![]() |
L'énergie et le processus de mise en valeur du Cameroun français (1946-1959)( Télécharger le fichier original )par Moà¯se Williams Pokam Kamdem Université de Dschang - Maitrise 2007 |
A- La constitution de la SEREPCALe souhait de mener une prospection active au Cameroun datait de l'après-guerre. Toutefois, la SEREPCA ne vit le jour qu'en 1951. Il faut voir là le résultat de nombreuses hésitations quant à la formule idoine pour réunir dans ce projet des partenaires financiers et le Territoire. Le financement d'une pareille initiative constituait évidemment l'enjeu majeur. 1. Les hésitations dans la constitution de la SEREPCA Le processus enclenché en 1946 allait aboutir le 27 septembre 1951 à la création d'une société anonyme dénommée Société de Recherche et d'Exploitation des Pétroles du Cameroun (SEREPCA) et à la signature d'une convention réglant l'exercice de celle-ci dans le Territoire216(*). Dès le quatrième trimestre 1950, le Territoire était intervenu à différentes reprises auprès du BRP afin de parvenir à un accord sur ce sujet. D'abord prévue pour la mi-juillet 1951, l'assemblée constitutive de cette société eut lieu les 7 et 26 septembre ; celle-ci permit notamment la ratification de la convention réglant l'activité de la SEREPCA. Le permis attribué à Léon Migaux en 1947 et reconduit en décembre 1950, fut transféré à la SEREPCA selon les dispositions évoquées, à savoir que ce dernier s'engageait à céder son permis de recherche à toute société constituée dans ce but. Ainsi, l'on note une certaine hâte dans la constitution définitive de la SEREPCA. Ceci est dû aux espoirs que la France et le Territoire fondaient sur la découverte du pétrole et donc, à la nécessité d'entreprendre rapidement des travaux d'envergure dans ce sens. Le Haut-commissaire Soucadaux notait alors la "nécessité technique de procéder dès maintenant à une campagne de sondages... a poussé à hâter la formation de la société"217(*). Il semble néanmoins que les questions financières aient été primordiales dans l'aboutissement de ce processus et justifient les hésitations que l'on a pu noter. Le chef du service des mines du Cameroun, Callot, reconnaissait dans son rapport de 1950 que la recherche pétrolière nécessitait avant tout un effort financier considérable et une extrême patience. Il évaluait ainsi qu'aux Etats-Unis, le coût nécessaire pour trouver un gisement important avoisinait les 600 millions de dollars. Dans l'Union française, il fallait mobiliser entre 80 et 90 millions de francs métropolitains dans cette optique218(*). De manière générale, il faut noter que : La notion de coût de production du pétrole brut est délicate, parce que les investissements préliminaires à toute extraction sont assez importants (...) L'existence d'aléas caractérise certes toute entreprise ; mais cela est poussé au maximum dans l'industrie pétrolière où on ne peut connaître qu'en fin d'exploitation les dépenses...219(*) Mais également, le coût de la recherche et de la production est très différent d'une région à une autre et peuvent varier de 1 à 50 selon l'importance du gisement et son implantation220(*). Il semble ainsi que dans le cas de la SEREPCA, il ait fallu s'assurer des garanties financières nécessaires. Certes, le BRP avait vocation à participer de manière significative à ce financement. Le Territoire du Cameroun, vu le caractère de l'entreprise envisagée, souhaita vivement y participer ; on envisagea au départ un quota de 30% dans le financement global2(*)7. Il fallut ensuite déterminer avec précision la répartition du capital et en envisager les augmentations ultérieures. (Tableau IX). 2. Le financement de la SEREPCA A sa constitution, la SEREPCA disposait d'un capital initial de 150.000.000 de francs CFA. Différentes augmentations du capital allaient très vite porter celui-ci à 4 milliards 700 millions de francs CFA, pour répondre aux exigences financières de la recherche d'hydrocarbures. Il faut tout de même noter que les résultats encourageants notés au cours de la prospection ont favorisé ces augmentations de capital. De manière globale, le BRP conservait une marge de participation comprise entre 50 et 65% dans l'ensemble de ses participations.2(*)8 Ceci se vérifie dans le cas de la SEREPCA et démontre la prépondérance de celui-ci dans l'activité pétrolière dans le domaine français. Le Territoire du Cameroun détenait également une part non négligeable dans ce capital. Les différentes assemblées locales qui se sont succédé ont ainsi régulièrement autorisé des crédits supplémentaires pour l'augmentation du capital de la société. Mais très vite, l'effort financier exigé est devenu considérable et au delà des possibilités du budget local. D'abord fixée au dessus des 30%, la participation du Territoire allait chuter autour des 11%, bien que la valeur réelle demeura élevée ; cette réduction de participation fut favorisée par l'arrivée de nouveaux actionnaires. Tableau IX : Evolution du capital et des participations dans la SEREPCA
Source : Nous, d'après Divers Rapports annuels du gouvernement français aux Nations Unies..., années 1951-1957 ; Divers rapports annuels de la direction des mines et de la géologie, années 1956-1959. * Jusqu'en 1957, le Cameroun est désigné par le terme "Territoire". Il faut attendre la loi du 16 avril 1957 pour qu'il soit désigné comme "Etat".Cependant, il faut mentionner que "La part importante souscrite par le Territoire du Cameroun montre bien tout l'intérêt que celui-ci porte à la mise en valeur des ressources de son sous-sol"2(*)9. La participation de la CCFOM, elle également, a considérablement évolué et sa souscription elle-même se justifie par le rôle financier majeur que la Caisse assurait dans la logique des plans d'équipement. Quant à la Société financière des pétroles (FINAREP) et à la compagnie financière de recherches pétrolières (COFIREP), il s'agissait de fonds privés3(*)0 auxquels il avait été fait appel pour soutenir l'effort financier de prospection. La part réduite qu'elles détenaient doit certainement être mise sur le compte de l'hésitation habituelle des investisseurs privés dans une initiative aussi aléatoire que la recherche pétrolière. La SEREPCA bénéficiait également du soutien de la section générale du FIDES. Ainsi, jusqu'en 1957, elle avait reçu 1503 millions de francs métropolitains sous forme de participation au capital (notamment à travers la CCFOM)3(*)1. * 216 Cf. Annexe V. * 217 ANY, 2AC4159, Rapport de présentation..., p.1. * 218 ANY, 1AC9787, Rapport du chef du service des mines..., p.6. * 219 P.Maillet, M.Cassette-Carry, L'énergie, Paris, PUF, 1989, p.46-47. * 220 Ibid., p.47. * 27 ANY, 1AC9787, Rapport du chef du service des mines..., p.6. * 28 Alduy, "La maîtrise de ses sources d'hydrocarbures...", p.1257. * 29 Rapport annuel du gouvernement français..., année 1951, p.92. * 30 Brand, Durousset, La France ..., p.179. * 31 Rapport annuel du gouvernement français..., année 1957, p.113. |
|