République du
Sénégal
Un Peuple-Un but-Une Foi
Ministère de l'Enseignement
Supérieur, des Universités, des Centres Universitaires
Régionaux et de la Recherche Scientifique
Université Cheikh Anta Diop
Ecole Nationale d'Economie Appliquée
(ENEA)
Département Aménagement du Territoire, Environnement et
Gestion Urbaine (ATEGU)
Les effets de la
dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique
migratoire des populations des îles du Saloum : cas des villages de
Bassoul et de Niodior
36éme Promotion
Mémoire de fin
d'étude
M. Mamadou SARR
Dr. Bara MBOUP
Professeur à l'ENEA
Pour l'obtention du Diplôme
d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la
gestion urbaine
Année 2010
République du Sénégal
Un Peuple-Un but-Une Foi
Ministère de l'Enseignement
Supérieur, des Universités, des Centres Universitaires
Régionaux et de la Recherche Scientifique
Université Cheikh Anta Diop
École Nationale d'Économie
Appliquée (ENEA)
Département Aménagement du
Territoire, Environnement et Gestion Urbaine (ATEGU)
Les effets de la dégradation des
écosystèmes de mangroves dans la dynamique migratoire des
populations des îles du Saloum : cas des villages de Bassoul et de
Niodior
36éme Promotion
Mémoire de fin
d'études
M. Mamadou SARR
Dr. Bara MBOUP
Professeur à l'ENEA
Pour l'obtention du Diplôme
d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la
gestion urbaine
Année 2010
Remerciements
Au nom d'Allah, Le Miséricordieux, Le Très
Miséricordieux
Louange à Allah, le Seigneur de l'univers.
J'adresse mes vifs remerciements à tous ceux qui
ont bien voulu m'accorder leur concours pour la présentation de ce
travail et particulièrement :
ü Dr. Bara Mboup, pour avoir accepté
d'être mon directeur de mémoire, sa rigueur scientifique et sa
compétence ont permis de mener à bien ce travail.
ü Aux membres du jury, qui ont bien voulu juger ce
travail j'exprime ma gratitude.
Messieurs, j'ai l'honneur et le plaisir de vous avoir comme
membre du jury. Je vous remercie du fond du coeur d'avoir corrigé ce
mémoire. Je vous en suis très reconnaissant.
ü À la famille Mbengue de la Gueule Tapée,
qui est ma famille d'accueil durant tous mes cycles secondaires et
supérieurs.
ü Les familles SARR à Bassoul et à Niodior
à qui j'adresse mes sincères remerciements,
particulièrement au chef de village de Bassoul ; Monsieur Ousmane
SARR et à Mamadou Diba SARR. Ces familles m'ont accueilli lors de la
phase de collectes de données. Sans votre aide ce mémoire
n'aurait pu être réalisé.
ü J'exprime toute ma reconnaissance et ma gratitude
à l'ensemble du corps professoral et administratif de l'ENEA. C'est
grâce à leur accueil, soutien et leur formation efficace que nous
en somme arrivés à ce stade. Merci d'avoir fait de moi un
ingénieur des travaux d'aménagement du terroir et de la gestion
urbaine.
DEDICACES
Je dédie ce mémoire à :
ü Allah le Tout Puissant, Le Clément, Le
Miséricordieux, son prophète Mouhamed, Paix et Salut sur
Lui ;
ü Mon guide spirituel Cheikh Al Islam Elhadj Ibrahima
Niass (RAA) dit Baye ;
ü Feu mon père Mamina Sarr que la mort nous a
séparé ;
ü Ma très chère maman Rokhie SARR pour
l'amour et le soutien qu'elle n'a cessé de manifester à mon
égard ; pour toutes les prières qu'elle n'a cessé de
formuler pour ma réussite. Qu'elle trouve ici l'expression de mon
affection sans limites ;
ü Spécialement à ma femme, Ndeye Fatou
Sarr, qui m'a soutenu pendant toutes ces années. Qu'elle trouve ici
l'expression de l'amour que j'éprouve pour elle;
ü Mes amis et camarades de promotion,
particulièrement à Abdoulaye Ndiaye et à mon voisin de
chambre Ousmane Pouye.
Sommaire
Remerciements
II
DEDICACES
III
Sommaire
IV
Listes des sigles et acronymes
VII
Liste des tableaux
IX
Liste des graphiques
X
Liste des cartes
XI
Liste des annexes
XII
Résumé du mémoire
XIII
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE
3
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
4
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE
8
CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
13
CHAPITRE 4 : CADRE OPERATOIRE
18
I. Questions de recherche
18
I.1. Question générale de
recherche
18
I.2. Questions spécifiques de
recherche
18
II. Objectifs de recherche
18
II.1. Objectif général
18
II.2. Objectifs spécifiques
18
III. Hypothèses de recherche
19
III.1. Hypothèse
générale
19
III.2. Hypothèses spécifiques
19
IV. Variables et indicateurs de
recherche
20
CHAPITRE 5 : METHODOLOGIE
22
I. Revue documentaire
22
II. Cadre de l'étude
22
III. Population à
l'étude
22
IV. Echantillonnage
23
V. Techniques de collecte de
données
24
VI. Instruments de collecte
24
VII. Traitement de données et
analyse des résultats
25
VIII. Difficultés
rencontrées
25
DEUXIEME PARTIE : CADRE DE L'ETUDE
26
CHAPITRE 6 : PRÉSENTATION DES ILES
DU SALOUM
27
I. Localisation et situation
géographique
27
II. Milieu physique
29
II.1. L'environnement naturel
29
III. Le milieu humain
32
III.1. Population
32
III.2. Répartition ethnique
33
III.3. La culture Niominka
33
III.4. Les migrations
34
IV. Activités
socio-économiques
35
IV.1. La Pêche et l'économie
maritime
35
IV.2. L'agriculture et l'élevage
37
IV.3. Les autres activités
économiques
38
CHAPITRE 7 : LES VILLAGES ETUDIES
39
I. Le village de Bassoul
39
II. Le village de Niodior
39
III. La migration dans les villages
d'étude
40
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION
DES RESULTATS
42
CHAPITRE 8 : ANALYSE DE L'ÉTAT DES
FORÊTS DE MANGROVE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
43
I. Les écosystèmes de
mangroves
43
I.1. Importance et fonction de la mangrove
43
I.2. État de la mangrove dans les
villages d'étude
45
II. La gestion de la mangrove
50
II.1. Les structures administratives
50
II.2. Les ONG
51
III. Relation entre les migrants et les
écosystèmes de mangroves
51
III.1. Effet de la dégradation de la
mangrove sur les activités
52
IV. Conclusion partielle
56
CHAPITRE 9 : ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE
MIGRATOIRE DANS LES ILES DU SALOUM
57
I. Les causes de la migration
58
II. Profil des migrants
58
II.1. Le sexe
58
II.2. Tranche d'âge
60
II.3. Situation matrimoniale
61
II.4. Niveau d'instruction
63
III. LES FORMES DE MIGRATION ET LA
PROPENSION A LA
MIGRATION............................................................................................
64
III.1. Les formes de migration
64
III.2. Conclusion partielle
71
IV. La propension à la
migration
71
CHAPITRE 10 : PROPOSITION DE
RECOMMANDATIONS ET PLAN D'ACTION .
76
I. Recommandations
76
I.1. Gestion rationnelle de la mangrove
76
I.2. Encadrement des exploitants des ressources
associées aux écosystèmes de mangroves
77
I.3. Sensibilisation sur les problèmes
d'émigration
77
II. Plan d'action
78
CONCLUSION GENERALE
79
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
81
ANNEXES
84
Listes
des sigles et acronymes
ANSD
|
Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie
|
AIDELF
|
Association Internationale des Démographes de Langue
Française
|
ATEGU
|
Aménagement du Territoire, Environnement et Gestion
Urbaine
|
CR
|
Communauté Rurale
|
CRDI
|
Centre de Recherches pour le Développement
International
|
CRODT
|
Centre de Recherches Océanographiques
Dakar-Thiaroye
|
DEEC
|
Direction de l'Environnement et des Établissements
Classés
|
DOPM
|
Direction Océanographique des Pêches
Maritimes
|
ENEA
|
École Nationale d'Économie
Appliquée
|
FAO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
|
FELOGIE
|
Fédération Locale des GIE
|
FEM
|
Fonds pour l'Environnement Mondial
|
FASTEF
|
Faculté des Sciences et Technologies de
l'Éducation et de la Formation
|
GIE
|
Groupement d'Intérêt Economique
|
GIRMAC
|
Programme de Gestion Intégrée des Ressources
Marines et Côtières
|
INED
|
Institut National d'Études
Démographiques
|
IRD
|
Institut de Recherche pour le Développement
|
NOAA
|
Agence Américaine Responsable de l'Étude de
l'Océan et de l'Atmosphère
|
OIM
|
Organisation Internationale pour les Migrations
|
OMD
|
Objectif du Millénaire pour le
Développement
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PAGEMAS
|
Projet d'Appui au Renforcement de la Gestion Durable de la
Mangrove du Delta du Saloum
|
PLD
|
Plan Local de Développement
|
PNDS
|
Parc National du Delta du Saloum
|
PNUE
|
Programme des Nations Unies pour l'Environnement
|
PRCM
|
Programme Régional de Conservation de la Zone
Côtière et Marine
|
RBDS
|
Réserve de Biosphère du Delta du Saloum
|
SPSS
|
Statistical Package for Social Science
|
UCAD
|
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
|
UNESCO
|
Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la
Science et la Culture
|
USAID
|
Agence des États-Unis pour le Développement
International
|
WAAME
|
West African Association for Marine Environment
|
Liste des tableaux
Tableau 4.1 : Hypothèses, variables
et indicateurs de recherche
20
Tableau 5.1 : Répartition des
échantillons par village
24
Tableau 7.1 : Taux moyen de migration dans
les villages de Bassoul et de Niodior
40
Tableau 8.1 : Importance et
diversité des espèces capturées au niveau des estuaires et
de la mer
44
Tableau 9.1 : Répartition des
migrants par sexe
59
Tableau 9.2 : Répartition des
migrants par tranche d'âge
60
Tableau 9.3 : Répartition des
migrants selon la situation matrimoniale
61
Tableau 9.4 : Répartition des
migrants par activité
62
Tableau 9.5 : Distribution des migrants
par zone d'accueil
68
Tableau 9.6 : Durée de migration
optée par les potentiels de migrants
74
Tableau 10.1 : Plan d'action des
recommandations
78
Liste
des graphiques
Graphique 6.1 : Evolution de la
pluviométrie de 1998 à 2007
31
Graphique 8.1 : Perception de la
population des villages d'étude sur l'état de la mangrove
46
Graphique 8.2 : Perception des populations
sur l'état global de la mangrove
47
Graphique 8.3 : Niveau d'association à
la mangrove des ressources exploitées par les migrants avant leur
départ
52
Graphique 8.4 : Type d'activité
avant départ des migrants de Bassoul et Niodior
54
Graphique 8.5 : Activités des
migrants avant départ
55
Graphique 9.1 : La migration des
ménages
57
Graphique 9.2 : Niveau d'instruction
des migrants
63
Graphique 9.3 : Répartition des
migrants par forme de migration
67
Graphique 9.4 : Désir de
migration
72
Graphique 9.5 : Durée probable de
migration
73
Liste
des cartes
Carte 6.1 : Carte de localisation des
îles du Saloum
28
Carte 8.1 : Evolution des mangroves du
Delta du Saloum de 1992 à 1999
49
Carte 9.1 : Répartition des migrants interne
des villages de Bassoul et de Niodior...66
Carte 9.2 : Flux migratoire des îles du
Saloum..................................................70
Liste
des annexes
Annexe 1 : Etendue, distribution et
état des mangroves du Sénégal
85
Annexe 2 : Occupation du sol dans la RBDS
en 1997
86
Annexe 3 : Carte pédologique des
îles du Saloum
87
Annexe 4 : Questionnaire destiné
aux chefs de ménage
88
Annexe 5 : Questionnaire destiné aux
personnes exploitants de
91
ressources associées à la
mangrove
91
Annexe 6 : Guide d'entretien pour les
personnes ressources
93
Annexe 7 : Guide d'entretien structure
94
Annexe 8 : Guide d'entretien Chef CADL
95
Résumé du mémoire
Le Sénégal qui est un pays côtier, avec
700 km de littoral, était un pays d'immigration. Aujourd'hui, la
migration est devenue importante dans le pays, notamment vers les États
de la sous région et de l'Europe. Cela est dû principalement aux
conditions de vie qui sont devenues difficiles. Le pays connait aussi des
mouvements internes, des zones plus pauvres vers les zones qui ont plus de
ressources ou de revenus. Ainsi, la migration sénégalaise est
caractérisée par la migration saisonnière ou temporaire,
par la migration permanente, voire définitive, selon les zones
d'accueil. Ce phénomène est observable ces dernières
années dans beaucoup de localités du pays, en l'occurrence dans
les îles du Saloum. Dans un contexte de dépérissement des
écosystèmes de mangrove de son terroir, l'émigration est
devenue courante dans ces îles. Cependant, les déterminants
à la migration restent divers et variés.
La mangrove qui constitue une des ressources principales
dans les côtes, notamment dans les zones estuariennes prend du recul en
même temps que les biens et services qui y sont associés. Les
populations côtières sont cependant vulnérables à la
dégradation des écosystèmes de mangroves, ce qui est du
coup un facteur déterminant la mobilité. La
vulnérabilité de ces populations découle du fait que
l'exploitation des ressources associées aux forêts de mangroves
n'est plus productive, ce qui peut pousser certains à la
découverte d'autres espaces plus propices à leurs
activités.
Beaucoup d'études sur la migration sont faites, mais
celles qui prennent les questions environnementales sont insuffisantes dans les
recherches. En outre, ces études ne montrent pas le rôle que peut
jouer la dégradation des ressources naturelles dans la mobilité
des personnes. C'est le cas dans les îles du Saloum, qui est aujourd'hui
un espace de départ important.
C'est ce qui nous a amenés de tenter de faire une
telle étude dans les îles du Saloum, en particulier sur le
rôle de la détérioration de la mangrove aux mouvements
migratoires. Après un éclaircissement conceptuel, nous nous
sommes fixé un objectif à savoir d'étudier la relation
entre le départ à la migration et la destruction de la mangrove.
Ainsi, nous avons opté la méthode
qualitative, combinée à quelques études quantitatives.
Pour atteindre notre objectif ; des enquêtes ont été
menées au sein des ménages et avec des individus dans deux
villages cibles qui sont Bassoul et Niodior.
L'analyse et le traitement des données issus de cette
enquête à permis de confirmer l'hypothèse
générale. Mais il existe des limites aux hypothèses
spécifiques.
En effet, la particularité des îles du Saloum
fait que les habitants de la zone sont spécialisés dans les
activités halieutiques.
Les îles du Saloum dans leur ensemble sont
constituées des îles du Gandoul1(*), situées dans la partie Nord du Delta du
Saloum. Elles sont dans un estuaire à mangrove qui est dans une
situation de dégradation avancée, avec 21 villages qui sont
séparés par des bras de mer ou chenaux bordés de
mangroves. Elles sont essentiellement habitées par un peuple,
appelé Niominka2(*),
qui vit principalement de la pêche et de la transformation des produits
halieutiques.
La forte relation entre ces activités et la mangrove
a montré que la détérioration de cette
végétation a des effets sur les ressources halieutiques. Par
conséquent, la vulnérabilité de cette population insulaire
par rapport à cette situation, devient la cause du développement
des stratégies de survie, dont la migration.
Ainsi, la migration devient un phénomène
important dans les îles du Gandoul. Ces mouvements prennent ainsi des
formes saisonnières, permanentes et même définitives
suivant le sexe, l'âge, le niveau d'instruction et l'activité du
migrant avant son départ.
Par ailleurs, la migration est plus une migration de
travail, notamment des exploitants de ressources associées aux
écosystèmes de mangroves.
Pour apporter des solutions à cette situation, il faut
une analyse systémique, du moment où la migration est
analysée de plusieurs manières selon les
spécialités. C'est pourquoi il faut partir de la restauration et
de la protection des forêts de mangrove, à l'encadrement des
exploitants de ressources halieutiques, mais aussi à la promotion et
à la valorisation des produits halieutiques.
Ces actions pourront non seulement améliorer les
conditions de vie locale, mais aussi favoriser la fixation des fils du
terroir.
Cependant, les limites de ces axes sont que la migration
dépend de beaucoup de facteurs, notamment des facteurs sociaux,
économiques et politiques. Donc, il est nécessaire de poursuivre
les études dans le terroir, à l'échelle globale et
d'analyser l'effet de la migration sur les ressources de mangrove.
INTRODUCTION GENERALE
La migration est un phénomène qui a pris de
l'ampleur au Sénégal ces dernières années. C'est
par cet effet que le pays a toujours été un pays à la fois
de départ et de destination. En effet, avant les indépendances,
le pays était majoritairement dominé par les flux migratoires
venant de la sous région (Cap-Vert, Guinée, Guinée-Bissau,
Burkina Faso, Mali et Mauritanie). Le courant migratoire s'est inversé
par la suite en raison des conditions de vie au Sénégal qui
deviennent de plus en plus difficiles et de la réussite des premiers
émigrants sénégalais. Non seulement la migration
s'effectue vers les pays en Afrique ayant davantage d'opportunités, tel
que le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Gambie, etc., ainsi qu'en
Occident (Europe et Amérique), mais aussi les mouvements internes sont
très importants dans les déplacements des
Sénégalais. Le Sénégal est dès lors devenu
un pays d'émigration. En effet, le solde migratoire sur les flux entre
1988 et 1993 est négatif avec 57 000 individus (OIM, 2009).
L'importance de la migration sénégalaise s'explique par plusieurs
facteurs dont le déséquilibre entre les zones. Les conditions de
vie sont devenues précaires dans certaines zones, notamment en milieu
rural. Toutefois, différentes formes de migrations sont
pratiquées par les migrants sénégalais ; les uns
migrent de façon régulière pour rejoindre leur famille,
d'autres pour des études et pour des travaux saisonniers ou temporaires.
Tous ces mouvements sont à l'origine de plusieurs situations, notamment
la paupérisation du milieu de départ. Ce fait est lié au
chômage, à la raréfaction des ressources dans les milieux
de départ. Au Sénégal, la dégradation de
l'environnement a accentué la pauvreté, mais aussi inversement.
Par cet effet, la migration peut devenir une solution spontanée aux
problèmes économiques inhérents à la
dégradation de l'environnement.
N'étant pas épargnées par cette
situation, les îles du Saloum constituées par un peuple
très mobile connaissent aujourd'hui une dégradation non
négligeable de son écosystème de mangroves. Cette mangrove
constituait un facteur d'attraction et de fixation des populations
environnantes et surtout de la population locale. Par conséquent, cette
dernière étant vulnérable au risque de dégradation
de la mangrove développe des solutions alternatives comme la migration.
Bien que la migration soit une partie de la culture du Niominka, ce
phénomène est devenu de plus en plus accentué et la
distance devient de plus en plus longue. Ce phénomène nouveau de
la migration des Niominka est ainsi observable aussi bien chez les hommes que
chez les femmes. Du coup la migration est devenue une stratégie
d'adaptation à la dégradation de l'environnement naturelle des
insulaires, en vue d'améliorer les conditions de vie qui sont devenues
plus précaires.
Ainsi, plusieurs études ont été
menées autour des déterminants de la migration. Mais l'OIM a
montré dans son bulletin d'information qu'aujourd'hui peu d'attention a
été accordée, notamment dans les pays du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest, aux relations complexes entre migration et environnement,
ainsi dans les études et enquêtes nationales au
Sénégal, il est peu fait cas de ce que les relations entre
migration et environnement constituent une interface importante à
étudier, comprendre et intégrer dans les objectifs
stratégiques de développement (OIM, 2009). Il faut aussi aborder
la relation population-environnement à partir des dégradations et
des nuisances observées à différentes échelles
spatiales (Domenach, 2008).
C'est ce qui a suscité en nous un ensemble de
préoccupations relatives à la dynamique migratoire d'une
communauté dont la survie dépend en grande partie des ressources
de mangrove, en l'occurrence les îles du Saloum. C'est pourquoi nous
avons axé notre objet de recherche sur l'étude des effets de la
dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire
des habitants des îles du Saloum.
La présente étude est ainsi
détaillée dans ce document en trois grandes parties :
v Dans une première partie après l'introduction,
nous avons présenté le cadre de référence. Elle est
composée en cinq (5) chapitres, à savoir ; la
problématique, la revue de la littérature, le cadre conceptuel et
théorique, le cadre opératoire et de la méthodologie.
v La deuxième partie concerne le cadre de
l'étude. Cette partie présente les îles du Saloum de
façon globale et les villages qui ont été
étudiés.
v Quant à la troisième et dernière
partie, elle comprend l'analyse et l'interprétation des résultats
de notre enquête. Cette partie traite d'abord de l'analyse de
l'état des forêts de mangrove et de l'analyse de l'état des
ressources halieutiques dans les îles du Saloum. Ensuite, il s'agit
d'étudier la dynamique migratoire des populations de la zone. Et en fin,
pour terminer la partie, nous proposerons des recommandations et un plan
d'action.
v Ainsi pour terminer le document, nous avons
procédé à la conclusion.
PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE
CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE
Les milieux littoraux constituent des lieux qui ont des
potentialités naturelles et économiques significatives. Mais
aussi, ils fournissent des biens et services qui font que 55 % de la
population mondiale habitent en zone côtière, avec soixante (60)
millions de personnes vivant entre le Sénégal et le Nigeria
(NOAA, 2002). Aujourd'hui, ces biens et services littoraux sont en train de
décroitre dans les côtes. Selon le PNUE (2006) l'amplification de
la croissance des populations côtières et les pressions provenant
des activités humaines terrestres provoquent la perte des ressources
vivantes et la destruction des habitats côtiers. Ce qui a des
répercussions sur les opportunités de survie et accentue la
pauvreté. Mais les causes de cette dégradation sont de plusieurs
ordres : d'abord ce sont les phénomènes naturels (changement
climatiques, érosion et déficit pluviométrique), ensuite
ce sont la pollution, le développement du tourisme, la pauvreté
et les pressions du développement économique à des
échelles tant locales que mondiales.
L'écosystème de mangrove est l'un des plus
productifs au niveau des écosystèmes littoraux. Dans de nombreux
pays en développement, les communautés côtières
dépendent des forêts de mangrove qui leur fournissent des
possibilités économiques. Ces ressources sont vitales pour la
subsistance quotidienne et constituent des moyens de subsistance pour environ
cinq millions de personnes3(*). La mangrove est utilisée par les populations
riveraines pour de très nombreux usages. Il s'agit surtout des
activités de récolte de coquillages (arches et huitres) qui sont
en générales effectuées par les femmes (CORMIER-SALEM,
1994), l'utilisation du bois de mangrove comme source d'énergie. Ainsi,
les mouvements vers les côtes sont dus à l'attraction des services
et biens offerts par les écosystèmes côtiers de
façon générale et de ceux des mangroves en particulier.
Mais aujourd'hui la tendance est inverse dans certaines
zones côtières, notamment dans les zones estuariennes ; du
fait du recul que cet écosystème est en train de prendre. En
effet, la superficie mondiale des mangroves est passée de 18,8 millions
d'hectares en 1980 à 15,2 millions en 2005, soit une perte de 3,6
millions d'hectares (FAO, 2005). Selon la FAO, les causes principales de la
destruction de la mangrove sont la pression démographique
élevée, la conversion à grande échelle des zones de
mangrove pour la pisciculture, l'élevage des crevettes, l'agriculture,
les infrastructures et le tourisme, aussi bien que la pollution et les
phénomènes naturelles. Par cet effet, on assiste à des
pertes de biodiversité et de moyen d'existence, en plus de l'intrusion
du sel dans les zones côtières expliqué par le
déséquilibre entre les deux dynamiques fluviales et marines.
Le continent africain, n'étant pas
épargné par la situation, est concerné de manière
significative par la dégradation des forêts de mangrove. Le
continent a subi une perte de 510 000 hectares depuis 1980 (FAO, 2005).
Ainsi, les services et les biens offerts par les écosystèmes de
mangrove du continent se détériorent concomitamment avec la
dégradation de ces forêts côtières. Cette situation a
ainsi un effet sur les populations vivantes des ressources de mangroves.
D'abord, la pression sur ces ressources augmente, ensuite la propension
à migrer des populations côtières croit.
Le Sénégal a une frange maritime de
700 km de long, avec un écosystème de mangrove qui
était très riche et développé. Cet
écosystème est rencontré dans le pays dans la zone de
Saint Louis, de la Petite côte, de la Casamance et du Delta du Saloum.
Les mangroves jouent un rôle crucial dans l'écosystème
productif qui est le soutien des activités de subsistance de ces
populations côtières du pays. Ainsi, elles restent très
exposées devant la détérioration des
écosystèmes de mangrove.
Ce changement a de lourdes conséquences sur les
peuples autochtones. La protection et la gestion de la faune, des
pêcheries et des écosystèmes des petites îles
connaissent des contraintes significatives, ainsi que l'utilisation
traditionnelle et coutumière des ressources naturelles qui sont
importantes pour leur vie économique. La réduction remarquable de
la superficie de mangrove du pays, passée de 440 000 ha en 1983
à 185 000 ha en 1997 (PAGEMAS, 2006), a crée de nombreuses
perturbations dans la vie des populations riveraines. Le taux de
croissance ; négatif de 23,8 % entre 1980 et 2006 ( cf. Annexe
1 : Étendue, distribution et état des mangroves du
Sénégal, page 85), atteste l'accélération du recul
des forêts de mangrove aux Sénégal.
Par cet effet certaines activités peuvent prendre du
recul, en particulier l'exploitation des ressources associées à
la mangrove (pêche, transformation des produits halieutiques et
exploitation du bois de mangrove) dans les zones côtières. Ce ci
nous montre que la faiblesse des ressources halieutiques aux niveau des eaux
sénégalaises ne dépend pas seulement de l'exploitation de
ces ressources par les bateaux occidentaux, même s'ils joue un rôle
non négligeable dans l'épuisement des ressources halieutiques.
Aussi, la dégradation des forêts de mangrove joue un rôle
prépondérant dans cette situation.
Du coup la dégradation des forêts de mangrove
devient concomitante avec la raréfaction des ressources, ainsi que la
baisse de la productivité des activités de ces
communautés. Ce sont en particulier des activités qui sont
associées aux écosystèmes de mangroves.
Ici le facteur le plus important est la dégradation
des écosystèmes de mangroves compte tenu de la nature de
l'exploitation et des activités génératrices de revenus
liées à cette forme d'exploitation, car ces
écosystèmes jadis productifs ne produisent plus de revenus
satisfaisants. Ainsi la rareté et la faiblesse qui est concommitantes
des revenus justifie les fortes déplacements de population Cela est
confirmé par la réduction du parc piroguier de 48 %, car il
est passé de 10 707 pirogues en 1997 à 5 615 en
20054(*).
Quoique les facteurs environnementaux puissent expliquer le
phénomène migratoire, ils peuvent aussi être
expliqués par des paramètres sociologiques, politiques et
géographiques.
Le Delta du Saloum où l'on rencontre l'une des
forêts de mangrove les plus importantes du pays était une zone
très poissonneuse à cause de son potentiel en zone de
frayère. L'écosystème de mangrove occupe environ
80 000 hectares dans les estuaires du Saloum (DEEC). Ces avantages
constituent une source de revenus aussi bien des populations locales et
environnantes, dont celles venant des zones frontalières. En effet, les
facteurs écologiques et économiques semblent être
interconnectés (Ouédraogo, 2007).
L'importance économique et écologique de
cette zone, en l'occurrence le Delta du Saloum a incité l'État
sénégalais et la communauté internationale à
prendre des mesures pour la protection de ce site. Ainsi, en 1976, il a
été érigé le Parc National du Delta du Saloum
(PNDS), par décret NO 76 577, sur une superficie de
76 000 ha couvrant le milieu amphibie et le plateau continental. Ensuite
en 1981, le parc a été inscrit au patrimoine mondial de la
Biosphère (Réserve de Biosphère du Delta du Saloum(RBDS)
par l'UNESCO. C'est pour quoi, la loi portant code forestier a affecté
la gestion aux services des eaux et forêts ; conformément aux
dispositions de la loi No 98-03 du 8 janvier 1998 portant code
forestier5(*). Puis en 1984,
le Delta a été reconnu comme une Zone Humide d'importance
internationale servant d'accueil aux espèces paléarctiques
(oiseaux migrateurs) et fut classé parmi les sites conformément
à la convention de Ramsar. Enfin en 2006, le conseil Régional de
Fatick a inscrit le Delta au Club des plus belles Baies du monde. Ce ci
permettra au pays de s'insérer dans le septième objectif des OMD
(2008), notamment d'assurer un environnement durable.
Aujourd'hui cet écosystème qui est en train
de se dégrader , a inciter les populations des îles du Saloum
qui sont principalement des Niominka à développer leurs
stratégies pour contourner ces problèmes causés par la
dégradation de leur environnement. Du coup, la diminution de la richesse
de ces ressources et la baisse d'alternatives économiques
peuvent-être un facteur incitatif à l'exode ou bien comme candidat
à l'émigration. En effet, les populations des îles du
Saloum sont uniquement spécialisées dans les activités
halieutiques, notamment la pêche chez les hommes et la transformation des
produits halieutiques chez les femmes. L'exploitation des produits aquatiques
est attestée par les amas coquilliers (CORMIER-SALEM, 1994). De ce point
de vue, on peut se demander quel est le profil des migrants
concernés.
Ainsi pour effectuer cette étude, notre recherche
tourne autour de la question générale de recherche
suivante : la dégradation des écosystèmes de
mangroves a-t-elle des effets sur la dynamique migratoire des populations du
Delta du Saloum ?
Ainsi pour mener une recherche autour de cette
problématique, nous chercherons à savoir en quoi la
dégradation de la mangrove est un facteur déterminant dans le
comportement de migration des Niominka. La dégradation des
écosystèmes de mangrove peut-elle avoir des effets sur la vie
économique des insulaires ? Quelles sont les formes de migration
qui sont entreprises par ces populations insulaires pour faire face à
cette situation ? Les activités des migrants sont-elles
associées à l'écosystème de mangrove ?
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE
L'étude de la relation entre population et
environnement est complexe et multiple. C'est un domaine de recherche qui a
été peu fréquenté par les démographes
[BARTIAUX (2004), VAN YPERSELE (2004)]. Cependant, les études qui sont
faites en la matière se font surtout sous formes d'études de cas.
C'est ainsi que Véronique PETIT a fait des recherches 1997, en combinant
des données quantitatives et qualitatives, sur les logiques migratoires
des Dogons de Sangha au Mali et sur les conséquences pour les
populations sédentaires. Il a trouver que les réponses
démographiques données à la dégradation de
l'environnement peuvent aussi être la migration.
Aujourd'hui, de nombreuses études sont faites sur le
phénomène migratoire, notamment dans les pays d'Afrique.
Toutefois, la plupart de ces études sont plus orientées vers les
zones de destination que celles de départ. Ainsi, plusieurs raisons, qui
sont habituellement d'ordre familial, économique et scolaire, poussent
les gens à migrer (Gilles P et al., 1997). Mais il faut reconnaitre que
les déterminants environnementaux ne sont pas très pris en compte
dans ces études. Le problème des déplacements
provoqués par la détérioration de l'environnement est
d'actualité. D'ailleurs, certains organismes s'y penchent. Selon l'OIM
(2007) ces personnes ou groupes de personnes qui, pour des raisons
impérieuses liées à un changement environnemental soudain
ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de
vie, sont contraintes de quitter leur foyer habituel ou leur quittent de leur
propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait,
se déplacent à l'intérieur de leur pays ou en sortent,
sont appelés des migrants environnementaux. On a ainsi le concept de
« réfugié de l'environnement » qui illustre
bien l'idée très répandue que la migration est
influencée par les conditions environnementales.
En outre, la migration est analysée comme un
phénomène démographique et socialement sélectif. En
fondant leur recherche sur le profil des migrants, M. GUILLON (2004) et N
SZTOKMAN (2004) ont montré que le plus souvent ce sont les adultes
jeunes, ayant une certaine formation et un minimum de disponibilités,
qui sont touchés. Ces mêmes auteurs ont donné une part
importante de l'orientation des flux migratoires par les
inégalités économiques entre les espaces. Par la suite,
ils ont insisté sur les facteurs explicatifs des flux migratoires, ce
sont notamment les facteurs économiques qui ont longtemps
été les seuls motifs avancés. Ce raisonnement est
affirmé par la théorie néoclassique de la
migration. Elle postule que les pays où le rapport
travail/capital est élevé tendent à l'équilibre
vers un bas niveau de salaire alors que les pays où ce rapport est
réduit tendent vers des salaires élevés (CASELLI et al,
2003). La différence de salaire qui en résulte incite les
travailleurs des pays à faible salaire à migrer vers les pays
à hauts salaires.
C'est pourquoi certains auteurs ont privilégié
les facteurs attractifs et d'autres des facteurs répulsifs. Cela nous
amène à penser au modèle `push' et `pull ', selon
lequel des forces influent sur le migrant potentiel (Michell, 1955).
On peut ainsi dire que les forces répulsives sont
les conditions du milieu de vie, la pression démographique sur les
ressources naturelles, les facteurs économiques et les facteurs
socio-économiques. Ici, les travailleurs qui sont les pêcheurs et
les transformateurs de produits halieutiques se déplacent donc vers les
espaces où le salaire ou le revenu est élevé. Donc, force
est de remarquer que le rôle des facteurs environnementaux, notamment les
ressources naturelles, est déterminant dans la propension à la
migration. Dans notre étude on peut dire que les facteurs
répulsifs sont ici les facteurs économiques et environnementaux.
Par ailleurs, les facteurs de la migration sont nombreux, la migration tire
souvent son origine d'un environnement de vie où les ressources
économiques sont rares et contraignent un certain nombre de personnes
à se tourner vers d'autres terres voisines ou lointaines où les
conditions de survie sont meilleures (PISON et al., 2003).
D'autres auteurs ont raisonné dans le même
sens, en disant que d'autres causes peuvent entrainer le déplacement
forcé de millions de personnes. Ceci soit à cause de catastrophes
(conflits armés, accidents industriels, pollutions chimiques...), soit
qu'il s'agisse d'infrastructures (barrages, exploitations minières...),
soit du processus de dégradation des écosystèmes
terrestres, fluviaux et marins (concentrations foncières,
épuisement des sols, salinisation...) (H. DOMENACH, 2008). Nous
concluons là que la dégradation et la pression sur
l'environnement, en l'occurrence sur les ressources naturelles, peuvent inciter
à la migration. C'est pourquoi, il faut remarquer le paradoxe selon
lequel les Niominka ont tendance à aller chercher le poisson ailleurs au
moment où leur région accueille des pêcheurs des autres
contrées (Cormier-Salem, 1994).
Quant aux économistes, ils ont toujours
insisté sur la disparité des revenus urbains et ruraux comme
facteur principal expliquant les déplacements des hommes d'une
région à une autre. Selon Todaro (1969) la décision de
migrer dépend d'une part de l'écart de revenus entre ville et
campagne, et d'autre part de la probabilité de trouver de l'emploi en
ville.
Selon les considérations de l'OIM, le
Sénégal est devenu un pays d'émigration à cause
d'une part des conditions de vie de plus en plus difficiles et d'autre part de
la réussite des premiers émigrants sénégalais dans
des pays africains qui offrent plus d'opportunités, ainsi qu'en Europe
et en Amérique (OIM, 2009). Ainsi les principales destinations sont la
Gambie (20%), la France (18%), l'Italie (10%), la Mauritanie (8%), l'Allemagne
(5%) et le Ghana (5%) (OIM, 2009). C'est ce qui explique que ces
dernières années, les 38% des émigrés clandestins
vers l'Espagne appartenaient à des villages de pêcheurs6(*).
Le groupe de travail sur la migration du CRDI a fait la
distinction entre les facteurs structurels socio-économiques
généraux et les mécanismes particuliers (écarts sur
le plan des salaires et du chômage, etc.) d'intervention des facteurs
structurels.
Seydi Ababacar Dieng (2008) a ainsi définit trois
types de motivations à l'émigration des sénégalais.
Ce sont principalement : l'aventure, la satisfaction des besoins vitaux et
la recherche de l'autonomie financière suffisante pour être
à même de pouvoir réaliser des projets.
Dans la revue trisannuelle du collectif international
d'appui à la pêche artisanale « SAMUDRA », les
nombreux déplacements de pêcheurs notés dans le pays, sont
liés à la recherche du poisson surtout pendant l'hivernage qui
est une période où certaines espèces se font rares dans
certaines zones. Elle ajoute que ces déplacements se font entre les
régions des Guet Ndariens à Kayar et des Kayarois à
Soumbédioune et aussi entre les régions Kayarois à Mbour.
BOUJU S et al. sont parfaitement de cet avis, en soutenant que ces
mobilités se manifestent par des migrations qui peuvent être
proches ou lointaines, saisonnières ou durables,
régulières ou non.
Momar Coumba (2008) analyse la situation sous un autre
angle, en disant que : « dans le Delta du Saloum, les
migrations touchent davantage les populations Niominka qui ont
privilégié une « multi localisation » de
leurs activités, laquelle s'explique par différents facteurs
historiques : facteurs écologiques (problèmes
d'approvisionnement en eau) et facteurs économiques (insertion
précoce dans une économie maritime et pénétration
des circuits de distribution des ressources halieutiques) ». L'auteur
poursuit qu'au de-là des migrations internes (entre les îles du
Nord et du Sud), les îles du Saloum sont caractérisées par
des déplacements saisonniers en Gambie, en Casamance et en Guinée
Bissau et un établissement en ville, notamment vers
l'agglomération dakaroise et, dans une moindre mesure, vers Kaolack,
Banjul et Ziguinchor.
C. CHABOUD et al (1989) défendent une part des propos
de Momar COUMBA (2008) dans leur article publié en 1989. Ils
prétendent que l'émigration dans les îles du Saloum
semblait liée pour une bonne part au manque d'eau douce.
CORMIER-SALEM (1999) adhère ces auteurs à
travers ses études sur la société Niominka. Pour lui la
mobilité de ce peuple est une réponse mécanique aux
manques d'opportunités économique dans leur terroir. Le
même auteur écrit en 1994 dans son autre ouvrage que si
l'abondance de la ressource est un facteur évident, les
opportunités de commercialisation liées à la pêche
sont déterminants dans les stratégies de migration.
L'AIDELF appuie les idées de CORMIER-SALEM, puis
qu'elle a lié la migration des sérères Niominka vers la
Gambie et la Guinée-Bissau, à la recherche de zones plus
poissonneuses. Selon lui ce peuple pratiquait des navétanes (migrations
saisonnières), qui ce sont transformés avec le temps en migration
beaucoup plus longue. Ces propos sont confirmés dans le rapport
publié par la DEEC sur l'état de l'environnement marin et
côtier du pays. Selon la direction, les Niominka sont classés dans
les grandes communautés de pêcheurs comme les Lébou et les
Guet Ndariens. Ils sont ainsi caractérisés par de fortes
dynamiques migratoires liées à la recherche de poissons. Les
types de migrations qui sont donc notés sont des migrations en Afrique
(Mauritanie, Gambie, Guinée Bissau, République de Guinée
et Sierra Léone) et des migrations internes.
La question est spécifiquement soulevée par
les recherches menées par Fall Marie (2009). Elle s'est
intéressée aussi aux stratégies d'adaptation des femmes
Socé et Niominka, face à la dégradation de
l'environnement. Elle a montré que la réaction féminine
face à la crise environnementale a pris, chez les femmes Niominka, la
forme de l'intensification de la migration féminine qui était
saisonnière au début et devient de plus en plus longue
aujourd'hui. Ces propos montrent l'importance des activités
menées par les femmes Niominka. En effet ces dernières sont
actives dans la transformation et la cueillette des fruits de mers. Or ce sont
les forêts de mangrove qui font la richesse de ces activités.
Conclusion tirée de l'analyse
documentaire
Bien que beaucoup de déterminants de la migration
soient étudiés, les déterminants environnementaux
basés sur l'état des ressources naturelles ne sont pas bien
cernés. En particulier, le rôle joué par la
dégradation des ressources environnementales n'est pas ainsi mis en
étude comme le montre la documentation que nous avons pu consulter tout
au long de ce processus de recherche. En outre beaucoup d'études se sont
en particulier accentuées sur l'environnement, mais celle en relation
avec la migration en tant que conséquence n'est très
étudié.
Ainsi la dynamique migratoire d'une population dont les
activités sont fortement liées aux ressources environnementales,
notamment les forêts de mangrove, n'a pas fait l'objet de recherche assez
suffisante. Cela constitue une limite de l'étude sur la migration au
Sénégal. Dans les îles du Saloum, les études se sont
beaucoup accentuées sur la dynamique migratoire des pêcheurs.
Cependant les recherches sur les mouvements migratoires de l'autre partie de la
population ; notamment celles qui exercent des activités
associées à la mangrove, s'avèrent peu suffisantes.
C'est pourquoi la littérature sur les effets de
l'environnement peut être divisée en deux parties : le point
de vue minimaliste pour lequel le changement de l'environnement naturel est
juste une variable contextuelle qui peut influencer les mouvements de
population, et le point de vue maximaliste selon lequel la dégradation
environnementale cause de larges flux migratoire (Ouédraogo, 2007). La
présente étude se trouve dans l'approche minimaliste.
Pour ainsi faciliter la compréhension du
présent document, il est important de définir les concepts
clés à travers le cadre conceptuel et théorique
CHAPITRE 3 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Pour lever toute ambiguïté ; il s'agit
ici de définir les concepts et mots clés qui sont utilisés
de façon fréquente dans le présent document. Ceci est
nécessaire pour faciliter la bonne compréhension du
présent document.
Contribution : mot dérivant du verbe contribuer, c'est l'action
de participer à une oeuvre, à une dépense commune ;
ce que chacun apporte, donne. Nous entendons dans le présent document
comme contribution ; l'apport de la dégradation de la mangrove dans
le processus de migration des populations des îles du Saloum,
étant donné qu'ils existent d'autres déterminants de la
migration qui ne font pas l'objet de notre étude. Il s'agit ainsi de
montrer en quoi la dégradation des forêts de mangrove peut
participer à la propension à la migration.
Dégradation : la
dégradation est définie comme un infléchissement du
potentiel des ressources, du fait d'un ou d'une série de
phénomène(s) agissant sur la terre, à savoir :
l'érosion hydrique et éolienne et l'envasement provoqué
par l'eau et le vent, la régression à long terme de la
végétation naturelle ou l'approvisionnement de sa
biodiversité, le cas échéant et la salinisation et
l'alcanisation (PNUE, 1991).
Ce terme est défini dans le dictionnaire
simplifié de la géographie comme la transformation ou
l'évolution négative (érosion, destruction,
décomposition, etc.) d'une plante ou d'un sol. Il désigne aussi
un processus naturel ou provoqué, destructeur de l'équilibre d'un
sol entre profil, végétation et milieu7(*). C'est le remplacement d'une
formation végétale par une autre, généralement
moins diversifié (par exemple d'une forêt par une garrigue ou par
une prairie, à la suite d'une exploitation intensive ou d'incendies
répétés)8(*) ; la dégradation peut être aussi vue
comme une destruction irrémédiable ou comme une étape de
décomposition d'un système précédent une
réorganisation suivant de nouveaux critères et donc un
élément structurant. Cette situation est à l'origine de
plusieurs causes. Selon Picouet (19), il existe une relation
quasi-mécanique entre la dégradation de l'environnement et la
croissance démographique. Une forte croissance démographique
induit une forte pression sur les ressources naturelles. C'est ce qui entraine
ainsi la paupérisation du milieu. Par conséquent les
mécanismes régulateurs sont entre autre des famines, les
épidémies, les conflits ou les migrations à la
conquête d'autres espaces.
Mangroves : Les mangroves sont
des formations marécageuses à palétuviers,
s'établissant en pays tropicaux dans les zones de balancement des
marées, telles les baies et les embouchures des grands fleuves (Afrique
occidentale et équatoriale, Inde, Indonésie, Malaysia et
Amérique centrale)9(*). Le nom de mangrove paraît dérivé
de « mangle », appellation malaise d'un Rhizophora
(R. mangle, ou manglier)10(*). Les mangroves sont ainsi des formations
végétales caractéristiques des littoraux abrités
tropicaux et subtropicaux dont les palétuviers sont les espèces
dominantes. Les mangroves ont besoin des eaux de la terre (les sédiments
riches en minéraux charriés par les fleuves enrichissent le
marécage) et des marées pour se nourrir (les marées
nourrissent la forêt). Les mangroves, qui sont les
écosystèmes terrestres les plus productifs, sont aussi une
ressource naturelle renouvelable11(*).
Le sol y est d'ordinaire
très meuble, vasard et asphyxique ; aussi les arbres développent
d'une part des racines échasses, qui les empêchent de basculer,
d'autre part des racines spéciales, dites pneumatophores, sortant
verticalement de la vase et destinées à aérer l'appareil
souterrain.
Les formations de mangroves, avec
la faune et la flore commensale, constituent un des milieux naturels les plus
curieux du monde. C'est ainsi qu'on trouve dans les mangroves des poissons, les
périophthalmes, capables de respirer hors de l'eau et de grimper aux
arbres grâce à leurs nageoires pectorales lorsque la marée
monte. Les mangroves sont également l'habitat
de très nombreuses variétés de crabes.
Il s'agit cependant d'un milieu très fragile, qui a
besoin de conditions particulières pour subsister. Les activités
humaines peuvent le mettre très rapidement en danger, notamment lorsque
les eaux du fleuve qui alimente la mangrove sont détournées ou
barrées à des fins agricoles ou industrielles et s'il y aune
péjoration climatique qui provoque la rupture de l'équilibre.
Ainsi nous considérons ici ces milieux occupés
par la mangrove comme étant des écosystèmes de mangroves
ou des forêts de mangroves ou bien des formations de mangroves.
Dynamique migratoire : C'est
l'ensemble des forces qui concourent à un processus de migration ou qui
accélèrent une évolution de la migration.
Emigration : C'est le
déplacement temporaire ou permanent d'un individu ou d'un groupe
d'individus vers un autre pays. Comme l'autre forme de migration,
l'immigration, l'émigration est généralement
provoquée par le besoin ou le désir d'aller vers des conditions
économiques ou sociales plus favorables.
Les guerres, la famine, l'intolérance raciale ou
religieuse et les persécutions politiques sont les principales causes de
l'émigration et de l'apparition de réfugiés12(*).
Un émigrant est ainsi défini comme
étant une personne qui quitte son pays pour aller vivre temporairement
ou définitivement dans un autre pays.
Cependant, plusieurs forces entre les espaces, sont
à l'origine des déplacements d'un individu ou d'un groupe
d'individus. Plusieurs théories ont tenté d'expliquer ces forces.
On peut citer les théories de Steward et de Reilly, ainsi celle des
lieux centraux et des places centrales.
Selon la théorie de Steward cité par Mboup
(2006) ou théorie du potentiel de gravitation ou potentiel
démographique, chaque point est soumis à l'attraction de
toutes les masses de populations réparties sur l'ensemble du territoire
à l'intérieur duquel elles sont situées.
En revanche, la théorie de Reilly appelé
« la loi de gravitation du commerce de
détail », attribue aux établissements humains
une force d'attraction commerciale en rapport avec leur taille.
Quant à la théorie de Christaller cité
par Mboup (2006) ou « théorie des lieux centraux et
places centrales », elle tente d'expliquer l'organisation
spatiale des villes et de leurs hinterland, en fonction de leur localisation
relative, de leur taille et du nombre de villes ou de lieux, chacune ou chacun
étant fournisseur de biens et services pour les zones environnantes.
Migrant : Par
définition un migrant est une personne mobile. Cependant, la
mobilité est variable. Il y'a des migrants qui bougent beaucoup moins
géographiquement mais aussi professionnellement, alors que d'autres ont
un nombre impressionnant d'étapes « au compteur de leur
carrière » de migrants. En dehors des changements de
résidence, les migrants sont aussi, très mobiles en ce qui
concerne les déplacements de courte durée, de visite ou
d'approvisionnement commerciaux.
Pour les besoins de leur étude, PISON Gilles et al.
(1997) ont définit les migrants comme des gens qui se déplacent
à l'intérieur des frontières du pays en traversant les
limites des régions. On retiendra donc dans la présente
étude comme migrant, une personne qui quitte son territoire pour se
rendre dans un territoire étranger.
Migration : La migration est
vue comme un changement de résidence. Ainsi c'est « un
ensemble de déplacements ayant pour effet de transférer la
résidence des intéressés d'un certain lieu d'origine, ou
lieu de départ, à un certain lieu de destination, ou lieu
d'arrivée (Ouédraogo, 2007).
Selon l'Encyclopédie Hachette Multimédia 2006,
la migration est un déplacement d'une
collectivité ou d'un groupe qui quitte un pays pour s'installer dans un
autre, définitivement ou temporairement.
Dans le Petit Larousse Multimédia 2010, la migration
est définit comme un déplacement de population d'un pays dans un
autre, pour s'y établir.
Selon Seydi Ababacar D (2008), il y a migration internationale
lorsqu'une personne ou un groupe de personnes quitte son pays d'origine pour
s'établir de manière temporaire ou définitive dans un
autre pays.
La migration peut se présenter sous diverses
formes. La classification peut tenir compte de la durée (mouvements
quotidiens ou hebdomadaires, migrations à caractère saisonnier ou
temporaire, définitives ou de longue durée), de la distance
parcourue (petite, moyenne ou grande distance, déplacement
intra-urbains, intra-régionaux, interrégionaux et
internationaux), du degré de liberté des personnes qui se
déplacent (migrations libres, sélectives, planifiées ou
forcées) ou encore des causes essentielles provoquant le changement de
lieu d'habitation (mouvements liés au travail, à la retraite, aux
loisirs, etc.) (Encarta, 2009).
On a ainsi la migration saisonnière qui correspond
à des séjours de moins d'un an. Par contre la migration
temporaire renvoie à tous les autres types d'accord entrainant des
séjours de plus d'un an. Les migrations saisonnières et
temporaires peuvent se réitérer si un même individu
franchit les frontières plus d'une fois. Ces migrations
répétitives, qu'elles soient saisonnières ou temporaires,
sont qualifiées de circulaires (OCDE, 2007).
Pêche : Selon la loi
98-32 du 14 Avril 1998 portant code de la pêche maritime, la pêche
est l'acte de capturer ou de chercher à capturer, d'extraire ou de tuer
par quelque moyen que ce soit des espèces biologiques dont le milieu de
vie normal ou dominante est l'eau. La pêche comprend toutes les
activités ayant pour finalité directe la capture, telles que la
recherche de poisson et l'utilisation d'instruments destinés à
attirer les animaux marins quelque soit l'espèce à laquelle ils
appartiennent.
Ainsi les définitions sont longues, mais non
exhaustives. On peut cependant se référer à ces
éclaircissements de concepts pour passer au cadre opératoire.
CHAPITRE 4 : CADRE OPERATOIRE
Cette partie est constituée des questions de
recherche, des objectifs et des hypothèses de recherche.
I. Questions de recherche
I.1. Question
générale de recherche
La dégradation des écosystèmes de
mangroves a-t-elle des effets sur la dynamique migratoire des populations des
îles du Saloum ?
I.2.
Questions spécifiques de recherche
· Question
spécifique 1
L'état des forêts de mangrove
détermine-t-il l'état des ressources halieutique ?
· Question
spécifique 2
La dégradation des ressources halieutiques a-t-elle
une influence sur l'émigration ?
· Question
spécifique 3
Quelles sont les formes de migration des populations des
îles du Saloum expliquées par la dégradation des
écosystèmes de mangrove?
II. Objectifs de
recherche
II.1. Objectif
général
Etudier les effets de la dégradation des
écosystèmes de mangroves sur la dynamique migratoire des
populations du Delta du Saloum.
II.2.
Objectifs spécifiques
· Objectif
spécifique 1
Analyser la relation entre l'état des forêts
de mangrove et l'état des ressources halieutiques.
· Objectif
spécifique 2
Etudier l'influence de la dégradation des
forêts de mangrove sur l'émigration.
· Objectifs
spécifique 3
Expliquer les formes de migration entrainées par la
dégradation des forêts de mangrove.
III. Hypothèses de recherche
III.1. Hypothèse
générale
La dégradation des forêts de mangrove a des
effets déterminants sur la dynamique migratoire des populations des
îles du Saloum
III.2.
Hypothèses spécifiques
· Hypothèse
spécifique 1
L'état des ressources halieutiques dans les
îles du Saloum dépend fortement des écosystèmes de
mangroves.
· Hypothèse
spécifique 2
La dégradation des ressources halieutiques entraine une
migration significatives des populations des îles du Saloum.
· Hypothèse
spécifique 3
Les formes de migration expliquées par la
dégradation des forêts de mangrove sont beaucoup plus internes
qu'externe.
IV. Variables et
indicateurs de recherche
Ce sont les éléments qui nous ont permis de
procéder à la vérification des hypothèses
précédemment formulées. Nous avons ainsi
décliné les hypothèses en Variables, et ces
dernières en indicateurs.
Tableau 4.1 :
Hypothèses, variables et indicateurs de recherche
Hypothèses
|
Variables
|
Indicateurs
|
L'état des ressources halieutiques dans les îles du
Saloum dépend fortement des écosystèmes de mangroves.
|
Etat de la mangrove
|
-Superficie de la forêt de mangrove/année (les 10
dernières années)
-Taille moyenne de la mangrove (10 dernières
années)
-Evolution du nombre d'espèces de mangrove (les 10
dernières années)
|
L'état des ressources halieutique
|
-Activités anciennes associées à la
mangrove
-Activités actuelles associées à la
mangrove
Nombre de pêcheurs/ménage
Nombre de transformateurs de produits
halieutiques/ménage
Nombre d'espèces de poissons dans la zone
|
La dégradation des forêts de mangrove entraine une
migration significative des populations des îles du Saloum.
|
Le profil des migrants
|
Répartition par sexe des émigrants
concernés
|
- Nombre d'hommes/ ménage
- Nombre de femmes/ménage
- Taux de migration/sexe des ménages
|
Répartition par âge des émigrants
|
-tranche d'âge des migrant/ménage
-taux de migration/tranche d'âge des ménages
|
Activité des émigrants avant départ
|
- Nombre de pêcheurs
- Nombre de transformateurs de produits halieutiques
- Autres
|
Etat matrimonial des émigrants
|
- Nombre de mariés
- Nombre de célibataires
- Nombre de veufs
- Nombre de divorcés
|
Répartition des migrants par activité avant
départ
|
- Nombre potentiel à la migration
- Nombre de pécheurs potentiel à
l'émigrant
- Nombre de transformateurs de produits halieutiques
|
Répartition des émigrants par activité
à l'arrivé
|
- Nombre de pécheurs migrants
- Nombre de transformateurs de produits halieutiques migrants
|
Les formes de migration expliquées par la
dégradation des forêts de mangrove sont beaucoup plus internes
qu'externe.
|
Les formes de migration
|
Distribution des émigrants par zones
|
- Nombre d'émigré à l'exode rural
- Nombre d'émigré vers terroirs voisins
- Nombre d'émigrés à l'étranger
- Nombre de migrants saisonnier/ménage
- zones d'accueil
|
Durée et période des migrants
|
- période du départ
- Durée de la migration
- période du retour (pour les migrants de retour)
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
CHAPITRE 5 : METHODOLOGIE
C'est l'ensemble des démarches que nous allons
suivre pour apporter des éléments de réponse à
notre question générale de recherche. L'option
méthodologique qui sera suivi dans ces démarches sera beaucoup
plus qualitative que quantitative.
I. Revue documentaire
Dans un premier temps nous nous somme lancés dans la
recherche documentaire, ce qui nous a permis d'appréhender de
façon générale les travaux qui ont été
déjà faits sur la question et d'avoir des données
primaires. Elle nous aussi a permis de cerné le problème de
façon globale.
Ainsi pour se faire, nous avons exploré des centres
de documentation, tel que celui de l'ENEA, de l'UCAD, de l'ANSD, de la FASTEF
et de l'OIM. Sur le terrain, la visite du centre de ressource de Niodior, nous
a été aussi un grand apport dans ce processus de recherche.
Nous avons également fait l'exploitation des
documents électronique à travers la recherche sur internet. C'est
cette phase qui nous a permis de faire la revue de la littérature et
d'élaborer le cadre opératoire, notamment de formuler les
hypothèses de recherche.
II. Cadre de
l'étude
Dans la présente étude, nous nous
intéressons à la place de la dégradation des forêts
de mangrove dans la dynamique migratoire des habitants des îles du
Saloum. Ainsi pour mener ces recherches nous avons choisi les villages de
Bassoul et Niodior.
III. Population à l'étude
La population concernée par la présente
étude sera constituée d'une part par l'ensemble des
ménages des deux villages cibles. Ainsi les informations sur les
émigrés de chaque ménage de notre échantillon,
seront données par les chefs des ménages dont ils sont issus. Les
ménages qui constituent notre échantillon, sont des
ménages qui ont au moins un émigré. Et d'autre part, par
les personnes exploitants des ressources associées aux forêts de
mangrove. Par ailleurs un échantillon sera choisi parmi ces personnes. A
cet égard se sont les pêcheurs, les exploitants de bois de
mangrove, les transformateurs de produits halieutiques (les huitres, les
arches, murex, cymbium et fumage de poisson). Ainsi, elles nous renseigneront
aussi bien sur l'état des forêts de mangrove que sur leur
propension à migrer.
IV.
Echantillonnage
Etant donné que l'étude est plus qualitative
que quantitative, nous avons choisi de définir la taille
l'échantillon en fonction de l'unité d'enquête.
D'abord, la technique qui sera adopté pour
l'unité d'enquête « ménage », sera
l'échantillon aléatoire, c'est-à-dire qu'il sera issu
d'une population totale de ménages de 333 et de 404 respectivement dans
les villages de Bassoul et de Niodior. Les questionnaires seront ainsi
administrés au chef de ménage tirés au hasard.
Ensuite, pour l'unité d'enquête
« exploitant de ressources associées à la
mangrove », on a adopté la technique d'échantillonnage
par boule de neige, ce qui nous permettra après identification, de
questionner les autres personnes. Nous avons choisi, cette technique
d'échantillonnage car on n'a pas à priori, des informations sur
cette population.
Ainsi nous avons sur le tableau ci-dessous la
répartition de notre échantillon par village.
Tableau 5.1 :
Répartition des échantillons par village
Village
|
Bassoul
|
Niodior
|
Total
|
Unité d'enquête
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Ménage
|
30
|
42,85%
|
40
|
58,15%
|
70
|
Exploitant de ressources associées à la
mangrove
|
40
|
40%
|
60
|
60%
|
100
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
V. Techniques de collecte de
données
Les différentes techniques qui sont utilisées
dans ce processus de recherche sont :
v L'observation : elle sera basée sur les
différents éléments de notre centre
d'intérêt. Cette phase nous a permis ainsi de faire l'état
des lieux, notamment sur l'état des ressources de mangrove.
v Les enquêtes par questionnaire : elles seront
administrées aux chefs de ménages et aux personnes qui font des
travaux d'exploitation associés aux écosystèmes de
mangroves.
v L'entretien : il sera fait avec les autorités
locales(notables, chef de village) qui constituent des personnes ressources,
les techniciens et avec les responsables des institutions et structures
locales. Ces personnes ressources nous donneront des informations
complémentaires, notamment sur l'état des ressources de mangroves
et sur leur rôle dans la dynamique migratoire des habitants de la
zone.
VI. Instruments de
collecte
Les instruments que nous avons utilisés dans le cadre
de cette étude sont des questionnaires, des guides d'entretien et une
grille d'observation.
Les questionnaires nous ont permis ainsi de collecter des
informations individuelles, en l'occurrence celles des ménages, des
individus qui exercent des activités intrinsèquement liées
à la mangrove.
VII. Traitement de données et analyse des
résultats
Pour se faire nous avons utilisé les logiciels
Sphinx pour concevoir les questionnaires, SPSS et Microsoft Excel pour le
traitement et le tracé de graphes. En outre, le logiciel Arview 3.3 nous
a permis d'élaborer des cartes, notamment la carte de distribution des
migrants des îles du Saloum.
Ainsi les données quantitatives ont fait l'objet d'une
analyse statistique et les données qualitatives une analyse de
contenu.
VIII. Difficultés rencontrées
Comme tout processus de recherche, notre étude a
été jalonnée d'obstacles qui ne manqueront d'avoir des
incidences sur la qualité des résultats.
La première contrainte était l'accès
difficile des villages d'étude. En effet ces villages sont des
îles entourées par des chéneaux ou bolong13(*), dont l'accès n'est
possible qu'avec les pirogues. Par ailleurs les deux villages d'étude
sont éloignés et il n'y a pas de voyage direct entre les deux.
La deuxième difficulté est de rencontrer les
chefs de ménages qui sont pour la plus part des pêcheurs. Ces
derniers sont de façon générale en mer pendant la
journée et ils ne sont de retour que la nuit. Le même
problème s'est manifesté pour interroger les pêcheurs de
ces localités. Ce qui fait que la durée de l'enquête a
été plus longue que prévue.
L'étude aurait été plus
intéressante si l'ensemble des villages situés dans les
îles du Saloum étaient soumis à l'étude. Cela
permettrait d'avoir une étude beaucoup plus exhaustive et globale. Mais,
avec les moyens et le temps limités dont nous disposions et le temps,
nous ne pouvions pas réaliser cette étude de la sorte.
DEUXIEME PARTIE : CADRE DE
L'ETUDE
CHAPITRE 6 : PRÉSENTATION DES ILES DU SALOUM
I. Localisation et situation
géographique
Situées entre 13o35' et 14o00'
de latitude Nord et 16o00' et 17o00' de longitude Ouest,
les îles du Saloum dans leur espace physique, couvrant près de 950
km², sont seulement constituées par l'Arrondissement de Niodior,
dans le Département de Foundiougne, Région de Fatick. Elles sont
constituées par les îles du Gandoul au Nord du Delta du Saloum. Ce
dernier est divisé par les trois principaux cours d'eau que sont le
Saloum, le Diombos et le Bandiala. La pointe de Sangomar est leur terminus au
Sud parce que c'est lieu où le fleuve Sine Saloum se jette dans
l'océan Atlantique. D'où la désignation d'estuaire du
Saloum.
Les îles du Saloum sont situées dans une zone
entièrement plat qui se situe à moins de cinq (5) mètres
en altitude (par rapport du niveau de la mer) et se développe aux bords
des plans d'eau dont la superficie des bassins est de 90 000 ha. Dans le
Delta, les îles du Saloum sont comprises entre les bras de mer du Diombos
et du Saloum délimitant l'espace géographique des îles
Niominka appelées historiquement Gandoul. Ces dernières sont
ainsi localisées dans la zone tampon de la Réserve de
Biosphère du Delta du Saloum (RBDS). La multitude de
« bolongs » ou chenaux de navigation permet de
déterminer un nombre incroyable d'îles Niominka qui est
composé de 19 villages et beaucoup d'autres qui sont inhabités
(dont certaines servent de rizières). Ils sont pour l'essentiel blottis
dans un environnement à « forte présence de mangrove
riveraine de multiples vasières et bolongs ». On signale la
présence de nombreux falung de coquillages ou d'amas coquilliers comme
celui de Falia, de Diogane, de Dionewar (dans la partie Niominka) et de Diorom
bou ndaw et Diorom bou mag dans la partie îles Socé, ou à
Faboura près de Joal. Les îles du Saloum couvrant l'Arrondissement
de Niodior (948 km) sont réparties en trois (03) communautés
rurales qui sont administrativement déterminées par les
communautés rurales de Bassoul (305 km²), de Dionewar (313 km)
et de Djirnda (321km).
Carte
6.1 : Carte de localisation des îles du Saloum
II. Milieu
physique
II.1. L'environnement naturel
Les îles du Saloum sont situées dans une zone
de transition entre le domaine soudano-guinéen au Sud et le domaine
soudano-sahélien au Nord. En outre, elles sont localisées dans le
Delta du Saloum avec un écosystème singulier
conféré par la mangrove.
Les îles présentent une
végétation et une flore relativement diversifiées, en
relation avec la géomorphologie et la pédologie de la zone. On
distingue essentiellement deux grands types de formations
végétales, dont celles qui occupent les parties submersibles et
leurs bordures et celles qui occupent les zones insubmersibles. En effet, la
mangrove constitue la principale formation végétale des zones
submersibles et leurs bordures. Les essences principales de mangroves sont
représentées par sept (7) espèces : Acrostichum
aureum, Avicennia germinans, Conocarpus erectus, Laguncularia racemosa,
Rhizophora harrisonii, Rhizophora mangle et Rhizophora racemosa. Ces
espèces appartiennent à trois (3) familles : les
Rhizophoracées, les Verbénacées et les
Combrétacées. Par contre, l'intérieur des terres est
marqué par une végétation de type soudanien Eleis
guineensis (palmiers à huile), Cocos nicifera
(cocotier).
La mangrove est une des caractéristiques des
îles. Elle fournit du bois de chauffe et de service, et constitue un
habitat privilégié pour de nombreuses espèces halieutiques
(huitres, crustacées, arches, etc.), une certaine faune et avifaune.
Elle offre des opportunités sur le plan socio-économique pour la
diversification des revenus (écotourisme, production de miel de
mangrove, etc.).
· Les caractéristiques du milieu
Les îles du Saloum sont situées dans la partie
Nord du RBDS, c'est ce qui fait sa particularité dans le pays. En effet,
la RBDS vaste de 234 000 hectares, est une zone humide estuarienne, marine et
côtière. Elle est composée de vasières, des bancs de
sable, des terres salées intertidales, des mangroves, des îlots
sableux, des herbiers marins. La mangrove représente 40 % de la
superficie totale de la RBDS, alors que l'eau libre occupe 30 % autres.
D'ailleurs la RBDS présente une diversité d'espèces dans
la partie continentale et insulaire. La flore ligneuse est composée d'au
moins 188 espèces (9 % des espèces végétales
ligneuses et herbacées du Sénégal) regroupées en 50
familles (30 % des familles des plantes supérieures du
Sénégal). Les savanes boisées et arbustives
représentent moins de 10 % de la superficie de la RBDS (28 000
hectares). Toutefois, il existe un important parc arboré de 45 000
hectares (13 %, principalement dans les îles).
II.1.1. Le climat
Il est de type soudano-sahélien et se
caractérise par des régimes thermiques et hydriques de type
tropical subissant la double influence du déficit de la
pluviométrie et des effets adoucissants de l'alizé maritime en
particulier dans les marges maritimes des estuaires.
Le climat se caractérise par l'existence de deux
saisons :
· Une longue saison sèche qui s'étale sur
huit à neuf mois durant laquelle la combinaison régulière
de l'harmattan et de l'alizé maritime favorise la dominance d'un climat
relativement frais avec une température moyenne de 27oC. les
extrêmes sont de 17oC en janvier et 37oC en juin.
· Une courte saison des pluies consécutive
à l'arrivée de la mousson, qui est un vent chaud et humide
soufflant de mi-juin à mi-octobre et qui apporte ainsi de la pluie. Les
plus grandes quantités de pluies sont notées en mois
d'août. Ces pluies sont aussi variables d'années en année
et évoluent en dents de scie (cf. Graphique 6.2 : évolution
de la pluviométrie de 1998 à 2007).
Les principaux vents sont constitués par :
· L'alizé maritime ;
· L'harmattan, un vent chaud et sec soufflant de janvier
à mai, constitue un agent érosif très actif, notamment
pour les formations de mangroves ;
· La mousson, qui souffle généralement en
juin et octobre. Son intérêt particulier est qu'elle apporte les
précipitations.
Graphique 6.1 :
Évolution de la pluviométrie de 1998 à 2007
Source : CADL, Arrondissement Niodior
La hauteur pluviométrique moyenne entre les
années 1999 à 2008 est de 685,61 mm, en 42 jours. La
pluviométrie annuelle est fluctuante et a une influence notable sur la
teneur en sel du bras de mer « le Saloum », donc sur le
peuplement de la mangrove. En effet, l'une des causes principales de la
dégradation des forêts de mangrove est la succession des
sécheresses des années 1970, mais aussi à la tendance
à la baisse de la pluviométrie.
Au cours de ces 10 années, la plus faible hauteur
d'eau est obtenue en 1998 avec 435,5 mm en 35 jours de pluie et la plus
grande en 2000 avec 1011,6 mm pour 54 jours de pluie soit donc plus du
double que celle de 1998. Ainsi, la moyenne décennale est
inférieure à celle de 1981/90 qui était de 741 mm.
II.1.2. Les sols
Dans les îles du Saloum, les sols sont variés et
sont exposés au phénomène de salinisation et
d'érosion. On distingue trois (3) principaux types de sols dans la zone
(cf annexe 3 : Carte pédologique des îles du Saloum, page
87) :
· Les tannes : ce sont des sols
halomorphes acidifies à sulfates sur sables. Ces sols sont dominants
dans le terroir. Ils sont impropres à l'agriculture, à cause du
fort taux de salinisation. En effet, en période de haute marée,
ces sols sont occupés par les eaux qui, au retrait, laissent des fines
couches de sel non exploitable. C'est ce qui explique la faiblesse de
l'activité agricole dans la zone. Toutefois, ces sols abritent des
« puits de sel » aménagés par les
populations, et destinés à la vente et à la
consommation.
· Les vasières : on les
retrouve le long des bolongs. Ils ne permettent aussi aucune activité
agricole. Ces sols sont favorables aux formations des mangroves. C'est ce qui
est à l'origine de la richesse de la zone en forêts de
palétuviers.
· Les sols rocheux : ils sont
formés par les amas artificiels de coquillages. Ces types de sols ont
exploité à travers la fabrication de chaux vives et la vente de
coquillages.
III. Le milieu humain
III.1.
Population
Les îles du Saloum comptent 21 villages officiels pour
une population totale de 25 288 habitants en 2009. Elles couvrent dans
l'ensemble trois communautés rurales.
La population est répartie par CR comme
suite :
·CR de Bassoul (6 villages : Bassoul, Bassar,
Diogane,Ndioure, Siwo, Thialane) 8290hbts ;
·CR de Dionewar
(3 villages : Dionewar, Falia, Niodior) 9339 hbts ;
·CR
de Djirnda (12 villages : Baout, Diamniadio, Djirnda, Fambine, Fayako,
Félir, Moundé, Ngadior, Rofangué, Vélingara) 7659
hbts.
Les îles du Saloum se trouvent dans le Delta du
Saloum, qui est subdivisé en deux ensembles distincts, tant du point de
vue ethnique que socio-économique. Au Nord du Diombos, les îles
Niominka formant la région historique du Gandoul, sont peuplées
par des paysans pêcheurs regroupés dans 21 villages
d'inégales importances situées au Nord du Delta du Saloum. La
population des îles du Saloum est caractérisée par sa
spécialisation dans les activités halieutiques.
Ainsi, la faible démographie et l'intensification des
activités primaires montrent le caractère rural de la zone.
III.2. Répartition
ethnique
Les îles du
Saloum sont peuplées à 100 % de Sérères « Niominka »,
terme dont l'origine étymologique donne lieu à plusieurs
interprétations, mais qui désigne aujourd'hui des populations
dont l'activité principale est la pêche. Toutefois, on
note quelques cas de métissages présents dans
les îles. L'origine des Sérères Niominka se trouve dans des
migrations de populations venues du Sud, de la zone Casamançaise,
Guinée Bissau et Guinée Conakry. Des migrants d'origine noble,
voire royale (Guelwar), y ont fui la répression succédant
à la chute de leur royaume. Arrivés dans l'actuel Sine (au nord
du fleuve Saloum) et dans le Saloum, ils se sont mélangés
à des groupes déjà sur place provenant du nord,
probablement des Toucouleurs ayant fui l'islamisation dans la région du
fleuve Sénégal.
III.3. La culture Niominka
Issus d'une partie de la dynastie Guelwar, les Niominka sont
l'ethnie sérère installée dans les îles du Saloum et
sur la petite côte. Leur organisation traditionnelle de type mandingue,
ces populations qui viennent des pays du Sud sus nommés, et qui ont une
forte liberté de pensée et d'expression. Ce qui explique que le
Niominka soit une société aristocratique, égalitaire et
sans caste, ni classe. La seule différence considérée par
le Niominka est la richesse, une position sociale en fonction des revenus de
l'individu ou du groupe. Un esprit d'indépendance parfois très
prononcé est remarqué chez eux, et par conséquent explique
leur caractère migratoire. Le métissage des Niominka fait d'eux
une synthèse du paysan, du pasteur et du pêcheur : il
s'adonne ainsi à des activités de pêche, de culture (riz,
mil, arachide), et d'élevage (boeufs, petits ruminants). Mais
aujourd'hui on les caractérise par leurs activités principales
qui est la pêche.
III.4. Les migrations
La migration est caractérisée par les
mouvements saisonniers des pêcheurs et les vagues d'exode saisonnier chez
les jeunes vers les centres urbains tels que Dakar, Kaolack, Casamance et
Banjul. La migration saisonnière des pêcheurs concernent les
déplacements de certains pêcheurs vers d'autres zones de
pêches aussi bien à l'intérieur du pays que dans la sous
région ; notamment en Gambie, en Guinée Bissau et en
Mauritanie. Quant à l'exode des jeunes, les déplacements sont dus
à des raisons économiques ou d'études dans les grands
centres urbains. Ce phénomène est plus accentué au niveau
des filles car prés de 80% d'entre elles demeurent dans les villes et ne
reviennent que lors des cérémonies et fêtes au sein des
villages.
Ce mouvement des jeunes affecte plus ceux qui ont connu une
déperdition scolaire et qui tentent par ailleurs d'améliorer leur
condition de vie faute d'équipement et de moyens financiers de
production des ressources locales.
Par ailleurs d'autres mouvements s'effectuent à
l'intérieur du terroir. Il s'agit d'abord des pêcheurs venant des
horizons de Mbour, Joal, Kayar et qui s'adonnent à la production des
ethmaloses, crevettes ou autres espèces halieutiques. Ces immigrants qui
viennent s'ajouter aux autochtones augmente ainsi la pression sur les
ressources locales. Ensuite, des ghanéens et des guinéens
s'installent dans les différentes localités et notamment dans les
villages de Rofangué, Baout, Vélingara et Diamniadio. Ils
s'occupent de la transaction commerciale avec les populations sur les produits
transformés, en particulier le fumage de poisson destiné à
l'exportation.
A travers ces activités de fumages de poissons, le
besoin de consommation en bois de chauffe augmente de plus en plus dans ces
localités.
En fin, le phénomène de l'émigration
clandestine vers l'Europe et surtout vers l'Espagne, du fait de la
raréfaction de plus en plus des ressources halieutiques au niveau local,
et des problèmes d'accès aux intrants de pêche, sont venus
s'ajouter aux mouvements migratoires, déjà évoqués
plus haut. Aujourd'hui le maintient des fils des îles du Saloum dans leur
terroir devient de plus en plus difficile. En effet, selon notre
échantillon, 18,1% des émigrés des villages de Bassoul et
de Niodior sont répartis entre la France et l'Espagne, avec
respectivement 10,9% de ceux de Bassoul et de 27,5% de ceux de Niodior14(*).
IV. Activités
socio-économiques
IV.1. La Pêche et
l'économie maritime
IV.1.1. La
pêche
La pêche est naturellement la principale
activité économique des insulaires du Gandoul. Elle est
essentiellement artisanale et se pratique au niveau des bolongs du delta, qui
est le domaine des pêcheurs Niominka qui y prélèvent divers
espèces de poissons. En effet, la pêche se pratique à
l'aide de pirogues en bois de fabrication locale, de forme très
caractéristique.
Aujourd'hui, à cause de la raréfaction du
poisson, la motorisation, bien que demeure faible, permet aux pêcheurs
d'aller plus loin. En effet, les pirogues munis des moteurs hors-bords de 15
à 40 chevaux, peuvent embarquer des équipages de 5 à 25
personnes selon le type de pêche pratiquée (au filet
trainé, au filet ramené sur le rivage, à la ligne) et de
faire 3 à 15 jours en mer. Ainsi, les prises sont
débarquées dans les villes reliées au réseau
routier, principalement à Djifer ou Joal mais aussi à Sokone et
Ndangane.
Toutefois, la pêche artisanale a paradoxalement pris
du recul dans les îles depuis plus d'une décennie. Les raisons
sont assez diverses, mais la plus évidente reste celle liée
à l'exode des jeunes vers Dakar, attirés par les
opportunités qu'offrent la pêche industrielle. En effet la plupart
des jeunes des îles se trouvent dans la capitale comme marins
pêcheurs dans les armements nationaux ou étrangers. Cette mutation
des jeunes pêcheurs a fortement contribué au relèvement du
niveau de vie dans les îles du Saloum. L'autre raison est liée
à la raréfaction de la ressource à cause d'une part, des
forts prélèvements avec le développement de la pêche
artisanale au niveau national et du pillage des espèces
côtières par les bateaux de pêche industrielle qui
s'approchent du rivage la nuit, et d'autres part à la destruction des
zones de reproductions et d'habitat des poissons.
En effet, le diagnostic du secteur dans les
différents PLD (2002) des communautés rurales qui constituent la
zones ont montré que la réduction de la faune maritime est
principalement due à :
· A la dégradation de la mangrove, qui constitue
un lieu de reproduction ;
· La mauvaise cueillette des huitres, par la destruction
des supports ( habitats).
· L'ensablement des bolong et des côtes ;
· La difficulté de transformation des produits
halieutiques.
IV.1.2. La transformation des
produits halieutiques (huitre, arche, cymbium, murex, fumage de
poisson)
La transformation des produits halieutiques est
essentiellement une activité féminine. Elle se fait à
travers des sortie en pirogue à rame pour la récolte des
mollusques surtout les « pagnes » sur les vasières (des
îlots de sable un peu boueux) qui apparaissent à marée
basse dans les bolongs. Il y'a également la collecte à la
même période, des huitres fixées sur les racines de
palétuviers en bord de mangrove. La récolte des
« yet » ou des « touffa » se fait
aussi, mais de façon rare. Les pirogues utilisées sont de
petite taille et sont souvent monoxyles (creusées dans un seul tronc
d'arbre).
Après transformation, le produit final est
commercialisé dans les marchés hebdomadaires (loumas) importants
ou est utilisé parfois dans l'alimentation familiale.
Le kilogramme d'huitres séchées est vendu
à 3000 F CFA celui du pagne entre 1000 et 2000 F CFA.
Aujourd'hui, malgré la baisse de la
productivité de cette activité, les hommes commence à
faire la transformation des produits halieutiques. Ainsi la pression sur ces
ressources a fait qu'il faut de nos jours l'équivalent de deux jours de
collecte pour obtenir un kilogramme de mollusques séchés.
Par ailleurs il faut noter l'investissement des
guinéens dans le fumage d'ethmaloses. Ces bailleurs construisent des
fours de fumage et recrutent les femmes des villages qui assurent la
transformation de l'ethmalose capturé par les pêcheurs locaux.
IV.2. L'agriculture et
l'élevage
Jusqu'à la fin des années 70, la culture du
riz était la culture dominante dans les îles. Elle était
organisée autour des concessions qui possédaient en commun des
rizières mais chaque famille disposait de ses outils. Elle mobilisait
toute la population (hommes et femmes adultes et jeunes) et rythmait les
migrations saisonnières au niveau des villages. Elle était
pratiquée au niveau des villages, mais aussi des superficies
emblavées étaient localisées dans des îles de
campagnes. On peut citer des îles comme Jimsaan, Fakawoul, Jisanoor,
Gouk. Les récoltes permettaient de satisfaire la consommation en riz des
villageois pendant une longue période de l'année.
Avec la pratique du riz sur billons, la culture participait
à la protection des sols contre l'avancée de la mer qui les
transformait en « tannes ».
La culture de l'arachide était également
pratiquée sur les îles par quelques producteurs,
généralement assez âgés.
Il y avait une très faible production de mil bien
que le régime alimentaire soit basé sur cette
céréale.
Mais avec la baisse de la pluviométrie, la culture ne
bouclait plus son cycle ou n'offrait plus des rendements intéressants et
l'agriculture est devenue une activité marginale au niveau des
îles du Saloum. Seuls quelques producteurs s'activent dans les cultures
du mil et de l'oseille (bissap ; par les femmes), pratiquées sur de
petits lopins souvent non fertilisés ; ce qui ne favorise pas de
bons rendements. La production de mil est autoconsommée. Quant à
la production de bissap, elle est écoulée sur les marchés
hebdomadaires des villes de Foundiougne et Sokone et principalement en
Gambie.
Les insulaires pratiquent aussi l'élevage des
bovins, des ovins et des caprins. Il revêt un caractère familial.
Les effectifs des bovins sont plus importants que ceux des petits ruminants. La
conduite des troupeaux de bovins est confiée à des peuls,
définitivement installés dans les villages. D'une manière
générale, c'est un élevage de prestige.
L'élevage des espèces équines et asines
n'est pas pratiquée dans les îles du Saloum. L'aviculture se
pratique traditionnellement et les poulaillers appartiennent souvent aux
veilles femmes.
L'apiculture est marginale ; mais elle est
pratiquée dans certaines îles telles que Diogane et Siwo, dans la
communauté rurale de Bassoul (avec le miel de palétuvier).
IV.3. Les autres activités
économiques
IV.3.1. La récolte
des fruits forestiers
C'est une activité qui concerne principalement le
fruit du Detarium senegalensis récolté dans les parcs
arborés de certains villages. Les villageois récoltent ces fruits
et les commercialisent pour la plupart dans les villes les plus proches comme
Djifer, Banjul et Sokone. Le prix augmente d'année en année : la
bassine pesant en moyenne 22 kg et contenant prés de 500 fruits, est
passée de 1500 F CFA en 2001 à 3 000 F CFA en 2009 au niveau
village. Cette activité permet ainsi aux populations de gagner des
revenus additionnels.
Par ailleurs, le bois de ces espèces
fruitières, est utilisé en vue de la consommation
énergétique et de commercialisation. Cela constitue ainsi des
atouts pour la réduction de la consommation du bois de mangrove.
IV.3.2. Le tourisme
La situation géographique des îles du Gandoul,
confère à cette partie du Sénégal une position
privilégiée de zone touristique d'excellence. Depuis très
longtemps, les européens séjournent dans certaines îles,
notamment à Dionewar et à Niodior pour contempler les merveilleux
sites naturels. Mais les retombées économiques ne sont pas
à la hauteur des potentialités dans les îles.
Cependant ont rencontre quelques hôtels et campements
touristiques au sein des certains villages. En effet, on à
l'implantation de l'hôtel « Delta Niominka », qui est
aujourd'hui, catégorisé trois étoiles avec quarante
chambres d'une capacité de 90 lits.
Au plan social, l'hôtel génère des
emplois permanents et saisonniers. Les personnes parmi les employés sont
issues de la CR de Dionewar regroupant les villages de Dionewar, Falia et
Niodior.
En outre, les hôtes et campements font appel à
divers prestations de services au sein des villages.
- Les parties de pêche ou de ballade qui utilisent des
pirogues et leurs équipages ;
- Des travaux manuels de tressage de paille, de
maçonnerie, etc.
CHAPITRE 7 : LES VILLAGES ETUDIES
I. Le village de Bassoul
Fondé en 1068 par Ndiogou Sarr, le village de
Bassoul est l'un des plus gros villages des îles du Saloum, avec
Dionewar, Niodior qui donnent sur l'océan. En effet sa population est
estimée à 4366 habitants (ANSD, 2010) répartie en 333
ménages. Il est situé au centre des îles du Saloum et il
est entouré de formations de mangroves où le Rhizophora
est dominant. Situé au Nord du Département de Foundiougne,
Région de Fatick, dans l'Arrondissement de Niodior, le village de
Bassoul se trouve dans la communauté rurale du même nom. Il joue
un rôle stratégique au niveau communautaire, car il a une position
centrale et abrite le chef lieu de la collectivité locale avec une
forêt classée de 2400 ha entre le village et Bassar.
A l'instar des autres villages des îles du Saloum,
les activités socio-économiques dans le village de Bassoul sont
exclusivement la pêche qui est l'activité principale des hommes et
la transformation des produits halieutiques qui est généralement
l'activité des femmes. Cependant, certaines activités y sont
pratiquées. Ce sont notamment le transport, l'agriculture et
l'artisanat
II. Le village de
Niodior
Le village de Niodior est situé dans la région
de Fatick. Il est rattaché au Département de Foundiougne. Niodior
est le chef lieu de l'Arrondissement du même nom et compte trois (3)
communautés rurales, dont celle de Dionewar, de Djirnda et celle de
Bassoul. L'île est habitée uniquement de sérères
Niominka, de religion musulmane à 100%. Sa population, actuelle, est
estimée à 5350 habitants, répartie en 404
ménages.
Il fait partie de l'archipel des îles du Saloum.
C'est dans ce milieu amphibie qu'on retrouve le village de Niodior, l'un des
plus importants de l'archipel du point de vue spatial et démographique.
Il partage naturellement avec les autres îles un patrimoine historique et
culturel très riche. Ce sont essentiellement ces aspects qui font de la
zone une grande attraction touristique.
III. La migration dans les villages d'étude
La migration est un phénomène
qui est important dans les îles du Saloum. Cependant, ce fait est
très déterminant dans les villages de Bsaaoul et de Niodior. Le
tableau 7.1 nous montre les proportions à différents niveau au
sein des localités.
Tableau 7.1 : Taux moyen de
migration dans les villages de Bassoul et de Niodior
Taux de migration moyen
|
Bassoul
|
Niodior
|
Taux de migration moyen/ménage (%)
|
40%
|
17,14%
|
Taux moyen d'émigration masculine/ménage
(%)
|
51%
|
45,68%
|
Taux moyen d'émigration
féminine/ménage (%)
|
27%
|
25,44%
|
Taux d'émigration pêcheurs (%)
|
67%
|
55,17%
|
Taux d'émigration cueilleuse femme transformatrice
de fruits de mer (%)
|
71%
|
4,34%
|
Source : Enquête mémoire-M Sarr
2010
L'émigration semble plus importante dans le village
de Bassoul, 27% des femmes sont mobiles. Elle est aussi importante chez les
pêcheurs que chez les transformateurs de produits halieutiques.
A Bassoul, les femmes sont très mobiles, mais les
déplacements ne se font pas sur de longue distance. Les zones d'accueil
sont généralement les villages proches, qui constituent des
villages de campagnes. Ces activités y sont menées pendant un
certains nombres de jours ou de mois. Ensuite il est toujours prévu des
périodes de retour au village.
La mobilité des femmes à Niodior est beaucoup
plus orientée vers les centres urbains. Il n'y a plus de campagnes
voisines du village, c'est ce qui fait que les femmes qui sortent du village
vont de façon générale dans les villes. Mais elles sont
essentiellement des jeunes filles. Dans ce village seule les 4,34% des
transformateurs de produits halieutiques émigrent, le restent pratiquent
leurs activités sur place. La migration des pêcheurs est
très importante à Niodior avec un taux de 87%.
Alors qu'à Bassoul, les jeunes filles bougent, les
dames aussi se déplacent très souvent vers les îles de
campagne. Ainsi les activités de transformations des ressources
halieutiques sont l'occupation de ces femmes dans ces îles.
TROISIEME PARTIE : ANALYSE
ET INTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE 8 : ANALYSE DE L'ÉTAT DES FORÊTS
DE MANGROVE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
I. Les écosystèmes de
mangroves
Les écosystèmes de mangroves qui sont des mileux
amphibies ont des importances et des fonctions qui constituent des biens et
services pour les populations côtières. Mais aujourd'hui ces
écosystèmes sont dans un état qui met en péril ces
ressources.
I.1. Importance et fonction de la
mangrove
La Convention Ramsar reconnaît clairement
l'importance et les fonctions des écosystèmes des mangroves
(Ramsar, 2002), notamment :
· L'importance capitale de tous les biens et services
écologiques fournis par
les écosystèmes de mangroves, mais aussi le
rôle vital de ces écosystèmes qui est de servir de zones
de frayères et de nurseries à beaucoup d'espèces
d'importance économique, ainsi que l'importance sociale et
écologique des mangroves pour, entre autres, la pêche, la
diversité biologique, la protection des littoraux, les activités
de loisirs, l'éducation et la qualité des eaux
côtières et du plateau continental.
· la survie d'un grand nombre de communautés
locales et de populations autochtones dépend de la productivité
et de la santé des écosystèmes de mangroves ;
· dans les pays où on les trouve, les
écosystèmes de mangroves sont importants pour la
régulation des processus naturels et le maintien de la
diversité biologique des zones côtières ; et de
nombreuses espèces notamment de poissons, de mollusques, de
crustacés, d'oiseaux d'eau migrateurs ou sédentaires et de
mammifères aquatiques, ainsi que des espèces menacées
dépendent des mangroves et des régions voisines d'un point de vue
écologique.
Les écosystèmes des mangroves constituent des
habitats terrestres et marins qui sont des milieux de reproduction, de
conservation et de développement des ressources fauniques, halieutiques
et aviaires tant locaux que migratoires. Ces écosystèmes ouverts
sur la mer et tributaires des eaux fluviales représentent un maillon
d'importance d'une chaîne complexe tant sur le plan national
qu'international. De ce point de vue, l'état des
écosystèmes de mangroves devient un élément
déterminant dans la vie économique et sociale des populations des
îles du Saloum. Dans l'ensemble, cet état connaît une
évolution négative en Afrique de l'Ouest et
particulièrement au Sénégal et dans le Delta du Saloum
(cf. Tableau annexe 1 : Étendue, distribution et état
des mangroves du Sénégal, page 85). Les îles du
Saloum, constituant une partie intégrante du Delta du Saloum, ne sont
pas épargné par cette situation.
Ainsi, l'importance des écosystèmes de
mangrove est attestée par les potentialités halieutiques dans les
estuaires mentionnés dans le tableau ci-après.
Tableau 8.1 : Importance et
diversité des espèces capturées au niveau des estuaires et
de la mer
Estuaires
|
Mer
|
Carpes rouges (yax)
Carpe noir (nawrex)
Mérou (thiof)
Carpe grise (was)
Capitaine (jum)
Mulet (gris)
Mollusques (touffa, yet, pagne, yokhoss)
Seiche (yeuredeu)
Soles (sapale)
Poisson-chat (kong)
Sardinelles (yaboy)
Ceinture (tallar)
Ethmalose (cobo)
Chinchard (diai)
Crevette (sipaax)
Doyene (tapandar)
Raie (rayartar)
Barracudas (seude)
Carangue (saaka)
|
Carpes rouges
Carpe noire
Mérou
Carangue
Carpe blanche (sompat)
Poule
Seiche
Langouste
Sardinelles
Poisson chat
requin
|
Source : PLD Communauté rurale de
Dionewar, 2002
Le tableau nous montre que les estuaires ont des
potentialités en espèces halieutiques. Ainsi dans cette partie,
on y rencontrait 19 espèces. En revanche, dans la mer, il y a la
présence de 11 espèces. Cela prouve la diversité des
espèces halieutiques vivantes dans les estuaires. Dans les îles
les espèces les plus pêchées sont tout d'abord les
ethmaloses, mulets et sardinelles ensuite crevette, poulpe, poisson-chat. Il en
résulte que la pêche artisanale dans les rivières du
sud ; en particulier dans les îles du Saloum, exploite
essentiellement les espèces aux affinités estuariennes
(Cormier-Salim, 1994).
Ainsi, la pêche devient de plus en plus une
activité saisonnière à cause de la rareté de
certaines espèces estuariennes. Les déplacements de la population
se font en fonction de la disponibilité des ressources dans un endroit
ou dans un autre. Ainsi, en période hivernale, l'activité
s'oriente beaucoup plus vers la recherche de crevettes, poisson-chat,
sardinelles, seiches, carpe grise, mérou, carangue et poulpe. La
collecte de ces produits s'effectue de manière traditionnelle avec la
pêche à la ligne et la pêche par le filet.
En conclusion, la diversité et l'abondance des
ressources halieutiques dans les îles du Saloum dépendent
essentiellement de l'état des écosystèmes de mangroves.
Par la suite, nous allons étudier dans la section ci-dessous,
l'état de la mangrove dans les villages étudiés.
I.2. État de la mangrove
dans les villages d'étude
La mangrove constitue un écosystème fragile et
singulier et caractérise les îles du Saloum. Le caractère
rural et la faiblesse des moyens de la zone favorisent de multiples agressions
d'ordre anthropique qui viennent s'ajouter aux effets naturels. En effet, les
populations utilisent le bois de palétuvier à des fins
domestiques (fumage du poisson, clôture de jardins ou de vergers, bois de
chauffe, etc.), et à des fins de construction (confection de chaux vive
à partir de bois de mangrove).
Bien que ces prélèvements ne soient pas toujours
perçus comme une menace sur la mangrove par les populations, le
déboisement de ces forêts a des effets négatifs sur les
autochtones. D'une part, la faiblesse de la productivité de la
pêche s'accélère dans les bolongs. D'autre part, le
rendement des activités de transformation de produits halieutiques
devient de plus en plus faible. Par conséquent, les populations des
îles du Saloum, spécialisées dans ces activités,
développent des stratégies ; dont la recherche des
activités alternatives et la migration vers d'autres zones comme
réponse aux problèmes.
Les Niominka trouvent normale l'utilisation de la forêt
des palétuviers pour certains services, dans la mesure où, selon
eux la mangrove se régénère naturellement de
manière satisfaisante. Mais, les perceptions sur l'état de la
mangrove montrent leur préoccupation sur sa situation actuelle.
Par ailleurs, l'ensablement du rivage, conséquence de
la rupture de la bande de terre menant à la pointe de Sangomar, et les
années de sécheresse enregistrées dernièrement ont
un impact plus important sur la disparition de la mangrove.
Graphique 8.1 :
Perception de la population des villages d'étude sur l'état de la
mangrove
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Dans les villages de Niodior et de Bassoul, la mangrove est
très dégradée. Mais de façon globale, les
forêts de mangrove sont plus dégradées dans le village de
Bassoul qu'à Niodior. À Bassoul le recul des ressources de
mangrove est beaucoup plus lié aux sécheresses et à la
baisse de la pluviométrie de ces dernières années. En
outre des coupes frauduleuses se font dans les bolongs par des personnes dont
leurs origines restent inconnues. Cependant, des efforts sont en train
d'être faits pour restaurer les zones dégradées à
travers notamment le reboisement. Mais la principale difficulté dans ces
actions est que les plants sont broutés par les bovins qui sont
fréquemment en divagation. C'est ce qui fait que les résultats du
reboisement ne sont pas assez probants dans ce village.
Par contre selon les populations de Niodior, depuis
l'ouverture de la brèche de Sangomar, les palétuviers de la
façade occidentale régressent de façon rapide. Cela est
dû à l'ensablement causé par la brèche. Dans ce
village aussi les coupes frauduleuses sont constatées dans les chenaux.
La population de Niodior estime que la dégradation de la mangrove dans
leur terroir est en train de prendre du recul grâce aux actions
fréquentes de reboisement qui se font dans le village ces
dernières années, mais aussi de la prise de conscience par les
populations de l'importance écologique et économique des
forêts de mangroves.
Ainsi, si l'on considère l'ensemble des deux villages
étudié, le graphique ci-dessous nous montre l'état global
de la mangrove.
Graphique 8.2 : Perception
des populations sur l'état global de la mangrove
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
De l'avis de la population les forêts de mangrove
sont dans un état dégradé. En effet 50% des personnes
interrogées affirment que les ressources de mangrove sont très
dégradées, alors que 15,9% pensent qu'elles sont simplement
dégradées. Cette partie de l'échantillon
enquêté lie cette situation à la baisse de la
pluviométrie et aux coupes abusives de la mangrove sur pied. Aujourd'hui
avec la présence des Guinéens et des Ghanéens dans
certains villages des îles du Saloum, cette pratique commence à
s'accentuer, du fait de la demande accrue en bois pour les besoins du fumage de
poisson. Certains pour tromper la vigilance des agents des eaux et forêts
coupent le bois de mangrove sur pied en le laissant au lieu de coupe. Une fois
le bois coupé est sec, ils le ramènent chez eux, soi-disant
qu'ils ont coupé du bois mort. Par contre, seulement 2,3% pensent que
les forêts côtières de la zone ne sont pas
dégradées.
Ainsi, cette situation a de lourdes conséquences sur
les ressources halieutiques dans la mesure où la mangrove constitue un
lieu d'habitat des poissons et des huitres. En effet, dans cette zone, beaucoup
de poissons marins passent une partie de leur cycle de vie dans les estuaires
(Oceanium, 2010).
Carte 8.1 : Evolution des mangroves du Delta du Saloum
de 1972 à 1999
Source :
http://vertigo.revues.org/2206
du 18 octobre 2010
L'examen de la carte ci-dessus et l'évolution des
surfaces de mangrove à chacune des dates nous conduit à faire les
constats suivants.
D'abord, la superficie de mangrove oscille de 45 852 ha en
1972 à 41 865 ha en 1988 et à 43 844 ha en 199915(*). Cette évolution de la
mangrove est due à la période de sécheresse des
années 1968 à 1994.
Ensuite, le couvert de mangrove n'a pas
évolué de façon homogène dans l'espace (Carte 8.1).
Ainsi, la dégradation du couvert végétal est beaucoup plus
accentuée entre 1972 et 1986, au nord de la zone
considérée. Cela a continué à régresser
entre 1988 et 1999. Ceci confirme l'impact de la rupture de la flèche
de Sangomar et aussi des propos de la population enquêtée selon
lesquels, l'une des causes principales de la dégradation de la mangrove,
sont la succession des sécheresses et la baisse de la
pluviométrie de ces dernières années.
En fin, dans la partie centre et ouest de la, zone ,
la mangrove connait une progression pendant la même période.
Ainsi pour inverser la tendance dans la zone nord, une
certaine gestion est faite selon le niveau de décision.
II. La gestion de
la mangrove
La gestion de la mangrove est régie par les
dispositions du code forestier. Mais des ONG qui sont intéressées
par les problèmes environnementaux interviennent aussi dans la gestion
des ressources naturelles.
II.1. Les structures
administratives
Ces structures sont au niveau du CADL et de la brigade
forestière de l'arrondissement de Niodior.
L'état est le premier gestionnaire de cet espace. En
effet, l'article R.14 stipule que dans le domaine forestier de l'État,
le service chargé des eaux et forêts établit les
règles de gestion, élabore les plans d'aménagement et les
exécute soit en régie, soit par l'intermédiaire des
tiers.
Cependant, les collectivités locales peuvent aussi
participer dans cette gestion. Le code forestier stipule aussi dans
l'alinéa 2 du même article que pour les forêts relevant de
leur compétence, les collectivités locales élaborent ou
font élaborer des plans d'aménagement. Elles peuvent en assurer
directement la réalisation ou bien confier, par contrat à des
tiers, l'exécution du plan de gestion. Mais ici, les
collectivités locales ne sont pas habilitées à
gérer les forêts de mangrove, car les îles du Saloum sont
comprises dans la RBDS, qui est une zone classée.
II.2. Les ONG
Les ONG intervenantes dans les îles du Saloum sont
l'Oceanium, WAAME, le FEM et l'USAID. Ces structures travaillent en
collaboration avec les populations pour la conservation et la restauration des
écosystèmes de mangrove. Les actions les plus fréquentes
dans ce sens, sont le reboisement et la valorisation des ressources locales,
notamment les huitres et les arches. C'est dans ce sens que l'OCEANIUM a
reboisé avec les populations de Bassoul et de Niodior lors de la
campagne 2009 des superficies respectives de 4 ha et de 15 ha16(*). En outre, dans les autres
villages, les mêmes actions sont menées avec 78 ha à
Djirnda et 20 ha à Moundé. D'où l'importance de la
dimension participative par l'implication des populations dans la gestion de la
mangrove.
III. Relation entre les migrants et les
écosystèmes de mangroves
Les enquêtes ont révélé que 71,4%
des migrants exerçaient des activités comme la pêche et la
transformation des produits halieutiques avant le départ. Cependant, ces
activités sont pratiquées en même temps que d'autres comme
la production de chaux vive dont la principale ressource est le bois de
palétuvier et les coquillages. Les enquêtes menées au
niveau des villages étudiés ; nous ont permis de mesurer le
niveau de relation entre des activités et la mangrove.
Graphique 8.3 : Niveau
d'association à la mangrove des ressources exploitées par les
migrants avant leur départ
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
L'importance du niveau d'association de la mangrove aux
activités des migrants avant leur départ est évidente dans
le graphique ci-dessus. 72,72 % des chefs de ménages Niominka
pensent que les forêts de mangroves sont fortement liées à
la pêche et à la transformation des produits halieutiques. Cela
parce que certaines ressources comme les huitres, les arches et les murex sont
toujours retrouvés dans les estuaires, où l'on rencontre les
forêts de mangroves. Ainsi, toutes les ressources halieutiques
exploitées par les Niominka sont en étroite association avec les
écosystèmes de mangroves.
Mais aujourd'hui la baisse de la productivité de la
pêche due en grande partie à la baisse de la mangrove, constitue
le principal déterminant à la migration des Niominka vers
d'autres contrées.
III.1. Effet de la
dégradation de la mangrove sur les activités
La régression des écosystèmes de
mangrove a des effets négatifs sur la vie économique des
populations insulaires du Saloum. La productivité des activités
halieutiques baisse de plus en plus. Par cet effet, la pression sur les
ressources augmente d'une part, mais aussi les efforts de production augmentent
d'autre part, à travers l'emploi du matériel moderne et le
parcours de longue distance pour exercer l'activité. En effet, certains
pêcheurs de Niodior vont en mer pendant deux (2) à sept (7) jour
pour lancer le filet et revenir au village. Tandis que d'autres
préfèrent d'aller vers d'autres zones pour y travailler et y
rester beaucoup plus long temps.
III.1.1. Les activités
des migrants des villages de Bassoul et de Niodior
À l'instar des villages des îles du Saloum,
dans les villages de Bassoul et de Niodior, les principales activités
qui y sont exercées sont pour la plupart associées aux ressources
de mangrove. Ce sont : la pêche et la transformation des produits
halieutiques tels que ; les huitres, les arches, le murex, le cymbium et
le fumage d'ethmalose. Toutefois, on y rencontre d'autres activités
telles que la charpenterie, le commerce, etc.
Ainsi, les activités associées aux ressources
de mangrove sont influencées par ces forêts. Donc, la
dégradation des forêts de mangrove ont des effets sur la
mobilité les activités, dans la mesure où les pratiquants
se déplacent. En effet, dans les villages, les personnes qui ont vu
baisser leur rendement ont tendance à aller dans d'autres zones pour
travailler. Les résultats ci-dessous nous montrent l'importance de
l'émigration dans les corps de métiers dans les villages dont on
a mené la recherche.
Graphique 8.4 : Type
d'activité avant départ des migrants de Bassoul et Niodior
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
La migration est plus forte chez les pêcheurs de
Bassoul que ceux de Niodior, avec respectivement 63 % et 46,2 % des
émigrés. Chez les transformateurs de ressources halieutiques, la
migration est plus importante à Niodior qu'à Bassoul avec
respectivement 17,6 % et 7 %.
Cependant, le phénomène est observable chez
les chômeurs et les autres corps de profession tels que les
étudiants, les ménagères, etc. La mobilité de ces
derniers est faible, et n'est pas expliquée par le recul de la mangrove,
alors que celle des activités associées à la forêt
de mangrove est influencée par cet écosystème. On retient
ici que, l'influence de la dégradation de la mangrove est la migration
économique, en particulier l'orientation des activités exploitant
les ressources associées aux forêts de mangrove vers d'autres
horizons.
Nous allons ainsi voir, à partir de
l'échantillon enquêté, les effets de la dégradation
des forêts côtières sur l'orientation des activités
économiques dans les îles du Saloum.
III.2.2. Activités
professionnelles des migrants des îles du Saloum
Dans les îles du Gandoul, les activités les
plus pratiquées par les fils du terroir sont l'exploitation des
ressources halieutiques. Ces ressources sont pour la plus part associées
aux écosystèmes de mangrove. Par conséquent, la mangrove
qui est en train de se dégrader dans la zone oriente ces
activités. Donc, la dégradation de la mangrove est un facteur de
redistribution de ces activités aussi bien dans le terroir que dans le
pays. Le graphique 8.4 montre l'activité exercée par les migrants
des îles du Saloum avant leur départ.
Graphique 8.5 :
Activités des migrants avant départ
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
La migration est plus forte chez les exploitants des
ressources associées aux mangroves, en l'occurrence chez les
pêcheurs. Comme on l'a su bien montré précédemment,
ces derniers ont vu baisser leur prise, par cet effet, ils ont tendance
à aller vers les zones plus riches en ressources halieutiques. C'est
pourquoi 55,7% des migrants étaient des pêcheurs. En outre, 20,50%
des migrants pratiquaient la transformation des produits halieutiques qui
constituent la principale source de revenus des femmes. Ces chiffres sont
expliqués par la baisse de la productivité de leurs
activités.
Aujourd'hui avec la tendance à la baisse des
forêts de mangrove, la baisse de sa productivité provoque ainsi la
migration de certaines femmes transformatrices vers d'autres zones qui
disposent plus de ressources. Mais la migration des femmes liée à
la transformation des produits halieutiques est un mouvement inter-terroir et
de courte distance.
La conséquence de ces mouvements aussi bien des
pêcheurs que les transformateurs de produits halieutiques est la baisse
de la dynamique des activités halieutiques dans la zone. De ce point de
vue, dans les îles, plus de la moitié des bras valides du terroir
sont dispersées hors de la zone. C'est le cas des femmes du village de
Bassoul qui partent en campagne dans les îles voisine comme Diofandor,
Niadiara, Bakhalou et Gouk pendant au moins 3 mois pour revenir dans leur
village. Concernant les hommes ils vont plus loin. Les zones
fréquentées par ces derniers sont : Joal, Mbour, Casamance,
Ziguinchor et certains pays de la sous région (Gambie, Guinée
Bissau, Guinée Conakry, etc.).
IV. Conclusion
partielle
L'importance de la mangrove dans la diversité des
espèces halieutiques montre que, sa dégradation provoque des
effets négatifs sur les ressources halieutiques.
Par ailleurs, l'analyse de la partie consacrée aux
effets de la dégradation de la mangrove sur les activités des
migrants Niominka avant départ nous a montré que, d'abord ces
activités sont pour la plupart associées aux
écosystèmes de mangroves, mais aussi ces activités
s'orientent vers d'autres zones et prennent du recul au niveau des villages.
Cela prouve que l'hypothèse une (1) disant que
l'état des ressources halieutiques dans les îles du Saloum
dépend fortement des écosystèmes de mangroves est
confirmée. Car la dégradation des mangroves a un effet
négatif sur les ressources halieutiques, et ces dernières sont
ainsi recherchées dans d'autres zones.
Toutefois, cette hypothèse peut être
discutée, dans la mesure où en plus de la destruction de la
mangrove, on a la pression sur les produits halieutiques et le changement
climatique qui contribuent aussi à la raréfaction des ressources
locales.
CHAPITRE 9 : ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE MIGRATOIRE
DANS LES ILES DU SALOUM
La migration est un phénomène important dans les
îles du Saloum. Cela est d'abord lié par le fait que
l'émigration fait partie de la culture du Niominka, mais aussi cela est
amplifié par les conditions de vie qui deviennent de plus en plus
difficiles dans le Delta du Saloum, en particulier dans les îles du
Saloum. Cela est attesté par les 95,65 % des ménages qui ont
au moins un émigré.
Ainsi, la mobilité des insulaires varie de la migration
interne à la migration internationale. Les formes de migrations qui en
découlent sont saisonnières, permanentes
Graphique 9.1 : La
migration des ménages
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Le graphique 9.1 montre l'importance de l'émigration
dans les îles du Saloum. Dans ce terroir, 95,65 % des ménages
de notre échantillon ont au moins un émigré. Seul le reste
est constitué de ménages qui n'ont enregistré aucune
sortie de leurs membres.
I. Les causes de la migration
Les causes avancées du départ par les parents
des émigrés sont la rareté des ressources halieutiques.
Selon ces derniers, bien que l'émigration étant un
phénomène culturel des Niominka, le phénomène est
devenu plus important dans le terroir à cause du manque de poissons.
D'ailleurs, ce phénomène n'était pas l'affaire des femmes,
mais aujourd'hui elles voyagent à plus ou moins longue distance. Elles
satisfaisaient leur besoin à travers les activités de
transformation de produits halieutiques qui était jadis rentable. Mais
de nos jours ces activités deviennent moins rentables et obligent
certaines femmes à chercher des alternatives dont la principale est la
migration. Dans les îles du Saloum, les conditions de survie deviennent
de plus en plus difficiles, les ressources halieutiques se font rares.
II. Profil des
migrants
Le profil des migrants est caractérisé par le
sexe, l'âge et la situation matrimoniale.
II.1. Le sexe
La mobilité des villageois des îles du Saloum,
bien que soit importante, dépend plus ou moins du sexe de ses habitants.
Le Tableau ci-dessous illustre l'importance de la migration à ce
niveau.
Tableau 9.1 :
Répartition des migrants par sexe
Villages
|
Bassoul
|
Niodior
|
Taux globaux
|
Sexe
|
|
|
|
Homme
|
68%
|
61,5%
|
65,2%
|
Femme
|
32%
|
38,5%
|
34,8%
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Comme le montre le tableau 9.1, de façon
générale les hommes sont plus mobiles (65,2% des
émigrés recensés dans l'échantillon des
ménages), avec respectivement 68% à Bassoul et 61,1% à
Niodior. Cela est expliqué par le fait que les hommes ne pratiquent
quasiment que la pêche dans ces villages. Ils sont ainsi toujours
à la recherche de ces ressources halieutiques. La rareté des
ressources les oblige ainsi à aller dans des milieux plus poissonneux.
Les hommes à plus de 80 % pêcheurs vont en famille avec leur
pirogue faire valoir leur savoir-faire dans la pêche et dans la
navigation maritime comme navigateur. Les principaux centres d'accueil en
entreprise familiale sont : Djifer, Joal, Mbour, la Casamance, les ports
de Mauritanie, de Guinée Bissau, de Guinée Conakry et parfois
même plus loin. Ils sont à la recherche d'activités plus
rémunératrices qui ne les autorisent à revenir
auprès de leurs familles que de temps en temps pour une très
courte période généralement pendant les fêtes de
Tabaski ou au mois de septembre, période réputée pour
l'organisation des séances de lutte dans les villages qui est la
principale activité récréative des populations.
Par ailleurs, le mouvement des femmes n'est pas
négligeable (34,8 %). Quant à elles, leurs mouvements sont
aussi bien liés à la recherche des produits halieutiques à
transformer qu'à la recherche d'emploi comme domestique dans les centres
urbains.
II.2. Tranche d'âge
Tableau 9.2 :
Répartition des migrants par tranche d'âge
Villages
|
Bassoul
|
Niodior
|
Taux globaux
|
Tranche d'âge
|
|
|
|
10 à 20 ans
|
22,7 %
|
5,5 %
|
15,2%
|
20 à 30 ans
|
42 %
|
78 %
|
57,6 %
|
30 à 40 ans
|
33,6 %
|
15,4 %
|
25,7 %
|
40 ans et plus
|
1,7 %
|
1,1 %
|
1,4 %
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Le tableau ci-dessus montre que l'émigration est
très importante chez les jeunes Niominka. La tranche d'âge la plus
mobile est de 20 à 30 ans avec 57,6% des émigrés. Mais ce
mouvement est beaucoup plus signifiant à Niodior qu'à Bassoul
dont des pourcentages respectifs de 78% et de 42% des ressortissants de chaque
village. Quant à la tranche allant de 10 à 20 ans, la
mobilité est plus importante à Bassoul qu'à Niodior avec
des taux respectifs de 22,7% et 5,5%. La plupart de ces jeunes suivent leur
parent en émigration dans les zones de pêches. Cela constitue
aussi un système d'apprentissage du jeune Niominka aux techniques de
pêche.
II.3. Situation matrimoniale
Les situations matrimoniales
étudiées ici sont les mariés, les célibataires et
les divorcés.
Tableau 9.3 :
Répartition des migrants selon la situation matrimoniale
Villages
|
Bassoul
|
Niodior
|
Taux globaux
|
État matrimonial
|
|
|
|
Marié
|
55,5 %
|
34,1 %
|
39,5 %
|
Célibataire
|
43,7 %
|
63,7 %
|
59 %
|
Divorcé
|
0,8 %
|
2,2 %
|
1,4 %
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Le tableau a bien illustré que la mobilité
des célibataires et des mariés est importante dans les deux
villages. Mais le mouvement des célibataires est plus important à
Niodior, avec 63,7% des émigrés du village. De manière
globale, les célibataires voyagent beaucoup plus que les mariés.
Dans ces localités, le rendement des activités halieutiques
devient de plus en plus faible, la de la pêche devient moins importante.
C'est pour améliorer leur condition de vie que les fils du terroir se
déplacent vers d'autres contrées.
Tableau 9.4 :
Répartition des migrants par activité
Villages
|
Bassoul
|
Niodior
|
Taux globaux
|
Activité avant départ
|
|
|
|
Pêche
|
63 %
|
46,2 %
|
55,7 %
|
Transformation de produits halieutiques
|
6,7 %
|
17,6 %
|
20,5 %
|
Transport
|
0,8 %
|
12,1 %
|
5,2 %
|
Chômeur
|
2,5 %
|
6,6 %
|
2,9 %
|
Autres
|
27 %
|
17,5 %
|
15,7 %
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
La majorité des émigrés ont une
activité professionnelle avant leur départ. 55,7 %
étaient des pêcheurs et 20 % des transformateurs de produits
halieutiques. Cette forte dynamique migratoire chez les exploitants des
ressources associées aux écosystèmes de mangrove est
liée à la rareté des ressources halieutiques. Selon les
personnes interrogées, cela est dû d'une part à la
dégradation de l'habitat de la faune marine, et d'autre part à la
forte pression sur les ressources locales. Cette situation est
déjà affirmée dans le diagnostic du secteur de la
pêche dans les communautés rurales composantes les îles du
Saloum. Ainsi, la réduction de la faune marine est due à la
dégradation de la mangrove qui constitue un lieu de reproduction (PLD
Dionewar, 2002). Par ailleurs, 15,7 % des émigrés
travaillait dans d'autres secteurs, ce sont l'artisanat, l'agriculture, seuls
2,9% étaient au chômage. Il existe cependant une disparité
entre les villages d'étude. Ainsi pour les villages de Bassoul et
Niodior, il y'a respectivement 63% et 46,2% des émigrés qui
étaient pêcheurs et 6,7% et 17,6 % qui étaient
transformateurs de produits halieutiques. La mobilité de ces
catégories professionnelles est fortement influencée par les
ressources de mangrove. En effet, ces activités sont fortement
associées aux écosystèmes de mangrove. Cela est
expliqué du fait que cet écosystème constitue un lieu
d'habitat et de reproduction des espèces halieutiques. En plus, les
huitres se fixent sur les racines des mangroves.
II.4. Niveau d'instruction
Graphique 9.2 : Niveau
d'instruction des migrants
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Le graphique 9.2 fait ressortir une proportion plus
élevée de faible niveau d'instruction à des
émigrés où le plus grand nombre n'a pas
fréquenté l'école. Ces faits sont visibles dans les
enquêtes que nous avons menées. Ainsi, on a respectivement dans
les villages de Bassoul et de Niodior 42,9% et 73,9% des émigrés
n'ont pas fait l'école. Ainsi, la migration est plus importante chez la
tranche de la population à faible niveau de scolarisation. Cela est
accentué par le voyage que certains jeunes font avec leur parent, mais
aussi la déperdition scolaire que d'autres subissent en laissant les
écoles au profit de la pêche. Cela est attesté par les
25,23% des émigrés qui ont arrêté leur scolarisation
au niveau primaire et 6,66% au niveau secondaire. Les Niominka, après
l'arrêt des études, beaucoup d'entre eux se lancent dans la
pêche. C'est ce qui fait qu'avec la crise du secteur dans leur terroir,
ils se dirigent vers d'autres zones pour la pratique de la même
activité.
II.5.Conclusion partielle
Le profil des migrants étant déterminé
par leur sexe, l'âge et la situation matrimoniale ainsi que la
catégorie socioprofessionnelle. Nous remarquons ici que la
mobilité est plus importante chez les hommes, mais elle est non
négligeable chez les femmes. Ainsi, la dégradation de
l'écosystème de mangrove a un rôle essentiel aussi bien
chez les hommes que chez les femmes. Par ailleurs, les migrants sont pour la
plupart jeunes avec un âge compris entre 20 et 30 ans. En outre, plus de
la moitié des ressortissants des îles du Saloum sont mariés
et sont en plus des pêcheurs. Parmi les émigrés Niominka,
ceux qui n'ont pas fréquenté les écoles sont les plus
nombreux.
C'est ce qui nous amènent ainsi à confirmer
notre deuxième hypothèse selon laquelle : la
dégradation des ressources halieutiques entraine une migration
significatives des populations des îles du Saloum. Ainsi les
catégories sociales refléter par le profil
sont généralement : les mariés, les hommes, les
jeunes, mais aussi et surtout les pêcheurs.
Mais cette migration est orientée vers divers
horizons que nous allons étudier dans la section suivante.
III. LES FORMES DE MIGRATION ET LA PROPENSION A LA
MIGRATION
Dans cette partie, nous allons montrer les formes de
migrations influencées par la dégradation des ressources de
mangrove, mais le rôle que peut jouer cette situation à la
propension à la migration des insulaires.
III.1. Les formes de migration
Les formes de migration sont principalement l'exode rural,
la migration inter-terroirs et dans une moindre mesure la migration
internationale. Force est de constater que l'exode et la migration
inter-terroir sont aussi saisonniers. Les migrations saisonnières qui
sont internationales sont celles qui se dirigent vers les pays de la sous
région (Gambie, Guinée Bissau, Guinée-Conakry,
Mauritanie). Elles concernent toujours des zones de pêche.
III.1.1.
Répartition des migrants
Les migrants Niominka sont aussi bien sur le territoire
national que hors de la frontière. La mobilité à
l'intérieur du pays est beaucoup plus une migration de travail.
Ainsi, la carte 9.1 montre la migration interne des
populations des îles du Saloum.
La carte de répartition des émigrés
Niominka montre que leurs mouvements se font essentiellement vers les zones
côtières. Ceci est expliqué par la tendance de ce peuple
à la conservation de son activité qui est la pêche. Le
mouvement des Niominka est orienté vers la recherche des ressources
halieutiques. Par cet effet, les migrants Niominka sont ainsi plus importants
à Dakar, à Joal et en Casamance. Cependant, la migration vers les
zones voisines est importante, notamment les originaires du village de Bassoul.
Il s'agit principalement de Bettenty, de Niadiara, Ngadior, Diofandor. La
migration vers les campements de pêches est à l'origine de
création de nouveaux villages. Car dans ces lieux, la durée qui
était courte est devenue permanente aujourd'hui.
Les villes de l'intérieur sont moins
fréquentées, mais on note la présence de quelques-uns
à Kaolack. Les personnes qui fréquentent cette partie du pays y
vont pour la pratique des activités commerciales ou de domestiques.
Ainsi, la migration des populations des îles du Saloum
est beaucoup plus orientée vers les zones côtières que vers
les zones continentales. Après cette illustration de la
répartition des émigrés Niominka dans le pays,
l'importance de la migration dans les ménages est illustrée par
le graphique ci-dessous.
Graphique 9.3 :
Répartition des migrants par forme de migration
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
La migration saisonnière est la plus dominante dans la
mobilité des populations des îles du Saloum. Ensuite vient la
migration permanente. Ces deux types de migrations sont internes, car ces
déplacements se font uniquement à l'intérieur du
territoire national.
Toute fois l'émigration est aussi pratiquée dans
la dynamique migratoire des populations des îles du Saloum. Ce
phénomène prend de l'importance, et concerne surtout
l'émigration clandestine et la migration vers les pays de la sous
région.
III.1.2. Distribution des
migrants venants des îles du Saloum
Dans cette section, nous allons montrer l'importance des migrants
des populations des îles du Saloum aussi bien dans le pays que vers
l'étranger.
Tableau 9.5 : Distribution
des migrants par zone d'accueil
Zones d'accueil
|
Pourcentage (%)
|
Pourcentage cumulé
|
Dakar
|
22,9
|
22,9
|
Kaolack
|
3,8
|
26,7
|
Joal
|
24,8
|
51,4
|
Sous région
|
10,5
|
61,9
|
Europe
|
18,1
|
80,0
|
Terroirs voisins
|
9,0
|
89,0
|
Casamance
|
10,5
|
99,5
|
Mbour
|
0,5
|
100
|
Total
|
100
|
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
L'intérieur du territoire national constitue la
destination privilégiée des populations des îles du Saloum
avec 65,85% des émigrants. Ainsi, les zones qui sont plus
fréquentées sont celles du littoral ouest du pays. Ce sont
notamment Joal, Mbour, Casamance et Dakar. En outre, les zones inter-terroirs
sont aussi visitées par cette population. Ces mouvements sont des
migrations saisonnières et les périodes de retour coïncident
le plus rarement avec des grandes fêtes et de cérémonies
familiales.
La migration saisonnière des Niominka liée
à l'exploitation des ressources halieutiques est demeurée
très importante, y compris dans les parties insulaires du Delta du
Saloum. Ce processus est accompagné d'une dissémination des
populations insulaires des villages vers les campements de pêche, dont
certains sont devenus des lieux d'habitation permanents (Dahou, 2007 ;
Ould Cheikh, 2007). Ces zones sont fréquentées ainsi du fait que
la plupart constituent des centres de pêches.
Mais en ce qui concerne les zones inter-terroirs, elles
sont plus fréquentées par les femmes. Ainsi, les villages qui
sont visités sont : Bakhalou, Niadiara, Gouk, Bettenty et
Diofandor. Ce sont des zones qui sont riches en ressources halieutiques telles
que les huitres, les coques, etc. C'est la transformation de ces produits qui y
est le plus pratiquée. Toutefois, les hommes qui accompagnent leur
épouse dans ces campagnes y pratiquent pour la plupart la
pêche.
La migration interne permanente concerne les personnes qui
se sont installées dans les villes en y fondant une famille. Il s'agit
de 19,51 % des ressortissants des ménages de notre
échantillon qui sont principalement installés dans les villes, en
l'occurrence à Dakar. En effet, 22,9 % des déplacements sont
dirigés vers la capitale sénégalaise, le reste est
réparti entre les villes comme Kaolack, Sokone et Joal. Parmi les
déplacements vers ces centres urbains, on note la présence des
jeunes filles qui y vont pour les travaux domestiques.
Ces migrations sont essentiellement saisonnières et
les durées se situent entre 3 à 9 mois.
Les Niominka fréquentent plus ou moyen les pays de la
sous région, surtout la Gambie, la Guinée Bissau et la
Mauritanie. La migration vers ces pays vient à l'origine des
sérères Niominka, qui pratiquent des migrations
saisonnières, à la recherche de zones plus poissonneuses (AIDELF,
2004). Cela est confirmé par les 80% de l'échantillon des
ménages enquêtés, que les mouvements des fils du terroir
sont axés vers les zones de pêche.
En outre, l'Europe constitue une zone plus ou moins
fréquentée. Cela se fait beaucoup plus par voie clandestine. Ces
dernières années ce phénomène a pris de l'ampleur
dans les îles du Saloum. L'Espagne et la France sont les pays
européens les plus cités par les parents des
émigrés que nous avons rencontrés. En effet 18,1 %
des émigrés des ménages sont en Europe. Ce
phénomène est beaucoup plus important à Niodior
qu'à Bassoul avec respectivement 27,5 % et 10,9 % des
émigrés des ménages.
Comme le montre la carte 9.2, les Niominka
fréquentent beaucoup plus les zones côtières. Ces zones
constituent des centres de pêche. Cela est lié à la
tradition de ce peuple, qui est la pêche. Ces déplacements
concernent beaucoup plus les hommes.
Cependant, certains se dirigent vers le continent. Ce sont
généralement les jeunes filles qui vont dans les centres
urbains.
En conclusion, on peut dire que la migration des Niominka
est faiblement orientée vers les zones continentales.
III.2. Conclusion partielle
La migration des Niominka est beaucoup plus interne, mais
aussi saisonnière. Ces déplacements sont ainsi plus
orientés vers les zones côtières, et surtout des zones de
pêche. C'est cela qui nous permet de dire que pour l'hypothèse
trois, la détérioration des écosystèmes de
mangroves est déterminante dans les formes de migration des populations
des îles du Saloum, en particulier la forme saisonnière et
interne.
.
IV. La propension
à la migration
Il s'agit ici, de montrer l'influence de la
détérioration des écosystèmes de mangrove dans la
motivation à la migration des habitants îles du Saloum.
Ainsi, les enquêtes auprès des exploitants des
ressources associées à la mangrove nous a donné les
résultats ci-dessous.
Graphique 9.4 : Désir
de migration
Source : Enquête mémoire, Sarr Mamadou,
ENEA-2010
La propension à la migration est forte dans les
îles. En effet, 61,36 % des personnes qui exploitent des ressources
associées à la mangrove sont candidats à
l'émigration. Ces derniers pensent que leurs conditions de vie
deviennent de plus en plus précaires du fait de la dégradation
des forêts de mangrove, qui constitue leur seul espoir. Par ailleurs,
cette tranche des personnes interviewées est jeune et la majeure partie
est constituée par des hommes. Toutefois, 38,63 % désirent
rester. Se sont principalement des personnes âgées et sont
majoritairement constituées de femmes.
Ce désir ardent de migrer est partagé par
l'ensemble des exploitants des ressources associées aux
écosystèmes de mangroves. En effet, 72,72 % des chefs de
ménage pensent que la mangrove est fortement associée aux
activités des migrants avant départ. Donc la dégradation
des forêts de mangrove a des effets négatifs sur la
productivité. Par conséquent, le recul de ces activités ne
favorise plus la fixation de la population. Ainsi, la seule issue pour un
avenir meilleur se trouve dans la migration. La plupart des migrants
appartiennent à des familles pauvres ou à revenus moyens. Cette
pauvreté se caractérise au niveau des ménages par un
faible revenu monétaire, une baisse de l'autoconsommation. Ce contexte
de pauvreté est lié au caractère extraverti de la
pêche sénégalaise dont les ressources halieutiques
deviennent de plus en plus rares, ce fait est surtout accentué par la
destruction de l'habitat de la faune maritime.
Pour preuve, les personnes qui ont été
interrogées sur les facteurs déterminant la migration dans la
zone ont soulevé tout d'abord les causes économiques et
environnementales. En effet, les régions devraient être
considérées comme attractives si les ressources naturelles
peuvent être économiquement valorisées (Ouédraogo,
2007).
Ainsi, dans les îles du Saloum, la valeur des
ressources halieutiques qui baisse simultanément avec les ressources de
mangrove constitue aussi un facteur de prolongation des durées de
migration illustrées dans le graphique 9.6
Graphique 9.5 : Durée
probable de migration
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
Le graphique nous montre que la période de migration
est beaucoup plus longue à Niodior qu'à Bassoul. Ces migrations
de longue période sont généralement des migrations
internationales. Ces migrants partent vers les pays occidentaux, tels que
l'Espagne et la France.
Quant aux migrations de courte durée, elles sont pus
observés dans le village de Bassoul. Ces mouvements concernent
principalement les femmes du village qui se déplacent vers les
îles de campagne.
Tableau 9.6 : Durée
de migration optée par les potentiels de migrants
Durée de la migration
|
Pourcentage (%)
|
Pourcentage cumulé
|
Moins de 3 mois
|
18,2
|
18,2
|
3 à 6 mois
|
25,0
|
43,2
|
6 à 9 mois
|
6,8
|
50,0
|
9 à 12 mois
|
9,1
|
59,1
|
Plus de 1 an
|
2,3
|
61,4
|
Néant
|
38,6
|
100
|
Total
|
100
|
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
La durée de la migration dépend en quelque
sorte de la distance à parcourir. Parmi les enquêtés ceux
qui ne veulent fréquenter les terroirs voisins ont opté moins de
trois mois de campagne, soit 18,2 % pour l'ensemble des deux villages
d'étude. C'est les cas dans le village de Bassoul où 34,78 %
des personnes enquêtées ont optée une migration
saisonnière de moins de 3 mois. Il concerne principalement les femmes
qui veulent partir dans les îles voisines pour la cueillette des huitres,
des arches, du murex, etc.
Par contre à Niodior la migration de courte
durée est moins prononcée, mais on constate que la durée
va au-delà de 6 mois voire plus d'un an. Cela s'explique par le fait que
ce village a abandonné les campagnes fréquentées dans le
temps. Les campagnes actuelles fréquentées sont Fandiong,
Djimsaan et Jissanor. Ces îles ne sont fréquentées que
dans la journée et le retour est prévu le soir au village.
Toutefois, ce sont les mêmes activités qui y sont
pratiquées ; à savoir la pêche et la collecte des
fruits de mer.
En revanche 38,6 % des personnes interrogées ont
préféré rester. Ces personnes sont
généralement âgées et les raisons
évoquées sont qu'elles ont une famille à gérer, en
plus de cela la migration est l'affaire des jeunes.
Ainsi, il mérite de faire des propositions de solutions
ou de recommandations en vue d'apporter des solutions durables aux
problèmes aussi environnementaux que migratoires.
CHAPITRE 10 : PROPOSITION DE RECOMMANDATIONS ET PLAN
D'ACTION
I. Recommandations
À la fin de tout processus de recherche, il importe
de procéder à des propositions de solutions. La présente
étude qui a comme objectif d'étudier la contribution de la
dégradation des écosystèmes de mangroves dans la dynamique
migratoire des populations des îles du Saloum doit pouvoir apporter des
solutions, afin de réduire ou de freiner sa contribution au
départ des fils du terroir. Étant donné que les facteurs
incitatifs à la migration sont nombreux, il faut trouver les
recommandations dans les facteurs sociaux, économiques et
environnementaux. Ainsi pour opérationnaliser notre oeuvre, nous avons
élaboré des recommandations en trois axes de solutions pour
réduire la contribution de la dégradation des forêts de
mangrove dans la dynamique migratoire des populations des îles du
Saloum.
I.1. Gestion rationnelle de la
mangrove
Pour cela il faut d'abord former des comités locaux
de sensibilisation. Leur rôle serait d'informer et de sensibiliser sur
l'importance des écosystèmes de mangrove et les méfaits de
la coupe abusive et des mauvaises techniques de collecte des huitres sur la
ressource.
Ensuite, il serait important de former dans tous les
villages des comités de plages, bien que quelques villages en ont
déjà. Ces comités se chargeront de la surveillance des
bolong, notamment sur les coupes de mangrove sur pied que certains qui
pratiquent. Ces comités doivent travailler en collaboration avec le
service des eaux et forêts pour que la surveillance soit formelle.
Toutefois il faudra structurer ces comités pour qu'ils deviennent des
comités de gestion.
Et en fin pour reconquérir les espaces
dégradés, le reboisement serait une solution idéale, mais
il faut l'accompagner avec la protection des plants contre les aminaux en
divagation. Ainsi, ces processus permettront de restaurer et de protéger
les zones de reproduction des poissons et des huitres dans le souci d'augmenter
la production, de satisfaire les besoins des populations locales en produits de
première nécessité (poissons et coquillages, sel, bois de
chauffe et de construction, etc.). Par cet effet le milieu qui était
répulsif, deviendra beaucoup plus attractif.
I.2. Encadrement des exploitants
des ressources associées aux écosystèmes de mangroves
Cet axe est nécessaire dans la mesure où le
territoire Niominka dépend de ces ressources. D'une part, il s'agira ici
de renforcer l'équipement des pêcheurs, mais aussi de former les
transformateurs de produits halieutiques sur l'élevage et les bonnes
techniques de collecte des huitres.
D'autre part, il faut procéder à la
valorisation des produits halieutiques transformés et faciliter
l'écoulement du produit.
En fin la promotion de la pisciculture dans la zone serait
bénéfique, parce qu'elle constitue un facteur de
rétablissement de la productivité du milieu.
I.3. Sensibilisation sur les
problèmes d'émigration
Étant donné qu'il existe plusieurs facteurs
incitatifs à l'émigration, il faut sensibiliser la population
surtout sur la migration clandestine, dans un contexte où ce
phénomène a pris de l'ampleur dans les îles du Saloum. Il
s'agira dans ce cas spécifique d'organiser des journées de
sensibilisation sur le phénomène, en expliquant les enjeux
sociaux qui y sont liés.
Pour opérationnaliser ces axes, nous proposons le
plan action ci-dessous.
II. Plan
d'action
Tableau 10.1 : Plan d'action
des recommandations
AXES
|
ACTIONS
|
NIVEAU
D'EXECUTION
|
Acteurs
|
CIBLES
|
SOURCES DE
FINANCEMENT
|
Gestion rationnelle des
ressources de mangroves
|
Formation de comité de sensibilisation
|
Les 21 villages composants les îles
|
Agents eaux et forêts
Conseillers ruraux
Membres comités de plage
|
Ensemble de la population des îles du Saloum
|
Les communautés rurales, ONG (WAAME, FEM, USAID/Wula
Nafaa, FAO)
|
Formation de comité de plage
|
Les 21 villages composants les îles
|
Population
Agents eaux et forêts
Conseillers ruraux
|
Ensemble des villages des îles du Saloum
|
Les communautés rurales, ONG (WAAME, FEM, USAID/Wula
Nafaa, FAO, Wetlands International)
|
Reboisement et protection des plants contre les animaux
|
Les 21 villages composants les îles
|
GIE, Comité de plage, agents des eaux et forêts,
ONG, commissions environnement
|
Zones dégradées dans les villages
|
Communautés rurales, ONG
|
Encadrement des exploitants
des ressources associées aux forêts de mangroves
|
Renforcement de l'équipement des pêcheurs
|
Les 21 villages composants les îles
|
Service de pêche,
|
Les pêcheurs
|
Etat, FELOGIE pêche, ONG
|
Formation des transformateurs de produits halieutiques et
aménagements des aires de pisciculture
|
GPF dans les 21 villages
|
Service de pêche, USAID/Wula Nafaa
|
Transformateurs de produits halieutiques
|
Etat, FELOGIE pêche, ONG
|
Valorisation des produits halieutiques
|
Les 21 villages composants les îles
|
Service de pêche, USAID/Wula Nafaa
|
Pêcheurs, transformateurs de produits halieutiques
|
Etat, FELOGIE pêche, ONG
|
Sensibilisation sur
l'émigration
|
Sensibiliser la population surtout sur la migration
clandestine
|
Population des îles du Saloum
|
CADL, ONG
|
Les jeunes
|
Etat, ONG
|
Source : Enquête mémoire, Sarr
Mamadou, ENEA-2010
CONCLUSION GENERALE
Bien que la migration soit à l'origine de nombreux
facteurs, peu d'études ont révélé les
déterminants environnementaux. C'est pourquoi nous avons
concentré notre objectif qui est d'étudier la contribution de la
dégradation des écosystèmes de mangrove dans la
mobilité des populations insulaires du Gandoul.
Ainsi pour atteindre notre but, nous avons adopté
une méthodologie beaucoup plus qualitative que quantitative. C'est
à travers cette méthode que les villages de Bassoul et de Niodior
sont étudiés.
Cette étude est nécessaire, dans la mesure
où étant zones insulaires, les îles n'ont qu'une ressource
qui est principalement la mangrove. En effet, les enquêtes ont
révélé que les activités permettant aux populations
insulaires de survivre exploitent des ressources associées aux
forêts de palétuviers. La mangrove est dégradée voir
très dépéri dans les villages d'étude à
l'image des autres villages du Gandoul. Ce qui a du coup une influence
négative sur les exploitants des ressources liées aux
écosystèmes de mangroves. Par conséquent, beaucoup de fils
du terroir Niominka, voyant que le rendement de leurs activités baisse
davantage, cherchent des solutions alternatives dont la principale est la
migration.
Toutefois, d'autres personnes ont comme sources de revenus
à partir des activités non halieutiques.
La baisse de la productivité des activités
principales est à l'origine de beaucoup de départs, mais aussi
détermine certaines formes de migration dans les îles comme la
migration saisonnière et permanente.
À cet égard, les zones
fréquentées par les Niominka sont pour la plupart
côtières, mais la majorité des migrants sont des
saisonniers, bien que certains soient plus permanents. La migration est ainsi
l'affaire des jeunes dont la plupart sont des hommes. Par ailleurs, les
migrants sont en majorité mariés avec un niveau d'instruction
très faible. C'est pourquoi la dégradation des forêts de
mangrove détermine en un certain niveau le profil des migrants
Niominka.
Les migrants des îles du Saloum travaillaient
essentiellement dans des secteurs d'exploitation des ressources liées
aux mangroves. C'est pourquoi les pêcheurs sont très mobiles
à la recherche du poisson. La mobilité des transformateurs de
produits halieutiques n'est pas négligeable. Elle est orientée
vers les campements de pêches, mais elles sont de courte durée
allant de 15 jours à 3 mois. Cela devient un enjeu territorial, car
certains campements de pêche qui étaient inhabités au
départ sont devenus des villages suite à l'installation
complète des migrants qui les fréquentent. L'autre enjeu se
trouve au niveau de la distribution du travail dans l'espace, car le dynamisme
des activités halieutique devient faible au niveau des villages
où la ressource se raréfie. Ainsi dans les villages
d'étude, vu que la productivité des activités
d'exploitation des ressources associées aux écosystèmes de
mangroves, la propension à migrer est très importante, mais les
durées probables de migration sont plus significatives chez les
populations de Bassoul.
Donc pour contribuer à la réduction de la
contribution de la dégradation des forêts de mangrove dans la
dynamique migratoire des populations des îles du Saloum, trois axes de
propositions de solutions font l'objet de notre recommandation. C'est d'abord
de gérer de façon rationnelle la mangrove, ensuite d'encadrer les
exploitants de ressources associées à la mangrove et en fin de
sensibiliser sur la migration.
À partir de là, bien que les fils du terroir
Niominka sortent du Gandoul, leur zone constitue un lieu l'accueil d'autres
peuples venant d'horizons différents. Ne serait-il donc pas crucial
d'étudier la contribution de l'immigration dans le processus de
dégradation des écosystèmes de mangrove ?
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
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OIM, Document de travail : Migration et environnement,
Quatre-vingt-quatorzième session, 2007 ;
MBOUP Bara, Thèse : Politiques de developpement,
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articles
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BARTIAUX Françoise et VAN YPERSELE Jean Pascal, Les
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http://www.infosdelaplanete.org/3474/disparition-alarmante-des-mangrove.html?I=fr
Du 19 Juillet 2010
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l'environnement dans le delta du Saloum : Variabilité des
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électronique en sciences de l'environnement, Volume 9
No2, 2009, URL :
http://vertigo.revues.org/index8651.html
LE SANN Alain, Manque de rigueur, Cry sea,
Documentaire de 55minutes de Luca Cusani et Cafi Muhamud produit en 2007 en
Italie, traite de la crise de la pêche artisanale au
Sénégal in SAMUDRA, Revue
trisannuelle de collectif international d'appui à la
pêche artisanale, NO 54, Novembre 2009
Décrets et
lois
République du Sénégal, Loi No 98-32 du
14 Avril 1998 portant code de la pêche maritime
République du Sénégal, Loi No
98-164 du 20 Février 1998 portant code forestier
FAO, Code de conduite pour une pêche responsable,
Rome, FAO, 1995, 46p.
Webographie
http://books.google.com
http://www.fao.org
http://www.infosdelaplanete.org
http://www.ined.fr
http://remi.revues.org
http://www.iom.int
ANNEXES
Annexe 1 : Etendue, distribution et état des
mangroves du Sénégal
Source :
http://wrmbulletin.wordpress.com/2008/08/21/etat-actuel-et-conservation-des-mangroves-de-lafrique-vue-densemble/
Annexe 2 : Occupation du sol dans la RBDS en 1997
Source : Plan de gestion de la
RBDS
Annexe 3 : Carte pédologique des îles du
Saloum
Annexe 4 : Questionnaire
destiné aux chefs de ménage
Annexe 5 : Questionnaire destiné aux personnes
exploitants de
ressources associées à la mangrove
Annexe 6 : Guide d'entretien pour les personnes
ressources
GUIDE D'ENTRETIEN : PERSONNE RESSOURCE (Chef de
village)
Historique du village
1. Date de création du village
2. Les premiers habitants et leurs modes de vie
Evolution historique de l'état de la
mangrove
1. Etat de l'écosystème de mangrove il y'a 30
ans
2. Activités anciennes liées avec la mangrove
3. Conséquence de cet état sur ces
activités
4. Etat actuel de la mangrove
5. Activités actuelles liée à la mangrove
6. Conséquence de l'état actuel de la mangrove sur
ces activités
7. Mode d'exploitation des ressources de mangrove (ancien et
actuel)
Situation de la migration
1. Causes de la migration
2. Conséquences de la migration
3. Profil des migrants
4. Les zones de destination (par activité);
5. Les périodes de migration (par type
d'activité) ;
6. Durée de la migration ;
7. Suggetions.
Annexe 7 : Guide d'entretien structure
GUIDE D'ENTRETIEN STRUCTURE (Océanium, Wula
Nafaa)
Nom de la
structure...........................................................................................
Responsable de la
structure......................................................................
Début d'intervention dans le
village :.........................................................
Domaines
d'intervention :.......................................................................
............................................................................................................................................................................................................
Mission et
objectifs :......................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Réalisations dans le
village:..............................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Opinion sur la migration (causes et
conséquences)...........................................................................................................................................................................................
Relation migration et écosystèmes de
mangrove......................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Annexe 8 : Guide d'entretien Chef CADL
GUIDE D'ENTRETIEN CHEF CADL
Nom............................................................................
Prénom.......................................................................
Fonction.....................................................................
1. Evolution pluviométrie (1999 à 2010)
..................................................................................................................................................................
2. Evolution des espèces de mangrove (de 1990 à
2010)
..................................................................................................................................................................................................................................................
3. Les activités liées à la mangrove
...................................................................................................................................................................................................................................................
4. Les modes de gestion de la mangrove
...................................................................................................................................................................................................................................................
5. Situation de la migration dans l'arrondissement
..........................................................................................................................................................................................................................................
6. Relation migration et ressources de mangrove
......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
7. Suggetion et recommandation
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
* 1 Les îles du Gandoul
sont formées par l'ensemble des îles du Saloum. Ces îles
occupent la partie Nord du Delta du Saloum
* 2 Les Niominka sont un
groupe ethnique du
Sénégal établi
dans les îles du
Saloum. Le nom même
Niominka signifiant « homme du littoral » serait
dérivé du mandingue. Les Niominka sont ainsi issus d'un brassage
de populations, constituées à la fois par des groupes littoraux
autochtones et des migrants venus du continent en différentes phases,
surtout des Mandingues du Gabou des sérères et des anciens
esclaves (Cormier Salem, 1999). Leur terroir est le Gandoul. Ils
représenteraient un peu moins de 1 % de la population du pays.
Insulaires, ils sont à la fois agriculteurs (riz, mil, arachide),
éleveurs et « gens de mer » : la pêche
pour les hommes et la collecte des coquillages pour les femmes constituent
leurs activités principales.
* 3 Sustainable Fisheries
Livelihoods Programme, 2000).
* 4 Direction des Pêches
Maritime du Sénégal (DOPM), Rapport annuel des statistiques de la
pêche maritime du Sénégal
* 5 En son article L.55 la loi
stipule que le service des Eaux et Forêts est chargé de
la gestion du domaine forestier de l'Etat, sous réserve des dispositions
particulières au service des parcs nationaux.
* 6 Les cahiers de l'alternance,
enjeux de l'émigration au Sénégal, Décembre 2007,
No11
* 7 Le Petit Robert 2009
* 8 Le Petit Larousse 2010
* 9 Hachette Multimédia
2006
* 10 Encyclopaedia Universalis
2010
* 11
http://planetevivante.worldpress.com/2009/01/09/renaissance-de-la-mangrove--en-casamance-senegal/
* 12 Microsoft Encarta, 2009
* 13 Le bolong est un mot
d'origine mandingue qui désigne un chenal d'eau salée
bordé de palétuviers, caractéristique des zones
côtières du Sénégal ou de la Gambie. Ces
chêneaux constituent la principale zone de pêche pour les
populations des îles du Saloum
* 14 Enquête
mémoire, Sarr Mamadou-ENEA 2010
* 15
http://vertigo.revues.org/2206
du 18 octobre 2010
* 16 Responsable zone 5 des
îles du Saloum de l'OCEANIUM
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