L'analyse financière d'une entreprise via l'ESG et les Ratios (cas de la LESIEUR CRISTAL)( Télécharger le fichier original )par Idriss HALIKI TIDEà Université Mohammed 1er d'Oujda, Maroc - Licence en sciences comptables et financières 2009 |
I.2. Cadre opérationnel de l'analyse financièreLe but de l'analyse financière est de réaliser une évaluation d'entreprise, selon le cas : · Soit pour évaluer la solvabilité de l'entreprise (pour lui consentir un crédit par exemple, et plus généralement pour nouer des relations d'affaires avec elle) : analyse crédit ; · Soit pour estimer la valeur de l'entreprise dans une optique de cession de participation d'achat ou de vente d'actions en bourse : évaluation d'actions boursières. I.2.1. Définition de l'analyse financière Selon Samira RIFKI, 2008, l'analyse financière est la discipline « qui englobe les méthodes permettant d'apprécier les équilibres et les performances des entreprises.»15(*) L'analyse financière est une vision résolument intégrale de l'entreprise : En effet, qu'il s'agisse d'une analyse financière interne ou externe, l'analyse doit s'efforcer d'étudier l'entreprise selon une approche systémique, afin d'élaborer un diagnostic des politiques suivies et de leurs résultats. L'analyste est amené à reconstituer les politiques menées par l'entreprise dans la mesure où sa situation financière est la sanction (positive ou négative) de son management et sa stratégie. 16(*) I.2.2. Historique de l'analyse financière A la veille de la crise de 1929, qui devrait introduire une profonde mutation des habitudes, le métier des banquiers consistait essentiellement à assurer les mouvements des comptes et à octroyer des facilités des caisses occasionnelles. Le problème était d'assurer le financement d'industries naissantes (charbon, textile, construction, mécanique,...). Des crédits d'exploitation étaient consentis moyennant des solides garanties destinées à éviter une confusion entre le risque du banquier et celui de l'entreprise. Les garanties permettent en effet au banquier de s'assurer du remboursement du sort de l'entreprise débitrice. Dès telles garanties reposaient sur des biens faisant partie du patrimoine de l'entreprise, mais non directement affectés par son exploitation ou tout simplement sur le patrimoine personnel du (des) propriétaire (s) de l'entreprise. Le patrimoine était essentiellement constitué aux yeux des gens de l'époque, comme depuis toujours en France, par des biens fonciers et immobiliers. Il en résulte que le risque du crédit bancaire était alors lié aux modalités juridiques de la prise de garantie. Encore fallait-il vérifier que le bien donné en garantie avait une valeur indépendante de l'évolution de l'entreprise, et en suite évaluer ce bien ainsi que les risques des moins values liées. L'incertitude quand à la valeur réelle de l'actif net en cas de liquidation, joint à la difficulté d'évaluer les biens donnés en garantie et à déterminer l'indépendance à l'égard de l'exploitation de l'entreprise, montreront aux banquiers que la simple optique de la recherche de la solvabilité était insuffisante pour déterminer rationnellement la décision d'octroi d'un crédit. I.2.3. Quelques stratégies financières d'une entreprise Comme vu précédemment, l'entreprise définit le plan de son devenir, de cela elle va procéder à un certain nombre des choix des moyens pour optimiser sa politique financière. De ce fait l'entreprise ne pourra pas compter sur ses fonds propres (capital et résultats), elle sera peut être dans ce cas contrainte de limiter une politique d'investissement que le marché aurait voulu plus large. L'entreprise peut enfin se financer de façon externe, dans ce cas elle fait recours aux marchés financiers disponibles et accepter de perdre une partie de son autonomie financière pour accroître ses actifs. Elle pourra le faire de plusieurs manières : subvention d'équipement, appels à des organisations spécialisées en matières de crédit, émettre elle-même sur le marché financier des obligations, c'est-à-dire des titres des créances portant intérêts, fusion avec les entreprises similaires. I.2.4. Méthodes d'appréciation des entreprises L'analyse financière a un caractère rétrospectif. Elle porte sur l'évolution passée et les caractéristiques constantes au moment de l'analyse. Elle se distingue ainsi des travaux de gestion prévisionnelle ouverte vers l'action. L'analyse financière comporte cependant une phase de synthèse et d'interprétation dont l'objet est de déterminer l'évaluation probable de la situation financière de l'entreprise. La situation constatée à un moment donné contient potentiellement les éléments de transformation de cette situation. Le prolongement des tendances constatées au cours d'une période permet également d'anticiper l'évolution de la situation financière en tenant compte des éléments nouveaux susceptibles d'intervenir. Ainsi il existe des méthodes permettant d'apprécier ou de suivre l'évolution de la situation financière d'une entreprise. Ces méthodes consistent à faire des rapports existants entre les postes du bilan ou groupe des postes du bilan ou encore entre ces postes et les résultats. Cette démarche regroupe les deux pôles de l'analyse financière. L'équilibre financier d'une part, la rentabilité et évaluation d'autre part. Pour valider notre hypothèse, nous avons utilisé deux méthodes : - L'analyse par l'ESG ; - L'analyse par la méthode des ratios. I.2.4.1. Principe de l'équilibre financier La synthèse du bilan permet de rapprocher succinctement par grands blocs l'origine des capitaux et l'emploi qui en est fait, c'est-à-dire d'étudier la structure financière de l'entreprise. Les valeurs immobilisées ne peuvent pas être financées par les dettes à court terme sans caractère permanent. Ainsi, l'équilibre minimum est respecté si les capitaux utilisés pour financer les immobilisations restent à la disponibilité de l'entreprise pour une durée au moins correspondant à la durée de l'immobilisation. C'est pourquoi, toute entreprise doit veiller à respecter cet équilibre financier minimum, c'est-à-dire que les valeurs immobilisées doivent être financées par les capitaux permanents et les de même durée. Par exemple on ne peut pas acheter un immeuble par un crédit à court terme valeurs circulantes par l'exigible à court terme, donc les ressources doivent être financées par les emplois. Toutefois l'entreprise ne doit pas se contenter de cet équilibre, elle doit essayer de trouver une marge de sécurité satisfaisante, c'est-à-dire qu'elle doit avoir un fonds de roulement positif pur couvrir des imprévus au lieu de recourir aux dettes si ainsi le cas l'entreprise se fait l'extension à éviter le gaspillage. I.2.4.2. Notions de rentabilité « L'analyse de l'activité d'une entreprise est basée sur les principes simples suivants : 1. Produire ou vendre nécessite des moyens économiques 2. Les moyens économiques requièrent des moyens financiers 3. Tous ces moyens permettent d'atteindre un niveau d'activité (production, chiffre d'affaires, valeur ajoutée) 4. Ce niveau d'activité permet de dégager des résultats (EBE, RE...) 5. Ces résultats s'apprécient par rapport à ces moyens à travers : - La rentabilité d'exploitation - La rentabilité économique - La rentabilité financière »17(*) 1. Rentabilité d'exploitation Elle a trait à la politique de prix de l'entreprise et à la marge brute qu'elle prélève sur le prix de revient des produits vendus. On considère généralement le ratio : Excédent brut d'exploitation (EBE) / Chiffre d'affaires 2. Rentabilité financière La finalité de l'entreprise est d'offrir une bonne rentabilité à ses actionnaires ; il convient d'évaluer cette rentabilité par rapport aux capitaux propres investis. Résultat net / Capitaux propres 3. Rentabilité économique L'entreprise a besoin de l'ensemble de ses actifs pour générer ses bénéfices. Il est donc important de mesurer la rentabilité qu'elle génère sur ses investissements, le ratio est : Résultat net / Actif total I.2.5. Analyse par l'Etat des Soldes de Gestion (ESG) L'analyse du compte de résultat permet d'y distinguer des marges et des résultats intermédiaires. Le PCG présente un tableau récapitulatif de calcul des soldes de gestion. L'objectif est de montrer les étapes de la formation du résultat. Les soldes intermédiaires de gestion sont utilisés pour évaluer l'activité, la profitabilité et la rentabilité d'une entreprise. L'état des soldes de gestion (ESG) est un tableau qui permet de présenter le calcul de ces soldes, il est composé de deux sous tableaux.
I.2.5.1- Le tableau de formation des résultats Le résultat de l'exercice est obtenu en formant la différence entre tous les produits et toutes les charges de l'exercice. Pour mieux comprendre comment s'est formé ce résultat, il est utile de calculer les différences partielles entre certains produits et certaines charges seulement. Ce calcul conduit à la définition de soldes intermédiaires de gestion.
1- La marge commerciale : Les ressources d'exploitation des entreprises de distribution proviennent essentiellement de l'excédent des ventes de marchandises sur le coût d'achat des marchandises vendues, c'est à dire de leur marge commerciale.
Remarque : la marge commerciale est un indicateur fondamental pour les entreprises commerciales. Pour mesurer la performance de l'entreprise, il faut comparer sa marge avec celle des autres entreprises du même secteur.
2- La production de l'exercice : La production de l'exercice mesure mieux que la seule production vendue (ou chiffre d'affaires), l'activité de l'entreprise, notamment quand la production immobilisée a une importance significative.
3- La valeur ajoutée : La valeur ajoutée correspond à l'apport que l'entreprise fait au monde économique extérieur. Elle mesure la richesse créée par l'entreprise. Cette richesse sera partagée par les différents acteurs participant à la vie de l'entreprise : personnel, banques, Etat, actionnaires, ... La valeur ajoutée est le résultat de la différence entre les ventes (chiffre d'affaires) et les achats externes (achats de marchandises, matières premières, autres achats et charges externes).
Consommation de l'exercice = achats consommés de matières et fournitures + autres charges externes.
4- L'excédent brut d'exploitation (EBE) : L'excédent brut d'exploitation est le solde généré par l'activité courante de l'entreprise sans prendre en compte sa politique d'investissement et sa gestion financière. Cet indicateur donne une vision objective de l'entreprise et permet de déterminer la rentabilité de son exploitation courante. Dans le cas où cet indicateur est négatif, on parlera d'Insuffisance Brute d'Exploitation.
5- Le résultat d'exploitation : Il mesure la rentabilité économique de l'entreprise.
6- Le résultat financier :
7- Le résultat net :
I.2.5.2- La capacité d'autofinancement (CAF) La capacité d'autofinancement (CAF) quantifie au cours d'une période le potentiel de l'entreprise à dégager, par son activité, une ressource. Cette ressource interne pourra être utilisée notamment pour financer la croissance de l'activité, financer des nouveaux investissements, rembourser des Emprunts ou verser des dividendes aux propriétaires de l'entreprise. La CAF se calcule à partir du (résultat net) auquel on ajoute les charges calculées (dotations aux amortissements et provisions et auquel on retranche les produits calculés, les reprises sur provisions et amortissement apparaissant dans le compte de résultat. Premièrement, il faut retrancher les quote- parts de subventions d'investissement virées au compte de résultat qui sont des produits. Deuxièmement il faut rajouter la valeur nette comptable des éléments d'actifs cédés et soustraire les produits de cession des éléments d'actifs.18(*) On y ajoute les charges d'amortissements parce que cet argent ne quitte pas l'entreprise. Il est juste gardé dans ses caisses pour constituer ce que l'on appelle charges non décaissées. Elles servent à rembourser les dettes, investir à nouveau, renforcer les stocks, etc. I.2.6. Analyse par la méthode des ratios Plusieurs auteurs du domaine de l'analyse financière restent unanimes à affirmer que seule l'analyse fondée sur le fonds de roulement ne suffit pas pour porter un jugement définitif sur la santé financière d'une entreprise, ainsi préconisent-ils le recours à la deuxième approche de l'analyse financière, celle des ratios. I.2.6.1. Définitions et interprétations Le ratio est le rapport expressif entre deux grandeurs caractéristiques (significatives) de la situation du potentiel de l'activité ou de rendement de l'entreprise19(*). Ce rapport est dit expressif car à partir de deux données, l'on peut établir une nouvelle information de nature différente. Ce rapport permet à l'analyste de raisonner sur la situation financière d'une entreprise. Il peut être exprimé soit sous forme d'un quotient, soit sous forme d'un pourcentage. Les ratios peuvent servir à mesurer les relations qui existent entre les éléments de la structure de l'actif et du passif ou pour apprécier l'équilibre entre le degré de liquidité et le degré d'exigibilité20(*). En effet, si certains ratios peuvent être utilisés directement pour apprécier la santé financière d'une entreprise, ils comportent un certain nombre d'inconvénients parmi les quels nous pouvons citer : - la méthode des ratios s'applique sur une analyse de l'évolution de plusieurs bilans successifs, - le calcul des ratios ne permet pas de prédire l'avenir, c'est pourquoi doit-il être renforcé par d'autres outils permettant de convertir le passé au futur. I.2.6.2. Ratios de solvabilité à long terme La solvabilité est définie comme étant la capacité d'apurer l'exigible avec la réalisation de l'actif. Les ratios de solvabilité permettent de connaître la solvabilité générale de l'entreprise, pour en fin apprécier sa valeur du point de vue financier. Les banquiers en général et les bailleurs de fonds en particuliers préfèrent ces ratios pour apprécier le degré de solvabilité de l'entreprise sous étude. · Ratios de financement de l'actif immobilisé Ce ratio peut être décomposé en plusieurs types des ratios : - CP/VI Ratio de financement des immobilisations aux fonds propres, et il est calculé comme suit : Ce ratio nous indique la part des capitaux propres dans le financement de l'entreprise et il doit être supérieur ou égal à 1, et lorsqu'il est supérieur à 1, cela signifie que les capitaux propres financent non seulement les valeurs immobilisées mais financent aussi une partie des valeurs circulantes, c'est-à-dire que l'entreprise respecte le principe d'équilibre financier et par conséquent dispose d'un fonds de roulement propre. - Ratio de financement des immobilisations aux capitaux permanents = CPE/VI Ce ratio est une expression du fonds de roulement et détermine son importance et son évolution dans le temps. Il permet d'apprécier la part des capitaux permanents d'une entreprise dans le financement des valeurs immobilisées. Ces deux ratios ci- haut cités indiquent dans quelle mesure les capitaux propres et permanents sont investis dans les constructions, machines et autres moyens de production. - Ratio de financement des immobilisations par les dettes à L/M/T Ce ratio indique la part de dettes à long et à moyen terme dans le financement des actifs fixes. Il est calculé comme suit : DLMT/VI Il est en effet intéressant de déterminer le rapport existant entre les valeurs immobilisées et l'ensemble de l'actif, car l'entreprise qui immobilise une trop grande partie de son actif résiste difficilement aux crises économiques. D'où le ratio d'immobilisation = TOTAL ACTIF/VI En dehors de ces ratios ci- haut mentionnés, il est conseillé de calculer le ratio de couverture de l'actif circulant, ce ratio permet de connaître dans quelle mesure le fonds de roulement couvre les actifs circulants, il se calcule de la manière suivante : FRNG/VC I.2.6.3. Ratio d'autonomie financière L'étude de cette catégorie de ratio permet d'éclaircir la mesure selon laquelle la répartition entre les capitaux propres et permanents s'effectue. Trois principaux types de ratios sont classés dans cette catégorie : Ratio d'endettement = CP/D à L/M/T Ce ratio permet de connaître l'importance des capitaux propres dans les dettes à long et à moyen terme. - Ratio d'indépendance financière = CP/CPE Ce ratio permet de connaître la part qu'occupent les capitaux propres dans l'ensemble de capitaux permanents utilisés par l'entreprise. - Ratio d'indépendance financière = DLMT/CPE Ce ratio permet de connaître l'importance de l'exigible par rapport aux capitaux permanents dont dispose l'entreprise. I.2.6.4. Ratios de solvabilité à court terme Le suivi de l'évolution de la situation financière d'une entreprise reste une préoccupation majeure de ses dirigeants, nous avons vu que l'entreprise doit faire suivi de sa politique de liquidité, pour pouvoir survivre, c'est pourquoi la gestion financière exige un suivi particulier de la liquidité dont dispose l'entreprise, ainsi pour ce faire divers ratios sont utilisés parmi eux nous pouvons citer : - Ratio de liquidité générale = CAP CIRCULANTS/DCT Ce ratio montre la mesure selon la quelle les actifs circulants couvrent les dettes à court terme, en d'autres termes, il nous permet d'apprécier si l'entreprise dispose d'une marge de sécurité suffisante21(*) - Ratio de liquidité immédiate ou de disponibilité = DISPONIBLES/DCT Ce ratio permet de voir dans quelle mesure les valeurs disponibles peuvent financer les dettes à court terme. - Ratio de liquidité relative ou de trésorerie à échéance - Valeurs réalisables + valeurs disponibles Dettes à court terme Ce ratio exprime la capacité de l'entreprise à honorer ses engagements à court terme. Ce ratio ne contient pas des stocks puis qu'ils sont moins liquides que les réalisables et les disponibles. Pour que ce ratio soit significatif, il faut que la durée de transformation de créances en liquides soit supérieure à celle des dettes à court terme. Signalons que les ratios sont tirés du bilan et des comptes des résultats, cependant ces ratios n'ont pas un caractère de conformité pour toutes les entreprises, il est évident qu'une entreprise peut utiliser d'autres ratios non mentionnés ici. Il est parfaitement possible qu'elle peut utiliser une liste suivant ses besoins personnels. Rappelons également qu'il est nécessaire d'examiner les variations du numérateur et le dénominateur car chacun peut varier différemment alors que le ratio reste constant. Ceci justifie le fondement de l'interprétation du résultat obtenu à partir d'un ratio quelconque. Après cette revue sur les généralités qui apportent des éclaircissements sur les éléments clés de notre sujet de recherche, nous allons présenter la LESIEUR CRISTAL qui serait l'objet de notre travail dans le deuxième chapitre consacré à l'analyse. * 15 Mme. Samira RIFKI, M.Abdessadeq SADQI, op cit, p.1 * 16 Mme. Samira RIFKI, M.Abdessadeq SADQI, op cit, p.3 * 17 Mme. Samira RIFKI, M.Abdessadeq SADQI, op cit, p.143, p.144 * 18 http://fr.wikipedia.org/wiki/capacitéd'autofinacement consulté le 15/01/09 * 19 BRUNO, S., Nouvelles trésorerie d'entreprises, 5ème éd. Dunod, Paris, 1977, p.38 * 20 CONSO, P. et COTTA, A., Gestion financière de l'entreprise, éd. Dunod, 1998, p.214 * 21 VERHULST. A, Economie de l'entreprise, Paris, 1981, p.78 |
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