Impact du crédit sur la population rurale au Rwanda( Télécharger le fichier original )par Jean Bosco HARELIMANA Université libre de Kigali - Licence 2005 |
CHAPITRE 1. CONSIDERATIONS THEORIQUES1.1 LE CRÉDITLes auteurs classiques considèrent le crédit comme une charge pour les générations futures. Ils disent que lorsque l'État contracte le crédit, la génération présente l'utilise pour financer ses dépenses et par après ce sont les générations futures qui prennent la charge de rembourser le crédit16(*). Il revient à dire que pour eux, il ne faut pas contracter le crédit, il faut toujours utiliser ses propres fonds. Il faut éviter le crédit pour ne pas créer les problèmes dans l'avenir. Les auteurs modernes quant à eux, interprètent différemment le poids des crédits que les classiques. Ils sont pour le crédit. Ils disent que le prêt est un placement, une source de revenu pour prêteur. Ils ajoutent que l'emprunt, une fois reçu et employé pour financer un projet d'investissement rentable , permet de rembourser le crédit contracté et rapporte aussi un projet à l`emprunteur17(*). L'emprunt bien utilisé n'est pas donc une charge pour les générations futures parce qu'il est remboursé par la génération présente grâce aux projets réalisés. L'emprunt est alors à la fois bénéfique à l'emprunteur, car il reçoit un profit après son investissement, et au prêteur parce qu'il reçoit des intérêts lors du remboursement du crédit. 1.1.1. Définitions et classifications du crédit1.1.1.1. DéfinitionsLe mot crédit vient du verbe latin « Credere » qui signifie « croire », « se fier à ». La notion de crédit a été dominée par l'idée contenue dans le mot « creditum » qui a le sens de croyance, de confiance. C'est de ce sens qu'on a tiré les termes « crédit » et « créance »18(*). Le crédit sera défini différemment selon qu'on se le place au point de vue du créditeur ou du débiteur. - Pour le créditeur ; c'est la mise en valeur d'une épargne non utilisée à des fins d'investissements propres et disponibles pour une période plus ou moins longue. - Pour le débiteur, c'est essentiellement un gain de temps. C'est la possibilité des jouissances immédiates d'un bien dont le coût est différé. Le taux d'intérêt constitue alors le coût du temps gagné. C'est le gain de temps qui est primordial puisque sans crédit, il faut se résigner à attendre que l'épargne accumulée permette l'investissement durable. Au sens de la clientèle, le crédit bancaire est l'assurance contractuelle donnée par la banque à son client qu'elle lui offrira jusqu'à une certaine limite et à certaines conditions, la possibilité d'utiliser ce crédit soit directement par le jeu d'un compte, soit indirectement sous forme de prêts de signature19(*). Au sens comptable, le crédit est l'échange de deux biens actuels, à savoir : argent contre créance20(*). Au sens large, le crédit est l'opération par laquelle on acquiert la maîtrise immédiate des ressources en échange d'une promesse de remboursement future, moyennant un paiement d'un intérêt rémunérant le prêteur. Au cours d'une conférence tenue en 1948 à l'intention des élèves du centre d'Etudes Supérieurs de banque, Emmanuel SEZE disait que lorsqu'on demande à un candidat ce que s'est le crédit, voici à peu près ce qu'il répondait: « dans le monde moderne, le crédit est une force incomparable, c'est le levier essentiel des affaires ; sans lui, les entreprises se traîneraient misérablement, incapables de se développer ; avec lui les possibilités de la production et des échanges deviennent infinies, c'est le principal facteur du progrès de l'humanité21(*) ».
Georges PETIT DUTAILLIS22(*), donne au crédit la définition suivante : Faire un crédit c'est faire confiance ; c'est donner librement la disposition effective et immédiate d'un bien réel ou d'un pouvoir d'achat, contre la promesse que le même bien ou un bien équivalent, vous sera restituée dans un certain délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu et du danger couru, danger de perte partielle ou totale que comporte la nature même de ce service23(*) . Jacques FERRONNERE quant à lui, dit que le banquier appelle les opérations de crédit, toute opération par laquelle faisant confiance à son client, il accorde à celui-ci le concours de ses capitaux ou de sa garantie24(*) . Il est généralement défini comme étant : « Une opération par laquelle une personne physique ou morale, appelée prêteur, met à la disposition d'une autre personne appelée emprunteur, une somme d'argent contre une promesse de rembourser et moyennant le paiement d'intérêts».25(*) Généralement le donneur de crédit demande la couverture au moins partielle de l'opération, sous forme de garantie (gage, caution, hypothèque). Cette garantie ne modifie cependant pas le fondement véritable de l'opération qui reste essentiellement basée sur l'honnêteté et la capacité du bénéficiaire. Il arrive d'ailleurs que des crédits soient donnés à découvert, c'est à dire sans qu'une garantie additionnelle ait été fournie par le demandeur de crédit. Des différentes définitions du crédit, se dégagent trois éléments essentiels qui constituent son support. Le temps La confiance La promesse de rembourser Ces éléments se combinent pour engendrer le crédit. Le domaine du crédit est extrêmement vaste : il s'étale dans le temps, s'étend à toute sorte d'activités, répond à de multiples besoins économiques. Les crédits sont nécessaires au fonctionnement de l'économie. Ils permettent aux entreprises d'investir, d'embaucher, de produire, d'exporter en anticipant sur les recettes à venir. Les crédits aux particuliers sont déterminants pour soutenir la consommation et donc le bien être et la vie économique du pays. Quant aux concours financiers que la banque apporte aux pouvoirs publics, ils leur permettent de réaliser des investissements au profit de la collectivité. En définitive, grâce au crédit, l'investissement est immédiatement réalisable et l'accroissement de production qu'en résulte permet le remboursement de la dette et parfois la réalisation d'un bénéficiaire. * 16 GAGNON,J.M.,Traité de gestion financière,2éme édition,édition Eska,Paris,1981, p.54 * 17 Idem, p.63 * 18 BERNARD Yves et Al, Dictionnaire économique financier, 6e édition., édition. Seuil, Paris,1996 * 19 www.world bank.org,p. 2-3 * 20 Idem,p.3 * 21 SEZE. E., Introduction a l'économie de développement, Arnauld Colin, Editeur, Paris 1989,p.13 * 22 PETIT DUTAILLIS, Le crédit et les Banques, l'économique No16,edition Sirey, Paris,1964, p.42 * 23 BOUDINOT A., Technique et pratique Bancaire, édition Sirey, Paris,1978,p.239 * 24 FERRONNERE J., dossier 4, le crédit, BAD-FAD/Programme Amina ,p.1 * 25 Idem,p.24 |
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