Chapitre 1. Introduction
1.1. Problématique
Le soja est une légumineuse alimentaire qui offre de
nombreux avantages tant agronomiques que nutritionnels. Il est de ce fait,
parfois considéré comme une plante miracle (Lof et al., 1990). En
effet, le soja est actuellement la source la plus importante d'huile
végétale dans le monde (Javaheri et Baudoin, 2001 ; Giller et
Dashiell, 2007) et la plus excellente source de protéines pour
l'alimentation humaine et animale (Mandimba, 1997 ; Javeheri et Baudoin, 2001).
Le soja est aussi utilisé en médecine pour la production
d'hormone et de produits pharmaceutiques, en agriculture comme engrais vert et
en industrie dans le tannage, la production d'insecticide et de colle pour
contreplaqué.
Les avantages associés à la promotion de la
filière soja ne se limitent donc pas au seul gain financier des
producteurs. Par son effet d'entraînement sur les différents
secteurs de l'économie, elle apparaît plutôt
bénéfique à l'ensemble de la société.
En outre la tendance à la stagnation et la baisse de la
production de coton observée ces trois dernières années au
Bénin (filière occupant une place incontournable dans
l'économie béninoise) avec une chute sans précédent
de la production nationale de coton graine de 427150 tonnes pour la campagne
2004-2005 à 190-840 tonnes pour la campagne 2005- 2006 (soit une baisse
de -55%) et à 268650 pour la campagne 2007-2008 alors que
parallèlement, les besoins des usines d'égrenage existantes en
coton graine sont de 600 000 tonnes (Matchoudo, 2008) sont autant d'atouts
importants pour la montée galopante d'une culture alternative comme
soja.
En dépit de toutes ces potentialités, la
production du soja au Bénin a du mal à s'imposer. En effet, selon
les statistiques agricoles des dix dernières années (MAEP, 2007),
son rendement moyen tourne autour de 500kg/ha. Ces niveaux de rendement obtenus
sont très inférieurs au rendement potentiel de 3t/ha pour les
variétés de soja recommandées (INRAB, 1993 ; Giller et
Dashiell, 2007). Cette remarque générale de réductions
importantes des rendements agricoles observées dans la plupart des pays
en voie de développement est notamment due à la baisse de la
fertilité des sols, aux changements climatiques et aux
phénomènes d'érosion (FAO, 2004).
Par ailleurs, les études précédentes ont
révélé que, en dépit de la faible fertilité
des sols dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, les
éléments nutritifs exportés ne sont pas remplacés
dans la plupart des cas de façon adéquate (FAO, 1999). Cette
situation entraîne ainsi la déficience drastique en azote,
phosphore et potassium, limitant de manière inquiétante
le rendement des cultures (Javaheri et Baudoin ,2001 ;
Houngnandan et al., 2001). Or d'une manière générale, la
déficience du phosphore induit un stress abiotique majeur qui limite la
croissance et la productivité des plantes dans le monde (Li et al.,
2005; Hai et al., 2007). Au niveau du soja, le développement des
nodules, la croissance de la plante et sa capacité de fixation de
l'azote atmosphérique sont largement influencés par la
disponibilité en phosphore assimilable (Gan et al., 2002 ; Miao et al.,
2007 ;Giller et Dashiell, 2007 ). Toutefois, même si la plante
répond bien à l'apport de P, les doses efficientes varient selon
les auteurs. Ces doses optimales très variables suivant les zones
d'étude s'avèrent indispensables au Bénin pour la relance
et la dynamisation effective de la filière soja.
Aussi, l'apport de souches efficientes de bactéries
symbiotiques sous forme d'inoculum lors de la production du soja au
Bénin serait une alternative capitale et souhaitable pour
l'amélioration de sa production. Des résultats probants ont
été notés par Mandimba (1997) à la suite des essais
d'inoculation des semences de soja. Mais, ils viennent en opposition à
ceux trouvés au Nigéria et en Zambie sur une lignée de
soja non inoculée et tardive (Giller et Dashiel, 2007; Javaheri et
Baudoin, 2001). Ces résultats, également spécifiques
suivant les différentes zones et les conditions expérimentales
d'étude, relèvent de l'utilité et de la
nécessité de la présente étude qui s'est
étendue en milieu paysan.
Quelle est la dose de P nécessaire à une
croissance optimale et à l'expression du potentiel de production du soja
? L'efficience de l'inoculation sur la nodulation, la fixation de l'azote
atmosphérique et le rendement du soja sera-t-elle aussi observée
? Quel sera en outre l'effet de l'interaction des deux facteurs (inoculation et
phosphore) sur le rendement ? Quelle sera l'efficience des traitements
transférés en champs paysans? Comment cette recherche estelle
perçue par les producteurs retenus ? Telles sont les interrogations
auxquelles la présente recherche est appelée à
répondre.
La levée de ces contraintes clés
définissant les paramètres de production du soja contribuerait
à garantir la souveraineté alimentaire des ménages,
à promouvoir la culture du soja et accompagner ainsi le processus de
diversification agricole au Bénin, gage d'une agriculture durable et
prospère.
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