COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE (CEMAC)
Organisation internationale
BP 294 Té : 22-22-01-34 Yaoundé
(Rép du Cameroun)
INSTITUT SOUS REGIONAL DE STATISTIQUES ET
D'ECONOMIE APPLIQUEE (ISSEA)
|
DOSSIERS ET EXPOSES D'ECONOMIE
Thème :
LES ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE ET LES ENJEUX POUR LA
CEMAC
interactif
Préparé et réalisé
par :
1- GNANGA GILDAS WALTER
2- MAKOUDJOU TCHENDJOU ADELINE
CARINE
Sous la supervision de :
M.OPOUMBA MARCEL
IAS2
Année
académique 2008-2009
PLAN DETAILLE DE L'EXPOSE
I NTRODUCTION
I. HISTORIQUE DES RELATIONS UE-ACP
I.1 LES CONVENTIONS DE YAOUNDE 1 ET YAOUNDE
2
I.2 LES CONVENTIONS DE LOME
A. PRESENTATION SUSCINCTE DES ACCORDS DE
LOME
B. BILAN DES ACCORDS DE LOME
C. URGENCE DE REDEFINITION DES TERMES DE LA
COOPERATION COMMERCIALE
UE-ACP
II. L'ACCORD DE COTONOU
III.OBJECTIFS ET OUTILS D'ACTION DES APE
III.1 OBJECTIFS
III.2 Le FED : UN OUTIL IMPORTANT DE LA
COOPERATION UE-ACP
III.3 LES DIFFERENTES ETAPES DE NEGOCIATION
III.4 L'ETAT ACTUEL DES NEGOCIATIONS
IV. ENJEUX DES APE POUR LES ETATS ACP
IV.1 ENJEUX POUR LES ETATS ACP EN GENERAL
IV.2 LE CAS SPECIFIQUE DE LA CEMAC
A) PRESENTATION DES RELATIONS COMMERCIALES DE LA CEMAC ET
STP AVEC L'UE
B) IMPACT DES APE SUR LA CEMAC
B.1) AVANTAGES QUE REVETENT LES APE POUR LA CEMAC
B.2) LES FREINS DES APE
CONCLUSION
ABREVIATIONS
UTILISEES :
ACP : Afrique Caraïbes et
Pacifique
APE : Accords de Partenariat
Economique
CEA : Commissariat à l'Energie
atomique
CEE : Communauté Economique
Européenne
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale
FBCF : Formation Brut du Capital Fixe
FED : Fonds Européen de
Développement
GATT : General Agreement on Tariff and
Trade
NPF : Nation la Plus Favorisée
OMC : Organisation Mondiale du
Commerce
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PAC : Politique Agricole Commune
PED : Pays en Developpement
PMA : Pays les Moins Avancés
PVD : Pays en Voie de
Développement
STP : Sao Tomé et Principes
UE : Union européenne
ZLE : Zone de Libre Echange
INTRODUCTION
Depuis fort longtemps l'Union Européenne entretient des
relations commerciales privilégiées avec les pays d'Afrique
CaraÏbes et Pacifique. Les fondements et les acteurs de ces relations ont
évolués dans le temps depuis les conventions de Yaoundé 1
et Yaoundé 2 (1963 et 1969) jusqu'à l'accord de Cotonou (juin
2000). Ce dernier accord liant 77 pays ACP et 27 pays d'Europe à nos
jours a instauré une profonde modification des relations commerciales
entre les deux ensembles de pays en introduisant les accords de partenariat
économique (APE).Les APE viennent en effet mettre fin au système
de préférences commerciales Généralisées et
non réciproques, qui favorisaient l'entrée en Europe des produits
en provenance des Acp exempts de droits de douane et qui était
régi par les précédents accords. Ils s'inscrivent dans
une logique visant principalement le renforcement des intégrations
régionales qui participeront au developpement durable des pays
ACP.C'est ainsi que les pays ACP ont été divisés en six
régions ; l'UE concluant indépendamment un APE avec chaque
région.
En Afrique centrale c'est avec la région CEMAC et Sao
Tomé et Principe que l'UE négocie un APE.
Dès lors de nombreuses interrogations
surviennent : pourquoi mettre fin au SPG qui a fort longtemps animé
les relations UE-ACP? Quels sont les objectifs visés par les APE ?
Quels en sont les enjeux pour les pays ACP ?
Pour répondre à ces préoccupations nous
présenterons tout d'abord les acccords qui ont régi les relations
UE-ACP avant l'accord de Cotonou ainsi que leur bilan, puis l'accord de
Cotonou. Par la suite nous aborderons les objectifs visés par les APE et
un outil majeur utilisé pour parvenir à ceux-ci. Enfin nous
étudierons les enjeux globaux de la ratification des APE par les ACP.
Dans ce même cadre nous nous attèlerons davantage aux enjeux dans
la sous région de la CEMAC.
I. HISTORIQUE DES RELATIONS UE-ACP
I.1 LES CONVENTIONS DE YAOUNDE 1 (1963-1969) ET YAOUNDE
2(1969-1975)
Les relations entre l'Union européenne et les pays
de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP) constituent un
aspect important de la politique de coopération au développement
de l'UE et, plus globalement, de son action extérieure. C'est dans ce
cadre que furent signées le 2 juillet 1963 la première
Convention de Yaoundé et le 29 juillet 1969 La deuxième
Convention de Yaoundé qui concernaient 18 pays d'Afrique noire et 6 pays
européens. Ces accords visaient à prolonger des
relations commerciales privilégiées entre les puissances
coloniales et leurs anciennes colonies pour garantir l'approvisionnement de
l'Europe en certaines matières premières tout en
sécurisant les débouchés des colonies et en
pérennisant le rôle central exercé par quelques firmes
européennes dans le commerce des produits aux colonies. Ces conventions
prévoient une aide ?nancière et commerciale aux dix-huit
anciennes colonies africaines. Cette aide qui transite par le FED
représente 1060 milliards de francs CFA nécessaire au financement
des projets de construction d'infrastructures économiques et
sociales.
L'extension du groupe ACP, l'élargissement de la CEE
(l'entrée de la Grande Bretagne, l'Irlande et le Danemark en 1973), la
crise pétrolière des années 70 qui s'est suivie d'une
flambée des prix des matières premières, imposèrent
la nécessité de redéfinir les accords
précédents.
I.2 LES CONVENTIONS DE LOME
A. Présentation succincte des accords de
Lomé
Les conventions de Lomé ont cherché à
promouvoir des relations privilégiées entre les deux groupes de
pays mais en affirmant vouloir bâtir un nouvel ordre économique
international. Le régime commercial s'est appuyé sur des
concessions commerciales accordées par l'UE aux pays ACP, à une
époque où les marchés des pays industrialisés
étaient beaucoup plus protégés qu'aujourd'hui par des
droits de douane
a. Convention de Lomé 1 (1975-1980)
Suite à l'entrée de la Grande Bretagne dans la
CEE et à l'arrivée des pays du Commonwealth, sous l'impulsion du
commissaire européen au développement, Claude Cheysson, le
concept de pays ACP est consacré dans la première convention de
Lomé (Togo).
Quatre autres vont se succéder tous les 5 ans pendant
25 ans. Basées sur le principe de la souveraineté, elles ne
seront pas assorties de conditionnalités.
Fondée sur le partenariat et la solidarité,
cette convention concerne 46 pays ACP et 9 pays européens.
· Elle confirme les préférences
tarifaires non réciproques pour les exportations des pays ACP vers la
CEE (ce sont des exceptions aux règles du GATT) mais cet accès
libre et illimité n'est cependant pas étendu aux produits
agricoles couverts en Europe par la PAC (Politique Agricole Commune) :
céréales, lait, viande bovine,rhum, banane, sucre, produits
sensibles pour la CEE et les DOM. La CEE va, malgré tout, accepter une
brèche dans ce domaine protégé pour certains produits
importants pour les pays ACP, tels que le sucre, la banane, la viande bovine,
le rhum.
· Des "protocoles commerciaux additionnels" vont leur
garantir l'achat de quantités spécifiées (quotas) à
des prix garantis. Par exemple, pour le sucre, 1 300 000 tonnes par an au prix
intérieur européen, soit le triple du prix mondial. C'est aussi
contraire aux règles du GATT.
· Cette convention instaure d'autre part le
STABEX (Stabilisation des exportations) pour certains produits
agricoles spécifiques aux ACP et non concurrents pour la CEE :
café, cacao, arachides, thé, qui occupent une place importante
dans les exportations des pays ACP. C'est un système de compensation des
pertes de recettes entraînées par des fluctuations de prix ou dans
la demande des produits agricoles sur les marchés mondiaux. Le STABEX
sera renouvelé au cours des conventions futures de Lomé
présentées ci-dessous. La CEE y a quelque peu
intérêt car elle est grosse consommatrice de ces produits.
· Enfin Lomé I prévoit le financement
d'infrastructures et de programmes agricoles.
B .CONVENTION DE LOMÉ 2 (1980-1985)
|
Identique à Lomé I, mais signée par 58
pays ACP et 9 pays européens. Elle va créer le SYSMIN
pour soutenir les pays producteurs et exportateurs de minerais comme
la Zambie ou le Zaïre. En cas de fluctuations des revenus tirés de
la production et de la vente de produits miniers, les pays dépendant
beaucoup des produits miniers ont accès à des prêts
permettant de soutenir la production. La CEE y trouve son compte car elle
s'assure un approvisionnement en matières premières importantes
pour elle : cuivre, cobalt, phosphates, manganèse, bauxite,
étain, uranium, minerai de fer.
ENCADRE
Le STABEX est un mécanisme original
de compensation des pertes de recettes d'exportation des produits agricoles en
cas de fluctuations des prix sur les marchés mondiaux. Le
mécanisme de compensation se déclenche lorsque les recettes
diminuent d'au moins 5% (par rapport à la normr fixée à la
moyenne des quatre années antérieures) sur un produit qui doit
concerner 5% des exportations totales de l'Etat concerné vers l'Europe.
La c^te d'Ivoire, le Sénégal et le Cameroun ont été
parmi les principaux bénéficiaires.
Le SYSMIN est un mécanisme de soutien
à la production et à l'exportation des produits miniers des pays
ACP. Pour être éligible, il faut que soit le produit constitue 15%
au moins des recettes d'exportation (pendant deux des quatre années
antérieures à la demande), soit que l'ensemble des produits
miniers représente 20% au moins des exportations totales. Ces deux
mécanismes étaient financés par le FED qui versait des
avances aux pays AC
c. Convention de Lome 3 (1985-1990)
Signée par 66 pays ACP et 10 pays européens.
Abandon de l'approche par projets pour l'approche sectorielle.
D.CONVENTION DE LOME IV (1190-1995)
Signée par 68 pays ACP et 12 pays européens. La
grande nouveauté est l'introduction, pour pouvoir en
bénéficier, de la double conditionnalité :
· Respecter les Plans d'Ajustement Structurel (PAS)
du Fonds Monétaire International (FMI)
· Appuyer le développement du secteur
privé.
Les accords s'imprègnent des thèses
néo-libérales émergentes. On y ajoute également le
respect des droits humains.
E. CONVENTION DE LOMÉ IV BIS (1995-2000)
Signée par 71 pays ACP et les 15 pays de l'Union
Européenne.
· Le respect des droits humains et de l'Etat de droit
deviennent des conditions suspensives.
· Cette convention proclame la
nécessité pour les pays ACP de s'insérer dans
l'économie mondiale.
B. BILAN DES ACCORDS DE LOME
Bien qu'offrant les meilleures conditions tarifaires pour
l'accès au marché européen par rapport aux autres pays
en développement, et bien que les ACP n'aient pas eu à ouvrir
leurs marchés pour favoriser les exportations européennes, le
régime commercial de Lomé n'a pas produit les résultats
espérés et s'est avéré décevant.
La part des ACP a fortement reculé tant dans le
commerce mondial en général, que sur le marché
européen. Les ACP n'ont pas résisté à la
montée en puissance des pays en développement concurrents : nos
productions ont perdu du terrain sur le marché européen, face aux
pays d'Amérique latine (café, bananes, etc.), aux pays asiatiques
(huiles), et aux pays méditerranéens (fruits et légumes).
Les conventions de Lome n'ont pas permis la position des ACP
dans le commerce extérieur.En effet la part de l'ACP dans le commerce
internationale n'a cessé de décroitre allant de 3,4% en 1976
à 1,9% en 2000 tandis que sa part dans les exportations des pays en
voie de developpement(PVD) est passée de 13,3 % en 1976 à
3,7% en 2000.
Le partenariat commercial n'a pas permis de diversifier nos
exportations ou d'améliorer la valorisation de nos matières
premières. Les ACP exportent essentiellement des matières
premières peu ou pas transformées, incluant peu d'emploi local et
de valeur ajoutée. Les matières premières sont aussi
celles qui ont été le plus sensibles à l'érosion
des prix et à la dégradation des termes de l'échange. Le
partenariat n'a pas permis non plus de diversifier les destinations de nos
exportations : l'Europe reste le débouché principal des ACP, avec
des produits dont la consommation par habitant augmente peu.
Tableau 1 : Le commerce entre l'UE et les PVD
période 1976-1994 (en milliards d'euros)
Importations dans l'UE
|
1976
|
1980
|
1985
|
1990
|
1994
|
ACP
|
10.5
|
19.4
|
26.8
|
21.9
|
18.6
|
Asie
|
6.7
|
16
|
26
|
50.9
|
84.3
|
Amérique latine
|
8.3
|
13.7
|
25.8
|
25.7
|
27.6
|
Méditerranée
|
9.6
|
16.4
|
32.3
|
29.8
|
30.8
|
Tous PVD
|
70.7
|
114.3
|
128.9
|
143.8
|
160.7
|
Extra CEE
|
157.5
|
269.9
|
399.7
|
461.5
|
540
|
Exportations de l'UE
|
1976
|
1980
|
1985
|
1990
|
1994
|
ACP
|
9.6
|
15.7
|
17.4
|
16.6
|
14.9
|
Asie
|
7.5
|
13.1
|
29.4
|
41
|
70.5
|
Amérique latine
|
12.3
|
19.8
|
29.4
|
41
|
70.5
|
Méditerranée
|
7.7
|
12
|
13.5
|
15.6
|
29.6
|
Tous PVD
|
550.9
|
83.4
|
121.7
|
134.2
|
184.4
|
Extra CEE
|
141.3
|
221.1
|
380.8
|
415.3
|
539
|
Source : Commission européenne Livre
vert sur les relations entre l'UE et les pays ACP à l'aube du
21ème siècle.Défit pour un nouveau
partenariat Bruxelles, Luxembourg, 1997, P62
Or, la population européenne ne s'accroît que
faiblement. Les perspectives d'augmentation des débouchés,
même si nos produits ACP redeviennent compétitifs, restent donc
limitées dans l'espace européen.
Le système de stabilisation des recettes
(STABEX) est entré en crise lorsqu'il ne s'agissait plus seulement de
corriger des déséquilibres conjoncturels (baisses temporaires des
volumes exportés ou des prix). Les matières premières
étaient en effet entrées dans une tendance de long terme de
baisse des Prix. Les ressources financières prévues pour
stabiliser les fluctuations de court terme ne permettaient plus de corriger
cette tendance lourde.
Enfin, trois problèmes importants ont
émergés : la multiplication des accords bilatéraux conclus
par l'UE, l'érosion des préférences et la non
compatibilité du régime de Lomé avec les règles de
l'OMC. L'UE a multiplié les négociations avec d'autres ensembles
régionaux avec la perspective de mettre en place des accords
régionaux de libre échange ou des accords d'association. Dans
tous les cas, elle accordait des préférences commerciales pour
l'accès à son marché en contrepartie d'un accès
facilité pour ses exportations vers ces nouveaux partenaires.
Mécaniquement, cela entraîne une diminution de la « marge
préférentielle » des ACP, ce que l'on appelle
l'érosion des préférences ;
C. URGENCE DE REDEFINITION DES TERMES DE LA COOPERATION
COMMERCIALE UE-ACP
L'environnement dans lequel nous nous trouvons est le
suivant :
Les accords
préférentiels non réciproques se sont avérés
inefficaces.
Les exportations des pays ACP vers l'UE n'ont fait que
décroitre au fil du temps se limitant de plus en plus aux
matières premières principalement. Ce qui créa une
dépendance des pays ACP aux matières premières.
Outre cela un nouvel organisme régissant le commerce
mondial a été mis sur pied en 1995 à savoir l'OMC. Cet
OMC vient en remplacement de la GATT et se spécifie par la
définition de nouvelles règles sensées régir le
commerce mondial. Tous ses membres se doivent au respect scrupuleux de ces
règles pour la bonne marche des échanges mondiaux. Or justement
l'article 24 de cet organisme prohibe des accords à la fois
<<discriminatoires et non réciproques
>> qualificatifs que remplissaient les accords de
Lomé. Ainsi le système préférentiel accordé
aux pays ACP ne sont pas conformes aux règles de l'OMC :
· Les préférences commerciales sont
discriminatoires à l'égard des autres PVD. En effet les termes
des échanges commerciaux de l'UE avec les ACP étaient
différents et plus avantageux d'avec ceux des autres PVD qui ne sont
pas de l'ACP, comme le Costa Rica, l'Equateur bref plusieurs pays de
l'Amérique latine
· Le système préférentiel est non
réciproque
Pour être en accord avec la charte de l'OMC les accords
de LOME ne devraient pas remplir les deux qualificatifs (`'discriminatoire'' et
`'non réciproque'') simultanément.
II. L'ACCORD DE COTONOU (JUIN 2000)
A. CONTEXTE
L'accord de COTONOU a été conclu pour une
durée de 20 ans commencant en mars 2000 et s'achevant en fevrier
2020 .Il est revisable tous les cinq ans .Il est entré
pleinement en vigueur en avril 2003 après une periode de transition de
trois ans correspondant aux delais de ratification. Tout en conservant l'acquis
de vingt cinq années de relations UE-ACP, l'accord de COTONOU a
introduit des changements profonds et des objectifs ambitieux dans plusieurs
domaines de coopération UE-ACP.L'accord se fonde sur cinq piliers
interdépendants.
B. OBJECTIFS
L'accord de COTONOU vise les objectifs suivants:
· rétablir les équilibres
macroéconomiques
· développer le secteur privé,
· améliorer les services sociaux,
· favoriser l'intégration régionale,
· promouvoir l'égalité entre l'homme et la
femme,
· protéger l'environnement et abolir de
manière progressive les entraves aux échanges commerciaux.
C. PILIERS
Les cinq piliers sur lesquels repose l'accord de
COTONOU sont les suivants :
Ø Un dialogue politique mené entre les
partenaires du Nord et du Sud
Ce dialogue doit pouvoir aborder toutes les questions
d'intérêt mutuel. Ces questions portent particulièrement
sur:
ü la consolidation de la paix
ü la prévention et la résolution des
conflits,
ü le respect des droits de l'homme, les principes
démocratiques et de l'Etat de droit, la bonne gouvernance et gestion des
affaires publiques ;
Ø une plus grande participation de la
société civile et des acteurs économiques et sociaux
locaux à la mise en oeuvre des politiques et des projets.
Ø la lutte contre la pauvreté avec un
rôle central pour le secteur privé et l'intégration
régionale dans les stratégies de développement ;
Ce pilier concerne :
ü le développement
économique avec :
L'investissement et le
développement du secteur privé. Les politiques et les reformes
macroéconomiques et structurelles et la libéralisation du
commerce. Les politiques sectorielles :le développement du secteur
industriel, du commerce et du tourisme.
ü Le développement social et humain
Les points clés sont les suivants :
Les politiques sectorielles ;l'amélioration des
systèmes d'éducation de la santé et de nutrition et
l'intégration des questions démographiques dans les
stratégies de développement.
Les questions relatives à la jeunesse notamment, la
protection du droit des enfants.
ü Le développement de la culture ;il
s'agit de la reconnaissance, de la protection et de la valorisation des
tradition et du patrimoine culturel.
ü L'intégration et la coopération
régionale
Elle a pour mission le renforcement des économie, en
promouvant l'intégration et la coopération régionale qui
devra facilité le développement de tous les secteurs, et la
gestion des ressources naturelles et les problèmes
socio-économique.
ü Des questions importantes ;
L'égalité Homme-Femme
La gestion durable de l'environnement
Le développement des institutions et le renforcement
des capacités.
Ø Un nouveau cadre de coopération
économique et commerciale en conformité avec les dispositions de
l'OMC afin d'intégrer les pays ACP dans l'économie
mondiale. Ce cadre met au premier rang de ses priorités
l'intégration régionale.
Ø Une réforme de la
coopération financière visant à assurer, la
simplicité, la cohérence, l'efficacité, la
flexibilité et l'adaptation continue de l'aide à la situation de
chaque pays.
Basé sur l'aide au développement, à
la coopération financière et technique, cette coopération
financière reflète l'approche globale du partenariat et ses
exigences sont les suivantes :
ü La cohérence, la flexibilité et
l'efficacité de l'aide
ü Evolution de la nature de l'assistance vers des
programmes d'aides budgétaire ou sectorielle.
ü Les enveloppes doivent être indicatives et non
des droits acquis.
ü Une approche globale : participation des acteurs
non étatiques
ü Un dialogue au niveau local.
D. LE CADRE FINANCIER
L'Union européenne s'est engagé à
maintenir son effort d'aide aux Etats ACP au moins au même niveau que le
9eme FED hors reliquat auquel il convient d'ajouter sur la base des
estimations communautaires les effets de l'inflation, de la croissance au sein
de l'UE et de l'élargissement de celle-ci aux 10 nouveaux membres (
l'Europe des 27 ) . Cet effort d'aide minimum est garanti sans
préjudice de l'éligibilité des Etats ACP a des ressources
additionnelles au titre d'autres instruments existants ou a créer.
L'accord de COTONOU est venu en prélude aux APE et se
contente de définir le cadre des négociations futures. Les APE
s'identifient par leurs objectifs propres et leurs plans d'action
III. OBJECTIFS ET OUTILS D'ACTION DES APE
III.1 OBJECTIFS
Les objectifs visés par les APE sont le
développement des pays ACP qui se passera forcément par la ferme
volonté de l'UE, d'éradiquer d'une manière durable la
pauvreté.
De plus les APE se proposent également de renforcer
l'intégration régionale.C'est ce qui explique le fait que l'UE
donne l'opportunité aux régions ACP de négocier les APE au
niveau des régions existantes ou constituer de nouvelles
régions.
1. LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Les APE sont avant tout des instruments de
développement .Ils seront donc conçus avec toute la
flexibilité nécessaire pour tenir compte des contraintes
économiques ,sociales et environnementales des pays ACP concernés
ainsi que de leur capacité d'adaptation au nouvel environnement
commercial .
L'obsolescence des infrastructures de transport nuit à
la compétitivité des pays ACP.
Améliorer les infrastructures de transport (terrestre,
aérien et maritime) intra-régional et international est un
élément nécessaire pour le développement du
commerce et le renforcement de l'intégration régionale et sous-
régionale.
La libéralisation des services financiers peut
permettre d'avoir plus facilement accès à un crédit
abordable notamment pour les petites et moyennes entreprises(PME), favorisant
le développement .Une attention particulières à
également été apportée au développement des
télécommunications, de services environnementaux et
professionnels. D'autre part ils doivent être intégrés dans
la politique de développement des pays ACP et dans les stratégies
de soutien de l'UE.
Les APE doivent stimuler l'intégration progressive et
harmonieuse des pays ACP dans l'économie mondiale, encourageant ainsi
leur développement durable et contribuant par la même occasion
à l'éradication de la pauvreté dans des pays ACP .
Les APE sont un processus qui doit être défini en
prenant en compte les contraintes économiques, sociales et
environnementales des pays ACP concernés.
Dans le même esprit, dans certains domaines, le
développement des capacités administratives et institutionnelles
doit être exigé avant le début de la mise en oeuvre des
engagements .Pour réaliser les objectifs des APE,
les pays ACP doivent entièrement les intégrer dans leurs
stratégies de développement.
L'UE encouragera les politiques complémentaires aux APE
par le biais de l'aide au développement telle que prévue dans
l'accord de Cotonou.
2. LE RENFORCEMENT DE L'INTEGRATION REGIONALE
L'intégration
régionale est un moyen efficace pour stimuler l'intégration dans
l'économie mondiale. La puissance de l'UE, fondée sur son
intégration régionale profonde en est un exemple. Les
progrès réalisés parmi les pays ACP reflètent leur
choix politique de parvenir à une intégration dans
l'économie mondiale à partir de l'intégration
économique régionale.
Les APE seront élaborés au sein des efforts
d'intégration régionale existante.
Les APE amélioreront l'intégration
régionale par la promotion des règles communes en vigueur dans
les régions ACP et en supprimant les obstacles significatifs aux
échanges entre les pays ACP et l'UE .
Les APE aboutiront à la création progressive de
zones de libre échange entre les parties. Ces zones permettront de
renforcer et intensifier l'intégration régionale, par
l'élargissement des marchés des pays ACP.
Cela favorisera l'émergence des économies
d'échelle, d'améliorer la qualification des uns et des autres,
de minimiser les coûts de production et de transaction et de rendre plus
compétitifs les pays ACP.
Les enjeux sont importants pour le processus de
négociation là où les groupes actuels des pays ont
oeuvré ou oeuvrent à la création d'une union
douanière ,où tous les membres n'appartiennent pas à la
même configuration de négociation des APE et où il pourrait
y avoir des accords commerciaux régionaux qui se superposent ..
Les APE sont en instance de négociation par
conséquent il est imminent d'en parler à présent de
l'exposé des négociations.
III.2 Le FED : un outil important
de la coopération UE-ACP
Le Fonds européen de developpement(FED) est
l'instrument financier par excellence des relations UE-ACP. Il est
alimenté par des aides non remboursables octroyées aux Etats ACP
par les contributions des Etats membres de l'UE.
Le FED vise :
- La promotion des stratégies de coopération
nationale
- L'appui des programmes régionaux
- La facilitation des investissements via les financements
à moyen et à long terme accoordés au secteur privé
dans le but de promouvoir le l'essor des entreprises des pays ACP.
Les relations UE-ACP ont connu dix FED. Le
10ème FED s'élève à 22.7 milliards
d'Euros et couvre la période 2008/2013
III.3 Les différentes étapes de
négociation
La commission européenne a proposé quatre
étapes de négociation :
· La première de 2002
à 2003 et se base sur les axes suivants :
- identifier les principaux objectifs politiques et
instruments nécessaires à l'intégration
régionale ;
- recenser les questions prioritaires devant faire l'objet de
débat
- discuter et convenir de la structure et du calendrier des
négociations
- définir les priorités immédiates en
matière de recherche et de renforcement des capacités
- mettre en place des groupes de travail en charge de la
coordination des préparatifs à l'échelle
régionale
- élaborer un programme continu de séminaire
réunissant les négociateurs régionaux ;
- impliquer les réseaux régionaux des ONG.
· La deuxième étape dite
de convergence des approches stratégiques allant de 2004 pour s'achever
au milieu de l'année 2005.Elle visait notamment à :
- étudier les données relatives à la
production et aux échanges régionaux ;
- examiner les questions des droits de douanes et ses
conséquences sur les recettes des Etats ;
- examiner les cadres réglementaires et les politiques
régionales ;
- définir les priorités en matière
d'intégration régionale autour de six (06) groupes ,des
questions d'accès au marché pour les produits non
agricoles ,les normes sanitaires et phytosanitaires (SPS) et obstacles
techniques au commerce, le commerce des services , facilitation des
échanges et l'investissement, secteur liés au commerce .
Cette étape devait également consister à
revoir les structures tarifaires en vigueur comme le point de départ du
processus de libéralisation.
· La troisième étape dite
de structuration et de consolidation de mi 2005 en mi 2006 et consistait,
notamment à :
- convenir de la structure des APE ;
- convenir des résultats des discussions sur les APE et
restituer les accords convenus sous forme de projet de texte ;
- examiner attentivement les problèmes sensibles en vue
de trouver des solutions appropriées ;
- poursuivre le renforcement des capacités et le
travail de vulgarisation.
· La quatrième
étape dite de finalisation, elle devait durer de mi 2006
à la fin 2007 et consistait à mettre la dernière touche
à l'ensemble du processus.
Toutefois face aux impossibilités rencontrées
par l'union européenne de conclure des Accords de Partenariat Economique
globaux intégrant les questions de développement avant
l'échéance du 31 décembre 2007 cet agenda a subi des
modifications.
En somme les négociations devaient se terminer en 2007
.Il faut noter par ailleurs que malheureusement les APE n'ont pas
été signé malgré tous les efforts consentis, de
part et d'autre pour sa signature, du fait du refus de certains pays ACP.
La négociation continue jusqu'au aujourd'hui toutefois
il ya au paravent des accords de transition connues sous le vocable d' accord
intérimaire .
Il convient de signaler que certains pays dits PMA à
l'exemple du Sénégal ont refusé de ratifier ces accords.
Ce qui nous amène à exposer l'état actuel des
négociations.
III.4 L'ETAT ACTUEL DES NEGOCIATIONS
Face aux difficultés rencontrés par l'UE
quant à l'acceptation des APE par les pays ACP, les ACP ont
proposé à l'UE des accords intérimaires sensés
être appliqués jusqu'au 1er janvier 2009. Ces accords
ne remplacent pas les APE mais offrent plutôt une phase de transition
nécessaire pour adapter les différentes économies aux
changements imposés par les APE. Ainsi donc le Cameroun, le Ghana, la
Côte d'Ivoire ont ratifié ces accords.
Toutefois certains pays à l'instar du
Sénégal, de la Namibie et de l'Afrique du Sud se sont
opposés farouchement aux APE à l'issue du sommet UE-Afrique qui
s'est déroulé en décembre 2007 à Lisbonne.
Ils exigent par la voie de leurs présidents que les
termes de l'accord soient réétudiés de façon
à s'inscrire dans un réalisme visant à relever leurs
économies de l'impasse et sortir leurs populations de la
pauvreté.
Il ressort donc que tôt ou tard les APE vont être
appliqués. Le délai d'attente ne résulte que des
préoccupations des pays ACP quant à la redéfinition de
certains termes des accords et une phase de transition nécessaire pour
les pays ACP.
IL est donc important de se demander quels sont les enjeux des
APE pour les pays ACP.
IV. Enjeux des APE pour les pays ACP
IV.1 Enjeux pour les pays ACP en
général
Nous analyserons les enjeux des APE sous
deux aspects : économique et juridique.
IV.1.1 L'aspect économique
Ø La réduction des recettes
douanières
La réduction des droits de douane est
l'une des premières conséquences de la réciprocité
dans l'échange entre l'UE et ACP. En effet les barrières
tarifaires constituent un frein au libre échange. En effet la plupart
des budgets des pays ACP dépendent à plus de 20% de leurs
recettes douanières. C'est dans ce cadre que le président
Abdoulaye Wade affirme : « ...ce nouveau dispositif de
désarmement tarifaire imposé par le libre échange
entrainerait immédiatement d'énormes pertes de recettes
douanières pour nos pays : or les recettes douanières
constituent entre 35% et 70% des budgets des Etats africains ». Il
poursuit : « selon une simulation du centre d'étude et
recherche sur le développement entre 2008 et 2015 les pertes de recettes
fiscales du Sénégal si notre pays adopte ce système
passerait de 38 à115 milliards de francs CFA »
La perte en recettes douanières réduira donc
significativement la marge de manoeuvre des Etats ACP en matière de
services sociaux d'éducation, de santé, et d'emploi.
Ø Le démantèlement du
système productif des pays ACP
Certains secteurs de production ACP sont peu
compétitifs et même ceux qui le sont pourraient être
menacés. Cette menace proviendrait d'abord du fait que dans le secteur
industriel, les produits européens jouissent d'une haute technologie
alors que les industries ACP sont des industries naissantes.
Même s'il y'a des industries en pleine expansion elles
ne pourront pas affronter la concurrence des produits européens. Une
autre menace proviendrait des produits alimentaires, d'autant plus que dans ce
secteur les pays ACP sont généralement déficitaires.
Dans ce même secteur les Etats ACP ont exprimé
leur crainte de voir les produits agricoles bénéficiant de
subventions venir concurrencer les productions locales. Les produits les plus
visés sont entre autres les céréales, la viande de bovin
et les viandes volailles et de porc, les produits laitiers, les
concentrés de tomates, pomme de terre, oignon etc.
Ø La perturbation des marchés
ACP
Les marchés des ACP risquent d'être
perturbés par la concurrence des produits importés d'Europe. En
effet on risque d'assister à une prépondérance des
produits européens sur les marchés ACP ce qui pourrait entrainer
une hausse des prix de ces produits : augmentations des marges
bénéficiaires de l'UE. Ceci va nuire au développement des
pays ACP.
Ø Réduction des avantages des pays ACP
dans les marchés de l'UE
Avec les accords préférentiels certains produits
des pays ACP dits « protocoles » (banane, sucre, viande
bovine, rhum) bénéficiaient d'une exemption de droits de douane
sur le marché européen. Avec les APE ce ne sera plus le cas. De
plus ces produits échappaient très souvent au contrôle des
normes sanitaires et phytosanitaires exigées.
Avec les APE ce contrôle sera de plus en plus
intensifié . Tout ceci venant réduire les avantages des pays
ACP.
IV.1.2 L'aspect juridique
ü Conformité au principe de non
discrimination
Les accords préférentiels n'étaient pas
conformes aux règles de l'OMC plus précisément à
l'article XXIV s'agissant des principes de non discrimination. En effet ces
accords violaient la clause de la Nation La Plus Favorisée (NPF) qui
sripule que si des avantages sont accordés à un pays par un autre
concer nant ses importations ou exportations celui-ci devra en faire de
même à l'égard des mêmes produits pour son
partenaire.
La signature des APE mettra fin à cette
dérogation pour faire appliquer un régime de droit commun
pour tous les pays de l'OMC signataire des APE. Ainsi donc les échanges
UE-ACP seront conformes aux règles de l'OMC en ce qui concerne la Clause
de la Nation la Plus Favorisée
ü Mise en place d'une zone de libre
échange (ZLE)
Les APE prévoient l'établissement d'une Zone de
Libre Echange. Celle-ci concernera aussi bien le commerce des marchandises que
les services.
ü Mise en place d'une union
douanière
On entend par territoire
douanier tout territoire pour le quel un tarif douanier distinct ou
d'autres règlementations commerciales distinctes sont appliqués
pour une part substantielle de son commerce avec les autres territoires.
Faire des unions générées par le libre
échange de réels marchés régionaux aurait pour
effet de développer non seulement la capacité d'offre des pays
ACP mais aussi de les rendre plus compétitifs, face aux produits
européens. Ces unions permettront d'insérer les économies
africaines dans l'économie mondiale.
Cela est d'autant plus vraie du fait que l'UE négocie
avec une région c'est-à-dire une union douanière existante
ou en constitution.
IV.2 Le cas spécifique de la CEMAC
La Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC) est un regroupement qui compte six pays : Cameroun,
Congo, Gabon, Tchad, Centrafrique, Guinée Équatoriale. Depuis
2002, ces pays sont engagés dans un processus de négociations
avec l'Union européenne dans le cadre des Accords de Partenariat
Economique (APE) mis en place par la convention de Cotonou. Nous
présenterons dans un premier temps les relations commerciales de la
sous region CEMAC + STP avec l'UE puisque ne disposant que d'informations
jumelées là dessus puis nous analyserons les effets que les APE
pourraient engendrer dans la CEMAC
A) PRÉSENTATION DES RELATIONS COMMERCIALES DE LA CEMAC
ET STP AVEC L'UE
Les relations commerciales de la CEMAC se
caractérisent par la prépondérance des échanges
avec l'UE, échanges revêtant un aspect asymétrique
Le commerce de la CEMAC avec l'UE connaît une balance
commerciale positive de 1997 à 2002. L'excédent est passé
de 2,4 milliards de dollars au début des années 1990 à 46
millions en 2002.
Au niveau des exportations, le commerce de la CEMAC n'a pas
connu de développement significatif des exportations destinées
à l'UE pendant la période des années 1990. Après un
léger recul, elles ont retrouvé leur niveau au début des
années 2000, soit 3,2 milliards de dollars. S'agissant des importations
provenant de l'UE, celles-ci ont enregistré un net accroissement,
passant de 1,3 milliards de dollars en 1994 à 3,1 milliards en 2002.
Quand on observe la structure des exportations de la CEMAC
vers l'Union européenne, la plus grande part des produits
exportés sont les combustibles minéraux, en d'autres termes, les
produits pétroliers essentiellement bruts car la CEMAC compte
aujourd'hui dans ses rangs 5 pays pétroliers qui sont le Gabon, le
Congo, le Cameroun, le Tchad et la Guinée Equatoriale. Les exportations
des produits pétroliers s'élèvent à 43,9%. En
deuxième position viennent les exportations de produits agricoles, soit
23,49%. C'est dire l'importance que joue le secteur agricole dans le commerce
des pays de la CEMAC avec les pays de l'UE.
S'agissant des importations de la CEMAC, les machines et
matériels de transport occupent la première place soit 31,59%,
les produits chimiques la seconde place (19,85%). Quant aux produits agricoles,
ils viennent en troisième position avec 17,38% des importations
Le tableau 2 ci-dessous nous donne des informations
chiffrées sur la structure de ces exportations et importations
Tableau 2 : structure du commerce de la CEMAC (et Sao
Tomé-et-Principe) avec l'UE
Désignation
|
Exportations
|
Importations
|
0) Produits. alimentaires et animaux vivants
|
23,49
|
17,38
|
1) Boisson et Tabac
|
0,04
|
1,82
|
2 ) Matières brutes non comestibles
|
21,98
|
1,82
|
3 ) Combustibles minéraux, lubrifiants et produits
connexes
|
43,90
|
2,28
|
4) Huiles, graisses d'origine animale ou
végétale
|
0,00
|
1,45
|
5 ) Produits chimiques et produits connexes
|
0,00
|
19,85
|
6 ) Articles manufacturés
|
9,98
|
17,02
|
7 ) Machines et matériel de transport
|
0,52
|
31,59
|
8) Articles manufacturés divers
|
0,06
|
6,79
|
9) Articles et transactions non classés
|
0,02
|
0,00
|
Source : CEA, 2004
B) IMPACT DES APE SUR LA CEMAC
LES APE PRESENTENT AUSSI BIEN DES ATOUTS QUE DES FREINS. NOUS
ÉTUDIERONS CES EFFETS DANS LA SOUS REGION.
B.1) AVANTAGES QUE REVÊTENT LES APE POUR
LA CEMAC
UN DES ATOUTS QUE POURRONT SUSCITER LES APE EST
L'AMÉLIORATION DE L'ACCÈS DES EXPORTATIONS DE LA CEMAC SUR LE
MARCHÉ EUROPÉEN. LES EXPORTATIONS AGRICOLES DEVRAIENT
CONNAÎTRE UNE NETTE AUGMENTATION CAR CE SONT PARTICULIÈREMENT LES
PRODUITS DE L'AGRICULTURE QUI SONT CARACTÉRISÉS PAR UNE FORTE
PROTECTION AU SEIN DE L'UNION EUROPÉENNE. ON SAIT QUE LA PAC A
TOUJOURS ÉTÉ CONSIDÉRÉE PAR LA COMMISSION
EUROPÉENNE COMME UN DOMAINE NON NÉGOCIABLE ET LES IMPORTATIONS
AGRICOLES ÉTAIENT SOUMISES À DE NOMBREUSES RESTRICTIONS SUR LE
MARCHÉ DE L'UNION EUROPÉENNE. CETTE SITUATION AVAIT COMME
INCONVÉNIENT DE LIMITER FORTEMENT LES EXPORTATIONS DE PRODUITS AGRICOLES
EN PROVENANCE DES PAYS ACP. L'ACCROISSEMENT DES PARTS DE MARCHÉ DES PAYS
DE LA CEMAC DÉPENDRA DE LEUR CAPACITÉ À LEVER LES
CONTRAINTES DE L'OFFRE ET LES NORMES EXIGÉES POUR L'EXPORTATION SUR LE
MARCHÉ EUROPÉEN.
Un autre atout des APE est qu'ils vont entraîner une
baisse des prix des produits importés sur le marché et donc
susciter une amélioration du surplus du consommateur et un accroissement
du bien-être. Les importations de produits alimentaires en provenance de
l'UE devront s'accroître et leurs prix sur le marché
connaître une baisse. Le tableau suivant montre les gains que pourrait
obtenir le consommateur.
En plus de tout cela les APE vont permettre le transfert de
technologie et l'amélioration des techniques locales, afin que les
entreprises soient compétitives. En effet l'accès aux biens
d'équipement qui constituent la FBCF des entreprises des pays ACP sera
plus facile et les prix d'acquisition de ces biens seront réduits. Ceci
leur permettra d'accroître leur production et de réaliser
pourquoi pas des économies d'échelle pour être plus
compétitives.
Tableau 3 : effets sur le bien-être (surplus des
consommateurs) de l'APE (en milliers de dollars)
Pays
|
Surplus des consommateurs
|
Cameroun
|
30 260,214
|
Congo
|
16 047,979
|
Gabon
|
16 116,391
|
Guinée équatoriale
|
6 231,219
|
République centrafricaine
|
1 050,21
|
Tchad
|
4 348,18
|
Source: Simulations CEA, WITS/SMART
B.2) LES FREINS DES APE
LES CONSÉQUENCES NÉGATIVES
DÉCOULANT DES APE SONT NOMBREUSES. ON PEUT ÉVOQUER
L'ÉVICTION DES PRODUCTEURS LOCAUX, LA BAISSE DES ÉCHANGES
INTRA-COMMUNAUTAIRES AU PROFIT DES ÉCHANGES ENTRE LES PAYS DE LA CEMAC
ET L'UE, LE DÉTOURNEMENT DE COMMERCE ET LA CHUTE DES RECETTES
BUDGÉTAIRES SE RATTACHANT AUX DROITS DE DOUANES. DANS CES CONDITIONS,
LES APE VONT ENCORE FAIRE RECULER LE PROCESSUS D'INTÉGRATION
RÉGIONALE ET RENFORCER LES IMPORTATIONS DES PRODUITS AGRICOLES AU
DÉTRIMENT DU SECTEUR AGRICOLE NATIONAL DES PAYS DE LACEMAC.
LES SIMULATIONS MONTRENT QUE LA MISE EN oeUVRE DES APE
À TRAVERS L'APPLICATION DU PRINCIPE DE RÉCIPROCITÉ VA
ENTRAÎNER UNE IMPORTANTE PERTE DE REVENUS TARIFAIRES POUR LES PAYS DE LA
CEMAC.
Ø Détournement de commerce de la CEMAC
Les effets statiques comme nous l'avons vu
précédemment concernent le détournement de commerce. Les
importations de biens en provenance de l'Union européenne devraient
connaître un net accroissement au détriment des importations du
reste du monde et de la CEMAC. Cette création de commerce dont
bénéficiera l'UE concerne essentiellement trois pays : le
Cameroun, le Congo et le Gabon.
Deux pays particulièrement, le Gabon et la RCA vont
connaître une chute de leurs exportations au sein de la CEMAC au profit
des exportations réalisées par les pays de l'Union
européenne sur le marché régional. Cela aura comme
conséquence une réduction des échanges
intra-régionaux qui se situent déjà à un niveau
dérisoire (2%).
Tableau 4 : création et détournement de commerce
pour les pays de la CEMAC (milliers de dollars)
Source:Simulation CEA WITT/SMART
Pays
|
Var Importation
De l'UE
|
Creation de Commerce
|
Détournement de Commerce
|
Dont det, de Com,Cemac
|
Cameroun
|
218994,173
|
255 425,935
|
26 568,238
|
0,00
|
Congo
|
144 185,091
|
123 707,24
|
20 477,85
|
0,00
|
Gabon
|
154184,776
|
126 494,87
|
27 689,91
|
1 244,92
|
Guinée-Équatoriale
|
154184,776
|
53 293,68
|
5 389,737
|
0,00
|
RCA
|
58 683413
|
8 232,94
|
1 252,818
|
305,6
|
Tchad
|
46 673,379
|
40 732,15
|
5 941,23
|
0,00
|
Ø Difficultés d'écoulement des
produits agricoles bénéficiant de subventions
Concernant le sucre et la banane, deux produits longtemps
subventionnés par l'UE, ces
productions vont connaître d'importantes
difficultés. En effet, ces deux produits qui
bénéficiaient de subventions de la part de l'UE
à travers les préférences commerciales (quotas
réservés, prix d'achat garanti au-dessus du
cours mondial) verront se rétrécir leurs parts de
marché. Ils seront confrontés à des
difficultés d'écoulement avec la mise en oeuvre des APE
conformément aux règles de l'OMC. Il a
été prouvé que ces produits agricoles ne sont pas
compétitifs face au sucre et à la banane
produits en Amérique latine.
Au Congo, les recettes tirées des exportations de sucre
par l'entreprise Saris-Congo pourraient, par conséquent, être
diminuées par la réforme du régime sucrier de l'UE, qui
deviendra effectif à partir du 1er juillet 2006.
Ce régime avait été reconnu contraire
aux règles de l'OMC.
A l'issue de la réforme, le prix minimal du sucre sur
le marché de l'UE, qui est trois fois supérieur à celui du
marché mondial, pourrait baisser de 36% sur quatre ans. Les exportateurs
des pays ACP qui éprouveront des difficultés dans ce nouveau
contexte pourront toutefois bénéficier d'un soutien financier
destiné à faciliter leur modernisation, leur adaptation ou leur
diversification, pour un montant total (affecté par l'UE) de 40 millions
d'euros en 2006, et qui ouvrira la voie à d'autres aides.
Selon l'entreprise Saris-Congo, les réformes des
marchés américain et de l'UE auraient comme conséquence
une baisse d'environ un tiers de son chiffre d'affaires. Un plan de
restructuration de l'entreprise a été élaboré. Il
devra coûter 11,5 milliards de francs CFA (17,5 millions d'euros), et
permettre à l'entreprise de développer ses plantations, renforcer
ses capacités de stockage et écouler une partie de sa production
sur le marché de la CEMAC.
Outre cette subvention de l'État, l'entreprise
Saris-Congo bénéficie de l'agrément à la Charte des
investissements.
Le sucre raffiné (provenant de canne) figure parmi les
produits agricoles fortement protégés par le Congo. En plus d'un
droit de douane de 30 %, le sucre raffiné est également soumis
à une licence d'importation, et à une homologation de son prix
à des niveaux plafond. L'importation du sucre raffiné est
quasiment nulle depuis 1999, année de reprise de la production nationale
de canne à sucre.
CONCLUSION
Les APE sont venus répondre à un souci de
libéralisation commerciale et de mondialisation instaurées par
l'OMC. Ils mettent fin aux accords préférentiels non
réciproques qui pendant près de trente ans de mise en oeuvre ont
eu au final un bilan très mitigé car n'ayant pas pu atteindre
leur objectif principal à savoir favoriser le developppement des pays
ACP. En effet, les exportations des pays ACP vers l'UE n'ont cessé de
décroître pour se limiter principalement aux matières
premières. L'étude montre que l'application des APE revêt
des aspects positifs : en cequi concerne par exemple l'accès au
marché de l'UE des produits agricoles, l'amélioration du surplus
du consommateur. Mais ils renferment aussi des aspects défavorables:
pertes de revenus tarifaires, détournement du commerce
intra-régional, désinsdustrialisation et éviction des
producteurs locaux, réduction des avantages des ACP sur le
marché de l'UE. C'est pourquoi le Sénégal s'y oppose
farouchement.Nous avons étudié un peu particulièrement ces
enjeux dans la sous région de la CEMAC.Il incombe donc aux Etats ACP de
bien étudier la question de peur de s'engager dans un processus de non
retour qui nuirait gravement à leur bien être économique et
commercial. C'est dans ce sens qu'ont été signés les
accords intérimaires par le Cameroun et la Côte d'Ivoire par
exemple qui sont des accords intermédiaires qui ont pour but de donner
du temps aux Etats ACP pour conformer leurs économies afin de
répondre aux besoins des APE et permettre une rédéfinition
des termes des accords qui conviendraient au plus grand nombre des Etats ACP.
Les ACP devraient profiter de cette période transitoire pour s'inscrire
dans un réalisme qui sied à l'application des APE à
savoir : donner les moyens à leurs entreprises de répondre
à la compétitivité et consolider l'intégration
régionale.
BIBLIOGRAPHIE
- Anna Lipchitz : Les accords de partenariat
économique : des accompagnements nécessaires
- Jean Christophe Boungou Bazika : Intervation lors du
colloque «Quel cadre pour les politiques agricoles, demain, en Europe et
dans les pays en développement ? » organisé par
Pluriagri, Notre Europe et FARM les 27,28 et 29 novembre 2006
- Contribution indépendante des réseaux
régionaux d'organisations paysannes : Evaluation à mi
parcours des négociations de l'APE entre les régions ACP et
l'Union européenne au titre de l'article 37.4 de l'Accord de Cotonou
- Accords de partenariat économique moyens et
objectifs publié par la Commission européenne
- Accords de partenariat économique (APE) avec les pays
d'Afrique Caraïbes et Pacifique (ACP) publié par %attac
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