Tableau 1 : Transferts
monétaires des migrants sénégalais, 2000-2003, en millions
FCFA et selon le mode de transfert
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2000
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2001
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2002
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2003
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Dépôts bancaires des émigrés
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84695, 1
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140,0
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96737,0
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127770,0
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Transferts bancaires (approvisionnement net des
comptes des émigrés)
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10471,0
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5445,0
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6597,0
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31033,0
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Transferts postaux (mandats et virements)
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30553,0
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25189,0
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17034,0
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n.d.
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Transferts par réseaux rapides
Western Union
Money Gram
Ria Envia
Money Express
WorldWide Services
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92900,0
91612,0
1288,5
|
142201,6
129233,6
12968,0
|
168843,6
144912,5
23480,0
451,1
|
211897,1
156841,4
39648,0
902,0
1301,0
13204,7
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Total
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133924,5
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172835,6
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192474,6
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242930,1
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Source : Tall S. M. 2005: 25
Cependant, plusieurs études s'accordent à dire
que les estimations faites à partir du système bancaire
international sous-évaluent considérablement l'ampleur de ces
mouvements financiers, une part importante des envois de fonds des
émigrés empruntant des voies non officielles (Babou, 2002 ;
Ghosh, 2000 ; Simon, 1990 ; Tall, 1995). Tall (2005) estime que la
moitié des transferts est envoyée d'une manière
informelle. Les modes informels utilisés par les
Sénégalais pour virer l'argent sont variés et
ingénieux.
Souvent le migrant porte l'argent lui-même au moment de
sa visite ou de son retour, ou le confie à une personne de sa
connaissance. Mais à côté « Le dépôt
téléphonique est une des méthodes les plus
utilisées » (Ammassari 2004, p.22).
En dépit de la difficulté de transferts
informels, il est incontestable que les transferts effectués par les
émigrés sont une source de devises substantielles pour les pays
de départ et une manne financière importante pour les
communautés d'origine (Appleyard, 1986 ; Banque mondiale, 2000 ;
Simon,1990). Par ailleurs, les compétences et les expériences
acquises par les migrants dans les pays d'accueil sont susceptibles
d'être intégrées, à leur retour ou en migration,
à l'effort de développement national, et d'accroître ainsi
les capacités institutionnelles dans certains secteurs clés de
l'économie (OIM, 2001). En somme, grâce à ces transferts
d'argent et de savoir-faire, les migrants internationaux sont aptes à
fournir un important appui financier et technique au développement de
leur pays d'origine.
1.2.5.1. Activités commerciales
Dans les pays du Tiers Monde, certaines activités
commerciales bénéficient des sommes d'argent provenant de Western
Union. Des bénéficiaires de ce service utilisent ces fonds en
achetant les biens de services afin de les revendre avec un gain. Ces fonds
contribuent à l'augmentation de leurs capitaux afin de se lancer dans le
commerce de grossistes. Ce qui augmente la fiscalité.
Les études disponibles sur la contribution de Western
Union en développement se focalisent sur les cas du
Sénégal et du Mali. Neu D., Daum C., Diakite M., Poulteau E. et
Sène S. (2000) précisent que les actions de solidarité
envers la communauté d'origine du migrant constituent un autre domaine
de financement (Daum, 1993, 1998 ; Husson et Sall, 2001 ; Neu et col., 2000).
L'entourage social du migrant absorbe une partie assez importante des envois de
fonds par le service de Western Union (Ndione et Lombard, 2004 ; Ndione et
Lalou, 2005). Regroupés en associations villageoises ou de quartier
urbain, ou au sein d'organisations religieuses, les migrants mobilisent des
fonds pour le développement de leurs terroirs et de leurs espaces de
référence.
Il s'agit généralement d'investissements
sociaux, culturels et symbolique (écoles, centres de santé,
forages d'eau potable, lieux de culte), et plus rarement économique
(réalisation de micro-projets). Ces formes de solidarité
collective expriment souvent l'appartenance et l'attachement à un
même groupe identitaire. Elles impulsent généralement aussi
une réelle dynamique de changement social et de transformation de
l'espace local.
Les dons des migrants constitueraient ainsi un palliatif
à des investissements sociaux publics souvent insuffisants dans le pays
d'origine ; l'impact économique de ces investissements demeurant pour sa
part plutôt marginal (Ndione et Lombard, 2004).
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