette convention établit une articulation entre
développement et Droit de l'Homme et renforce l'appui à
l'ajustement structurel. Elle a par ailleurs introduit des
conditionnalités et des sanctions dans les termes de la
coopération. Ainsi, désormais, la violation des principes
démocratiques, Droit de l'Homme et Etat de droit peut entraîner la
suspension partielle ou totale de la coopération, notamment l'aide au
développement. Cette convention a aussi mis l'accent sur la
nécessité pour des pays ACP de s'insérer dans
l'économie mondiale.
Au total, il convient de rappeler que les conventions de
Lomé, tout au début, ont été instituées dans
l'esprit de favoriser le développement des pays ACP via la vente de
leurs produits primaires. Ces conventions ont aussi d'autres
particularités qui consistent notamment à intégrer
plusieurs autres formes de relations à savoir :
· Une relation commerciale fondée sur
l'établissement d'accords préférentiels non
réciproques et discriminatoires, à laquelle est
associée ;
· Une politique d'aide et
· Un montage institutionnel.
Plusieurs observateurs ont même trouvé dans
ces conventions les fondements d'une véritable culture basée sur
le partenariat et un régionalisme Nord- Sud.
Après 25 années de relation de partenariat dans
le cadre de ces conventions, l'évaluation des résultats en termes
de développement produit par ces accords ont donc suscité
plusieurs réflexions et interrogations telles que :
· Quel bilan peut-on esquisser de ces différents
accords en terme de développement des pays ACP ?
· Quelle est l'efficacité de l'aide prévue
par ces accords dans le cadre du Fonds Européens de
Développement (FED) qui doit appuyer financièrement le
développement des pays ACP ?
· Quelle cohérence existe-t-il entre les diverses
politiques d'aide au développement ?
· Comment envisager une nouvelle convention qui doit
tenir compte des enseignements précédents et des nouveaux enjeux
internationaux ?
En guise de tentative de réponse à ces
interrogations, nous essayerons de faire d'une manière
générale le bilan des premières relations de partenariat
entre l'UE et les pays ACP pour voir très concrètement leur
contribution en matière de développement des pays ACP et
d'analyser par après les possibilités des nouvelles relations de
partenariat entre ces deux groupes.
1.2. Bilan des premières relations de partenariat
depuis 1975 à 2000
L'évolution des résultats des premières
relations de partenariat entre ACP et l'UE nous amène ainsi à
orienter notre présente analyse à trois niveaux :
1) Le partenariat ACP-UE : un modèle de
coopération Nord / Sud.
Nous pouvons dire que les accords de partenariat ACP-UE
constituent un modèle de coopération internationale plus
étendue. En effet, il n'existe aucun autre équivalent d'un
partenariat Nord/Sud entre un ensemble géographique aussi vaste :
d'un côté, les 15 membres de l'Union Européenne constituent
une grande puissance mondiale et de l'autre les 77 pays ACP (48 en Afrique
subsaharienne, 14 du pacifique et 15 de caraïbe), l'ensemble
représentant donc la moitié des Etats de la planète.
2) Quelques succès individuels
réalisés par certains pays ACP
Bien que la plupart des pays ACP n'ont pas tirer profit des
opportunités qui leurs ont été accordées par ces
premières conventions de partenariat, il convient toutefois de noter que
certains d'entre eux ont aussi réalisé grâce aux
préférences non réciproques accordées par les
conventions de Lomé, quelques succès. Ces derniers ont
été en effet réalisés dans le cadre :
· Du protocole viande bovine qui est
bénéfique seulement aux îles Caraïbe et la
côte d'Ivoire ;
· Du protocole sucre qui à favoriser aussi le
développement des pays du Pacifique et l'île Maurice ;
· Du développement de l'industrie textile qui a
favorisé l'Ile Maurice et le Cameroun.
Mais d'une manière générale, ces
premières relations de partenariat n'ont même pas permis depuis
lors le décollage économique des pays ACP ni favoriser la
diversification des produits de leurs exportations. Ceci nous amène
donc à douter de leur efficacité commerciale et de leur politique
de développement des pays ACP.
3) Les résultats décevants des accords
de partenariat ACP-UE de 1975 à 2000.
Si nous faisons une analyse de l'évolution du commerce
extérieur des pays ACP sous l'angle de leur part du marché
(notamment sur le marché de l'Union Européenne) et sous celui de
la structure de leurs exportations, nous pouvons voir que ces pays n'ont
presque pas considérablement tiré profit de leur relation avec
l'Union Européenne ; en effet, plusieurs faits dans les lignes qui
suivent peuvent en expliquer cette situation.
Tout d'abord il convient de noter que la part des produits
agricoles des pays ACP sur le marché européen ne cesse de
décroître constamment ; elle a été
passée en effet de 7% entre 1955/1976 à 3% entre
2000/2005.6(*) Cette chute
provoque ainsi une baisse des exportations des produits agricoles des pays
ACP qui pourra aussi entraver leur stratégie de
développement qui est beaucoup plus axée sur la politique
d'exportation des produits primaires.
Ensuite, nous remarquons aussi que la structure du commerce
extérieur des pays ACP reste encore très dominée par les
produits primaires; en effet 62% des exportations des pays ACP vers l'Union
Européenne sont constituées essentiellement des produits
primaires et plusieurs Etats ACP (34 sur 77) sont dépendants des
matières premières pesant pour la moitié de leurs flux
commerciaux. Pour la majorité des pays ACP, les produits primaires
continuent encore de représenter en 60 et voire même 100% de leurs
exportations des marchandises vers l'UE7(*).
En outre, nous pouvons aussi mentionner l'inefficacité
du mécanisme de Stabex et du Sysmin. Cette inefficacité peut
s'expliquer en effet par la dégradation du taux de couverture de ces
mécanismes : en effet, ce taux qui, tout au début, a
été fixé à 100% pendant Lomé I ne cesse de
décroître progressivement pour s'établir
définitivement à 43% en 20018(*). Ceci explique en partie les défaillances des
mécanismes de stabilisation des recettes des produits primaires des pays
ACP prévu dans le cadre de la coopération ACP-UE. Cette situation
provoque donc la dégradation de la part des produits originaires des
pays ACP dans les rapports commerciaux et internationaux et notamment au sein
du marché européen. Nous pouvons aussi noter que le STABEX et le
SYSMIN présentent plusieurs limites auxquelles les principales peuvent
être analysées comme suit :
1. Le Stabex et stabilisation des prix
Le Stabex n'arrive toujours pas à stabiliser les
prix des produits de base qu'il couvre, mais les recettes des exportations
alors que souvent l'évolution des recettes d'exportation des produits
primaires des pays ACP ne cesse d'être influencée par les
fluctuations des prix.
2. Le Stabex et déficits des balances des
paiements.
Il convient de préciser que le Stabex n'a pas
été conçu dans l'esprit de résoudre les
problèmes dus au déficit des balances de paiements. Cette
tâche revient donc au FMI. En effet, le fonds de compensation du FMI est
accordé à ses membres qui ont enregistré des pertes sur
leurs recettes totales d'exportation. A la différence du Stabex les
fonds compensatoires du FMI sont du type « soutien à la
balance des paiements ».
3. Le Stabex et terme de l'échange.
Le rôle du Stabex n'est pas de modifier les termes de
l'échange en faveur des pays bénéficiaires.
4. Le Stabex et Sysmin
Le Stabex inclut la quasi-totalité des produits
agricoles d'exportation des pays ACP, à l'exclusion de certains produits
couvert par la politique agricole commune (PAC) de l'Union Européenne
ainsi que le tabac. Les produits miniers sont absents du système Stabex
et intègrent le Sysmin.
Au total, l'analyse du bilan de ces premières relations
de partenariats nous permet donc de tirer trois leçons importantes de la
coopération ACP-UE.
Tout d'abord, selon notre propre analyse, nous avons
constaté que la coopération commerciale ACP-UE est trop
limitée dans ses ambitions du fait qu'elle demeure entièrement
centrée sur la promotion du commerce entre les pays ACP et l'UE; en
effet, elle centre seulement sa stratégie de développement (des
pays ACP) sur le commerce sans prendre en compte d'autres facteurs importants
pour le développement.
En second lieu, nous constatons aussi que la
coopération commerciale ACP-UE a été trop limitée
dans son champ d'application. En effet, l'importance des tarifs douaniers dans
le commerce diminue progressivement alors que les mesures non tarifaires
pratiquées par l'Union Européenne telles que les normes
techniques, la réglementation vétérinaire et les mesures
sanitaires et phytosanitaires, sont d'importance croissantes ; ceci
réduit donc considérablement les exportations des pays ACP vers
l'Union Européenne.
Enfin, la coopération commerciale ACP-UE a
été trop limitée dans sa perception. Elle a
été en effet perçue comme une fin en soi, visant
simplement a augmenté les exportations des produits primaires des pays
ACP vers l'UE.
Globalement nous pouvons dire que les 25 années de
préférences tarifaires non réciproques de relation de
partenariat entre l'Union Européenne et les pays ACP n'ont donc pas pu
permettre à ces derniers d'assurer leur développement. De
même, les objectifs de développement inscrits dans le cadre de ce
partenariat qui étaient tout au début axé sur la promotion
des échanges commerciaux des pays ACP n'ont pas été
atteints. Par ailleurs les avantages prévus dans ces accords à
travers le système de préférence non réciproque
(SPNR) n'ont même pas permis aux pays ACP de diversifier leurs
productions d'exportation et d'accroître leurs flux commerciaux car nous
pouvons même constater la marginalisation totale des économies
des pays ACP ainsi que leur dépendance vis-à-vis du marché
de l'Union Européenne.
L'échec des préférences non
réciproques en terme de développement des pays ACP, ajouté
à leurs incompatibilités aux règles de l'OMC auxquels
s'associe aussi la baisse considérable du niveau des exportations des
pays ACP ont donc conduit à une redéfinition des termes de
l'accord de partenariat ACP-UE. Cette redéfinition débouche
ainsi sur la signature des accords de Cotonou qui constitue une nouvelle
relation de partenariat entre l'Union Européenne et les Etats ACP.
SECTION II : LES NOUVELLES RELATIONS DE
PARTENARIAT ACP-UE
Ces nouvelles relations avaient commencé très
précisément avec l'accord de Cotonou en 2000. Ce dernier cherche
notamment à instaurer des nouveaux accords dits accords de partenariat
économique dans les relations commerciales entre les pays ACP et
l'UE.
2.1 L'accord de Cotonou
Cet accord marque un nouveau tournant dans les relations de
coopération ACP-UE. Signé le 23 Juin 2000 à Cotonou au
Bénin entre 77 pays ACP et 15 Etats membres de l'Union
Européenne. Il représente une nouvelle phase dans la
coopération entre les pays ACP et l'Union Européenne qui avait
débuté depuis la signature de la première convention de
coopération (convention de Yaoundé) en 1963 et qui s'est
poursuivie avec les quatre autres conventions de Lomé dont la
dernière (Lomé IV bis) est arrivée à
l'échéance le 29 février 2000.
Pour plus de détails, il convient de préciser
que l'accord de Cotonou a été signé pour une durée
de vingt ans et révisable tous les cinq ans. Il est centré sur
l'objectif de réduction et, à terme d'éradication de la
pauvreté tout en contribuant au développement durable et à
l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale.
Cet accord réoriente les dispositions de la coopération ACP-UE
qui doit désormais reposer sur les principes fondamentaux à
savoir :
· L'égalité des partenaires et
l'appropriation des stratégies de développement. Selon ce
principe, il appartient donc aux Etats ACP de déterminer, avec toute
souveraineté les stratégies de développement de leurs
sociétés et de leurs économies ;
· La participation : outre l'Etat en tant que
partenaire principal, le partenariat est ouvert aussi à d'autres acteurs
(par exemple la société civile, le secteur privé et les
autorités locales) ;
· Dialogue et engagements mutuels (par exemple respect
du droit de l'homme);
· Différenciation et régionalisation. Les
relations de coopération varieront selon le niveau de
développement du partenaire, de ses besoins, de ses performances et de
sa stratégie à long terme.
Enfin, l'accord de Cotonou, à la différence des
autres accords précédents dispose d'une approche globale qui vise
à renforcer la dimension politique, à assurer une nouvelle
flexibilité et à accorder plus de responsabilité aux Etats
ACP.
2.1.2.Les principaux éléments de l'accord
de Cotonou
L'accord de Cotonou vise à promouvoir et à
accélérer le développement économique, culturel et
social des pays ACP ; à contribuer à la paix et à la
sécurité ; et à promouvoir un environnement politique
stable et démocratique. Cet accord repose sur cinq piliers qui
résument les principales orientations du partenariat :
· Une dimension politique globale ;
· La promotion des approches participatives ;
· Des stratégies de développement et la
priorité accordée à l'objectif de réduction de la
pauvreté;
· La mise sur pied d'un nouveau cadre de
coopération économique et commerciale ;
· La réforme de la coopération
financière.
Dans chacun de ces piliers sont inscrits plusieurs politiques
et stratégies de développement économique et social des
pays ACP. Pour avoir une connaissance plus précise de ces politiques et
stratégies nous donnerons dans les lignes qui suivent quelques
détails et explications.
S'agissant de la dimension politique objet du premier pilier,
l'accent a été mise plus particulièrement sur le dialogue
politique, les politiques de consolidation de la paix, le respect de Droit de
l'Homme, la bonne gestion des affaires publiques.
La promotion des approches participatives inscrite au
deuxième pilier intègre désormais les acteurs non
étatiques et la société civile dans la conception et la
mise en oeuvre des stratégies et programmes de développement.
La stratégie de développement et concentration
sur la réduction de la pauvreté est une approche
intégrée qui constitue le troisième pilier du partenariat.
Elle met l'accent sur trois domaines prioritaires à savoir : le
développement économique, le développement social et
humain, l'intégration et la coopération régionale.
Le quatrième pilier établit un nouveau cadre de
coopération économique et commerciale. Les bases de cette
coopération sont définies dans la partie III, titre II de
l'accord de Cotonou. Il y est indiqué dans cette partie que "l'Union
Européenne et les Etats ACP négocierons et concluront de nouveaux
accords commerciaux connus sous le nom d'Accords de Partenariat Economique
(APE), compatibles avec les règles de l'OMC, supprimant progressivement
les entraves au commerce entre les deux parties au cours d'une période
intérimaire d'au moins 12 ans et mettant ainsi fin au système des
préférences commerciales non réciproques dont les Etats
ACP bénéficient dans le cadre des accords
précédents". Dans ce contexte, les échanges commerciaux
seront donc libéraliser entre les deux parties.
Enfin, compte tenu du fait que les aides financière
accordées dans le cadre des anciens accords ont manqué
considérablement d'efficacité, le cinquième pilier de
l'accord de Cotonou engage une reforme de la coopération
financière. Selon cette reforme, désormais les ressources du
Fonds Européen de Développement (FED) vont être
orientées à favoriser les subventions et les investissements dans
les pays ACP.
Au total, nous pouvons dire que l'accord de Cotonou marque un
tournant décisif dans les relations ACP-UE privilégiées
depuis les accords de Yaoundé et surtout ceux de Lomé.
Contrairement à ces derniers, l'accord de Cotonou dissocie la politique
commerciale et aide au développement c'est à dire que la
politique commerciale ne sera désormais plus conçue comme un
instrument d'aide au développement; elle devient en effet un objectif
en soi. Cette dissociation a donc pour seul but de rendre la relation ACP-UE
conforme aux règles de l'OMC et de supprimer aussi les avantages
consentis aux pays ACP dans les relations commerciales. De ce fait, les
exemptions douanières ne seront plus permises et la politique
commerciale ne pourra désormais plus servir au politique de
développement ; dans cette nouvelle situation, le STABEX et le
SYSMIN seront aussi démantelés et vont être
remplacés par des régimes de préférences
réciproques qui ont pour objet d'établir des zones de libre
échange (ZLE) entre les pays ACP et l'Union Européenne.
La prise en compte du libre - échange dans les
relations de partenariat ACP-UE définit donc un nouveau cadre de
partenariat appelé "Accords de Partenariat Economique", qui constitue
donc l'objet de notre analyse qui va suivre.
2.2. Les Accords de Partenariat Economique (APE)
Les APE constituent la nouvelle relation commerciale entre les
pays ACP et l'UE qui a été définie dans le volet
commercial de l'accord de Cotonou. Ils cherchent notamment à
réorienter les relations commerciales ACP-UE sur une nouvelle base
devant désormais être en conformité avec les règles
de l'OMC. Les APE disposent des principes et des caractéristiques
méritant d'être explicités.
2.2.1.Les principes et les caractéristiques des
APE
Les Accords de Partenariat Economique (APE) sont des accords
de libre échange entre l'Union Européenne et les Etats ACP. Ils
cherchent principalement et prioritairement à libéraliser les
échanges commerciaux entre ces deux groupes régionaux en vue de
les rendre conforme aux règles de l'OMC.
Selon les termes de l'OMC, les APE sont des accords
bilatéraux auxquels
« L'essentiel » des échanges est
libéralisé (article XXIV du GATT)9(*) c'est-à-dire au moins 90% du commerce total de
chacun des partenaires doit être libéralisé. Mais la part
du commerce libéralisée par l'Union Européenne peut
être toutefois supérieure à celle libéralisée
par les pays ACP c'est précisément pour cela que les APE ont
été qualifiés des « accords
asymétriques ».
Les APE se sont aussi basés sur quatre principes
fondamentaux qui déterminent les relations de coopération ACP-UE.
Ces principes peuvent se présenter comme suit :
· Le partenariat : les
APE sont des accords de partenariat impliquant des droits et des obligations de
deux cotés.
· L'intégration
régionale : selon ce principe, les APE vont renforcer
et soutenir l'intégration régionale par la création des
espaces régionaux intégrés devant aboutir à des
réunions douanières c'est-à-dire des marchés
uniques sans entrave au commerce à l'intérieur de la zone avec
une protection à la frontière par un tarif extérieur
commun (TEC) à tous les pays de la zone d'intégration. En effet,
en Afrique de l'Ouest par exemple, les huit pays de la zone franc
réunis dans l'UEMOA10(*) avaient un tarif extérieur commun tandis que
les autres pays de la CEDEAO comme Nigeria, Guinée, Ghana... avaient
chacun leur propre tarif. Par ailleurs, entre plusieurs pays d'une même
sous région, on peut retrouver de nombreux obstacles formels ou
informels aux échanges. Ceci constitue des difficultés pour la
promotion des échanges commerciaux, c'est précisément
contre ces pratiques que les APE cherchent à renforcer
l'intégration régionale.
· Le
développement : selon ce principe, les APE doivent
être conçus avec une certaine flexibilité nécessaire
pour tenir compte des contraintes économiques, sociales et
environnementales des pays ACP. Ainsi, ils doivent être
intégrés dans la politique de développement des pays ACP
et dans les stratégies de soutiens de l'Union Européenne.
· Lien avec l'organisation mondiale du
commerce : les APE ne sont pas une fin en soi mais une
étape visant à faciliter l'intégration des pays ACP dans
l'économie mondiale. Ainsi, ils seront donc basés sur les
règles de l'OMC, en tenant en compte des résultats de DOHA pour
le développement. Les APE mettront donc en place dans le cadre des
résultats de DOHA, des relations commerciales bilatérales
destinées à réduire l'incidence de toutes les entraves aux
échanges entre les pays ACP et l'UE et à établir une
intégration plus étroite entre leur économie.
A côté de ces quatre grands principes
fondamentaux des APE que nous venons ici de présenter, il convient aussi
de noter que ces accords sont caractérisés aussi par deux aspects
fondamentaux à savoir : l'établissement d'une zone de libre
échange entre ACP-UE et la prise en compte de l'asymétrie dans la
libéralisation.
L'établissement d'une zone de libre échange
(ZLE) entre les pays ACP et l'Union Européenne consiste à
supprimer progressivement l'essentiel des droits de douane entre les deux
parties ainsi que toutes les mesures ayant un effet équivalent. Ceci
vise donc à simplifier toutes les procédures et
règlementations relatives aux importations et aux exportations.
La prise en compte de l'asymétrie dans les relations
commerciales entre les pays ACP et l'UE constitue aussi l'autre
caractéristique essentielle des APE. Cela suppose que pendant la
libéralisation, les pays ACP peuvent déclarer un certain nombre
de produits qui garantissent où qui maintiennent leur équilibre
économique comme produits sensibles. Ces produits ne seront donc pas
libéralisés ou ne le seront libéralisés que
progressivement dans un délai de 10 à 15 ans voire même
plus. La sensibilité de ces produits est jugée soit par rapport
aux enjeux du secteur de production locale (Pour lesquels les importations
massives suite de la libéralisation risquent d'évincer les
producteurs des pays ACP), soit par rapport aux enjeux fiscaux (en effet,
certains produits de l'UE taxés à l'entrée des pays ACP
rapportent beaucoup de recettes à l'Etat, ainsi le
démantèlement des droits de douane sur ces produits risque de
baisser considérablement les recettes de l'Etat). Le traitement de ces
produits sensibles est donc particulier.
En effet, choisir les produits sensibles permet donc de leur
appliquer aussi un traitement particulier. Selon ce traitement, les produits
sensibles vont donc être dérogés aux principes de
suppression de droit de douane. C'est-à-dire qu'ils vont conserver leurs
droits de douane. En ce qui concerne les produits sensibles pour le secteur de
production, il leur sera appliqué des mesures de sauvegarde
spécifique permettant de réagir lorsque les importations posent
problème ou constituent un facteur de risque pour le secteur de
production. Ce traitement est donc prévu dans l'article XXVI du GATT qui
autorise des exceptions à la règle de non discrimination et de la
clause de la nation la plus favorisée dans le cadre de la zone de libre
échange (ZLE). Cet article offre donc la possibilité à
l'intérieur d'une ZLE, de baisser le droit de douane davantage qu'avec
les pays extérieurs à la zone. Mais il fixe aussi certaines
conditions contraignantes à savoir :
· La libre circulation des produits doit concerner
« l'essentiel des échanges commerciaux » dans les
pays de la zone de libre échange (ZLE) ;
· La libre circulation des produits doit aussi
être mise en oeuvre dans un délai raisonnable selon un programme
qui doit être défini par les pays.
En ce concerne les négociations des APE, elles
devraient aussi tenir compte des contraintes économiques et sociales des
pays ACP et de leur capacité à s'adapter et à ajuster leur
économie au processus de libéralisation. Dans le cadre de cette
libéralisation, il a été convenu que les produits devant
être libéralisés entre les pays ACP et l'UE doivent
être des produits originaires de ces deux groupes en vue d'être
admis à entrer en franchise de droit de douane. Pour qu'un produit soit
originaire d'un pays, il droit être « entièrement
obtenu » dans ce pays ou avoir au moins subit une transformation
suffisante ou substantielle dans ce pays. La prise en compte de ces conditions
dans la coopération définit ainsi une nouvelle approche de la
relation commerciale entre l'UE et les pays ACP.
2.2.2.Les négociations des Accords de
Partenariat Economique
Les négociations des APE ont été
suscitées par l'expiration des accords précédemment
conclus entre l'UE et les pays ACP. Pour rappel, depuis 1975, les relations
politiques et économiques entre les pays ACP et l'UE étaient
régis par une série de conventions de Lomé faisant
déjà l'objet de notre analyse précédente .
Reconnaissant les différences économiques considérables
entre ces deux groupes régionaux (ACP et UE), ces accords fournissaient
des préférences commerciales et de l'aide aux pays ACP sans
exiger d'eux une moindre réciprocité. Une fois arrivée
à leur terme, les conventions de Lomé ont été
succédées par l'accord de Cotonou en 2000. Ce dernier cherche
à instaurer les APE dans les relations ACP-UE. L'instauration des APE
dans les relations commerciales ACP-UE fait donc l'objet de plusieurs
négociations entre les 25 pays membres de l'Union Européenne et
les six groupes régionaux des pays d'Afrique, de Caraïbe et du
Pacifique (SADAC, ESA, Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale, Caraïbes,
Pacifique) dont 39 font partie des 50 pays moins avancés (PMA) au monde.
Les négociations des APE avec l'UE doivent être faites avec chacun
des ces six groupes régionaux des pays ACP ceci, en vue notamment de
signer avec chacun d'eux des Accords de Partenariat Economique Régionaux
(APER).
Ainsi, en ce qui concerne la zone CEMAC qui comporte elle
aussi le Sao Tomé et le Principe, les négociations des Accords de
Partenariat Economique Régionaux (APER) entre l'UE et cette zone ont
été lancées très précisément à
Brazzaville le 03 octobre 2003. Les pays de cette configuration
géographique ont donc adopté, à cette date, une feuille de
route de négociation comportant une structure de négociation
à cinq niveaux : le comité ministériel commercial, le
comité régional de négociation, le groupe des experts, le
groupe des contacts, et la task force de préparation régionale.
Au sein de chaque pays a été mis en place un comité
national de négociation des APE comportant des représentants, de
l'administration, du secteur privé et de la société
civile. Chaque comité de négociation est représenté
au sein du comité régional par deux personnes, et l'ambassadeur
du pays à Bruxelles. Les comités nationaux doivent discuter des
implications des négociations commerciales multilatérales en
générale, et des APE en particulier sur l'économie des
pays respectifs, alimenter le comité régional en informations et
données pertinents, notamment les préoccupations et les positions
de négociation des pays. Ce comité national de négociation
doit aussi faire le diagnostic des secteurs d'activité productrice au
sein du pays, évalue et analyse les implications économiques de
la mise en oeuvre d'un APER sur les différents secteurs
d'activités, conformément au régime tarifaire et non
tarifaire en vigueur dans la CEMAC, le Sao Tomé et le Principe. Il met
en exergue les coûts et les avantages afférents, notamment sur les
secteurs et branches économiques clés et le commerce
intra-communautaire.
Les 25 pays membres de l'UE qui négocient les APE avec
les six groupes régionaux des pays ACP ont un produit national brut
(PNB) combiné de 13300 milliards de dollars soit 1400 fois plus
supérieurs à celui des Iles du Pacifique qui n'est que de 9
milliards de dollars, et 80 fois plus supérieurs à celui du plus
grand groupe des pays ACP à savoir la région d'Afrique de
l'Ouest. Le tableau ci-dessous va nous permettre de faire une distinction sur
les différences des PNB entre l'UE et les six groupes régionaux
des pays ACP et l'UE.
Tableau 1 : Différences de PNB
entre l'UE et les pays ACP
APE
|
PNB 2005 (milliards de $)
|
% du PNB de l'UE
|
Ratio par rapport au PNB de l'UE
|
UE
|
13300
|
|
|
|
|
|
|
SADAC
|
66
|
0,50
|
200
|
ESA''
|
75
|
0,56
|
178
|
Afrique de l'Ouest
|
162
|
0,22
|
82
|
Afrique Centrale
|
40
|
0,30
|
330
|
Caraïbe
|
72
|
0,54
|
185
|
Pacifique
|
9
|
0,07
|
1414
|
|
|
|
|
Total APE
|
425
|
3,20
|
31
|
Source : Banque Mondiale, 2005
Htt//sitersources.
Worldbank.org/DATASTATISTICS/Ressources/GDP.Pdf.
''Afrique orientate et australe.
L'analyse des données du tableau ci dessus nous
montre des différences assez considérables de PNB existant entre
l'UE et le groupe des Etats ACP, ceci nous amène donc à dire que
les négociations des APE se sont déroulées entre des
partenaires commerciaux qui sont inégaux.
2.2.3. Une nouvelle approche de la coopération
commerciale
A titre de rappel, les relations commerciales
privilégiées entre le groupe des Etats ACP et l'Union
Européenne ont été basées sur les
préférences commerciales non réciproques depuis 1975 qui
accordaient un libre accès au marché communautaire (de l'UE) pour
l'essentiel des produits originaires des
pays ACP. Notons qu'à l'origine, ces
préférences avaient pour objectif le développement des
pays ACP, la diversification de leur économie ainsi que la
diversification de leurs produits d'exportation. Mais la réalité
de la situation économique des Etats ACP nous montre très
clairement que ces préférences n'ont même pas
été à la hauteur des attentes suscitées. En effet,
malgré un libre accès des produits ACP sur le marché de
l'Union Européenne, plusieurs analyses nous montrent que ces pays
restent toujours marginalisés dans le commerce mondial. Leur part dans
les importations totales de l'Union Européenne ne cesse de diminuer de
jour en jour et leurs exportations sont demeurées depuis toujours peu
diversifiées.
Une analyse de certains faits en chiffres de la situation
commerciale des pays ACP va donc nous permettre de voir en quoi ces pays ont
bénéficié des préférences commerciales non
réciproques qui leurs ont été accordées.
En effet, entre 1976 et 1999, la part des produits des pays
ACP dans les exportations mondiales a été passée de 3,4%
à 1,1% et la part des pays ACP dans les importations totales de l'Union
Européenne est passée du 6,7% à 2,8%11(*) . Enfin, très
précisément en 1999, dix produits africains représentaient
leurs exportations totales vers l'UE. Le premier tableau ci-dessous nous fait
l'état des principaux produits exportés par les pays ACP vers
l'UE.
Tableau 2 : Principaux produits
importés des pays ACP
Produits ACP exportés vers UE
|
banane
|
tabac
|
café
|
aluminium
|
sucre
|
cacao
|
bois
|
diamant
|
pétrole
|
Autres produits
|
pourcentage
|
2%
|
2%
|
2%
|
2%
|
3%
|
4%
|
4%
|
10%
|
29%
|
22%
|
Source : Euro Stat 2003.
L'analyse des données du tableau ci-dessus nous permet
donc de constater une réduction considérable du nombre total des
produits primaires des pays ACP exportés vers l'UE. De cette
réduction nous pouvons aussi noter un manque total de diversification de
ces produits. Cette situation réduit en moyenne la part des exportations
des produits des pays ACP par rapport aux produits exportés par d'autres
régions vers l'UE. A titre illustratif, le tableau ci-dessous nous
permettra de voir très concrètement la part des produits de base
des pays ACP dans les importations de l'Union Européenne.
Tableau 3: Importation de l'Union
Européenne (en milliards d'Euro, prix courant)
Groupe des pays
|
1979
|
1980
|
1984
|
1988
|
1992
|
1996
|
2000
|
2002
|
Total
|
Moyenne
|
ACP
|
10,6
|
19,5
|
25,5
|
17,5
|
18,0
|
22,0
|
28,9
|
30,5
|
172,5
|
21,56
|
ASIE
|
8,7
|
16,0
|
24,8
|
40,5
|
65,9
|
107,4
|
244,4
|
209,5
|
714,2
|
89,28
|
Amérique du Sud
|
8,1
|
13,5
|
23,9
|
23,5
|
24,5
|
30,9
|
49,4
|
49,1
|
222,91
|
27,86
|
Source : Euro Stat 2003.
Le tableau ci-dessus nous montre très clairement que la
moyenne de la part des produits ACP dans les importations de l'UE n'a connu
qu'une évolution très modeste par rapport à la moyenne des
produits exportés par d'autres régions. En effet, cela n'a
été que de 21,6% contre 89,28% pour l'Asie et 27,86% pour les
pays de l'Amérique du Sud. Cette situation doit nous amener à
mieux réfléchir sur les possibilités de
développement des pays ACP qui a été axée seulement
(dans le cadre des relations de partenariat) sur la promotion de leurs
échanges par le biais de la vente de leurs produits primaires. Sur
l'ensemble de la période de 1979 à 2002, la part des produits ACP
importée par l'UE n'évolue qu'en dent de scie.
Au total, les analyses ci-dessus ainsi que les chiffres du
commerce extérieur des pays ACP que nous venons ici d'analyser nous
permettent de dire que les préférences non réciproques
n'ont pas réussi à servir les objectifs assignés en terme
de développement économique, de diversification de la production
et d'augmentation des flux commerciaux des pays ACP.
Cette situation, ajoutée au fait que ces
préférences ne sont pas aussi compatibles aux règles de
l'OMC constitue ainsi les principaux motifs de révision des termes de la
relation commerciale ACP-UE en vue d'être conforme aux règles de
l'OMC et profitable en même temps aux pays ACP. Cette révision
constitue donc la nouvelle relation commerciale instaurée par les
APE.
2.2.4. Les Accords de Partenariat Economique et
l'Agriculture des pays ACP
Faire la relation entre les APE et l'agriculture des pays ACP
nous amène ainsi à analyser les dispositions des conventions de
Lomé vis-à-vis de l'agriculture des pays ACP afin de les
comparer avec celles des APE en vue notamment de voir leur portée en
matière de promotion de l'agriculture des pays ACP. Pour faire cette
analyse, nous voulons tout d'abord donner un aperçu
général sur l'état et le rôle de l'agriculture dans
les pays ACP.
En effet, l'importance de l'agriculture dans les pays ACP
relève d'une part au fait qu'elle constitue la principale source
d'alimentation pour ces pays, et assure en même temps leur
sécurité alimentaire. Elle utilise 7O% de la population active et
génère une grande part du PIB (40 à50%). D'autre part elle
constitue aussi le principal objet du commerce extérieur de ces pays en
leur facilitant la rentrée des devises par les recettes des exportations
de leurs produits agricoles. C'est pourquoi pour garantir ces recettes
d'exportation des fluctuations des cours mondiaux, un mécanisme
compensatoire dénommé Stabex a été donc mis en
place par la convention de Lomé I en vue de compenser les
déficits contractés par les pays ACP suite des fluctuations des
cours mondiaux des produits agricoles.
Dans ce cadre, la RCA a bénéficié elle
aussi des ressources de ce mécanisme compensatoire en ce qui concerne
ses exportations des produits primaires. En effet, les dotations de Stabex dont
elle a reçu couvrant les trois conventions de Lomé
s'élève à un montant de 44.249.944 écus dont :
70% de cette dotation reçus dans le cadre de Lomé III, 12% dans
le cade de Lomé II et 18% de transfert en Lomé I.
L'ensemble de ces dotations a été reparti dans
les filières de production comme suit : la filière
café a bénéficié de 57% de ce montant suivi de
coton 38% et 5% dans le bois.
Le tableau ci-dessous nous présente l'évolution
du montant de transfert des ressources de Stabex bénéficié
par la RCA dans le cadre des conventions de Lomé.
Tableau 4 :
Evolution des transferts de la dotation du Stabex en RCA.
Institue le Stable
|
Produits
|
Année de décision
|
Montant de transfert en écus
|
Date de transfert
|
1975
|
Café vert robusta
|
1976
|
353108
|
Dec76
|
1976
|
Bois sciage
|
1977
|
549807
|
Mai77
|
1977
|
Bois sciage
|
1978
|
549807
|
Mai78
|
1978
|
Coton
|
1979
|
3079660
|
Jan80
|
1980
|
Coton
|
1980
|
3846980
|
Août80
|
1981
|
Café vert torréfié
|
1981
|
968396
|
Août81
|
1981
|
Café vert torréfié
|
1982
|
1200616
|
Sept82
|
1982
|
Café vert torréfié
|
1982
|
336180
|
ND
|
1983
|
Coton
|
1983
|
1675896
|
Fev84
|
1984
|
Coton
|
1983
|
1675896
|
Fev84
|
1985
|
Coton
|
1983
|
1675896
|
Fev84
|
1986
|
Reliquat Lomé II
|
1986
|
1200000
|
Août86
|
1986
|
Coton
|
1987
|
448918
|
Fev87
|
1986
|
Coton
|
1987
|
32978
|
Juil87
|
1986
|
Coton
|
1987
|
14702281
|
Sept87
|
1987
|
Café vert
|
1988
|
1200000
|
Août88
|
1987
|
Coton
|
1988
|
1382062
|
Jan88
|
1987
|
Bois brut
|
1988
|
3897537
|
Août88
|
1988
|
Bois brut
|
1988
|
3536660
|
Sept89
|
1988
|
Café vert
|
1989
|
703823
|
Sept89
|
1988
|
Coton
|
1989
|
165456
|
Sept89
|
1988
|
Bois Brut
|
1989
|
165456
|
Sept89
|
1989
|
Bois scié
|
1990
|
2898962
|
Sept90
|
1989
|
Café vert
|
1990
|
347888
|
Sept90
|
1989
|
Coton
|
1990
|
707074
|
Sept90
|
Total
|
|
|
44249944
|
|
Source : Division des
statistiques et des études économique (DSEE).
(Dépouillement des conventions de transfert)
Le tableau ci-dessus nous montre que les exportations des
produits agricoles centrafricain s'articulent principalement autour de trois
produits à savoir : le café, le coton et le bois; lesquels
sont couverts par le Stabex dans le cadre des conventions de Lomé. Ces
trois produits entrent donc sur le marché de l'Union Européenne
en franchise de droit de douane en vertu des règles de
préférences non réciproques. Ces trois produits
bénéficient aussi chacun d'une structure propre de stabilisation
du revenu au producteur selon le cas :
· Pour le café : caisse de stabilisation et
de péréquation des produits (caistab),
· Pour le coton : société
centrafricaine de développement agricole : actuelle socadetex
· Pour le bois, (grumes et sciés), le
marché est libre.
Le tableau ci-dessous va nous permettre de mieux
appréhender la part de chaque produit de base centrafricain couvert par
le Stabex durant les trois conventions de Lomé.
Tableau 5 : Part de
chaque produit de base centrafricain couvert par le Stabex.
Année
|
Exportation total
|
Part en % du Café
|
Part en % du Coton
|
Part en % du Bois
|
Part en % du autres
|
1977
|
36070
|
33,1
|
11,6
|
15,7
|
39,6
|
1978
|
32830
|
19,3
|
7,5
|
15,7
|
57,5
|
1979
|
33032
|
18,4
|
6,8
|
17,9
|
56,9
|
1980
|
38698
|
18,5
|
9,9
|
17,1
|
54,5
|
1981
|
37283
|
16,2
|
14,2
|
23,9
|
45,7
|
1982
|
40880
|
20,4
|
6,7
|
16,5
|
56,4
|
1983
|
47023
|
27,4
|
11,9
|
15
|
45,7
|
1984
|
50057
|
27,3
|
18
|
11,4
|
40,1
|
1985
|
58720
|
31,9
|
11,6
|
16,6
|
42,3
|
1986
|
44960
|
23,7
|
9,1
|
14,2
|
53,3
|
1987
|
39180
|
16
|
7
|
14,9
|
62,4
|
1988
|
39811
|
18,4
|
5,9
|
14,6
|
64,3
|
1989
|
44759
|
19
|
8,8
|
15,0
|
57,2
|
Moyenne
|
|
22,28
|
9,92
|
16,19
|
52
|
Source : DSEE BEAC.
L'analyse des données du tableau ci-dessus nous montre
que la moyenne de la part du café couvert par le Stabex est plus de deux
fois élevée que celle du coton. Cette situation peut être
expliquée notamment par la baisse continuelle du volume des exportations
du coton dans les exportations totales des produits primaires centrafricains.
En effet, la moyenne de la part de la couverture du café par le Stabex
sous le régime de Lomé s'élève à 22,28%
contre 9,92% du coton et 16,19% pour le Bois. Les autres produits 52%
englobent tous les restes de divers produits exportés par la RCA que
nous ne pouvons les mentionner ici produits par produits.
En partant des ces produits agricoles centrafricains couverts
par le Stabex il serait donc nécessaire que nous analysions aussi les
variations des recettes d'exportation de ces produits couvert par ce
système.
Tableau 6: Variation des
recettes d'exportation des produits de base Centrafricain couvert par le Stabex
(1975 - 1990)
Année
|
Recettes d'exploitation du café
|
Variation en %
|
Recettes d'exploitation du coton
|
Variation en %
|
Recettes d'exploitation du bois
|
Variation en %
|
1975
|
2613
|
|
3541
|
|
|
|
1976
|
6204
|
137.4
|
4728
|
33.5
|
4336
|
|
1977
|
11937
|
92.4
|
4171
|
-11.8
|
5652
|
30.3
|
1978
|
6328
|
-47
|
2471
|
-40.8
|
5149
|
-8.9
|
1979
|
6083
|
-3.9
|
2238
|
-9.4
|
5921
|
15
|
1980
|
7177
|
18
|
3821
|
70.7
|
6602
|
11.5
|
1981
|
6033
|
-15.9
|
5299
|
38.7
|
8902
|
34.8
|
1982
|
8345
|
38.3
|
2737
|
-48.3
|
6739
|
-24.3
|
1983
|
12862
|
54.2
|
5623
|
105.4
|
7061
|
4.8
|
1984
|
13651
|
6.1
|
8994
|
59.9
|
8329
|
17.9
|
1985
|
18758
|
37.4
|
2745
|
-24.5
|
8323
|
-0.1
|
1986
|
10642
|
-43.3
|
6789
|
-39.6
|
7621
|
-8.4
|
1987
|
6252
|
-41.2
|
4097
|
-33
|
5722
|
-24.9
|
1988
|
7319
|
17.1
|
2354
|
-14.2
|
4557
|
-20.4
|
1989
|
8502
|
16.2
|
3920
|
66.5
|
6730
|
47.7
|
1990
|
2790
|
-67.2
|
3790
|
-3.3
|
8127
|
20.8
|
Source : DSEE.
Du tableau ci-dessus, il y a transfert des ressources de
Stabex lorsque la variation des recettes d'exportation d'un produit est
négative.
Au total, les conventions de Lomé cherchent par
différents moyens (STABEX SYSMIIN, Préférences non
réciproque) à consolider et à stimuler la promotion de
l'agriculture des pays ACP. Ceci nous amène donc à établir
un lien positif entre les objectifs poursuivis par ces conventions et
l'agriculture des pays ACP.
En ce qui concerne le lien pouvant exister entre les APE et
l'Agriculture des pays ACP, nous allons faire une comparaison entre les
objectifs poursuivis par ces accords par rapport aux conditions de
développement de l'agriculture des pays ACP.
Pour rappel, les APE sont fondés sur des principes de
base qui cherchent en toute priorité à établir une zone de
libre échange entre les pays ACP et l'UE, et à supprimer
progressivement les droits de douane entre ces deux parties. Cette suppression
de droit de douane va aussi de pair avec le démantèlement du
Stabex et du Sysmin : mécanismes de stabilisation des recettes
d'exportation des produits agricoles des pays ACP. Eu égard à ces
nouvelles dispositions, nous pouvons donc constater que les APE constituent un
risque majeur pour la promotion de l'agriculture des pays ACP. Ce risque, peut
être analysé comme suit :
· Le démantèlement des mécanismes
compensatoires (STABEX et SYSMIN) exposera les exportations des produits
agricoles des pays ACP aux fluctuations des cours mondiaux.
· L'insertion de la réciprocité dans les
termes des rapports commerciaux va donc engendrer une concurrence qui opposera
les producteurs ACP aux producteurs Européens. Ces derniers sont quant
à eux favorisés et soutenus par la politique agricole commune
(PAC) de l'Union Européenne qui leur accorde plusieurs
privilèges et opportunités alors que les producteurs des pays ACP
sont dépourvus totalement de ces privilèges et
opportunités. Cette situation nous montre clairement que l'insertion de
la réciprocité dans les termes de l'échange entre ACP-UE
par l'entremise des APE sera totalement en défaveur des pays ACP et
profitera énormément aux producteurs européens qui feront
des pays ACP leurs nouveaux débouchés.
· La technologie de production agricole utilisée
par les producteurs de l'UE est de haute qualité ; ceci favorise
très largement leur rendement agricole alors que la plupart des outils
de production des pays ACP reste encore rudimentaires voire même
archaïques et utilisés souvent de façon manuelle.
· Avec le démantèlement des droits de
douane des pays ACP, les produits européens vont donc inonder le
marché local des pays ACP. Ceci pourra provoquer l'affaiblissement de
plusieurs secteurs de production de ces pays. Cette situation, à long
terme, pourra provoquer une dépendance totale des pays ACP
vis-à-vis des produits importés de l'UE. Ce cas a
été effectivement observé au Ghana, auquel la production
de tomate constitue leur base commerciale, et suite à une
libéralisation imposée par le FMI dans les années
1989-1990 dans le cadre de l'ajustement structurel, la baisse des droits de
douane de ce pays a donc conduit à une hausse des importations des
tomates de l'UE passant de 3600 tonnes à 24000 tonnes au cours d'une
année affaiblissant ainsi la capacité de la production locale et
provoquant par la même occasion une baisse des revenus de l'Etat qui a
pour corollaire la hausse des chômeurs. De même au Kenya, suite de
la libéralisation, le secteur laitiers qui emploie directement 625.000
personnes avec aussi 3 millions de personnes qui y sont indirectement
tributaire, a fait faillite. Ceci a donc provoqué une
baisse des revenus de l'Etat de 12% et une hausse du
chômage de 15%.12(*)
Au total, nous pouvons donc constater que contrairement aux
conventions de Lomé qui cherchent à promouvoir le
développement agricole des pays ACP, les nouvelles dispositions des APE
constituent quant à elles un risque majeur pour la promotion du
développement agricole de ces pays. Ce risque se caractérise par
le démantèlement du Stabex, l'annulation des
préférences non réciproques et l'instauration du libre
échange dans les rapports commerciaux entre l'UE et les pays ACP.
Au terme de notre analyse, il convient de montrer que les
fondements historiques des APE trouvent leur origine dans les conventions de
Lomé signés en 1975, dont l'objectif principal est de favoriser
le développement des pays ACP par la promotion des exportations de leurs
produits primaires. C'est précisément dans cet esprit que le
Stabex a donc vu le jour suivi des préférences non
réciproques qui sont accordées aux pays ACP pour diversifier
leurs exportations.
Au terme de leur échéance en 2000, et compte
tenu de leur inefficacité en matière de développement des
pays ACP, les conventions de Lomé furent donc remplacées par
l'accord de Cotonou. Ce dernier modifie les dispositions commerciales des
relations ACP-UE par l'introduction des APE dans leurs rapports commerciaux en
vue de libéraliser leurs échanges.
L'analyse des principes de base des APE présente des
risques potentiels pour la promotion du développement de l'agriculture
des pays ACP.
CHAPITRE II
LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN
Le système agricole que nous allons analyser dans ce
présent chapitre concerne plus précisément les formes
d'organisation et de production agricole centrafricaine. Il englobe aussi les
techniques et les moyens de production agricole, le système de culture
ainsi que la modalité de la commercialisation des produits agricoles
centrafricains.
L'objectif de notre présent chapitre est d'analyser la
compétitivité de ce système agricole, en examinant plus
précisément ses performances et ses limites en vue de voir sa
capacité et ses possibilités à faire face à la
libéralisation des échanges inscrite dans les Accords de
Partenariat Economique. Pour ce faire, nous allons analyser, dans la
première section de ce chapitre, le système de production
agricole regroupant les outils, techniques et moyens de production
utilisés, ensuite nous examinerons dans la deuxième section le
système de culture pour avoir une idée claire sur les
différentes formes de culture pratiquées en RCA ; enfin nous
ferons, dans la dernière section, l'état de la commercialisation
des produits agricoles d'exportation en vue d'analyser le degré de sa
compétitivité dans le cadre des échanges avec
l'extérieur.
SECTION I : LE SYSTEME DE PRODUCTION AGRICOLE
CENTRAFRICAIN
Nous désignons par "système de production
agricole" les différentes combinaisons des moyens de production
permettant à la RCA d'assurer ses productions végétales et
/ ou animales.
L'analyse de ce système nous amène donc à
passer en revue les différents moyens et facteurs de production agricole
utilisés en Centrafrique, les techniques agricoles ainsi que les
intrants utilisés.
Mais bien avant de procéder à cette analyse,
nous allons tout d'abord donner un bref aperçu sur la notion
d'agriculture afin de faciliter la compréhension et l'orientation de la
suite de notre travail.
L'agriculture désigne en effet une activité
économique qui consiste à favoriser le développement des
plantes ou d'animaux pour en tirer des substances utiles à l'homme. La
forêt fait aussi partie intégrante de la sphère
agricole13(*). L'analyse
qui va suivre sera donc orientée sur les différentes composantes
de l'agriculture que nous venons ainsi de citer (produits alimentaires,
animaux, forêt). Pour ce faire, nous présenterons respectivement
dans les lignes qui suivent l'importance et le rôle de l'agriculture, de
la sylviculture ainsi que de l'élevage en Centrafrique ; puis nous
analyserons par la suite les principaux moyens de production qui leurs sont
spécifiques.
L'agriculture au terme des produits alimentaires est au centre
de l'économie Centrafricaine; par la richesse qu'elle
génère, sa contribution à l'emploi, à
l'autosuffisance alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. En
effet, l'analyse des comptes de la nation de 1997 nous montre qu'elle employait
à cette date plus de 67% de la main d'oeuvre et comptait aussi pour 57%
du PIB14(*).
L'agriculture Centrafricaine fait vivre aussi plus de 75% de
la population totale et occupe 1,3 millions de personnes, soit près de
76%15(*) de la population
active : elle constitue donc le principal moteur de l'économie
Centrafricaine.
Après l'agriculture vient l'élevage qui
contribue elle aussi à 12% du PIB et emploie 6,6% de la main d'oeuvre.
En 2005, les exportations du secteur d'élevage se chiffrent à 3
milliards de FCFA16(*).
Enfin, la sylviculture ou encore l'exploitation
forestière est classée quant à elle en troisième
position dans le secteur agricole centrafricain. Ce classement résulte
notamment de sa contribution au PIB qui est comprise depuis les dix
dernières années (1994-2004) entre 2% et 4%17(*). Pendant cette période,
nous pouvons noter que l'évolution de la production de ce secteur est
restée modérée ; les exportations du bois ont donc
suivi elles aussi la même tendance que la production. Le tableau
ci-dessous va donc nous montrer l'évolution de quelques indicateurs du
secteur forêt dans l'économie centrafricaine.
Tableau 7: Evolution de quelques
agrégats du secteur forêt en RCA
Libellés
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Production (en milliers m3)
|
216.5
|
367.7
|
534.4
|
622.4
|
633.4
|
806.8
|
782.3
|
737.5
|
524.5
|
Exportation (en milliards de Fcfa)
|
14.5
|
10.3
|
14.9
|
28.1
|
27.9
|
48.9
|
45.3
|
52.0
|
34.6
|
Valeur ajoutée
|
8.1
|
8.4
|
11.5
|
13.7
|
13.3
|
17.0
|
16.5
|
15.5
|
11.1
|
Part (en %) exportation
|
15.5
|
13.4
|
15.6
|
31.4
|
30.9
|
42.7
|
44.5
|
49.5
|
48.8
|
Source : ministère des du
commerce (Monkam et al 2005)
Du tableau ci-dessus nous pouvons voir l'importance du secteur
forestier ou encore de la sylviculture dans l'économie centrafricaine.
En effet, sur la période 1995-1997, la valeur des exportations du bois
se situe à 16,7% du PIB. Cette valeur représente 41,4% de PIB du
secteur agricole entre 1998-200318(*) ; dès lors nous pouvons donc constater que le
bois devient lui aussi l'un des produits phares d'exportation
centrafricaine.
De tout ce qui précède, il convient de
présenter l'importance du secteur agricole dans les différentes
branches d'activité économique centrafricaine.
Tableau 8: Importance de l'agriculture dans les
différentes branches d'activité centrafricaine
Libellé de la branche
|
Valeur ajoutée
|
%
|
Emploi
|
%
|
Exportation
|
%
|
Agriculture vivrière
|
148185
|
29.0
|
1030185
|
65.1
|
333
|
0.2
|
agriculture d'exportation
|
8536
|
1.7
|
43631
|
2.8
|
10459
|
7.1
|
sylviculture, exploitation forestière et industrie de
bois
|
31150
|
6.0
|
75887
|
4.8
|
20639
|
14.0
|
chasse et cueillette
|
15952
|
3.1
|
58069
|
3.7
|
-
|
-
|
pêche
|
9347
|
1.8
|
28707
|
1.8
|
-
|
-
|
Elevage
|
68248
|
13.3
|
104657
|
6.6
|
4902
|
3.3
|
Minerais et minéraux
|
24366
|
4.8
|
61480
|
3.9
|
39295
|
26.7
|
Industrie manufacturière
|
8806
|
1.7
|
17642
|
1.1
|
395
|
0.3
|
BTP
|
15807
|
3.1
|
14413
|
0.9
|
-
|
-
|
Services bancaires et assurances
|
5122
|
1.0
|
437
|
0.0
|
-
|
-
|
Transport et communication
|
19906
|
3.9
|
12051
|
0.8
|
9409
|
6.4
|
Services rendus par les hôtels et restaurants
|
5465
|
1.1
|
17232
|
1.1
|
-
|
-
|
Source: Nous mêmes sur la base des données de la
BEAC et du Ministère du commerce.
Il ressort du tableau ci-dessus que l'agriculture
vivrière génère une valeur ajoutée d'un montant de
148185 millions de Fcfa contre 24366 millions du secteur minier. Cette branche
fait occuper 1030815 personnes contre 61480 du secteur minier.
La valeur ajoutée créée par
l'agriculture destinée à l'exportation s'élève
quant à elle à un montant de 8536 millions de Fcfa. Cette
agriculture fait occuper aussi 43631 personnes représentant ainsi 2.8%
des actifs du secteur agricole.
Globalement le secteur agricole reste très
prédominant dans les différentes branches d'activité
centrafricaine.
1.1.Analyse des principaux moyens de production agricole
Centrafricain
Les moyens de production agricole que nous allons analyser ici
concernent plus précisément les moyens matériels, la
technologie agricole ainsi que les fertilisants utilisés par les
cultivateurs centrafricains. L'objectif principal de notre présente
étude est d'analyser plus précisément la performance de
ces moyens de production en vue notamment de déterminer leur part
d'influence sur la compétitivité du système agricole
centrafricain.
1.1.1. Les principaux outils de production
agricole
Les principaux moyens de production agricole utilisés
en RCA sont restés encore des outils rudimentaires et voire même
archaïques. En effet, depuis les années de l'indépendance
jusqu'à nos jours, les cultivateurs centrafricains continuent encore
à utiliser, de manière manuelle, les outils traditionnels
comme : la houe, la daba, la hache, les machettes...comme leurs principaux
outils de production dans les différentes exploitations agricoles.
Toutefois nous pouvons aussi mentionner l'usage de la traction animale comme
une alternative en vue de renforcer les outils manuels; Ceci a
été utilisé notamment dans le cadre de la culture
attelée qui a été initiée et adoptée dans
les années 70. Mais il convient de préciser que l'insertion
de cette culture dont son objectif, à l'origine, était de
substituer l'usage des outils manuels et d'étendre progressivement les
superficies cultivables n'a donc pas été répandue dans
tout le territoire centrafricain et ce, malgré l'importance de
l'élevage bovin dans le pays. L'usage des outils traditionnels et
rudimentaires restent encore prédominant dans presque tout le territoire
centrafricain; ceci influe très négativement sur les surfaces
cultivables dans les zones agricoles qui s'étendent au environ de 2,2
hectares en moyenne par actif agricole et 4 hectares au maximum19(*).
Au total, les principaux outils et moyens de production
agricole Centrafricain restent totalement traditionnels et donc ne peuvent pas
faciliter les cultivateurs centrafricains d'étendre leur culture et
d'être aussi compétitifs.
1.1.2. Les principales technologies agricoles
centrafricaines
La technologie agricole centrafricaine à la
différence des outils de production que nous venons d'analyser concerne
plus précisément les techniques de traitement des semences ainsi
que les techniques de conservation des produits agricoles.
En ce qui concerne les semences, leur technique de traitement
reste encore traditionnelle. Alors qu'il y avait un institut de recherche
agronomique dans le pays au cours des années précédentes,
nous pouvons noter depuis lors que les qualités des semences ne sont pas
encore améliorées si bien que sur une vaste étendue
cultivée, nous pouvons constater des rendements insuffisants et voire
même insignifiants. Jusque lors, la plupart des cultivateurs
centrafricains ignore toujours les véritables causes de l'insuffisance
de leur récolte ou du rendement de leur production agricole.
En ce qui concerne la technique de conservation des produits
agricoles, elle reste elle aussi totalement traditionnelle. En effet, pour
conserver les produits agricoles d'une période à une autre, les
cultivateurs exposent ces produits au soleil pour les faire sécher et
ce, avec tous les risques d'humidification et de fermentation par les
moisissures.
Ce genre de technologie agricole n'a donc pas pu permettre aux
agriculteurs centrafricains de conserver aussi longtemps leurs produits
agricoles. Ceci provoque souvent la périssabilité des certains
produits agricoles (tomates, fruits, légumes...) dans une situation de
surproduction ou de mévente.
1.1.3. Analyse des intrants agricoles
Centrafricains
En économie, on désigne
généralement par intrants les moyens ou les facteurs de
production de manière globale; mais en agriculture, les intrants
désignent plus particulièrement les substances chimiques (tels
que les fertilisants) utilisées pour accroître rapidement la
croissance et le développement des plantes et /ou des animaux. Pour
la production animale, les intrants désignent aussi l'ensemble des
produits adaptés à l'alimentation des bétails qui peuvent
favoriser leur croissance ; cela englobe également les traitements
vétérinaires reçus par les bétails contre des
éventuelles maladies. C'est donc précisément sur la base
de cette petite nuance que nous allons situer notre présente analyse qui
sera portée plus précisément sur le concept d'intrant en
agriculture.
En ce qui concerne la production animale, les principaux
intrants utilisés par les pasteurs peuls pour leurs bétails sont
constitués essentiellement par le natron, le sel et dans une très
moindre mesure par quelques produits vétérinaires. Ces types
d'intrants utilisés sont restés dans leur ensemble
dépourvus des éléments nutritifs devant non seulement
favoriser la croissance des bétails mais aussi rendre meilleure la
qualité de leur viande.
Pour la production végétale, les principaux
intrants utilisés sont des fertilisants et notamment l'engrais. Mais il
convient de noter que l'usage de ce dernier en RCA reste très faible
alors que selon les recherches scientifiques, il y'a une très forte
corrélation entre le rendement agricole et la consommation
d'engrais20(*) : en
effet le rendement agricole à l'hectare augmente très vite
à mesure que l'usage des fertilisants tels que les engrais devient de
plus en plus important. Une étude réalisée par FIDA en
2001 sur les données relatives à l'utilisation des fertilisants
pour les pays de la sous région nous révèle que les
cultivateurs centrafricains ont un accès très limité
à l'usage de l'engrais par rapport aux autres cultivateurs de la sous
région. Cela s'explique notamment par le fait que la quantité
d'engrais rapportée à la superficie arable totale est de 0,6kg
par hectare en RCA contre 5,0 kg/ha au Cameroun, 7kg/ha pour le Burkina Faso,
8kg/ha pour le Mali, 15kg/ha pour le Bénin et 22kg/ha pour la Côte
d'Ivoire21(*)
En faisant la comparaison de ces données, nous
constatons très rapidement que la RCA est le seul pays de la sous
région à utiliser les fertilisants agricoles dans une très
moindre mesure. Le graphique ci-dessous va nous présenter la part de la
consommation de l'engrais pour certains pays de la sous région dont la
RCA.
Graphique 1 : Consommation d'engrais par
pays (kg/ha)
Côte d'Ivoire
Bénin
Burkina Faso
Cameroun
RCA
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0 5 10
15 20 25
Source : Fonds International de
Développement Agricole (FIDA) 2001.
Ce graphique nous montre effectivement que les cultivateurs
centrafricains ont un accès très limité à l'usage
des engrais pour leurs cultures. Cette faible utilisation des fertilisants
agricoles dans l'agriculture centrafricaine réduit non seulement le
volume des productions agricoles mais affaiblis aussi la
compétitivité des cultivateurs centrafricains par rapport aux
autres cultivateurs des pays de la sous région. Parmi les diverses
causes du faible usage des fertilisants, nous pouvons évoquer en premier
lieu la dégradation des investissements publics de l'Etat
réalisés dans le secteur agricole en vue de renforcer les
capacités des facteurs de production.
Le tableau ci-dessous va donc nous montrer l'évolution
des dépenses d'investissement réalisé par l'Etat pour
soutenir les moyens de production dans le secteur agricole depuis presque
pendant une période décennale.
Tableau 9 : Evolution des dépenses
d'investissement de l'Etat (en milliards de FCFA): années
1997-2003.
Secteur
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Agriculture
|
2,9
|
6,1
|
5,5
|
5,4
|
3,6
|
0,76
|
0,01
|
Elevage
|
0,6
|
0,4
|
0,2
|
0
|
0,6
|
0,54
|
0,11
|
Chasse
|
1,6
|
2
|
1,2
|
0,2
|
0,1
|
0
|
0
|
Infrastructure transport terrestre
|
13,8
|
30,5
|
22,5
|
26,3
|
22
|
8,48
|
0,06
|
Infrastructure transports fluviaux
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,4
|
0,4
|
0
|
Total
|
18,9
|
39
|
29,4
|
31,9
|
26,7
|
9,82
|
0,18
|
Source : Ministère du plan
et de la coopération internationale, Division des Programmes et Projets
2003.
Les données du tableau ci-dessus nous indiquent
effectivement que l'Etat réalise très peu d'investissements dans
le secteur agricole en vue de renforcer les performances du système de
production. Cette situation, combinée avec l'accès limité
des producteurs centrafricains à l'usage des fertilisants, auquel nous
pouvons y ajouter aussi l'emploie des outils de production archaïques et
rudimentaires provoque ainsi un affaiblissement total du système de
production centrafricaine. Cette faiblesse entrave donc l'évolution des
principales productions agricoles qui ne pourront être compétitifs
par rapport aux productions agricoles des autres pays.
Au total, les principales conclusions de cette analyse nous
révèlent que le système de production agricole
centrafricain n'est pas un système compétitif car toutes ses
composantes22(*) que nous
venons d'analyser précédemment restent non seulement
archaïques mais totalement traditionnelles et ne peuvent donc pas
accroître efficacement la productivité du travail ainsi que le
rendement des principales cultures pratiquées. Ces conditions nous
amènent donc à revoir dans la section qui va suivre le
fonctionnement du système de culture centrafricaine.
SECTION II : LE SYSTEME DE CULTURE
CENTRAFRICAIN
D'une manière générale, un
"système de culture" désigne une combinaison de culture sur un
type de sol donné et sous des conditions spécifiques de
technologie. Son unité spatiale est la parcelle23(*).
En République Centrafricaine, l'agriculture est
fortement caractérisée par un système de culture
itinérant dû notamment aux conditions très favorables du
potentiel naturel : l'immensité du territoire avec une
densité de production très faible, une pluviométrie
optimale, un relief peu accidenté ajouté aussi au bon niveau de
fertilité du sol constituent des immenses atouts pour le système
de culture centrafricain.
Pour caractériser ce système, nous allons tout
d'abord identifier les principales cultures pratiquées ainsi que leur
mode de production (rotation, association), puis nous présenterons les
itinéraires techniques adoptés pour conduire ces cultures, et
enfin nous analyserons aussi les facteurs qui favorisent ou qui limitent le
développement de ce système de culture.
2.1.Identification des cultures pratiquées.
L'agriculture centrafricaine est caractérisée
par la pratique de deux types de cultures et utilise divers modes de
production. Dans cette présente analyse, nous présenterons
respectivement les différents types de culture pratiquée ainsi
que leur mode production.
2.1.1. Les types de culture pratiquée.
On distingue en République Centrafricaine deux types de
cultures à savoir la culture vivrière et la culture de rente (ou
encore culture d'exportation).
2.1.1.1. Les cultures vivrières.
L'agriculture vivrière est la plus pratiquée en
République Centrafricaine. Elle joue un rôle très
prépondérant dans l'agriculture en général:
Elle fournit des aliments nécessaires qui assurent la base alimentaire
des Centrafricains. Elle produit des légumineuses (arachide, haricot,
petit pois, bananes verts), les tubercules et autres racines (manioc, patate
douce, Ignames) et les céréales (maïs, mils courges,
blé riz etc.).
Le secteur vivrier, analysé en terme d'emploi
représente 67% de la main d'oeuvre totale du secteur agricole24(*) : il est donc le grand
pourvoyeur d'emploi et il contribue aussi à renforcer la
sécurité alimentaire du pays.
L'analyse du tableau ci-dessous nous permettra
d'appréhender l'importance de l'agriculture vivrière en terme de
sa contribution au PIB centrafricain.
Tableau 10 : Etats des
secteurs de production Centrafricain (en millions de FCFA) :
réalisation 1994-2000
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Secteur primaire
|
199,3
|
209,5
|
218,1
|
232,5
|
243,9
|
245,7
|
254,1
|
Agriculture dont :
- Subsistances (culture vivrière)
- Culture de rente
|
121,4
118,7
2,8
|
128,6
125,6
3,0
|
137,2
133,9
3,3
|
146,1
143,3
3,6
|
154,8
150,9
3,9
|
154,3
150,4
3,9
|
157,8
150,0
3,7
|
Elevage
|
43,2
|
45,0
|
47,8
|
47,8
|
49,2
|
50,7
|
52,2
|
Secteur secondaire
|
63,5
|
65,8
|
58,2
|
56,1
|
56,2
|
59,2
|
54,6
|
Secteur tertiaire
|
97,6
|
100,0
|
95,5
|
101,4
|
103,7
|
110,7
|
104,6
|
Source : croissance pro pauvre G.
AHO PNUD 2005.
Les données du tableau ci-dessus nous permettent de
voir très concrètement que l'agriculture vivrière joue
aussi un rôle très important dans le secteur agricole
Centrafricain. Elle est aussi davantage orientée vers l'autoconsommation
de la population locale. Depuis les années 1994 à 2000, sa
contribution en terme de valeur ajoutée analysée dans le produit
intérieur brut (PIB) centrafricain représente les 57% du PIB
généré par le secteur agricole dans le PIB global.
Parmi les productions vivrières, le manioc reste depuis
toujours le principal aliment de base des centrafricains ; elle
représente en effet 55,1%25(*) de la production totale de la culture
vivrière. Il est suivi respectivement de l'arachide, du maïs, de la
courge, du sorgho, du mil, du sésame et du paddy. A côté de
ces produits, il existe aussi d'autres cultures vivrières marginales qui
jouent aussi un rôle important, non seulement dans la satisfaction des
besoins de la population rurale en calories, mais également dans la
formation de revenus. Il s'agit des produits tels que : la banane, le
taro, l'igname, et les cultures maraîchères comme : la
tomate, les oignons, les pommes de terre, le haricot vert et le
niébé.
Le tableau ci-dessous va nous présenter
l'évolution actuelle de la production de la culture vivrière de
la RCA en nous faisant aussi des projections pour l'année en cours.
Tableau 11 : Production
vivrière : réalisation 2005-2008 (en milliers de tonnes)
Cultures vivrières
|
2005/2006
estimations
|
2006/2007 estimations
|
2007/2008 estimations
|
2008/2009 Projection
|
Variation
2007/2006
|
Manioc
|
566.9
|
572.0
|
595.0
|
608.0
|
4.0%
|
Arachide
|
145.4
|
146.1
|
157.9
|
165.8
|
8.1%
|
Mil et sorgho
|
56.9
|
59.0
|
59.2
|
60.4
|
0.3%
|
Maïs
|
131.0
|
131.0
|
141.1
|
148.2
|
7.7%
|
Paddy
|
34.1
|
34.1
|
37.6
|
39.5
|
10.3%
|
Sésame
|
46.2
|
46.2
|
48.1
|
49.0
|
4.1%
|
Courge
|
30.4
|
30.4
|
31.6
|
32.3
|
3.9%
|
Total
|
1010.9
|
1018.9
|
1070.5
|
1103.2
|
5.1%
|
Sources : Services de la
comptabilité nationale (07 Novembre 2008). Réalisé par la
BEAC.
NB : Les prévisions sont faites
sur la base des données estimatives 2005/2006.
Ce tableau nous montre que le principal aliment de base (le
manioc) évolue très considérablement par rapport aux
autres produits vivriers.
Les modes de production utilisés pour les cultures
vivrières sont très divers et variables selon les zones de
production agricole centrafricain ; en effet, nous pouvons constater dans
une zone que les cultures sont pratiquées sous forme de rotation tandis
que dans une autre elles peuvent être pratiquées sous forme
d'association.
Pour faire une distinction, nous analyserons ces
différents modes de culture dans les trois grandes principales zones
agricoles centrafricains. A titre de rappel, il convient de noter que
l'agriculture centrafricaine est globalement divisée en trois grandes
zones agricoles26(*).
La première zone agricole regroupe la partie Ouest de
la République Centrafricaine et le long du fleuve Oubangui. Dans cette
zone, les cultures vivrières sont pratiquées sous la forme de
culture associée c'est-à-dire une culture dans laquelle l'on peut
y cultiver au moins deux différents types de produits agricoles (par
exemple: manioc et arachide).
La seconde zone regroupe la partie du plateau centrale du
pays. Elle est caractérisée par une pluviométrie
suffisante qui permet la pratique de deux cycles de cultures vivrières
annuelles. Dans cette zone, les cultures sont pratiquées sous forme de
rotation c'est-à-dire par alternation les unes aux autres.
Enfin, la troisième zone agricole centrafricaine,
localisée dans le Nord du pays a été marquée
principalement par des cultures vivrières
céréalières pratiquées aussi sous forme de
rotation.
2.1.1.2. Les cultures de rente (ou culture
destinée à l'exportation)
La culture de rente (ou des produits agricoles d'exportation)
n'est pas pratiquée dans l'ensemble du territoire du pays, ceci, pour
des raisons surtout d'ordre climatique. Les principaux produits agricoles
d'exportation de la RCA sont : le café, le coton et le tabac.
· La culture du café est pratiquée en RCA
dans les préfectures de la lobaye, de la sangha-Mbaéré, de
la Mambéré Kadeï, de la Basse Kotto, du Mbomou et dans les
sous préfectures de Bimbo et Kouango. Au cours des six premiers mois de
l'année 2008, selon la note de conjoncture produit par la BEAC27(*) , le volume du café
produit et contrôlé par l'office de règlementation, du
contrôle et du conditionnement des produits agricoles (ORCCPA)
s'élève à 1876,9 tonnes. Ce volume, comparé au
volume des années précédentes témoigne une baisse
de production du café. Selon l'ORCCPA, cette baisse résulte
notamment de manque de l'encadrement des cultivateurs, de l'abandon des
plantations, de l'absence de soutien à la filière et de la
dégradation prononcée des pistes dans les zones
caféières rendant difficile les collectes.
· La culture cotonnière est pratiquée dans
le nord du Mbomou et de la basse Kotto, le Sud de la Ouaka, du kémo,
Nana-Gribingui, de l'Ouham, dans l'ombella M'Poko, la haute Sangha et la
Nana-Mambéré. A la fin du mois de juin 2008, la cellule de coton
a déclaré une production de coton graine et coton fibre
respectivement de 1082 tonnes et 417 tonnes.
Le tableau ci-dessous nous présente l'évolution
de la production cotonnière au cours de ces dernières
années.
Tableau 12: Production
du Coton (en tonnes) : réalisation 2004-2007
|
Compagne de janvier à décembre
|
|
2004-2005
|
2005-2006
|
2006-2007
|
Variation
2007/2008
|
Coton graine
Coton fibre
Rendement à l'engrainage
|
5496
2297
42,5%
|
3674
1471
41,1%
|
2274
966
41,0%
|
-38,1%
-34,3%
-0,2%
|
Source : Socadetex (2004 et
2005), cellule coton (2006 et 2007).
La production cotonnière au cours de la période
des années 2004 à 2007 est en constance baisse.
· Enfin, la culture du tabac est pratiquée sur un
espace restreint (Gamboula et dans la Mamberé - Kadeï). La
production de tabac dans les années précédentes est
présentée par le tableau ci-dessous.
Tableau 13 : Production
du tabac : compagne de 2001 - 2003.
|
Compagne
2001/2002
|
Compagne
2002/2003
|
Variation en %
|
Récolte (tonnes) dont :
Tabac de cape
Tabac de coupe
Nombre de planteurs
Superficie (hectares)
|
172
130
42
1340
19
|
217
156
61
1507
20
|
26,2%
20,0%
45,2%
12,5%
5,3%
|
|
Source : Compagnie
d'exploitation de tabac centrafricain (CETAC Août 2008)
En ce qui concerne les modes des cultures, nous pouvons
préciser que le café est pratiqué sous la forme de culture
dérobée tandis que le coton et le tabac sont pratiqués
sous forme de rotations.
Les itinéraires techniques adoptés par les
cultivateurs pour ces deux types de cultures sont ceux que nous avons
déjà évoqué dans la section
précédente.
2.2.Analyse des opportunités et contraintes du
système de culture
Cette présente analyse a pour objet de nous
révéler les opportunités que dispose le système de
culture centrafricain puis de présenter aussi les principales
contraintes qui freinent le développement de ce système.
2.2.1. Les opportunités du système de
culture.
Les opportunités qui s'offrent au système de
culture sont multiples et sont analysées surtout au niveau naturel. En
effet, les ressources naturelles disponibles en RCA sont relativement
abondantes par rapport à sa population. Les conditions agro
écologiques sont favorables à l'agriculture et
l'élevage ; la superficie du pays est vaste28(*) comparée à sa
population donnant ainsi la possibilité de vastes terres propices aux
activités agro pastorales. Selon le ministère de l'agriculture,
sur près de 15 millions d'hectares de terres arables, entre 600.000 et
700.000 hectares seulement sont mis en culture chaque année
représentant ainsi près de 1% du territoire national et 4,4% de
la superficie cultivable29(*) : ceci nous montre que le pays dispose en
abondance des superficies de terre cultivables qui ne sont pas encore
exploitées. Mais malgré ces opportunités, il convient de
noter que les quantités des productions des différentes cultures
ne sont pas toujours à la hauteur des énormes
potentialités que regorge le pays : ceci nous témoigne
l'existence de plusieurs entraves contraignant le développement du
système de culture.
2.2.2.Les contraintes au système de culture
Les principales contraintes qui s'opposent au
développement du système de culture centrafricain sont d'ordre
technique et sont spécifiques à chaque type culture. Nous
présenterons respectivement dans cette analyse les entraves liées
aux cultures vivrières et celles liées aux cultures de rente.
En ce qui concerne la culture vivrière, les
principales contraintes s'opposant à cette culture peuvent être
analysées comme suit :
· On constate un très mauvais état des
infrastructures de base, notamment routières qui empêche
l'acheminement des denrées de la zone de production pour les
marchés ; ceci a fait que chaque année, les producteurs
peuvent se retrouver facilement avec des énormes stocks de produits
invendus ; cette situation les décourage davantage à
entreprendre les mêmes cultures pour la prochaine campagne agricole. Ceci
provoque souvent des baisses considérables de production. Par
ailleurs les quelques rares pistes fréquentables qui relient les zones
de production aux marchés des villes ou des régions des alentours
sont infestées des coupeurs de routes provoquant ainsi la
désorganisation des circuits de commercialisation des produits et
d'approvisionnement des cultivateurs en intrants;
· Les outils de production utilisés sont
restés rudimentaires provoquant la baisse de la
productivité ;
· Il y a également la disparition des structures
d'encadrement des cultivateurs.
La culture de rente ou d'exportation rencontre elle aussi les
mêmes obstacles que nous venons d'analyser pour les cultures
vivrières mais à cela, nous pouvons y ajouter aussi:
· Abandon des plantations du fait de la faiblesse de
leur rendement;
· Absence de soutien à la filière;
· Absence d'encadrement des cultivateurs et la
dégradation prononcée des pistes dans les zones
caféières rendant difficile les collectes.
Au total, le système de culture centrafricain est
caractérisé par deux types de cultures. Ce système
dispose naturellement des potentialités qui devraient efficacement
contribuer au décollage de l'agriculture centrafricaine mais qui
malheureusement ne sont pas exploitées de manière optimale.
SECTION III : LES PRODUITS AGRICOLES D'EXPORTATION
ET LEUR COMPETITIVITE
La compétitivité des produits agricoles
centrafricains que nous allons analyser dans cette présente section
concerne plus précisément les produits agricoles d'exportation
qui constituent les principaux produits faisant l'objet des échanges
commerciaux de la RCA avec l'extérieur.
A titre de rappel, nous précisons qu'au niveau mondial,
les échanges commerciaux des produits primaires doivent faire face d'une
part à des obligations de qualité imposées par des normes
sanitaires et phytosanitaires et d'autre part aux fluctuations des cours sur
les marchés. Ainsi, pour faire face à ces deux obligations, les
produits exportés par chaque pays sur le marché mondial doivent
être compétitifs. L'analyse de cette compétitivité
des produits agricoles, considérée dans le cas centrafricain
constitue donc l'objet principal de notre présente étude.
3.1.Evolution des exportations des produits agricoles
centrafricaine
Les exportations des produits agricoles centrafricains sont
concentrées essentiellement sur quelques produits primaires dont les
plus importants sont : le diamant, le bois, le café, le coton et le
tabac.
1) le diamant : il
représente 55,5% des exportations en moyenne depuis plus d'une
décennie considérée sur la période de 1995 -
2000.
2) Le bois : une partie de la
production du bois est consommée localement et l'autre partie fait
l'objet de l'exportation. Les ventes locales de bois ne concernent que les
sciages et les contreplaqués. Le tableau ci-dessous va donc nous
renseigner sur la production et la vente du bois centrafricain durant les
années précédentes.
Tableau 14 : Production et vente du bois
Centrafricain : réalisation 2005-2007.
|
2005
|
2006
|
2007
|
Variation
2007-2006
|
a) Production (m3)
Grume
Sciage
Contreplaqués
|
544402
74186
1434
|
624861
84304
805
|
537998
91239
632
|
-13,9%
8,2%
-21,5%
|
Total
|
530022
|
709970
|
629869
|
-11,3%
|
b) Ventes locales (m3)
Grume
Sciage
Contreplaqués
|
0
8089
506
|
0
10650
836
|
0
11565
703
|
0
8,6%
-15,9%
|
Total
|
8595
|
11486
|
12268
|
6,8%
|
c) Exportation
Grume
Sciage
Contreplaqués
|
144391
52878
5
|
192259
70779
475
|
189129
81175
375
|
-1,6%
14,7%
-21,1%
|
Total
|
197274
|
263513
|
270679
|
2,7%
|
d) Ventes totales
Grume
Sciage
Contreplaqués
|
144391
60967
511
|
192259
81429
1311
|
189129
92740
1078
|
-1,6%
13,9%
-17,8%
|
|
Total
|
205869
|
274999
|
282947
|
2,9%
|
Sources : Direction des
Forêts (production et ventes locales) Bivac (export grumes et sciages)
3) Le café : les
exportations du Café ont connu une hausse au cours de ces
dernières années; en effet, elles ont atteint 7320 tonnes en 2008
contre 1646,330(*) tonne
de l'année 2005, soit un accroissement de 344,6%.
En ce qui concerne les ventes, elles se sont inscrites en
hausse de 419,9%. Leurs valeurs s'élèvent à 4207,7
millions de FCFA contre 809,3 millions comparées à celle de
l'année 2004. Au plan mondial, la valeur unitaire du café a
augmenté passant de 491,6 FCFA/kg en 2004 à 574,8 F CFA/kg en
2007 soit un net redressement de 16,9%.
Le tableau ci-dessous nous présente les exportations du
café dans les années précédentes.
Tableau 15 : Exportation du café
centrafricain : réalisation 2005-2007
|
2005
|
2006
|
2007
|
Variation
2007-2006
|
Volume (en tonne)
Valeur total (en millions de FCFA)
Valeur unitaire (en FCFA/kg)
Cours mondiaux (en FCFA/kg)
|
2509,9
925,6
369,8
686,04
|
1646,3
809,3
491,6
842,5
|
7320,1
4207,7
574,8
841,1
|
344,6%
419,9%
16,9%
-0,2%
|
Sources : Office de
réglementation, du contrôle et du conditionnement des produits
agricoles (ORCCPA).
4) Le coton : le volume du
coton exporté s'inscrit en baisse au cours de ces dernières
années ; en effet en 2007, le volume exporté est de 739
tonnes pour une valeur de 405 millions de FCFA contre 1370 tonnes pour
l'année 2005 valant 743 millions de FCFA. Ces différences de
volume exprimées en pourcentage dégagent une baisse de 46,1%. Le
tableau qui va suivre nous permettra d'analyser l'évolution des
exportations du coton dans les années précédentes.
Tableau 16 : Evolution des exportations du
coton : 2005-2008.
|
2005
|
2006
|
2007
|
Variation 2007-2006
|
Volume (en tonnes)
Valeur total (en millions de FCFA)
Valeur unitaire (en FCFA/kg)
Cours mondiaux (en FCFA/kg)
|
2302,0
1091,0
473,9
691,6
|
1370,0
743,0
542,3
647,9
|
739,0
405,2
548,0
645,8
|
-46,1%
-45,5%
1,1%
-0,3%
|
Sources : Socadetex (2004 et
2005), cellule coton (2006 et 2007).
5) Le tabac : il est la
troisième culture d'exportation pratiquée en RCA, il constitue
une source de devises pour le pays et de revenus pour les populations en zone
de production. En février 2008, le gouvernement s'était
engagé, non seulement, à payer aux tabaculteurs les
arriérés de l'année 2007, mais aussi à les
sensibiliser sur la nécessité de renouer avec les
activités de productions. Ces actions positives ont donc suscité
un engouement des planteurs à reprendre cette culture.
Fort de ce qui précède, l'institut
centrafricain de la statistique, des études économiques et
sociales (ICASEES) estime que la production du tabac devrait évoluer
d'ici 2010 de la manière suivante : 146 tonnes en 2008, 150 tonnes
en 2009 et 158 tonnes en 2010.
La principale difficulté rencontrée par cette
filière concerne notamment l'absence des structures de
l'écoulement des produits des cultivateurs ainsi que le manque des
demandes potentielles.
L'analyse de la production, de la vente et des revenus
générés par cette culture est faite dans le tableau
ci-après.
Tableau 17 : Production et
vente du tabac centrafricain : réalisation 2001-200331(*).
|
Campagne 2001/2002
|
Campagne 2002/2003
|
Variation
en %
|
Récolte (tonne)
Nombre de planteurs
Superficie (hectares)
Rendement kg/ha
Poids moyens livré/planteur en kg
Valeur d'achat de la récolte (en millions de Fcfa)
Revenu net (planteur (en FCFA)
|
172
1340
19
688
172
113
88135
|
217
1507
20
835
160
140
93000
|
26,2%
12,5%
5,3%
21,4%
-7,0%
24,4%
5,5%
|
Source: note de conjoncture mai 2008
BEAC
Ces cinq produits primaires dont trois agricoles sont donc les
principaux produits exportés par la RCA depuis les années de
l'indépendance jusqu'à nos jours. A côté de ces
produits on note également un certains nombres de produits agricoles
faisant aussi l'objet des exportations. Mais compte tenu de leurs valeurs
marginales, ils sont globalement catégorisés en divers qui
regroupe les sous produits agricoles centrafricains destinés à
l'exportation ; ce sont des produits tels que : le haricot vert, la
gomme arabique, les peaux bruts la cire d'abeille...
Si nous analysons de manière globale l'évolution
des produits agricoles d'exportation centrafricaine sur une période
décennale, nous pouvons constater que le rythme de l'évolution
des ventes de ces produits est généralement orienté vers
le bas. Le tableau qui va suivre nous permettra donc d'analyser en termes de
valeur, l'évolution des exportations des produits primaires
centrafricains.
Tableau 18: Evolution des exportations des
produits primaire Centrafricain : Unité millions de
FCFA.
Produits
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Diamants
|
41904
|
37847
|
37729
|
31956
|
36554
|
36968
|
41217
|
36317
|
28332
|
28861
|
Or
|
338
|
123
|
83
|
11
|
189
|
60
|
169
|
71
|
10
|
51
|
Bois
|
25762
|
4371
|
10215
|
4897
|
11903
|
4624
|
10119
|
1113
|
979
|
22215
|
Café
|
15773
|
3571
|
3566
|
10433
|
8770
|
6422
|
1790
|
11283
|
18919
|
996
|
Coton fibre
|
9952
|
19
|
11017
|
10909
|
4710
|
1943
|
7409
|
5225
|
0
|
11
|
Divers
|
3332
|
21464
|
1095
|
7019
|
1393
|
2066
|
2020
|
2442
|
8385
|
3376
|
Total
|
96961
|
67395
|
66705
|
63459
|
56233
|
54395
|
56233
|
56451
|
54625
|
55510
|
Source : Monkan et al, DSEES
2005.
Les données du tableau ci-dessus peuvent être
analysées de la manière suivante :
· Les exportations du diamant ont connu une baisse
à partir de 1996 jusqu'en 1998, année où elles touchent le
bas niveau (-15,3% en variation annuelle), elles se redressent par la suite en
2001 pour décliner encore les années d'après. Ainsi tout
au long de cette période décennale, on constate que les ventes de
cette pierre précieuse ont connu une baisse de 31%.
· Les exportations du bois ont connu elles aussi des
alternances tantôt en haut et tantôt en bas pendant les
périodes des années 1995 à 2004. durant cette
périodes, la forte hausse des exportations du bois a été
constaté en 2004 (+117,4% si nous comparons la valeur de 2004 à
celle de 1997) mais en recul de 13,7% comparé à celle de 1995. la
chute la plus importante des exportations du bois a été
enregistrée en 1996.
· En ce qui concerne les ventes du café, les
exportations ont culminé en 2003 représentant une hausse de 67,7%
comparées à celles de 2002. Ces exportations se sont
effondrées en 2004 à un niveau plus bas jamais atteint. Cette
chute peut être expliquée par les crises militaro - politique qui
ont perturbé la campagne 2003/2004.
· Quant au coton fibre, les exportations ont atteint
leur plus forte valeur en 1997 et ont reculé constamment depuis lors
jusqu'en 2000 représentant ainsi une baisse de 72,1% comparée
à l'année 2001. Elles ont amorcé une reprise
l'année d'après avant de s'effondrer totalement en 2003 et
2004.
Cette l'analyse l'évolution des exportations des
principaux produits agricoles centrafricains nous conduit logiquement
à l'analyse des marges préférentielles dont
bénéficient ces produits sur les marchés
extérieurs.
3.2.Présentation des marges
préférentielles des produits agricoles centrafricains
Avant de procéder à la présentation des
marges préférentielles des produits agricoles centrafricains sur
les marchés extérieurs, nous avons jugé aussi très
utile de faire tout d'abord un bref aperçu sur l'orientation
géographique de ces exportations.
3.2.1.Directions des exportations des produits
agricoles centrafricains
Les produits agricoles centrafricains sont globalement
orientés vers les cinq continents en fonction de la demande de chaque
région. Le tableau ci-dessous nous montre l'orientation
géographique de ces produits agricoles d'exportation.
Tableau 19 : Destination
des exportations des produits agricoles centrafricains (en millions de
FCFA)
Continents
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Europe
U.E
|
53728
53728
|
41501
41499
|
53879
53815
|
56443
52931
|
55925
51813
|
46719
46584
|
47037
46013
|
43164
41867
|
26822
2633
|
27006
18448
|
Afrique
CMAC
|
4174
1684
|
21082
17164
|
3400
2165
|
6015
3968
|
11057
7089
|
2397
772
|
2722
1188
|
1866
966
|
11341
11072
|
25394
25043
|
Amérique
|
185
|
16
|
76
|
147
|
34
|
80
|
414
|
79
|
0
|
0
|
Asie
|
512
|
11
|
58
|
87
|
0
|
791
|
2417
|
1338
|
0
|
294
|
Océanie
|
0
|
0
|
23
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
PNDA
|
38362
|
4785
|
4802
|
6392
|
0
|
6247
|
829
|
7801
|
18462
|
2344
|
Total
|
96961
|
67395
|
62238
|
69084
|
67016
|
56234
|
54395
|
54248
|
56625
|
55038
|
Sources : DSEES et Monkam
2005.
Il ressort du tableau ci-dessus que l'Europe est la
destination principale des exportations centrafricaines. En effet, si nous
exprimons les valeurs des ventes ici présentées par le tableau
ci-dessus en terme de pourcentage, nous avons constaté très
rapidement que l'Europe en a absorbé une partie importante de ces
ventes, cela représente en moyenne 71% dont 62% pour l'U.E. L'Europe est
donc la première cliente de produits agricoles d'exportation
centrafricaine. Après l'Europe vient de loin l'Afrique avec 14% des
ventes dont 11,1% vers la CEMAC ; puis l'Asie environ 1%. Les ventes vers
d'autres continents notamment l'Amérique, 0,1%, sont
négligeables. L'avant dernière ligne du tableau ci-dessus
désigne les destinations non définies vers lesquels sont
orientées les exportations des produits agricoles centrafricains; si
nous exprimons leur valeur en pourcentage, cela représente donc 14% des
ventes totales des produits agricoles d'exportation centrafricaine.
Ainsi présenter les différentes orientations
géographiques des exportations agricoles centrafricaines, il convient
maintenant d'analyser les marges préférentielles de ces produits
sur les marchés des différentes régions analysées
ci haut.
3.2.2.Analyse des marges préférentielles
des produits agricoles centrafricains.
A titre de rappel, il convient de savoir que dans le cadre des
exportations des produits primaires des pays ACP, on désigne
généralement par marges préférentielle les
opportunités accordées à ces exportations en vue notamment
de faciliter leur entrée sur les marchés extérieurs des
pays ayant signé les mêmes accords de partenariat : il s'agit
ici des pays ACP et de l'U.E. Ainsi, dans ce contexte, il est bon de noter que
les produits agricoles d'exportation centrafricaine bénéficient
de trois différentes marges préférentielles respectivement
sur les marchés de la CEMAC de l'UE et des autres pays tiers.
· Sur le marché de la CEMAC, les exportations des
produits agricoles centrafricains y bénéficient d'une libre
entrée. En effet, la CEMAC a établi en 1995 une zone de libre
échange (ZLE) qui accorde des préférences aux exportations
de chaque pays membre. Grâce à ces préférences, la
RCA a depuis lors vendu librement ses produits agricoles sur les marchés
des autres pays membres de la CEMAC. Malheureusement les ventes centrafricaines
sont demeurées si peu diversifiées et se sont beaucoup plus
concentrées sur un nombre restreints des produits agricoles tels
que : la cire d'abeille, peaux bruts, le bois brut, le bois scié,
le diamant, le coton et le café. La répartition de ces ventes
dans les autres pays de la CEMAC se présente de la manière
suivante.
Tableau 20 Principaux produits
exportés par la RCA dans la CEMAC
Principaux produits exportés
|
Cameroun
|
Congo
|
Tchad
|
Café
|
X
|
|
|
Cire d'abeille
|
X
|
|
|
Cigarette contenant le tabac
|
X
|
|
|
Peaux brutes de bovins
|
X
|
|
X
|
Bois bruts
|
X
|
X
|
|
Bois sciés
|
X
|
|
|
Coton
|
X
|
|
|
Diamants
|
X
|
|
|
Source : Monkan et al 2005.
Selon le tableau ci-dessus, la RCA exporte ses produits
agricoles dans trois pays de la CEMAC (Cameroun, Tchad, Congo). Presque la
plupart de ses exportations a été absorbée par le
Cameroun. Si nous comparons ces exportations aux importations des produits
alimentaires des autres pays de la CEMAC, cela dégage un solde
excédentaire de la balance Commerciale centrafricaine.
Les données sur les exportations et importations des
produits agricoles centrafricains dans la CEMAC au cours des années 2003
et 2004 présentées par le tableau ci-dessous nous permettent
donc de voir le solde de la balance commerciale centrafricaine.
Tableau 21 : Balance
commerciale (en milliards de FCFA) : réalisation 2003 -
2004.
2003
Flux
|
Cameroun
|
Tchad
|
Congo
|
Gabon
|
Ensemble
|
Exports
|
10874
|
15
|
184
|
0
|
11073
|
Imports
|
8494
|
344
|
1333
|
65
|
10236
|
Balance
|
2380
|
-329
|
-1149
|
-65
|
837
|
2004
|
|
|
Flux
|
Cameroun
|
Tchad
|
Congo
|
Gabon
|
Ensemble
|
Exports
|
25674
|
6,3
|
332
|
0
|
26012
|
Imports
|
4900
|
1402
|
652
|
355
|
7309
|
Balance
|
20774
|
-1395,7
|
-320
|
-355
|
18703
|
Source : Ministère du
commerce 2005.
Le Commerce des produits agricoles centrafricains se fait
quasi principalement avec le Cameroun ; ceci, du fait qu'il importe des
quantités considérables du bois centrafricain comme
matière première de ses industries de papier. La balance
commerciale reste négative pour les autres pays auxquels la RCA importe
leurs produits primaires.
Les principaux produits importés par la RCA chez les
autres pays de la CEMAC peuvent être repartis de la manière
suivante.
Tableau 22 : principaux produits
alimentaires importés par la RCA dans la CEMAC
Produits importés
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
Tchad
|
Poissons
|
X
|
|
|
|
Crevettes
|
X
|
|
|
|
Laits
|
X
|
|
|
|
Haricots
|
X
|
|
|
X
|
Riz
|
X
|
|
|
|
Farine de froment
|
X
|
|
|
|
Sucre
|
X
|
X
|
X
|
|
Huile d'arachide
|
X
|
|
|
|
Biscuits
|
X
|
|
X
|
|
Pâtes alimentaires
|
X
|
|
|
|
Source : Ministère de
commerce (Monkan et de 2005).
La RCA peut donc, grâce à la marge
préférentielle dont elle en dispose au sein de la CEMAC,
accroître et diversifier ses exportations sur les marchés de la
communauté et réduire en même temps ses importations par
une hausse des produits de substitution aux importations.
· Du côté du marché de l'UE, les
exportations des produits agricoles centrafricains bénéficient
à leur entrée, des préférences commerciales dites
« tout sauf les armes » (TSA). Selon ces
préférences, les produits agricoles centrafricains vont donc
entrer en franchise de droit de douane sur le marché de l'UE
lorsqu'ils remplissent les seules exigences de qualités, notamment les
normes sanitaires et phytosanitaires (SPS).
· Sur les autres marchés des pays tiers, les
exportations des produits agricoles centrafricains bénéficient
d'un traitement spécial accordé par les pays
développés à l'ensemble des pays moins avancé
(PMA); ce traitement a été inscrit dans le système de
préférence généralisé (SPG) en vue notamment
de favoriser les exportations des pays en développement sur les
marchés des pays développés.
Au total, grâce à ces préférences,
la RCA dispose de vastes marchés à satisfaire ; mais
malheureusement ses produits d'exportation sont restés toujours peu
diversifiés ce qui réduit sa compétitivité par
rapport aux autres pays ACP disposant de ces mêmes
préférences.
3.3.Analyse de la compétitivité des produits
agricoles centrafricains
La compétitivité d'un produit désigne
l'aptitude de ce produit à faire face à la concurrence des autres
produits. Au niveau de la nation, la compétitivité traduit la
capacité de cette nation à conserver ou à augmenter les
parts de ses marchés face à la concurrence
étrangère.
Plusieurs facteurs permettent d'analyser la
compétitivité d'un produit. Entre autre nous pouvons
considérer : les technologies utilisées, les volumes et
quantités des produits ainsi que les prix de vente. C'est donc
précisément sur ces facteurs que nous analyserons la
compétitivité des produits agricoles centrafricaine.
Sur le plan technologique, La RCA est moins compétitive
par rapport à plusieurs autres pays ACP notamment les pays de la CEMAC.
La technologie dont nous évoquons ici désigne l'ensemble des
moyens et outils de production agricole utilisés. En effet, comme nous
l'avions déjà présenté dans la section
précédente, les principaux outils ou moyens de production
agricole centrafricains restent globalement archaïques et rudimentaires.
Leur utilisation influe très négativement sur la
compétitivité du système agricole de la manière
suivante.
1) Affaiblissement de la compétitivité
en terme de volume
Le volume des produits agricoles exporté par RCA reste
insignifiant par rapport à la demande extérieure des
différents marchés dont elle en dispose des
préférences. Le faible volume résulte notamment des
faibles rendements des différentes cultures dues à l'usage des
outils non appropriés. Ainsi, en faisant donc une analyse de
l'évolution de production des différentes cultures pendant une
période décennale, on sera persuadé que ces productions
évoluent dans une tendance orientée globalement vers la baisse,
ceci notamment à cause de la faiblesse des facteurs technologiques.
Tableau 23: Evolution des principales
productions des différentes cultures.
Produits
|
1990
|
1995
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Moyenne
|
Cultures d'exportation
|
|
|
|
|
|
|
|
Coton graine
|
93.3
|
32.3
|
24.5
|
32.9
|
2.2
|
1.5
|
31.12
|
cafés coque
|
31.1
|
11.2
|
16.8
|
18
|
10.2
|
5.4
|
15.45
|
Tabac
|
0.5
|
0.2
|
0.2
|
0.1
|
0.2
|
0.2
|
0.023
|
Culture vivrière
|
|
|
|
|
|
|
|
Manioc
|
547.3
|
491.6
|
500
|
561.1
|
563.2
|
564.3
|
537.92
|
Mil/sorgho
|
30.2
|
33.0
|
41.8
|
50.3
|
52.2
|
53.1
|
43.55
|
Arachide
|
80.5
|
85.5
|
104
|
121.9
|
127.8
|
133.6
|
108.33
|
Maïs
|
51.1
|
70.8
|
100.7
|
107
|
113
|
119
|
93.6
|
Sésame
|
21.0
|
28.6
|
37.4
|
39.4
|
41.1
|
42.8
|
35.05
|
Riz
|
7.8
|
10.0
|
22.7
|
25.3
|
27.4
|
29.7
|
20.48
|
Courge
|
12.8
|
27.9
|
15.7
|
24.2
|
25.5
|
26.8
|
22.15
|
|
Sources : base des
données BEAC 2003.
La production agricole d'exportation évolue en terme
de baisse depuis l'année de base 1990. Cette baisse a été
très accentuée pour la culture de coton, puis celle du
café qui sont les principaux produits d'exportation centrafricaine.
La production vivrière connaît pour sa part des
fluctuations tantôt en hausse tantôt en baisse. Globalement ces
productions, faute de la faiblesse de la technologie n'ont pas connu une
évolution en terme absolue. Cette situation provoque donc la baisse du
volume des produits exportés qui a pour corollaire l'affaiblissement
total de la compétitivité du volume des produits agricoles
exportés par la RCA sur les marchés extérieurs.
2) Affaiblissement de la compétitivité
en termes de prix
Faute de technologie appropriée, les produits
exportés par la RCA sont restés peu diversifiés et sont
vendus à l'état brut à l'extérieur. Cette situation
réduit donc les possibilités du pays à envisager
l'exportation des produits manufacturés.
Outre cette faiblesse technologique, nous pouvons aussi y
ajouter la faiblesse des infrastructures notamment routières qui influe
très négativement sur la compétitivité prix. Cette
faiblesse de la compétitivité prix sur le marché
extérieur s'explique notamment par la dégradation chronique des
routes qui ne favorise pas l'acheminement rapide des produits à
l'extérieur. Ceci provoque ainsi une hausse de leur coût de
revient à l'exportation rendant ainsi très chers les prix de
vente par rapport au prix du marché réduisant par la même
occasion les revenus des produits exportés. Notons aussi que
l'affaiblissement de la compétitivité prix des produits agricoles
peut s'expliquer aussi par le simple fait de l'éloignement du pays par
rapport au port (car le port le plus proche, celui du douala, se situe à
1600 km de Bangui la capitale de la RCA).
Au total, la faiblesse de la technologie agricole
utilisée en RCA a pour corollaire la baisse des rendements des cultures.
Cette baisse réduit donc le volume des productions d'exportation. Cette
situation, ajoutée aussi à la dégradation
considérable des infrastructures routières auxquelles on y
associe aussi la situation d'enclavement du pays provoque d'une part la
faiblesse de la compétitivité des produits agricoles
exportés et d'autre part la faiblesse du système agricole en
général. Ainsi, le système agricole centrafricain n'est
donc pas un système compétitif.
Au terne de cette étude qui a objet principal l'analyse
de la compétitivité du système agricole
centrafricain ; pour la réaliser, nous avions tout d'abord
orienté notre analyse sur le système de production agricole qui
regroupe l'ensemble des moyens de production agricole utilisé, puis nous
avions aussi analysé le système de culture qui fait l'état
des principales cultures pratiquées en RCA. Il ressort de notre analyse
que le système de production agricole centrafricain n'est pas un
système compétitif cela s'explique notamment par la faiblesse de
la technologie agricole utilisée. De même, le système de
culture reste encore un système traditionnel à cause notamment du
manque de la diversification des produits agricoles.
Ces insuffisances analysées respectivement au niveau du
système de production et du système de culture ajoutée
aussi à la dégradation des principales infrastructures de base
agricoles provoquent donc l'affaiblissement de la compétitivité
du système agricole centrafricain réduisant ainsi la
compétitivité de l'agriculture centrafricaine par rapport aux
agricultures des autres pays ACP. Ainsi, à l'état actuel de ce
niveau de développement de l'agriculture centrafricaine que nous venons
ici d'analyser, le pays ne pourra non plus faire face à des
éventuelles concurrences extérieures.
CHAPITRE III
PERSPECTIVES DE MISES EN OEUVRE DES APE ET IMPACTS SUR
LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN
Les relations de coopération ACP - UE
débutées avec les conventions de Lomé en 1975 accordaient
des préférences commerciales non réciproques aux pays ACP.
Mais depuis lors, ces préférences n'ont même pas
réussi à satisfaire les objectifs qui leurs sont assignés
en terme de développement, de diversification des exportations et
d'augmentation de flux commerciaux des pays ACP. Dans le cadre commercial, ces
préférences ne sont pas en conformité avec les principes
de non réciprocité de l'OMC. C'est précisément dans
cet esprit que les négociations de l'accord de Cotonou ont porté
sur l'établissement d'une préférence réciproque
caractérisée par l'insertion de la réciprocité dans
les relations commerciales ACP-UE à travers l'établissement d'une
zone de libre échange (ZLE) sous la forme des Accords de Partenariat
Economique (APE).
Dans le contexte Centrafricain, l'insertion de cette
réciprocité dans les relations commerciales avec l'UE aura
très probablement des impacts à la fois positifs ou
négatifs sur le système économique. Comme le principal
moteur de l'économie centrafricaine demeure encore l'agriculture, nous
allons donc évaluer dans ce présent chapitre les impacts de cette
réciprocité (ou encore de la libéralisation des
échanges) sur le système agricole centrafricain, puis nous ferons
par la suite des propositions des mesures d'adaptation à ce
système.
SECTION I : EVALUATION DES IMPACTS DES APE SUR
LE SYSTEME AGRICOLE CENTRAFRICAIN
Les Accords de Partenariat Economique poursuivent plusieurs
objectifs. Pour l'UE ils constituent un instrument de réduction de la
pauvreté, tandis que la plupart des pays ACP redoute encore leurs enjeux
à cause précisément de leurs principes de
libéralisation des échanges et du démantèlement des
droits de douane. C'est donc précisément sur ces deux principes
que nous allons orienter notre présente analyse, en prenant le cas
centrafricain pour évaluer les impacts de la libéralisation des
échanges et du démantèlement des droits de douane sur son
système agricole.
L'analyse qui va suivre sera donc portée tout d'abord
sur le système de production, ensuite sur le système de culture
pour en finir après sur la compétitivité des produits
agricoles.
1.1.Impact des APE sur le système de production
agricole
Le système de production agricole analysé dans
le chapitre précédent concerne plus précisément les
moyens de production, les technologies de production ainsi que les intrants
utilisés dans le processus de production agricole. L'analyse du
système de production agricole centrafricain nous montre que le pays
continue encore à utiliser des outils de production rudimentaires,
archaïques et manuels, qui n'ont pas pu permettre depuis lors le
développement de l'agriculture centrafricain. L'usage de tels types des
outils de production peut s'expliquer notamment par la hausse du prix des
équipements et des outils de production appropriés
importés, à cause notamment de l'enclavement du pays qui
renchérit les coûts de transport, mais surtout à cause des
droits et taxes de douanes élevés appliqués sur ces
équipements qui provoquent souvent la hausse de leurs coûts de
revient et ne permettant ainsi pas aux cultivateurs centrafricains de s'en
approprier.
Cette situation nous amène donc à faire une
analyse de manière générale du taux de protection ou
encore des tarifs douaniers appliqués par la RCA sur les importations en
provenance de l'UE en vue notamment de voir la part de ces taux sur les
intrants, les moyens de production ainsi que les biens d'équipement
agricole importés par la RCA en provenance de l'UE. Le tableau
ci-dessous va donc nous présenter les taux de droit de douane
appliqué par la RCA sur les différents biens d'importations en
provenance de l'UE
Tableau 24 : Taux de
production nominal selon les catégories des produits
Catégorie du tarif
|
Figure a
|
Figure b
|
Figure c
|
Figure d
|
5%
|
37.54%
|
35.54%
|
10.4%
|
8.4%
|
10%
|
42.99%
|
40.99%
|
15.5%
|
13.5%
|
20%
|
54.79%
|
52.79%
|
27.65%
|
25.65%
|
30%
|
66.59%
|
64.59%
|
39.9%
|
37.9%
|
Sources : Direction des douanes
centrafricaines (Avril 2005).
Le tableau ci-dessus peut être interprété
de la manière suivante :
· La catégorie I du tarif douanier nous montre
le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué par la RCA
sur les biens de première nécessité en provenance de
l'Union Européenne. Ce taux est compris entre 8,4 et 37,5%.
· La catégorie II du tarif douanier nous
indique quant à elle le taux de protection ou encore le tarif douanier
appliqué sur les matières premières et bien
d'équipement en provenance de l'UE. Ce taux est compris entre 13,5% et
43%.
· La catégorie III du tarif douanier constitue
le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué sur les
inputs (intrants) et les biens intermédiaires. Il est compris entre
25,65% et 54,75%.
· Enfin, la catégorie IV du tarif douanier
indique le taux de protection ou encore le tarif douanier appliqué sur
les biens de consommation finale. Ce taux est compris entre 37,9% et
66,59%.
Pour l'ensemble des moyens de production intégrant le
système de production centrafricain et importés de l'Union
Européenne, les droits de douane qui leurs sont appliqués sont
ceux soit de la catégorie II ou soit de la catégorie III du
tableau ci-dessus. Leur moyenne varie respectivement de 28,52% et de 40,2%.
Ainsi, en situation de démantèlement des droits
de douane, ces tarifs douaniers seront aussi démantelés et les
coûts des intrants sur lesquels ces droits y sont appliqués vont
sensiblement être baissés facilitant ainsi l'accès des
cultivateurs centrafricains à l'usage des outils de production
performants et l'augmentation des quantités des fertilisants
utilisés, notamment l'engrais dont les quantités
utilisées restent depuis toujours très insignifiant par rapport
à la superficie (0,6kg/ha)32(*)des cultures.
L'usage des outils performants et l'emploi massif des
fertilisants aura très probablement une répercussion directe sur
le niveau de production agricole qui sera ainsi revue en hausse et permettant
donc de compenser ce que l'Etat doit perdre au titre des droits et taxes de
douanes non perçus sur ces produits en provenance de l'UE.
Pour comprendre cette corrélation positive que nous
venons ici de démontrer entre le démantèlement du droit de
douane et système de production agricole centrafricain, il faut
spécifier l'analyse et non la généraliser à
l'ensemble des droits de douane c'est-à-dire que nous devons comparer
plus précisément la valeur des pertes douanières sur les
intrants aux effets produits par ces intrants pendant leur usage.
1.2. Impact des APE sur le système de culture
centrafricain
L'analyse du système de culture que nous avions fait
dans le chapitre précédent est très vaste ; ceci,
notamment pour une meilleure compréhension de ses composantes et de son
système de fonctionnement. Mais notre présente analyse en ce qui
concerne l'évaluation des impacts des APE, sera portée plus
précisément sur la culture vivrière et sur la culture de
rente.
1.2.1. Impact des APE sur l'agriculture
vivrière
Nous évaluerons ces impacts de deux
manières ; d'une part, l'analyse se fera sous l'angle des effets
des produits alimentaires importés par rapport aux produits vivriers
locaux et d'autre part l'analyse se portera aussi sur les effets du
démantèlement des droits de douanes sur les cultures
vivrières.
Il convient de noter que l'insertion de la
réciprocité dans les termes de l'échange entre l'UE et la
RCA analysée dans le contexte de la culture vivrière ne
présente pas assez des effets néfastes. En effet, les produits
alimentaires européens importés ne peuvent non plus concurrencer
les produits vivriers locaux car ces derniers constituent la base des produits
alimentaires des centrafricains (manioc, riz, maïs, mil/sorgho,
légumes).
Quant au démantèlement de droit de douane sur
les produits alimentaires importés de l'UE, cela va certes engendrer des
pertes des recettes publiques au titre du non paiement des droits et taxes de
douane devant être perçus sur ces produits. Nous allons
démontrer ici que ces pertes peuvent être aussi compensées
d'une autre manière. En effet, l'augmentation des importations des biens
de consommation en provenance de l'UE suite au démantèlement des
droits de douane provoquera la baisse sensible du prix de ces biens. Cette
baisse augmentera le surplus du consommateur centrafricain et va donc se
traduire par un accroissement du pouvoir d'achat des ménages et donc
corrélativement de la demande supplémentaire des produits de
consommation locale. Cette hausse de la demande de produits de consommation,
analysée dans l'optique keynésienne, va donc susciter des
nouvelles offres de ces produits ; ainsi, les producteurs locaux vont donc
augmenter le volume de leur production en vue de répondre à cette
demande supplémentaire. Pour augmenter le volume de leurs productions,
ces agriculteurs vont donc améliorer leurs techniques culturales en
abandonnant par exemple la culture manuelle pour s'orienter progressivement
vers la culture attelée et en utilisant aussi des outils de production
appropriés, des fertilisants en grandes quantités. La
conséquence directe de cette situation sera non seulement l'augmentation
du volume de la production locale, mais aussi l'amélioration ou le
progrès du système de culture centrafricain. Cette situation
donnera donc l'opportunité à la RCA de pouvoir diversifier ses
productions agricoles et d'envisager la production des biens de consommation
dont elle en dispose des avantages compétitifs et comparatifs sur les
autres marchés.
Pour que cette situation ici présentée puisse se
réaliser, il ne faut pas que le surplus du consommateur soit
accaparé par les commerçants importateurs ou distributeurs
autrement le démantèlement du droit de douane ne pourra pas
stimuler la demande locale mais va augmenter seulement la plus value de ces
commerçants. En effet, le surplus du consommateur pourra être
accaparé par le commerçant malgré le
démantèlement des droits de douane lorsque ce dernier
achète les produits importés à bas prix mais les revend au
prix initialement avant le démantèlement. Pour que cette
situation ne puisse pas se produire, des mécanismes de contrôle
des prix doivent être mis en place en vue notamment de contrôler
les prix pratiqués par les commerçants locaux.
Au total, les APE ne vont pas générer des effets
négatifs sur l'agriculture vivrière centrafricaine car la plupart
des produits alimentaires de l'UE importés par la RCA n'ont pas un
caractère de produits de substitution aux produits locaux mais servirons
plutôt des produits de complémentarité.
1.2.2.Impact des APE sur la culture de rente (ou
d'exportation)
A titre de précision, les produits de rente
centrafricains (café, coton et tabac) sont principalement des produits
tropicaux qui ne sont presque pas produits dans tous les pays de l'Union
Européenne.
En effet, dans l'ensemble de l'espace de l'Union
Européenne seuls la Grèce et l'Espagne produisent le coton.
Ainsi, avec la libéralisation des échanges avec l'UE, la RCA ne
sera pas confrontée à une éventuelle compétition en
ce qui concerne ses produits de rente. Mais le véritable danger qui
pourra se produire concernant ces produits (de rente) se situe notamment du
côté du démantèlement du Stabex.
En effet, il était prévu dans les APE que les
mécanismes compensatoires (Stabex Sysmin) seront
démantelés et seule la loi du marché va donc
réguler les achats et les ventes ; or il convient de rappeler que
les cours des matières premières ne cessent de connaître de
fluctuations qui affectent souvent très négativement les
recettes d'exportation centrafricaine provoquant ainsi une baisse des revenus
de ces produits exportés : cette baisse est souvent
compensée par le transfert des ressources de STABEX33(*) Ceci en vue de soutenir les
pays ACP à continuer d'exporter leurs produits agricoles. En situation
de démantèlement du système compensatoire (STABEX), les
recettes d'exportation des produits primaires centrafricains seront donc
constamment soumises aux fluctuations des cours mondiaux provoquant ainsi la
baisse des revenus d'exportation. A long terme cette baisse va donc
décourager les cultivateurs centrafricains qui vont abandonner
progressivement ces cultures du fait notamment de leur faible
rentabilité. L'abandon de ces cultures va donc générer
des pertes énormes pour le pays. Ceci nous montre donc que les APE
auront un impact négatif sur l'agriculture d'exportation centrafricaine
à cause notamment du démantèlement du STABLEX.
1.2.3.Impact des APE sur l'élevage
centrafricain
Après l'agriculture, l'élevage contribue lui
aussi pour une part non moins négligeable au PIB centrafricain. Il fait
aussi l'objet des échanges avec l'extérieur ; ceci nous
amène donc à étendre notre analyse sur ce secteur. Mais
bien avant de commencer cette analyse, il est très intéressant de
donner tout d'abord un bref aperçu sur l'importance des ce secteur dans
l'économie centrafricaine.
En République Centrafricaine, l'élevage englobe
le petit élevage villageois traditionnel, l'élevage
sédentaire et transhumant ainsi que le petit élevage moderne.
D'après le document de stratégie de développement du
secteur rural (DSDER) de décembre 2007, le secteur d'élevage
génère 13,0% du PIB total contre 13,3% en 1997 ; ceci nous
montre très concrètement que la contribution de l'élevage
au PIB centrafricain est aussi très importante mais reste relativement
stable depuis plus d'une période décennale. Par ailleurs ce
secteur contribue pour 6,6% de l'effectif des employés. En
2007, les estimations du cheptel centrafricain portent sur 14416000 têtes
contre 13842000 en 2006, soit une hausse de 4,1%34(*). La valeur des exportations
atteint en ces mêmes périodes 3 milliards de FCFA.
Ainsi, au regard du nombre si important de bétails
centrafricains que nous venons ici de constater, nous estimons a priori que
l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine n'aura probablement
pas des impacts négatifs sur le système d'élevage. En
effet, le tableau ci-dessous va donc nous faire l'état du secteur
d'élevage centrafricain avec des projections jusqu'en 2010.
Tableau 25: Projection des effectifs du cheptel
jusqu'en 2010.
Libellés
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Effectifs du cheptel
Dont Bovins
Ovins
Caprins
Volailles
|
3425
272
3264
805
4972
|
3501
286
3450
840
5183
|
3482
301
3680
877
5402
|
3663
317
3890
915
5631
|
3723
334
4112
955
5869
|
3807
351
4347
997
6117
|
3893
369
4599
1041
6378
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Importations
|
2,5
|
3,0
|
3,0
|
3,5
|
3,5
|
4,0
|
4,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Exportations
|
49,8
|
50,0
|
50,0
|
55,5
|
55,5
|
56,0
|
56,0
|
Source : Ministère de
l'agriculture et l'élevage (direction de statistiques, du suivi, de
l'évaluation et de la documentation).
Les importations mentionnées dans le tableau ci-dessus
concernent plus particulièrement les volailles en provenance de l'UE.
Les exportations portent quant à elles sur les bovins qui sont
exportés principalement vers les pays côtiers de la CEMAC
(Cameroun et Congo).
L'insertion de la réciprocité dans les
échanges de la RCA avec l'UE en ce qui concerne le secteur
d'élevage aura pour impact direct l'augmentation rapide du nombre de
volailles importées de l'Union Européenne. Cette augmentation
affectera négativement l'élevage centrafricain à trois
niveaux :
· Au premier niveau c'est-à-dire à court
terme, la compétition entre volailles importées et volailles
locales sera en faveur de la volaille importée. En effet, avec la
libéralisation, le prix de revient de volailles importées sera
très faible (nous le verrons dans les analyses qui vont suivre). Ce
faible prix, ajouté à la bonne qualité de la viande de ces
volailles importées, va donc concurrencer les petits élevages
locaux de volailles centrafricaines qui vont progressivement disparaître
et mettant ainsi en chômage ceux qui y pratiquent.
· Au deuxième niveau c'est-à-dire dans un
espace de moyen terme, les habitudes de consommation des ménages
centrafricains seront progressivement orientées de
préférence vers la consommation des volailles importées du
fait de leur bas niveau de prix et de la meilleure qualité de leur
viande.
· Enfin, au troisième niveau c'est-à-dire
à long terme, l'augmentation de l'importation de volailles de l'UE aura
un impact négatif sur le secteur d'élevage en
général. Ceci, notamment du fait que le poulet est
généralement considéré comme un produit de
substitution pour la viande des autres bétails. De ce fait, la hausse
des importations des volailles aura donc un effet inverse sur la consommation
de la viande des autres bétails. Cette condition à long terme
va donc générer des effets négatifs sur l'ensemble du
secteur d'élevage et la plupart des petits éleveurs
centrafricains abandonneront progressivement leurs activités.
En résumé, l'insertion de la
réciprocité dans les échanges centrafricains
analysée du côté du système de culture et du
système d'élevage va générer des impacts de la
manière suivante :
L'impact sur l'agriculture vivrière sera nul mais
négatif pour les cultures de rente et négatif aussi sur
l'élevage des petits bétails tels que élevages de
volailles.
1.3.Impact des APE sur la compétitivité des
produits agricoles
Pour évaluer les impacts des APE sur la
compétitivité des produits agricoles centrafricains, nous allons
tout d'abord donner un bref aperçu sur le concept de la
compétitivité.
En effet, en terme général, la
compétitivité décrit la capacité pour un individu,
une entreprise ou une nation à faire face aux besoins des consommateurs
et aux initiatives de ses concurrents sur le marché.
Au plan de la nation, la conception de la
compétitivité se base notamment sur la théorie des
avantages comparatifs de D. Ricardo. Ceux-ci découlent en effet de trois
composantes majeures permettant aux entreprises d'une nation donnée de
relancer la concurrence sur le terrain de leur choix :
· Rapport compétence / coût de la main
d'oeuvre locale (valeur d'échange),
· Capacité à concevoir, à produire
et à assimiler les nouvelles technologies (valeur d'usage),
· Capacité des acteurs économiques
à coordonner leurs efforts (valeur politique).
Les acteurs fondamentaux de la compétitivité
sont les entreprises ; ce sont elles qui affrontent la concurrence sur le
marché et qui y acquièrent des avantages après vente.
Aussi, la compétitivité des entreprises se définit- elle
par rapport à leur position sur les marchés (intérieurs et
extérieurs) vis-à-vis de ses principaux concurrents.
Ainsi, en restant donc dans le sens du concept de la
compétitivité que nous venons ici de définir, notre
présente analyse sera donc portée plus précisément
sur les entreprises de transformation et de vente des produits alimentaires
locaux. Ces entreprises intègrent généralement le secteur
dit agro-alimentaire. L'agroalimentaire désigne
généralement un ensemble d'activités économique
liées à l'agriculture, mais qui concernent plus
précisément la transformation des produits agricoles en produits
alimentaires entre le moment où ils sortent de l'agriculture proprement
dite et celui ou ils atteignent le consommateur35(*). Le secteur agroalimentaire s'étend aussi aux
produits agricoles non alimentaires.
C'est donc sur ce secteur que nous allons évaluer
l'impact de la réciprocité inscrite dans les APE. De ce fait, les
produits agroalimentaires centrafricains intégrant le champ de notre
présente analyse sont : le sucre, l'huile de palme, le café
moulu, la cigarette ainsi que la bière.
1) Impact de la réciprocité sur le
sucre centrafricain
Le sucre est produit en République Centrafricaine par
une seule entreprise (Sucaf) dont la production n'arrive toujours pas à
satisfaire la demande locale d'où nécessité de recourir
aux importations pour combler le surplus ou l'excédent de la demande
(politique de contingentement).
L'évolution de la production et de l'importation du
sucre dans les années précédente se présente dans
le tableau ci-après comme suit :
Tableau 26 : Evolution de
la production du sucre.
|
2005
|
2006
|
2007
|
Variation 2006/2007
|
1) production
* sucre granulé
* sucre aggloméré
|
6298
3243
|
8708
6750
|
9229
7484
|
6,0%
10,9%
|
Total
|
9541
|
15458
|
16713
|
8,1%
|
2) vente locale
a) évolution (tonnage)
*sucre granulé
*sucre aggloméré
|
19472
3243
|
14875
7792
|
11296
6627
|
-24,1%
-15,0%
|
Total
|
22715
|
22667
|
17923
|
-20,9%
|
b) en valeur (millions de FCFA)
*sucre granulé
*sucre aggloméré
|
7970
1709
|
6100
4414
|
5824
3779
|
-4,5%
-14,4%
|
Total
|
9679
|
10514
|
9603
|
|
3) Exportation
En volume
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Total
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
4) Importation
En volume (tonnage)
|
2839
|
2258
|
2684
|
84,1
|
Total
|
2839
|
2258
|
2684
|
84,1
|
|
Source : Sucre Afrique RCA
(Sucaf RCA) 2008.
Le tableau ci-dessus nous présente les données
sur la production, la vente locale et l'importation du sucre en
République Centrafricaine.
Au regard des données ici présentées, la
SUCAF n'est pas encore compétitive au plan national, par rapport au
volume de sa production d'une part et d'autre part par rapport au prix de
vente pratiqué qui reste encore très élevé. De ce
fait, l'insertion de la réciprocité dans les échanges
centrafricains mettra en
faillite cette usine à cause notamment de la hausse des
importations du sucre étranger à des bas prix.
2) Impact de la réciprocité sur
l'huile de palme centrafricaine.
En ce qui concerne l'usine de production de l'huile de palme
centrafricain (centra palm), l'insertion de la réciprocité mettra
en danger son système de fonctionnement. En effet, la quantité
totale produite n'arrive toujours pas à satisfaire la demande locale.
L'évolution de la production de l'huile de palme depuis un certain temps
reste négative ; ceci provoque donc la flambée de son prix
sur le marché local. Ainsi, pour évaluer l'impact de la
réciprocité sur cette filière, nous présenterons
d'abord l'état de la production et de la vente locale de l'huile de
palme en Centrafrique en vue notamment d'analyser son degré de
compétitivité.
Le tableau ci-dessous va donc nous présenter la
situation de la production et de la vente de l'huile de palme centrafricaine.
Tableau 27 : Production
et vente de l'huile de palme centrafricaine
|
2005
|
2006
|
2007
|
Variation 2007/2006
|
Production (en tonne)
Huile de palme
Palmistes
|
1784,0
206,0
|
2300,0
180,0
|
1640,0
250,0
|
-28,7%
38,9%
|
Total
|
1990,0
|
2480,0
|
1890,0
|
-23,8%
|
Vente locale (en tonne)
Huile de palme
Palmistes
|
1875,0
181,0
|
1855,0
135,0
|
1487,0
189,0
|
-28,7%
38,9%
|
Total
|
2056,0
|
1990,0
|
1676,0
|
-23,8%
|
Vente locale (en millions de FCFA)
Huile de palme
Palmistes
|
524,0
13,0
|
610,4
9,5
|
456,8
12,3
|
-19,8%
40,0%
|
Total
|
537,0
|
619,9
|
469,1
|
-15,0%
|
Exportation
Huile de palme
Palmistes
|
0,0
0,0
|
0,0
0,0
|
0,0
0,0
|
0,0
0,0
|
Total
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Source : Centra palm 2008
La production de centra palm est non seulement insuffisante
mais ne cesse de décroître continuellement ; en effet, la
production total, présentée par le tableau ci-dessus, a
porté sur 1890 tonnes en 2007 contre 2480 tonne un an plus tôt,
soit une chute de 23,8%. A côté de cette chute de production, nous
pouvons y ajouter aussi la vétuste des outils de production qui provoque
régulièrement des pannes techniques ; de même, nous
pouvons noter aussi que le vieillissement actuel des plantations ne cesse de
provoquer des baisses de rendement. La combinaison de tous ces facteurs rend
donc vulnérable la centra palm face à une concurrence
étrangère si la réciprocité sera introduite dans
les échanges centrafricains. En effet, la conséquence directe de
l'impact de la réciprocité sur ce secteur sera donc la faillite
totale de la centra palm résultant notamment de la mévente de
ses produits à cause de leurs prix qui seront élevés par
rapport aux autres huiles importées à bas prix en provenance de
l'Union Européenne.
3) Impact de la réciprocité sur le
café moulu
Le démantèlement du droit de douane qui a pour
corollaire la hausse des importations des produits à faible prix,
baissera aussi très sensiblement le prix des produits de l'UE
importés par la RCA et fabriqués à base du café
pour le petit déjeuner. Cette baisse augmentera la demande
centrafricaine à consommer de préférence les produits de
meilleure qualité (le nescafé importés et autres) au
détriment de café stars qui est moins compétitif
qualitativement. Ainsi, si faisons une vision à long terme de cette
situation, la RCA va donc se spécialiser uniquement dans la production
et la vente du café à l'état brut et consommera le
café manufacturé importé de l'Union Européenne.
Economiquement, cette situation sera en défaveur de la RCA du fait que
la vente des produits manufacturés est beaucoup plus rentable que la
vente des produits à l'état brut ; en effet, les
produits manufacturés créent davantage des valeurs
ajoutées et occasionnent aussi de multiples consommations
intermédiaires. Ils suscitent et stimulent la création des
nouveaux emplois et génèrent de multiples effets
d'entraînement directs ou indirects sur l'économie d'un pays.
4) Impact de la réciprocité sur la
boisson centrafricaine
Malgré certaines de ses composantes chimiques, la
bière a été classée, en République
Centrafricaine, dans la catégorie des produits alimentaires : elle
intègre donc notre analyse.
Ainsi, l'insertion de la réciprocité dans les
échanges centrafricains provoquera à court terme la hausse du
volume de bières importées suite du démantèlement
des droits de douane. Cette hausse du volume des importations a pour corollaire
la baisse directe de leurs prix de vente. Cette baisse des prix des boissons
importées pourra donc concurrencer la boisson locale. Cette concurrence,
à moyen et à long terme, entraînera la perte de vitesse de
l'unique brasserie locale.
1.4.Analyse synthétique des impacts des APE sur le
système agricole
De nos analyses précédentes, nous allons donc
faire dans les lignes qui suivent, une analyse synthétique sur le sens
de l'impact de la libéralisation des échanges centrafricains par
les APE. Cette analyse a donc pour but de dégager les impacts qui
pourront résulter de la libéralisation des échanges
centrafricains. Ces impacts seront analysés en termes d'effet positif,
d'effet nul, ou encore en termes d'effet faible, effet moyen et effet fort.
· L'effet positif signifie que l'insertion de la
réciprocité dans les échanges centrafricains sera
profitable pour le secteur ou le produit en question.
· L'effet négatif désigne que le secteur
ou le produit en question va courir des risques de concurrence en situation de
la libéralisation des échanges centrafricains avec l'Union
Européenne.
· L'effet nul désigne quant à lui que le
secteur ou le produit en question est insensible, par rapport à la
libéralisation.
Nous désignons aussi par les expressions telles
que : faible, moyen et fort le sens de la concurrence qui opposera les
produits locaux aux produits importés de l'Union Européenne.
Le tableau ci-dessous va donc nous permettre d'analyser le
sens de l'impact de la libéralisation des échanges sur le
système agricole centrafricain.
Tableau 28 : sens de
l'impact sur le système agricole
Système agricole centrafricain
|
Sens de l'impact
|
1) système de production
· moyens matériels de production
· intrants (fertilisants et engrais)
2) système de culture
· culture vivrière
· culture de rente (d'exportation)
|
Positif
Positif
Nul
Négatif
|
Source : Nous mêmes
Sur l'ensemble du système agricole centrafricain,
l'insertion de la réciprocité par l'entremise des APE en RCA,
aura ainsi un impact positif sur le système de production
caractérisé par la baisse des prix des facteurs des productions,
des intrants et fertilisants. Tandis que sur le système de culture, les
impacts seront nuls pour l'agriculture vivrière36(*) mais négatifs pour
l'agriculture d'exportation suite au démantèlement du Stabex.
Sur le secteur d'élevage, l'impact est ici
mesuré en termes d'enjeu, c'est-à-dire en termes de risques que
peut courir ce secteur dans la situation de la libéralisation des
échanges.
Le tableau ci-dessous nous présentera les effets
générés par la libéralisation des échanges
dans le contexte des APE sur le secteur d'élevage centrafricain.
Tableau 29 : Sens de
l'impact des APE sur l'élevage centrafricain
Sens de
l'impact (en terme d'enjeu)
|
Cheptel
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
Bovins
Ovins
Caprins
Porcins
volailles
|
Nul
Nul
Nul
Nul
Faible
|
Nul
Faible
Faible
Nul
Moyen
|
Moyen
Moyen
Moyen
Faible
Fort
|
Source : Nous mêmes
Du tableau ci-dessus, l'impact des APE sera très
dangereux sur la volaille locale. A long terme les centrafricains seront
totalement dépendants de volailles importées à bas prix et
à meilleure qualité. Cette dépendance va donc orienter la
préférence des ménages centrafricains vers la consommation
de poulets importés. Ainsi, lorsque le prix du kilogramme de poulet sera
inférieur à celui de la viande bovine, il y aura substitution de
viande bovine au poulet et le secteur d'élevage37(*) en général sera
ainsi concurrencé.
En ce qui concerne le secteur agroalimentaire, nous allons
donc évaluer l'impact de la réciprocité sur ce secteur en
vue notamment de déterminer le sens de leurs effets sur l'ensemble des
unités de production de ce secteur. Le tableau ci-dessous nous
présentera donc les effets qui pourront résulter de la
libéralisation des échanges sur le secteur agroalimentaire.
Tableau 30 : Sens de
l'impact des APE sur le secteur agroalimentaire
|
Impact analysé en terme d'enjeu (risque de
compétition)
|
Produits agroalimentaires
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
Sucre
Huile de palme
Café moulu
Cigarette
Bière
|
Négatif
Moyen
Moyen
Faible
Négatif
|
Négatif
Négatif
Négatif
faible
Négatif
|
Perte de vitesse
Perte de vitesse
Perte de vitesse
faible
Perte de vitesse
|
Source : Nous même
Du tableau ci-dessus, l'analyse du classement des effets
générés par l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine présente des risques pour l'ensemble du secteur
agroalimentaire. En effet dans le court terme, le sucre ainsi que la
bière centrafricaine seront fortement concurrencées par ceux qui
sont importés de l'extérieur ; à moyen et long terme,
ces unités de production ne peuvent donc pas résister à la
concurrence et cèderont donc le marché aux produits
importés. La libéralisation aura un effet moyen sur l'huile de
palme et le café moulu à court terme ; en effet dans cette
espace de temps, les ménages centrafricains continuent encore de
consommer ces produits. Mais à moyens et long terme, la
différence de qualité entre ces deux produits par rapport
à ceux importés provoquera la baisse de leurs consommations au
profit des mêmes produits importés à meilleure
qualité.
Seule la cigarette ne va pas connaître un effet inverse
de la libéralisation car les fumeurs centrafricains sont
déjà habitués aux cigarettes locales et ne changera pas
rapidement leurs préférences pour les cigarettes
importées.
Au total, l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine provoquera une compétition entre les produits locaux et
les produits importés. Cette compétition va donc provoquer la
perte de vitesse de toutes des unités de production du secteur
agroalimentaire dans un espace de long terme alors que ce secteur est
créateur de la valeur ajoutée en République Centrafrique
par ses consommations intermédiaires ainsi que les nouveaux emplois
crées.
De tout ce qui précède, il convient maintenant
de faire une analyse synthétique à long terme des impacts en vue
notamment de voir de manière générale les effets
résultant de la mise en oeuvre des APE dans le système
économique centrafricain.
Le tableau ci-dessous nous permet donc de voir très
concrètement le sens des effets générés par les APE
sur chaque variable économique du secteur agricole centrafricain.
Tableau 31 : Analyse
synthétique des APE sur le secteur agricole centrafricain.
Libellé
|
Neutre
|
Nul
|
Positif
|
Négatif
|
1) système de production
Engrais
Autres fertilisants
Moyens matériels de production
|
|
|
X
X
X
|
|
3) système de culture
Manioc
Arachide
Mil / Sorgho
Maïs
Riz
Courge
Sésame
|
X
X
|
X
X
X
X
|
|
X
|
4) élevage
bovins
ovins
caprins
porcins
volailles
poissons
|
X
X
X
|
X
|
|
X
X
|
5) agroalimentaire
sucre
huile
cigarette
café moulu
|
|
|
|
x
x
x
x
|
Total
|
5 points
|
5 points
|
3 points
|
7 points
|
Sens de général de l'impact
|
insensible
|
insensible
|
profitable
|
Risque
|
Source : Nous-mêmes
X négatif
X Neutre
X positif
X Nul
Il ressort du tableau ci-dessus que la sommation
négative des effets des APE est très élevée par
rapport à la sommation des autres effets ; après cela vient
celle des effets nuls. Les effets positifs, exprimés en valeur restent
encore insignifiants pour équilibrer les deux autres effets. Ceci nous
montre très concrètement que l'insertion des APE dans
l'économie centrafricaine va générer des effets à
la fois positifs, nul mais beaucoup plus négatifs sur le système
agricole.
Au terme des analyses ci-dessus, nous sommes conduit aussi
à évaluer les impacts des APE sur le niveau général
des prix des produits alimentaires locaux ou importés en vue notamment
de faire une comparaison des différences des prix en situation de
l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.
1.3.1.Incidence des APE sur les prix des produits
alimentaires Centrafricaine.
Pour mesurer l'incidence des APE sur les prix des produits
alimentaires centrafricains, il est nécessaire de connaître tout
d'abord le taux des droits de douane pratiqué par la RCA sur les
produits alimentaires importés de l'Union Européenne. Ainsi,
à titre de rappel, il convient de noter que le tarif douanier
appliqué par la RCA sur les produits alimentaires importés en
provenance de l'Union Européenne varie entre 37,9% à 66,59%. Cela
signifie que tous les produits alimentaires de l'UE importés par la RCA
vont subir, à leur entrée sur le marché centrafricain et
selon leur catégorie, une taxe douanière dont le taux
s'élève respectivement comme indiqué ci-haut. Ainsi, avec
le démantèlement des droits de douane centrafricains dans le
cadre des APE, les taxes douanières pratiquées par la RCA sur les
produits importés de l'Union Européenne vont être
démantelées et cela aura donc une incidence en terme de baisse
sur la variation des prix sur le marché local centrafricain.
De tout ce qui précède, nous allons donc mettre
en évidence dans les deux tableaux qui va suivre, l'impact des APE d'une
part sur les prix des produits alimentaires substituables et d'autre part sur
les prix des produits alimentaires non substituables.
Le premier tableau ci-dessous nous permettra donc de voir
très concrètement la variation des prix des produits alimentaires
substituables dans la situation d'insertion des APE en République
Centrafricaine.
Tableau 32 : impact des
APE sur les prix des produits alimentaires substituables*
Produits alimentaires substituables
|
Prix sans APE
|
Taux de taxe douanière démantelée
|
Prix avec APE
|
Comparaison
|
Différence entre prix local et prix importé
|
Prix local
|
Prix importé avec APE
|
Poulet kg FCFA
Poisson (chinchards) kg
Huile (1litre)
Sucre (1kg)
Riz (1 sac 50kg)
Riz (1kg)
Tomate concentrée
OEuf (unité)
|
3000
1200
1200
1000
25000
500
150
125
|
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
|
1002,3
400,92
400,92
334,1
8352,5
167,05
50,115
41,7625
|
3000
1200
1200
1000
25000
500
150
125
|
1025
410
410
350
8400
170
55
45
|
1975
790
790
650
16600
330
95
80
|
Source : Nous même à
partir des données (prix) de la BEAC et du taux (douanier) de la
direction des douanes
* Le concept de substitution ici évoqué concerne
les produits locaux qui peuvent être substitués par les
mêmes produits de l'UE. Par exemple, le poulet local et le poulet
importé.
La cinquième colonne du tableau ci-dessus nous permet
de faire une comparaison entre les prix des produits alimentaires locaux en
situation des APE et les prix des produits alimentaires importés dans
cette même situation.
Ainsi, avec l'instauration des APE en République
Centrafricaine, le prix du poulet va passer de 3000 FCFA à 1025 FCFA
soit une baisse de 55% de son prix initial ; ainsi un poulet actuel vaudra
deux poulets en situation d'insertion des APE avec encore une marge
supplémentaire de 950 FCFA. Le kilogramme du poisson (chinchards) qui
coûte actuellement 1200 FCFA baissera très sensiblement avec les
APE pour s'établir à 410 FCFA soit une nette différence de
790 FCFA sur son prix initial; ainsi, un kilogramme du poisson actuel vaudra
deux kilogrammes en situation des APE avec encore une marge de 380 Fcfa de
plus. Les ménages centrafricains achèteront en situation des APE
une boîte de tomate concentrée à 55 Fcfa au lieu de 150
Fcfa auparavant soit un net surplus de 95 Fcfa sur leur pouvoir d'achat. Le
prix unitaire de l'oeuf importé s'établira à 45 Fcfa avec
les APE soit une réduction de 64% de son prix initial. Le prix du
kilogramme de riz importés coûtera 170 Fcfa avec les APE contre
500 Fcfa auparavant soit une nette différence de 330 Fcfa
représentant ainsi un surplus du pouvoir d'achat pour les
ménages.
Globalement, la dernière colonne du tableau ci-dessus
nous montre très concrètement la différence ou encore
l'écart des prix entre les produits alimentaires locaux et les produits
alimentaires importés en situation de l'insertion des APE dans
l'économie centrafricaine. Cette différence conduira donc les
ménages centrafricains à substituer progressivement les produits
locaux par les produits importés. Cette situation à long terme
constitue donc un véritable facteur de dépendance totale des
ménages centrafricains vis-à-vis des produits alimentaires
importés.
De cette analyse des prix des produits alimentaires
substituables, le tableau ci-dessous va donc nous présenter la variation
des prix des produits alimentaires non substituables en situation d'insertion
des APE dans l'économie centrafricaine.
Tableau 33 : Impact des APE
sur les prix des produits alimentaires importés non
substituables
Produits alimentaires non substituables
|
Prix sans APE
|
Taxe douanière démantelée
|
Prix avec APE
|
Comparaison
|
Ecart des prix
|
Avant
APE
|
Avec APE
|
Farine de blé 1 sac (50kg)
Bière importée (33cl Heineken)
Whisky moyen (jonhy walker)
Vin rouge
Lait guigoz
Lait en poudre (1 boîte de 400g)
Lait concentré (1 boîte)
Sardine (sel mon)
Margarine (1boite de 450g)
Nescafé (1boitee)
Lait Nido (1 boîte de 400g)
|
26500
950
11500
800
2500
2500
850
450
2500
1000
2500
|
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
0,6659
|
8853,6
320
317,39
3842,1
267,28
835,25
835,25
283,98
150,34
334,15
835,25
|
26500
950
11500
800
2500
2500
850
450
2500
1000
2500
|
8900
320
3850
270
840
840
290
155
840
335
840
|
17600
630
7650
530
1660
1660
560
295
1660
675
1660
|
Source : Nous même à
partir des données de la BEAC (prix) et de la direction des douanes
centrafricaines (taux de droit de douane).
L'examen de la cinquième colonne du tableau ci-dessus
nous montre très concrètement que les prix des produits
alimentaires non substituables vont baisser très sensiblement avec les
APE. En effet, la Sardine coûtera 155 Fcfa avec les APE contre 450Fcfa
auparavant soit une baisse de 65,5% de son prix initial. De même le
kilogramme de la farine baisera avec les APE à 180 Fcfa contre 530 Fcfa
auparavant. Le lait concentré va voir une chute de son prix passant de
850 Fcfa à 290 Fcfa soit une baisse de 65,9%. Le nescafé dont le
prix actuel est de 1000 Fcfa la boîte coûtera 335 Fcfa avec les APE
représentant ainsi un surplus de 675 Fcfa sur le pouvoir d'achat des
ménages. Le prix du vin rouge passera de 800 Fcfa à 270 Fcfa avec
les APE soit un surplus de 530 Fcfa sur l'unité de vin acheté.
Ceci nous montre qu'une unité de vin actuel vaudra trois unités
de vin avec les APE.
Globalement ces baisses des prix des produits alimentaires
vont augmenter très sensiblement le pouvoir d'achat des ménages
centrafricains et constituera donc un réel surplus pour les
consommateurs centrafricains.
En résumé, les deux tableaux ci-dessus mettent
en évidence la baisse des prix des produits alimentaires en situation
des APE. Cette baisse va donc générer des effets qui peuvent
être analysés comme suit :
· Avec l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, il y aura amélioration du pouvoir d'achat des
ménages centrafricains résultant notamment de la baisse sensible
des prix des produits importés : cette situation
représente donc un surplus pour les consommateurs centrafricains.
· Avec la l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, il y aura dépendance des ménages centrafricains
vis-à-vis des produits alimentaires importés ;
· Avec la l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, la stratégie d'industrialisation de la
République Centrafricaine qui doit normalement commencer avec la
transformation des produits agricoles locaux en produits manufacturé
sera totalement entravée et bouleversée ;
· Avec l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, presque toutes les entreprises du secteur agroalimentaire
seront totalement en perte de vitesse. Cette situation aura des impacts
très négatifs sur le niveau général de l'emploi
dans ce secteur en réduisant de manière considérable
l'effectif global des employés de ce secteur. Cette situation nous
amène donc à évaluer l'impact des APE en terme de perte
d'emploi dans le secteur agricole et le secteur agroalimentaire
centrafricain.
Pour rappel, le secteur agricole centrafricain occupe
85%38(*) des actifs
repartis respectivement dans les différentes cultures comme suit :
62% pour la culture vivrière, 15% pour la culture de rente, 7% pour
l'élevage et 1% pour la pêche39(*). Le tableau ci-dessous va donc nous présenter
l'impact des APE sur le système agricole centrafricain en terme de perte
d'emploi dans les différentes cultures pratiquées.
Tableau 34 : Impact des APE au niveau de
l'emploi dans le système agricole.
Système agricole
Centrafricain
|
Effectif des actifs agricoles
en %
|
Sens de l'impact
|
Impact des APE
en %
|
Variation de l'effectif des actifs agricoles
|
1 Culture vivrière
2 Culture de rente
3 Elevage
4 Pêche
|
62%
15%
7%
1%
|
Nul
Négatif
Moyen
Faible
|
0%
-50%
-20%
-5%
|
62%
7,5%
5,6%
0,9%
|
Total
|
85%
|
-
|
-
|
76,05%
|
|
Source : Nous-mêmes
à partir des effectifs des actifs agricoles reçus au niveau du
ministère de l'Agriculture
Ce tableau nous montre qu'avec l'insertion des APE dans
l'économie centrafricaine, l'effectif total des employés du
secteur agricole qui représente 85% de la population active de la RCA va
passer à 76,05% ; soit 10,53% des cultivateurs, éleveurs et
pêcheurs centrafricains vont abandonner leurs activités en
situation des APE. Ceci peut corrélativement avoir une incidence
négative sur le niveau de production agricole. Du tableau ci-dessus,
nous pouvons donc voir qu'avec l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, les cultivateurs des produits vivriers vont toujours continuer
leurs activités tandis que 7,5% des cultivateurs des produits rentiers
vont progressivement abandonner leurs activités. De même 1,4% des
éleveurs des petits bétails (tels que volailles) vont aussi
cesser leurs activités. 0,1% des pêcheurs abandonneront la
pêche avec l'instauration des APE.
Tout comme le secteur agricole, cette réduction de
l'effectif des employés peut être constatés aussi pour le
secteur agroalimentaire. Le tableau ci-dessous met donc en évidence
l'impact des APE en terme de perte d'emploi dans le secteur agroalimentaire.
Tableau 35 : Impact des
APE sur le secteur agroalimentaire
Situation sans APE
|
Situation avec APE
|
Secteur agro-
alimentaire
|
Chiffre d'affaire en millions de FCFA
|
Effectif des employés
|
Salaire moyen FCFA/tête
|
Masse salariale en million
|
Sens de l'impact
|
Chiffre d'affaire en million de FCFA
|
Effectif des employés
|
Salaire moyen FCFA/tête
|
Masse salariale
|
|
En
%
|
|
619.8
10514.0
630.5
4766.1
9082.5
|
338
495
68
58
182
|
46400
95269
138358
399425
507326
|
188.2
565.9
112.9
278.0
1108.0
|
P.V
P.V
P.V
Faible
négatif
|
-95%
-95%
-95%
-5%
-50%
|
30.99
525.7
31.525
4525.795
4541.25
|
16.9
24.75
3.4
55.1
91
|
2320
4763.45
6917.9
379453.7
253663
|
9.41
28.295
5.64
264.1
9.1
|
Total
|
25612.9
|
1141
|
1186778
|
2252.3
|
|
|
9655.26
|
191.2
|
647118.1
|
316.54
|
|
Source : Nous-mêmes,
à partir des données (indicateurs financiers et sociaux des
entreprises) de la BEAC
P.V= Perte de vitesse.
Du tableau ci-dessus, nous pouvons voir très
concrètement qu'avec l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine, la centra palm va perdre 95% de son chiffre d'affaire ;
cela va passer en effet de 619,8 millions de FCFA à 30,99 millions,
provoquant ainsi une réduction considérable de l'effectif total
des employés de cette filière qui passera aussi de 338 personnes
à 16,9 personne soit 94.7% de personnes vont perdre leur emploi dans
cette filière de production avec l'insertion des APE dans
l'économie centrafricaine. De même, les salaires moyens de cette
filière passeront aussi de 46400 FCFA à 2320 FCFA
réduisant par cette occasion la masse salariale totale qui de 188,2
millions de FCFA, va décroître progressivement pour
s'établir définitivement à 9,41 millions de FCFA
représentant ainsi une baisse de 95.8% des salaires moyens. Tout comme
la centra palm, la Sucaf et l'Husaca connaîtront elles aussi une
véritable réduction de leur chiffre d'affaire d'ordre de 95%
passant respectivement de 10514.0 millions de FCFA à 525,7 millions pour
la Sucaf et de 630,5 millions de FCFA à 31,525 millions pour Husaca.
Cette baisse du chiffre d'affaire réduit corrélativement le
nombre des employés de ces deux filières qui passera de 495
personnes à 24,75 personnes avec des revenus moyens par personne chutant
de 95269 FCFA à 4763,45 FCFA pour la Sucaf, et de 68 personnes à
3,4 personnes, pour un revenu moyen passant aussi de 183358 FCFA à
6917,9 FCFA pour Husaca.
Globalement, de tout ce qui précède, ces trois
unités de production locales seront complètement en perte de
vitesse lorsque les APE seront instaurés dans l'économie
centrafricaine. Seules la Socacig et la Mocaf résisteront au
début de la libéralisation, mais progressivement elles
connaîtront, elles aussi, la baisse de leur chiffre d'affaire d'ordre de
9082,5 millions de FCFA. La Mocaf va voir son chiffre d'affaire chuté de
50% s'établissant à 4541,25 millions FCFA au lieu de 9082,5
millions auparavant. Cette chute résulte notamment de la baisse du prix
de la bière locale en vue de faire face à la concurrence de la
boisson étrangère à meilleur goût et
importées à bon prix.
La Socacig quant à elle va subir aussi une
légère perte de son chiffre d'affaire d'ordre de 5%. Cette perte
résulte notamment de la baisse à long terme du nombre des
consommateurs potentiels de la cigarette centrafricaine. En effet, avec
l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine, une faible partie
des fumeurs locaux va progressivement s'orienter vers la consommation des
cigarettes importées.
Au total, pour l'ensemble du secteur agroalimentaire, avec
l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine ; le total du
chiffre d'affaire de ce secteur passera globalement de 25612,9 millions de FCFA
à 9655,20 millions représentant ainsi une baisse
considérable d'ordre de 62,30%. Cette baisse a donc pour
conséquence directe la réduction de l'effectif des
employés de cette filière qui passera de 1141 personnes à
191,15 personnes ; en pourcentage, ceci représente donc une
réduction de 83,25% de l'effectif total des employés de ce
secteur. De cette réduction, les salaires moyens des employés de
ce secteur passeront aussi de 1186778 millions de FCFA à 647118,1
millions de Fcfa soit une baisse de 83,4% de l'ensemble des salaires moyens des
employés du secteur agroalimentaire.
Sur la base de la réalité de ces chiffres, il
convient donc de prévoir que le système agricole centrafricain
ainsi que le secteur agroalimentaire vont respectivement subir les effets
négatifs des APE ; ceci va donc constituer une entrave fondamentale
pour le décollage économique du pays. Cette situation que nous
venons ici de présenter mérite donc une prise en compte de
certaines mesures d'adaptation en vue notamment de chercher les
possibilités de minimiser les effets néfastes des APE et de
maximiser leurs impacts positifs sur l'ensemble de l'économie
centrafricaine. Pour ce faire, nous sommes donc conduit à proposer dans
la section qui va suivre des mesures d'adaptation pouvant inverser les
tendances négatives de l'insertion des APE dans l'économie
centrafricaine.
SECTION II : PROPOSITION DES MESURES D'ADAPTATION
AU SYSTEME AGRICOLE
Dans les analyses précédentes, nous avions
respectivement présenté les APE et ses principes
fondamentaux ; puis nous avions aussi évalué ses impacts ou
encore ses effets sur le système agricole centrafricain. Au terme des
évaluations que nous avions fait, nous avons pu remarquer effectivement
que l'insertion des APE en RCA va engendrer des bouleversements plus ou moins
importants sur le système agricole centrafricain par l'entremise de la
réciprocité et du démantèlement tarifaire.
Ainsi pour circonscrire les impacts négatif des APE en
vue de renforcer leurs effets positifs sur l'ensemble du système
agricole centrafricain, des actions appropriées telles que des mesures
d'adaptation doivent être proposées et prises en compte
simultanément au niveau du système de production, du
système de culture et de la compétitivité des produits
agricoles centrafricains. La prise en compte de ces mesures constitue donc
l'objet principal de cette section.
2.1. Les mesures d'adaptation au système de
production.
A titre de précision, les principales mesures
d'adaptation que nous allons ici proposer au système agricole
centrafricain, regroupent l'ensemble des stratégies et politiques
pouvant stimuler et renforcer davantage la capacité et la performance de
: l'appareil productif, du système de culture ainsi que de la
compétitivité des produits agricoles. Ceci, pour rendre
compétitif le système agricole centrafricain en vue de faire face
au nouvel environnement concurrentiel suscité par les APE.
De ce fait, en ce qui concerne le système de
production agricole, les principales mesures d'adaptation proposées sont
basées sur deux stratégies à savoir : le renforcement
de la formation du capital humain, et la modernisation des moyens, des outils
et des techniques de production.
2.1.1. Le renforcement du capital humain40(*)
Le système de production agricole centrafricaine sera
d'autant plus compétitif lorsqu'un accent particulier sera mis sur la
formation des hommes sur la connaissance des techniques culturales modernes et
l'usage des outils et moyens de productions appropriées. En effet, il a
été démontré dans la théorie de la
croissance endogène que la formation du capital humain
c'est-à-dire l'augmentation du niveau de savoir et l'accumulation des
connaissances pratiques constitue un facteur incitatif important dans la
promotion des activités économiques et agricole. Comme en RCA,
parmi les principales causes de la faiblesse de l'agriculture, figure en
premier lieu le problème de savoir et des connaissances
nécessaires susceptibles de favoriser le développement
agricole : les cultivateurs centrafricains dont 90% sont estimés
encore analphabètes utilisent souvent leur savoir pragmatique pour la
pratique des cultures. Ils ne font jamais une étude du sol de leur
culture, ni de la qualité des semences ou du climat avant de
semer. Ils préfèrent faire seulement des offrandes ou des
sacrifices aux divinités avant les compagnes agricoles en vue d'attendre
d'eux de meilleures récoltes. Ainsi, pour leur enlever cette illusion,
afin de leur donner une vraie notion de la logique de production qui est le
fait que la hausse du rendement de production agricole ou des
différentes cultures n'est rien d'autre que le résultat de
l'usage des outils performants et de l'emploi des fertilisants
appropriés, il est donc nécessaire de leur donner une base de
formation sur la connaissance des techniques modernes, rentables et moins
fatiguant dont ils peuvent utiliser pour augmenter très rapidement leurs
rendements agricoles. Pour ce faire, l'Etat centrafricain doit mettre en place
une politique de minimum de formation des cultivateurs sur des connaissances
non théoriques mais beaucoup plus pratiques et techniques pour la
conduite des cultures. Cette situation nous amène donc à proposer
à l'Etat Centrafricain des stratégies qui consistent
à :
· Former au niveau de chaque préfecture, sous
préfecture et voire même dans les communes; des cadres
compétents en matière agricole qui doivent à leur tour
montrer aux cultivateurs l'usage des techniques et outils agricoles rentables
moins pénibles pouvant favoriser le rendement agricole et le
développement des cultures pratiquées.
· Former les cultivateurs centrafricains sur les
précautions à prendre en vue de faire face aux risques naturels
ou d'éviter les dangers ou le aléas naturels qui peuvent
détruire leurs cultures.
· Instaurer dans le programme de l'enseignement primaire
et secondaire des notions sur la pratique des cultures modernes ; ceci
pourra aussi aider à l'avenir les jeunes qui n'ont pas l'aptitude de
pouvoir poursuivre leurs études jusqu'au bout afin de s'orienter vers
l'agriculture qui est aussi une véritable activité
économique dont ignore la plupart des centrafricains.
A côté de ces stratégies que nous venons
ici proposées, l'accent doit aussi être mis plus
particulièrement sur le renforcement des facteurs technologiques.
2.1.2.Le renforcement de l'usage des facteurs et
techniques modernes de production.
Les principales stratégies dont nous avons jugé
utiles et susceptibles de renforcer l'usage des facteurs et techniques modernes
de production dans l'agriculture centrafricaine peuvent être
formulées de la manière suivante :
· L'Etat Centrafricain doit orienter une partie de ses
dépenses publiques pour faciliter l'accès des cultivateurs
à l'usage des outils performants de production, et des fertilisants
agricoles appropriés. Pour ce fait, l'Etat doit mettre en place des
dispositions qui consistent à importer massivement les intrants
agricoles en vue de les revendre dans toutes les régions du pays
à des bas prix.
· Les cultivateurs centrafricains doivent être
aussi initiés à faire des cultures attelées en vue
notamment d'abandonner progressivement l'usage des outils manuels (houes
machettes, daba...) qui nécessitent un immense force de travail humain
avec des faibles rendements agricoles.
· Mise en place d'un système ou mécanisme
de conservation des produits agricoles en vue notamment de conserver aussi
longtemps les produits agricoles.
Les réformes ici proposées auront encore
davantage d'impacts positifs sur le système agricole lorsque le
système de culture lui aussi soit bien structuré.
2.2.Mesure d'adaptation pour le système de
culture.
Pour entrer dans le jeu concurrentiel des APE, le
système de culture centrafricain est astreint lui aussi à
plusieurs reformes dont les principales peuvent être formulée
suivant nos propositions ci après.
1) Au niveau des types de culture, le système de
culture centrafricain doit s'orienter vers l'agriculture extensive moderne et
intensive. Une agriculture est dite extensive moderne lorsqu'elle est
pratiquée sur une vaste étendue de territoire avec l'usage des
techniques moderne et l'emploi des mains d'oeuvre réduit ; tandis
qu'une agriculture intensive se caractérise par l'usage intensif des
fertilisants et des intrants qui peuvent susciter sur une petite étendue
cultivée un volume de production assez important et surtout de meilleure
qualité.
Pour être compétitif, la RCA doit donc adopter
ces deux formes de culture comme son nouveau système de culture.
2) Au niveau des productions agricoles, la RCA doit
diversifier ses productions et développer davantage des cultures dans
lesquelles elle détient des avantages comparatifs et compétitifs
sur les autres marchés (de la CEMAC, de la CEEAC, de l'UE ou des autres
régions du monde). Pour ce faire, le pays doit être
structuré et divisé, compte tenu des contraintes climatiques, en
zone agricole dans le cadre de la stratégie du pôle de
développement41(*)
afin notamment de développer dans chaque région, des types de
cultures basés sur une production agricole spécifique
cultivée et récoltée avec des techniques modernes de
manière à renforcer les arrières régions du
pays.
A titre d'exemple, la Lobaye peut se spécialiser dans
la production industrielle des bananes plantains ; le Kémo peut
exploiter et développer quant à lui la production des tomates,
des patates douces ; on peut aussi pratiquer dans la partie Est du pays la
culture du café et du coton. A l'Ouest le tabac etc.
Cette stratégie permettra certainement à la RCA
d'être en situation d'autosuffisance alimentaire et d'envisager aussi
l'exportation de l'excédent de sa production vers les marchés sur
lesquels elle détient des avantages compétitifs ou comparatifs
dans la situation d'insertion des APE dans son économie.
Le tableau ci-dessous va donc nous indiquer les
marchés sur lesquels la RCA a des avantages soit compétitifs ou
soit comparatifs concernant la vente de ses produits agricoles.
Tableau 36 : Les avantages des produits
agricoles centrafricains sur les marchés extérieurs
|
|
Avantages*
|
Libellé des produits
|
Marchés potentiels
|
Comparatifs
|
Compétitifs
|
Sucre
|
CEMAC, UE
|
X
|
|
Huile de palme
|
CEMAC, ASIE, UE
|
X
|
X
|
Légume
|
UE
|
|
X
|
Coton
|
UE
|
|
X
|
Cigarette
|
CEMAC, CEEAC
|
X
|
|
Jus de fruits
|
CEMAC, CEEAC
|
X
|
|
Fruits
|
CEMAC
|
X
|
|
Banane plantain
|
CEMAC, CEEAC
|
X
|
|
Banane desserts
|
UE
|
|
X
|
Céréales
|
CEMAC, ASIE
|
X
|
|
Haricot vert
|
CEMAC, CEEAC
|
X
|
|
Miel
|
ASIE, Afr. du Nord
|
|
X
|
Cire
|
CEMAC
|
X
|
|
Peau de bovin
|
CEMAC, Af. du Nord
|
X
|
X
|
Café
|
UE
|
|
X
|
|
Source : Nous même sur la base des informations
du ministère de commerce.
*pour faire véritable distinction entre les avantages
comparatifs et les avantages compétitifs, il est souhaitable de lire les
théories du commerce international.
Le tableau ci-dessus nous présente donc les avantages
que la RCA peut en avoir sur les différents marchés concernant la
vente de sa production agricole. Ainsi, la réussite de la politique ou
de la stratégie de diversification des productions agricoles par la
création des zones agricoles dans les différentes régions
du pays dans le contexte du pôle de développement constituera
ainsi un véritable point de départ de la
compétitivité des productions agricoles centrafricaines. Cette
politique ou stratégie doit nécessairement être
accompagnée simultanément par la mise en place des
infrastructures économiques de base devant favoriser le
désenclavement interne et externe du pays ; car l'enclavement du
pays constitue la principale contrainte de l'essor de son
économie ; cela constitue par ailleurs un véritable frein
à l'intégration régionale. Ainsi, pour faciliter le
transport et le transit (libre accès) des produits agricoles
centrafricains au marché intérieurs, régional et mondial,
nous proposons donc qu'un minimum de programme de désenclavement soit
entrepris, par exemple au plan extérieur, le corridor Bangui Douala soit
réhabilité et sécurisé ; au plan
intérieur, des investissements soient engagés afin de construire
des infrastructures permettant de connecter les principales zones de production
au corridor et aux principales zones de consommation du pays (
marchés locaux).
Ainsi, la mise en place de ces infrastructures de
désenclavement va favoriser en même temps la commercialisation des
produits agricoles centrafricains et l'approvisionnement des cultivateurs en
intrants agricoles. Ceci renforcera davantage la compétitivité du
système de culture centrafricain afin de résister et d'être
aussi compétitif pendant l'insertion des APE en RCA.
2.3.Mesure d'adaptation pour la
compétitivité des produits agricoles centrafricains
Pour que les produits agricoles centrafricains soient
adaptés à l'environnement concurrentiel des APE, des principales
reformes doivent être accomplies d'une part au niveau de la politique
économique et commerciales et d'autre part sur les possibilités
de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.
2.3.1 La réforme de la politique
économique et commerciale.
A titre de rappel, la politique économique et
commerciale centrafricaine est fondée depuis les années de
l'indépendance jusqu'à nos jours sur une politique principalement
de demande, caractérisée par l'importation de maximum des
produits essentiels dont la RCA peut elle-même en produire sur son
territoire mais qu'elle n'a pas pu faire et préfère en importer
de l'extérieur. Cette politique de demande doit donc se
réorienter vers une politique prioritairement d'offre qui consiste pour
la RCA à développer son secteur agroalimentaire par la
transformation de plus de 90% de ses productions agricoles en produits
manufacturés avant de les consommer localement et d'envisager leur
exportation.
Ainsi, les produits agricoles et l'agricultures
centrafricaine en générale seront d'autant plus
compétitifs lorsqu'ils intègrent totalement le secteur
agroalimentaire dans le cadre d'une politique d'offre par exemple, lorsque la
RCA envisage la production de l'huile raffinée à base de
l'arachide et de graine de coton en vue d'en exporter, cela aura
corrélativement un effet d'entraînement sur le
développement de ces cultures qui a pour corollaire la hausse de la
production nationale provoquant ainsi la baisse des prix de vente et augmentant
par cette occasion le surplus des consommateurs (et donc le bien être).
Si cette situation peut être étendue à tous les autres
produits agricoles, la RCA peut donc résister à la concurrence
des importations et peut envisager aussi la conquête des marchés
extérieurs.
En ce qui concerne le secteur d'élevage, la seule
possibilité du renforcement de la compétitivité de ce
secteur en situation d'insertion des APE dans l'économie centrafricain
consiste seulement à importer la technologie de production des poulets
de chaire ; ceci, en vue notamment de freiner l'importation des volailles
étrangères qui va constituer un véritable danger pour
l'élevage des petits bétails centrafricains. Ainsi, ce n'est
qu'au terme du renforcement des capacités productives de la RCA qu'elle
pourra envisager la signature des APE sous certaines conditions que nous allons
encore proposer.
2.3.2.Proposition des conditions relative à la
signature des APE par la RCA.
L'entrée en vigueur des APE en RCA doit être
faite sur certaines conditions qui seront imposées par la RCA à
l'UE en vue non seulement de sauvegarder son économie mais aussi d'en
tirer profit des quelques opportunités offertes par ces accords. Nous
avons donc formulé ces conditions de la manière
suivante :
· La RCA doit rester pour une période de cinq
années un pays observateur vis-à-vis des APE en vue de voir
les effets produits par ces derniers dans les autres pays (comme le Cameroun)
qui les ont signé.
· La RCA doit imposer l'exclusion de l'essentiel des
produits de son secteur manufacturier à la concurrence afin de
protéger ce secteur au moment de la signature des APE. Ces produits
seront donc perçus comme sensibles. En effet, la catégorie des
produits sensibles selon les APE ne doit pas faire l'objet de la
libéralisation. Pour rappel, la libéralisation dans le cadre des
APE est asymétrique c'est-à-dire que lorsque l'UE
libéralise 100% de ses échanges, les pays APE et donc la RCA, ne
vont que libéraliser 80% pour les leurs, et les 20% constitueront donc
la marge de protection pour les produits sensibles qui doivent être
déclarés par le pays en question.
· La RCA doit imposer la progressivité dans le
calendrier du démantèlement tarifaire ; c'est-à-dire
le démantèlement des droits de douane doit se faire de
manière progressive suivant le calendrier que nous proposons dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 37 : Proposition
du calendrier de démantèlement des droits de
douane.
Période de
démantèlement
|
2014-2017
|
2018-2021
|
2022-2025
|
2026-2030
|
Catégories des produits
|
· Intrants
· Demi produits (bien intermédiaire)
· Facteur de production
|
· Matière première
· Bien d'équipement
|
Bien de première nécessité
|
Produits de consommation finale
|
|
Tarifs douanier
|
25,65% et 54,75%
|
13,5% et 43%
|
8,4% et 37,54%
|
37,9% et 66,59%
|
Source : Nous même
· Enfin, comme mesure d'accompagnement, la RCA doit
aussi imposer l'annulation totale de ses dettes bi et multilatérale
vis-à-vis de l'Union Européenne par un mécanisme
approprié du genre de PPTE (pays pauvre très endettés).
Les ressources de ces dettes annulées doivent être investis dans
des secteurs clés de l'économie (par exemple le renforcement des
capacités de l'énergie. En effet, l'énergie est un
facteur essentiel de la production ; mais force est de constater que le
secteur énergétique centrafricain est en crise depuis plus d'une
décennie. Sa production énergétique est nettement en
retrait par rapport à la demande de l'économie et des entreprises
en particulier. Cette situation constitue une contrainte majeure pour la
politique de transformation des produits agricoles. Le secteur de
l'énergie électrique accuse une déficiente chronique en
ouvrage de production (électrique) énergétique. Ainsi,
avec l'annulation des dettes centrafricaines, la RCA peut développer ce
secteur qui pourra stimuler davantage les unités de production locales.
Au terme de notre analyse en ce qui concerne les perspectives
de mise en oeuvre des APE et l'évaluation de leurs impacts sur le
système agricole centrafricain, il ressort que l'introduction de ces
accords dans l'économie centrafricaine aura des impacts positifs sur le
système de production mais négatifs simultanément sur la
culture vivrière, le petit élevage et sur le secteur
agroalimentaire.
Pour minimiser ces effets négatifs en vue de maximiser
leurs impacts positifs sur l'économie centrafricaine, nous avons ainsi
proposé plusieurs mesures d'adaptation respectivement pour le
système de production, le système de culture ainsi que pour la
compétitivité des produits agricoles.
Ainsi, si ces mesures seront respectées les APE seront
un levier pour l'économie centrafricaine au lieu d'être un goulot
d'étranglement.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre analyse en ce qui concerne
l'évaluation des impacts des accords de partenariat économique
sur le système agricole centrafricain; à titre de rappel, pour
réaliser cette analyse, nous avions premièrement fait un
diagnostic général du système agricole centrafricain en
vue notamment de voir son degré de compétitivité. Puis
nous avions fait une analyse générale des effets des APE en vue
aussi de voir leurs impacts sur ce système agricole.
Les résultats du diagnostic nous révèlent
que, le système agricole centrafricain n'est pas un système
compétitif. Cette faiblesse de la compétitivité s'explique
d'une part par la prédominance de l'usage des outils de production
traditionnels, rudimentaires et archaïques tels que : houes,
machettes, daba... au niveau du système de production, et d'autre part,
cela s'explique par la non diversification des productions agricoles et l'usage
insuffisant des fertilisants au niveau du système de culture.
Globalement, l'insertion de la réciprocité dans
les échanges centrafricains favorisera le système de production
agricole (c'est-à-dire il y aura amélioration des outils, des
moyens de production, des intrants agricoles à cause de la chute de
leurs valeurs suite au démantèlement tarifaire), mais cette
réciprocité constitue aussi un véritable danger pour les
cultures de rente ainsi que pour le secteur agroalimentaire. Dans le secteur
agroalimentaire par exemple, plusieurs unités de productions seront en
perte de vitesse dans un espace de long terme. Leurs chiffres d'affaire
passeront avec les APE de 25612,9 millions de FCFA à 9655,26 millions de
FCFA, soit une baisse globale de 62,30% provoquant ainsi la perte d'emploi pour
949 personnes soit une réduction de 83,3% des effectifs des
employés de ce secteur.
Pour minimiser les effets négatifs des APE en vue de
maximiser leurs impacts positifs sur le système agricole centrafricain,
nous avons donc proposé au terme de notre analyse plusieurs mesures
d'adaptation au système agricole centrafricain. Ces mesures ont
été formulées de la manière suivante :
· Renforcer le système de production agricole par
la formation du capital humain et l'usage des facteurs de production
modernes ;
· Orienter le système de culture centrafricain
sur l'agriculture intensive et extensive moderne en vue de maximiser les
rendements agricoles;
· Diversifier la production agricole
centrafricaine en vue d'augmenter le nombre des produits d'exportations
agricoles et d'envisager aussi leurs diversifications.
· Réorienter la politique économique et
commerciale centrafricaine sur une politique prioritairement d'offre et non de
demande.
La concrétisation de ces mesures que nous venons ici de
proposer pour le renforcement de la compétitivité du
système agricole centrafricain permettra à la République
Centrafricaine de pouvoir inverser les tendances négatives des APE en
vue de maximiser leurs effets positifs sur son système
économique.
BIBLIOGRAPHIE
· AHO .G. « Pour une
stratégie de croissance pro pauvre et au service du développement
humain en République Centrafricaine ». PNUD Bangui.2006.
· Malo D. Accords de Partenariat
Economique. Cours d'économie sous régionale Licence.2007
· Malo. D. Partenaires
inégaux « document d'information oxfam » cours
d'économie sous régionale Licence 2007.
· Malo. D. Survol Cotonou. cours
d'économie sous régionale Licence 2007
· Monkam et al. projet # 083
Centrafrique. étude d'impacts des APE. Ministère du commerce.
Avril 2005.
· CEMAC. Séminaire
régional de sensibilisation des parlementaires de l'Afrique Centrale sur
les APE. (du14 au 16 Janvier 2009)
· BEAC. Note de conjoncture sur
l'économie centrafricaine. 2008.
· Ministère du Plan.
Système de culture et de production : rapport annuel 1998.
· Ministère du Plan. Le
Stabex : produits de bases centrafricain couverts par le
système.1995
· Ministère du Plan.
Revue des projets du secteur agricole. 1999
· Mbétid E. Introduction
à l'économie rural. cours de maîtrise en science
économique.
· Ministère de
l'Agriculture. comment développer la production
alimentaire. Revue 2000
· Ministère de
l'Agriculture. Vers une stratégie de développement
agricole. Revue. 2000.
· Ministère de
l'agriculture. Document de travail : relance de l'agriculture
centrafricaine 2003.
· Marchés tropicaux et
méditerranéens. APE : l'UE met la pression.
revue. mai 2007.
· GEMDEV. La convention de
Lomé en question. Les relations entre les pays ACP et l'UE après
l'an 2000. éd. Karthala 2002.
· GEMDEV. L'Union
Européenne et les pays ACP. Un espace de coopération à
construire. Ed. Karthala. Paris 2002.
· Commission Européenne.
Accord de partenariat ACP-CE signé à Cotonou le 23 juin 2000.
éd. Bruxelles .collection (Documentation européenne).
· Alain Bétoine.
Dictionnaire des sciences économiques. Collection Armant Colin.
· Commission Européenne.
La négociation des APE. Revue économique.
TABLE DES MATIERES
Sommaire
|
I
|
Dédicace
|
II
|
Remerciement
|
III
|
Sigles et abréviations
|
IV
|
Listes des tableaux et figures
|
V
|
Résumé
|
VI
|
Introduction générale
|
1
|
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DES ACCORDS DE
PARTENARIAT ECONOMIQUE
|
7
|
Introduction
|
8
|
Section 1 : Les fondements historiques des
Accords de Partenariat Economique
|
9
|
1.1. Les premiers accords de partenariat entre l'UE et les
pays ACP
|
9
|
1.1.1. Les conventions de Yaoundé
|
9
|
1.1.2. Les conventions de Lomé.
|
10
|
1.1. Bilan des premiers accords de partenariat entre ACP et
L'UE
1. Le partenariat ACP-UE un modèle de
coopération Nord/Sud
2. Quelques succès individuels réalisés
par certains pays ACP
3. Les résultats décevants des accords de
partenariat ACP-UE
|
13
13
13
14
|
Section 2 : Les nouvelles relations de
partenariat entre les pays ACP et l'UE
|
17
|
2.1. L'accord de Cotonou
|
17
|
2.1.1. les principaux éléments de l'accord de
Cotonou
|
18
|
2.2. les Accords de Partenariat Economique (APE)
|
19
|
2.2.1. APE : ses principes et caractéristiques
|
19
|
2.2.2. les négociations des Accords de Partenariat
Economique
|
22
|
2.2.3. Une nouvelle approche de la coopération
commerciale
|
23
|
2.2.4. APE et Agriculture des pays ACP
|
25
|
Conclusion partielle
|
30
|
CHAPITRE II : LE SYSTEME AGRICOLE
CENTRAFRICAIN
|
31
|
Introduction
|
32
|
Section I : Le système de production
agricole centrafricain
|
33
|
1.1. Les principaux moyens de production agricole
|
35
|
1.2. Les technologies agricoles centrafricaines
|
36
|
1.3. Les intrants agricoles
|
37
|
Section II : Le système de culture
centrafricaine
|
40
|
2.1. Identification des cultures pratiquées
|
40
|
2.1.1. Les types de cultures
|
40
|
2.1.1.1. Les cultures vivrières
|
40
|
2.1.1.2. Les cultures de rente ou d'exportation
|
43
|
2.2. Analyse des opportunités et contraintes du
système de culture
|
44
|
2.2.1. Les opportunités
|
44
|
2.2.2. les contraintes
|
45
|
Section III : compétitivité des
produits agricoles d'exportation
|
46
|
3.1. Evolution des exportations des produits agricoles
centrafricains
|
46
|
3.2. présentation des marges
préférentielles des produits agricoles centrafricains
3.2.1. Direction des exportations des produits agricoles
centrafricains
3.2.2. Analyse des marges préférentielles des
produits agricoles centrafricains
|
50
50
51
|
3.3. Analyse la compétitivité des produits
agricoles centrafricains
|
53
|
Conclusion partielle
|
55
|
CHAPITRE III : perspectives de mise en oeuvre des
APE et impacts sur le système agricole centrafricain
|
56
|
Introduction
|
57
|
Section I : Evaluation des impacts des APE sue le
système agricole
|
58
|
1.1. impacts des APE sur le système de production
|
58
|
1.2. impacts des APE sur le système de culture
|
60
|
1.2.1. impacts sur l'agriculture vivrière
|
60
|
1.2.2. impacts sur la culture de rente
|
61
|
1.2.3. impacts sur l'élevage
|
62
|
1.3. impacts sur la compétitivité des
produits agricoles
|
64
|
1.3.1. impacts sur le sucre
|
65
|
1.3.2. impacts sur l'huile de palme
|
65
|
1.3.3. impacts sur le café moulu.
|
67
|
1.3.4. impacts sur la boisson (brasserie Mocaf)
|
67
|
1.3.5. incidence des APE sur les prix des produits
alimentaires
|
71
|
Conclusion partielle
|
76
|
Section II : Proposition des mesures d'adaptation
au système agricole
|
77
|
2.1. mesures d'adaptation au système de production
|
77
|
2.1.1. renforcement du capital humain
|
77
|
2.1.2. renforcement de l'usage des outils et technologies
modernes
|
78
|
2.2. mesures d'adaptation au système de culture
|
79
|
2.2.1. pratique des cultures intensives et extensives
modernes
|
80
|
2.2.2. diversification des produits agricoles d'exportation
|
80
|
2.3. mesures d'adaptation pour la compétitivité
des produits agricoles
|
81
|
2.3.1. reforme de la politique économique et
commerciale
|
81
|
2.3.2. proposition des conditions relatives à la
signature des APE
|
82
|
Conclusion partielle
|
83
|
Conclusion générale
|
84
|
Bibliographie
|
86
|
Table des matières
|
90
|
* 1 Pour la suite de notre
analyse, nous utiliserons ACP et UE pour désigner respectivement Afrique
Caraïbe Pacifique et Union Européenne.
* 2 Marchés tropicaux
et méditerranés mai 2007. Page 3.
* 3 Cours d'économie
sous régionale du Dr D. Malo : fiche de lecture licence et
maîtrise 2007.
* 4 Monkan et al.
Ministère du plan avril 2005. Projet # 083 pages 56.
* 5 Ancien président
français. Dans traité de Rome. Discours sur les pays
colonisés.
* 6 Marchés tropicaux et
méditerranéen Mai 2007 : l'Union Européenne met la
pression, page 4.
* 7 Commission
européenne. Négociation des APE. Avril 2005. Pages 24.
* 8 Marchés tropicaux et
méditerranées mai 2007. Pages 5.
* 9 Commission
Européenne. Accord ACP-CE signé à Cotonou le 23 juin 2000.
Pages 67.
* 10 Union Economique et
Monétaire Ouest Africain. Communauté Economique Des Etats de
l'Afrique Occidentale
* 11 Revue : la
négociation des accords de partenariat économique. Commission
Européenne.2007 page 14.
* 12 Marchés tropicaux
et méditerranéens. Mai 2007 : l'Union Européenne met
la pression.
* 13 Introduction au cours
d'économie rurale du Dr E. Mbétid. Maîtrise en science
économie.
* 14 Monkan et al.
Ministère du commerce. Projet #083. 2005. pages 56.
* 15 Idem. Pages 58.
* 16 Document
élaboré dans le cadre de la préparation de la mission FMI
de février 2005 (élaboré par le ministère de
l'agriculture et de l'élevage). Pages 12.
* 17 Note d'information sur le
secteur forêt dans le cadre de la préparation de la mission FMI de
février 2005. (Ministère des eaux, forêts et
pêche).
* 18 Ministère du
commerce. Projet # 083. Avril 2005. Pages 46.
* 19 Aho. G. croissance pro
pauvre. PNUD 2005. Pages 99.
* 20 Rapport sur l'agriculture
dans la sous région de la CEDEAO. Pages 18. Étude
réalisée par FIDA. mai 2004.
* 21 Aho. G. croissance pro
pauvre. PNUD 2005. La faiblesse de l'agriculture centrafricaine. Pages 98.
* 22 Dans le contexte
centrafricain, les principales composantes du système de production
sont : moyens de production outils agricoles, technologies et intrants
utilisés.
* 23 cf. cours
d'économie rurale E. Bétid. Maîtrise en science
économie. Premier chapitre du cours.
* 24 Ministère de
l'agriculture. Rapport annuel sur l'agriculture. 2005. pages 12.
* 25 Note de conjoncture de
l'économie centrafricaine de juin 2008. BEAC. Pages 18.
* 26 La répartition de
ces zones a été faite par le ministère de l'agriculture
compte tenu des variations du climat. Pour plus de détails, lire le
rapport du projet # 083 réalisé par Monkan et al. Avril 2005.
Pages 56.
* 27 Banque des Etats de
l'Afrique Centrale (BEAC). Note de conjoncture. Mai 2008. Page 10.
* 28 La superficie du
territoire est de 623000 km2 pour une population de 4.000.000 d'habitants soit
une densité de 6,42 hbt/km2.
* 29 Projet # 083. Monkan et
al. 2005. pages 59.
* 30 BEAC. Note de conjoncture
octobre 2008 pages 15.
* 31 Les données
récentes en ce qui concerne la compagne 2007-2008 ne sont pas encore
disponibles au niveau de la documentation de la BEAC qui donne des informations
semestrielles sur les différents secteurs de l'économie
centrafricaine.
* 32 Lire le deuxième
chapitre pour plus de détails.
* 33 Lire le premier chapitre
pour voir les ressources de Stabex transférées en RCA à
titre compensatoire.
* 34 BEAC. Note de conjoncture
octobre 2008. Pages 16.
* 35 Introduction à
l'économie rurale. Maîtrise en science économique E.
Betid.
* 36 Parmi les produits
vivriers, le riz connaîtra une concurrence avec le riz importé.
* 37 La même analyse
peut se faire pour les activités halieutiques (pêches). En effet,
la baisse du prix des poissons importés (chinchards) en situation du
démantèlement des droits de douane provoquera une baisse des
activités des pêcheurs centrafricains. Comme nous n'avons pas eu
des données disponibles sur la situation des activités
halieutiques, nous ne pouvons donc pas faire une analyse scientifique des
impacts sur ce secteur.
* 38 BEAC. Note de
conjoncture du mai 2008. Pages 14.
* 39 Ministère de
l'agriculture.
* 40 Le capital humain
désigne le stock de connaissance et savoir valorisables
économiquement incorporés aux individus. Ce sont des
qualifications. Pour plus de détails, lire le cours de croissance
économique de licence du Dr A. Mazido.
* 41 le pôle de
développement est la nouvelle stratégie de développement
initiée par l'Union Européenne qui consiste à créer
dans chaque région d'un pays donné des unités de
production devant stimuler toutes les activités économiques de la
région. Pour plus de détails, lire le cours de planification et
aménagement du territoire de maîtrise en science économie
du Dr D. Malo
|