UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
DEPARTEMENT D'HISTOIRE
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIAL
SCIENCES
DEPARTMENT OF HISTORY
L'ENERGIE ET
LE PROCESSUS DE MISE EN
VALEUR DU CAMEROUN FRANÇAIS
(1946-1959)
Mémoire de Maîtrise en Histoire
Présenté par :
Moïse Williams Pokam Kamdem, Licencié en
Histoire
Jury
Président : Phlippe -
Blaise Essomba M.C.
Rapporteur : Jean Koufan
Menkene C.C.
Examinatrice : Chatap Ekindi
Odile C.C.
SOMMAIRE
Pages
Sommaire..............................................................................
iv
Liste des
illustrations.................................................................
vii
Liste des
annexes.....................................................................
viii
Liste des abréviations et des
acronymes........................................... ix
Résumé.................................................................................
xii
Abstract................................................................................
xiii
Introduction
générale................................................................
1
Chapitre I : L'état des lieux des
activités de recherche et d'exploitation d'énergie au Cameroun
avant 1946...............................................9
I. L'effort de l'Allemagne dans la recherche d'énergie au
Kamerun..............9
A. Le cadre général de la mise en valeur du
Kamerun.................... 10
B. La recherche de pétrole au
Kamerun..................................... 13
II. La recherche du charbon et des hydrocarbures sous le mandat
français...15
A. Le mandat français sur le Cameroun et la mise
en valeur du
Territoire................................................................................
15
B. La recherche du
charbon..................................................17
C. La recherche des
hydrocarbures.......................................... 18
III. L'émergence des premiers foyers
d'électricité.............................. 20
A. Les débuts de l'électricité au
Cameroun................................ 20
B. Douala, "ville-
lumière"................................................... 22
C. Les perspectives d'électrification de
Yaoundé et de Dschang........ 24
Chapitre II : Le plan de mise en valeur du Cameroun
français après la Deuxième Guerre
mondiale....................................................... 27
I. L'évolution de l'idée de
planification........................................... 27
A. Le temps de
l'indécision.................................................. 27
B. L'impératif de mobilisation imposé par la
Reconstruction.......... 29
II. Le plan d'équipement du Cameroun et son
financement.................... 31
A. Le plan d'équipement du Cameroun
.................................... 31
B. Le financement du plan
d'équipement................................... 35
III. La place de l'énergie dans le plan
d'équipement............................ 39
A. La notion d'énergie dans le
plan......................................... 40
B. Les principaux projets énergétiques retenus dans
le plan............. 41
Chapitre III : L'essor de l'énergie
électrique au Cameroun (1947-1958)...46
I. Les défis et les acteurs du secteur de
l'électricité au Cameroun après la Seconde Guerre
mondiale........................................................... 46
A. Les défis du secteur de
l'électricité...................................... 47
B. Les principaux acteurs du
secteur........................................ 50
C. L'électrification du Cameroun au cours du plan
d'équipement..... 55
II. Quelques aspects de l'aménagement
hydroélectrique d'Edéa................59
A. Les questions foncières et du
financement.............................. 59
B. La question de la
main-d'oeuvre.......................................... 63
Chapitre IV : La relance des activités
minières liées à l'énergie au Cameroun
(1947-1959)...............................................................
70
I. L'intérêt croissant pour les
hydrocarbures au Cameroun 1947-1951......... 71
A. La nécessité d'approvisionnement en
produits pétroliers..............71
B. L'action du Bureau de Recherche du Pétrole au Cameroun
jusqu'à
1951......................................................................................
74
II. Les hydrocarbures : l'effort de prospection de la
SEREPCA 1951-1958...78
A. La constitution de la SEREPCA
..........................................79
B. L'activité pétrolière au Cameroun de 1951
à 1958.................... 82
III. La recherche de substances radioactives
......................................88
A. L'intérêt nouveau pour l'énergie atomique
après la Seconde Guerre
mondiale................................................................................
88
B. L'action du CEA au
Cameroun........................................... 89
Conclusion
générale...................................................................
93
Annexes.................................................................................
99
Sources et orientations
bibliographiques........................................... 121
LISTE DES ILLUSTRATIONS
v Tableaux
I. Evolution de la valeur cumulée des importations et des
exportations des colonies allemandes1905 -
1912.................................................... 11
II. Répartition des investissements dans les colonies
allemandes en 1913.... 11
III. Répartition de la consommation d'énergie
électrique à Douala en 1935... 23
IV. Financement des dépenses d'investissement de la
section locale FIDES en
1959.....................................................................................
37
V. Dépenses engagées par la section locale FIDES au
Cameroun en
1958......................................................................................
38
VI. Evolution de la consommation d'énergie au Cameroun
1957............... 42
VII. Evolution de la consommation industrielle d'énergie
électrique au Cameroun1953
-1959.................................................................. 48
VIII. Le secteur de l'électricité au Cameroun en
1959........................... 51
IX. Evolution du capital et des participations dans la
SEREPCA1951 - 1959..81
v Graphiques
I. Répartition des crédits FIDES par rubriques
d'activité 1949 - 1958......... 33
II. Répartition du financement des plans
d'équipement au Cameroun en
1957.....................................................................................
36
III. Quantité d'énergie nécessaire à
la fabrication de produit industriel........ 50
IV. Ventilation des crédits pour l'aménagement
hydroélectrique d'Edéa en
1950.....................................................................................
62
V. Evolution des importations de produits pétroliers au
Cameroun en 1957...73
v Cartes
I. Le Cameroun
français................................................................9
v Photos
I. Construction de la centrale électrique de Douala Bassa,
1951................ 56
II. Main-d'oeuvre locale sur le chantier d'Edéa,
1949............................ 66
III. Derrick de la SEREPCA en activité au Cameroun,
1956.................... 83
IV. Forage de la SEREPCA au Cameroun,
1956.................................. 85
LISTE DES ANNEXES
I. Questionnaire
d'enquête............................................................
100
II. Loi du 30 avril 1946 établissant les plans
d'équipement...................... 101
III. Extraits du plan général du
Cameroun.......................................... 103
IV. Correspondances de la CCDEE et de l'ENELCAM adressées
au Haut- commissaire
............................................................................
111
V. Convention réglant les conditions d'exercice de la
SEREPCA au
Cameroun................................................................................
113
LISTE DES ABREVIATIONS ET DES
ACRONYMES
AEF : Afrique Equatoriale Française
AES-SONEL Applied Electricity Services -
Société Nationale d'Electricité
ALUCAM : Aluminium du Cameroun
AOF : Afrique Occidentale Française
ARCAM : Assemblée Représentative du
Cameroun
BRP : Bureau de Recherche du Pétrole
BRPM : Bureau de Recherche et de Participation
Minières
CCDEE : Compagnie Coloniale (Puis Centrale) de
Distribution d'Energie Electrique
CCFOM : Caisse Centrale de la France d'Outre-mer
CEA : Commissariat à l'Energie Atomique
CFA : Communauté Française d'Afrique
CRAN : Conseil Représentatif des Associations
Noires de France
COFIREP : Compagnie Financière de Recherches
Pétrolières
EDF : Electricité de France
ENELCAM : Energie Electrique du Cameroun
FAC : Fonds d'Aide et de Coopération
FIDES : Fonds d'Investissement pour le
Développement Economique et Social
FINAREP : Société Financière des
Pétroles
IFAN : Institut Français d'Afrique Noire
IEPF : Institut de l'Energie des Pays ayant en commun
l'usage du Français
JOC : Journal Officiel du Cameroun
JOCF : Journal Officiel du Cameroun Français
JORF : Journal Officiel de la République
Française
KVA: Kilo volt ampere
KW: Kilowatt
KWh : Kilowatt heure
MRAP : Mouvement contre le Racisme et pour
l'Amitié entre les Peuples
ONU : Organisation des Nations Unies
ORSC : Office de la Recherche Scientifique Coloniale
SDN : Société des Nations
SEREPCA : Société de Recherche et
d'Exploitation des Pétroles du Cameroun
SNC : Société Nationale du Cameroun
TEC : Tonne Equivalent Charbon
TEP : Tonne Equivalent Pétrole
UPC : Union des Populations du Cameroun
W : Watt
RESUME
Dès 1945, l'empire colonial français, dont la
France métropolitaine et le Cameroun, connut un vaste défi
énergétique. Il s'agissait, en effet, de faire face aux besoins
engendrés d'une part au cours de la Reconstruction d'après guerre
et d'autre part, par le plan d'équipement de 1946. L'énergie, de
par son rôle capital dans le développement économique et le
progrès social, allait ainsi constituer une orientation majeure du
processus de mise en valeur systématique de l'Outre- mer. Au Cameroun
spécifiquement, cette initiative s'est appuyée sur l'effort
mené à partir de 1888 par les Allemands et sur les
différentes réalisations répertoriées sous le
mandat français. Dès 1946 alors, de nombreuses initiatives
avaient été prises, allant d'un apport considérable en
capitaux à la constitution de sociétés de recherche et
d'exploitation. La recherche d'énergie privilégia deux
axes : le premier concernait l'apport en énergie électrique,
symbolisé par la construction du barrage d'Edéa pour booster
à la fois l'activité industrielle et l'électrification
générale du Territoire. Le second se focalisait sur les
énergies fossiles et minérales à savoir les hydrocarbures,
devenus principale source d'énergie à travers le monde, et
l'uranium vulgarisé dans le contexte de la Deuxième Guerre
mondiale.
ABSTRACT
By 1945, energy became an important issue in France, Cameroon
and the French colonial empire in its whole. This was due to the huge needs
generated by the Reconstruction after the Second World War, and to those
generated by the plan of equipment launched in 1946 in French territories. That
is why energy, which plays a capital role in economic development and social
progress, became a major orientation in French colonial economics. In Cameroon
precisely, prospecting of energy was based in a first hand on the efforts made
during German administration and in another hand on those made during French
mandate. Globally, from 1946 some measures were taken among which a
considerable financial investments and the creation of enterprises to prospect
and produce energy. The production of electricity and also the prospecting of
oil and uranium, which both emerged during the Second World War, were the two
initiatives taken in the energy sector.
INTRODUCTION GENERALE
Sujet de l'économie, de l'écologie et bien
évidemment de la physique, l'énergie l'est devenue depuis
quelques décennies pour l'histoire : certes l'histoire de
l'énergie est encore largement confinée dans l'histoire
économique. La place prépondérante qu'occupe
l'énergie à travers le monde et l'activité humaine pousse
les disciples de Clio à s'intéresser davantage à ce sujet.
En effet :
L'énergie est un élément clé de
l'évolution des sociétés humaines et sa maîtrise a
permis d'améliorer les conditions de vie, de développer les
activités industrielles ainsi que les transports. L'exploitation des
différentes sources, l'amélioration des rendements et des modes
de distribution, la croissance de la consommation marquent l'histoire de
l'énergie, qui est intimement liée à celle des sciences,
des techniques et des modèles socioéconomiques.1(*)
D'ailleurs, l'actualité ne manque pas de
référence à ce sujet ; les développements
récents de la géopolitique, de la stratégie et de
l'économie mondiale en sont imprégnés. On note le
développement de techniques d'utilisation civile du
nucléaire ; les stratégies américaine, chinoise et
européenne de diversification de leurs sources d'approvisionnement en
hydrocarbures, qui aboutissent à une tentative de remodelage de l'ordre
établi dans le Golfe persique et un rush vers le Golfe de
Guinée ; les tensions entre la Russie et les pays de la
Communauté des Etats Indépendants au sujet de leur
approvisionnement en gaz, entre autres.
Au Cameroun spécifiquement, les années 2000 ont
vu la mise en oeuvre et le lancement de nombreux projets
énergétiques. Parmi ceux-ci, la centrale à gaz de Kribi
qui pourrait permettre enfin d'exploiter les ressources gazières du
pays ; les projets de barrages- réservoirs ou
hydroélectriques de Memvé'ele, de Nachtigal et de
Lom-Pangar ; la multiplication des centrales thermiques et un recours
croissant à l'énergie solaire.
Dans une perspective historique cependant, il nous a
semblé intéressant de greffer cette thématique de
l'énergie au récent débat sur "le rôle positif de la
colonisation"2(*)
française, et d'en forcer ainsi une approche économique. Henri
Isnard mentionnait d'ailleurs dans ce cadre que : "C'est autour de
l'économie que s'organisèrent les relations structurelles qui
définissent le système colonial..."3(*). La fin de la Deuxième Guerre mondiale a
marqué un revirement des économies coloniales, avec implication
plus remarquée des métropoles. Dans le giron français, la
loi du 30 avril 1946 lançait les plans d'équipement et de
développement des territoires d'outre-mer. Le bras financier de cette
initiative était le Fonds d'Investissement pour le Développement
Economique et Social (FIDES). La propagande économique tendait alors
à appréhender les réalisations des plans
d'équipement comme le résultat de l'efficacité de
l'intervention économique de la métropole dans ses territoires
d'outre-mer4(*). La vision
commune est pourtant que la France avait exploité rationnellement
ceux-ci. Ce à quoi Jean Fourastié s'oppose :
... la France, déclare-t-il, a pu se procurer, non par
vol ou par conquête comme on l'a prétendu, mais par un acte
d'achat qui se situait parfois nettement au-dessus du prix de revient, toutes
les matières premières et toute l'énergie mécanique
nécessaires à sa croissance économique.5(*)
Les plans camerounais issus de l'initiative de planification
avaient porté entre autres sur l'infrastructure de communication, sur la
recherche minière et sur les mesures d'incitation à
l'industrialisation ; on pourrait alors ouvrir un chapitre sur
l'énergie. Le bihebdomadaire Radio-presse commentant en effet,
lors de l'inauguration du barrage d'Edéa : "la recherche de
l'énergie est depuis longtemps le souci des pionniers qui ont
pensé à mettre en valeur les territoires africains".6(*) Nous nous intéressons
donc dans ce travail à "L'énergie dans le processus de mise en
valeur du Cameroun français".
C'est ici le lieu d'apporter certaines clarifications
conceptuelles. " L'énergie " peut être perçue
comme la force qui permet de fournir du travail ou d'engendrer des effets
externes. La chaleur que dégage le feu et qui fait bouillir la marmite,
le vent qui fait tourner le moulin, le carburant ou le charbon qui en se
consumant permet de faire avancer l`automobile ou la locomotive, le courant
électrique qui permet de faire fonctionner les lanternes, voilà
prosaïquement quelques manifestations de l'énergie. Capitale pour
le développement économique et le progrès social,
l'énergie est un produit polymorphe7(*). On distingue les énergies traditionnelles
(bois, charbon, déchets animaux et végétaux ...) et
d'énergies modernes ou commerciales (houille, produits
pétroliers, électricité...)8(*). Cependant, nous ne retenons dans ce travail que les
énergies modernes, dont l'introduction est associée à la
colonisation.
La "mise en valeur", quant à elle, est une notion
difficile à définir. On l'associe souvent à la
définition de la "colonisation". En effet, la mise en valeur a suivi
l'acquisition et la répartition des territoires sous domination. En
septembre 2006, la présentation de l'édition 2007 du Petit
Robert suscita un vif débat en France. La colonisation y est
définie comme la "Mise en valeur. Exploitation des pays devenus
colonies"9(*). Deux
associations, le Conseil Représentatif des Associations Noires de France
(CRAN), et le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les
Peuples (MRAP), dénoncèrent cette définition et
exigèrent le retrait de cette édition, ainsi que des
précédentes10(*). La controverse portait notamment sur la notion de
"mise en valeur" ; celle-ci suppose que les territoires mis en valeur
étaient jusque-là délaissés, des terres
vacantes ; ce qui légitimerait la colonisation. Albert Sarraut a
largement contribué à la diffusion de cette notion dans l'empire
français, à travers son ouvrage : La mise en valeur des
colonies françaises publié en 1923. D'après Sarraut,
il s'agissait de sélectionner :
...les centres principaux de production des matières ou
des denrées nécessaires à la métropole, les grands
dépôts naturels de richesses, les grands greniers, les grandes
cultures, les grandes forêts, les plus importants gisements, en un mot
les points capitaux où la France doit pouvoir puiser au maximum les
ressources qui lui sont utiles.11(*)
La mise en valeur a donc constitué la dimension
économique de l'assujettissement des populations colonisées,
l'exploitation systématique au profit des métropoles des
richesses des territoires soumis.
Le territoire concerné, le Cameroun français
dessine un triangle de 432.000 km², reliant l'Afrique équatoriale
à l'Afrique tropicale ; il est entouré de possessions
françaises, britanniques et espagnoles avec au Sud-Ouest près de
200 km de côtes donnant sur l'Atlantique.12(*)
Les recherches dans ce cadre ont été
menées principalement à Yaoundé, dans des fonds d'archives
et bibliothèques. Il s'agit notamment de : Les archives
nationales ; Les archives du ministère de l'eau et de
l'énergie ; La bibliothèque universitaire de Yaoundé
I ; La bibliothèque du ministère de la recherche
scientifique et de l'innovation ; La médiathèque du Centre
Culturel Français de Yaoundé ; La bibliothèque de
AES/SONEL à Douala.
Il nous a été ainsi donné de consulter
des travaux intéressants :
L'ouvrage de Martin-Réné Atangana13(*) qui ausculte les relations
entre la France et le Cameroun de 1946 à 1956, s'attarde sur les
structures politiques et socio-économiques du Cameroun avant la
colonisation, et aborde la dimension "capital" de cette relation. Ainsi,
revient-il sur l'adoption du plan d'équipement à travers ses
origines, ses mécanismes et son financement. L'accent est ensuite mis
sur le rôle joué par le capitalisme français dans
l'évolution du nationalisme au Cameroun. Bien que n'accordant que
quelques lignes aux projets et réalisations énergétiques,
Capitalisme et nationalisme au Cameroun au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale (1946-1956) reste une analyse précieuse du processus de
mise en valeur du Cameroun français.
Ivan du Jonchay en semblait convaincu, l'énergie
était le facteur privilégié de l'industrialisation des
territoires d'Afrique. En effet, son ouvrage, L'industrialisation de
l'Afrique14(*),
consacre le second chapitre, après un chapitre introductif, à la
question de l'énergie à travers ses diverses formes et ses divers
aspects. Publié en 1953, cet ouvrage a l'intérêt de se
situer dans le cadre des plans d'équipement et permet ainsi d'en deviner
les orientations énergétiques. Cependant l'analyse trop
générale rend, les nuances propres à chaque territoire
difficiles à saisir.
La revue Marchés coloniaux du monde15(*) publiait en 1952 un dossier
sur le Cameroun. Les différents articles de ce dossier sont
signés de la main de plusieurs responsables de l'administration centrale
et locale de la France au Cameroun, et de techniciens, chacun dans son
domaine ; il s'agit ainsi d'une présentation générale
du territoire en 1952. De la quarantaine d'articles publiés, certains
abordent le plan camerounais de modernisation et d'équipement, la
recherche pétrolière, les investissements français au
Cameroun, l'industrialisation, l'électrification et l'aménagement
de la chute d'Edéa. Bien que regorgeant d'informations
intéressantes, ce dossier offre des données imprécises ou
très techniques, tout comme on peut s'interroger sur
l'objectivité de leurs auteurs.
Joseph-Aimé Njomkam consacre son mémoire
d'obtention du diplôme d'ingénieur commercial à
"L'énergie et le développement du Cameroun : l'exemple du
complexe électro-métallurgique d'Edéa"16(*). La partie préliminaire
de ce travail est une analyse du problème énergétique au
Cameroun : l'auteur aborde la question des sources d'énergie au
Cameroun à savoir le bois, le pétrole et
l'hydroélectricité, et pose la question de leur gestion. Un
chapitre est consacré au pétrole avec notamment une
reconstitution chronologique de l'activité de prospection. Un autre
chapitre, consacré à l'électricité, revient sur
l'historique de celle-ci et sur les différents aspects de sa production
et de sa consommation. Une place importante y est également
consacrée au complexe d'Edéa ; l'auteur aborde alors les
raisons du choix du site, les caractéristiques et l'évolution de
l'équipement de la centrale et, l'implantation de la Compagnie
camerounaise d'aluminium (ALUCAM). Cependant, l'auteur manque de perspective
historique, sacrifiant le contexte général à l'abondance
d'informations.
De tous ces documents, il faut cependant noter que
l'accent n'est pas mis sur la corrélation entre le plan
d'équipement et le développement de la recherche d'énergie
au Cameroun. Cette documentation n'offre dans certains cas que peu de
perspective historique et reste en somme très imprécise, ce qui a
renforcé notre intérêt pour la thématique sus
citée.
Au centre de notre réflexion :
l'omniprésence et l'importance du capital français dans cette
initiative de mise en valeur après la Deuxième Guerre mondiale.
On peut alors considérer que, dans le cadre des plans
d'équipement d'outre-mer, la France avait tout intérêt
à prospecter, à étudier et à exploiter les
ressources énergétiques du Territoire. Ceci permettrait d'assurer
l'approvisionnement de la métropole et des territoires, facilitant ainsi
l'implantation d'industries. La dimension accordée par la France,
tutrice du Cameroun, à la recherche d'énergie aurait donc
été proportionnelle aux potentialités du Cameroun, aux
ambitions économiques de la métropole dans ce territoire et aux
besoins propres de la France. Ceci suscite alors l'interrogation sur le
rôle, la place de l'énergie dans le processus de mise en valeur du
Cameroun. Quelles ont été les orientations données
à la recherche d'énergie au Cameroun ? Quels en ont
été les divers aspects ?
Notre étude couvre la période 1946-1959. Le 30
avril 1946, la loi établissant les plans d'équipement d'outre-mer
et la création du FIDES était promulguée. La même
année, l'intégration définitive du Cameroun à cette
initiative fut confirmée le 13 décembre ; en effet,
l'Assemblée générale des Nations unies approuva en cette
date l'accord de tutelle sur le Cameroun. Cependant, cette tutelle fut
levée le 14 mars 1959 par l'ONU. Mais davantage, les difficultés
financières s'ajoutant à la perspective d'indépendance des
colonies françaises, le FIDES fut supprimé. Il fut
remplacé, par décrets du 24 mars et du 25 juillet 1959 par le
Fonds d'Aide et de Coopération.
La méthode de travail est thématique et
chronologique. En effet, la diversité des faits à relever nous a
convaincu d'élaborer de grands axes d'analyse à chacun desquels
l'approche chronologique a permis de dégager l'évolution, la
dynamique.
Toutefois, ce travail ne s'est pas réalisé sans
difficultés, la principale étant l'accès aux sources.
Daniel Abwa mentionnait à ce sujet : "La principale menace contre
l'écriture de l'histoire du Cameroun se trouve, aujourd'hui, dans
l'indisponibilité des sources, matières premières pour
toute recherche"17(*). Les
réticences du personnel administratif, le mauvais classement et/ou la
destruction de documents sont quelques facettes de cette indisponibilité
à laquelle nous avons été confronté respectivement
aux archives de Dschang, d'Edéa et du ministère des travaux
publics. Les informateurs également, se sont montrés très
distants, considérant le sujet comme "sensible".
Ce mémoire comporte quatre chapitres : le premier
revient sur les activités de recherche d'énergie ayant
précédées ce plan ; le second traite de la question
de la mise en valeur du Cameroun à travers le plan d'équipement
; le troisième porte sur les conditions et les principaux aspects du
développement de l'électricité ; le quatrième
chapitre retrace les activités spécifiques aux hydrocarbures et
à l'uranium.
CHAPITRE I : L'ETAT DES LIEUX DES ACTIVITES
DE RECHERCHE ET D'EXPLOITATION D'ENERGIE AU CAMEROUN AVANT 1946
L'introduction d'énergies modernes ou commerciales,
donc réservées à une utilisation industrielle, au Cameroun
est liée à la colonisation. Certes, la période allant de
1946 à 1959 allait constituer une période de
référence dans la mise en valeur des ressources
énergétiques du Cameroun. Mais il serait intéressant
d'aborder ici l'intervalle chronologique compris entre le début de la
colonisation, avec la signature du traité germano-duala du 12 juillet
1884, et la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En effet, dans le
domaine de l'énergie, les études et les réalisations
effectuées entre 1884 et 1945 ont certainement servi de base à
celles qui ont suivi. Mais davantage, cette période étant
caractérisée par une absence de planification, les actions
entreprises manquaient, a priori, de perspectives et de coordination.
Alors, quelles stratégies et quelles initiatives l'administration et les
entreprises privées coloniales avaient-elles conduites dans la mise
en valeur des ressources énergétiques du Cameroun ? L'effort de
l'Allemagne d'abord, et de la France ensuite, dans l'activité
minière énergétique et l'oeuvre de cette dernière
dans l'électrification du Territoire constituent quelques pistes.
I. L'EFFORT DE L'ALLEMAGNE DANS LA RECHERCHE D'ENERGIE
AU KAMERUN
L'Allemagne a été la première puissance
étrangère à installer son administration et ses firmes au
Kamerun18(*). Elle entama
alors la mise en valeur du Territoire, lui conférant une place
particulière dans l'ensemble de ses colonies. L'initiative la plus
notable dans le domaine de l'énergie reste la recherche de
pétrole.
A. Le cadre général de la mise en valeur
du Kamerun
A la fin des années 1880, le scramble
étant achevé, les puissances coloniales initièrent
l'exploitation des richesses des territoires sous leur joug. L'Allemagne
n'ayant pas été en reste, il serait judicieux de retracer ici la
mise en valeur des colonies allemandes et d'en ressortir les stratégies
spécifiques au Kamerun.
1. La mise en valeur économique des colonies
allemandes
La présence allemande au Cameroun après la
signature du Traité germano-duala a été fondatrice de ce
territoire19(*). Il
s'avère alors utile de remonter jusque là dans notre
étude. Le revirement de la politique coloniale de Bismark en 1884 ne
peut se dédouaner d'avoir eu des déterminants
économiques20(*).
Certains observateurs jugèrent postérieurement que le Kamerun ne
participait que pour très peu à l'économie coloniale de
l'Allemagne. Pour cause, seuls quelques investisseurs s'y
risquaient21(*). Deux
éléments permettent de l'évaluer : les statistiques
du commerce des colonies allemandes des années 1905, 1911 et 1912
(tableau I), et les statistiques des capitaux investis dans ces territoires en
1913 (tableau II)
Tableau I : Evolution de la valeur
cumulée des importations et des exportations des colonies allemandes
(1905-1912)
COLONIES
|
ANNEES
|
1905
|
1911
|
1912
|
Kiao-Tchéou
|
117 429 000
|
162 420 000
|
244 041 000
|
Afrique orientale
|
34 506 000
|
85 410 000
|
102 157 000
|
Afrique sud-ouest
|
29 810 000
|
92 432 000
|
89 417 000
|
Kamerun
|
28 477 000
|
63 209 000
|
71 845 000
|
Togo
|
17 646 000
|
23 601 000
|
26 731 000
|
Nouvelle Guinée
|
9 800 000
|
25 051 000
|
26 615 000
|
Samoa
|
6 770 000
|
10 568 000
|
12 547 000
|
Tableau II : Répartition des
investissements dans les colonies allemandes. Relevé de mars
1913
COLONIES
|
CAPITAL NOMINAL
|
%
|
En marks
|
Afrique sud-ouest
|
26
|
140 929 800
|
Afrique orientale
|
21
|
106 802 019
|
Kamerun
|
19
|
95 963 000
|
Autres colonies
|
11
|
55 140 000
|
Nouvelle guinée
|
10
|
50 484 400
|
Samoa
|
10
|
51 253 800
|
Togo
|
1
|
4 490 000
|
Total
|
98%
|
506 063 019
|
Source : Franklin
Eyelom, Le partage du Cameroun entre la France et l'Angleterre,
L'Harmattan, 2003, pp.84 et 244.
On fait aisément le constat que le Kamerun ne se
situait qu'à la troisième place des colonies allemandes en
Afrique, aussi bien en termes d'investissement que de rentabilité
commerciale. Franklin Eyelom apporte cependant un regard critique à
cette position. En effet, les territoires de l'Afrique orientale (Tanzanie,
Burundi, Ruanda) et de l'Afrique du sud-ouest (Namibie) avaient une superficie
beaucoup plus grande que celle du Kamerun, respectivement près d'un
million de km², 800 000 km² et 750 000 km². Par
contre, les écarts de balance commerciale entre le Kamerun et ces
colonies étaient minimes22(*). L'ensemble de ces résultats tend à
montrer que si pour l'Allemagne "Le Kamerun n'est pas une raison
économique absolue, il peut être perçu comme un symbole
politique"23(*).
2. La mise en valeur spécifique du
Kamerun
La mise en valeur du protectorat à cette époque
avait concerné aussi bien l'agriculture et l'exploitation
forestière, les communications que l'exploitation du sous-sol. Cette
initiative de mise en valeur fut favorisée par la multiplication des
compagnies à charte qui organisèrent la recherche afin
d'"établir le bilan des richesses du pays"24(*). Ainsi, d'après
Engelbert Mveng, de nombreux travaux furent menés en anthropologie mais
également en botanique et en zoologie, en météorologie et
en géologie entre autres25(*).
Le début de l'exploration géologique est
à situer en 1888 avec la mission Weissenborn. La géologie,
étude des différentes couches du sous-sol et de leurs
constituantes permet notamment de déterminer des formations
minérales exploitables. Grâce à cette mission, et à
celles qui ont suivi jusqu'à la veille de la Grande Guerre, de nombreux
indices minéraux ont été répertoriés.
Cependant, aucun gisement exploitable ne fut mis à jour. On peut
néanmoins énumérer dans ce cadre des micas à
Issoudan ; du plomb argentifère à l'état sporadique
dans des grès dans la vallée de la Cross River ; du calcaire
dans la vallée du Mungo ; du fer dans la Basse Sanaga, à
Bamenda et à Yabassi ; de la rutile aux environs de Banyo ; du
charbon aux environs de Banyo et de la Cross-River ; du pétrole
à Logbaba et des schistes bitumeux de la Cross-River26(*).
Cependant, en quoi a constitué l'effort des Allemands
dans la promotion de l'activité minière énergétique
au Cameroun ?
B. La recherche de pétrole au
Kamerun
N'ayant pu réunir une documentation suffisante sur le
charbon, nous nous contentons ici de donner quelques indications sur la
prospection pétrolière. Dans un article consacré à
"La recherche du pétrole". P. Pouzet, alors ingénieur-
géologue, notait que "des suintements d'hydrocarbures sont depuis
longtemps connus sur le Territoire du Cameroun "27(*). Cette affirmation est
corroborée par de nombreuses sources, notamment par l'administrateur
Callot, chef du service des mines du Cameroun en 1950 qui dans un rapport
adressé au Haut-commissaire Soucadaux, mentionna l'origine de ces
suintements : à Logbaba. Il précisait qu'ils étaient
utilisés au début du siècle par les populations
indigènes pour s'éclairer28(*).
Des prospecteurs de la société des plantations
de Victoria notèrent la présence de ces indices en avril 1904.
Cette société détenait d'importants investissements au
Cameroun : elle était en cela unique :
spécialisée dans les grandes plantations, elle investit
bientôt dans le commerce, le transport des produits agricoles et dans
l'activité minière. S'agissant du pétrole, Harry Rudin
notait:
The discovery of petroleum near the Wuri and Mungo Rivers in
April 1904 gave rise to some very great hopes. Representatives of the
plantation company Victoria made the discovery and formed a shortlived
subsidiary company for the exploitation of oil. In 1907 a second effort was
made to get petroleum in colony (...) but it was a vain effort...29(*)
D'après Etoga Eily, la société des
plantations de Victoria créa la Kamerun Bergwerk pour
poursuivre les travaux de prospection30(*). Trois sondages furent ainsi effectués entre
1904 et 1905 ; les deux premiers, respectivement à 140 et à
305 mètres ne furent pas concluants. Un troisième de 800
mètres releva quelques traces de gaz et de pétrole. Des
difficultés financières propres à la nouvelle
société mirent fin aux travaux. Il est en effet indéniable
que dans le domaine des hydrocarbures, la prospection est longue et
extrêmement coûteuse, ce qui exige donc une certaine
persévérance. Les efforts du gouvernement pour relancer la
prospection en 1907, notamment par la promesse d'attribuer des permis miniers,
n'aboutirent non plus à des résultats plus satisfaisants.
Cependant, Engelbert Mveng semble apporter quelques nuances
à cette version : la société Victoria aurait, a
contrario, créé la Bergwerk Aktiengesellschaft pour
exploiter les pétroles de Logbaba ; mais la prospection,
après avoir coûté 1.500.000 marks, fut interrompue par la
guerre sans avoir atteint des résultats probants31(*). Les géologues
français ne retinrent ainsi de cette période que quelques
renseignements.
Les Allemands avaient-ils accordé quelque importance
à l'électricité, et principalement à
l'hydroélectricité ? J.-A. Njomkam semble répondre
par l'affirmative. En effet, il note que le barrage de Dschang a
été construit par les Allemands32(*). D'après nos observations, il s'agit d'un
petit barrage de retenue construit sur la rivière
Tsinkop ; il servait à régulariser le débit
de la rivière. A cet effet, il est muni de deux vannes actionnées
manuellement. Ce petit barrage débouche sur une voie d'eau qui court sur
des centaines de mètres ; celle-ci aboutit, derrière
l'actuelle prison de Dschang, sur un déversoir donnant sur les chutes de
la ville. A ce lieu également, une partie de la rivière est
déviée, et à travers une conduite forcée, sert
à faire tourner les turbines de la centrale qui se situe à
quelques dizaines de mètres en aval du déversoir.
Bien que l'invention de la dynamo qui révolutionna les
moteurs industriels et l'éclairage intervienne en 1875,
l'hydroélectricité quant à elle ne naquit qu'à la
fin du XIXe siècle, principalement grâce à
l'invention vers 1895 des turbines hydrauliques33(*). Il conviendrait dans de prochaines études de
se demander si ce barrage avait été conçu dans le cadre de
l'urbanisation ou dans la perspective de l'électrification de ce
centre.
C'est donc sur cette base que les français allaient
contribuer à un certain développement de
l'électricité au Cameroun ainsi qu'à la recherche
minière de sources d'énergie.
II. LA RECHERCHE DU CHARBON ET DES HYDROCARBURES SOUS
LE MANDAT FRANÇAIS
La Première Guerre mondiale prit fin au Cameroun en
1916. Ceci fut déterminé par le départ des allemands du
Territoire et son partage entre l'Angleterre et la France. Toutefois, la mise
en valeur du pays ne fut pas remis en cause. La France s'investit ainsi dans
les initiatives entamées par l'Allemagne, recherchant dans le sous-sol
aussi bien du charbon que des hydrocarbures.
A. Le mandat français sur le Cameroun et la
mise en valeur du Territoire
Le mandat international de la France sur le Cameroun fut
institué en 1922, entérinant le partage du territoire entre
l'Angleterre et la France. Quelques interrogations viennent alors à
l'esprit : quelle était la mission de celle-ci au Cameroun ?
Quelles furent les lignes directrices de la mise en valeur du Territoire
après la Première Guerre mondiale ?
1. Le partage du Cameroun et l'institution du
mandat
En 1919, l'Allemagne grande perdante de la Grande Guerre, se
vit retirer son autorité sur ses colonies par la Société
des Nations (SDN). On laissait à la France et à l'Angleterre la
responsabilité de fixer les modalités de leur mandat sur le
Cameroun. Un accord était intervenu le 6 mars 1916 entre les deux
puissances et fut entériné dans le Traité de paix de
Versailles signé le 28 juin 191934(*). En effet, le 6 mars 1916, le général
Dobell pour l'Angleterre et le général Aymerich pour la France,
allaient se repartir le Kamerun : 53.000 km² pour l'Angleterre et le
reste de 750.000 km² du Neu-Kamerun pour la France35(*).
Le conseil de la SDN approuva, le 20 juillet 1922, les textes
des mandats sur le Cameroun qui stipulaient :
La puissance mandataire aura pleins pouvoirs d'administration
et de législation sur les contrées faisant l'objet du
mandat. Ces contrées seront administrées selon la
législation de la puissance mandataire comme partie intégrante de
son territoire...36(*)
Reconnaissant que la formule du mandat n'était pas
parfaite mais, qu'elle était la meilleure possible pour l'époque,
Engelbert Mveng commentait : "Le Cameroun, nous le disons sans complexe,
fut certainement une réussite de la France"37(*).
Le caractère du mandat différait suivant le
degré d'évolution des peuples, les conditions économiques
et la situation du Territoire38(*). Le Cameroun, jugé non- encore mature, fut
placé sous le mandat B. Pour l'ensemble des territoires désormais
régis par le régime de mandat, la SDN prescrivit à la
puissance mandataire d'y assurer la paix, le bon ordre, l'accroissement du
bien- être et du progrès social des habitants.
2. La mise en valeur du Cameroun sous mandat
français
Une grande part de l'oeuvre économique de la France au
Cameroun, de 1916 à 1939, consista principalement à la
réfection de l'infrastructure endommagée au cours des
hostilités. En effet, "Dans leur retraite, les Allemands avaient
détérioré les voies ferrées, culbuté le
matériel roulant dans les déblais, retiré les boîtes
à graisse des wagons, fait sauter des ponts... enterré une partie
du matériel"39(*).
Mais également, l'avancée des forces britanniques et
françaises pour déloger les Allemands du Cameroun n'avait pas
épargné cette infrastructure. De manière
générale, la mise en valeur du territoire concerna
l'aménagement du port de Douala, les chemins de fer, les routes de
terre, les transports aériens, les travaux d'urbanisation et la
production agricole. Elle s'appuya sur l'effort allemand et connut une
activité notable jusqu'à la veille de la Deuxième Guerre
mondiale. Quelles initiatives furent développées dans le cadre de
la recherche minière énergétique au cours de cette
période ?
B. La recherche du charbon
Dès la fin du XVIIIe siècle, le
développement des machines à vapeur et des industries
métallurgiques allait conférer au charbon le statut de source
principale d'énergie40(*). Le XIXe siècle fut ensuite
consacré comme "le siècle du charbon"41(*). Ainsi, à travers le
monde, des prospections furent menées pour déterminer les mines
de charbon exploitables. L'Afrique traînait derrière elle, depuis
les débuts de la colonisation, une réputation de continent pauvre
en charbon, donc en énergie. Ceci ne plombait cependant pas les espoirs
des métropoles d'y faire une découverte intéressante.
Au Cameroun, quelques traces de ce combustible avaient
été décelées par les Allemands42(*), il s'agissait
vraisemblablement de lignite43(*). Il nous est impossible d'apporter davantage
d'informations à ce sujet faute de documentation. Cependant, dans un
rapport sur la constitution minéralogique de la région
bamiléké, l'ingénieur des mines Valet mentionnait en
1924 : "Des formations sédimentaires ont été
recoupées à 5 km de Dschang sur le route Dschang - Bana
...44(*)". La couche de
lignite atteignait 1,80 mètres environ. Les géologues
pensèrent alors que l'origine de ce combustible pourrait être
lacustre, ce qui donna à espérer que ce gisement atteignit des
dimensions considérables. C'est pourquoi en 1924 deux galeries de
recherche furent amorcées à Dschang pour reconnaître le
gisement. Les travaux reprirent en 1927 et permirent d'extraire quelques 400
tonnes de lignite de qualité inférieure45(*). D'autres sondages furent
effectués et en 1940, il fut fait un essai d'emploi de ce lignite dans
les foyers de locomotive ; les résultats ne furent pas
satisfaisants. On put ainsi conclure à la faible valeur
économique du gisement de Dschang46(*).
Les perspectives énergétiques du Cameroun
s'amoindrissaient considérablement. Mais, "en réalité,
pensait Ivan du Jonchay, le problème de l'énergie était
entièrement faussé à la base par la primauté admise
du charbon en tant que source principale de l'énergie"47(*). En effet, on peut dans ce
domaine compter avec d'autres ressources notamment les hydrocarbures.
C. La recherche des hydrocarbures
On réduit généralement la recherche
d'hydrocarbures à la seule recherche du pétrole ; ceci se
justifie par le peu d'intérêt porté pendant longtemps au
gaz naturel. En 1924, le gouvernement du Territoire avait décidé
d'entreprendre les premiers travaux systématiques d'exploration en vue
de procéder à l'inventaire des richesses minières du
Cameroun48(*). La
recherche d'hydrocarbures se situait alors dans ce cadre. Et bien que cette
activité n'ait pas apporté de véritables résultats
au cours de la présence allemande, les géologues français
s'en inspirèrent.
1. L'action de la Société Nationale du
Cameroun
Dès 1923, la Société Nationale du
Cameroun (SNC) obtint un permis d'exploration et de recherche d'hydrocarbures
au Cameroun. La SNC aurait été à l'origine de
l'exploitation du palétuvier de manière industrielle au Cameroun
en 1911, avec l'installation d'une scierie49(*). Le géologue français Bernouilli,
agissant au nom de la SNC, procéda en 1925 à l'étude d'une
zone du bassin sédimentaire de Douala ; les résultats se
révélèrent particulièrement intéressants.
Malgré cela, les autorités françaises au Cameroun
jugèrent inutile ou malvenu de renouveler le permis attribué
à la SNC. L'application des articles 98 et 99 du décret du 20 mai
1928 réglementant la recherche et l'exploitation des gîtes de
substances minérales au Cameroun,50(*) permit au Territoire de se réserver le droit
de recherche d'hydrocarbures.51(*) La zone concernée couvrait une superficie de
6430 km² environ. La limite Ouest sur la côte atlantique allait de
l'embouchure du Nyong au Sud de l'embouchure du Mungo au Nord et de la
rivière Mungo jusqu'au village Bombe. La limite Nord définissait
une ligne droite de Bombe à Mbanga et une ligne droite de Mbanga
à Yabassi. La limite Est était une ligne droite de Yabassi
à Edéa, et une ligne droite d'Edéa au village de Dehane
sur le Nyong. La limite Sud quant à elle épousait le cours du
Nyong depuis le village Dehane jusqu'à son embouchure.
Cette situation allant conduire à un statu quo :
l'administration, bien que s'abstenant d'inclure des investisseurs
privés dans cette activité, ne s'y impliquait plus que de
façon limitée.
2. Le statu quo dans la recherche
d'hydrocarbures
A l'orée de la Deuxième Guerre, seules quelques
courtes missions géologiques avaient parcouru le bassin
sédimentaire de Douala, sans entreprendre de sondages. Il s'agissait
de : la mission Koretsky (1928-1929) ; la mission Brunswig
(1931-1932) ; la mission de Vriès (1935-1936)52(*).
L'action de de Vriès fut certainement la plus
remarquée car, elle aboutit à la première carte
géologique, quoique partielle du bassin de Douala53(*). Celui-ci avait acquis une
grande expérience en travaillant aux Etats-Unis, au Venezuela et au
Gabon. Les deux premiers pays développaient déjà une
intense activité pétrolière ; le Gabon quant à
lui offrait d'intéressantes perspectives. Il bénéficiait
par ailleurs des faveurs de l'administration : dans une correspondance
adressée le 20 juin 1935 au ministre des colonies, le gouverneur Jules
Repiquet écrivait :
... la mission de monsieur de Vriès, très
spécialisé dans les questions de pétrole s'impose au
Territoire afin de sortir du statu quo de 1929, où la zone a
été réservée. Mon administration donnera au
géologue en mission toute son aide et le fera bénéficier
des résultats des travaux déjà effectués54(*).
Ainsi, sous le mandat français, la recherche
d'hydrocarbures au Cameroun se concentra autour du bassin sédimentaire
de Douala et se limita ainsi à l'onshore55(*) ; elle offrait néanmoins des
perspectives intéressantes. C'était également le cas dans
le processus d'électrification du Territoire.
III. L'EMERGENCE DES PREMIERS FOYERS D'ELECTRICITE
L'éclairage était connu dans le Territoire avant
l'arrivée des européens. Néanmoins, l'introduction de
l'électricité constitue une nouveauté coloniale. La France
en a fait l'une de ses oeuvres. Cette introduction s'est certes faite
timidement, se limitant à des centres ayant une importance politique et
économique avérée, et/ou disposant d'une population
européenne nombreuse. C'est ainsi que Douala, Yaoundé et dans une
certaine mesure Dschang ont été les premiers foyers
d'électricité au Cameroun.
A. Les débuts de l'électricité au
Cameroun
L'introduction de l'électricité au Cameroun,
qu'elle soit d'origine thermique ou d'origine hydraulique, semble intimement
liée à la présence française après la
Première Guerre mondiale. Il est d'ailleurs anecdotique de retrouver des
perspectives d'aménagement hydroélectrique au Cameroun dès
1920 : les administrateurs français en place au Cameroun à
cette période entrevoyaient l'extension du chemin de fer du Nord
commencé par les Allemands, jusqu'à Dschang. On peut lire
dans l'un de leurs exposés :
De Dschang à Nkongsamba, la distance est d'environ 60
kilomètres, dont 40 en pénéplaine n'offrant aucune
difficulté. Les chutes d'eau, qui se succèdent d'ailleurs depuis
l'origine Bonabéri jusqu'au futur terminus, permettent
l'électrification facile de la ligne.56(*)
Ceci témoigne de l'intérêt que l'on
portait déjà à l'électricité d'origine
hydraulique, à peine un demi-siècle après ses
débuts, même dans les colonies. Cependant, le projet demeura
lettre morte. Pendant des décennies encore, l'électricité
resta au Cameroun, comme dans les autres territoires colonisés d'Afrique
et d'Asie, un luxe réservé à certains centres groupant une
population européenne suffisamment nombreuse pour justifier des
installations coûteuses57(*). Du Jonchay faisait le constat de territoires
terriblement déshérités
... où l'électricité manque presque
partout, où on utilise, même dans les villes, des frigidaires
à pétrole, où l'on emploie en maints endroits de vieux
groupes électrogènes poussifs arrêtés prudemment
chaque soir après avoir écouté les dernières
nouvelles à la radio58(*).
De fait, les populations locales pour leur éclairage se
contentaient de lampes à gaz de pétrole ou d'essence sous
pression du type Coleman ou Aïda (qui
produisaient une lumière très blanche comparable à la
lumière électrique),59(*) ou encore de la torche à huile de
palme60(*).
Il faut voir dans ce moindre développement de
l'électricité, la conséquence du double caractère
élitiste du service et restreint de la demande. Jean Lemoine,
ingénieur des techniques industrielles de la France d'Outre-mer,
était proche de ces vues lorsqu'il déclara que
l'établissement de réseaux dans les petits centres rencontrait
deux obstacles majeurs : d'abord le coût élevé des
équipements, ensuite la clientèle réduite. Ceci
conduisait soit à un prix élevé du courant soit à
des exploitations déficitaires61(*). On comprend alors la réticence des pouvoirs
publics et des capitaux privés devant de tels investissements.
Jusqu'à la fin des années 1940, Douala, et dans une certaine
mesure Yaoundé et Dschang étaient encore les seuls centres
où il était question d'électrification.
B. Douala, "ville - lumière"
Au XVIIe siècle, Paris fut qualifiée de
"ville-lumière" grâce à une innovation : la mise en
service de l'éclairage public. Il est certes excessif de concéder
pareil titre à la ville de Douala. Cependant, la situation en cours dans
le Territoire sous mandat français viendrait valider cette affirmation.
En effet, Douala semble avoir été davantage favorisée dans
la production et la distribution d'énergie électrique de 1929
à 1946. La Compagnie Coloniale de Distribution d'Energie Electrique
(CCDEE) se vit confier la concession de distribution à Douala en
192962(*). Quoique les
chemins de fer produisaient eux-mêmes le courant nécessaire
à leurs installations et à leur personnel. La centrale diesel de
Koumassi, qui alimentait la ville, avait une puissance de 500 KVA, avec une
production annuelle de 800 000 KVA63(*). Cette centrale, ainsi que le réseau de
distribution de la ville avait été mise en route en 1931. La
même année les quartiers Deido, Akwa, Koumassi et le centre
européen sur le plateau Bell purent bénéficier d'un
éclairage permanent des rues, de 18 heures à 6 heures64(*). La consommation en 1935
était d'environ 315.000 kWh. (Tableau III)
Tableau III : Répartition de la
consommation d'énergie électrique à Douala en 1935 en
(kWh)
Service public
|
Particuliers
|
Total
|
Port, travaux publics, chemins de fer
|
Eclairage public
|
Divers
|
67.000
|
315.000
|
160.000
|
70.000
|
18.000
|
Source :Nous, d'après Chauleur,
L'oeuvre de la France..., p.121.
Il apparaît de ce tableau que la consommation des
abonnés privés constituait une part infime de la consommation
globale ; l'absence de grandes industries et le coût onéreux
du kilowatt en étaient causes. La consommation des services publics,
quant à elle, était presque exclusivement effectuée par
les chemins de fer et le port, du fait de leur intense activité. Il faut
également faire intervenir un autre argument : au plus fort de la
crise économique qui frappa le monde dès 1929, beaucoup
d'européens avaient regagné leur patrie ; le nombre
d'abonnés s'en trouvait diminué, de même que leur part de
la consommation. Le risque était grand de perdre des kilowatts-heures
inutilisés. Pour y palier, l'administration décida
d'électrifier d'urgence certains de ses services et de ses
installations. Il s'agissait en fait de fournir de l'électricité
dans tous les logements de fonctionnaires, de fournir de
l'électricité dans la plupart des bâtiments administratifs,
et de renforcer l'électrification des ateliers (port, chemins de fer,
travaux publics)65(*).
Cependant, la production et par ricochet la consommation
était restée statique, n'atteignant que 450 000 kWh à
la veille de la guerre en 193966(*). Néanmoins, les autres centres étaient
loin de rivaliser avec Douala dans ce domaine.
C. Les perspectives d'électrification de
Yaoundé et de Dschang
L'importance économique, politique et surtout la
présence de "l'élément européen"67(*) déterminaient
l'électrification des différents centres. La ville de
Yaoundé avait pour elle d'être le siège des structures
administratives, la résidence du Haut-commissaire et par
conséquent, d'être habitée par une colonie
européenne relativement importante. Les installations de Yaoundé,
même après la Deuxième Guerre mondiale, étaient
restées très sommaires, n'alimentant que le quartier
administratif68(*). Le
courant électrique était fourni par une petite centrale diesel
entretenue par l'administration. La demande industrielle étant
inexistante à Yaoundé, la production d'énergie
électrique était réservée aux populations
européennes dont elle couvrait à peine les besoins69(*). Les chemins de fer y jouaient
le même rôle qu'à Douala. Les perspectives d'après
-guerre semblaient meilleures : d'abord parce que des groupes
électrogènes y firent leur apparition, bien que de
capacité moindre (entre 150 et 1200w) et ensuite parce qu'une
électrification d'envergure était envisagée. En effet, le
rapport de la commission des Grands Travaux de 1942 émettait en
conclusion le voeu "... que des études techniques soient entreprises le
plus tôt possible pour l'utilisation des chutes d'Edéa, pour leur
emploi en houille blanche apte à servir à
l'électrification de Yaoundé et autres centres..."70(*)
Il semble ainsi qu'au début, le vaste projet du
complexe d'Edéa n'était pas destiné à fournir
à Douala, déjà équipé par une centrale
diesel, davantage d'énergie71(*). Il faut souligner que l'industrialisation du
Territoire n'étant pas encore sérieusement envisagée,
l'électricité produite devait servir à quelques ateliers
et à l'éclairage. C'est dans ce contexte que le gouvernement
français envoya dès 1944 une mission d'étude à
Edéa pour y examiner les possibilités d'installer un barrage
hydroélectrique.
L'électrification de Dschang reste un cas complexe. Un
barrage y existait ; il aurait été construit par les
Allemands.72(*)
Cependant, sous le mandat français diverses sources attribuent à
la France la construction de cet équipement. On note, par exemple,
que :
A Dschang, le barrage existe depuis 1943.
L'électrification de la ville ne sera que l'exécution
différée du projet de 1943. Ce dernier avait été
refusé par le Comité d'Armement de Londres qui ne le
considérait pas comme indispensable à l'effort de guerre73(*).
Il semble pourtant que ce petit barrage, qui ne servit
qu'ultérieurement à faire fonctionner une centrale
électrique, date d'avant 1943. En effet, l'effort de guerre au Cameroun
avait été pensé dans un programme triennal de grands
travaux 74(*) ;
aucune mention n'est faite de la construction de ce barrage.
Cette initiative démontre néanmoins de
l'intérêt que l'administration française portait à
l'hydroélectricité. Le continent étant alors
considéré comme pauvre en houille et n'offrant pas de
possibilités directes et rapides d'exploitation du pétrole, les
chutes qui parsèment ses grands fleuves constituaient alors une
opportunité de développer et d'exploiter une source
d'énergie locale.75(*)
Bref, en soixante années de colonisation, la mise en
valeur des ressources énergétiques du Cameroun, à l'image
de la mise en valeur générale du Territoire, s'était faite
avec réserve. Les quelques activités notables étaient le
fait de capitaux privés, l'administration se refusant visiblement
à investir. Ce furent ainsi des initiatives spontanées ou quelque
fois encadrées par l'administration qui, certes,
révélèrent les potentialités du Cameroun en
hydroélectricité et en hydrocarbures. Le plan d'équipement
que la France allait appliquer au Territoire de 1946 à 1959 eut
l'ambition de développer ces potentialités, grâce à
des initiatives disciplinées.
CHAPITRE II : LE PLAN DE MISE EN VALEUR DU
CAMEROUN FRANÇAIS APRES LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
Avec la loi du 30 avril 1946,76(*) le Cameroun au même titre que les territoires
de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et de l'Afrique Equatoriale
Française (AEF), entrait dans l'ère du plan.77(*) Cette nouvelle initiative
était soutenue par le Fonds d'Investissement pour le
Développement Economique et Social (FIDES). Lancée après
la Deuxième Guerre mondiale, la planification allait désormais
guider la mise en valeur méthodique de l'Outre-mer et permettre ainsi la
Reconstruction et le restauration de la grandeur de la France
métropolitaine. C'est donc dans ce cadre que se situent la
quasi-totalité des activités au Cameroun jusqu'à la veille
de l'indépendance. Ceci nous amène à nous
interroger : comment a évolué l'idée de
planification ? Quelles étaient les spécificités du
plan camerounais ? Comment s'y intégrait la donne
énergétique ?
I. L'EVOLUTION DE L'IDEE DE PLANIFICATION
A. Le temps de l'indécision
"Après la Deuxième Guerre Mondiale,
écrivait Njoh, le Cameroun connaîtra une autre vitesse dans le
développement économique et social de son territoire."78(*)Ceci fut le fait du plan
d'équipement. Il peut pourtant sembler surprenant que l'adoption d'un
plan de mise en valeur de l'outre-mer français ne date que de cette
période. Comment justifier cela ?
1. Le projet Sarraut
Historiquement, la planification de la mise en valeur des
territoires d'Outre- mer est issue d'un processus.79(*) Il avait été
entamé le 12 avril 1921 par la présentation, devant les
parlementaires françaises, du projet de loi d'Albert Sarraut alors
ministre des colonies. Ce projet portait fixation d'un programme de mise en
valeur des colonies françaises. Elaboré au lendemain de la
Première Guerre mondiale, le projet Sarraut visait essentiellement
à redonner à la France "la place à laquelle son
passé, sa puissance et sa victoire lui donnent droit."80(*) Le souhait de Sarraut
était alors de substituer aux initiatives privées, jugées
improvisées, la discipline méthodique du travail en confiant
à chaque territoire une production spécifique dans l'empire. Il
s'agissait également d'adopter une politique sociale (hygiène,
alimentation, instruction) favorable à l'émancipation de
l'Outre-mer. Cependant, Jacques Marseille commente :
Peu de parlementaires et d'hommes d'affaires étaient
prêts à soutenir dans les années 1920 un programme qui
accordait aux pouvoirs publics et à un plan de longue durée le
soin de coordonner l'exploitation des richesses coloniales et à
l'élite indigène la possibilité de prendre le relais de
l'administration métropolitaine81(*).
Le projet fut alors enterré, trop défavorable
au lobby patronal. Cependant, en 1929, l'éclatement de la crise
économique allait ramener à l'actualité le besoin de
maîtriser la mise en valeur de l'Outre-mer. Elle conduit en 1934
à la tenue d'une conférence économique.
2. La conférence économique de la
France
Comment la crise de 1929 avait-elle favorisé la
convocation de cette conférence ? La crise,
caractérisée par une forte récession et par un recours
généralisé au protectionnisme, avait causé la
déprime des milieux d'affaires. Ceux-ci étaient pessimistes quant
à un retour rapide à la croissance. On pensa donc à
renforcer la présence outre-mer de la France pour compenser les
débouchés étrangers inaccessibles82(*).
Tenue de décembre 1934 et avril 1935, la
Conférence économique de la France métropolitaine et
d'outre-mer avait pour but de tracer un plan destiné à coordonner
et à développer les économies de l'Empire français.
La principale proposition de la Conférence fut la mise sur pied d'un
Fonds national pour l'outillage publique de la France d'outre-mer
financé en partie par le budget métropolitain. Elle introduisait
par ailleurs un nouveau thème, à savoir le rôle de l'Etat
comme concepteur et initiateur en matière industrielle dans
l'Empire83(*). Cependant,
elle fut elle aussi sans succès flagrant. Quelques années plus
tard, la France s'engageait dans la Seconde Guerre mondiale.
B. L'impératif de mobilisation imposé par
la Reconstruction
La demande d'armistice, formulée le 17 juin 1940 par
le maréchal Pétain face à l'avancée fulgurante des
troupes allemandes, avait dans un premier temps limité les destructions
sur le territoire français. Mais dès 1943, les bombardements et
le débarquement des troupes alliées n'avaient pas
épargné l'infrastructure. Le besoin de recourir à la
planification dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale s'imposa
alors.
1. La conférence de Brazzaville
L'Outre-mer avait également souffert du conflit :
l'absence d'investissement d'origine métropolitaine et l'effort de
guerre considérable de ces territoires pour sauver "... l'honneur
bafoué de la métropole"84(*) avaient laissé l'infrastructure sans
entretien. La Conférence africaine française tenue à
Brazzaville du 30 janvier au 8 février 1944 avait alors
été présentée comme le remerciement de la France
libre à l'Afrique noire. De Gaulle y proclama ainsi :
Au moment où commençait la présente
guerre mondiale, apparaissait déjà la nécessité
d'établir sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur
de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l'exercice de
la souveraineté française. Comme toujours, la guerre
elle-même précipite l'évolution...85(*)
Bien que les participants à cette conférence
réaffirmèrent leur opposition à toute idée
d'autonomie des colonies et se prononcèrent pour une vision prudente
quant à l'industrialisation de celles-ci, une volonté nette se
dégageait d'établir des plans de mise en valeur pour l'Outre mer.
Le plan Monnet y servit de base.
2. L'orientation générale du plan de
mise en valeur
Il faut dire que la planification de l'Outre mer s'est
inspirée de celle de la métropole. En effet, la France fut
placée sous le régime du plan dès janvier 1946. Pour
cause, "l'idée de planification était conforme à
l'orientation politique générale, mais imposée aussi par
les besoins de la reconstruction et la nécessité d'utiliser au
mieux les faibles investissements disponibles."86(*) La reconstitution de la France imposait alors la mise
en valeur méthodique de l'Outre-mer. Il fallait donc coordonner leur
développement avec celui de la métropole pour en faire des
économies complémentaires, intégrées,
cohérentes. La reconstruction consista alors pour l'Outre-mer à
mettre sur pied l'infrastructure de transport et la production en faveur de la
métropole. Coquery-vidrovitch note ainsi :
Dans son premier plan (plan Monnet 1946 - 1952), la France
incluait l'Outre-mer mais dans le second plan (plan Hirsch 1954 - 1957), il y
avait pour l'Union française un plan d'équipement distinct visant
à une intégration accélérée des territoires
à l'économie métropolitaine. 87(*)
La loi du 30 avril 1946 peut alors être perçue
comme l'aboutissement d'un long processus débuté en 1921 et que
les affres de la guerre avaient imposé comme une
nécessité.
II. LE PLAN D'EQUIPEMENT DU CAMEROUN ET SON
FINANCEMENT
La planification au Cameroun sous administration
française est contenue dans un plan décennal (1946-1956). Ce
plan, dans sa pratique, avait été réalisé en deux
tranches : le premier plan, entre 1949 et 1955 ; le deuxième
plan, entre 1953 et 1958.
Un troisième plan88(*), à l'étude en novembre 1957, resta
lettre morte ; il faut certainement voir ici la conséquence de
l'évolution politique du Cameroun89(*) et de la fin du FIDES en 195990(*).
A. Le plan d'équipement du Cameroun après
la Deuxième Guerre mondiale
Les plans d'équipement étaient
spécifiques à chaque territoire, bien que tous agissaient dans le
même but. Ainsi, chacun de ces territoires se devait d'apporter sa
contribution à la restauration de la grandeur de la métropole.
Dans le cas spécifique du Cameroun, il s'agit ici de s'interroger sur
les objectifs et le contenu de son plan.
1. L'objectif du plan au Cameroun
Dans un rapport anonyme adressé au ministre de la
France d'outre-mer en 1947, et qui étudiait les problèmes
juridiques conditionnant l'essor du Territoire, le rédacteur
mentionnait :
Pratiquant la prudence, la France a mené au Cameroun
une politique de père de famille jusqu'à la guerre de 1939-1945.
Politique modeste mais sure dont il faut seulement regretter qu'elle se soit
donnée de trop modestes objectifs. En fait le Cameroun nous permet de
plus larges ambitions qu'on ne l'aurait imaginé et nous avons le devoir
de mettre à profit ses possibilités.91(*)
Bien que cette déclaration laisse percevoir des relents
de paternalisme et soit postérieure à la loi du 30 avril 1946,
elle illustre bien l'ambition que la France et les Français
nourrissaient pour l'Outre-mer dans son ensemble, et pour le Cameroun
spécifiquement, après la Deuxième Guerre mondiale.
La loi n°46-860 du 30 avril 1946 établissant des
plans d'équipement et de développement des territoires
d'Outre-mer visait deux principaux objectifs : d'une part, satisfaire aux
besoins des populations autochtones et généraliser les conditions
les plus favorables à leur progrès social ; d'autre part,
concourir à l'exécution des programmes de reconstitution
(reconstruction) et de développement de l'économie de l'Union
française, tant sur le plan métropolitain que sur celui des
échanges internationaux. Ceci devait passer par la transformation de
l'équipement public et privé devant servir à la
production, la transformation, la circulation et l'utilisation des richesses de
toute nature des territoires d'Outre-mer.92(*) Touna Mama développe une réflexion
moins conciliante, lui qui écrit que ces plans, en plus du
développement des colonies, visaient avant tout une exploitation
rationnelle de celles-ci au profit de la métropole
française93(*).
D'ailleurs, les nouvelles industries à installer dans l'outre-mer au
cours du plan ne risquaient pas de concurrencer le secteur productif
métropolitain. Pour cause, elles intervenaient principalement dans la
transformation des produits élémentaires ; on a alors
dénombré des conserveries de fruits et légumes, des
industries d'extraction minière, des scieries et des fabriques de
pâte à papier.
2. Le contenu du plan d'équipement du
Cameroun
Dans le cas spécifique du Cameroun, il serait
intéressant de relever que la version finale du plan
décennal94(*) fut
présentée en 1951. En 1946 et en 1948 déjà, deux
premières versions avaient été soumises à
l'approbation de l'Assemblée Représentative (ARCAM) mais
rejetées parce que non conformes aux prescriptions de la loi du 30
avril.95(*) "On comprend
donc, souligne Georges Ngango, que les premières années
(1946-1949) n'aient été véritablement que des
années préparatoires des plans..."96(*)
L'application du plan décennal en deux plans distincts
relève en réalité d'une différence dans l'objectif
à atteindre.
Graphique I : Répartition des
crédits par rubriques d'activités en
pourcentage
Premier plan 1949-1955
Second plan 1953-1958
Source : Nous, d'après Service des
statistiques d'Outre-mer, Outre-mer 1958. Tableau économique et
social des Etats et Territoires d'Outre-mer à la veille de la mise en
place des nouvelles institutions, 1958, p.528.
Le premier plan portait sur la réparation de
l'infrastructure existante et qui avait subi des dégradations du fait du
manque d'entretien pendant la guerre. Mais également sur l'adaptation du
réseau de chemins de fer au tonnage escompté par
l'amélioration de la production et la création de nouveaux axes
pour développer les régions restées en dehors du circuit
économique97(*). Le
second plan quant à lui était consacré aux projets ayant
pour effet l'accroissement rapide de la production, avec d'importants
crédits consacrés au développement agricole.
Néanmoins, il serait intéressant de relever ici que très
peu de grands chantiers d'infrastructures furent lancés au cours du
second plan, notamment à cause des difficultés de financement.
Nombreux sont ceux qui considèrent alors que : "C'est pourquoi les
grands travaux prévus par le premier plan, une fois achevés,
eurent à illustrer jusqu'aux indépendances, l'efficacité
de l'intervention économique de la métropole aux
colonies..."98(*) La place
réservée aux dépenses sociales montre bien qu'il
s'agissait davantage d'un plan économique que social. Les
différents plans prenaient ainsi en compte :
- des travaux d'intérêt social (urbanisme,
santé et hygiène, enseignement) ;
- des travaux touchant la production du sol, l'équipement
agricole, l'élevage, la pêche, l'activité minière,
la production de l'électricité et l'industrialisation ;
- des travaux d'amélioration des moyens de transport et
des voies de communication ;
- des études générales.
Le financement de toutes ces initiatives constituait lui
également, un aspect majeur de la loi du 30 avril 1946.
B. Le financement du plan d'équipement
Le financement du plan d'équipement a
été un élément déterminant dans la mise en
oeuvre de ce plan. D'où l'intérêt d'analyser les
mécanismes de financement du plan et d'évaluer les moyens
alloués à cette initiative.
1. les mécanismes de financement
Le FIDES avait constitué le bras financier des plans
d'équipement de 1946 à 1959, avant son remplacement par le Fonds
d'Aide et de Coopération (FAC).99(*) Ce remplacement donna l'occasion à
Raphaël Saller de commenter : "Il ne pouvait plus être question
de fixer les objectifs et les méthodes de développement, encore
moins d'assortir publiquement l'aide d'obligations et de règles
générales."100(*) Créé par l'article 3 de la loi du 30
avril, le FIDES avait pour mission de procéder au financement de ces
plans. Les ressources dont il disposait étaient de deux
catégories :
- une dotation de la métropole, qui était
fixée chaque année par la loi de finances ;
- des contributions des territoires intéressés,
constituées sur leurs ressources propres ou sur avance à long
terme de la Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer (CCFOM) à 1% par
an.
Le décret du 16 octobre 1946 permit, en plus,
d'instituer des budgets spéciaux annuels pour la mise en application des
plans. Il fallut cependant admettre qu'"à une forme très simple,
à l'origine, du financement par appel du territoire au Fonds (...)
succèdent, tout naturellement des modalités complexes"101(*). Ainsi par exemple,
l'intérêt sur les emprunts à long terme souscrits
auprès de la CCFOM passait au-delà des 2%102(*). L'ensemble de ces
mécanismes a fait l'objet d'études.103(*) Il convient de retenir que
le financement des plans reposait sur un triptyque : les fonds publics du
territoire camerounais, les fonds publics métropolitains (dont le FIDES)
et les investissements privés.
Graphique II : Répartition du
financement des plans d'équipement au Cameroun (situation à la
fin 1957) en pourcentage
Source : Nous, d'après Rapport annuel du
gouvernement français...année 1957, p.108.
Ce graphique représente la répartition du
financement des premier et second plans d'équipement jusqu'à la
fin 1957. Le financement total porte sur la somme de 58.902 millions de francs
CFA. On constate bien évidemment qu'avec près de 40.000 millions,
les investissements publics d'origine métropolitaine constituaient le
gros de l'apport de fonds. Cette rubrique comprend une part du budget d'Etat
français (qui s'appuyait entre autres sur le plan Marshall) et les fonds
FIDES proprement dits. Également la part des investissements
privés dans ce financement est importante, et qui recouvre la forme de
participation à des entreprises nouvelles. Les fonds propres du
Territoire regroupe ici quant à eux le budget camerounais et les
emprunts du territoire et des communes, soit près de 4.700 millions de
francs CFA. Ainsi, les fonds FIDES représentaient à eux seuls les
deux tiers des fonds mobilisés.
2. Les moyens alloués pour la
réalisation du plan
On considérait en 1948 que la réalisation du
plan demanderait un effort considérable d'environ 25.200 millions de
francs CFA104(*). Mais,
a posteriori, il faut constater que cette évaluation a
été largement dépassée. Le tableau suivant
l'illustre :
Tableau IV : Financement des
dépenses d'investissement de la section locale FIDES du Cameroun
(situation en 1959) en francs CFA constants
1958
|
Total
|
Dotation de la métropole
|
Ressources propres
|
Avances consenties par la CCFOM
|
Premier plan
|
18.239.117.000
|
9.293.650.000
|
-
|
8.945.467.000
|
Second plan
|
16.163.542.000
|
14.978.511.000
|
-
|
1.185.031.000
|
Total
|
34.402.659.000
|
24.272.161.000
|
-
|
10.130.498.000
|
Source : Nous, d'après Ngango, Les
investissements d'origine extérieure en Afrique noire..., p.98.
Les chiffres sus - mentionnés permettent
d'apprécier l'effort d'investissement de la France au Cameroun. Il faut
encore le préciser, ces chiffres ne représentent que
l'implication propre du FIDES. L'écart que l'on constate entre les
prévisions de 1948 et les chiffres définitifs est dû
à deux principaux facteurs : de nombreux rapports d'administrateurs
soulignent le renchérissement après évaluation des prix de
matériels et de matières premières devant servir à
la réalisation du plan ; mais surtout, il faut faire
prévaloir, comme le pense Salomon Njoh, une certaine
précipitation dans l'établissement de ces plans, 105(*)de nombreux aspects n'ayant
pas été pris en considération initialement.
Quoiqu'il en soit, les plans d'équipement, nous
l'avons souligné plus haut, étaient dirigés vers la
réhabilitation de l'infrastructure et l'amélioration de la
production.
Tableau V : Dépenses engagées
par la section locale du FIDES du Cameroun (situation en 1958)
en millions de francs français constant 1958
Chapitres
|
Total du 1er plan à la
clôture
|
Total du 2e plan au
30-6-58
|
Ensemble des 2 plans au 30-6-58
|
Dépenses générales
|
381
|
94
|
475
|
Agriculture
Hydraulique agricole
Forêts - chasse
Elevage
Pêches
Mines
Industrialisation
Electricité
|
941
-
179
270
42
90
146
2.193
|
7.731
1.834
565
629
333
-
-
-
|
8.672
1.834
744
899
375
90
146
2.193
|
Total production
|
3.861
|
11.092
|
14.953
|
Chemins de fer
Routes et ponts
Ports
Voies navigables
Aéronautique
Transmissions
|
5.803
13.074
7.855
77
1.231
690
|
920
7.736
1.030
168
1.175
1.015
|
6.723
20.810
8.885
245
2.406
1.705
|
Total infrastructure
|
28.729
|
12.044
|
40.773
|
Santé
Enregistrement
Urbanisme et habitat
Travaux urbains et ruraux
|
1.018
966
312
1.211
|
1.806
1.834
708
872
|
2.824
2.800
1.020
2.083
|
Total social
|
3.507
|
5.220
|
8.727
|
Total Général
|
36.478
|
28.450
|
64.928
|
Source : Service des statistiques d'Outre-mer,
Outre-mer 1958..., p.528.
Au cours du premier plan, l'infrastructure avec plus de 14
milliards de francs CFA, révèle le désir de
l'administration française de mettre sur pied les conditions
nécessaires au développement ultérieur du pays106(*). L'amélioration de la
production ayant été considérée comme l'objectif
principal du second plan, les dépenses d'infrastructure s'en sont
trouvées réduites, au détriment des dépenses de
production. Il faudrait néanmoins retenir qu'il ne s'agit ici que des
engagements effectués au titre de la section locale du FIDES107(*).
La section générale servait
presque "exclusivement à financer des études et des
recherches et à assurer la participation de la puissance publique dans
le capital des sociétés d'Etat ou d'économie
mixte" 108(*); la
section générale intervenait donc pour le financement des projets
et activités communs à l'ensemble des territoires, la
métropole comprise, et des réalisations d'envergure. A
côté de la recherche scientifique, du développement
agricole et des oeuvres sociales, la section générale
finança au Cameroun la recherche minière et d'hydrocarbures et la
réalisation du barrage et de la centrale hydro-électrique
d'Edéa.
III. LA PLACE DE L'ENERGIE DANS LE PLAN D'EQUIPEMENT
L'énergie, de par son caractère vital et
hautement capitalistique109(*), est l'un des secteurs d'activités les plus
concernés par la planification. En effet,
La mise en oeuvre de (...) plans suppose une planification
rigoureuse du secteur de l'énergie justifiée par la part de
l'énergie dans le PIB du pays, par son rôle moteur dans
l'économie et par ses besoins de financement qui viennent concurrencer
ceux des autres infrastructures et des autres secteurs110(*).
La formulation des plans d'équipement de l'Outre-mer
français accordait donc vraisemblablement une certaine place à
l'énergie. Quelle place les rédacteurs de ces plans avaient-ils
réservée à l'énergie ?
A. La notion d'énergie dans le plan
d'équipement
Le texte du plan d'équipement du Cameroun accordait
une certaine place à la notion d'industrialisation. L'industrialisation
désigne un
... mouvement économique historique de grande ampleur
de développement d'activités de transformation par l'homme des
produits primaires en s'aidant d'un important capital technique fixe. Dans ce
sens, l'industrialisation ou développement de l'industrie se traduit au
plan des structures économiques par le recul de l'agriculture111(*).
L'offre d'énergie est fortement liée à
cette dernière notion car, l'implantation d'une entreprise industrielle
dans un site donné est subordonnée à l'existence de voies
de communication y conduisant et, à la présence sur place d'une
source d'énergie nécessaire à son fonctionnement112(*).
Jusqu'au début de l'exploitation
pétrolière au Cameroun en 1977 et même après, la
perception de la notion d'énergie était très souvent
confondue à celle de l'électricité et davantage à
celle de l'hydroélectricité. Pourtant, l'énergie comporte
une diversité de formes et d'origine. L'administration française
au Cameroun constatait cependant en 1955 que "La seule source d'énergie
actuellement connue et exploitable au Cameroun est l'énergie
hydraulique"113(*). En
effet, la recherche d'autres sources d'énergie ne portait encore que peu
de fruits. Le cas particulier du bois, bien que ce travail n'en fasse autre
mention, mérite qu'on en dise quelques mots.
Le bois est la source d'énergie la plus
utilisée ; et bien que des permis de coupe aient été
attribués par l'administration, les activités y liées sont
demeurées marginales. Certaines statistiques regroupent souvent sans les
différencier les coupes de bois servant à la construction et les
coupes de bois de chauffage. Ces mesures faussent ainsi les calculs
afférant au bois- énergie; il n'existe pas toujours au Cameroun
de statistiques fiables dans ce domaine. En 1958 d'ailleurs, le service des
statistiques d'Outre-mer reconnaissait la non comptabilisation des coupes de
bois de chauffage au Cameroun et tentait de justifier cela par le
caractère non industriel de cette source d'énergie114(*).
Ainsi, on ne s'étonne pas de ce que le plan
d'équipement du Cameroun, centré sur l'implantation d'industries
de transformation, ne fasse allusion qu'à l'électricité et
au pétrole dans une certaine mesure.
B. Les principaux projets énergétiques
retenus dans le plan d'équipement
Le plan d'équipement à l'étude dès
1946 visait entre autres à combler les déficits
énergétiques du Territoire et anticiper les besoins futurs. Nous
analysons ici la place accordée à l'énergie
électrique et aux énergies fossiles.
1. Les besoins énergétiques
suscités par le plan
La logique d'industrialisation qui semble sous-tendre les
plans d'équipement exigeait un apport considérable en
énergie. Le tableau qui suit tente de retracer l'enjeu qui s'imposait au
Cameroun en matière d'énergie, de 1938 à 1957.
On peut le constater, les besoins du Territoire après
la Deuxième Guerre ont quasiment décuplés ; le
développement des transports sous l'ère du plan a
favorisée l'importation croissante des produits pétroliers. Avant
la fin de la guerre, le charbon perd progressivement sa place de source
d'énergie privilégiée au profit du pétrole ;
cette évolution n'est cependant pas propre au Cameroun115(*). La comptabilisation de
l'énergie hydroélectrique dès 1953 résulte de la
mise en fonctionnement cette année là de la centrale
d'Edéa et des augmentations de sa puissance jusqu'à 1957.
Tableau VI: Evolution de la consommation
d'énergie au Cameroun en tonnes équivalents charbon116(*) (situation à la fin
1957) unité 1000 tonnes
|
1938
|
1949
|
1953
|
1956
|
1957
|
Charbon importé
|
7,21
|
38,7
|
8,95
|
0,58
|
1,01
|
Produits pétroliers importés
|
10,6
|
44,5
|
91,0
|
122
|
132
|
Energie hydroélectrique
|
-
|
-
|
3,4
|
17,6
|
138
|
Source : service des statistiques d'Outre-mer,
Outre-mer 1958..., p.339.
2. La place de l'énergie électrique dans
le plan
Le plan décennal, la France l'a toujours
revendiqué, se voulait directif mais souple.117(*) Il est indéniable que
le principal projet énergétique lancé par le plan ait
été l'aménagement du barrage et de la centrale
hydroélectrique d'Edéa. Ce projet intégrait le chapitre IX
(forces hydrauliques et électricité). Une abondante
littérature existe sur cet aménagement, et nous en dirons encore
quelques mots118(*).
Edéa avait été réalisé pour palier à
un possible déficit énergétique qui freinerait
l'implantation et le développement d'industries au Cameroun, mais
principalement dans la zone de Douala. C'est dans ce sens que Flavien Tchapga
affirme que l'intérêt du développement de
l'électricité en Afrique, à cette époque
était lié à la nécessité "d'améliorer
la compétitivité de certaines industries métropolitaines
grosses consommatrices d'énergie à travers l'amélioration
des conditions de leur approvisionnement"119(*).
L'une des caractéristiques de l'énergie
électrique reste cependant la difficulté technique à la
transporter sur de grandes distances. Louis -Paul Aujoulat, dans un discours
prononcé le 5 février 1954 lors de la cérémonie
d'inauguration du barrage et de la centrale d'Edéa, n'hésita pas
à tourner en dérision les utopistes prêts à
... nous entraîner vers des perspectives absolument
stupéfiantes, en nous montrant des lignes de haute tension qui, parties
d'Edéa, se rendraient jusqu'en France, pour restituer à la
métropole, sous la forme des kilowatts dont elle marque, les bienfaits
de toutes sortes dont elle a enrichi ce pays.120(*)(Sic).
Il était logique que les industries
intéressées par cette offre d'énergie s'installent dans la
zone de Douala ou à Edéa. Dans la version du plan décennal
arrêtée en 1951, l'aménagement d'Edéa
intégrait ainsi le processus d'industrialisation.
Le chapitre IX incluait également
l'électrification des principaux centres du Territoire.
L'électricité joue un rôle particulier : par sa
facilité d'utilisation et la multiplicité de ses usages, elle
contribue à la qualité de la vie des populations qui en
bénéficient et elle est souvent considérée comme un
puissant facteur de développement économique. Pourtant,
l'électricité reste un luxe au Cameroun jusqu'aux débuts
de la décennie 1950. Il s'est développé dans l'ensemble de
l'Outre-mer d'Afrique un intérêt pour l'électrification.
Dans une correspondance adressée le 3 décembre 1948 aux
administrateurs en poste en Outre-mer, Tony Revillon, alors secrétaire
d'Etat à la France d'Outre-mer, soulignait :
Je n'ignore ni l'intérêt d'une
électrification rapide des Territoires d'Outre-mer, base indispensable
de leur développement industriel et social ; ni le désir de
tous les centres de quelque importance susceptibles d'être
électrifiés, d'accéder simultanément et dans les
moindres délais aux bénéfices de
l'électricité...121(*)
Le plan décennal prévoyait ainsi un programme
d'électrification par étapes pour une quinzaine de centres :
Douala, Yaoundé, Nkongsamba, Maroua, Dschang, Edéa, Garoua,
Kribi, Foumban, Ebolowa, Ngaoundéré, Eséka, Mbalmayo,
Bertoua, Bafang et Bétaré Oya. Ces différents travaux
devaient se réaliser, selon les conditions techniques, soit par
l'aménagement de sites hydroélectriques, soit par la construction
de centrales thermiques.
3. La place de la recherche minière
énergétique
Le chapitre VII du plan était consacré aux
mines. Dans l'ensemble, le développement qu'avait connu
l'activité minière, au titre de l'effort de guerre122(*), se dégrada
après 1944. Il s'agissait alors d'insuffler une nouvelle dynamique
à cette activité. Dans le cas précis de l'activité
minière énergétique123(*), la mauvaise connaissance des sources
d'énergie fossile du Cameroun semble avoir limité les initiatives
de planification. Ceci relève encore du caractère
précipité du plan, comme le souligne Salomon Njoh124(*). La recherche fut donc
privilégiée dans ce cas et justifie, a posteriori,
l'intervention d'organismes publics, de sociétés
d'économie mixte et surtout l'implication de fonds issus de la section
générale du FIDES. Dans un de ses rapports, la commission de
modernisation des Territoires d'Outre-mer mentionnait que "La mise en valeur
méthodique des territoires d'Outre-mer n'est pas concevable sans une
connaissance du milieu qui doit être acquise avec tous les moyens et
toutes les méthodes de la science moderne"125(*). Ainsi par exemple,
d'importants moyens furent mis en oeuvre pour la réalisation de la carte
géologique du Cameroun126(*).
En clair, contrairement à la France où la
planification avait pour but de répondre et d'anticiper sur la demande
d'énergie, le plan décennal du Cameroun tendait à
créer cette demande127(*) et les moyens de la satisfaire. Le plan
décennal restait donc à différents égards peu
précis dans le domaine énergétique, laissant la
possibilité d'en préciser les orientations d'après les
fruits de la recherche et de la demande territoriale et métropolitaine
nouvelle. De 1946 à 1959 alors, la recherche d'énergie au
Cameroun recouvrit deux aspects ; à savoir l'essor de la production
d'énergie électrique et la prospection minière
énergétique. Il faut ici souligner que la planification est un
élément de la politique économique coloniale. Celle-ci est
certes faite de lois, décrets et projets ; mais, elle est
également liée à de nombreux aléas. Par
conséquent, il est indiqué de ne pas se limiter aux seuls textes.
"Entre le discours officiel et la réalité des décisions
prises, précise J. Marseille,... il y a le monde des retouches et des
compromis."128(*)
CHAPITRE III : L'ESSOR DE L'ENERGIE
ELECTRIQUE AU CAMEROUN
(1947-1959)
L'une des initiatives les plus remarquées au cours du
plan d'équipement a été la mise en oeuvre de la "politique
spectaculaire des grands barrages",129(*) aussi bien en France métropolitaine qu'en
Afrique noire. Au Cameroun, cette politique a donné lieu à la
construction du barrage et de la centrale hydroélectrique d'Edéa.
Mais au-delà de cette réalisation, c'est la production de
l'énergie électrique aussi bien hydroélectrique que
thermique qui avait été ainsi boostée. En effet, le plan
d'équipement alors appliqué à travers l'Union
française donnait un rôle prépondérant à
l'énergie électrique : stimuler l'industrialisation et
servir la modernisation. Dans le cas spécifique du Cameroun, il va
s'agir alors de relever l'intérêt qu'a constitué la
production de l'électricité dès la fin de la
Deuxième Guerre mondiale ; mais également de revenir sur
certains aspects de l'aménagement hydroélectrique d'Edéa,
que les travaux qui foisonnent à ce sujet ne prennent pas suffisamment
en compte.
I- LES DEFIS ET LES ACTEURS DU SECTEUR DE
L'ELECTRICITE AU CAMEROUN APRES LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la
production d'énergie électrique au Cameroun allait
connaître un développement considérable. Le symbole en fut
la construction de barrage d'Edéa. On ne pourrait toutefois
passés sous silence d'autres initiatives telles que
l'électrification du Territoire. C'est alors le lieu de
s'interroger : quels enjeux guidaient cet essor ? Quelle
stratégie, du point de vue structurel, sous-tendait cette
évolution ?
A. Les défis du secteur de
l'électricité
Jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
la production et la distribution d'énergie électrique au Cameroun
sont restées d'une faible ampleur.129(*) Comment le plan d'équipement allait-il
faire évoluer la donne ? La principale mesure dans ce cadre fut la
construction d'un barrage sur les chutes d'Edéa et d'une usine
hydroélectrique qui devait à terme produire 150 millions de kWh.
Le but était de fournir aux industries existantes et futures assez
d'énergie pour faciliter leur activité et assurer ainsi une
augmentation régulière de la production. Il est alors
évident que :
Cette nouvelle dynamique de développement de
l'énergie électrique relève davantage d'une
stratégie de compétitivité des entreprises
métropolitaines, grosses consommatrices d'énergie, que d'une
volonté de promouvoir l'accès des populations à cette
forme moderne d'énergie dans les territoires
concernés...129(*)
Cette disparité ne manque pas de se faire ressentir
dès le début du fonctionnement de la filiale camerounaise du
groupe Pechiney-Ugine, la Compagnie Camerounaise d'Aluminium (ALUCAM. cf.
tableau VII).
Le plan d'équipement retenait alors trois axes dans le
cadre de l'industrialisation. Il s'agissait d'abord de mettre sur pied des
industries de transformation des matières premières agricoles,
forestières et animales ; ensuite, le plan prévoyait la mise
sur pied d'industries de service pour soutenir la mécanisation de la
production. Enfin, et il s'agissait de l'initiative majeure, la mise sur pied
de la centrale d'Edéa et d'un noyau industriel autour d'Edéa et
de Douala.129(*)
Tableau VII : Evolution de la consommation
industrielle d'énergie électrique au Cameroun
Années
|
Production totale
(millions de kWh)
|
Energie fournie à
ALUCAM
(millions de kWh)
|
Part de la consommation d'ALUCAM (en %)
|
1953
|
4.28
|
-
|
-
|
1954
|
-
|
-
|
-
|
1955
|
-
|
-
|
-
|
1956
|
26.5
|
-
|
-
|
1957
|
222.4
|
193
|
86.78
|
1958
|
655.6
|
622.2
|
94.9
|
1959
|
823
|
786
|
95.5
|
Source : Tchapga, "L'ouverture des réseaux
électriques...", p.28-29.
Les rédacteurs du plan d'équipement soulignaient
que :
... c'est bien dans cet esprit qu'a été
lancé le projet d'une centrale hydroélectrique à
Edéa, premier élément d'une chaîne d'importantes
entreprises industrielles. Cet ensemble... consacrera l'existence d'un
véritable noyau industriel au Territoire.129(*)
La production totale d'énergie du Territoire
n'excédait pas 800.000 kWh, dont la plus grande partie pour la seule
ville de Douala. Quelques études avaient été menées
au cours de l'élaboration du plan décennal du Cameroun pour
déterminer, dans le cadre de l'industrialisation, les projets les plus
viables. On retient en définitive que les industries à
créer se devaient d'utiliser les mêmes matières
premières, le bois essentiellement.
Le plan décennal publié en 1951 envisageait la
construction d'une usine de pâte à papier à Edéa,
d'une capacité annuelle de 60.000 tonnes avec un coût
d'investissement estimé à 1.500.000.000 francs CFA. Face à
la croissance permanente de la demande, la constitution d'une
société "la cellulose tropicale" devait permettre de
réduire le déficit de l'Union française en pâte
à papier.130(*)
D'autres unités industrielles gravitaient autour de ce premier
projet : une usine de chlore de 600 millions de francs dont la production
servirait à la fabrication de la pâte à papier et
l'excédent en soude serait dirigé vers les savonneries
installées à Douala ; une usine à chlorate d'une
capacité de 3.000 tonnes par an avec un investissement de 400 millions
de francs dont la production serait utile aussi bien pour l'usine de pâte
à papier que pour des travaux de désherbage ; une usine de
méthanol obtenu par le traitement du bois, d'une capacité de
10.000 tonnes par an avec un coût évalué à 400
millions et dont la production réduirait l'importation de
carburant ; une usine de chaux et de ciment d'une production de 60.000
tonnes par an pour un coût de 600 millions dont la chaux produite serait
utilisée par l'usine de pâte à papier etc. Ce noyau
industriel, d'après le plan décennal, nécessiterait un
apport de 150 millions de kWh d'électricité par an et un
investissement de près de 7 milliards de francs CFA.131(*)
Néanmoins, il est apparu nécessaire d'envisager
de nouvelles installations consommatrices d'énergie sur l'axe
Edéa - Douala.132(*) L'idée d'une usine métallurgique
à Douala commença à être envisagée dès
1951.133(*)
Ainsi, au regard des projets montés pour constituer le
noyau industriel du Cameroun, la production d'énergie électrique
devenait un facteur - clé. En effet, la production industrielle
représente un très gros poste de consommation d'énergie
comme l'illustre le graphique suivant.
Graphique III:
Quantité d'énergie nécessaire à la
fabrication de produit industriel
en TEP/tonne
Source : Nous, d'après P. Maillet, M.
Cassette-carry, L'énergie ..., p.22.
La responsabilité de cette production incombait alors
à l'administration française qui cependant ne conserva qu'un
rôle de régulation et d'orientation. La réalité de
l'initiative revint à des sociétés constituées
à cet effet.
B. Les principaux acteurs du secteur de
l'électricité au Cameroun
L'un des traits caractéristiques de l'organisation du
secteur de l'électricité dans l'ensemble français
(métropole et outre-mer) après la Deuxième Guerre a
été la gestion commune dudit secteur par les entreprises
privées et des sociétés d'économie mixte. Ceci
répondait à la volonté du plan d'associer l'investissement
privé à l'effort de la puissance publique. Au Cameroun, il a
cohabité, dès 1948, deux entreprises ; l'une privée,
l'autre publique.134(*)
Tableau VIII : Le secteur de
l'électricité au Cameroun en 1959
Entreprises
|
Supports institutionnels
|
Nature de l'exploitation /Localités
|
ENELCAM
|
Concession du 04-5-1954
|
-Aménagement du barrage et de la centrale
hydroélectrique d'Edéa
-Fourniture d'énergie à ALUCAM
-Distribution d'électricité à Douala et
Edéa
|
CCDEE
|
Régie publique du 07-12-1947
|
-Production et distribution d'électricité
à Yaoundé, Maroua et Nkongsamba
|
Autres (Communes, exploitants privés)
|
Exploitation par la commune ou régie publique
|
-Production et distribution d'électricité
à Kribi, Edéa, Garoua (communes), Sangmélima, Dschang
(exploitants privés)...
|
Source : Nous, d'après Tchapga,
"L'ouverture des réseaux électriques...", p.31 et A. Vesse,
Etude de l'économie camerounaise en 1957, tome 1 :
activités des entreprises, Yaoundé, service de statistique
générale, (s.d), p.98.
1. La Compagnie Coloniale de Distribution
d'Energie Electrique (CCDEE)
La présence de la CCDEE au Cameroun date de 1929
lorsqu `elle obtient une concession pour la distribution d'énergie
électrique à Douala.135(*) Elle exerça un quasi-monopole dans ce domaine
car, seule opératrice dans l'unique centre véritablement pourvu
d'électricité. Le Cameroun n'était pas le seul Territoire
où exerçait cette entreprise ; elle s'installa en 1935 au
Gabon et en 1948 au Dahomey (l'actuel Bénin).136(*) Cependant, la place
privilégiée de la CCDEE dans la gestion du secteur
électrique au Cameroun allait être remise en question en 1948,
lorsque l'idée d'un second opérateur se concrétisa. On
découvre alors une entreprise agressive qui ne manquait pas d'occasion
pour relever ses nombreuses références en Afrique et aux
Antilles, et réalisant parfois gratuitement des études pour
l'électrification de centres tels que Garoua et Dschang pour attirer
l'attention et les bonnes faveurs de l'administration.137(*) Ce qui contraste avec la
gestion déficitaire de la concession de Douala qu'on lui reprocha, tout
comme son manque d'initiative.138(*)
La CCDEE, qui allait devenir Compagnie Centrale de
Distribution d'Energie Electrique du fait de l'évolution
constitutionnelle de l'Union Française et de l'évolution de la
question coloniale,139(*) obtint le 7 décembre 1947 la gérance
de l'exploitation en régie de la fourniture d'électricité
à Yaoundé, Nkongsamba et Maroua. La concession de Douala lui fut
néanmoins retirée en 1953 et confiée à
l'ENELCAM.
2. La société Energie Electrique du
Cameroun (ENELCAM)
La constitution de l'ENELCAM intégrait les
visées de la loi du 30 avril 1946 qui ouvrait la voie à la
planification financée par le FIDES. L'article 2 de ladite loi mentionne
en effet la possibilité de
...provoquer ou autoriser la formation de
sociétés d'économie mixte dans lesquelles l'Etat, les
collectivités publiques d'outre-mer ou les établissements publics
des dits territoires auront une participation majoritaire...140(*)
Ceci dans l'optique de faciliter l'exécution des plans.
La place centrale sinon déterminante de la fourniture d'énergie
dans la concrétisation de cette démarche a déjà
été abordée.
L'autre élément notable dans la constitution de
l'ENELCAM est l'application de la loi de nationalisation de
l'électricité et du gaz en France qui datait du 8 avril 1946. Il
fut admis à ce moment que "L'intervention de l'Etat était
nécessaire pour assurer le financement des travaux et adapter dans un
plan à long terme le programme de production aux besoins probables de la
demande future".141(*)
Cette démarche aboutit à la création d'Electricité
de France (EDF). Alors, et ce fut plus tard le cas dans les autres territoires
d'Afrique Noire française, EDF pris une participation dans l'ENELCAM.
Elles signèrent d'ailleurs un contrat
d'ingénieur-conseil142(*) au titre duquel EDF fut chargée de la
prospection hydroélectrique, des études d'électrification,
de la supervision des travaux d'équipement des centrales et de
manière générale de toute l'expertise technique. Certains
estiment d'ailleurs que ENELCAM n'était autre qu'une filiale
d'EDF.143(*)
La constitution d'ENELCAM fut décidée le 3 mars
1948 par un arrêté du ministre de la France d'outre-mer. La
nouvelle société avait pour objet "... toutes entreprises et
toutes opérations généralement quelconque concernant
directement ou indirectement la production, le transport, la distribution et
l'utilisation de l'énergie au Cameroun."144(*) Cependant, la
première tâche confiée à l'ENELCAM, la
véritable d'ailleurs, consistait à l'équipement d'une
chute sur la Sanaga à Edéa et la réalisation des
infrastructures d'exploitation.145(*) Le capital de la société quant
à lui était détenu majoritairement par la CCFOM et le
Territoire du Cameroun, avec les participations de la commune de Douala et de
la Régie de chemins de fer du Cameroun.
L'importance financière du projet d'aménagement
d'Edéa justifie notamment la désignation d'un commissaire du
gouvernement auprès de la société ENELCAM :
l'administrateur Descottes. Dans une correspondance adressée à
celui-ci le 23 juillet 1948, le ministre de la France d'outre-mer
précisait :
Il importe - et c'est l'objet des présentes
instructions que ces capitaux soient correctement
rémunérés après la période de construction
et de lancement de l'affaire pendant laquelle on est obligé de
l'admettre ces capitaux seront improductifs et l'exploitation sera
déficitaire.146(*)
Cette absolue nécessité de rentabiliser les
investissements justifie alors les interminables querelles à distance
entre les deux principaux opérateurs qu'étaient la CCDEE et
l'ENELCAM.147(*)
L'administration, directement intéressée au développement
de la société Energie Electrique du Cameroun148(*) permit à celle-ci de
conserver le monopole de l'exploitation de la centrale hydroélectrique
d'Edéa tout en réservant quelques marchés à la
CCDEE.
D'autres entreprises, de moindre dimension, ont
également opéré sur le Territoire : la
société Meunier qui ravit à la CCDEE la gérance de
la régie de Dschang ; les établissements Legran et Munich
qui réalisèrent le projet d'électrification de
Yaoundé ; la société Hersent- gérante de la
société camerounaise des travaux publics- qui participa à
l'aménagement des chutes d'Edéa entre autres.
Ainsi, face aux défis énergétiques
imposés par le plan d'équipement, l'administration avait
réagi en décidant une diversification des acteurs. Cette
stratégie a abouti au Cameroun à la fragmentation des
réseaux électriques, limitant le rôle de chaque
opérateur à une seule localité sans que ces réseaux
soient liés les uns aux autres. Cependant, la participation de l'Etat
dans la société d'économie mixte ENELCAM eut pour
conséquence d'en faire le principal acteur, notamment par
l'aménagement des chutes d'Edéa.
C. L'électrification du Cameroun au cours du
plan d'équipement
L'accès d'une localité à
l'électricité semble avoir été le signe de quelque
prestige. Cela justifie l'engouement général autour de cette
initiative. L'électrification est certes un thème qui tient
davantage de l'histoire locale - dépendant des besoins et des conditions
spécifiques à chaque localité ou région. Cependant,
sous la tutelle de la France, le plan d'équipement avait donné
lieu à une électrification générale sur programme.
L'intérêt de notre démarche est alors de dégager les
principaux traits de ce processus.
1. Le programme d'électrification de 1946
Le plan décennal dont fut tiré le programme
d'électrification exposait les perspectives pour le Territoire. Il
prévoyait, en plus de la refonte et de l'extension des réseaux
existants de Douala et de Yaoundé, l'électrification de quatorze
nouveaux centres.149(*)
Douala, notamment Bonabéri grâce à son
port, constituait un point d'aboutissement et un centre de transit, en plus
d'être une ville industrielle.150(*) L'essor économique dès la fin de la
Deuxième Guerre mondiale avait provoqué un important afflux de
populations européenne et africaine. Par ailleurs, la perspective de la
construction d'une centrale hydroélectrique à Edéa pour
l'approvisionnement de Douala entraîna de nombreux investissements
industriels dans la ville. On estima en 1947 qu'il faudrait produire environ
5.000 kW avant 1952, en attendant la mise en service d'Edéa. C'est ainsi
qu'il fut procédé à une extension de la centrale thermique
de Koumassi avec l'installation de nouveaux groupes électrogènes.
Entre 1948 et 1951, cette initiative coûta 245 millions de francs CFA.
Cependant, dès juillet 1951, les travaux d'une nouvelle centrale diesel
de 3500 kW à Bassa furent lancés : l'impossibilité de
procéder à de nouvelles extensions à Koumassi conduisit
à la réalisation de cette centrale complémentaire de
production d'électricité, destinée à devenir
ultérieurement une centrale de secours.151(*)
Photo I : Construction de la centrale thermique de
Douala Bassa, 1951
Source : Rapport annuel du gouvernement
français...année 1951, p.99.
Yaoundé, capitale administrative du Territoire,
était la tête de ligne des chemins de fer du centre et le point de
départ des convois automobiles vers l'Oubangui-Chari et le Tchad.
Quelques industries de tabac, de scieries et de conserveries y étaient
également installées.152(*) La distribution d'énergie électrique y
existant déjà, l'électrification consista davantage
à abandonner les petites installations pour réaliser une
électrification moderne. C'est ainsi que fut mise en service en mai 1951
une centrale diesel d'environ 830 KVA d'un coût de 240 millions.
La ville de Nkongsamba, quant à elle, était
décrite comme "un centre en plein développement où se
rassemblent tous les produits des régions agricoles
Bamiléké et Bamoun" mais également du Mungo. Par ailleurs,
l'ouverture de la route Douala- Foumban- Banyo- Garoua via Nkongsamba devait
procurer un surcroît d'activité à cette ville,
déjà tête de ligne du chemin de fer du Nord.153(*) La perspective d'une
électrification s'y appuyait tout d'abord sur l'existence de deux chutes
d'eau dans les voisinages de la ville : l'une sur la rivière Essoua
et l'autre sur le Nkam. Néanmoins, il fut préféré
en 1949 la construction d'une centrale diesel de 670 kW terminée en
juillet 1951154(*) pour
un coût de 120 millions de francs.
Maroua était la capitale régionale du Nord
Cameroun et un gros marché d'échange du fait de son voisinage
avec la Nigeria. On nota cependant qu'à Maroua,
"l'électrification ... offre la coûteuse particularité de
se trouver à 1800 km de la côte" posant alors une sérieuse
difficulté dans l'acheminement du matériel.155(*) C'est principalement ce qui
justifie que la centrale diesel de 220 kW n'ait été mise en
service qu'en janvier 1952 après un investissement de 116 millions de
francs.
La question était toute autre à Dschang ;
la ville était le grand marché du plateau Bamiléké
et devait en partie sa réputation à sa station climatique. Du
fait de l'existence d'un barrage avant 1946, les travaux
d'électrification se résumèrent à la construction
de la centrale hydroélectrique et des lignes de transport.156(*) Le coût de ces travaux
s'éleva à 45 millions.
Cependant, l'effort financier ne constitua pas le seul enjeu
de ce processus ; un autre aléa fut le choix à faire entre
des aménagements thermiques et des aménagements
hydroélectriques.
2. Un aspect technique de l'électrification du
Territoire : le choix entre l'hydroélectrique et le thermique
Des aspects techniques qui ont conditionné
l'électrification du Cameroun français, la possibilité de
recourir à l'aménagement des chutes d'eau est celle qui retient
le plus l'attention. L'utilisation de la force du courant des fleuves
était d'un intérêt certain, même si le potentiel
énergétique du Territoire n'était pas encore
entièrement inventorié. Cet intérêt était
perceptible chez les différents administrateurs. Ainsi, par exemple, en
réponse à une dépêche du ministre de la France
d'Outre-mer qui lui proposait l'envoi au Cameroun d'une équipe
d'ingénieurs de l'Office de la Recherche Scientifique Coloniale, le
Haut-commissaire Hoffherr répondait :
La venue de tels ingénieurs me paraît très
désirable si l'on veut établir, - comme vous le souhaitez et
comme je l'estime également nécessaire - un inventaire
détaillé des ressources hydrauliques du territoire...157(*)
On envisageait alors l'aménagement de divers sites
hydroélectriques : les chutes d'Ekom sur le Nkam, près de
Nkongsamba ; les chutes de la Vina, près de
Ngaoundéré ; les chutes de la Lobé, près de
Kribi ; les chutes de la rivière Mary près de
Bétaré-oya, ou encore les chutes de Nachtigal, du Nyong et du
Ntem.158(*)
Cependant, dans plusieurs cas, la solution d'un
aménagement thermique fut préférée. On fit valoir
que dans certains cas, le débit des rivières à
équiper était insuffisant en saison sèche pour permettre
la construction rentable d'un barrage. Ce fut le cas à Foumban, à
Ebolowa et à Nkongsamba. Mais également, bon nombre de ces sites
étaient difficiles d'accès, rendant ainsi le projet
d'électrification onéreux du fait des frais de construction d'une
route ou des frais d'établissement d'une ligne électrique en
pleine forêt. L'ingénieur Jean Lemoine concluait :
D'une façon générale, enfin, les
équipements hydroélectriques de petite puissance sont beaucoup
plus longs à réaliser que l'installation de groupes diesel, qui
exige une place réduite et peut de la sorte être établie
presque dans la ville, au coeur même de la distribution.159(*)
C'est notamment pourquoi, au-delà des prometteuses
perspectives d'aménagements hydroélectriques, Dschang et
Edéa furent les seules villes dotées de ce type d'infrastructure.
La construction d'Edéa polarisa d'ailleurs l'ensemble des efforts par
son envergure.
II. QUELQUES ASPECTS DE L'AMENAGEMENT HYDROELECTRIQUE
D'EDEA
La construction du barrage et de la centrale
hydroélectrique d'Edéa a inspiré divers travaux. Certaines
questions telles que son financement, la question foncière et la
question de la main-d'oeuvre qu'elle a posées n'ont, cependant, retenu
que très peu d'attention.
A. Les questions foncières et du financement
L'élaboration du projet d'aménagement des
chutes d'Edéa à des fins hydroélectriques avait
indubitablement soulevé quelques problèmes. Certes, le site
était intéressant du point de vue hydrologique,160(*) mais le temps semblait
révolu où les domaines terriens des colonies étaient
considérés comme des "no man's land".161(*)
1. L'affaire de l'île d'Edéa
Il est rarement fait mention, aussi bien par les populations
concernées que par les auteurs de travaux y afférant, de
revendications foncières au sujet du domaine foncier ayant servi
à l'aménagement hydroélectrique d'Edéa. J.-A.
Njomkam note à cet effet que cette réalisation ne posa "aucun
problème humain", en comparaison avec la Côte d'Ivoire et le Ghana
où ce genre d'opérations engendra des déguerpissements et
le recasement des populations.162(*) Ceci est d'ailleurs fréquent lorsqu'il s'agit
de la construction de barrage : les abords du fleuve devant être
aménagés et parfois, de grandes surfaces devant être
immergées pour constituer un réservoir.
Dans un autre travail consacré au barrage
d'Edéa, Albert Mbekek évoque explicitement les expropriations
dont ont été victimes les populations bakoko.163(*) La ville d'Edéa, et
partant la région de la Sanaga-Maritime, est peuplée
principalement par les communautés Basa et Bakoko. Néanmoins, la
partie de la ville où a été construit le barrage est le
domaine des Bakoko. On fait notamment des chutes d'Edéa le règne
de leur dieu suprême.164(*) Dès 1950, la question foncière allait
être mise en avant, ce qui ne manquait pas de susciter des
inquiétudes chez les administrateurs en place. Le chef de subdivision,
E. Pinelli, notait ainsi "OMOG Thomas fait miroiter aux yeux des Bakokos
les 10 millions de l'île d'Edéa qu'il estime revenir de droit aux
seuls Bakokos et qu'il considère déjà comme bien
exclusif."165(*) Omog
Thomas, décrit par l'administrateur Pinelli comme un personnage
"intelligent, sournois, hypocrite et menteur", était moniteur de la
mission catholique d'Edéa. En 1949, il fut l'initiateur du mouvement
traditionnel Log-M'poh unissant les Bakokos de la région ; ceci
"pour s'opposer au mouvement AASM (Association Amicale de la Sanaga Maritime)"
qui regroupait les Basa.166(*)
La revendication de Omog et des Bakoko allait rapidement
devenir un leitmotiv prenant exemple sur les indemnités accordées
pour des terrains à Douala. Dans un climat déjà tendu par
la montée de l'Union des Populations du Cameroun (UPC), Pinelli critiqua
vivement la décision de l'Assemblée Représentative (ARCAM)
qui avait accordé les dix millions de compensation, et regretta que
l'administration n'ait pas encore pris une position ferme, en matière de
propriété coutumière.167(*) Celle-ci s'attela alors par des décisions de
justice à faire de l'île d'Edéa une partie du domaine du
Territoire pour mettre fin aux revendications.
2. Le financement de l'aménagement
d'Edéa
Le financement de l'aménagement des chutes
d'Edéa est resté un sujet soigneusement évité par
divers travaux. Ceci à cause de la difficulté à collecter
la documentation nécessaire et à recouper des informations
éparses, provenant de différentes sources et bien souvent
incomplètes.
On considérait lors de l'élaboration du plan
d'équipement que le barrage et la centrale d'Edéa
nécessiteraient un effort d'environ 2 milliards de francs CFA,168(*) soit 8% de l'effort global.
On comprend alors que cette part de l'investissement ait été
supportée par la section générale du FIDES à
travers des avances consenties par la CCFOM.
Graphique IV : Ventilation des
crédits pour l'aménagement hydroélectrique d'Edéa
(situation en 1950) en millions de francs CFA
Source : Nous, d'après Njomkam,
"L'énergie et le développement...", p.154.
Diverses rubriques étaient prises en
considération : les dépenses d'infrastructure (génie
civil pour la construction du barrage et de la centrale, l'équipement
électrique et mécanique, la ligne de transport Edéa-Douala
et le poste transformateur de Douala) auxquelles on ajoute les dépenses
d'exploitation (immeubles et bureaux, fonctionnement de la
société au cours de la construction du barrage).
L'évaluation des dépenses portait alors dès la fin 1950
à près de 3.023 milliards de francs CFA.169(*) Evidemment, le génie
civil, de par la masse des travaux engagés, constitue la rubrique la
plus importante. La fin de la première phase du projet (Edéa I)
en 1953 permit d'évaluer la facture à environ 4.300 milliards de
francs CFA, soit le double de la dotation initiale.
En 1954, l'implantation d'ALUCAM étant acquise, il
fallu réaliser la seconde phase du projet (Edéa II) qui consista
en une extension des installations et de l'équipement pour faire passer
la production de 150.000 de kWh à 1200 millions de kWh. Il fut
envisagé de mobiliser 3,5 milliards de francs CFA pour cette
extension.170(*)
Cependant, seulement 3 milliards furent consommés.
Ainsi, jusqu'à 1959, les deux premières phases
du projet hydroélectrique d'Edéa avaient nécessité
près de 7,5 milliards de francs CFA. Ce quadruplement du budget initial
semble curieux et déraisonnable. Il faut néanmoins constater que
les services financiers du Territoire avaient entrevu cette situation, pour la
réalisation de l'ensemble du plan d'équipement, en reconnaissant
que la revalorisation des marchés était due à une
augmentation des prix de matériel en France depuis 1948
(fréquemment de 100%) et à une extension de la masse des
travaux.171(*)
B. La question de la main-d'oeuvre
Avec les capitaux, la main-d'oeuvre constitue l'un des
principaux moyens de réalisation du plan d'équipement. Il semble
pourtant que ceci ait posé un réel problème. Il est ainsi
courant de retrouver des interrogations telle : "Le facteur main-d'oeuvre
deviendra-t-il un obstacle au développement futur du
territoire ?"172(*)
On décèle cette préoccupation dans une correspondance du
chef de région de la Sanaga-maritime, R. Lelong, adressée au
Haut-commissaire Hoffherr. Il écrivait :
J'ajoute enfin, - et ce n'est pas là un de mes moindres
soucis - que nous devons au plus tôt, déterminer près des
sociétés chargées de l'exécution des divers travaux
du barrage hydraulique, leurs besoins en main-d'oeuvre. De nombreux
problèmes seront alors posés (recrutement, installation,
nourriture) et il y aurait intérêt à les envisager au plus
tôt.173(*)
C'est pourquoi diverses mesures ont été prises
dans ce cadre souvent, présentées par l'administration
française comme exceptionnelles. Notre préoccupation a donc
été de déterminer : quelles mesures avaient
été prises dans ce cadre ? Et puisqu'il s'agissait de
main-d'oeuvre, quelles étaient leurs conditions de recrutement et de vie
sur le chantier ?
1. La main-d'oeuvre locale sur le chantier
hydroélectrique d'Edéa
La main-d'oeuvre locale (désignée le plus
souvent comme africaine ou indigène) sur le chantier d'Edéa
était, dans sa grande majorité, constituée des populations
habitant Edéa. Cette situation évitait notamment à ENELCAM
de mettre sur pied de très importantes infrastructures d'accueil et
d'hébergement, d'autant plus qu'il s'agissait de plus d'un millier
d'individus. En 1954, l'effectif du personnel indigène était de
1504, dont 1200 manoeuvres et 304 ouvriers qualifiés.174(*) Il semble toutefois que leur
recrutement était aussi bien volontaire que forcé, "pour le bien
et l'intérêt supérieurs".175(*) Ce que corrobore Séverin Nwaha, s'appuyant
sur les propos de son informateur Tong Longmo qui aurait été
chargé du personnel sur les chantiers d'Edéa176(*). La main-d'oeuvre locale
était repartie dans trois camps : le camp Bassa-Bakoko (pour les
populations du Sud Cameroun), le camp Sahara (pour celles du Nord) et le camp
pénal (pour les détenus)177(*). D'après cet informateur :
...le camp Sahara était composé essentiellement
des déportés du Grand Nord. Ceux-ci étaient soit
arrêtés dans les marchés, soit achetés auprès
des lamibé et transportés dans les wagons et camions
bâchés et gardés. La main-d'oeuvre sudiste était
volontaire malgré le manque de culture salariale. "L'on procédait
par des flatteries dans les bars et ventes à emporter"178(*). (Sic).
L'administration coloniale défendait l'idée
opposée, s'appuyant sur l'évolution de la question du travail
forcé dans les colonies : dans une circulaire intitulée "La
nouvelle politique indigène pour l'AEF", datée du 8 novembre
1941, le gouverneur Félix Eboué édictait entre
autres que : "Toute la main-d'oeuvre nécessaire
peut-être recrutée et employée à condition que la
vie indigène ne s'en trouve pas
déséquilibrée".179(*) La question fut plus tard abordée au cours de
la conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944).
D'ailleurs, les débats démontrent que les administrateurs
n'étaient en réalité pas favorables à
l'interdiction du travail forcé. Le rapport final de la sous -
commission des travaux publics est à ce sujet édifiant. On peut y
lire, s'agissant de l'interdiction du travail obligatoire :
Elle est d'ailleurs inapplicable dans l'état actuel des
choses, à moins de considérer que le recrutement des travailleurs
par l'administration n'est pas du travail obligatoire, ce qui nous fera taxer
d'hypocrisie. Sans ce recrutement, en effet, les grands travaux publics ne
pourraient s'exécuter qu'avec lenteur extrême...180(*)
La position officielle et définitive intervint avec la
loi Houphouët-boigny du 11 avril 1946 abolissant le travail forcé.
On peut cependant demeuré perplexe quant à l'application
effective et totale de cette loi, au regard des précédents
témoignages. Ceci n'exempte cependant pas l'administration et ENELCAM
de tout reproche, les conditions d'embauche et de travail se
révélant discriminatoires. Pour le même travail
exécuté, le camerounais le mieux payé percevait 10.000
francs soit trois fois moins que le salaire d'un ouvrier étranger
bénéficiant d'un meilleur suivi sanitaire, de meilleures
conditions d'hébergement et d'une alimentation plus
complète.181(*)
Cet écart de traitement, au-delà des considérations
raciales qu'on pourrait y voir, tient également de la perception que
les européens avaient du rendement de la main-d'oeuvre locale.
L'inspecteur du travail Pierre Pivière écrivait à cet
effet :
Si le développement économique du territoire
souffre de l'insuffisance de la main-d'oeuvre locale, ce n'est pas parce que
celle-ci n'est pas assez nombreuse, mais bien plutôt à cause du
bas niveau de son rendement.182(*)
La main-d'oeuvre locale était ainsi
présentée comme instable, désertant le chantier par simple
fantaisie individuelle ou pour procéder à la vente de leur
récolte lors de la traite du cacao par exemple.183(*) On aurait alors
imaginé le recours à une main-d'oeuvre suffisamment
éloignée du chantier pour contraindre leur stabilité. Ce
furent tout d'abord des travailleurs Toupouri, près de 250 individus
venus du Nord-Cameroun.184(*) Les Toupouri étaient présentés
comme "des travailleurs sérieux, taillés en force et de
caractère très ouvert".185(*)
Photo II : Main-d'oeuvre locale sur le chantier
hydroélectrique d'Edéa
Source : Rapport annuel du gouvernement
français...année 1949.
Au cours de la première phase d'aménagement
(Edéa I), de 1948 à 1953, la main-d'oeuvre locale était
affectée à des emplois de manoeuvres ; sans véritable
spécialisation, elle versa dans le chômage à la fin des
travaux. Cependant, la seconde phase du chantier, entre 1955 et 1958
(Edéa II), vit émerger en plus des manoeuvres, des ouvriers, des
aides maçons, des maçons et même des contremaîtres.
Cette évolution résulte de l'expérience acquise par
celle-ci au cours de la première phase du chantier. Le plan
décennal retenait ainsi que la solution permanente au problème
était la formation professionnelle de la main-d'oeuvre locale. Le
recours à des travailleurs italiens sur le chantier semble y avoir
participé grandement.
2. L'utilisation de la main-d'oeuvre italienne sur le
chantier hydroélectrique d'Edéa
Devant le problème inquiétant que posait le
recrutement d'une main-d'oeuvre locale qualifiée au Cameroun, il fut
envisagé de faire appel à des travailleurs italiens. Par
l'intermédiaire de la Chambre des métiers d'Udine, 350
travailleurs immigrèrent au Cameroun,186(*) venant aussi bien de la région d'Udine, de
Vénétie que de Frioul dès janvier 1949. Décrits
comme des hommes robustes et athlétiques, des ouvriers adroits,
travailleurs, expérimentés et consciencieux, ils avaient pour
certains participé à de grands travaux en Libye, notamment en
Cyrénaïque.187(*) C'est pourquoi on leur confia des emplois de
techniciens et d'ouvriers : mineurs-terrassiers, charpentiers,
maçons, mécaniciens-motoristes. Quant à eux, les
Français exerçant sur le chantier occupaient des emplois
d'ingénieurs et plus généralement de cadres. Pour les
accueillir, il avait fallu installer une cité ouvrière pour 350
européens avec boulangerie, boucherie, abattoir, fabrique de glace et de
sodas, salle de réunions et de spectacles, buanderie, magasin de vente,
centre sanitaire, cabinet dentaire, etc.188(*) Ce qui ne manqua pas de faciliter leur séjour
sous les tropiques. Leur rendement fut présenté comme
exceptionnel et célébré par les différents orateurs
lors de l'inauguration de l'ouvrage le 5 février 1954. Léon
Kaptué ne manque pas de noter que "... ce rendement "exceptionnel"
était le résultat naturel d'un traitement tout aussi
"exceptionnel"189(*)
(sic).
Lors d'un congrès Nord-africain du Patronat sur
l'émigration et l'immigration au sein de l'Union française en mai
1952, les participants qualifièrent l'expérience italienne
à Edéa de coûteuse, mais rentable tout en se
félicitant de ses effets sur la formation de la main-d'oeuvre locale.
Certes, Claude Welch notait : "The influx of Europeans into
the Bassa area, many of them Italians laborers on the Sanaga River dam at Edea,
led to an increase in racial incidents"190(*) ; on retient cependant que la cohabitation
entre les travailleurs locaux et leurs collègues italiens n'ait pas
entraîné d'incident notable. Tout au moins, les différents
rapports d'administration n'en fournissent pas d'évidences. A
contrario,
... certains ouvriers noirs, releva du Jonchay, deviennent
les "compagnons", au sens ancien, des ouvriers italiens, un ferrailleur de
ciment armé par exemple. Peu a peu, l'ouvrier indigène se lie
d'amitié avec son camarade blanc et, à ses côtés,
apprend avec patience les tours de main d'un métier entièrement
nouveau. Tout ceci se passe dans le calme et peu à peu se forment ainsi
de nouveaux spécialistes de qualité.191(*)
Il s'est agi alors d'un véritable transfert de
technologie allant au-delà de l'objectif initial : fournir de
l'électricité à la zone industrielle de Douala et
d'Edéa.
Il devient alors indéniable que l'essor de
l'électricité dans le Territoire ait visé à
favoriser l'implantation d'industries métropolitaines, ce qui a conduit
à mobiliser d'importants moyens financiers et humains. Bien que seuls
les grands centres en furent concernés, ceci reste une des
réussites de la France au Cameroun et l'héritage
énergétique du futur Etat indépendant. Toutefois, la
recherche minière énergétique (pétrole, uranium...)
retint également l'attention du colonisateur.
CHAPITRE IV : LA RELANCE DES ACTIVITES
MINIERES LIEES A L'ENERGIE AU CAMEROUN (1947-1959)
L'activité minière au Cameroun avait connu un
certain développement avant, mais surtout pendant les hostilités
qui secouèrent le monde de 1939 à 1945. Certes, la production se
limita à l'or de Bétaré Oya, à la
cassitérite dans le Mayo Darlé, au rutile aux environs de
Yaoundé qui étaient destinés aux usines américaines
et britanniques192(*).
D'autres gîtes de minéraux étaient connus, le cas du
pétrole et du charbon, bien que n'offrant pas de possibilités
économiques d'exploitation. Cependant, l'industrie minière entra
dans une situation difficile après la guerre : la chute des cours
des minéraux en était la principale cause. L'administration
justifia également cette situation, notamment dans la production du
rutile, par une défection de la main-d'oeuvre locale193(*).
La guerre avait valorisé des minéraux
jusque-là de moindre intérêt ; ce fut le cas pour
l'uranium. Elle avait aussi consacré la nécessité
croissante des hydrocarbures qui, de par leur facilité de transport et
le développement de nouvelles applications, supplanta
définitivement le charbon. Pour les colonies, il fallait se
résigner à croire que la métropole avait besoin de cette
énergie davantage que son outre-mer. La tâche des administrations
centrale et locale consista alors à donner une impulsion nouvelle
à cette activité d'une importance économique
indéniable, bien que le plan n'en donna que très peu
d'orientations.
I- UN INTERET CROISSANT POUR LES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN 1947-1951
A l'instar des autres sources d'énergies, il s'est
développé après la Deuxième Guerre mondiale un
réel intérêt pour les hydrocarbures. Le Cameroun
n'était pas en marge de cette évolution. Disposant du point de
vue géologique de bassins sédimentaires propices à la
présence d'hydrocarbures, le Territoire devait être mis à
contribution pour assurer l'approvisionnement de l'Empire en produits
pétroliers. La présence du Bureau de Recherche du Pétrole
dans le Territoire renseigne alors sur le désir d'y voir couler l'or
noir.
A. La nécessité d'approvisionnement en
produits pétroliers
Les hydrocarbures (pétrole et dans une certaine mesure
gaz naturel) avaient été vulgarisés au cours de la guerre.
Ils étaient devenus indispensables dans les transports et l'industrie.
Par conséquent, leur rôle dans la perspective de la Reconstruction
était déterminant ; ceci aussi bien pour les
métropoles que pour l'outre-mer.
1. L'approvisionnement de la France
métropolitaine
La fin de la guerre avait indubitablement imposé un
appel important en produits pétroliers pour les besoins de la
Reconstruction à travers le monde. Il est certes difficile
d'établir des constatations globales ; ceci est vrai pour la France
métropolitaine et pour l'ensemble de son Outre-mer. De manière
générale, il s'est agi après la guerre d'assurer
l'indépendance énergétique de la France à de
moindres coûts194(*). Paul Alduy, alors président du groupe
socialiste à l'Assemblée de l'Union française, faisait
remarquer que le production pétrolière de l'Union était
dérisoire, comparée à celle de l'Allemagne ou de l'Italie.
La première, par exemple, avait réussi à faire passer sa
production de 50.000 tonnes en 1938 à 2.200.000 tonnes en 1953. La
production française quant à elle ne passa de 70.000 tonnes
qu'à 860.000 tonnes dans le même temps195(*). Il concluait que cette
situation défavorable tenait de l'insuffisance des moyens mis en oeuvre.
La solution retenue unanimement fut de booster la prospection tout en
espérant que la découverte de nouveaux gisements à travers
le monde entraînerait une baisse de prix. Cette baisse serait alors
favorable à la France qui dépendait en grande partie de
l'extérieur pour son approvisionnement196(*).
2. L'approvisionnement du Cameroun
La situation du Cameroun, comme de l'ensemble de l'outre-mer,
n'en était que davantage compliquée : il fallait en effet
concilier l'approvisionnement propre du Territoire avec le principe de
rentabilité imposé par l'économie coloniale. Ceci d'autant
plus que le renchérissement des cours de l'énergie imposait des
réajustements des dotations budgétaires prévues dans le
cadre du plan. L'approvisionnement du Territoire, notamment en essence, semble
ainsi avoir posé quelques soucis aux administrateurs en place
après la guerre. L'un d'eux, le délégué Peux,
mentionnait dans l'une de ses correspondances aux chefs de
régions :
J'ai l'honneur d'attirer votre attention sur le fait que
l'approvisionnement en essence du Territoire risque de devenir à
brève échéance critique par suite d'une part de
l'insuffisance de nos dotations en devises,d'autre part de la pénurie
d'hydrocarbures qui sévit actuellement dans le monde197(*).
Différentes mesures furent prises à cet effet,
dont la restriction des dotations accordées aux véhicules et
l'interdiction de l'usage abusif de véhicules consommant beaucoup
d'essence (véhicules de surplus et camions lourds) qui circulaient
à vide et sans utilité économique198(*). L'autre mesure notable fut
la mise en service d'un dépôt en vrac d'hydrocarbures (essences et
pétroles) à Douala en 1953 pour faciliter l'approvisionnement du
Territoire. Mais également dans le dessein de faire baisser les
prix199(*). Ainsi en
1955, on dénombrait dans le Territoire deux grands dépôts
d'hydrocarbures : celui de Douala -Bassa (21.340m3) appartenant
à la Compagnie française des dépôts
pétroliers du Cameroun ; et celui de Garoua (3.600m3)
appartenant à la société Socony Vacuum Oil. D'autres
dépôts -relais avaient été installés par
diverses compagnies pétrolières à Nkongsamba,
Yaoundé et Mbalmayo.200(*)
Evidemment, rien de tout ceci ne freina l'importation de
produits pétroliers par le Territoire, et qui comme l'ensemble du
mouvement commercial au Cameroun dès 1946 resta en nette croissance. Le
graphique suivant l'illustre :
Graphique V : Evolution des importations de
produits pétroliers au Cameroun (situation en 1957)
unité 1000 tonnes
Source : Nous, d'après
Marchés coloniaux du monde : Cameroun1952, n°340...,
17 mai 1952, p.1338 et Service de
statistique d'Outre-mer, Outre-mer 1958..., p.339.
La progression que l'on note dans ces importations se
justifie essentiellement par la création de nouveaux besoins dans
l'industrie, mais surtout par le développement des transports routiers
et aériens au Cameroun.
L'éventualité de l'exploitation de gîtes
de pétrole au Cameroun, bien que devant servir principalement à
assurer l'indépendance énergétique du Territoire201(*), pouvait constituer une
intéressante source de fonds pour le financement des plans
d'équipement. Paul Alduy notait à ce sujet que la recherche et
l'exploitation de nappes pétrolières dans l'Union
française constituaient l'un des moyens propres à la
réalisation de ces plans202(*). Dans le cas précis du Cameroun, on
n'hésitait plus à penser que :
... les découvertes dans le bassin sédimentaire
de Douala de nombreux indices d'hydrocarbures particulièrement
intéressants permettent d'augurer un redressement, et si les espoirs
sont confirmés par les travaux ultérieurs, l'économie
générale du Cameroun pourrait être
modifiée203(*).
C'est dans ce cadre que l'administration française
entreprit, quoique poussivement jusqu'à 1951, de mettre en valeur les
potentialités du Territoire en hydrocarbures.
B. L'action du Bureau de Recherche du Pétrole
au Cameroun jusqu'en 1951
L'action du Bureau de Recherche du Pétrole (BRP) ne
pourrait être passée sous silence lorsque l'on évoque la
recherche d'hydrocarbures au Cameroun. Créé en 1945 avec le
statut d'organisme public, c'est tout naturellement que sa compétence
s'est étendue sur l'ensemble du domaine colonial français. Il
serait alors intéressant, après avoir déterminé la
mission de cet organisme, de s'interroger sur les actions qu'il a menées
dans le Territoire jusqu'en 1951.
1. La mission du Bureau de Recherches du
Pétrole
Le Bureau de Recherches du Pétrole (BRP) a joué
un rôle prédominant dans la prospection des hydrocarbures au
Cameroun. Cette structure coordonna notamment l'ensemble de l'activité
pétrolière jusqu'à l'indépendance. Pour favoriser
la prospection pétrolière dans l'ensemble de son empire, la
France avait mis sur pied deux établissements publics : l'Institut
Français du Pétrole dont le rôle principal était de
former des techniciens et le BRP qui était chargé de coordonner
la prospection aussi bien en France qu'en Afrique204(*).
La création du BRP répondait à un
objectif précis : intensifier la recherche des gisements
d'hydrocarbures par la création d'établissements publics
disposant de ressources pour plusieurs années. Le BRP, à cet
effet, établissait un programme national de recherches de pétrole
dans l'Union française et en assurait la mise en oeuvre205(*). Au final, le BRP orientait
la politique des divers organismes de recherches dans l'Empire : le Bureau
accordait notamment des moyens financiers à ces divers organismes sous
la forme soit de participations au capital, soit d'avances à long terme.
Il détenait ainsi une participation majoritaire ou
prépondérante dans ceux-ci206(*)
2. Le BRP au Cameroun
Il faut certainement rappeler ici que l'activité
pétrolière était plongée dans un statu quo depuis
1929, renforcé par le seul rôle de contrôle que s'attribua
l'administration207(*).
Cependant, différentes mesures étaient à l'étude
pour sortir de cette situation. En février 1946 notamment, une
conférence interministérielle tenue à Paris réunit
autour du Haut- Commissaire Delavignette des représentants des
ministères de la France d'Outre-mer, de l'industrie et du commerce et
des Affaires étrangères. Le but était d'étudier les
possibilités de constituer un syndicat ou une société de
recherche de pétrole sur les modèles existant au Gabon et
à Madagascar. Toutefois, le chef du services des mines, Callot,
mentionnait en 1950 que : "L'incertitude dans laquelle on se trouvait
alors en ce qui concerne le futur statut du Territoire... n'avait pas permis
d'adopter une solution définitive"208(*). Le rôle du BRP, dont l'action
s'étendait sur l'ensemble de l'outre-mer, en était
renforcé.
Diverses sources retiennent que ce n'est qu'à partir
de 1947 qu'un travail systématique a été amorcé
dans l'activité pétrolière au Cameroun, dans le cadre
précis de la cartographie et des études géologiques. En
effet, la première action du BRP au Cameroun fut d'envoyer en
décembre 1946 le géologue Andreff au Cameroun ; entre 1947
et 1949, celui-ci établit une carte géologique
détaillée du bassin sédimentaire et donna de
précieux renseignements sur la structure géologique de ce bassin.
Andreff conclut que "la probabilité d'existence de gisements
hydrocarbures est aussi grande au Cameroun qu'au Gabon"209(*).
Cependant, l'action d'envergure au cours de cette
période a été l'attribution d'un permis
général de recherche de type A (superficies supérieures
à 400 km2) pour hydrocarbures à Léon Migaux
agissant pour le compte du BRP. L'action est suffisamment surprenante pour
qu'on s'y attarde : la formule était en effet assez originale. Pour
activer le démarrage des recherches et contourner les hésitations
politiques autour du futur statut international du Territoire, il fut convenu
d'attribuer un permis général à un particulier qui lui,
serait financé par le BRP. Le choix de Léon Migaux n'était
lui non plus anodin. Polytechnicien de formation et diplômé de la
prestigieuse Ecole des Mines de Paris, Léon Migaux exerça durant
plusieurs années au Maroc comme chef du Bureau de Recherches et de
Participation Minières (BRPM) et ensuite comme administrateur
délégué de la Société chérifienne des
pétroles. Il est cependant plus connu comme ayant été le
président de la Compagnie générale de
géophysique210(*). Migaux résumait ainsi sa vision de son
métier :
... qui dit bassin sédimentaire dit possibilité
de pétrole... on pouvait prévoir que la géologie ne
suffirait pas à déterminer les emplacements des forages de
recherches (...) cette architecture, il faudrait donc la mettre en
évidence par la géophysique211(*).
Il s'agissait donc d'un personnage averti et assez connu de la
recherche d'hydrocarbures dans l'Outre-mer.
Un décret portant attribution d'un permis
général de recherches d'hydrocarbures au Cameroun fut pris le 25
juin 1947212(*) ;
et bien que le décret n'en fasse pas allusion, Migaux s'était
engagé à céder son permis à tout syndicat ou
société qui se constituerait dans ce but213(*). Initialement prévu
pour trois ans, le permis dû être renouvelé pour deux ans,
par un arrêté du 30 décembre 1950, car le syndicat n'avait
toujours pas été mis sur pied. Deux constatations peuvent
néanmoins être faites de cette période. D'abord, jusqu'en
1950, les études de géologie et de géophysique furent
entreprises pour un total des dépenses de 82 millions de francs
métropolitains214(*), ce qui renforce le caractère
extrêmement onéreux de la recherche d'hydrocarbures. Ensuite, les
travaux de Andreff montrèrent que le bassin sédimentaire de
Douala s'étendait dans sa partie Nord, largement au-delà du
permis attribué à Léon Migaux215(*).
Parallèlement, la perspective de la constitution d'une
société de recherche de pétrole se confirmait :
dès le 27 septembre 1950, le ministère de la France d'Outre-mer
avait autorisé le BRP à participer au capital de la nouvelle
société tandis que l'ARCAM, lors de ses sessions d'octobre 1950
et d'avril 1951 émettait le voeu que le Territoire prenne à sa
charge une part importante dans ce capital. On peut ainsi percevoir une
certaine hâte mais également une réelle
nécessité dans la formation de cette société.
II- LES HYDROCARBURES: L'EFFORT DE PROSPECTION DE LA
SEREPCA 1951-1958
La prospection d'hydrocarbures au Cameroun allait
connaître un regain d'intérêt de 1951 à 1958. Ainsi,
après une période faite presque essentiellement d'études
géophysiques, l'activité de prospection allait se
développer sous l'impulsion d'une structure plus autonome : la
Société de Recherche et d'Exploitation des Pétroles du
Cameroun (SEREPCA).
A- La constitution de la SEREPCA
Le souhait de mener une prospection active au Cameroun datait
de l'après-guerre. Toutefois, la SEREPCA ne vit le jour qu'en 1951. Il
faut voir là le résultat de nombreuses hésitations quant
à la formule idoine pour réunir dans ce projet des partenaires
financiers et le Territoire. Le financement d'une pareille initiative
constituait évidemment l'enjeu majeur.
1. Les hésitations dans la constitution de la
SEREPCA
Le processus enclenché en 1946 allait aboutir le 27
septembre 1951 à la création d'une société anonyme
dénommée Société de Recherche et d'Exploitation des
Pétroles du Cameroun (SEREPCA) et à la signature d'une convention
réglant l'exercice de celle-ci dans le Territoire216(*). Dès le
quatrième trimestre 1950, le Territoire était intervenu à
différentes reprises auprès du BRP afin de parvenir à un
accord sur ce sujet. D'abord prévue pour la mi-juillet 1951,
l'assemblée constitutive de cette société eut lieu les 7
et 26 septembre ; celle-ci permit notamment la ratification de la
convention réglant l'activité de la SEREPCA. Le permis
attribué à Léon Migaux en 1947 et reconduit en
décembre 1950, fut transféré à la SEREPCA selon les
dispositions évoquées, à savoir que ce dernier s'engageait
à céder son permis de recherche à toute
société constituée dans ce but.
Ainsi, l'on note une certaine hâte dans la constitution
définitive de la SEREPCA. Ceci est dû aux espoirs que la France et
le Territoire fondaient sur la découverte du pétrole et donc,
à la nécessité d'entreprendre rapidement des travaux
d'envergure dans ce sens. Le Haut-commissaire Soucadaux notait alors la
"nécessité technique de procéder dès maintenant
à une campagne de sondages... a poussé à hâter la
formation de la société"217(*). Il semble néanmoins que les questions
financières aient été primordiales dans l'aboutissement de
ce processus et justifient les hésitations que l'on a pu noter.
Le chef du service des mines du Cameroun, Callot,
reconnaissait dans son rapport de 1950 que la recherche
pétrolière nécessitait avant tout un effort financier
considérable et une extrême patience. Il évaluait ainsi
qu'aux Etats-Unis, le coût nécessaire pour trouver un gisement
important avoisinait les 600 millions de dollars. Dans l'Union
française, il fallait mobiliser entre 80 et 90 millions de francs
métropolitains dans cette optique218(*). De manière générale, il faut
noter que :
La notion de coût de production du pétrole brut
est délicate, parce que les investissements préliminaires
à toute extraction sont assez importants (...) L'existence
d'aléas caractérise certes toute entreprise ; mais cela est
poussé au maximum dans l'industrie pétrolière où on
ne peut connaître qu'en fin d'exploitation les
dépenses...219(*)
Mais également, le coût de la recherche et de la
production est très différent d'une région à une
autre et peuvent varier de 1 à 50 selon l'importance du gisement et son
implantation220(*). Il
semble ainsi que dans le cas de la SEREPCA, il ait fallu s'assurer des
garanties financières nécessaires.
Certes, le BRP avait vocation à participer de
manière significative à ce financement. Le Territoire du
Cameroun, vu le caractère de l'entreprise envisagée, souhaita
vivement y participer ; on envisagea au départ un quota de 30% dans
le financement global2(*)7. Il fallut ensuite déterminer avec
précision la répartition du capital et en envisager les
augmentations ultérieures. (Tableau IX).
2. Le financement de la SEREPCA
A sa constitution, la SEREPCA disposait d'un capital initial
de 150.000.000 de francs CFA. Différentes augmentations du capital
allaient très vite porter celui-ci à 4 milliards 700 millions de
francs CFA, pour répondre aux exigences financières de la
recherche d'hydrocarbures. Il faut tout de même noter que les
résultats encourageants notés au cours de la prospection ont
favorisé ces augmentations de capital. De manière globale, le BRP
conservait une marge de participation comprise entre 50 et 65% dans l'ensemble
de ses participations.2(*)8 Ceci se vérifie dans le cas de la SEREPCA et
démontre la prépondérance de celui-ci dans
l'activité pétrolière dans le domaine français. Le
Territoire du Cameroun détenait également une part non
négligeable dans ce capital. Les différentes assemblées
locales qui se sont succédé ont ainsi régulièrement
autorisé des crédits supplémentaires pour l'augmentation
du capital de la société. Mais très vite, l'effort
financier exigé est devenu considérable et au delà des
possibilités du budget local. D'abord fixée au dessus des 30%, la
participation du Territoire allait chuter autour des 11%, bien que la valeur
réelle demeura élevée ; cette réduction de
participation fut favorisée par l'arrivée de nouveaux
actionnaires.
Tableau IX : Evolution du capital et des
participations dans la SEREPCA
Années
|
1951
|
1952
|
1953
|
1954
|
1955
|
1956
|
1957
|
1958
|
1959
|
participants
|
en pourcentage
|
BRP
|
51
|
|
51
|
|
|
51
|
54.7
|
54.7
|
54.7
|
Territoire/Etat du Cameroun *
|
35
|
|
35
|
|
|
11.3
|
10.7
|
10.7
|
10.7
|
CCFOM
|
14
|
|
14
|
|
|
22.7
|
19.6
|
19.6
|
19.6
|
FINAREP
|
|
|
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|
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10
|
10
|
10
|
10
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COFIREP
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5
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5
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5
|
5
|
Total capital en FCFA
|
150.000.000
|
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|
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|
4.700.000.000
|
4.700.000.000
|
4.700.000.000
|
4.700.000.000
|
Source : Nous, d'après Divers Rapports
annuels du gouvernement français aux Nations Unies..., années
1951-1957 ; Divers rapports annuels de la direction des mines et de la
géologie, années 1956-1959.
* Jusqu'en 1957, le Cameroun est désigné par le
terme "Territoire". Il faut attendre la loi du 16 avril 1957 pour qu'il soit
désigné comme "Etat".Cependant, il faut mentionner que "La part
importante souscrite par le Territoire du Cameroun montre bien tout
l'intérêt que celui-ci porte à la mise en valeur des
ressources de son sous-sol"2(*)9. La participation de la CCFOM, elle
également, a considérablement évolué et sa
souscription elle-même se justifie par le rôle financier majeur que
la Caisse assurait dans la logique des plans d'équipement. Quant
à la Société financière des pétroles
(FINAREP) et à la compagnie financière de recherches
pétrolières (COFIREP), il s'agissait de fonds
privés3(*)0
auxquels il avait été fait appel pour soutenir l'effort financier
de prospection. La part réduite qu'elles détenaient doit
certainement être mise sur le compte de l'hésitation habituelle
des investisseurs privés dans une initiative aussi aléatoire que
la recherche pétrolière.
La SEREPCA bénéficiait également du
soutien de la section générale du FIDES. Ainsi, jusqu'en 1957,
elle avait reçu 1503 millions de francs métropolitains sous forme
de participation au capital (notamment à travers la CCFOM)3(*)1.
B. L'activité pétrolière au
Cameroun 1951-1958
La constitution de la SEREPCA le 27 septembre 1951
s'était faite dans le dessein de démarrer les travaux de
prospection, qui seuls pouvaient permettre de déterminer avec exactitude
l'importance des indices décelés grâce à la
géologie. Le géologue P. Pouzet prévenait cependant :
Croire que le pétrole va jaillir incessamment au
Cameroun serait faire preuve d'un optimisme que rien ne justifierait. Par
contre, du fait que le pétrole n'a pas encore jailli, dire qu'il n'y a
pas de pétrole au Cameroun, serait faire preuve d'un pessimisme pas
davantage justifié.3(*)2
Photo III : Derrick de la SEREPCA en
activité en 1956
Source : Rapport annuel du gouvernement
français à l'ONU...année 1956
Avec le décret du 2 février 1957, la SEREPCA
bénéficiait alors d'un permis couvrant 9 000km², soit
l'ensemble du bassin sédimentaire de Douala. Ce permis était
valable pour 10 ans et renouvelable par période de 5 ans. Deux campagnes
de forage se sont succédé entre 1951 et 1953. Tout d'abord,
l'exécution des sondages avait été confiée à
la Société Chérifienne des Pétroles, la SEREPCA ne
disposant pas encore de moyens propres. Y participaient également la
Compagnie Générale de Géophysique et la
Société de Prospection Electrique3(*)3. La première campagne du 10 novembre 1951 au
5 mai 1952, se déroula à Logbaba totalisant 9463 mètres
pour 14 sondages forés. La seconde campagne de novembre 1952 à
juillet 1953 concerna l'indice de Bomono, à 25 kilomètres au
nord-ouest de Douala, et Logbaba. S'agissant particulièrement des
travaux de Bomono, l'entrée en éruption du forage N°3 le 12
mars 1953 encouragea l'implantation de nouveaux forages. On pu
déterminer deux horizons gazéifères, l'un à 660
mètres et l'autre à 1015 mètres de profondeur. D'autres
forages avaient suivi en 1954 pour préciser l'emplacement exact du
gisement et avaient permis de déterminer une lentille d'importance
moyenne ne contenant pratiquement pas d'hydrocarbures liquides. Les
réserves étaient estimées à 45 millions de
m 3 de gaz qui pourraient donner lieu à un débit
pratique d'exploitation de 5 000 m 3 par jour pendant 25
ans3(*)4. Dans un
article intitulé "Noir silence sur l'or noir", le journaliste Xavier
Luc Deutchoua situait "l'extraction du pétrole au Cameroun a une date
bien plus antérieure à 1978", précisément en
19543(*)5. Sans le
mentionner, celui- ci évoque une visite du ministre de la France
d'Outre-mer, Louis Jacquinot, sur un chantier de la SEREPCA à Bomono en
février 1954. Cette visite se faisait en marge de son voyage
d'inauguration du barrage d'Edéa et ce qui est présenté
comme "la cérémonie du jaillissement de la première goutte
de pétrole" n'était autre qu'une séance habituelle de pose
de coredrill3(*)6. Par ailleurs, et nous l'avons
mentionné, l'indice de Bomono était un indice
gazéifière et non pétrolifère comme pourrait le
suggérer cet article.
Photo IV : Forage de la SEREPCA en 1956
Source : Rapport annuel du gouvernement
français à l'ONU...année 1956
Ainsi, les travaux de forages en 1954 s'étaient
limités à Bomono et à Souellaba à 30
kilomètres au Sud-Ouest de Douala, où l'on rencontre de nombreux
indices d'hydrocarbures à partir de 2200 mètres de profondeur.
Cependant, l'année 1955 peut être considérée comme
une année charnière dans l'activité
pétrolière au Cameroun sous administration française, ceci
par le spectaculaire et l'engouement qu'elle suscita. On peut considérer
que cette année le Cameroun devint un pays pétrolier, bien qu'il
n'en devint véritablement producteur que plus tard.
En plus des travaux effectués à Souellaba et
à Pibissou cette année-là, l'activité se concentra
à Logbaba, à 10 kilomètres de Douala sur l'ancienne route
Douala-Edéa. Un premier forage (LA - 101) entrepris le 13 mars 1955
entra en éruption le 17 avril entre 1594 et 1600 mètres et put
être maîtrisée3(*)6.
Le 3 Juin, une deuxième éruption d'une violence
considérable se produisit à la cote 1764 mètres à
une pression supérieure à 300 kg. Par suite de l'insuffisance du
matériel de pompage, l'éruption ne put être
maîtrisée que grâce à deux interventions du "pompier
- volant", l'Américain Myron Kinley3(*)7.
La présence de ce personnage a renforcé la
médiatisation de cet évènement. Myron Kinley a, en effet,
été longtemps considéré comme le meilleur
spécialiste mondial dans l'extinction des puits d'hydrocarbures en feu.
Il exerça ainsi entre 1913 et 1958 à travers le monde3(*)8avec un passage notable en
France où il vint à bout de l'incendie d'un puits de
pétrole dans la région de Lacq, dans les Pyrénées
en 1950. Pendant 40 jours le forage de Logbaba resta en éruption. On
estima à 780.000 m3 le volume de gaz perdu par jour et on dut
évacuer alors les villages avoisinant de Ndogbassy et de Boko. Le gaz
échappé était riche en méthane et contenait
également près de 400g de pétrole brut par m3
soit environ 300 tonnes de pétrole par jour. La direction des mines et
de la géologie considéra à l'occasion qu'il y avait
là "un nouvel indice particulièrement intéressant quant
aux possibilités de minéralisation en hydrocarbures du bassin
sédimentaire de Douala..."3(*)9 Cet engouement justifia une nouvelle augmentation
du capital de la SEREPCA avec l'arrivée de la FINAREP et de la
COFIREP.4(*)0
Enfin, de 1956 à 1959, l'activité
pétrolière au Cameroun se résuma principalement à
l'évaluation des différents indices décelés et
seuls quelques nouveaux indices furent forcés. En 1956, la SEREPCA
entreprit un second forage à Souellaba (SA-2) qui se
révéla de faible dimension avec des réserves de 15000
m3 de pétrole et de 6.000.000 m3 de gaz. On mit
également en évidence à Logbaba deux nouvelles lentilles
de gaz et on pensa résolument à la rentabilité possible de
ces gisements. En effet, on envisagea la mise sur pied d'une unité de
dégazolinage mobile qui traiterait 140.000 m3 de gaz par
jour. En plus du méthane, cette unité produirait 1.100 tonnes de
butane et de propane, 3.500 tonnes d'essence et 1.900 tonnes de
kérosène4(*)0. On note par ailleurs que le personnel de la
SEREPCA se composait en 1956 de 111 européens et de 505 africains. En
1957, l'activité pétrolière fut restreinte à une
réévaluation des réserves de Logbaba à 350 millions
de m3 de gaz riche en méthane. Contrairement à ce qui
était envisagé, la direction des mines et de la géologie
précisait à l'occasion : "L'utilisation de ce gaz est
reportée jusqu'au jour où le méthane pourra être
vendu", ne justifiant plus l'installation de la petite unité de
dégazolinage.4(*)1 Cette réduction de l'activité a eu
des incidences sur l'effectif du personnel de la SEREPCA qui allait passer
à 286. Mais, il faut noter qu' "Au cours de l'année 1957,
4.100.000 m de gaz humide provenant de ces puits ont fourni après
séparation 256 tonnes de gazoline"4(*)2. Ceci met en évidence l'utilisation des
ressources hydrocarbures du Cameroun, même si elle ne déboucha pas
sur une production industrielle, de grande ampleur.
En 1958, l'effectif du personnel fut à nouveau
réduit à 233 personnes. Les indices de Nkappa et de Kwa-kwa
furent forés sans résultats probants. En 1959, seul Kwa-kwa fut
inscrit dans l'activité de la SEREPCA qui suspendait, cette
année-là, ses travaux pour procéder à "un
travail de réinterprétation et de synthèse des nombreuses
données obtenues dans la zone Nord du bassin de Douala..."4(*)3. L'évolution
politique du Cameroun qui conduisait l'Etat à l'indépendance et,
la succession de résultats décevants semblent avoir
déterminé ce déclin de l'activité de la SEREPCA
dès 1957.
On pourrait alors s'interroger sur l'utilisation faite des
quelques mètres cubes prélevés, notamment à
Logbaba. Cependant, la non exploitation des différents gisements de gaz
mis en évidence se justifie d'une part par le caractère
réduit de ceux-ci et d'autre part par le fait que la France ne disposait
pas de véritable politique gazière avant les années 1960.
En effet, le gaz naturel ne comptait que pour 0,4% de la consommation
énergétique de la France en 1951 et pour 2% en 19584(*)4. Ceci d'autant plus que les
perspectives de produire de l'énergie atomique étaient
étudiées.
III- LA RECHERCHE DE SUBSTANCES RADIOACTIVITES
1956-1959
Au Cameroun, la recherche des substances
radioactives (uranium, thorium)4(*)5 reste un sujet de peu d'intérêt.
L'absence de documentation sur cet aspect des questions
énergétiques le révèle. Toutefois, nous avons tenu
à l'aborder pour retracer le mouvement d'ensemble de la mise en valeur
des ressources du sous- sol du Territoire. Qu'est- ce qui justifie
l'intérêt développé pour cette forme
d'énergie après la Deuxième Guerre ? Quelles ont
été les activités menées au Cameroun ? Telles
sont les pistes de notre analyse.
A- L'intérêt nouveau pour l'énergie
atomique après la Seconde Guerre mondiale
La recherche de substances radioactives doit être
replacée dans le cadre de la recherche de sources de production
d'énergie atomique. L'une de ces sources est le minerai d'uranium.
"L'uranium est un des minerais les plus répandus à la surface de
la Terre : ce qui compte c'est la possibilité d'en exploiter des
minerais riches"4(*)6.
Contrairement aux autres formes d'énergie (électricité,
produits pétroliers...), l'énergie atomique est d'un
intérêt relativement récent : l'emploi de cette forme
d'énergie à des fins militaires puis civiles, a commencé
à être envisagé dans les années 1930 par des
physiciens allemands, français et britanniques.
L'utilisation la plus remarquée reste toutefois celle
faite à la fin de la Deuxième Guerre mondiale : le 6
août et le 9 août 1945, deux bombes respectivement de 13 kilos
tonnes et de 22 kilos tonnes explosèrent à Hiroshima et à
Nagasaki4(*)8 obligeant
le Japon à accepter la capitulation. On peut imaginer aujourd'hui la
réaction de plusieurs gouvernements entre la stupéfaction face
à la puissance destructrice de ces bombes et l'émerveillement
face à un tel dégagement d'énergie. Ceci justifierait
alors leur ambition d'acquérir cette technologie après la guerre.
Dans le cas spécifique de la France, un décret
de Charles de Gaulle du 18 octobre 1945 créait le Commissariat à
l'Energie Atomique (CEA)4(*)9. Dirigé jusqu'en 1950 par le
haut-commissaire à l'énergie atomique Frédéric
Joliot-Curie,
Le CEA est placé sous l'autorité du Premier
ministre qui exerce ses fonctions par l'intermédiaire du ministre
délégué à l'énergie atomique. Il
bénéficie d'un statut original, unique en France : en effet,
établissement public, il jouit de l'autonomie administrative et
financière et sa vocation est à la fois scientifique, technique
et industrielle.5(*)0
Le but essentiel de cet organisme était de poursuivre
des recherches scientifiques et techniques en vue de l'utilisation de
l'énergie nucléaire dans les domaines de la science, de
l'industrie et de la défense nationale pour préserver
l'indépendance énergétique de la France5(*)1. C'est à ce titre
que le CEA participa activement à la prospection d'uranium mais
également de thorium en Afrique française donc au Cameroun.
B- L'action du CEA au Cameroun
Ivan du Jonchay faisait remarquer en 1953 déjà,
parlant de la prospection d'uranium, que "Dans toute l'Afrique les prospections
abondent, tant au Maroc... qu'en Ethiopie, au Cameroun, au Nigéria, en
Rhodésie du Nord, en Gold Coast, au Sahara, au Moyen-Congo, en Ouganda,
en Union sud-africaine, en Mozambique."5(*)2
Cependant, cette activité de prospection au Cameroun
ne peut être corroborée qu'à partir de 1956 avec
l'arrivée du CEA. Il s'agissait donc certainement de travaux
d'exploration dont les résultats ont incité le CEA à
prospecter dans le Territoire. Il faut noter ici que les activités du
Commissariat à l'Energie Atomique dans l'Outre-mer étaient
financées par le budget de l'Etat français.5(*)3 En effet, les
résultats de la prospection et de l'exploitation de possibles ressources
étaient exclusivement destinés à la métropole qui
seule disposait de l'équipement nécessaire à leur
utilisation.
Par un décret du 25 mai 1956, le conseil des ministres
de la France attribuait un permis général de recherches
minières de type A au Cameroun, au Commissariat à l'Energie
Atomique5(*)4. Le permis
général d'une superficie totale de 150.000 km² était
valable pour cinq années et couvrait les régions administratives
du Mungo, Bamiléké, Bamoun, Adamaoua, Bénoué,
Margui-Wandala et Diamaré.
Bien avant l'attribution du permis, une première
mission composée d'un géologue et de deux prospecteurs avait
séjourné entre décembre 1955 et avril 1956 entre le
Haut-Lom et la rivière Mbéré, ceci dans le but de
déterminer de possibles indices dans la partie Centre- Est du
Territoire. Cependant, elle ne dénombra que de rares indices de
minéralisation5(*)4. L'action véritable du CEA débuta le
7 décembre 1956 quand une mission fut envoyée à Poli.
Jusqu'au 17 avril 1957, cette mission ne mit en évidence que quelques
indices d'uranium et de thorium ; on conclut alors que "bien qu'aucun
d'eux ne puisse conduire à un gisement, ils ont néanmoins
prouvé l'intérêt d'une prospection à grande
échelle dans le Nord Cameroun"5(*)5. La constitution d'un groupe du CEA
spécifique pour le Cameroun, la même année, permit
d'accélérer la prospection. Le personnel de ce groupe
était composé de 4 européens et de 33 africains. Le camp
de base du groupe fut installé à Ngaoundéré et
à la fin de l'année 1957, le CEA avait dépensé
11.703.053 francs CFA dans le Territoire.5(*)6
L'année 1958 fut particulière dans
l'activité du CEA puisque près de 60.000 km² furent
étudiés et prospectés par voie aérienne, terrestre
et en ayant aussi bien recours à la géologie, la
radiométrie qu'à la géochimie. Egalement, le CEA
débuta la formation des aides-prospecteurs camerounais qui suivaient un
cours de formation technique de 2 mois et un stage de 6 mois. C'est ainsi que
l'effectif comprit désormais 4 européens et 46 africains. Les
dépenses quant à elles s'élevèrent à
17.380.784 francs CFA5(*)7. En 1959, l'activité fut
considérablement réduite puisque seuls 26 485 km²
furent étudiés et prospectés entre le Nord de Foumban,
Tibati et Ngaoundéré. On peut également noter les travaux
d'un prospecteur privé sur l'indice de Golbé à 9 km au Sud
de Poli5(*)8.
De manière générale, les
résultats de ces différentes actions furent décevants. La
direction des mines et de la géologie fut ainsi amenée à
constater aux débuts de l'année 1960 que :
Par suite de crise mondiale sur le marché de l'uranium,
le CEA a été amené à cesser provisoirement toute
activité au Cameroun. Cet arrêt est également motivé
par un souci de regroupement d'activité sur certaines zones reconnues
comme présentant un intérêt certain ...5(*)9
Malgré les résultats médiocres et
l'absence de documentation, la recherche d'uranium voire de thorium au Cameroun
démontre tout l'intérêt que la France a eut à
inventorier et à mettre en valeur les ressources du sous-sol du
Territoire. Ceci est valable également pour les hydrocarbures. La
spécificité de cette rubrique de sources d'énergie
réside dans le fait que le Territoire - et ceci vaut pour l'ensemble de
l'Outre-mer - ne disposant pas de possibilités propres de transformation
et d'utilisation, les fruits de la recherche étaient destinés
à la métropole ; même si on pouvait arguer que cette
extraversion de la production serait compensée par un afflux de
capitaux. Ainsi, la recherche d'énergie au Cameroun
(électricité, pétrole, uranium, thorium, charbon) n'a
constitué qu'un prolongement de la politique énergétique
de la métropole.
CONCLUSION GENERALE
Nous nous sommes demandé quelles orientations et quels
aspects avait pris la recherche d'énergie sous l'administration
coloniale française au cours du plan d'équipement au Cameroun.
Bref, quelle avait été la place de la recherche d'énergie
dans la mise en valeur de ce territoire ? Nous avons donc interrogé
le texte et le contexte de ce plan qui a orienté la mise en valeur du
Territoire de 1946 à 1959. Ensuite, il nous a semblé important de
revenir sur les différentes activités qui avaient
été menées sous le protectorat allemand et sous le mandat
français. Puis revenant sous le plan d'équipement, nous avons
tenté de reconstituer le secteur de l'électricité du
Territoire à travers ses défis, ses acteurs et ses grands
chantiers. Enfin, l'attrait dans les années 1950 pour les
énergies fossiles et minérales nous a conduit à essayer de
déterminer les grands axes de l'activité minière
énergétique.
Les blessures de la Deuxième Guerre mondiale avaient
conduit à l'adoption d'une loi pour rendre plus efficace la mise en
valeur de l'Outre-mer et entrevoir ainsi son outillage. Cette initiative de
planification, lancée en 1921 par Albert Sarraut et péniblement
mûrie, eut en définitive pour objectif de faciliter la
Reconstruction de la métropole. Précipité dans sa
préparation221(*), le plan se révéla très
onéreux, conduisant dès 1953 à une reconsidération
des ambitions initiales.222(*) Il n'en demeure pas moins qu'il occupa une
place importante dans les économies coloniales. Evidemment, un pareil
programme appelait une importante mobilisation financière autour du
FIDES et de la CCFOM, et qui prenait en compte les fonds propres du territoire,
les fonds publics métropolitains et l'investissement
privé223(*). Au
Cameroun, l'énergie se présenta comme l'un des enjeux majeurs du
plan. Dans le secteur de l'électricité, on envisagea la
construction de l'équipement hydroélectrique d'Edéa tout
comme l'électrification des principaux centres du Territoire. Par
contre, dans le secteur minier, un flou persistait, laissant l'initiative
à la recherche.
Il est de toute évidence opportun de rappeler que cet
engouement pour l'énergie n'était pas nouveau ; car elle
avait suscité dès les débuts de la colonisation un
intérêt certain. Déjà sous le protectorat, des
indices de pétrole avaient été découverts en 1904
par des prospecteurs de la société Victoria ; la Kamerun
Bergwerk conduisit par la suite, mais sans succès, la prospection.
Surtout, il est envisageable que le barrage de Dschang soit un héritage
de la période allemande. La France qui succéda à
l'Allemagne, tout au moins dans l'administration de la partie orientale du
Cameroun, poursuivit la mise en valeur. Dans le domaine de l'énergie, il
fut mis à jour, à Dschang, une mine de charbon de qualité
médiocre, donc économiquement inexploitable. Dès 1929, la
recherche d'hydrocarbures connut une baisse d'activités,
l'administration s'étant réservée cette activité
sans toutefois pouvoir la mener efficacement. Mais, l'initiative majeure
demeure le développement de la production et de la distribution
d'électricité à Douala et à Yaoundé. Ainsi,
contrairement à l'idée divulguée, c'est dès 1942
que fut pensé le projet d'aménagement hydroélectrique
d'Edéa ; ceci pour fournir prioritairement de
l'électricité à la ville de Yaoundé. Le barrage de
Dschang constitue l'une des questions que nous n'avons pu élucider et
qui présente pourtant un réel intérêt
historique.224(*)
Il est alors certain que le plan d'équipement donna un
essor à la production et à la distribution
d'électricité dans le Territoire : la satisfaction de
nouveaux besoins engendrés par les projets industriels constituait un
important défi.225(*) L'administration opta alors pour une diversification
des acteurs qui conduisit à la fragmentation du secteur, chaque
localité électrifiée ayant son propre opérateur et,
les localités gérées par un même opérateur
n'ayant aucun lien entre elles. De manière générale, deux
initiatives justifient cet essor de l'électricité. D'abord le
programme d'électrification qui devait concerner seize centres. Douala
Yaoundé, Nkongsamba et Dschang en furent les principaux
bénéficiaires. Le peu de documentation collectée nous a
limité en réalité à ceux-ci. Cependant, les
perspectives de ce programme visant à promouvoir
l'hydroélectricité allaient pour l'essentiel être
abandonnées au profit des centrales thermiques. Jean Lemoine mentionnait
à cet effet :
Il est d'ailleurs plus simple de monter deux ou trois moteurs
que de poser en pleine brousse des conduites forcées et des turbines,
qu'il faudra encore aller surveiller par la suite. L'économie
réalisée sur les frais de premier établissement compense
pendant de nombreuses années la dépense que représente le
combustible.226(*)
On perçoit là également les
difficultés financières inhérentes au plan, dans sa
réalisation. Ensuite, et s'était l'initiative far du plan, la
construction d'un barrage et d'une centrale hydroélectrique à
Edéa. Nous nous sommes intéressé à deux questions
moins souvent abordées, à savoir le coût financier de cet
aménagement, évalué en 1959 à près de 7,5
milliards de francs CFA, et le problème de la main-d'oeuvre locale et
italienne sur le chantier.
S'agissant de la recherche et de l'exploitation
minière, la guerre avait déstructuré l'ensemble de
l'activité,227(*)
mais elle avait par ailleurs contribué à accroître
l'intérêt pour le pétrole et l'uranium. D'une part,
l'approvisionnement de la métropole en produits pétroliers pour
assurer la Reconstruction, et celui du Cameroun pour répondre à
ses nouveaux besoins étaient en jeu. D'autre part, les perspectives
qu'offrait désormais l'énergie atomique poussaient la France
à entreprendre d'importantes prospections dans son Outre-mer. D'abord
confiée à un organisme public : le BRP, l'initiative de
prospecter et éventuellement d'exploiter les hydrocarbures du Cameroun
fut laissée à la SEREPCA en 1951. Les résultats
immédiats contrairement aux perspectives, furent décevants. Le
sentiment était similaire, sinon plus accentué, pour le CEA qui
se lança de 1956 à 1960 à la recherche d'uranium et de
thorium dans le Territoire. Dans les deux cas, de la SEREPCA et du CEA, nous
n'avons cependant pu aborder la formation du personnel local, ce qui se
présentait pourtant comme une piste intéressante.
En somme, revenant sur la dimension que la France avait
accordée à la recherche d'énergie au Cameroun au cours du
plan d'équipement, nous avons noté que celle-ci était
importante, onéreuse, accolée aux besoins de la métropole
mais, peu productive. La recherche d'énergie au Cameroun a alors
constitué un prolongement de la politique énergétique de
la France métropolitaine. Nous avons également noté que
l'énergie était l'une des grandes gagnantes de l'investissement
du FIDES, bien que l'intérêt ne fût porté que sur les
énergies commerciales (charbon, électricité, produits
pétroliers, uranium). Néanmoins, l'important afflux de capitaux,
l'action des différents acteurs, la formation du personnel et de la
main-d'oeuvre locale et les premiers inventaires du potentiel
énergétique du Territoire allaient constituer les principales
retombées.
Jean-Marie Martin note que : "L'organisation et le
fonctionnement de l'économie de l'énergie actuelle ne se
comprennent que dans le cadre d'une évolution de longue
période..."228(*) ; ce qui constituerait la portée
à donner à un pareil travail. Il s'est agi certes de montrer un
aspect de la mise en valeur du Cameroun français : l'énergie
à la fois comme produit et facteur de production. Mais davantage, nous
avons voulu souligner comment s'est bâti le système
énergétique du Cameroun actuel : le barrage et la centrale
d'Edéa demeurent aujourd'hui l'instrument central dans la production
électrique ; nombre de projets énergétiques
récemment lancés datent en fait de la période
étudiée ; EDF, dont ENELCAM n'était que le pendant
camerounais, est longtemps restée le partenaire technique des
différentes sociétés de production et de gestion de
l'électricité au Cameroun. Les transformations qu'a connues la
SEREPCA229(*) n'ont pas
amenuisé la place de la France dans le secteur pétrolier du
Cameroun.
Ainsi, essayer de reconstituer la fondation du système
énergétique du Cameroun permet d'en comprendre les
évolutions, les constantes et les mécanismes, tout comme
l'omniprésence du capital français dans cette activité.
Cette omniprésence dans l'économie africaine avait d'ailleurs
été voulue voire planifiée. Différentes
déclarations le montrent. Le 15 mars 1956, Maître,
délégué en Afrique de la Fédération des
industries mécaniques déclarait devant la section d'Afrique noire
du Comité de la France d'outre- mer :
Quelle solution restera t-il à la présence
française [en Afrique] dans une indépendance [de ses colonies]
sinon l'implantation économique ? C'est en vendant français,
c'est en imposant du matériel français, c'est en créant
une industrie nouvelle française en Afrique que nous resterons en
Afrique et que nous garderons à la fois le contact moral profond qui
existe actuellement entre les Africains et nous.1(*)0
Il est indéniable que certains aspects de ce travail
restent à clarifier, à approfondir ; d'où
l'intérêt pour nous et pour les éventuels lecteurs de
poursuivre la recherche. Alors, on perçoit la corrélation qui
existe entre énergie et progrès économique et social, un
thème cher aux anciens territoires et colonies. Layashi Yaker, alors
secrétaire adjoint de l'Organisation des Nations Unies et
secrétaire exécutif de la Commission Economique pour l'Afrique
mentionnait :
L'énergie est un élément essentiel du
développement économique et du progrès social de
l'Afrique. Sans un approvisionnement suffisant et sûr en énergie,
les objectifs du développement économique et social fixés
par les Etats... africains ont peu de chances d'être atteints230(*).
Ce développement économique et social a, dans de
nombreux cas, été mené dans le cadre de plans de
développement hérités ou simplement inspirés des
plans d'équipement élaborés par les puissances coloniales
dans l'Outre-mer. Ceux-ci avaient pourtant été critiqués
et accusés d'avoir déstructuré le secteur productif de
l'Afrique.231(*) La
planification avait renforcée l'économie de traite. Il fut
réaffirmé dès ses débuts que :
La métropole fournira en majorité des biens
d'équipement et de consommation et les territoires exporteront en
majorité des matières premières : ce sont les
missions respectives des pays évolués et des pays jeunes.
232(*)
Au vu de la place de l'énergie dans le plan
d'équipement (1946-1959) il serait alors intéressant de
s'interroger sur la place que les jeunes Etats africains, et
précisément le Cameroun, ont accordé à
l'énergie dans le cadre de leurs plans de développement
d'après indépendance.
ANNEXES
ANNEXE 1: Questionnaire d'enquête
1. L'énergie semble avoir occupé une certaine place
dans l'économie coloniale : qu'est-ce qui justifie cela ?
2. Quelles étaient les différentes sources
d'énergie considérées comme dignes d'intérêt
au Cameroun ?
3. Avant la Deuxième Guerre mondiale, quelles avaient
été les initiatives prises dans le domaine de
l'énergie ?
4. Un plan d'équipement avait été
adopté après cette guerre ; de quoi s'agissait-il ?
5. Quelle place l'énergie occupait-elle dans ce
plan ?
6. A quelles utilisations était destinée
l'énergie recherchée ?
7. Quelles ont été les activités entreprises
alors dans le domaine de l'énergie ?
8. Qui (individus, institutions, sociétés)
étaient impliqués dans ces activités ?
9. Quels moyens avaient été mis en oeuvre dans
cette optique ?
10. En définitive, comment peut-on évaluer l'effort
de la France dans le domaine de l'énergie au Cameroun ?
Annexe 2 : Correspondances de la CCDEE et d'ENELCAM,
adressées au Haut-commissaire
JEAN FAYET
B.P. 116 DOUALA
------------
Président du Conseil d'Administration de la
Sté Energie Electrique du Cameroun
-----------------------------
A
Monsieur le HAUT COMMISSAIRE DE LA REPUBLIQUE
YAOUNDE
---------
Monsieur le Haut Commissaire,
J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que je
viens d'être informé d'un fait qui paraît extrêmement
curieux :
Il paraîtrait que monsieur MUNICH, Président
Directeur Général de la C.C.D.E.E. s'est vanté d'avoir
obtenu du Territoire, un engagement formel lui assurant l'exclusivité de
la fourniture en électricité, tant force motrice que
lumière, de tous les ateliers administratifs, du Service des Eaux et en
général de tous les services administratifs usant
d'électricité.
Cet engagement aurait fait l'objet d'un avenant signé
par des fonctionnaires responsables du territoire à une date
récente...
La chose me parait monstrueuse puisque ce n'est pas
d'aujourd'hui que l'on parle d'aménager les chutes d'Edéa... Je
ne comprends donc pas comment, le Territoire, qui est directement
intéressé au développement de la " Sté
énergie électrique du Cameroun" aurait pu souscrire un
engagement qui enlève à cette Société une
très importante clientèle.
Je vous serais très reconnaissant de saisir de la
question le Commissaire du Gouvernement qui vous présente au Conseil
d'administration de la Société ENERGIE ELECTRIQUE DU CAMEROUN et
de lui demander de faire une enquête précise afin d'être en
mesure de renseigner le Conseil d'administration, lors de la prochaine
réunion.
Je serais personnellement heureux de connaître votre
point de vue avant la réunion.
Je vous prie d'agréer, monsieur le Haut Commissaire,
l'expression de ma très haute considération.
FAYET
P.C.C.
YAOUNDE le 4 décembre 1948
Le Chef de la Section d'Etudes du Secrétariat
Général
Copie à :
Dr Finances
Dr T.P.
Mr Descottes
INSPECTION GENERALE
COMPAGNIE COLONIALE DE DISTRIBUTION
D'ENERGIE ELECTRIQUE
SOCIETE ANONYME AU CAPITAL DE 25.000.000 DE FRS
SIEGE SOCIAL : DOUALA (CAMEROUN)
BUREAUX A PARIS :
42, AVENUE DE LA GRANDE ARMEE (17E)
R.C. DOUALA N°9
N° IG/80
MR/L.
NOUVELLES ELECTRIFICATION CAMEROUN
DOUALA, LE 27 janvier 1950
BOITE POSTALE 82
Monsieur le HAUT-COMMISSAIRE de la République
Française
YAOUNDE
---------------
Monsieur le Haut-Commissaire,
Nous apprenons que le Territoire s'intéresserait
particulièrement à l'électrification de KRIBI, à
partir des chutes de la Lobé.
Nous vous rappelons que notre Compagnie est
particulièrement qualifiée, tant pour les études de tous
travaux de barrage, équipement de chutes, que des travaux
d'électrification correspondants, de la gérance des concessions
de distributions et qu'il nous ferait fort agréable d'être
consultés dans le cas présent.
Nous nous permettons également de vous rappeler, que
Monsieur le Haut-Commissaire nous avait assuré que dorénavant
tout projet d'électrification donnerait lieu à un appel d'offres
des différentes Sociétés représentées au
Cameroun, et espérons que notre société, dont les
références sont nombreuses en Afrique et aux Antilles, ne sera
pas oubliée sur la liste des concurrents éventuels.
Veuillez agréer, monsieur le Haut-Commissaire, l'assurance
de notre haute considération./-
AMPLIATION :
Monsieur le Directeur des Travaux Publics
Source : ANY, 1AC527 (1), Electrification du Cameroun.
1948-1950.
Annexe 3 : Extrait du plan général
d'équipement du Cameroun
INTRODUCTION
La loi du 30 Avril 1946 disposait dans son article
1er, que le Ministre de la France d'Outre-mer devait établir
pour chacun des Territoires relevant de son autorité des plans de
développement économique et social portant sur une période
de 10 années
L'intervention des réformes politiques et les pouvoirs
attribués aux Assemblées locales ont conduit à demander
aux Territoires eux-mêmes, dans le cadre de directives communes, de
penser leur propre avenir et de bâtir leur plan de
développement.
Deux plans d'équipement furent soumis à
l'Assemblées Représentative du Cameroun et au
développement en 1946 puis en 1948, mais ne furent pas
présenté à l'approbation des Assemblées
parlementaires selon les formes prescrites par la loi.
L'expérience des premières années
d'exécution du plan permet, semble-t-il, au moment où est fait
le point des premiers travaux et à la veille d'entreprendre une
deuxième tranche de réalisation, d'exposer les
caractéristiques essentielles du plan général
d'équipement du Territoire.
Avant de faire, dans cette introduction, quelques remarques
générales sur la présentation de l'ouvrage et de brosser
un tableau du Cameroun économique et humain, on essayera de
définir les principes et les méthodes de ses plans où
l'esprit géométrique et l'esprit de finesse, la souplesse et la
rigueur, doivent, tour à tour s'opposer et se combiner.
Si un plan doit être en quelques sortes une projection
dans l'avenir, une création de la pensée, de l'imagination
généreuse et de la foi, ce ne peut être que sur le
contrôle de ses pratiques et de ses méthodes.
C'est d'abord un inventaire des besoins et des ressources et
la désignation exacte des objectifs à atteindre. C'est un rappel
constant et de tous les moments du devoir de tous, car le plan comporte une
échéance, il convient de présenter à
l'échéance des traites honorées.
C'est également un ensemble hiérarchisé
où les différentes urgences nées de l'inventaire doivent
se situer chacune à leur place. C'est commande un choix d'homme, un
jugement de valeur que l'on porte sur les choses et sur les besoins des
hommes.
C'est aussi une discipline, car il n'y a pas de Plan s'il n'y
a pas d'obéissance au Plan.
C'est enfin la définition et la création des
moyens à mettre en oeuvre, et notamment de l'instrument financier.
Le plan, tel qu'il a été conçu en 1946,
associe dans un développement concomitant l'économique et le
social; c'est dans une large mesure l'économique qui gage le politique
et qui rente le social.
Un développement économique, sans un
développement social correspondant constituerait, une oeuvre
imparfaite.
Un développement social qui ne prendrait pas appui sur
un développement économique solide créerait une oeuvre
vaine et fragile et préparerait des déconvenues.
Ces principes une fois rappelés, les méthodes
simples et de bon sens qui président à la réalisation du
Plan s'appuient sur la notion d'un grand ensemble économique constituant
un tout exploitable.
Cette notion suppose certaines conditions qui sont l'emploi
rationnel de la main-d'oeuvre, la rentabilité et le rendement optimum.
Ces conditions seront satisfaisantes si, au premier rang des
préoccupations est inscrite une espèce de règle d'or qui
sera la recherche à tous les moments de la concentration des efforts et
des moyens, la discipline de travail et l'intégration dans un tout
cohérent des projets du secteur public, du secteur mixte et du secteur
privé.
Il ne faudrait pas conclure, cependant, qu'en vertu de ces
principes et de ces méthodes, l'action est enfermée dans des
règles trop rigides. Le Plan doit conserver une certaine
adaptabilité et une certaine souplesse.
Le Cameroun n'est pas, en effet, un pays où
l'inventaire économique est définitivement établi. Aucune
comparaison n'est possible avec les vieux pays d'Europe dont toutes les
richesses existantes ou potentielles sont cataloguées et
classées, où chaque besogne a son titulaire bien
spécialisé.
On doit, par conséquent, faire face parfois à
des situations imprévues, à des à-coups dus au milieu
physique ou au milieu humain. Il faut donc conserver cette possibilité
d'adapter à tous moments le Plan sans pour autant renoncer de
façon décisive aux éléments de doctrine
décrits plus haut.
Ces éléments caractérisant le Plan comme
moyen. Mais une mûri et adopté, il devient une fin en soi,
dès lors qu'il s'est donné pour objectif majeur et constant
d'apporter des solutions aux trois grands problèmes qui dominent toute
action humaine dans ce Territoire, à ces trois constantes qui sont
l'homme, le sol et la distance, et qui combinent à chaque instant leurs
effets : l'homme inscrit son action sur le sol, la distance le sépare
des autres hommes.
Il faut vaincre la distance, maîtriser le sol pour que
l'homme vive mieux, et sur un sol rénové, sur une distance
comblée et presque vaincue, il sera possible d'assurer à l'homme,
but et moyen des conditions nouvelles de vie, toutes les chances de sa
destinée.
Si le Cameroun offre bien des richesses naturelles encore
inexploitées, il présente certains obstacles et
caractéristiques qu'il faut avoir présents à l'esprit, de
façon à y adapter les ensembles à mettre en oeuvre.
Situé entre l'Afrique Equatoriale Française et
le Nigéria, le Cameroun dessine un triangle de 452.000 km2, dont la base
s'appuie sur le deuxième degré de latitude Nord et le sommet
rejoint le lac Tchad un peu en dessous du treizième parallèle. Il
baigne dans l'Océan Atlantique par 200 kms de côte et sa
population est de 3 millions d'habitants dont 12.000 Européens en 1950.
Au point de vue géologique, la presque totalité
du Cameroun appartient au socle primaire africain tâcheté de
roches volcaniques par places (Mont Cameroun, Falaise de
Ngaoundéré). Cet ensemble primaire est complété par
3 bassins sédimentaires.
-celui du Sud-Ouest (Douala) où se jettent les
principaux cours d'eau du Cameroun
- celui du Nord, le long du Logone jusqu'au lac Tchad,
- celui de Garoua, sur la Bénoué.
Le relief est élevé (chaînes de l'Ouest de
1.500 à 2.000 mètres, plateau central de 800 à 1.500
mètres) et tombe brusquement sur la rive gauche de la
Bénoué tandis que le massif montagneux de l'Ouest descend en
gradins vers la plaine côtière, étroite et
marécageuse.
En raison de ces traits du relief, le réseau
hydrographique apparaît sans aucune unité, le plateau central
étant un centre de dispersion des cours d'eau : - Bassin de
1'0céan avec le Wouri, la Sanaga, le Nyong, le Ntem, tous barrés
de chutes et de rapides aux approches de la mer
- Bassin du Congo, avec la Sangha
- Bassin du Logone, se dirigeant vers le Lac Tchad
-Bassin de la Bénoué, rivière praticable
pendant 2 mois entre Garoua et l'Océan.
Le climat, comme celui de toutes ces régions de
l'Afrique, se modifie largement à mesure que l'on va vers le Nord.
Au Sud, en raison de la présence de massifs
montagneux élevés (Mont Cameroun: 4.000 mètres) et de
l'indentation de la côte les précipitations sont
considérables (Douala de 4 à 6 m d'eau par an avec une
température moyenne de 26°). Sur les plateaux, à la limite
de la forêt équatoriale, Yaoundé a une température
moyenne de 22° et reçoit 1 m 50 de pluie par an.
Dans les montagnes de l'Ouest, Dschang à 1.400
mètres d'altitude, voit la température s'abaisser à
20° (minimum absolu de 9°) avec 2 mètres de pluie.
Au Nord, enfin, Maroua présente toutes les
caractéristiques d'un climat Soudanien avec 80 cms de pluie par an et
une température moyenne de 29°.
Tous ces traits, climat, sol et réseau
hydrographique, font apparaître le manque d'unité
géographique du Cameroun.
On peut y distinguer 4 régions fort dissemblables
les unes des autres :
- La Région Sud, forêt équatoriale
dense, tombant jusqu'à la mer, climat chaud et humide, terre riches et
peuplées dans la partie Ouest, désertes à l'Est (15
à 20 habitants au km2 entre Yaoundé, et Douala).
- La Région montagneuse de l'Ouest, au climat
très frais, humide et brumeux, composée partie terres volcaniques
extrêmement fertiles et possédant une population très
dense (50 habitants km2 régions de Dschang).
-La région centrale du haut plateau, entre
Sanaga et Bénoué, de climat sec et de sol en partie
latéritique, est au contraire le domaine de ,la savane de moins en moins
arbustive à mesure que va vers le Nord. La population est peu dense,
certaines zones étant même totalement inhabitées (en
moyenne 2 à 3 habitants au km2).
-Au Nord de la Bénoué, comme dans les
régions du Logone et du Tchad la savane devient peu arbustive et les
épineux apparaissent. Le pays bien drainé par les affluents du
Logone et de la Bénoué, est le domaine du bétail. Il
possède une population dense (15 à 20 habitants au km2).
Ainsi peut se concrétiser la physionomie du Territoire
:
Une zone sans habitants, constituée par le plateau
central et le massif forestier de l'Est et deux pôles attractifs, l'un
au Nord, d'économie pastorale, l'autre au Sud-Ouest plus important,
possédant à la fois une population dense et
d'intéressantes ressources naturelles ; il est desservi cependant par
de grandes difficultés de pénétration et un climat
particulièrement humide.
Ces caractéristiques vont dicter impérativement
l'orientation à donner aux travaux d'infrastructure ainsi qu'on aura
l'occasion de le constater ultérieurement.
Quant à la physionomie économique du Cameroun,
elle était, jusqu'en 1946, essentiellement une économie de
cueillette et de traite dont le port de Douala était le coeur et la
raison d'être. Toute la production intérieure convergeait vers
Douala d'où se répandait, en retour, sur le pays, une
importation" de traite".
Mais l'exploitation des richesses forestières restait
rudimentaire et se bornait à l'exportation des grumes de bois
précieux, Quant à l'extraction minière, elle ne
représentait qu'une très faible partie du revenu du Territoire.
Le Cheptel du Nord, quoique valorisé par une lutte efficace contre les
épizooties, restait exploité sur les axes traditionnels de Kano
et de Fort-Lamy, sans bénéfices pour la partie Sud du Territoire.
L'équipement économique répondait aux
exigences de ces activités agricoles et forestières et se
concentrait sur les axes d'évacuation ferroviaires et routiers.
Au total, économie précaire éminemment
vulnérable et qui n'impliquait la mise en valeur que d'une partie du
Territoire, ce qu'on appelle le "Cameroun utile" et qui est
limitée à une bande, de 300 kms autour de Douala.
Enfin, la division du Cameroun en deux parties, Nord et Sud,
sensiblement égales en populations, différenciées par
leurs coutumes, leurs productions, leurs langues et leurs religions correspond,
au point de vue humain, à deux ensembles indépendants l'un de
l'autre:
- au Nord, la majorité de la population est musulmane,
et reste attachée à une économie basée sur
l'élevage; elle répugne à sortir de son cadre naturel.
- au Sud, les populations animistes ou christianisées,
quittent volontiers leur terroir pour s'employer soit dans les villes, soit sur
les plantations. Parmi les habitants de ces régions, mention doit
être faite des Bamiléké des collines de l'Ouest qui sont
bons cultivateurs et commerçants avisés.
C'est sur ce fond de décor que s'applique le plan
général, de développement économique et social du
Cameroun inaugurant une période de plein emploi économique, de
mise en valeur rationnelle des richesses du Cameroun utile et associant, par
une infrastructure moderne les activités pastorales et agricoles des
populations du Nord et du Sud.
Quelques remarques seront faites, pour terminer, sur la
présentation et le fond de cet ouvrage.
La définition adoptée pour le Plan est celle
donnée dans la circulaire d'application du décret n°49 - 732
du 3 Juin 1949 :
"Les Plans expriment essentiellement le sens dans lequel
doivent tendre les efforts de développement, indiquent les volumes
respectifs des différents ensembles à promouvoir, ainsi que les
principales réalisations qui les constitueront."
C'est très exactement dans cet esprit qu'est
rédigé le présent Plan Général de
Développement Economique et Social du Cameroun.
La première remarque à faire est que le
coût des projets dont la description est donnée dans les chapitres
suivants garde un certain caractère approximatif. Il ne s'agit nullement
d'un devis précis. On s'est donc attaché à respecter les
grandes masses de crédits à attribuer à chacun, des
secteurs de développement.
Deuxièmement, a été soulignée la
diversité des moyens de financement auxquels le Territoire a recours,
qu'il s'agisse des capitaux mis à la disposition du Territoire par le
FIDES ou des investissements privés ou des différentes
facilités accordées par des organismes de crédits tels que
la Caisse Centrale de la France d'Outre-Mer, ou bien encore des fonds investis
en biens d'équipement par le Territoire lui-même.
Cet aspect financier explique que le titre "Plan
Général" a été substitué à celui de
"Plan d'équipement" de façon à souligner clairement qui
ont été décrites dans toute la mesure du possible toutes
les opérations concourant au développement du Territoire et non
pas seulement celles financées par le FIDES. Il est à noter
à ce sujet, que tel ou tel projet a été mis à la
charge du FIDES ou du Territoire, mais il est fort possible qu'a
l'exécution, compte tenu des circonstances du moment, le projet en
question soit financé sur un autre fonds que celui prévu
initialement. Là encore, ce qu'il est intéressant de retenir,
c'est le chiffre global qui, en définitive, sera investi.
Une troisième observation est faite quant au rythme des
investissements et des travaux. A additionner la cadence des
réalisations souhaitées par chaque Service, il semblait, en 1947,
qu'on devait enregistrer une très forte pointe de consommation des
crédits en 1950-52. En réalité, ce n'est pas sous cette
forme qu'il convient d'aborder le problème, mais au contraire de partir
de la notion de capacité d'exécution du territoire,
constituée par l'ensemble des moyens de consommation de crédits
que représentent l'équipement des services en personnel et les
outillages des entreprises chargées des grands travaux. C'est une
observation de fait qui amène à considérer cette
capacité de consommation du Territoire à 3,5 milliards par an.
La définition qui a été donnée du
Plan et les observations faites ci-dessus dictent d'elles-mêmes le plan
de l'ouvrage. Dans le cadre des grands chapitres consacrés au
développement social, à la production et à
l'infrastructure, seront décrits les projets (le projet étant un
tout exploitable d'une manière autonome, ainsi qu'il est
précisé dans la circulaire d'envoi du décret du 3 Juin
1949), les moyens à mettre en oeuvre pour leur réalisation et
l'intérêt qu'ils présentent pour le Territoire.
Dans des chapitres de synthèse, tels que ceux relatifs
à toutes les recherches entreprises au Territoire, aux moyens à
mettre en oeuvre pour la réalisation du Plan, à la
rentabilité globale des investissements à effectuer, on donnera
un aperçu des travaux et les résultats d'ensemble du plan
général de développement économique et social du
Cameroun.
Source : ANY, 2AC49 (1) Introduction. Plan
de modernisation. 1951.
ANNEXE 5 : CONVENTION
Réglant les conditions d'exercice des droits de
recherches et, éventuellement, d'exploitation de mines au Cameroun,
attribués à la société de recherche et
d'exploitation des pétroles du Cameroun, par décret en date du
....................
-----------------
Entre les soussignés :
-Le Haut-commissaire de la République Française
au Cameroun agissant conformément aux dispositions de l'art.37 du
décret du 25 Octobre 1946.
D'une part,
- et M. BARTHES Réné, Gouverneur
Général Honoraire des Colonies, domicilié à
Versailles (Seine et Oise), 4 rue de Vergennes, agissant au nom et au pour le
compte de la société de recherche et d'exploitation des
pétroles du Cameroun en vertu de pouvoirs à lui
conférés par délibération du Conseil
d'Administration du 26 Septembre 1951.
D'autre part,
Il est convenu et arrêté ce qui suit, sous
réserve d'approbation de la présente Convention par
décret.
Article 1er -Les droits miniers
faisant l'objet de la présente Convention institués sous
réserve des droits antérieurement acquis et sous la forme
initiale d'un permis général de recherches et valable à
titre exclusif pour les substances de la première catégorie et
délimité comme suit :
Au Nord : En partant du point de la route de
Tombel à Loum traverse la frontière du Cameroun
Britannique :
-La route de Tombel à Loum jusqu'à Loum.
-La route de Loum à Yabassi par Boneko et Njanga
jusqu'à Yabassi.
A L'Est :
-La piste de Yabassi à Boutou par Nkouo, Ndokana et
Memba jusqu'à Boutou sur la rivière Dibamba.
-La rivière Dibamba vers l'amont jusqu'au confluent de
la rivière Dibong.
-La rivrière Dibong vers l'amont jusqu'à
Logbadjeck.
-La route de Logbadjeck à Edéa jusqu'à
Edéa.
-La route d'Edéa à Kribi par Dehane et Longji
jusqu'à Longji sur l'Océan Atlantique.
Au Sud :
La côte de l'Océan depuis Longji jusqu'à
la frontière du Cameroun Britannique, étant entendu que la laisse
des basses mers, les espaces marécageux et lagunaires et l'estuaire du
Wouri entre la pointe Suellaba et le Cap Cameroun sont compris dans ces
limites.
A l'Ouest :
-La frontière du Cameroun Britannique depuis
l'Océan jusqu'au point où elle est traversée par la route
de Tombel à Loum.
La superficie du permis général ci-dessus
défini est réputée égale à 9 000
km2 .
Ce permis général ne peut âtre ni
transféré, ni amodié.
Le permissionnaire reste soumis aux dispositions de la
réglementation minière en vigueur pour tout ce qui ne fait pas
explicitement l'objet de dérogations inscrites dans la présente
convention.
Article 2 -La société de
recherche et d'exploitation des pétroles du Cameroun aura pour objet
principal la mise en valeur du permis général et des concessions
qui pourront être instituées par application de l'article 8
ci-après.
Toutes modifications aux statuts devront être soumises
à l'approbation préalable du Haut-commissaire en ce qui concerne
leur conformité avec la présente Convention, de même que
toutes cessions d'actions anciennes ou nouvelles à des personnes
physiques ou morales autres que les actionnaires actuels, au cas ou ces
cessions auraient pour effet de mettre entre les mains de ces personnes plus de
33% du capital de la Société-
Le capital demeurera exclusivement formé d'actions
nominatives. La répartition initiale ainsi que toute modification
ultérieure en seront communiquées au Haut-commissaire
Article 3 - la durée du permis
général est de 10 années en compter de la date de sa
promulgation au Cameroun. Il sera renouvelable par période de 5 ans
chacune.
Le renouvellement est acquis de plein droit au permissionnaire
si celui-ci a effectué des travaux et investissements dont la valeur
atteint, non compris les travaux effectués au cours des années
antérieures à celles de l'octroi du présent
permis ;
-750 000 000 FCFA à la fin de l'année
qui précède la date d'expiration de la première
période de 10 ans-
-500 000 000 CFA, au cours des 4 premières
années de chaque période de renouvellement de 5 ans-
Pour l'application du présent article, la valeur des
travaux et investissements effectués chaque année sera
ramenée à une valeur dite initiale déterminée par
sa valeur déduite de la comptabilité de la Société,
multipliée par un coefficient Co/C égal au quotient du cours
moyen Co à l'importation à Douala des produits finis
dérivés du pétrole pendant l'année de l'octroi du
permis, par le cours moyen C des mêmes produits pendant l'année
considérée.
Ce coefficient sera déterminé, si besoin est,
par un expert désigné d'un commun accord entre les parties. Les
frais d'expertise seront à la charge du permissionnaire-
Si l'engagement financier n'est pas tenu, le permissionnaire
devra, lors de chaque renouvellement abandonner une partie de la surface du
permis au prorata de la non-dépense.
Article 4-Le permissionnaire peut, à
tout moment, énoncer partiellement ou totalement à son permis
général. La renonciation prend effet à partir du premier
jour de la demi-année de validité qui suit celle au cours de
laquelle la renonciation a été formulée.
La renonciation ne porte pas atteinte à la
validité des droits institués par l'application de l'article 8
ci-dessous.
La renonciation partielle n'entraîne pas la diminution
du minimum des travaux prévus à l'article 3.
Article 5 -Le permissionnaire effectuera
sous le contrôle général du service des Mines ses travaux
d'exploitation et de recherches selon les règles de l'art et d'une
façon active et continue.
Il confiera la haute direction locale des travaux à un
personnel de techniciens spécialisés compétents.
Sauf dérogation accordée par le
Haut-commissaire, il maintiendra parmi son personnel de direction et de
surveillance occupé sur place une proportion d'au moins les deux tiers
de nationaux français.
Outre les documents périodiques exigés de tout
titulaire de droits miniers en vertu de la réglementation en vigueur, il
fournira pendant toute la durée de validité du permis
général :
-mensuellement, au chef du service des Mines, des états
indiquant l'importance de la main d'oeuvre employée dans les travaux
d'exploration et de recherches, et le résumé des travaux
effectués ;
-dans les deux mois suivant l'expiration de chacune des
années de validité, au ministère de la France
-d'outre-mer et au Haut-commissaire un compte-rendu étayé de ses
travaux et études et de leurs résultats, avec les plans et cartes
à l'appui, et un relevé de ses dépenses.
Sous réserve de tous les droits que le permissionnaire
pourrait invoquer du fait de ses découvertes, ce dernier s'engage
à mettre à la disposition du Territoire tous les renseignements
d'ordre scientifique résultant de ses travaux de recherche et de
l'exploitation, notamment les levers géologiques ainsi que tous
renseignements sur la découverte de minerais autres que ceux faisant
l'objet du présent permis.
Article 6 -Le permissionnaire doit veiller
à la santé des travailleurs, surveiller de façon
permanente l'hygiène des postes et des camps, prendre toutes mesures
nécessaires pour lutter contre les épidémies et
prévenir les accidents.
Il reste entièrement assujetti à la
réglementation applicable à la main d'oeuvre, notamment en ce qui
concerne le recrutement, les conditions de travail, la nourriture et les
prescriptions d'hygiène.
Sans préjudice de l'application des sanctions
prévues dans les règlements visés à l'alinéa
précédent, le Haut-commissaire peut, en cas d'infraction aux
dispositions du présent article, après mise en demeure
permissionnaire et examen de ses observations ordonner sous réserve des
mesures conservatoires nécessaires la fermeture des chantiers dans
lesquels les infractions ont été constatées. Cette
fermeture ne saurait entraîner droit à indemnité-
Article 7 - Il n'est pas exigé de
droit fixe pour l'institution du P.G.R ni de redevance superficiaire-
Le matériel importé pour les besoins de la
recherche sera exempt de tous droits ou taxes à l'entrée dans le
Territoire du Cameroun -
Article 8 -Le permissionnaire peut, pendant
toute la durée de validité du permis général,
présenter des demandes de concession valables pour les mêmes
substances que le permis général, et contenu à
l'intérieur de celui-ci à l'époque de la demande ; il
pourra toutefois être admis, sur justification, des débordements
à condition qu'ils demeure inférieur à 30 km, et qu'ils ne
portent pas atteinte aux droits des tiers-
Les demandes de concessions présentées en
application du présent article sont adressées directement au
Haut-commissaire qui statue. Si elles sont conformes à la
réglementation minière, elles ne peuvent être
rejetées-
Article.9 -Toute concession instituée
en vertu de l'article 8 ci-dessus donnera lieu à la perception d'une
taxe superficiaire suivant les mêmes modalités que les concessions
minières de substances d'autres catégories-
Les produits extraits de chacune des concessions seront soumis
à une redevance proportionnelle fixée à 3% de la valeur
des substances extraites aux lieux d'extraction. Cette redevance sera
établie et perçue dans les conditions fixées par les taxes
règlementant les redevances proportionnelles sur les produits extraits
des mines-
Il sera également accordé au Territoire du
Cameroun une participation égale à 12% des
bénéfices réalisés par le concessionnaire,
étant entendu que le montant net de cette participation sera
calculé en déduisant du montant brut de 12% les sommes
versées par le concessionnaire au Territoire du Cameroun à titre
de redevance proportionnelle à la production pour l'année
correspondante-
Cette redevance est établie sur le
bénéfice tel qu'il est imposable à l'impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux et perçus suivant les
mêmes modalités-
Pour le calcul de ce bénéfice, le
concessionnaire sera autorisé à procéder à
l'amortissement sans délai des dépenses de recherches
engagées avant et depuis l'institution des concessions-
Sont exonérés de la redevance proportionnelle
à la production les hydrocarbures extraits de chaque concession pendant
ses 4 premières années de validité jusqu'à
concurrence d'une production cumulée de la Société de
1 000 000 Tonnes-
Les redevances et participations définies ci-dessus
sont indépendantes des droits et avantages susceptibles de
résulter pour le Cameroun de sa participation au capital de la
Société concessionnaire-
Elles sont par contre exclusives de tous droits, impôts
ou taxes à caractère minier fiscal ou douanier autres que
l'impôt cédulaire sur les bénéfices industriels et
commerciaux, la taxe spéciale additionnelle aux bénéfices
industriels et commerciaux et les droits de timbre et d'enregistrement, qui
frapperaient directement ou indirectement soit les entreprises
créées par le permissionnaire pour assurer l'exécution de
la présente convention, soit l'une quelconque des opérations
industrielles ou commerciales ayant pour objet la recherche, l'exploitation
minière, le transport, le stockage, la vente au Cameroun ou à
l'exportation des hydrocarbures bruts produits par le permissionnaire à
l'intérieure des concessions instituées en vertu de la
présente convention-
Article 10 - Sur la demande du
Haut-commissaire et jusqu'à concurrence de 50 % de la production, le
pétrole brut extrait sera réservé par priorité pour
couvrir les besoins de la consommation intérieure du Cameroun, quel que
soit le développement ultérieur de l'économie du
Territoire. Ne sera pas considérée comme consommation
intérieure la livraison de ce brut à une usine de traitement sise
au Cameroun en vue de l'exploitation des produits finis.
Au choix du permissionnaire, la livraison, sous forme de
produits finis, sera faite dans les ports du Cameroun ou à la sortie
d'une raffinerie située sur le Territoire, soit par lui-même soit
par un importateur ou un distributeur choisi par lui-même ou qu'il aura
demandé au Haut-commissaire de lui désigner.
Le Haut-commissaire déterminera les produits à
livrer en qualité et en pourcentage, selon les résultats que
donnera le brut du permissionnaire, traité dans une raffinerie du
Cameroun ou, à défaut, de l'Union Française-
Les prix seront ceux des produits de même nature qui
seraient importés au Cameroun dans les conditions normales.
Article 11 -En cas d'inobservation des
prescriptions de l'avant dernier alinéa de l'article premier, le
Haut-commissaire de la République pourra prononcer l'annulation du
permis général, sans mise en demeure.
En cas d'infraction aux dispositions de l'article 2 ou
d'inobservation de la mise en demeure prévue au dernier alinéa de
l'article 6, le Haut-commissaire pourra, après avoir provoqué les
explications du permissionnaire, prononcer l'annulation du permis
général.
L'annulation du permis général entraîne
l'annulation des concessions dérivées du permis
général, par application de l'article 8, postérieurement
à la date de l'infraction sanctionnée-
Article 12 - La présente convention
est valable aussi longtemps que demeure en vigueur une concession
découlant du permis général par l'application de l'article
8 ci-dessus.
Article 13 -.Les frais d'enregistrement et de
publication au Journal Officiel du Cameroun de la présente Convention
sont à la charge du permissionnaire qui remettra gratuitement à
l'Administration 20 exemplaires de la présente Convention.
Fait à Yaoundé, le................
Le permissionnaire Le Haut-commissaire de la
République française au Cameroun
Source : ANY, 2AC4159, Rapport de
présentation du Haut-commissaire Soucadaux à M. le
Président de l'ARCAM d'un projet d'attribution d'un permis de recherche
d'hydrocarbures à la SEREPCA. 1951.
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le CCFOM. 1956.
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"Le Petit Robert attaqué pour sa définition de la
colonisation",
www.lefigaro.fr/france/2006 09
06.FIG000000126.html.
* 1 Encyclopédie
Axis, volume 4, Paris, Hachette, 1993, p.50.
* 2 Le 23 février
2005, le gouvernement français soumettait à l'approbation de
l'Assemblée nationale une loi dont l'article 4 en son alinéa 2
stipulait : "les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif
de la présence française outre-mer..." ; ceci pour essayer
de réhabiliter la mémoire de minorités telles les Harkis.
Cette loi qui fut plus tard abrogée ne manqua pas de susciter
l'indignation dans les anciens territoires français (principalement
d'Afrique de nord), dans les départements d'outre-mer et chez les
historiens français, considérée alors comme dangereuse et
révisionniste.
* 3 H. Isnard,
Géographie de la décolonisation, Paris, Presses
Universitaires de France, 1971, p.63.
* 4 Lire à ce sujet N.
Bancel et al, Images et colonies : iconographie et propagande
coloniale sur l'Afrique française de 1880 à 1962,
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Association
Connaissance de l'histoire de l'Afrique contemporaine, Paris, 1993, p.304.
* 5 Interview de Jean
Fourastié, "1945-1975 : la plus grande révolution
économique de l'histoire de France", Histoire magazine,
N°4, mai- juin 1980, p.64. Economiste français, Jean
Fourastié a notamment inauguré la notion de "trente
glorieuses" pour désigner la période de trente ans
(1945-1975) au cours de laquelle la France a connu une croissance
extraordinaire.
* 6 Radio-presse,
N°1096, dimanche 7 février 1954, p.1.
* 7 P. Maillet, M.
Cassette-carry, L'énergie, Paris, PUF, 1989, p.7.
* 8 IEPF, Le guide de
l'énergie, Paris, ministère de la coopération et du
développement, 1988, p.15.
* 9 "Le Petit Robert
attaqué pour sa définition de la colonisation",
www.lefigaro.fr/france/ 2006 09 06. FIG000000126, consulté le 15
septembre 2006.
* 10 Ibid.
* 11 Cité par J.
Marseille, Empire colonial et capitalisme français : histoire
d'un divorce, Paris, Albin michel, 2005, p.443-444.
* 12 Rapport annuel
du gouvernement français à l'Assemblée
générale de Nations Unies sur l'administration du Cameroun
placé sous tutelle de la France, année 1951, p.15.
* 13 M. -R. Atangana,
Capitalisme et nationalisme au Cameroun au lendemain de la seconde guerre
mondiale (1946-1956), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998,307p.
* 14 I. du Jonchay,
L'industrialisation de l'Afrique, Paris, Payot, 1953, 344p.
* 15 Marchés
coloniaux du monde : Cameroun 1952, N°340, samedi 17 mai 1952,
pp.1119-1458.
* 16 J.-A. Njomkam,
"L'énergie et le développement : l'exemple du complexe
électro-métallurgique d'Edéa", mémoire de
diplôme d'ingénieur commercial, Université de Grenoble,
1966, 377p.
* 17 D. Abwa, "Plaidoyer
pour l'écriture de l'histoire contemporaine du Cameroun",
Ngaoundéré - Anthropos, volume VII, 2002, p.11.
* 18 Tout au long de ce
travail, le Kamerun désigne le territoire administré par
l'Allemagne de 1884 à 1916. Le Cameroun quant à lui
désigne le territoire administré par la France jusqu'à
l'indépendance en 1960.
* 19 H. R. Rudin dans son
ouvrage (Germans in the Cameroons, 1884 -1914.A Case study in Modern
Imperialism, New Haven, Yale University press, 1938, 456p.) analyse le
processus qui y a conduit ainsi que l'ensemble de l'oeuvre allemande au Kamerun
jusqu' à 1914. Lire également à ce sujet A. Owona,
La naissance du Cameroun 1884-1916, Paris, l'Harmattan, 1987.
* 20 H. Brunschwig, Le
partage de l'Afrique, Paris, Flammarion, 1971, pp. 151-152. L'auteur
revient sur les différentes raisons qui auraient motivé ce
revirement : la perspective d'engager l'Allemagne dans une entreprise
coloniale tout en s'appuyant financièrement sur les compagnies à
charte aurait ainsi fini par convaincre le chancelier.
* 21 H.R.Rudin, Germans
in the Cameroons..., p.284.
* 22 Eyelom, Le partage
du Cameroun..., p.81.
* 23 Ibid, p.83.
* 24 E. Mveng, Histoire
du Cameroun, tome 2, Yaoundé, CEPER, 1985, p.74.
* 25 Ibid.
* 26 P. Chauleur,
L'oeuvre de la France au Cameroun, Yaoundé, 1936, pp.77-78.
L'auteur s'inspire d'un article publié en 1911 par le Pr. Otto Mann dans
la revue "Mitteilungen aus den Deutschen Schutzgebieten".
* 27 P. Pouzet, "La
recherche du pétrole", Marchés coloniaux du monde :
Cameroun 1952, n°340, Mai 1952, p.1321.
* 28 ANY, 1AC9787, Rapport
du chef du service des mines sur le projet de constitution d'une
"Société des pétroles du Cameroun", 19 octobre 1950,
p.3.
* 29 Rudin,Germans in
the Cameroons..., pp.275-276.
* 30 Etoga Eily, Sur les
chemins du développement..., p.288.
* 31 Mveng, Histoire du
Cameroun..., p.78.
* 32 J.-A. Njomkam,
"L'énergie et le développement du Cameroun : l'exemple du
complexe électrométallurgique d'Edéa", mémoire
d'obtention du diplôme d'ingénieur commercial, Université
de Grenoble, 1966, p.49.
* 33 "Histoire de
l'énergie",
www.memo.fr/ article. asp ? ID =
THE_ENE_001, consulté le 11 mai 2006.
* 34 Mveng, Histoire du
Cameroun..., ·p.126.
* 35 Ibid, p.117. Lire
également l'analyse d'Eyelom, Le partage du Cameroun...,
pp.241-315.
* 36 Adalbert Owona, "Les
liens franco-camerounais ne datent pas d'aujourd'hui", Cameroon
Tribune, 8 février 1979, p.44. Dans cet article, l'auteur revient
notamment sur les rapports entre la France et le Cameroun, depuis la fin de la
Première Guerre mondiale jusqu'à l'indépendance.
* 37 Mveng, Histoire du
Cameroun..., p.129
* 38 G. Joseph, "Le mandat
sur le Cameroun", Marchés coloniaux du monde, N°340...,
p.1247.
* 39 Ibid, p.1248.
* 40 "Histoire de
l'énergie"...
* 41 du Jonchay,
L'industrialisation de l'Afrique, Paris, Payot, 1953,p.26.
* 42 Supra., p.12.
* 43 Il faut distinguer,
d'après le géologue R. Feys ("charbon", in Encyclopedia
Universalis, vol.4, Paris, encyclopedia universalis, 1974, p.169)
différents types de charbon d'après leur teneur en carbone :
tourbe - environ 50% de carbone ; lignite entre 55 et 75% ; houille
entre 74 et 90% et graphite avec théoriquement 100% de carbone. Certains
auteurs utilisent indifféremment charbon, houille, ou lignite pour
désigner l'ensemble.
* 44 A. Capponi, "Le lignite
de Dschang", Bulletin de la société d'études
camerounaises, n°7, Douala, IFAN, 1974, p.75.
* 45 Ibid, p.76. Cependant,
P. Chauleur (L'oeuvre de la France..., p.77) évoque 300 tonnes
de lignite extraites.
* 46 Capponi, "Le lignite de
Dschang"...
* 47 du Jonchay,
L'industrialisation..., p.26.
* 48 Chauleur, L'oeuvre
de la France..., p.78.
* 49 Etoga Eily, Sur les
chemins du développement..., p.286.
* 50 Service des mines du
Cameroun français, Recueil de textes portant réglementation
minière au Cameroun français, Yaoundé, 1943, p.50.
* 51 JOC du 15
décembre 1929, arrêté réservant au territoire du
Cameroun le droit de recherche d'hydrocarbures, p.793.
* 52 A. Pianet,
L'industrie minière au Cameroun, Paris, encyclopédie
d'outre-mer, 1956, p.9.
* 53 Pouzet, "La recherche
du pétrole"..., p.1321.
* 54 ANY, 2AC3865, Lettre du
gouverneur Repiquet au ministre des colonies relative à la recherche
d'hydrocarbures au Cameroun, 20 juin 1935, p.3.
* 55 Par opposition à
l'offshore qui désigne l'exploration, la recherche et l'exploitation des
gisements au large des côtes, l'onshore se limite à
l'activité sur le continent. Les travaux en offshore ne
débutèrent au Cameroun qu'en 1963.
* 56 ANY, APA11937/A,
Exposé de la situation générale dans les territoires
occupés de l'Ancien Cameroun, 1920, p.34.
* 57 B. Lembezat, Le
Cameroun, Paris, Editions maritimes et coloniales, 1954, p.171.
* 58 du Jonchay,
L'industrialisation..., p.43.
* 59 J. Lemoine,
"L'électrification, les adductions d'eau et l'assainissement dans les
villes du Cameroun", in Marchés coloniaux du monde,
N°340..., P.1382.
* 60 Y. Njike,
"Yaoundé : une ville en pleine expansion, 1922-1959",
mémoire de maîtrise en Histoire, Yaoundé, Université
de Yaoundé I, 2000, P.72.
* 61 Lemoine,
"L'électrification, ...", p.1382.
* 62 Chauleur, L'oeuvre
de la France..., p.121.
* 63 ANY, 1AC730, Plan
d'adduction en eau et d'électrification des principaux centres du
Territoire, 1949-1950, Rapport de la commission des forces hydrauliques et
électricité.
* 64 Chauleur, L'oeuvre
de la France, p.171.
* 65 Rapport annuel
adressé par le gouvernement français au conseil de la
Société des Nations sur l'administration sous mandat du
Territoire du Cameroun, 1932, p.76.
* 66 Lemoine,
"L'électrification...", p.1382.
* 67 L'expression
"élément européen" a été utilisée
dans divers travaux sur la période coloniale. Lembezat (Le
Cameroun..., p.70-72) inclut cependant dans cet ensemble syriens,
libanais, américains en plus des ressortissants européens. Il
s'agit donc de l'ensemble des populations non africaines, mais principalement
européennes, installées au Cameroun pour prendre le cas
précis de notre étude.
* 68 Lembezat, Le
Cameroun..., p.171.
* 69 Njike,
"Yaoundé...", p.72.
* 70 ANY, 2AC3258, Rapport
de la commission des Grands Travaux au conseil consultatif économique et
financier, 7 novembre 1942.
* 71 Infra.p.55.
* 72 Supra.p.14.
* 73 ANY, 1AC507 (10),
Électrifications. Crédits demandés, p.8.
* 74 ANY, 1AC5138, Programme
triennal de Grands Travaux...
* 75 Lire à ce sujet
du Jonchay, L'industrialisation..., p.42-48. L'auteur présente
notamment les efforts consentis en matière d'aménagement
hydroélectrique dans divers territoires africains jusqu'à
l'indépendance. Il compare également le potentiel
hydroélectrique de l'Afrique à celui des autres continents.
* 76 J.O.C.F du
1er juin 1946, Pp 704-705 (cf. annexe II).
* 77 L'application de cette
loi fut étendue au Cameroun ; ceci avant même que
l'Assemblée générale des Nations Unies n'approuva, le 13
décembre 1949, l'accord de tutelle dont on retint que le Cameroun
serait administré "comme partie intégrante du territoire
français et selon la législation française". En cela, la
France ignorait les desiderata des détracteurs de sa politique coloniale
en Afrique. Lire à ce sujet M.-R. Atangana, Capitalisme et
nationalisme au Cameroun au lendemain de la Seconde guerre mondiale
(1946-1956), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, pp, 87-100.
* 78 .S. Njoh, "Le FIDES et
son impact sur le développement économique et social du Cameroun
sous tutelle française 1947-1957", mémoire de DIPES II en
Histoire, Ecole Normale Supérieure, Yaoundé, 1991, p.52.
* 79 Lire à ce sujet
G Ngango, Les investissements d'origine extérieure en Afrique
Noire : statut et incidence sur le développement, Paris,
Présence Africaine, 1973, pp.82-92
* 80 J. Marseille,
Empire colonial et capitalisme français : Histoire d'un
divorce, Paris, Albin Michel, 2005, p. 443.
* 81 Ibid. , p. 446.
* 82 Ibid. p. 359.
* 83 C. Coquery -
Vidrovitch, "Les changements économiques en Afrique dans le contexte
mondial (1935-1980), in A.A. Mazrui, (s.d.), Histoire
générale de l'Afrique, tome VIII, l'Afrique depuis 1935,
Paris, UNESCO, 1998, p.206.
* 84 ANY, 1AC5138, Programme
triennal de Grands Travaux. 1943-1944-1945. Territoire du Cameroun.
* 85 Cité par
Marseille, Empire colonial ..., p. 440.
* 86 C. Ambrosi, A. Ambrosi,
La France 1870-1990, Paris, Masson, p.285.
* 87 Coquery - Vitrovitch,
"Les changements économiques en Afrique...", p.208.
* 88 ANY, Vt3/55, Rapport de
la réunion préparatoire du plan quadriennal 3, 19 novembre
1957.
* 89 Dès le 9 mai
1957, jour de l'entrée en vigueur au Cameroun du statut d'Etat sous
tutelle, certaines compétences furent transférées aux
autorités locales. La planification faisait partie de celles-ci. Le
décret n°57-501 du 16 avril 1957 mentionnait en son article 12 que
" l'Etat sous tutelle du Cameroun continuera à
bénéficier des dispositions de la loi du 30 avril 1946...".
Cependant, on peut penser que cette perte de l'initiative de planifier par la
France n'ait pas contribué à maintenir sa politique
d'investissement dans l'Outre-mer.
* 90 Ngango, Les
investissements d'origine extérieure..., P.99.
* 91 ANY, 1AC3823, Rapport
sur le développement économique et social du Cameroun, 1947,
p.1.
* 92 F.Etoga Eily, Sur
les chemins du développement : essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Yaoundé, CEPMAE, 1971, p.503.
* 93 Touna Mama,
"Planification du développement et commerce extérieur de sous
développement", Thèse de doctorat 3e cycle en Sciences
économiques, Yaoundé, Université de Yaoundé, 1981,
P.151.
* 94 Cf. ANY, 2AC49, Plan de
modernisation et de développement, 1951. Annexe III.
* 95 ANY, 2AC49 (1),
Introduction. Plan de modernisation..., p.1.
* 96 Ngango, Les
investissements d'origine extérieure..., p.93.
* 97 Njoh, "Le FIDES et son
impact...," p.
* 98 Bancel et alii,
Images et colonies..., p.227.
* 99 Ngango, Les
investissements d'origine extérieure..., p.99.
* 100 R. Saller,
"Vingt-cinq années de développement dans quatorze Etats
francophones", in Marchés tropicaux et
méditerranéens, supplément n°1306, 21 novembre,
1970, p.193.
* 101 ANY, 2AC49, Moyens.
Plan de modernisation, p.5.
* 102 Ibid.
* 103 Nous faisons ici
allusion aux travaux soulignés jusqu'ici ; à savoir ceux de
Ngango, de Atangana et Njoh.
* 104 Rapport annuel du
gouvernement français à l'Assemblée générale
des Nations Unies sur l'administration du Cameroun placé sous la tutelle
de la France. Année 1948, p.85. La mise en valeur de l'outre-mer
était évaluée à 285 millions de francs
métropolitains en 1946. Au final, ce ne furent pas moins de 700 millions
qui durent être mobilisés.
* 105 S.Njoh, "Le FIDES et
son impact..., p.62.
* 106 Y. Morel,
Tableaux économiques du Cameroun, Douala, Collège
Libermann, 1978, p.162.
* 107 Il faut distinguer
dans les engagements du FIDES ceux relevant primo de la section
générale et segundo de la section locale ; cette
dernière était réservée au financement des projets
et activités spécifiques à chaque territoire.
* 108 Rapport annuel du
gouvernement français...année 1957, p.113.
* 109 Avec l'industrie
lourde et la construction navale, l'énergie fait partie des
activités qui requièrent le plus d'importants capitaux.
* 110 IEPF, Guide de
l'énergie, Paris, Ministère de la coopération et du
développement, 1988, P.45.
* 111 A. Silem, J.-M.
Albertini, Lexique d'économie, Paris, Dalloz, 2004, p.402.
* 112 G. Ndjieunde, "La
création des entreprises industrielles au Cameroun de 1950 à
1970, thèse complémentaire de sciences économiques, Paris,
Université de Paris Dauphine, 1971, p.108.
* 113 Rapport annuel du
gouvernement français...année 1955, p.9.
* 114 Service des
statistiques d'Outre-mer, Outre-mer 1958..., p.330.
* 115 J.T. Markovitch,
L'industrie française de 1789 à 1964. Analyse des faits,
Paris, Institut de science économique appliquée, 1966, p.116.
D'après lui, la période de 1930-1950 s'inscrivait comme une
longue période de décroissance et de stagnation de la production
de charbon.
* 116 TEC (tonne
équivalent charbon) : unité de mesure internationale servant
à établir des équivalences entre différentes formes
d'énergies. L'usage de la TEP (tonne équivalent pétrole)
est plus répandue.
* 117 Saller, "Vingt-cinq
années de développement...", p.192.
* 118 Infra.p. 59-69.
* 119 F. Tchapga,
"L'ouverture des réseaux électriques des pays d'Afrique
subsaharienne aux capitaux privés : choix organisationnels et
contraintes institutionnelles", thèse de doctorat en sciences
Economiques, Paris, Université de Paris XIII, 2002, sur
www.grpm.net/documents/Flavien-Tchapga/theseflavo2.pdf.
* 120 "Discours de M.
Louis- Paul Aujoulat", in Radio Presse, n°1097, mercredi 10
février 1954, p.2.
* 121 ANY, 1AC527 (1),
Copie de la lettre du secrétaire d'Etat à la France d'Outre-mer
relatif à l'établissement d'un ordre pour exécution des
travaux d'électrification, 3 décembre 1948, p.2.
* 122 H.M. Tchemo, La
francophonie de sang, 1940 : Aperçu sur l'effort de guerre en
Afrique centrale (AEF -Cameroun), Yaoundé, CLE, 2004, p.56.
* 123 Tout au long de ce
travail, nous désignons par activité minière
énergétique, l'exploration, la prospection et l'exploitation de
pétrole, gaz, charbon ou uranium.
* 124 Njoh, "Le FIDES et
son impact..., p.62.
* 125 ANY, 2AC49 (8),
Recherches. Plan de modernisation..., p.1.
* 126 Rapport annuel du
gouvernement français...Année 1955, p.80.
* 127 R. Hoffherr, "Le
Cameroun, exportateur d'énergie", in Marchés coloniaux du
monde, n°340, samedi 17 mai 1952, p.1569.
* 128 Marseille, Empire
colonial..., p.384.
* 1.B. Chenot, Les
entreprises nationalisées, Paris, PUF, 1983, p.42. De nombreux
barrages furent ainsi construits aussi bien en métropole
(Génissiat, Donzère-mondragon...) qu'en outre-mer (Djoué
au Congo, Edéa au Cameroun...).
* 2 Supra., p.20-26.
* 3 Tchapga, "L'ouverture
des réseaux électriques...", p.23. Il faut alors noter
l'écart de prix soit 2 à 4 francs français le kWh en
métropole et des perspectives de seulement 1franc le kWh dans
l'outre-mer.
* 4 L'administration, en
élaborant le plan décennal, disait vouloir éviter la
concentration des réalisations économiques dans le seul "Cameroun
utile" ou "croissant fertile", une zone en forme de demi-cercle d'un rayon de
350 km autour de Douala qui concentrait l'essentiel de la production
d'exportation du Cameroun ; ce projet, au contraire, agissait dans ce sens.
* 129 ANY, 2AC49,
Industrialisation. Plan de modernisation, p.1.
* 130 du Jonchay,
L'industrialisation..., p.138-139.
* 131 ANY, 2AC49,
Industrialisation..., p.2-3.
* 132 Rapport annuel du
gouvernement français ... année 1951, p.164
* 133 Il faut cependant
mentionner qu'une convention fut passée en 1951 avec la
société d'électrochimie Ugine pour étudier les
diverses possibilités d'utilisation des excédents
d'énergie par des industries de transformation. Pourtant, Ugine
collaborait déjà avec la société Péchiney,
depuis 1942, pour implanter en Afrique un complexe métallurgique. Tous
les projets sus- mentionnés furent ainsi reportés, laissant place
nette à la seule implantation d'ALUCAM à Edéa.
* 134 Martin Nyamboli,
environ 55ans, chef service documentation AES-SONEL, Douala, 14mars 2006.
* 135 J. Lemoine,
"l'électrification ...", p.1382.
* 136 A. Ligouzat, "Le
développement de l'électrification en Afrique d'expression
française et à Madagascar", Marchés tropicaux et
méditerranéens, supplément au n°1306, 21
novembre 1970, p.295-296.
* 137 ANY, 1AC527 (1),
Contrats et marchés CCDEE pour l'électrification des villes.
* 138 J. Ngandjeu,
"Contribution de l'Electricité du Cameroun à la symbiose
ville-campagne. L'exemple de N'Lohe-Nkongsamba-Loum-Mbanga", enquête de
fin d'année en vue de l'obtention du diplôme supérieur de
journalisme, ESIJY/Université de Yaoundé, p.39.
* 139 Après les
modifications constitutionnelles ayant abouti à la formation de l'Union
Française, et la signature de l'accord de tutelle qui réaffirma
le caractère international du Cameroun notamment, la France dut oeuvrer
pour éviter les inconvénients que présentait sur le plan
international l'emploi de termes tels que "colonie" et "colonial". Dans ce
cadre, de nombreuses dénominations durent être modifiées.
Ce fut l'objet de la circulaire du ministre de la France d'outre-mer,
n°7653 du 2 septembre 1949. cf. ANY, APA 12053/C, Emploi des mots colonies
et colonial dans les textes officiels, 1949.
* 140 JOCF du
1er juin 1946..., p.704.
* 141 Tchapga, "L'ouverture
des réseaux électriques...," p.39.
* 142 ANY, 1AC695,
Convention avec Electricité de France pour l'étude de centrales
et de réseaux de distribution d'énergie électrique au
Cameroun, 26 septembre 1950, 16p.
* 143 Nicolas Janvier Ngue,
45 ans, chef de département Exploitation à la centrale
hydroélectrique d'Edéa, Edéa, 17 janvier 2007.
* 144 JORF du 12 mars 1948,
Arrêté portant constitution d'une société
d'économie mixte dite Energie Electrique du Cameroun, p. 2525.
* 145 ANY, 2AC9402, Lettre
du ministre de la France d'outre-mer à monsieur Descottes relative aux
instructions au commissaire du gouvernement d'Energie Electrique du Cameroun,
juillet 1948.
* 146 Ibid.
* 147 Cf. Annexe IV.
* 148 ANY, 1AC527 (1)
Correspondance du président du conseil d'administration d'ENELCAM au
Haut-commissaire, 4 décembre 1948.
* 149 Ce furent Nkongsamba,
Maroua, Dschang, Edéa, Garoua, Kribi, Foumban, Ebolowa,
Ngaoundéré, Eséka, Mbalmayo, Bertoua, Bafang et
Bétaré-oya. Cependant, la difficulté à collecter
une documentation suffisante pour tous ces centres nous a résolu
à n'aborder, en plus de Douala et Yaoundé, que les trois premiers
centres.
* 150 Rapport annuel du
gouvernement français ... année 1951, p.175.
* 151 Nyamboli, environ
55ans, chef service documentation AES-SONEL, Douala, 14 mars 2006.
* 152 ANY, 1AC730, Rapport
des travaux publics relatif au plan d'adduction d'eau et
d'électrification des principaux centres du territoire, 1949-1950,
p.2.
* 153 Ibid.
* 154 Lemoine,
"L'électrification ...", p.1383.
* 155 ANY, 1AC730, Rapport
des travaux publics ..., p.3.
* 156 Etienne Sonkin,
environ 55 ans, maire de la commune urbaine de Dschang, Dschang, 22 janvier
2007.
* 157 ANY, 1AC527 (6),
Lettre du haut-commissaire Hoffherr au ministre de la France d'Outre-mer
relatif à l'envoi au Cameroun d'ingénieurs de l'ORSC, 23 octobre
1948, p.1.
* 158 Rapport annuel du
gouvernement français... année 1949, p.71-72.
* 159 Lemoine,
"L'électrification...", p.1384.
* 160 A.S. Mbock Minlend,
"L'équipement hydroélectrique du Cameroun", Revue de
géographie du Cameroun, vol IX, n°s1 et 2, 1990,
p.73.
* 161 B. Peux, "La
réforme du régime foncier", Marchés coloniaux du
monde, n°340..., p.1269.
* 162 Njomkam,
"L'énergie et le développement...", p.108.
* 163 A. Mbekek Peg, "Le
barrage hydroélectrique d'Edéa de 1947 à 1981 :
Approche historique", mémoire de maîtrise en histoire,
Université de Yaoundé I, 2006, p.60-61.
* 164 Njomkam,
"L'énergie et le développement ...", p.107.
* 165 ANY, APA 11549,
Rapport annuel de la région Sanaga-Maritime, 1950, p.7.
* 166 ANY, APA 11549,
Rapport annuel de la région de la Sanaga-Maritime, 1951, p.3.
* 167 Ibid, p.4.
* 168 Rapport annuel du
gouvernement français ... année 1949, p.71.
* 169 Njomkam,
"L'énergie et le développement ...", p.154.
* 170 Pianet,
L'industrie minière..., p.15.
* 171 ANY, 1AC507,
Justifications des crédits demandés, p.1. La France
métropolitaine, à cet effet, bénéficiait de la
priorité pour la fourniture de matériel à ses territoires.
Elle instaurait ainsi, à la faveur du plan d'équipement, une
véritable économie intégrée au sein de son empire
colonial.
* 172 P. Pivière,
"Le problème de main-d'oeuvre et la mission de l'inspection du travail",
Marchés coloniaux du monde, n°340..., P.1271.
* 173 ANY, 2AC1931, Lettre
du chef de région au haut-commissaire relative à
l'aménagement du centre urbain d'Edéa, île d'Edéa et
environs, 8 avril 1948, p.3
* 174 ANY, 2AC8627, Rapport
annuel de la subdivision d'Edéa, 1954.
* 175 Nicolas Janvier Ngue,
45 ans, chef de département Exploitation à la centrale
hydroélectrique d'Edéa, Edéa, 17 janvier 2007.
* 176 S. Nwaha, "Influence
des centrales hydroélectriques d'Edéa et Song-loulou sur le
développement de la Sanaga- maritime de 1953 à 2003",
mémoire de maîtrise en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2003, p. 21.
* 177 Ibid.
* 178 Ibid.
* 179 H. d'Almeida-Topor.
L'Afrique au XXe siècle, Paris, Armand colin, 1999,
p.152-153.
* 180 Marseille, Empire
colonial..., p. 471.
* 181 Lire à ce
sujet L.Kaptué, "Travail et main-d'oeuvre au Cameroun sous régime
français 1916-1952, approche historique", mémoire de master's
degree en Histoire, Université de Yaoundé, 1978, pp.279-285.
* 182 P. Pivière,
"Le problème de la main-d'oeuvre...", p.1273.
* 183 Ibid.
* 184 C. Lebarbier,
"L'aménagement de la chute d'Edéa sur la Sanaga",
Marchés coloniaux du monde, n°340..., p.1393.
* 185 Njomkam,
"L'énergie et le développement...", p.173.
* 186 du Jonchay,
L'industrialisation, p.241-242.
* 187 Kaptue, "Travail et
main-d'oeuvre..." p.279.
* 188 Lebarbier,
"L'aménagement de la chute d'Edéa...", p.1393.
* 189 Kaptue, "Travail et
main-d'oeuvre...", p.282.
* 190 C. E. Welch Jr.,
Dream of unity: pan-Africaism and political unification in west
Africa, New York, cornell university press, 1966, p.181.
* 191 du Jonchay,
L'industrialisation..., p.242.
* 192 J.Clairet, "La
production minière", Marchés coloniaux du monde...,
pp.1317 - 1318.
* 193 Ibid.
* 194 D. Brand, M.
Durousset, La France : histoire et politiques économiques
depuis 1914, Paris, Sirey, 1991, pp.176-180.
* 195 P. Alduy, "La
maîtrise de ses sources d'hydrocarbures est une nécessité
vitale pour l'Union française", Marchés coloniaux du
monde, n°442, 1er mai 1945, pp 1273-1274.
* 196 Brand, Durousset,
La France... p.180.
* 197 ANY, 2AC9182,
Correspondance du délégué du Haut- Commissaire à
messieurs les chefs de régions au sujet de la consommation d'essence, 20
septembre 1947.
* 198 Ibid.
* 199
Marchés coloniaux du monde n°340..., p.1337.
* 200 Rapport annuel du
gouvernement français...année 1955, pp. 87-88.
* 201 L'article 10 de la
Convention signée entre le Territoire et la SEREPCA en 1951
prévoyait que le pétrole brut extrait soit
réservé par priorité pour couvrir les besoins du
Territoire. (cf. Annexe V.)
* 202 Alduy, "La
maîtrise de ses sources d'hydrocarbures...," p.274.
* 203 A. Pianet,
L'industrie minière au Cameroun, Paris, encyclopédie
d'outre-mer, 1956, p. 1.
* 204 Brand, Durousset,
La France..., p.179.
* 205 Alduy, "La
maîtrise de ses sources d'hydrocarbures...", p.1275.
* 206 Ibid.
* 207 Rapport annuel du
gouvernement français...année 1951, p.92.
* 208 ANY, 1AC9787, Rapport
du chef du service des mines sur le projet de constitution d'une
"société des pétroles du Cameroun", 19 octobre 1950,
p.1.
* 209 Ibid., p.2.
* 210 "Biographie de
Léon Migaux par Pierre Massé et René Vigier", sur
www.annales.org/archives/x/migaux.html,
consulté le 15 septembre 2006.
* 211 Ibid.
* 212 La zone
concernée était identique à celle définie par
l'arrêté du 15 décembre 1929. Supra, p.19.
* 213 ANY, 2AC4159, Rapport
de présentation du Haut-commissaire Soucadaux à M. le
président de l'ARCAM d'un projet d'attribution d'un permis de recherche
d'hydrocarbures à la SEREPCA, 18 octobre 1951.
* 214 ANY, 1AC9787, Rapport
du chef du service des mines..., p.1
* 215 ANY, 2AC4159, Rapport
de présentation...
* 216 Cf. Annexe V.
* 217 ANY, 2AC4159, Rapport
de présentation..., p.1.
* 218 ANY, 1AC9787, Rapport
du chef du service des mines..., p.6.
* 219 P.Maillet,
M.Cassette-Carry, L'énergie, Paris, PUF, 1989, p.46-47.
* 220 Ibid., p.47.
* 27 ANY, 1AC9787, Rapport
du chef du service des mines..., p.6.
* 28 Alduy, "La
maîtrise de ses sources d'hydrocarbures...", p.1257.
* 29 Rapport annuel du
gouvernement français..., année 1951, p.92.
* 30 Brand, Durousset,
La France ..., p.179.
* 31 Rapport annuel du
gouvernement français..., année 1957, p.113.
* 32 Pouzet, "La recherche
du pétrole" ..., p.1321.
* 33 Pianet,
L'industrie minière ..., p.9.
* 34 Ibid.
* 35 X.L. Deutchoua, "Noir
silence sur l'or noir", Les cahiers de Mutations, n°040, octobre
2006, p.4.
* 36 Carottier. Tube
servant, dans un forage, à extraire les échantillons des couches
traversées ; ceci pour déterminer l'emplacement des
gisements.
* 36 ANY, 2AC9397,
l'éruption de gaz de Logbaba, 9 juin 1955.
* 37 Pianet,
L'industrie minière..., p.10.
* 38 Ses aventures ont fait
l'objet d'une biographie : J.O-Kinley, Call Kinley. Adventures of an
oil well firefighter, Tulsa, cock-a-hoop, 2001, p.70.
* 39 ANY, 2AC9397,
L'éruption de gaz...
* 40 Supra. p.80-82.
* 40 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1956, p.22.
* 41 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1957, p.22.
* 42 Ibid.
* 43 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1959-1960, p.24.
* 44 Brand, Durousset,
La France, p.179.
* 45 La
radioactivité est la propriété que possède certains
éléments chimiques de se transformer spontanément en
d'autres, avec une émission d'énergie.
* 46 du Jonchay,
L'industrialisation..., p.51.
* 48 Anonyme, "Après
la course aux mégatonnes le "Sur-mesure" nucléaire", Science
et vie, n°730, juillet 1978, p.28.
* 49 Anonyme, Annuaire
de l'activité nucléaire française, Paris, 1961,
p.20.
* 50 Ibid., p.21.
* 51 Brand, Durousset,
La France..., p.178.
* 52 du Jonchay,
L'industrialisation,..., p.51.
* 53 Ngango, Les
investissements d'origine extérieure..., p.103.
* 54 JOCF du 25 juillet
1956, décret du 25 mai 1956 attribuant au CEA un permis
général de recherches minières au Cameroun, pp. 1335 -
1336
* 55 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1956, p.23.
* 55 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1957, p.23.
* 56 Ibid. p.24.
* 57 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1958, p.32.
* 58 Direction des mines et
de la géologie, Rapport annuel 1959-1960, p.28.
* 59 Ibid, p.42.
* 221 Njoh, "Le FIDES et
son impact...", p.62.
* 222 Bancel et alii,
Images et colonies..., p.227.
* 223 Rapport annuel du
gouvernement français... année 1957, p.108. L'Etat
français donnait l'impulsion pour favoriser l'investissement du secteur
privé métropolitain et le Territoire était convié
à participer, puisqu'il bénéficiait après coup de
l'infrastructure et des retombées financières.
* 224 Il s'agirait
là du premier barrage à usage
hydroélectrique construit au Cameroun ; cependant, des
incertitudes subsistent quant à la date de sa construction et son but
initial.
* 225 Tchapga, "L'ouverture
des réseaux électriques ...", p.22-23.
* 226 Lemoine,
"L'électrification ...", p.1385.
* 227 Tchemo, La
francophonie de sang..., p.56.
* 228 J-M. Martin,
L'économie mondiale de l'énergie, Paris, La
découverte, 1990, p.33.
* 229 En 1965, la SEREPCA
devient ELF-SEREPCA, puis ELF-ERAP en 1976 ; ensuite désigné
par le seul label ELF aujourd'hui rattaché à la compagnie
pétrolière française TOTAL.
* 10 Cité par
Marseille, Empire colonial..., p.346.
* 230 Layashi Yaker,
Préface à Jacques Girod, L'énergie en Afrique :
la situation énergétique de 34 pays de l'Afrique subsaharienne et
du Nord, Paris, Karthala, 1994, P.V.
* 231 Bancel et alii,
Images et colonies ..., p.227.
* 232 Présidence du
Conseil, Plan de modernisation des territoires d'outre- mer, 1946, p.16.
Cité par Marseille, Empire colonial..., p.370.
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