INTRODUCTION GENERALE
La microfinance a débuté sous la forme d'un
mouvement philanthropique à échelle réduite pour fournir
des prêts aux plus démunis.
En Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich Wilhelm
Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première société
coopérative d'épargne et de crédit, une institution qui
offre des services d'épargne aux populations ouvrières pauvres et
exclues des banques classiques. L'épargne collectée permet de
consentir des crédits à d'autres clients. Ces organismes sont
dits mutualistes car elles mutualisent l'épargne de leurs membres pour
le prêter à d'autres membres. Les organismes et institutions qui
se développent sur cette base en Europe et en Amérique du Nord,
puis, après la Seconde Guerre mondiale dans les pays du Sud, notamment
en Afrique se focalisent sur l'épargne et offrent peu des services de
crédit1(*).
Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad
Yunus développe le microcrédit au Bangladesh et ouvre la voie
à de nombreuses autres expériences menées dans le monde
entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des
moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour gérer le
risque associé, c'est-à-dire les services financiers normaux qui
sont proposées aux catégories plus riches2(*).
Le succès de la Grameen Bank a connu un écho
dans le monde entier, dans la pratique, il s'est avéré difficile
de recopier cette expérience. Dans les pays où les
densités de population sont plus faibles, il est beaucoup plus
problématique de réunir les conditions de rentabilité pour
créer des services et commerces de proximité. Il n'empêche
que la Grameen a démontré que non seulement les pauvres
remboursent leurs crédits, mais qu'ils peuvent payer des
intérêts élevés et que l'institution peut donc
couvrir ses propres coûts3(*).
A la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
microcrédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais
sans subvention4(*).
Le microcrédit, défini comme «l'ensemble
des dispositifs qui permettent d'offrir de très petits crédit
à des familles très pauvres, pour les aider à mener une
activité productrice ou encore génératrice de revenus,
afin d'améliorer leurs conditions de vie5(*)» a connu un succès incontestable dans le
monde à travers les résultats qu'il a affichés dans le
cadre des programmes de réduction de la pauvreté.
Beaucoup de progrès ont été
effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été
résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins
de 655f par jour, spécialement dans les zones rurales, ne
bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier
classique. Les besoins des populations sont en perpétuelle
évolution, ils se diversifient et deviennent de plus en plus complexes
entrainant la recherche de solutions adaptées.
Le microcrédit évolue à son tour et
propose d'autre produits et services financiers et se transforme en
microfinance.
On peut définir la microfinance comme l'ensemble des
services qui sont proposés à des individus qui n'ont pas
accès aux institutions financières classiques.
Par extension le terme «microfinance» désigne
l'ensemble des activités mises en oeuvre pour apporter ces
services6(*).
Depuis quelques années, la microfinance a connu une
croissance énorme et s'est établie comme l'un des principaux
fournisseurs d'une gamme étendue de services financiers comme
l'épargne ou le microcrédit pour des millions de personnes tout
autour du monde.
L'analyse des pratiques des anciennes sociétés
d'Afrique et d'Asie montre que la micro finance faisait partie de leurs
quotidiens à travers les pratiques de tontines et autres. Ces pratiques
traditionnelles avaient cours légal en Afrique jusqu'au lendemain de
l'échec des banques commerciales nationales et des banques de
développement vers les années 70. Le Sénégal
à l'instar des autres pays de l'Afrique a connu une éclosion des
initiatives de création des mutuelles d'épargne et de
crédit sous diverses formes pour répondre au mieux aux multiples
besoins des populations défavorisées.
Dans l'Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), La microfinance a connu un développement
particulier.
Le mouvement s'est amorcé à partir de la crise
bancaire des années 1980 en prenant appui sur une tradition
séculaire de finance informelle. En effet, pour permettre à une
frange importante de la population, qui se retrouvait en marge du
système bancaire classique, d'accéder à des services
financiers, la BCEAO a décidée de promouvoir des nouveaux
intermédiaires financiers dont les systèmes financiers
décentralisés (SFD) ou institutions de microfinance (IMF). Ces
structures apparaissent aujourd'hui comme des vecteurs efficaces indispensables
pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion financière. Ce
faisant, elles constituent des outils de transformation économique
fournissant aux agents économiques cibles des services financiers
durables, capables de soutenir leurs activités économiques et
leur processus d'accumulation7(*).
Au Sénégal on assiste à une
évolution de même envergure. Le Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) ont connu leur réelle expansion dans
les années 90. Il s'agissait alors de trouver une solution pour
faciliter l'accès au crédit des couches
défavorisées voire très défavorisées.
En effet, la majeure partie de la population est exclue des
circuits bancaires classiques à cause des conditions de crédit
souvent très lourdes. Dans un tel contexte, les SFD constituaient un
espoir pour ces exclus des banques. Au fil des années, les caisses
mutualistes se sont multipliées dans le pays autant en milieu rural
qu'urbain.
L'évolution de Systèmes Financiers
Décentralisé (SFD) au Sénégal est marquée
par deux périodes8(*):
· une première période
caractérisée par l'émergence du système et
la mise en place du cadre juridique régissant les institutions.
Elle se situe entre 1993-1997
Au cours de cette période il a été
adopté un dispositif transitoire relatif à l'organisation, aux
conditions d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes
d'épargne et de crédit (Arrêté n°1702 du
23/02/1993).
Si ce texte a pu favoriser l'agrément de 120
institutions, il n'avait prévu aucune disposition sur la reconnaissance
des groupements d'épargne et de crédit.
En outre, il ne
comportait aucune règle particulière sûr, les infractions
et les sanctions; les organes de gestion et de contrôle; les normes de
gestion financière. Ces limites peuvent se justifier en raison du
caractère transitoire même du texte.
· une deuxième période de
consolidation qui a débuté avec le regroupement
de certaines structures en vue de se doter d'institutions
faîtières (unions, fédérations,
confédération).
Cette période est caractérisée par le
renforcement de certaines structures, le regroupement significatif de certaines
institutions en réseaux; et le développement à large
échelle du système.
L'expansion du système s'est traduite par:
· L'augmentation du nombre des structures qui passe de
120 en 1997 à 833 en fin décembre 2005.9(*)
· La mobilisation d'un montant de 34,909 milliards de
francs CFA de dépôt et distribué 33,312 milliards FCFA de
crédit en fin 2003 par ces SFD qui comptent 442 650 membres.10(*)
Le développement de la microfinance a permis de mettre
au point des produits financiers adaptés aux personnes exclues des
services bancaires classiques.
Des organisations spécialisées dans la mise en
place de ces services ont été créées comme
indiqué ci-dessus dans la zone UEMOA: les institutions de microfinance
(IMF). Ces dernières ont adapté avec succès des produits
simples, assez standard, d'épargne et de crédit. L'arrivé
à maturité du secteur et la volonté de fidéliser
des clients souvent plus exigeants poussent aujourd'hui les IMF à
innover davantage et à diversifier leurs services (assurance, transfert
de fonds, etc.). L'innovation, la diversification de ces services pour la
fidélisation des clients et la mise au point des produits financiers
adaptés aux personnes exclues des services bancaire classiques demande
des financements pouvant mieux répondre à ces contraintes.
Ainsi, le présent travail traitant de l'analyse des
sources de financement des institutions de microfinance (IMF) se compose de
trois parties.
La première partie présente l'approche
théorique et méthodologique qui a été
adoptée. Elle présente la problématique, fait ressortir
les points que nous cherchons à développer et indique la
façon dont nous comptons procéder.
Elle présente également l'intérêt
du sujet et les écrits qui ont traité cette problématique
précédemment.
La deuxième partie traite des sources de financement
des IMF. Elle présente les principaux acteurs de financement des IMF
ainsi que les différents types de financements, tout en évoquant
les avantages et inconvénients de chaque type de financement. Elle
présente également l'importance de chaque source de financement
pour les IMF.
La troisième partie expose sur l'analyse des sources de
financement des IMF cas du crédit mutuel du Sénégal (CMS).
Dans cette partie nous présentons le CMS en premier temps ensuite nous
analysons ses sources de financement.
Première partie : CADRES THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
Chapitre I- LE CADRE THEORIQUE
Section 1- la problématique
Les institutions de microfinance (IMF) offrent des services
financiers, y compris de très petits prêts, aux pauvres afin
qu'ils puissent développer leurs petites activités de commerce et
entreprises.
On peut admettre aujourd'hui qu'elles sont des outils
financiers qui participent à la réduction de la pauvreté,
et qu'elles sont par excellence, «les banques de pauvres». Toutefois,
la majeure partie des IMF, bien que voulant contribuer à la lutte contre
la pauvreté, n'ont pas les moyens nécessaires pour supporter les
coûts induits par l'offre de services financiers destinés aux
populations les plus démunies.
La microfinance est au coeur de l'actualité
financière dans la sous région. Pendant plus de vingt ans, des
sommes importantes ont été injectées dans le secteur
favorisant ainsi son développement plus rapidement que prévu.
Au niveau mondial, d'après le point de vu publié
par le CGAP intitulé «Water, water everywhere but not a drop to
drink»11(*) (de
l'eau, de l'eau partout mais pas une goute à boire); le financement
dans le secteur de la microfinance est en croissance, avec la participation des
donateurs et des gouvernements, généralement à travers les
facilités de financement de gros et de second rang, aussi bien que des
investisseurs privés.
Aujourd'hui, il s'agit d'accroitre sinon de maintenir cette
croissance au plan des résultats tout en étant autonome au plan
des ressources financières. Autrement dit, les IMF doivent assurer leur
avenir en menant des activités susceptibles de générer
suffisamment de revenus pour assurer leur pérennité.
Malgré l'évolution du secteur de la
microfinance, il se pose cependant des questions de savoir. «Avec tous les
fonds qui sont versés dans le secteur, pourquoi est-il difficile aux IMF
d'avoir accès au financement recherché?», «qu'est ce
qui fait que les IMF soient en manque de ressources suffisantes pour assurer
leur pérennité?», et «quel type de financement
permettra aux IMF de disposer des ressources financières suffisantes
pour assurer leur croissance afin de répondre à leur
vocation?», existe-t-il un mode de financement optimal pour les
institutions de microfinance?
Pourquoi les gestionnaires des IMF font-ils face à des
sérieuses contraintes de financement?
Section 2- les objectifs de recherche
Dans nos recherches, nous nous sommes fixés pour
objectif d'analyser les différentes sources de financement des IMF dans
le but de faire connaitre leur importance pour la croissance et le
développement des IMF, mais aussi dans le but de cerner quelle serait
l'origine de la problématique de financement des IMF.
Mise à part l'objectif général, voici
quelques objectifs spécifiques:
- Déterminer la portée du financement des
institutions de microfinance dans la lutte contre la pauvreté.
- L'incidence des financements d'origine privée sur les
IMF. Le financement d'origine privé permet-il aux IMF d'atteindre la
majorité des populations exclues du système financier?
Section 3- l'hypothèse de travail
En matière de financement dans le secteur financier, il
n'existe pas un mode de financement optimal pour les institutions de
microfinance. Mais aujourd'hui, les IMF ont à leur disposition un
éventail toujours croissant des sources de financement.
Section 4- la pertinence du sujet
Dans les pays industrialisés, pour une majorité
de la population, avoir accès à des services financiers simples
(un compte courant, un compte d'épargne, un chéquier,...) est
devenu tout naturel. En même temps, il existe malheureusement une
importante population en situation «d'exclusion bancaire»
définie comme «un degré d'entrave dans les pratiques
bancaire et financière qui ne lui permet plus de mener une vie sociale
normale dans la société»12(*).
Au Sénégal et dans les pays en
développement, c'est l'immense majorité qui est exclue du secteur
financier formel. Pour remédier à cela il a été
crée des IMF, considérées comme le secteur financier
informel, nécessitant des ressources pour répondre aux besoins
des exclus. Ce qui entraine les besoins de financement, quelle qu'en soit le
type.
D'où l'intérêt du choix de notre sujet.
Section 5- la revue critique de la
littérature
Cette revue de la littérature va mettre l'emphase sur
quelques ouvrages traitant de la microfinance. Ces outils nous ont permis
d'avoir une idée synthétique sur la base de laquelle notre
étude est fondée.
Le livre intitulé «Le guide de la
microfinance»13(*) écrit par trois praticiens de la microfinance,
Jeremy Hadjdenberg, Sébastien
Boyé et Christine Poursat, s'adresse aux
acteurs de la coopération internationale, aux professionnels du monde de
la finance, aux étudiants et à un public plus large
intéressé par les enjeux et la pratique de la microfinance dans
le pays en développement. Les auteurs abordent aussi bien les aspects
les plus pratiques que les questions financières et
organisationnelles.
Tout en donnant une vision globale du développement de
la micro finance dans le monde, ce livre présente une multitude
d'opérations menées à travers tous les continents qui
prouvent l'universalité du concept et sa capacité d'adaptation
aux contextes locaux.
C'est à partir de cette connaissance concrète du
terrain que le livre décrit les mécanismes des institutions de
microfinance et définit leurs enjeux majeurs, ainsi que le rôle
des partenaires extérieurs: État, financeurs, experts.
L'intérêt de ce livre est de couvrir largement le thème de
la microfinance, abordant à la fois des aspects très concrets (le
fonctionnement opérationnel d'une institution, les cas de fraudes...),
mais aussi les questions plus générales de la
réglementation ou des publics encore non couverts par les IMF. Ecrit par
des praticiens, avec une expérience réelle du terrain, le livre
garde un ton didactique, et un souci d'illustrer toute explication par des
exemples.
L'ouvrage intitulé «La commercialisation de la
microfinance» édité par Deborah DRAKE et
Elisabeth RHYNE publié par Kumarian Press nous indique
que lorsqu'on parle de commercialisation de la microfinance, il est entendu une
orientation plus lucrative des activités accomplies par les operateurs
du secteur. L'importance du sujet vient de la présence accrue
d'institutions financières (tels, banques commerciales,
sociétés d'investissement) dans la microfinance et d'un
questionnement quand à la desserte de services financier aux
populations démunies et vulnérables qui étaient a
l'origine de la microfinance.
Plusieurs praticiens pensent que la seule voie pour la
desserte de produits financiers de qualité aux populations
démunies passe par la commercialisation de la microfinance. Ceci se
justifie par le développement de nouveaux produits financiers
adaptés et une bonne couverture géographique et des
économies d'échelle.
Pour les praticiens de microfinance il y a une
nécessité pressante et soutenue à développer des
produits qui couvrent les besoins de l'ensemble des communautés pauvres
et moins pauvres et d'une manière efficiente. Cette partie de recherche
développement tient lieu d'espace pour canaliser les ressources des
bailleurs de fonds publics et internationaux pour les années à
venir. Même si on observe une tendance actuelle pour inciter les ONG du
secteur à développer des modèles démonstratifs
d'autosuffisance, le besoin de financer par subsides les modèles
innovateurs de couverture des populations pauvres reste une grande
priorité.
Chapitre II- LE CADRE METHODOLOGIQUE
Section 1- le cadre de l'étude
Cette étude s'effectue au Sénégal
où le secteur de la microfinance est en pleine croissance. Le secteur a
évolué comme suit au cours de la période 1993 -
200314(*):
· le nombre d'institutions a été
multiplié par 6 atteignant 620 au 31/12/2003;
· le nombre de points de services (caisses de base,
agences et bureaux...) est passé de 1136 à 2597;
· le nombre de clients/membres servis par ces
institutions qui était de moins de 313 000 en 1993 a atteint 4 millions
en décembre 2003;
· les dépôts collectés passent de
12,8 milliards FCFA en 1994 à 204,7 milliards FCFA à fin 2003;
· les prêts octroyés par ces institutions
ont été multipliés par 10 au cours de la période
considérée passant de 19,4 milliards à 200 milliards
FCFA;
· des crédits en souffrance atteignent 8% de
l'encours au 31/12/2003.
En date du 31 décembre 2005, on compte plus de 833
structures financières décentralisées reconnues. Les
autres types d'institutions signent des conventions cadres de 5 ans
renouvelables.
D'après les donnée du secteur, les IMF touchent
plus du quart des familles sénégalaises. Le nombre de clients des
SFD a été estimé à 510 833 en décembre 2003.
Le secteur comprend quatre types d'institutions formelles de
microfinance :
· Les
Mutuelles
d'épargne crédit (MEC) sont des institutions
financières mutualistes de base, agréées par le MEF,
dotées de la personnalité morale et soumises à la Loi
«PARMEC». Ces institutions peuvent se regrouper en unions, ces unions
en fédération et ces fédérations en
confédération. Au Sénégal il y a 429 MEC.
· Les
réseaux
sont les regroupements de MEC en union, fédération et
confédération. Ils peuvent se doter d'un organe financier qui est
une structure dotée de la personnalité morale et dont l'objet
principal est de centraliser et de gérer les excédents de
ressources financières des membres. Au Sénégal il y a 6
Unions et 1 Fédération.
· Les
Structures
Signataires de Convention Cadre (SSCC) : les structures ou
organisations non constituées sous forme mutualiste ou
coopérative et intervenant dans la collecte de l'épargne et/ou
l'octroi de crédit ne sont pas soumises à la Loi
«PARMEC». Elles fonctionnent sur la base d'une Convention-cadre
signée avec le MEF pour une durée de cinq ans renouvelable. Cette
convention spécifie les activités qu'elles sont autorisées
à exercer ainsi que leurs principes de gestion. Au Sénégal
il y a 7 SSCC.
· Les
Groupements
d'Épargne Crédit (GEC) sont des regroupements de
personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être
reconnus comme des institutions financières mutualistes de base,
effectuent des activités d'épargne et de crédit en
s'inspirant des principes de la mutualité, énumérés
à l'article 11 de la Loi «PARMEC». Ces structures n'ont pas la
personnalité morale; elles peuvent être reconnues par le MEF
(Ministère de l'économie et des Finances), mais sont exclues du
champ d'application de la Loi «PARMEC». Au Sénégal il y
a 389 GEC.
Le marché est dominé par les 7 réseaux
suivants :
· Alliance de Crédit et d'Epargne pour la
Production (ACEP);
· Crédit Mutuel du Sénégal (CMS);
· Union des Mutuelles du Partenariat pour la
Mobilisation de l'Epargne et le Crédit au Sénégal;
· Réseau des Caisses d'Epargne et de Crédit
des Femmes de Dakar (RECEC / FD);
· Réseau des Mutuelles d'Epargne et de
Crédit de l'UNACOIS (REMECU);
· Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit
(UMEC) ;
· Union des Mutuelles d'Epargne et de Crédit de
l'UNACOIS (UMECU).
Nos investigations se sont déroulées au sein du
crédit mutuel du Sénégal pour une approche pratique de nos
recherches.
Section 2- la délimitation du champ de
l'étude
Comme nous l'avons indiqué un peu plus haut, nos
recherches sont orientées vers «l'Analyse des sources de
financement des institutions de microfinance».
Nous allons passer en revue les différentes sources de
financement des IMF pour leur compréhension, tout en insistant sur les
nouvelles sources de financement car, mal ou pas du tout connu par les
dirigeants des IMF.
Le secteur de la microfinance au Sénégal
renferme une multitude d'IMF, mais nous nous intéressons
particulièrement au crédit mutuel du Sénégal.
Leader dans le secteur de microfinance au Sénégal, le CMS
participe à l'amélioration du niveau de vie et à la
promotion du bien-être des populations toutes catégories
confondues en offrant une large gamme de services financiers de
proximité.
Il offre des services comme: la collecte et la gestion
d'épargne, le crédit, la domiciliation de salaires et pensions,
le virement, le transfert d'argent, etc.
Les produits d'épargne sont constitués de compte
d'épargne, de compte courant, compte à terme et du plan
épargne projet (PEP santé, éducation, habitat,
activité professionnelle).
Quand aux produits de crédit nous avons: le
crédit AES (aménagement, équipement, social); le
crédit PEP; le crédit campagne agricole; le crédit
élevage; le crédit fond de roulement; le crédit de
préfinance, etc.
Section 3- les techniques d'investigation
En ce qui concerne les techniques d'investigations, nous nous
sommes intéressés à une recherche et une analyse
documentaire au travers des ouvrages et mémoires traitant indirectement
de notre sujet.
Nos recherches se sont focalisées sur la documentation
au niveau des bibliothèques, sur l'internet et au niveau du
crédit mutuel du Sénégal.
Nous avons utilisé également un guide
d'entretien qui a été administré au directeur financier du
CMS pour une analyse pratique de la situation concernant leur financement.
Section 4- les difficultés
rencontrées
Tout au long des nos recherches nous avons été
confronté aux difficultés liées à la
documentation.
Nous avons eu également des difficultés
suivantes:
- Difficulté d'accéder à une certaine
information, parce que confidentiel;
- L'insuffisance de temps imparti pour l'administration du
guide d'entretien;
- Le refus catégorique pour quelques IMF de nous
recevoir.
Deuxième partie: LES SOURCES DE FINANCEMENT DES
IMF
Pour les IMF, la question du financement est centrale: au
démarrage de l'activité, lorsqu'il faut prendre en charge les
missions d'assistance technique nécessaire à la mise en place de
l'institution; puis tout au long de leur développement, pour financer
une croissance souvent rapide et consommatrice en ressources
financières.
L'objectif de cette partie est de présenter les
principaux acteurs du financement des IMF mais aussi de présenter les
différents types de financements.
Chapitre I : LES ACTEURS DU FINANCEMENT DES
IMF
Section1: les bailleurs de fonds
Les bailleurs de fonds ont longtemps été les
principaux financeurs du secteur de la microfinance; à ce titre, ils ont
joué un rôle central dans l'émergence, le
développement et les orientations de la microfinance. Par bailleur de
fonds nous entendons des organismes, publiques ou privées, dont
l'objectif est de soutenir des actions de développement par le biais de
la mise en disposition des dons (appelés subventions) ou des prêts
à taux bonifié (cout inferieur au taux du marché).
1.1. Type des bailleurs de fonds
On regroupe généralement les bailleurs de fonds
en trois catégories:
· Les bailleurs nationaux: ce sont des
structures de financement de l'aide au développement que certains
États mettent en place au sein de leur administration. On parle alors de
coopération bilatérale.
· Les bailleurs multilatéraux:
ils dépendent d'une organisation regroupant plusieurs pays. Ils peuvent
se regrouper au niveau régional, avec par exemple les banques de
développement (Banque africaine de développement, Banque
asiatique de développement, Banque interaméricaine de
développement). Les bailleurs multilatéraux peuvent
également être rattachés à des organisations
internationales plus larges, institut de Bretton Woods (Banque mondiale) ou les
Nations unies (BIT15(*),
FENU16(*));
· Les fondations privées: elles
peuvent être soit des fondations d'entreprise, soit des fondations issues
des donations individuelles. Elles jouent un rôle de plus en plus
important dans le secteur.
1.2. Rôle des bailleurs de fonds
Historiquement, les bailleurs de fonds ont joués un
rôle très important au niveau de l'émergence et de
l'accompagnement des IMF. La quasi-totalité des institutions aujourd'hui
matures ont bénéficié, à leur démarrage et
dans leur développement, de l'appui de bailleurs de fonds. Ceci
s'explique au travers le schéma «classique» du
développement d'une IMF suivant:
· Au démarrage, le coût de l'assistance
technique est pris en charge par les bailleurs de fonds, on parle de
mesofinance.
· Tant que l'IMF n'est pas viable, des subventions
viennent compenser ses pertes;
· Le financement de la croissance du portefeuille de
crédit peut être également l'objet de financement de la
part des bailleurs: soit par subvention, soit par prêts à des taux
concessionnels.
Ces interventions directes en appui aux IMF sont aujourd'hui
plus rares de la part des bailleurs de fonds, qui préfèrent agir
au niveau du secteur et de son environnement. Lorsqu'elles existent, les
subventions sont de plus en plus concentrées sur des sujets techniques
précis (système d'information, formation) ou sur des
périodes critiques de développement d'institutions
déjà matures (transformation institutionnelle, par exemple).
Les bailleurs de fonds privilégient aujourd'hui
d'autres modes d'intervention que les subventions: prêts aux IMF,
participation à des fonds d'investissement, garantie pour l'obtention de
prêts auprès des banques locales ou garanties d'émission
obligataire. Ces instruments sont par nature réservés à
des institutions ayant atteint un certain degré de maturité.
1.3. Risque du retrait des bailleurs de fonds publics
Après une phase d'euphorie, au milieu des années
quatre-vingt-dix, où un impact massif semblait possible pour un
investissement faible, certains bailleurs de fonds constatent aujourd'hui que
les résultats ne sont pas à la hauteur de ces espérances,
souvent irréalistes; la perception accrue du risque de faillite d'IMF
(souvent mal comprise, car peu analysée) renforce leur
déception.
Aujourd'hui beaucoup d'acteurs de la microfinance font donc le
constat d'un retrait des bailleurs de fonds de ce secteur, qu'ils ont pourtant
contribué à faire émerger.
L'existence en microfinance des indicateurs clairs, quoique
partiels, du succès ou de l'échec comme, par exemple, la
qualité de remboursement des microcrédits a donné lieu
à une transparence qui, certes souhaitable, a mis à
lumière les échecs des interventions de certains bailleurs de
fonds. Ce derniers tendent à prioriser d'autre secteur
d'intervention.
L'hésitation des bailleurs de fonds publics à
s'engager encore dans le secteur de la microfinance a plusieurs implications,
notamment:
· Le financement d'IMF existantes est
privilégié, au détriment de la création des
nouvelles institutions. Des initiatives spontanées intéressantes
peine à trouver des subventions pour démarrer, alors qu'elles
pourraient s'avérer tout aussi innovante et viable que des
expériences précédentes.
· Percevant l'appui direct aux IMF comme plus
risqué, les bailleurs de fonds tendent à concentrer leur effort
sur des interventions auprès du secteur et à son
environnement.
Les outils utilisés pour intervenir (plus de prêt
et moins de subvention, augmentation du montant d'intervention minimal) sont de
moins en moins adaptés à des IMF en création, ou à
des initiatives innovantes mais à petite échelle;
· Face au retrait des bailleurs publics, les fondations
privées s'impliquent, certes, de façon croissante dans le
secteur, mais leur poids reste encore faible.
Ce retrait constitue un risque réel, au moment
où s'impose le constat de besoins encore non couverts par la
microfinance et de la nécessité pour y répondre d'investir
sur des nouvelles institutions et des nouvelles méthodologies.
Section2: Les banques commerciales
Dans certains pays, les pouvoirs publics obligent les banques
à fournir des services financiers, en particulier des crédits,
aux secteurs économiques, comme les petites entreprises ou
l'agriculture, considérés comme prioritaires au plan social. Or,
la contrainte morale ou juridique ne favorise généralement pas
l'adoption de modèles de prestation des services viables à long
terme.
On constate de plus en plus cependant que les banques
commerciales explorent d'elles-mêmes les possibilités ouvertes par
la microfinance, certaines s'implantant sur ce marché parce qu'elles
estiment qu'il offre des perspectives de profit et de croissance durables.
Ces établissements bancaires ne s'intéressent
pas au secteur de la microfinance au même titre. De la mise en place d'un
département interne de microfinance au simple financement d'IMF, le
spectre d'intervention est large. Les banques qui décident de
s'implanter sur ce marché ont le choix entre diverses approches.
On distingue actuellement deux grands types d'approches
directes et indirectes suivant la manière dont la banque établit
le contact avec la clientèle. Certaines banques pénètrent
le marché directement en développant leurs opérations de
détail pour atteindre un « micro-niveau ». Pour ce faire,
elles créent une unité interne ou une entreprise distincte, comme
une société de services ou une institution financière
spécialisée. D'autres choisissent une approche indirecte en
travaillant avec des prestataires de microfinance existants.
Choisir une approche qui soit, dès le départ,
adaptée à la fois à la banque et aux circonstances est un
important facteur de réussite. Chaque approche est associée
à une logique, un profil de risque, des facteurs de succès et des
coûts particuliers.
Voici quelque type d'intervention possible
détaillés ci-dessous17(*):
2.1. Octroi des prêts aux IMF
Les banques peuvent fournir un prêt à terme ou
une ligne de crédit à une IMF pour financer son fonds de
roulement ou son fonds de crédit. Ce modèle est l'un des plus
courants, car c'est celui qui se rapproche le plus des prêts normalement
consentis par les banques commerciales. L'IMF utilise les ressources obtenues
en le prêtant à ses clients à un taux
d'intérêt plus élevé.
Le fait que des banques commerciales prêtent à
des IMF est une évolution assez récente. Dans un grand nombre de
pays, les banques locales refusent le plus souvent de refinancer les
institutions de microfinance, par méconnaissance du secteur. Pour
débloquer la situation, les premières opérations de ce
type se sont souvent réalisées avec le soutien des bailleurs de
fonds qui garantissaient le remboursement des banques par les IMF.
Ce prêt peut également être garanti par le
nantissement d'actifs ou par un dépôt en espèces ou encore
garanti par une tierce partie comme signalé dans le paragraphe
précédant. La banque peut stipuler dans l'accord de prêt
l'obligation pour l'emprunteur de fournir des états financiers à
intervalles périodiques, le droit pour la banque de procéder
à des inspections, ainsi que d'autres clauses financières.
De nombreuses banques un peu partout dans le monde fournissent
des prêts commerciaux aux IMF. Plusieurs facteurs indiquent si une IMF
est prête à recevoir des ressources commerciales :
Elle peut fournir immédiatement des informations
financières ;
Elle est dotée d'une bonne gouvernance et d'une
direction compétente, soucieuse de rentabilité et
d'efficacité ;
Elle a un portefeuille de prêts de qualité, des
procédures de provisionnement et d'abandon de créances
adaptées ;
Elle dispose de systèmes d'information qui
génèrent en temps voulu des rapports fiables et pertinents ;
Elle offre de bonnes perspectives de croissance.
2.2. Investissement dans une IMF
Une banque commerciale peut également choisir d'entrer
dans le secteur de la microfinance en investissant dans une IMF
déjà crée. Cela permet à la banque de prendre pied
dans le secteur, d'apprendre le métier sans prendre le risque de lancer
une activité pouvant porter atteinte aux structures sociales existantes
(IMF).
L'institutionnalisation des programmes de microfinance en
société à capitaux privés constitue de bonnes
opportunités pour les banques souhaitant s'implanter dans le secteur. En
effet, ces transformations nécessitent d'attirer des investisseurs, et
la présence d'une banque commerciale en tant que partenaire
stratégique est souvent bien perçue.
Dans certains cas, la banque donne à une institution de
microfinance et à ses clients accès à son réseau
d'agences ou de GAB et à ses fonctions d'interface avec la
clientèle (y compris les services de caisse) et fonctions
administratives, qu'il s'agisse des services informatiques ou du traitement des
transactions. En échange, la banque perçoit des commissions ou
des frais périodiques de l'IMF et de ses clients, en fonction des
clauses de l'arrangement contractuel.
Le traitement des transactions est la forme la plus simple et
la plus courante de la relation qui peut ainsi s'instaurer entre une banque et
une IMF, et c'est généralement la formule qui présente le
moins de risques. Dans certaines variantes du modèle l'IMF peut placer
ses propres employés dans une agence de la banque pour fournir des
services à sa clientèle ou bien utiliser l'infrastructure de la
banque (par exemple ses GAB et ses guichets) pour décaisser les
crédits et recouvrer les remboursements, opérer des transferts
nationaux et internationaux ou effectuer des opérations de change. Les
clients peuvent ouvrir un compte directement auprès de la banque ou bien
recevoir les fonds du crédit et rembourser leur prêt par
l'intermédiaire du compte détenu par l'IMF à la banque.
Les fonctions administratives peuvent être assurées par la banque
si les systèmes d'information de gestion des deux institutions sont
compatibles.
2.3. Distribution des produits par l'intermédiaire
d'une société de service ou d'une IMF partenaire
Suivant ce modèle, la banque confie soit à une
société des services, soit à une IMF d'envergure le soin
de distribuer des microcrédits qu'elle enregistre dans ses livres
comptables, de prendre des décisions de crédit et d'administrer
le portefeuille des prêts, en échange d'un pourcentage du produit
des intérêts ou commissions.
Les services de microfinance, notamment de prêt,
d'assurance et de transfert d'argent, peuvent porter la marque de la banque ou
de l'IMF ou la marque conjointe des deux institutions. La banque peut interdire
à l'IMF de servir d'autres banques. Elle peut déléguer
entièrement à l'IMF les décisions d'octroi des
crédits, si l'IMF a fait la preuve de son aptitude à maintenir un
portefeuille des prêts de qualité pour son propre compte, ou elle
peut mettre en place une procédure d'examen conjoint.
Ce modèle exige toutefois que la banque et l'IMF
partagent les risques et les incitations à conserver un portefeuille de
qualité.
Aussi la banque demande-t-elle parfois à l'IMF de
financer une partie du portefeuille des prêts ou de garantir qu'elle sera
la première exposée en cas de perte sur une partie du
portefeuille.
Avec ce modèle le client n'est jamais en contact direct
avec la banque locale: il s'adresse aux équipes qui ne sont pas
salariées de la banque et travaillent dans les locaux
différents, pour une entreprise ayant un nom distinct. Ce schéma
relève un intérêt particulier, il permet:
· D'utiliser l'agrément bancaire et la
capacité de refinancement de la banque. Pour l'IMF partenaire ou la
société des services, il n'y a pas des contraintes de financement
de l'encours;
· De maintenir une indépendance
opérationnelle entre la banque et les activités de microfinance.
La culture des équipes de microfinance étant, sur bien des
aspects, à l'opposer de la culture bancaire, cette indépendance
opérationnelle est capitale.
2.4. Mise en place d'un département interne
Suivant ce modèle, la banque fournit des services de
microfinance dans le cadre de sa structure existante, en confiant la gestion
des opérations relevant de la microfinance à une unité
spécialement créée à cet effet au sein de
l'institution (l'unité interne).
Elle est néanmoins difficile à mettre en place:
la faible autonomie institutionnelle, et donc opérationnelle et
culturelle, que laisse ce type de solution rend délicate la
«greffe» d'une activité de microfinance.
Cette unité n'a pas de personnalité juridique
distincte et n'est pas réglementée séparément de la
banque. Ses opérations mobilisent les agents et les systèmes de
l'institution.
Les banques qui décident de créer une
unité interne doivent adapter leurs systèmes et leurs
procédures aux besoins spécifiques des opérations de
microfinance.
Elles peuvent accorder une plus grande marge de manoeuvre
à l'unité interne en lui permettant de recourir à des
systèmes, des procédures de prêt, des politiques du
personnel et des règles de gouvernance spécialement
créés à son intention. L'unité peut être
rattachée à divers départements institutionnels, au
service chargé des opérations de détail, par exemple, ou
au département du crédit à la consommation.
2.5: Création d'une institution
spécialisée
Au lieu de créer un service interne, la banque peut
décider de confier ses activités de microfinance à une
entité juridique distincte (l'institution financière
spécialisée ou IFS) spécialement créée
à cet effet. Une IFS est un établissement agréé et
réglementé par les autorités bancaires locales, qui prend
généralement la forme d'une société
financière ou d'une autre institution financière non bancaire. Il
peut s'agir d'une entité en propriété exclusive ou d'une
coentreprise associant des investisseurs ou partenaires stratégiques.
Elle offre des services de microfinance de détail, notamment
l'émission, le décaissement et le recouvrement des prêts,
ainsi que d'autres services financiers définis dans ses statuts. L'IFS
maintient une personnalité juridique, une structure de gouvernance, une
équipe de direction, un personnel et des systèmes distincts de
ceux de la banque mère.
On peut faire varier ce modèle de sorte que la nouvelle
institution puisse utiliser l'infrastructure de la banque mère (espace
de bureau, technologies d'information, système comptable,
trésorerie, etc.) ou au contraire être plus indépendante et
opérer comme une structure entièrement distincte.
Nous venons de voire ci-dessus comment les banques
commerciales interviennent dans le financement des IMF. Mais ces interventions
ont des limites en ce sens que, l'implication des banques dans le secteur de la
microfinance est un phénomène presque paradoxal d'une part:
à beaucoup d'égards, le métier de la microfinance s'est en
effet construit par opposition à celui de la banque (souplesse
administrative, services de proximité...). Il est en
réalité difficile pour une banque de prendre pied sur le
marché de la microfinance; de nombreux échecs en
témoignent.
D'autre part, l'implication croissante des banques dans le
secteur de la microfinance peut donner l'impression qu'à court terme,
celles-ci pourraient prendre le relais des IMF; grâce à leur
puissance financière et à leur accès facile au
refinancement, elles pourraient alors étendre de façon massive
l'accès aux services financiers des populations aujourd'hui exclues.
Malgré l'utilisation de la puissance financière
des banques, elles n'apporteront pas pour autant une réponse à
l'ensemble des besoins de financement des IMF ni des clients.
Fort logiquement, les banques s'impliquent dans le secteur
avec une approche commerciale. Elles s'intéressent donc aux
marchés connus, dont on sait qu'ils peuvent être rapidement servis
de façon rentable, comme, par exemple, le financement de petits
commerçants en milieu urbain. Ce sont des marchés ouvert
partiellement par les IMF et l'implication des banques est plutôt une
bonne nouvelle pour les clients (la concurrence va faire baisser le taux
d'intérêt, multiplier les produits).
En revanche, les banques commerciales ne sont pas prêtes
à sévir les marchés moins rentable ou plus risqués
(zone rurales, populations marginalisées) où l'on trouve le plus
grand nombre d'exclus des services financiers.
Section3: Fonds de financement
spécialisés
Les sociétés de financement
spécialisées dans la microfinance sont apparues dans la
deuxième partie des années 90, avec l'avènement des IMF
rentables et la volonté des bailleurs de fonds d'attirer des capitaux
privés dans le secteur.
Ces sociétés de financement
spécialisées ont pour principe de lever de l'argent dans les pays
du Nord pour l'investir dans les IMF situées dans les pays du Sud.
L'investissement dans les IMF prend différentes formes
(octroi de prêt ou investissement en capital). Il génère
pour les sociétés de financement un revenu soit
d'intérêt (dans le cas de prêt), soit de dividendes et des
plus-values sur cession (dans le cas du capital). Ces revenus permettent de
couvrir les couts de l'investissement et de rémunérer l'argent
investi dans la société d'investissement.
L'investissement dans le capital d'une IMF privée est,
dans la pratique, très différent du simple octroi de prêt:
l'investisseur en capital, en devenant actionnaire, a droit de regard sur le
développement et la stratégie de l'IMF.
Un fonds d'investissement en capital est en
général membre du conseil d'administration et joue un rôle
important dans la gouvernance de l'institution. Son objectif est de contribuer
au développement de l'IMF, de «créer de la valeur»,
puis de céder ses actions au bout d'une période donnée (de
cinq à dix ans en général) en réalisant une
plus-value. Ce le mécanisme de ce qu'on appelle couramment le
«capital-risque» ou le «capital développement».
La rémunération de l'argent investi dans une
société de financement spécialisée, qu'elle
intervienne en dette ou en capital, est théoriquement centrale pour
attirer des investisseur: il faut que cette rémunération soit
assez forte, comparée au risque perçu de l'activité et du
pays.
La plus part des sociétés de financement
fonctionnent sous la forme de fonds. On peut le regrouper en trois
catégories: les fonds à fort objectif de développement,
les fonds quasi commerciaux et les fonds commerciaux.
3.1. Les fonds à fort objectif de
développement
D'après l'histoire, ces fonds ont été
crées en premier. Leur mission est d'abord de rendre des financements
accessibles aux IMF. Leur objectif de rentabilité est souvent
relégué au second plan. Les investisseurs dans ce type de fonds
sont des individus privés ou des ONG de développement. Leurs
outils d'intervention sont variés (capital, prêts aux taux
concessionnels ou aux taux commerciaux), de même que le profil des IMF
ciblées par ces fonds.
3.2. Les fonds quasi commerciaux
Leur mission est de concilier objectifs de
développement et atteinte d'un niveau de rentabilité suffisant
pour rémunérer des investisseurs. Les investisseurs dans ce type
de fonds sont souvent des bailleurs de fonds institutionnels (agence de
développement) ou des individus privés. Leur outil d'intervention
privilégié est généralement le prêt, mais
certains de ces fonds spécialisés affichent une
préférence pour l'investissement en capital.
3.3. Les fonds commerciaux
Leur mission principale est d'abord l'atteinte d'un niveau de
rentabilité suffisant pour rémunérer leur investissement.
Ces fonds sont destinés à des investissements
privés (individus ou institutionnels). Ils interviennent presque
systématiquement en tant que préteurs.
Chapitre II: LES TYPES DE FINANCEMENT DES IMF
Avec le temps, les besoins en financement de la microfinance
ont évolué. Si les subventions initiales des bailleurs de fonds
restent en général nécessaires dans la phase de
construction des institutions; la structuration d'IMF plus matures et
rentables, et l'implication croissante des nouvelles catégories des
structures financières intéressées par la microfinance, a
suscité l'apparition des nouveaux modes de financement.
Ainsi, nous allons développer dans ce chapitre les
sources de financement classique et les nouveaux modes de financement des IMF.
Pour ces derniers, nous expliquerons ce que sont exactement ces nouveaux
outils, comment fonctionnent-ils ? Quels sont leurs avantages et
inconvénients relatifs du point de vue des IMF ?
Section1: Les financements classiques
Les ressources des institutions de microfinance sont
généralement constituées de:
1.1. Dons et subventions
Les subventions sont par définition gratuites et sont
donc un mode de financement privilégié, en particulier par les
IMF en création.
Cependant, elles sont rares, difficiles à obtenir sur
la durée et, surtout, elles sont souvent incertaines car soumises
à des aléas politiques ou administratif. Les conditions
imposées par les bailleurs pour l'accès à ces subventions
peuvent être contraignantes pour les IMF.
De plus, les procédures des bailleurs sont telles que
les demandes de subvention exigent un investissement important en temps et en
énergie.
A travers les dons et les subventions, les ONG, les
établissements de crédit et les organismes de coopération
ont aidés à l'installation de SFD. Ils ont
décaissés d'importantes sommes pour faire fonctionner le SFD
émergent.
Les dons ont servi généralement à
l'acquisition des matériels et mobiliers administratifs. Tandis que les
subventions ont couvert les coûts liés à l'exploitation et
l'investissement.
Conformément au plan de comptes de la BCEAO, la
subvention d'exploitation est enregistrée en produit dans le compte de
résultat tandis que la subvention d'investissement qui sert de financer
l'acquisition d'immobilisation est enregistrée dans le fonds propres et
les postes d'actifs concernés.
1.2. Dépôts des membres/clients
Ils correspondent à la classe 24 du plan de comptes de
la BCEAO. Ils constituent entre 65 et75% de ressources des IMF. Ces
dépôts ne sont pas ou peu rémunérés et
pourraient constituer donc une énorme source de placement et de revenu
pour les IMF mais ils sont constitués éventuellement des
dépôts à vue, ce qui limite leur capacité de
transformation. En ce qui concerne ces dépôts, nous avons,
- Les dépôts a vue;
- Les dépôts à terme;
- Les autres dépôts;
- Les dettes rattachées.
1.3. Fond propres
Ils correspondent à la classe 5 du plan de comptes de
la BCEAO, et représentent entre 15 et 25% des ressources des IMF. Les
fonds propres des institutions de microfinance sénégalaises ont
eu une croissance soutenue qui a été estimée à 44%
pour la période de 2000 à 2003, ce qui indique une autonomisation
progressive des IMF.
En effet, une évolution de fond propres
supérieur à celle des subventions renseigne sur le progrès
faits en faveur d'une meilleur capitalisation et indirectement d'une
compétitivité accrue et d'une meilleur capacité à
attirer le secteur privé pour acquérir des ressources
financières nécessaires.
1.4. Lignes de crédit
Elles sont des accords informels entre une banque et un client
précisant le montant maximum de crédit que la banque lui
accordera18(*).
Elles sont enregistrées au passif du bilan des IMF
à la rubrique «opération avec institutions
financières assimilées» et constituent environ 10% des
ressources des IMF.
L'intervention des bailleurs de fonds constituait la
principale source de revenu des IMF dans un passé récent. Mais
ils ont commencé à se désintéresser du secteur de
microfinance, et aujourd'hui le principal défi pour les IMF est de
mobiliser de plus en plus de capitaux d'origine privés pour leur
financement.
La problématique du financement des IMF est d'autant
plus d'actualité que ces structures sont passées d'une
éthique de «mission» à une approche dominée par
la recherche d'une pérennité et de la rentabilité,
condition nécessaire pour attirer des investisseurs privées.
Au paravent, c'est-à-dire à la naissance des
premières expériences de microcrédits, le fonds
injectés provenaient presque exclusivement des sources publique et
étaient à but non lucratif.
Il s'agissait des gouvernements dans le cadre de leurs
différents programmes de lutte contre la pauvreté et l'usure des
partenaires sociaux ou agences internationales de développement.
Cependant, le secteur est entrain de passer vers une logique
privée. Pour ce faire, les IMF doivent se doter des capacités
à attirer et absorber ce type de financement.
La difficulté de ce passage réside dans le fait
que pendant longtemps, la ressource était plutôt bon marché
et les IMF avaient surtout mis l'accent sur le coté social, et
l'allocation de ressources était assujettie à l'atteinte
d'objectifs de développement et non de l'optimisation de profit;
pourtant, les investisseurs privés sont guidés par la recherche
de profit. Leurs engagements envers les IMF constituent de placement à
haut risque du fait qu'ils ne maitrisent pas le secteur, son mode de
fonctionnement et des délais assez long avant que les IMF ne puisse
générer suffisamment de revenus.
Néanmoins, avec la commercialisation du secteur de
microfinance, l'inclusion des IMF dans le secteur financier formel devient une
réalité, dans certain pays ou pour une partie des IMF du moins.
De plus en plus, un lien de financement se crée entre les IMF, les
banques, les financeurs privés et publics, avec un développement
d'une gamme d'outils financiers élargie.
Section2: Les nouveaux modes de financement des IMF
La demande de financement évolue dans le secteur de
microfinance et l'offre devient plus complexe. Cela entraine un
développement d'une gamme d'outils financiers élargie qui sont
constitués entre autre: de capital investissement, de prêt
commerciaux, de garantie de prêt, de la gestion de risque de change, et
de l'émission d'obligations et la titrisation.
2.1. Le capital investissement
Toute IMF a besoin de capitaux propres conséquents pour
pouvoir mobiliser l'épargne du public et lever des fonds
supplémentaires auprès de prêteurs nationaux ou
internationaux, et par ce biais obtenir les ressources nécessaires pour
développer son portefeuille.
Les marchés nationaux sont souvent de trop petite
taille ou trop risqués pour pouvoir attirer des actionnaires
stratégiques potentiels et la rentabilité des IMF n'est obtenue
qu'au bout de plusieurs années (en moyenne, 5 à 10 ans), or elles
peuvent avoir besoin d'actionnaires avant d'avoir atteint ce seuil de
rentabilité.
Attirer des investisseurs nationaux n'est pas évident
d'une part pour les IMF dans la plupart des pays africains, latines et
asiatiques, pour plusieurs raisons :
· Il n'existe pas forcément, dans le pays,
d'investisseurs conscients des contraintes tenant compte de l'incertitude
sur la possibilité de sortir à moyen terme, et la
nécessité de rester au capital de l'IMF (sur 5 à 10 ans),
et prêts à les accepter.
Il est souvent difficile de trouver des investisseurs locaux
ayant des objectifs à tendance sociale, et acceptant aussi de renoncer
dans une certaine mesure à un rendement; pour contribuer à la
réalisation d'objectifs sociaux.
· Par ailleurs, les investisseurs locaux connaissent peu
la microfinance d'une manière générale, leur apport
à la définition de la stratégie de l'IMF, en tant
qu'actionnaire et membre du CA, peut être limité;
· Le risque politique peut être réel dans
des régimes politiques où l'IMF cherche à assurer son
indépendance vis-à-vis de l'État, et à
apparaître comme " neutre ", la recherche d'actionnaires locaux
potentiels qui aient eu aussi cette image de neutralité, et une relative
transparence sur leur propre structure, n'est pas toujours simple.
D'autre part, les IMF peuvent aussi avoir intérêt
à attirer des investisseurs étrangers car:
· Par rapport aux investisseurs locaux, ces investisseurs
leur paraissent souvent plus aptes à offrir une assistance de conseil
stratégique, plus enclins à s'aligner sur leur mission sociale et
plus disposés à faire preuve de patience, de neutralité
politique et d'expertise technique;
· Les investisseurs internationaux peuvent être
proches (ou constitués par) des bailleurs de fonds susceptibles
d'apporter des subventions en complément, pour financer une assistance
technique complémentaire si besoin est, ou pouvant aussi appuyer l'IMF
par des garanties de prêts ou des prêts à taux
modérés. Dans certains cas, leur présence peut
protéger l'organisation des pressions politiques locales.
Les investissements en capital par des investisseurs externe
ne sont possibles que dans les sociétés à capitaux
privés. Ils ont pour avantage de:
- Ne pas augmenter les frais financiers des IMF puisque par
définition, ils ne sont pas rémunérés par un taux
d'intérêt, mais par des dividendes;
- Augmenter la capacité des IMF à emprunter
auprès des banques. En effet, une banque n'accepte de prêter
à une organisation que dans la mesure où le rapport de son
endettement à ses capitaux propre reste raisonnable;
- Maintenir un niveau important de capital relativement
à l'actif total, ce qui constitue une saine gestion et, dans certain
cas, une exigence réglementaire.
Cependant, attirer des investisseurs en capital n'est encore
envisageable que par une petite minorité d'IMF qui ont atteint un
degrés très avancé de maturité organisationnelle et
financière.
Certaines IMF solides accumulent alors un niveau
élevé de capitaux propres, souvent par le biais de bailleurs de
fonds ou de bénéfices non distribués. Elles ont alors plus
intérêt, dans un premier temps, à augmenter leur
endettement qu'à lever de nouveaux fonds propres.
A mesure qu'elles se développent et deviennent plus
matures, les institutions peuvent parvenir à un point où elles ne
peuvent plus créer d'effet de levier sur leur base de capital, il existe
en général des obligations réglementaires du pays qu'elles
doivent respecter (ratio de solvabilité). C'est alors le moment pour
elles de se tourner vers la mobilisation de fonds propres
supplémentaires.
Les banques locales sont considérées comme des
investisseurs potentiels, leur investissement dans des IMF est un cas
particulier intéressant. La participation au capital d'une IMF permet
à la banque de prendre pied dans le secteur, d'apprendre le
métier sans prendre le risque de lancer une activité «ex
nihilo»19(*). C'est
une stratégie particulièrement adaptée au contexte actuel
: l'institutionnalisation de programmes de microfinance en
société à capitaux privés nécessitant
d'attirer des investisseurs, la présence d'une banque commerciale locale
est souvent considérée comme un avantage important pour ces
derniers. Ces transformations constituent donc de bonnes opportunités
pour les banques souhaitant s'implanter dans la microfinance.
En apparence, les IMF pourraient croire spontanément
que renforcer son capital en recourant à des investisseurs est un moyen
moins coûteux que la dette, de financer sa croissance. Mais en
réalité, le capital-investissement peut aussi coûter cher
aux IMF, à deux niveaux :
· coût de la mobilisation du capital (recherche
d'investisseurs),
· rendement versé aux investisseurs (sous forme
notamment de dividendes).
2.2. Le prêt aux IMF
Le prêt est l'outil le plus répandu pour le
financement des IMF.
Le prêt comme outil de financement des IMF est venu
d'une idée consistant à lier IMF et secteur financier formel par
le refinancement.
Dans les années 90, de nombreux acteurs du secteur,
notamment les bailleurs de fonds, affichaient leur volonté de lier IMF
et banques commerciales par une relation de refinancement perçue comme
un premier moyen, d'une part de sensibiliser les IMF à des ressources
non subventionnées, d'autre part d'intéresser les banques au
secteur de la microfinance.
Cette idée d'un refinancement des IMF par des banques
est en théorie simple: la banque accorde un prêt à une IMF
qui accorde à son tour des crédits à ses clients, à
un taux évidemment supérieur, avec une marge lui permettant de
couvrir ses propres charges. Pour la banque prêteuse,
l'intérêt serait de nouer des relations avec des nouveaux clients
financièrement viables, les IMF; pour ces dernières, l'enjeu est
de diversifier les ressources, pour ne pas compter seulement sur l'argent des
bailleurs de fonds ou sur l'épargne des clients (parfois plus difficile
à collecter que prévu).
Pourtant, il a fallu du temps pour amorcer cette simple
relation de refinancement, et obtenir que des banques commerciales
prêtent à des IMF. Dans un grand nombre de pays, les banques
locales refusent de refinancer les institutions de microfinance, par
méconnaissance du secteur le plus souvent. Pour débloquer la
situation, les premières opérations de ce type se sont d'ailleurs
souvent réalisées avec le soutien de bailleurs de fonds qui
garantissent le remboursement des banques par les IMF.
Plus récemment, le développement de fonds
spécialisés internationaux a permis aux IMF de se refinancer plus
facilement, et a accéléré visiblement l'accès des
IMF à l'endettement comme technique de financement.
De leur côté, les IMF ont peu à peu
réalisé que négocier des prêts, et les conditions de
ces derniers, était aussi une compétence à
acquérir. Et que l'endettement peut aussi présenter certains
inconvénients :
· un coût souvent élevé,
· un risque de change parfois important, si le prêt
est accordé en dollars ou en euros,
· une durée souvent courte, obligeant l'IMF
à renégocier son renouvellement sans cesse, ou à avoir
recours à plusieurs prêteurs ; cela se traduit par des coûts
de transaction pour l'IMF plus élevés, et une incertitude
relative. Cette difficulté peut restreindre, pour l'IMF, la
possibilité d'accorder des crédits de durée plus longue
à ses clients, si elle ne peut parvenir à sécuriser ses
propres ressources à moyen terme.
Si les IMF, fort logiquement, souhaitent obtenir des
ressources financières au coût le plus bas possible, elles ne sont
pas forcément compétentes ou outillées pour analyser
correctement le coût de leurs emprunts, et comparer ce coût
à celui d'autres sources de financement possibles.
Les responsables d'IMF, en majorité, ne parviennent pas
à évaluer exactement le coût global réel de leur
endettement, et savent mal comparer le coût de leurs options de
financement. Une analyse incomplète ou erronée des coûts
monétaires et non monétaires peut réduire les
bénéfices, ou donner lieu à des emprunts non
justifiés ou à une prise de risque de change excessive.
Il est souvent difficile pour les IMF d'accéder
à des emprunts auprès de prêteurs locaux ; et quand cela
est possible, le coût en est souvent élevé. Le plus
difficile est en général d'obtenir des emprunts à long
terme.
De ce fait, de nombreux fonds internationaux se sont
constitués depuis les années 90, pour pallier à cette
difficulté pour les IMF d'accéder aux refinancements locaux.
Ainsi, ils prennent en charge les garanties de leur prêt.
2.3. La garantie de prêt aux IMF
«Une garantie est un engagement d'un tiers d'assumer la
responsabilité d'un engagement si la partie contractante se trouve dans
l'incapacité de l'assurer.20(*)»
Partant de cette définition, on peut considérer
une garantie de prêt aux IMF comme une forme d'assurance de
couverture du risque de défaut de paiement d'un emprunt
contracté par une IMF auprès d'une banque commerciale par un
organisme tiers (le fonds de garantie).
L'IMF paie une «prime» pour cette assurance; c'est
en effet un service qui lui permet d'accéder à un prêt.
En microfinance, le développement des mécanismes
de garantie a été impulsé largement par les bailleurs de
fonds dans le but de démontrer aux prêteurs, locaux ou
internationaux, que les IMF sont solvables.
L'objectif global est qu'à long terme, les IMF soient
intégrées dans le secteur financier classique. Les principaux
enjeux de la garantie sont les suivants :
- Permettre le prêt d'une banque locale à l'IMF.
Sans la garantie, dans bien des cas, la relation n'aurait pu être
amorcée.
- De plus en plus, faciliter aussi l'accès des IMF aux
prêteurs internationaux.
- Faciliter l'accès à un prêt en monnaie
locale pour l'IMF. Dans ce cas de figure, si la garantie est libellée en
devise et le prêt en monnaie locale, la garantie prend alors en charge
non seulement le risque de défaut de paiement, mais aussi le risque de
change.
- Contourner des contraintes réglementaires
liées à la réglementation des changes ou améliorer
la notation du risque par les banques.
En théorie, la garantie de prêt aux IMF n'a pas
vocation à durer. Les promoteurs des garanties de prêt aux IMF ont
en effet pour objectif d'amorcer une relation entre prêteurs et IMF, dans
l'espoir que par la suite la relation de refinancement puisse se poursuivre
sans garantie, une fois la démonstration de la solvabilité de
l'IMF réussie.
2.3.1 Les principaux acteurs internationaux de
la garantie de prêt:
· Latin American Bridge Fund (LABF)
· AFD
· Deutsche Bank Microcredit Development Fund (DBMDF),
· Fonds International de Garantie (FIG, ex RAFAD),
· Grameen Foundation Growth Guarantees,
· SUFFICE (Union européenne/ gouvernement
d'Ouganda)
· USAID/Development Credit Authority
2.3.2. Les principaux mécanismes de
garantie de prêt aux IMF
Il existe quatre principaux mécanismes de garantie de
prêt, notamment:
· Lettre de crédit stand-by
C'est l'instrument de garantie le plus commun. La lettre de
crédit stand-by implique quatre institutions dans une transaction.
L'organisme de garantie verse un dépôt de garantie auprès
d'une banque internationale qui effectue une lettre de crédit stand-by
à la banque locale ; cette dernière accorde alors un prêt
à l'IMF. En cas de défaut, la banque locale présente une
preuve de défaut à la banque internationale qui libère les
fonds auprès de la banque locale.
La lettre de crédit stand-by a deux avantages :
o les fonds de l'organisme de garantie sont
sécurisés dans une banque internationale et l'obligation de
garantie est libellée en devise.
o dans le cas où l'institution prêteuse
émet le prêt en monnaie locale, l'organisme de garantie n'est pas
exposé au risque de change.
· Dépôt auprès de l'institution
prêteuse
L'organisme de garantie peut se passer de la lettre de
crédit stand-by, en déposant directement les fonds en garantie
auprès de la banque locale. Cette méthode expose l'organisme de
garantie au risque de défaillance de la banque locale, ainsi qu'au
risque de transfert / convertibilité.
· Prêts à l'IMF déposés
auprès de la banque prêteuse
L'organisme de garantie accorde un prêt à l'IMF ;
cette dernière dépose un montant identique auprès de la
banque prêteuse qui, alors, accorde enfin un prêt à l'IMF.
Dans ce cas, même si techniquement, l'organisme de garantie
prête les fonds à l'IMF, celle-ci les utilise comme garantie.
Typiquement, ce genre de transaction porte sur des prêts en devises de
l'organisme de garantie. Néanmoins le coût net de
l'opération peut s'avérer avantageux pour les deux parties. En
général, pour l'organisme de garantie, le taux
d'intérêt perçu pour un prêt est supérieur
à celui perçu pour une garantie. De son côté, l'IMF
paie plus cher pour le prêt que pour la garantie; mais en retour, elle
peut percevoir des intérêts sur le dépôt du
prêt auprès de la banque prêteuse.
· Garanties sans contrepartie
Certains bailleurs de fonds bilatéraux sont en mesure
d'engager la signature de leur gouvernement pour honorer l'obligation de
garantie, sans pour autant mobiliser physiquement les fonds en garantie. C'est
l'instrument préféré par USAID/DCA.
2.3.3 L'impact des garanties de prêt pour
les IMF
Voici quelques éléments d'analyse sur l'impact
de ces mécanismes de garantie pour les IMF:
· Accès au premier prêt bancaire
local
Les IMF et fonds de garantie attestent que les garanties ont
permis aux IMF d'accéder à un prêt bancaire, souvent le
premier, qu'elles n'auraient pu sinon obtenir. Outre la garantie, l'organisme
de garantie et leurs banques internationales apportent leur expertise et leur
crédibilité auprès des banques locales.
Ce succès est à ramener aux conditions des
prêts aux IMF, qui s'apparentent à des prêts à des
entreprises risquées: taux d'intérêt élevés
(plus que pour des grandes entreprises), garanties réelles (titres
fonciers ou immobiliers, dépôt en numéraire), faible
montant en rapport à l'actif.
· De nouveaux partenariats
Par ailleurs, en recourant aux garanties de prêt, les
IMF escomptent aussi nouer des relations de long terme, diversifier leurs
sources de financement, retirer un certain prestige des relations avec des
institutions internationales.
· Coût pour les IMF
Les garanties représentent un surcoût pour les
IMF, qu'elles ne seraient évidemment pas prêtes à payer si
elles disposaient d'alternatives moins chères, ou si elles pouvaient
accéder à des ressources moins coûteuses.
L'obtention par la suite des prêts sans garantie
dépend notamment de la maturité des IMF ; il existe des cas
intéressants de pays où les banques tendent à
considérer les IMF comme un bon investissement dans une relation
«grossiste/détaillant» avec des taux intéressants (ex.
Maroc, Inde).
2.3.4. Avantages et limites de ces
mécanismes de garantie
Les garanties de prêt ont des avantages sur les IMF,
mais aussi des limites:
Avantage:
· Les garanties permettent aux IMF de recourir à
des prêts commerciaux qui sans cela leur seraient restés
inaccessibles. Les garanties ont notamment contribué à
démontrer la solvabilité des IMF qui ne collectent pas
l'épargne auprès des banques locales.
· La garantie de prêt est efficace, lorsqu'elle
permet aux IMF d'obtenir des prêts à des conditions meilleures que
par des prêts bancaires classiques, notamment en ayant recours à
des investisseurs internationaux (ou encore sur les quelques marchés
où les prêts aux IMF se pratiquent à des taux
inférieurs à ceux obtenus par d'autres types d'entreprises).
· Le recours à des garanties a permis à des
investisseurs internationaux spécialisés dans le financement
d'IMF de lever des fonds sur les marchés internationaux et d'apporter
une garantie supplémentaire à leur portefeuille de prêt aux
IMF.
Limite:
· Le coût de ces garanties est élevé,
malgré une part substantielle de subvention des bailleurs de fonds.
· Sur les marchés financiers plus matures, les IMF
peuvent trouver d'autres alternatives plus intéressantes que de recourir
à l'emprunt bancaire.
· Les banques exigent souvent des IMF des garanties
réelles complémentaires pour couvrir le reste du prêt.
· Nombre de ces mécanismes de garanties se sont
concentrés sur de grandes IMF et des prêteurs internationaux ou
sur des marchés comme l'Inde, le Bénin, le Maroc où les
banques sont prêtes à effectuer des prêts «de
gros» pour les IMF en considérant leur portefeuille comme une
garantie à des conditions avantageuses (taux de base ou moins).
Ainsi, les garanties de prêts semblent apporter une
réelle plus value lorsqu'elles permettent à l'IMF de composer une
structure de financement qui reste compétitive compte tenu de son
marché. Pour la plupart des IMF, les prêts commerciaux des banques
aux IMF, tels qu'ils sont définis aujourd'hui, ne sont pas soutenables
sur le long terme; en particulier lorsque les IMF sont confrontées
à la concurrence et doivent réduire leurs taux
d'intérêt sur les crédits accordés à leurs
clients, pour pouvoir rester compétitives.
Pour cette raison les IMF
doivent à terme diversifier leur stratégie de financement en
ayant par exemple davantage recours à la mobilisation de
l'épargne, ou à des outils financiers plus récemment
introduits en microfinance, comme l'émission d'obligations.
2.4. La gestion de risque de change
Les IMF interviennent dans des pays où la situation
économique, politique et monétaire peut être instable.
L'activité des IMF étant en
général de prêter en monnaie locale, tout en empruntant
souvent en devises fortes; Le risque de change est donc l'un des risques
auxquels les IMF sont le plus exposées. Pourtant, elles n'en sont pas
toujours conscientes, et connaissent souvent mal les mécanismes
possibles pour se protéger de ce type de risque. Pour les IMF, le risque
de change comprend trois principaux éléments:
· Le risque de dévaluation
La dévaluation (ou dépréciation) se
produit lorsqu'une IMF contracte une dette en devises, le plus souvent en
dollars ou en euros, et prête ensuite ces fonds en monnaie nationale.
L'IMF détient donc une dette dans une monnaie forte et des actifs (son
portefeuille de crédits principalement) en monnaie nationale. Dans ce
cas, on dit qu'il y a un écart de devises, ou position de change
défavorable, pour l'IMF. Les fluctuations des valeurs relatives de ces
deux monnaies peuvent affecter négativement la viabilité
financière de l'organisation.
Au Sénégal, les francs CFA ayant cours fixe avec
les euros la viabilité financière des IMF ne sera pas
affecté en cas de contraction d'une dette en devise euro.
· Le risque de convertibilité
Le risque de convertibilité représente un autre
élément possible du risque de change. Il s'agit principalement du
risque que le gouvernement ne vende pas de devises aux emprunteurs ou autres
détenteurs d'obligations libellées en monnaie forte.
· Le risque de transfert
Le risque de transfert est le risque que le gouvernement ne
permette pas aux devises de quitter le pays.
De ces trois éléments de risque, le
risque de dévaluation est le plus fréquent : les IMF
opèrent dans les pays en développement où le risque de
dévaluation de la monnaie est le plus élevé, et sont
particulièrement vulnérables au risque de change.
Néanmoins, les risques de convertibilité et de transfert, quoique
moins répandus, peuvent aussi se produire.
Nous avons vu, au niveau de prêt aux IMF, que les
banques locales sont souvent peu enclines à refinancer les IMF. Pour
cette raison, des fonds spécialisés internationaux se sont
créés ces dernières années, pour apporter aux IMF
des pays du Sud cette possibilité d'accéder à des
emprunts, afin de développer leur portefeuille de crédit.
La quasi-totalité de l'argent investi dans ces fonds
spécialisés vient d'Europe ou des États-Unis. Ces fonds
gèrent des sommes libellées en euros ou en dollars mais
investissent dans des IMF qui travaillent en monnaie locale, souvent dans des
devises dites «exotiques», pour lesquelles les mécanismes de
couverture du risque de change n'existent pas.
D'un point de vue économique, il serait plus logique
pour des IMF qui prêtent en monnaie locale, de se financer aussi en
devise locale. Mais devant l'impossibilité de lever des ressources
locales (interdiction de lever de l'épargne, méfiance des
banques) la tentation est forte pour les IMF de recourir à ces
ressources, qui impliquent pourtant un risque parfois élevé.
Ce financement en devises fortes présente aussi
d'autres avantages pour les IMF : les conditions de financement peuvent
être plus intéressantes; par ailleurs, le prêt peut
être une première relation avec un nouvel investisseur potentiel,
qui pourrait ensuite entrer au capital de l'IMF.
Une petite réflexion sur le risque de change:
Quel est le risque porté par l'IMF, pour un financement
en devises fortes ?
Si les dettes de l'IMF libellées en devises
(prêts en dollars ou en euros, par exemple) sont compensées par un
montant égal d'actifs libellés dans la même devise
(placements en dollars ou en euros, par exemple), alors une variation du taux
de change de la monnaie locale n'affectera pas l'IMF.
En revanche, si les dettes en devises ne sont pas
compensées par des actifs en devises, alors il y a
déséquilibre de la position de change. Ce risque se
matérialise quand la monnaie locale se déprécie (parfois
très brutalement). Si la monnaie locale perd de la valeur par rapport
à la devise, alors la valeur des actifs de l'IMF baisse par rapport
à celle de ses dettes. Dans ce cas, l'IMF subit une perte de change, qui
peut être très lourde.
Avec le développement des financements en devises
fortes, mais aussi la professionnalisation du secteur (exigence d'analyse et
de management du risque), les IMF et leurs partenaires financiers sont de plus
en plus sensibilisés au risque de change, avec plusieurs
conséquences:
· Dans certains pays, l'État limite la
possibilité pour les IMF de s'endetter en devises
étrangères;
· Certaines IMF préfèrent limiter
d'elles-mêmes leur recours aux prêts en devises fortes, quitte
à croître moins vite;
· Certains acteurs évoquent la possibilité
de lever de l'argent directement dans les devises des pays où ils vont
investir.
Une solution de plus en plus utilisée consiste à
s'appuyer sur des banques locales qui peuvent prêter aux IMF sans prendre
de risque de change. Dans ce cas, le fonds spécialisé garantit
auprès de la banque locale le remboursement du prêt par l'IMF.
Des stratégies sont aussi envisageables pour faire face
aux risques de change. Du point de vue des IMF, Il en existe trois principales
stratégies possibles face au risque de change:
- Ne pas se protéger
Si le risque est faible ou d'un impact estimé limiter,
ou que le coût pour se protéger est élevé par
rapport à cet impact potentiel (car la couverture du risque de change
peut représenter un coût prohibitif dans beaucoup de pays !),
alors l'IMF peut sciemment décider de subir, le cas
échéant, le risque de change. Cependant, dans la plupart des pays
du Sud, une telle stratégie n'est pas recommandable, si elle n'a pas
été soigneusement étudiée, les risques de change
étant souvent sous-estimés.
- Se protéger par l'un des instruments existants
Les instruments existant de protection contre le risque de
change sont constitués entre autre de:
ü Outils
«classiques»
Parmi les outils les plus utilisés pour se couvrir
contre le risque de change, on peut citer:
· Les contrats à terme: par ces
contrats, l'IMF s'engage à acheter ou vendre des devises à un
certain prix dans le futur;
· Les swaps: dans un accord de swap,
l'IMF s'engage à échanger (ou vendre) un montant de devises
maintenant et à revendre (ou racheter) cette devise dans le futur;
· Les options: elles donnent le droit,
mais sans obligation, d'acheter (option d'achat) ou de vendre (option de vente)
une devise dans le futur, une fois que la valeur de cette devise atteint un
prix convenu à l'avance, le prix d'exercice.
Ces outils ont des réels avantages: en premier lieu,
ils représentent une protection efficace de l'IMF en cas de
dévaluation de la monnaie locale, ou en cas de risque de
convertibilité ou de transfert (par les swaps).
Le problème est qu'en général, ils ne
sont pas disponibles, c'est le cas dans bon nombre des marchés
financiers des pays où interviennent la plupart des IMF.
Par
ailleurs, le coût de l'utilisation de ces outils peut être
prohibitif en raison de la taille modeste des transactions de change
effectuées par les IMF. De même, la durée des prêts
en devises est souvent supérieure à celle des instruments de
couverture disponibles sur les marchés financiers. Enfin, les questions
de solvabilité peuvent rendre l'achat de ces instruments
dérivés difficile pour les IMF.
ü Les prêts adossés ou
«back-to-back»
Les prêts adossés représentent
actuellement la méthode la plus utilisée par le secteur de la
microfinance pour se couvrir contre le risque de dévaluation ou de
dépréciation.
Dans ce type d'instrument, l'IMF contracte un prêt en
devises (auprès d'un prêteur international, en
général) et le dépose dans une banque locale. L'IMF
utilise ce dépôt comme garantie en espèces ou comme une
forme de caution donnant à la banque locale un droit contractuel sur le
dépôt ; en échange, l'IMF peut ainsi contracter un emprunt
libellé en monnaie nationale pour financer son portefeuille des
prêts. Le prêt en monnaie locale n'est pas réellement
considéré comme une dette dans la mesure où le
dépôt en devises offre une garantie totale à la banque
locale. Une fois que l'IMF rembourse le prêt en monnaie nationale, la
banque locale libère le dépôt en devises, qui est alors
utilisé pour rembourser le prêt initial libellé en devises.
L'IMF doit payer un intérêt sur le prêt en
monnaie nationale, ainsi que la différence entre l'intérêt
appliqué sur le prêt en devise forte et l'intérêt
perçu sur le dépôt en devise forte; elle doit donc au
préalable correctement estimer ce coût, et le comparer aux autres
mesures de protection possibles.
L'intérêt des prêts adossés est
réel: c'est une couverture efficace contre le risque de change sur le
capital; ce système permet à l'IMF d'avoir accès à
des capitaux non disponibles sur le marché local, à des
conditions qui peuvent être intéressantes.
Cependant, l'IMF reste exposée à une
augmentation du coût du service de la dette en cas de
dépréciation de la monnaie nationale. En outre, la plupart des
prêts adossés ne protègent pas l'IMF contre les risques de
convertibilité et de transfert qui pourraient limiter l'accès aux
devises ou interdire les transferts des devises hors du pays, empêchant
ainsi une IMF solvable de rembourser son prêt en monnaie forte. Si ce
risque est avéré effectif, il est peu probable qu'un investisseur
s'engage.
Ce mécanisme expose aussi l'IMF au risque de
crédit sur le dépôt en monnaie forte en cas de
défaillance de la banque locale.
ü La lettre de crédit
Le fonctionnement de la lettre de crédit est le suivant
: l'IMF accorde une garantie en monnaie forte, généralement sous
forme de dépôt en espèces, à une banque commerciale
internationale qui, à son tour, donne une lettre de crédit
à une banque locale. La banque locale, utilisant la lettre de
crédit comme garantie, accorde ensuite un prêt en monnaie
nationale à l'IMF.
Cette technique présente plusieurs avantages par
rapport au prêt adossé : ici l'IMF n'est pas exposée au
risque de crédit de la banque locale, puisqu'il n'y a pas de
dépôt en devise forte auprès de cette dernière. Elle
est également protégée du risque de convertibilité
ou de transfert : la devise forte n'est en effet pas déposée dans
le pays à risque.
Le risque d'augmentation du coût du service de la dette
demeure toutefois, en cas de dépréciation de la monnaie
nationale.
En revanche, la lettre de crédit sera plus difficile
à obtenir, pour une majorité d'IMF, et toutes les banques locales
n'accepteront pas cette forme de garantie. Enfin, l'IMF devra là aussi
vérifier le coût total de la mesure prise, les frais de la lettre
de crédit venant s'ajouter.
ü Prêts en monnaie nationale remboursables en
monnaie forte avec compte de dévaluation monétaire
Dans ce cas, un bailleur de fonds accorde à une IMF un
prêt en devise forte remboursable en monnaie forte au taux de change qui
était en vigueur à la date du prêt. L'IMF convertit ce
prêt en monnaie nationale pour renforcer son portefeuille des
prêts. Pendant toute la durée du prêt, en plus de ses
paiements réguliers d'intérêts, l'IMF dépose
également des montants convenus d'avance en monnaie forte dans un
«compte de dévaluation monétaire.» À
l'échéance du prêt, le principal est remboursé au
taux de change initial, et toute différence est couverte par le compte
de dévaluation monétaire. Si le montant de ce compte est
supérieur aux besoins le solde est rendu à l'IMF. S'il est
inférieur, le prêteur assume la perte.
Ainsi, dans cette opération, l'intérêt est
de partager le risque de change entre l'IMF et le prêteur. Cet
arrangement peut être adapté au niveau de risque que chacun est
disposé à assumer. Le risque de l'IMF est plafonné.
Le risque de convertibilité et de transfert existe
toujours en revanche, si le compte de dévaluation monétaire est
placé dans le pays à risque (mais ce compte peut être
placé à l'étranger).
ü L'indexation du taux d'intérêt de l'IMF
sur la devise forte
Dans ce cas, l'IMF ne prend pas le risque de change, mais le
répercute à son tour sur ses clients. Autrement dit, le taux
d'intérêt appliqué par l'IMF est indexé sur la
valeur de la devise forte. Lorsque la monnaie nationale se
déprécie, le taux d'intérêt imposé aux
clients augmente en proportion, ce qui permet à l'IMF de collecter en
remboursements des crédits de quoi assurer le service de sa propre dette
en devise forte. En revanche, l'IMF n'est pas protégée contre le
risque de convertibilité ou de transfert.
Cette technique peut être discutable non seulement du
fait de l'impact sur le client (qui est sans doute l'acteur de la chaîne
de financement le moins capable d'assumer ce risque, et souvent de
l'anticiper), mais aussi parce que la sécurité qu'elle procure
à l'IMF peut être très illusoire: elle déplace en
réalité le risque.
En effet, l'IMF ne supporte plus le risque de change, mais en
réalité si ses clients en période de
dépréciation monétaire ne peuvent plus rembourser leurs
crédits, alors l'IMF doit faire face à un risque crédit
plus élevé des impayés.
- S'auto-imposer des limites prudentielles.
Certaines IMF soit de leur plein gré, soit sous
l'impulsion des investisseurs ou des autorités de contrôle
limitent leurs dettes en devises. Elles limitent donc le risque, de ce fait.
Les limites qu'elles s'imposent sont fonction du niveau de risque qu'elles
peuvent supporter. En général la limite courante est de plafonner
la part des dettes en devises fortes à 20 à 25 % du total de
l'endettement de l'IMF.
Pour définir une limite prudentielle appropriée,
les IMF doivent aussi tenir compte du niveau de leurs fonds propres et de la
capacité de ces fonds propres à supporter des augmentations des
dettes à la suite d'une dépréciation de la monnaie
nationale. Par exemple, une IMF pourrait limiter ses engagements en devises
à 20 % de ses fonds propres et, peut-être, créer un poste
de provisions dans son bilan pour couvrir les pertes potentielles de change.
Plus les fonds propres d'une IMF sont faibles en pourcentage de l'actif total,
plus la limite imposée aux dettes en devises doit être basse en
pourcentage de ces fonds propres.
L'IMF limite ainsi son risque, et limite aussi le coût
de la couverture du risque de change. C'est donc un compromis, mais qui peut
être d'un intérêt limité si la dette en devises
fortes, d'un montant très réduit, ne peut de ce fait pas
être négociée à un meilleur taux; l'IMF n'exploite
donc pas le potentiel de la dette en devises fortes.
2.5. L'émission d'obligations et la titrisation
De nouveaux outils de financement des IMF apparaissent
régulièrement, pour répondre aux nouveaux besoins d'IMF
plus matures.
L'utilisation, en microfinance, d'émissions
obligataires et de titrisations constitue les «derniers nés»
de ces outils. Il s'agit en effet d'opérations financières plus
complexes, qui ne peuvent être utilisées que par des IMF plus
matures, et qui impliquent un plus grand nombre des partenaires financiers,
avec une technicité plus grande.
Dans ce point nous allons donner une première
connaissance de ces produits, en présentant les premières
opérations réalisées en microfinance dans ce domaine.
2.5.1. Instruments encore peu répandus
en microfinance.
Les IMF se tournent de plus en plus vers les marchés
financiers pour accéder à d'autres sources de financement
à long terme. Lorsqu'elles sont suffisamment reconnues, et
financièrement solides, elles peuvent y parvenir en émettant des
obligations, ou en recourant à la titrisation.
Les émissions d'obligations réussies de quelques
IMF très matures ont beaucoup fait parler d'elles, mais restent encore
rares. Les opérations de titrisation, quant à elles, sont plus
récentes et encore moins fréquentes. Le manque de recul sur
l'utilisation de ces instruments en microfinance fait que peu
d'éléments de comparaison sont disponibles, sur leur coût
notamment. Ces instruments n'en suscitent pas moins un intérêt
croissant sur les marchés financiers.
2.5.2. L'émission
d'obligations
Une obligation est un titre de créance
négociable à long terme représentatif d'une fraction d'un
emprunt émis par une entreprise et rémunéré par un
intérêt annuel21(*).
En tant que créancier d'une entreprise, le porteur
d'une obligation ne court pas le risque industriel de celle-ci puisque sa
rémunération est contractuelle. Il sera remboursé avant
les actionnaires en cas de faillite de l'entreprise. En contrepartie, il ne
bénéficie pas des droits sociaux liés à l'action
(droit au bénéfice et droit à la gestion de l'entreprise
via le droit de vote).
L'intérêt des obligations pour les investisseurs
réside dans le fait qu'il s'agit d'emprunts pouvant être vendus
plus facilement à un autre investisseur au lieu d'être
conservés jusqu'à leur échéance. Les banques
achètent souvent des obligations également pour cette raison. En
outre, les obligations ne requièrent pas de l'investisseur qu'il
réalise une évaluation de l'emprunteur comparable à celle
qu'une banque entreprend avant d'octroyer un prêt direct. Les acheteurs
d'obligations se contentent souvent de consulter les notations disponibles.
En ce qui concerne les IMF, l'accès aux marchés
des obligations permet l'emprunt auprès de sources institutionnelles et
présente l'avantage de pouvoir attirer des capitaux à long terme
et des sommes plus élevées, de bénéficier de
conditions plus favorables et de toucher de nouveaux investisseurs.
Néanmoins, les émissions obligataires en
microfinance restent rares, car de nombreuses contraintes existent encore :
· Les investisseurs sur le marché des capitaux se
cantonnent fréquemment aux instruments émis par des institutions
financières réglementées et très reconnues, et
tendent à percevoir la microfinance comme un secteur risqué. Par
ailleurs, les marchés de capitaux et d'instruments financiers nationaux
restent encore peu développés.
· Peu d'IMF disposent de structures de
propriété et de gouvernance adéquates pour le financement
d'obligations. Il est impératif pour l'IMF d'avoir une structure
financière très solide et une notation financière, pour
convaincre les investisseurs. Seules les IMF les plus solides sont donc en
mesure d'émettre des obligations.
· Pour obtenir un prêt bancaire, il suffit de
convaincre une seule banque d'octroyer un crédit. En revanche, un
emprunt par le biais d'une émission obligataire suppose la vente
d'obligations à un grand nombre d'investisseurs, essentiellement des
investisseurs institutionnels (compagnies d'assurance, des fonds de pension ou
fonds communs de placement). Un plus grand nombre d'informations doivent
être diffusées afin d'améliorer suffisamment la confiance
que ce groupe d'investisseurs place dans l'emprunteur.
· Les investisseurs qui achètent ces obligations
réalisent également que les opportunités de
négociation sont limitées : la demande restant
généralement faible pour les émissions des IMF, celles-ci
s'avèrent globalement peu liquides. A cela viennent s'ajouter d'autres
contraintes, notamment le volume relativement restreint et le manque d'options
de placement.
· Etant donné que les revenus des IMF proviennent
des portefeuilles des prêts non garantis, leurs émissions
obligataires doivent généralement s'accompagner des
systèmes de garanties par les banques publiques, les banques de
développement ou les bailleurs de fonds.
Bien qu'il s'agisse encore d'une pratique marginale, ces
émissions d'obligations devraient à terme se développer,
et offrir une solution supplémentaire de financement en monnaie locale
pour les IMF les plus matures.
2.5.3. La titrisation
La titrisation est un montage financier qui permet à
une société d'améliorer la liquidité de son
bilan22(*).
Techniquement, des actifs sélectionnés en
fonction de la qualité de leurs garanties sont regroupés dans une
société appropriée qui en fait l'acquisition, en se
finançant par l'émission des titres souscrits par des
investisseurs. L'entité ainsi créée perçoit les
flux d'intérêts et de remboursement sur les créances
qu'elle a achetées aux banques et le reverse aux investisseurs via le
paiement d'intérêts et le remboursement de leurs titres.
Initialement, cette technique a été
utilisée par les établissements de crédit dans le but de
refinancer une partie de leurs encours, c'est-à-dire transformé
en titres négociables des prêts à la clientèle.
Cette technique s'est étendue aussi à des groupes industriels
pour titriser des créances commerciales de façon
récurrente, titriser des immeubles d'exploitation, stocks... en bref de
rendre liquide presque tout le bilan.
Plus récentes que les émissions d'obligations,
les opérations de titrisation en microfinance sont encore moins
fréquentes.
Les banquiers hésitent en effet à titriser les
actifs des IMF du fait de la taille relativement petite des transactions par
rapport aux coûts de structuration élevés, de la
difficulté de trouver un administrateur de remplacement, et surtout du
nombre limité d'investisseurs pour ce type des titres.
Troisième partie: L'ANALYSE DES SOURCES DE
FINANCEMENT DES IMF: cas du Crédit mutuel du Sénégal.
Chapitre I: PRESENTATION DU CMS
Section 1: Historique
A l'origine projet dénommé Caisse Populaire
d'Epargne et de Crédit (CPEC), le CMS a démarré en 1988
à Thiaré, dans la région de Kaolack sous forme d'un
projet, piloté par le Centre International du Crédit Mutuel
(CICM), sur initiative du Gouvernement sénégalais, du
Ministère français de la Coopération.
En 1991, après avoir largement couvert les
régions de Kaolack et Fatick, il gagne ensuite les régions de
Tambakounda et Kolda.
En 1993, le Crédit Mutuel du Sénégal
s'installe dans la région de Thiès et y transfère son
siège. Il s'étend après aux régions de Diourbel et
Dakar.
En Janvier 1995, le Crédit Mutuel du
Sénégal s'installe dans la région de Ziguinchor.
En 1998, le Crédit Mutuel du Sénégal
transfère son siège à Dakar.
En juin 2000, le CMS se transforme en fédération
mutualiste, régulée par la loi Ouest Africaine PARMEC et
approuvée par les autorités sénégalaises.
En 2003 le CMS occupe les régions de Saint Louis et de
Louga.
Outre le partenariat entre la République du
Sénégal et l'AFD, ainsi que l'implication de ses dirigeants, son
solide partenariat avec le CICM a permis au CMS d'être l'IMF leader au
Sénégal.
Section 2: Mission et objectifs
Le CMS a pour objectif de mobiliser l'épargne des
sénégalais à des fins d'investissement. Sa mission est de
participer à l'amélioration du niveau de vie et à la
promotion du bien être des populations toutes catégories
confondues, en offrant une large gamme des services financiers de
proximité.
Sa priorité est donc de permettre l'accès des
populations aux services financiers, tout en les protégeant de
l'endettement usurier.
Il apporte ainsi un soutien considérable aux
agriculteurs, pêcheurs et aux groupements d'intérêt
économiques. Son réseau est composé de 160 caisses
réparties sur tout le territoire.
Section 3: Produits et services
Le CMS a pour objectif de rendre à ses membres un
service de qualité au meilleur coût. L'offre des produits et
services vise la gestion sûre et rentable de l'épargne de leurs
sociétaires et la mise à disposition des moyens de financements
adaptés à la réalisation de leurs projets.
3.1. Produits de dépôt
Fortement concentré sur la mobilisation de
l'épargne, le CMS possède quatre produits d'épargne
différents.
Lorsqu'un client rejoint le CMS, il ouvre automatiquement un
compte d'épargne, sur lequel le dépôt minimum est d'environ
2000Fcfa. Et dès que le client reçoit un crédit, il ouvre
un compte courant pour les transactions financières avec le CMS.
Les dépôts à terme et les plans
d'épargne sont également proposés aux clients et les
intérêts varient entre 3,25% et 5,5%, en fonction du montant
épargné et de la durée.
3.1.1. Compte sur livret
C'est un produit de base pour tout sociétaire
utilisé comme une réserve personnelle ou pour de l'épargne
régulière pouvant également servir de compte d'attente en
prévision des perspectives d'investissements intéressantes.
Le compte sur livret permet de mettre de l'argent de
côté en vue de faire face aux imprévus et aux
dépenses de la vie courante (se rééquiper, aménager
son domicile, achat de voiture) par l'obtention de crédit.
3.1.2. Compte courant
Ce produit est destiné aux personnes physiques ou
morales dont les comptes sont fréquemment mouvementés (plus de 48
opérations par an). L'ouverture du compte se fait sur demande du
sociétaire avec présentation d'une photo d'identité pour
les personnes physiques et une photo pour chaque mandataire pour les personnes
morales.
Ce produit permet de mesurer aussi la capacité
d'épargne du sociétaire par les recettes domiciliées, en
vue d'accéder au crédit.
Disponibilité totale de l'épargne et sans
préavis et opérations possibles à tout moment aux heures
d'ouverture de la caisse avec la possibilité de transférer des
fonds.
3.1.3. Compte à terme
Le compte à terme est un contrat par lequel le
sociétaire s'engage à verser sur son compte une certaine somme
qui devient indisponible sur une période donnée. La caisse
s'engage à verser des intérêts au sociétaire au
terme du contrat.
3.1.4. Plan épargne projet (PEP)
Le Plan Epargne Projet est destiné aux
sociétaires désireux de constituer le capital nécessaire
à la réalisation d'un projet ou pour un événement
déterminé (Rentrée scolaire, Tabaski; etc.).
Les bénéficiaires sont des personnes physiques
ou morales qui s'engagent à respecter les statuts et règlements
du CMS.
3.2. Produits de crédit
Les produits de crédit du CMS sont de deux types,
professionnel et particulier, et sont destinés aux clients individuels
et aux groupes.
Le taux d'intérêts sont constants et se situent
entre 1,5% et 2%. La durée des prêts varie entre 3 et 36 mois.
Pour accéder au crédit, il faut être
membre du CMS depuis au moins 3 mois. Par contre si vous êtes
fonctionnaire de l'état ou un client travaillant dans le secteur
privé, dont le salaire est domicilié au CMS, vous pouvez
introduire directement une demande de crédit.
L'épargne caution obligatoire varie entre 10% et 20% du
montant demandé, en fonction du type de crédit et de la taille.
Certains crédits requièrent que le client ait une garantie
personnelle. Toutefois, d'autres garanties matérielles comme les
véhicules, les équipements ou les titres de
propriété sont acceptés.
3.2.1. Crédit AES
C'est un crédit personnel consenti au sociétaire
en vue de l'aider à financer tout objet pouvant améliorer son
niveau de vie économique ou social. Ces dépenses concernent
l'aménagement, l'acquisition de biens d'équipements (mobiliers de
maisons, équipements électroménagers et des besoins
sociaux (soins, voyage etc.)
Ce crédit est accordé à toute personne
physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et
règlements du Crédit mutuel du Sénégal et titulaire
d'une part sociale depuis au moins trois mois ou dès la domiciliation
effective du salaire.
3.2.2. Crédit PEP
C'est un crédit adossé à une
épargne constituée (PEP), en vue de la réalisation d'un
projet. Il est attribué en cas de besoins sociaux ou de consommation.
Ce crédit est accordé à toute personne
physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et
règlements du CMS et titulaire de la part sociale depuis au moins 3
mois.
3.2.3. Crédit d'investissement
Le Crédit d'investissement est destiné au
financement de tout équipement professionnel et à
l'aménagement des locaux professionnels en vue d'améliorer le
rendement.
Ce crédit est accessible à toute personne
physique ou morale dans le cadre de l'extension ou de la modernisation de son
activité, et qui s'engage à respecter les statuts et
règlements du CMS et titulaire d'un part sociale depuis au moins 3
mois.
3.2.4. Crédit fond de roulement
C'est un crédit destiné à financer des
besoins d'exploitation momentanés.
Est éligible au crédit fonds de roulement tout
sociétaire développant des activités à
caractère commercial ou artisanal (Commerçants, Transporteurs,
Artisans, mareyeurs ou autres professionnels).
3.2.5. Crédit conventionné
La convention peut se définir comme étant un
accord de volonté qui crée des droits et des obligations
réciproques à charge des parties. Une telle option peut se
justifier par la nécessité de faire preuve de souplesse pour
l'accès au crédit.
Le crédit conventionné est
caractérisé par sa souplesse, afin de permettre au plus grand
nombre exclus du système bancaire classique d'accéder au
crédit.
La convention permet de mobiliser des fonds de garantie pour
minimiser les risques afférents à l'activité
crédit, mais également des lignes de crédit pour faire
face à des engagements à long terme comme ceux nécessitant
des crédits d'investissement à long et moyen terme.
Sont éligibles au crédit conventionné,
toute personne physique ou morale titulaire d'une part sociale.
3.2.6. Crédit relais ou de soudure
C'est un crédit destiné à protéger
le sociétaire contre un endettement désorganisé et
coûteux en vue de sécuriser davantage les crédits de
campagne. Il vise les activités de production arachidière
(spécifiquement).
Sont éligibles à ce type de crédit les
sociétaires ayant correctement remboursé leur dernier
crédit et justifiant d'une capacité de remboursement mesurable
par le volume de leurs activités agricoles. Les sociétaires
bénéficiant d'un crédit avec 50% de DAT, y sont exclus.
3.2.7. Crédit automatique
C'est un crédit qui permet de réaliser des
dépenses diverses, sans impacter son épargne. Il se distingue des
autres types de prêts par le caractère liquide et unique de sa
garantie. Le sociétaire accepte à titre de garantie le blocage de
son épargne à hauteur de 100 % du montant
emprunté.
Ce crédit bénéficie à toute
personne physique ou morale qui s'engage à respecter les statuts et
règlements du Crédit Mutuel du Sénégal disposant de
revenus permanents et réguliers permettant l'amortissement du
crédit.
3.3. Autres services
3.3.1. Virement interne
Par virement interne, il faut entendre toutes les
opérations affectant deux comptes des sociétaires dans deux
caisses différentes ou dans une même caisse. Le virement interne
pourra concerner deux comptes d'une même personne ouverts dans deux
caisses différentes.
Le virement interne doit obligatoirement être
initié par un sociétaire d'une Caisse du Crédit Mutuel du
Sénégal au profit d'un autre sociétaire.
3.3.2. Encaissement de chèques
Le sociétaire peut encaisser son chèque en
l'endossant au nom du Crédit Mutuel du Sénégal. Dès
réception effective des fonds sur comptes du CMS, le compte du
sociétaire est crédité du montant diminué des
frais.
3.3.3. Transfert d'argent Western Union
Le Crédit Mutuel du Sénégal
(CMS) assure un Transfert d'Argent rapide et sûr
grâce au Service WESTERN UNION. En effet, ce dernier a
été lancé au CMS depuis Septembre 2005.
Aujourd'hui, toutes les Caisses Locales du CMS disposent au
moins d'un Guichet WU.
A cela, s'ajoutent douze (12) guichets dédiés
exclusivement aux opérations WESTERN UNION.
Au 30 Juin 2008, le Crédit Mutuel du
Sénégal (CMS) dispose de cent vingt deux
(122) points de vente WU couvrant ainsi l'ensemble du
territoire national.
Grace à la bonne couverture nationale du CMS, les
clients peuvent effectuer leurs opérations WU dans tout le
Sénégal.
Section 4: Système d'information et de
gestion
Le CMS utilise le système d'information et de gestion
qui a été développé par le partenaire
français Centre International du Crédit Mutuel (CICM). Il s'agit
d'un système intégré (comptabilité et suivi du
crédit), SIBANQUE.
Le support technique est assuré par le CICM mais le CMS
est devenu copropriétaire d'une nouvelle société afin de
gérer et développer le système d'information et de gestion
(SIG). Ceci leur assurera la propriété totale du logiciel.
A présent, le siège, tous les bureaux
régionaux et une grande partie des agences sont interconnectées.
Les autres agences restantes ont une connexion instable pour cause des lacunes
au niveau de l'accès téléphonique. Ces dernières
transfèrent leurs données à l'agence connectée la
plus proche ou au bureau régional correspondant. Cette interconnexion
permet de disposer des données des caisses un jour après
l'opération, de réaliser un contrôle à distance
efficace et de réduire les déplacements de l'équipe
informatique.
Le nouveau système d'information et de gestion est
sécurisé, pratique, flexible et permet de faire des rapports
concis. Les rapports consolidés sont préparés
mensuellement au niveau du siège, et les rapports trimestriels sont
envoyés à la banque ventrale et à l'ex-cellule de
supervision AT/CPEC.
Chapitre II: FINANCEMENT DU CMS
Dans la deuxième partie nous avons
développés les différentes sources de financement des IMF
de façons générale mais, dans ce chapitre nous analysons
les sources de financement du CMS en particulier.
Nous aurions pu utiliser l'outil d'analyse SWOT une technique
d`analyse aujourd`hui très répandue et appliquée à
plusieurs types d`organismes, des institutions et aux entreprises, pour faire
l`analyse des sources de financement du CMS, mais nous avons été
confronté au manque des données nécessaires nous
permettant de le faire. Cette difficulté a été du au fait
que, le directeur financier du CMS n'a pas voulu donner des réponses aux
questions permettant cette analyse. Toutefois, il a donné suite aux
restes des questions que constituait notre guide d'entretien. Nous avons pu
avoir également quelques données statistiques par rapport
à l'épargne et aux emprunts du CMS de 2006 à 2008.
Ce qui nous a permis de bien mener notre étude sur les
différentes sources de financement du CMS.
Le Crédit Mutuel du Sénégal est une
structure mutualiste, son objet est de collecter l'épargne des membres
et de leur distribuer des crédits. Il se finance à partir de
trois sources de financement, notamment:
- Le fonds propre,
- Les emprunts commerciaux,
- La mobilisation de l'épargne.
Pendant des longes années, le CMS ne
bénéficie plus des subventions. Il génère
suffisamment des produits dans ses opérations pour couvrir la
totalité de ses charges financières et opérationnelles, ce
qui atteste son autonomie financière.
Section 1: Fonds propres
Pour beaucoup des IMF en croissance rapide, il est essentiel
d'obtenir des fonds propres pour maintenir leur base de capital à un
niveau suffisant pour dynamiser leur croissance.
Les fonds propres du CMS sont constitués des
participations de membre, de cumul de résultats positifs des
années précédentes. Ils ne sont pas ouvert aux
investisseurs en capital, car difficile de trouver des investisseurs partageant
la mission social des IMF.
Les fonds propres constituent la deuxième source de
financement du CMS et représente environ 15% de ressources globales du
CMS.
Section 2: Emprunts commerciaux (en francs CFA)
Rubriques
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Emprunts
|
2 883 729 440
|
10 292 162 243
|
10 150 099 383
|
7 992 798 648
|
Variation en %
|
|
256,90
|
-1,38
|
-21,25
|
Source: DRS/SFD (Direction de la réglementation et de
la supervision/systèmes financiers décentralisés)
Il y a une variation de l'emprunt de 256,90% en 2006, cela a
été du à l'investissement dans la construction du nouveau
siège du CMS. En 2007 nous observons une légère baisse
1,38% et de 21,25% en 2008.
L'endettement auprès des banques commerciales est une
option ouverte à bon nombre croissant des IMF. Il constitue la
troisième source de financement du CMS avec une participation de 7% dans
les ressources globales. Ce pourcentage vient confirmer la diminution de la
capacité à emprunter du CMS.
Le CMS fait recourt à l'emprunt pour répondre
aux besoins d'investissement, comme nous l'indique le tableau ci-dessus en
2006, mais aussi pour le respect des ratios établis par la banque
centrale des états de l'Afrique de l'ouest (BCEAO). A l'absence de la
condition du respect des certains ratios mise en place par la BCEAO, le CMS se
contenterait de l'épargne pour répondre à sa vocation et
son fonctionnement. Ceci, non seulement du fait que c'est une ressource sans
coût mais aussi parce qu'il permet de collecter assez de fonds sans pour
autant s'exposer aux risques.
Section 3: Épargne des membres (en francs
CFA)
Rubriques
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Epargne
|
35 158 273 864
|
41 071 612 628
|
53 748 909 334
|
62 207 728 226
|
Variation en %
|
|
16,82
|
30,87
|
15,74
|
Source: DRS/SFD (Direction de la réglementation et de
la supervision/systèmes financiers décentralisés)
L'épargne évolue positivement d'année en
année avec des variations de 16,82%, 30,87% et 15,74% successivement en
année 2006, 2007 et 2008. Ceci prouve que le CMS mobilise beaucoup plus
l'épargne.
L'épargne constitue la ressource
privilégiée par le CMS pour son financement. Le fait qu'elle soit
une ressource n'ayant pas de coût et renforçant l'autonomie des
IMF vis-à-vis des subventions ou des prêteurs justifie ce
choix.
L'épargne est relativement bon marché; il est un
bon indicateur de la confiance de la clientèle à l'endroit du CMS
et intervient dans son financement à plus de 78%.
RECOMMANDATIONS
Vu la maturité atteint par le CMS, nous le
recommandons:
- D'ouvrir son capital aux investisseurs privés, ce qui
lui permettra d'augmenter sa capacité à emprunter auprès
des banques et de maintenir un niveau important de capital relativement
à l'actif total.
- D'améliorer l'approche systématique de la
gestion des risques, car il n'ya pas de rapprochement systématique des
actifs par rapport aux dettes.
- De diversifier ses sources de financement pour n'avoir plus
à compter que sur l'épargne des clients.
CONCLUSION
Notre travail de recherche a porté sur l'analyse des
sources de financement des IMF, cas du CMS.
Il est évertué après nos recherches que
les IMF constituent les meilleurs instruments de lutte contre la
pauvreté, car ayant pour vocation de favoriser l'accès aux
populations les plus démunies aux services financier en les octroyant
des petits crédits. Les IMF se développent de plus en plus dans
le secteur de microfinance sénégalais en
bénéficiant, de la création jusqu'à la
maturité, de financement en provenance de différentes sources,
comme les subventions, la participation des sociétaires, les prêts
et l'épargne des clients.
La difficulté aujourd'hui pour les IMF d'obtenir le
financement recherché repose sur le fait que dans leur choix des sources
de financement, les dirigeants des IMF ne veulent pas prendre des risques car
ils ne parviennent pas à évaluer exactement le coût global
réel de financement. Ils ne procèdent pas non plus à des
comparaisons éclairées de toutes les options de financement. Dans
leurs processus de décision en matière d'endettement ils se
fondent essentiellement sur le prix: rares sont les responsables d'IMF qui
peuvent citer beaucoup des variables ayant un impact sur le coût
d'endettement ou qui les prennent toutes en considération lors de la
sélection des sources de financement.
Raison pour laquelle la plupart des IMF au
Sénégal, le CMS particulièrement, favorise beaucoup plus
la mobilisation de l'épargne car son coût est nul.
Les IMF n'ont pas des ressources diversifiées et
comptent encore sur l'argent des bailleurs de fonds ou sur l'épargne des
clients parfois plus difficile à collecter que prévu. Mais aussi,
les bailleurs de fonds hésitent à s'engager encore dans le
secteur de la microfinance. Ils perçoivent que l'appui direct aux IMF
est beaucoup plus risqué. Pour cela, ils interviennent directement dans
le secteur et dans son environnement. Ce qui fait que les IMF soient en manque
des ressources suffisantes. Ceci s'amplifie encore par le fait que les banques
locales leur refusent le financement, par méconnaissance du secteur le
plus souvent.
Le fait que la mission des IMF soit d'ordre social encourage
la réticence des dirigeants à faire recours aux investisseurs
privé, pourtant ces derniers constituent une des solutions aux IMF
d'entrer en possession des fonds recherchés pour leur permettre
d'atteindre un plus grand nombre des populations exclues du système
financier classique.
Nous nous permettons enfin de dire qu'il n'existe pas un mode
de financement optimal pour les IMF ni de source la mieux adaptée pour
leur financement. Tout dépend des objectifs qu'elles se donnent, de leur
mode de fonctionnement et des contraintes légales auxquelles elles font
face, selon le contexte.
Un certain nombre d'outils ont été
développés pour permettre aux IMF de diversifier leur source de
financement afin de pouvoir disposer de fonds suffisants pour satisfaire la
population exclue du système bancaire.
Encore faut-il se demander si ces outils permettront-ils aux
IMF d'obtenir un financement optimal?
* 1 _ Sébastien
BOYÉ, Jeremy HAJDENBERG et Christine POURSAT, Guide de
microfinance, Eyrolles p17
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