À PROPOS D'UNE ANALYSE OBJECTIVE DE LA
VOIX DE 40 SUJETS PRÉSENTANT DES TROUBLES
MUSCULO-SQUELETTIQUES
Tentative de corrélation entre troubles
musculo-squelettiques et dysphonie dysfonctionnelle simple
MÉMOIRE présenté en
vue de l'obtention du
CERTIFICAT DE CAPACITÉ
D'ORTHOPHONISTE par
Marion VIENNOT
17 Juin 2010
JURY
Président : Monsieur le Professeur J.P. LOUIS
Rapporteur : Madame C. DAUBIÉ
Assesseur : Madame F. CARLIER-BAILLY
À PROPOS D'UNE ANALYSE OBJECTIVE DE LA
VOIX DE 40 SUJETS PRÉSENTANT DES TROUBLES
MUSCULO-SQUELETTIQUES
Tentative de corrélation entre troubles
musculo-squelettiques et dysphonie dysfonctionnelle simple
MÉMOIRE présenté en
vue de l'obtention du
CERTIFICAT DE CAPACITÉ
D'ORTHOPHONISTE par
Marion VIENNOT
17 Juin 2010
JURY
Président : Monsieur le Professeur J.P. LOUIS
Rapporteur : Madame C. DAUBIÉ
Assesseur : Madame F. CARLIER-BAILLY
REMERCIEMENTS
Mes sincères remerciements vont à
· Monsieur le Professeur Jean-Paul Louis
pour m'avoir fait l'honneur d'accepter de présider mon jury et pour
l'intérêt qu'il a montré envers mes recherches,
· Madame Catherine Daubié pour
avoir accepté d'être mon rapporteur et m'avoir fait confiance dans
la réalisation de cette recherche, ainsi que pour tout ce qu'elle m'a
appris par ailleurs tout au long de cette année,
· Madame Florence Carlier-Bailly pour son
accueil chaleureux, sa disponibilité, et pour m'avoir fait
découvrir toutes les richesses de la posturologie,
· mes Parents et à ma Famille pour
leur présence et leur soutien pendant cette année et toutes
celles qui l'ont précédée,
· The grande prêtresse du G.L.I.
pour ses pinayatchs, ses tripsmes et autres petits Tms jusqu'à
pas d'hours,
· Linou, Milie et Jérèm pour
tous les bons moments de détente et pour leur soutien sans faille tout
au long de ces quatre années d'études,
· Marc et Anne-Catherine sans qui je
n'aurais sans doute jamais cherché à explorer cette voie aux
trésors insoupçonnés,
· tous les Patients qui se sont
prêtés aux expérimentations, pour le don de leur temps et
de leur voix,
· tous les Relecteurs pour leurs
corrections avisées,
· mes Conseillers informatiques pour leurs
hot-lines ouvertes 24h sur 24, les dimanches et jours fériés,
· Tous Ceux qui, de près ou de loin, m'ont
aidée dans cette recherche, de quelque manière que ce
soit.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 4
SOMMAIRE 5
INTRODUCTION 8
ANCRAGES THEORIQUES 9
I Éléments d'anatomie et de physiologie
9
I.1 Le larynx 9
I.2 Le système respiratoire 17
I.3 Les résonateurs 24
I.4 Le rôle particulier de la mandibule 27
I.5 Éléments de neurologie 28
I.6 Deux modèles de vibration des cordes vocales 29
II Les dysphonies dysfonctionnelles simples
35
II.1 Le forçage vocal 36
II.2 Facteurs déclenchants et/ou favorisants 39
III Évaluation de la voix 44
III.1 Mesures subjectives de la voix 44
III.2 Représentations de la voix par des mesures
objectives 49
III.3 Hauteur 54
III.4 Timbre 58
III.5 Intensité 61
III.6 Rendement de la source vocale 64
IV La Posture 66
IV.1 Linguistique et historique 66
IV.2 Comment tient-on debout? 70
IV.3 Composition du système postural 72
IV.4 La posturologie clinique 77
V Voix et posture 80
V.1 Observations et expérience quotidienne des praticiens
de la voix 80
V.2 Etudes posturales sur la voix 86
V.3 Respiration, posture et voix 97
V.4 Ostéopathie et posture phonatoire 104
V.5 Odontologie 109
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES 113
I Problématique 113
II Hypothèses 113
PARTIE PRATIQUE 115
I Protocole de recherche 115
I.1 Lieu de l'expérimentation 115
I.2 Population ...115
I.3 Recueil de données 116
I.4 Analyse statistique 117
II Résultats: analyse et discussion
118
II.1 Analyse vocale objective 119
II.2 Analyse vocale subjective 129
II.3 Corrélations entre données
stabilométriques et données vocales 130
II.4 Dysfonctions en Y 132
III Conclusions 134
BIBLIOGRAPHIE 137
TABLE DES MATIERES 145
ANNEXES 155
INTRODUCTION
La voix pourrait se résumer à un
phénomène mécanique d'origine laryngée. Toutefois,
son expression implique le corps dans son ensemble. Ainsi, nous pouvons la
réduire à ses qualités acoustiques, mais, lorsqu'elle
s'exprime dans la parole, elle devient l'expression de l'individu tout entier
(son corps, ses pensées, son état émotionnel, ...).
Pourtant, le plus souvent, nous ne pensons pas à notre
voix. Ce n'est que lorsqu'elle est défaillante que nous y prêtons
réellement attention. Or, il n'est pas rare qu'un patient, consultant
pour un problème de voix, exprime aussi une gêne autre, notamment
aux niveaux corporel. Pour reprendre des expressions et des sentiments communs,
c'est au moment où on en a « plein le dos » que la voix «
déraille ».
Aussi, les relations entre posture et phonation sont
évidentes pour tous les professionnels de la voix, qui en observent et
en ressentent les manifestations au quotidien. Nous cherchons, dans ce
mémoire, à objectiver ces liens, qui ne sont souvent
perçus et décrits que de manière subjective.
Dans une première partie, théorique, nous
décrirons tout d'abord ce qu'est la voix, son fonctionnement et ses
dysfonctionnements, ainsi que les moyens dont nous disposons pour
l'étudier. Puis, nous exposerons les principaux éléments
concernant l'équilibre postural, ainsi que la profession qui
étudie et traite spécifiquement ses défaillances, la
posturologie. Enfin, nous donnerons un aperçu des connaissances
actuelles relatives aux liens unissant la production vocale et
l'équilibre postural.
Dans une seconde partie, pratique, nous étudierons la
posture et la voix de 40 sujets présentant des troubles
musculo-squelettiques, dans le but d'établir des corrélations
entre les deux domaines qui nous intéressent ici: la voix et la
posture.
ANCRAGES THEORIQUES
I Eléments d'anatomie et de physiologie
La voix est le résultat de la mise en jeu de trois
éléments principaux:
-l'appareil respiratoire qui fournit le souffle
nécessaire à la vibration
laryngée
-le vibrateur laryngé qui produit les vibrations à
l'origine du son
-les résonateurs composés des cavités
sus-glottiques qui enrichissent et mettent en forme le son laryngé.
Nous décrirons tout d'abord le larynx,
élément central de la phonation, puis nous expliciterons la
composition et le fonctionnement de la soufflerie pulmonaire et des
résonateurs. Nous évoquerons ensuite le rôle de la
mandibule et du système nerveux dans la phonation, avant de revenir sur
les différentes théories décrivant les mécanismes
de vibrations des plis vocaux.
I.1 Le larynx
Le larynx est situé dans la partie antérieure du
cou et s'étend de la 3ème à la 6ème
vertèbre cervicale. Il est constitué d'un squelette
ostéo-cartilagineux qui débouche en haut sur le pharynx et en bas
sur la trachée. En plus d'assurer les trois fonctions vitales que sont
la respiration, la déglutition et la protection des voies
aériennes supérieures, le larynx est l'organe majeur de la
phonation puisque c'est en son sein que sont produits les sons dits «
laryngés » par la transformation de l'énergie
aérienne.
I.1.1 Les cartilages
Le larynx comporte trois cartilages impairs, et trois
cartilages pairs et symétriques. Le cartilage cricoïde,
situé juste au-dessus de l'anneau trachéal supérieur,
forme un anneau complet. Sur ses fossettes articulaires postérieures se
trouvent les deux cartilages aryténoïdes. Ce sont deux petits
cartilages triangulaires qui jouent un rôle clé dans la production
vocale. En effet, les aryténoïdes disposent chacun de trois
apophyses: une apophyse vocale qui s'étend
antérieurement et sur laquelle viennent s'insérer les ligaments
vocaux, une apophyse musculaire qui s'étend latéralement et qui
constitue un site d'insertions musculaires et une apophyse supérieure
sur laquelle se fixent les cartilages corniculés. Les cartilages
cunéiformes sont situés antérieurement et
latéralement aux cartilages corniculés, à
l'intérieur du pli ary-épiglottique. Le cartilage thyroïde,
en forme de dièdre, est situé au-dessus du cartilage
cricoïde. Il possède deux cornes inférieures qui
s'articulent avec le cartilage cricoïde et deux cornes supérieures,
plus longues, qui s'articulent avec l'os hyoïde. Enfin, le cartilage
élastique épiglottique, en forme de goutte d'eau
renversée, s'attache à la surface intérieure de l'angle
thyroïdien.
Les cartilages du larynx (d'après Netter)
1
1 McFarland David H. (2006), L'anatomie en orthophonie,
parole, voix et déglutition, Paris: Masson, p81.
I.1.2 Les ligaments et membranes
Les ligaments et membranes lient les cartilages
laryngés entre eux mais aussi aux structures adjacentes au larynx.
Les ligaments et membranes intrinsèques lient les
différents cartilages entre eux. Ils sont formés par du tissu
conjonctif qui tapisse tout le larynx. La portion supérieure est
appelée membrane quadrangulaire et la portion inférieure
cône élastique. La membrane quadrangulaire s'étend, de la
marge latérale de l'épiglotte et de l'angle du cartilage
thyroïde, jusqu'aux cartilages corniculés et
arythénoïdes. Elle forme les plis ary-épiglottiques et les
ligaments ventriculaires. Le cône élastique lie les cartilages
thyroïde, cricoïde et aryténoïdes. Il est divisé
en deux parties: le ligament crico-thyroïdien médian et les
membranes crico-thyroïdiennes latérales. Ce sont ces
dernières qui composent les ligaments vocaux.
Les ligaments et membranes extrinsèques suspendent le
larynx et le relient aux structures adjacentes. La membrane et les ligaments
thyro-hyoïdiens suspendent le larynx en reliant le cartilage thyroïde
à l'os hyoïde. Le ligament hyo-épiglottique lie
l'épiglotte à l'os hyoïde et la membrane
crico-trachéale joint le bord inférieur du cartilage
cricoïde au premier anneau trachéal.
Vue supérieure de la musculature intrinsèque du
larynx (d'après Netter) 2
I.1.3 Les plis vocaux
Les plis vocaux correspondent à ce que l'on appelle
couramment les cordes vocales. Sur une coupe coronale du larynx on observe, de
haut en bas, les plis ventriculaires, le ventricule de Morgani et les vrais
plis vocaux.
2 McFarland David H. p95, Op. cit. p6.
Configuration interne du larynx (coupe frontale
d'après Lumby) 3
La longueur des plis vocaux est d'environ 15 à 20 mm chez
l'homme et d'environ 9 à 13 mm chez la femme. L'épaisseur de ces
plis est d'environ 5 mm.
Chez l'adulte, le pli vocal est composé de cinq couches
de tissus. La couche la plus superficielle est constituée
d'épithélium assez rigide qui maintient la forme des plis vocaux.
En dessous se trouve l'espace de Reinke qui est la couche la plus active lors
de la vibration des plis vocaux. Viennent ensuite les couches
intermédiaires et profonde qui constituent le ligament vocal. Enfin, le
muscle vocal se situe sous le ligament vocal.
Les cinq couches du pli vocal 4
I.1.4 Musculature intrinsèque du larynx
Il y a cinq paires de muscles intrinsèques au larynx
(leurs noms indiquant leurs insertions nous nous contenterons simplement de les
citer avant de décrire leurs actions) : les muscles
thyro-aryténoïdiens, les muscles crico-aryténoïdiens
postérieurs et latéraux, les muscles
ary-aryténoïdiens et les muscles crico-thyroïdiens.
3 Cornut G. (2005), La voix, Paris: Presse Universitaire
de France (Collection Que-sais-je?), p16.
4 Ibid. p17.
Muscles intrisèques du larynx (d'après
Netter) 5
I.1.1 Mécanique de l'accolement des cordes
vocales
Il est dit que les muscles thyro-aryténoïdiens
forment la majeure partie des muscles vocaux. En réalité, ils
soutiennent les muscles vocaux à proprement parler, et aident à
l'adduction de ces derniers par leur contraction.
Les crico-aryténoïdiens latéraux sont des
muscles adducteurs. Leur contraction assure une fermeture glottique correcte en
tirant les apophyses vocales vers la ligne médiane. Les muscles
ary-aryténoïdiens (aussi appelés
interaryténoïdiens) sont également des muscles adducteurs.
Ils tirent les deux cartilages aryténoïdes sur la ligne
médiane rapprochant ainsi les plis vocaux.
5 MacFarland D. H. p95, Op. cit. p.6.
extrinsèques du larynx sont reliés à cet os.
Il supporte donc le larynx mais n'est pas toujours considéré
comme faisant partie de ce dernier.
6 MacFarland D. H. p99, Op. cit. p.6.
I.1.3 La musculature extrinsèque du larynx
Il y a huit muscles extrinsèques au larynx. Les muscles
thyro-hyoïdien, sterno-hyoïdien, omo-hyoïdien et
sterno-thyroïdien sont abaisseurs du larynx et sont dits muscles
sous-hyoïdiens. Les muscles mylo-hyoïdien,
génio-hyoïdien, stylo-hyoïdien et digastrique sont
élévateurs du larynx et sont dits sus-hyoïdiens.
Au cours de la phonation, le larynx se déplace:
-vers le haut et l'avant lors de la production d'un son aigu
par la contraction des muscles génio-hyoïdien, digastrique
antérieur, mylo-hyoïdien, thyrohyoïdien et stylopharyngien
-pour la production d'un son grave, ce sont les muscles
soushyoïdiens qui interviennent.
A chacune de ces contractions correspond la contraction plus ou
moins importante d'un muscle antagoniste qui contrôle le mouvement.
Les muscles sus et sous-hyoïdiens (d'après
Netter) 7
7 MacFarland D. H. p104, Op. cit. p.6.
I.2 Le système respiratoire 8
Les muscles du système respiratoire ont pour rôle
d'augmenter et/ou de diminuer le volume pulmonaire. Nous allons dans un premier
temps présenter les différents mouvements que peuvent effectuer
l'ensemble des éléments de la cage thoracique et ensuite
décrire les muscles à l'origine de ces mouvements et leurs
actions respectives.
I.2.1 Mécaniques costales et thoraciques
9
Le mouvement costal peut s'effectuer selon trois axes
différents (nous n'expliciterons pas le troisième car minime chez
l'homme). Lorsque l'extrémité antérieure d'une côte
s'élève ou s'abaisse autour d'un axe transversal (passant par les
articulations costo-vertébrales et costo-transversaires), on parle de
mouvements « en poignée de pompe ». Lorsque la partie externe
de l'arc costal s'élève ou s'abaisse autour d'un axe
antéro-postérieur (passant par les deux extrémités
antérieure et postérieure de l'arc costal, ces
extrémités restant fixes), on parle de mouvements « en anse
de seau ». Le mouvement en poignée de pompe est prédominant
pour les côtes supérieures et celui en anse de seau pour les
côtes inférieures. Mais en réalité, les deux
mouvements peuvent se combiner en proportion variable selon les cas.
Mouvements costaux « en poignée de pompe »
à gauche, et en « anse de seau » à droite
(d'après Le Huche)10
8 Calais-Germain B. (2009), Respiration anatomie-geste
respiratoire, Borgo San Dalmazzo: Désiris.
9 Le Huche F., Allali A. (1978), Anatomie et physiologie des
organes de la voix et de la parole, Paris: Ovep.
10 Le Huche F., Allali A., ibid, p32.
Dans son ensemble, le thorax est soumis aux mouvements
costaux. Au mouvement élémentaire en poignée de pompe,
correspondent les mouvements d'élévation et d'abaissement du
thorax. Et au mouvement élémentaire en anse de seau correspondent
les mouvements d'élargissement et de resserrement du thorax. Le sternum,
quant à lui, se déplace parallèlement à
lui-même, vers le haut et l'avant à l'inspiration; au contraire il
se déplace vers le bas et l'arrière à l'expiration.
Cependant, lors de mouvements thoraciques d'élévation /
abaissement exclusivement, le sternum bascule négativement à
partir de sa partie basse. A l'inverse, lors de mouvements thoraciques
d'élargissement / resserrement exclusifs, le sternum bascule
positivement à partir de sa partie haute.
Il est intéressant de noter ici le rôle
respiratoire du mouvement vertébral. En effet, lors de l'extension de la
colonne vertébrale, les côtes sont écartées en
éventail ce qui a pour effet d'augmenter l'inspiration. Au contraire,
une flexion antérieure de la colonne vertébrale resserre les
côtes aidant ainsi à l'expiration. Cependant, ces mouvements
vertébraux peuvent avoir des effets perturbateurs en phonation notamment
dans le cadre de forçage vocal.
Fonction respiratoire du mouvement vertébral
(d'après Le Huche) 11
I.2.2 Le diaphragme comme muscle principal
Le diaphragme est un muscle impair. Il a la forme d'une
coupole irrégulière qui est plus développée
postérieurement qu'antérieurement. Situé dans le thorax,
il sépare ce dernier de l'abdomen. La partie centrale du diaphragme
appelée le centre phrénique, est une structure fibreuse
aponévrotique et ne peut donc pas se contracter (puisque ne
possédant pas de fibre musculaire). Le centre phrénique est donc
tracté par les fibres musculaires qui l'entourent. Ces fibres
musculaires partent du centre
11 Le Huche F., Allali A. (1978), p32, Op. cit. p12.
phrénique, sont disposées en rayon et se
terminent sur le pourtour de la cage thoracique. Le lieu où elles
s'attachent détermine leur nom: fibres costales, fibres sternales et
fibres vertébrales. Les fibres vertébrales étant plus
longues que les fibres sternales, la contraction du diaphragme entraîne
un mouvement plus important vers l'arrière que vers l'avant. Les poumons
étant posés sur le diaphragme, le moindre mouvement de celui-ci
se répercute donc sur la partie basse des poumons.
La contraction du diaphragme a pour effet d'augmenter le
volume de la cage thoracique, verticalement et latéralement (en poussant
les côtes vers le haut et l'extérieur). Le volume des poumons
augmente donc, créant ainsi une pression alvéolaire
négative.
Lorsque le diaphragme se relâche, il vient reprendre sa
place initiale.
Projection des coupoles diaphragmatiques sur le gril costal
(d'après Le Huche) 12
I.2.3 Les muscles inspirateurs costaux
Les muscles inspirateurs costaux agissent depuis
l'extérieur de la cage thoracique. Nous les avons regroupés selon
la région depuis laquelle ils agissent.
I.2.3.1 Les muscles qui élèvent les
côtes depuis
la ceinture scapulaire et le bras
Le petit pectoral s'insère en haut sur la saillie
antérieure de l'omoplate et ses fibres descendent antérieurement
pour former un éventail qui vient s'insérer sur les
3ème, 4ème et 5ème
côtes. Sa contraction élève les côtes vers l'avant et
permet une inspiration dite « sous la clavicule ».
Le grand pectoral s'étale au-dessus du petit pectoral
et relie la clavicule, les huit premières côtes et le sternum. Ce
muscle puissant entraîne une inspiration plus
12 Le Huche F., Allali A. (1978), p15, Op. cit. p12.
basse et plus ample que le petit pectoral.
Le grand dentelé s'insère sur le bord interne de
l'omoplate et sur la partie médiane des dix premières
côtes. C'est l'un des muscles inspirateurs les plus puissants. Sa
contraction donne une inspiration « en anse de seau » puisqu'elle
tire les côtes latéralement et vers le haut.
I.2.3.2 Les muscles qui élèvent les
côtes depuis la colonne dorsale
Les surcostaux sont de petits muscles qui relient les
apophyses transverses des vertèbres dorsales aux côtes. Chacun de
ces muscles possède des fibres qui s'insèrent sur la partie
postérieure de la côte inférieure voisine et sur la
côte située deux étages plus bas. La contraction des
surcostaux élève les côtes postérieurement depuis la
colonne dorsale.
Les petits dentelés postérieurs et
supérieurs s'insèrent sur les trois dernières
vertèbres cervicales et sur les trois premières vertèbres
dorsales. Leurs fibres descendent pour venir s'insérer au niveau de
l'angle postérieur des quatre premières côtes. Leur
contraction tirent les côtes vers l'arrière et vers le haut.
Les spinaux sont des muscles profonds qui relient chaque
vertèbre à l'apophyse de la côte inférieure. Ces
muscles sont extenseurs de la colonne dorsale, ce qui, indirectement,
élève la cage thoracique, la plaçant ainsi en position
d'inspiration.
I.2.3.3 Les muscles qui élèvent les
côtes depuis la tête et le cou
Les scalènes antérieurs relient les apophyses
transverses des 3ème, 4ème, 5ème et
6ème vertèbres cervicales à la première
côte. Les scalènes moyens relient les bords externes des
2ème, 3ème, 4ème,
5ème, 6ème et 7ème vertèbres
cervicales à la première côte également. Les
scalènes postérieurs s'insèrent sur les 4ème,
5ème et 6ème vertèbres cervicales et
contrairement aux autres scalènes, s'insèrent plus bas sur la
2ème côte. Les scalènes soulèvent les
côtes latéralement en les mobilisant en poignée de
pompe.
Les sterno-cléïdo-mastoïdiens
s'insèrent en bas sur la face antérieure du manubrium sternal et
sur le quart interne du bord supérieur et postérieur de la
clavicule. En haut, ses insertions s'étendent de l'apophyse
mastoïde à l'occiput. Les sterno-
cléïdo-mastoïdiens participent surtout lors
d'inspirations hautes en élevant la cage thoracique à partir du
sternum.
Enfin, les petits dentelés postérieurs et
supérieurs décrits précédemment participent aussi
lors d'inspirations hautes.
I.2.4 Les muscles expirateurs
Bien que la première force expiratoire résulte
du retour élastique des poumons, plusieurs muscles peuvent accompagner
et moduler la remontée diaphragmatique.
Les abdominaux sont les muscles qui entourent l'abdomen. Ils
s'agit de trois muscles larges, répartis en trois couches de chaque
côté du grand droit. En haut, ils s'insèrent plus ou moins
profondément sur la partie basse de la cage thoracique. Leurs insertions
basses se font sur la crête iliaque et l'arcade crurale. Ils peuvent agir
de deux manières sur l'expiration, en remontant les viscères
et/ou en mobilisant les côtes inférieures postérieurement
de par leurs insertions sur la colonne.
Le transverse constitue la couche profonde des abdominaux. Il
s'attache en arrière sur les vertèbres lombaires. Sa contraction
a un effet essentiellement viscéral sur l'expiration.
Le petit oblique, lorsqu'il agit en synergie avec le
transverse, accentue le resserrement au niveau de la taille. Mais il peut aussi
participer à l'expiration costale en tirant les côtes basses vers
le bas.
Le grand oblique forme la couche externe des abdominaux. Il
agit de différentes manières sur l'expiration. Il peut abaisser
les côtes basses, resserrer le diamètre de l'abdomen au niveau de
la taille ou dans sa portion la plus inférieure.
Le grand droit de l'abdomen est formé d'une paire de
muscles verticaux (séparés par la ligne blanche) qui
s'étendent du pubis à l'appendice xiphoïde en passant par
les cartilages costaux 5, 6 et 7. Ainsi, le grand droit peut abaisser le
sternum et donc participer à l'expiration costale antérieure. Il
peut également remonter le pubis et entraîner une
rétroversion du bassin lors de respirations intenses. En outre, il
complète l'action des abdominaux décrits
précédemment.
Muscles abdominaux (d'après Ormezzano)
13
D'autres muscles plus petits entrent en jeu lors de certains
types d'expirations. Il s'agit du triangulaire du sternum situé à
l'intérieur de la cage thoracique. Il s'attache sur le sternum et sur
les cartilages costaux 2 à 7. Sa contraction ferme donc le sternum en
abaissant les cartilages vers l'arrière. D'autre part, le carré
des lombes et les petits dentelés inférieur et postérieur
sont également expirateurs.
I.2.5 Les intercostaux, muscles respirateurs
à actions variables
Les intercostaux s'insèrent entre chaque étage
des côtes, à l'intérieure de la cage thoracique. Ils sont
formés de deux couches, la couche interne étant située
sous les intercostaux externes. Se sont donc des muscles principalement
expirateurs puisque leur contraction diminue les espaces intercostaux.
Cependant, selon la côte prise comme point fixe, la contraction des
intercostaux aura pour effet:
-de rapprocher les côtes vers le haut dans un mouvement
inspirateur si la côte supérieure est prise comme point fixe
-d'abaisser l'ensemble des côtes dans un mouvement
expiratoire si la côte la plus basse constitue le point fixe.
13 Ormezzano Y. (2000), Le guide de la voix, Paris:
Odile Jacob, p80.
I.2.6 Action des muscles respirateurs durant
la phonation
Le rythme respiratoire est modifié pendant la
phonation, celle ci s'effectuant sur l'expiration. Aussi, le temps inspiratoire
se raccourcit et le temps expiratoire est prolongé. L'expiration,
devenue active, est alors appelée « souffle phonatoire ».
M. A. Faure décrit quatre modes respiratoires couramment
rencontrés14:
-l'inspiration scapulaire: souvent présente chez les
personnes dont les courbures vertébrales sont exagérées,
elle provoque un enroulement des épaules, un blocage du sternum et donc
un moins bon contrôle du souffle phonatoire
-l'inspiration thoracique supérieure: relevant d'un
besoin vital d'expansion pulmonaire, elle provoque des tensions au niveau de
l'ensemble de la musculature respiratoire ainsi qu'une émission en
soupir contraire à une bonne dynamique de communication
-l'inspiration abdominale: elle reflète une mise en
tension du diaphragme et de la musculature abdominale. Exagérée,
elle a pour effet de diminuer le temps phonatoire, du fait de
l'exagération de la lordose lombaire et des tensions induites au niveau
thoracique
-l'inspiration complète: mobilisant l'ensemble de la
cage thoracique et de la musculature respiratoire, elle est accompagnée
d'un redressement vertébral et d'une ouverture thoracique
appropriée à la phonation.
Représentation schématique du travail des
muscles respiratoires pendant la phonation15
14 Faure M.-A. (1988 b), « Dynamique respiratoire et
qualités acoustiques de la voix », Bulletin d'audiophonologie
Paris, Besançon, département d'ORL et d'audiophonologie,
Faculté de Médecine de Besançon , 119,4;
95-106.
15 Cornut G, p45, Op. cit. p8.
I.3 Les résonateurs
Les résonateurs sont situés au-dessus des plis
vocaux et comprennent les cavités pharyngée, nasale et orale. Ils
composent ce qu'on appelle le tractus vocal. En effet, ce sont eux qui modulent
le son laryngé. Ainsi, selon leurs formes, leurs volumes et leurs
mouvements, ils timbrent la voix et articulent la parole.
I.3.1 Le pharynx
Le pharynx renforce de façon
préférentielle les fréquences comprises entre 250 et 500
Hertz. Il se divise en trois parties distinctes qui sont, de haut en bas: le
nasopharynx, l'oropharynx et le laryngopharynx.
En tant que résonateur, le pharynx permet, par les
mouvements des différentes structures qui le composent, d'en modifier
les positions et les dimensions. La forme du pharynx peut être
modifiée par la position du larynx, l'action des muscles constricteurs
du pharynx, la contraction ou non du voile du palais16 et la place
de la base de langue.
En outre, les insertions laryngées de certains muscles
pharyngés peuvent nous intéresser dans le cadre de cette
étude. Les muscles pharyngés sont:
-les constricteurs pharyngés supérieurs (muscles
formant les côtés et l'arrière du nasopharynx ainsi qu'une
partie du mur postérieur de l'oropharynx)
-les constricteurs pharyngés médians (qui ont
pour origine les cornes de l'os hyoïde et le ligament stylo-hyoïdien,
et qui s'insèrent dans le raphé pharyngé médian)
-les constricteurs pharyngés inférieurs (qui sont
reliés au cartilage
cricoïdien)
-les muscles salpingo-pharyngiens
-et les muscles stylopharyngiens (qui ont pour origine la base de
l'apophyse styloïde de l'os temporal, et qui s'insèrent sur les
cartilages thyroïdiens)
16 La décontraction du voile du palais ouvre le
résonateur nasal, alors que sa contraction ferme ce
résonateur.
Constricteurs et élévateurs du pharynx
(d'après Le Huche) 17 Face antérieure du pharynx
(d'après Le Huche) 18
I.3.2 La cavité orale
D'un point de vue physique, la cavité buccale renforce
préférentiellement les fréquences comprises entre 700 et
2500 Hertz. Elle est le lieu privilégié de l'articulation et sa
forme varie selon la position de la mâchoire, de la langue, des
lèvres et des joues. Nous ne décrirons ici que la langue car, par
son contact avec les dents et le palais, ainsi que par ses liens avec les
structures adjacentes, nous verrons qu'elle joue un rôle
privilégié tant pour la phonation que pour la posture.
La langue est constituée de muscles intrinsèques
(fibres transverses, fibres longitudinales et fibres verticales) difficilement
différenciables car fortement entrelacés. Les muscles
extrinsèques attachent la langue aux structures voisines et lui
permettent de se déplacer dans toutes les directions. Elle est
liée:
- à la mandibule par le génio-glosse - à
l'os hyoïde par l'hypoglosse
- au voile du palais par le glosso-staphylin
- à l'apophyse styloïde du temporal par le
styloglosse
- à l'amygdale par l'amygdaloglosse - au pharynx par
le pharyngoglosse.
17 Le Huche F., Allali A. (1978), p116, Op. cit. p12.
18 Ibid., p114.
I.3.3 Les cavités nasales
La plupart du temps, les cavités nasales sont
fermées par le voile du palais lors de la phonation sauf pour la
production des phonèmes nasaux. Leur rôle dans la phonation ne
nous intéresse que très peu dans le cadre de ce
mémoire.
I.3.4 Les muscles de la face et de
l'expressivité
Très rarement décrits, contrairement aux
cavités de résonance, les muscles peauciers peuvent eux aussi
faire varier le timbre et l'articulation de la parole. De plus, ces muscles
jouent un grand rôle dans l'expressivité et complètent
l'informativité de la parole. On distingue essentiellement trois groupes
de muscles peauciers de la face:
-les muscles des paupières et des sourcils:
l'oocipito-frontal, le pyramidal, l'orbiculaire des paupières et le
sourcilier
-les muscles du nez: la transverse du nez et le myrtiforme
-les muscles des lèvres: le canin, le buccinateur, le
carré du menton, le mentonnier, le releveur naso-labial, le releveur de
la lèvre supérieure, le petit zygomatique, le grand zygomatique,
le risorius, le triangulaire des lèvres, le peaucier du cou,
l'orbiculaire des lèvres et le compresseur des lèvres.
Muscles peauciers (d'après Le Huche)
19
19 Le Huche F., Allali A. (1978), p144, Op. cit. p12.
I.4 Le rôle particulier de la mandibule
Bien que rarement décrite dans les études sur la
voix normale ou pathologique, la mandibule joue un rôle important dans
l'acte phonatoire, de par ses mouvements sur les résonateurs d'une part,
de par ses relations musculaires avec le larynx d'autre part. En outre, le
rôle de la mandibule dans le maintien postural est de plus en plus mis en
évidence20. Il nous est donc apparu inévitable
d'étudier l'anatomie, ainsi que les rôles dans la phonation et le
maintien postural du seul os mobile de la face.
L'articulation temporo-mandibulaire (ATM) unit la fosse
mandibulaire de l'os temporal avec le condyle de la mandibule par
l'intermédiaire d'un ménisque. Il existe deux ATM
symétriques qui fonctionnent en synergie et permettent les mouvements de
la mandibule par rapport au crâne. Les ATM font partie des articulations
les plus sollicitées, avec environ 10000 mouvements par jour.
Articulation Temporo-Mandibulaire (d'après Le Huche)
21
Les muscles mandibulaires ont pour fonctions principales
l'ouverture de la bouche et la mastication. Ils interviennent également
dans la respiration, la déglutition et la phonation. L'ATM peut
effectuer des mouvements dans les trois plans de l'espace:
-mouvements d'élévation et d'abaissement dans le
plan vertical -mouvements de diduction dans le plan horizontal
-mouvements de propulsion / rétropulsion dans le plan
antéro-postérieur
20 Paulin F. (2009), Rôle de l'appareil manducateur
dans le maintien de la posture, Thèse d'Odontologie,
Université Henri Poincaré, Nancy 1
21 Le Huche F., Allali A. (1978), p106, Op. cit. p12.
Mouvements d'abaissement/élévation, de
propulsion/rétropulsion et de diduction de la mandibule (d'après
Le Huche) 22
Les principaux muscles élévateurs des ATM sont:
-le temporal: muscle mince et étalé en un large
éventail dont l'ensemble des fibres convergent vers l'apophyse
coronoïde. Son action sera, grâce à ses fibres
antérieures et moyennes, une élévation de la mandibule, et
grâce à ses fibres postérieures une rétropulsion.
-le masséter: sous-jacent au muscle temporal, il sert
essentiellement à l'élévation de la mandibule
-le ptérygoïdien latéral est diducteur ou
propulseur de la mandibule
-le ptérygoïdien médian est
légèrement diducteur dans le cas d'une contraction
unilatérale, alors qu'il sera élévateur de la mandibule
lorsque la contraction est bilatérale.
Les muscles abaisseurs ensuite, sont:
-des muscles sus-hyoïdiens: génio-hyoïdien,
mylo-hyoïdien, digastrique et stylo-hyoïdien
-des muscles sous-hyoïdiens: sterno-thyroïdien,
thyroïdien, sternocléïdo-hyoïdien et
omo-hyoïdien.
I.5 Eléments de neurologie
L'émission des sons est un phénomène
bulbaire mais le contrôle des sons est d'origine corticale23.
Les centres corticaux, bilatéraux, sont reliés aux noyaux
bulbaires par les faisceaux géniculés. Les noyaux bulbaires
reçoivent des fibres des centres corticaux homolatéraux et
controlatéraux. La voix est donc une commande bilatérale,
à prédominance controlatérale.
22 Le Huche F., Allali A. (1978), p107, Op. cit. p12.
23 Le larynx est représenté dans la région
inférieure de la circonvolution frontale ascendante.
Etant donné le nombre de structures participant
à la phonation, de nombreux nerfs crâniens entrent en jeu pour la
production de la voix. Sans même aborder les phénomènes
neurologiques liés à la réalisation de la parole, et sans
détailler les multiples rôles de ces nerfs, notons l'importance
des nerfs V (langue, masseter, ptérygoïdiens, temporal, ...), VII
(lèvres, joues, muscles faciaux), IX, X (larynx, diaphragme, ...), XI
(pharynx) et XII (motricité de la langue).
I.6 Deux modèles de vibration des cordes
vocales
I.6.1 Les modèles linéaires de
vibration
Tous les modèles et théories de ce paragraphe
décrivent la vibration des cordes vocales de manière
linéaire, chacun apportant un éclairage différent sur les
modes de vibrations des cordes vocales.
I.6.1.1 La théorie
myo-élastique
Pour que les cordes vocales entrent en vibration, il faut dans
un premier temps qu'elles viennent au contact l'une de l'autre (cf
mécanismesd'accolement des CV I,1,5).
Les points d'insertions aryténoïdiens ainsi
fixés, les plis vocaux commencent à vibrer sous la pression de
l'air expiratoire. Chaque cycle vibratoire équivaut à la
succession d'une adduction et d'une abduction des plis vocaux. Pour la
production d'un son grave, l'ouverture débute par la partie
inférieure des plis pour se propager dans un mouvement allant vers le
haut et le dehors. Ensuite, la fermeture glottique débute
également par la partie inférieure des plis. Il existe donc une
différence de phase sur le plan vertical puisque les plis vocaux ne
s'accolent pas sur toute leur hauteur en un mouvement. Les mécanismes
vibratoires de la production de sons aigus sont semblables, en dehors du fait
que la tension des ligaments et des muscles vocaux supprime la
différence verticale de phase.
Schématisation des mécanismes laryngés
24
I.6.1.2 La théorie myo-élastique
aérodynamique
La vibration laryngée dépend donc de la
contraction des muscles qui assurent la fermeture glottique d'une part, et de
la pression de l'air expiratoire qui tend à écarter les cordes
vocales d'autre part. Mais cette oscillation libre doit être entretenue
régulièrement sans quoi elle s'arrêterait progressivement
faute d'apport d'énergie25. C'est pourquoi il est apparu
nécessaire aux chercheurs d'ajouter une troisième force au
modèle:
-force de rappel qui entretient l'oscillation en accolant
à nouveau les cordes vocales lorsqu'elles ont été
éloignées du fait de la pression sous-glottique
-force de synchronisation qui fait en sorte que l'oscillation
libre ne soit pas perturbée à chaque début de cycle par
l'énergie d'entretien.
L'effet Bernoulli, ou effet de rétro-aspiration, plus
communément appelé effet de succion, conjugue les deux
critères ci-dessus. Comme il a été signalé, lors
d'un cycle vibratoire, les muqueuses des cordes vocales sont
écartées sous l'effet de la pression sous-glottique
(c'est-à-dire qu'elles sont comprimées comme des ressorts). Il se
crée alors une pression négative entre les cordes vocales lors du
passage de l'air à grande vitesse. Cette pression négative aspire
les muqueuses l'une vers l'autre. Revenues à leur position
médiale de départ (tout comme des ressorts retrouveraient leur
position initiale), elles peuvent à nouveau être
éloignées par la force de pression sous-glottique et ainsi de
suite. En définitive, l'effet Bernouilli permet donc l'autoentretien de
la vibration sans pour autant perturber cette dernière.
24 Cornut G, p22-23, Op. cit. p8.
25 De la même manière un enfant sur une
balançoire a besoin d'être poussé
régulièrement sans quoi le mouvement oscillatoire
s'arrêterait.
I.6.1.3 Les modèles de la masse
vibrante
La théorie myo-élastique aérodynamique
dit modèle à << une masse » a été
développée par Van Den Berg. La hauteur du son laryngé y
est fonction des caractéristiques de masse et de tension des cordes
vocales et répond à l'équation:
F0 = ( 1/ 2ð ) v (k/m) , où -F0 est la
fréquence fondamentale
-k est la tension des cordes vocales -m est la masse des cordes
vocales.
Nous pouvons en déduire que plus la masse vibrante est
élevée plus le son sera grave et inversement. Et plus la tension
sera élevée plus le son sera aigu et inversement.
Les modèles à deux masses de Ishisaka et
Flanagan, et celui à trois masses de Titze prennent en compte les
différences de masses entre les cinq couches des plis vocaux.
Malgré cela, tous ces modèles répondent au même
principe de base: lors de l'échange d'énergie entre l'air
pulmonaire et la muqueuse cordale, la fréquence de l'oscillation
dépend uniquement des caractéristiques de la corde.
I.6.1.4 Le modèle des oscillations à
relaxation
En somme, le son laryngé résulte d'une
alternance de mouvements plus ou moins brusques d'ouvertures et de fermetures
glottiques. Ce mécanisme est couramment assimilé à un
oscillateur << à relaxation ». En d'autres termes à
chaque ouverture glottique l'air est relâché par <<
bouffées » ou << puffs »26. Le son
laryngé, qui sonne continu à notre oreille, est donc
consitué d'une série de << puffs » d'air assimilables,
en définitive, à des impulsions acoustiques. Le rythme,
l'amplitude et la forme des impulsions dépendent de l'énergie
introduite par la pression sous-glottique et de l'élasticité des
cordes vocales, et déterminent respectivement la fréquence,
l'intensité et le timbre du son laryngé.
26 Comme lorsqu'un récipient se remplit d'eau jusqu'au
siphon et qu'une seule goutte suffit à le vider. Il y a donc
accumulation puis relaxation ce qui transforme l'énergie continue en
énergie alternative.
Modèle de la vibration glottique à relaxation
27
I.6.2 Un modèle non linéaire de la
vibration
glottique28
I.6.2.1 Limites des modèles
linéaires
Tous les modèles ci-dessus décrivent les
mécanismes linéaires de la production du son laryngé.
Aussi ont-ils ce défaut de décrire les mouvements des cordes
vocales sans prendre en compte le fait que ces mouvements puissent être
modifiés par le contact des plis vocaux. Or la trajectoire de chaque
corde vocale est nécessairement modifiée par son contact avec la
corde controlatérale. Et, tout comme les deux moitiés du visage
sont différentes, les deux cordes vocales ne sont pas en tout point
identiques. Aussi, les deux cordes vocales ne peuvent pas vibrer à la
même fréquence.
Par ailleurs, l'effet de Bernouilli est dit linéaire
puisque proportionnel à la vitesse de l'air. Mais il est possible de le
considérer comme un phénomène non linéaire
puisqu'il ne se déclenche qu'à partir d'un certain seuil de
pression phonatoire. Ce seuil est dépendant de
-la raideur et la viscosité de la masse cordale (plus
la tension de la corde et sa viscosité sont importantes et plus le seuil
de pression sous-glottique doit augmenter)
-la largeur de la fente glottique pré-phonatoire (plus
la fente est large, plus l'air s'écoule, nécessitant ainsi une
augmentation de la pression sousglottique)
27 Giovanni A., Ouakine M., Garrel L., Ayache S., Robert D,
(2002), « Un modèle non-linéraire de la vibration glottique.
Implications cliniques potentielles », Rev. Laryngol. Otol.
Rhinol., 123;5; 273-277, p176.
28 Ibid.
-la différence de pression transglottique (une pression
sus-glottique élévée nécessite une pression
sous-glottique encore plus élevée)
De même que la trajectoire de chaque corde est
différente, nous pouvons donc avancer que l'effet Bernouilli est lui
aussi un phénomène non linéaire. Les théories
basées sur les principes myo-élastiques ne sont donc pas
suffisantes à elles seules pour décrire tous les
phénomènes vibratoires.
I.6.2.2 Le modèle slip-stick
Les chercheurs ont donc émis l'hypothèse que
chaque corde vocale vibrerait selon ses propres modalités
fréquentielles. Et lorsque les deux cordes vocales se rencontrent, une
synchronisation de leur fréquence s'opèrerait. En couplant les
dimensions verticale et horizontale de la vibration glottique lors
d'expériences sur des larynx excisés, les chercheurs ont pu
vérifier leurs hypothèses.
Synchronisation de la vibration glottique
29
Les principaux facteurs de synchronisation entre les cordes
vocales sont:
-les relatives similitudes de forme et de tension des deux
cordes à
l'état normal
-la mise en contact d'une partie de la masse vibrante des
deux
cordes vocales
-la viscosité du mucus30.
29 Giovanni A., Ouakine M., Garrel L., Ayache S., Robert D,
(2002), p275, Op. cit. p27.
30 Plus le mucus est visqueux, plus la fréquence
vibratoire diminue et plus le seuil de phonation est élevé: en
effet plus le mucus est visqueux et plus le temps d'adduction est
augmenté. Il y a donc des relations complexes entre qualité du
mucus, fréquence et amplitude vibratoires.
Ces recherches ont abouti à la création d'un
nouveau modèle de vibration glottique: le modèle «
slip-stick » ou « glissé-collé » en
français. Les auteurs comparent ce modèle au fonctionnement d'un
archet sur une corde de violon. Au début de la vibration, l'archet tire
la corde hors de sa position d'équilibre. Pendant un premier temps, les
forces élastiques s'opposent à ce mouvement. Puis les forces de
rappel deviennent plus importantes que la force d'adhésion. La corde se
« décolle » alors de l'archet et oscille librement.
Lorsqu'elle a suffisamment dissipé d'énergie, elle peut à
nouveau être « collée » par l'archet (sous l'effet de
Bernouilli). Par conséquent, la phase forcée pendant laquelle la
corde vibre de la même façon que l'archet, est suivie d'une phase
libre durant laquelle la corde vibre à sa propre fréquence.
L'archet joue donc à la fois le rôle de l'effet Bernouilli et
celui de contact avec la corde controlatérale31.
Schématisation du modèle slip-stick
32
En résumé, lors d'un cycle normal, les deux
cordes n'étant pas exactement identiques, elles devraient vibrer
différemment. Mais la partie « collée » du cycle
synchronise leurs vibrations en mettant en contact leurs masses vibrantes. Les
auteurs considèrent que tant que les deux cordes ne diffèrent pas
outre mesures d'un point de vue anatomique, ce mécanisme «
slip-stick » fonctionne33.
31 De même, les auteurs comparent la viscosité du
mucus des cordes vocales à la collophane déposée sur
l'archet par les violonistes.
32 Giovanni A., Ouakine M., Garrel L., Ayache S., Robert D,
(2002), p276, Op. cit. p27.
33 Il est intéressant de noter qu'une voix bitonale
résulte d'une synchronisation vibratoire d'un cycle sur deux.
Par ailleurs, le mode de fonctionnement idéal serait
atteint pour une tension et une longueur identiques pour chaque corde vocale.
Il ne nécessiterait donc presqu'aucun processus de synchronisation. Par
conséquent, la phase « libre » s'en trouverait
augmentée. A l'inverse, plus les cordes vocales seraient
asymétriques et plus la phase « collée » se devrait
d'être importante pour assurer la synchronisation. Le mécanisme
d'augmentation du volume dans le forçage vocal apparaît ici comme
très voisin du mécanisme de compensation des anomalies
vibratoires.
II Les dysphonies dysfonctionnelles
simples
Quand parle-t-on de voix << pathologique >? Pour
répondre à cette interrogation, il faut d'abord s'interroger sur
ce qu'est une << bonne > voix ou une << belle > voix. Une
bonne voix est une voix qui fonctionne << librement et durablement
>34. Quand on écoute une voix et que l'on tente de la
qualifier, d'estimer si c'est une bonne voix ou non, on fait appel à un
<< système de valeurs qui constitue un cadre de
référence >35. On parle donc de pathologie quand il
y a une déviation par rapport à une norme. On pourrait parler de
dysphonie, c'est-à-dire littéralement de déviation du son,
lorsque les caractéristiques acoustiques d'une voix ne rentrent pas dans
les normes établies par les performances moyennes d'une population tout
venant.
Tarneau est le premier à avoir employé le terme
de << dysphonie dysfonctionnelle > en 1936. C'est une
altération du timbre de la voix consécutive à une
perturbation de la fonction vocale << due à l'incorrecte
utilisation des organes phonateurs >36.
Cependant, il existe des voix altérées d'un
point de vue acoustique mais non pathologiques, ainsi que des voix dont
l'altération acoustique est minime en comparaison des difficultés
vocales du sujet. Ainsi une voix peut-être belle, répondant
à des critères subjectifs de << goût personnel,
culturel, de genre, d'époque >37, tout en étant
altérée acoustiquement parlant. Le Huche propose donc la
définition suivante : << la dysphonie est un trouble
momentané ou durable de la fonction vocale ressenti comme tel par le
sujet lui-même ou son entourage >38.
Précisons ici qu'on ne peut parler de dysphonie
dysfonctionnelle << simple > qu'en l'absence de lésions
glottiques et de troubles neurologiques.
34 Estienne Fr. (1998), Voix parlée, voix
chantée, Examen et thérapie, Paris: Masson, p7.
35 Ibid., p6.
36 Brun F., Courrier C., Lederlé E., Masy V. (2004),
Dictionnaire d'orthophonie, Isbergues: Orthoédition, p84.
37 Estienne Fr. (1998), p7, Op. cit. p30.
38 Le Huche F., Allali A. (2001), Tome 2,
2ème édition, La voix: Pathologie vocale d'origine fonctionnelle,
Paris: Masson, p51.
II.1 Le forçage vocal
Il arrive parfois que, pour diverses raisons
explicitées par la suite, une personne soit obligée de forcer
momentanément sur sa voix pour garder la même efficacité
vocale que d'ordinaire. Ce forçage implique une dépense
d'énergie accrue pour un rendement phonatoire identique, voire moindre.
Cela pousse généralement le sujet, tout du moins à une
modération vocale, si ce n'est à un repos vocal temporaire. Mais
si ce repos vocal n'a pas lieu, le sujet peut continuer à
accroître son effort, et ce sur la durée. Moins la voix est
efficace, plus il force; plus il force, plus il fatigue, moins sa voix est
efficace; moins sa voix est efficace, plus il force, et ainsi de suite. En
d'autres termes, le mécanisme normal est remplacé petit à
petit par le mécanisme utilisé pour la voix de détresse.
C'est le cercle vicieux du forçage vocal.
La voix de détresse, ou voix d'insistance, a un
caractère d'urgence. L'intentionnalité (intention d'agir sur
autrui) y est très forte. Cependant, le locuteur n'est pas sûr de
l'impact de son action vocale sur autrui. Cette incertitude le pousse à
augmenter sa dépense d'énergie. Nous pouvons noter qu'il y a
alors flexion de la partie haute de la colonne vertébrale. L'utilisation
à bon escient de la voix de détresse, à savoir quand il y
a un caractère d'urgence, est tout à fait normale. Au contraire,
son emploi chronique et non justifié marque l'entrée dans le
cercle vicieux du forçage vocal.
Les caractéristiques du forçage vocal consistent
en:
-une modification de l'attitude générale du corps
(crispations et perte de la verticalité)
-l'usage d'attaques en coup de glotte
répétées
-l'apparition de sensations subjectives particulières
(impression de manque d'efficacité de la voix, de fatigue et
d'oppression respiratoire lors de la phonation, inconscience de l'effort
fourni, paresthésies pharyngo-laryngées et douleurs)
-des altérations laryngées et
péri-laryngées
-et en une difficulté à varier son comportement
vocal.
Ces caractéristiques conduisent à une
altération vocale plus ou moins conséquente.
En somme, la dysphonie résulte d'un mauvais usage, ou
« dysfonctionnement » de l'appareil vocal, dysfonctionnement au
départ passager, mais qui, pathologiquement, perdure dans le temps. En
premier lieu, les mécanismes phonatoires sont supposés normaux,
puis un événement vient perturber la phonation, poussant alors le
sujet à adopter différents moyens compensatoires.
Nous exposons ici les modes d'entrée dans le cercle
vicieux du forçage vocal, tout en sachant qu'ils s'agit de modes
d'entrée théoriques. Car la dysphonie dysfonctionnelle simple
n'est pas un phénomène linéaire dont l'origine pourrait
être clairement déterminée.39
II.1.1 Hyperkinésies vocales primitives
Le plus souvent, la dysphonie survient chez des sujets
à tendance hyperkinétique. Les trois modes d'entrée dans
le cercle vicieux du forçage vocal correspondent aux trois étages
de production de la voix: le souffle, le larynx et les résonateurs.
II.1.1.1 Forçage prédominant sur le
souffle
Dans un premier temps, le sujet augmente la pression
sous-glottique. Mais les muscles inter-aryténoïdiens peinent alors
à maintenir la fermeture glottique face à ce surplus de
pression40. Par conséquent, il y a une forte
déperdition d'air puisque l'énergie aérienne
sous-glottique « n'est plus totalement transformée en
énergie sonore »41.
Fermetures glottiques lors d'un forçage
prédonimant sur le souffle 42
39 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A. (2007),
Une voix pour tous, Tome 1, 3ème édition, La voix normale et
comment l'optimaliser, Marseille: Solal.
40 Souvent, les crico-aryténoïdiens
latéraux tentent de compenser cette augmentation de pression, mais une
contraction plus importante des muscles glottiques favorise l'apparition de
lésions nodullaires futures.
41 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A. (2007),
p9, Op. cit. p32.
42 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A. (2007),
p10, Op. cit. p32.
II.1.1.2 Forçage prédominant sur le
larynx
Cette fois-ci, le forçage est lié à un
excès de tensions musculaires au niveau
du larynx
Sur glotte membraneuse
Lorsqu'un sujet contracte abusivement sa musculature
laryngée intrinsèque, le temps de fermeture glottique de chaque
cycle vibratoire est augmenté. La partie souple des cordes vocales est
donc malmenée par des fermetures glottiques brutales et plus longues que
d'ordinaire.
Cycle vibratoire lors d'un forçage sur glotte
membraneuse 43
Sur glotte postérieure
Également due à des contractions abusives au
niveau laryngé, ce type de forçage est la conséquence d'un
martèlement répété des cartilages
aryténoïdiens. En effet, la muqueuse des plis vocaux étant
plus fragile à cet endroit (car elle recouvre directement la partie dure
des cordes vocales), ce martèlement engendre des traumatismes de la
muqueuse postérieure44.
Forçage sur glotte postérieure
45
II.1.1.3 Forçage prédominant sur les
résonateurs
Souvent cause de dysphonie à « timbre serré
», le forçage sur les résonateurs est principalement
lié à une exagération de la tension musculaire
pharyngée. Cette tension diminue le volume du pharynx et donc la
résonance
43 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A., p14,
Op. cit. p32.
44 Dans un second temps, ce type de forçage pourra
entraîner des lésions tels qu'oedèmes ou granulomes.
45 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A., p12,
Op. cit. p32.
pharyngée, mais surtout ces contractions excessives
élèvent la position du larynx dans le cou.
II.1.2 Hypokinésies primitives
Au contraire des hyperkinésies, les hypokinésies
sont bien souvent secondaires à des pathologies précises
(myasthénie, dépression, ralentissement hypophysaire, ...). Les
hypokinésies primitives pures sont donc rares et fortement liées
à une personnalité introvertie ainsi qu'à une tendance
globale du sujet à l'hypotonie. La musculature entrant en jeu lors de la
phonation étant rarement fortement sollicitée, lorsque le sujet
éprouve le besoin de projeter sa voix, il se trouve immédiatement
en situation de forçage vocal et sa voix, non entraînée
à de telles sollicitations, « déraille ».
II.2 Facteurs déclenchants et/ou
favorisants
Outre les mécanismes propres au cercle vicieux du
forçage vocal, certains facteurs peuvent induire l'entrée dans le
cercle vicieux et/ou limiter les possibilités de rompre ce cercle
vicieux. Nous allons ici présenter les facteurs les plus couramment
rencontrés dans la littérature.
Les facteurs déclenchants sont par ordre de
fréquence: -certaines affections de la sphère ORL
-des facteurs psychologiques pré-disposants -un
affaiblissement général
-la toux
-la période prémenstruelle ou une grossesse -une
intervention abdominale.
Les facteurs favorisants peuvent être:
-une obligation socio-professionnelle de parler ou de chanter
-certaines caractéristiques psychologiques
(tempérament nerveux, tendance à l'anxiété,
perfectionnisme, situation psychologique difficile)
-la consommation de tabac et/ou d'alcool
-les affections chroniques de la sphère ORL -un terrain
allergique
-un reflux gastro-oesophagien
-une hypoacousie
-l'exposition au bruit, à la poussière, aux
vapeurs irritantes et à l'air
conditionné
-la présence d'un dysphonique ou d'un hypoacousique
dans
l'entourage
-des antécédents pulmonaires.
II.2.1 La sphère ORL
Toute affection de la sphère ORL peut avoir des
répercussions négatives sur la production vocale. Notons ici le
rôle parfois non négligeable de l'air conditionné, de la
pollution et de l'exposition régulière à des agents
toxiques volatiles46.
Du fait de la consommation d'aérosols,
délétère pour les muqueuses laryngées, l'asthme
peut, à long terme, être la cause de problèmes vocaux plus
ou moins importants.
Les rhinites allergiques sembleraient engendrer des
problèmes de voix, particulièrement au printemps. Cependant, il
manque encore des études de la voix pour objectiver les ressentis des
patients.47
Enfin, une baisse d'audition modifie le
rétro-contrôle de la boucle audiophonatoire. Souvent, le sujet
augmente alors l'intensité de sa voix car « il ne s'entend plus
parler ». De même la surdité d'une personne, dans l'entourage
proche du sujet, le pousse à augmenter le volume sonore de sa voix.
II.2.2 L'alcool et le tabac
Dans 50% des cas, la consommation de tabac provoque une
kératinisation de la muqueuse des cordes vocales selon trois
mécanismes: la température élevée de la
fumée, la toxicité propre à la nicotine et la
présence d'agents cancérigènes. Ce
46 Voir à ce sujet l'ouvrage d'Ormezzano pp227-242, Op.
cit. p17.
47 Millqvist E., Bende M., Brynnel M., Johansson I., Kappel S.,
Ohlsson A.-C. (2008), « Voice Change in Seasonal Allergic Rhinitis »,
Journal of Voice, 22,4; 512-515.
pourcentage augmente fortement lorsque la consommation de tabac
est associée à une forte consommation d'alcool.
II.2.3 Les facteurs psychologiques
Les relations entre les qualités acoustiques de la voix
et l'état émotionnel sont complexes et difficiles à
étudier scientifiquement bien que les ouvrages sans réflexion sur
cette question soient rares48. Il est évident que les
états émotionnels, et en particulier le stress, influent sur la
respiration et la tension musculaire, donc indubitablement sur les
mécanismes en jeu lors de la phonation. « La voix est tributaire de
l'état psychique et émotionnel du sujet. La voix peut devenir
atone, asthénique chez le dépressif, elle peut s'éclipser
dans l'aphonie psychique »49. Ainsi, bon nombre d'études
tendent à montrer une corrélation entre certains traits de
caractère et le développement de pathologies
cordales50. Scherer a beaucoup étudié sur ce sujet en
tenant compte des stratégies de coping51. Lorsque la
stratégie de coping privilégiée a pour effet d'exacerber
le stress cela induirait des changements plus ou moins momentanés dans
la prosodie. Cependant, il note qu'il n'y a pas de changement réel de la
fréquence fondamentale.
Théorie de la disposition psychologique à la
dysphonie (d'après Roy and Bless) 52
48 Karpf A. (2008), La voix, Un univers invisible,
Autrement: Paris p224-258.
49 Estienne Fr. (1998), p4, Op. cit. p30.
50 Estienne Fr., Piérart B. (2006), Les bilans de
langage et de voix, Fondements théoriques et pratiques, Paris:
Masson, p233.
51 Les stratégies de coping consistent en des
modifications comportementales et cognitives face à des demandes
internes ou externes dépassant les ressources du sujet.
52 Giovanni, A. (dir.) (2004), Le bilan d'une dysphonie
État actuel et perspectives, Marseille: Solal, p41.
D'autres part, des troubles psychiatriques ont très
souvent des répercussions sur la voix. Ces retentissements touchent le
plus souvent la prosodie. La voix du schizophrène peut par exemple
alterner entre monotonie et variations excessives, fréquences basses ou
élevées, débit ralenti ou accéléré,
alors que la voix d'un maniaque lors d'une crise sera le plus souvent criarde,
forte et aigüe.
II.2.4 Les facteurs hormonaux
Tout d'abord, l'hormone thyroïdienne est connue et
reconnue pour ses effets sur la voix. Par exemple, une hypothyroïdie agit
sur le tonus musculaire et induit une raucité, un abaissement de la
fréquence fondamentale, une fatigue vocale, ainsi qu'une perte
d'étendue et de puissance de la voix. Une hyperthyroïdie
entraînera quant à elle une fatigabilité extrême de
la voix avec un timbre changeant d'un jour à l'autre.
Par ailleurs, on sait que la prise de stéroïdes
anabolisants a des conséquences irréversibles sur la voix : elle
provoque une virilisation de la voix féminine et une rugosité de
la voix masculine.
Les effets du cycle menstruel sur la voix de la femme ont
été étudiés par Abitbol. Ils montrent une
réduction de l'efficacité vocale, une perte des fréquences
aiguës et une légère raucité aux
14ème et 25ème jour du cycle chez 33% des
femmes, ces effets étant plus apparents chez les chanteuses que chez les
locutrices tout-venant53. D'autre part, plusieurs études
cherchant à montrer les effets de pilules oestroprogestatives sur la
voix aboutissent à des résultats contradictoires.
Ensuite, sur le plan théorique, une grossesse pourrait
avoir des effets négatifs sur la voix, ne serait-ce que par les
variations hormonales qui y sont liées, ou par la place que prend le
foetus dans l'abdomen, contraignant ainsi la respiration. Cependant, la
théorie est contredite par la plupart des études menées
sur cette question54. La seule étude valable menée sur
ce sujet que nous ayons trouvée montre, au cours du
3ème trimestre de grossesse, une diminution significative du
Temps Maximum de Phonation (à rapprocher à la place que prend le
foetus dans l'abdomen) ainsi qu'une fatigabilité
légèrement accrue (propablement résultante des
nausées et
53 Abitbol J, Abitbol P., Abitbol B. (1999), << Sex
hormones and the female voice », Journal of Voice, 13,3;
424-446.
54 Ormezzano suppose que l'action hormonale de la grossesse
sur les muqueuses laryngées n'est pas si importante que ce qui est
couramment présupposé, ou bien qu'elle est largement
compensée par << l'épanouissement intellectuel et psychique
du plaisir d'être enceinte ».
in Ormezzano, p211, Op. cit. p17.
vomissements ainsi qu'à une congestion accrue des
muqueuses laryngées)55.
Enfin, lors de la ménopause, un abaissement du
fondamental laryngé et de moins bonnes performances vocales sont
régulièrement évoqués. En réalité,
les études à ce sujet ne mettent pas toutes en évidence
les mêmes signes, et lorsqu'elles trouvent des signes communs, ceux-ci
n'apparaissent pas dans les mêmes mesures. D'autres études
montrent même qu'il n'y aurait aucune différence significative
entre les voix d'une femme non ménopausée,
ménopausée et ménopausée sous traitement hormonal
de substitution.
II.2.5 L'appareil digestif
Le Reflux Gastro Oesophagien (RGO) est une
régurgitation dans l'oesophage d'une partie de l'estomac. Le RGO peut
avoir des origines diverses et la hernie hiatale56 n'est qu'une des
causes anatomiques d'un reflux. Le RGO n'est pas toujours pathologique en soit
mais la muqueuse laryngée peut être progressivement
attaquée par les sécrétions acides57. De plus,
comme la toux est fréquemment favorisée par la présence
d'un RGO, l'accolement brutal des plis vocaux qu'elle implique augmente encore
l'irritation du larynx. Ainsi, chez les patients présentant un RGO, les
gastro-entérologues notent régulièrement la
présence de perturbations vocales tels qu'<< enrouement,
raucité, efforts répétés, d'éclaircissements
de la voix, dysphonie, fatigabilité vocale, aphonie »58.
Mais en dépit de la fréquence des signes d'un RGO au niveau de
l'étage supraglottique, les études montrent jusqu'à
présent une corrélation non significative avec les lésions
correspondantes.
55 Hamdan A.-L., Mahfoud L., Sibai A., Seoud M. (1997), <<
Effect of Pregnancy on the Speaking », Journal of Voice, 23,4;
490-493.
56 Une hernie hiatale est le passage d'une partie de l'estomac
dans le thorax au travers de l'orifice hiatal (orifice du muscle
diaphragmatique, limité par les piliers du diaphragme, à travers
lequel passent l'oesophage et l'aorte).
57 La vulnérabilité de l'épithélium
laryngé a été confirmée sur modèle animal:
des applications d'acide et de pepsine d'une durée de 1 minute suffisent
à provoquer des lésions.
58 Mainguet, P. (2006), << Manifestations supraglottiques
du reflux gastro-oesophagien », EMC (Elsevier SAS, Paris),
Gastro-entérologie, 9-202-F-12.
III Évaluation de la voix
D'après Giovanni « Dans le cadre d'un
phénomène complexe, multidimensionnel comme la voix, toute mesure
isolée est réductrice; [...]59
III.1 Mesures subjectives de la voix
III.1.1 Les données de
l'anamnèse
L'objectif d'une anamnèse, dans le cadre d'un bilan
vocal, est de recueillir toutes les données nécessaires pour
situer le problème vocal dans son contexte. L'anamnèse porte
sur:
- « l'histoire » de la voix du patient: les
problèmes vocaux qu'il a déjà rencontrés. En effet,
bien souvent, le trouble vocal s'inscrit dans la durée. Ainsi, certains
phoniatres supposent que de nombreux adultes dysphoniques ont
déjà rencontré des problèmes avec leur voix
lorsqu'ils étaient enfants.
-l'histoire médicale du patient: maladies respiratoires
(asthme, insuffisance respiratoire), mucoviscidose, interventions
passées (chirurgie abdominale, thoracique, cervicale, faciale,
cérébrale, irradiation...), maladies neurologiques et
cérébrales, conduites addictives pouvant porter atteinte à
la fonction laryngée (tabagisme, alcoolémie), troubles hormonaux,
troubles d'ordre psychiatrique, traitements spécifiques
consécutifs à ces troubles. En effet, il est essentiel de
connaître toutes les pathologies, séquelles, traitements et
autres, pouvant avoir des répercussions sur la voix, à
quelqu'étage que ce soit.
- le contexte social et professionnel (situation sociale du
patient, utilisation quotidienne de sa voix, conditions de travail, ...).
Citons pour exemple la littérature foisonnante rapportant les
difficultés vocales rencontrées par les enseignants, les acteurs,
ou encore les conférenciers.
-les facteurs déclenchants et favorisants une
dysphonie, décrits précédemment. En effet, on peut
retrouver ces facteurs au sein de pathologies médicales, ou liés
à un mode de vie particulier.
-la demande du patient: le ressenti du patient face à sa
voix, sa
59 Estienne Fr. et Piérart B., p225, Op. cit. p36.
définition propre de sa voix et des troubles de
celle-ci, l'importance qu'il accorde à ses troubles et leurs
conséquences. Il s'agit en d'autres termes de définir quelle est
la plainte du patient et ses attentes quant à la
rééducation vocale. En effet, un décalage important peut
se retrouver entre les mesures (objectives ou subjectives) de la voix, et ce
qu'en perçoit le patient.
III.1.2 Les échelles
d'auto-évaluation
Il y a « un rapport évident entre la voix, la
personnalité et l'état émotionnel »60.
Lors d'un bilan orthophonique, le recours à une échelle
d'autoévaluation permet d'apprécier la façon dont une
personne vit, perçoit sa voix.
Certaines échelles, comme le profil vocal
objectif61, donnent en outre la possibilité de
connaître les différences de perception d'un trouble entre le
sujet luimême et le thérapeute puisque chaque critère est
coté par le patient et par le thérapeute. Les critères du
profil vocal objectif sont : l'estimation du degré de
sévérité par une note entre 1 et 4, le pourcentage
d'invalidité professionnelle et la qualité de la voix (cotation
en - -, -, +-, + et ++).
III.1.2.1 L'échelle bipolaire
d'auto-estimation vocale
Couramment utilisé en clinique, cette échelle
est le fruit de deux mémoires de licence en logopédie
réalisés par Huberlant en 1981 et par Beuken en
198262. Elle a pour objectif de cerner comment un sujet vit et
perçoit sa voix. L'échelle comporte onze paires d'adjectifs
opposés telles que « reposée/fatiguée, sonore/sourde,
agréable/désagréable ». Pour chaque paire, il s'agit
de déterminer comment le sujet ressent sa voix sur une échelle
comportant 7 degrés. Il y a trois questionnaires, comportant les
mêmes paires d'adjectifs, mais évaluant la perception de la voix
avant, actuellement, et la voix souhaitée.
60 Estienne Fr., p5, Op. cit. p30.
61 Ibid., p50.
62 Ibid., p52.
III.1.2.2 Le VHI et le VHI
1063
Le Voice Handicap Index (VHI) a été
créé par Jacobson et al. en 1997 à partir des plaintes les
plus fréquemment relevées lors de bilans phoniatriques. Le VHI
permet d'obtenir une estimation du retentissement du trouble vocal sur la vie
quotidienne de la personne. La version longue comporte 30 questions
divisées en trois catégories (catégories qui ne sont pas
connues du sujet): niveaux fonctionnel, émotionnel et physique. Le sujet
grade la sévérité de son trouble sur une échelle de
0 à 4:
-0: jamais
-1: presque jamais
-2: parfois
-3: presque toujours
-4: toujours.
Le score total peut donc être compris entre 0 et 120
points et l'on regarde également les scores obtenus pour chaque
catégorie. Un score proche de zéro indique que le handicap vocal
du sujet est quasi nul.
La version courte (VHI 10) comporte les dix questions les plus
pertinentes de la version longue. Il semblerait que le VHI 10 soit plus fiable
que le VHI.
III.1.2.3 D'autres échelles
Le Voice Symptom Scale (VoiSS) a été
créé par Scott, Wilson et MacKenzie en 1997 sur le même
principe de recueil de problèmes vocaux. Ce questionnaire comporte
trente et un items répartis en trois catégories:
difficultés de communication, symptômes au niveau du pharynx et
détresse psychologique. Les auteurs ont également ajouté
treize items dérivés du VHI. Bien que Webb, Carding et Steen
(2004)64 aient émis l'hypothèse que le VoiSS soit plus
robuste que le VHI au niveau psychométrique, c'est néanmoins ce
dernier qui reste le plus employé aussi bien en clinique qu'en
recherche.
63 Giovanni A., pp45-66, Op. cit. p36.
64 Estienne Fr. et Piérart B., p228, Op. cit. p36.
Le Voice-Related Quality of Life Measure (V-RQOL)
créé par Hogykan et Sethuraman en 1999 comprend dix items (dont
la plupart sont similaires à ceux du VHI) répartis en deux
catégories: fonctionnement physique et niveau socio-émotionnel.
Plus centrée sur la qualité de vie que le handicap vocal, cette
échelle semble la plus pertinente en clinique puisqu'une
corrélation significative entre l'amélioration du score et
l'amélioration vocale a été mise en
évidence65.
Le Voice Activity and Participation Profile (VAPP) de Ma et
Yiu (2001) comporte cinq domaines provenant des définitions de l'OMS qui
sont: la sévérité du trouble vocal perçu, les
conséquences professionnelles, l'impact sur la communication
quotidienne, l'impact sur la communication sociale et les conséquences
émotionnelles. Ce profil est fiable; cependant il n'a été
testé que sur une population chinoise.
III.1.3 Echelle
d'hétéro-évaluation
L'évaluation perceptive de la qualité de la voix
a été définie par Wirz en 1995 (in De Bodt, 1996) comme
<< les procédures qui font appel à l'habileté du
clinicien sans dépendre d'une évaluation standardisée ou
de mesures instrumentales »66. Le principe est
d'évaluer, uniquement à l'oreille, la quantité de
dysphonie dans une voix. C'est la méthode d'évaluation vocale la
plus couramment employée en clinique.
Lorsqu'on souhaite utiliser une échelle
d'évaluation perceptive de la voix dans le cadre d'une recherche, il est
nécessaire de constituer un jury d'écoute. On fait alors appel
à des praticiens aguerris à l'écoute des voix
pathologiques pour porter des jugements qualitatifs, généralement
de manière chiffrée. Le jugement s'effectue le plus souvent en
comparaison de << standards internes » ou << prototypes »
de ce qu'est une voix normale67. Le principal problème
réside dans le fait qu'il existe une multitude de termes pour
définir les qualités et les altérations de la voix et que
leurs définitions sont relativement aléatoires.
65 Giovanni, A., p229, Op. cit. p36.
66 Ibid., pp69-104.
67 Ibid., p83.
Paramètres décrivant la voix en suédois
et leur équivalent approximatif en anglais et en français
68
Par ailleurs, l'oreille est facilement dupée et est
soumise « aux variations psychologiques, à l'attention, à la
fatigue, d'où l'intérêt de recourir aussi à des
instruments de mesures subjectives et objectives de la voix
»69.
III.1.3.1 GRBAS
L'échelle d'évaluation perceptive dont
l'utilisation est recommandée par le GREL (Groupe Européen de
Recherche sur le Larynx) est le GRBAS d'Hirano. Le nombre d'auteurs et de
chercheurs faisant référence, ou utilisant, cette échelle
est trop important pour pouvoir tous les citer ici. L'évaluateur doit
donner à chaque voix une note comprise entre 0 et 3, et ce pour chacun
des critères de l'échelle qui suivent:
-G : Grade : Cela correspond à une évaluation
générale, globale de
la qualité de la voix
-R : Roughness : Il s'agit d'évaluer la raucité
de la voix et toutes les altérations du timbre (éraillures,
craquements, ...). R cote l'impression d'irrégularité de la
vibration des cordes vocales
-B : Breathiness : C'est la composante de souffle dans la
voix. Ici est cotée l'impression que produisent les voix dites
voilées ou soufflées. Cette caractéristique est
directement liée à la présence d'une fuite d'air lors de
la phonation. Sarfati J. parle de « bruit d'écoulement
aérien »70.
68 Giovanni, A., p71, Op. cit. p36.
69 Estienne Fr. et Piérart B., p225, Op. cit. p36.
70 Sarfati J. (1998), Soigner la voix, Marseille: Solal,
p20.
-A : Asthenicity : « Asthénie » en
français signifie « faible ». Une voix «
asthénique » est donc une voix qui semble manquer d'énergie,
de puissance et apparaît comme hypotone, faible et peu intense.
D'après Estienne, le critère A est lié à une
intensité faible et/ou au manque d'harmoniques aigus.
-S : Strain : Plus ou moins opposé à
l'asthénie, on observe ici le forçage vocal, l'hypertonie, en
évaluant la sensation d'un effort important et d'une tension musculaire
excessive lors de la production vocale.
Le ou les évaluateurs donnent une note pour chaque
paramètre sachant que:
-0 est considéré comme la normalité (sans
pour autant parler de
perfection absolue)
-1 correspond à une déviance
légère
-2 à une déviance modérée
-3 à une altération sévère
III.1.3.2 D'autres échelles
Par ailleurs, il existe d'autres échelles dont le
Hammarberg Scheme de Hammarberg ou le VPAS (Vocal Profil Analysis Scheme) de
Laver. Ces échelles ont plus de niveaux d'observation que le GRBAS mais
les temps de passation nécessaires sont environ trois fois
supérieurs à ceux du GRBAS.
Selon Joana Révis71, la pertinence des
résultats obtenus avec n'importe quelle échelle dépend du
contrôle de chaque étape, du matériau phonétique
choisi, de la qualité de l'auditeur, du repérage des biais
créés par les incertitudes méthodologiques, ... En effet,
Kreiman a montré en 1993 qu'aucune des multiples échelles n'avait
démontré sa supériorité pour mesurer la
qualité de la voix. « Sur toutes les études analysées
par Kreiman, les niveaux de reproductibilité et de fiabilité
variaient de 18% à 100% selon les auteurs avec des protocoles et des
méthodes d'analyse statistique si variés que toute conclusion est
impossible. »72. Au contraire, selon Woizard, l'utilisation de
telles échelles est très pertinente73.
71 Giovanni, A., pp67-105, Op. cit. p36.
72 Ibid., p80.
73 Woisard-Bassols V. (2000), « Bilan clinique de la
voix », Encyclopédie Médico-chirurgicale, Paris:
Editions scientifiques et médicales Elsevier.
III.2 Représentations de la voix par
des
mesures objectives
L'analyse objective de la voix a été rendue
possible grâce au développement de technologies variées
mais surtout grâce à l'avènement de l'outil informatique.
Dans cette perspective, différents logiciels permettent aujourd'hui une
analyse et une représentation des différents paramètres
vocaux. L'écueil majeur, pour nous, est que rares sont les logiciels
créés pour l'orthophonie (Vocalab, EVA, ...). Cependant, quelques
autres logiciels peuvent être détournés de leur utilisation
initiale et se révéler utiles à cette profession, tant en
clinique qu'en recherche.
Praat est un logiciel d'analyse de la parole
développé à l'Institut des Sciences Phonétiques de
l'Université d'Amsterdam par P. BOERSMA et D. WEENINK. Il est
téléchargeable gratuitement et des mises à jour
fréquentes sont disponibles. Praat permet d'obtenir de multiples
informations sur la voix: formants, spectres instantanés,
intensité, hauteur, ... qui intéressent au premier chef les
phonéticiens. Néanmoins, nous verrons que son utilisation en
clinique orthophonique peut se révéler très
pertinente.74
Nous allons maintenant décrire les différentes
représentations du signal vocal, en commençant par la plus simple
d'entre elles, pour ensuite détailler des méthodes de
représentation donnant un aperçu plus global des qualités
et défauts d'une voix.
III.2.1 Chronogramme
L'enveloppe d'un son, ou chronogramme, représente
l'énergie acoustique, c'est-à-dire l'intensité en fonction
du temps. Cette enveloppe se décompose en quatre parties: l'attaque, le
déclin, le maintien et la sortie.
Amplitude
0
0 1 2 3 4 5 6
Temps (s)
Schéma de l'enveloppe d'un son dans Praat
75
74 Cf Annexe 4.
75 Roublot P. (2003), Analyse subjective et objective de
la voix avant et après bloc interscalénique du plexus brachial,
Implications pratiques dans la prise en charge post-opératoire des
patients anesthésiés, Mémoire d'Orthophonie,
Université Henri Poincaré, Nancy 1, p118.
L'attaque marque une augmentation rapide de l'amplitude.
Le temps de déclin suit l'attaque et correspond à
une diminution de l'intensité qui suit immédiatement
l'attaque.
Le maintien, aussi appelé << sustain > en
anglais, est la partie la plus stable de la production vocale.
La sortie ou la chute, << release > en anglais, est le
temps de décroissance finale de l'amplitude du son.
Schéma de l'enveloppe d'un son
Le choix de la partie de signal à analyser peut donc
influer grandement sur les résultats de l'analyse d'un son et il faudra
se souvenir de ce paramètre lors de la partie pratique.
III.2.2 La représentation
périodique
En zoomant sur une partie de l'enveloppe d'un son dans
Praat76, on peut observer les périodes de ce son, leur
régularité et leur complexité.
Copie d'un chronogramme de Praat, détails de la partie
stable d'un /a/
Les périodes sont le résultat des
déplacements de zones de pression qui produisent une onde sonore. En
effet, les sons résultent de vibrations de l'air. Sous une excitation
mécanique (produite par un instrument de musique ou une personne qui
parle), l'air se met à vibrer. Une molécule reçoit alors
une impulsion qui la met en mouvement dans une direction donnée. La
molécule rencontre d'autres molécules qu'elle pousse, ce qui
forme une zone de compression. La matière traversée par l'onde
acoustique est alors le siège de compressions et de dépressions
successives, plus ou moins périodiques. Ce phénomène
crée une onde progressive longitudinale. Une onde acoustique est donc le
résultat d'un mouvement qui transporte de l'énergie.
76 Cf Annexe 4.
L'ébranlement de l'air produit par un son « pur
», comme celui du diapason, est un phénomène oscillant
périodique qui est représenté par une fonction
sinusoïdale. Ce phénomène étant cyclique, on peut le
représenter par un point qui se déplace sur un cercle avec une
vitesse uniforme. Lorsque le cercle est entièrement décrit,
c'est-à-dire lorsque le point a parcouru un angle de 2pi, cela
correspond à une période (T).
La fréquence est le nombre de fois que le
phénomène se reproduit de manière identique, en une
seconde. Elle s'exprime en Hertz (Hz). Une fréquence de 100Hz correspond
donc à 100 oscillations par seconde. Du point de vue de la
psychoacoustique, la fréquence correspond à la sensation de
hauteur. Ainsi un son de 600Hz est plus aigu qu'un son émis à une
hauteur de 300Hz.
Jusqu'ici, nous n'avons abordé que les sons « purs
». Or, rares sont les sons purs dans notre environnement sonore quotidien
car la plupart des sons que nous percevons sont dits « complexes ».
Un son complexe, comme la voix, est composé d'une fréquence
fondamentale (F0) sur laquelle se superposent des harmoniques (et des
transitoires). Les harmoniques sont des multiples entiers de la
fréquence fondamentale. La voix est donc le résultat de
l'addition des fréquences de F0 et de ses harmoniques et la
période ainsi obtenue est donc identique à celle de la F0.
Addition de sinusoïdes de différentes
fréquences 77
77 Baken R. J., Orlikoff R. F. (2000), Clinical measurement
of speech and voice, second edition, Delmar: Singular Thomson Learning,
p228.
Enfin, les bruits, tels que les consonnes occlusives, sont des
sons non périodiques: leur spectre fréquentiel est discontinu au
cours du temps. Il n'y a donc pas de rapport multiplicatif avec la
fréquence fondamentale.
III.2.3 Spectrogrammes
Un spectrogramme est une représentation acoustique d'un
signal sonore. Le tracé d'un spectrogramme indique les fréquences
d'un signal sonore en fonction du temps. L'intensité des
différentes fréquences du spectre est donnée par le
degré de noirceur du tracé des harmoniques.
Ce type de représentation est classiquement
employé par les phonéticiens pour définir les traits
caractéristiques des voyelles, des consonnes, des
phénomènes de co-articulation, ... Un spectrogramme permet
également d'étudier la richesse d'un timbre en harmoniques. On
remarque ainsi que la multitude de termes permettant de caractériser le
timbre d'une voix correspond à des réalités physiques
contrastées.78
III.2.4 Phonétogrammes
Réaliser un phonétogramme revient à
cartographier « les possibilités fonctionnelles du larynx en tant
qu'instrument vocal »79. C'est une représentation
graphique des intensités maximales et minimales (entre 40 et
120dB80) pour chaque hauteur tonale de toute l'étendue de la
voix émise sur un /a/. Il permet d'apprécier l'étendue, la
tessiture et l'intensité de la voix d'un sujet. Il donne donc une image
de la dynamique vocale. Cependant, le manque de standardisation de la
méthode de passation (voyelle employée, échauffement ou
non, moment de la journée, temps d'émission de la voyelle,
degré d'aperture buccale, ...) et le principe même de cette mesure
en font plus un outil d'évaluation des performances vocales qu'une
mesure de la fonction laryngée.81
78 Cf chap. III.4 Timbre.
79 Estienne Fr., p41, Op. cit. p30.
80 Estienne Fr. et Piérart B., p235, Op. cit. p36.
81 Ibid., p235.
Phonétogramme normal
III.3 Hauteur
III.3.1 Eléments de définition
En physique, la hauteur est appelée tonie et est
caractérisée par la fréquence. Le cycle vibratoire des
cordes vocales détermine la hauteur de la voix. Ainsi, pour une voix
dont la fréquence fondamentale est de 150Hz, il y a 150 cycles de
vibration des cordes vocales par seconde. Pour savoir combien de temps dure un
cycle vibratoire il suffit de diviser 1 seconde par le nombre de cycles (soit
1/150 ici). La fréquence (150Hz dans l'exemple) étant l'inverse
de la période, on peut donc considérer qu'un cycle vibratoire
correspond à une période physique.
La hauteur peut être modifiée par les
propriétés mécaniques des cordes vocales (tension et
rigidité) ainsi que par la pression de l'air82.
III.3.2 Evaluation
Classiquement, on utilise un « a » tenu pour
étudier la fréquence fondamentale83. Cependant, cette
tenue s'apparent à de la voix chantée. Or, la voix parlée
est sensiblement plus altérée que la voix chantée. En
effet, la voix parlée est constituée d'une succession d'attaques
et la dysphonie est surtout perceptible sur les attaques des sons vocaliques.
Inversement, il a été démontré que les analyses
réalisées à partir d'une voyelle tenue étaient
significatives.
La phrase « Elle n'aimait ni maman ni mamie » peut
également être utilisée pour mesurer la hauteur usuelle.
Elle a été préconisée par Giovanni84 et
reprise par
82 Titze et Liang (1994), in Estienne Fr., Piérart B.,
p232, Op. cit. p36
83 Giovanni, A, Op. cit. p36.
84 Giovanni A., Molines V., Nguyen N., Teston B., Robert D.,
Cannoni M., Pech A. (1992), « Une
Méthode Multiparamétrique d'évaluation vocale objective
assistée par ordinateur », Ann. Oto-Laryng.,
n°109.
Maillefert car elle correspond aux exigences du GREL à
savoir qu'une phrase de cinq ou six mots continuellement voisées, ne
contenant ni fricatives, ni explosives sourdes, permet de supposer que «
le bruit dans le signal acoustique provient principalement du niveau glottique
et pas de phénomènes articulatoires » et que « tout
segment désonorisé peut être considéré comme
anormal »85.
III.3.3 Normes
Type de voix
|
Homme
|
Femme
|
Voix conversationnelle
|
110 à 165 Hz
|
220 à 330 Hz
|
Voix projetée
|
123 à 185 Hz
|
245 à 370 Hz
|
Voix d'appel
|
220 à 330 Hz
|
440 à 660 Hz
|
III.3.4 Le jitter
III.3.4.1 Une mesure des perturbations à court
terme
Le jitter est une mesure des perturbations à court
terme de la fréquence fondamentale du signal sonore. On se place ici au
niveau de la période du son, donc du cycle vibratoire, et on observe les
différences de durée entre une ou plusieurs périodes. Il
existe de multiples modes de calcul du jitter et ses valeurs peuvent être
très variables d'une étude à l'autre86.
Cependant, peu importent les méthodes de calcul du jitter puisqu'il est
systématiquement corrélé à des désordres
vocaux (à l'exception du trémor et du vibrato du
chanteur87) bien qu'il ne permette pas d'en expliciter la ou les
causes.
Selon les auteurs, les causes peuvent être:
-neurologiques, c'est-à-dire liées à
l'excitation des motoneurones qui influent sur les muscles
-aérodynamiques, lorsque les puffs d'air ne se
comportent pas comme on l'attendrait (cependant les auteurs ne savent pas
encore expliquer ces phénomènes qui restent
imprévisibles)
85 Maillefert A. (1999), Apports et limites de l'analyse
spectrale et acoustique de la voix au moyen d'un système informatique:
WinSnorri, Mémoire d'Orthophonie, Université Henri
Poincaré, Nancy 1, p146.
86 Giovanni, p 127, Op. cit. p36.
87 En présence d'un vibrato, la variation de la
fréquence fondamentale se produit environ 5 à 7 fois par seconde,
avec une déviation standard de un quart à un demi-ton en hauteur,
et d'environ 3dB en intensité.
-biomécaniques, du fait d'altérations des
propriétés des cordes
vocales.
Par ailleurs, on observe parfois des oscillations chaotiques,
sans doute liées au fonctionnement non linéaire de l'appareil
vocal. Les mesures objectives de la voix ne suffisent donc pas, seules,
à décrire l'ensemble des qualités et des
phénomènes vibratoires lors de la phonation.
III.3.4.2 Définitions et normes
Utilisant le logiciel Praat dans cette recherche, nous ne
mentionnons ici que les définitions et seuils de normalité
correspondant à ce logiciel. Dans Praat, il y a cinq mesures
différentes du jitter, chacune pouvant apporter un degré de
précision différent:
-jitter (local): il correspond au jitter ratio de la
littérature. C'est la moyenne de toutes les différences entre les
durées de deux périodes consécutives, divisée par
la durée moyenne d'une période du signal. En d'autres termes
c'est la « moyenne de la différence entre deux cycles vibratoires
du larynx consécutifs rapportée à la période
moyenne du signal »88. Le résultat est donc un rapport,
exprimé ici en pourcentage. Selon le manuel de Praat, le seuil
normal/pathologique de ce critère est fixé à 1,04%.
-jitter (local, absolute) ou jitta: il correspond au jitter
absolu dans la littérature. C'est la moyenne des différences (en
valeur absolue) entre les durées de deux périodes
consécutives du signal. Le seuil normal/pathologique est de 83,2.
-jitter (rap): il correspond au RAP ou au FPQ dans la
littérature. Comme le jitter ratio, le RAP mesure les perturbations
à court terme de la fréquence fondamentale. Ici, on compare la
durée de chaque période Ti non pas à celle de la
période suivante (Ti+1), mais à la moyenne de 3 périodes
successives Ti-1, Ti et Ti+1, ce qui a théoriquement pour effet
d'atténuer les variations volontaires de la fréquence vocale,
comme le trémolo par exemple. Dans les faits, le jitter ratio et le RAP
sont des mesures à peu près équivalentes. Le RAP est
également exprimé en pourcentage. Le seuil normal/pathologique
est fixé à 0,68%.
-jitter (ppq5): c'est la moyenne de la différence (en
valeur absolue) entre la durée d'une période et la durée
moyenne des 4 périodes les plus proches, divisée par la
durée moyenne d'une période du signal. Exprimé en
pourcentage, le seuil
88 Giovanni, p 119, Op. cit. p36.
normal/pathologique du ppq5 est de 0,840%.
-jitter (ddp): Il est égal à trois fois le RAP.
III.3.4.3 Quelques remarques
Il est intéressant de noter que les perturbations de F0
sont majorées à l'attaque et en final du son. Lieberman et Horii
préconisent donc d'analyser le jitter à partir de la partie
médiane de la voyelle89.
D'autre part, il semblerait qu'il y ait une influence de F0
sur le jitter. Quand F0 augmente, le jitter tendrait à diminuer.
L'intensité jouerait également un rôle sur les valeurs du
jitter90 (mais cette étude n'a pas été
publiée). La voyelle choisie pour les calculs des différents
jitter influe également sur les résultats. Cependant, les
études réalisées sur cette question sont toutes en langue
anglaise et nombre d'entre elles se contredisent. Baken et Orlifoff
préconisent donc d'utiliser toujours la même voyelle au sein d'une
même recherche91. Enfin, ils évoquent la
possibilité que le jitter soit plus élevé chez les femmes
que chez les hommes, ce qui nous semble contradictoire avec le fait que le
jitter diminue quand la fréquence fondamentale augmente.
Le rôle de la co-articulation concernant la valeur du
jitter existe uniquement lorsque ce dernier est calculé à partir
d'un échantillon de parole spontanée92. Cependant,
certaines études tendent à montrer que seul le jitter
calculé sur toute la durée d'une voyelle tenue est
significativement différent du jitter estimé à partir d'un
échantillon de parole. Le jitter, estimé à partir d'un
court extrait de voyelle, semblerait quant à lui comparable au jitter en
parole spontanée93.
Dans cette perspective, Karnell estime qu'environ 190 cycles
vibratoires sont nécessaires pour qu'une étude objective de la
voix soit valide94. D'autre part, Baken et Orlikoff suggèrent
qu'une analyse sur 110 cycles serait suffisante en clinique.
89 Lieberman (1961) et Horii (1979) in Baken R. J., Orlikoff R.
F., p206, Op. cit. p47.
90 Jacob (1968) in ibid., p206.
91 Baken R. J., Orlikoff R. F., p206, Op. cit. p47.
92 Nittrouer et al. 1990 in ibid., p192.
93 Leddy and Bless 1989 in ibid., p193.
94 Karnell (1991) in ibid., p194.
III.4 Timbre
Le timbre est déterminé par la richesse en
harmoniques du son. Chaque personne a un timbre propre. A titre d'exemple,
c'est en grande partie grâce au timbre que l'on reconnaît la voix
d'une personne au téléphone. De la même manière une
note identique, jouée sur deux instruments différents, ne donnera
pas le même son bien qu'émise à la même hauteur et
à la même intensité.
Typologie physique et perceptive des spectres de raies
harmoniques d'instruments (d'après Frachet)95
III.4.1 Les mesures du bruit dans le spectre
Les harmoniques d'un signal vocal résultent
d'interruptions quasi périodiques du passage de l'air entre les cordes
vocales. Il en est différemment pour les inter harmoniques qui sont le
résultat d'un passage turbulent et continu de l'air à travers la
glotte. Les inter harmoniques correspondent donc à du bruit. Quand la
fonction laryngée se détériore et que l'efficacité
glottique diminue, les modulations par les cordes vocales du flux d'air
deviennent moins efficientes. L'énergie des harmoniques est alors
progressivement remplacée par du bruit sur le spectrogramme.
Depuis 1970, de nombreux chercheurs comme Emanuel,
Yanaguihara, Isshiki et Morimoto, étudient les relations entre le bruit
sur les spectres de voyelles et la raucité. Les principales conclusions
que l'on peut tirer de leurs recherches sont les suivantes:
-toutes les voyelles, pathologiques ou non, ont une composante
de bruit lorsqu'on les observe avec de courtes fenêtres d'analyse. Dans
tous les cas, le spectrogramme d'une voix altérée comprend
proportionnellement plus de bruit que celui d'une voix normale
-plus la fréquence est perturbée et plus il y a du
bruit
95 Maillefert A., p33, Op. cit. p49.
-le niveau de bruit dans une voyelle est plus important dans
des voyelles fréquentiellement graves comme le /y/ que dans des voyelles
aiguës comme le /i/. Le /a/ étant un intermédiaire entre ces
deux extrêmes
-il y a corrélation entre la perception auditive du
bruit et sa visualisation sur un spectrogramme. Le taux de corrélation
est d'autant plus élevé que le bruit se situe entre les
fréquences 100 et 2600Hz
III.4.2 Échelle de Yanaguihara
L'échelle de Yanaguihara permet de déterminer le
taux de dysphonie dans une voix (exprimé en « type » de
dysphonie, le type IV étant le plus sévère) en estimant la
quantité de bruit à l'intérieur d'un spectrogramme
à bandes étroites de voyelles (/a/, /é/ et
/i/):96
-Type 0 : normalité.
-Type 1 : les harmoniques sont mélangées avec
des composantes de bruit, surtout dans les régions formantiques des
voyelles. On observe un léger bruit de souffle dans l'aigu
-Type 2 : les composantes de bruit pour les seconds formants
sont plus importantes que les composantes harmoniques et il apparaît une
légère composante de bruit dans la région du 3 000 Hz. De
plus, des bruits inter-harmoniques apparaissent
-Type 3 : les seconds formants sont complètement
remplacés par des zones de bruit, et le bruit additionnel
s'accroît dans la région des 3000Hz.
-Type 4 : les seconds formants sont remplacés par des
composantes de bruit, de même que les premiers formants de toutes les
voyelles; les composantes de bruit s'accroissent également dans les
hautes fréquences. Le type 4 correspond à une quasiaphonie.
96 Yanaguihara N. (1967) Significance of harmonic changes and
noise components in hoarseness in journal of speech and hearinge research,
10,531-541 in Baken R. J., Orlikoff R. F., p280, Op. cit. p47.
Voix de femme normale Voix de femme très
altérée
Les spectrogrammes ci-dessus représentent un /a/ tenu,
avec et sans dysphonie.
Le temps est en abscisse, les fréquences de 0 à
8000 Hertz sont en ordonné, et les premiers formants sont tracés
en rouge.
L'intérêt majeur de cette échelle est
qu'elle permet de quantifier la dysphonie, de chiffrer les sensations
notées par les lettres G, R et B du GRBAS. Cependant, il ne faut pas
oublier que la mesure de la qualité du timbre,est de fait liée
à la subjectivité de celui qui analyse, visuellement, le
spectrogramme.
III.4.3 Rapport harmoniques/bruit 97
Comme nous l'avons vu précédemment, lorsqu'une
voix est altérée, les harmoniques sont progressivement
remplacées par du bruit sur le spectrogramme. En grande partie
développé par Yumoto, le rapport harmoniques/bruit (Harmonicity
to Noise ratio) consiste à calculer la proportion de bruit dans le
signal vocal. Selon les logiciels utilisés, il est possible de calculer
le rapport harmoniques/bruit (H/N) ou bien le rapport bruit/harmoniques (N/H),
les deux rapports étant équivalents. Nombre de recherches tendent
à montrer une forte corrélation entre la valeur du rapport
harmoniques/bruit et la sévérité de la dysphonie. Ce
rapport semble en outre être un bon prédicteur de la perception du
souffle et du voile, surtout en l'absence d'apériodicité
majeure98. Avec Praat, nous pouvons considérer être en
présence d'une voix pathologique pour un rapport H/N très
inférieur à 20dB pour le phonème /a/.
Cependant, comme pour le jitter, on peut reprocher à
cette mesure d'analyser la voix de manière linéaire alors que
celle-ci résultent de phénomènes en réalité
bien plus complexes.
97 Baken R. J., Orlikoff R. F., pp281-284, Op. cit. p47.
98 Lalot A., Reyt S. (2008), Etude comparative de la
production des voyelles entre locuteurs sains et dysphoniques: Effet du
contexte de la réalisation et de la composante de souffle,
Mémoire d'Orthophonie, Université Claude Bernard, Lyon1
III.5 Intensité
L'intensité, ou sonie en physique, est la mesure de la
puissance d'un son.
III.5.1 Physique
III.5.1.1 Physique acoustique
Une source sonore, telle une sphère pulsante,
émet une puissance acoustique dans tout l'espace qui l'entoure. Plus on
s'éloigne de la sphère, plus la puissance par unité de
surface, c'est-à-dire l'intensité, va diminuer.
L'intensité acoustique s'exprime en watts. 1/ 1 000 000 000 000 Watt par
mètre carré est l'intensité la plus faible perçue
par l'oreille humaine (1 Watt par mètre carré correspond au seuil
de la douleur). Le rapport entre ces deux valeurs étant de mille
milliards, l'échelle en watts n'est donc pas des plus pratiques à
utiliser. C'est pourquoi Alexander Graham Bell99 eu l'idée
d'utiliser une échelle logarithmique, échelle qui porte son nom:
le Bel. C'est le décibel (dB) qui est couramment employé pour
détailler au mieux la réalité de ce que perçoit
l'oreille humaine.
Schématisation d'une sphère pulsante
100
III.5.1.2 Psycho acoustique
L'intensité, comme la hauteur, est pour l'oreille
humaine, à la fois une notion subjective et objective (en anglais, il
existe deux termes différents pour parler de ces deux types
d'intensité: « loudness » pour la perception et «
intensity » pour la puissance acoustique). En effet, l'oreille n'a pas la
même sensibilité selon la fréquence écoutée.
Par exemple, un son de 50dB produit une sensation auditive plus forte lorsque
sa fréquence est de 1000Hz que lorsqu'elle est de 100Hz.
99 Alexander Graham Bell (1847-1922). 100[
www.techniquesduson.com
].
III.5.2 Normes
L'intensité est proportionnelle à l'amplitude du
mouvement vibratoire des cordes vocales. Elle dépend en majeure partie
de la valeur de la pression sousglottique et donc de la coordination
adéquate entre la force de soutien respiratoire (diaphragmatique et
abdominale) d'une part, et la qualité et la force d'accolement des
cordes vocales d'autre part. Plus la pression d'air expirée est
élevée et plus l'intensité augmente, à condition
que la glotte offre une résistance assez efficace au flux d'air. Ainsi,
l'intensité et la fréquence sont généralement
corrélées chez les locuteurs sans travail vocal car ils ne
différencient pas aisément l'augmentation de la pression
sousglottique et la résistance glottique101.
Type de voix
|
Intensité
|
Voix conversationnelle
|
Entre 55 et 65dB
|
Voix projetée
|
Entre 65 et 75dB
|
Voix d'appel
|
Entre 80 et 85dB
|
Voix criée
|
Entre 90 et 110 dB
|
Voix d'opéra
|
Jusqu'à 120dB
|
Tableau des normes de l'intensité vocale 102
III.5.3 Shimmer
III.5.3.1 Définitions et normes
Le Shimmer est une mesure de la perturbation à court terme
de l'amplitude des périodes de la fréquence fondamentale.
Comme pour le jitter, il y a de multiples manières de
calculer le shimmer. Les normes établies dépendent du choix du
mode de calcul et du logiciel d'analyse utilisés. Nous décrivons
ici les définitions choisies par les créateurs de Praat, soit
:
-shimmer (local): on mesure ici les perturbations à
court terme de l'amplitude du signal sonore. Pour ce faire, on divise la
moyenne des différences (en valeur absolue) entre l'amplitude maximale
de deux périodes successives, par la moyenne des amplitudes maximales de
chaque période. Le seuil normal/pathologique est fixé à
3,81 %.
-shimmer (local, dB): C'est la moyenne des différences
(en valeur absolue
101Estienne Fr., Piérart B., p234, Op. cit. p36.
102Klein-Dallant C. (dir.) (2001), Dysphonies et
rééducations vocales de l'adulte, Marseille: Solal.
logarithme10), entre l'amplitude maximale de deux
périodes consécutives, multipliée par 20. Cette
méthode de calcul présente l'avantage de limiter les effets des
variations de F0 (tremor, vibrato, ...) sur le shimmer103. La valeur
déterminant le seuil normal/pathologique est 0,350dB.
-shimmer (apq11)104: il s'agit également
d'une mesure des perturbations à court terme de l'amplitude du signal.
Sur le même principe que le jitter RAP, il s'agit d'atténuer les
effets des modulations volontaires d'intensité en comparant l'amplitude
maximale de chaque période Ti à l'amplitude moyenne des pics des
périodes Ti-5 à Ti+5, soit 11 périodes. La mesure de l'APQ
est optimale avec une fenêtre d'analyse de taille 5105. Le
seuil normal/pathologique est fixé à 3,07%.
III.5.3.2 Quelques remarques
Le shimmer et le jitter tendent à covarier. Il
semblerait même que le shimmer soit plus intéressant pour
évaluer les pathologies vocales que le jitter106 (en
particulier en présence d'une raucité). Mais jusqu'à
présent, le shimmer a été beaucoup moins
étudié que le jitter.
Certaines études montrent que le shimmer augmente avec
la sédentarité (évaluée à partir du taux de
cholestérol, des capacités ventilatoires, du poids et de
l'intensité de l'activité sportive). Par ailleurs il semblerait
que le shimmer soit un indicateur très sensible en présence de
pathologie laryngée107. Von Leden et Koike ont ainsi pu
déterminer quatre schémas types du shimmer correspondant à
la voix : normale, avec nodules, avec paralysie et avec tumeur maligne.
III.5.4 Voix d'appel
En voix d'appel, c'est-à-dire lorsque l'on parle de
manière à ce qu'une personne éloignée puisse nous
entendre, l'intensité est de 80dB en moyenne et la fréquence
fondamentale augmente d'une octave par rapport à la voix
conversationnelle108. Outre l'intensité et la hauteur, la
voix d'appel permet d'apprécier
103Horii 1980 in Baken R. J., Orlikoff R. F, p134, Op. cit. p.47.
104Koike, Takashi and Calcaterra 1977 in ibid., p134. 105Davis 1976 1979 1981
in ibid., p135.
106Baken R. J., Orlikoff R. F, p130, Op. cit. p47.
107Von Leden and Koike 1970 in ibid., p136.
108Klein Dallant C., Op. cit. p57.
visuellement la montée et donc la mobilité du
larynx109. Il a cependant été remarqué
cliniquement que certains patients produisent une voix d'appel malgré
une mobilité laryngée très réduite, et même
avec une ascension laryngée inexistante. Tout donne lieu à croire
que ces patients utilisent le mécanisme du forçage vocal pour
répondre à la consigne qui leur est donnée.
III.6 Rendement de la source vocale
La voix est le produit de phénomènes
aérodynamiques qui surviennent dans le conduit vocal. Les quatre
paramètres aérodynamiques sont: les pressions sousglottique et
intra-orale, les débits d'air nasal et oral. Mais seuls la pression
sousglottique et le débit d'air oral présentent un
intérêt dans l'évaluation des dysphonies.
III.6.1 Pression sous-glottique
La pression sous-glottique est produite par les poumons et
dépend de la résistance plus ou moins importante des cordes
vocales au passage de l'air. Elle s'obtient directement grâce à
une seringue hypodermique reliée à un capteur de pression
(technique très efficace quoiqu'invasive) ou bien indirectement par une
estimation fondée sur la mesure de la pression
intra-orale110. De la pression sousglottique dépend la
hauteur et l'intensité de la voix. C'est donc un paramètre
très pertinent en clinique. De plus, lorsqu'il y a une béance
glottique, les poumons doivent fournir plus d'air afin de maintenir une
intensité suffisante malgré la déperdition d'air. Une
forte corrélation entre les valeurs de la pression sous-glottique et le
forçage vocal a été
démontrée111.
III.6.2 Débit d'air oral
Le débit d'air oral, que l'on capte au moyen d'un tuyau
souple relié à un capteur de pression, évalue le rendement
laryngien. Il permet aussi de calculer la pression sous-glottique.
Associés, ces deux paramètres objectivent la fuite glottique en
phonation, très souvent présente lors d'une dysphonie, ainsi que
la coordination
109La montée du larynx s'observe chez la plupart des
sujet, cependant, il est possible d'obtenir une voix d'appel sans montée
du larynx même si cela se fait au prix d'un effort laryngé
très important. 110Baken R. J., Orlikoff R. F., pp319-326, Op. cit.
p47.
111Giovanni, A., Heim, C., Demolin, D., et Triiglia, J.M. (2000),
« Estimated subglottic pressure in normal and dysphonic subjetcs »,
Ann. Otol. Rhino. Laryngol, 109, 500-504
pneumophonique. Bien que riches en informations, ces mesures se
font grâce à des capteurs aérodynamiques complexes dont les
coûts sont relativement élevés112.
III.6.3 TMP
Le Temps Maximum de Phonation (TMP) est la mesure du temps
maximal d'émission vocale sur un << a » tenu, à une
hauteur et une intensité confortables. La longueur du TMP dépend
à la fois de la capacité pulmonaire et de la qualité
d'accolement des cordes vocales. C'est un bon indicateur du rendement de la
source vocale puisque plus la fuite glottique est conséquente et plus le
TMP est court. Le TMP se calcule à l'aide d'un chronomètre mais
on peut tout aussi bien obtenir sa valeur grâce au logiciel Praat en
sélectionnant l'enveloppe du son dans la fenêtre du signal
acoustique.
La mesure du TMP présente le double avantage
d'être rapide et simple à réaliser. Cependant cette mesure
n'est pas si idéale qu'elle y paraît à première vue.
Tout d'abord il existe une grande variabilité du TMP entre les
individus, mais aussi au cours du temps. De plus, selon l'intensité et
la hauteur choisies, la tenue du /a/ demande une pression sous-glottique plus
ou moins importante113. En outre, selon que l'examinateur propose un
exemple ou non, et selon les stratégies mises en place par le
sujet114, le TMP peut également largement varier. Enfin, Raes
et Clément (1996)115 ont constaté un manque
d'uniformité dans la procédure de passation de la tâche
(voyelle utilisée, position du sujet, phonation avec ou sans embouchure)
ce qui est problématique dans le choix des normes auxquelles se
référer. Hirano propose de compenser l'inexactitude de cette
mesure par le quotient phonatoire qui est égal à la
capacité vitale du sujet (mesurée au moyen d'un
spiromètre) divisée par son TMP116.
La durée moyenne d'un /a/ tenu varie entre 15 et 25
secondes.
112Hillman R.E., Kolber J.B., (2000), << aerodynamic
measures of voice production » in Baken R. J., Orlikoff R. F., pp245-256,
Op. cit. p47.
113BAKEN ET orlikoff p369?
114Giovanni p115
115In Estienne Fr. et Piérart B. (2006), Les bilans de
langage et de voix, Fondements théoriques et
pratiques, chapitre 5: Bilan vocal par Estienne et
Morsomme D., Paris : Masson, pp265
116Hirano M., Kobler J.B., Von Leden H. (1968) Maximum phonation
time and air usage during
phonation. Folia Phoniatrica, 20, 185-201 ou Giovanni p115
III.6.4 Rapport s/z117
Les phonèmes /s/ et /z/ sont deux phonèmes
constrictifs. Le premier étant sourd, il ne nécessite pas de
vibration laryngée, à l'opposé du second qui est sonore et
suppose donc une vibration laryngée. Par ailleurs, ces deux
phonèmes sont réalisés dans les mêmes conditions du
point de vue des cavités de résonances. Le rapport des temps
maximum de phonation de /s/ sur /z/ est normalement proche de 1. Cependant,
chez le dysphonique, ce rapport est généralement supérieur
à 1, la production du son /s/ étant alors plus longue que celle
du /z/. Par conséquent, toute valeur supérieure à 1, est
censée mettre en évidence une fuite glottique.
Malheureusement, de nombreuses études n'ont pas abouti
à cette conclusion, et la signification du rapport s/z est
interrogée. Ainsi, il n'y a aucune raison pour qu'on observe un rapport
s/z proche de 1 chez un individu sain. En effet, à intensité
égale, les phonèmes [s] et [z] seront produits avec la même
pression sousglottique. Le flux d'air lors de la production du son [z], qui
nécessite une contraction des cordes vocales, sera donc plus faible, ce
qui induit une durée d'émission plus longue. Plusieurs
études sur des sujets sains démontrent la justesse de ce
raisonnement, en obtenant des rapports s/z inférieurs à 1. Ainsi,
si des sujets non-dysphoniques prolongent d'avantage le son [z] que le son [s],
le rapport s/z est-il approprié pour mettre en évidence une
défaillance de l'accolement des cordes vocales?
117De Boone (1977), in Baken R. J., Orlikoff R. F., p373, Op.
cit. p47.
IV La Posture
IV.1 Linguistique et historique
IV.1.1 Repères linguistiques
Avant d'aborder la description du système postural
d'aplomb, un peu de linguistique semble nécessaire. L'équilibre,
la posture, la stabilité, l'aplomb, l'attitude, tous ces termes relatifs
au fait de « se tenir debout » ne relèvent pas des mêmes
réalités.
En physique, on parle d'équilibre lorsque les forces
sont alignées, égales et opposées ce qui ne peut se
concevoir pour un corps humain « dont toutes les parties sont
douées d'activité »118. L'équilibre est
donc un état de repos, relatif, résultant de forces qui se
compensent mutuellement. En outre, le verbe « être » est un
verbe d'état. Un corps est en équilibre ou non. L'Homme, lui, n'
« est » pas en équilibre mais cherche sans cesse cet
état où les forces en jeu s'annulent par des ajustements
successifs: c'est ce qu'on appelle la stabilité.
En effet, la stabilité est « l'état d'un
solide qui tend à revenir à sa position initiale lorsqu'il en est
écarté »119. Le terme stabilité offre donc
une souplesse que n'a pas l'équilibre puisque l'équilibre est
binaire alors que la stabilité peut s'exprimer de multiples
façons différentes. Ainsi, les deux
statokinésigrammes120 ci-contre représentent les
projections successives du centre de gravité d'un sujet, projections qui
restent à l'intérieur du polygone de sustentation et signent donc
un soit-disant état d'équilibre. Cependant, le premier
enregistrement est normal, alors que sur le second, la personne a
exploré les limites de sa stabilité. Le posturologue
s'intéresse donc à la stabilité plus qu'à
l'équilibre, idéal rarement atteint.
118 André Thomas in Gagey P.-M., Weber B., et coll.
(2004), Posturologie Régulation et dérèglements de la
station debout, 3ème édition, Paris: Masson, p9.
119Ibid. p15. 120Ibid. p14.
Deux statokinésigrammes (d'après Gagey)
121
Si l'on revient à des définitions
mécaniques, les deux forces opposées qui s'exercent sur le corps
debout sont la gravité et la force de résistance à la
gravité. Et ces deux forces sont en permanence contrariées par
les stimulations venant de l'environnement et de l'organisme lui-même.
Car, même lorsqu'on ne bouge pas, notre organisme n'est jamais totalement
immobile. Flourens (1830) a nommé cet état debout au repos:
<< aplomb ». Selon le dictionnaire Le Robert, l'aplomb est
l'<< état d'équilibre du corps reposant sur ses membres
». Gagey et Weber parlent donc de << système postural
d'aplomb » permettant l'activité de stabilisation du corps.
Mais en quoi l'étude de l'aplomb présente-t-elle
un intérêt puisqu'elle s'intéresse à l'homme debout
au repos, alors que l'homme est le plus souvent en mouvement? La
définition du Littré apporte un premier élément de
réponse: l'aplomb << se dit, en physiologie, et de la
répartition régulière du poids du corps sur les membres et
de la direction la plus favorable de ceux-ci considérés comme
supports pour le soutien du tronc et l'exécution des mouvements du corps
». L'aplomb est donc nécessaire à la préparation de
tout mouvement. On peut faire un parallèle avec l'expression <<
tous à vos postes » qui pourrait se traduire par <<
tenez-vous tous dans une posture qui vous place en position d'effectuer un
mouvement ». La posture c'est la position du corps dans l'espace, c'est la
<< manière dont on pose, tient le corps, la tête, les
membres » d'après la définition du Littré.
Il faut également différencier la posture de
l'attitude. Lorsque le mouvement est figé par le peintre ou le sculpteur
par exemple, on parle d'attitude. << Attitude,
121Gagey P.-M., Weber B., et coll., p14, Op. cit. p62.
d'origine, est un terme d'art relatif au beau [...] >,
d'après le Littré, là où le Robert explique que
c'est la « manière de tenir son corps >,. Ces deux
définitions, bien que d'apparence différente, font
référence à un phénomène social. On dit
« avoir une bonne/mauvaise attitude >, pour un comportement social,
alors que « être dans une bonne/mauvaise posture >, est
plutôt relatif à l'action qui s'annonce. On oppose donc la posture
relative au mouvement, à l'attitude relative à la pose (comme
chez le photographe).
IV.1.2 Eléments historiques
IV.1.2.1 L'Histoire
Comment l'Homme tient-il debout? Cette question, beaucoup se
la sont posée, et ce depuis longtemps. Aristote, déjà,
avait observé que le sommeil privait de la capacité à se
tenir debout. Plus tard, Borellus, Descartes ou encore Charles Bell, ont
cherché à y répondre avec les moyens mathématiques
et mécanistes (cartésiens si j'ose dire) de l'époque, en
cherchant LE sens donnant la faculté de tenir debout à un homme
soumis à des forces et à des pressions tel une machine.
Schéma de Borellus: De motu animalium
Les premiers enregistrements posturographiques sont l'oeuvre
de Vierordt qui, pour observer les variations de la stabilisation posturale,
mettait un casque surmonté d'une plume sur la tête de ses sujets
d'expérimentations. La plume allait alors gratter une feuille de papier
enduite de noir de fumée et collée au plafond. Bien d'autres
chercheurs suivirent, qui inventèrent bien d'autres appareils de
posturographie; mais tous introduisaient systématiquement un lien entre
le sujet et son environnement. En réalité, les résultats
étaient bien difficiles à analyser. Le
kinésithérapeute français, Roger Toulon, est le premier
à avoir mesuré la finesse de stabilisation grâce à
une plate forme, libérant ainsi le sujet de tout lien avec
l'environnement. Cependant la
stabilométrie n'est devenue performante qu'avec
l'arrivée des premiers ordinateurs privés, permettant ainsi le
calcul et l'analyse des données posturographiques.
IV.1.2.2 Histoire moderne et développement de la
posturologie
La posturologie clinique, en France, a pour origine le
syndrome subjectif des traumatisés crâniens ouvriers du BTP en
région parisienne. En effet, ces traumatisés du crâne
avaient tous en commun des sensations vertigineuses, inexpliquées par
les bilans neurologiques et otoneurologiques (à cette époque,
seule l'oreille interne était considérée comme grande
maîtresse de l'équilibre). Baron s'est intéressé
à ce syndrome « subjectif » et a commencé à
faire des recherches par rapport au contrôle postural, à la
régulation tonique, ... Il a été rejoint dans cette
quête de la compréhension de la posture dès 1952 par Gagey
qui, sur une idée du japonais Fukuda, a exploré la voie des
réflexes posturaux.
Plus tard, Gagey créa l'Association Française de
Posturologie. Le professeur Henrique Martins da Cunha rejoint cette association
au début des années 80, mais ses recherches n'avaient, a priori,
rien à voir avec celles des français. Il s'intéressait aux
lombalgies et aux dorsalgies alors que Gagey et ses collaborateurs
s'intéressaient aux sensations vertigineuses et à
l'instabilité. Cependant, tous utilisaient, notamment, les prismes comme
moyens de traitement, donc tous travaillaient au niveau de l'entrée
visuelle de la posture, et tous obtenaient des résultats encourageants.
Le lien entre leurs recherches respectives ne fut établit que bien plus
tard: la pathologie du système postural englobe en effet tous les
patients qui ont « du mal à se tenir debout
»122.
C'est Okubo, en 1981 qui s'est intéressé le
premier au rôle du pied dans le contrôle postural. Gagey chercha
alors dans cette même voie, sans aucun succès jusqu'à sa
rencontre avec Philippe Villeneuve (qui utilisait de très fines
sur-épaisseurs comme semelles en lieu et place des gros coins prescrits
à l'époque).
Jacques Meyer, dentiste, avait remarqué dans les
années 70 que la pose d'appareils, en modifiant la position de la
mandibule, pouvait améliorer simultanément la dentition et le
système postural. Ce n'est que dans les années 90 que
l'hypothèse d'un rôle de la mandibule dans la régulation
posturale fut étudiée par Gagey (et par bien d'autres à la
même période).
122Gagey P.-M., Weber B., et coll., p6, Op. cit. p62.
IV.2 Comment tient-on debout?
Jean Grenier nous dit qu'« il est aussi noble de tendre
à l'équilibre qu'à la perfection, car c'est une perfection
que de tendre à l'équilibre ». Or, l'Homme tient debout en
équilibre sur ses deux pieds. Nous exposerons ici les lois et les
manières auxquelles le corps a recours pour garder son
équilibre.
IV.2.1 Les trois lois de Léopold Busquet
Selon Busquet, notre corps obéit à trois lois
inter-dépendantes123 qui permettent d'assumer ses diverses
fonctions:
-la loi d'équilibre, selon laquelle l'équilibre
résulte de l'action de forces divergentes, permet de garder le regard
horizontal en toutes circonstances
De cette loi en découlent deux autres:
-la loi d'économie qui suppose que les
différentes fonctions de base, comme la statique et la respiration, se
doivent de consommer peu d'énergie pour que le sujet préserve son
capital vital et puisse agir
-la loi de confort selon laquelle le sujet s'évertue
à vivre sans douleurs, au besoin en employant des schémas de
compensation pour que cet équilibre confortable puisse
perdurer124.
IV.2.2 Les courbures vertébrales
Le corps humain est donc constitué d'un ensemble de
segments squelettiques articulés les uns aux autres de manière
équilibrée, économique et confortable. Pour garder son
équilibre, il faut que chaque segment repose sur la surface articulaire
du segment inférieur. Mais étant donnée
l'étroitesse de ces surfaces d'appui, l'équilibre des segments
est plutôt instable.
Cela justifie la présence de trois courbures
vertébrales, à savoir: -la lordose cervicale
-la cyphose dorsale
123Busquet L. (2000), Les chaînes musculaires Tome 1
Tronc, colonne cervicale et membres supérieurs. 5ème
édition revue et corrigée, Paris: Edition Frison-Roche.
124Cependant, les compensations mises en place se
révèlent généralement moins économiques et
entraînent des déformations de la charpente osseuse.
-la lordose lombaire.
En somme, ces courbures vertébrales déterminent une
posture corporelle de référence qui répond aux trois lois
précitées.
IV.2.3 La posture de référence
La posture de référence fait appel aux notions de
polygone de sustentation et de centre de gravité.
Par définition, le polygone de sustentation est obtenu
en joignant les points d'appui d'un corps sur une surface. Pour l'Homme, il
dépend de la position des pieds au sol.
Lorsque le corps est en position verticale, la projection du
centre de gravité au sol se situe idéalement au milieu du
polygone de sustentation. Le centre de gravité corporel passe
approximativement au niveau de la troisième vertèbre lombaire
(L3).
La ligne de gravité de la posture de
référence passe
-en avant du conduit auditif externe
-frôle le rachis cervical
-coupe la 10ème dorsale
-passe légèrement en arrière de
l'articulation de la hanche -passe légèrement en avant de
l'articulation du genou -arrive juste en avant de l'articulation de la
cheville.
Selon les individus, cette ligne de gravité peut
être antérieure (passant en avant de l'axe coxo-fémoral) ou
postérieure (passant en arrière de l'axe coxo-fémoral).
Pour autant, même lorsqu'un sujet normal est
débout, son équilibre n'est jamais complètement stable,
c'est pourquoi son corps décrit des oscillations multidirectionnelles
non visibles à l'oeil nu.
La posture de référence 125
IV.3 Composition du système postural
Dans un premier temps, nous avons exposé les conditions
nécessaires à l'équilibre postural et nous avons vu que
cet équilibre était, en définitive, relativement
précaire. Dans cette perspective, nous allons maintenant expliciter les
moyens grâce auxquels la posture est régulée.
L'activité motrice posturale a essentiellement pour
fonctions: -de lutter contre les effets de la gravité
-d'assurer l'équilibre du corps lorsqu'une force
extérieure (autre que la gravité) vient s'exercer
-et de coordonner le maintien de l'équilibre pendant la
réalisation
d'un mouvement.
Pour répondre à ces fonctions, le système
postural dispose d'un système informatif, d'un système central
intégrateur et d'un système effecteur musculaire.
Le système informatif correspond aux entrées de
la régulation posturale. Il est composé de l'ensemble des
capteurs qui fournissent des informations au système nerveux central.
125 Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G, Legré A., p126,
Op. cit. p32.
Le système central intégrateur analyse les
informations fournies par les capteurs et commande les muscles. Il comprend des
voies ascendantes, descendantes et des centres de commande. Les voies
ascendantes sont celles de la sensibilité. Ce sont elles qui
intègrent les renseignements et les confrontent au stock des sensations
déjà mémorisées créant ainsi la «
représentation mentale instantanée et permanente de
l'environnement »126 et du corps. Les voies descendantes sont
extra-pyramidales. Ce sont elles qui gèrent le tonus musculaire, la
posture, l'équilibre et le mouvement.
Uniquement musculaire, le système effecteur est, somme
toute, le système de sortie. Car même si les muscles ont leurs
propriétés spécifiques, ils obéissent au
système central.
IV.3.1 Les capteurs, entrées de la posture
Le système informateur est composé de l'ensemble
des capteurs posturaux. Ceux-ci peuvent être sensoriels ou sensitifs et
on en distingue deux types. Les exocapteurs fournissent des informations
relatives à l'environnement, alors que les endocapteurs apportent les
informations relatives au corps.
IV.3.1.1 Les exocapteurs
Les exocapteurs vont donc renseigner sur toutes les
perturbations extérieures au corps. Nous ne parlerons ici que des
capteurs oculaires et podaux, le capteur labyrinthique n'intervenant que peu
dans notre propos.
Capteur oculaire
La vision permet de situer le corps dans l'espace par rapport
aux plans vertical et horizontal. La plupart du temps, l'exo-entrée
visuelle sert de référentiel essentiel. En effet, la vision
fovéale identifie les objets (dans leurs formes, dimensions) et
évalue la distance d'un objet par rapport au corps. Ces informations
sont complétées par la vision périphérique qui
renseigne sur la vitesse et l'orientation des mouvements de ce qui se passe
dans le champ visuel.
126Willem G. (2004), Manuel de posturologie approches
cliniques et traitements des pathologies rachidiennes et céphaliques,
2ème édition, Paris: Frison-Roche, p14.
Capteur podal
La plante des pieds est la première source
d'informations. En effet, la semelle plantaire renseigne sur la qualité
du terrain ainsi que sur la répartition des appuis podaux grâce
à de nombreux barorécepteurs.
IV.3.1.2 Les endocapteurs
Ensuite, les endocapteurs rendent compte des différentes
positions et variations de positions des segments du corps les uns par rapport
aux autres.
Capteurs
somésthésiques
Ces capteurs relèvent de la proprioception et
contribuent à la représentation interne du schéma
corporel. Ils peuvent être de trois types: récepteurs musculaires,
capteurs ostéo-articulaires et capteurs tendineux. Ils sont mis en jeu
dans le contrôle postural mais aussi dans le contrôle du
mouvement.
Capteur podal
En plus du rôle d'exocapteur, la semelle plantaire est
pourvue d'endocapteurs proprioceptifs (nocicepteurs, récepteurs de la
sensibilité, mécanorécepteurs et
thermorécepteurs).
Capteurs oculomoteurs
La motricité oculaire est gérée par
plusieurs muscles oculomoteurs externes.
Ces muscles renseignent sur la position exacte de l'oeil dans
l'orbite et jouent ainsi le rôle de récepteurs proprioceptifs. Des
études ont ainsi révélées que la stimulation de
certains de ces muscles entraînait un déplacement du corps dans la
même direction.
Capteurs dentaire et manducateur
De plus en plus mentionné dans les études comme
faisant partie du système informateur de la régulation posturale,
l'appareil manducateur, de par son innervation commune avec les muscles
oculomoteurs, semble être un récepteur propioceptif au même
titre que les autres.
IV.3.2 Les effecteurs musculaires, sorties de
la posture
Une fois les informations apportées au système
central par les endocapteurs et les exocapteurs, les muscles posturaux
interviennent alors. Car la condition première à
l'équilibre postural est de pouvoir lutter contre les effets de la
gravité.
Les muscles posturaux sont donc dits « antigravitaires
». Ce sont également eux qui sont responsables du tonus musculaire
de repos. Il en existe de deux types:
-les muscles phasiques qui ont la particularité de pouvoir
assurer un travail moteur de faible intensité mais sur une très
longue durée
-et les muscles de soutien dont les propriétés
visco-élastiques permettent de résister rapidement à un
étirement tout en amortissant les oscillations supplémentaires
inhérentes à la résistance.
Les muscles posturaux habituellement décrits sont: -les
extenseurs de la cheville
-les muscles ischio-jambiers
-les extenseurs de la colonne vertébrale -et les muscles
de la nuque.
Bien sûr, leurs sollicitations varient d'un individu
à un autre. Par ailleurs, d'autres muscles peuvent entrer en jeu dans le
maintien postural lorsqu'une perturbation extérieure et/ou un mouvement
mettent en péril l'équilibre du sujet.
IV.3.3 Réflexes et ajustements posturaux127
En résumé, les capteurs posturaux apportent des
informations, qui seront traitées par le système central, en vue
de commander les muscles posturaux. Finalement, le système nerveux sert
de régulateur du contrôle postural. En effet, pour
l'exécution d'un mouvement ou toute autre variation posturale, des
réflexes et des ajustements posturaux sont déclenchés par
le système central.
127Villeneuve Ph. (coordination) (1998), Pied,
équilibre et rachis, Paris: Frison-Roche.
IV.3.3.1 Les réflexes posturaux
Il s'agit de boucles sensori-motrices qui régulent les
oscillations posturales. En effet, en réponse aux informations
apportées par les capteurs, le système nerveux déclenche
des réflexes qui agissent sur le tonus postural. Essentiellement
étudiés chez l'animal, ces réflexes sont néanmoins
présents chez l'homme même s'ils ne s'expriment que dans le
mouvement. Parmi les réflexes posturaux étudiés seuls
trois nous intéressent ici128:
-le réflexe nucal mis en évidence par Tadahi
Fukuda: une rotation de la tête entraîne l'extension des membres
controlatéraux et la flexion des membres homolatéraux
-le réflexe oculomoteur: le déplacement des yeux
d'un côté provoque une augmentation de la contraction du membre
inférieur controlatéral
-le réflexe cutané plantaire: une pression
légère de 10 à 20 grammes au niveau du premier
cunéiforme augmente le tonus des muscles rotateurs externes de la hanche
homolatérale. Et cette même pression, en regard de la
styloïde du cinquième métatarsien, augmente le tonus des
muscles rotateurs internes de la hanche.
IV.3.3.2 Les ajustements posturaux
En plus des ces réflexes, nous disposons de la
possibilité d'ajuster la posture. Ces ajustements sont le fait d'une
acquisition et consistent soit en une compensation du mouvement, soit en une
anticipation du mouvement.
Les mécanismes de compensation sont
déclenchés juste après l'apparition d'une perturbation
susceptible de compromettre l'équilibre postural. Ces réactions
s'apparentent à des pseudo-réflexes et sont le fruit de boucles
nerveuses de rétroaction.
Les ajustements anticipés quant à eux,
résultent d'une organisation nerveuse adaptative. Avant même que
le mouvement ne soit exécuté, se mettent en place des
128Marino A., Bressan P. et Villeneuve P. ont également
étudié des réflexes posturaux, entre autres à point
de départ labial (comme le réflexe des points cardinaux) ou
lingual (étudié par Hooker). En effet, chez le nouveau-né,
des stimulations linguales et labiales impliquent une rotation de la tête
voire du tronc. En stimulant la langue et les muqueuses labiales de sujets
adultes, ils ont également montré des corrélations entre
ces stimulations et des variations stabilométriques précises. La
langue et les lèvres sembleraient donc pouvoir entrer dans la
catégorie des endocapteurs posturaux.
ajustements posturaux qui vont stabiliser le centre de
gravité et permettre ainsi le maintien de l'équilibre tout au
long du mouvement.
IV.4 La posturologie clinique
IV.4.1 La profession de posturologue
La profession de posturologue n'est pas une profession
réglementée. Le posturologue est donc spécialiste dans une
autre activité médicale ou paramédicale, que ce soit la
podologie, l'ophtalmologie, l'O.R.L., la kinésithérapie,
l'ostéopathie, la neurologie, l'orthoptie, la rhumatologie ou la
médecine générale.
La posturologie se situe donc au carrefour de nombreuses
disciplines. Elle concerne tous les patients qui ont « du mal à
tenir debout » et pour qui tous les bilans médicaux se sont
révélés négatifs. En résumé, le
rôle du posturologue est de quantifier l'asymétrie posturale et de
dépister les entrées nociceptives. Ainsi, il pourra proposer des
solutions pour harmoniser les asymétries et réguler le
contrôle postural.
IV.4.2 L'exploration du système postural
Pour explorer les troubles d'origine fonctionnelle du
système postural d'aplomb, le posturologue dispose d'une plate-forme de
posturographie normalisée et d'un ensemble de tests cliniques. Nous ne
parlerons ici que de la plate-forme stabilométrique, en
référence aux données utilisées dans la partie
pratique.
Une plate-forme stabilométrique permet d'analyser les
oscillations posturales d'un individu debout, dans différentes
situations, et ainsi d'étudier son équilibre et le fonctionnement
de son système postural. Les enregistrements peuvent s'effectuer pieds
nus, chaussés, sur mousse, yeux ouverts ou yeux fermés. Le sujet
monte sur la plate-forme de telle sorte que, talons joints, les pieds fassent
entre eux un angle de 30 degrés. Il définit ainsi le polygone de
sustentation qui constitue le référentiel à partir duquel
la plate-forme, via un logiciel informatique calcule les variations de la
projection du centre de gravité au sol. Le tracé ainsi obtenu
à partir des projections du centre de gravité sert de base
à l'analyse de différents paramètres.
Position des pieds sur la plate-forme
stabilométrique 129
IV.4.3 Le statokinésigramme
Le tracé réalisé grâce à la
plate-forme stabilométrique est un statokinésigramme. Le centre
du polygone de sustentation (O) est pris comme origine du
référentiel. L'axe OX est l'axe frontal du sujet orienté
de gauche à droite. L'axe OY est l'axe antéro-postérieur
du sujet orienté d'arrière en avant.
Les principales mesures sont les suivantes130:
-Xmoyen : c'est la position moyenne du centre de gravité
entre la droite et la gauche. Hors norme, elle note la présence d'une
asymétrie tonique
-Ymoyen: c'est la position moyenne du centre de gravité
sur l'axe
antéro-postérieur.
-Surface: c'est la projection du centre de gravité tout
au long de l'enregistrement. La surface du statokinésigramme cherche
à montrer la dispersion de ces projections et indique la
précision avec laquelle le système postural situe l'individu dans
son environnement
-Longueur du statokinésigramme: c'est la distance
parcourue par un mobile qui rejoint les positions successives du centre de
gravité. Seule, cette donnée est peu utile.
-Longueur en Fonction de la Surface (LFS): à surfaces
de statokinésigrammes égales, on obtient des longueurs de
statokinésigrammes différentes. La longueur, rapportée
à la longueur calculée en fonction de la surface, indique la
quantité d'énergie dépensée par rapport à la
précision du système postural.
129Gagey P.-M., Weber B., et coll., p48, Op. cit. p62. 130Cf
Annexe 9.
-Écart type de la vitesse (EcTVit): La plate-forme
enregistre les positions successives du centre de gravité à un
intervalle de temps connu et régulier. Il est donc possible de
connaître la vitesse à laquelle le centre de gravité se
déplace entre deux points et ainsi de calculer l'écart standard
entre toutes les vitesses obtenues.
-FFT: elle permet grâce à la transformée
de Fournier, de trier les oscillations par bandes de fréquences. La
valeur de 0,2Hz correspond au rythme ventilatoire et, très
schématiquement, toute valeur différente de 0,2Hz reflète
les contractions musculaires de rattrapage de la position
d'équilibre.
IV.4.4 Principales dysfonctions du système
postural
L'expérience clinique posturologique a largement
prouvé qu'un dysfonctionnement du système informatif pouvait
entraîner des dérèglements du système postural dans
son ensemble. En d'autres termes, des informations sensorielles erronées
provenant des yeux, des ATM, des pieds ou des muscles de la colonne
vertébrale apparaissent comme les causes les plus fréquentes
d'une atteinte du système postural et retentissent sur les
différentes fonctions assumées par le système.
Comme le système postural contrôle notre
équilibre, en cas de dysfonction, un sujet peut donc présenter
des pseudo-vertiges, de l'instabilité ou encore avoir l'impression de
dévier dans sa marche.
En outre, le système postural gère la posture
debout. Tout dysfonctionnement peut donc engendrer un
déséquilibre statique et entraîner avec lui des douleurs
musculaires et / ou articulaires à chaque étage de l'axe corporel
(cervicalgies, lombalgies, rachialgies, ...), des céphalées ou
une fatigue, tous ces troubles ayant généralement un
caractère de récurrence.
IV.4.5 Pluridisciplinarité de la posturologie
Par essence, la posturologie appelle donc à une prise
en charge pluridisciplinaire et globale. Le traitement d'un patient avec
trouble postural nécessite classiquement:
-une harmonisation du système musculo-articulaire par le
kinésithérapeute ou l'ostéopathe
-très souvent la confection d'une orthèse
plantaire par le podologue
-une rééducation orthoptique par l'orthoptiste ou
le port de prismes optiques prescrits par l'ophtalmologue
-parfois l'intervention d'un dentiste spécialisé en
occlusodontie
-ou encore une rééducation vestibulaire
effectuée par le
kinésithérapeute
Du reste, la prise en charge peut se compléter par des
conseils ergonomiques sur les postures à adopter.
V Voix et posture
Dans cette dernière partie, nous nous efforcerons de
mettre en lien les phénomènes concomitants à la phonation
et au maintien postural. Nous nous baserons sur les connaissances acquises par
les professionnels de la voix grâce à leurs expériences
quotidiennes. Puis nous présenterons différentes études
posturales ayant été réalisées à propos de
la voix, pathologique ou non. Nous expliciterons ensuite le rôle de la
respiration pour la production vocale et l'équilibre postural. Enfin,
nous verrons que deux domaines particuliers, l'ostéopathie et
l'odontologie, peuvent apporter des éclairages intéressants sur
les liens entre voix et posture.
V.1 Observations et expérience
quotidienne des praticiens de la voix
Nous décrirons d'abord les comportements posturaux
couramment observés dans le chant et la parole, ainsi que la posture
«idéale» à adopter en phonation. Puis nous
décrirons les principales défaillances posturales lors d'une
dysphonie dysfonctionnelle. Ensuite, nous montrerons ce que les
rééducateurs de la voix ont mis en place concernant la posture,
pour le bilan et la prise en charge des patients dysphoniques.
V.1.1 Les comportements posturaux lors de
la phonation
La phonation donne lieu à différentes postures,
plus ou moins bénéfiques, mais cependant couramment
observées, chez les professionnels de la voix, autant que chez monsieur
et madame tout le monde.
V.1.1.1 Comportements posturaux chez les chanteurs
Landeau décrit deux comportements posturaux,
caractéristiques des
chanteurs:
-hypercinésie vocale: posture rigide et paradante avec une
contraction des muscles du cou et une hypomobilité de la mandibule
-asthénie vocale: accentuation des courbes rachidiennes
avec un cou détendu et une mandibule abaissée.
V.1.1.2 Habitus posturaux en phonation
En 1984, Le Huche définit trois types d'habitus posturaux
en phonation:
-habitus asthénique: l'attitude générale
est molle, l'appui sur une seule jambe est fréquent, les pieds sont en
dedans et on peut observer une lordose lombaire, une saillie de l'abdomen, une
cyphose dorsale, une poitrine creuse, les épaules et le cou tendus en
avant, la bouche entr'ouverte et un visage inexpressif
-sujets avec station debout « militaire »:
l'attitude est rigide et contractée ce qui limite l'amplitude des
mouvements du corps et bloque la tête, le cou, les épaules et le
thorax. On observe également une hyperextension du rachis dorsocervical
ainsi que des mandibules contractées
-attitude verticale correcte: le bassin est en place (non
basculé), les segments cervicaux et
sterno-cléïdo-mastoïdiens sont stables et mobiles dans la
dynamique posturale et respiratoire. La conservation des lordoses et des
cyphoses physiologiques permet à la colonne vertébrale, de jouer
son rôle de soutien, tout en laissant les membres et la tête
libres. Le sujet est donc droit tout en étant détendu. «
Pour le bouddhiste zen, cette impression résulte de ce que son centre de
gravité se situe dans le hara (c'est-à-dire au milieu de
l'abdomen) »131.
V.1.1.3 Effet de la pesanteur
La pesanteur entretient les cambrures cervicale et lombaire.
Elle peut provoquer un affaissement costal, ce qui est contraire à une
bonne dynamique respiratoire et phonatoire. Heuillet-Martin préconise
donc d'exercer un étirement vertical de la colonne vertébrale,
ici assimilée à un axe qui « porte » la voix, et ce
pour neutraliser la force de pesanteur. L'objectif de cet étirement est
de trouver la position d'équilibre postural la plus stable, dont le
maintien n'entraîne pas de tensions musculaires
néfastes132.
131Le Huche F., Allali A., Op. cit. p30.
132Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A., Op.
cit. p32.
Influence de la pesanteur sur la colonne
vertébrale133
V.1.1.4 Le corps comme un arc
L'instrument voix ne se limite pas à « la
coordination souffle / voix / place de la voix »134 car «
l'instrument voix, c'est le corps tout entier »135. Sarfati
décrit la position du corps lors de la phonation comme un arc allant de
la plante des pieds au sommet du crâne. Les genoux sont souples et le
bassin est basculé. Le rachis permet le maintien de la pression
expiratoire et favorise l'ouverture thoracique. La position de la tête et
l'orientation horizontale du regard font que la courbure de la nuque est
à l'intérieur de cet arc.
Posture de forçage vocal et posture de «l'arc
vocal» d'après Sarfati 136
133Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A., p132,
Op. cit. p32.
134Sarfati J. (1998), Soigner la voix, Marseille: Solal p43.
135Ibid., p71. 136Ibid., p72.
V.1.2 Troubles de la posture et dysphonies
Les postures décrites précédemment font
référence à la phonation «normale». Nous allons
maintenant envisager la posture sous l'angle de la pathologie vocale.
V.1.2.1 Dysphonie et posture des acteurs
Alexander est le premier à avoir cherché la
cause des épisodes de dysphonie, chez les acteurs, par une observation
minutieuse des ses propres comportements posturaux. Il remarqua alors la
présence d'hypercinésies et de spasmes, musculaires et
sectoriels. Son attention s'est portée en particulier sur le
compartiment cervical avant qui, bien souvent, rend le système
épaule-cou-tête hypomobile.
V.1.2.2 Perte de verticalité dans la dysphonie
Le Huche précise que, le plus souvent, quand il y a
dysphonie, la perte de la verticalité s'effectue par une flexion de la
partie haute du rachis dorsal. Cela donne lieu à une projection du cou
et de la tête vers l'avant ainsi qu'à un affaissement du
thorax.
V.1.2.3 Courbures vertébrales et dysphonie
Plus récemment, des phoniatres ont cherché ce que
provoque une altération des courbures physiologiques, pour chaque
étage du rachis.
Au niveau de la cyphose dorsale tout d'abord:
-une exagération engendre une immobilité
vertébrale et costale au niveau de la zone cyphotique et une fermeture
du thorax en avant. Les muscles de la région cervicale n'ont d'autre
possibilité que de se contracter pour retenir la tête qui part en
avant. Cela provoque généralement de fortes tensions
péri-laryngées
-une diminution ou un effacement induit des contractures au
niveau des muscles paravertébraux. Ceux-ci tirent les épaules en
arrière ce qui engendre une fermeture du dos et bloque le thorax en
ouverture dans sa partie haute (les côtes ne se ferment plus).
L'excès de rigidité du thorax dans sa partie supérieure a
des retentissements sur la suspension laryngée.
Au niveau de la lordose lombaire:
-une hyperlordose induit une rigidité des côtes
basses ce qui a pour effet une perte de mobilité du diaphragme dans sa
partie dorsale
-un effacement provoque des tensions des grands droits et une
diminution de la mobilité des côtes basses en avant.
Au niveau de la lordose cervicale:
-une exagération s'observe lorsque la cyphose dorsale
est exagérée ou en présence d'un racourcissement des
muscles du cou (ce qui ferme le thorax en haut et en avant)
-un effacement peut être lié à un effort
de redressement exagéré et/ou être la conséquence
d'un traumatisme au niveau cervical. Dans tous les cas, l'effacement de la
lordose cervicale bloque la cage thoracique en ouverture et engendre une
rigidité laryngée.
V.1.3 Orthophonie clinique et posture
Ainsi, l'expérience quotidienne des professionnels de
la voix montre les liens existant entre dysphonie et troubles posturaux. Dans
cette perspective, l'orthophoniste dispose d'outils incluant la posture
globale, pour le bilan ainsi que pour la prise en charge des dysphonies.
V.1.3.1 Le bilan postural
« Une bonne voix suppose un fonctionnement souple,
précis, ajusté sur des bases physiologiques
[...]»137. Estienne propose donc une échelle «
profil de fonctionnement » à trois degrés (-médiocre,
+bon, ++très bon) observant différents critères concernant
l'équilibre corporel en phonation, l'équilibre du geste
respiratoire et l'équilibre de l'émission vocale.
V.1.3.2 Intérêt de la correction des
postures
Pour Sarfati, « la correction des postures
»138 est primordiale dès lors qu'il y a perte de la
verticalité en phonation. Elle indique que cette correction peut se
faire par le
137Estienne Fr., p89, Op. cit. p30. 138Sarfati J., p 84, Op. cit.
p63.
thérapeute de la voix si le problème est
fonctionnel et/ou par le kinésithérapeute si le problème
est organique. Néanmoins, Heuillet-Martin considère qu'une
correction de la statique n'est pas indispensable en rééducation
vocale bien qu'elle s'avère souvent nécessaire.
V.1.3.3 Suivi orthophonique
En présence d'une dysphonie, la prise en charge de la
posture par l'orthophoniste vise139:
-un bon fonctionnement de l'équilibre
abdomino-diaphragmatique, de l'équilibre pneumo-glottique et de
l'équilibre phono-résonantiel
-l'évitement des tensions musculaires néfastes
à la phonation
-l'étirement du rachis vers le haut, pour contrer les
effets de la pesanteur sur les courbures cervicales et lombaires.
L'orthophoniste s'attache donc à ce que le patient
dysphonique obtienne une attitude verticale, avec un ancrage au sol par la
plante des pieds, une souplesse des genoux et un étirement de la colonne
vertébrale, tout en veillant à la position du larynx dans le cou.
Mais, cette recherche de la verticalité ne signifie pas pour autant
rigidité corporelle, car celle-ci entraînerait des tensions au
niveau du larynx ainsi qu'une respiration moins ample.
V.1.3.4 Relaxation
En plus des exercices posturaux, différentes
méthodes de relaxation sont couramment employées par les
orthophonistes. Nous nous contenterons ici de les citer de manière non
exhaustive: la méthode de Schultz aussi appelée training
autogène, la méthode de Jakobson, la méthode
d'Ajuriaguerra, la méthode de Wintreberg (essentiellement pour les
enfants), l'eutonie d'Alexander, la méthode Feldenkraiss, ...
139Heuillet-Martin G., Garson-Bavard G., Legré A. (2007),
Une voix pour tous, Tome 1, 3ème édition, La voix normale et
comment l'optimaliser, Marseille: Solal.
V.2 Etudes posturales sur la voix
Dans cette deuxième partie, nous présenterons de
nombreuses études réalisées à propos de la voix et
de la posture, tout d'abord sur la posture cervicale spécifiquement,
puis dans la cadre de la projection vocale, et enfin relativement à la
pathologie vocale.
V.2.1 Études sur la posture cervicale
Pour commencer, nous allons parler de deux études ayant
montré l'impact d'un changement de la posture cervicale sur les
qualités acoustiques de la voix.
V.2.1.1 Dans la raucité vocale infantile
En 1986 déjà, un mémoire d'orthophonie a
étudié la posture d'enfants ayant des troubles vocaux. Il a mis
en évidence une corrélation entre raucité vocale infantile
d'une part, et certaines limitations ou blocages du rachis cervical, voire des
premières côtes d'autre part140.
V.2.1.2 Influence de la posture cervicale sur la voix
Les qualités acoustiques de la voix varient avec la
position du corps uniquement si le changement de position affecte directement
le cou et donc le larynx141. Ainsi, une contraction des abdominaux
associée à une flexion des genoux n'affecte en rien la
qualité de la voix, contrairement à une hyper-flexion du cou.
Par ailleurs, un travail du redressement de la statique
vertébrale effectué spécifiquement au niveau de la colonne
cervical donne un timbre plus riche142.
140Genevee-Lacharme M. et Demeule-meester-arnould N. (1987),
Intérêt de la posturologie dans l'étude de la
raucité vocale infantile, Mémoire d'Orthophonie,
Université Paris IV.
141Mathonat L., Roux A.C. (1996), Changement de posture et
influence sur la voix, Mémoire d'Orthophonie, Université
Claude Bernard, Lyon1.
142Gras F. (1999), Incidence d'une correction de la
posture sur la qualité vocale de huit patients dysphoniques:
étude de cas, Mémoire d'Orthophonie, Université de
Franche-Comté, Faculté de Médecine et de Pharmacie.
V.2.1.3 Rôle clé des
sterno-cléïdo-mastoïdiens
Rubin et coll. ont observé des anormalités
musculo-squelettiques de même type chez tous leurs patients
dysphoniques143. Ces déviances s'expliquent en partie par
l'existence de comportements posturaux pauvres dans les sociétés
occidentales. Ainsi, les muscles postérieurs de la colonne
vertébrale, souvent contracturés, dominent sur leurs antagonistes
antérieurs, qui ne peuvent maintenir l'équilibre normal du
rachis, en particulier au niveau cervical. Par conséquent, les muscles
de la ceinture scapulaire ont tendance à abandonner leur mobilité
pour adopter un rôle de stabilisateur de la colonne. Ce
phénomène s'observe fréquemment chez les patients
dysphoniques.
Pour ces chercheurs, le
sterno-cléïdo-mastoïdien est le muscle le plus responsable des
tensions laryngées et péri-laryngées. En effet, c'est le
muscle dont les insertions, notamment sternales et claviculaires, permettent
les changements de position les plus importants de la colonne cervicale, en
particulier concernant son extension. Or, toute contraction excessive du
sterno-cléïdo-mastoïdien se répercute:
-sur le processus styloïde de l'os temporal, ce qui implique
une contraction du muscle stylo-hyoïdien
-sur le processus mastoïdien, ce qui peut entraîner
des contractions excessives du digastrique.
Tout raccourcissement des fibres des muscles
stylo-hyoïdien et digastrique a un impact sur la longueur des fibres des
autres muscles supra-hyoïdiens, ainsi que sur la position de l'os
hyoïde. C'est pourquoi, les tensions au niveau des
sterno-cléïdomastoïdiens, par un effet « boule de neige
» élèvent la position du larynx, contraignent les
mécanismes phonatoires et altèrent le timbre de la voix en
changeant la forme du tractus vocal.
Selon les auteurs de cette étude, il est
également possible de regarder ce schéma de transmission des
tensions en partant de la fin. Ainsi, un effort vocal soutenu accroit les
tensions des muscles péri-laryngés, particulièrement des
muscles suprahyoïdiens, tensions qui vont se répercuter à
leur tour sur les muscles de la ceinture scapulaire.
Même si ces déductions paraissent simplistes, Rubin
et al. en observent les
143Rubin S. J., Dlake E., Mathieson L. (2007), «
Musculoskeletal patterns in patients with voice disorders », Journal
of Voice, 21,4; 477-484.
conséquences chez leurs patients dysphoniques. Ils font
en outre le postulat de répercussions de ces tensions sur les mouvements
du cartilage thyroïdien (et donc sur la tension des cordes vocales). De
plus, l'avancée de la tête qui résulte de ces tensions
musculaires, augmenterait la pression s'exerçant sur les disques
inter-vertébraux. Finalement, les tensions musculaires de la ceinture
scapulaire ont des répercussions sur la phonation autant que sur la
posture cervicale.
V.2.2 Dans le cadre de la projection vocale
Les mécanismes du forçage vocal, observés
chez les sujets dysphoniques, sont apparentés à ceux mis en place
pour la production de la voix projetée. Ainsi, forçage vocal et
projection vocale donnent lieu à des crispations au niveau du cou et des
ATM, ainsi qu'à un serrage laryngé, accompagné d'un
blocage de la ceinture scapulaire et d'un arrondissement du dos. Ces
mécanismes limitent les mouvements respiratoires et phonatoires. De
plus, dans les deux cas, la tension musculaire globale parasite le
contrôle fin de la posture.
Des études posturographiques se sont donc basées
sur les similitudes qui existent entre forçage vocal et voix
projetée, pour rechercher des liens entre une dysphonie dysfonctionnelle
et des troubles de la posture.
V.2.2.1 Modifications posturales segmentaires
Papon L., dans son mémoire d'orthophonie, a
recherché quelles étaient les modifications posturales de chaque
segment du corps et ce, dans différents modes phonatoires (voix d'appel
et voix forcée)144. Il est apparu que des stratégies
différentes sont mises en place en fonction de la maîtrise vocale
du sujet.
En effet, en voix d'appel et en voix forcée, les sujets
avec maîtrise vocale commencent par raidir le tronc et par limiter les
mouvements de la tête. A l'inverse, on observe une augmentation des
mouvements de la tête et du tronc chez les sujets sans maîtrise
vocale dès la production de la voix d'appel. Ces mouvements sont encore
plus prononcés en voix forcée où les mouvements du tronc
peuvent avoir jusqu'à quatre degrés d'amplitude. Parmi les deux
populations, les mouvements des membres inférieurs sont plus discrets
que ceux des membres supérieurs.
144Papon L. (2006), Modifications posturales segmentaires
contemporaines du forçage vocal, Mémoire d'Orthophonie,
Université de la Méditerranée, Ecole d'Orthophonie de
Marseille.
Nous pensons que les éléments ci-dessus sont
à relier avec le rôle des muscles respirateurs principaux dans le
maintien de la statique vertébrale. En effet, le diaphragme et les
muscles abdominaux permettent un bon appui du souffle lors de la phonation,
mais entrent également en jeu pour le maintien de la verticalité
de la colonne vertébrale. Ces muscles peuvent moduler leurs actions sur
l'un ou l'autre des systèmes, statique et phonatoire, selon les besoins.
Lorsque l'on doit fournir un effort pour produire la voix (comme c'est le cas
en voix projetée), il semblerait que les muscles respirateurs soient
d'avantage sollicités pour la phonation et que, de ce fait, leur action
sur le maintien postural diminue. Au contraire, chez les sujets ayant une
certaine maîtrise du geste vocal, d'autres mécanismes se
mettraient en place pour maintenir une statique satisfaisante quel que soit
l'effort à fournir par les muscles respirateurs pendant la phonation.
Le mémoire d'orthophonie de Bouché C.,
complète les observations de Papon145. De façon
globale, en voix projetée, l'extension de la tête vers
l'arrière, combinée aux mouvements de faible amplitude des
cuisses et du tronc, ont pour effet une translation de la tête vers
l'arrière. Les mêmes phénomènes ont lieu en voix
forcée, mais dans des proportions plus importantes.
Mouvements moyens en voix projetée et en voix
forcée 146
V.2.2.2 Mouvements et effort vocal
Une étude, menée en collaboration par plusieurs
phoniatres français, a mis en évidence l'existence d'une
anticipation des mouvements corporels sur la phonation147. En voix
de détresse, cette anticipation des mouvements s'observe tout
145Bouché C., (2008), Modifications posturales
contemporaines de l'effort vocal, Mémoire d'Orthophonie,
Université de la méditerranée, Ecole d'Orthophonie de
Marseille.
146Papon, p41, Op. cit. p85.
147Grini-Grandval M.-N., Ouaknine M., Giovanni A. (2000),
« Forçage vocal et variance de la vitesse: corrélation entre
la vitesse de déplacement du centre de gravité et le travail des
muscles posturaux », Rev. Laryngol. Otol. Rhinol., 121,5;
319-323.
d'abord au niveau du tronc, puis au niveau des cuisses et
enfin au niveau de la tête. Par conséquent, les mouvements du
tronc sont plus fortement corrélés à l'effort vocal que
ceux de la tête, et leur présence signe une projection vocale
efficiente. Ainsi, la coordination entre les mouvements des différents
segments corporels et la phonation montre que tout mouvement n'est pas
délétère pour la production vocale.
V.2.2.3 Douleurs rachidiennes et stabilométrie en
voix projetée
Daguenant C. et Penigault P. se sont également
basés sur des observations de la voix projetée148. Ils
ont pu observer des corrélations entre douleurs musculaires et
limitation des possibilités vocales.
Ainsi, la voix est moins efficace en présence de
douleurs du rachis en général, et de la colonne dorsale en
particulier. Lorsqu'il y a un problème de voix, les hommes
éprouvent également des douleurs des membres inférieurs,
alors que les femmes ont plus souvent des douleurs touchant la colonne
cervicale. De plus, les sujets présentant des douleurs au niveau dorsal
éprouvent des difficultés pour crier. Dans la même
perspective, les sujets exprimant un problème de voix sont aussi ceux
qui se plaignent de douleurs dorsales.
Concernant les femmes, les auteurs ont mis en évidence
une corrélation entre des problèmes de voix et des fuites
urinaires. En effet, lors de la projection vocale, le diaphragme repousse les
viscères exerçant ainsi une pression sur la vessie. La bascule du
bassin protège un peu la vessie en répartissant au mieux les
forces du péritoine, mais la musculature périnéale reste
indispensable à l'antagonisme adbominaux-diaphragme dans la projection
vocale. Une faiblesse du plancher du périnée peut donc retentir
sur l'efficacité de la voix, que ce soit du fait d'une moins bonne
efficacité du souffle abdominal ou d'une inhibition du souffle par
crainte de fuites.
Par ailleurs, comme on pouvait s'y attendre, plus la longueur
du statokinésigramme est élevée, et moins la voix
projetée est efficace. Enfin, toujours lors des épreuves en voix
projetée, leur étude stabilométrique a mis en
évidence des déplacements en Y négatifs (c'est-a-dire vers
l'arrière) pour les personnes sans plainte vocale. Au contraire, les
personnes exprimant des plaintes vocales ont des
148Daguenant C. Penigault P. (1999), Posture et projection
vocale: analyse stabilométrique et recueil de données,
Mémoire d'Orthophonie, Université de Paris IV.
déplacements en Y positifs (c'est-à-dire vers
l'avant). Nous verrons par la suite que ces résultats sont loin
d'être unanimement retrouvés. Toutefois, lors de la phonation en
voix projetée ou en présence d'une dysphonie, les autres
études observent également des déplacements de la
projection du centre de gravité dans le sens
antéro-postérieur149. Giovanni précise que,
chez un même sujet, ces déplacements ont toujours lieu au
même moment de la phonation (c'est-à-dire avant, pendant, ou
après la phonation).
Un autre mémoire, utilisant les données d'une
plate-forme stabilométrique, a montré que, en voix
projetée, un sujet sain disposait de différentes
stratégies d'adaptation posturale150. Cependant, quelle que
soit la stratégie adoptée, la voix projetée implique
toujours une augmentation du tonus de base ainsi qu'un déplacement
antéro-postérieur du centre de gravité.
La Macchia n'observe pas d'augmentation de l'écart-type
de la vitesse de déplacement du centre de gravité, mais une
augmentation de « l'indice posturologique en corrélation avec le
travail musculaire ».
V.2.2.4 Voix criée et stabilométrie
Dans un autre mémoire d'orthophonie, sont
comparés les résultats stabilométriques d'étudiants
en médecine et de personnes dysphoniques, yeux ouverts et pieds nus,
dans trois situations: sans production vocale, avec un «a» tenu
normal, et plusieurs «a» en voix criée151.
Les conclusions de cette étude montrent que, chez tout
individu, la voix criée perturbe le système postural. En effet,
parmi la population des étudiants en médecine, la LFS
(correspondant à une dépense d'énergie accrue) augmente
proportionnellement à l'effort vocal demandé152. Chez
les sujets dysphoniques en revanche, toute émission vocale perturbe le
système postural comme s'il s'agissait d'une voix criée. Ces
résultats ont été confirmés par la suite par
d'autres études, explicitées ci-après. Par ailleurs, le
centre de gravité semble plus à droite chez les dysphoniques, et
plus à gauche chez les témoins.
149Giovanni, A., Op. cit. p36.
150La Macchia E. (2005), Modifications posturales en
relation avec le forçage vocal: études expérimentales sur
des sujets sains, Mémoire d'Orthophonie, Université de la
Méditerranée, Ecole d'Orthophonie de Marseille.
151Paviot H., Roudil C. (2000), Etude de l'équilibre
corporel chez des sujets atteints de dysphonie, Mémoire
d'Orthophonie, Université Claude Bernard, Lyon1.
152Une augmentation de l'effort vocal semble également
avoir un effet d'antériorisation du centre de gravité mais ces
résultats ne sont pas statistiquement significatifs.
V.2.2.5 Conclusions des études portant sur la voix
projetée
Finalement, ces études basées sur la voix
projetée, mettent en relief les liens qui unissent la phonation et la
posture. Ainsi, nous avons évoqué le rôle
prépondérant de la stabilisation du tronc et de la tête
pour la phonation. Puis nous avons explicité les corrélations
entre possibilités vocales et douleurs rachidiennes. Enfin, nous avons
vu que tout effort vocal perturbe l'équilibration, que ce soit chez des
sujets sains en voix criée, ou chez des sujets dysphoniques pour toute
émission.
V.2.3 dysphonie dysfonctionnelle et
stabilométrie
Nous allons maintenant aborder les études posturales
réalisées en présence de pathologies vocales
avérées.
V.2.3.1 Équilibre et dysphonie153
Lapauze, dans son mémoire d'orthophonie, a
comparé les données stabilométriques de sujets
tout-venant, avec ceux de sujets dysphoniques (dysphonie dysfonctionnelle
simple). Cette étude confirme celle citée
précédemment et la complète. L'équilibre des sujets
dysphoniques est effectivement maintenu au prix d'un surcoût
énergétique. Mais ce surplus de dépense d'énergie
n'apparaît que lors des séquences où l'information visuelle
est absente ou altérée. Par conséquent, la perturbation du
geste vocal constitue un trouble de la somesthésie suffisamment
important pour que l'information visuelle soit surinvestie. Cette
dépendance visuelle devient parfois telle qu'elle peut
générer ses troubles posturaux propres.
Par ailleurs, lorsque la fonction phonatoire est
perturbée, l'équilibration est perturbée également,
et ce dans la situation la plus simple (c'est-à-dire sur plate-forme
statique, les yeux ouverts). En revanche, lorsque la fonction phonatoire est
saine, l'équilibration s'en trouve améliorée, et ce dans
la situation la plus difficile (à savoir en phonation sur plate forme
mobile, les yeux fermés).
En résumé, la dysphonie est corrélée
à des troubles posturaux et elle
153Lapauze A. (2008), Peut-on perdre l'équilibre en
forçant sur sa voix? Etude sur les liens entre la voix et
l'équilibre à partir d'une analyse sur plate-forme de
posturologie et de logiciels mathématiques, Mémoire
d'Orthophonie, Université de Nice.
semblerait liée à une défaillance du
capteur visuel. De plus, chez les sujets dysphoniques, toute production vocale
majore les troubles de l'équilibration, alors que chez les sujets non
dysphoniques, la phonation améliore les résultats
stabilométriques.
Néanmoins, cette dernière affirmation est
contredite par une étude de Bruno et coll.154. En effet, ces
chercheurs ont constaté une augmentation des oscillations, de la LFS et
de l'écart-type de la vitesse de déplacement du centre de
gravité, en phonation les yeux fermés, par rapport à la
situation yeux ouverts. Ces augmentations sont significatives chez les sujets
dysphoniques autant que chez les sujets témoins.
V.2.3.2 Variance de la vitesse de déplacement du
centre de gravité
Nous avons déjà évoqué le fait que
la dysphonie était liée à une perte de la
verticalité. Or, il a été mis en évidence que cette
perte de verticalité est corrélée à une
augmentation de la variance de la vitesse de déplacements du centre de
gravité 155. Des chercheurs du C.H.U. de la Timone à Marseille,
ont montré que cette augmentation de la variance de la vitesse de
déplacements du centre de gravité était liée
à une augmentation du travail des muscles posturaux (soléaire et
jambier antérieur). Ils en ont déduit que la perte de
verticalité des sujets dysphoniques, en plus des modifications
posturales de la tête et du tronc qu'elle sous-tend, était
parfaitement corrélée à une augmentation du travail des
muscles posturaux156.
V.2.3.3 Relation temporelle entre mouvement et
phonation
La même étude a montré que, lorsqu'une
perturbation de l'équilibre est prévisible, le sujet anticipe le
mouvement en raidissant ses articulations afin de réduire l'amplitude
des perturbations. C'est ce qui semble se passer lors du forçage vocal
puisque, en phase pré-phonatoire, le sujet dysphonique raidit ses
membres inférieurs préparant ainsi la projection de son tronc
supérieur vers l'avant. Tout se passe comme si le sujet dysphonique
avait acquis inconsciemment un schéma moteur, préphonatoire, qui
lui permettrait de compenser la perte de verticalité phonatoire, bien
que
154Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli
R., Ottaviani F., Alessandrini M. (2009), << Voice Disorders and
Posturography: Variables to Define the Success of Rehabilitative Treatment
», Journal of Voice, 23,1; 71-75.
155Grini-Grandval M.-N., Ouaknine M., Giovanni A. (1998),
<< Modifications posturales et segmentaires contemporaines du
forçage vocal », Rev. Laryngol. Otol. Rhinol., 119;
253-257.
156Grini-Grandval M.-N., Ouaknine M., Giovanni A., Op. cit.
p86.
ce schéma moteur ait pour conséquence un
accroissement de la dépense d'énergie. Il manquerait cependant
une étude comparative entre sujets sains et sujets dysphoniques pour
déterminer dans quelle proportion le schéma moteur
pré-phonatoire du dysphonique serait pathologique.
V.2.3.4 Déplacements
antéro-postérieurs du centre de gravité
Toutes les études s'accordent sur l'existence d'un
déplacement dans le sens antéro-postérieur de la
projection du centre de gravité chez le dysphonique. Ainsi, un
traitement orthophonique de la dysphonie a un impact sur les
déplacements antéropostérieurs du sujet mais pas sur ses
déplacements latéraux157. Néanmoins, certains
chercheurs ont observé une postériorisation du centre de
gravité, et d'autres une antériorisation.
Ainsi, l'étude de Monzani et coll., montre un recul du
centre de pression en statique et en phonation des patients ayant une dysphonie
hypercinétique, recul dû vraisemblablement à « un
raidissement de l'axe rachidien avec hyperextension de la tête en
arrière »158. Ces résultats contredisent ceux
obtenus dans les études sur la voix projetée. Pourrait alors se
poser la question de la pertinence de l'étude de la voix projetée
pour en extrapoler les résultats à la phonation pathologique.
Malgré tout, des études de Grini et coll. ont mis en
évidence une décentration vers l'avant des sujets
dysphoniques.
Les déplacements antéro-postérieurs
observés sur plate-forme stabilométrique lors d'une dysphonie
apparaissent donc comme significatifs bien que leur direction exacte,
c'est-à-dire vers l'avant ou vers l'arrière, ne soit pas
précisément déterminée.
157Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli R.,
Ottaviani F., Alessandrini M., Op. cit. p90.
158 Monzani D., Bergamini G., Luppi M.P., Guidetti G., «
La recherche stabilométrique dans les rapports entre dysphonie et
posture », in Lacour M. (1999), Posture et équilibre,
entrées sensorielles, méthodes d'exploration et
applications, Montpellier: Sauramps médical, pp127-140.
V.2.3.5 Voies ascendantes vs voies descendantes159
L'étude de Monzani et coll., citée
précédemment, porte sur 54 patients (40 femmes, 14 hommes) avec
dysphonie dysfonctionnelle simple sur base hypercinétique. L'examen
stabilométrique a été réalisé yeux
fermés en position de Romberg dans 3 conditions différentes: en
phonation, avec des rouleaux-inter-dentaires pour éliminer les
interférences occluso-posturales, et enfin avec la tête
rétrofléchie pour repérer les anomalies rachidiennes.
Les résultats nous intéressant ici se situent
dans les différences entre les sujets ayant des anomalies posturales
ascendantes et descendantes. Une pathologie posturale de type ascendante
correspond à une défaillance prédominante sur le capteur
podal. A l'inverse, une pathologie posturale de type descendant fait
référence à une défaillance du système
stomatognatique ou visuel.
En phonation, chez les sujets ayant des anomalies posturales
de type descendant, les troubles proprioceptifs du secteur stomatognatique ont
eu pour conséquences:
-une diminution de la fréquence fondamentale de la voix
-une augmentation du spectre de fréquences
-une diminution globale des oscillations.
Au contraire, les sujets ayant des anomalies posturales
ascendantes voyaient: -leur fréquence fondamentale augmenter
-le spectre de fréquences s'amoindrir
-les oscillations augmenter sensiblement.
En somme, il est possible de distinguer deux groupes de
patients dysphoniques, selon que leurs troubles posturaux sont de types
descendants ou ascendants.
159 D. Monzani, G. Bergamini, M.P. Luppi, G. Guidetti, in LACOUR
M., Op. cit. p90.
V.2.3.6 Dysphonies dysfonctionnelles
compliquées160
Une étude de Sougne-Nguyen et coll. cherchait à
mettre en lien un trouble postural en présence de lésions
cordales asymétriques sur 8 sujets (dont 6 porteurs de nodules). Les
résultats se sont révélés négatifs pour la
ligne de gravité, la localisation du centre de gravité,
l'équilibre de la colonne dans le sens latéral,
l'horizontalité des segments, la disponibilité des chaînes
antéro-postérieures, le mouvement d'ouverturefermeture buccale et
pour les mouvements parasites accompagnant le mouvement mandibulaire. Ces
résultats apparaissent donc partiellement contradictoires avec les
résultats des études précédemment citées.
Concernant le tonus postural, il semblerait que la
répartition des asymétries et des symétries posturales, de
même que la disponibilité des chaînes musculaires
latérales soient en relation avec l'asymétrie lésionnelle.
Ainsi, le trouble postural serait prépondérant du
côté opposé à la lésion cordale.
V.2.3.7 Proprioception du schéma corporel
161
Nous avons vu que la présence d'une hypertonie de la
musculature extrinsèque du larynx et que les tensions des muscles
responsables de la position de la tête sont prédictifs d'une
dysphonie sévère. Ces tensions engendrent par ailleurs des
stratégies posturales peu efficientes pendant la phonation.
L'étude de Bruno et coll. compare les stratégies posturales de
sujets dysphoniques (avant et après traitement162) et de
sujets témoins.
Les données stabilométriques obtenues pour les
sujets dysphoniques se sont presque toutes révélées
pathologiques. Toutefois, les chercheurs ont particulièrement
porté leur attention sur l'écart-type de la variance de la
vitesse de déplacement du centre de gravité. Cette mesure indique
la qualité de la proprioception corporelle. Chez les dysphoniques,
même en parfaite santé, la proprioception du schéma
corporel est altérée. Cette altération expliquerait les
troubles de la coordination
160Sougne-Nguyen A., Marino-Randoux G., Piron A., Jamar E.
(2001), « Objectivation du tonus postural par le test de Fukuda Essai de
corrélations avec les lésions vocales », Rev. Laryngol.
Otol. Rhinol., 122,5; 319-321.
161Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli R.,
Ottaviani F., Alessandrini M., Op. cit. p90.
162Le traitement de la dysphonie a consisté en des
exercices pneumophoniques, de relaxation / détente
générale du corps, de respiration dynamique et d'exercices
spécifiques sur les sterno cléïdo mastoïdiens et sur la
ceinture scapulaire.
pneumophonique, présents chez les dysphoniques, ainsi
que l'augmentation de l'activité musculaire et donc la diminution des
performances posturales des dysphoniques durant la phonation.
La prise en charge de la dysphonie, en amenant le patient
à porter son attention sur certaines parties de son corps et sur une
détente corporelle, a pour effet d'améliorer la proprioception du
schéma corporel. En effet, après traitement, les résultats
stabilométriques des sujets dysphoniques sont améliorés.
Les efforts nécessaires aux sujets pour la phonation sont amoindris,
révélant de meilleures stratégies posturales. De plus, la
diminution de la surface du statokinésigramme semble prédictive
du succès de la prise en charge.
V.3 Respiration, posture et voix
Les muscles respirateurs, tels que le diaphragme, les
abdominaux, les muscles spinaux, les sterno-cléïdo-mastoïdiens
ou encore les scalènes, participent au maintien postural ainsi
qu'à la phonation. Ainsi, phonation et posture mettent en jeu les
mêmes structures respiratoires. Et une dysfonction du système
respiratoire peut affecter autant l'un ou l'autre des systèmes.
V.3.1 Respiration, posture et phonation
normales
Dans un premier, nous allons analyser le rôle de la
respiration, dans la phonation et la posture, en l'absence de pathologie.
V.3.1.1 Rôle de la position du corps dans la
respiration
En phonation, le souffle pulmonaire doit être
géré de telle manière qu'il fournisse une pression
sous-glottique suffisante pour la vibration des cordes vocales tout au long des
énoncés. La plupart du temps, nous nous tenons debout lorsque
nous parlons. Mais nous parlons rarement en restant immobiles. Or, quand la
position du corps change, le contexte gravitationnel change, de sorte
qu'entrent en jeu des rapports de forces (rétraction/traction), et des
relations mécaniques spécifiques, entre les muscles, les
cartilages, les tendons, et les aponévroses qui forment l'appareil
respiratoire. Ainsi, pour chaque position du corps, une
réponse musculaire différente est requise163.
En position debout, la gravité et l'action des muscles
abdominaux poussent la cage thoracique à descendre lors de
l'inspiration. A l'inverse, en position couchée, la gravité
contrebalance l'action du diaphragme, limitant ainsi le recrutement des muscles
abdominaux sur l'expiration. Par conséquent, le volume pulmonaire est
inférieur en position couchée. En d'autres termes, la principale
différence entre les positions debout et couchée, réside
dans l'action des muscles de l'abdomen: action importante en position debout,
mais quasiment inexistante en position couchée.
En clinique, il arrive que l'on fasse respirer les patients en
position couchée, car la perception des mouvements respiratoires y est
plus sensible. Souvent, cette respiration en position couchée est
présentée comme la plus naturelle, impliquant le diaphragme de
manière soutenue et limitant les mouvements de la cage thoracique. Le
patient va alors chercher à transférer cette « bonne »
respiration à sa vie quotidienne, qui est le plus souvent debout.
Cependant, respirer au repos, et respirer dans le but de parler n'impliquent
pas les mêmes commandes et contrôles neuronaux, de même que
respirer dans différentes positions.
Ainsi, l'état mécanique de l'appareil respiratoire
change avec la position du corps, faisant ainsi varier chacun des
différents mécanismes musculaires variant.
V.3.1.2 Le diaphragme
Le diaphragme est le principal muscle inspirateur. Il intervient
autant dans le contrôle postural que dans la phonation.
Au niveau de la posture, il assure un appui antérieur
puisqu'il repose sur les viscères abdominaux. Il limite ainsi les
déplacements antérieurs du corps et permet la stabilisation du
bassin164. De plus, la contraction simultanée du diaphragme
et des abdominaux entraîne une hyperpression abdominale, ce qui a pour
effet d'exercer une lordose sur la colonne lombaire. Par conséquent,
diaphragme et muscles abdominaux participent au redressement de la
colonne165.
163Hoit (1995), « Influence of body position on breathing
and its implications for the evaluation and treatment of speech and voice
disorders », Journal of voice, 9,4; 341-347.
164Busquet L, Op. cit. p65.
165Souchard PE. (1990), Le diaphragme: anatomie,
bio-mécanique, bio-énergétique, approche
thérapeutique in Daguenant C. Penigault, Op. cit. p87.
Au niveau de la phonation, la contraction diaphragmatique tire
la trachée vers le bas, ce qui entraîne également le
larynx. Le larynx est donc dépendant de la position du diaphragme.
D'autre part, le fait de chanter avec le diaphragme en position
extrêmement basse augmente fortement l'activité du muscle
cricothyroidien166.
V.3.1.3 La «synergie respi-statique» ou
«SRS» 167
La position debout suppose des mouvements posturaux et
respiratoires permanents. Partant de ce constat, Tardy a émis
l'hypothèse d'une synergie nécessaire entre ces deux types de
mouvements. Le thorax étant le support squelettique commun aux
mouvements posturaux et respiratoires, il a tout d'abord explicité
l'existence d'une synergie respi-posturale par la coordination des mouvements
du sternum, des côtes et des vertèbres. Les mouvements posturaux
étant eux-mêmes compensés par la statique, la <<
biomécanique du squelette thoracique implique finalement l'existence
d'une synergie respi-statique »168.
V.3.1.4 La respiration comme stabilisateur
postural 169
La ventilation est la fonction la plus fondamentale de
l'appareil musculosquelettique et elle prime sur toutes les autres
activités de celui-ci. Elle est biomécaniquement et
neurologiquement couplée au système stabilisateur du tronc. Dans
l'hypothèse d'une synergie, évoquée ci-dessus, la posture
et la ventilation seraient tantôt coordonnées, tantôt
dissociées selon l'adéquation ou non entre la stratégie
respiratoire et les oscillations posturales à un moment donné.
Par ailleurs, un segment du corps ne peut se mobiliser que par
rapport à un point fixe (relatif ou absolu). La réalisation
optimale d'un mouvement dépend de la qualité de la stabilisation,
donc de l'absence de compensations. Or, le tronc sert de point fixe à la
mobilité des membres ; pour cela, il doit pouvoir se rigidifier. Chez le
sujet sain, la rigidité du rachis lombaire dépend essentiellement
des muscles paravertébraux et de l'augmentation de la pression
intra-abdominale.
166Sundberg J., Leanderson R., Curt von Euler (2005),
<< Activity relationship between diaphragm and cricothyroid muscles
», Journal of Voice, 3,3; 225-232.
167Tardy D., << La synergie respi-statique ou << SRS
» », in Lacour M., Gagey P.-M., Weber B. (1997), Posture et
environnement, Montpellier: Saurampt Médical, pp29-54.
168Lacour M., Gagey P.-M., Weber B., ibid., p42.
169Scheer C., << La respiration, régulateur postural
oublié? », in Weber B., Villeneuve Ph., (dir.) (2010),
Posturologie clinique, Tonus, posture et attitudes, Paris: Masson,
pp138-149.
La stabilisation du tronc nécessite donc la
coactivation synergique du diaphragme, des muscles de la ceinture abdominale et
du plancher pelvien170. Inversement, la respiration nécessite
un travail antagoniste de ces mêmes muscles pour pouvoir alterner
inspiration et expiration. Par conséquent, la solution la plus efficace
pour avoir un «bon équilibre» semble être d'adopter une
respiration basse, de telle sorte que:
-le diaphragme et le plancher pelvien tendent à être
horizontaux et parallèles répartissant harmonieusement le tonus
sur toute la paroi abdominale
-les muscles accessoires de la respiration ne soient pas ou peu
recrutés, libérant ainsi les chaînes d'ouverture des
membres supérieurs
-le bassin se retrouve en position neutre, puisque la masse
viscérale est comprimée vers le bas et l'arrière
-la respiration thoracique basse permette une gestion du centre
de gravité, dans le plan vertical et sagittal.
Par ailleurs, la capacité ventilatoire du diaphragme ne
semble pas corrélée à sa capacité de stabilisation.
Néanmoins, au vu du rôle stabilisateur des muscles respirateurs,
tout élément susceptible de modifier la stabilisation pourrait
également être susceptible de modifier les stratégies
respiratoires d'un sujet.
Ainsi, Scheer explique qu'un sujet qui, pour diverses raisons,
va développer une stratégie respiratoire thoracique haute
quasi-exclusive, ne pourra pas activer efficacement son système
stabilisateur (puisque celui-ci nécessite une respiration basse). Il
aura donc recours à des compensations pour se stabiliser, et recrutera
les muscles respiratoires accessoires « occasionnant une fixation
scapulaire, des dysfonctions du périnée et des douleurs
rachidiennes 171». Il ajoute: « comment
ne pas avoir de cervicalgies en respirant 20 000 fois par jour en utilisant son
rachis cervical comme point fixe pour l'action des scalènes et des
trapèzes qui seraient devenus des muscles respiratoires quasi
principaux?172».
Sheer cite également une étude173 qui a
mis en évidence des liens étroits
170Les auteurs donnent comme exemple un haltérophile, qui
arrête momentanément sa respiration, les muscles inspirateurs et
expirateurs étant recrutés pour sa stabilisation.
171Scheer C., p145, Op. cit. p96.
172Ibid., p145.
173Chaitow L., Breathing patterns disorders, motor control ans
low back pain, journal of osteopathic medicine, 2004: 7 (1); 34-41 in Scheer
C., Op. cit. p96.
entre sujets hyperventileurs, niveau d'anxiété et
lombalgies.
V.3.2 La respiration dans la dysphonie
D'après Giovanni, les manifestations du forçage
vocal relèvent de problèmes respiratoires, aérodynamiques
et posturaux174. En effet, lorsqu'il y a forçage vocal, les
possibilités de mouvement des éléments du système
respiratoire sont limitées. Ces limitations vont se répercuter
sur la posture ainsi que sur la phonation.
V.3.2.1 Bilan et prise en charge de la respiration dans la
dysphonie
Tous les organes, muscles, os, vaisseaux et nerfs du corps
sont recouverts de tissus qui les relient entre eux. Or, ces tissus ont
tendance à se rétracter lorsqu'un excès de travail n'est
pas compensé par un étirement. Le diaphragme, par exemple, est un
muscle qui a tendance à se contracturer facilement
(particulièrement suite à l'expression d'un état
émotionnel), et qui se détend difficilement. Toutes les
structures du corps prenant la suite les unes des autres, une rétraction
musculaire, à un endroit précis, peut se transmettre à
d'autres muscles, plus ou moins éloignés. Lorsque ces tensions
siègent ou se répercutent au niveau de la musculature
respiratoire, les mouvements respiratoires sont entravés.
Pour cette raison, il est essentiel d'observer les raideurs
posturales et les zones d'immobilité respiratoire du patient pendant la
phonation. Le bilan d'une dysphonie comportera donc un examen approfondi:
-des structures respiratoires: cage thoracique, région
abdominale et
région cervicale
-du ou des type(s) de respiration
-des possibilités respiratoires du patient:
capacité vitale, débit d'air
oral, TMP, ...
Enfin, l'objectif du travail respiratoire, dans une prise en
charge de la dysphonie, est de permettre au patient de (re)trouver une
mobilité fonctionnelle, sans installer un geste mécanique, raide
et inefficace, où les tensions auraient été
déplacées.
174Giovanni, A., Op. cit. p36.
V.3.2.2 Dysfonction des mécanismes
respiratoires
Chez les sujets dysphoniques, la faible amplitude du
diaphragme et le peu d'action des abdominaux entraînent bien souvent le
recrutement des muscles respirateurs accessoires lors de la phonation.
Le recours à l'utilisation des muscles
sterno-cléïdo-mastoïdiens et des scalènes a pour effet
de projetter la tête en avant et de mettre en tension la musculature de
la suspension laryngée.
Le recrutement des intercostaux, internes et externes, permet
au sujet dysphonique de maintenir une capacité respiratoire suffisante.
Mais cela ne permet pas une bonne régulation de l'expiration. En effet,
l'élasticité passive des muscles inspirateurs accessoires les
pousse à reprendre leur position de repos, chassant ainsi l'air des
poumons. L'air expiré est donc mal géré. En début
de phonation, la pression sous-glottique est trop forte, ce qui provoque des
attaques en coup de glotte, néfastes pour les muqueuses
laryngées, ainsi que des tensions laryngées excessives. L'attaque
brutale du son est suivie d'une baisse rapide de la pression sous-glottique. Le
sujet dysphonique se voit donc obligé d'augmenter les tensions
laryngées pour pouvoir terminer ses phrases.
De plus, même au prix d'efforts importants, le TMP d'un
patient dysphonique reste souvent plus court que la moyenne. De nombreuses
études évoquent le fait que les sujets dysphoniques ont tendance
à terminer leurs phrases avec un volume pulmonaire moindre que la
moyenne. Or, un faible volume pulmonaire modifie la verticalité du
larynx et la pression sous-glottique, ces deux paramètres favorisant
l'adduction brutale des cordes vocales175. En effet, il semblerait
qu'un volume pulmonaire élevé permette une adduction plus souple
qu'un faible volume176.
Par ailleurs, les tensions de la suspension laryngée se
répercutant sur la langue et le voile du palais, le sujet doit fournir
un effort supplémentaire pour articuler, créant des tensions
supplémentaires au niveau du cou et de la mâchoire.
175Iwarsson J., Sundberg J. (1998), << Effects of lunge
volume on vertical larynx position during phonation, Journal of Voice,
12; 159-165.
176Iwarsson J., Thomasson M., Sundberg J. (1998)<< Effects
of lung volume on the glottal voice source », Journal of Voice,
12,4; 424-433
Toutes ces tensions de la partie supérieure du tronc
ont un effet sur l'équilibration du sujet et sur la position de son
centre de gravité. Le patient dysphonique est alors obligé de
mettre en place des adaptations et des compensations posturales
particulières.
V.3.2.3 Respiration paradoxale et position du larynx
La position du larynx étant en partie dépendante
de l'activité diaphragmatique, cette position est différente
selon le type de respiration. Ainsi, le larynx apparaît plus bas lors de
respirations paradoxales177. A première vue ce
phénomène semble inattendu. Néanmoins, comme la
respiration paradoxale modifie la position de la colonne cervicale, le larynx y
est plus bas et moins mobile que lors d'une respiration normale.
V.3.2.4 Effets d'une prise en charge de la respiration
Faure a réalisé plusieurs études sur les
types de respiration préférentiellement employés par les
dysphoniques. Ainsi, les modes respiratoires les plus courants en pathologie
vocale sont les modes thoracique et scapulaire. Aucun des sujets dysphoniques
étudiés par Faure n'utilisait le mode de respiration
complète. De plus, chacun des sujets respirant avec l'un des trois
modes, scapulaire, thoracique ou abdominal, a pu, en utilisant le mode de
respiration complète, doubler son temps phonatoire et obtenir une
meilleure définition spectrale, avec un renforcement substantiel des
zones allant de 2500 à 3000Hz et de 6000 à
7000Hz178.
Nous conclurons cette partie sur la respiration par une
citation de Scheer. « La question est de savoir si nous nous tenons de
telle ou telle façon pour respirer ou de savoir si nous nous tenons de
telle ou telle façon bien que nous
respirions.»179.
177Iwarsson J. (2001), « Effects of Inhalatory Abdominal
Wall Movement on Vertical Laryngeal Position During Phonation »,
Journal of Voice, 15,3;384-394.
178Faure M.-A. (1988 b), Op. cit. p18.
179Scheer C., p145, Op. cit. p96.
V.4 Ostéopathie et posture phonatoire
L'ostéopathie regarde le patient d'un point de vue
holistique. Notre étude cherchant les influences que peut avoir la
posture globale dans le cadre de la pathologie vocale, il nous a semblé
intéressant de chercher dans le domaine de l'ostéopathie. Ainsi,
nous verrons que le larynx s'insère dans plusieurs réseaux au
sein desquels peuvent se transmettre les tensions musculaires. Nous montrerons
ensuite ce que peut apporter l'ostéopathie clinique au regard d'une
dysphonie dysfonctionnelle simple.
V.4.1 Le concept de chaîne musculaire
Le concept de chaîne musculaire a été
inventé par G. Struyf-Denys, kinésithérapeute et
ostéopathe belge. Une chaîne musculaire est un ensemble de
muscles, reliés entre eux par leurs enveloppes (les fascias). Ces
muscles sont solidaires comme les maillons d'une chaîne,
c'est-à-dire qu'une action, effectuée sur une partie de la
chaîne, a des répercussions immédiates sur tout l'ensemble.
Nous pourrions presque considérer les muscles appartenant à une
même chaîne comme un seul et unique muscle. Les chaînes
musculaires représentent donc des circuits anatomiques. Elles sont de
deux types: les chaînes dynamiques, musculaires, et les chaînes
statiques, conjonctives. Il existe un certain nombre de chaînes
musculaires dans le corps qui, pour assurer la posture et le mouvement,
fonctionnent en interaction. Par ailleurs, nos tensions émotionnelles et
psychiques s'expriment au travers du système musculaire en affectant
notre posture, notre gestuelle et notre respiration. L'étude des
chaînes musculaires a donc sa place dans l'étude de la phonation,
pathologique ou non.
V.4.2 Le larynx dans les chaînes musculaires
Le larynx est impliqué dans de nombreuses chaînes
musculaires180:
- la chaîne linguale (ou antéro-médiane)
est composée en partie des muscles de la structure buccale, des muscles
hyoïdiens, des scalènes antérieurs et des ATM. Elle permet
l'élévation de l'os hyoïde et l'abaissement de la mandibule.
Sa
180Lebayle S. (2009), Orthophonie et ostéopathie:
Intérêt d'une prise en charge bidisciplinaire des patients
atteints de dysphonies dysfonctionnelles, Mémoire d'Orthophonie,
Université de Strasbourg, Ecole d'Orthophonie.
dysfonction a des répercussions sur la position du bassin,
le fonctionnement des ATM et peut favoriser une respiration buccale
-la chaîne faciale (ou postéro-médiane)
met en lien les muscles de la face et de la mandibule, avec l'occiput et les
muscles dorso-lombaires. Son rôle majeur est le maintien de la
stabilité, mais elle participe également à la
communication non verbale
-les chaînes croisées (ou masticatrices) peuvent
être antérolatérales ou postéro-latérales.
Elles comprennent l'appareil manducateur et participent à la fermeture
buccale. Ce sont des chaînes du mouvement qui participent à la
communication non verbale, à l'émission sonore, à la
suspension de l'os hyoïde et aux ATM
-la chaîne centrale (ou
pharyngo-pré-vertébrale) comprend les muscles intercostaux, le
diaphragme et la langue. Essentielle dans la production phonatoire
chantée, elle participe à la respiration et à la
déglutition, ainsi qu'à la posture globale.
D'après la classification de Struyf-Denys, il
semblerait que la dysphonie survienne principalement chez les patients dont les
chaînes postéro-antérieure ou antéro-médiane
sont hypertoniques. En revanche, aucun des sujets de type
postéromédian ne semble dysphonique181.
V.4.3 Position du larynx 182
V.4.3.1 Position d'équilibre du larynx
La position d'équilibre du larynx, dite
«eupnéique», correspond à la place du larynx en fin
d'expiration de volume courant respiratoire. Dans cette position, variable d'un
individu à l'autre selon sa typologie posturale, son activité
socio-culturelle, ... les tensions musculo-aponévrotiques sont
minimales.
D'un point de vue anatomique, rappelons que le larynx est
relié: -caudalement par l'axe trachéo-oesophagien et le muscle
sterno-
181Blanc S., Cressot C. (1998), Changement de position de
la tête et influence sur les qualités acoustiques de la voix avec
dysphonie fonctionnelle, Mémoire d'Orthophonie, Université
Claude Bernard, Lyon 1.
182Piron A. (2007), Techniques ostéopathiques
appliquées à la phoniatrie, biomécanique fonctionnelle et
normalisation du larynx, Tome 1, Lyon: Symétrie/
thyroïdien
-à l'os hyoïde, crânialement, par le muscle
thyroïdien
-postérieurement par le constricteur inférieur du
pharynx et par le
stylo-pharyngien.
V.4.3.2 Position du larynx au cours de la respiration
Au cours de la respiration, la voie antérieure,
respiratoire, amène le larynx en position basse puisque celui-ci
dépend indirectement de la position diaphragmatique. Ainsi, lorsque la
respiration est lente, l'ensemble du larynx descend, entraînant avec lui
les structures adjacentes sus-hyoïdiennes. Au contraire, lorsque la
respiration est rapide («snif»), le larynx descend brusquement mais
l'os hyoïde tend à rester en position haute.
Respiration lente et profonde Respiration rapide
«snif» 183
La voie postérieure, digestive, tend également
à caudaliser le larynx. En effet, tous les mouvements de la partie
postérieure du larynx sont influencés par la biodynamique
digestive via:
-le chaton du cartilage cricoïdien, sur lequel
s'insère le tendon
oesophagien
-les cartilages cricoïdien et thyroïdien, sur lesquels
s'insère le constricteur inférieur de l'oesophage
-l'os hyoïde, sur lequel s'insèrent des fibres du
constricteur moyen
de l'oesophage.
183Piron A., pp25-26, Op. cit. p102.
V.4.3.3 Position du larynx au cours de la phonation
Outre les multiples insertions musculaires impliquant le
larynx dans les biodynamiques posturale, respiratoire et digestive, la position
laryngée dépend également des modifications des
cavités résonancielles supra-laryngées lors de la
phonation. Communément, le larynx monte si le son est aigu, descend si
le son est grave, et sa position est neutre lorsque le son se situe dans le
médium. Ces mouvements sont permis par l'action des muscles
sus-hyoïdiens.
D'après Piron A. 184
V.4.3.4 Rôle de l'os hyoïde dans la
transmission des tensions musculaires au larynx
D'autre part, l'os hyoïde participe à la
biodynamique du larynx tout en étant relié aux principales
structures adjacentes (ceinture scapulaire, mandibule et base du crâne
occipitale). Par conséquent, il est le principal indicateur de
l'équilibre tensionnel musculo-aponévrotique de toute la
région cervico-céphalique. Le déplacement d'un des
éléments osseux, adjacents à l'os hyoïde, modifie
donc la position eupnéique (c'est-àdire de repos) ainsi que la
tension des fibres musculaires de l'ensemble laryngé. En effet, la
manipulation des la musculature hyoïdienne associée à une
thérapie vocale améliore les qualités acoustiques de la
voix185.
V.4.4 Dysfonctions diaphragmatiques
En ostéopathie, les diaphragmes sont des parois
horizontales qui constituent
184Piron A., p27, Op. cit. p102.
185Roy N., Lepper HA (1993), « Effects of the manual
laryngeal musculoskeletal tension reduction technique as a treatment for
functional voice disorders: perceptual and acoustic measures »,
Journal of Voice, 7; 242-249.
des relais entre les différentes chaînes
musculaires. Dans son mémoire, Paul a cherché si la dysphonie
pouvait être corrélée à certaines dysfonctions
diaphragmatiques. Il s'est avéré que tous les patients
dysphoniques avaient une dysfonction du diaphragme thoracique supérieur
et du diaphragme crânien, ainsi que de la loge viscérale du cou.
De plus, la quasi-totalité des patients avait une dysfonction
diaphragmatique thoracoabdominale. Enfin, les deux tiers présentaient
une dysfonction du diaphragme pelvien186.
V.4.5 Conséquences d'une séance
d'ostéopathie sur la voix
Après avoir défini quelles étaient les
dysfonctions les plus courantes chez les sujets dysphoniques, Paul a
montré les conséquences d'une séance d'ostéopathie
sur onze sujets dysphoniques. L'amélioration vocale a pu être
appréciée par le sujet luimême, par un jury d'écoute
et par une analyse sonagraphique.
Comme nous l'avons déjà vu
précédemment, modifier le schéma corporel d'un sujet
dysphonique a des effets bénéfiques sur sa voix. Ainsi,
associé à un suivi orthophonique, le traitement
ostéopathique a eu pour conséquences:
-d'assouplir l'accolement des cordes vocales
-d'augmenter les possibilités de mouvements du larynx
dans son
axe vertical
-d'améliorer les caractéristiques acoustiques de la
voix -de diminuer les douleurs laryngées.
Pour conclure, les signes pouvant justifier une approche
bi-disciplinaire (kinésithérapeute ou ostéopathe et
orthophoniste) sont: des antécédents de chocs traumatiques ou
d'interventions chirurgicales, des douleurs articulaires, des défauts de
mobilité vertébrale, des troubles respiratoires et / ou des
céphalées.
186Paule C. (1991), La voix humaine, Mémoire
d'Ostéopathie, Maidstone-Kent in Paviot H., Roudil C. (2000), Etude
de l'équilibre corporel chez des sujets atteints de dysphonie,
Université Claude Bernard Lyon1.
V.5 Eléments d'Odontologie
Nous nous basons ici sur la thèse d'odontologie de
Paulin F., qui a explicité les liens étroits qui unissent
l'appareil manducateur au système postural187, pour envisager
dans quelles mesures l'appareil manducateur peut avoir des répercussions
sur la phonation.
Les composants du système manducateur (dents, muscles,
articulations, ...) sont identiques à ceux qui participent au
contrôle du maintien de la posture, et ils possèdent les
récepteurs proprioceptifs nécessaires pour assurer cette
fonction. Il existe par ailleurs des relations anatomiques entre le
système trigéminal (qui innerve l'appareil manducateur) et les
noyaux centraux ( responsables du maintien de la posture). En outre, de
nombreuses études montrent qu'altérer ou améliorer
l'occlusion dentaire modifie non seulement la position de la tête mais
aussi la posture corporelle globale.
V.5.1 Liens neurologiques entre système
manducateur et système postural
Les centres de régulation de la posture sont
principalement les noyaux vestibulaires et le cervelet. L'innervation du
système manducateur et de la face est, notamment, du ressort du nerf
trijumeau ( V ).
Or, les noyaux du V présentent des connexions avec les
noyaux vestibulaires et le cervelet. De plus, les afférences
trigéminales peuvent influer directement sur la contraction des muscles
de la tête et du cou, et donc sur la position de la tête. Ces
afférences peuvent donc avoir des effets conjugués sur le
système manducateur et sur le système phonatoire. En outre, une
stimulation vestibulaire provoque une activité tonique excitatrice du
muscle masseter, muscle souvent hypertonique chez les sujets dysphoniques.
D'autre part, les informations somato-sensorielles de la face,
jouant un rôle dans la coordination de la stabilisation de la tête
et du regard (phénomènes primordiaux dans la phonation), peuvent
être transmises directement aux noyaux du cervelet et aux noyaux
vestibulaires 188.
187Paulin F., Op. cit. p22.
188Gangloff P. (2002), Influence de la proprioception
crânio-faciale sur le contrôle postural et la stabilisation du
regard, Thèse de Doctorat en Neurosciences, Université Henri
Poincaré, Nancy 1.
Ces connexions entre les noyaux vestibulaires et le
système musculaire manducateur soulignent le rôle de ce dernier
dans la régulation posturale. L'appareil manducateur apparait alors
comme un élément effecteur de la posture à part
entière. Une dysfonction du système manducateur pourrait alors
être mise en cause lors d'une dysphonie, de la même manière
qu'une dysfonction de tout autre effecteur postural.
V.5.2 Occlusion et ATM influent sur la posture
céphalique
Un changement de la position de la mandibule, en particulier
dans sa dimension verticale, influe sur la mobilité de la colonne
vertébrale cervicale. Ainsi, un traitement stomatognatique (pose d'une
gouttière occlusale, d'une prothèse dentaire complète,
...) peut avoir pour effet de réduire l'angulation cranio-cervicale. Or,
les désordres de la colonne cervicale (hyperlordose, cervicalgie,
hyperalgésie, ...) sont significativement plus présents chez les
personnes atteintes de troubles temporomandibulaires. Sans doute, la dysphonie
pourrait être considérée comme relevant de ce type de
troubles, puisqu'on y observe fréquemment cervicalgies,
paresthésies pharyngo-laryngées, hyperlordose cervicale, ....
D'autre part, un déséquilibre latéral de l'occlusion ou un
trouble temporo-mandibulaire, entraîne une activité
asymétrique des sterno-cléïdo-mastoïdiens, muscles
souvent mis en cause lors de dysphonies dysfonctionnelles.
Par ailleurs, les différents types de malocclusion
semblent induire des positions céphaliques et posturales globales
caractéristiques. Ainsi, les patients présentant des
malocclusions sévères tendent à avancer la tête et
le cou. Remarquons qu'il en est souvent de même pour les sujets
dysphoniques.
Des liens étroits unissent donc l'appareil manducateur et
le système craniocervical, système incluant de nombreux
éléments du système phonatoire.
V.5.3 Occlusion et ATM influent sur la posture
globale
Plus globalement, des études récentes ont
tenté d'objectiver les liens entre occlusion, position mandibulaire et
posture corporelle. Bien que la part du système manducateur dans la
régulation posturale soit nettement inférieure à celle
jouée par les systèmes visuel, podal et vestibulaire, il a
été démontré qu'un changement de position
mandibulaire affecte la posture et inversement. Par exemple,
un calage correct induit une activité symétrique des
sterno-cléïdo-mastoïdiens et une diminution des oscillations
sur plate-forme stabilométrique. De plus, selon la classe de
malocclusion, les sujets oscillent préférentiellement vers
l'avant ou vers l'arrière. Dans cette perspective, nous pouvons imaginer
qu'un changement de la position mandibulaire pourrait avoir des effets sur la
voix
V.5.4 Role de la langue
Nous terminerons cette partie par une réflexion sur le
rôle de la langue dans la régulation posturale et dans la
phonation. De par ses muscles extrinsèques, la langue est un facteur non
négligeable de perturbation du système postural fin. Elle
représente souvent un facteur surajouté au
déséquilibre postural, et sa réhabilitation semble
améliorer durablement les résultats
stabilométriques189. Par sa musculature intrinsèque et
extrinsèque, la langue participe également à la phonation.
Une dysfonction linguale tend à fermer l'espace buccal et à
«tirer» sur le larynx, ce qui peut engendrer un forçage vocal.
D'un point de vue ostéopathique, une dysfonction linguale se trouve
à l'origine d'un conflit entre les chaînes musculaires
antérieure et postérieure, conflit qui se manisfeste de la
tête aux pieds, et perturbe la phonation aussi bien que la
posture190.
Musculature linguale vue latérale droite (d'après
Le Huche) 191
189Jaïs L., «Approche clinique et thérapeutique
du rôle de la langue dans certaines asymétries posturales »,
pp103-108, in Lacour M., Gagey P.-M., Weber B., Op. cit. p96.
190Lebayle S., Op. cit. p101.
191Le Huche F, Allali A., p130, Op. cit. p12.
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
I Problématique
L'équilibre postural correspond à la
répartition, qui se veut la plus harmonieuse possible, des tensions
musculaires à travers les différents segments du corps, dans le
but de maintenir celui-ci dans une attitude particulière, ou de modifier
cette attitude. Ainsi, nous nous adaptons sans cesse à de nouvelles
configurations posturales selon un principe d'économie.
C'est-à-dire que, dans l'idéal, les muscles se contractent et se
décontractent de façon optimale.
Les liens entre le maintien postural et la phonation sont
connus depuis bien longtemps. Aussi, en présence de dysphonie
dysfonctionnelle, le suivi orthophonique inclut un travail de détente
musculaire et de verticalité.
Mais les liens entre la régulation fine du
contrôle postural et la phonation semblent moins évidents. Des
recherches récentes dans ce domaine ont mis en évidence la
présence, pour ainsi dire systématique, d'un trouble de la
régulation posturale chez des patients ayant une dysphonie
dysfonctionnelle de type hyperkinétique. De plus, ces études
tendent à montrer une dysfonction posturale majorée sur l'axe
antéro-postérieur. Il semblerait en outre, qu'un suivi
orthophonique pour dysphonie dysfonctionnelle aurait des répercussions
positives sur la régulation posturale. Se pose alors la question de
savoir si des personnes ayant un trouble de la régulation posturale de
type musculo-squelettiques présentent les signes d'une dysphonie
dysfonctionnelle simple.
II Hypothèses
Notre hypothèse générale est donc que
tout déséquilibre postural peut avoir des répercussions
sur le système phonatoire (musculature intrinsèque et
extrinsèque du larynx, diaphragme, ...), et ainsi entraîner des
problèmes vocaux de type dysphonie dysfonctionnelle simple.
Cependant, le diagnostic de dysphonie dysfonctionnelle simple
suppose la présence de facteurs subjectifs, tels qu'une inconscience de
l'effort fourni, des
paresthésies pharyngo-laryngées ou encore une
sensation d'oppression respiratoire lors de la phonation par exemple. Mais
surtout, il n'y a dysphonie dysfonctionnelle simple que lorsque le sujet
ressent une gêne du fait de ses problèmes vocaux. Par
conséquent, nous pouvons nous attendre à observer une
dégradation effective des qualités acoustiques de la voix des
sujets de l'expérimentation, sans pour autant qu'il n'y ait de plaintes
à ce propos.
Ensuite, on peut se demander si les troubles vocaux
observés seront proportionnels au déséquilibre postural
diagnostiqué.
Enfin, nous chercherons si une dysfonction posturale en Y
négatif est plus fortement liée à des problèmes
vocaux qu'une dysfonction en Y positif.
PARTIE PRATIQUE
I Protocole de recherche
I.1 Lieu de l'expérimentation
Les expérimentations se sont déroulées au
sein du cabinet de posturologie de Mme Carlier-Bailly, pédicure
podologue. Les patients venant consulter étaient invités à
participer à l'étude avant ou après leur rendez-vous. La
population est donc entièrement composée de sujets ayant un
déséquilibre postural diagnostiqué.
I.2 Population
La première partie de l'expérimentation
consistait en un questionnaire oral (ou écrit si le patient le
désirait)192 qui permettait de sélectionner les
patients n'ayant aucun critère pouvant expliquer un problème
vocal. Les critères de non-inclusion étaient les suivants:
-exercer un métier dans lequel l'usage de la voix est
prédominant (professeur des écoles, journaliste, ...)
-avoir déjà effectué un travail vocal ou une
rééducation vocale -présenter des troubles de
l'audition
-avoir une ou plusieurs personnes dans son entourage proche ayant
des troubles de l'audition
-présenter des troubles O.R.L récurrents (ou au
moment de l'entretien) -présenter des troubles digestifs
récurrents (ou au moment de l'entretien)
-avoir bénéficié d'une chirurgie cervicale,
thoracique ou abdominale, pouvant endommager le système phonatoire ou de
survenue récente
-présenter des troubles hormonaux -être
ménopausée pour les femmes
192Cf annexe
-consommer du tabac
-être atteint d'alcoolisme -être atteint de
dépression
-suivre un traitement médicamenteux pour des troubles
d'ordre psychiatrique.
Pour éviter tout problème d'interprétation
des résultats lié à la croissance, tous les sujets de la
population devaient être majeurs.
Ce questionnaire nous a permis de sélectionner 40
patients, 13 hommes et 27 femmes, répondant à nos critères
de non-inclusion. L'âge des sujets s'étend de 19 à 78
ans.
I.3 Recueil de données
I.3.1 Recueil de données subjectives sur la
voix
Dans un deuxième temps, les sujets étaient
invités à répondre au Voice Handicap Index 10 (VHI 10)
193, seuls (mais il leur était possible de demander conseil
s'ils en éprouvaient le besoin). La consigne était
formulée par écrit et oralement.
I.3.2 Recueil de données objectives sur la
voix
La dernière partie de l'entretien consistait en
l'enregistrement vocal.
Avant de commencer les épreuves, il était
demandé au sujet de se tenir le plus naturellement possible, les bras le
long du corps, sans tendre le cou vers le microphone (bien que ce ne soit pas
toujours évident d'être à l'aise face à un
microphone). Il était également demandé de ne pas
empoigner le microphone.
Pour commencer le sujet devait émettre un /a/ tenu le
plus longtemps possible. Cette épreuve était
répétée trois fois. Ensuite le patient était
invité à lire la phrase « elle n'aimait ni maman ni mamie
». Pour ces deux épreuves, aucun exemple n'était
montré au sujet et aucune indication concernant la hauteur ou
l'intensité n'était
193 Cf Annexe 1.
donnée. L'expérimentation se concluait par la
lecture du texte « Grand-mère raconte »194 avec
pour seule consigne « lisez ce conte du début à la fin avec
l'intonation ou non selon ce que vous préférez ».
Pour l'enregistrement, le microphone était fixé
sur un trépied, de sorte que les sujets aient avoir les bras le long du
corps. Les sujets se tenaient donc debout, à une distance de 15 à
20 centimètres du microphone et ils étaient chaussés, .
Nous avons utilisé un microphone Sony de type « ecm
ms 907 ».
L'enregistrement a été effectué avec
l'enregistreur du logiciel Praat.
(A la fin de l'expérimentation, il était
proposé aux sujets de leur faire parvenir les résultats de la
recherche s'ils le désiraient.)
I.3.3 Recueil de données
stabilométriques
Les données posturologiques proviennent des bilans
effectués par Mme Carlier-Bailly. La plate-forme stabilométrique
est de type Dune, sa fréquence d'échantillonnage est de 40Hz.
Dans un premier temps, n'ont été utilisés que les
résultats, patients chaussés, yeux ouverts et yeux fermés,
obtenus grâce aux enregistrements de la plate-forme
stabilométrique. Ainsi, les données posturologiques et vocales
auront été obtenues dans des conditions les plus similaires
possibles. Puis nous avons utilisé les résultats pieds nus, yeux
ouverts et fermés pour distinguer les différents types de
troubles musculo-squelettiques. Par ailleurs, Mme Carlier-Bailly a
déterminé la présence ou non, ainsi que le type de
dysfonction en Y chez ses patients.
I.4 Analyse statistique
L'analyse statistique a été réalisée
grâce au logiciel « Calc » d'Open Office. Le TMP a
été mesuré directement dans la fenêtre d'analyse de
Praat.
Pour les calculs du jitter, du shimmer, du rapport
harmoniques/bruit (H/N), nous avons toujours procédé de la
même manière pour sélectionner la portion de signal
à analyser. Ainsi, nous avons systématiquement utilisé la
portion située entre:
-0,5 et 2,5 secondes pour les hommes (soit une moyenne de 207,26
cycles vibratoires)
194Cf Annexe3.
-0,5 et 2 secondes pour les femmes (soit une moyenne de
319,41
cycles vibratoires).
Pour les calculs du TMP, du jitter, du shimmer et du rapport H/N,
nous avons effectué la moyenne des données recueillies sur les 3
/a/ tenus.
La hauteur moyenne (ou fréquence fondamentale moyenne) a
été mesurée à partir de la phrase « Elle
n'aimait ni maman ni mamie ».
La recherche des corrélations a nécessité
l'utilisation du coefficient de corrélation « qui2 »
Enfin, nous avons déterminé le type de
dysphonie, relativement à la classification en 5 types de Yanaguihara,
à partir de l'analyse visuelle des spectrogrammes de tous les
enregistrements vocaux réalisés, c'est-à-dire à
partir des trois /a/ tenus, de la phrase « Elle n'aimait ni maman ni mamie
», ainsi que du texte « Grand-mère raconte ».
Par ailleurs, les résultats du VHI 10 ont
été calculés à partir de l'addition des scores
obtenus aux items correspondant à chaque catégorie de handicap
vocal (fonctionnel, physique et émotionnel).
II Résultats: analyse et discussion
Rappelons tout d'abord nos hypothèses:
-hypothèse 1: Des troubles musculo-squelettiques peuvent
être à l'origine d'une dysphonie dysfonctionnelle simple.
-hypothèse 2: Même si les qualités
acoustiques de la voix des sujets avec troubles musculo-squelettiques sont
altérées, aucun des sujets ne se considère comme
dysphonique.
-hypothèse 3: La sévérité de la
dysphonie est proportionnelle à la gravité des troubles
musculo-squelettiques.
-hypothèse 4: Une dysfonction en Y négatif est la
plus susceptible d'engendrer une dysphonie dysfonctionnelle simple.
Nous allons maintenant présenter les résultats de
notre recherche.
II.1 Analyse vocale objective
L'objectif spécifique de notre recherche est de mettre
en évidence des troubles vocaux chez des sujets souffrant de troubles
musculo-squelettiques. En partant de cet objectif, nous avons retenu plusieurs
critères, nécessaires pour déterminer la présence
de troubles vocaux. Ces critères sont le rendement de la source vocale,
la hauteur, l'intensité et le timbre de la voix. Pour évaluer
chacun d'eux nous avons mesuré:
-le Temps Maximum de Phonation (TMP) pour le rendement de la
source vocale
-la fréquence fondamentale et le jitter pour la hauteur
-le shimmer pour l'intensité
-l'échelle de Yanaguihara et le rapport harmoniques/bruit
(H/N) pour
le timbre.
Nous allons maintenant exposer nos résultats concernant
l'analyse objective de la voix des 40 sujets de notre étude.
II.1.1 Temps Maximum de Phonation
Le TMP permet de révéler une fuite glottique
à la phonation et/ou une mauvaise coordination pneumophonique. En
présence d'une dysphonie, la durée du TMP est
généralement d'autant plus raccourcie que la dysphonie est
importante. Un TMP est considéré comme normal pour une valeur:
-supérieure ou égale à 15 secondes chez
les hommes -supérieure ou égale à 10 secondes chez les
femmes.
Il apparaît que 60% de notre population a un TMP
pathologique, ce pourcentage s'élevant à 77% chez les hommes, et
à 52% chez les femmes (cf tableau et graphiques ci-dessous)
nombre de sujets
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
3
|
10
|
femme
|
13
|
14
|
total
|
16
|
24
|
% du nombre de sujets
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
23,08
|
76,92
|
femme
|
48,15
|
51,85
|
total
|
40
|
60
|
TMP
TMP: distribution des sujets
TMP: distribution des sujets masculins TMP: distribution des
sujets féminins
TMP: distribution des 40 sujets de l'étude
Plusieurs éléments peuvent expliquer ces
proportions. Comme tous les sujets de notre étude souffrent de troubles
musculo-squelettiques, il est possible que leurs tensions limitent la dynamique
respiratoire, élément important pour la réalisation du
TMP. Leurs troubles posturaux peuvent également toucher, de plus ou
moins loin, la colonne cervicale, créant des tensions
péri-laryngées néfastes pour la phonation.
Le tableau suivant mentionne les TMP maximum et minimum ainsi
que la durée moyenne du TMP. La grande dispersion des résultats
fait ressortir que le TMP, seul, n'est pas suffisant pour déterminer la
pathologie. Même si le sujet ayant le TMP le plus court est
également celui dont les qualités vocales sont les plus
altérées, avoir un TMP très court ne signe pas pour autant
la présence d'une dysphonie. De même, avoir un TMP très
élevé ne signe pas pour autant la présence d'une bonne
voix. Ainsi, le sujet 7 a une dysphonie de type 3 alors que son TMP est normal
(17,4 secondes). A l'inverse, deux sujets, sur les trois n'ayant pas
d'altération vocale, ont un TMP pathologique (sujets 2 et 16).
Néanmoins, les quatre sujets dont les voix sont les plus
altérées sont aussi ceux dont les TMP sont très
pathologiques (entre 6,21 et 8,5 secondes pour les femmes).
|
TMP minimum
|
TMP maximum
|
Moyenne
|
femmes
|
6,21
|
31,27
|
11,4
|
hommes
|
7,13
|
22,77
|
13,26
|
TMP en secondes
Du reste, la grande variabilité de nos résultats
correspond aux données de la littérature selon lesquelles il
existe une grande variabilité du TMP entre les individus, au cours du
temps, et selon les stratégies mises en place par les sujets. En effet,
nous avons pu remarquer lors de nos expérimentations que de nombreux
patients mettaient en place des stratégies diverses pour tenter
d'augmenter leur TMP au fil des trois essais.
II.1.2 Hauteur
II.1.2.1 Fréquence fondamentale
Rappelons que la fréquence fondamentale d'une voix est
considérée comme normale lorsqu'elle est comprise entre 110 et
165Hz chez l'homme, et entre 220 et 330Hz chez la femme.
Généralement, il est considéré que les patients
dysphoniques ont une voix plutôt aggravée.
Dans notre étude, la hauteur de la voix, de 85% des
hommes, et de 56% des femmes, est normale. Cela peut s'expliquer par la large
étendue de fréquences considérées comme normales.
Mais nous pouvons également avancer le fait que la hauteur dépend
essentiellement de la tension et de la rigidité des cordes vocales. Or,
les sujets de notre expérimentation n'ayant jamais consulté pour
des problèmes vocaux, les possibilités mécaniques de leurs
cordes vocales sont supposées normales. Le tableau et les trois
graphiques ci-dessous répartissent les sujets selon leur
fréquence fondamentale:
Hauteur
|
normale
|
pathologique
|
homme
|
11
|
2
|
femme
|
15
|
12
|
total
|
26
|
24
|
Hauteur %
|
normale
|
pathologique
|
homme
|
84,62
|
15,38
|
femme
|
55,56
|
44,44
|
total
|
65
|
35
|
Hauteur: distribution des sujets
Hauteur: distribution des sujets masculins Hauteur: distribution
des sujets féminins
Hauteur: distribution des 40 sujets
Par ailleurs, les valeurs minimales et maximales des
fréquences fondamentales de la population sont présentées
dans le tableau ci-dessous:
fréquence fondamentale
|
minimale
|
maximale
|
moyenne
|
femmes
|
194,86
|
279,56
|
223,66
|
hommes
|
105,95
|
155,89
|
128,17
|
Hauteur: dipersion des valeurs brutes de la fréquence
fondamentale
Nous pouvons remarquer que même les valeurs minimales ne
sont pas significativement éloignées des normes.
Permettons-nous par ailleurs, d'émettre des
réserves quant à la pertinence du choix de la phrase « Elle
n'aimait ni maman ni mamie » pour l'analyse de la hauteur vocale. En
effet, cette phrase est largement utilisée en clinique et en recherche,
du fait de ses caractéristiques de production, idéales pour
mesurer la fréquence fondamentale d'une voix195. Cependant,
le contenu émotionnel que comporte cette phrase suggère des
réactions de la part de celui qui la prononce, réactions qui
induisent obligatoirement des variations des caractéristiques
acoustiques de sa voix. Ainsi, lors de nos expérimentations, nous avons
reçu de multiples commentaires et interrogations relatives au contenu de
cette phrase.
II.1.2.2 Jitter
Les résultats, présentés dans les
tableaux et graphiques suivants, font référence au jitter moyen,
qui reflète les perturbations à court terme de la
fréquence fondamentale de la voix. Seule une femme, sur les 40 sujets, a
un jitter pathologique. Rapprochons ce résultat de l'écart,
minime, séparant les fréquences fondamentales pathologiques des
normes (en données brutes). Nous pouvons alors avancer le fait que
195Cf pp49-50.
la hauteur n'est pas réellement altérée chez
les sujets de notre étude bien que 35% de notre population ait une
fréquence fondamentale considérée comme pathologique.
Jitter loc
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
13
|
0
|
femme
|
26
|
1
|
total
|
39
|
1
|
Jitter loc %
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
100
|
0
|
femme
|
96,3
|
3,7
|
total
|
97,5
|
2,5
|
Jitter: distribution des sujets
Jitter: distribution des sujets masculins Jitter: distribution
des sujets féminins
Jitter: distribution des 40 sujets
II.1.3 Shimmer
Le shimmer reflète les variations d'intensité de
la voix à court terme. Dans notre population, neuf sujets ont un shimmer
pathologique. Cette proportion n'est pas significative de la présence
d'un trouble de l'intensité vocale parmi les sujets de notre
étude (cf tableaux et graphiques ci-après).
Shimmer dB
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
9
|
4
|
femme
|
22
|
5
|
total
|
31
|
9
|
Shimmer dB %
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
69,23
|
30,77
|
femme
|
81,48
|
18,52
|
total
|
77,5
|
22,5
|
shimmer: distribution des sujets
Shimmer: distribution des sujets masculins Shimmer: distribution
des sujets féminins
Toutefois, l'intensité, donc le shimmer, dépend
en partie de la pression sousglottique. Or, le TMP, indicateur de l'efficience
de la pression sous-glottique lors de la phonation, est significativement
pathologique au sein de notre population (60%). La supériorité du
nombre de sujets avec un shimmer pathologique (9), comparativement au nombre de
sujets avec un jitter pathologique (1), confirme les résultats relatifs
au TMP. Ces derniers suggéraient l'existence d'une mauvaise coordination
pneumophonique et/ou d'une mauvaise gestion du souffle phonatoire par la
majeure partie des sujets de cette étude.
En outre, la mise en parallèle des données des
variations à court terme de la vibration glottique (jitter et shimmer)
rejoint les dernières études publiées, d'après
lesquelles il est regrettable que le shimmer ait été si peu
étudié jusqu'à présent, car il semblerait
d'avantage corrélé à la pathologie vocale que le jitter.
Cependant, dans notre population, deux sujets ont un shimmer pathologique alors
que leur dysphonie est de type 1. Néanmoins, il est probable que le
shimmer soit d'avantage corrélé à des dysphonies
dysfonctionnelles compliquées qu'à des dysphonies
dysfonctionnelle simples, comme le suggère l'échelle de Von
Lenden et Koike, qui différencient les voix normales, des voix avec
nodules ou autre altération laryngée sévère.
La principale limite à l'analyse de l'intensité
de la voix dans cette étude provient du fait que nous n'avons pas
testé la voix d'appel. En effet, celle-ci donne un aperçu, en
terme d'intensité, des possibilités de la voix d'une personne.
Lors d'une dysphonie, la voix d'appel est souvent altérée.
Cependant, nous ne voulions pas surcharger outre mesure, notre protocole
d'expérimentations en multipliant les épreuves, de sorte que la
durée de passation reste raisonnable. De plus, cliniquement, de nombreux
orthophonistes ont remarqué que certains patients dysphoniques ne
présentaient pas d'ascension laryngée, normale lors de la voix
d'appel. Ces patients produiraient donc une voix d'appel d'intensité
normale, mais par un mécanisme pouvant s'apparenter à celui du
forçage vocal.
II.1.4 Timbre
L'échelle de Yanaguihara et le rapport harmoniques/bruit
nous ont permis de faire une analyse précise du timbre des sujets de
notre étude.
II.1.4.1 Echelle de Yanaguihara
L'échelle de Yanaguihara permet d'évaluer le
degré de dysphonie à partir de l'analyse visuelle de
spectrogrammes. Rappelons que le type 0 correspond à l'absence de
dysphonie et que le type 4 signe une dysphonie sévère. Les deux
tableaux cidessous exposent le nombre et le pourcentage de sujets en fonction
du type de dysphonie relevé.
Yanaguihara
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
homme
|
1
|
8
|
2
|
1
|
1
|
femme
|
3
|
19
|
8
|
6
|
4
|
total
|
4
|
27
|
10
|
7
|
5
|
Yanaguihara %
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
homme
|
7,69
|
61,54
|
15,38
|
7,69
|
7,69
|
femme
|
7,41
|
40,74
|
22,22
|
18,52
|
11,11
|
total
|
7,55
|
51,14
|
18,8
|
13,11
|
9,4
|
Distribution des sujets sur l'échelle de Yanaguihara
Il ressort de ces deux tableaux que moins de 8% des sujets de
notre population ont une voix « normale ». Ce résultat tend
à confirmer notre hypothèse principale, à savoir que des
troubles musculo-squelettiques peuvent avoir des répercussions sur les
qualités acoustiques de la voix.
Une analyse plus fine, par type de dysphonie,
révèle cependant que plus de la moitié des sujets
présente une dysphonie de type 1, c'est-à-dire une
altération légère des qualités acoustiques de leur
voix (cf graphiques ci-après). Ceci vient nuancer notre propos. En
effet, nous pensons qu'une altération vocale légère n'est
pas réellement signe de pathologie. Car, il est fort probable qu'une
étude de la voix de sujets tout venant retrouve une proportion
équivalente de dysphonies de type 1. Ainsi, il semblerait que les
dysfonctions posturales ne soient pas véritablement causes de
dysphonie.
A l'inverse, 12 des 40 sujets, soit plus de 22% de notre
population, présentent une dysphonie de type 3 ou 4 (c'est-à-dire
de dysphonie sévère à proche de l'aphonie). Cette
proportion va dans le sens de notre hypothèse. Ainsi, des troubles
musculo-squelettiques semblent favoriser la présence de troubles vocaux
de type dysphonie dysfonctionnelle simple.
Distribution des sujets masculins sur l'échelle de
Yanaguihara Distribution des sujets féminins sur l'échelle de
Yanaguihara
Distribution de l'ensemble des sujets sur l'échelle de
Yanaguihara
La limite principale concernant ces résultats est
inhérente à l'utilisation de l'échelle de Yanaguihara.
Même si nous avons utilisé un large corpus de spectrogrammes, la
catégorisation en différents grades de dysphonie relève
d'une analyse visuelle et comporte donc une part certaine de
subjectivité.
II.1.4.2 Rapport Harmoniques/Bruit
Le rapport harmoniques/bruit (H/N) indique la proportion de
bruit dans le signal acoustique. Il est considéré comme un bon
prédicteur de la perception d'un souffle. De plus, sa valeur est
proportionnelle au degré de dysphonie. Cependant, il n'est
généralement pathologique que dans les dysphonies
sévères.
Dans notre recherche, plus de 80% des sujets ont un rapport
harmoniques/bruit normal comme indiqué dans les tableaux ci-dessous. Ces
résultats confirment le fait que les dysphonies, observées chez
la plupart des sujets de notre expérimentation, sont des dysphonies
légères.
H/N
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
10
|
3
|
femme
|
23
|
4
|
total
|
33
|
7
|
H/N %
|
normal
|
pathologique
|
homme
|
76,92
|
23,08
|
femme
|
85,19
|
14,81
|
total
|
82,5
|
17,5
|
rapport harmoniques/bruit: distribution du nombre de sujets
Rapport harmoniques/bruit: distribution des sujets masculins
Rapport harmoniques/bruit: distribution des sujets féminins
Rapport harmoniques/bruit: distribution du nombre total de
sujets
II.1.5 Conclusions et limites de l'analyse
vocale objective
Au terme de cette partie, consacrée à l'analyse
objective de la voix des 40 sujets présentant des troubles
musculo-squelettiques, retenons que:
-la plupart des sujets présentent une dysphonie. Et
même si celle-ci est légère pour plus de la moitié
de notre population, elle est moyenne à sévère pour plus
du tiers des patients enregistrés. Notre première
hypothèse, d'une répercussion des troubles musculo-squelettiques
sur les qualités acoustiques de la voix, est donc
vérifiée.
-plus de la moitié des sujets a réalisé
un Temps Maximum de Phonation inférieur à la moyenne normale.
Ceci suggère la présence de troubles de la coordination
pneumophonique chez les sujets ayant des troubles posturaux.
Toutefois, l'analyse vocale objective présente certaines
limites, notamment concernant l'enregistrement.
En effet, nous avons pu remarquer que certains sujets
n'étaient pas à leur aise face au microphone. De plus, le fait de
se savoir enregistré a pu, pour certains patients, induire une relative
inhibition ainsi que des tensions (psychiques et musculaires). Ces
différents éléments ont pu avoir des répercussions
sur les qualités acoustiques de la voix des sujets.
Par ailleurs, et malgré nos consignes de positionnement
par rapport au micro, nous avons pu observer des variations posturales au cours
des enregistrements. Ainsi, la plupart des sujets vocalisaient le premier
« a > en se tenant droit, bien face au microphone, mais s'affaissaient
au fur et à mesure du déroulement des épreuves. Il
eût été possible de répéter les consignes
« tenez vous le plus naturellement possible; parlez face au micro >.
Cependant, nous pouvons nous interroger sur ce qu'était la posture
« la plus naturelle >. Etait-ce celle dans laquelle les sujets se
trouvaient à la fin de l'expérimentation, ou alors celle, parfois
rigide, observée lors de la production du premier /a/? Nous aurions
également pu régler la position du microphone entre chacune des
épreuves, mais cela aurait sans doute induit un changement de posture de
la part du sujet. En outre, les mêmes remarques peuvent être
formulées à l'encontre de la consigne « évitez de
tendre le cou vers le micro >. Ainsi, celle-ci n'était le plus
souvent respectée que lors de la production du premier « a >
(quand elle l'était).
Enfin, bien que le jitter, le shimmer et le rapport
harmoniques/bruit signent la présence de dysphonies
sévères, il semblerait que les mécanismes de vibrations
glottiques sous-jacents auraient mérité plus de temps de notre
part pour pouvoir les employer à leur juste valeur.
II.2 Analyse vocale subjective
Pour évaluer le ressenti des sujets par rapport
à leur voix, nous avons utilisé le VHI 10. C'est une
échelle d'évaluation du handicap occasionné par la
dysphonie. Plus le score total est élevé (c'est-à-dire
proche de 40), plus le sujet se considère comme dysphonique. Or, le
ressenti du sujet par rapport à son trouble est une composante majeure
dans le cadre de la dysphonie. Les scores obtenus au VHI 10 (score total,
niveaux fonctionnel, physique et émotionnel) sont
récapitulés dans le tableau ci-dessous:
VHI 10
|
moyenne des scores
|
score minimal
|
score maximal
|
total
|
2,8
|
0
|
18
|
niveau fonctionnel
|
3,14
|
0
|
11
|
niveau physique
|
3,08
|
0
|
3
|
niveau émotionnel
|
1,31
|
0
|
5
|
VHI 10: moyenne et étendue des scores
Ainsi, aucun des patients n'éprouve de réelles
difficultés quotidiennes du fait de sa voix. Ces résultats
confirment notre deuxième hypothèse qui était qu'aucun des
patients souffrant de troubles musculo-squelettiques n'émettrait de
plaintes vocales.
Remarquons néanmoins que, même s'il reste faible,
le score le plus élevé concerne le niveau fonctionnel. Cela
paraît cohérent avec les raisons, généralement
physiques, qui amènent les sujets à réaliser un bilan
posturologique. Par ailleurs, le sujet obtenant les scores les plus
élevés au VHI 10 est également celui dont la voix est la
plus altérée.
II.3 Corrélations entre données
stabilométriques et données vocales
Cette partie est centrée sur notre troisième
hypothèse, qui est que les troubles vocaux seraient proportionnels aux
troubles posturaux. Pour tenter d'objectiver des corrélations entre
certaines données stabilométriques et les données
vocales
objectives, nous avons utilisé le test « Qi 2 ».
Les données, utilisées pour effectuer les corrélations,
sont les valeurs brutes:
-des résultats, obtenus grâce à la
plate-forme stabilométrique, des patients chaussés et non
chaussés
-des résultats de l'analyse vocale objective.
Nous avons séparé les hommes des femmes car les
normes, posturales et vocales, diffèrent grandement selon le sexe. Les
quatre tableaux ci-après exposent les corrélations obtenues
à partir des variables sexe, patient chaussé ou non
chaussé.
homme non chaussés
|
TMP
|
Fo
|
Jitter moy
|
Shimmer db
|
Surface YO
|
0,62
|
0,02
|
-0,38
|
-0,16
|
Surface YF
|
0,36
|
-0,03
|
-0,36
|
-0,31
|
X YO
|
-0,44
|
-0,13
|
-0,09
|
0,26
|
X YF
|
-0,1
|
0,06
|
-0,43
|
0,1
|
Y YO
|
0,09
|
-0,14
|
-0,04
|
0,38
|
Y YF
|
0,11
|
-0,18
|
-0,09
|
0,53
|
V YO
|
0,17
|
0,13
|
-0,53
|
0,02
|
V YF
|
-0,31
|
0,21
|
-0,14
|
-0,25
|
LFS YO
|
-0,49
|
0,17
|
-0,26
|
0,09
|
LFS YF
|
-0,41
|
0,24
|
-0,04
|
-0,23
|
EcTV YO
|
0,14
|
0,12
|
-0,61
|
0,09
|
EcTVit YF
|
-0,31
|
0,12
|
0,02
|
-0,15
|
FFTX YO
|
-0,16
|
0,43
|
-0,14
|
-0,12
|
FFTX YF
|
0,2
|
0,4
|
-0,25
|
0,01
|
FFTY YO
|
-0,47
|
0,03
|
-0,02
|
0,18
|
FFTY YF
|
-0,26
|
0,09
|
0,01
|
0,13
|
Corrélations Hommes non chaussés et analyse
vocale
homme chaussés
|
TMP
|
Fo
|
Jitter moy
|
Shimmer db
|
Surface YO
|
0,46
|
0,01
|
-0,34
|
0,13
|
Surface YF
|
0,08
|
0,08
|
-0,27
|
-0,07
|
X YO
|
-0,07
|
-0,07
|
-0,32
|
0,11
|
X YF
|
0,01
|
-0,09
|
-0,33
|
0,27
|
Y YO
|
0,06
|
-0,23
|
0,13
|
0,56
|
Y YF
|
0,04
|
-0,37
|
0,23
|
0,6
|
V YO
|
-0,11
|
0,21
|
-0,24
|
-0,19
|
V YF
|
-0,41
|
0,22
|
-0,12
|
-0,08
|
LFS YO
|
-0,21
|
0,27
|
-0,21
|
-0,34
|
LFS YF
|
-0,5
|
0,29
|
-0,12
|
-0,15
|
EcTV YO
|
-0,05
|
0,17
|
-0,14
|
-0,1
|
EcTVit YF
|
-0,44
|
0,07
|
0,1
|
0,07
|
FFTX YO
|
-0,37
|
0,27
|
-0,42
|
-0,07
|
FFTX YF
|
0,11
|
-0,44
|
0,03
|
0,63
|
FFTY YO
|
-0,31
|
0,11
|
-0,02
|
-0,17
|
FFTY YF
|
0,28
|
-0,31
|
0,11
|
0,09
|
Corrélations Hommes chaussés et analyse vocale
femmes chaussées
|
TMP
|
Fo
|
Jitter moy
|
Shimmer db
|
Surface YO
|
-0,08
|
-0,01
|
-0,04
|
0,13
|
Surface YF
|
-0,16
|
0,21
|
0,09
|
0,39
|
X YO
|
-0,41
|
-0,45
|
0,08
|
0,01
|
X YF
|
-0,2
|
-0,51
|
-0,03
|
-0,2
|
Y YO
|
0,01
|
-0,37
|
-0,15
|
-0,12
|
Y YF
|
-0,02
|
-0,3
|
-0,13
|
0
|
V YO
|
0,05
|
0,13
|
0,06
|
0,44
|
V YF
|
-0,19
|
0,25
|
0,1
|
0,43
|
LFS YO
|
0,08
|
0,2
|
0,08
|
0,46
|
LFS YF
|
-0,08
|
0,24
|
0,02
|
0,22
|
EcTV YO
|
0,04
|
0,07
|
0
|
0,31
|
EcTVit YF
|
-0,14
|
0,1
|
-0,02
|
0,3
|
FFTX YO
|
0,79
|
-0,13
|
-0,21
|
-0,15
|
FFTX YF
|
-0,13
|
0
|
0,11
|
0,25
|
FFTY YO
|
-0,08
|
0,33
|
-0,12
|
-0,08
|
FFTY YF
|
-0,14
|
-0,04
|
-0,02
|
-0,19
|
Corrélations Femmes chaussés et analyse vocale
femmes non chaussées
|
TMP
|
Fo
|
Jitter moy
|
Shimmer db
|
Surface YO
|
-0,19
|
-0,25
|
0,1
|
0,42
|
Surface YF
|
-0,21
|
-0,04
|
0,24
|
0,81
|
X YO
|
-0,33
|
-0,4
|
0,03
|
-0,03
|
X YF
|
-0,13
|
-0,45
|
-0,06
|
-0,31
|
Y YO
|
0
|
0,1
|
0,09
|
0,24
|
Y YF
|
-0,08
|
0,07
|
0,09
|
0,33
|
V YO
|
0,23
|
0,08
|
0,03
|
0,17
|
V YF
|
0,08
|
-0,2
|
0,08
|
0,17
|
LFS YO
|
0,32
|
0,13
|
-0,03
|
0
|
LFS YF
|
0,28
|
-0,14
|
-0,12
|
-0,39
|
EcTV YO
|
0,19
|
0,09
|
0,06
|
0,24
|
EcTVit YF
|
0,13
|
-0,31
|
0,06
|
0,15
|
FFTX YO
|
-0,21
|
0,09
|
-0,2
|
0
|
FFTX YF
|
0,02
|
-0,05
|
-0,05
|
-0,07
|
FFTY YO
|
-0,12
|
0,02
|
-0,05
|
-0,02
|
FFTY YF
|
0,27
|
0,05
|
-0,31
|
-0,32
|
Corrélations Femmes non chaussés et analyse
vocale
Considérons une corrélation statistiquement
significative pour une valeur supérieure à 0,8 ou
inférieure à -0,8. L'unique corrélation significative de
notre étude concerne la surface, yeux fermés et non
chaussées, des femmes, et le shimmer (0,81). En d'autres termes, plus la
surface du statokinésigramme augmente, plus la valeur du shimmer
augmente. Ainsi, nous pouvons supposer qu'une moins bonne précision du
système postural a des répercussions sur le contrôle de
l'intensité vocale.
Toutes les autres corrélations sont non significatives
ce qui infirme notre troisième hypothèse. Cependant, il existe
une limite majeure à l'exploitation de ces corrélations. En
effet, les enregistrements sur plate-forme stabilométrique n'ayant pas
été réalisés en phonation, les données
objectives, vocales et posturales, n'ont pas été obtenues dans
les mêmes conditions. Or, comme l'indiquent plusieurs études
antérieures, les résultats stabilométriques varient
fortement selon qu'il y a phonation ou non, pathologie vocale ou non, ainsi que
selon le type de phonation employé (voix conversationnelle,
forcée, criée, ...)
Néanmoins, notre analyse des corrélations entre
données posturales et vocales, souligne la pluralité des facteurs
entrant en jeu lors d'un trouble postural et d'une dysphonie dysfonctionnelle.
En effet, ces troubles relèvent d'une multiplicité de facteurs
dont les intrications et les proportions sont variables d'un individu à
un autre.
Toutefois, nous allons voir dans la dernière partie de
nos résultats, que certains phénomènes posturaux semblent
plus prégnants que d'autres, relativement à la présence
d'une dysphonie dysfonctionnelle simple.
II.4 Dysfonctions en Y
Notre dernière interrogation concerne les
déplacements antéro-postérieurs du centre de
gravité. Plusieurs études réalisées sur ce sujet
chez des patients dysphoniques mettent en évidence des
déplacements excessifs du centre de gravité sur cet axe, certains
vers l'avant, d'autres vers l'arrière. Notre dernière
hypothèse était que, dans notre population de sujets avec
troubles musculo-squelettiques, ceux avec dysphonie auraient tendance à
présenter une dysfonction en Y négatif, c'est-à-dire
à des déplacements postérieurs excessifs du centre de
gravité.
Pour objectiver notre hypothèse, nous avons trié
les sujets selon leur type de dysphonie, évalué à partir
de l'échelle de Yanaguihara, et selon leur type de dysfonction en Y,
évalué par Mme Carlier-Bailly. Parmi les sujets de notre
expérimentation, nous observons des dysfonctions en Y positif, en Y
négatif, ainsi qu'une absence de dysfonction en Y. Comme l'indique le
graphique précédent, une dysfonction en Y négatif est plus
souvent présente qu'une dysfonction en Y positif ou qu'une absence de
dysfonction en Y et ce, quel que soit le degré de dysphonie. A
première vue, notre quatrième hypothèse semble donc se
confirmer.
Cependant, la dysfonction en Y négatif est majoritaire
au sein de notre population. Il est donc logique que la proportion de sujets
avec une dysfonction en Y négatif soit également plus importante
pour chaque degré de dysphonie observée (cf graphique
ci-dessous).
Nous avons donc calculé par ailleurs, la proportion de
sujets dysphoniques, au sein de chaque groupe de dysfonction en Y
(négatif, positif ou sans dysfonction). Ces résultats sont
présentés sur les graphiques ci-dessous.
Distribution des sujets avec dysfonction en Y positif selon leur
type de dysphonie
Distribution des sujets avec dysfonction en Y négatif
selon leur type de dysphonie
Distribution des sujets sans dysfonction en Y selon leur type
de dysphonie
Il ressort de ces calculs que 91,67% des sujets, dont le
centre de gravité migre excessivement vers l'arrière,
présentent une dysphonie, et que la totalité des sujets dont le
centre de gravité migre vers l'avant présente une dysphonie. En
outre, 90% des sujets sans dysfonction en Y présentent une dysphonie
également. Même si les sujets avec une dysfonction en Y
négatif ont proportionnellement plus de dysphonies
sévères, nos résultats ne nous permettent pas de confirmer
ou d'infirmer notre dernière hypothèse. Ainsi, la dysphonie ne
semble pas corrélée à un type particulier de dysfonction
posturale sur l'axe antéro-postérieur.
Les corrélations effectuées entre les
données de l'analyse vocale objective et les données
stabilométriques indiquent elles aussi une absence de lien
spécifique entre une dysfonction posturale sur l'axe
antéro-postérieur et la présence ou non d'une dysphonie,
bien que cette dernière remarque soit à l'encontre des
données de la littérature.
III Conclusions
Au terme de cette recherche, et sans vouloir
généraliser nos conclusions, nous pouvons néanmoins
prétendre que des troubles musculo-squelettiques peuvent être
facteurs de dysphonie dysfonctionnelle simple. En effet, les troubles posturaux
peuvent se répercuter sur chacun des étages de la phonation, que
ce soit sur la soufflerie pulmonaire par une limitation de la dynamique
respiratoire, sur le vibrateur laryngé par la répercussion des
tensions musculaires à la musculature péri-laryngée, ou
sur les résonateurs par une diminution de leurs capacités
vibratoires. Ainsi, plus de 90% de la population étudiée ici
présente une dysphonie. Cependant, une analyse plus fine exigerait une
observation précise de la posture, en situation de phonation, de sujets
souffrant de déséquilibre postural.
En outre, la grande proportion de sujets avec une dysphonie de
type 1 et l'absence de population témoin dans notre étude, posent
la question de la pertinence de la classification en 5 types de dysphonie. En
effet, il est fort probable qu'une étude de la voix de sujets tout
venant retrouve une proportion de dysphonie légère
équivalente à la nôtre.
Notre étude relève également une mauvaise
gestion du souffle phonatoire chez les sujets présentant des troubles
musculo-squelettiques. Cette mauvaise gestion de la coordination pneumophonique
induit sans doute les altérations des différents
paramètres acoustiques de la voix que nous avons observées. Les
recherches futures pourront s'attacher à mettre en liens les
stratégies respiratoires de sujets en phonation, et la posture.
D'autre part, même si les qualités acoustiques de
la voix des sujets avec troubles musculo-squelettiques sont
altérées, aucun des sujets de notre étude ne se
considère comme dysphonique, ce qui confirme notre deuxième
hypothèse. Car, le statut de « dysphonique » dépend
beaucoup du ressenti, subjectif, du patient. Une citation d'Ammann
résume ce qui a déjà été dit à ce
sujet: « combien d'individus ignorant leur fonctionnement vocal
réel, se découvriraient un trouble de la voix s'ils se
lançaient dans un travail vocal... »196 . Ainsi, nous
avons peu traité dans ce mémoire du versant psychologique,
ô combien important dans la dysphonie. Quelques articles
196Ammann L. (1999), De ía voix en orthophonie,
Marseille: Solal (collection le monde du verbe), p89.
récents mettent en évidence les liens
étroits qui unissent la posture, les émotions et les
réflexes posturaux. Par exemple, il a été
démontré qu'une hypertonie posturale induisait une hypertonie des
muscles de la face et une hypersensibilité émotionnelle. Aussi,
les liens entre émotions et posture mériteraient sans doute
d'être approfondis.
Par ailleurs, nous avions posé comme hypothèse
que la sévérité de la dysphonie serait proportionnelle
à la gravité des troubles musculo-squelettiques. Nos
résultats infirment cette hypothèse. La dysphonie relevant de
multiples facteurs, même si un trouble postural peut être
considéré comme un facteur, sinon déclenchant, tout du
moins favorisant, il ne semble pas exister de critère postural
spécifique induisant une dysphonie.
Enfin, plusieurs études ayant corrélé les
dysphonies dysfonctionnelles à la présence de déplacements
excessifs du centre de gravité sur l'axe
antéro-postérieur, sans pour autant pouvoir s'accorder sur le
sens de ces déplacements, nous avons cherché à savoir si
une dysfonction en Y particulière intervenait dans la pathologie vocale.
Nos expérimentations n'aboutissent pas à une conclusion
tranchée sur cette question. Au contraire, l'analyse des
corrélations met en avant que la dysphonie dysfonctionnelle ne semble
pas liée spécifiquement à une dysfonction en Y.
En somme, nous avons vérifié notre
hypothèse principale. Des troubles posturaux peuvent induire une
dysphonie dysfonctionnelle simple. Cependant, nous retiendrons de cette
recherche que l'idéal phoniatrique, au sens d'un « larynx sain,
dans un corps sain, chez un individu psychologiquement sain
»197 n'a que peu de sens. Car, chaque individu a ses propres
potentialités, vocales, posturales ou autres, qu'il exprime à sa
manière. Un des rôles de l'orthophoniste pourrait être, de
permettre au patient d'accéder à « l'être bien dans sa
voix », en accompagnant chacun dans l'expression et le
développement de ses potentialités.
197Ammann L. (1999), p24, Op. cit. p133.
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TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 4
SOMMAIRE 5
INTRODUCTION 7
ANCRAGES THEORIQUES 8
I Éléments d'anatomie et de physiologie
8
I.1 Le larynx 8
.1.1 Les cartilages 8
.1.2 Les ligaments et membranes 10
.1.3 Les plis vocaux 10
.1.4 Musculature intrinsèque du larynx 11
.1.1 Mécanique de l'accolement des cordes vocales 12
.1.2 L'os hyoïde 13
.1.3 La musculature extrinsèque du larynx 14
I.2 Le système respiratoire 15
I.2.1 Mécaniques costales et thoraciques 15
I.2.2 Le diaphragme comme muscle principal 16
I.2.3 Les muscles inspirateurs costaux 17
I.2.3.1 Les muscles qui élèvent les côtes
depuis la ceinture scapulaire et le bras 17
I.2.3.2 Les muscles qui élèvent les côtes
depuis la colonne dorsale 18
I.2.3.3 Les muscles qui élèvent les côtes
depuis la tête et le cou 18
I.2.4 Les muscles expirateurs 19
I.2.5 Les intercostaux, muscles respirateurs à actions
variables 20
I.2.6 Action des muscles respirateurs durant la phonation 21
I.3 Les résonateurs 22
I.3.1 Le pharynx 22
I.3.2 La cavité orale 23
I.3.3 Les cavités nasales 24
I.3.4 Les muscles de la face et de l'expressivité 24
I.4 Le rôle particulier de la mandibule
25
I.5 Eléments de neurologie 26
I.6 Deux modèles de vibration des cordes vocales
27
I.6.1 Les modèles linéaires de vibration 27
I.6.1.1 La théorie myo-élastique 27
I.6.1.2 La théorie myo-élastique
aérodynamique 28
I.6.1.3 Les modèles de la masse vibrante 29
I.6.1.4 Le modèle des oscillations à relaxation
29
I.6.2 Un modèle non linéaire de la vibration
glottique 30
I.6.2.1 Limites des modèles linéaires 30
I.6.2.2 Le modèle slip-stick 31
II Les dysphonies dysfonctionnelles simples
33
II.1 Le forçage vocal 34
II.1.1 Hyperkinésies vocales primitives 35
II.1.1.1 Forçage prédominant sur le souffle 35
II.1.1.2 Forçage prédominant sur le larynx 36
Sur glotte membraneuse 36
Sur glotte postérieure 36
II.1.1.3 Forçage prédominant sur les
résonateurs 36
II.1.2 Hypokinésies primitives 37
II.2 Facteurs déclenchants et/ou favorisants
37
II.2.1 La sphère ORL 38
II.2.2 L'alcool et le tabac 38
II.2.3 Les facteurs psychologiques 39
II.2.4 Les facteurs hormonaux 40
II.2.5 L'appareil digestif 41
III Evaluation de la voix 42
III.1 Mesures subjectives de la voix 42
III.1.1 Les données de l'anamnèse 42
III.1.2 Les échelles d'auto-évaluation 43
III.1.2.1 L'échelle bipolaire d'auto-estimation vocale
43
III.1.2.2 Le VHI et le VHI 10 44
III.1.2.3 D'autres échelles 44
III.1.3 Echelle d'hétéro-évaluation 45
III.1.3.1 GRBAS 46
III.1.3.2 D'autres échelles 47
III.2 Représentations de la voix par des mesures
objectives 48
III.2.1 Chronogramme 48
III.2.2 La représentation périodique 49
III.2.3 Spectrogrammes 51
III.2.4 Phonétogrammes 51
III.3 Hauteur ...52
III.3.1 Eléments de définition 52
III.3.2 Evaluation 52
III.3.3 Normes 53
III.3.4 Le jitter .53
III.3.4.1 Une mesure des perturbations à court terme 53
III.3.4.2 Définitions et normes 54
III.3.4.3 Quelques remarques 55
III.4 Timbre 56
III.4.1 Les mesures du bruit dans le spectre 56
III.4.2 Echelle de Yanaguihara 57
III.4.3 Rapport harmoniques/bruit 58
III.5 Intensité .59
III.5.1 Physique 59
III.5.1.1 Physique acoustique 59
III.5.1.2 Psycho acoustique 59
III.5.2 Normes 60
III.5.3 Shimmer 60
III.5.3.1 Définitions et normes 60
III.5.3.2 Quelques remarques 61
III.5.4 Voix d'appel 61
III.6 Rendement de la source vocale 62
III.6.1 Pression sous-glottique 62
III.6.2 Débit d'air oral 62
III.6.3 TMP 63
III.6.4 Rapport s/z 64
IV La Posture 65
IV.1 Linguistique et historique 65
IV.1.1 Repères linguistiques 65
IV.1.2 Eléments historiques 67
IV.1.2.1 L'Histoire 67
IV.1.2.2 Histoire moderne et développement de la
posturologie 68
IV.2 Comment tient-on debout? 69
IV.2.1 Les trois lois de Léopold Busquet 69
IV.2.2 Les courbures vertébrales 69
IV.2.3 La posture de référence 70
IV.3 Composition du système postural
71
IV.3.1 Les capteurs, entrées de la posture 72
IV.3.1.1 Les exocapteurs 72
Capteur oculaire 72
Capteur podal 73
IV.3.1.2 Les endocapteurs 73
Capteurs somésthésiques 73
Capteur podal 73
Capteurs oculomoteurs 73
Capteurs dentaire et manducateur 73
IV.3.2 Les effecteurs musculaires, sorties de la posture 74
IV.3.3 Réflexes et ajustements posturaux 74
IV.3.3.1 Les réflexes posturaux 75
IV.3.3.2 Les ajustements posturaux 75
IV.4 La posturologie clinique 76
IV.4.1 La profession de posturologue 76
IV.4.2 L'exploration du système postural 76
IV.4.3 Le statokinésigramme 77
IV.4.4 Principales dysfonctions du système postural 78
IV.4.5 Pluridisciplinarité de la posturologie 78
V Voix et posture 80
V.1 Observations et expérience quotidienne des
praticiens de la voix 80
V.1.1 Les comportements posturaux lors de la phonation 80
V.1.1.1 Comportements posturaux chez les chanteurs 80
V.1.1.2 Habitus posturaux en phonation 81
V.1.1.3 Effet de la pesanteur 81
V.1.1.4 Le corps comme un arc 82
V.1.2 Troubles de la posture et dysphonies 83
V.1.2.1 Dysphonie et posture des acteurs 83
V.1.2.2 Perte de verticalité dans la dysphonie 83
V.1.2.3 Courbures vertébrales et dysphonie 83
V.1.3 Orthophonie clinique et posture 84
V.1.3.1 Le bilan postural 84
V.1.3.2 Intérêt de la correction des postures 84
V.1.3.3 Suivi orthophonique 85
V.1.3.4 Relaxation 85
V.2 Etudes posturales sur la voix 86
V.2.1 Études sur la posture cervicale 86
V.2.1.1 Dans la raucité vocale infantile 86
V.2.1.2 Influence de la posture cervicale sur la voix 86
V.2.1.3 Rôle clé des
sterno-cléïdo-mastoïdiens 87
V.2.2 Dans le cadre de la projection vocale 88
V.2.2.1 Modifications posturales segmentaires 88
V.2.2.2 Mouvements et effort vocal 89
V.2.2.3 Douleurs rachidiennes et stabilométrie en voix
projetée 90
V.2.2.4 Voix criée et stabilométrie 91
V.2.2.5 Conclusions des études portant sur la voix
projetée 92
V.2.3 dysphonie dysfonctionnelle et stabilométrie 92
V.2.3.1 Équilibre et dysphonie 92
V.2.3.2 Variance de la vitesse de déplacement du centre de
gravité 93
V.2.3.3 Relation temporelle entre mouvement et phonation 93
V.2.3.4 Déplacements antéro-postérieurs du
centre de gravité 94
V.2.3.5 Voies ascendantes vs voies descendantes 95
V.2.3.6 Dysphonies dysfonctionnelles compliquées 96
V.2.3.7 Proprioception du schéma corporel 96
V.3 Respiration, posture et voix 97
V.3.1 Respiration, posture et phonation normales 97
V.3.1.1 Rôle de la position du corps dans la respiration
97
V.3.1.2 Le diaphragme 98
V.3.1.3 La «synergie respi-statique» ou «SRS»
99
V.3.1.4 La respiration comme stabilisateur postural 99
V.3.2 La respiration dans la dysphonie 101
V.3.2.1 Bilan et prise en charge de la respiration dans la
dysphonie 101
V.3.2.2 Dysfonction des mécanismes respiratoires 102
V.3.2.3 Respiration paradoxale et position du larynx 103
V.3.2.4 Effets d'une prise en charge de la respiration 103
V.4 Ostéopathie et posture phonatoire
104
V.4.1 Le concept de chaîne musculaire 104
V.4.2 Le larynx dans les chaînes musculaires 104
V.4.3Position du larynx 105
V.4.3.1 Position d'équilibre du larynx 105
V.4.3.2 Position du larynx au cours de la respiration 106
V.4.3.3 Position du larynx au cours de la phonation 107
V.4.3.4 Rôle de l'os hyoïde dans la transmission des
tensions musculaires au larynx 107
V.4.4 Dysfonctions diaphragmatiques 107
V.4.5 Conséquences d'une séance
d'ostéopathie sur la voix 108
V.5 Éléments d'Odontologie 109
V.5.1 Liens neurologiques entre système manducateur et
système postural 109
V.5.2 Occlusion et ATM influent sur la posture céphalique
110
V.5.3 Occlusion et ATM influent sur la posture globale 110
V.5.4 Rôle de la langue 111
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES 112
I Problématique 112
II Hypothèses ..112
PARTIE PRATIQUE 114
I Protocole de recherche 114
I.1 Lieu de l'expérimentation 114
I.2 Population 114
I.3 Recueil de données 115
I.3.1 Recueil de données subjectives sur la voix 115
I.3.2 Recueil de données objectives sur la voix 115
I.3.3 Recueil de données stabilométriques 116
I.4 Analyse statistique 116
II Résultats: analyse et discussion
118
II.1 Analyse vocale objective 118
II.1.1 Temps Maximum de Phonation 119
II.1.2 Hauteur 121
II.1.2.1 Fréquence fondamentale 121
II.1.2.2 Jitter 122
II.1.3 Shimmer 123
II.1.4 Timbre .125
II.1.4.1 Echelle de Yanaguihara 125
II.1.4.2 Rapport Harmoniques/Bruit 127
II.1.5 Conclusions et limites de l'analyse vocale objective
128
II.2 Analyse vocale subjective 129
II.3 Corrélations entre données
stabilométriques et données vocales 129
II.4 Dysfonctions en Y 133
III Conclusions 136
BIBLIOGRAPHIE 138
TABLE DES MATIERES 148
ANNEXES 157
ANNEXES
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 Annexe 2 Annexe 3 Annexe 4 Annexe 5 Annexe 6 Annexe 7
Annexe 8 Annexe 9 Annexe 10 Annexe 11
Questionnaire pour les critères de non inclusion VHI 10
Grand-mère raconte
Paramétrages de Praat
Analyse via Praat: données brutes
Analyse via Praat: classement normal/pathologique TMP
Résultats VHI 10
Normes posturographiques
Données stabilométriques Femmes
Données stabilométriques Hommes
Annexe 1 : Questionnaire pour les critères de
non inclusion
Voici des questions concernant votre voix. Le but est de
déterminer comment, pourquoi et dans quelles conditions vous utilisez
votre voix. Cela me permettra de savoir ce qui peut influer sur votre voix et
ainsi de faire une analyse plus précise des enregistrements.
Vous avez le choix entre répondre seul(e) ou avec moi.
Nom
Prénom
Année de naissance
Quelle est votre profession?
Est-ce une profession pour laquelle vous parlez beaucoup?
Etes-vous exposé à du bruit?
Etes-vous exposé à des agents chimiques et
volatiles? (solvants, peinture, poussière, ...)
Avez-vous déjà eu des problèmes avec votre
voix? (aphonie, raucité, perte de la voix, voix plus grave que
d'habitude....)
Y-avait-il une raison particulière? (deuil, laryngite,
gros effort vocal, intubation...)
Est-ce que vous chantez? (à quelle fréquence, dans
une chorale, uniquement sous la douche, régulièrement en public,
...)
Est-ce que vous faites du théâtre? (à quelle
fréquence, dans une salle qui a une bonne acoustique, ...)
Faites-vous du sport ou une autre activité
(nécessitant une forte utilisation ou une utilisation
particulière de la voix)?
Avez-vous déjà effectué un travail vocal?
(cours de chant, individuellement, ...)
Avez-vous déjà pratiqué une autre
activité incluant un travail corporel et/ou respiratoire?(yoga, taishi,
...)
Avez-vous fréquemment des infections ORL de type otites,
laryngites, ...?
Avez-vous des problèmes d'audition?
Avez-vous eu une chirurgie au niveau cervical, thoracique ou
abdominal?(si oui, laquelle et est-ce récent ou non)
Avez-vous des problèmes hormonaux?(thyroïde,
hypophyse, ovaires, testicules,
surrénales)
Si oui, de quel type?
Si vous êtes une femme, êtes-vous
ménauposée?
Avez-vous des problèmes digestif (reflux gastrique acide,
hernie hiatale, constipation, ...)
Consommez-vous du tabac?(si oui, à quelle fréquence
environ? Si non, êtes-vous fumeur passif?)
Consommez-vous de l'alcool?(si oui, à quelle
fréquence environ?) Vous arrive-t-il souvent de tousser ou de
râcler la gorge?
Avez-vous des problèmes respiratoires et/ou allergies
provoquant des problèmes respiratoires?
Avez-vous des problèmes neurologiques?
Etes-vous déprimé?
Avez-vous un traitement pour un problème d'ordre
psychiatrique?
Annexe 2: VHI 10
Annexe 3: Texte
Grand-mère raconte
Dans un petit village de la montagne, il y a un pauvre
cordonnier, tout vieux et tout cassé. Les villageois lui apportent des
chaussures à réparer. Mais il ne travaille pas vite. Tous les
soirs, il mange tout seul, bien tristement.
Ce soir, il a devant lui, un gros tas de souliers et de
guêtres à recoudre.
< Jamais je ne pourrai les réparer. Je suis trop
âgé et trop malade... »
Près de lui, la grosse horloge fait: tic tac, tic tac. Le
pauvre vieux, tout découragé, s'endort ...
Aussitôt, l'horloge s'ouvre, et deux petits lutins sautent
sur le plancher:
l'un s'appelle Tic
l'autre s'appelle Tac.
< Rangeons les étagères, réparons les
souliers, recousons le linge », dit Tic.
< Préparons un gâteau, mettons du gui au plafond,
changeons ces vieux rideaux », ajoute Tac.
Minuit sonne! Les deux vaillants petits lutins rentrent dans la
pendule.
Le lendemain, le pauvre cordonnier s'éveille:
< O joie! Qui a préparé ce bon gâteau? Qui
donc a rangé la maison? »
< Tic tac! Tic tac! », dit la vieille horloge.
Annexe 4 : Paramétrages de Praat
SOMMAIRE
I Enregistrer un son
II Visualiser une voix
III Paramétrer le spectrogramme à bandes
larges/étroites
IV Hauteur
1 Hauteur lissée
2 Pulses
3 Jitter
V Voicing: Fraction of locally unvoiced frames
VI Intensité
1 Visualiser l'intensité
2 Shimmer
I Enregistrer un son
Praat à l'avantage de disposer d'un enregistreur (ce
qui évite d'avoir recours à des logiciels comme Audacity et
exclut tous les soucis liés à la lecture des formats de fichiers
et aux transferts de données). Pour y avoir accès:
-fenêtre << Praat Objects >: New / record stereo
sound
Une fenêtre << SoundRecord > s'ouvre alors.
Vérifier que << Sampling frequency > est positionné sur
44100Hz, branchez un microphone puis cliquer sur << Record > pour
démarrer l'enregistrement. Pour stopper l'enregistrement, cliquer sur
<< Stop >. Enfin, pour sauvegarder l'échantillon vocal ainsi
obtenu dans un fichier, le nommer (<< Name >) puis cliquer sur
<< Save to list >.
II Visualiser une voix
Pour visualiser le signal sonore, deux possibilités: -
read / open long sound file
-enregistrer et sauvegarder un son (cf I_Enregistrer un son).
Le fichier apparaît alors dans << praat objects > et il suffit
de cliquer sur << view > pour obtenir le spectrogramme
correspondant.
Sur la partie supérieure de la fenêtre s'affiche
l'onde sonore ( aussi appelée fenêtre du signal acoustique ou
enveloppe du son) et sur la partie inférieure s'affiche le spectrogramme
(également appelée fenêtre d'analyse). L'axe des abscisses
(horizontal) représente le temps sur les deux représentation du
son. Ainsi, les deux
parties de la fenêtre seront concernées, que l'on
zoome ou que l'on fasse défiler.
III Paramétrer le spectrogramme à
bandes larges/étroites
Un spectrogramme indique les fréquences d'un son. Praat
est pré-réglé pour afficher les fréquences de 0
à 4000 Hertz (Hz) ce qui suffit généralement pour analyser
les voix de personnes très dysphoniques. Cependant pour des voix
normales, il est conseillé d'afficher le spectrogramme sur une plus
large bande fréquentielle, à savoir de 0 à 8000 Hz.
Dans spectrum / spectrogram settings: -view range: 0,0 to
8000,0 Hz
-window length: permet de passer d'un spectrogramme à
bandes larges représentant le signal sonore par bandes de 260Hz
(0,005s.) à un spectrogramme à bandes étroites de 43Hz
(0,03s.). C'est le spectrogramme à bandes étroites qui est
préconisé dans le cadre de l'analyse vocale.
-dynamic range: indique l'intensité maximale à
laquelle le son sera analysé. Il est conseillé d'augmenter la
paramétrage par défaut et de passer de 50 à 70dB pour plus
de sécurité (voire à 90 ou 100dB lorsque vous
désirez analyser la voix d'appel d'une personne sans dysphonie).
Pour connaître la fréquence d'une harmonique
à un temps donné, il suffit de cliquer à l'endroit
désiré sur le spectrogramme et ces indications apparaîtrons
aux extrémités de la croix rouge (c'est l'un des moyens pour
déterminer les formants fréquentiels des voyelles lors d'une
analyse phonétique).
Enfin, pour imprimer un spectrogramme ou l'insérer dans
un fichier quelconque:
- spectrum / paint visible spectrogram: le spectrogramme
apparaîtra alors dans une nouvelle fenêtre « praat picture
» et c'est depuis cette fenêtre que vous pourrez imprimer le
spectrogramme, ou l'insérer dans un autre document.
IV Hauteur
IV.1 Hauteur lissée
Pitch signifie hauteur. Praat permet en effet de récolter
diverses informations concernant la hauteur de la voix.
Pour visualiser la courbe de la hauteur d'une voix:
- pitch / show picth: une ligne bleue se dessine sur le
spectrogramme ainsi que trois nombres, en bleu également, indiquant la
hauteur de la voix. C'est le nombre du milieu qui nous intéresse le
plus. En effet, il donne la hauteur de la voix à un instant
précis (en cliquant sur le spectrogramme), ou sur une plage de
sélection. Les nombres s'affichant en haut et en bas à droite
correspondent aux bornes, inférieure et supérieure, formant un
intervalle à l'intérieur duquel praat recherchera les
différentes données relatives à la hauteur. Il peut
être intéressant de modifier leurs valeurs pour plus de
précision:
|
borne inférieure
|
borne supérieure
|
standard
|
75 Hz
|
500 Hz
|
homme
|
75 Hz
|
300 Hz
|
femme
|
100 Hz
|
500 Hz
|
enfant
|
200 Hz
|
500 Hz
|
voix d'homme très abîmée
|
50 Hz
|
200 Hz
|
Pour effectuer les réglages ayant trait à la
hauteur:
-pitch / pitch settings ( veiller à ce que l'unité
« unit » soit le Herz, et à ce que la méthode d'analyse
soit « cross-correlation »).
Dans le menu « pitch », Praat met à
disposition de l'utilisateur quatre informations qui sont susceptibles
d'intéresser l'orthophoniste. Pour y avoir accès,
sélectionner la partie du spectrogramme voulue puis:
-pitch listing: liste de la hauteur calculée toutes les x
secondes (selon le paramètrage effectué)
-get pitch: moyenne de la hauteur au sein de la sélection
-get minimum pitch: hauteur minimum de la sélection
-get maximum pitch: hauteur maximum de la sélection.
Enfin, pour imprimer la courbe des hauteurs d'une voix ou
l'insérer dans un fichier quelconque, il faut cliquer sur < draw
visible pitch... > dans le menu < pitch >. Les étapes suivantes
étant les mêmes que pour l'impression d'un spectrogramme nous ne
les détaillerons pas ici.
IV.2 Pulses
L'analyse habituelle de la hauteur contient un <
éclaireur >, qui effectue automatiquement un lissage des
différentes hauteur locales. Pour avoir accès aux informations
que fournit l'analyse de la hauteur à court terme, Praat
désactive cet éclaireur. Les réglages à effectuer
ici sont les mêmes que ceux décrits précédemment.
Pour avoir accès aux informations qui vont suivre (< fraction of
locally unvoiced frames >, < jitter > et < shimmer >) il est
nécessaire de:
-sélectionner < Show pulses > dans le menu <
Pulses > -puis il faut sélectionner la partie du signal à
analyser
-et enfin cliquer sur < Voice report > toujours dans le
menu
< Pulses >.
La fenêtre < Praat Info > s'ouvre alors et
détaille toutes les informations concernant la hauteur:
-pitch: hauteur
-pulses: nombre de cycles vibratoires, nombre de périodes,
durée moyenne d'une période et la déviation standard de la
durée des périodes
-voicing: cf IV_3 Voicing -jitter: cf IV_4 Jitter
-shimmer: cf IV_5 Shimmer
-harmonicity of the voice part only: un chiffre très
inférieur à 20dB est considéré comme pathologique
(harmonicity to noise ratio).
IV.3 Jitter
Pour calculer les différents jitter cf IV_2 Pulses
-jitter (local): il correspond au jitter ratio de la
littérature. C'est la moyenne de toutes les différences entre les
durées de deux périodes consécutives, divisée par
la durée moyenne d'une période du signal. Le résultat est
donc un rapport, exprimé ici en pourcentage. Selon le manuel de Praat,
le seuil normal/pathologique de ce critère est fixé à
1,04%.
-jitter (local, absolute) ou jitta: il correspond au jitter
absolu dans la littérature. C'est la moyenne des différences (en
valeur absolue) entre les durées de deux périodes
consécutives du signal. Le seuil normal/pathologique est de 83,2.
-jitter (rap): il correspond au RAP ou au FPQ dans la
littérature. Comme le jitter ratio, le RAP mesure les perturbations
à court terme de la fréquence fondamentale. Ici, on compare la
durée de chaque période Ti non pas à celle de la
période suivante (Ti+1), mais à la moyenne de 3 périodes
successives T-1, T et T+1, ce qui a théoriquement pour effet
d'atténuer les variations volontaires de la fréquence vocale,
comme le trémolo, par exemple. Dans les faits, le jitter ratio et le RAP
sont des mesures à peu près équivalentes. Le RAP est
également exprimé en pourcentage. Le seuil normal/pathologique
est fixé à 0,68%.
-jitter (ppq5): c'est la moyenne de la différence (en
valeur absolue) entre la durée d'une période et la durée
moyenne des 4 périodes les plus proches, divisée par la
durée moyenne d'une période du signal. Exprimé en
pourcentage, le seuil normal/pathologique du ppq5 est de 0,840%.
-jitter (ddp): Il est égal à trois fois le RAP.
V Voicing: Fraction of locally unvoiced
frames
Cela correspond à la fraction de discontinuité
dans l'accolement des cordes vocales. Pour une voix normale, le résultat
« Fraction of locally unvoiced frames >, ou « Voice break >,
doit être égal à 0 (l'accolement des cordes vocales sur une
voyelle tenue étant normalement continu). Toute valeur différente
de 0 pourra donc être considérée comme pathologique.
VI
Intensité
VI.1 Visualiser l'intensité
-intensity / show intensity: une courbe jaune se dessine sur
le spectrogramme ainsi que trois nombres, en vert, indiquant l'intensité
de la voix. C'est le nombre du milieu qui nous intéresse le plus. En
effet, il donne l'intensité de la voix à un instant précis
(en cliquant sur le spectrogramme), ou bien sur une plage de sélection.
Les nombres s'affichant en haut et en bas à droite correspondent aux
bornes inférieure et supérieure, formant un intervalle à
l'intérieur duquel praat recherchera les différentes
intensités. Les bornes standard sont 50dB et 100dB.
Il est important de définir ces bornes en fonction de
la voix que l'on veut analyser au risque de ne pas pouvoir visualiser
l'intensité. Pour définir ces bornes:
-intensity / intensity settings (c'est également dans
<< Intensity settings » qu'il faut cocher la case << substract
mean pressure », normalement déjà prédéfinie
par Praat, qui permet de supprimer les bruits de fond du calcul de
l'intensité).
Par ailleurs, il est toujours possible, comme dans le menu
<< Pitch », de connaître les intensités moyenne,
minimale et maximale d'une sélection en cliquant respectivement sur
<< Get intensity », << Get minimum intensity » et
<< Get maximum intensity » dans le menu << Intensity
».
Parfois, il peut être plus judicieux de rechercher
l'intensité médiane au lieu de l'intensité moyenne. Pour
ce faire, changer la méthode de calcul dans << averaging method
» dans << Intensity settings ». Cliquer sur << Intensity
listing » pour obtenir le relevé de l'intensité toutes les
0,010666 secondes.
Enfin, pour imprimer la courbe des intensités d'une
voix ou l'insérer dans un fichier quelconque, cliquer sur << draw
visible intensity contour... » dans le menu << intensity ». Les
étapes suivantes étant les mêmes que pour l'impression d'un
spectrogramme nous ne les détaillerons pas ici.
VI.2 Shimmer
Pour calculer les différents shimmer cf IV_2 Pulses
-shimmer (local): on mesure ici les perturbations à
court terme de l'amplitude du signal sonore. Pour ce faire, on divise la
moyenne des différences (en valeur absolue) entre l'amplitude maximale
de deux périodes successives, par la moyenne des amplitudes maximales de
chaque période. Le seuil normal/pathologique est fixé à
3,81 %.
-shimmer (local, dB): C'est la moyenne des différences
(en valeur absolue logarithme10), entre l'amplitude maximale de deux
périodes consécutives, multipliée par 20. Cette
méthode de calcul présente l'avantage de limiter les effets des
variations de F0 (tremor, vibrato, ...) sur le shimmer. La valeur
déterminant le seuil normal/pathologique est 0,350dB.
-shimmer (apq11): il s'agit également d'une mesure des
perturbations à court terme de l'amplitude du signal. Sur le même
principe que le jitter RAP, il s'agit d'atténuer les effets des
modulations volontaires d'intensité en comparant l'amplitude maximale de
chaque période Ti à l'amplitude moyenne des pics des
périodes Ti-5 à Ti+5, soit 11 périodes. Le seuil
normal/pathologique est fixé à 3,07%.
Annexe 5: Analyse via Praat: données brutes
enregistremen
|
sexe
|
Moy jitter
|
shimmer db
|
HN
|
yanaguihara
|
hauteur phrase
|
4
|
F
|
0,43
|
0,17
|
21,67
|
1
|
194,86
|
5
|
F
|
0,32
|
0,22
|
24,24
|
1
|
251,46
|
6
|
F
|
0,84
|
1,13
|
13,1
|
4
|
237,56
|
8
|
F
|
0,4
|
0,24
|
18,89
|
3
|
222,65
|
9
|
F
|
0,29
|
0,15
|
20,99
|
1
|
240,85
|
10
|
F
|
0,42
|
0,21
|
19,21
|
1
|
228,81
|
11
|
F
|
0,38
|
0,22
|
18,77
|
1
|
221,02
|
12
|
F
|
0,32
|
0,22
|
21,34
|
2
|
207,75
|
13
|
F
|
0,51
|
0,19
|
18,12
|
3
|
199,42
|
15
|
F
|
0,37
|
0,19
|
21,45
|
1
|
250,14
|
16
|
F
|
0,23
|
0,21
|
25,4
|
0
|
220,14
|
17
|
F
|
0,49
|
0,25
|
18,56
|
1
|
279,56
|
18
|
F
|
0,5
|
0,36
|
19,63
|
3
|
246,17
|
19
|
F
|
0,8
|
0,28
|
18,84
|
3
|
198,15
|
20
|
F
|
1,31
|
0,43
|
16,12
|
4
|
246
|
23
|
F
|
0,4
|
0,13
|
21,12
|
1
|
228,63
|
27
|
F
|
0,2
|
0,15
|
25,84
|
2
|
214,31
|
29
|
F
|
0,22
|
0,11
|
28,53
|
0
|
211,7
|
30
|
F
|
0,32
|
0,17
|
25,36
|
1
|
234,81
|
31
|
F
|
0,31
|
0,23
|
21,41
|
1
|
219.,03
|
32
|
F
|
0,26
|
0,4
|
18,06
|
2
|
216,36
|
34
|
F
|
0,47
|
0,3
|
17,11
|
2
|
227,03
|
36
|
F
|
0,67
|
0,19
|
22,96
|
2
|
217,82
|
37
|
F
|
0,79
|
0,2
|
26,19
|
3
|
206,23
|
39
|
F
|
0,48
|
0,63
|
20,1
|
2
|
206,76
|
40
|
F
|
0,78
|
0,22
|
15,93
|
4
|
205,72
|
41
|
F
|
0,25
|
0,14
|
25,95
|
1
|
201,18
|
1
|
H
|
0,85
|
0,28
|
20,38
|
1
|
117,03
|
2
|
H
|
0,36
|
0,18
|
23,07
|
0
|
134,44
|
3
|
H
|
0,44
|
0,33
|
22,69
|
1
|
139,82
|
7
|
H
|
0,49
|
0,27
|
19,72
|
1
|
145,91
|
14
|
H
|
0,69
|
0,37
|
18,04
|
3
|
116,06
|
21
|
H
|
0,64
|
0,33
|
12,11
|
4
|
111,54
|
22
|
H
|
0,85
|
0,3
|
16,47
|
1
|
106,73
|
24
|
H
|
0,5
|
0,24
|
18,24
|
2
|
127,49
|
25
|
H
|
0,49
|
0,18
|
18,07
|
1
|
142,16
|
26
|
H
|
0,44
|
0,48
|
21,62
|
1
|
105,95
|
28
|
H
|
0,5
|
0,37
|
13,58
|
2
|
132,16
|
33
|
H
|
0,24
|
0,16
|
25,55
|
1
|
155,89
|
35
|
H
|
0,24
|
0,22
|
18,69
|
1
|
131,1
|
Annexe 6: Analyse via Praat: classement
normal/pathologique voix: 0= critère
pathologique
1= critère normal
dysfonction: 0=absence de dysfonction en Y
1=dysfonction en Y positif
2=dysfonction en Y négatif
n enregistrement
|
hauteur
|
tmp
|
jitter loc
|
jitter rap
|
shimmer loc
|
shimmer dB
|
apq11
|
H N
|
dysfonction
|
4
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
5
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
6
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
9
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
10
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
11
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
12
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
13
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
15
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
16
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
17
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
18
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
19
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
20
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
23
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
27
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
29
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
30
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
31
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
32
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
34
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
2
|
36
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
37
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
39
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
40
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
41
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
2
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
3
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
7
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
14
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
2
|
21
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
2
|
22
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
24
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
25
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
26
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
28
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
33
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
35
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
Annexe 7 : TMP
n enregistrement
|
sexe
|
TMP1
|
TMP2
|
TMP3
|
moyenne TMP
|
4
|
F
|
14,68
|
15,91
|
|
15,3
|
5
|
F
|
6,45
|
7,65
|
8,63
|
7,58
|
6
|
F
|
6,31
|
6,17
|
6,14
|
6,21
|
8
|
F
|
17,6
|
17,01
|
17,51
|
17,37
|
9
|
F
|
6,44
|
10,75
|
|
8,6
|
10
|
F
|
7,95
|
11,68
|
9,14
|
9,59
|
11
|
F
|
19,35
|
13,32
|
12,82
|
15,16
|
12
|
F
|
12,04
|
8,47
|
11,4
|
10,64
|
13
|
F
|
11,66
|
10,02
|
11,99
|
11,22
|
15
|
F
|
12,64
|
13,45
|
16,66
|
14,25
|
16
|
F
|
8,46
|
9,13
|
8,6
|
8,73
|
17
|
F
|
14,68
|
14,62
|
15,26
|
14,85
|
18
|
F
|
6,95
|
9,51
|
9,48
|
8,65
|
19
|
F
|
7,51
|
7,19
|
10,5
|
8,4
|
20
|
F
|
6,33
|
11,38
|
7,76
|
8,49
|
23
|
F
|
9,15
|
9,1
|
10,35
|
9,53
|
27
|
F
|
29,55
|
29,97
|
34,29
|
31,27
|
29
|
F
|
11,63
|
14,63
|
12,8
|
13,02
|
30
|
F
|
7,57
|
6,55
|
9,65
|
7,92
|
31
|
F
|
10,52
|
8,61
|
10,8
|
9,98
|
32
|
F
|
9,05
|
14,88
|
13,26
|
12,4
|
34
|
F
|
9,24
|
10,97
|
10,58
|
10,26
|
36
|
F
|
9,02
|
10,81
|
12,25
|
10,69
|
37
|
F
|
8,48
|
10,07
|
10,21
|
9,59
|
39
|
F
|
9,5
|
9,88
|
11,07
|
10,15
|
40
|
F
|
12,92
|
5,67
|
5,42
|
8
|
41
|
F
|
10,56
|
8,42
|
10,89
|
9,96
|
1
|
H
|
9,01
|
8,65
|
8,58
|
8,75
|
2
|
H
|
11,57
|
13,06
|
|
12,32
|
3
|
H
|
18,59
|
19,2
|
|
18,9
|
7
|
H
|
12,73
|
11,86
|
14,34
|
12,98
|
14
|
H
|
12,14
|
15,55
|
16,38
|
14,69
|
21
|
H
|
13,09
|
14,1
|
12,59
|
13,26
|
22
|
H
|
10,38
|
19,27
|
24,36
|
18
|
24
|
H
|
11,28
|
8,65
|
10,99
|
10,31
|
25
|
H
|
10,95
|
16,18
|
12,23
|
13,12
|
26
|
H
|
12,92
|
12,1
|
12,16
|
12,39
|
28
|
H
|
7,52
|
8,3
|
5,57
|
7,13
|
33
|
H
|
7,81
|
7,55
|
7,86
|
7,74
|
35
|
H
|
19,28
|
22,33
|
26,69
|
22,77
|
Annexe 8 : VHI 10
n enregistrement
|
sexe
|
VHI 10
|
VHI F
|
VHI 10 E
|
VHI 10 P
|
1
|
H
|
5
|
3
|
0
|
2
|
2
|
H
|
3
|
3
|
0
|
0
|
3
|
H
|
4
|
2
|
0
|
2
|
4
|
F
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
F
|
6
|
3
|
0
|
3
|
6
|
F
|
15
|
10
|
2
|
3
|
7
|
H
|
7
|
4
|
0
|
3
|
8
|
F
|
7
|
2
|
2
|
3
|
9
|
F
|
12
|
6
|
3
|
3
|
10
|
F
|
1
|
1
|
0
|
0
|
11
|
F
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12
|
F
|
3
|
3
|
0
|
0
|
13
|
F
|
6
|
6
|
0
|
0
|
14
|
H
|
8
|
7
|
0
|
1
|
15
|
F
|
8
|
5
|
0
|
3
|
16
|
F
|
2
|
0
|
0
|
2
|
17
|
F
|
4
|
4
|
0
|
0
|
18
|
F
|
8
|
6
|
2
|
0
|
19
|
F
|
3
|
0
|
0
|
3
|
20
|
F
|
7
|
3
|
4
|
0
|
21
|
H
|
1
|
1
|
0
|
0
|
22
|
H
|
4
|
0
|
2
|
2
|
23
|
F
|
7
|
6
|
0
|
1
|
24
|
H
|
1
|
1
|
0
|
0
|
25
|
H
|
8
|
4
|
1
|
3
|
26
|
H
|
0
|
0
|
0
|
0
|
27
|
F
|
0
|
0
|
0
|
0
|
28
|
H
|
0
|
0
|
0
|
0
|
29
|
F
|
6
|
5
|
0
|
1
|
30
|
F
|
0
|
0
|
0
|
0
|
31
|
F
|
6
|
4
|
0
|
2
|
32
|
F
|
7
|
3
|
3
|
1
|
33
|
H
|
7
|
4
|
0
|
3
|
34
|
F
|
2
|
1
|
0
|
1
|
35
|
H
|
5
|
3
|
0
|
2
|
36
|
F
|
7
|
5
|
0
|
2
|
37
|
F
|
18
|
11
|
5
|
2
|
39
|
F
|
5
|
2
|
0
|
3
|
40
|
F
|
2
|
2
|
0
|
0
|
41
|
F
|
4
|
4
|
0
|
0
|
Annexe 9: Normes posturographiques
(d'après Gagey P.-M., Gentaz R., Guillamon J.-L., Bizzo
G., Bodot-Brégeard C., Debruille C., Baudry J. (1988), Normes 85,
Etudes statistiques des mesures faites sur l'homme normal à l'aide de la
plate-forme de stabilométrie clinique normalisée,
deuxième édition, Paris: AFP)
Mesure
|
Moyenne
|
Écart standart
|
X moyen YO
|
1,1 millimètres
|
+/- 5,4 mm
|
X moyen YF
|
0,3 mm
|
+/- 5,5 mm
|
Y moyen YO
|
-29,2 mm
|
+/- 14,1mm
|
Y moyen YF
|
-27,5 mm
|
+/- 12,2 mm
|
ÉcTvit YO
|
10,6 mm/sec
|
+/- 3,7 mm/sec
|
EcTvit YF
|
11,5 mm/sec
|
+/- 3,4 mm/sec
|
Surface YO
|
90 mm2
|
+/- 38 mm2
|
Surface YF
|
225 mm2
|
+/-158 mm2
|
LFS YO
|
1
|
+ 0,3 et -0,03
|
LFS YF
|
1
|
+0,2 et -0,16
|
FFT
|
0,2 Hz
|
0,2 Hz
|
Annexe 10: Données stabilométriques
femmes Femmes non chaussées
n enregistrement
|
SurfaceYO
|
SurfaceYF
|
XmoyenYO
|
XmoyenYF
|
YmoyenYO
|
YmoyenYF
|
VitesseYO
|
VitesseYF
|
4
|
164
|
318
|
11
|
11,3
|
-23,3
|
-27,6
|
5,3
|
11,5
|
5
|
84
|
138
|
0
|
3,8
|
-29,1
|
-32,4
|
4,9
|
6,5
|
6
|
315
|
1208
|
4
|
-3,2
|
-22,3
|
-22,8
|
8
|
13
|
8
|
215
|
325
|
-13,4
|
-7,3
|
-32,3
|
-30,9
|
6,8
|
10,9
|
9
|
100
|
105
|
9,1
|
5,9
|
-40
|
-37,2
|
6,5
|
9,3
|
10
|
104
|
103
|
12,7
|
11,5
|
-37,5
|
-34,6
|
5,8
|
8,3
|
11
|
77
|
124
|
0,4
|
3,9
|
-1
|
-4,4
|
4,6
|
7,4
|
12
|
185
|
191
|
-3,6
|
-4,8
|
-39,4
|
-44,5
|
5,7
|
8,2
|
13
|
120
|
212
|
0,9
|
-0,1
|
-26,8
|
-24,5
|
5,9
|
12,3
|
15
|
173
|
190
|
6,6
|
6
|
-30,4
|
-30,6
|
9
|
11
|
16
|
119
|
133
|
3
|
3,8
|
-49,9
|
-49,7
|
5,7
|
9
|
17
|
67
|
162
|
-15,4
|
-15,2
|
-22,2
|
-25,1
|
6,3
|
10,4
|
18
|
83
|
138
|
-10
|
-10,5
|
-28,7
|
-28,8
|
5,6
|
6,9
|
19
|
288
|
365
|
7,8
|
6,1
|
-53,7
|
-42,9
|
8,4
|
16,4
|
20
|
90
|
164
|
2,3
|
4,8
|
-48,7
|
-47,4
|
5,9
|
9,1
|
23
|
128
|
305
|
10
|
12
|
-51,9
|
-55
|
4,3
|
7,9
|
27
|
108
|
127
|
-2,9
|
2,9
|
-50,9
|
-52,1
|
8,1
|
10,1
|
29
|
139
|
429
|
2
|
4,2
|
-49,3
|
-49,3
|
7,8
|
17,2
|
30
|
261
|
263
|
1,1
|
0,4
|
-64,1
|
-49,5
|
8,7
|
12,4
|
31
|
143
|
310
|
7,3
|
7
|
-35,1
|
-33,1
|
4,5
|
8,1
|
32
|
106
|
204
|
5
|
2,5
|
-52,9
|
-46,7
|
6,6
|
12
|
34
|
91
|
105
|
-8,4
|
-5,6
|
-40,5
|
-32,6
|
5,1
|
7,7
|
36
|
96
|
225
|
9
|
6,2
|
-52,2
|
-49,5
|
5,6
|
9
|
37
|
81
|
112
|
7,3
|
5,9
|
-27,3
|
-32,9
|
4,5
|
8,5
|
39
|
162
|
495
|
6,8
|
1,2
|
-28,3
|
-17,6
|
5,9
|
10,3
|
40
|
143
|
159
|
-1,7
|
2,6
|
-26,6
|
-30
|
7,5
|
8,5
|
41
|
171
|
140
|
9,2
|
12,6
|
-40,7
|
-35,2
|
5,3
|
5,8
|
Femmes non chaussées (suite)
n enregistrement
|
LFS YO
|
LFS YF
|
EcTVit YO
|
EcTVit YF
|
FFTX1 YO
|
FFTX1 YF
|
FFTY1 YO
|
FFTY1 YF
|
4
|
0,65
|
0,98
|
3,04
|
8,41
|
0,04
|
0,2
|
0,02
|
0,2
|
5
|
0,66
|
0,67
|
2,83
|
4,08
|
0,08
|
0,02
|
0,02
|
0,25
|
6
|
0,84
|
0,54
|
5,39
|
8,63
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
8
|
0,8
|
1,14
|
4,03
|
7,18
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
9
|
0,87
|
1,19
|
3,72
|
5,09
|
0,02
|
0,04
|
0,04
|
0,08
|
10
|
0,78
|
0,87
|
3,48
|
5,71
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,25
|
11
|
0,55
|
0,71
|
2,66
|
4,74
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
12
|
0,72
|
0,82
|
3,72
|
5,79
|
0,12
|
0,04
|
0,18
|
0,16
|
13
|
0,75
|
1,13
|
3,71
|
8,06
|
0,04
|
0,16
|
0,04
|
0,04
|
15
|
1,08
|
1,05
|
7,01
|
7,34
|
0,02
|
0,18
|
0,02
|
0,31
|
16
|
0,79
|
0,94
|
3,63
|
5,61
|
0,12
|
0,08
|
0,02
|
0,02
|
17
|
0,82
|
1,01
|
4,33
|
6,37
|
0,02
|
0,08
|
0,02
|
0,02
|
18
|
0,74
|
0,7
|
3,77
|
4
|
0,16
|
0,02
|
0,2
|
0,04
|
19
|
0,96
|
1,35
|
5,69
|
10,56
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
0,02
|
20
|
0,83
|
0,92
|
3,5
|
5,27
|
0,02
|
0,04
|
0,04
|
0,02
|
23
|
0,62
|
0,74
|
2,51
|
5,23
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,06
|
27
|
1,07
|
1,06
|
5,05
|
7,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,25
|
29
|
1,02
|
1,36
|
4,76
|
10,37
|
0,02
|
0,02
|
0,08
|
0,02
|
30
|
1,04
|
1,14
|
5,32
|
8,4
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
0,1
|
31
|
0,6
|
0,72
|
2,95
|
5,65
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
0,12
|
32
|
0,91
|
1,16
|
4,3
|
8,12
|
0,02
|
0,2
|
0,02
|
0,02
|
34
|
0,71
|
0,8
|
3,13
|
4,61
|
0,02
|
0,33
|
0,02
|
0,02
|
36
|
0,79
|
0,87
|
3,68
|
5,58
|
0,02
|
0,2
|
0,04
|
0,02
|
37
|
0,6
|
0,88
|
2,94
|
6,89
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,18
|
39
|
0,73
|
0,75
|
4,34
|
6,46
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
40
|
0,93
|
0,84
|
5,07
|
5,48
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
41
|
0,68
|
0,61
|
3,54
|
3,9
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,14
|
Femmes chaussées
n enregistrement
|
SurfaceYO
|
SurfaceYF
|
XmoyenYO
|
XmoyenYF
|
YmoyenYO
|
YmoyenYF
|
VitesseYO
|
VitesseYF
|
4
|
57
|
103
|
9,8
|
9,7
|
-15,6
|
-10,4
|
4,5
|
8,6
|
5
|
83
|
129
|
3,9
|
7,6
|
-23,7
|
-23
|
5,9
|
8
|
6
|
158
|
425
|
0,6
|
-7,4
|
-32,9
|
-25,1
|
10,5
|
15,7
|
8
|
179
|
200
|
-3,8
|
-5,7
|
-38,8
|
-28,9
|
6
|
12,7
|
9
|
95
|
132
|
5,2
|
2,9
|
-34,4
|
-31,7
|
5,7
|
10,6
|
10
|
123
|
263
|
14,7
|
9,4
|
-36,4
|
-30,8
|
6,7
|
11,3
|
11
|
58
|
109
|
1,4
|
4,4
|
-15
|
-17,2
|
4,3
|
8,3
|
12
|
110
|
78
|
8,7
|
5,9
|
-38,7
|
-37,9
|
5,5
|
6,1
|
13
|
122
|
203
|
1,6
|
0,9
|
-18,2
|
-14,2
|
5,8
|
11,7
|
15
|
75
|
227
|
2,6
|
3,9
|
-21,7
|
-18,6
|
6,6
|
11,2
|
16
|
57
|
170
|
6,9
|
5,8
|
-39,7
|
-34
|
4,4
|
9,2
|
17
|
77
|
149
|
-6,7
|
-9,6
|
-34,7
|
-29,5
|
5,4
|
9,9
|
18
|
82
|
370
|
-8,5
|
-11,8
|
-19,8
|
-16,9
|
3,3
|
9,8
|
19
|
227
|
247
|
14,6
|
11,8
|
-19,4
|
-20,3
|
8,1
|
11,2
|
20
|
43
|
138
|
5
|
5
|
-49,5
|
-43,8
|
4,3
|
9,9
|
23
|
227
|
209
|
3
|
0,6
|
-46,6
|
-43
|
6,1
|
9,4
|
27
|
101
|
171
|
-7
|
-3,2
|
-34,6
|
-32,3
|
7
|
7
|
29
|
74
|
206
|
-2,6
|
-0,3
|
-13,9
|
-19,4
|
6,1
|
13,2
|
30
|
225
|
299
|
-2,3
|
-8,2
|
-43,7
|
-31,1
|
6,6
|
12,9
|
31
|
106
|
324
|
3,6
|
4,5
|
-27,9
|
-27,7
|
4,7
|
8,8
|
32
|
96
|
239
|
9,8
|
13,2
|
-28,4
|
-23,5
|
5,4
|
12,2
|
34
|
128
|
161
|
-4,2
|
2,3
|
-34,5
|
-30,3
|
8,6
|
12,4
|
36
|
94
|
432
|
6,4
|
5,6
|
-31,3
|
-32,1
|
4
|
8,5
|
37
|
29
|
48
|
3,8
|
2,6
|
-29,1
|
-26,1
|
3,7
|
6,1
|
39
|
107
|
152
|
10
|
6,3
|
-29
|
-25,7
|
4,8
|
8,6
|
40
|
71
|
126
|
0,3
|
3,4
|
-16,5
|
-17,3
|
5,2
|
9
|
41
|
41
|
121
|
11,5
|
11
|
-20,2
|
-23
|
3,3
|
6,5
|
Femmes chaussées (suite)
n enregistrement
|
LFS YO
|
LFS YF
|
EcTVit YO
|
EcTVit YF
|
FFTX1 YO
|
FFTX1 YF
|
FFTY1 YO
|
FFTY1 YF
|
4
|
0,6
|
0,85
|
3,89
|
6,5
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,25
|
5
|
0,77
|
0,8
|
3,68
|
5,52
|
0,02
|
0,02
|
0,29
|
0,25
|
6
|
1,26
|
1,21
|
7,01
|
9,52
|
0,02
|
0,23
|
0,02
|
0,02
|
8
|
0,76
|
1,46
|
3,94
|
10,07
|
0,08
|
0,1
|
0,02
|
0,02
|
9
|
0,76
|
1,3
|
3,1
|
6,39
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
0,18
|
10
|
0,86
|
1,01
|
4,12
|
7,81
|
0,02
|
0,12
|
0,06
|
0,02
|
11
|
0,56
|
0,83
|
2,65
|
5,42
|
0,08
|
0,02
|
0,06
|
0,23
|
12
|
0,74
|
0,68
|
4,65
|
4,62
|
0,02
|
0,23
|
0,18
|
0,02
|
13
|
0,72
|
1,07
|
4,22
|
7,17
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,16
|
15
|
0,85
|
1,01
|
5,32
|
7,76
|
0,23
|
0,2
|
0,2
|
0,27
|
16
|
0,64
|
0,91
|
2,98
|
6,12
|
0,06
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
17
|
0,74
|
0,98
|
3,45
|
5,53
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
18
|
0,45
|
0,79
|
1,95
|
7,77
|
0,02
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
19
|
0,91
|
1
|
5,63
|
8,79
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
20
|
0,66
|
1,01
|
2,66
|
6,12
|
0,02
|
0,02
|
0,08
|
0,04
|
23
|
0,75
|
0,91
|
5,75
|
6,74
|
0,02
|
0,06
|
0,02
|
0,02
|
27
|
0,91
|
0,7
|
4,64
|
4,55
|
0,62
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
29
|
0,78
|
1,21
|
3,71
|
9,42
|
0,1
|
0,14
|
0,02
|
0,12
|
30
|
0,81
|
1,12
|
4,82
|
8,23
|
0,1
|
0,02
|
0,02
|
0,2
|
31
|
0,62
|
0,76
|
2,82
|
6,22
|
0,04
|
0,04
|
0,02
|
0,06
|
32
|
0,71
|
1,1
|
3,49
|
8,74
|
0,02
|
0,02
|
0,06
|
0,02
|
34
|
1,07
|
1,2
|
5,99
|
8,12
|
0,02
|
0,27
|
0,02
|
0,29
|
36
|
0,55
|
0,68
|
2,62
|
6,24
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
37
|
0,54
|
0,67
|
2,13
|
3,42
|
0,27
|
0,06
|
0,02
|
0,25
|
39
|
0,64
|
0,85
|
2,83
|
5,77
|
0,16
|
0,02
|
0,02
|
0,16
|
40
|
0,67
|
0,89
|
3,11
|
5,24
|
0,02
|
0,25
|
0,02
|
0,25
|
41
|
0,46
|
0,66
|
2,09
|
4,98
|
0,1
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
Annexe 11 : Données stabilométriques
Hommes Hommes non chaussés
n enregistrement
|
|
SurfaceYO
|
SurfaceYF
|
XmoyenYO
|
XmoyenYF
|
YmoyenYO
|
YmoyenYF
|
VitesseYO
|
VitesseYF
|
|
1
|
|
163
|
|
225
|
4,5
|
3
|
-54,1
|
-42,5
|
6,6
|
12
|
|
2
|
|
116
|
|
243
|
2,2
|
0,8
|
-31,5
|
-28,8
|
5,1
|
6,7
|
|
3
|
|
180
|
|
191
|
-0,1
|
-3,4
|
-23,3
|
-20,5
|
6,8
|
9,4
|
|
7
|
|
48
|
|
132
|
1,1
|
3,6
|
-54,5
|
-42,4
|
4,9
|
5,4
|
|
14
|
|
213
|
|
173
|
6,3
|
8,1
|
-52
|
-49,2
|
5,8
|
9,3
|
|
21
|
|
80
|
|
128
|
9,8
|
5,1
|
-41,2
|
-42,4
|
4,3
|
6,5
|
|
22
|
|
88
|
|
199
|
6,1
|
1,2
|
-37,3
|
-38,3
|
5,5
|
8,9
|
|
24
|
|
97
|
|
347
|
1
|
0,8
|
-59,5
|
-58,7
|
6,8
|
11,1
|
|
25
|
|
184
|
|
276
|
2,1
|
-1,3
|
-25,5
|
-34,4
|
5,3
|
11,4
|
|
26
|
|
140
|
|
284
|
10,9
|
10,6
|
-21,5
|
-10,4
|
8,2
|
10,4
|
|
28
|
|
115
|
|
100
|
10,6
|
12,3
|
-28,6
|
-28,5
|
6,6
|
8,3
|
|
33
|
|
94
|
|
202
|
15,6
|
16,1
|
-56
|
-51,7
|
8,3
|
15,2
|
|
35
|
|
810
|
|
393
|
3,6
|
16,6
|
-54,5
|
-45,5
|
9,6
|
9,2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
n enregistrement
|
|
LFS YO
|
|
LFS YF
|
|
EcTVit YO
|
EcTVit YF
|
FFTX1 YO
|
FFTX1 YF
|
FFTY1 YO
|
FFTY1 YF
|
|
1
|
|
0,87
|
|
1,13
|
3,68
|
7,58
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,1
|
|
2
|
|
0,67
|
|
0,63
|
3,24
|
3,85
|
0,08
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
|
3
|
|
0,81
|
|
0,89
|
4,21
|
6,49
|
0,02
|
0,1
|
0,02
|
0,06
|
|
7
|
|
0,74
|
|
0,59
|
2,82
|
3,33
|
0,37
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
|
14
|
|
0,74
|
|
0,94
|
3,74
|
5,93
|
0,02
|
0,04
|
0,02
|
0,16
|
|
21
|
|
0,62
|
|
0,69
|
2,67
|
5,45
|
0,06
|
0,02
|
0,04
|
0,02
|
|
22
|
|
0,74
|
|
0,87
|
3,02
|
6,33
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,12
|
|
24
|
|
0,95
|
|
0,98
|
4,08
|
6,49
|
0,02
|
0,02
|
0,12
|
0,02
|
|
25
|
|
0,65
|
|
1,02
|
3,23
|
6,56
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
|
26
|
|
0,99
|
|
0,89
|
5,62
|
6,14
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,06
|
|
28
|
|
0,84
|
|
0,86
|
4,17
|
5,47
|
0,08
|
0,02
|
0,18
|
0,23
|
|
33
|
|
1,12
|
|
1,45
|
5,37
|
9,81
|
0,08
|
0,06
|
0,02
|
0,2
|
|
35
|
|
0,72
|
|
0,78
|
6,07
|
5,24
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,1
|
Hommes chaussés
n enregistrement
|
SurfaceYO
|
SurfaceYF
|
XmoyenYO
|
XmoyenYF
|
YmoyenYO
|
YmoyenYF
|
VitesseYO
|
VitesseYF
|
1
|
118
|
281
|
0,8
|
2,6
|
-34,7
|
-16,5
|
5,3
|
12,6
|
2
|
114
|
192
|
-1,5
|
-0,4
|
-30,7
|
-15,3
|
4,8
|
7,2
|
3
|
219
|
216
|
0,8
|
3,6
|
-10,2
|
-6,5
|
5,4
|
10,1
|
7
|
69
|
87
|
-7,1
|
-5,8
|
-42,2
|
-33,9
|
4,7
|
6,1
|
14
|
59
|
140
|
-2,8
|
5,2
|
-16,7
|
-18,2
|
4,2
|
7
|
21
|
63
|
64
|
3,6
|
2,3
|
-23,7
|
-23,6
|
3,2
|
5,7
|
22
|
69
|
60
|
-1,5
|
-6,1
|
-13,9
|
-9,2
|
5,6
|
6,9
|
24
|
134
|
163
|
-4,3
|
-7,4
|
-61,8
|
-55,9
|
8
|
11,8
|
25
|
72
|
264
|
-0,9
|
-1
|
-35
|
-35,4
|
4,9
|
13,6
|
26
|
151
|
259
|
13,8
|
16,9
|
-13,5
|
-1,4
|
4,9
|
10,7
|
28
|
71
|
142
|
-7
|
-5,7
|
-6,4
|
-8,4
|
6,8
|
12,6
|
33
|
67
|
141
|
13,8
|
12,1
|
-22,4
|
-25,7
|
5,6
|
10,5
|
35
|
169
|
264
|
1,4
|
4,2
|
-37,6
|
-33,6
|
6,4
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
n enregistrement
|
LFS YO
|
LFS YF
|
EcTVit YO
|
EcTVit YF
|
FFTX1 YO
|
FFTX1 YF
|
FFTY1 YO
|
FFTY1 YF
|
1
|
0,7
|
1,09
|
3,51
|
9,99
|
0,02
|
0,04
|
0,02
|
0,02
|
2
|
0,64
|
0,67
|
2,79
|
4,3
|
0,02
|
0,06
|
0,02
|
0,06
|
3
|
0,61
|
0,9
|
3,28
|
6,41
|
0,02
|
0,2
|
0,02
|
0,02
|
7
|
0,68
|
0,66
|
3,33
|
4,76
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,04
|
14
|
0,56
|
0,69
|
2,97
|
4,93
|
0,02
|
0,06
|
0,04
|
0,27
|
21
|
0,45
|
0,62
|
1,81
|
3,64
|
0,02
|
0,29
|
0,02
|
0,25
|
22
|
0,71
|
0,71
|
3,42
|
4,66
|
0,06
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
24
|
1,06
|
1,19
|
4,78
|
6,88
|
0,04
|
0,02
|
0,18
|
0,12
|
25
|
0,68
|
1,22
|
3,45
|
8,98
|
0,02
|
0,02
|
0,1
|
0,06
|
26
|
0,59
|
0,92
|
3,22
|
7,76
|
0,29
|
0,27
|
0,02
|
0,02
|
28
|
0,84
|
1,2
|
4,29
|
8,25
|
0,04
|
0,04
|
0,08
|
0,02
|
33
|
0,74
|
1,04
|
3,06
|
6,31
|
0,55
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
35
|
0,8
|
0,82
|
4,11
|
5,45
|
0,02
|
0,02
|
0,02
|
0,16
|
Marion VIENNOT
À propos d'une analyse objective de la voix de 40
sujets présentant des troubles musculo-squelettiques
Tentative de corrélation entre troubles
musculo-squelettiques et dysphonie dysfonctionnelle simple
An objective analysis of the voice of 40 patients
suffering from musculoskeletal disorders
Correlation attempt between musculoskeletal disorders and muscle
misuse dysphonia
RÉSUMÉ:
Depuis plusieurs années, de nombreuses études
s'attachent à démontrer les liens unissant la régulation
fine du contrôle postural et les mécanismes de production vocale,
chez des sujets sains, et chez des sujets dysphoniques. Nous avons voulu,
à l'inverse, observer les liens entre posture et phonation, dans le cas
de pathologie(s) posturale(s), et non de pathologie vocale. Notre
hypothèse principale est que des troubles musculo-squelettiques peuvent
être à l'origine d'une dysphonie dysfonctionnelle simple. Nos
expérimentations ont consisté en l'enregistrement vocal de 40
sujets adultes, présentant des troubles musculo-squelettiques,
diagnostiqués par une podologue grâce, entre autres choses,
à l'utilisation d'une plate-forme stabilométrique. Nous avons
ensuite analysé les différents paramètres acoustiques de
la voix des sujets à l'aide du logiciel Praat. La mise en lien des
données de l'analyse vocale objective et des données
stabilométriques nous a permis de confirmer notre hypothèse
générale. En effet, il apparaît que moins de 8% de notre
population a une voix considérée comme normale. Cependant,
même si les qualités acoustiques de la voix des sujets avec
troubles musculo-squelettiques sont altérées, leurs scores au VHI
10 mettent en évidence qu'aucun d'eux ne se considère comme
dysphonique. Or, la dysphonie suppose la présence d'un ressenti
subjectif du trouble vocal, ce qui n'apparaît pas dans notre population.
Par ailleurs, nous avions émis l'hypothèse que la
sévérité de la dysphonie serait proportionnelle à
la gravité des troubles musculo-squelettiques. En réalité,
l'analyse des corrélations montre qu'aucun paramètre
stabilométrique spécifique ne semble, à lui seul, porteur
de dysphonie. Enfin, nous avons montré qu'aucune dysfonction
particulière sur l'axe postural antéro-postérieur
n'était susceptible d'engendrer une dysphonie dysfonctionnelle simple au
sein de notre population.
For many years, many researches point out the links uniting
the accurate regulation of postural control with the mechanism of vocal
production, for subjects with or without vocal disorders. Therefore, our study
deals with the links between posture and phonation, not based on dysphonia but
on postural disorders. Our main hypothesis consists in considering that
musculoskeletal disorders can cause misuse dysphonia. Our experiments consisted
in vocal recordings of fourteen adults suffering from musculoskeletal
disorders, diagnostiked by a chiropodist by using a computerized static
posturography platform. Furthermore, we have analysed the various acoustic
parameters of the patients' voice with the Praat software. The confrontation of
the data of the objective vocal analyses with the computerized static
posturography data enables us to confirm our initial hypothesis. Indeed, it
appears that less than 8% of our population sample has a voice witch can be
considered as normal. However, even through the acoustic properties of the
voice of patients with musculoskeletal disorders are deteriorated their vocal
and with VHI 10 highlight the performances fact that no patients thinks he
suffers from dysphonia. In fact, dysphonia implies the existence of subjective
feelings about the vocal trouble, which don't appear in our population.
Besides, our hypothesis was that dysphonia would be all the more serious as the
musculoskeletal disorders are important. In fact, the analyse of the
correlations points out that no computerized static posturography platform
parameter seems to be the only cause of dysphonia. So that, it can be said that
no specific disorders on the anteroposterior axis may cause a muscle misuse
dysphonia within our studied population.
Mots clés: voix, analyse
objective, dysphonie, posture, analyse stabilométrique, troubles
musculo-squelettiques
Traduction des mots clés: voice,
objective analyse, dysphonia, posture, posturography analyse, musculoskeletal
disorders
|
|