L'énergie et le processus de mise en valeur du Cameroun français (1946-1959)( Télécharger le fichier original )par Moà¯se Williams Pokam Kamdem Université de Dschang - Maitrise 2007 |
RESUMEDès 1945, l'empire colonial français, dont la France métropolitaine et le Cameroun, connut un vaste défi énergétique. Il s'agissait, en effet, de faire face aux besoins engendrés d'une part au cours de la Reconstruction d'après guerre et d'autre part, par le plan d'équipement de 1946. L'énergie, de par son rôle capital dans le développement économique et le progrès social, allait ainsi constituer une orientation majeure du processus de mise en valeur systématique de l'Outre- mer. Au Cameroun spécifiquement, cette initiative s'est appuyée sur l'effort mené à partir de 1888 par les Allemands et sur les différentes réalisations répertoriées sous le mandat français. Dès 1946 alors, de nombreuses initiatives avaient été prises, allant d'un apport considérable en capitaux à la constitution de sociétés de recherche et d'exploitation. La recherche d'énergie privilégia deux axes : le premier concernait l'apport en énergie électrique, symbolisé par la construction du barrage d'Edéa pour booster à la fois l'activité industrielle et l'électrification générale du Territoire. Le second se focalisait sur les énergies fossiles et minérales à savoir les hydrocarbures, devenus principale source d'énergie à travers le monde, et l'uranium vulgarisé dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale. ABSTRACTBy 1945, energy became an important issue in France, Cameroon and the French colonial empire in its whole. This was due to the huge needs generated by the Reconstruction after the Second World War, and to those generated by the plan of equipment launched in 1946 in French territories. That is why energy, which plays a capital role in economic development and social progress, became a major orientation in French colonial economics. In Cameroon precisely, prospecting of energy was based in a first hand on the efforts made during German administration and in another hand on those made during French mandate. Globally, from 1946 some measures were taken among which a considerable financial investments and the creation of enterprises to prospect and produce energy. The production of electricity and also the prospecting of oil and uranium, which both emerged during the Second World War, were the two initiatives taken in the energy sector.
INTRODUCTION GENERALE Sujet de l'économie, de l'écologie et bien évidemment de la physique, l'énergie l'est devenue depuis quelques décennies pour l'histoire : certes l'histoire de l'énergie est encore largement confinée dans l'histoire économique. La place prépondérante qu'occupe l'énergie à travers le monde et l'activité humaine pousse les disciples de Clio à s'intéresser davantage à ce sujet. En effet : L'énergie est un élément clé de l'évolution des sociétés humaines et sa maîtrise a permis d'améliorer les conditions de vie, de développer les activités industrielles ainsi que les transports. L'exploitation des différentes sources, l'amélioration des rendements et des modes de distribution, la croissance de la consommation marquent l'histoire de l'énergie, qui est intimement liée à celle des sciences, des techniques et des modèles socioéconomiques.1(*) D'ailleurs, l'actualité ne manque pas de référence à ce sujet ; les développements récents de la géopolitique, de la stratégie et de l'économie mondiale en sont imprégnés. On note le développement de techniques d'utilisation civile du nucléaire ; les stratégies américaine, chinoise et européenne de diversification de leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbures, qui aboutissent à une tentative de remodelage de l'ordre établi dans le Golfe persique et un rush vers le Golfe de Guinée ; les tensions entre la Russie et les pays de la Communauté des Etats Indépendants au sujet de leur approvisionnement en gaz, entre autres. Au Cameroun spécifiquement, les années 2000 ont vu la mise en oeuvre et le lancement de nombreux projets énergétiques. Parmi ceux-ci, la centrale à gaz de Kribi qui pourrait permettre enfin d'exploiter les ressources gazières du pays ; les projets de barrages- réservoirs ou hydroélectriques de Memvé'ele, de Nachtigal et de Lom-Pangar ; la multiplication des centrales thermiques et un recours croissant à l'énergie solaire. Dans une perspective historique cependant, il nous a semblé intéressant de greffer cette thématique de l'énergie au récent débat sur "le rôle positif de la colonisation"2(*) française, et d'en forcer ainsi une approche économique. Henri Isnard mentionnait d'ailleurs dans ce cadre que : "C'est autour de l'économie que s'organisèrent les relations structurelles qui définissent le système colonial..."3(*). La fin de la Deuxième Guerre mondiale a marqué un revirement des économies coloniales, avec implication plus remarquée des métropoles. Dans le giron français, la loi du 30 avril 1946 lançait les plans d'équipement et de développement des territoires d'outre-mer. Le bras financier de cette initiative était le Fonds d'Investissement pour le Développement Economique et Social (FIDES). La propagande économique tendait alors à appréhender les réalisations des plans d'équipement comme le résultat de l'efficacité de l'intervention économique de la métropole dans ses territoires d'outre-mer4(*). La vision commune est pourtant que la France avait exploité rationnellement ceux-ci. Ce à quoi Jean Fourastié s'oppose : ... la France, déclare-t-il, a pu se procurer, non par vol ou par conquête comme on l'a prétendu, mais par un acte d'achat qui se situait parfois nettement au-dessus du prix de revient, toutes les matières premières et toute l'énergie mécanique nécessaires à sa croissance économique.5(*) Les plans camerounais issus de l'initiative de planification avaient porté entre autres sur l'infrastructure de communication, sur la recherche minière et sur les mesures d'incitation à l'industrialisation ; on pourrait alors ouvrir un chapitre sur l'énergie. Le bihebdomadaire Radio-presse commentant en effet, lors de l'inauguration du barrage d'Edéa : "la recherche de l'énergie est depuis longtemps le souci des pionniers qui ont pensé à mettre en valeur les territoires africains".6(*) Nous nous intéressons donc dans ce travail à "L'énergie dans le processus de mise en valeur du Cameroun français". C'est ici le lieu d'apporter certaines clarifications conceptuelles. " L'énergie " peut être perçue comme la force qui permet de fournir du travail ou d'engendrer des effets externes. La chaleur que dégage le feu et qui fait bouillir la marmite, le vent qui fait tourner le moulin, le carburant ou le charbon qui en se consumant permet de faire avancer l`automobile ou la locomotive, le courant électrique qui permet de faire fonctionner les lanternes, voilà prosaïquement quelques manifestations de l'énergie. Capitale pour le développement économique et le progrès social, l'énergie est un produit polymorphe7(*). On distingue les énergies traditionnelles (bois, charbon, déchets animaux et végétaux ...) et d'énergies modernes ou commerciales (houille, produits pétroliers, électricité...)8(*). Cependant, nous ne retenons dans ce travail que les énergies modernes, dont l'introduction est associée à la colonisation. La "mise en valeur", quant à elle, est une notion difficile à définir. On l'associe souvent à la définition de la "colonisation". En effet, la mise en valeur a suivi l'acquisition et la répartition des territoires sous domination. En septembre 2006, la présentation de l'édition 2007 du Petit Robert suscita un vif débat en France. La colonisation y est définie comme la "Mise en valeur. Exploitation des pays devenus colonies"9(*). Deux associations, le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), et le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP), dénoncèrent cette définition et exigèrent le retrait de cette édition, ainsi que des précédentes10(*). La controverse portait notamment sur la notion de "mise en valeur" ; celle-ci suppose que les territoires mis en valeur étaient jusque-là délaissés, des terres vacantes ; ce qui légitimerait la colonisation. Albert Sarraut a largement contribué à la diffusion de cette notion dans l'empire français, à travers son ouvrage : La mise en valeur des colonies françaises publié en 1923. D'après Sarraut, il s'agissait de sélectionner : ...les centres principaux de production des matières ou des denrées nécessaires à la métropole, les grands dépôts naturels de richesses, les grands greniers, les grandes cultures, les grandes forêts, les plus importants gisements, en un mot les points capitaux où la France doit pouvoir puiser au maximum les ressources qui lui sont utiles.11(*) La mise en valeur a donc constitué la dimension économique de l'assujettissement des populations colonisées, l'exploitation systématique au profit des métropoles des richesses des territoires soumis. Le territoire concerné, le Cameroun français dessine un triangle de 432.000 km², reliant l'Afrique équatoriale à l'Afrique tropicale ; il est entouré de possessions françaises, britanniques et espagnoles avec au Sud-Ouest près de 200 km de côtes donnant sur l'Atlantique.12(*) Les recherches dans ce cadre ont été menées principalement à Yaoundé, dans des fonds d'archives et bibliothèques. Il s'agit notamment de : Les archives nationales ; Les archives du ministère de l'eau et de l'énergie ; La bibliothèque universitaire de Yaoundé I ; La bibliothèque du ministère de la recherche scientifique et de l'innovation ; La médiathèque du Centre Culturel Français de Yaoundé ; La bibliothèque de AES/SONEL à Douala. Il nous a été ainsi donné de consulter des travaux intéressants : L'ouvrage de Martin-Réné Atangana13(*) qui ausculte les relations entre la France et le Cameroun de 1946 à 1956, s'attarde sur les structures politiques et socio-économiques du Cameroun avant la colonisation, et aborde la dimension "capital" de cette relation. Ainsi, revient-il sur l'adoption du plan d'équipement à travers ses origines, ses mécanismes et son financement. L'accent est ensuite mis sur le rôle joué par le capitalisme français dans l'évolution du nationalisme au Cameroun. Bien que n'accordant que quelques lignes aux projets et réalisations énergétiques, Capitalisme et nationalisme au Cameroun au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1946-1956) reste une analyse précieuse du processus de mise en valeur du Cameroun français. Ivan du Jonchay en semblait convaincu, l'énergie était le facteur privilégié de l'industrialisation des territoires d'Afrique. En effet, son ouvrage, L'industrialisation de l'Afrique14(*), consacre le second chapitre, après un chapitre introductif, à la question de l'énergie à travers ses diverses formes et ses divers aspects. Publié en 1953, cet ouvrage a l'intérêt de se situer dans le cadre des plans d'équipement et permet ainsi d'en deviner les orientations énergétiques. Cependant l'analyse trop générale rend, les nuances propres à chaque territoire difficiles à saisir. La revue Marchés coloniaux du monde15(*) publiait en 1952 un dossier sur le Cameroun. Les différents articles de ce dossier sont signés de la main de plusieurs responsables de l'administration centrale et locale de la France au Cameroun, et de techniciens, chacun dans son domaine ; il s'agit ainsi d'une présentation générale du territoire en 1952. De la quarantaine d'articles publiés, certains abordent le plan camerounais de modernisation et d'équipement, la recherche pétrolière, les investissements français au Cameroun, l'industrialisation, l'électrification et l'aménagement de la chute d'Edéa. Bien que regorgeant d'informations intéressantes, ce dossier offre des données imprécises ou très techniques, tout comme on peut s'interroger sur l'objectivité de leurs auteurs. Joseph-Aimé Njomkam consacre son mémoire d'obtention du diplôme d'ingénieur commercial à "L'énergie et le développement du Cameroun : l'exemple du complexe électro-métallurgique d'Edéa"16(*). La partie préliminaire de ce travail est une analyse du problème énergétique au Cameroun : l'auteur aborde la question des sources d'énergie au Cameroun à savoir le bois, le pétrole et l'hydroélectricité, et pose la question de leur gestion. Un chapitre est consacré au pétrole avec notamment une reconstitution chronologique de l'activité de prospection. Un autre chapitre, consacré à l'électricité, revient sur l'historique de celle-ci et sur les différents aspects de sa production et de sa consommation. Une place importante y est également consacrée au complexe d'Edéa ; l'auteur aborde alors les raisons du choix du site, les caractéristiques et l'évolution de l'équipement de la centrale et, l'implantation de la Compagnie camerounaise d'aluminium (ALUCAM). Cependant, l'auteur manque de perspective historique, sacrifiant le contexte général à l'abondance d'informations. De tous ces documents, il faut cependant noter que l'accent n'est pas mis sur la corrélation entre le plan d'équipement et le développement de la recherche d'énergie au Cameroun. Cette documentation n'offre dans certains cas que peu de perspective historique et reste en somme très imprécise, ce qui a renforcé notre intérêt pour la thématique sus citée. Au centre de notre réflexion : l'omniprésence et l'importance du capital français dans cette initiative de mise en valeur après la Deuxième Guerre mondiale. On peut alors considérer que, dans le cadre des plans d'équipement d'outre-mer, la France avait tout intérêt à prospecter, à étudier et à exploiter les ressources énergétiques du Territoire. Ceci permettrait d'assurer l'approvisionnement de la métropole et des territoires, facilitant ainsi l'implantation d'industries. La dimension accordée par la France, tutrice du Cameroun, à la recherche d'énergie aurait donc été proportionnelle aux potentialités du Cameroun, aux ambitions économiques de la métropole dans ce territoire et aux besoins propres de la France. Ceci suscite alors l'interrogation sur le rôle, la place de l'énergie dans le processus de mise en valeur du Cameroun. Quelles ont été les orientations données à la recherche d'énergie au Cameroun ? Quels en ont été les divers aspects ? Notre étude couvre la période 1946-1959. Le 30 avril 1946, la loi établissant les plans d'équipement d'outre-mer et la création du FIDES était promulguée. La même année, l'intégration définitive du Cameroun à cette initiative fut confirmée le 13 décembre ; en effet, l'Assemblée générale des Nations unies approuva en cette date l'accord de tutelle sur le Cameroun. Cependant, cette tutelle fut levée le 14 mars 1959 par l'ONU. Mais davantage, les difficultés financières s'ajoutant à la perspective d'indépendance des colonies françaises, le FIDES fut supprimé. Il fut remplacé, par décrets du 24 mars et du 25 juillet 1959 par le Fonds d'Aide et de Coopération. La méthode de travail est thématique et chronologique. En effet, la diversité des faits à relever nous a convaincu d'élaborer de grands axes d'analyse à chacun desquels l'approche chronologique a permis de dégager l'évolution, la dynamique. Toutefois, ce travail ne s'est pas réalisé sans difficultés, la principale étant l'accès aux sources. Daniel Abwa mentionnait à ce sujet : "La principale menace contre l'écriture de l'histoire du Cameroun se trouve, aujourd'hui, dans l'indisponibilité des sources, matières premières pour toute recherche"17(*). Les réticences du personnel administratif, le mauvais classement et/ou la destruction de documents sont quelques facettes de cette indisponibilité à laquelle nous avons été confronté respectivement aux archives de Dschang, d'Edéa et du ministère des travaux publics. Les informateurs également, se sont montrés très distants, considérant le sujet comme "sensible". Ce mémoire comporte quatre chapitres : le premier revient sur les activités de recherche d'énergie ayant précédées ce plan ; le second traite de la question de la mise en valeur du Cameroun à travers le plan d'équipement ; le troisième porte sur les conditions et les principaux aspects du développement de l'électricité ; le quatrième chapitre retrace les activités spécifiques aux hydrocarbures et à l'uranium. CHAPITRE I : L'ETAT DES LIEUX DES ACTIVITES DE RECHERCHE ET D'EXPLOITATION D'ENERGIE AU CAMEROUN AVANT 1946 L'introduction d'énergies modernes ou commerciales, donc réservées à une utilisation industrielle, au Cameroun est liée à la colonisation. Certes, la période allant de 1946 à 1959 allait constituer une période de référence dans la mise en valeur des ressources énergétiques du Cameroun. Mais il serait intéressant d'aborder ici l'intervalle chronologique compris entre le début de la colonisation, avec la signature du traité germano-duala du 12 juillet 1884, et la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En effet, dans le domaine de l'énergie, les études et les réalisations effectuées entre 1884 et 1945 ont certainement servi de base à celles qui ont suivi. Mais davantage, cette période étant caractérisée par une absence de planification, les actions entreprises manquaient, a priori, de perspectives et de coordination. Alors, quelles stratégies et quelles initiatives l'administration et les entreprises privées coloniales avaient-elles conduites dans la mise en valeur des ressources énergétiques du Cameroun ? L'effort de l'Allemagne d'abord, et de la France ensuite, dans l'activité minière énergétique et l'oeuvre de cette dernière dans l'électrification du Territoire constituent quelques pistes. I. L'EFFORT DE L'ALLEMAGNE DANS LA RECHERCHE D'ENERGIE AU KAMERUN L'Allemagne a été la première puissance étrangère à installer son administration et ses firmes au Kamerun18(*). Elle entama alors la mise en valeur du Territoire, lui conférant une place particulière dans l'ensemble de ses colonies. L'initiative la plus notable dans le domaine de l'énergie reste la recherche de pétrole. A. Le cadre général de la mise en valeur du Kamerun A la fin des années 1880, le scramble étant achevé, les puissances coloniales initièrent l'exploitation des richesses des territoires sous leur joug. L'Allemagne n'ayant pas été en reste, il serait judicieux de retracer ici la mise en valeur des colonies allemandes et d'en ressortir les stratégies spécifiques au Kamerun.
La présence allemande au Cameroun après la signature du Traité germano-duala a été fondatrice de ce territoire19(*). Il s'avère alors utile de remonter jusque là dans notre étude. Le revirement de la politique coloniale de Bismark en 1884 ne peut se dédouaner d'avoir eu des déterminants économiques20(*). Certains observateurs jugèrent postérieurement que le Kamerun ne participait que pour très peu à l'économie coloniale de l'Allemagne. Pour cause, seuls quelques investisseurs s'y risquaient21(*). Deux éléments permettent de l'évaluer : les statistiques du commerce des colonies allemandes des années 1905, 1911 et 1912 (tableau I), et les statistiques des capitaux investis dans ces territoires en 1913 (tableau II) Tableau I : Evolution de la valeur cumulée des importations et des exportations des colonies allemandes (1905-1912)
Tableau II : Répartition des investissements dans les colonies allemandes. Relevé de mars 1913
Source : Franklin Eyelom, Le partage du Cameroun entre la France et l'Angleterre, L'Harmattan, 2003, pp.84 et 244. On fait aisément le constat que le Kamerun ne se situait qu'à la troisième place des colonies allemandes en Afrique, aussi bien en termes d'investissement que de rentabilité commerciale. Franklin Eyelom apporte cependant un regard critique à cette position. En effet, les territoires de l'Afrique orientale (Tanzanie, Burundi, Ruanda) et de l'Afrique du sud-ouest (Namibie) avaient une superficie beaucoup plus grande que celle du Kamerun, respectivement près d'un million de km², 800 000 km² et 750 000 km². Par contre, les écarts de balance commerciale entre le Kamerun et ces colonies étaient minimes22(*). L'ensemble de ces résultats tend à montrer que si pour l'Allemagne "Le Kamerun n'est pas une raison économique absolue, il peut être perçu comme un symbole politique"23(*).
La mise en valeur du protectorat à cette époque avait concerné aussi bien l'agriculture et l'exploitation forestière, les communications que l'exploitation du sous-sol. Cette initiative de mise en valeur fut favorisée par la multiplication des compagnies à charte qui organisèrent la recherche afin d'"établir le bilan des richesses du pays"24(*). Ainsi, d'après Engelbert Mveng, de nombreux travaux furent menés en anthropologie mais également en botanique et en zoologie, en météorologie et en géologie entre autres25(*). Le début de l'exploration géologique est à situer en 1888 avec la mission Weissenborn. La géologie, étude des différentes couches du sous-sol et de leurs constituantes permet notamment de déterminer des formations minérales exploitables. Grâce à cette mission, et à celles qui ont suivi jusqu'à la veille de la Grande Guerre, de nombreux indices minéraux ont été répertoriés. Cependant, aucun gisement exploitable ne fut mis à jour. On peut néanmoins énumérer dans ce cadre des micas à Issoudan ; du plomb argentifère à l'état sporadique dans des grès dans la vallée de la Cross River ; du calcaire dans la vallée du Mungo ; du fer dans la Basse Sanaga, à Bamenda et à Yabassi ; de la rutile aux environs de Banyo ; du charbon aux environs de Banyo et de la Cross-River ; du pétrole à Logbaba et des schistes bitumeux de la Cross-River26(*). Cependant, en quoi a constitué l'effort des Allemands dans la promotion de l'activité minière énergétique au Cameroun ? B. La recherche de pétrole au Kamerun N'ayant pu réunir une documentation suffisante sur le charbon, nous nous contentons ici de donner quelques indications sur la prospection pétrolière. Dans un article consacré à "La recherche du pétrole". P. Pouzet, alors ingénieur- géologue, notait que "des suintements d'hydrocarbures sont depuis longtemps connus sur le Territoire du Cameroun "27(*). Cette affirmation est corroborée par de nombreuses sources, notamment par l'administrateur Callot, chef du service des mines du Cameroun en 1950 qui dans un rapport adressé au Haut-commissaire Soucadaux, mentionna l'origine de ces suintements : à Logbaba. Il précisait qu'ils étaient utilisés au début du siècle par les populations indigènes pour s'éclairer28(*). Des prospecteurs de la société des plantations de Victoria notèrent la présence de ces indices en avril 1904. Cette société détenait d'importants investissements au Cameroun : elle était en cela unique : spécialisée dans les grandes plantations, elle investit bientôt dans le commerce, le transport des produits agricoles et dans l'activité minière. S'agissant du pétrole, Harry Rudin notait: The discovery of petroleum near the Wuri and Mungo Rivers in April 1904 gave rise to some very great hopes. Representatives of the plantation company Victoria made the discovery and formed a shortlived subsidiary company for the exploitation of oil. In 1907 a second effort was made to get petroleum in colony (...) but it was a vain effort...29(*) D'après Etoga Eily, la société des plantations de Victoria créa la Kamerun Bergwerk pour poursuivre les travaux de prospection30(*). Trois sondages furent ainsi effectués entre 1904 et 1905 ; les deux premiers, respectivement à 140 et à 305 mètres ne furent pas concluants. Un troisième de 800 mètres releva quelques traces de gaz et de pétrole. Des difficultés financières propres à la nouvelle société mirent fin aux travaux. Il est en effet indéniable que dans le domaine des hydrocarbures, la prospection est longue et extrêmement coûteuse, ce qui exige donc une certaine persévérance. Les efforts du gouvernement pour relancer la prospection en 1907, notamment par la promesse d'attribuer des permis miniers, n'aboutirent non plus à des résultats plus satisfaisants. Cependant, Engelbert Mveng semble apporter quelques nuances à cette version : la société Victoria aurait, a contrario, créé la Bergwerk Aktiengesellschaft pour exploiter les pétroles de Logbaba ; mais la prospection, après avoir coûté 1.500.000 marks, fut interrompue par la guerre sans avoir atteint des résultats probants31(*). Les géologues français ne retinrent ainsi de cette période que quelques renseignements. Les Allemands avaient-ils accordé quelque importance à l'électricité, et principalement à l'hydroélectricité ? J.-A. Njomkam semble répondre par l'affirmative. En effet, il note que le barrage de Dschang a été construit par les Allemands32(*). D'après nos observations, il s'agit d'un petit barrage de retenue construit sur la rivière Tsinkop ; il servait à régulariser le débit de la rivière. A cet effet, il est muni de deux vannes actionnées manuellement. Ce petit barrage débouche sur une voie d'eau qui court sur des centaines de mètres ; celle-ci aboutit, derrière l'actuelle prison de Dschang, sur un déversoir donnant sur les chutes de la ville. A ce lieu également, une partie de la rivière est déviée, et à travers une conduite forcée, sert à faire tourner les turbines de la centrale qui se situe à quelques dizaines de mètres en aval du déversoir. Bien que l'invention de la dynamo qui révolutionna les moteurs industriels et l'éclairage intervienne en 1875, l'hydroélectricité quant à elle ne naquit qu'à la fin du XIXe siècle, principalement grâce à l'invention vers 1895 des turbines hydrauliques33(*). Il conviendrait dans de prochaines études de se demander si ce barrage avait été conçu dans le cadre de l'urbanisation ou dans la perspective de l'électrification de ce centre. C'est donc sur cette base que les français allaient contribuer à un certain développement de l'électricité au Cameroun ainsi qu'à la recherche minière de sources d'énergie. II. LA RECHERCHE DU CHARBON ET DES HYDROCARBURES SOUS LE MANDAT FRANÇAIS La Première Guerre mondiale prit fin au Cameroun en 1916. Ceci fut déterminé par le départ des allemands du Territoire et son partage entre l'Angleterre et la France. Toutefois, la mise en valeur du pays ne fut pas remis en cause. La France s'investit ainsi dans les initiatives entamées par l'Allemagne, recherchant dans le sous-sol aussi bien du charbon que des hydrocarbures. A. Le mandat français sur le Cameroun et la mise en valeur du Territoire Le mandat international de la France sur le Cameroun fut institué en 1922, entérinant le partage du territoire entre l'Angleterre et la France. Quelques interrogations viennent alors à l'esprit : quelle était la mission de celle-ci au Cameroun ? Quelles furent les lignes directrices de la mise en valeur du Territoire après la Première Guerre mondiale ?
En 1919, l'Allemagne grande perdante de la Grande Guerre, se vit retirer son autorité sur ses colonies par la Société des Nations (SDN). On laissait à la France et à l'Angleterre la responsabilité de fixer les modalités de leur mandat sur le Cameroun. Un accord était intervenu le 6 mars 1916 entre les deux puissances et fut entériné dans le Traité de paix de Versailles signé le 28 juin 191934(*). En effet, le 6 mars 1916, le général Dobell pour l'Angleterre et le général Aymerich pour la France, allaient se repartir le Kamerun : 53.000 km² pour l'Angleterre et le reste de 750.000 km² du Neu-Kamerun pour la France35(*). Le conseil de la SDN approuva, le 20 juillet 1922, les textes des mandats sur le Cameroun qui stipulaient : La puissance mandataire aura pleins pouvoirs d'administration et de législation sur les contrées faisant l'objet du mandat. Ces contrées seront administrées selon la législation de la puissance mandataire comme partie intégrante de son territoire...36(*) Reconnaissant que la formule du mandat n'était pas parfaite mais, qu'elle était la meilleure possible pour l'époque, Engelbert Mveng commentait : "Le Cameroun, nous le disons sans complexe, fut certainement une réussite de la France"37(*). Le caractère du mandat différait suivant le degré d'évolution des peuples, les conditions économiques et la situation du Territoire38(*). Le Cameroun, jugé non- encore mature, fut placé sous le mandat B. Pour l'ensemble des territoires désormais régis par le régime de mandat, la SDN prescrivit à la puissance mandataire d'y assurer la paix, le bon ordre, l'accroissement du bien- être et du progrès social des habitants.
Une grande part de l'oeuvre économique de la France au Cameroun, de 1916 à 1939, consista principalement à la réfection de l'infrastructure endommagée au cours des hostilités. En effet, "Dans leur retraite, les Allemands avaient détérioré les voies ferrées, culbuté le matériel roulant dans les déblais, retiré les boîtes à graisse des wagons, fait sauter des ponts... enterré une partie du matériel"39(*). Mais également, l'avancée des forces britanniques et françaises pour déloger les Allemands du Cameroun n'avait pas épargné cette infrastructure. De manière générale, la mise en valeur du territoire concerna l'aménagement du port de Douala, les chemins de fer, les routes de terre, les transports aériens, les travaux d'urbanisation et la production agricole. Elle s'appuya sur l'effort allemand et connut une activité notable jusqu'à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Quelles initiatives furent développées dans le cadre de la recherche minière énergétique au cours de cette période ? B. La recherche du charbon Dès la fin du XVIIIe siècle, le développement des machines à vapeur et des industries métallurgiques allait conférer au charbon le statut de source principale d'énergie40(*). Le XIXe siècle fut ensuite consacré comme "le siècle du charbon"41(*). Ainsi, à travers le monde, des prospections furent menées pour déterminer les mines de charbon exploitables. L'Afrique traînait derrière elle, depuis les débuts de la colonisation, une réputation de continent pauvre en charbon, donc en énergie. Ceci ne plombait cependant pas les espoirs des métropoles d'y faire une découverte intéressante. Au Cameroun, quelques traces de ce combustible avaient été décelées par les Allemands42(*), il s'agissait vraisemblablement de lignite43(*). Il nous est impossible d'apporter davantage d'informations à ce sujet faute de documentation. Cependant, dans un rapport sur la constitution minéralogique de la région bamiléké, l'ingénieur des mines Valet mentionnait en 1924 : "Des formations sédimentaires ont été recoupées à 5 km de Dschang sur le route Dschang - Bana ...44(*)". La couche de lignite atteignait 1,80 mètres environ. Les géologues pensèrent alors que l'origine de ce combustible pourrait être lacustre, ce qui donna à espérer que ce gisement atteignit des dimensions considérables. C'est pourquoi en 1924 deux galeries de recherche furent amorcées à Dschang pour reconnaître le gisement. Les travaux reprirent en 1927 et permirent d'extraire quelques 400 tonnes de lignite de qualité inférieure45(*). D'autres sondages furent effectués et en 1940, il fut fait un essai d'emploi de ce lignite dans les foyers de locomotive ; les résultats ne furent pas satisfaisants. On put ainsi conclure à la faible valeur économique du gisement de Dschang46(*). Les perspectives énergétiques du Cameroun s'amoindrissaient considérablement. Mais, "en réalité, pensait Ivan du Jonchay, le problème de l'énergie était entièrement faussé à la base par la primauté admise du charbon en tant que source principale de l'énergie"47(*). En effet, on peut dans ce domaine compter avec d'autres ressources notamment les hydrocarbures. C. La recherche des hydrocarbures On réduit généralement la recherche d'hydrocarbures à la seule recherche du pétrole ; ceci se justifie par le peu d'intérêt porté pendant longtemps au gaz naturel. En 1924, le gouvernement du Territoire avait décidé d'entreprendre les premiers travaux systématiques d'exploration en vue de procéder à l'inventaire des richesses minières du Cameroun48(*). La recherche d'hydrocarbures se situait alors dans ce cadre. Et bien que cette activité n'ait pas apporté de véritables résultats au cours de la présence allemande, les géologues français s'en inspirèrent.
1. L'action de la Société Nationale du Cameroun Dès 1923, la Société Nationale du Cameroun (SNC) obtint un permis d'exploration et de recherche d'hydrocarbures au Cameroun. La SNC aurait été à l'origine de l'exploitation du palétuvier de manière industrielle au Cameroun en 1911, avec l'installation d'une scierie49(*). Le géologue français Bernouilli, agissant au nom de la SNC, procéda en 1925 à l'étude d'une zone du bassin sédimentaire de Douala ; les résultats se révélèrent particulièrement intéressants. Malgré cela, les autorités françaises au Cameroun jugèrent inutile ou malvenu de renouveler le permis attribué à la SNC. L'application des articles 98 et 99 du décret du 20 mai 1928 réglementant la recherche et l'exploitation des gîtes de substances minérales au Cameroun,50(*) permit au Territoire de se réserver le droit de recherche d'hydrocarbures.51(*) La zone concernée couvrait une superficie de 6430 km² environ. La limite Ouest sur la côte atlantique allait de l'embouchure du Nyong au Sud de l'embouchure du Mungo au Nord et de la rivière Mungo jusqu'au village Bombe. La limite Nord définissait une ligne droite de Bombe à Mbanga et une ligne droite de Mbanga à Yabassi. La limite Est était une ligne droite de Yabassi à Edéa, et une ligne droite d'Edéa au village de Dehane sur le Nyong. La limite Sud quant à elle épousait le cours du Nyong depuis le village Dehane jusqu'à son embouchure. Cette situation allant conduire à un statu quo : l'administration, bien que s'abstenant d'inclure des investisseurs privés dans cette activité, ne s'y impliquait plus que de façon limitée. 2. Le statu quo dans la recherche d'hydrocarbures A l'orée de la Deuxième Guerre, seules quelques courtes missions géologiques avaient parcouru le bassin sédimentaire de Douala, sans entreprendre de sondages. Il s'agissait de : la mission Koretsky (1928-1929) ; la mission Brunswig (1931-1932) ; la mission de Vriès (1935-1936)52(*). L'action de de Vriès fut certainement la plus remarquée car, elle aboutit à la première carte géologique, quoique partielle du bassin de Douala53(*). Celui-ci avait acquis une grande expérience en travaillant aux Etats-Unis, au Venezuela et au Gabon. Les deux premiers pays développaient déjà une intense activité pétrolière ; le Gabon quant à lui offrait d'intéressantes perspectives. Il bénéficiait par ailleurs des faveurs de l'administration : dans une correspondance adressée le 20 juin 1935 au ministre des colonies, le gouverneur Jules Repiquet écrivait : ... la mission de monsieur de Vriès, très spécialisé dans les questions de pétrole s'impose au Territoire afin de sortir du statu quo de 1929, où la zone a été réservée. Mon administration donnera au géologue en mission toute son aide et le fera bénéficier des résultats des travaux déjà effectués54(*). Ainsi, sous le mandat français, la recherche d'hydrocarbures au Cameroun se concentra autour du bassin sédimentaire de Douala et se limita ainsi à l'onshore55(*) ; elle offrait néanmoins des perspectives intéressantes. C'était également le cas dans le processus d'électrification du Territoire. III. L'EMERGENCE DES PREMIERS FOYERS D'ELECTRICITE L'éclairage était connu dans le Territoire avant l'arrivée des européens. Néanmoins, l'introduction de l'électricité constitue une nouveauté coloniale. La France en a fait l'une de ses oeuvres. Cette introduction s'est certes faite timidement, se limitant à des centres ayant une importance politique et économique avérée, et/ou disposant d'une population européenne nombreuse. C'est ainsi que Douala, Yaoundé et dans une certaine mesure Dschang ont été les premiers foyers d'électricité au Cameroun.
L'introduction de l'électricité au Cameroun, qu'elle soit d'origine thermique ou d'origine hydraulique, semble intimement liée à la présence française après la Première Guerre mondiale. Il est d'ailleurs anecdotique de retrouver des perspectives d'aménagement hydroélectrique au Cameroun dès 1920 : les administrateurs français en place au Cameroun à cette période entrevoyaient l'extension du chemin de fer du Nord commencé par les Allemands, jusqu'à Dschang. On peut lire dans l'un de leurs exposés : De Dschang à Nkongsamba, la distance est d'environ 60 kilomètres, dont 40 en pénéplaine n'offrant aucune difficulté. Les chutes d'eau, qui se succèdent d'ailleurs depuis l'origine Bonabéri jusqu'au futur terminus, permettent l'électrification facile de la ligne.56(*) Ceci témoigne de l'intérêt que l'on portait déjà à l'électricité d'origine hydraulique, à peine un demi-siècle après ses débuts, même dans les colonies. Cependant, le projet demeura lettre morte. Pendant des décennies encore, l'électricité resta au Cameroun, comme dans les autres territoires colonisés d'Afrique et d'Asie, un luxe réservé à certains centres groupant une population européenne suffisamment nombreuse pour justifier des installations coûteuses57(*). Du Jonchay faisait le constat de territoires terriblement déshérités ... où l'électricité manque presque partout, où on utilise, même dans les villes, des frigidaires à pétrole, où l'on emploie en maints endroits de vieux groupes électrogènes poussifs arrêtés prudemment chaque soir après avoir écouté les dernières nouvelles à la radio58(*). De fait, les populations locales pour leur éclairage se contentaient de lampes à gaz de pétrole ou d'essence sous pression du type Coleman ou Aïda (qui produisaient une lumière très blanche comparable à la lumière électrique),59(*) ou encore de la torche à huile de palme60(*). Il faut voir dans ce moindre développement de l'électricité, la conséquence du double caractère élitiste du service et restreint de la demande. Jean Lemoine, ingénieur des techniques industrielles de la France d'Outre-mer, était proche de ces vues lorsqu'il déclara que l'établissement de réseaux dans les petits centres rencontrait deux obstacles majeurs : d'abord le coût élevé des équipements, ensuite la clientèle réduite. Ceci conduisait soit à un prix élevé du courant soit à des exploitations déficitaires61(*). On comprend alors la réticence des pouvoirs publics et des capitaux privés devant de tels investissements. Jusqu'à la fin des années 1940, Douala, et dans une certaine mesure Yaoundé et Dschang étaient encore les seuls centres où il était question d'électrification.
Au XVIIe siècle, Paris fut qualifiée de "ville-lumière" grâce à une innovation : la mise en service de l'éclairage public. Il est certes excessif de concéder pareil titre à la ville de Douala. Cependant, la situation en cours dans le Territoire sous mandat français viendrait valider cette affirmation. En effet, Douala semble avoir été davantage favorisée dans la production et la distribution d'énergie électrique de 1929 à 1946. La Compagnie Coloniale de Distribution d'Energie Electrique (CCDEE) se vit confier la concession de distribution à Douala en 192962(*). Quoique les chemins de fer produisaient eux-mêmes le courant nécessaire à leurs installations et à leur personnel. La centrale diesel de Koumassi, qui alimentait la ville, avait une puissance de 500 KVA, avec une production annuelle de 800 000 KVA63(*). Cette centrale, ainsi que le réseau de distribution de la ville avait été mise en route en 1931. La même année les quartiers Deido, Akwa, Koumassi et le centre européen sur le plateau Bell purent bénéficier d'un éclairage permanent des rues, de 18 heures à 6 heures64(*). La consommation en 1935 était d'environ 315.000 kWh. (Tableau III) Tableau III : Répartition de la consommation d'énergie électrique à Douala en 1935 en (kWh)
Source :Nous, d'après Chauleur, L'oeuvre de la France..., p.121.
Il apparaît de ce tableau que la consommation des abonnés privés constituait une part infime de la consommation globale ; l'absence de grandes industries et le coût onéreux du kilowatt en étaient causes. La consommation des services publics, quant à elle, était presque exclusivement effectuée par les chemins de fer et le port, du fait de leur intense activité. Il faut également faire intervenir un autre argument : au plus fort de la crise économique qui frappa le monde dès 1929, beaucoup d'européens avaient regagné leur patrie ; le nombre d'abonnés s'en trouvait diminué, de même que leur part de la consommation. Le risque était grand de perdre des kilowatts-heures inutilisés. Pour y palier, l'administration décida d'électrifier d'urgence certains de ses services et de ses installations. Il s'agissait en fait de fournir de l'électricité dans tous les logements de fonctionnaires, de fournir de l'électricité dans la plupart des bâtiments administratifs, et de renforcer l'électrification des ateliers (port, chemins de fer, travaux publics)65(*). Cependant, la production et par ricochet la consommation était restée statique, n'atteignant que 450 000 kWh à la veille de la guerre en 193966(*). Néanmoins, les autres centres étaient loin de rivaliser avec Douala dans ce domaine.
L'importance économique, politique et surtout la présence de "l'élément européen"67(*) déterminaient l'électrification des différents centres. La ville de Yaoundé avait pour elle d'être le siège des structures administratives, la résidence du Haut-commissaire et par conséquent, d'être habitée par une colonie européenne relativement importante. Les installations de Yaoundé, même après la Deuxième Guerre mondiale, étaient restées très sommaires, n'alimentant que le quartier administratif68(*). Le courant électrique était fourni par une petite centrale diesel entretenue par l'administration. La demande industrielle étant inexistante à Yaoundé, la production d'énergie électrique était réservée aux populations européennes dont elle couvrait à peine les besoins69(*). Les chemins de fer y jouaient le même rôle qu'à Douala. Les perspectives d'après -guerre semblaient meilleures : d'abord parce que des groupes électrogènes y firent leur apparition, bien que de capacité moindre (entre 150 et 1200w) et ensuite parce qu'une électrification d'envergure était envisagée. En effet, le rapport de la commission des Grands Travaux de 1942 émettait en conclusion le voeu "... que des études techniques soient entreprises le plus tôt possible pour l'utilisation des chutes d'Edéa, pour leur emploi en houille blanche apte à servir à l'électrification de Yaoundé et autres centres..."70(*) Il semble ainsi qu'au début, le vaste projet du complexe d'Edéa n'était pas destiné à fournir à Douala, déjà équipé par une centrale diesel, davantage d'énergie71(*). Il faut souligner que l'industrialisation du Territoire n'étant pas encore sérieusement envisagée, l'électricité produite devait servir à quelques ateliers et à l'éclairage. C'est dans ce contexte que le gouvernement français envoya dès 1944 une mission d'étude à Edéa pour y examiner les possibilités d'installer un barrage hydroélectrique. L'électrification de Dschang reste un cas complexe. Un barrage y existait ; il aurait été construit par les Allemands.72(*) Cependant, sous le mandat français diverses sources attribuent à la France la construction de cet équipement. On note, par exemple, que : A Dschang, le barrage existe depuis 1943. L'électrification de la ville ne sera que l'exécution différée du projet de 1943. Ce dernier avait été refusé par le Comité d'Armement de Londres qui ne le considérait pas comme indispensable à l'effort de guerre73(*). Il semble pourtant que ce petit barrage, qui ne servit qu'ultérieurement à faire fonctionner une centrale électrique, date d'avant 1943. En effet, l'effort de guerre au Cameroun avait été pensé dans un programme triennal de grands travaux 74(*) ; aucune mention n'est faite de la construction de ce barrage. Cette initiative démontre néanmoins de l'intérêt que l'administration française portait à l'hydroélectricité. Le continent étant alors considéré comme pauvre en houille et n'offrant pas de possibilités directes et rapides d'exploitation du pétrole, les chutes qui parsèment ses grands fleuves constituaient alors une opportunité de développer et d'exploiter une source d'énergie locale.75(*) Bref, en soixante années de colonisation, la mise en valeur des ressources énergétiques du Cameroun, à l'image de la mise en valeur générale du Territoire, s'était faite avec réserve. Les quelques activités notables étaient le fait de capitaux privés, l'administration se refusant visiblement à investir. Ce furent ainsi des initiatives spontanées ou quelque fois encadrées par l'administration qui, certes, révélèrent les potentialités du Cameroun en hydroélectricité et en hydrocarbures. Le plan d'équipement que la France allait appliquer au Territoire de 1946 à 1959 eut l'ambition de développer ces potentialités, grâce à des initiatives disciplinées. CHAPITRE II : LE PLAN DE MISE EN VALEUR DU CAMEROUN FRANÇAIS APRES LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
Avec la loi du 30 avril 1946,76(*) le Cameroun au même titre que les territoires de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), entrait dans l'ère du plan.77(*) Cette nouvelle initiative était soutenue par le Fonds d'Investissement pour le Développement Economique et Social (FIDES). Lancée après la Deuxième Guerre mondiale, la planification allait désormais guider la mise en valeur méthodique de l'Outre-mer et permettre ainsi la Reconstruction et le restauration de la grandeur de la France métropolitaine. C'est donc dans ce cadre que se situent la quasi-totalité des activités au Cameroun jusqu'à la veille de l'indépendance. Ceci nous amène à nous interroger : comment a évolué l'idée de planification ? Quelles étaient les spécificités du plan camerounais ? Comment s'y intégrait la donne énergétique ? I. L'EVOLUTION DE L'IDEE DE PLANIFICATIONA. Le temps de l'indécision "Après la Deuxième Guerre Mondiale, écrivait Njoh, le Cameroun connaîtra une autre vitesse dans le développement économique et social de son territoire."78(*)Ceci fut le fait du plan d'équipement. Il peut pourtant sembler surprenant que l'adoption d'un plan de mise en valeur de l'outre-mer français ne date que de cette période. Comment justifier cela ? 1. Le projet Sarraut Historiquement, la planification de la mise en valeur des territoires d'Outre- mer est issue d'un processus.79(*) Il avait été entamé le 12 avril 1921 par la présentation, devant les parlementaires françaises, du projet de loi d'Albert Sarraut alors ministre des colonies. Ce projet portait fixation d'un programme de mise en valeur des colonies françaises. Elaboré au lendemain de la Première Guerre mondiale, le projet Sarraut visait essentiellement à redonner à la France "la place à laquelle son passé, sa puissance et sa victoire lui donnent droit."80(*) Le souhait de Sarraut était alors de substituer aux initiatives privées, jugées improvisées, la discipline méthodique du travail en confiant à chaque territoire une production spécifique dans l'empire. Il s'agissait également d'adopter une politique sociale (hygiène, alimentation, instruction) favorable à l'émancipation de l'Outre-mer. Cependant, Jacques Marseille commente : Peu de parlementaires et d'hommes d'affaires étaient prêts à soutenir dans les années 1920 un programme qui accordait aux pouvoirs publics et à un plan de longue durée le soin de coordonner l'exploitation des richesses coloniales et à l'élite indigène la possibilité de prendre le relais de l'administration métropolitaine81(*). Le projet fut alors enterré, trop défavorable au lobby patronal. Cependant, en 1929, l'éclatement de la crise économique allait ramener à l'actualité le besoin de maîtriser la mise en valeur de l'Outre-mer. Elle conduit en 1934 à la tenue d'une conférence économique. 2. La conférence économique de la France Comment la crise de 1929 avait-elle favorisé la convocation de cette conférence ? La crise, caractérisée par une forte récession et par un recours généralisé au protectionnisme, avait causé la déprime des milieux d'affaires. Ceux-ci étaient pessimistes quant à un retour rapide à la croissance. On pensa donc à renforcer la présence outre-mer de la France pour compenser les débouchés étrangers inaccessibles82(*). Tenue de décembre 1934 et avril 1935, la Conférence économique de la France métropolitaine et d'outre-mer avait pour but de tracer un plan destiné à coordonner et à développer les économies de l'Empire français. La principale proposition de la Conférence fut la mise sur pied d'un Fonds national pour l'outillage publique de la France d'outre-mer financé en partie par le budget métropolitain. Elle introduisait par ailleurs un nouveau thème, à savoir le rôle de l'Etat comme concepteur et initiateur en matière industrielle dans l'Empire83(*). Cependant, elle fut elle aussi sans succès flagrant. Quelques années plus tard, la France s'engageait dans la Seconde Guerre mondiale. * 1 Encyclopédie Axis, volume 4, Paris, Hachette, 1993, p.50. * 2 Le 23 février 2005, le gouvernement français soumettait à l'approbation de l'Assemblée nationale une loi dont l'article 4 en son alinéa 2 stipulait : "les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la présence française outre-mer..." ; ceci pour essayer de réhabiliter la mémoire de minorités telles les Harkis. Cette loi qui fut plus tard abrogée ne manqua pas de susciter l'indignation dans les anciens territoires français (principalement d'Afrique de nord), dans les départements d'outre-mer et chez les historiens français, considérée alors comme dangereuse et révisionniste. * 3 H. Isnard, Géographie de la décolonisation, Paris, Presses Universitaires de France, 1971, p.63. * 4 Lire à ce sujet N. Bancel et al, Images et colonies : iconographie et propagande coloniale sur l'Afrique française de 1880 à 1962, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Association Connaissance de l'histoire de l'Afrique contemporaine, Paris, 1993, p.304. * 5 Interview de Jean Fourastié, "1945-1975 : la plus grande révolution économique de l'histoire de France", Histoire magazine, N°4, mai- juin 1980, p.64. Economiste français, Jean Fourastié a notamment inauguré la notion de "trente glorieuses" pour désigner la période de trente ans (1945-1975) au cours de laquelle la France a connu une croissance extraordinaire. * 6 Radio-presse, N°1096, dimanche 7 février 1954, p.1. * 7 P. Maillet, M. Cassette-carry, L'énergie, Paris, PUF, 1989, p.7. * 8 IEPF, Le guide de l'énergie, Paris, ministère de la coopération et du développement, 1988, p.15. * 9 "Le Petit Robert attaqué pour sa définition de la colonisation", www.lefigaro.fr/france/ 2006 09 06. FIG000000126, consulté le 15 septembre 2006. * 10 Ibid. * 11 Cité par J. Marseille, Empire colonial et capitalisme français : histoire d'un divorce, Paris, Albin michel, 2005, p.443-444. * 12 Rapport annuel du gouvernement français à l'Assemblée générale de Nations Unies sur l'administration du Cameroun placé sous tutelle de la France, année 1951, p.15. * 13 M. -R. Atangana, Capitalisme et nationalisme au Cameroun au lendemain de la seconde guerre mondiale (1946-1956), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998,307p. * 14 I. du Jonchay, L'industrialisation de l'Afrique, Paris, Payot, 1953, 344p. * 15 Marchés coloniaux du monde : Cameroun 1952, N°340, samedi 17 mai 1952, pp.1119-1458. * 16 J.-A. Njomkam, "L'énergie et le développement : l'exemple du complexe électro-métallurgique d'Edéa", mémoire de diplôme d'ingénieur commercial, Université de Grenoble, 1966, 377p. * 17 D. Abwa, "Plaidoyer pour l'écriture de l'histoire contemporaine du Cameroun", Ngaoundéré - Anthropos, volume VII, 2002, p.11. * 18 Tout au long de ce travail, le Kamerun désigne le territoire administré par l'Allemagne de 1884 à 1916. Le Cameroun quant à lui désigne le territoire administré par la France jusqu'à l'indépendance en 1960. * 19 H. R. Rudin dans son ouvrage (Germans in the Cameroons, 1884 -1914.A Case study in Modern Imperialism, New Haven, Yale University press, 1938, 456p.) analyse le processus qui y a conduit ainsi que l'ensemble de l'oeuvre allemande au Kamerun jusqu' à 1914. Lire également à ce sujet A. Owona, La naissance du Cameroun 1884-1916, Paris, l'Harmattan, 1987. * 20 H. Brunschwig, Le partage de l'Afrique, Paris, Flammarion, 1971, pp. 151-152. L'auteur revient sur les différentes raisons qui auraient motivé ce revirement : la perspective d'engager l'Allemagne dans une entreprise coloniale tout en s'appuyant financièrement sur les compagnies à charte aurait ainsi fini par convaincre le chancelier. * 21 H.R.Rudin, Germans in the Cameroons..., p.284. * 22 Eyelom, Le partage du Cameroun..., p.81. * 23 Ibid, p.83. * 24 E. Mveng, Histoire du Cameroun, tome 2, Yaoundé, CEPER, 1985, p.74. * 25 Ibid. * 26 P. Chauleur, L'oeuvre de la France au Cameroun, Yaoundé, 1936, pp.77-78. L'auteur s'inspire d'un article publié en 1911 par le Pr. Otto Mann dans la revue "Mitteilungen aus den Deutschen Schutzgebieten". * 27 P. Pouzet, "La recherche du pétrole", Marchés coloniaux du monde : Cameroun 1952, n°340, Mai 1952, p.1321. * 28 ANY, 1AC9787, Rapport du chef du service des mines sur le projet de constitution d'une "Société des pétroles du Cameroun", 19 octobre 1950, p.3. * 29 Rudin,Germans in the Cameroons..., pp.275-276. * 30 Etoga Eily, Sur les chemins du développement..., p.288. * 31 Mveng, Histoire du Cameroun..., p.78. * 32 J.-A. Njomkam, "L'énergie et le développement du Cameroun : l'exemple du complexe électrométallurgique d'Edéa", mémoire d'obtention du diplôme d'ingénieur commercial, Université de Grenoble, 1966, p.49. * 33 "Histoire de l'énergie", www.memo.fr/ article. asp ? ID = THE_ENE_001, consulté le 11 mai 2006. * 34 Mveng, Histoire du Cameroun..., ·p.126. * 35 Ibid, p.117. Lire également l'analyse d'Eyelom, Le partage du Cameroun..., pp.241-315. * 36 Adalbert Owona, "Les liens franco-camerounais ne datent pas d'aujourd'hui", Cameroon Tribune, 8 février 1979, p.44. Dans cet article, l'auteur revient notamment sur les rapports entre la France et le Cameroun, depuis la fin de la Première Guerre mondiale jusqu'à l'indépendance. * 37 Mveng, Histoire du Cameroun..., p.129 * 38 G. Joseph, "Le mandat sur le Cameroun", Marchés coloniaux du monde, N°340..., p.1247. * 39 Ibid, p.1248. * 40 "Histoire de l'énergie"... * 41 du Jonchay, L'industrialisation de l'Afrique, Paris, Payot, 1953,p.26. * 42 Supra., p.12. * 43 Il faut distinguer, d'après le géologue R. Feys ("charbon", in Encyclopedia Universalis, vol.4, Paris, encyclopedia universalis, 1974, p.169) différents types de charbon d'après leur teneur en carbone : tourbe - environ 50% de carbone ; lignite entre 55 et 75% ; houille entre 74 et 90% et graphite avec théoriquement 100% de carbone. Certains auteurs utilisent indifféremment charbon, houille, ou lignite pour désigner l'ensemble. * 44 A. Capponi, "Le lignite de Dschang", Bulletin de la société d'études camerounaises, n°7, Douala, IFAN, 1974, p.75. * 45 Ibid, p.76. Cependant, P. Chauleur (L'oeuvre de la France..., p.77) évoque 300 tonnes de lignite extraites. * 46 Capponi, "Le lignite de Dschang"... * 47 du Jonchay, L'industrialisation..., p.26. * 48 Chauleur, L'oeuvre de la France..., p.78. * 49 Etoga Eily, Sur les chemins du développement..., p.286. * 50 Service des mines du Cameroun français, Recueil de textes portant réglementation minière au Cameroun français, Yaoundé, 1943, p.50. * 51 JOC du 15 décembre 1929, arrêté réservant au territoire du Cameroun le droit de recherche d'hydrocarbures, p.793. * 52 A. Pianet, L'industrie minière au Cameroun, Paris, encyclopédie d'outre-mer, 1956, p.9. * 53 Pouzet, "La recherche du pétrole"..., p.1321. * 54 ANY, 2AC3865, Lettre du gouverneur Repiquet au ministre des colonies relative à la recherche d'hydrocarbures au Cameroun, 20 juin 1935, p.3. * 55 Par opposition à l'offshore qui désigne l'exploration, la recherche et l'exploitation des gisements au large des côtes, l'onshore se limite à l'activité sur le continent. Les travaux en offshore ne débutèrent au Cameroun qu'en 1963. * 56 ANY, APA11937/A, Exposé de la situation générale dans les territoires occupés de l'Ancien Cameroun, 1920, p.34. * 57 B. Lembezat, Le Cameroun, Paris, Editions maritimes et coloniales, 1954, p.171. * 58 du Jonchay, L'industrialisation..., p.43. * 59 J. Lemoine, "L'électrification, les adductions d'eau et l'assainissement dans les villes du Cameroun", in Marchés coloniaux du monde, N°340..., P.1382. * 60 Y. Njike, "Yaoundé : une ville en pleine expansion, 1922-1959", mémoire de maîtrise en Histoire, Yaoundé, Université de Yaoundé I, 2000, P.72. * 61 Lemoine, "L'électrification, ...", p.1382. * 62 Chauleur, L'oeuvre de la France..., p.121. * 63 ANY, 1AC730, Plan d'adduction en eau et d'électrification des principaux centres du Territoire, 1949-1950, Rapport de la commission des forces hydrauliques et électricité. * 64 Chauleur, L'oeuvre de la France, p.171. * 65 Rapport annuel adressé par le gouvernement français au conseil de la Société des Nations sur l'administration sous mandat du Territoire du Cameroun, 1932, p.76. * 66 Lemoine, "L'électrification...", p.1382. * 67 L'expression "élément européen" a été utilisée dans divers travaux sur la période coloniale. Lembezat (Le Cameroun..., p.70-72) inclut cependant dans cet ensemble syriens, libanais, américains en plus des ressortissants européens. Il s'agit donc de l'ensemble des populations non africaines, mais principalement européennes, installées au Cameroun pour prendre le cas précis de notre étude. * 68 Lembezat, Le Cameroun..., p.171. * 69 Njike, "Yaoundé...", p.72. * 70 ANY, 2AC3258, Rapport de la commission des Grands Travaux au conseil consultatif économique et financier, 7 novembre 1942. * 71 Infra.p.55. * 72 Supra.p.14. * 73 ANY, 1AC507 (10), Électrifications. Crédits demandés, p.8. * 74 ANY, 1AC5138, Programme triennal de Grands Travaux... * 75 Lire à ce sujet du Jonchay, L'industrialisation..., p.42-48. L'auteur présente notamment les efforts consentis en matière d'aménagement hydroélectrique dans divers territoires africains jusqu'à l'indépendance. Il compare également le potentiel hydroélectrique de l'Afrique à celui des autres continents. * 76 J.O.C.F du 1er juin 1946, Pp 704-705 (cf. annexe II). * 77 L'application de cette loi fut étendue au Cameroun ; ceci avant même que l'Assemblée générale des Nations Unies n'approuva, le 13 décembre 1949, l'accord de tutelle dont on retint que le Cameroun serait administré "comme partie intégrante du territoire français et selon la législation française". En cela, la France ignorait les desiderata des détracteurs de sa politique coloniale en Afrique. Lire à ce sujet M.-R. Atangana, Capitalisme et nationalisme au Cameroun au lendemain de la Seconde guerre mondiale (1946-1956), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, pp, 87-100. * 78 .S. Njoh, "Le FIDES et son impact sur le développement économique et social du Cameroun sous tutelle française 1947-1957", mémoire de DIPES II en Histoire, Ecole Normale Supérieure, Yaoundé, 1991, p.52. * 79 Lire à ce sujet G Ngango, Les investissements d'origine extérieure en Afrique Noire : statut et incidence sur le développement, Paris, Présence Africaine, 1973, pp.82-92 * 80 J. Marseille, Empire colonial et capitalisme français : Histoire d'un divorce, Paris, Albin Michel, 2005, p. 443. * 81 Ibid. , p. 446. * 82 Ibid. p. 359. * 83 C. Coquery - Vidrovitch, "Les changements économiques en Afrique dans le contexte mondial (1935-1980), in A.A. Mazrui, (s.d.), Histoire générale de l'Afrique, tome VIII, l'Afrique depuis 1935, Paris, UNESCO, 1998, p.206. |
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