II Résultats: analyse et discussion
Rappelons tout d'abord nos hypothèses:
-hypothèse 1: Des troubles musculo-squelettiques peuvent
être à l'origine d'une dysphonie dysfonctionnelle simple.
-hypothèse 2: Même si les qualités
acoustiques de la voix des sujets avec troubles musculo-squelettiques sont
altérées, aucun des sujets ne se considère comme
dysphonique.
-hypothèse 3: La sévérité de la
dysphonie est proportionnelle à la gravité des troubles
musculo-squelettiques.
-hypothèse 4: Une dysfonction en Y négatif est la
plus susceptible d'engendrer une dysphonie dysfonctionnelle simple.
Nous allons maintenant présenter les résultats de
notre recherche.
II.1 Analyse vocale objective
L'objectif spécifique de notre recherche est de mettre
en évidence des troubles vocaux chez des sujets souffrant de troubles
musculo-squelettiques. En partant de cet objectif, nous avons retenu plusieurs
critères, nécessaires pour déterminer la présence
de troubles vocaux. Ces critères sont le rendement de la source vocale,
la hauteur, l'intensité et le timbre de la voix. Pour évaluer
chacun d'eux nous avons mesuré:
-le Temps Maximum de Phonation (TMP) pour le rendement de la
source vocale
-la fréquence fondamentale et le jitter pour la hauteur
-le shimmer pour l'intensité
-l'échelle de Yanaguihara et le rapport harmoniques/bruit
(H/N) pour
le timbre.
Nous allons maintenant exposer nos résultats concernant
l'analyse objective de la voix des 40 sujets de notre étude.
II.1.1 Temps Maximum de Phonation
Le TMP permet de révéler une fuite glottique
à la phonation et/ou une mauvaise coordination pneumophonique. En
présence d'une dysphonie, la durée du TMP est
généralement d'autant plus raccourcie que la dysphonie est
importante. Un TMP est considéré comme normal pour une valeur:
-supérieure ou égale à 15 secondes chez
les hommes -supérieure ou égale à 10 secondes chez les
femmes.
Il apparaît que 60% de notre population a un TMP
pathologique, ce pourcentage s'élevant à 77% chez les hommes, et
à 52% chez les femmes (cf tableau et graphiques ci-dessous)
nombre de sujets
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
3
|
10
|
femme
|
13
|
14
|
total
|
16
|
24
|
% du nombre de sujets
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
23,08
|
76,92
|
femme
|
48,15
|
51,85
|
total
|
40
|
60
|
TMP
TMP: distribution des sujets
TMP: distribution des sujets masculins TMP: distribution des
sujets féminins
TMP: distribution des 40 sujets de l'étude
Plusieurs éléments peuvent expliquer ces
proportions. Comme tous les sujets de notre étude souffrent de troubles
musculo-squelettiques, il est possible que leurs tensions limitent la dynamique
respiratoire, élément important pour la réalisation du
TMP. Leurs troubles posturaux peuvent également toucher, de plus ou
moins loin, la colonne cervicale, créant des tensions
péri-laryngées néfastes pour la phonation.
Le tableau suivant mentionne les TMP maximum et minimum ainsi
que la durée moyenne du TMP. La grande dispersion des résultats
fait ressortir que le TMP, seul, n'est pas suffisant pour déterminer la
pathologie. Même si le sujet ayant le TMP le plus court est
également celui dont les qualités vocales sont les plus
altérées, avoir un TMP très court ne signe pas pour autant
la présence d'une dysphonie. De même, avoir un TMP très
élevé ne signe pas pour autant la présence d'une bonne
voix. Ainsi, le sujet 7 a une dysphonie de type 3 alors que son TMP est normal
(17,4 secondes). A l'inverse, deux sujets, sur les trois n'ayant pas
d'altération vocale, ont un TMP pathologique (sujets 2 et 16).
Néanmoins, les quatre sujets dont les voix sont les plus
altérées sont aussi ceux dont les TMP sont très
pathologiques (entre 6,21 et 8,5 secondes pour les femmes).
|
TMP minimum
|
TMP maximum
|
Moyenne
|
femmes
|
6,21
|
31,27
|
11,4
|
hommes
|
7,13
|
22,77
|
13,26
|
TMP en secondes
Du reste, la grande variabilité de nos résultats
correspond aux données de la littérature selon lesquelles il
existe une grande variabilité du TMP entre les individus, au cours du
temps, et selon les stratégies mises en place par les sujets. En effet,
nous avons pu remarquer lors de nos expérimentations que de nombreux
patients mettaient en place des stratégies diverses pour tenter
d'augmenter leur TMP au fil des trois essais.
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