Université Internationale de Langue
Française Au service du Développement
Africain Opérateur Direct de la Francophonie
CULTURE
Spécialité : Gestion du Patrimoine
Culturel
Contribution à la protection du patrimoine
culturel et à la
gestion efficiente de l'environnement en
République du
Congo : projet de réhabilitation de l'ancien
port
d'embarquement des esclaves de Loango et du
domaine
royal de M'bé
Présenté et soutenu par :
Ulrich Kévin KIANGUEBENI
XIIème Promotion : 2009 -
2011 Alexandrie
Contribution à la protection du patrimoine
culturel et à la
gestion efficiente de l'environnement en
République du
Congo : projet de réhabilitation de l'ancien
port
d'embarquement des esclaves de Loango et du
domaine
royal de M'bé
présenté par
Ulrich Kévin KIANGUEBENI
pour l'obtention du Master en Développement de
l'Université Senghor Département
Culture Spécialité : Gestion du Patrimoine Culturel Le 15
mars 2011 Devant le jury composé de :
Christophe Euzet Président
Directeur Département Culture Université Senghor
Bruno Airot Examinateur Directeur Général du
cabinet d'ingénierie BICFL Paris
Jean Yves Empereur Examinateur Directeur de recherches au CNRS,
CEAlex
Remerciements
Que soient remerciés ici :
- Le professeur Albert Lourde, Recteur de l'université
Senghor pour nous avoir mis dans des conditions nécessaires à la
réalisation de notre Master ;
- Myriam Morel Deledalle, Ancienne Directrice de
département « Culture » à l'université
Senghor, pour ses conseils et orientations dans la conception de
ce mémoire ;
- Christophe Euzet, Directeur du département culture
à l'université Senghor, pour ses propositions qui ont
contribué à la finalisation de notre travail ;
- Vincent Negri pour avoir accepté de diriger nos
recherches avec la rigueur et le professionnalisme qui le caractérisent
;
- Philippe Mairot, Professeur associé à
l'université Paris I - Panthéon Sorbonne, Conservateur
en Chef, Directeur des MTCC, pour avoir accepté de nous
consacrer un peu de son temps précieux et diriger notre stage;
- Diallo Abdourahamane, Chef de Bureau, Représentant de
l'UNESCO en République du
Congo, pour nous avoir accueilli et encadré comme
stagiaire malgré ses multiples occupations ;
- Messieurs Claude Jourdant, Maire de Salins-les-Bains et
Michel Vernus, Président des MTCC pour nous avoir accordé des
entretiens et fourni des informations nécessaires à notre
recherche ;
- Pascal Mignerey, Conservateur régional à la
DRAC de Besançon pour des discussions qui ont éclairé
notre lanterne et sa vision plus que pointue des questions liées
à l'inscription des sites au patrimoine mondial ;
- Toutes les équipes des MTCC et du Bureau UNESCO de
Brazzaville pour leur disponibilité à nous fournir toutes les
informations et toute la documentation nécessaires à nos stages,
pour leur sens du travail et pour avoir facilité notre
intégration dans les structures d'accueil ;
- Messieurs Célestin Akoulafoua, Directeur de cabinet ;
Samuel Kidiba, Directeur du Patrimoine et des archives ; Jean Omer Ntady,
Directeur des musées, Monuments et des sites historiques au
Ministère de la Culture et des Arts ; tous pour avoir bien voulu nous
accorder des entretiens qui ont nourri notre réflexion sur le sujet.
- Tous les étudiants de l'université Senghor,
promotion 2009-2011
- Ahmed Al Yassaki, bibliothécaire à
l'université Senghor pour son aide lors de mes recherches. - A toutes
les autres personnes que je n'ai pas pu citer nommément ici ; je vous
remercie très sincèrement.
Ulrich Kévin KIANGUEBEN
- Mon très cher père, feu KIANGUEBENI
David, qui nous a quitté prématurément alors
qu'on avait encore besoin de lui; pour son immense amour et ses inoubliables
sacrifices afin de me voir réussir dans mes études.
- Ma mère KIANDANDA Madeleine, qui
meurtrit chaque jour ses genoux pour implorer la grâce
divine afin de me voir parvenir dans mes études et pour
son soutien sans faille ; merci maman - Mon oncle paternel feu BILONGO NSIETE
Prospère qui a été de beaucoup dans la suite de mon cursus
académique ;
- Mon oncle maternel KIANGUEBENI Daniel Didier pour ses
précieux conseils et son soutien multiple ;
- Mon frère BONGA Paul pour son attention
particulière pendant toutes mes études universitaires.
Résumé
La République du Congo est un Etat qui a toujours
marqué son intérêt pour la protection et la valorisation de
son patrimoine culturel. En effet, depuis les premières heures de son
indépendance, le pays n'a cessé de mettre en place des politiques
variées de développement culturel ; en mars 2008, le
ministère de la culture a inscrit sur la liste indicative de l'UNESCO
deux sites majeurs dans l'histoire du Congo : l'ancien port d'embarquement des
esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé. Cette démarche
illustre assez bien la volonté de protéger et de valoriser les
potentialités culturelles et touristiques du Congo, et notre projet va
dans ce sens ; il se veut une contribution à la protection du patrimoine
culturel et à la gestion efficiente de l'environnement dans ces deux
lieux de mémoire en vue de leur inscription au patrimoine mondial : deux
actions qui, à notre égard, sont indissociables et donc
intimement liées.
Ce travail, s'inscrit dans la logique d'être non
seulement un moyen efficace pour la protection et la valorisation du patrimoine
culturel en République du Congo mais aussi de faire
bénéficier aux populations locales des retombées de leur
patrimoine.
Mots dlés
Patrimoine culturel, patrimoine naturel, patrimoine mondial,
gestion efficiente de l'environnement, population locale, développement
local
Abstract
The Republic of Congo is a state that has always showed
interest in protecting and enhancing its cultural heritage. In fact, from the
early days of independence, it has not stopped setting up various policies for
cultural development. In March 2008, Ministry of culture has included on the
tentative list of UNESCO two major sites in the history of Congo: Loango's
ancient embarkation port for slaves and the Royal domain of M'bé. This
step fairly illustrates the willingness to protect and enhance Congo's
touristic potentials, and our project goes in that direction; it intends to
contribute to the protection of cultural heritage and to the efficient
management of the environment on these two memorial sites in preparation for
their inclusion on the world heritage list: two actions that, in our view, are
indissociable from one another and closely linked.
The logic of this work is to be an effective means to protect and
enhance Congolese cultural heritage on the one hand and to make local
populations profit from its economic impact on the other hand.
Key - words
Cultural heritage, natural heritage, world heritage, local
population, local development
Liste des acronymes et abréviations
utilisés
ACATP : Association Comtoise des Arts et
Traditions Populaires
CARG : Centre des arts et Récits de
Grenoble
CICI : Commission Internationale de la
Coopération Intellectuelle
CLIO : Centre de Littérature Orale de
Vendôme
CO2 : Gaz Carbonique
DPA : Direction du patrimoine et des Archives
DRAC : Direction Régionale des Affaires
Culturelles
ICCROM : Centre International d'Etudes pour la
Conservation et la Restauration des biens Culturels ICOM :
Conseil International des Musées
ICOMOS : Conseil International des Sites
Monuments
MCN : Maison des Contes de Namur
MTCC : Musée des Techniques et Cultures
Comtoises
OIF : Organisation Internationale de la
Francophonie
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPEMC : Préservation et Protection de
l'Environnement Marin et Côtier
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UICN : Union Mondiale pour la Nature
anciennement Union Internationale pour la Conservation de la nature et
de ses ressources.
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture USA : Etats Unis
d'Amérique
Table des matières
Remerciements 3
Dédicaces 2
Résumé 5
Abstract 4
Liste des acronymes et abréviations utilisés 7
Introduction 9
1. Problématique 13
1.1 Présentation générale des deux sites
14
1.2 États des lieux du patrimoine culturel dans les deux
sites 17
1.2.1 Le patrimoine culturel du port de Loango 18
1.2.2 Le patrimoine culturel du domaine royal de M'bé
19
1.3 Les problèmes liés à la gestion des
deux sites 22
1.3.1 Au port de Loango 22
b - Dégradation du fait de la nature 23
1.3.2 Au domaine royal de M'bé 23
1.4 Politique de gestion des deux sites 24
1.4.1 La Direction du Patrimoine et du Développement
culturel (DPDC) 24
1.4.2 Les activités menées 25
1.5 Les résultats attendus 25
2. Revue bibliographique 26
2.1 Le patrimoine culturel : du sens commun au sens juridique
26
2.2 La gestion efficiente de l'environnement 28
2.3 Protection du patrimoine culturel et gestion efficiente de
l'environnement 30
3. Méthodologie 33
3.1 La recherche documentaire 33
3.2 L'expérience du stage 33
3.3 Présentation du Musée des Techniques et
Cultures Comtoises 34
3.4 Les visites de terrain 35
3.5 Les difficultés rencontrées 37
3.6 L'élaboration d'une base de données 37
4 Projet : Projet de protection et de réhabilitation de
l'ancien port d'embarquement des esclaves de
Loango et du domaine royal de Mbé 38
4.1 Contexte et justification du projet 38
4.2 Objectifs du projet 38
4.3 Durée du projet 39
4.4 Gestion et mise en oeuvre du projet 39
4.5 Les activités à réaliser 40
4.5.1 Les activités au port de Loango 41
4.5.2 Les activités au domaine royal de M'bé 42
4.6 Les retombées du projet 44
4.6.1 Sur le plan culturel 44
4.6.2 Sur le plan socio-économique 45
4.6.3 Sur le plan environnemental 45
4.7 Les partenaires de financement 48
4.7.1 L'Etat Congolais 48
4.7.2 Les collectivités locales 48
4.7.3 Les institutions internationales 49
4.7.4 Les institutions de coopération bilatérale
49
4.8 Les prévisions financières 50
6 Sitographie 56
7 Liste des illustrations des deux sites 57
8 Annexes 60
« La meilleure possibilité qu'un peuple ait
d'évoluer d'une manière efficace, il la tire de lui-même,
de ses racines profondes, de ses liens avec sa terre et sa culture
»
Jean GRAY dans Le développement au ras du sol. Ed.
Entente. Paris 1978
Introduction
La République du Congo est un Etat d'Afrique centrale
qui a acquis son indépendance en 1960. Après les
indépendances, le Congo, tout comme la majorité des Etats
Africains, s'est approprié cet objectif de protéger son
patrimoine. Depuis cette date, il ne cesse d'oeuvrer pour la protection et la
sauvegarde du patrimoine culturel ; les premiers textes à
légitimer cet objectif étant la loi 32/65 du 12 aoQt 1965 donnant
à l'Etat la possibilité de créer des organismes tendant au
développement de la culture et des arts et le décret 68-45 du 19
février 1968 fixant les modalités d'application de la loi 32/65
du 12 aoQt 1965. Il est certes vrai que la mise en place des systèmes de
protection du patrimoine culturel au Congo remonte à la période
coloniale, mais il faut noter que pendant la période post coloniale, le
pays a accordé une importance particulière aux institutions qui
s'occupaient du patrimoine. De nos jours, le Congo marque toujours cet
intérêt pour la protection du patrimoine par les politiques de
développement culturel mises en place et par deux nouveaux textes,
récemment promulgués : la loi n°8-2010 du 26 juillet 2010
portant protection du patrimoine national culturel et naturel et la loi de
n°9-2010 du 26 juillet 2010 portant orientation de la politique culturelle
au Congo. Cela illustre une réelle volonté de la
République du Congo de s'impliquer dans la valorisation et la protection
du patrimoine dans son ensemble.
Notre travail est une contribution à la protection du
patrimoine culturel et la gestion efficiente de l'environnement à
travers la réhabilitation de deux sites culturels ; il s'inscrit dans
l'esprit de la loi 32/65 du 12 aoQt 1965, celle n°8-2010 du 26 juillet
2010 et celle n°9-2010 du 26 juillet 2010 précitées. Dans ce
sens, il met en exergue la problématique de la protection du patrimoine
congolais dans deux milieux particuliers : l'ancien port d'embarquement des
esclaves de Loango et le domaine royal de M'bé. S'inscrivant dans la
logique d'être un facteur de développement et de promotion des
deux sites, ce mémoire vise à révéler les
potentialités culturelles matérielles et immatérielles
dont regorgent les sites concernés.
Le Congo est un pays riche en patrimoine ; grâce
à son passé prestigieux et historique, nous pouvons
réhabiliter cette image en faisant rayonner le potentiel culturel et en
contribuant en même temps au développement local. Les enjeux
majeurs qui sont présentés dans la problématique visent
donc une protection et une réhabilitation du patrimoine culturel dans un
contexte de développement durable, prenant en compte l'homme, son
environnement le plus immédiat et son patrimoine culturel.
En effet, « le patrimoine culturel est un
élément, une composante de l'identité des
communautés, groupes et individus, et de la cohésion sociale, de
sorte que sa destruction intentionnelle peut avoir des conséquences
préjudiciables sur la dignité humaine et les droits de
l'homme1 »
Dans cette optique, il paraît nécessaire
d'assurer la protection du patrimoine culturel car il est
appréhendé comme un facteur de paix, d'union, d'entente mutuelle,
un symbole identitaire puissant de la nation. La protection de l'ancien port
des esclaves de Loango et du domaine royal de M'bé est d'une importance
capitale et nécessite une intervention urgente ; elle va permettre de
réhabiliter deux sites à travers lesquels on peut lire l'histoire
d'un pays (le Congo) et d'un continent (l'Afrique) : l'ancien port
d'embarquement des esclaves de Loango pour avoir été l'un des
importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions d'esclaves
ont été embarqués et transportés directement pour
les Amériques; et le domaine royal de M'bé pour avoir
été le siège des institutions du royaume
Téké connu par les explorateurs Européens dès le
XVème siècle sous le nom du
1 Déclaration de l'Unesco concernant la destruction
intentionnelle du patrimoine culturel, Paris ,2003.
royaume d'Anzico, et plus tard c'est là que fut
signé le traité entre P. S. De Brazza et le roi Makoko ;
traité qui a lancé l'idée de la conférence de
Berlin. En outre, il s'agit pour nous de perpétuer et d'assurer la
transmission de ce patrimoine aux générations futures.
La réhabilitation de ces sites va nécessiter
impérativement leur protection et leur mise en exploitation et partant,
va susciter un développement local. Mais le patrimoine dans ces sites
est confronté à des multiples problèmes comme la
dégradation, l'effritement des traditions ancestrales et de la vie
communautaire, la perte de l'identité locale, le pillage et la
destruction.
C'est dans ce sens que, pour traiter notre sujet, il nous faut
répondre aux questions suivantes :
- Quel état de lieux peut-on faire du patrimoine dans les
deux sites ?
- Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés
les deux sites?
- Quelles solutions proposer pour leur protection ?
- Comment la protection des deux sites peut-elle contribuer
à une gestion efficiente de l'environnement ?
Les réponses à ces questions nous permettront de
mettre en évidence les potentialités culturelles de ces deux
sites et par conséquent d'assurer une protection efficace du patrimoine.
Dans ce sens, nous allons consacrer la première partie de notre travail
à la problématique générale qui fait un état
des lieux du patrimoine sur les deux sites ; la deuxième partie traite
de la revue bibliographique qui nous permet de comprendre le cadre
théorique de protection du patrimoine au Congo Brazzaville et les
sources qui ont servi de références scientifiques. Quant à
la troisième partie, elle met un accent sur la méthodologie
adoptée afin d'aboutir aux résultats finaux. Enfin la
quatrième partie est consacrée à notre projet de
réhabilitation des deux sites.
Carte du Congo Source :
congosite.net
Carte du Congo : vue d'Afrique
Source :
www.lequotidiendecartophiles.com
1. Problématique
1.1 Présentation générale des deux
sites
Cette présentation se fait à travers le cadre
géographique et historique
L'ancien port d'embarquement des esclaves de
Loango est surplombé par l'ancienne lagune Tchibete (en voie de
disparition) et situé dans la sous-préfecture de Hinda dans le
département du Kouilou. Il est limité au Sud-est par la Pointe
indienne, au Sud et au Sud-ouest par l'océan Atlantique, au Nord-ouest
par le village Matombi et au Nord-est par le village Diosso, ancien Bwali
capitale du Royaume de Loango, ancien quartier administratif du même
royaume. Le Royaume de Loango faisait partie des neuf provinces que comptait le
Royaume Kongo dont la capitale était « M'Banza Kongo Dia Nthotila
» (Cité du roi). Très tôt, trois provinces (Ngoyo,
Kakongo, et Loango) du royaume Kongo se sont érigés en royaumes
indépendants et subirent de nombreuses pressions et revendications de
leur puissant voisin longtemps après qu'elles s'en furent
détachées. Un important groupe fit son apparition sur la
côte de Loango au XIe siècle, comportant des forgerons,
une puissante confrérie : celle des Bouvandji, qui,
s'appuyant sur un corps de guerriers entreprenants, s'imposa aux populations
locales. Leur autorité s'est étalée sur neuf rois qui ne
formaient pas une dynastie cohérente, car leur autocratie fut un pouvoir
de force et de lutte permanente. Compte tenu de leur comportement tyrannique,
les Bouvandji furent chassés du pouvoir par une insurrection
populaire2. Plus tard, avec le début du commerce
triangulaire, le port de Loango fut le carrefour de tous les esclaves qui
venaient d'une partie du golfe de Guinée. Il a vu embarquer plus de deux
(2) millions d'esclaves venus des zones qui constituent aujourd'hui le Tchad,
l'Angola, le sud du Gabon et la République Démocratique du Congo
et l'actuel territoire de la République du Congo3. Toutes les
tribus des zones concernées ont été impliquées dans
le commerce des esclaves. Les conséquences de la déportation
furent entre autres, le déracinement culturel. L'ancien port
d'embarquement des esclaves de Loango est l'un des plus importants sites du
golfe de Guinée par lequel des millions d'esclaves ont été
embarqués dans des bateaux et transportés directement pour les
Amériques sans escales intermédiaires. Les Européens ont
entretenu des comptoirs, dépôts, dortoirs où les esclaves
appartenant aux ethnies diverses et venus par caravanes étaient
casernés ou stockés en attendant l'arrivée des navires.
Loango fut donc le site d'embarquement des esclaves et de débarquement
des marchandises de peu de valeur qualifiées de pacotille (tissus, sels,
liqueurs, fusils etc.) en échange des esclaves.
Carte du port de Loango - 1900 Source :
http://congo-dechaine.info
Distance entre Pointe-Noire (A) et Loango (B) : 19 km Source :
Googgle Maps
Le domaine royal de M'bé quant
à lui est situé à 200 kilomètres environ au nord de
Brazzaville, dans le département du Pool. Il est composé d'un
ensemble de sites liés à la culture et à l'histoire du
peuple Téké dont la Cité de Mbé : capitale du
royaume et résidence du Makoko (roi). Elle a connu des
déplacements incessants tout au long de l'histoire. La tradition
culturelle Téké précoloniale exigeait le
déplacement de la capitale « Mbé » chaque fois qu'un
roi venait à mourir. Ce domaine royal reste ainsi ponctué
d'anciens sites ayant abrité la capitale du royaume qui, par la suite,
sont devenus des forêts sacrées. Il est sans aucun doute un
exemple imminent de l'interaction du peuple Téké avec son
environnement et constitue le maillon central d'une entité
ethnolinguistique. En effet, ce domaine illustre la démarche de
sacralisation de nombreuses forêts qui s'y trouvent, et qui
témoignent de l'emplacement des différentes cités royales
successivement abandonnées à la mort d'un Makoko (Roi), dans le
but de perpétuer la mémoire du royaume. On y retrouve les
évidences du système d'administration du territoire
Téké par les douze (12) dignitaires qui en ont la
responsabilité. En outre, chacun de ces dignitaires gère toujours
un territoire jouant en même temps le rôle de sanctuaire du
royaume, symbolisé par un Nkobi. Six (6) de ces sanctuaires sont encore
localisés à proximité du noyau central du Domaine royal,
et veillent sur les composantes essentielles du royaume, comme la forêt
sacrée d'Ebala (sorte de « panthéon »
Téké) et les chutes du Nkouembali. Les dignitaires de ces six
sanctuaires interviennent dans la désignation des successeurs des
rois4. Le Domaine royal de Mbé est associé à
des croyances et des traditions vivantes qui ont permis à cette
entité de résister aux continuelles mutations du monde moderne.
On y pratique encore les rites liés à la désignation,
à l'investiture et aux funérailles des Makoko, les
épopées qui racontent la gloire, la grandeur et la
généalogie des différentes familles Téké, y
compris celle des Makoko. Le terme Téké qui permet de
désigner les anzicos aujourd'hui est apparu entre la fin du
XVIe et le début du XVIIe siècle. C'est
effectivement à cette époque que le continent africain et
l'Afrique centrale en particulier ont connu un trafic intense avec
l'arrivée abondante des occidentaux au point que les anzicos
échangeaient les leurs contre les produits précieux (sel, fusil,
verrerie...) venus d'Occident. L'esclavage et la traite des noirs ont connu
à ce moment leurs plus fortes montées. En outre, le Domaine royal
de Mbé est associé à un évènement majeur
dans l'histoire du Congo : c'est là que fut signé le 10 septembre
1880, le Traité entre l'explorateur français Pierre Savorgnan de
Brazza et le Makoko Iloo 1er5. C'est ce Traité qui a
lancé l'idée de la Conférence de Berlin de 1885 au cours
de laquelle fut décidé le partage de l'Afrique en colonies. C'est
également ce traité qui a conduit à la fondation de
Brazzaville, devenue par la suite la capitale de l'Afrique équatoriale
française (AEF), de la France libre pendant la deuxième guerre
mondiale et aujourd'hui la capitale du Congo.
Distance entre Brazzaville (A) et M'bé (B) : 200 km Source
: Google Mpas
Sites sacrés à valeurs historique et culturelle du
domaine royal de M'bé Sources: CRAterre/ DPDC Congo
1.2 États des lieux du patrimoine culturel des deux
sites
Il faut tout de suite noter que les deux sites présentent
un patrimoine immense et notre travail se propose de les réhabiliter et
les valoriser.
1.2.1 Le patrimoine culturel du port de Loango
Le patrimoine matériel
L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango est l'un
des plus importants sites du golfe de Guinée par lequel des millions
d'esclaves ont été embarqués dans des bateaux et
transportés directement pour les Amériques sans escales
intermédiaires. Ce site qui a englouti des millions d'âmes perdues
dans les horizons dévoreurs de l'Océan Atlantique, possède
toujours tous les témoins de ce commerce inhumain qui a conduit à
l'un des plus grands génocides de l'humanité ; on peut citer
entre autres : le grand marché, les trois manguiers, l'arbre pour le
rituel de l'oubli et celui pour le retour ainsi que le
débarcadère en témoignent. En outre, ce site de par sa
charge historique, est également le lieu où se pratiquent encore
plusieurs rites d'intronisation et de funérailles de rois du royaume de
Loango. Ainsi, l'ancien port d'embarquement devenu un véritable
sanctuaire de par sa charge historique est un maillon clé pour la
compréhension de l'histoire de l'esclavage. Il possède encore des
vestiges qui traduisent le passage de ces millions d'esclaves parmi lesquels
:
- La stèle qui symbolise le lieu de départ des
caravanes est en même temps le grand marché de toutes les
transactions. De nos jours cette stèle est devenue un sanctuaire devant
lequel les populations locales viennent prier et se recueillir pour se
remémorer des disparus, emportés par le commerce triangulaire.
- Le cimetière de Loango où, jadis, furent
enterrés les rois et leurs dignitaires, est un monument
national, de nombreuses personnalités aussi bien
congolaises qu'expatriées y reposent pour leur dernier sommeil.
Aujourd'hui, les tombes de Félix Tchikaya, premier député
noir à l'Assemblée Nationale Française, et de son fils
Tchikaya U'tamsi l'un des plus grands écrivains congolais s'y
trouvent.
- Les trois manguiers qui servaient de comptoirs avant le rituel
autour de l'arbre de l'oubli. Les
esclaves enchaînés faisaient sept (7) tours de
l'arbre de l'oubli pour les femmes ou les jeunes filles, neuf (9) tours pour
les hommes. Et l'arbre de retour qui symbolisait un éventuel retour de
l'esprit du défunt au pays une fois mort.
- Le débarcadère qui était une
vasière reste représenté par une portion de terre. En
effet, la baie
de Loango, peu profonde, ne permettait pas aux bateaux
d'accoster. Ils attendaient à 30 Km de la rive. La liaison entre les
bateaux et la rive était assurée par des pirogues.
Le patrimoine immatériel
L'importance culturelle de ce site est également
perceptible à travers les complaintes toujours fredonnées par les
habitants restés sur le lieu du sinistre, rappelant la nostalgie des
parents qui restent à attendre les êtres chers arrachés
à leur affection et qu'ils ne reverront plus jamais. Il en est de
même pour certaines pratiques et cérémonies d'initiation
telles que :
- Le Kikumbi ou rite prénuptial observé chez les
Vili de Pointe-Noire en souvenir de cette
mythique misogynie royale. Chez les Kongo/lari, le rituel est
en voie de disparition, vaincu sans doute par la chimie de la modernité.
Les Vili seuls continuent à le décréter aux environs de
Pointe-Noire.
- Le Lélikage qui est une danse de séduction
réservée aux jeunes garçons et filles. Pendant les
vacances, les jeunes se retrouvaient au village ou dans les quartiers assez
reculés de la ville pour danser le Lélikage en pleine nature,
uniquement éclairés par la lune ; les chants et les percussions
entraînaient tout le monde dans ne transe frénétique ne
s'arrêtant qu'au petit matin
- La pratique du Nkondi représentée par des
statuettes chargées de significations magico religieuses ; elles sont le
pont entre le monde des vivants et celui des ancêtres.
Intermédiaires obligés entre les humains et les divinités
surnaturelles, entre la communauté et l'esprit des ancêtres. Ces
statuettes prennent le nom de "Nkondi", et doivent leur pouvoir à la
charge contenue dans le reliquaire à miroir par le Nganga
(féticheur).
- Le Tchinkhani, danse en l'honneur des jumeaux,
effectuée devant les autels sacrés de chaque tribu. Cette danse
sert de lien entre la nature et les jumeaux, qui sont considérés
comme un don ; elle doit empêcher l'esprit des jumeaux de quitter le
monde des humains. L'union de la femme et de l'homme est racontée sans
tabous à travers le chant et la danse6.
Le site de l'ancien port d'embarquement des esclaves à
Loango fait l'objet d'une protection par l'Etat et le ministère de la
culture y a installé un gestionnaire du site.
1.2.2 Le patrimoine culturel du domaine royal de
M'bé
Le patrimoine matériel
Le domaine royal de Mbé est composé d'un ensemble
de sites liés à la culture et à l'histoire du peuple
Téké dont
· La Cité de Mbé : capitale du royaume
et résidence du Makoko (roi). Elle a connu des déplacements
incessants tout au long de l'histoire. La tradition culturelle
Téké précoloniale exigeait le déplacement de la
capitale « Mbé » chaque fois qu'un roi venait à mourir.
Le Domaine royal de Mbé reste ainsi ponctué d'anciens sites ayant
abrité la capitale du royaume qui, par la suite, sont devenus des
forêts sacrées. On peut citer :
6 Ngoîe Ngalla (D), Au royaume du Loango, les
athlètes de Dieu 1880-1930, Publibook, 2010. 92 p
- Mbé-Nkoulou, (ancien Mbé) où fut
effectué selon la légende le partage des pouvoirs aux
différents sous-groupes Téké, au travers des Nkobi
(divinités censées assurer la protection chez les
Téké).
- Nko où régna le Makoko Iloo 1er et Itiele
où régna Makoko Mbaïndele.
· Les lieux associés au pouvoir royal et au
système politique sont :
- Le village Ngabé, résidence de la Ngantsibi
(Reine) et la source royale sacrée qui procure
l'eau de boisson pour le Makoko.
- Les chutes du Nkouembali sur la rivière Léfini,
lieu sacré d'où est puisée l'eau utilisée
à
l'intronisation du Makoko.
- La forêt sacrée d'Itiere : lieu d'internement et
d'initiation des Ngantsibi, reines gardiennes
du Nkouembali (divinité suprême, code moral, et
religion traditionnelle Téké) ; la reine dans le royaume
n'étant nullement l'épouse du roi est plutôt la gardienne
du pouvoir en cas de vacance de celui-ci.
- La forêt sacrée d'Ebala, où furent
inhumés les dignitaires Téké jusqu'au règne du Roi
Iloo
1er.
· Les lieux de mémoire du Domaine royal :
- La Forêt de Ndoua, ancienne réserve
alimentaire du royaume, lieu de signature le 10 septembre 1880 d'un
Traité célèbre entre l'explorateur français Pierre
Savorgnan De Brazza et le Roi Iloo 1er.
- La stèle d'Itiéle, symbolisant le lieu de
massacre des hommes du Roi Mbaïndele par ceux de De Brazza et le lieu
où a été signé l'accord de paix entre les
protagonistes.
Le patrimoine immatériel.
L'une des caractéristiques du domaine royal
réside dans le fait que le royaume est très présent dans
l'immatériel; on y trouve une forte présence des traditions et
expressions orales, des arts du spectacle (danses, transes...), des pratiques
sociales, rituelles et événement festifs, des connaissances et
pratiques concernant la nature et l'univers, du savoir et du savoir faire
liés à l'artisanat et à la médecine
traditionnelle7. On trouve des formes d'expression culturelles
très variées parmi lesquelles :
- Les traditions et expressions orales : les Téké
sont restés fidèles à leur langue ou dialecte
appelée le «Tio ». Elle est la principale
langue de communication et de transmission. Elle est le socle de la sauvegarde
de la culture Téké. La musique et la danse Téké
livrent un spectacle culturel au public, mais elles véhiculent aussi des
informations et des messages d'inspiration, d'édification et racontent
d'une génération à l'autre l'histoire du royaume.
Certaines musiques et danses, dites sacrées, sont
réservées au roi et aux initiés de la Cour royale. C'est
le cas de la danse « Ampiranton » qui est spécialement
réservée au roi, à la reine, aux princes, aux princesses
et aux initiés. La danse du roi est restée originale et
ancestrale depuis le premier
7 Mouayini Opou (E), Le royaume Téké,
L'Harmattan, 2005, 151p
royaume. La deuxième danse appelée «
Outierako », est celle réservée aux autres membres de la
cour royale et la troisième appelée « Imbalambala » est
la danse populaire du Royaume.
- Les contes et les légendes Assami, vaste domaine de
la littérature Téké, dans lesquels se rencontrent à
la fois les hommes (Bâri), les animaux (Agnama) et des autres êtres
surnaturels de l'univers comme Dieu (Ndjami), les fantômes (Afu). Les
contes évoquent souvent des évènements plus ou moins
imaginaires situés très loin dans le passé, au
commencement du monde. A travers ceux-ci se dégagent aussi le
perpétuel conflit de l'homme avec la nature et sa lutte pour
l'existence.
- Les chants des griots qui sont l'expression la plus vivante de
la littérature orale. Le griot (Ndjim)
est tout l'art de raconter en chantant dans la plus belle
poésie. Il intervient lors des solennités (funérailles,
mariages) et anoblit le personnage dont il chante les louanges. Le griot
Téké est l'artiste qui atteint même les coeurs les plus
insensibles. Il surprend par son improvisation, son aptitude à
réciter pour tout client habitué ou nouveau, ses exploits et ses
succès jusque dans les détails les plus ténus. Dans la
traditionnelle explication, on dit que, dans cet art sans initiation, le griot
est inspiré et qu'il bénéficie de l'assistance des esprits
des ancêtres ; la plupart d'entre eux sont habités par les
mânes.
- Les croyances et religions. Le peuple Téké a
toujours été adorateur de Nkoué-Mbali qui est un esprit,
un envoyé de Dieu sur terre venu pour mettre en place le royaume
Téké et le protéger. En évoquant
Nkoué-Mbali, les hommes font allusion à une philosophie morale et
politique dont la préoccupation majeure serait de faire régner
l'ordre parmi les habitants du royaume, les âmes des vivants et des morts
ensuite : lien réel entre les mondes du visible et de l'invisible, le
pouvoir mystique est une conciliation renouvelée avec les ancêtres
de ladite terre.
- La sacralité des forêts qui assure la
protection de la nature et l'entretien des lieux publics. En effet, la
forêt est conçue comme un lieu mythique et mystique où
vivent les génies, les mânes tutélaires et l'esprit des
ancêtres ; c'est aussi le lieu indiqué de résidence des
dieux qui sont différents du Dieu Suprême : Nzambi a Mpungu. La
forêt sacrée c'est le royaume des ancêtres ; les animaux
totémiques s'y trouvent. Elle peut être un ancien village
où survivent les âmes des ancêtres qui ne sont pas morts ou
supposés morts et qui vivent en communion avec les vivants.
L'imbrication des valeurs naturelles et spirituelles fait l'originalité
et l'intérêt de ces sites8.
- Le Savoir et Savoir-faire : Les Téké ont une
grande connaissance de l'artisanat traditionnel
(fabrication du raphia, vannerie, poterie, forge pour la
fabrication des outils aratoires, des parures du roi et de la reine, etc.),
l'habitat, la chasse et la pêche.
Enfin il y a la propriété foncière qui
confère un caractère sacré à la nature. En effet,
il y a des surfaces sur lesquelles des familles exercent, en vertu de la
coutume, un droit exclusif, non de propriété à proprement
parler, mais de jouissance. Aucun étranger n'y a accès sans
l'autorisation des autorités familiales compétentes et moyennant
le paiement d'un droit d'accès limité et temporaire. Le clan
propriétaire foncier veille à l'exploitation
8 Nkaya (M), Le Congo Brazzaville à l'aube du
XXème siècle : plaidoyer pour l'avenir, Essai paru
chez L'Harmattan, 2005, 49p
de son domaine, à sa protection et donc à sa
conservation. Les pratiques rituelles ont un impact sur la conservation et la
protection de la nature, elles peuvent être une manière d'honorer
les ancêtres, elles interdisent tout abus d'abattage, de chasse, de
pêche et de cueillette des produits de la brousse qui, très
souvent, entraîne des sanctions du genre : perte de son chemin de retour,
raréfaction du gibier, du poisson, des fruits et autres produits de la
forêt. C'est ainsi que grâce à ces cultes et à la
propriété foncière, on fait cesser les abus et se
créent, par conséquent, des "réserves naturelles" vieilles
de plusieurs centaines d'années. La forêt sacrée est donc
faite d'interdits inviolables et on s'en sert décemment en pensant aux
générations futures. C'est aussi elle qui préserve la
santé, procure la nourriture en un mot, c'est une source de vie pour les
générations d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Il y a ainsi une
gestion logique intergénérationnelle et
extra-générationnelle qui va au-delà de toute
considération magico religieuse. En effet, chaque
génération en respectant les interdits préserve le
patrimoine, au profit des générations futures et ainsi de
suite9. Dans ce sens les générations qui se
succèdent entretiennent des liens étroits avec la nature par le
respect et la crainte du Nkwe Mbali qui est considéré comme un
code moral, un esprit supérieur ou tutélaire du royaume. Cet
esprit recommande une justice au sein du royaume et châtie tout acte de
violence et de malice. Ce qui contribue fortement à la conservation de
la culture Téké qui repose sur la paix.
On observe encore un bon nombre de détenteurs de
connaissances, de savoir et de savoir-faire (sachants et historiens). Ce qui
pourrait faire l'objet d'un programme de « Trésors humains vivants
» en République du Congo pour la sauvegarde du patrimoine culturel
immatériel présent sur toute l'étendue du territoire.
Les principales composantes physiques du domaine royal de
Mbé ont gardé leurs emplacements d'origine et leur
caractère sacré. Les forêts sacrées qui ont
remplacé les différentes cités royales sont toujours
visibles. Les rites et autres manifestations traditionnelles se sont
perpétués jusqu'à nos jours ; ils se pratiquent toujours
et de manière intégrale dans le domaine. Ceux-ci sont toujours
régis par le code traditionnel Nkouembali. La force de ce domaine
réside dans le respect de ce code qui régit non seulement les
rites liés à la désignation (Oushion), à
l'investiture (Lisse) et aux funérailles (Nzo a Nsuele) des hauts
dignitaires, mais aussi au mode de gestion et de protection des lieux de
sépulture des anciens dignitaires, des lieux de mémoire du
royaume, des sanctuaires et des forêts sacrées. Toutefoi,s il
convient d'indiquer que le Domaine est menacé par la pratique de la
culture sur brQlis et l'exploitation illicite des forêts. Par ailleurs,
l'habitat traditionnel qui caractérisait la culture Téké a
disparu.
1.3 Les problèmes liés à la gestion
des deux sites
De manière générale, ces sites sont dans
un état de quasi-abandon ; aucune action d'envergure n'a
été menée pour les protéger : ce qui fait que ces
sites se dégradent de plus en plus chaque jour qui passe. Une
dégradation non seulement du fait de l'homme mais aussi du fait de la
nature.
1.3.1 Au port de Loango
a - Dégradation du fait de l'homme
Il s'agit des menaces qui, à terme, pourraient conduire
à la disparition de ces vestiges si des mesures urgentes ne sont pas
prises. On peut parler notamment :
- De la pression foncière et de l'occupation
anarchique et illégale du site du fait de son abandon. En effet, pendant
un certain temps, il y a eu spoliation du site. Mais ce phénomène
tend à disparaître non seulement avec les mesures de protection
imposée par le gouvernement (institution du site par décret
2001-521 du 19 octobre 2001 en zone de mise en défens) mais aussi avec
l'hostilité de la population locale à l'égard de ce genre
de pratique car ce lieu représente pour elle un lieu de mémoire.
Le site est à l'abandon parce qu'il présente un danger pour les
communautés ; danger dQ à l'érosion marine qui ronge
chaque jour le site et par le courant marin ainsi que par les ravins qui se
forment de l'autre coté du site.
- De la prolifération des projets de
développement urbain avec notamment l'agrandissement de la ville de
Pointe Noire. Ces projets, s'ils se multiplient vont affecter
l'intégrité et l'authenticité du site.
b - Dégradation du fait de la nature
C'est principalement l'érosion marine dont les effets
négatifs sont déjà perceptibles sur toute la baie de
Loango et plus particulièrement sur le cimetière historique dont
les deux tiers ont été emportés. En effet, il faut noter
que le port de Loango est situé au bord de l'Océan Atlantique. La
nature étant très conventionnelle, elle déteste changer
ses habitudes et ses règles sont immuables. Par quel
phénomène une côte étant faite pour recevoir des
apports en matériaux est-elle devenue une côte qui en perd ? Les
visites sur le terrain ont prouvé que l'érosion de la baie de
Loango est la manifestation apparente d'un phénomène se
produisant en amont. De nombreuses propositions sont faites pour enrayer les
effets de cette érosion. Toutes visent à contrer l'effet des
vagues en recherchant des systèmes de protection physique du rivage.
Elles consistent à traiter les symptômes sans s'attaquer à
leur cause ; c'est pourquoi, elles sont restées jusque-là
inefficaces.
Cette érosion marine peut s'expliquer par plusieurs
phénomènes : l'élévation du niveau de la mer, le
contre effet du dragage du port de Pointe-Noire, les courants marins qui se
dirigent du Sud vers le Nord, donc de Pointe-Noire vers Loango. Il faut aussi
préciser que l'autre versant du site est menacé par des ravins
qui se forment ; ce phénomène est provoqué par le manque
de canalisation des eaux de pluie qui finissent par détruire le site.
1.3.2 Au domaine royal de M'bé
a - Dégradation du fait de l'homme
Le domaine est menacé par la pratique de la culture
sur brûlis et l'exploitation illicite des forêts. En effet, il nous
a été donné de constater que les paysans brûlent la
savane pour plusieurs raisons : travaux champêtres, chasse... Ces
pratiques contribuent fortement à la dégradation de tout le
paysage et affecte le site car tous les vestiges témoignant de cette
riche culture Téké sont en train de disparaître
brûlés et détruits. Il arrive que le feu de brousse tourne
au tragique et atteigne les bâtiments. D'autre part, il faut noter une
exploitation illicite et anarchique des forèts sacrées
jusqu'à une période récente ; ce qui a eu pour principale
conséquence le déboisement et la disparition des forets
sacrées.
Le second problème majeur qui se pose c'est
l'inapplication de la législation nationale et internationale sur la
protection du patrimoine culturel. En effet, les lois existent, mais se pose le
problème de leur application effective sur le terrain ; nous allons nous
atteler à cela. Par ailleurs, il faut faire remarquer que la plupart des
détenteurs de ce savoir traditionnel (médecine, chants, contes,
rites, etc.) meurent sans avoir transmis ou légué ce patrimoine ;
c'est dire que la transmission n'est pas assurée. Notons aussi que, de
nos jours, la tradition meurt, en partie, à cause de l'exode rural ; les
jeunes abandonnent les villages, et leur identité
aussi. Cette situation demeure très préoccupante
pour les communautés locales conformément à leur
attachement culturel.
Enfin, l'habitat traditionnel qui caractérisait la
culture Téké a disparu au profit des constructions modernes ;
ceci est le résultat de la modernité et de la pression
foncière car la localité de M'bé subit l'influence de la
capitale Brazzaville située à 200 Km. Aussi, la disparition
progressive de certains sachants locaux (détenteurs de connaissances,
savoir et savoir-faire traditionnels), tels que les forgerons, potiers,
tisserands, historiens/conservateurs de traditions constitue un problème
à la gestion du site. A cela s'ajoute le manque d'initiatives visant la
promotion du savoir-faire traditionnel.
b - Dégradation du fait de la nature
L'habitat traditionnel qui caractérise la culture
Téké est un type de logement fait d'un mélange de terre
battue, de bois et de paille. La nature a eu raison de ce type d'habitat car
les pluies, les tornades, le vent et les insectes constituent une réelle
menace pour cette architecture. En effet, l'eau est le principal ennemi de cet
habitat ; elle provient essentiellement des pluies abondantes ; les murs
étant en terre, ils font l'objet d'enlèvement et de
déplacement. En outre, l'humidité dans les murs entraîne la
perte de résistance avec pour conséquence la
désintégration de l'architecture.
Aussi, il faut relever le fait que les tornades causent des
dégâts par leur intensité et finissent par mettre à
nu la structure des bâtiments. Les intempéries ont eu pour
principale conséquence la disparition de cette architecture unique et
originale.
Malgré toutes ces menaces, le royaume est resté
fidèle à son mode d'organisation sociale traditionnelle et a
préservé l'originalité de sa culture malgré
l'influence de la religion chrétienne, de la mondialisation, du pouvoir
politique et des civilisations étrangères. Cette situation
nécessite des mesures de préservation et de sauvegarde urgentes
afin d'assurer la viabilité de ce royaume en général, et
de sa culture en particulier.
1.4 Politique de gestion des deux sites
Les deux sites sont classés et protégés
au niveau national10 car ils sont inscrits sur la liste indicative
de l'UNESCO11. Par conséquent, nous allons oeuvrer avec
l'organe technique du Ministère de la Culture
(la Direction du Patrimoine et des Archives) pour mener nos
activités. 1.4.1 La Direction Générale du
Patrimoine et des Archives (DGPA)
Elle relève du Ministère de la Culture et est
chargée de valoriser et de sauvegarder le patrimoine culturel du Congo.
Cet organe a pour missions entre autres :
- D'identifier les sites et les monuments historiques et
d'organiser les opérations de restauration
ou de sauvegarde des collections et des monuments historiques
menacés de dégradation et de destruction.
- De veiller à la présentation et à la
valorisation des savoir-faire et des technologies
traditionnelles dans les domaines de l'alimentation, de la
santé, de l'artisanat, de l'agriculture et des arts ;
10 Loi n°8 du 26 juillet 2010 portant protection du
patrimoine national culturel et naturel en République du Congo
11
www.whc.unesco.org/fr/etatsparties/cg
- De contrôler la sortie du territoire des biens
culturels, notamment par la délivrance d'une
autorisation de sortie ;
- D'appuyer les recherches et les études en
ethnomusicologie et de préserver au moyen de la recherche, de la
collecte et de la publication, les éléments de la tradition
orale, notamment les contes, les proverbes, les légendes, les mythes,
les épopées et leurs contenus, etc.
1.4.2 Les activités menées
Il sied de noter que le domaine royal de M'bé fait
l'objet d'une protection traditionnelle qui sera renforcée par un
classement national à l'issue de la signature très prochaine du
décret portant création de la liste nationale du patrimoine
immobilier.
Au niveau de l'ancien port de Loango, il faut tout de
même signaler la volonté politique du gouvernement congolais
à lutter contre l'érosion marine, à travers l'initiative
du ministère des transports maritimes et de la marine marchande qui a
initié le projet intitulé "Préservation et Protection de
l'Environnement Marin et Côtier du Domaine Public Maritime" (PPEMC). Afin
de garantir son intégrité, un décret présidentiel
institue le site en zone de mise en défens. Ce décret est
renforcé par un autre décret présidentiel instituant le
comité national de la route des esclaves.
Mais il faut tout de suite noter qu'aucune action d'envergure
n'a été menée par le gouvernement pour protéger
réellement et effectivement ces sites ; toutes ces mesures souffrent
d'une inapplication et d'un suivi réel ; d'où la
nécessité d'une intervention particulière et urgente.
1.5 Les résultats attendus
Notre projet va consister en des actions urgentes pour
arrêter la dégradation du fait de l'homme et du fait de la nature
; l'urgence s'explique par le fait que la menace est réelle, permanente
et destructive. Si des mesures concrètes ne sont pas prises, les sites
risquent d'être affectés totalement et complètement dans
leur intégrité et leur authenticité ; ce qui va provoquer
la disparition de toute une histoire et de toute une culture. La protection de
ces sites va permettre leur mise en valeur et favoriser un tourisme culturel
à long terme. C'est pourquoi dans ce projet nous comptons aboutir
à :
- La promotion et la valorisation du savoir-faire traditionnel
et local qui véhicule près de cinq (5)
siècles d'histoire.
- Une protection efficace du patrimoine culturel et de la nature
contre toute forme de
dégradation.
- Une contribution au développement durable en accordant
aux populations des moyens de protéger leur patrimoine par des
formations adéquates.
- Une implication de la population locale et des
autorités dans les actions à mener.
- Faire bénéficier à toutes les couches
sociales des retombées du projet.
- Une fois ces résultats atteints, nous pourrons
envisager le tourisme culturel durable notamment
avec l'inscription des sites au patrimoine mondial de
l'UNESCO.
2. Revue bibliographique
Compte tenu du fait que notre mémoire est une
contribution à la protection du patrimoine culturel et à la
gestion efficiente de l'environnement, nos consultations scientifiques ont
été axées sur trois concepts nécessaires à
savoir :
- Le patrimoine culturel.
- La gestion efficiente de l'environnement.
- La protection du patrimoine culturel et de l'environnement.
2.1 Le patrimoine culturel : du sens commun au sens
juridique
Le patrimoine est étymologiquement défini comme
l'ensemble des biens hérités du père (de la famille, par
extension)12. Selon le dictionnaire de politique, le patrimoine est
l'héritage commun d'un groupe ou d'une collectivité qui est
transmis aux générations suivantes. Il peut être de nature
diverse : culturel, historique, linguistique, monumental.
Le patrimoine en tant qu'héritage est constitué
par un ensemble de biens dont une personne (physique ou morale) est titulaire.
Il inclut aussi les droits et actions s'y rapportant. Lors du
décès d'une personne, on désigne l'ensemble du patrimoine
du défunt qui fait l'objet d'un partage par le mot "héritage" ou
encore par l'expression "masse successorale".
C'est le philosophe Henri Bergson qui eut l'idée
d'étendre la notion de patrimoine culturel en participant en 1921
à la naissance de la Commission Internationale de la Coopération
Intellectuelle (CICI), ancétre de l'UNESCO.
Au départ, l'expression patrimoine culturel
désignait principalement le patrimoine matériel (sites, monuments
historiques, oeuvres d'art...). L'UNESCO a établi en 1972 une liste du
patrimoine mondial, composée de plusieurs centaines de sites dans le
monde.
Pour aborder ce concept, nous allons retenir la
définition donnée à la conférence
générale de l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture, réunie à Paris du
17 octobre au 21 novembre 1972, en sa dix-septième session. En effet,
l'article 1er de la convention de l'UNESCO de 1972 considère
comme patrimoine culturel :
- Les monuments: oeuvres architecturales, de sculpture ou de
peinture monumentales, éléments ou structures de caractère
archéologique, inscriptions, grottes et groupes
d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du
point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.
- Les ensembles: groupes de constructions isolées ou
réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou
de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle
exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.
- Les sites: oeuvres de l'homme ou oeuvres conjuguées
de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites
archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de
vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique.
12 Pinoche J. 1992 et Dictionnaire de droit privé de
Serge Braudo
Il désigne donc un ensemble d'éléments
liés à la culture par opposition à la nature13.
On peut alors noter qu'il existe plusieurs sortes de patrimoines culturels
à savoir : le patrimoine culturel matériel mobilier (peintures,
sculptures, monnaies, instruments de musiques, armes, manuscrits...), le
patrimoine culturel immobilier (monuments, sites archéologiques...), le
patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et
cités enfouies sous les mers...), le patrimoine culturel
immatériel (traditions orales, arts du spectacle, rituels...), le
patrimoine naturel (sites naturels ayant des aspects culturels tels que les
paysages culturels, les formations physiques, biologiques ou
géologiques...).
Au fil des années, la communauté internationale
a oeuvré pour la prise en compte du patrimoine culturel
immatériel considéré comme partie intégrante du
patrimoine culturel. Dès lors, a vu le jour une conception du patrimoine
culturel prenant en compte les communautés et les groupes en tant
qu'acteurs principaux de ces formes immatérielles ou vivantes du
patrimoine. Ces formes englobent ainsi les traditions et expressions vivantes
héritées de nos ancêtres et à transmettre à
nos descendants (traditions orales, arts du spectacle, rituels,
festivités, savoir et savoir faire...).
Inspirée de cette définition, la loi congolaise
N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant protection du patrimoine national
culturel et naturel définit le patrimoine national culturel comme
l'ensemble des biens meubles et immeubles qui, à titre religieux ou
profane, revêtent un intérêt pour l'histoire, l'art, la
science et la technique14.
De nos jours, l'importance du patrimoine culturel
immatériel n'est plus à prouver ; elle réside dans les
valeurs intrinsèques et dans le sentiment d'appartenance à une
identité qu'il confère. Ce patrimoine établi donc un lien
entre la passé, le présent et le futur ; il favorise les
échanges et le dialogue interculturels. Sur le plan purement
socio-économique, le patrimoine culturel immatériel
présente l'avantage de maintenir la cohésion sociale et le
dialogue débouchant ainsi sur un développement local durable.
A contrario, il faut noter que, cette richesse
immatérielle est menacée et mise en danger par des
phénomènes tels que la mondialisation,
l'homogénéisation culturelle, le manque de considération
du patrimoine qui le rend insignifiant et le dévalorise... Dans le
mème sens, sa pérennisation et sa transmission présentent
des lacunes du fait de l'exode rural, de l'urbanisation ou l'extinction des
sachants, dépositaires du savoir et du savoir faire. Partant de ce fait,
l'UNESCO travaille, depuis 1973, à la recherche des solutions de
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En effet, la question de
la protection du patrimoine culturel immatériel a été
posée pour la première fois par la Bolivie en 1973. Depuis lors,
l'UNESCO n'a cessé de ménager des efforts pour trouver des
solutions à ce problème ; dans ce sens, elle a proclamé
entre 2001 et 2005, 90 éléments du patrimoine oral et
immatériel dans le but de marquer une sensibilisation internationale et
protection supplémentaire à ce patrimoine. Il s'en est suivi une
prise de conscience en faveur de la sauvegarde de cette immense richesse et
pour couronner le tout, l'UNESCO a adopté en 2003 « la convention
pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » ;
véritable instrument juridique obligeant les Etats signataires à
un respect strict et rigoureux de ce genre de patrimoine. La convention de 2003
prévoit, à cet effet, les mesures de protection et de
pérennisation du patrimoine immatériel.
Enfin, il faut avouer qu'il est incontestablement vrai que le
patrimoine culturel revèt une importance capitale en ce sens qu'il
constitue une composante essentielle de la particularité des peuples et
des communautés; une
13 Frier (L), Droit du patrimoine culturel, PUF, 1997,
526p
14 Article 2 de la loi N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant
protection du patrimoine national culturel et naturel.
référence intangible à leur
identité culturelle et civilisationnelle. Pour exister, chaque peuple a
besoin de témoigner de sa vie quotidienne, d'exprimer sa capacité
créatrice, de conserver les traces de son histoire. Le patrimoine
culturel est l'instrument de ce va et vient entre le passé et le
futur15. Il s'impose, de plus en plus, comme un domaine dont
l'intérêt grandit à mesure que grandit la recherche de
ressources économiques nouvelles. Le patrimoine vit, s'enrichit au fil
du temps, se réorganise surtout, car ce qui plaît aujourd'hui
n'est pas ce qui attirait hier. Dans nos pays de traditions, la formation
à distance et l'utilisation des ressources numériques n'ont pas
vocation à détruire le passé. Il s'agit plutôt de
créer aujourd'hui ce que seront les traditions de demain, en s'appuyant
sur les trésors des cultures prenant leurs racines dans la nuit des
temps. Le patrimoine culturel est une composante de l'identité
culturelle des communautés, groupes et individus, et la cohésion
sociale, de sorte que sa destruction intentionnelle peut avoir des
conséquences préjudiciables sur la dignité humaine et les
droits de l'homme16.
2.2 La gestion efficiente de l'environnement
La gestion efficiente suppose un rendement permettant de
réaliser un objectif avec un minimum de moyen ; ceci dans le but de
produire un effet certain.
L'environnement désigne tout ce qui nous entoure; un
ensemble d'éléments objectifs qui conditionnent la vie
humaine17. Etymologiquement, ce mot trouve son origine dans le Grec,
le Latin et le Gaulois; d'ou son caractère polysémique qui
justifie de nos jours ses nombreuses acceptions. Le sens de cette expression a,
en effet, connu une évolution depuis ses origines; mais de nos jours, on
s'accorde à reconnaitre que l'expression environnement désigne
des conditions naturelles et culturelles pouvant agir sur les êtres
humains et leurs conditions de vie; d'ou la notion d'environnement naturel.
Le législateur congolais entend par patrimoine
national naturel, l'ensemble des formations physiques, géologiques et
biologiques qui existent indépendamment de la création humaine et
ayant un intérêt du point de vue de la beauté naturelle, de
la science et de la conservation, tels que les forêts, les fleuves, les
chutes18. La notion d'environnement naturel, souvent
désignée par le seul mot environnement, a beaucoup
évolué au cours des derniers siècles et des
dernières décennies. On peut aujourd'hui définir
l'environnement comme un ensemble de composants naturels de la planète
terre comme l'air, l'eau, l'atmosphère, les roches, les
végétaux, les animaux et l'ensemble des phénomènes
et interactions s'y déroulant ; c'est-à-dire comme tout ce qui
entoure l'homme et ses activités19. Les Etats ont
tenté de mettre en place les dispositifs nationaux et la
communauté internationale essaie aussi de se mobiliser à cela. Au
sommet de la Terre à Rio en 1992, 172 Etats se sont accordés sur
une définition du droit au développement qui « doit
être réalisé de façon à satisfaire
équitablement les besoins relatifs au développement et à
l'environnement des générations futures présentes
»20. Le 16 février 2005, le protocole de Kyoto est
entré en vigueur car, avec la signature de 141 pays, le minimum requis
de 55
15 Extrait du message de l'ancien directeur
général de l'UNESCO M. Koïchiro Matsuura, relatif à
l'année 2002 promulguée par l'assemblée
générale des nations unies - année des nations unies pour
le patrimoine culturel.
16 Extrait du préambule de la déclaration de
l'UNESCO concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel
adoptée par la conférence générale en sa
32éme session, Paris 2003).
17 Encyclopédie scientifique
18 Article 3 de la loi N°8-2010 du 26 juillet 2010 Portant
protection du patrimoine national culturel et naturel au Congo.
19
www.sosenvironnement.fr
20 Principe 3 de la déclaration de Rio du 14 juin 1992
États représentant 55 % des émissions de
gaz à effet de serre était réuni. Il prévoit une
baisse des émissions de ces gaz entre 2008 et 2012. Ainsi, les 34 pays
industrialisés qui ont ratifié l'accord sont obligés de
baisser de 5,2 % en moyenne leurs émissions de CO2 et de cinq autres gaz
réchauffant l'atmosphère. Les 107 pays en développement
ayant ratifié le protocole ont une obligation d'inventaire des
émissions polluantes.
De nos jours, la protection et l'avenir de l'environnement
attirent l'attention de toute l'humanité ; en effet, les ressources
environnementales sont menacées et se dégradent ; une
dégradation due en grande partie à l'activité humaine.
C'est ainsi que sa protection fait partie des huit objectifs du
millénaire et constitue l'un des trois piliers du développement
durable. Cette protection implique une gestion efficiente de l'environnement,
capable de produire un rendement meilleur et des résultats qui tiennent
compte de l'homme et de la nature.
En outre, il faut noter que la gestion efficiente de
l'environnement à laquelle nous nous attèlerons portera une
contribution au développement durable. Le développement durable
est une notion qui vise l'amélioration de la condition humaine. C'est un
développement qui se veut durable et pour l'être, il doit
concilier l'efficacité économique, l'équité sociale
et la préservation de l'environnement. En d'autres termes, il est une
conciliation du social, de l'écologie et de l'économie. Selon la
définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, c'est
« un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs »21. Deux concepts sont inhérents à
cette notion :
- Le concept de « besoins » et plus
particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à
qui il convient d'accorder la plus grande priorité.
- L'idée de limitation que l'état de nos
techniques et notre organisation sociale imposent sur la
capacité de l'environnement à répondre aux
besoins actuels et à venir.
Dans ce sens, l'enjeu de gérer l'environnement de
manière efficiente vise à mettre en oeuvre des actions
régulières pour réduire le gaspillage, limiter les
nuisances et les pollutions et économiser les ressources ; ce qui
conduit à dire que la gestion efficiente de l'environnement suppose une
protection saine et responsable des ressources naturelles pour maintenir la vie
sur la planète. Cette protection pour être saine et responsable
nécessite l'implication de tous les acteurs (privés, publics) et
un changement des habitudes dans l'utilisation des ressources
environnementales. Ainsi, on est tenté d'affirmer que la gestion
efficiente de l'environnement fait partie du vaste programme de l'Agenda 21,
adopté par 173 chefs d'Etat lors du sommet de la Terre de Rio en 1992.
Ce programme qui comprend 40 chapitres met un accent sur l'intégration
du développement durable dans les activités des
collectivités territoriales tout en formulant des recommandations dans
les domaines tels que : la pauvreté, la santé, la pollution de
l'air, la gestion des ressources en eau et de l'assainissement, la gestion des
déchets, forèts et des montagnes... Il se traduit donc par un
certain nombre d'actions visant à améliorer la condition humaine
et à économiser les ressources environnementales en vue d'assurer
une visibilité des collectivités territoriales. Pour assurer une
gestion efficiente de l'environnement, Agenda 21 prévoit entre autres
actions:
- Une politique de l'habitat appuyée sur la haute
qualité environnementale, la valorisation du
parc existant et la reconquête des espaces disponibles
;
21 « Notre avenir à tous ». Rapport de
Brundtland de 1987
- L'utilisation des ressources renouvelables, la maîtrise
de l'énergie, le développement des
modes de transports alternatifs à l'automobile ;
- La création des activités répondant
à une demande sociale locale et d'emplois durables ou de nouvelles
filières d'emploi.
En somme, il faut retenir la nécessité
d'intégrer les dimensions environnementales dans la conception,
l'élaboration et la mise en oeuvre des projets culturels notamment les
projets d'aménagement des sites culturels. Compte tenu du fait que
l'environnement se dégrade chaque jour, soit du fait de l'homme, soit de
la nature, il faut travailler à le protéger et donc à le
gérer de façon saine. Ce qui nécessite d'adopter un
comportement écoresponsable dans la gestion de l'ancien port
d'embarquement des esclaves de Loango et dans le domaine royal de M'bé.
Deux sites dans lesquels, il sera fait obligation de prendre en compte les
dimensions environnementales, de les gérer donc de manière saine
et responsable afin de les préserver et les transmettre aux
générations futures.
2.3 Protection du patrimoine culturel et gestion
efficiente de l'environnement
Notre contribution à la protection du patrimoine
culturel et la gestion efficiente de l'environnement va porter sur une
interrelation, une conciliation des deux actions et qui met en exergue une
interprétation, une consolidation réciproque et mutuelle entre la
culture et le développement durable. La protection du patrimoine
culturel et la gestion efficiente de l'environnement conduisent à une
logique de développement durable.
Selon l'UNESCO, « la culture crée un monde riche
et varié qui élargit les choix possibles, nourrit les
capacités et les valeurs humaines, et est donc un ressort fondamental du
développement durable des communautés, des peuples et des
nations»22. La protection, la promotion et le maintien de la
diversité culturelle sont une condition essentielle pour un
développement durable. C'est dans ce sens que la culture a
été reconnue, au sommet de Johannesbourg, comme l'une des
composantes du développement durable au même titre que
l'économie, le social et l'environnement. Si l'on reste sur cette
logique toutes les composantes du développement durable doivent aller de
pair, être combinées et conciliées. Il est donc
évident que l'une ne peut aller sans l'autre; ces deux actions sont
intimement liées. En l'espèce, le port de Loango et le domaine
royal de M'bé sont des sites situés dans la nature, en plein air
et les protéger suppose une gestion saine de leur l'environnement. A ce
propos, la convention de l'UNESCO de 1972 fait remarquer que «les
patrimoines culturel et naturel sont de plus en plus menacés de
destruction non seulement par les causes traditionnelles, mais aussi par
l'évolution de la vie sociale et économique qui aggravent leur
situation par des phénomènes d'altération ou de
destruction encore plus redoutables»23.
La conciliation de ces deux actions (protection du patrimoine
culturel et gestion de l'environnement) va permettre de sauver non seulement le
patrimoine culturel mais aussi la nature et l'environnement. En effet, au
delà de la protection du bien lui mème, les mesures d'inscription
et de classement exigent la délimitation de la zone d'inscription et de
la zone tampon; ceci pour préserver le bien et son environnement le plus
immédiat. En effet, pendant longtemps a prévalu l'idée que
l'homme est "maître et possesseur de la nature"24 . Par son
travail, l'homme domestique la nature tout en vivant d'elle. Mais, cette
volonté de maîtrise provoque aussi un mouvement de recherche
tourné vers la connaissance de la nature. Le respect de la nature est
alors une
22 Préambule de la Convention UNESCO sur la protection de
la diversité des expressions culturelles du 20 octobre 2005
23 Préambule de la Convention UNESCO de 1972 sur la
protection du patrimoine mondial, naturel et culturel
24 Descartes (R), discours de la méthode 1637,
réédition des Ed. Gallimard, Paris, 19876, 322p
préoccupation surtout scientifique. Au XXe
siècle est apparu un nouvel enjeu : comment intégrer l'homme
à la nature ? Il faut donc apprendre à connaître et
à respecter les écosystèmes : c'est l'écologie.
L'inquiétude pour la fragilité de l'environnement s'explique par
la détérioration massive et accélérée de la
planète. C'est l'ensemble de la biosphère qui se trouve
menacé. Il en va de même des paysages, élevés au
rang de patrimoine naturel ; il convient alors d'en assurer la protection. Dans
ce sens, la convention de l'Unesco de 1972 en son article 2 définit
comme patrimoine naturel :
- Les monuments naturels constitués par des formations
physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une
valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou
scientifique.
- Les formations géologiques et physiographiques et les
zones strictement délimitées constituant
l'habitat d'espèces animales et végétales
menacées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue
de la science ou de la conservation.
- Les sites naturels ou les zones naturelles strictement
délimitées, qui ont une valeur universelle
exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation
ou de la beauté naturelle.
La législation congolaise ne fait pas de distinction
entre le patrimoine culturel et naturel dans leur protection. Il en est de
même dans bien d'autres pays comme Madagascar. En effet, si la loi
N°8-2010 du 26 juillet 2010 porte protection du patrimoine national
culturel et naturel au Congo, le législateur malgache a fait de
même par une ordonnance relative à la protection, la sauvegarde et
la conservation du patrimoine national. (Ordonnance n°82-029 du 6 novembre
1982 relative à la protection, la sauvegarde et la conservation du
patrimoine national)25 . Les législateurs congolais et
malgaches ont voulu protéger communément le patrimoine culturel
et naturel car il existe une interpénétration entre les deux, une
relation intimement liée et, de manière logique on ne peut
protéger l'un sans l'autre. En d'autres termes, on peut aisément
constater que la distinction entre la protection du patrimoine culturel et
celle du patrimoine naturel n'est que législative ; dans la pratique,
elles sont intimement liées en raison du fait que ces patrimoines sont
imbriqués et gérés par les communautés comme des
entités indissociables impliquant le milieu naturel, les croyances et
une intervention plus ou moins contrôlées des individus. Certains
constituent des paysages culturels comportant une double dimension culturelle
et naturelle26. Dans la gestion des deux patrimoines, la distinction
ne peut s'imposer car l'interaction est nécessaire sinon
inévitable. La protection du patrimoine naturel associe
principalement deux notions :
- La notion de patrimonialité qui évoque une
notion de valeur intrinsèque et un besoin de
conservation, voire de gestion restauratoire.
- La notion de nature, vivante ou morte (sous forme de
patrimoine géologique, paléontologique,
etc.) et donc un principe de naturalité.
25 Negri (V), Droit et patrimoine en Afrique, Version
réactualisée, Recueil de législation relatives à la
protection du patrimoine culturel, Université Senghor, 2002
26 De Souza (A) : Présentation des institutions de
promotion et de valorisation du patrimoine culturel au Bénin. Actes de
séminaire de Praia, décembre, 1996.
C'est en 1965 aux USA (lors d'une conférence à
la Maison Blanche) que l'on a eu l'idée de concilier la conservation des
sites culturels et naturels. Au cours de cette conférence a
été demandée la création d'une Fondation du
Patrimoine Mondial pour nouer des partenariats internationaux dans le but de
protéger < les lieux, les paysages et les sites historiques les plus
extraordinaires pour le présent et l'avenir de toute l'humanité
». Lors de la conférence des Nations Unies sur l'environnement
humain en 1972, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN), a présenté à ses membres des propositions
formulées en 1968. Un texte unique concernant tous les Etats membres fut
adopté lors de cette conférence et la convention sur la
protection du patrimoine mondial culturel et naturel fut adoptée le 16
novembre 1972 par la conférence générale de l'UNESCO.
Cette convention met en exergue l'action de cohabitation entre l'homme et son
environnement le plus immédiat, une composante indispensable de leur
équilibre. Ainsi, il s'agit pour nous de créer une harmonie entre
les populations locales et leur environnement naturel et culturel
immédiat. Il ne faut surtout pas croire que le patrimoine est une
matière morte.
Dans le cadre de notre travail, il nous a été
donné de consulter les sources scientifiques ; celles-ci ont
été d'un apport considérable, mais il faut faire remarquer
que la protection du patrimoine culturel doit intégrer le cadre du
développement durable. Aujourd'hui, la ceinture verte court bien de
risques de disparition parce qu'en partie, les dimensions culturelles ne sont
pas prises en compte. Aussi, tout est culturel ; le commerce,
l'économie, le sport, l'habitat, la nourriture... ont chacun un fond
culturel indiscutable. Il paraît alors indispensable d'assurer la
protection des patrimoines culturel et naturel qui sont des traces de la
mémoire collective. Dans le cas d'espèce, si rien n'est fait le
port de Loango et le domaine royal de M'bé vont disparaître. Nous
entendons par notre projet non seulement entretenir et perpétuer cette
civilisation aussi remarquable mais aussi contribuer à
l'amélioration des conditions de vie des populations locales,
détentrices de ce patrimoine.
Les patrimoines naturel et culturel forment donc un ensemble
faisant partie des biens précieux non seulement pour une
communauté mais pour l'humanité tout entière. La
convention de 1972 est en effet, l'un des rares documents qui abordent les
liens entre ces deux types de patrimoine à l'intérieur du
même document. La perte d'une de ces valeurs constitue la perte d'une
partie de notre environnement culturel et naturel. Il devient alors
indispensable d'élaborer des stratégies visant à assurer
un équilibre entre le développement de nos sociétés
et la conservation des ressources culturelles et naturelles. Ce qui permet de
déterminer l'impact que les différents chantiers peuvent avoir
sur l'environnement et le patrimoine culturel ou naturel. À cet effet,
la convention invite les états signataires < à assurer la mise
en valeur et la transmission aux générations futures du
patrimoine culturel et naturel situé sur son territoire » par :
- L'adoption d'une politique générale visant
à assigner une fonction au patrimoine culturel et
naturel dans la vie collective, et à assigner la
protection de ce patrimoine dans les programmes de planification
générale.
- L'institution sur leur territoire d'un ou plusieurs services
de protection, de conservation de mise
en valeur du patrimoine culturel.
- La prise de mesures juridiques, scientifiques, techniques,
administratives et financières
adéquates pour l'identification, la protection, la
conservation, la mise en valeur et la réanimation de ce patrimoine pour
favoriser la création ou le développement de centres nationaux ou
régionaux dans ce domaine et encourager la recherche scientifique.
D'une manière générale, la vie dans les
communautés est marquée par une relation dynamique entre l'homme
et son environnement car l'homme consomme, utilise, transforme les
éléments composant son environnement immédiat pour assurer
sa survie. En somme, la qualité de la vie est sujette au comportement de
l'homme face à son environnement.
3. Méthodologie
Pour mener à bien ce travail, nous avons opté
pour une démarche méthodique faisant la synthèse de la
recherche documentaire, de la collecte des données sur les sites et de
l'expérience du stage. Par ailleurs, nous mentionnerons les
difficultés rencontrées dans notre démarche.
3.1 La recherche documentaire
Elle a consisté en une consultation de tous les
documents ayant abordé, de près ou de loin, notre sujet de
mémoire. Cette consultation a été menée à la
bibliothèque de l'université Senghor, à la Bibliotheca
d'Alexandrie, au centre de documentation des MTCC et au Bureau UNESCO de
Brazzaville où nous avons passé un stage complémentaire,
au Ministère de la Culture et des Arts ainsi que par la consultation des
personnes ressources. Elle nous a permis non seulement d'assimiler les concepts
de protection du patrimoine et de gestion efficiente de l'environnement mais
aussi de pouvoir comprendre la corrélation entre ces deux notions.
Aussi, nous avons eu recours aux sites Internet spécialisés pour
une analyse théorique des concepts clés utilisés dans
notre mémoire. Ceux-ci ont été d'un apport
considérable pour notre projet professionnel.
C'est donc dire que la consultation des documents écrits
a constitué l'essentiel de nos références
bibliographiques.
3.2 L'expérience du stage
Le stage nous a été indispensable et
bénéfique sur deux principaux points :
- La mise en situation professionnelle car il nous a permis de
nous inspirer de l'expérience des
MTCC pour en faire une interprétation dans notre pays,
d'être en contact de la gestion d'un réseau de onze (11) sites. Ce
stage a été un véritable moyen d'échanges
d'expériences respectives que ce soit au niveau de la gestion des
ressources humaines qu'à celui de la gestion de l'ensemble des
structures du réseau. Il nous a permis de comprendre les
mécanismes de fonctionnement (travail fait en amont de l'inscription du
site) et les différentes étapes pour l'inscription d'un site au
patrimoine mondial de l'UNESCO. Dans le même temps, il nous a permis
d'obtenir des contacts nécessaires à cet effet, d'avoir une vue
globale sur la gestion d'un réseau de onze (11) établissements
(musées et écomusées), de rencontrer des professionnels du
patrimoine et des personnes (physiques et morales) pouvant soutenir notre
projet professionnel.
- L'amélioration de notre projet professionnel et notre
de mémoire. En effet, notre contribution à
la protection du patrimoine culturel et à la gestion
efficiente de l'environnement porte sur deux sites qui sont sur la liste
indicative de l'Unesco en vue de leur inscription au patrimoine mondial. Les
MTCC ayant dans leur réseau un site classé au patrimoine mondial
(les Salines),
nous nous sommes imprégnés de tout le travail
qui a été fait en amont de l'inscription du site et de toute la
problématique liée à la gestion d'un site classé
patrimoine mondial.
En outre, notre stage a été une contribution
aux MTCC dans la mesure où nos interrogations et notre regard
extérieur sur la politique de recherche scientifique appliquée
aux projets du réseau ont permis, non seulement, de faire un état
des lieux de la recherche au sein des MTCC, mais aussi de faire un état
de besoins accompagné des préconisations sous forme de fiche
action sur le sujet.
3.3 Présentation du Musée des Techniques et
Cultures Comtoises
Les musées de techniques et cultures comtoises en leur
forme actuelle sont nés d'une structure qui a vu le jour en 1978
à l'initiative de l'Etat et du Conseil Régional de
Franche-Comté : l'Association Comtoise des Arts et Traditions populaires
(ACATP) ; celle-ci était en charge du développement de la culture
en Franche-Comté.
Dans le souci de bien mener sa politique de
développement culturel, l'association a vu ses activités
s'élargir ; dans ce sens, elle a mis l'accent sur la recherche et la
sauvegarde du patrimoine industriel ainsi que la culture technique de
l'ensemble des musées placés sous sa responsabilité.
Avec l'arrivée de Philip Mairot à la tête
du réseau en 1988, les MTCC se sont agrandis et ont accueilli des
nouveaux sites partenaires. Aujourd'hui, l'institution compte onze sites :
musées, écomusées et entreprises en activité,
répartis dans toute la Franche-Comté ; onze lieux témoins
de l'industrialisation d'une région à dominante rurale qui
racontent l'histoire du pays comtois27.
Ainsi, de manière générale, les MTCC
participent à l'aménagement du territoire de Franche-Comté
par le renforcement des activités culturelles en milieu rural. Plus
concrètement, ils fixent les grandes lignes de la politique à
mener dans l'ensemble du réseau après approbation de
l'assemblée générale et du conseil d'administration.
L'équipe professionnelle est chargée d'exécuter cette
politique.
Ce réseau, à la fois régional et
thématique, constitue un modèle unique en France, comparable en
Europe à deux régions de modèle similaire : la Westphalie
en Allemagne et la Catalogne en Espagne28.
L'association des Musées des techniques et cultures
comtoises, s'est fixée deux objectifs : connaître et faire
connaître son patrimoine auprès de tous les publics sans
distinction. Elle intervient dans de nombreux domaines : conservation et mise
en valeur des collections, programmes de recherche, aménagement et
développement des sites, sensibilisation des publics, promotion et
diffusion du patrimoine. Le réseau des MTCC est reparti sur toute la
Franche-Comté qui comprend quatre départements : le Jura, le
Doubs, la Haute-Saône et le territoire de Belfort. Il comprend donc les
sites suivants : les Salines de Salins-les-Bains, le musée de la
boissellerie de bois d'Amont, la Taillanderie de Nans sous-sainte Anne,
l'écomusée du pays de la cerise à Fougerolles, le
musée de la mine de Ronchamp, la forge-musée d'Etueffont, le
musée Frédéric Japy de Beaucourt, les forges de Syam, le
musée de la lunette de Morez, le musée du jouet de Moirans en
montagne, la verrerie-cristallerie de la Rochère. Cependant, il faut
noter que tous les sites restent autonomes et disposent, à cet effet,
d'une structure juridique
27 _ Mairot (P), Patrimoine industriel en Franche comté,
in Patrimoine et tourisme, Ena mensuel juillet- août 1995, P 21- 22
28
www.musees-des-techniques.org
propre ; mais ils sont placés sous la
responsabilité légale du conservateur des MTCC. Une charte
d'engagement est signée par chaque site à l'adhésion et le
réseau constitue une véritable
fédération29. Parmi ces sites, il y a :
- six (6) qui font partie du réseau des musées
de France, répondant à des critères scientifiques et
culturels précis. Cette appellation réservée aux
établissements qui en font la demande constitue désormais un
label clairement identifiable par le public (écomusée du pays de
la cerise, Forge musée de Etueffont, musée Japy de Beaucourt, les
Salines de Salins-les-Bains, le musée de la lunette, le musée du
jouet)
- cinq (5) sont classés monument historique, et qui
sont à ce titre classés ou inscrits comme tel afin d'être
protégé, du fait de leur intérêt historique,
artistique et architectural. Le classement est le plus haut niveau de
protection; il concerne l'édifice extérieur, intérieur et
ses abords (écomusée du pays de la cerise, forge-musée
d'Etueffont, Taillanderie de Nans-sous-SainteAnne, forges de Syam, Salines de
Salins).
Ceci illustre l'importance du réseau dont
l'intérêt se justifie aussi bien par des avantages
économiques dont bénéficie chaque site que par la
valorisation et l'amélioration de l'offre culturelle des sites
adhérents.
3.4 Les visites de terrain
Celles-ci se sont révélées très
enrichissantes dans la mesure où elles nous ont permis d'avoir des
entretiens et de discuter avec des professionnels de la culture et du tourisme,
des élus locaux et des gestionnaires des sites.
Ce stage nous a donc donné l'opportunité
d'être en contact avec les hommes de terrains et les professionnels ; ce
qui nous a permis d'assimiler le travail fait en amont de l'inscription des
Salines au patrimoine mondial et de toute la problématique liée
à la gestion d'un site classé patrimoine mondial. A ce niveau, il
nous a été donné de remarquer que tous les partenaires
(élus locaux, professionnels de la culture, populations locales,
propriétaires...) ont un rôle important à jouer dans la
protection, la valorisation et la gestion des sites. Par conséquent, Ils
doivent être associés à tous les projets culturels les
concernant et doivent s'investir pour leur réussite.
Aussi, les visites de terrains ont relevé que
l'inscription d'un site au patrimoine mondial engendre des obligations dans la
gestion de la structure ; on peut ainsi citer : la mise en place du plan de
gestion, le besoin de répondre aux exigences du label UNESCO, et
l'amélioration des prestations. Et c'est au cours de nos entretiens
qu'il nous a été donné de comprendre comment les Salines
apportent des solutions aux problèmes majeurs qui peuvent surgir dans la
gestion d'un site classé par l'UNESCO. Ainsi, pour faire face à
cela, il faut :
· une étroite collaboration avec les autres
sites sur la base :
- Des enjeux spécifiques environnementaux, de sauvegarde
et de développement.
- Des outils réglementaires de protection efficace car
les deux salines (Arc et Senans, les
Salines de Salins) sont protégées au titre de
monuments historiques et sont, à ce titre,
dotées d'un arsenal juridique et législatif
important.
29 Mairot (P), Le réseau des MTCC, in
Patrimoine de l'industrie, 2006, p 45 - 52
- de la recherche d'une véritable synergie entre les
deux salines dans une volonté de développement culturel,
patrimonial et économique.
· Un contrôle de la satisfaction afin
d'améliorer la qualité des services proposés en fonction
des remarques et suggestions des publics. Aussi, depuis l'inscription du site
au patrimoine mondial, il a fallu recruter beaucoup de guides touristiques pour
satisfaire la demande qui devient de plus en plus croissante.
D'autre part, les visites des différents sites du
réseau et particulièrement des Salines de Salins-les-Bains nous
ont permis de réaliser l'importance des travaux à effectuer pour
la valorisation et la protection d'un site culturel ; qu'il s'agisse aussi bien
du dossier scientifique que des travaux d'aménagement et de restauration
portant sur le bien lui même.
L'expérience des Salines de Salins-les-Bains nous a
permis d'avoir des éléments nécessaires et importants non
seulement pour notre mémoire mais surtout pour la protection, la
valorisation et la gestion du port de Loango et du domaine de M'bé.
Notre contribution à la protection du patrimoine culturel et à la
gestion efficiente de l'environnement se veut être un instrument de
rappel de la mémoire collective et de revalorisation des cités
jadis florissantes. Elle permettra aux populations locales de contribuer
à reconstituer leur passé et à le transmettre aux
générations futures.
Outre le stage aux MTCC, nous avons effectué un autre
complémentaire au Bureau UNESCO de Brazzaville. Ceci pour trois
objectifs :
- Faire un état de lieux du terrain d'investigation et
collecter les sources documentaires
nécessaires pour la constitution d'une base de
données adéquates sur les sites.
- Effectuer des rencontres avec les partenaires de l'UNESCO
associés au processus d'inscription des deux sites sur la liste du
patrimoine mondial afin de recueillir les données nécessaires
pour la compréhension des enjeux.
- Collecter les informations relatives à l'état
d'avancement du dossier d'inscription des deux sites
sur la liste du patrimoine mondial.
Le stage effectué au Bureau UNESCO de Brazzaville nous a
permis de comprendre :
- Qu'il n'existe pas de documentation spécifique traitant
des deux sites.
- Que le gouvernement Congolais (à travers le
Ministère de la Culture) et le Bureau UNESCO de Brazzaville ainsi que
leurs partenaires respectifs manifestent un intérêt à
vouloir inscrire les sites au patrimoine mondial. Une démarche
perçue par les populations locales comme le seul moyen efficace pour
protéger les sites.
- Que le processus d'élaboration du dossier de
soumission des sites au patrimoine mondial n'a pas encore débuté.
En effet, il sied de noter qu'aucun travail concret n'a été
réalisé jusque là ; les sites de Loango et de M'bé
restent sur la liste indicative sans plus. Et, les dossiers étant
restés sur la liste indicative, ils n'ont fait l'objet d'aucun rapport
ou avis de la part des experts de l'UNESCO.
menée sur le terrain. D'où l'imminence
d'entreprendre des travaux relatifs à l'élaboration du dossier
final de soumission et d'amorcer les travaux d'aménagement et de
protection des sites.
3.5 Les difficultés rencontrées
La collecte des informations spécifiques sur l'ancien
port de Loango et le domaine royal de M'bé n'a pas été
aisée. En effet, hormis le dossier qui a été
constitué et déposé par le ministère de la culture
pour l'inscription des deux sites sur la liste indicative de l'UNESCO, aucune
étude majeure n'a été faite. Mais cela n'a pas, pour
autant constitué un handicap à notre recherche ; bien au
contraire. Pour compenser cela, nous avons effectué un stage
complémentaire au Bureau UNESCO de Brazzaville afin d'être sur le
terrain, de rencontrer des personnes ressources (physiques et morales) afin de
recueillir des données nécessaires à notre recherche. Pour
ce qui est des informations relatives l'état d'avancement du dossier
d'inscription des sites au patrimoine mondial, aucun travail concret n'a
été réalisé jusque là ; les sites de Loango
et de M'bé restent sur la liste indicative sans plus. Ce qui pose encore
plus le problème de la documentation.
3.6 L'élaboration d'une base de données
L'une des difficultés rencontrées dans nos
recherches a été l'absence d'une documentation
spécialisée pour les deux sites. D'où la
nécessité d'élaborer des outils afin de constituer une
base de données regroupant toutes les informations relatives au
patrimoine (matériel et immatériel) que l'on peut trouver au port
de Loango et au domaine de M'bé.
La première partie de ce travail a été
constituée lors de nos recherches d'informations et de documentations en
vue d'enrichir notre mémoire. Ces recherches se sont effectuées
à la bibliothèque de l'université Senghor, en stage aux
MTCC, au Bureau UNESCO, au Ministère de la Culture et des Arts à
Brazzaville ainsi que lors de nos différentes visites sur le terrain.
La seconde va s'effectuer sur les deux sites après
notre formation à l'université Senghor car elle va
nécessiter des enquêtes ethnologiques, un travail de terrain
intense, des collectes de témoignages et récits des personnes
ressources ayant une connaissance approfondie des sites et de leur histoire. Il
s'agit donc, pour nous, de procéder à un inventaire
supplémentaire pour informatiser toutes les données et
enquêtes ethnologiques selon le modèle de l'inventaire
proposé par « Joconde » sur le site du Ministère
Français de la Culture30. Ceci pour constituer une base de
données consultable ainsi qu'une banque d'images.
4 Projet : Réhabilitation de l'ancien port
d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine royal de
Mbé
4.1 Contexte et justification du projet
La réhabilitation des deux sites est une contribution
à la protection du patrimoine culturel et à la gestion efficiente
de l'environnement sur le port de Loango et le domaine royal de M'bé.
Notre choix de proposer cette contribution se justifie par le fait que nous
avons voulu non seulement sauver ces vestiges du passé qui vont vers la
disparition, mais aussi contribuer au bien être de la population. La mise
en valeur de ces sites permettra un développement communautaire car les
populations locales seront les premiers bénéficiaires de ce
projet. Toutefois, il faut noter que le projet de protection va
s'exécuter alternativement sur les sites ; l'un après l'autre en
fonction de l'urgence et des priorités du gouvernement.
D'autre part, la protection de ces sites va permettre de
sauvegarder et de léguer aux générations futures une
civilisation vieille plus cinq de siècles : celle des royaumes Loango et
Téké, deux cités royales jadis florissantes. Une fois ces
sites protégés, on pourra envisager leur exploitation, leur mise
en valeur afin d'en faire des musées de la nature ou en plein air. Ce
qui permettra de créer des sources de revenus pour les localités
concernées. Notre projet contribuera donc au rayonnement de ces sites
car une fois le projet exécuté, ils seront un véritable
miroir pour la culture Congolaise. Tout laisse à croire que les sites
possèdent un certain nombre de potentialités qui permettraient,
si elles sont soigneusement mises en oeuvre, de développer un tourisme
culturel respectueux de l'environnement. La marche à suivre est simple ;
il ne suffit pas seulement de protéger le patrimoine culturel mais aussi
et surtout d'y intégrer l'avenir de l'environnement dans son
exploitation ; donc tenir compte des politiques environnementales dans la
gestion du patrimoine culturel.
Pour la réalisation de ce projet, nous allons nous
associer au Ministère de la Culture dans sa mission de protéger
le patrimoine et de contribuer à son développement en partenariat
avec le ministère de l'environnement et bien d'autres structures et
ONGs.
4.2 Objectifs du projet
Compte tenu de l'importance du patrimoine culturel des sites
et de l'histoire qui y est rattachée, notre projet va s'appuyer sur
l'organe technique du Ministère de la Culture à savoir la
Direction du Patrimoine et des Archives, le Bureau Unesco en République
du Congo, les populations locales, les ONG, les institutions nationales et
internationales qui oeuvrent dans le même sens. L'objectif à
atteindre est double : assurer la protection du patrimoine culturel des sites
ainsi que de leur environnement, et améliorer les conditions de vie des
populations locales par un tourisme culturel, prenant en compte tous les
aspects de la préservation de l'environnement. Pour cela, il faut :
- Préserver les éléments culturels et
naturels des deux sites dans le but de créer un musée de plein
air.
- Assurer une protection effective des sites selon les normes
nationales et internationales de protection du patrimoine culturel et
naturel.
- Contribuer au développement des localités
abritant ces sites et à l'amélioration des conditions
de vie des populations locales.
- Former un personnel local capable de prévenir les
catastrophes et d'intervenir en cas
d'urgence tout en assurant un retour à la normale.
- Mettre en place un partenariat entre les Ministères de
la Culture, de l'Environnement et du
Tourisme en vue de protéger communément le
patrimoine culturel et l'environnement de manière plus efficace ; ceci
en vue d'aménager le site pour son exploitation touristique. Ce qui va
nécessiter une transversalité, une concertation, un dialogue et
un travail en réseau.
Pour cela, nous allons travailler avec le Ministère de
la Culture et ses partenaires à agir dans une logique de
développement durable, à intégrer cette logique au coeur
des politiques du ministère afin d'adopter un modèle de
protection basé sur la promotion des aspects environnementaux dans les
politiques de protection du patrimoine culturel.
La réalisation de nos objectifs apparaît comme
obligatoire car elle va permettre de sauver et de mettre en valeur les
potentialités culturelles et environnementales des sites d'une part, et
d'assurer la transmission de cette richesse pour l'avenir.
4.3 Durée du projet
Au regard de l'importance des travaux à
réaliser, les activités s'étaleront sur dix-neuf (19) mois
pour chaque site. Il est à noter que la population locale va constituer
l'essentiel de la main d'oeuvre dans l'ensemble des travaux à
réaliser ; c'est dire que sa participation sera indispensable.
4.4 Gestion et mise en oeuvre du projet
Étant donné que les deux sites
bénéficient d'une protection nationale31, nous allons
nous appuyer sur la Direction du Patrimoine et des Archives pour mettre en
place notre projet. Cet organe technique du Ministère de la Culture sera
notre relais entre les populations locales, les institutions
intergouvernementales et les ONGs de développement.
En effet, le renforcement de la protection de l'ancien port
d'embarquement des esclaves de Loango et du domaine royal de M'bé est
assuré par les lois n°8 et 9/2010 du 26 juillet 2010. Le premier
texte a le mérite de prévoir le classement et l'inscription
à l'inventaire les deux sites au patrimoine national (article 7), et de
les protéger à ce titre (article 8)). Le second a pour
principales incidences de les développer et les promouvoir (article 2),
de créer dans tous les chefs-lieux de département et de district
et dans chaque commune ou arrondissement, un centre culturel sous forme d'un
établissement public en vue d'assurer une protection de
proximité. Dans ce sens, le projet va se dérouler en quatre (4)
phases :
- La première phase va consister à sensibiliser
tous les partenaires (population locale,
collectivités territoriales, ONG, partenaires
financiers...) sur l'importance du projet en vue de sa réussite et
à la mise en place des partenariats avec les ONG nationales et
internationales oeuvrant dans le même sens. Cette action doit rester
permanente pour que tous les partenaires s'imprègnent du projet et y
portent un intérêt.
31 Loi n°8 du 26 juillet 2010 portant protection du
patrimoine national culturel et naturel au Congo
- La deuxième consistera à mettre en place une
équipe chargée de mener le projet. Cette équipe sera
composée des spécialistes en gestion du patrimoine culturel, en
environnement, des formateurs et des représentants de la population
locale.
- La troisième portera sur une formation en
restauration et en conservation préventive du personnel local qui sera
chargé d'assurer les travaux de protection des sites et de leur suivi.
La formation sera dispensée par les professionnels des ONG nationales ou
internationales avec lesquelles des partenariats seront mis en place.
- La quatrième phase sera celle de l'identification et de
la collecte du patrimoine ainsi que de
l'exécution des travaux de protection, de
réhabilitation, de conservation des sites et de leur patrimoine. Elle va
aussi porter sur la mise en place d'un système de gestion des deux sites
pour son exploitation. Il convient de noter que notre projet va mettre un
accent particulier sur la mise en place d'un cadre de concertation et de
sensibilisation entre les différents partenaires (population locale,
ministère de tutelle, ONG, partenaires financiers...). Cette phase nous
parait être la plus importante en termes d'activités à
mener ; c'est pourquoi elle nécessitera davantage de temps.
4.5 Les activités à réaliser
L'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango et le
domaine royal de M'bé sont deux sites très vastes ; il convient
avant tout de délimiter les zones sur lesquelles vont porter les
activités de réhabilitation et de protection en fonction des
priorités. Une fois les sites délimités, il sera
nécessaire d'assurer une large diffusion des normes juridiques sur la
protection du patrimoine culturel et naturel dans les deux sites. Dans ce sens,
il convient d'amener les autorités politiques nationales,
départementales et locales à faire une application effective des
textes réglementaires et de mettre en place un véritable cadre
juridique de protection du patrimoine. Parmi ces textes, on peut citer :
· Au niveau national :
- La loi 32/65 du 12 aoüt 1965 donnant à l'Etat la
possibilité de créer des organismes
tendant au développement de la culture et des arts.
- Le décret 68-45 du 19 février 1968 fixant les
modalités d'application de la loi 32/65 du 12
août 1965.
- La loi n°8-2010 du 26 juillet 2010 portant protection du
patrimoine national culturel et
naturel ;
- La loi n°9-2010 du 26 juillet 2010 portant orientation de
la politique culturelle en
République du Congo.
· Au niveau international
- La convention de l'UNESCO du 21 novembre 1972 sur la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
- La charte de la renaissance culturelle africaine du 24 janvier
2006.
- La convention pour la protection et la sauvegarde du
patrimoine immatériel du 17 octobre 2003 qui est en voie d'être
ratifiée par la République du Congo.
- La recommandation de l'UNESCO sur la sauvegarde de la culture
traditionnelle et populaire du 15 novembre 1989.
- La recommandation concernant la sauvegarde des ensembles
historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine du 26
novembre 1976.
- La recommandation concernant la préservation des biens
culturels mis en péril par les travaux publics ou privés du 19
novembre 1968.
- La convention UNIDROIT sur les biens volés ou
illicitement exportés du 24 juin 1995.
- La convention pour la protection des biens culturels en cas
de conflits armés du 14 mais 1954. En effet, les biens culturels en
période de conflit armé sont placés sous le régime
de protection consacré par les normes juridiques internationales. Les
plus pertinentes sont les suivantes :
- Le Règlement de La Haye, la convention pour la
protection des biens culturels en cas de conflit armé de mai 1954 et son
Protocole, le Deuxième Protocole relatif à la convention de mai
1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé ;
- La Résolution sur la Conférence
intergouvernementale sur la protection des biens culturels
en cas de conflit armé du 14 mai 1954.
Fort malheureusement, le constat en République du
Congo n'est guère satisfaisant. En effet, le Congo n'est partie à
aucun de ces instruments juridiques internationaux susmentionnés qui
sont pourtant les fondements de la protection des biens culturels en
période de conflits armés. Autrement dit, le Congo n'a ni
signé, ni ratifié lesdits textes. Le droit positif congolais
n'offre donc pas de garantie de protection aux biens culturels en cas de
conflits armés. Il faut donc amener les autorités à
ratifier ces instruments sans lesquels le patrimoine congolais restera soumis
à la destruction ou à la disparition en cas de guerre ou de
conflits armés. La démarche consiste à adopter des mesures
de sauvegarde et de respect indiquées aux articles 3 et 4 de la
convention de 1954, mesures laissées à la discrétion des
Etats. Dans la mise en oeuvre de ces dispositions, on garde à l'esprit
que les normes elles-mêmes prévoient les conditions dans
lesquelles un Etat ou une partie en conflit peut déroger à
l'obligation de protéger tous les biens culturels notamment dans le cas
d'une « nécessité militaire impérative. ». Il
s'agit donc d'une protection renforcée. D'autre part, il convient
d'établir un système efficace de répression basé
sur la responsabilité de l'Etat et de l'individu.
4.5.1 Les activités au port de Loango
Un inventaire du patrimoine est nécessaire sur les
deux sites car « on ne protège bien que ce que l'on connaît
bien » disait Albert Lucas, président de la Société
pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne dans les années
1960. Pour mieux protéger un patrimoine, il faut le connaître,
c'est pourquoi un inventaire du patrimoine culturel s'impose sur les deux
sites. Cette action a pour but de recenser, d'étudier et de
faire connaître le patrimoine. La loi congolaise
relative à la protection du patrimoine national culturel et naturel est
claire à ce propos ; elle oblige une inscription à inventaire
pour assurer la protection du patrimoine national32. La
méthodologie mise en oeuvre va consister à constituer pour chaque
pratique une masse documentaire homogène comprenant des dossiers
descriptifs, des plans, des photographies et une bibliographie au moyen d'une
grille d'analyse et de vocabulaires normatifs. Aussi, il sied de
préciser qu'il est nécessaire, avant
32 Articles 8 à 10 de la loi 8-2010 du 26 juillet 2010
portant protection du patrimoine national culturel et naturel
l'exécution de tout travail, de procéder
à une délimitation de la zone à inscrire et de la zone
tampon de façon à circoncire le bien à inscrire sur la
liste du patrimoine mondial.
Le port de Loango est fortement menacé du fait qu'il
borde la mer ; il est donc rongé par l'érosion marine. La cause
principale de l'érosion actuelle est due, selon toute
probabilité, au blocage du transit sédimentaire du sable du Sud
vers le Nord par le port de Pointe-Noire et les activités de dragage qui
y sont menées. Pour lutter contre cela, la solution la plus
évidente (et pas forcément la plus coûteuse si elle
était possible) sera donc de réinjecter de façon bien
étudiée le sable, en suivant l'axe depuis la Pointe indienne
jusque devant le site et audelà.
En même temps, il faudra rétablir le transit
littoral à partir du port de Pointe-Noire en réinjectant les
sables dragués au niveau du port (tous les ans ou tous les deux ans)
dans une zone de reprise du sable au Nord. Il s'agit d'opérations
courantes pour les spécialistes du dragage ; d'où la
nécessité d'ériger un important cordon littoral et contrer
les effets des vagues par de lourdes chaussées. Il conviendra donc de
mettre en place une ceinture de sécurité physique pour sauver
Loango. Pour cela, il faudra protéger le littoral par des enrobements
tout le long de la baie et mettre en place des épis perpendiculaires
entre les deux rangées.
D'autre part, il s'agira de réparer le
débarcadère et d'aménager la zone portuaire ; ce qui
constituera une opération assez simple si déjà
l'érosion marine est stoppée. Sur le site même, il est
à noter que la stèle qui est la place symbolique du départ
des caravanes nécessite d'être restaurée ; il en est de
même pour les sentiers des esclaves. Ces travaux seront
exécutés par la population locale qui aura subi la formation en
restauration et conservation.
Le cimetière de Loango, quant à lui, a presque
disparu de moitié à cause des éboulements provoquant des
ravins ; il faut donc entreprendre des actions urgentes qui consisteront
à remblayer les ravins et à canaliser les eaux de pluies pour
qu'elles n'atteignent plus le site de manière violente.
En outre, avec la collaboration des autorités
administratives locales et des propriétaires fonciers, des mesures
seront prises au niveau communautaire pour renforcer les textes juridiques
déjà existants : il s'agira donc d'amener les autorités
locales à prendre des arrêtés ou d'autres dispositions
contraignantes afin d'assurer une protection supplémentaire du site et
de définir les zones tampons afin d'avoir une meilleure protection des
biens culturels. Dans le même sens, il conviendra de réglementer
les projets de développement urbain afin que ceux-ci n'affectent pas
l'intégrité et l'authenticité du site. Par ailleurs des
travaux d'assainissement seront entrepris pour rendre le site plus accueillant,
plus accessible et plus visible.
4.5.2 Les activités au domaine royal de
M'bé
Ce domaine est menacé par les feux de brousse qui
parfois tournent au tragique lorsqu'ils atteignent l'habitat. En effet, les
paysans pratiquent encore la culture sur brûlis qui détruit
sérieusement le site dans son authenticité. D'autre part, il faut
souligner le déboisement des forêts sacrées par les
populations locales ; mais il faut tout de suite préciser que ces
pratiques tendent à disparaître avec l'entrée en vigueur du
code forestier interdisant l'abattage des arbres et la culture sur brOlis. En
effet, pour ce qui est des feux de brousse et les incendies de forêts,
l'article 138 du code forestier dispose que : « quiconque aura, par
imprudence, négligence, inattention ou inobservation des
règlements pris en application de la présente loi, causé
un incendie dans le domaine forestier permanent, sera puni d'une amende de
20.000 à 200.000 FCFA, d'un emprisonnement d'un an maximum ou
d'une de ces deux peines seulement »33.
L'article 140 du même code stipule que « quiconque aura
déboisé ou entrepris de déboiser, par quelque moyen que ce
soit, une parcelle de forêt en violation des dispositions de l'article 31
ci dessus ou des règlements pris en application de la présente
loi, sera puni d'une amende de 100.000 à 500.000 FCFA et/ou d'un
emprisonnement d'un à six mois34 ».
L'essentiel des activités va donc consister à
sensibiliser la population locale sur les méfaits de la pratique de
culture sur brûlis et du déboisement qui, non seulement
détruisent l'environnement, mais aussi appauvrissent le sol. Il
conviendra d'organiser des séances d'informations de façon
régulière afin de développer la conscience
environnementale de la population locale sur la gestion des feux et de
renforcer l'application de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000 portant
code forestier. Toutefois, il faut souligner que les résultats de
l'entrée en vigueur de cette loi se font déjà
ressentir.
Aussi, il nous a été donné de constater
que l'habitat traditionnel qui caractérisait la culture
Téké a disparu. Des recherches visant à comprendre le mode
d'occupation et d'organisation de l'habitat traditionnel vont être
initiées dans le but de le réintroduire. Les restaurations seront
donc réalisées avec des techniques traditionnelles de
construction sur la case royale et les autres édifices encore existants,
présentant un intérêt architectural ; notre intervention va
porter sur :
- La restitution des façades de l'époque et leur
maintien dans l'état où elles se trouvent afin de
rétablir l'unité du bátiment orignal ;
ce qui va nécessiter la consolidation des sous bassements et des
charpentes existantes.
- La consolidation des structures qui va consister en un
renforcement des éléments défaillants sans rien
détruire, dans le respect de l'intégrité du système
structural original. Il conviendra pour cette opération d'utiliser des
matériaux et des techniques traditionnelles.
- La prise et la mise en application des mesures de
conservation sur l'ensemble du site tant au niveau local qu'au niveau national
(arrêtés municipaux et préfectoraux).
- La reconstruction des parties manquantes sur les
édifices sélectionnés en respectant au mieux possible les
matériaux d'origine.
Cependant, il faut noter que les études techniques
préliminaires seront menées par un cabinet d'experts
spécialisé en architecture traditionnelle pour garder
l'authenticité du bâti et ne pas dénaturer les vieilles
constructions. Il faudra donc s'appuyer sur une documentation historique pour
procéder aux restaurations. Dans ce sens, avec la collaboration du
Gouvernement, des populations locales et du pouvoir royal, il conviendra
d'étudier la mise en place de pratiques culturales alternatives qui
permettront de mieux protéger les forêts et l'habitat traditionnel
du domaine royal. De plus, la mise en application effective de la loi 16-2000
du 20 Novembre 2000 portant Code forestier en République du Congo va
permettre de réduire fortement l'abattage des arbres dans le domaine
royal.
En tout état de cause, qu'il s'agisse du domaine royal
de M'bé ou de l'ancien port d'embarquement des esclaves de Loango, il
convient de mettre en place une véritable politique de conservation
préventive car les biens restaurés doivent être entretenus
de manière professionnelle par la suite afin qu'ils puissent
résister à la dégradation naturelle et humaine.
33 Article 138 de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000
portant code forestier en République du Congo
34 Article 140 de la loi n°16-2000 du 20 novembre 2000
portant code forestier en République du Congo
Pour ce qui est du patrimoine immatériel sur les deux
sites, Il nous appartiendra donc d'en assurer la collecte, la conservation, la
diffusion et la valorisation afin de le transmettre aux
générations futures. Ce travail se fera par la mise sous support
(cassettes, écrits, CD, films...), la constitution des archives et les
enquêtes ethnologiques pour recueillir cette tradition orale et
populaire, la pérenniser et la perpétuer. Pour cela, nous allons
procéder par :
- L'utilisation des supports d'informations modernes : disques
compacts, bandes magnétiques ;
- Des techniques de restauration des supports d'informations
modernes détériorés ou endommagés.
Ce travail va être mené en collaboration avec
des structures dynamiques de sauvegarde et de promotion du patrimoine
immatériel qui est une composante essentielle de la culture et donc de
l'identité locale. Dans ce sens, nous allons nous inspirer de
l'expérience des structures comme le Centre des Arts et du Récit
de Grenoble (CARG), le Centre de Littérature Orale de Vendôme
(CLIO) en France ; la Maison des Contes de Namur (MCN) en Belgique, l'Institut
du Patrimoine Culturel et le Musée de la mémoire vivante au
Québec. Il s'agira donc de nouer des partenariats avec ces
structures.
Les Téké disposent d'une grande connaissance de
la nature et de l'univers. C'est le cas de la médecine traditionnelle
(traitement des diverses maladies, la chirurgie traditionnelle, l'immunisation
du corps, etc.), la fabrication du sel, la fabrication des médicaments
traditionnels à partir des ressources forestières, etc. Il
convient donc d'assurer une transmission du savoir et du savoir-faire
Téké notamment l'artisanat traditionnel et la
tradithérapie dans le domaine royal de M'bé. Dans ce sens, il
convient de former les jeunes à la fabrication du raphia et de la
peinture ainsi qu'à la production des fixateurs pour la teinture
à base des ressources naturelles.
4.6 Les retombées du projet
Notre projet sera rentabilisé par la mise en place d'un
tourisme culturel durable. A cet instant, on pourra escompter des
retombées au plan culturel, socio-économique et
environnemental.
4.6.1 Sur le plan culturel
Il s'agit pour nous de protéger et d'assurer la
transmission aux générations futures de ce patrimoine qu'est le
port de Loango et le domaine royal de M'bé. Nous voulons aussi assurer
le rayonnement et la diffusion de la valeur universelle exceptionnelle des
sites au niveau international par leur inscription sur la liste du patrimoine
mondial de l'UNESCO bien qu'étant déjà sur la liste
indicative. En outre, une fois le site aménagé et ouvert aux
visites, nous envisageons un brassage des cultures. C'est l'occasion de faire
du tourisme une opportunité de rencontres, d'échanges, de
dialogue, de brassage inter culturel et de cohésion sociale. Par
ailleurs, le projet vise à sensibiliser la population locale à
réserver un accueil chaleureux aux touristes qui doivent à leur
tour respecter les us et coutumes de la localité: respect des normes
sociales, culturelles et religieuses des sites par les touristes. Aussi, ce
projet est un moyen pour la population locale de se réapproprier sa
mémoire collective tout en perpétuant le savoir-faire local. Le
tourisme permettra la modernisation des mentalités, le
développement de nouvelles aptitudes, la valorisation culturelle, le
maintien de la culture. Dans ce sens, les sites vont bénéficier
d'un rayonnement tant au plan national qu'international à travers le
tourisme.
4.6.2 Sur le plan socio-économique
Nous pensons mettre en place une politique d'emplois
liée à la protection des sites ; la population locale sera le
premier bénéficiaire non seulement du projet, mais aussi des
emplois générés par le projet et qui leur seront
accordés en priorité. En effet, celle-ci va constituer
l'essentiel de la main d'oeuvre pour la réalisation des travaux de
réfection, de réaménagement, d'assainissement, de
protection des espaces naturels et culturels et de reconstruction qui seront
effectués dans les sites. Ceci en vue de freiner le départ massif
des jeunes vers les villes et de faire revivre les localités qui
abritent ces sites. En outre l'inscription de ces sites au patrimoine mondial
permettra d'envisager des retombées économiques encore plus
importantes avec notamment l'affluence des touristes. Le tourisme sera
créateur d'emplois avec une main d'oeuvre essentiellement locale. Ici,
il s'agira de mettre l'accent sur le fait que la population locale soit le
premier bénéficiaire de ce projet dans le cadre de la main
d'oeuvre. En même temps, il faut préciser que notre projet va
favoriser le développement de l'économie locale par le
réinvestissement des ressources générées par le
tourisme dans d'autres projets communautaires comme la construction
d'écoles, des centres de santé, fontaines publiques ; ceci afin
d'améliorer le niveau de vie des populations locales. Dans ce sens, la
population locale sera amenée à commercialiser ses savoirs-faires
locaux ; ce qui nous permettra de lui faire bénéficier des
retombées touristiques; les artisans locaux vont faire évoluer la
conception de leurs produits artisanaux pour les adapter aux goûts de
leurs nouveaux clients.
4.6.3 Sur le plan environnemental
Notre travail est une contribution à la protection du
patrimoine culturel et à la gestion efficiente de l'environnement. Dans
ce sens, nous envisageons une politique de protection de l'environnement au
sein duquel se trouvent le port de Loango et le domaine de M'bé. En
effet, le tourisme et l'exploitation irresponsables du site et de son
patrimoine peuvent engendrer une dégradation du bien. Pour éviter
cela, des mesures de précaution, compensatoires et conservatoires seront
mises en oeuvre et évaluées pour limiter et compenser les impacts
du tourisme sur la qualité de vie des populations locales et sur
l'environnement. Notre projet de protection et de valorisation fera application
des trois indicateurs composites définis par l'OMT et qui sont
particulièrement bien adaptés à la mesure des coûts
et avantages écologiques de l'écotourisme. Il s'agit de :
- L'indicateur de capacité de charge qui
permettra de déterminer le nombre maximum de
touristes par site en tenant compte de l'intensité
d'utilisation en période de pointe.
- L'indicateur de perturbation de site qui permettra
de réaliser une mesure composite des
niveaux d'impact sur le site compte tenu des
particularités naturelles et écologiques.
- L'indicateur d'intérêt écologique qui
sera un outil devant permettre de mesurer les
particularités écologiques du site qui le rendent
attrayant pour l'écotourisme et qui peuvent
changer avec le temps et la fréquentation touristique.
Ces indicateurs ont pour rôle principal
d'établir une surveillance des sites et de leur patrimoine sur le plan
écologique et environnemental35. Pour y arriver, il faut donc
sensibiliser la population résidente à un effort d'assainissement
en encourageant le développement d'initiatives privées
entrepreneuriales de traitement d'ordures et de déchets. En amont, un
accent sera mis sur l'information des touristes quant à l'interdiction
de l'utilisation des déchets nocifs et toxiques dans et autour du site.
De même seront encouragés les visites guidées
35 Compte rendus d'ateliers sur les indicateurs de l'OMT -
www. unwto.org
pédestres, le réseau de véloroutes et
voies vertes afin de réguler l'accès des touristes, de
préserver l'intégrité des sites et de limiter les
dégâts environnementaux.
Cependant, il faut noter la nécessité pour les
deux Ministères (Culture et Environnement) de travailler en
transversalité afin que tous les aspects soient pris en compte.
Tableau 1 : Déroulement des activités sur
19 mois pour chaque site.
Nature des activités
|
Durée
|
Recherche de financement
|
3 mois
|
Sensibilisation des communautés locales, des
autorités locales et administratives
|
Permanente
|
Identification des représentants des
communautés, des détenteurs du savoir et du savoir-faire
traditionnels, des personnes ressources
|
1 mois
|
Formation et mise en place de l'équipe chargée
de piloter le projet
|
2 mois
|
Identification et collecte du patrimoine culturel dans le
site
|
3 mois
|
Formation de la main d'oeuvre
|
2 mois
|
Achat de matériel
|
1 mois
|
Exécution des travaux de restauration et de
protection
|
7 mois
|
Suivi et évaluation des activités
|
Permanente
|
|
Il sied de noter qu'un accent particulier sera mis sur la
sensibilisation de la population locale en vue de la réussite du projet.
Il conviendra pour nous de mettre d'accord tous les concernés et de
convaincre les plus sceptiques pour éviter les retards dans
l'exécution des travaux et dans le financement. Cette sensibilisation
doit être permanente et elle va consister à expliquer à
tous le bien fondé du projet. Ainsi, une fois tous les partenaires
associés, nous pouvons envisager de mettre en oeuvre notre projet.
Cependant, il faut préciser que ces travaux doivent
ètre exécutés en vue de l'inscription des sites au
patrimoine mondial de l'UNESCO. Pour cela, notre travail va contribuer à
l'élaboration du dossier final qui sera présenté à
l'UNESCO pour l'inscription des sites au patrimoine mondial. Le travail
d'élaboration du dossier final portera sur le bien à inscrire
lui-même ; il faudra donc procéder, pour les deux sites à
:
· L'identification pour donner une description
géographique du pays et de la région et de la localité
dans lesquels se situe le bien ainsi que la délimitation de la zone
d'inscription et de la zone tampon évaluée en hectare. Elle est
accompagnée des cartes, plans et nom du bien.
· La description du bien pour faire un état :
- Des conditions géologiques exceptionnelles et des
enjeux économiques, humains et politiques indispensables dans la vie
quotidienne d'antan.
- De l'historique et du développement mettant en relief
l'historique des sites et son état
actuel ;
· La justification de l'inscription pour exposer :
- Les critères selon lesquels l'inscription est
proposée. En effet, le domaine royal de M'bé est
sur la liste indicative selon les critères (v) et (vi)
et l'ancien port de Loango l'est selon le critère (vi). Le
critère (v) exige que le site soit « un exemple éminent
d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du
territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une ou des cultures,
ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand
celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation
irréversible ». Le critère (vi) mentionne que le site «
doit être directement ou matériellement associé à
des événements ou des traditions vivantes, des idées, des
croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une
signification exceptionnelle universelle. L'ancien port d'embarquement des
esclaves de Loango possède, à ce jour, les principaux vestiges
qui témoignent encore de l'importance du site comme point d'embarquement
des millions d'esclaves. Le domaine royal de M'bé quant à lui
illustre un exemple imminent de l'interaction du peuple Téké avec
son environnement, un mode de vie ayant résisté à toutes
les mutations.
- Le projet de déclaration de valeur universelle
exceptionnelle qui expose l'importance que
revêt le site ; une importance d'amplitude
chronologique au cours de laquelle a perduré les deux cités
royales. Cela est illustré pour le port de Loango par le fait qu'il a
été témoin de ce commerce inhumain qu'est la traite de
nègres et pour le domaine de M'bé par des croyances et traditions
vivantes qui ont permis à cette entité de résister aux
continuelles mutations modernes.
- L'analyse comparative en référence à
d'autres sites déjà classés patrimoine mondial ; en
l'espèce le port de Loango peut être comparé à la
route de l'esclave de Ouidah au Bénin et le domaine de M'bé aux
palais royaux d'Abomey toujours au Bénin.
- L'intégrité et /ou l'authenticité du site
qui doit faire ressortir l'état original actuel des sites et
détermine si ceux-ci ne sont pas affectés,
menacés de destruction ou de disparition.
· L'état de conservation du bien pour constater
la conservation actuelle et les facteurs affectant le bien. Il faut, en effet
noter, que le port de Loango est menacé par l'érosion marine et
le domaine de M'bé par la culture sur brUlis et la
déforestation.
· La protection et la gestion du site est, à
notre avis, le point sur lequel un accent particulier sera mis ; celle-ci devra
faire mention :
- Du droit de propriété dont dispose les
communautés locales, renforcé par les différentes
protections de l'Etat depuis leur inscription sur la liste
indicative.
- De la mise en place des Zones de Protection du Patrimoine
qui délimitent un périmètre de protection patrimoniale
devant servir à l'élaboration de la zone tampon et de la zone
à inscrire pour l'UNESCO.
- De la protection des sites à titre de patrimoine
national (loi n°8 et 9 du 26 juillet 2010
précitées) et leurs différents
inventaires supplémentaires à ce titre. Les moyens d'application
des mesures de protection devant se référer à la
législation en vigueur tant au plan national qu'international. Aussi, il
conviendra de mettre en oeuvre un plan de gestion du bien, de tenir compte des
enjeux de sauvegarde du patrimoine, de développement et de
l'environnement.
- Des compétences requises pour la conservation, la
protection, la valorisation et l'entretien
du site qui relèveront des services de l'Etat qui en
assureront le contrôle.
- De l'appel à partenariat dans le cadre du financement en
vue d'obtenir l'engagement de tous les partenaires.
- Des aménagements dans le site en vue non seulement
d'améliorer les conditions générales d'accueil des publics
(panneaux de signalisation routière, espace de stationnement, circuit et
parcours touristiques...) mais aussi l'accueil en hébergement et
restauration autour des sites (hôtels, chambres d'hôtes,
gîtes, camping...).
4.7 Les partenaires de financement
Au niveau national
L'imminence de protéger et de mettre en valeur les deux
sites n'est plus à prouver vu l'état de délabrement dans
lequel ils se trouvent ; elle s'impose même. Pour réaliser notre
projet, nous aurons comme partenaire de financement : l'Etat Congolais
(à travers le Ministère de la Culture et plus
précisément la Direction du Patrimoine et des Archives), les
collectivités locales, les institutions internationales et les
institutions de coopération bilatérale.
4.7.1 L'Etat Congolais
Les sites sur lesquels nous travaillons
bénéficient d'une protection nationale; c'est donc dire que le
projet sera, pour une large part, financé par l'Etat Congolais à
travers le Ministère de la Culture. Notre projet va ainsi s'inscrire sur
les axes prioritaires compte tenu de l'urgence des travaux à
réaliser et dans l'optique de l'inscription des sites au patrimoine
mondial.
4.7.2 Les collectivités locales
développement de leur contrée. Il s'agit aussi
d'amener les autorités locales à axer leur politique de
développement sur le patrimoine culturel et partant sur le tourisme. A
coté des autorités locales, il y a les membres de la cour royale
de M'bé et de Loango qui sont des partenaires incontournables et doivent
être impliqués dans le projet.
Au niveau international
4.7.3 Les institutions internationales
Les institutions intergouvernementales
L'appel à collaboration et au financement sera
lancé auprès des institutions comme :
- L'UNESCO et le Centre du patrimoine mondial dans le cadre du
projet « La route de l'esclave », lancé en 1994.
- Le PNUD, l'Union Européenne (UE) à travers «
le Programme culture » qui vise à encourager la connaissance et la
préservation des biens culturels.
- L'Union Africaine (UA), la Banque Mondiale.
Les ONG internationales
- La Fondation Getty
- L'ICOMOS
- L'ICROM - France et le Bouclier Bleu
4.7.4 Les institutions de coopération
bilatérale
L'Ambassade de France au Congo à travers le Fonds Social
de Développement (FSD), outil de mise en oeuvre locale permettant le
financement des microprojets de développement au plus près des
populations.
- L'Ambassade des USA au Congo
- La coopération Allemande
- Le Musée des Techniques et de Cultures Comtoises - La
coopération Chinoise.
4.8 Les prévisions financières
Tableau 2 : Prévisions budgétaires pour
chaque site
Désignation
|
Coût total en CFA
|
Partenaires financiers (77%)
|
Collectivités locales (20%)
|
Populations locales
(3%)
|
Travaux de protection et de Restauration
|
6.000.000
|
5.000.000
|
1.000.000
|
0
|
Formation de la main d'oeuvre et de l'équipe
dirigeante
|
1.600.000
|
1.000.000
|
320.000
|
280.000
|
Achat matériel
|
3.000.000
|
2.400.000
|
600.000
|
0
|
Salaires prévisionnels
|
1.650.000/Mois x 19 mois de travaux =3135000
|
25.327.000
|
6.080.000
|
0
|
Total A
|
38.630.000
|
33.727.000
|
8.000.000
|
280.000
|
Imprévus (10% de total A)
|
3.863.000
|
3.372.700
|
800.000
|
28.000
|
Total général
|
42.493.000
|
37099000
|
8.800.000
|
308.000
|
Total général 42.493.000
|
Le budget prévisionnel est arrêté à
la somme de quarante-deux millions quatre cent quatre-vingt treize
mille (42.493.000) francs CFA soit soixante quatre mille sept cent soixante
quinze (64.775) euros. Il sera supporté en grande partie par
l'Etat Congolais dans sa politique de protection, de revalorisation, de
diffusion et de développement du patrimoine culturel ainsi que par les
partenaires internationaux. Ce budget reste approximativement le même
pour les deux sites compte tenu du fait que les travaux à
réaliser sont de même nature : formation de la main d'oeuvre,
aménagement, restauration, protection...
Ce tableau illustre une répartition de financement
selon les différents partenaires ; ainsi, les partenaires internationaux
et l'Etat participent à hauteur de 77%, les collectivités locales
à 20%, et les populations locales à 3% sur l'ensemble du
budget.
Conclusion
Dans le cadre de la politique de protection du patrimoine
culturel mise en place par le Congo, notre mémoire se présente
comme un élément à la contribution de la réussite
de cet objectif. Au terme de ce travail, nous pouvons dire que le port de
Loango et le domaine de M'bé sont des sites qui présentent des
véritables potentialités culturelles ; lesquelles favoriseront un
tourisme durable si elles sont exploitées en tenant compte des aspects
environnementaux.
Dans ce sens, notre projet va contribuer non seulement
à la protection de ces sites mais aussi à l'amélioration
des conditions de vie des populations locales qui seront prises en compte dans
l'exploitation et la valorisation des sites. Mais, malgré ces
potentialités, les sites rencontrent des problèmes de protection
; d'où leur dégradation. Ce constat nous a amené à
faire une proposition de contribution à la protection du patrimoine
culturel et à la gestion de l'environnement. Notre travail fait une
restitution partielle de la situation des deux sites et propose un projet de
valorisation et de protection.
En effet, la République du Congo s'est approprié
l'objectif d'assurer la protection et la promotion de son patrimoine culturel
dès la sortie des indépendances, les premiers textes y relatifs
étant la loi 32/65 du 12 août 1965 et le décret
n°68/45 du 19 février 1968. L'article 1er de ce
décret dispose que : «la sauvegarde du Patrimoine Culturel et
Artistique Congolais est un devoir national. Les témoins de
l'héritage collectif de la Nation congolaise doivent être
préservés de la destruction volontaire ou de la destruction
naturelle. Un témoignage rare et représentatif de cet
héritage doit être obligatoirement conservé au Congo
». Ces deux textes sont le point de départ de la politique
culturelle congolaise post indépendance. Depuis cette période la
législation sur la protection du patrimoine culturel a pris tout son
sens car le pays a multiplié les textes et aujourd'hui les
professionnels du patrimoine culturel disposent d'outils de protection assez
riches et variés pour assurer une protection adéquate. Le
problème reste cependant l'application effective des ces mesures ; c'est
pourquoi notre projet met un accent sur une sensibilisation et une large
diffusion des normes juridiques de protection du patrimoine culturel et naturel
dans les sites concernés d'une part et sur leur inscription au
patrimoine mondial d'autre part. Pour en arriver là, nous nous sommes
inspirés de l'expérience acquise en stages tant aux MTCC qu'au
Bureau UNESCO de Brazzaville. Ces stages nous ont permis :
- De prendre connaissance de tout le travail effectué en
amont de l'inscription d'un site au
patrimoine mondial.
- De débattre sur la problématique liée
à la gestion d'un site classé par l'UNESCO après son
inscription.
- De rencontrer des professionnels du patrimoine culturel
capables de soutenir notre projet ou
d'y apporter toute autre forme d'expertise.
- De prendre connaissance des mécanismes de fonctionnement
de la procédure d'inscription des sites par l'UNESCO.
Certes, il faut reconnaître que la mise en place du
projet n'est pas aisée en raison de l'ampleur des travaux à
réaliser, mais notre détermination et notre conviction sont
telles que le doute n'est pas permis. L'ancien port d'embarquement des esclaves
de Loango et le domaine royal de M'bé sont des sites qui
présentent autant de potentialités culturelles qui n'attendent
qu'à ètre valorisées.
La culture est un vecteur de paix et de stabilité ;
elle constitue un élément d'identification d'un peuple. Mais sa
valorisation doit tenir compte de l'environnement. De ce fait, nous pouvons
dire que la protection du patrimoine culturel doit supposer celle de
l'environnement ; en effet, les deux actions doivent être liées
pour profiter aux générations futures ; ce qui permet
d'intégrer le développement durable dans notre démarche.
Si le développement durable est « un développement qui
répond aux besoins des générations du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs » (Rapport Brundtland de 1987), nous devons
faire intervenir et mettre en avant la capacité de mieux gérer le
patrimoine culturel en vue de le de transmettre par la suite.
Notre projet envisage une interaction entre les deux pour
faire profiter à la population détentrice des sites des
retombées du projet. Il vise donc un développement local avec une
valorisation des savoirs et des savoirs-faires traditionnels.
En réalité, nous sommes partis du fait selon
lequel le patrimoine culturel est une richesse et une richesse exploitée
à bon escient entraine un développement des conditions de vie de
la population locale. C'est pourquoi, le père de la négritude,
Léopold Sédar Senghor disait « la culture est au
commencement et à la fin du développement36 ».
L'ancien port d'embarquement des esclaves et le domaine royal
de M'bé sont des témoins de l'histoire Congolaise et voire
même Africaine en ce sens où le premier a vu embarquer, pour les
Amériques, des millions d'africains et le second a su résister
aux mutations et changements du temps. Il s'agit donc pour nous de revaloriser
ces sites avec la nécessité d'assurer la protection du patrimoine
culturel et de l'environnement.
36 Cité par Gaston Agboton in culture des peuples, Paris
présence africaine, 1997, p11
5 Références bibliographiques
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Congo déchainé et indépendant » le 29 septembre
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Avis, Rapports, Orientations, Recommandations et
Conventions
Avis de l'ICOMOS sur le dossier d'inscription des Salines de
salins les Bains au patrimoine mondial en extension à la saline royale
d'Arc - et - Senans.
Conservation et recommandations de l'UNESCO relatives à la
protection du patrimoine culturel, réédition de 1987.
Conservation et recommandations de l'UNESCO relatives à la
protection du patrimoine culturel, réédition de 1987.
Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine
immatériel du 17 octobre 1972.
Convention de l'Unesco sur la protection des biens culturels en
cas de conflit armé (protocole de 1954 et de 1999).
Convention de l'Unesco sur la protection du patrimoine mondial,
culturel et naturel du 16 novembre 1972.
École nationale du patrimoine. Patrimoine culturel,
patrimoine naturel. Colloque Paris 12 et 13 décembre 1994.
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ICOMOS - UNESCO « évaluation des biens culturels x
33ème session ordinaire de l'UNESCO 22 - 30 juin 2009
Séville - Espagne.
ICOMOS France - Actes de la conférence « Accueil,
Aménagement et gestion dans les grands sites x, Arles - France mars
1999.
Orientations devant guider la mise en oeuvre de la convention du
patrimoine mondial. Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO. 2008
Rapport de Brundtland publié en 1987 par la Commission
mondiale sur l'environnement et le développement des Nations Unies.
Recommandation de l'Unesco sur la protection des biens culturels
immobiliers du 28 novembre 1978. Recommandation de l'Unesco sur la sauvegarde
de la culture traditionnelle et populaire du 15 novembre 1989.
6 Sitographie
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www.unesco.org consulté le 5
janvier 2010
-
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www.pnue.org consulté le 10
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www.culture-gouv.fr
consulté le 5 janvier 2011 -
www. icrom.org consulté le 22
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consulté le 10 mars 2011 -
www.royaumeloango.org
consulté le 22 décembre 2009 -
www.bateke.com consulté le 02
novembre 2009
-
http://congo-dechaine.info
consulté le 23 juin 2010
7 Liste des illustrations des deux sites Illustrations :
images des sites en leur état actuel L'ancien port de Loango
Illustration 1 : La baie de Loango menacée par
l'érosion marine et la stèle place symbolique du départ
des caravanes et le grand marché de toutes les transactions.
Illustration 2 : le sentier emprunté autre fois par les
esclaves pour embarquer et le cimetière de Loango disparu de
moitié à cause de l'érosion marine
Illustration 3 : le site de Loango (vue de loin) et les trois
manguiers qui servaient de comptoirs avant le rituel autour de l'arbre de
l'oubli.
Le domaine de M'bé
Illustrations 4 : Habitat traditionnel Téké
Illustration 5: La stèle de M'bé symbolisant le
lieu où les hommes de Brazza ont massacré ceux de Roi
Mbaïndele et le feu de brousse : véritable menace du site.
Sources :
http://cooperationaucongobrazzaville.midiblogs.com
http://www.congopage.com/Sauvegarde-du-patrimoine-La-baie
Bureau UNESCO de Brazzaville.
8 Annexes
Décret n° 68/45 du 19 février 1968
fixant les modalités d'application de la loi 32/65 du 12 aout
1965. Congo (Brazzaville)
Décret n° 68/45 du 19 février 1968 fixant les
modalités d'application de la loi 32/65 du 12 août 1965 LE
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L'ETAT
Sur la proposition du Ministre de l'Information, chargé de
la Jeunesse et des Sports,
de l'Education Populaire, de la Culture et des Arts ;
Vu la Constitution du 8 décembre 1963 ;
Vu la loi 32/65 fixant les principes généraux de
l'Enseignement, notamment en son article 5 alinéa 2 relatif à la
création d'organisme tendant au développement de la Culture et
des Arts, notammen t des Musées ;
Le Conseil des Ministres entendu ;
DECRETE :
CHAPITRE I - DISPOSITIONS GENERALES
Article 1er : La sauvegarde du Patrimoine Culturel et
Artistique Congolais est un devoir national. Les témoins de
l'héritage collectif de la Nation congolaise doivent être
préservés de la destruction volontaire ou de la destruction
naturelle. Un témoignage rare et représentatif de cet
héritage doit être obligatoirement conservé au Congo.
Article 2 : Les témoignages de l'héritage
culturel et artistique national dont la conservation doit être
assurée sont non seulement des objets d'art et d'artisanat, les objets
rituels, mais aussi tous les objets, documents et sites évoquant
l'ensemble de la vie des sociétés congolaises du passé.
CHAPITRE II - MUSEE NATIONAL
Article 3 : Il est créé un Musée sis
à Brazzaville.
Article 4 : Le Musée National est un service d'Etat,
fonctionnant selon les règles de droit public et ayant à sa
tête un Conservateur placé directement sous l'autorité de
la Culture et des Arts. Le Conservateur dispose pour remplir ses fonctions des
services spéciaux dirigés par des Conservateurs- adjoints.
Article 5 : Lorsque les conditions le permettront, le
Musée National pourra créer des annexes régionales.
Article 6 : Le Musée National a pour mission d'assurer
la collecte, la conservation, l'interprétation des témoignages du
passé. Il exerce également les fonctions de recherche dans les
domaines de l'archéologie, de l'histoire, de l'anthropologie culturelle
et autres, et une mission d'éducation par les moyens d'exposition.
Article 7 : Le Conservateur est responsable de la
préparation du projet du budget qui comporte les dépenses de
fonctionnement des services, l'achat des collections, l'aménagement des
expositions, la publication des brochures, les frais de missions de collecte et
de recherche. Le Musée National peut recevoir des donations et
échanger des pièces.
Ulrich Kévin KIANGUEBENI - Université Senghor 2011
CHAPITRE III - CONSEIL SUPERIEUR
Article 8 : Il est créé un Conseil
Supérieur du Musée National, qui assiste le Ministre de ses avis
sur toutes les questions concernant le Musée. Le Conservateur assiste
aux réunions avec voix consultative. Le Directeur de la Culture et des
Arts est le Secrétaire Permanent du Conseil Supérieur.
Article 9 : La liste des membres du Conseil Supérieur du
Musée National est publiée au journal officiel.
Article 10 : Les administrateurs doivent jouir de leurs droits
civils et politiques et n'avoir encouru aucune condamnation à peine
afflictive ou infamante. Tout membre qui perd la qualité en raison de
laquelle il a été désigné ou au mandat duquel il
est mis fin par l'autorité qui l'a désigné doit être
remplacé dans les 3 mois.
Article 11 : Le Conseil Supérieur du musée National
est présidé par le Ministre chargé de la Culture et des
Arts ou son représentant.
Le Conseil est composé des personnalités choisies
à raison de leur compétence artistique ou culturelle et
désign ées comme suit sur la proposition des organismes qu'ils
représentent:
1 membre désigné par le Président de la
République, chef de l'Etat 1 membre désigné par le Bureau
Politique
1 membre désigné par le Ministre de la Culture
et des Arts 1 membre désigné par le Ministre de l'Education
Nationale 1 membre désigné par le Ministre de la Justice
1 membre désigné par le Ministre du Travail
1 membre désigné par le Ministre chargé de
l'Industrie
1 membre désigné par le Ministre des affaires
étrangères 1 membre désigné par le Ministre de la
Santé Publique
1 membre désigné conjointement par la CSC et
l'Union Révolutionnaire des femmes congolaises
1 membre désigné par la Municipalité de
Brazzaville
1 membre désigné conjointement par l'ORSTOM et
IRSC
1 membre désigné par le Centre d'Enseignement
Supérieur de Brazzaville
1 membre désigné par la Commission Nationale de
l'UNESCO 1 membre désigné par l'Union Nationale des Artistes
congolais.
Article 12 : Les membres du Conseil Supérieur sont
nommés par arrêté du Ministre chargé de la Culture
et des Arts. Le Conseil se réunit obligatoirement deux fois par an en
juin et en décembre. En outre le Conseil se réunit chaque fois
qu'il est utile sur la convocation de son Président et chaque fois que
la demande en est faite par la moitié au moins de ses membres. Un membre
du Conseil peut se faire représenter par un autre membre par
procuration.
Article 13 : La présence de 8 Administrateurs au moins
est nécessaire pour que le Conseil puisse délibérer
valablement. Si cette condition n'est pas remplie, le conseil supérieur
est à nouveau convoqué dans un délai qui ne peut
être inférieur à 3 jours ni supérieur à 10
jours. Dans cette seconde réunion, les délibérations sont
valables, quel que soit le nombre des présents, mais elles ne peuvent
porter que sur les questions mise à l'ordre du jour de la
première réunion. Les délibérations sont prises
à la majorité des membres présents ou
représentés. En cas de partage, la voix du Président est
prépondérante. Les délibérations sont
constatées par les procès-verbaux inscrits sur un registre
spécial et signés par le Président et le secrétaire
Permanent.
CHAPITRE IV - POUVOIRS
Article 14 : Proposition de nomination ou de révocation du
personnel autre que celui relevant directement du conservateur :
Préparation de la réglementation des conditions
générales de vente d'oeuvres artistiques à
l'intérieur de la République et application de cette
réglementation directement ou avec le concours d'agents de l' Etat ;
Propositions d'Etablissement des Musées Régionaux
;
Préparation de la réglementation de la protection
d'objets présentant un caractère historique et ancestral et
application de cette réglementation directement ou avec le concours
d'agents de l'Etat ;
Préparation de la réglementation de l'exportation
d'objets culturels et artistiques ; Examen du projet de budget;
Article 15 : L'exportation ou la destruction de tout objet
historique est interdite. Les contrevenants qui auront emporté ou
détruit volontairement un objet à caractère historique ou
ancestral seront punis d'un emprisonnement maximum de 10 jours, d'une amende de
5000 à 36000 francs ou les 2 à la fois. Toutefois, l'exportation
d'objets à caractère culturel ou artistique ne présentant
aucun caractère ancestral ou historique pourra être
autorisée. Cette autorisation résultera de l'apposition d'une
estampille du Musée National.
CHAPITRE V - LE CONSERVATEUR
Article 16 : Le Conservateur doit être à la fois un
scientifique spécialisé dans la discipline autour de laquelle
s'organise le Musée, un muséologue au courant des méthodes
et
techniques muséales, un administrateur gérant des
biens et du personnel.
Il est nommé par décret sur la proposition du
Ministre de la Culture et des Arts. Il propose aux autorités
compétentes la nomination et la révocation du personnel.
Il assure sous sa responsabilité, la direction des divers
départements du Musée. En cas d'absence ou d'empêchement du
Conservateur, ses attributions sont exercées par le
Conservateur-Assistant.
Article 17 : Lorsque des Musées régionaux seront
créés dans des centres tels que Pointe-Noire, et Dolisie, la
direction sera assurée par un Conservateur-Assistant Principal
placé sous l'autorité du Conservateur du Musée
National.
Article 18 : Le Ministre chargé de la Culture et des
Arts, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et du travail, le Ministre de
l'Education Nationale, le ministre des Finances, du budget et des Mines, sont
chargés chacun en ce qui le concerne de l'exécution du
présent décret qui sera enregistré et publié au
Journal Officiel.
Fait à Brazzaville, le 19 février 1968
Loi n° 8 - 210 du 26 juillet 2010 portant protection
du patrimoine national culturel et naturel en République du
Congo.
Loi n° 9 - 2010 du 26 juillet 2010 portant
orientation de la politique culturelle en République du
Congo.
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